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SPÉCIAL PROPRIÉTÉ INDUSTRIELLE ET INTELLECTUELLE MUTATION// Les grands laboratoires s’appuient désormais sur les start-up pour innover. Un phénomène qui concerne les médicaments, mais également les dispositifs médicaux et les outils de diagnostic. Lamédecinepersonnalisée,leBigData etl’impression3Dbouleversentlasanté L e modèle économique de l’industrie pharmaceutique, bâti autour de« blockbus- ters » susceptibles de traiter les maladieslesplusrépanduestouten générant des profits importants, a vécu. L’industrieest entrée dans l’ère de la médecine personnalisée. « L’innovation s’oriente vers les domaines de spécialité pour traiter des pathologies touchant peu de per- sonnes mais avec un niveau de sévé- ritéélevé. Le domaine de l’oncologie estparticulièrementactif» ,explique Vincent Genet, directeur de l’acti- vité santéau sein du cabinet de conseil Alcimed. Confronté en même temps à la révolution des biotechnologies et à uneexplosiondescoûtsdedévelop- pement des nouveaux médica- ments, l’écosystème s’est réorga- nisé. Les grands laboratoires, qui réalisaientl’intégralitédelaR&Den interne,s’appuientdésormaissurla recherche publique et les start-up pour la recherche fondamentale et même les premières phases de développement. Un nouveau modèle à l’œuvre à Bordeaux, où la Société d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT), Aquitaine Sciences Transfert, travaille à la valorisation de recherchesmenées surdesmoléculesbiologiquespour le traitement des cancers du pan- créas et du sein. « Notre travail con- siste à faire, en collaboration avec l’Institut Bergonié de lutte contre le canceretleCHU,lapreuvedeconcept préclinique avant de le valoriser auprès de laboratoires » , précise Jean-Luc Chagnaud, responsable de la « business unit » santéau sein de la SATT régionale. Théranostique Dans ce contexte, l’innovation pro- vient non seulement des substan- ces actives, mais également de la façon dont elles sont délivrées, qu’il s’agisse des systèmes d’injection sansaiguilleoudesproduitsàinha- ler, par exemple pour le traitement du diabète. C’est aussi vrai dans le domaine de la contraception avec des médicaments à diffusion lente qui évite la prise quotidienne de la Tous droits de reproduction réservés PAYS : France PAGE(S) : 5 SURFACE : 45 % PERIODICITE : Quotidien RUBRIQUE : Spécialpropriété industriel… DIFFUSION : 123636 JOURNALISTE : F. N 12 juin 2015 - N°21957 - Innovation

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SPÉCIAL PROPRIÉTÉ INDUSTRIELLE ET INTELLECTUELLEMUTATION// Les grands laboratoires s’appuient désormais sur les start-up pour innover. Un phénomènequi concerne les médicaments, mais également les dispositifs médicaux et les outils de diagnostic.

Lamédecinepersonnalisée,leBigDataetl’impression3Dbouleversentlasanté

Le modèle économique del’industrie pharmaceutique,bâti autour de« blockbus-

ters » susceptibles de traiter lesmaladieslesplusrépanduestoutengénérant des profits importants, avécu. L’industrieest entrée dansl’ère de la médecine personnalisée.« L’innovation s’oriente vers lesdomaines de spécialité pour traiterdes pathologies touchant peu de per-sonnes mais avec un niveau de sévé-ritéélevé. Le domaine de l’oncologieestparticulièrementactif» ,expliqueVincent Genet, directeur de l’acti-vité santéau sein du cabinet deconseil Alcimed.

Confronté en même temps à larévolution des biotechnologies et àuneexplosiondescoûtsdedévelop-pement des nouveaux médica-ments, l’écosystème s’est réorga-nisé. Les grands laboratoires, quiréalisaientl’intégralitédelaR&Deninterne,s’appuientdésormaissurlarecherche publique et les start-uppour la recherche fondamentale etmême les premières phases dedéveloppement. Un nouveaumodèle à l’œuvre à Bordeaux, où la

Société d’Accélération du Transfertde Technologies (SATT), AquitaineSciences Transfert, travaille à la

valorisation de recherchesmenéessurdesmoléculesbiologiquespourle traitement des cancers du pan-créas et du sein. « Notre travail con-siste à faire, en collaboration avecl’Institut Bergonié de lutte contre lecanceretleCHU,lapreuvedeconceptpréclinique avant de le valoriserauprès de laboratoires » , préciseJean-Luc Chagnaud, responsablede la « business unit » santéau seinde la SATT régionale.

ThéranostiqueDans ce contexte, l’innovation pro-vient non seulement des substan-ces actives, mais également de lafaçon dont elles sont délivrées, qu’ils’agisse des systèmes d’injectionsansaiguilleoudesproduitsàinha-ler, par exemple pour le traitementdu diabète. C’est aussi vrai dans ledomaine de la contraception avecdes médicaments à diffusion lentequi évite la prise quotidienne de la

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pilule. « C’est le principe desthéra-pies ciblées avec un mode d’adminis-tration qui varie en fonction dupatient et desapathologie, et permetd’être sûr de la réponse » ,préciseVincent Genet.

Ainsi, un nouveau domaineapparaît, la théranostique, avec destests diagnostiques, aussi appelés« diagnostics compagnons », quinonseulementdétectentlamaladie,mais permettent également d’iden-tifier des patients susceptibles debénéficier d’une thérapie ciblée.C’estpoursoninventionpourletrai-

tementducancerduseinqueLauravan’tVeerad’ailleursreçuleprixdel’inventeur européen 2015 (lire ci-dessous). Dans ce domaine, la révo-lution viendra de la génétique et duséquençagedel’ADN.

Objets connectésLapersonnalisationdestraitementspassera aussi par la révolution desobjetsconnectés.Ledispositifmédi-cal devient actif, à l’image de la san-gle de l’américain Zoll Medical, quiausculte le patient en permanenceet joue le rôle de défibrillateur car-diaque en cas de défaillance. C’estaussilastratégiedeThuasne,lespé-cialiste du textile médical, qui inté-grera des capteurs dans ses pro-duits. Très innovant, le secteur dudispositifmédicalseraaussiprofon-dément impactépar l’impression3D. La technologie est déjà utiliséepour certaines opérations chirurgi-cales, notamment reconstructrice,en particulier pour le visage.Demain, le procédé sera sans doutebanalisé,préditVincentGenet : «Laprothèsedehanche,aujourd’huichoi-sie sur catalogue, sera fabriquée enfonction du patient et en lien avec

l’imagerie médicale. » Le principe del’impression 3D sera étendu auvivantpourproduiredestissuscom-patibles avec ceux des humains.C’est le créneau de la jeune sociétéPoietis. L’objectif étant d’abord defournir des tissus auxlaboratoiresou aux sociétés de cosmétique pourfaireleursessaiscliniquessansavoirrecours aux animaux. D’ici à quel-quesannées,latechnologiepermet-tra des greffes de peau. A termepeut-êtredesgreffesd’organes…

A cette date, les robots serontsans doute généralisés dans les sal-les d’opération, par exemple ceuxde l’américain Da Vincioudu fran-çaisMedtech,spécialistedesrobotspour les opérations du cerveau oude la colonne vertébrale. Enfin, leBig Data, qui a déjà révolutionné lemarketing, va toucher la santé.Google ne s’y est pas trompé, quifinance par exemple FlatironHealth, une start-up spécialiste dudomaine. « Ceux qui maîtriserontces données auront le pouvoir. Celanous promet une belle oppositionentre les spécialistes du domaine etles industriels de la santé », prévientVincent Genet. — F. N.

Confrontéà la révolution des biotechnologies et à une explosion des coûts de développementdes nouveaux médicaments, l’écosystème du secteur de la santé s’est réorganisé. Photo Shutterstock

« Traiter despathologies

touchant peudepersonnesmais

avecun niveaude sévérité élevé.»

VINCENTGENETDirecteurdel’activité santé

ausein ducabinet deconseilAlcimed

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