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IUFM de Bourgogne ( Centre de Nevers) CONCOURS DE RECRUTEMENT: Professeur des écoles Les aventures de Sindbad le marin : Les aventures de Sindbad le marin : une oeuvre de fiction une oeuvre de fiction ou un document d'histoire ? ou un document d'histoire ? Ou comment aborder l'histoire par la Ou comment aborder l'histoire par la littérature ? littérature ? Mme EMILE-CHAUNIER Cendrine Mme EMILE-CHAUNIER Cendrine Directeur de mémoire: Mme Verney-Carron Directeur de mémoire: Mme Verney-Carron 2005 0361054A 1

Les aventures de Sindbad le marin : une oeuvre de … · Sommaire Introduction p 3 Partie théorique p 4 I/ le cadre du projet p 5 A/ la place dans les instructions officielles p

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IUFM de Bourgogne ( Centre de Nevers)

CONCOURS DE RECRUTEMENT:

Professeur des écoles

Les aventures de Sindbad le marin :Les aventures de Sindbad le marin :une oeuvre de fiction une oeuvre de fiction

ou un document d'histoire ?ou un document d'histoire ?

Ou comment aborder l'histoire par laOu comment aborder l'histoire par lalittérature ?littérature ?

Mme EMILE-CHAUNIER CendrineMme EMILE-CHAUNIER Cendrine

Directeur de mémoire: Mme Verney-CarronDirecteur de mémoire: Mme Verney-Carron

2005 0361054A

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Sommaire

Introduction p 3

Partie théorique p 4

I/ le cadre du projet p 5

A/ la place dans les instructions officielles p 5

B/ L'histoire p 6

C/ Les notions en jeu p 8

II/ D'une histoire à l'Histoire p 9

A/ Différence entre littérature et documentaire p 9

B/ Les caractéristiques des récits historiques p 11 C/ Pistes pédagogiques p 13 D/ Comment le conte peut-il être une source en histoire? p 15

III/ Le choix de « Sindbad le marin » p 15 A/ Le conte p 15 B/ Les contes des 1001 nuits p 16 C/ Sindbad le marin p 17

D/ L'enjeu de la religion p 17

Partie pratique p 20

I/ Cadre d'expérimentation p 21

II/ Séquence de Sindbad le marin p 22

III/ Analyse p 30

A/ Evaluations p 30

B/ Analyse de la séquence p 31

C/ Prolongements disciplinaires ou interdisciplinaires p 32

D/ Remédiations p 32

E/ Projet p 32

Conclusion p 33

Bibliographie p 34

Annexes p 35

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Introduction

Ce mémoire s'articule autour de deux points essentiels, l'histoire et lalittérature.

L'histoire est une discipline qui m'a toujours passionnée : découvrir lepassé, ce qui s'est fait, comment. C'est comme vivre l'histoire des gens, uneautre façon de vivre, d'autres enjeux. C'est d'ailleurs l'histoire « ancienne » quim'intrigue plus que l'histoire contemporaine, qui est beaucoup trop proche denous pour me donner cette impression de découvrir des éléments exceptionnels.Pouvoir savoir comment a pu vivre, par exemple, Louis XIV si précisément, estpour moi quelque chose de fascinant car c'est tellement loin de nous !

A côté de cela, la littérature a un rôle central dans ma vie, depuis monenfance j'ai été bercée dans les livres, ils font partie de mon quotidien et c'esttout naturellement que j'ai suivi des études de lettres modernes ; avec un DEUGpuis une licence, pendant lesquelles j'ai pu découvrir une littérature très variéeautant par les époques que par les genres. De plus, entourée dans ma famille pardes enfants plus jeunes que moi, j'ai réellement découvert la littérature dejeunesse qui me semble très vivante et intéressante.

Au moment du choix pour mon mémoire, je cherchais des sujets liés à cesdeux thèmes. Devant ce dilemme, j'ai réalisé que je pouvais les assembler pouren faire un même et unique projet. L'interactivité entre les deux me semblaitintéressante et riche car source de complémentarité. Le fait d’aborderl'histoire d'une nouvelle façon, autre que par la découverte de documents, avecun aspect plus ludique, me paraissait motivant aussi bien pour les élèves que pourmoi. D'autant que l'histoire, qui est une science, rapportant des faits ayantexisté, se fait donc le miroir de la vie. Alors que, la littérature est un miroirdéformant de cette même vie (elle en apporte des faits véridiques, mais aussides points de vue, une imagination...). Cette dualité des deux disciplines m'aintriguée quant à sa mise en oeuvre.

C'est pourquoi, j'ai décidé d'analyser de plus près cette relationambivalente voire en opposition sur un même sujet.

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Partie théoriquePartie théorique

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I/ Le cadre du projet

A/ La place dans les instructions officielles

L'histoire au cycle 3, qui fait partie du domaine Langue française,Education littéraire et humaine, se partage un créneau horaire de 3h à 3h30 parsemaine avec la géographie. On peut noter qu'elle se trouve dans le mêmedomaine que la littérature. D'après les programmes de 2002, il s'agit de« construire une intelligence du temps historique... jalonnée de datessignificatives. ». « L'élève doit être capable de comprendre la spécificité del'histoire, cette « connaissance par traces (sources et documents) ». Il doitcomprendre le travail de l'historien en rassemblant des documents autour d'unmême sujet, en donnant la nature, la date et l'auteur.

La leçon d'histoire est vivante car « elle fait une très large place à laréflexion et au débat [et] se termine par l'écriture d'abord collective, puis plusprogressivement individuelle, d'une courte et modeste synthèse ». A chaquenouvelle séance, on partira des hypothèses des élèves sur le sujet . Ce sont cesmêmes hypothèses qui serviront pour l'évaluation finale.

L'éveil à la critique est également abordé, puisque l'on doit montrer àl'élève que « l'histoire n'est pas une suite de récits merveilleux et imaginaires »et ainsi, « l'initier à une première forme d'esprit critique. »

De nombreuses compétences de maîtrise de la langue sont en jeu dans lapratique de ce mémoire, comme :

● souligner dans un texte les informations qu'on recherche, puis pouvoirles organiser en liste sur un support papier ou grâce à l'ordinateur.

● savoir se servir des échanges verbaux dans la classe : s'insérer dans laconversation, saisir rapidement l'enjeu de l'échange et en retenir lesinformations successives.

● commencer à rapporter devant la classe de manière à rendre cesproductions compréhensibles...

Il y a également des compétences spécifiques en histoire qui entre en jeu :Pour n'en citer que quelques unes :

● Parler : participer à l'examen collectif d'un document historique enjustifiant son point de vue, utiliser correctement le lexique spécifique àl'histoire.

● Lire : avec l'aide du maître, comprendre un document historique simple(texte écrit ou document iconographique) en relation au programme, en

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lui donnant son statut de document.

● Ecrire : rédiger une courte synthèse à partir des informations notéespendant la leçon.

Pour la littérature, il est spécifié que la rencontre avec les œuvres se faitpar lecture silencieuse et par des lectures à haute voix des élèves et del'enseignant. On peut remarquer que, dans la liste de référence des oeuvreslittéraires pour le cycle 3, figurent des oeuvres pouvant être mises en lien avecl'histoire comme Le souffre-douleur de Sid Fleischmann, Angelot du lac d'YvanPommaux...

Le travail interdisciplinaire est conseillé par les programmes, pourenvisager une continuité dans les apprentissages, pour amener du sens. D'ailleursdans le document d'application, il est indiqué dans la rubrique « pour aller plusloin » que des liens peuvent être faits avec des romans de Victor Hugo.... le lienhistoire et littérature y est donc suggéré.

B/1. Qu'est-ce que l'histoire ?L'histoire est la seule science qui travaille sur quelque chose qui n'existe

plus, elle étudie le passé des hommes. Elle sert à comprendre le présent en lecomparant au passé. Pour qu'il y ait de l'histoire, il faut une conception du temps.Il y a le temps linéaire pour nous et le temps cyclique (cycles du jour, de la lune,des saisons...) pour les civilisations premières (sans écriture).

Avant l'histoire il y a eu des mythes, ce qui montre un besoin derecherche d'origines. Ce sont les Grecs qui ont inventé l'histoire ; Hérodote plusprécisément. Il a utilisé, au Vème siècle avant JC, le mot historia (qui signifiel'enquête) pour titrer son ouvrage.

Au Moyen Age, il existe des chroniques. Ce sont des récits sur le règnede certains rois et comme ces récits sont écrits par des hommes au service deces souverains, seuls les exploits sont rapportés.

A l’époque moderne, les recherches sont faites plus sur un planphilosophique.

Le 19ème siècle est dit-on le siècle de l'histoire. En effet les gens sonten demande d'un passé. Tout d'abord, il y a un grand traumatisme dû à laRévolution française, les Jacobins (ceux qui sont pour la Révolution) et lesRoyalistes s'opposent et ne peuvent justifier leur position que par l'histoire.

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Ensuite, une grande défaite de la France face à la Prusse vers 1870 provoque unecrise morale due à l'humiliation. L'histoire sert à expliquer que la défaite a étécausée par un manque de patriotisme. La supériorité des Français est donnée parl'histoire.

Le 19ème siècle est celui également de la démarche scientifique,l'histoire devient une science et cette démarche lui est transposée. Le rôle del'historien est par conséquent de cultiver les faits. C'est une histoire tropévènementielle, mais c'est ce qui l'a fondée sur les documents : c'est l'écoleméthodique ou positiviste.

En 1918, c'est l'école des Annales, il s'agit de l'histoire-problème :l'historien part d'un problème et tente d'y répondre.

L'histoire des hommes commence il y a environ 3 millions d'années :

● Vers 6000 avant JC, c'est l'invention de l'agriculture.

● Il y a ensuite une grosse coupure entre la préhistoire et l'histoire, en – 3000avec l'écriture.

● De – 3000 à 476, c'est l'antiquité, qui se termine par la prise de Rome par lesbarbares.

● A partir de 476 après JC, c'est le commencement du Moyen Age, unecivilisation rurale , plus violente, avec une partie de la culture qui disparaît.

● En 1492, c'est la découverte de l'Amérique et le début du changement avec laRenaissance: c'est l'Epoque moderne.

● Une nouvelle rupture a lieu en 1789 avec la Révolution française : c'est lachute de l'absolutisme, l'apparition de l'idée de démocratie et la révolutionindustrielle.

● Vient enfin la période contemporaine, celle d'aujourd'hui et dont on ne saitpas quand elle finira.

B/2. L'histoire est-elle vraie ?L’histoire n'échappe pas à une question de vérité, elle a d'ailleurs pour

« norme » la vérité. Il est vrai que le fait historique est toujours en constructionmais il y a bien une réalité vécue des hommes dans le passé. Cette réalité estmême indépendante de toute connaissance qu'on puisse en avoir. Le rôle del'historien est donc celui de médiateur qui nous permet de connaître, mêmeparcellairement, quelque chose du passé. La question de l'histoire, commescience, se pose car elle ne rentre pas dans le processus scientifique. Elle nerepose pas sur des schémas reproductibles et donc susceptibles de vérification

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expérimentale. Le problème de médiation de l'historien pose problème quand àl'objectivité, qui est essentiellement liée au poids du présent de cet historien,car l'histoire se renouvelle périodiquement. Cette subjectivité est toutefoislimitée, par le fait que l'historien rapporte « une objectivité du passé humain,qu'il ne peut trahir sans perdre la qualité d'historien », et parce qu'il est soumisau regard critique de ses collègues.

Nécessairement subjective, l'histoire reste pourtant une science puisquesa démarche est comparative. Elle « postule la « ressemblance » entrel'humanité actuelle et l'humanité du passé ».

C/ Les notions en jeu (classement par ordre alphabétique) d'aprèsle Grand Larousse universel et Encyclopaedia universalis.

Civilisation : c'est un ensemble de peuples et de sociétés qui possède sescaractères et en tire une personnalité propre, qui lui donne une place déterminéedans l'histoire ou dans l'ensemble des populations à un moment donné. Merveilleux : (merveille vient du latin mirabilia qui implique un double effetd'étonnement et d'admiration), c’est un effet littéraire qui est l'expression dusurnaturel. Il est inscrit dans les récits mythiques, divins, dans l'épopée et leconte. Il intervient dans un univers fictif, reconnu comme tel par le lecteur.C'est un mode qui appartient au passé ou qui peut être transporté dans un« ailleurs ». Il est souvent utilisé pour donner un enseignement moral.Il est à différencier du fantastique qui oppose le monde surnaturel au quotidien.Ces éléments irrationnels sont vécus comme une intrusion dans ce quotidien, etfont ressentir une « inquiétante étrangeté ». Religion : l'étymologie du mot est incertaine. Les auteurs chrétiens expliquentce mot par le verbe latin ligare qui signifie lier; la religion serait un lien de piété,elle aurait pour objet les relations avec la divinité. Pour Cicéron, l'origine seraitdans le mot legere qui signifie cueillir, ramasser. Ce serait donc la question durecueillement qui serait avancée. D'après Emile Benveniste, la religion seraitsynonyme de scrupule, de soin méticuleux, de ferveur inquiète. Dans ce sens, lemot convient à l’exercice du culte, à l'observance rituelle. Pour les sociétésarchaïques qui sont pénétrées de surnaturel, il n'y a pas d'isolement de lasacralité et de la sociabilité. En délimitant le sacré, elles l'ont limité.Aujourd'hui (dans les « pays du Nord »...), la religion n'est plus le fondement dusocial, mais son accompagnement. Il y a l'idée que la religion est une affaire deconscience individuelle. L'histoire des religions est un apport au nouveau sens de

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l'histoire. Plus simplement, la religion est l'ensemble de croyances et de pratiquescultuelles qui constituent les rapports de l'homme avec la puissance divine(monothéisme) ou les puissances surnaturelles (polythéisme). Source : document datant de l'époque de l'évènement sur lequel il donne untémoignage.

II/ D'une histoire à l'Histoire

La littérature, en général, voue un grand intérêt pour l'histoire, d'oùl'apparition d'un genre; le roman historique, qui est le premier genre littérairedu 19ème siècle. De Balzac à Hugo en passant par Dumas, de nombreux auteursont suivis ce genre, que Walter Scott a révélé.

Toutefois, cette littérature mélangée à l'histoire suscite un certaindébat: ainsi Chateaubriand disait de Walter Scott qu'il avait « perverti le romanet l'histoire », d'autres pensent, au contraire, qu'il a donné goût à l'histoire à denombreux lecteurs.

La littérature de jeunesse n'est pas en reste, certains auteurs commeEvelyne Brisou-Pellen (le Fantôme de maître Guillemin, La fille du comteHugues...), Jacqueline Mirande (Gauthier, bâtisseur de châteaux forts...) en ontfait leur spécialité. Certaines éditions pour la jeunesse ont même sorti unecollection historique (comme Bayard).

Lors de cette réflexion, nous ne nous centrerons pas sur le romanhistorique, nous étudierons la littérature qui contient des traits d'historicité.

Ainsi, il y a de nombreux genres, comme le roman d'aventures historiques,le roman policier historique, le roman épistolaire historique, les contes, leslégendes... mais aussi diverses formes telles que : le roman, la nouvelle, la bandedessinée, l'album... qui traitent d'époques multiples. C'est cette variété qui peutrendre la production si dense. D'autant qu'elle est légitimée par les enseignants,car elle permet d'instruire tout en divertissant.

A/ Différence entre littérature et documentaire

Michel Peltier dit qu'« un roman reconstruit une ambiance et avance partouches, par détails, par précisions sur les usages, l'architecture non parconcepts généraux et ordonnés comme un documentaire. »

Entre autres, le texte documentaire utilise des termes génériques (les

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paysans, le soldat...), là où le récit actualise les évènements, en identifiant lesdifférents acteurs par leurs noms ou leurs caractéristiques.

Une scène dans un documentaire a une valeur généralisante, alors que lalittérature s'attachera à dramatiser ou à particulariser l'évènement sous l'anglede la subjectivité.

Le choix des temps verbaux, dans le discours théorique, est plus souventle présent ou le passé composé, alors que la narration utilise plutôt le passésimple et l'imparfait.

Pour permettre aux élèves de dégager ces différences, il est essentield'avoir une méthode de questionnement précise, dont voici un exemple. Fiche méthodique de lecture de textes en histoire (d'après Enseigneraujourd'hui, Histoire au cycle 3 de Madeleine Michaux) permettant d'avoir unelecture plus critique et d'aborder les différences, entre autres, du récit et dudocumentaire.

1. A quelle catégorie le texte appartient-il ? (conte, roman, mémoires, discours, journal intime, article de journal, chanson, livre d'histoire...)

2. Le texte est-il complet ou s'agit-il d'un extrait ?

3. Le nom de l'auteur est-il donné ou bien le texte est-il anonyme ?

4. L'auteur est-il quelqu'un de connu ?

5. De quand date le texte ?

6. Est-ce que l'auteur a été témoin de ce qu'il raconte ?

7. Combien de temps s'est-il écoulé entre l'évènement et la rédaction du texte ?

8. De quoi le texte parle-t-il surtout ?

9. Est-ce que l'auteur a voulu apprendre quelque chose au lecteur ? Le distraire ? Le persuader ? L'instruire ? Ou a-t-il écrit seulement pour lui ?

10. L'auteur a-t-il écrit ce texte pour quelqu'un en particulier ?

11. Est-ce que je peux vérifier ce qui est écrit dans le texte ? (en cherchant dans un dictionnaire, un manuel d'histoire...)

12. Est-ce que je connais des évènements qui se sont passés à la même époque que le récit ? Ou des personnages qui vivaient à ce moment ?

13. Est-ce que je peux trouver dans le texte quelque chose qui me paraît vrai ? Pourquoi ?

14. Est-ce que je peux trouver dans le texte quelque chose qui me paraîtinventé ? Pourquoi ?

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B/ Les caractéristiques des récits historiques

1. Une histoire et son tempsDans ces récits historiques, on trouve le temps dans toutes ses

dimensions: la datation, la durée, la chronologie et la simultanéité. Ce qui estcaractéristique, c'est l'ancrage d'une histoire qui peut être banale (histoired'amour, de voyages...) dans un contexte historique particulier et appartenant aupassé. Souvent d'ailleurs la datation est donnée dès le début pour permettre aulecteur de plonger dans la période historique en question. Deux aspects du tempssont donnés, le temps de l'histoire racontée et l'identification de la périodehistorique décrite par l'auteur.

Il faut aider les élèves à définir le temps du récit. Il faut également lesaider à identifier le temps (verbal) où est écrit l'histoire et le moment où elle sedéroule.Les marqueurs du temps:

● le narrateur raconte une histoire appartenant au passé.

● La narration est simultanée, le narrateur décrit les évènements commes'ils se déroulaient sous ses yeux.

● La narration mélange ces deux procédés comme pour le journal intime...

La durée dans le récitC'est une notion importante mais parfois délicate à mesurer, à évaluer.

Dans certains récits, l'information est facilement identifiable par le biais dedates. Dans d'autres, elle est sous-jacente et fait appel à une culture (parexemple; si une histoire traite de la première guerre mondiale et qu' à la fin durécit, il est dit que la guerre est finie, on peut deviner qu’il s’agit du 11 novembre1918.). Enfin, il peut s'agir d'un récit qui est narré au fur et à mesure des jours(comme c'est le cas pour Les contes des mille et une nuits, puisque l'on connaîttoutes les interruptions du récit, qui sont celles du lever du soleil.).

Les récits de voyage dans le temps sont intéressants, car ils mettent enexergue la dualité fiction/réalité lors de ces voyages. Ceci est le propre du récithistorique. Ils permettent également d'avoir un recul immédiat sur une époque :le voyageur sera surpris, par exemple, de la place des femmes dans la société, del'esclavage...

Des activités peuvent être proposées aux élèves. Par exemple, on peutleur demander de construire un axe du temps, en piochant au fur et à mesure dela lecture, les indices donnés par l'auteur ou en début de projet par une lecturefeuilletage. Il peut être intéressant, si plusieurs livres sont lus, de mettre enparallèle les différentes périodes trouvées.

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2. Une histoire et ses lieuxLes lieux jouent également un rôle central dans ces récits car l'histoire, à

une époque donnée, ne sera pas la même si elle se situe en France ou enAmérique. Il faut donc localiser pour comprendre.

Il est important de connaître les lieux et leur dimension culturelle, pourcomprendre l'intérêt du déroulement de l'histoire en cet endroit. Ensuite, ilfaut pouvoir les situer à l'aide dune carte. On peut d'ailleurs suivre sur unecarte le trajet fait par le héros (ce qui aurait été intéressant avec Sindbad,mais que je n'ai pu réaliser, car les lieux étaient peu identifiables dans une carteactuelle et pour la plupart imaginaires. Il m'aurait fallu fournir un long travail derecherche que je n'ai pu effectuer, faute de temps.).

Michel Peltier dit aussi, qu'il faut parfois traduire ces lieux et qu'on peutmême en faire un dictionnaire, ce qui implique une recherche sur les villes (dansSindbad le marin, il a fallu pour Bagdad et Balsora faire le rapprochement avecles villes actuelles, qui ne s'orthographient pas exactement de la même façon). 3. Une histoire et ses personnages

Les personnages suivent tout au long de la trame de l'histoire, despéripéties qui les font évoluer.

Il y a trois types de héros, car dans ce genre, les personnages fictifssont mélangés aux personnages réels. On trouve:

● Les personnages historiques (comme un roi de France).

● Des personnages oubliés de l'histoire : cela peut être quelqu'un ayantété témoin ou acteur d'un événement particulier (comme Julien Soreldu roman Le Rouge et le Noir de Zola) ou un personnage connu dans unmoment de sa vie mal connu.

● Les personnages fictifs qui peuvent témoigner d'un mode de vie, d'unfait historique... ce sont eux qui permettent de montrer plusieursaspects d'une même époque.

Des activités autour de ce thème peuvent être mises en place avec lesélèves. Il est possible de construire la fiche d'identité d'un personnage (le nomdu personnage, son aspect physique, son caractère, ses habitudes, commentaireset impressions le concernant ; numéro des pages où il est décrit, où il apparaîtdans les illustrations.). Comparer les différentes présentations d'un mêmepersonnage à travers différents écrivains, en analysant les différences et lesressemblances, peut être riche d'informations. En effet, il permet d'aiguiser lalecture critique.

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4. La description et l'image dans une histoireLes récits historiques sont très souvent une mine de descriptions; ainsi

Balzac en faisait-il de longues puisqu'il était payé à la ligne.La description a un rôle majeur dans cette littérature, car c'est une autre

époque qui nous est présentée et l'on a besoin de détails... pour planter le décor,savoir comment les gens s'habillaient, quel type d'habitat ils avaient.... Le lexiquey est donc très riche et varié car on a besoin de précisions pour guider lacompréhension de ces récits.

Les images, quand il y en a, sont essentielles, car elles permettent devisualiser le décor, les personnages. Il est intéressant de les analyser et mêmede les comparer au texte (en comparant les illustrations au texte dans Sindbad,on a pu voir que certaines choses étaient mal représentées, dans de mauvaisesdimensions par exemple.) 5. Le point de vue dans une histoire

Les Instructions Officielles affirment qu'une des meilleures façonsd'appréhender la lecture littéraire est de repérer et comprendre le point de vuedu narrateur. Ceci est fondamental puisque tout récit est pris en charge par unnarrateur avec des postures différentes :

● Le narrateur voit tout, sait tout. C'est le point de vue omniscient.

● Le narrateur est à la première personne : il a un rôle dans l'histoire etne peut en général en savoir plus que les autres personnages, sauf s'ils'agit de mémoires... (Sindbad ainsi raconte ses périples passés). C'estle point de vue interne.

● La narration est à la troisième personne : le narrateur ne figure pasdans l’histoire, il observe. C’est le point de vue externe.

C/ Pistes pédagogiques

Pourquoi passer par l'étude d'oeuvres pour aborder l'histoire ?

● Pour accompagner le lecteur dans la création d'images mentalesconcernant l'événement raconté.

● Pour favoriser la curiosité et la motivation de l'élève à découvrir unévénement, une période en jouant sur le côté affectif del'identification au héros.

● Pour permettre à l'élève de s'ancrer dans la réalité de son époque par

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une approche culturelle de l'évolution de la société.

● Pour faciliter l'accès à une pluralité d'informations et de documentsmise en réseau

● Pour travailler sur la variété et la richesse des périodes en offrant deschoix multiples d'oeuvres et d'auteurs

● Pour susciter l'intérêt lors des recherches documentaires

Cette approche par la littérature permet de vivre l'histoire comme si on yétait.

Ainsi de nombreuses pistes peuvent être exploitées, certaines ont déjà étédonnées plus haut. ● Un projet littéraire peut être mis en place. L'objectif principal étant de

construire en groupe, des références culturelles, des connaissanceslittéraires et historiques. Pour cela, des ouvrages peuvent être regroupéssuivant un point commun, comme une époque historique (longue ou courte), unpersonnage historique, le même héros pour une série... le tout sur le mêmetype de supports ou non (bandes dessinées, albums...).

Après la lecture, il s'agit d'en découvrir les points communs et divergents.Il faut donc effectuer des prises d'indices dans le texte.

Suit la recherche documentaire. La finalisation peut se faire sous la formed'affichage, de récit, de pièce de théâtre ou d'exposé à une autre classe.● Des pistes d'enquête pour guider la lecture peuvent être données, telles

que le point de vue du narrateur, les noms des personnages pour permettreune recherche afin de différencier les personnages fictifs des réels, la véritéhistorique...

● Un projet autour d'un même auteur peut être également exploité. Ils'agira de construire sa bibliographie et sa biographie, comprendre ses choix,ses engagements, découvrir son style. On pourra aussi repérer lesconvergences (les personnages, les lieux, la trame...), explorer ses périodesfétiches, reconnaître les supports qu'il privilégie...

Des projets interdisciplinaires peuvent être menés à partir de ces récits.On peut s'étendre sur toutes les matières (le travail littéraire, l'histoire, lagéographie, les arts, le vivre ensemble par le débat sur des thèmes, lessciences...). Ce que j'ai d'ailleurs tenté de mettre en place dans ma classe, enm'intéressant à l’histoire, au français, à la musique et aux arts.

En littérature, le genre littéraire rencontré peut être le point de départd'un projet d’écriture (conte, pièce de théâtre, nouvelle policière...).L'enseignant conduit ce projet en s'appuyant sur les textes lus pour faireémerger des points communs qui deviennent des caractéristiques du genre. Il

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s’agit, par exemple, d'analyser la structure du genre, de relever un tempsparticulier. Le support de la littérature peut être utilisé, soit comme un élémentd'approche pour une question d'histoire, soit comme un véritable fondement dela leçon.

Dans le premier cas, l'ouvrage sera complémentaire à d'autres supportspédagogiques. Il servira d'introduction à la leçon pour susciter des réflexionssur certains thèmes.

Dans le second cas, il sera le support essentiel dont l'analyse seraapprofondie.L'entrée par la littérature permet de marquer les élèves, car il y a un processusd'identification. Les connaissances sont ainsi fixées plus facilement.

D/ Comment le conte peut-il être une source pour l'histoire ?

Le conte décrit une période passée, donc porteuse d'éléments empruntsd'histoire. Pour les contes des 1001 nuits, ils ont été écrits au IXème siècle etl'époque décrite dans celui de Sindbad est le VIIIème siècle. On peut estimerque donc l'écriture est presque contemporaine de l'époque décrite. En cespoints, le conte peut être considéré comme une source. Il est vrai, toutefois, quele conte reste un genre « décroché » du temps et qu'il comporte de nombreuxéléments fictifs.Comme on a pu le voir, le travail se place essentiellement dans une lecturecritique. Elle sert à différencier le fictif du réel. En ce qui concerne le conte, ils'agit même plus précisément de séparer merveilleux et réel.

III/ Le choix de « Sindbad le marin »

A/ Le conte

Définition : c'est un genre très répandu et que l'on peut trouver à travers lemonde, il se divulgue par l'oral (les veillées...) et il existe également sous formeécrite. Il a longtemps été le genre méprisé, relégué au rang de divertissement(c'est d'ailleurs un des premiers genres qu'une femme sera autorisée à écrire).Le conte revêt différentes formes, cela va du conte de fées au conte libertin, enpassant par les contes orientaux, moraux, philosophiques....Le conte se

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singularise par son caractère de fiction avouée.

Il répond au schéma quinaire (Greimas et Larivaille) :- Situation initiale (lieux, personnages, que se passet-il ?)- Elément perturbateur qui entraîne un déséquilibre.- Péripéties : série d'actions pour retrouver cet équilibre.- Retour à l'équilibre : résolution du problème.- Situation finale : Evolution par rapport à la situation initiale.

Le genre du merveilleux a connu un grand succès aux XVIIème etXVIIIème siècles (Perrault, Voltaire...).

On a souvent souligné la fonction éducative du conte : celle d'enseigneraux enfants les dangers de la vie, en les effrayant avec souvent un discoursmoralisateur. Il est également porteur d'un message optimiste pour l'enfant, quiretrouve dans les handicaps du héros une image de sa situation dans l'universdes adultes. Les psychanalystes y ont vu l'expression des angoisses des enfants :le fantasme de dévoration, d'abandon...

B/ Les contes des 1001 nuits

Ces contes ont été publiés sur treize ans : de 1704 à 1717 traduit del'arabe par Antoine Galland. Il sont à replacer par rapport à une mode :l'orientalisme (époque où le commerce oriental s'accroît avec Colbert sous LouisXIV , il y a une meilleure connaissance de l'orient car des géographes, dessavants font des récits de leurs voyages.). Il n'y avait que 4 tomes à traduiremais devant le succès, Galland a inséré des histoires qu’un marchand lui aracontées. On peut noter dans ces récits qu'il y a des rapports avec les contesde fées (comme le cyclope que l'on retrouve dans un des voyages de Sindbad) etque la version de Galland est plus douce,édulcorée (comme l'effacement del'érotisme).

Le récit cadre des 1001 nuits, qui est celui de Schéhérazade racontantdes contes au roi Schariar avant le levé du jour pour éviter la mort, renforcel'impression d'oralité par ce rituel oral.

L'aspect de la préciosité du conte est évident dans cet ouvrage carSchéhérazade échange sa vie contre des contes et les récits des différentshéros sont souvent conservés dans les livres d'or des rois (comme Sindbad).C'est un véritable hymne à la puissance de la parole et de l'imaginaire.

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C/ Sindbad le marin

Ce conte, qui fait parti d’un ensemble d’autres contes, est inséré dans lerécit cadre de Schéhérazade et apparaît à partir de la soixante-neuvième nuit.Sindbad raconte, à un porteur, Hindbad, jaloux de sa richesse, les péripétiesqu'il a rencontrées lors de ses sept voyages et qui lui ont permis d'amassercette fortune. Ce conte est l'un des plus connus de cet ouvrage.

Des invariants aux contes sont présents dans Sindbad, il y a la situationd'oisiveté, la rencontre d'épreuves, la situation finale meilleure que l'initiale: lehéros rentre riche et victorieux. C'est une morale individualiste de Sindbad, ilse sert d'ailleurs des autres pour se sauver quand il est enterré vivant. Le hérosne prend presque pas de décisions personnelles, ce sont les Dieux qui décident; lehéros est sans liberté. Il y a une morale de résignation, l'homme ne peut choisirson destin.

Le texte est relativement compliqué pour des élèves de cycles deux ettrois. C'est pourquoi, j'ai choisi une adaptation de texte d'Antoine Galland cartout en simplifiant le texte, il en gardait une certaine richesse, commel'énumération de certaines épices. Ce support est particulièrement intéressantcar ce n'est pas une littérature « prétexte », créée uniquement à des finspédagogiques. De plus, la forme de l'album permettait de leur apporter unsoutien visuel, qu’ils ont très vite comparé au contenu du texte. D'autresversions existaient sous forme de livres de poche et d'album, mais le texte yétait soit trop compliqué, soit trop simplifié. C’est donc cette version qui m'aparue la plus adaptée.

Un élément important, qui pose problème dans son enseignement à l'école,figure dans Sindbad le marin ; il s'agit de la religion.

D/ L'enjeu de la religionPour permettre une bonne compréhension de l'intérêt de cette démarche

et de son contenu, une mise au point est nécessaire.

1.La problématique de l'enseignement du « fait religieux ». Depuis 1985, la culture religieuse est présente dans l'Education Nationale.

Mais, en 2002, Jack Lang demande à Régis Debray de revoir la place de cetenseignement au sein de l’école. En effet, aujourd’hui, les hommes sontsubmergés d'informations venues de cultures et de religions différentes. Pourmieux se situer, cela nécessite une meilleure connaissance des différents

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cultes et cultures, pour éviter les amalgames et permettre à tout le monde detrouver sa place. Il faut en comprendre les codes pour accepter les différences.D'autant que le fait religieux est un fait social, puisqu'on le retrouve dans notretemps (le calendrier) et dans notre espace (les églises, les mosquées, lessynagogues....).

Face à ce fait, des attentes mais aussi des problèmes surgissent. Desreligions, comme le christianisme, ont vu l'introduction du fait religieux dans lesprogrammes comme un regain d'attention pour leur religion, d'autres y voyaientdes éléments de réflexion philosophique et culturelle. On a toutefois encore dumal à comprendre que l'enseignement de l'histoire des religions n'est pas unecatéchèse. A cela s'ajoute, l'empiètement, estimé par certains, sur une zonedélicate qui est l' « intimité » de la famille. C'est alors qu'interfère le domaineprivé avec le domaine public.

Le terme de « fait religieux » a été choisi à dessein, il semblait plusneutre que « dimension religieuse » ou « culture religieuse ». Jack Lang a dit surcet enseignement qu' « une école authentiquement et sereinement laïque doitdonner à chaque élève accès à la compréhension du monde. ». L'approche de ladémarche religieuse révèle un intérêt pour les religions, mais dans un regarddistancié qui suscite une attitude critique ; il s'agit de neutraliser la démarchecroyante.

2. La place dans les programmesL'introduction de l'islam dans les programmes se situe dans la période du

Moyen Age (476-1492) sous l'intitulé : En Méditerranée, une civilisation fondéeautour d'une nouvelle religion, l'islam : conflits mais aussi échanges entrechrétiens et musulmans. Un repère chronologique est donné par le documentd'application, l'année 622 pour le début du calendrier musulman : Mahometquitte La Mecque pour Médine. Le vocabulaire à retenir est l'islam et la mosquée.

3. L'islam

Il y a trois religions monothéistes dans le monde: le christianisme, lejudaïsme et l'islam.

L'islam naît en 610 : Mahomet aurait eu une apparition de l'ange Gabrielqui lui aurait dit qu'il n'y avait qu'un seul dieu, Allah. Mahomet prêche l'islam (quisignifie : soumission à Dieu) et devient le chef militaire, politique et religieux de

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Médine en 622. En 632, les habitants de Médine ont conquis toute l'Arabie quise trouve unifiée par une même langue, l'Arabe, celle du coran.

Le coran est le livre saint de l'islam. Ce sont des récitations que Dieuaurait dites à Mahomet. Ces récitations sont diffusées en arabe et sont fixées àl'écrit environ cinquante ans après la mort de Mahomet. Tout en étant le livre decroyances, il est aussi un code juridique (qui est toujours suivi par lesfondamentalistes, aujourd'hui).

Il y a des interdits:- consommer du porc et boire de l'alcool

- faire des jeux de hasard

- représenter le visage humain,

des obligations (autour des cinq piliers de la foi):

- La profession de foi : Allah est le dieu unique et Mahomet, son prophète.

- Le jeune du ramadan: quarante jours sans boire ni manger,entre le lever et le coucher du soleil.

- Pratiquer l'aumône

- Prier cinq fois par jour en direction de La Mecque

- Aller une fois, au moins, dans sa vie à La Mecque.

Des imams lisent les prières et leur lieu de culte est la mosquée.

L'islam s'étend de façon fulgurante. Sous Haroun-al-Rachid (789-809 :période pendant laquelle se déroulent les aventures de Sindbad), Bagdad est lecentre culturel le plus brillant du monde.

La civilisation musulmane est riche. Elle crée de nombreuses techniques,telles que des canalisations pour transporter l'eau dans un univers quasimentdésertique. Elle exploite des routes terrestres et maritimes, a de bons navires,une monnaie d'or : le dinar et d'argent : le dirham... Elle est une civilisation devilles comme le montre Bagdad qui compte 1,5 millions d'habitants.

Après cette mise au point, sur la place de ce mémoire dans lesprogrammes, sur l'entrée de cet apprentissage historique par la littérature, et,sur les notions touchant la mise en pratique du mémoire, je vais vous présentercomment j'ai conçu et expérimenté ma séquence.

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Partie pratiquePartie pratique

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I/ Cadre d'expérimentation

L'application de ce mémoire s'est déroulée lors de mon premier stage enresponsabilité de trois semaines du 22 novembre au 11 décembre 2004. C'étaitune classe à double niveau CE1/CE2 de 19 élèves (9 de CE2 et 10 de CE2). Lesdeux cycles étaient donc présents: cycle 2 et cycle 3.

La question d'intégration du cycle 2 à ce projet s'est posée puisqu'il n'y apas de champ disciplinaire, à proprement parlé, pour l'histoire qui fait partie, àce niveau, de la Découverte du monde. Mais ce problème a été rapidement résoluà partir du moment où l'histoire était abordée par une entrée particulière; cellede la littérature. En effet, les Instructions officielles de 2002 précisent quedes ouvrages de littérature de jeunesse, adaptés à l'âge des enfants,permettent d'enrichir les connaissances culturelles. La question se posaitd'autant moins que très vite, un projet interdisciplinaire est né autour del'album choisi.

A cette période de l'année scolaire, l'histoire avait été peu abordée danscette classe. Les élèves avaient juste abordé la Première Guerre Mondiale enliaison avec l'armistice du 11 novembre 1918 et commencé la préhistoire. Unefrise chronologique balayant les siècles figurait sur un mur de la classe maisn'avait pas été exploitée. La construction du temps historique n'était pas faiteet l'entrée dans une nouvelle période ne perturbait pas trop la programmation.

Il est vrai, tout de même, que je me suis questionnée sur la pertinence àaborder une période historique donnée sans continuité avec les autres. Mais unproblème insoluble se posait à moi: comment préparer la période à étudier unesemaine à l'avance, en regroupant les documents nécessaires, et trouver unsupport de qualité qui soit adapté à leur âge ?

J'ai donc choisi à l'avance cette période historique qui abordait aussi lanotion de religion. Cet aspect étant source de débat et donc délicat à enseigner,je me doutais, et ce fut confirmé, que l'enseignant ne s'y risquerait pasforcément.

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Afin de mieux en comprendre l'intérêt, la mise en oeuvre possible del'approche de l'histoire par la littérature, voici le déroulement de la séquenceque j'ai effectuée en classe durant les trois semaines. Il est présenté sousforme de fiches de préparation; ce qui me paraissait plus clair qu'unedescription.

II/ Séquence Sindbad le marin

Objectifs :

● Apprendre à faire la différence entre un récit littéraire et unrécit à caractère historique, entre fiction et réalité.

● Montrer en quoi un ouvrage destiné aux enfants peut évoquer unecivilisation réelle (critique, découverte d’une période historique,recherche de « preuves » et d’une documentation complémentaire).

● Aborder la notion de religion et son rôle dans une civilisation àtravers l’Islam et la civilisation musulmane au Moyen Age.

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SINDBAD LE MARIN : SEANCE 1

Découvrir la démarche historique.

Niveau : CE2 (CE1)

Domaine : Histoire / Maîtrise de la langue

Objectifs : - Réfléchir à la démarche historique

-Distinguer le merveilleux, des renseignements historiques

Durée : 1 heure 10 minutes

Organisation : Classe entière puis phase individuelle (évaluation)

Matériel : Une évaluation par élève (cf annexes 17 et 18)

Déroulement :

Débat : Avec quoi fait-on l’histoire ? Comment un historien fait-il l’histoire ? Dansquels documents va-t-il chercher des renseignements ?

Exemple : si on cherche à se renseigner sur la vie à Nevers au Moyen Age :Comment fait-on pour savoir ? Quels documents sont utilisés ?

Typologie des documents : Sources (par rapport à la date) ou non.

25min

Distribution de l’évaluation diagnostique : - Lecture du texte en classe entière

- Eclaircissement du vocabulaire(exemple : précisions sur « l’Indien » :habitant de l’Inde)

- Présentation de la consigne et dutableau : définition des mots« merveilleux » et « renseignements surl’époque » avec exemple concret horsdu texte.

- Evaluation

- Correction

5/ 10min

5 min

30min

Bilan : Lors du débat, les élèves avaient quelques difficultés à trouver lesdocuments, les supports qui servent à l’historien. Nous nous sommes doncappuyés sur une frise chronologique affichée dans la classe et nous nous sommesservis de leur manuel pour affiner la typologie des documents. Cela leur

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permettait d’avoir des supports concrets qui les ont aidés à en découvrir ladiversité. Nous avons défini à l’oral la présentation des documents (Nom, nature,date, auteur). On peut noter qu’ils ont du mal à intégrer les images en tant quedocuments.

Lors de l’évaluation diagnostique, malgré l’explication des termes« merveilleux » et « renseignements sur la société », les élèves ont eu beaucoupde mal à trouver ce qui correspondait dans le texte à ces deux appellations.C’était le cas également pour le merveilleux, alors que ce mot paraissait très biencompris (ils avaient trouvé des exemples et cela fait parti de leur culture : dansles histoires, les jeux vidéos….).

La correction s’est faite plus tard car l’évaluation a demandé un peu plusde temps que prévu. Lors de la correction, les élèves ont apparement mieuxcompris ce qui était attendu de leur part et ont facilement donné les réponses.

SINDBAD LE MARIN : SEANCE 2 Le pacte de lecture : fictif ou historique ?

Niveau : CE2 (CE1)

Domaine : Histoire /Maîtrise de la langue

Objectifs : - Découvrir un conte avec mise en place du pacte de lecture

- Vérifier la fiabilité d’informations à l’aide de documents

Durée : 45 minutes

Organisation : Classe entière et groupes de deux à quatre élèves pour la phasede recherche.

Matériel : - Livre Sindbad le marin : Schéhérazade, la belle conteuse

- Imprimés d’Encarta (cf annexe 1)

- Dictionnaires

- Carte (cf annexe 2)

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Déroulement :

Au préalable, en littérature :Présentation de l’album : première et quatrième de couverture : hypothèsesLecture des deux premières doubles pages.Le travail sur la compréhension : - mots difficiles

- présentation de l’histoire : Qui sont lespersonnages? Où se déroule l’histoire? Quand a-t-elle lieu? Que se passe-t-il ? - Mise en abîme de l’histoire

Rappel du travail fait en littérature 5 min

Travail historique : - qu’est-ce qui à votre avis a réellement pu exister dansl’histoire ? Quels personnages ?...

- phase de recherche (par groupes) : ° sur les personnages :Sindbad, Schahriar, Schéhérazade, Dinarzade, Haroun al-rachid, Hindbad

° sur les lieux : la Perse,Bagdad

°sur les termes : Calife,Grand Vizir, porteur

- retour en commun : peut-on répondre maintenant à laquestion « quand ? », voir la différence hiérarchique entreHindbad et Sindbad. Notion de civilisation musulmane.

Pour étudier le Moyen Age, peut-on utiliser Sindbad ? (problème de la fiction)

10min

15min

15min

Bilan : Avant la phase de recherche, une liste a été faite sur les personnages,les lieux et les termes de l’incipit avec les élèves.

Il y avait des groupes de documents : -Une carte (pour les lieux) et / ou ledictionnaire (pour les termes) suivant le niveau.

-Un imprimé d’Encarta sur Sindbadpour les personnages de Sindbad etd’Hindbad.

-Un imprimé d’Encarta surSchéhérazade, pour elle etSchariar.

-Un imprimé d’Encarta sur Haroun-al-Rachid.

J’ai laissé aux élèves le choix de prendre le sujet qui les intéressait. La

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répartition a été plutôt équilibrée. Les groupes se sont faits librement.

Les élèves se sont beaucoup investis et ont été émerveillés quand ils ontdécouvert que le calife Haroun-al-Rachid avait existé et que les lieux étaientréels. Une véritable adhésion au projet est apparue.

SINDBAD LE MARIN : SEANCE 3 Le commerce dans l’empire musulman du IX au XIII siècle.

Niveau : CE2 (CE1)

Domaine : Histoire / Maîtrise de la langue

Objectifs : - Vérifier la fiabilité d’informations à l’aide de documents

- Aborder le commerce maritime dans le monde musulman.

Durée : 45 min

Organisation : classe entière

Matériel : - Livre Sindbad le marin : le premier voyage

- Documents : miniature d’un navire, d’un marché aux esclaves, textesur les souks, carte du commerce musulman (à compléter à deuxendroits), lexique.(cf annexes 3 à 8)

Déroulement :

Rappel du voyage déjà lu (Travail de compréhension : Quels sont les éléments quivous paraissent fictifs ?)Travail historique : - distribution du texte à lire à haute voix (texte qui reprend les

passages clés pour travailler le commerce).

- voyage : pourquoi Sindbad part-il en voyage ? Est-ce unmétier ? En quoi consiste ce métier, que fait-il ? Quellesmarchandises achète-t-il ? Qu’achète-t-il à son retour ? →Amener les élèves aux notions de marchand, trajet, commerce(avec vente et échange de marchandises), capitaine et équipage,port (Balsora), …, d’esclavage.

15min

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- appui sur ce qui a été vu avec les documents, analyse desdocuments : cours dialogué.

- conclusion : La civilisation musulmane a un commercemaritime important car elle est au contact de plusieurscivilisations.

15/20min

10min

Bilan : La période de questionnement s’est bien déroulée, les élèves étaientactifs.

Les différentes notions ont été expliquées de façon commune. L’appui surles documents était intéressant, car ils devaient chercher quel document allaitnous éclairer sur tel point. Un élève lisait à voix haute le document puis onl’expliquait.

Lors de la lecture de la carte, nous avons repéré les villes de Bagdad et deBalsora (villes clés dans le récit).

L’index des noms d’épices aurait pu être complété par la présentation desépices en classe pour les rendre plus concrètes.

SINDBAD LE MARIN : SEANCE 4 Introduction à la religion musulmane.

Niveau : CE2 (CE1)

Domaine : Histoire / Maîtrise de la langue

Objectifs : - Vérifier la fiabilité d’informations à l’aide de documents,approfondir

- Approche de la religion musulmane

Durée : 45 minutes

Organisation : classe entière puis par groupes avec les mêmes documents

Matériel : - Livre Sindbad le marin : le quatrième voyage

- documents : photo d’une mosquée, petit texte sur la mosquée, pland’une mosquée, définition Islam (dictionnaires): cf annexes 9 et 10.

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Déroulement :

Au préalable, les deuxième, troisième et quatrième voyages ont été lus lors deséances de français avec un travail fait sur la compréhension (parallèle fait avecd’autres civilisations : émission d’un jugement : civilisation des noirs cannibales,autre civilisation ave rituel mortuaire, apport d’une civilisation à l’autre.). Rappel du quatrième voyage (p 42 à 48) 5/10

minTravail historique : - approche de la religion avec l’allusion à Dieu (déjà faite

fréquemment avant), les aumônes et le lieu de culte : lamosquée.

- approfondissementpar groupes avec les documents et ledictionnaire

- retour en commun.

- conclusion : Les musulmans ont pour religion l’Islam. LeurDieu s’appelle Allah et leur lieu de prière est la mosquée.

10min

10min

10min

10min

Bilan : Quand la religion a commencé à être abordée, un élève a tout de suite ditqu’il était interdit de parler de la religion à l’école. Un petit débat s’en est suiviet j’ai fait une mise au point sur ce sujet. J’ai parlé de la religion en général enparlant des religions monothéistes et polythéistes avec les Gaulois… Le parallèleavec le christianisme a permis de mieux comprendre certains points.

SINDBAD LE MARIN : SEANCE 5 La religion musulmane

Niveau : CE2 (CE1)

Domaine : Histoire / Maîtrise de la langue

Objectifs : - Vérifier la fiabilité d’informations à l’aide de documents,approfondir

- Se familiariser avec la religion musulmane : l’Islam

Durée : 55/60 minutes

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Organisation : classe entière puis par groupes de 4 élèves

Matériel : - Livre Sindbad le marin : le sixième voyage

- Documents : °les piliers de l’Islam, une page du Coran (annotée), ladéfinition de l'islam par Mahomet( cf annexes 12, 13 et 11)

° Le grand pèlerinage de La Mecque (cf annexe 16)

° Une miniature calife, la carte sur l’extension del’Islam (cf annexes 15 et 14)

Déroulement :

Au préalable, le cinquième et le sixième voyage de Sindbad auront été lus (avectravail de compréhension et l’évocation du rapport établi entre deux royaumes)Rappel du sixième voyage 5/10

minTravail historique : - évocation multiple de Dieu (Allah), rapport au calife (rappeldes acquis de la séance précédente)

- approfondissement avec les documents (les mêmes pour tous)

- retour en commun, confrontation

- conclusion: L’Islam apparaît au 7ème siècle. Le prophète estMahomet et leur livre sacré est le Coran.

10min

15min

15min

10min

Bilan : Les élèves se sont bien rappelés ce qui a été vu lors de la premièreapproche de l’Islam.

Lors de la mise en commun, il y a eu confrontation du fait que tousn’avaient pas compris la même chose (exemple : pour le ramadan : certainspensaient qu’ils ne mangeaient pas pendant un mois, d’autres élèves ont rectifiéen disant que c’était pendant le jour), il y a donc eu entre eux, unecomplémentarité car les documents étaient difficiles et nombreux. Larépartition en groupes avec les mêmes documents était donc intéressante etnécessaire.

Quand il y avait certaines difficultés (comme pour le livre sacré), lacomparaison avec le christianisme aidait.

La difficulté principale pour les élèves était de tirer parti desillustrations. Ils avaient besoin d’être guidés, même si parfois les questions

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jointes (laissées volontairement) ont pu les aider quelque peu. Un travail pluspoussé sur la lecture d’image, au préalable, aurait pu les aider.

III/ Analyse

A/ Evaluations

Deux types d'évaluation finale ont été donnés. Tout d'abord, le mêmeexercice de différenciation entre merveilleux et renseignements sur l'histoiredonné en évaluation diagnostique. Ensuite, un contrôle de connaissances pures surl'islam et le commerce musulman.

1.Merveilleux/renseignements sur l'époque:évaluation diagnostiqueet finale (cf. annexes 17 à 21)

Lors de l'évaluation diagnostique, malgré la définition faite au préalableensemble appuyée d'exemples concrets, les élèves ont eu beaucoup dedifficultés à savoir quoi mettre sous ces deux appellations. Même le terme« merveilleux » a été difficilement perçu alors que c'était peut-être le pluscompréhensible (étant donné que cela fait partie de leur culture : dans leshistoires, les jeux...) et qu'il avait été illustré d'exemples d'élèves juste avant.Lors de la correction collective, à force de mettre les termes dans lescatégories, les élèves ont plus aisément trouvé les mots qui convenaient auxcritères.

Lors de l'évaluation sommative, il y a eu certains progrès spectaculaires,d'autres moins. Lors de la lecture de ce récit, nous avions particulièrement misen évidence l'aspect de cette île qui est en fait une baleine. Cet événement n'estfinalement réapparu que peu de fois dans les productions. Une différenciationavait été faite sur la longueur du texte, entre les CE1 et les CE2 (même si un CE1a eu la version la plus longue et vice et versa) pour que l'obstacle d'une lectureparfois encore difficile ne gêne pas le travail de compréhension et d'applicationde la consigne. Dans la première partie du texte (appartenant au texte long), levocabulaire du commerce, des lieux... étaient des points qui avaient étéégalement bien travaillés puisqu'ils avaient été étudiés en histoire. Mais pourcertains, ils ne paraissaient pas encore assez évidents.

Tout de même, on peut noter une évolution. Les élèves ont mieux ciblé le

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type de réponses attendues, y ont plus réfléchis (moins de réponses hasardeusess'y trouvaient).

2.L'évaluation des connaissances (cf annexe 22)

J'ai tenu également à vérifier leurs connaissances historiques etgéographiques (emplacement des villes) à l'aide d'une évaluation sous forme dequestions. Nous avons lu ensemble les questions et ils ont répondusindividuellement. Ce contrôle a été réussi globalement, mais beaucoup hésitaientà écrire la réponse alors qu'ils l'avaient. Tandis que d'autres, une fois devantl'évaluation, ont semblé perdre leurs moyens face à des questions, dont ilsconnaissaient la réponse, la veille.

B/ Analyse de la séquence

Cette entrée dans l'histoire a été très enrichissante aussi bien pour les élèvesque pour moi.

Les élèves ont très rapidement adhéré au projet, ils voulaient en savoirplus sur les aventures de Sindbad et ils voulaient mener des « enquêtes » sur cequ'on pouvait y apprendre. Ils ont vite compris ce que j'attendais d'eux ets'investissaient dans les recherches qu'elles soient de groupes ou collectives.Même ceux, qui ne semblaient pas intéressés au début de ce travail et quiavaient tendance à « râler », ont fini par s'y intéresser. Ce fut même une grandedéception quand l'histoire a été finie.

Comme un projet interdisciplinaire a été mené dans la continuité de cemémoire, les élèves ont vraiment dû sentir un sens dans ces apprentissages carils venaient m'en parler, me poser des questions quand la classe était finie. Lelivre, qui était à leur disposition dans la classe, était systématiquement empruntéquand certains élèves avaient terminé leur travail. Puisque le projet s'est étenduentre autre à la musique, des élèves ont amené des musiques de leurs pays, ilsm'ont régulièrement demandé d'écouter un morceau de musique orientale...

Ce travail, du point de vue de l'enseignant, permet d'explorer la dimensionpolyvalente du métier. A partir de deux disciplines, le projet s'est toutnaturellement ouvert à d'autres matières, car l'articulation des apprentissagess'est avérée évidente pour donner un sens et une unité aux apprentissages.L'utilisation des documents s'est faite avec mon aide certaines fois et parfoisseuls. Des questions ont ponctuellement accompagné des documents pour guiderla recherche.

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La frise et la carte du monde figurant sur un mur de la classe ont étéexploitées à plusieurs reprises pour situer, temporellement etgéographiquement, les éléments découverts dans Sindbad le marin.

C/ Prolongements disciplinaires ou interdisciplinaires

● une analyse plus pointue des images aurait pu servir à affiner lesreprésentations sur les tenues, les mets, les paysages... de cette civilisation

● un travail sur les paysages des régions rencontrés dans cette histoire auraitpu être effectué en géographie

● un titre aurait pu être donné à chaque voyage pour travailler l'espritsynthétique et vérifier la compréhension

● les productions des élèves auraient pu être tapées à l'ordinateur (en lien avecles TICE) et faire l'objet d'un carnet de voyages en rassemblant les écritsdes élèves et en les illustrant (en lien avec les Arts visuels).

D/ Remédiations

Une recherche sur un logiciel ou par internet sur les lieux et personnages,vus dans la séance 1, aurait permis un travail de recherche sélective qui aurait puleur servir lors des « enquêtes ».

Le travail de groupe aurait peut-être pu être plus fréquent dans cetteséquence car, c'est un mode de travail qu'ils n'avaient pas forcément intégré etqui leur était bénéfique. De plus, ce mode de travail, avec une répartition desdocuments entre les groupes, les motivait car ils devaient rendre compte de cequ'ils avaient appris à l'ensemble de la classe.

E/ Projet

Au delà de l'histoire, un projet interdisciplinaire autour de Sindbad et desdifférentes cultures a été mis en place.

Tout d'abord en français, un projet d'écriture est né autour d'un autre

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voyage de Sindbad (cf annexe 23). Les élèves ont compris la structure de chaquevoyage et le contexte historique, géographique. C'est à partir du 4ème voyageque la production a été amorcée en différenciant la production des CE1, quidevaient continuer un voyage que j'avais commencé (ils leur restaient lespéripéties et la situation finale). Les outils de la langue qui ont été travaillésétaient l'imparfait, la chronologie d'une histoire, le vocabulaire maritime...Descorrections on été faites progressivement et un dernier jet a conclu ce travail.En parallèle, des poèmes étrangers (traduits en français) ont été appris.

En musique, des mélodies ont servies de support à des repérages derythmes et d'instruments, puis une écoute plaisir s'est réalisée au fil des jours.Des chants étrangers ont été vus.

En Arts visuels, une photo de mosquée a été étudiée pour observer lesaspects de l'architecture musulmane. L'écriture arabe a également fait l'objetd'une observation.

Ce projet a donné du sens aux apprentissages autant pour les élèves quepour moi-même.

Conclusion

Cette entrée dans l'histoire par la littérature a permis de faire entrer lesélèves dans des apprentissages historiques sans qu'ils en prennent réellementconscience, car l'approche leur paraissait ludique. Cette approche, accompagnéedu projet, les a fait s'investir dans leurs apprentissages. C'est d'ailleurspourquoi les programmes de 2002 conseillent fortement l'interdisciplinarité quipermet de donner un sens aux acquisitions. Cette entrée a permis de mettre envaleur le rôle de la lecture dans cette discipline qui est de développer leurcompréhension de l'écrit.

Ces récits, qui s'inspirent, de l'histoire apportent donc des connaissancesau même titre que de l'émotion et du plaisir. Une élève m'a même dit; « Il estsuper ce livre, on apprend plein de choses avec, et ce n'est pas ennuyeux. », jecrois que cela résume bien l'intérêt de cette approche.

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Bibliographie

Textes officiels

- Qu'apprend-on à l'école élémentaire? LES PROGRAMMES 2003/2004

- Document d'application des programmes Histoire et géographie cycle desapprofondissements (cycle 3), CNDP octobre 2002

Partie théorique

- Grand Larousse universel. Larousse. 1989. présente édition 1995.

- Corpus. Encyclopaedia universalis. Encyclopaedia universaux France SA. Paris. 1995.

- Michel Peltier.Littérature: Roman et Histoire, cycle 3. Enseigner aujourd'hui. Bordaspédagogie. Paris. 2003.

- Le roman historique. TDC n°520. 1989.

- Madeleine Michaux. Histoire cycle 3. Enseigner aujourd'hui. Bordas pédagogie. Paris. 2001.

- Odette Mitterand avec la collaboration de G. Ciment. L'histoire par la bande: Bandedessinée, histoire et pédagogie. Syros. Paris. 1993.

- Danielle Marcouin-Dubois et Odile Parsis-Barubé. Parcours didactique à l'école: Textes etlieux historiques à l'école. Edition Bertrand-Lacoste. Paris. 1998.

-Site de l'IUFM de Grenoble: www.chambery.grenoble.iufm.fr/home/Histoire/litt%20enf/demarche.htm

- Lire en histoire. JDI n°8. Avril 2005.

- Des enfants, des écrits. Les actes de lecture n°70. Juin 2000.

- Contes et récits. Pourquoi aimons-nous les histoires?. Sciences humaines n°148. Avril2004.

- Le fait religieux à l'école. Partie prenante n°2, revue des équipes enseignantes. Colombes.avril mai juin 2004

Partie pratique (mais certains ouvrages ont également servi pour la rédaction dela partie théorique) - D'après la traduction d'Antoine Galland. Sindbad le marin. Contes et Fables deToujours. Gründ. Paris. 1999.

- Vincent Adoumié. Histoire Géographie 5ème. Hachette Education. Paris. 2002.

- Traduction d'Antoine Galland. Les mille et une nuits, tome 1. Garnier-Flammarion. Paris.1965.

- René R.Khawan et Jean-Michel Payet. Les aventures de Sindbad le marin . « Epopée »Casterman. Edition Phébus. Paris. 1985. présente édition: 1993.

- Encarta. Encyclopédie Microsoft. 2004.

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Annexes

Annexes 1 et 2 : Documents pour la séance 2

Annexe 1 : Imprimés d'Encarta

Sindbad le Marin

1 PRÉSENTATIONSindbad le Marin, conte issu de la traduction des Mille et Une Nuits réalisée par AntoineGalland au XVIIIe siècle.

2 ARGUMENT2.1 Le porteur HindbadUn pauvre porteur nommé Hindbad décide un jour de poser quelques instants sa lourdecharge, et de prendre un peu de repos à l’ombre d’un somptueux palais de Bagdad. Curieuxd’en savoir plus sur le propriétaire d’une si belle demeure, il apprend des domestiques del’endroit que leur maître est le richissime marchand Sindbad le Marin. Après s’être lamentésur leurs sorts si différents, Hindbad est convié par Sindbad, qui a entendu sa complainte, àentrer dans sa maison. Il est alors invité à partager un grand festin en compagnie de nombreuxconvives. Sindbad prend ensuite la parole pour narrer à l’assemblée le détail de ses septmerveilleux voyages, riches en péripéties et aventures fantastiques. Son récit se déroule aucours de sept journées successives, toutes ponctuées par un somptueux repas. À la fin dechacun de ses récits le généreux Sindbad remet au porteur Hindbad une bourse contenant centsequins.

2.2Les merveilleux voyages deSindbad

Les multiples voyages de Sindbad, entrepris pour les besoins de son négoce, l’amènent àdécouvrir un grand nombre d’îles et de contrées merveilleuses. Le récit mêle lieux réels, telsl’Inde et Ceylan, et une foule d’endroits imaginaires. Le héros, qui croise au cours de sesaventures le chemin de divers animaux fantastiques tel le roc, oiseau gigantesque, est en outreconfronté à mille dangers et manque mourir à plusieurs reprises. Le récit met en avant sagrande générosité et affirme la grandeur du sens du partage.

Au terme du récit de Sindbad, preuve est faite que ses richesses ne sont pas usurpées etqu’elles sont le fruit d'un dur labeur et de longues années d'épreuves. Le porteur reconnaît lavaleur de la fortune de Sindbad qui, grâce à ses dons d’argent successifs, lui permet des’élever à son tour au-dessus de sa condition.

3 RICHESSE DU CONTEL'histoire de Sindbad le Marin, introduite en Occident au XVIIIe siècle par l'orientaliste françaisAntoine Galland, premier traducteur des Mille et Une Nuits, se déroule sous le règne deHaroun al-Rachid (786-809). Ces aventures fantastiques, particulièrement populaires enEurope, offrent une mine d’informations inestimables sur le commerce maritime en Orient

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aux VIIIe et IXe siècles, grâce à l’évocation d’une foule de détails portant notamment sur lesmers et les contrées parcourues, mais également sur les denrées et richesses échangées àl’époque.

Schéhérazade (personnage)

1 PRÉSENTATIONSchéhérazade (personnage), jeune femme dont le récit fait au sultan Schahriar constitue latrame narrative dans laquelle vient s’insérer l’ensemble des textes et histoires légendairesformant les Mille et Une Nuits.

2LA LÉGENDE DESCHÉHÉRAZADE

Pour se venger de l’infidélité de son épouse, le roi perse Schahriar décide de mettre à mort,chaque matin, la femme qu’il aura épousé la veille. Schéhérazade, la fille du vizir, offre elle-même au souverain de l’épouser dans le but inavoué de persuader le roi de renoncer à savengeance.

Le premier soir, après s’être assurée de l’attention du sultan, Schéhérazade narre à sa sœur unemerveilleuse histoire, dont elle ne livre pas la fin. Dans le but de la connaître, le sultanrepousse l’exécution de son épouse au lendemain. Mais le scénario se reproduit le lendemain,et les histoires de Schéhérazade sont si captivantes que Schahriar, curieux de connaître ledénouement de chaque conte, repousse sans cesse l’exécution de son épouse au jour suivant. Ilen est ainsi de nuit en nuit, jusqu’à ce que le roi, ravi par la sagesse et la vertu de la belleSchéhérazade, renonce à son funeste projet et lui laisse la vie sauve.

3 IMPORTANCE DU PERSONNAGELa figure de Schéhérazade apparaît dès les plus anciennes versions, d’origine indo-iranienne,des contes des Mille et Une Nuits. Son récit constitue le fil conducteur de l’ouvrage quirassemble des contes et des récits de style, d’origine et d’époque variés, renfermant biensouvent en eux-mêmes plusieurs autres récits. Schéhérazade offre l’image d’une femme à lafois brillante, ingénieuse et courageuse, qui parvient par ses talents à infléchir la décision duprince, figure incarnant toute la sévérité de la loi.

4 POPULARITÉDès la publication du recueil en Europe au XVIIIe siècle, grâce à une traduction de l’orientalisteAntoine Galland, le nom de Schéhérazade devient le symbole des charmes de l’Orient et del’envoûtement qu’il exerce. La belle enchanteresse inspire de nombreux artistes. Plusieursœuvres musicales lui sont dédiées, notamment la Schéhérazade de Nikolaï Rimski-Korsakov(1888), celle de Maurice Ravel (1898 et 1903), ainsi que le ballet de Michel Fokine (1910)— Schéhérazade, pour les Ballets russes.

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Haroun al-Rachid

Haroun al-Rachid (766-809), cinquième calife (786-809) de la dynastie des Abbassides deBagdad. Son nom signifie littéralement « Aaron l'Honnête ». Fils du troisième califeabbasside, Al-Mahdi, il succéda à son frère Al-Hadi sur le trône après la mort de celui-ci. Lerègne d'Haroun al-Rachid fut marqué par un épanouissement culturel considérable. Jusqu'en803, le pouvoir administratif fut confié à Yahya ibn Khalid (mort v. 803), le grand vizir, ouconseiller d'État, et chef de l'illustre famille des Barmakides. Bagdad, capitale du royaumed'Haroun al-Rachid, devint la ville la plus prospère de l'époque, et la fortune du califat était auservice de toutes les extravagances. De nombreux souverains payaient un tribut au calife et desomptueux et coûteux édifices furent érigés à sa gloire. On dit de lui qu'il a échangé desprésents avec Charlemagne. Haroun al-Rachid était le généreux protecteur des savants, despoètes et des musiciens, et les personnalités musulmanes les plus éminentes de l'époque furentreçues à sa cour. Il est le héros d'innombrables chansons et contes. Il est très connu enOccident comme le calife dont la cour est décrite dans les contes des Mille et Une Nuits.De 791 à 809, l'empire d'Haroun al-Rachid fut en guerre avec l'Empire byzantin et en 807, sonarmée occupa la province byzantine de Chypre. Vers la fin de son règne, il fut suggéré àHaroun al-Rachid de se débarrasser des Barmakides et, en 803, il emprisonna le grand vizir.Le calife mourut lors d'une expédition destinée à écraser une insurrection à l'est du royaume.

Annexe 2 : carte du monde musulman

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Annexes 3 à 8 : documents de la séance 3

Annexe 3 : texte de Sindabd le marin pour remettre en contexteles recherches à faire.

« Je me rendis à Balsora, où je m’embarquai avec plusieurs marchands sur un vaisseau quenous avions équipé à frais communs. (…)Au cours de notre navigation, nous abordâmes dansplusieurs îles et nous y vendîmes ou échangeâmes nos marchandises. »

« J’emportai avec moi du bois d’aloès, du santal, du camphre, de la muscade, des clous deGirofle, du poivre et du gingembre. Nous passâmes par plusieurs îles et nous abordâmes enfinà Balsora. J’arrivai en cette ville avec la valeur d’environ cent mille sequins.

Ma famille me reçut. J’achetai alors des esclaves de l’un et l’autre sexe, de belles terres, et jefis construire une grosse maison. »

Annexe 4 : Miniature d'un navire arabe

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Annexe 5 : miniature d'un marché aux esclaves

Annexe 6 :texte sur les souks de Bagdad

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Annexe 7 : Carte du commerce musulman du IXème au XIIèmesiècle

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Annexe 8 : Lexique

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Annexes 9 et 10 : documents de la séance 4

Annexe 9 : texte sur l'usage de la mosquée

Annexe 10 : photo et plan de la mosquée de Kairouan

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Annexes 11 à 16 : Documents de la séance 5

Annexe 11: Définition de l'islam par Mahomet

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Annexe 12 : les piliers de l'islam

Annexe 13 : une page de Coran

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Annexe 14 : carte présentant l'expansion de l'Islam auxVIIIème et IXème siècles

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Annexe 15 : Miniature d'un calife

Annexe 16 : photo d'un pélerinage à La Mecque

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Annexes 17 à 22 : Evaluations

Annexe 17 : Tableau des deux évaluationsLis le texte et place dans le tableau les mots ou les groupes de mots quiappartiennent au merveilleux et ceux qui te renseignent sur la société del’époque.

Merveilleux Renseignements sur la société

Annexe 18 : Texte de l'évaluation diagnostique« En Perse, ô Roi fortuné, le premier jour du printemps est l’occasion d’une grande fête ; et ily eut, au temps jadis, une fête particulièrement mémorable.

Le roi siégeait dans ses jardins du palais de Schiraz, accordant ses largesses aux sujets les plusméritant du royaume, quand apparut au pied de son trône un Indien tenant par la bride uncheval richement harnaché. L’homme se prosterna, puis, s’étant relevé, dit au souverain qu’ildésirait lui offrir cet animal en échange d’un autre bien très précieux.

- Très précieux ? dit le roi en se levant brusquement de son trône. Je ne vois là qu’un chevalcomme tant d’autres.

- Mon souverain, je puis vous jurer qu’il n’y a pas pareil cheval dans tout votre royaume !

Le roi, curieux de nature, s’avança pour mieux observer cette monture. Et quelle ne fut pas sasurprise quand il découvrit une statue ! Le cheval était de bois, ses yeux de rubis et sonharnachement était couvert de multiples pierres précieuses.»

D’après Contes des Mille et Une nuits , Le cheval enchanté , 1990.

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Annexe 19 : Evaluation dignostique, productions des élèves

deux élèves de CE1, un élève de CE2

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Annexe 20 : texte de l'évaluation finale (la partie entre crochetsétaient donnée aux CE2)

[Nous mîmes à la voile et prîmes la route des Indes orientales par le golfe Persique. Hors dece golfe, la mer du Levant est très spacieuse: elle a pour bornes les côtes d'Abyssiniejusqu'aux îles de Vakvak. Je fus d'abord très incommodé par le mal de mer, mais ma santé serétablit bientôt et, depuis ce temps-là, je n'ai point été sujet à cette maladie.]

Au cours de notre navigation, nous abordâmes dans plusieurs îles et nous y vendîmeset échangeâmes nos marchandises. Un jour que nous étions à la voile, le calme nous prit enface d'une petite île presque à fleur d'eau, qui ressemblait à une prairie par sa verdure. Lecapitaine fit plier les voiles et permit de prendre terreaux personnes de l'équipage quivoulurent y descendre. Je fus du nombre de eux qui y débarquèrent.

Mais, dans le temps que nous nous divertissions à boire et à manger, l'île trembla toutà coup et nous donna une rude secousse... On s'aperçut de ce tremblement dans le vaisseaud'où l'onnous cria de nous rembarquer promptement; que ce que nous prenions pour une îleétait le dos d'une baleine. Les plus diligents se sauvèrent dans la chaloupe, d'autres se jetèrentà l'eau et s'enfuirent à la nage.

Annexe 21 : Evaluation finale, productions d'élèves

un élève de CE2, deux élèves de CE1

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Annexe 22 : Evaluation finale de connaissancesLe monde musulman

Quelle est la religion des musulmans ?....................................................................................................................................................................................................................................................................

Qu’est-ce qu’une Mosquée ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

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Qu'est-ce que le Coran ? En quelle langue est-il écrit ?……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Quand apparaît l’Islam et quel est le prophète qui diffuse cette religion ?…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Qu’est-ce que le commerce ? (Peux-tu donner des exemples de marchandises quiproviennent de Bagdad ?)…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Place sur la carte : Bagdad, Bassorah, la Perse.

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Annexe 23 : productions d'élèves d'un autre voyage de Sindbad(3 élèves de CE2 et 1 élève de CE1)

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Les aventures de Sindbad le marin : uneLes aventures de Sindbad le marin : uneoeuvre de fiction ou un documentoeuvre de fiction ou un document

d'histoire ?d'histoire ?

Résumé :Résumé : Il s'agit de voir comment peut se mettre en place uneIl s'agit de voir comment peut se mettre en place unenouvelle façon d'aborder l'histoire : ici, c'est l'entrée dans l'histoirenouvelle façon d'aborder l'histoire : ici, c'est l'entrée dans l'histoirepar la littérature. Elle permet d'ouvrir un oeil critique enpar la littérature. Elle permet d'ouvrir un oeil critique endifférenciant le fictif et le réel. C'est aussi une application de ladifférenciant le fictif et le réel. C'est aussi une application de lamise en oeuvre de l'interdisciplinarité. L'mise en oeuvre de l'interdisciplinarité. L'oeuvre choisie pour ceoeuvre choisie pour cemémoire permet égalment d'aborder l'enseignement délicat de lamémoire permet égalment d'aborder l'enseignement délicat de lareligion.religion.

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