25

Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement
Page 2: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

LES ÉCLATS DE RIRE DE JEAN-PIERRE FOUCAULT

ET LÉON

Page 3: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement
Page 4: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

L

RMC EDITION

Page 5: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

© Éditions de Radio Monte Carlo 1985 ISBN 2-86855-005-3

Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, enregistrée, par n'importe quel procédé, ou transmise, sous n'importe quelle forme ou par n'importe quel moyen — électronique, mécanique, photographie ou disque — sans la permission préalable, confirmée par écrit, des éditeurs.

Page 6: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

Cette évocation historique a été rendue possible grâce à la bienveillance de Messieurs Castelot, Decaux, Michelet, Theillard de Chardin, Sigmund Freud, Gérard de Villiers et André Gomez, exploi- tant de camping.

Note de l'éditeur

Page 7: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement
Page 8: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

S I ce livre n'a aucune ambition académique (et pourtant !) il se doit d'évoquer une page de

l'histoire culturelle française fort méconnue. En effet, qu'évoque pour vous le mois de juillet 1966 ? Un été pourri ? Des vacances de rêve? Des examens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement tenaces ? Eh bien pour un jeune Marseillais, ce mois restera inoubliable. Il vient de garer la 2 CV qu'on lui a prêtée dans un camping du Sud-Ouest de la France. Rapidement, il monte une tente minuscule, prépare son sac de couchage et son sac à viande. Ce sont des gestes qu'il accomplit avec beaucoup de savoir-faire, car si son parcours scolaire a été semé de nombreux obstacles infran- chissables, notamment au moment des examens, il a été un scout admirable. Que fait-il là, ce jeune homme ? Veut-il oublier le comte de Monte-Cristo au pays des Trois Mousquetaires, ou plutôt rêve-t- il de séduire quelques belles catalanes au cours de sardanes endiablées ? Non il est sérieux, il tra- vaille ! Et quel travail... Il vend des porte-clés! Rappelez-vous : à cette époque, on commence à devenir copocléphiliste c'est-à-dire dingue de porte-clés. L'été 66 sera pour les sociologues une période de mutation qui verra l'inéluctable régres- sion des scoubidous, des hula hoop et du jambon beurre au profit des porte-clés et des merguez.

Page 9: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

Notre héros sensible aux pulsations de son temps et aux fins de mois difficiles n'a pas hésité : si le porte-clés doit marcher il sera à ses côtés jusqu'au triomphe final. C'est sur ce genre de vision béate et bienheureuse qu'il commence à se glisser dans sa literie mobile, lorsqu'un appel retentit dans le haut-parleur délabré du camping : « Monsieur Foucault est demandé au téléphone... » « Mon- sieur Foucault est demandé au téléphone ! » Jean- Pierre notre Marseillais, car vous avez deviné qu'il s'agit de lui, s'extirpe brutalement de son sac de couchage, se causant ainsi une légère enflure au niveau de l'estomac, blessure qui hélas ne se résorba jamais. Une fois libéré de son carcan il se précipite vers la cahute où se trouve le téléphone, se fait connaître et tout pantelant décroche le combiné. C'était un copain d'enfance très essouf- flé qui était à l'autre bout du fil :

— Je t'ai cherché partout, j'ai eu un mal fou à te trouver, enfin ! Il faut que tu ailles immédiate- ment à Monte-Carlo ! Ouais, le concours d'anima- teurs, tu sais... que tu as fait sans trop y croire. Eh bien ça a marché : ils t'engagent à l'essai pour six mois.

Jean-Pierre Foucault démonte méticuleusement sa petite tente, remet en marche sa 2 CV et roule toute la nuit vers un destin fabuleux qui fait partie maintenant du patrimoine national. Jean-Pierre Foucault n'étant plus en lice, Paul-Loup Sulitzer eut les coudées franches.

Ce sont quelques éclats de rire qui ont égayé ce parcours que nous allons vous faire partager, l'auteur et son complice vous souhaitent autant de plaisir qu'eux-mêmes en ont eu à vivre, à décou-

Page 10: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

vrir, à se remémorer et à écrire ces moments précieux. A tout de suite. P.S. Cette évocation est totalement imaginaire, d'ailleurs ce n'était pas une 2 CV mais une Ami 6.

Jean-Pierre Foucault

P.S. S. Cette évocation est totalement imaginaire, jamais Jean-Pierre Foucault n 'aurait été capable de monter une petite tente, d'ailleurs en général ses amis sont plutôt grands.

Léon.

Page 11: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

C E livre s'intitule « Les éclats de rire de Jean- Pierre Foucault et Léon » je dois donc en

toute honnêteté vous parler de Léon et cela m'est d'autant plus facile que l'on peut affirmer qu'à son insu, Léon est un éclat de rire permanent. Comme en ce moment il est en train de lorgner par-dessus mon épaule, je ne peux aller au fond de ma pensée... Mais voilà un homme dont les goûts vestimentaires, les coiffures, ou ce qu'il en reste, les bévues, les maladresses et la mauvaise foi égaient continuellement son entourage. Seule son épouse a quelques réticences mais elle a vraisem- blablement un autre sens de l'humour que le reste de l'humanité.

Lorsqu'il y a une quinzaine d'années le directeur des programmes de Radio Monte-Carlo me convo- qua pour me présenter Léon Orlandi, le nouveau réalisateur de mon émission, j'étais loin de me douter combien cette décision allait être lourde de conséquences. Ne connaissant pas ce jeune homme, d'un abord agréable, il vient encore de regarder mon manuscrit, je fis rapidement une petite enquête parmi les personnes qui l'avaient côtoyé et j'ai abouti à deux conclusions :

— C'était un garçon très bien. — Attention... Il avait tendance à forcer un peu

Page 12: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

sur les boissons alcoolisées. Au cours de notre longue collaboration une de ces deux conclusions ne s'est jamais démentie !

Léon, il faut le préciser, est un anglais d'origine italienne. Si ses racines latines expliquent peut- être son attirance pour les professions artistiques, son côté anglais... fidèle aux « pubs » est certaine- ment à l'origine de ses autres penchants. Il y a sans doute dans son subconscient cette terreur toute britannique : à partir de 23 heures on ne sert plus de boissons alcoolisés. Léon a donc toujours pris la précaution de n'avoir plus soif bien avant cette heure fatidique, il n'a donc jamais été dans un état normal en dehors des messes de minuit, chaque Noël.

Il faut souligner qu'en dépit de ses déborde- ments Léon a toujours lutté pour assumer ses responsabilités professionnelles. Au début de notre collaboration par exemple, afin d'éviter les pannes de réveil, il avait une tactique remarquable pour être toujours à l'heure : quand il arrivait au terme de ses pérégrinations de gargotes en bouges mal famés, il se rendait directement à la radio vers 5 heures du matin, s'installait dans un studio, en général celui pourvu de la moquette la plus moelleuse, à même le sol, pour retrouver les bras de Morphée. Il ne me restait plus, à mon arrivée au bureau, qu'à demander aux personnes chargées de l'entretien des locaux où se trouvait mon prestigieux compère et à charger deux ou trois

Page 13: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

personnes d'une délicate mission : le ramener sur son lieu de travail !

Bien sûr, cette méthode n'étant pas infaillible, un jour au petit matin Léon quitta avec difficultés la dernière discothèque encore ouverte en princi- pauté pour se rendre courageusement vers Radio Monte-Carlo. Parvenu à la hauteur du Casino, pris d'une grande lassitude, Léon décida de se reposer sur l'un des nombreux bancs se trouvant dans les jardins du Casino. Mal lui en prit ! Le marchand de sable, avec une traîtrise rare, le surprit et le laissa à de beaux rêves.

On imagine la panique que causa son absence à la radio : coups de téléphone à la maison, aux parents, aux amis, aux estaminets... pas de Léon ! À l'étonnement succéda la colère, puis l'angoisse. Loin de toute cette agitation, mon réalisateur de choc récupérait pleinement de sa nuit mouvemen- tée. Ce repos réparateur fut interrompu vers midi par un jardinier de service, estimant, à juste titre, que Léon n'avait rien de décoratif. Avec cette sollicitude propre à tous les employeurs, la direc- tion de Radio Monte-Carlo se résolut d'accorder à Léon le repos dont il avait manifestement besoin et ce, par le biais d'une semaine de mise à pied sans rémunération et avec inscription au dossier ! Ce qui prouve que, contrairement à ce qu'affirme la médecine, on peut lever le coude et se retrouver à pied !

Mais Léon est encore dans mon dos et s'agite, alors j'interromps momentanément l'évocation de ce glorieux passé !

Page 14: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

M 'ESTIMANT ridiculisé par le portrait caricatu- . ral de ma personne présenté dans ce livre,

par ailleurs admirable, je demande un droit de réponse. Nom : Orlandi, prénom : Léon, citoyen : britannique, réalisateur à Radio Monte- Carlo, j'ai pris la liberté d'intervenir afin de faire une petite mise au point. J'aimerais tout d'abord évoquer en quelques mots la vie de Jean-Pierre Foucault.

Ce Marseillais bon teint a été élevé dans un quartier tout proche du plus grand hippodrome du Midi. Dès sa plus tendre enfance il n'a eu qu'un souhait : devenir jockey ! Eh oui, c'est en rêvant de chevaux que l'on finit parfois par gagner sa vie en faisant l'âne. Hélas, à peine entré dans l'adoles- cence, sa grande carcasse pataude devint la risée des paddocks. Adieu Chantilly, le prix de Diane, la Cravache d'Or! Profondément meurtri, Jean- Pierre en voudra pour le restant de ses jours aux gens bien faits, minces et élancés comme moi par exemple. C'est une réaction tout à fait compréhen- sible, que Sigmund Freud a très bien expliquée dans sa célèbre étude « warum der gross jockey arbeitet für RMC ». N'ayant plus pour idole Yves Saint-Martin, Jean-Pierre va prendre pour modèle le seul homme ayant réussi à se faire un nom dans le monde des courses sans monter à cheval : Léon Zitrone. Il va l'imiter dans les moindres détails.

Page 15: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

Son destin est tracé : il sera animateur de radio et de télévision. Nos vies vont se télescoper dans le bureau du directeur des programmes de Radio Monte-Carlo.

Je n'oublierai jamais ma première rencontre avec ce jeune homme bien mis au visage poupin. Il m'a semblé impressionné, voire intimidé par ma prestance et ma grande vivacité d'esprit. Je pris alors une décision que j'allais regretter amère- ment : pour le mettre à l'aise, le dérider, pourquoi ne pas lui faire croire que j'étais légèrement porté sur la boisson ? Ce rôle difficile, je l'ai toujours assumé pleinement. Que de nuits où je me suis forcé à boire, à m'amuser en compagnie de jolies filles uniquement pour donner confiance à l'ani- mateur de l'émission ! Combien de matins j'ai dû rester bien au chaud dans mon lit de façon à être en retard au travail exprès... Oui j'ai tout donné pour la réussite de notre collaboration, jusqu'à ma voix. En effet, les abus eurent rapidement raison de mes capacités d'élocution.

Ces sacrifices librement consentis, je ne les regrette pas, je ne demande donc ni mercis, ni félicitations... Mais si vous voulez me payer un verre... Je ne dis pas non ! Allez je laisse Jean- Pierre continuer sa saga mais ne croyez pas un mot de ce qu'il invente à mon propos.

Page 16: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

A la lecture de ce qui précède vous avez maintenant un aperçu de la nullité de Léon

et du calvaire que j'endure depuis de nombreuses années. Pour en revenir à des choses plus sensées, j'aimerais vous expliquer un peu ce qu'est le métier d'homme de radio, car contrairement à ce que l'on croit c'est un métier des plus sérieux. Je tenais à le préciser car je ne compte plus le nombre de personnes qui, à la fin d'une émision en public, m'abordent très poliment et me posent toujours la même question : « Dites, Jean-Pierre, à part la radio qu'est-ce que vous faites dans la vie ?» Eh bien je ne fais que ça et c'est largement suffisant ! La vertu essentielle d'une émission de radio c'est de faire rêver ceux qui l'écoutent, de faire appel à leur imagination. Mais pour y parvenir il faut un peu rêver soi-même, avoir un brin d'imagination, se renouveler chaque jour, durant toute l'année. Alors croyez-moi, se lever tous les matins de bonne humeur en se disant « tiens on va essayer tel ou tel truc, se sera marrant » ce n'est pas évident. Il faut oublier tous les aléas de la vie quotidienne : Les petits bobos, les tracasseries administratives, la fatigue, les enquiquineurs, etc. et quand on est marié c'est pire !

L'inverse est d'ailleurs tout à fait vrai, les auditeurs se basent sur ce qu'ils écoutent et

Page 17: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

pensent qu'un animateur est dans la vie privée un homme charmant, agréable, plein d'humour et de vivacité, Bref le compagnon idéal! Détrompez- vous, il y a presque toujours du Dr Jekyll et Mr Hyde chez les personnes qui exercent un métier public.

Tout comme les médecins qui n'aiment guère donner des consultations gratuites lors de repas entre amis, un amuseur ne fait pas volontiers le pître dans l'intimité (à part Léon, mais il ne le fait pas volontairement). Le fait que nous abordions notre boulot avec sérieux et un certain trac est bien sûr à l'origine de nombreuses situations cocasses. Une de nos consœurs qui anime actuelle- ment la rubrique « Cuisine » sur RMC a eu le malheur un jour de vanter les qualités d'un journal « spécial dernière » en l'appelant « spécial der- rière » suivi d'un irrésistible fou rire. Croyez-moi pendant quelques semaines c'est avec une certaine appréhension que nous abordions la lecture des messages « spécial dernière » ; ce qui entraînait inévitablement des erreurs tout aussi grossières au cours d'autres publicités. Les coïncidences mal- heureuses sont aussi très fréquentes en radio; tenez, quand une grande personnalité vient à disparaître un journaliste interrompt générale- ment le cours de l'émission pour ce que nous nommons un flash spécial d'information, flash suivi de deux à trois minutes de musique neutre, en général de la musique classique. En principe chaque réalisateur d'émission possède ce genre de disque. J'ai bien dit « en principe », car ce genre

Page 18: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

d'événement étant plutôt rare et les réalisateurs assez farfelus, le disque en question disparaît au fond d'un placard et c'est l'inévitable catastrophe. Personnellement j'ai vécu trois de ces désastres radiophoniques. Le premier, à l'occasion de la mort dans un attentat du président de la Républi- que du Brésil. Le journaliste de service entre précipitamment dans le studio, on interrompt l'émission et il annonce solennellement la triste nouvelle. Connaissant peu la vie politique brési- lienne il n'ajoute rien et donne rendez-vous aux auditeurs au cours du prochain bulletin d'informa- tions. Du côté de la réalisation c'est la panique, seul échappe à cette confusion le preneur de son qui calmement diffuse le disque prévu initiale- ment ; son titre « Le petit âne brésilien » inter- prété par les Compagnons de la Chanson.

Je n'oublierai pas non plus l'annonce de la mort, dans un attentat, du Premier ministre espagnol : L'amiral Carrero Blanco. Flash spécial, bref et précis, trop bref pour Léon qui plaça rageusement sur une platine du studio un disque qu'il croyait de bon ton. Grossière erreur, hélas! il s'agis- sait « d'adios muchachos » chanté par Carlos Gardel !

Le sommet dans ce genre de bévue, je l'ai vécu à l'occasion de la mort du général de Gaulle. Le scénario est toujours le même, avec l'arrivée d'un journaliste affolé qui demande l'antenne de toute urgence. On arrête tout pour lui donner la parole :

Page 19: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

« Le général de Gaulle, ancien président de la République vient de s'éteindre à Colombey-les- Deux-Eglises. Nous vous ferons écouter les pre- miers témoignages à partir de 11 heures. » C'est tout... Sans doute paralysé par l'ampleur de l'évé- nement, notre journaliste n'eut rien à ajouter. Stupeur dans le studio et que fait-on ? On envoie tout simplement le disque orchestral qui était prévu pour illustrer un message publicitaire : une valse musette endiablée interprétée par l'ami Ver- churen ! Le réalisateur responsable de cette illus- tration sonore et originale fut remercié par RMC peu après ; le journaliste, quant à lui, est toujours des nôtres !

Il y a un autre aspect de notre métier que le public connaît mal : c'est ce qui se passe entre nous pendant une émission.

Un animateur finalement parle peu au micro, mais en revanche il discute beaucoup, hors antenne, avec ses collègues de travail : réalisa- teurs, assistantes, preneurs de son. Ces conversa- tions sont en général plus croustillantes et plus drôles que ce qui se dit en même temps dans le transistor. Le vocabulaire utilisé est plus coloré que celui que l'on a l'habitude d'entendre à la radio. On a souvent l'impression de faire deux émissions en même temps. La meilleure n'est pas forcément celle qui est diffusée, mais c'est sûre- ment la plus convenable. Quand je ne suis pas à Monte-Carlo, de nombreux moyens techniques sophistiqués me permettent de dialoguer avec la station, ce qui est très pratique pour travailler mais très très dangereux car on ne sait jamais à qui l'on s'adresse. Ce système m'a conduit à commettre

Page 20: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

d'innombrables gaffes, car je n'utilise pas le même langage avec Léon, par exemple, qu'avec le direc- teur général de Radio-Monte-Carlo. D'ailleurs les directeurs, s'ils ont un langage châtié, ont parfois un comportement incompréhensible. Pris par leurs nombreuses occupations, ce sont des messieurs que l'on voit rarement. Mais il suffit que l'on soit à plus de cent kilomètres de la station pour qu'ils utili- sent les interphones et les lignes téléphoniques afin de prendre de vos nouvelles. Quand on sait que l'équipe qui m'entoure passe l'essentiel de son temps à me faire des blagues d'un goût douteux, il est facile d'imaginer les quiproquos dont je suis la victime involontaire. Un exemple de situation type, situation vécue : je suis à Montpellier et Léon, à la station à Monte-Carlo. Depuis le début de l'émission nous sommes en liaison, soudain il m'appelle très poliment — ce qui est déjà surpre- nant — pour me dire que le vice-président de notre Société désire me saluer. Je n'en crois pas un traître mot et j'accueille avec sarcasme le bonjour pourtant poli qui m'est adressé et je poursuis cette conversation en faisant allusion aux performances sexuelles lamentables de mon interlocuteur dues à un manque de virilité congénitale. C'était vrai- ment le vice-président de RMC, un homme politi- que de stature nationale et je n'ai pu que me confondre en excuses vaseuses. Depuis je n'ai jamais réussi à croiser ce monsieur, au demeurant charmant, sans ressentir un certain malaise. Ce genre de situation, avec bien sûr de nombreuses variantes, s'est renouvelé des dizaines de fois. Il y a aussi, avec ce mode de liaison à distance, des cas où c'est la personne qui est à l'autre bout qui

Page 21: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

commet une gaffe, gaffe dont j'ai dû supporter les conséquences. Je me souviens notamment d'une visite effectuée par le P.-D.G. de la S.N.C.F. à nos studios de Marseille. Étant sur place je me proposais de lui faire découvrir nos locaux et nos méthodes de travail. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes lorsque nous attei- gnîmes le fameux interphone nous reliant directe- ment à la maison mère à Monte-Carlo. « En appuyant sur ce bouton, Monsieur le Président, je suis directement en contact avec la station à Monte-Carlo, d'ailleurs écoutez » — et joignant le geste à la parole j'appuyai délicatement sur le fameux bouton en prononçant les paroles rituelles « Allô Monaco, ici Marseille », le technicien de service à la station, un jeune homme au sens de l'humour délicat me répondit par une émanation gazeuse post-digestive fort prisée paraît-il au Moyen-Orient à la fin des repas. Amplifiée par le haut-parleur de nos studios marseillais ce fut une véritable horreur. A Monaco bien sûr personne ne savait que j'étais en prestigieuse compagnie. J'ai dû recourir de nouveau à des explications peu convaincantes et depuis ce n'est qu'à contrecœur que je prends le train. En général il faut dire que j'ai tendance à éviter les gaffes classiques provo- quées par l'inattention ou par un manque de présence d'esprit. La radio est d'ailleurs une excellente école pour éviter ce genre de mésaven- ture. Mais se distinguer par des propos inconve- nants à portée d'oreille d'une personne dont je ne soupçonne absolument pas la présence est une de mes grandes spécialités. Pour moi le sommet de ce genre d'exploit s'est déroulé alors que j'animais

Page 22: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

avec mon équipe le podium Radio-Monte-Carlo à la foire de Marseille. Nous disposions à l'époque d'un car-studio comportant deux pièces : l'une avec tous les moyens techniques, l'autre faisant office de salon de réception, les deux étant sépa- rées par un petit sas. A la fin de nos émissions, étant du côté technique, je bavardais avec mes collaborateurs, notamment Léon et avec divers techniciens à Monte-Carlo. Toujours ces maudits interphones! La conversation prenait un tour léger, voire grivois, lorsqu'à notre insu un mon- sieur entra dans le salon du car-studio ; n'y voyant personne, il s'aventura dans le sas. Là, sans doute pétrifié par la teneur de nos propos, il resta immobile de nombreuses minutes, car il faut dire que, l'apéritif aidant certains, l'envie de rire pous- sant d'autres, nous étions en plein délire sado- masochiste et même moi, d'habitude si réservé et courtois, je me laissais aller à des écarts de langage à faire rougir Céline.

Après une obscénité bien envoyée je fis le tour de l'assistance pour juger de son effet lorsque j'aperçus, mal à l'aise dans le sas, le président de la Foire de Marseille, un préfet hors cadre haute- ment respecté dans les Bouches-du-Rhône. Que faire ? Je le saluai d'un ton convaincant « Bonjour, Monsieur le Préfet » ce qui déclencha chez Léon un fou rire aussi bruyant que malvenu. Ce sympa- thique préfet était venu rencontrer un petit Mar- seillais, Jean-Pierre Foucault, qui faisait ses émis- sions en direct de la Foire de Marseille. Nous avons échangé encore quelques platitudes et je n'ai jamais dit au revoir à quelqu'un avec plus de soulagement. L'idée que ce monsieur doit avoir de

Page 23: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

ma moralité hante parfois mes nuits. Je me suis même demandé si la mauvaise réputation qu'a- vaient parfois les gens du spectacle ne venait pas de ce genre de quiproquos innocents. En tout cas une chose est sûre : ce jour-là, j'ai brisé une grande carrière politique... la mienne !

Allons, ne parlons plus de nos malheurs. Je voudrais maintenant consacrer une partie de ce bouquin à une bonne œuvre, avec votre compli- cité : j'aimerais sauver les vieilles blagues en péril. N'oublions pas ces bonnes histoires qui ont bercé notre enfance et celles de nos grands-pères. Elles ont le droit de vivre... nous allons y veiller !

Page 24: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

U

N Écossais vient d'être condamné à Edim- bourg pour un attentat à la pudeur. D'après

de nombreux témoins, il ne cessait d'essuyer la sueur de son front avec son kilt !

Savez-vous comment on appelle un esquimau qui porte cinq passe-montagnes ?

— Comme vous voulez : de toute façon, il ne vous entendra pas.

Un patron en colère. — Mademoiselle ! Pour- quoi êtes-vous en retard ?

La jeune secrétaire. — Je ne me suis pas réveillée.

Le patron, ahuri. — Comment! Vous voulez dire que vous dormez aussi à la maison !

Le fils unique d'un patron ayant une grande entreprise vient à mourir, le laissant sans héritier, ce qui donne plein d'idées à certains jeunes cadres de la Société avant même que l'on n'ait enterré le malheureux.

Page 25: Les éclats de rire de Jean-Pierre Foucault et Léonexcerpts.numilog.com/books/9782868550057.pdfexamens de septembre à préparer ? Un amour de vacances aux conséquences particulièrement

L'un de ces jeunes requins pousse même l'au- dace jusqu'à se faire recevoir par le patron pour lui présenter ses condoléances. Après les formules habituelles, il termine son laïus d'une manière plutôt brutale : « Personne, Monsieur, n'arrivera à la cheville de votre fils, mais je veux essayer, donnez-moi sa place... »

— Certainement répondit le patron, je vais arranger ça par l'entreprise des pompes funèbres !

Il m'est arrivé de prendre un avion tellement vétuste que les toilettes étaient à l'extérieur !

Il y a quelques années, j'habitais dans une petite pension de famille. La patronne avait une petite basse-cour et faisait un peu d'élevage. Le premier jour que je m'y installai, un poulet était mort, alors nous avons mangé du bouillon de poulet.

Le deuxième jour, le cochon mourut. Alors nous avons mangé des côtelettes de porc.

Le troisième jour, un canard mourut. Alors nous avons mangé du canard à l'orange.

Le quatrième jour, son mari mourut. Alors, j'ai changé d'hôtel.

Léon. — Savez-vous, Jean-Pierre, que chaque fois que je respire il y a un homme qui meurt ?

Jean-Pierre. — Essayez le dentifrice mon vieux !