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Les deux sources de la pensée tolstoïenne: Christianisme et socialisme

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Page 1: Les deux sources de la pensée tolstoïenne: Christianisme et socialisme

EHESS

Les deux sources de la pensée tolstoïenne: Christianisme et socialismeAuthor(s): Nicolas WeisbeinSource: Cahiers du Monde russe et soviétique, Vol. 5, No. 2 (Apr. - Jun., 1964), pp. 229-233Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20169324 .

Accessed: 13/06/2014 08:12

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CHRONIQUE

LES DEUX SOURCES

DE LA PENS?E TOLSTO?ENNE :

CHRISTIANISME ET SOCIALISME

i

Il serait certes vain de ne voir dans Tolsto? qu'un penseur uniquement

pr?occup? de sa vie spirituelle. Il est non seulement l'homme qui a ?crit une

Critique de la Th?ologie dogmatique, un Abr?g? de V?vangile, un Essai sur la Vie, mais il est encore Fauteur de livres comme L'esclavage de notre temps, ou bien

27 n'est pas de coupables au monde ; ? est ?galement celui qui dans les ann?es 1890 a pay? de sa personne et de ses deniers pour venir activement et efficacement en aide aux victimes de la disette.

Cependant, si la fin de la vie de Tolsto? lui a vu prendre une attitude de r?volt?

non plus seulement contre l'?glise, mais aussi contre l'?tat, on peut se demander

quel est le mobile qui le pousse : s'agit-il simplement d'un sentiment de r?volte

devant l'injustice sociale sous tous ses aspects, ou bien cette attitude est-elle

imputable ? une pens?e remontant beaucoup plus loin ?

On sait que pour Tolsto?, d?s sa premi?re jeunesse, le probl?me religieux est un probl?me de valeur absolue, et il est bien certain que ce qui le pousse ? s'in

surger ainsi contre l'?tat comme contre l'?glise dans sa vieillesse, c'est bien le

sentiment religieux qu'il a en lui d?s le d?part. Autrement dit, la source initiale

de sa pens?e sociale est avant tout religieuse. Il suffit de se reporter ? son Journal intime des toutes premi?res ann?es pour s'en convaincre.

D?s le 18 mars 1847, nous le voyons lire le Nakaz de Catherine et les objec tions qu'il formule dans son Journal portent en germe tous les d?veloppements de sa pens?e ult?rieure.

? En commen?ant son Nakaz, Catherine ?crit : Religio Christiana docet nos

ut alter alteri tantum boni faciamus, quantum quidem in cujusque nostrum viribus

situm est. Et de cette conception elle tire la conception suivante : unumquemque

probum et honestum virum viventem in civitate vel teneri, vel incensum iri (desi

derio) conspiciendi totam, quanta est, patriam in summum fastigio felicitatis, beatudinis et tranquillitatis ?*. Tolsto? trouve l? une ?trange incons?quence qui lui para?t parfaitement incompr?hensible, car, note-t-il, la gloire, telle que la

con?oit la religion chr?tienne, est plut?t un objet de bl?me que de d?sir.

i. Journal intime, 18 mars 1846. uvres Compl?tes, ?dition Du Centenaire

(O.C.E.D.C.), t. 46, pp. 4-5.

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230 N. WEISBEIN

Ainsi, d?s l'abord, Tolsto? dissocie tr?s nettement la vie religieuse de l'indi

vidu qui trouve son expression la meilleure dans l'amour du prochain, de la

puissance et de la gloire de l'?tat, dont la seule raison d'?tre et la seule obliga tion, est selon lui, d'assurer au prochain la s?curit? garantie par les lois.

L'individu qu'est Tolsto? ne peut admettre la puissance de l'?tat dont il

consid?re l'organisation comme contraire ? l'id?al chr?tien.

Quelques ann?es plus tard, en 1852, nous lui voyons noter des ? R?gles de

vie ? et des ? Projets d'action ?, d'inspiration essentiellement chr?tienne. En

quelques lignes ? peine, mais particuli?rement denses, il jette sur le papier des

r?gles fondamentales :

1. L'objectif de chacun de nos actes doit ?tre le bonheur du prochain. 2. Il faut se contenter du pr?sent et de ce que l'on a.

3. Il faut chercher toute occasion de faire le bien.

Et tout aussit?t, ces r?gles morales dont la source premi?re n'est pas ?

d?montrer, sont projet?es dans une action qui, tr?s vite, deviendra sociale :

1. Composer une instruction religieuse pour le peuple, sous forme de sermons.

2. Corriger les pri?res.

3. Composer de petits r?cits ?difiants1.

Ces sermons pour le peuple, ces r?cits ?difiants laissent d?j? pr?voir les ?di

tions du Posrednik, ainsi que l'aide apport?e aux victimes de la famine. Il n'est

donc pas vain d'affirmer que toute l'action sociale ult?rieure de Tolsto? est

subordonn?e ? sa pens?e religieuse. La pens?e sociale toute personnelle de Tolsto? d?coule ainsi de sa pens?e et

de ses convictions religieuses, non moins personnelles. Et cela est si vrai que dans

ses ann?es de maturit? et de vieillesse, ? l'?poque du socialisme scientifique, Tolsto? se contentera de penser et d'agir en marge des grands promoteurs de la

pens?e sociale du xixe si?cle.

II

S'il se tient normalement au courant des uvres et de la pens?e des fonda

teurs du socialisme occidental, Tolsto? ne para?t toutefois nullement influenc?

par leur action. S'il est tout ? fait d'accord avec Alexandre Herzen en ce qui concerne Robert Owen*, il semble totalement ignorer Pierre Leroux dont on ne

trouve mention ni dans son Journal intime, ni dans sa Correspondance. Il ne

s'int?resse vraiment ? Saint-Simon et ? son uvre qu'en lisant le livre de

G. Hubbard, Saint-Simon, sa vie et ses travaux, paru d?s 1850 ? Paris et qu'il ne

lit qu'en 1889* alors qu'il se met au courant du socialisme scientifique.

Quant ? Fourier, il sembla parfaitement ?tranger ? la pens?e de Tolsto?

qui n'y fait allusion qu'en 1903 dans son ?tude sur Shakespeare. Encore l'?crivain

russe ne parle-t-il du fouri?risme de 1840 que comme d'une doctrine totalement

oubli?e et supplant?e par celle de Marx.

Des trois grands ? r?formateurs ? russes du xixe si?cle, c'est peut-?tre Cerny

?evskij que Tolsto? semble avoir le mieux connu, encore qu'il ait souvent exprim? son d?saccord avec lui.

On sait que, d?s 1856, il ?crit ? Nekrassov auquel il reproche vivement

d'avoir pris comme critique litt?raire au Sovremennik ? ce Monsieur qui pue la

i. Journal intime, 4 janvier 1854. O.C.E.D.C., t. 46, pp. 291-292. 2. Lettre ? Herzen, 14/26 mars 1861. O.C.E.D.C., t. 60, pp. 373-374.

3. Journal intime, 22 avril 1889. O.C.E.D.C., t. 50, p. 72.

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LA PENS?E T0LST0?ENNE 23I

punaise ?K Son animosit? est telle ? l'endroit de Cerny?evskij que Nekrassov

peut ?crire ? Turgenev ? combien il lui est p?nible de voir Tolsto? faire glisser son hostilit? contre Cerny?evskij sur le plan o? lui-m?me (il s'agit de Tolsto?) s'?tait plac? jusque-l?... ?2.

Beaucoup plus tard, ? la fin de sa vie, racontant ses souvenirs sur le Sovre

mennik en g?n?ral et Cerny?evskij en particulier, Tolsto? peut dire que ce dernier lui a toujours ?t? antipathique et que ses ?crits lui ont toujours d?plu8. ? Un

peu plus tard, et toujours ? propos de Cerny?evskij, Tolsto? reconna?t, le 26 f?

vrier 1909, ? ne pas avoir en son temps aim? Cerny?evskij ?*. Enfin, lisant

l'article de N. S. Russanov sur ? Cerny?evskij en Sib?rie ?, Tolsto? avoue le 25 avril

1909 n'avoir gu?re suivi ses th?ories5. Il avait d'ailleurs d?j? d?velopp? ces id?es

dans le chapitre xvu (La fausse science) de La voie de la vie.

Pour ce qui est de Dobroljubov et de Pissarev, Tolsto? ne semble s'?tre

int?ress? ? eux que du point de vue strictement litt?raire. Aussi, ne le voyons nous exprimer une opinion pr?cise sur la pens?e de Dobroljubov que tr?s tard, ? quelques mois de sa mort : le 2 mai 1910 il lit une ?tude d'A. Izmajlov ? propos de la publication des nouveaux journaux intimes de Dobroljubov et de Cerny

?evskij : Deux confessions sur le ye commandement. C'est le probl?me de la

propri?t? priv?e qui se pose et Tolsto? peut noter dans son Journal intime : Pohvalil* !

Quant ? Pissarev, ce qu'il appr?cie seulement en lui, ? c'est la hardiesse avec

laquelle il s'exprime ?7, dit Tolsto? ? G. S. Russanov, au cours d'une conversation

sur la litt?rature et l'art, le 2 avril 1894. Entre 1890 et 1910 Tolsto? manifeste cependant un grand int?r?t pour la

th?orie de ce qu'il est convenu d'appeler le socialisme scientifique. Il ?tudie donc

attentivement non seulement tout ce qui a trait au marxisme, mais encore lit, le crayon ? la main, Le Capital de Marx. Les deux exemplaires de ce livre

conserv?s dans la biblioth?que de Jasnaja Poljana (l'?dition allemande de 1883 et sa traduction russe de 1898) portent de nombreuses notes marginales8.

De toutes les opinions ?mises par Tolsto? sur le fondateur du socialisme

scientifique, il appara?t que s'il est d'accord avec Marx pour s'en prendre impi

toyablement ? toutes les formes du capitalisme et de l'asservissement de l'homme, il ne suit n?anmoins pas l'auteur du Capital dans sa philosophie mat?rialiste

et sa th?orie de la lutte r?volutionnaire en tant qu'unique moyen de r?organi sation sociale. Les conceptions philosophiques de Marx ne trouvaient pas d'?cho en Tolsto?. Dans les Journaux intimes et les Carnets des derni?res ann?es de

la vie de l'?crivain on trouve de nombreuses notes o? Tolsto? exprime nettement

son d?saccord avec Marx au sujet du rapport de la connaissance et de la vie.

Ainsi par exemple, pendant l'?t? de 1908, Tolsto? peut-il noter : ? Marx parle de vie, d'existence. Il est vrai que cela para?t le moins sujet au doute, mais

i. Lettre ? Nekrassov, 2 juillet 1856. O.C.E.D.C, t. 60, p. 74. 2. Lettre de Nekrassov ? Turgenev, 18 d?cembre 1856. uvres compl?tes de

Nekrassov (?dition acad?mique), t. X, n? 251, p. 308.

3. N. N. Gusev, Deux ans avec L. N. Tolsto?, 5 f?vrier 1908, ?dition du Mus?e

Tolsto?, Moscou, 1928, p. 75.

4. P. Makovickij, Notes prises ? Jasnaja Poljana, 26 f?vrier 1909, cit? par N. N. Gusev, dans la Chronologie, t. II, p. 671.

5. V. Bulgakov, L?on Tolsto? dans la derni?re ann?e de sa vie, 25 avril 1910,

Moscou, 1957, p. 208.

6. V. Bulgakov, op. cit., 2 mai 1910, p. 222-223.

7. A. G. Russanov, Extraits des souvenirs de G. A. Russanov sur Tolsto?, 2 avril 1894, Voroneze, 1937, P- l8a

8. A. B. Goldenweiser, Dans l'intimit? de Tolsto?, Moscou, 1959. Introduction de K. N. Lomunov, p. 21.

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232 N. WEISBEIN

pourquoi ? Parce que je reconnais, que tous reconnaissent que je suis, tout

comme un chat, un cheval, un arbre. Mais si nous en arrivons ? cette connais

sance, moi et tous les autres, c'est parce que, tous, nous ressentons, nous compre nons, nous avons conscience de la m?me fa?on. Par cons?quent le fondement

de tout se trouve ?tre l'unit? de la connaissance. S'il n'y avait pas unit? de la

connaissance, il n'y aurait pas de vie, pas d'existence. Si bien que le fondement

essentiel, ce n'est pas seulement la connaissance, mais l'unit? collective de cette

connaissance m1.

Telle est donc la position du vieux Tolsto? : ? la vie, ? l'existence mat?rielle, il oppose la connaissance spirituelle.

III

Il ne faut pas s'?tonner de ce que la pens?e sociale de Tolsto? soit si per

sonnelle, d'aucuns diront m?me n?gative. C'est qu'apr?s ce qu'il est convenu

d'appeler sa crise de conscience et qui n'est en fait que l'aboutissement d'une

lente ?volution intellectuelle et spirituelle tout ? la fois, ?volution amorc?e d?s les toutes premi?res ann?es et qui a n?cessairement r?gi les uvres de la p?riode consid?r?e comme uniquement litt?raire, il est normal que l'?crivain ait adopt? une position d?finitive, irr?vocable.

Reconnaissant ? la base de tout mouvement r?volutionnaire l'insurrection

contre l'injustice sociale, et ne d?plorant que l'erreur dans la tactique employ?e, Tolsto? ne pouvait absolument pas opposer l'id?e du socialisme ? celle qui ?tait

pour lui la v?rit? : le christianisme. Aussi, malgr? l'apparition en Russie du socia

lisme scientifique, il n'en restera pas moins vrai pour lui que ? le socialisme est

l'application du christianisme sur le plan ?conomique ?, comme il peut l'?crire

lui-m?me. Cependant sa critique du socialisme scientifique n'en ?tait pas moins

ferme. Il n'y eut toujours qu'une seule voie pour Tolsto? : une ?volution de la

conscience et l'am?lioration morale, int?rieure, de chaque individu. C'est en cela

qu'il est r?volutionnaire, c'est pour cela qu'il s'en prend aux institutions, car

c'est ? une v?ritable r?volution qu'il travaille. Ni politique, ni ?conomique, ni

sociale. Il veut une r?volution par l'esprit, par l'effort constant de l'homme sur

lui-m?me, par l'ob?issance quotidienne ? la loi donn?e par le Christ, le Christ

?tant au-dessus de l'?tat.

La correspondance suivie de Tolsto? et de Paul Birjukov fait pr?cis?ment ressortir la primaut? de sa pens?e religieuse sur sa pens?e sociale.

C'est ainsi que le 3 avril 1885a, Birjukov que Tolsto? avait envoy? voir, ?

Saint-P?tersbourg, un jeune coll?gien nomm? Grabovskij, rendait compte ? l'?cri

vain de sa visite : ? ... Je l'engageai ensuite ? lire vos derni?res uvres, et nous

parl?mes ? leur sujet du christianisme. Bient?t nous p?n?tr?mes dans les ?paisses futaies des questions sociales, pour lesquelles vous avez d?j? trouv? une voie

d'issue... ?

Et comme la sant? morale de Grabovskij donnait des inqui?tudes (n'avait-il

pas ?t? soign? ? l'h?pital Saint-Nicolas en m?me temps que Gromeka ?) Tolsto?

pouvait r?pondre par retour du courrier :

? Si ce coll?gien est fou, je ne puis vraiment pas ?tre juge de sa folie, car je suis aussi fou que lui, moi qui ai atteint la soixantaine. Si j'avais eu vingt ans,

comme lui, il y a longtemps que j'aurais ?t? enferm? dans un de ces bouges

qu'on appelle hospices... ?3.

i. Journal intime, 5 juin 1908. O.C.E.D.C., t. 56, p. 342. 2. Lettre de Birjukov ? Tolsto? dans : Socialisme et Christianisme, Corres

pondance Tolsto?-Birioukov, Paris, Grasset, 1957, P- 33

3. Lettre ? Birjukov, 5-6 avril 1885. O.C.E.D.C., t. 63, p. 227.

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LA PENS?E T0LST0?ENNE 233

Quelques semaines plus tard, en juin 18851, r?pondant ? une nouvelle lettre

de Birjukov, Tolsto? pouvait ?crire :

? La science n'a qu'un but : faire conna?tre (l'ordre des lois que l'intelligence humaine peut saisir). Ainsi nous apprenons ce que nous pouvons et devons savoir, et aussi ce qui d?passe la capacit? de notre connaissance. Il est juste d'ajouter

que toute autre voie ne repr?sente que r?ve d'enfant. La r?g?n?ration du monde

par l'analyse spectrale ou par l'amour est de m?me un songe pu?ril. Seule, l'action conforme aux lois immuables de la raison n'est pas un r?ve... Rappelons

nous que les souffrances (la douleur et la violence dans lesquelles s'est faite

l'histoire de l'humanit?) ne diminu?rent et ne diminuent que gr?ce ? l'action de

la raison arm?e de la science, ? entendant par science non le calcul des mou

cherons, des ?toiles, non le t?l?phone et l'analyse spectrale, mais la p?n?tration des lois universelles dans l'ordre correspondant ? leur importance, leur degr? d'accessibilit? et leur caract?re obligatoire. Et moi qui suis une cr?ature dou?e

de ce moyen d'att?nuer les souffrances, je dois l'appliquer d'autant plus que cette

mise en pratique dispense ? l'homme, ? moi-m?me, l'unique bonheur libre et

que la mort ne d?truit pas. ?

Il est donc permis d'affirmer que pour Tolsto? l'application quotidienne de

la loi chr?tienne ne peut d?boucher que sur le plan social. Si bien qu'il est possible de consid?rer qu'il y a dans l' uvre de Tolsto? une v?ritable politique du Sermon sur la montaggne. Des uvres comme Que devons nous faire ?, ou Le Royaume de Dieu est en vous, ne sont-elles pas un essai de mise en pratique du caract?re

obligatoire de cette loi universelle qu'est la doctrine chr?tienne ?

Pour Tolsto?, cette insertion de l'?ternel dans le temporel aurait eu comme

cons?quence de r?soudre temporellement les probl?mes qui nous paraissent insolubles.

Sofia, septembre 1963. Nicolas Weisbein.

i. Lettre ? Birjukov, 11-15 juin 1885. O.C.E.D.C., t. 63, pp. 262-263.

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