Les échos du silence dans Retour à Haïfa de Ghassan Kanafani

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    Thlme. Revista Complutense de Estudios Franceses ISSN: 1139-93682011, vol. 26 273-283 doi: 10.5209/rev_THEL.2011.v26.17

    Les chos du silence dansRetour Hafade Ghassan Kanafani

    Mohamed RADI

    Universit Al-Hussein Bin TalalDpartement des langues et de linguistique

    [email protected]

    Recibido: 28 de septiembre de 2010Aceptado: 15 de diciembre de 2010

    RSUMLe silence en littrature reprsente un sujet paradoxal qui donne lieu de nombreux commentaires

    divergents. La prsence du silence dans le roman de Kanafani est peut tre considre comme unetentative de dire le non-dit et d'crire laNakba. Cette problmatique du langage et de l'criture pose lapierre fondatrice de notre recherche : tandis que la catastrophe ne peut tre dite, Kanafani prouveraqu'elle peut se montrer. L'auteur russit "montrer" la catastrophepuisqu'il cre son propre langageparadoxalement au travers dune potique du silence.

    Mots cls: littrature palestinienne, Silence, Parole, Mmoire, Discontinuit.

    Los ecos del silencio enRetour Haifa de Ghassan Kanafani

    RESUMEN

    El silencio en literatura representa un ejemplo paradjico que da lugar a muchos comentariosdivergentes. La presencia del silencio en la novela de Kanafani puede ser considerada como unatentativa de decir lo no-dicho y de escribir la Nabka. Esa problemtica del lenguaje y de la escriturasienta las bases de nuestra investigacin: aunque la catstrofeno puede decirse, Kanafani probar ques puede mostrarse. El autor logra mostrar la catstrofepuesto que crea su propio lenguaje a travs,paradjicamente, de una potica del silencio.

    Palabras clave: literaturapalestina, silencio, palabra, memoria, discontinuidad.

    Echoes of silence in Ghassan Kanafani'sReturn to Hafa

    ABSTRACTSilence in literature can be a paradoxical issue that might raise debate. The presence of silence inKanafani's novel can be considered as an attempt to voice the unsaid, and to write about Nakba(catastrophe). Problematic issues of language and writing are the cornerstone of our research. Whilethe catastrophe cannot besaid, Kanafani proves that we cansee it. The author successfully depicts thecatastrophewith an amazing language of his own through the romance of silence.

    Key words:Palestinian literature,silence, speech, memory, discontinuity.

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    " Parler du silence, je crains que a fasse du bruit ! "Franois-Ren, Vicomte de CHATEAUBRIAND

    Introduction.

    Ghassan Kanafani est un clbre artiste palestinien, journaliste, auteur de romanset de nouvelles, dont l'uvre est profondment enracine dans la culture arabe

    palestinienne. N Acre (au nord de la Palestine) le 9 juillet 1936, il a vcu Jaffajusqu'en mai 1948, quand il a t oblig de partir avec sa famille d'abord au Libanpuis plus tard en Syrie. Il a vcu et travaill Damas, puis au Kowet et, partir de1960, Beyrouth.

    Ghassan Kanafani a publi dix-huit livres et crit des centaines darticles sur laculture, la politique et la lutte du peuple palestinien. Aprs sa mort, une grande

    partie de son uvre littraire a t traduite en dix-sept langues et publie dans plus

    de vingt pays diffrents. Ses romans, ses nouvelles, ses pices de thtre, ses essaisont t rassembls et publis en quatre volumes.

    Venons-en prsent au sujet. Ce thme "le silence" reprsente un sujetparadoxal qui donne lieu de nombreux commentaires divergents. Sur ce procd,plusieurs thoriciens et crivains semblent avoir leur mot dire. Les uns prtendentque le silence parvient tout communiquer, les autres rtorquent que son messagemanque assurment de limpidit.

    Nous envisageons dtudier ce thme travers le roman Retour Hafa1 deGhassan Kanafani. Le choix de ce thme dcoule d'une constatation personnelle.

    Nous avons remarqu lors de la lecture de cette uvre, que le silence a une placecruciale. Mais malgr celle-ci, ce champs d'tudes reste relativement mal explor oufait l'objet de critiques insuffisantes.

    La prsence du silence dans ce roman est peut tre considre comme unetentative de dire le non-dit et d'crire laNakba2. Cette problmatique du langage etde l'criture pose la pierre fondatrice de notre recherche : tandis que la catastrophene peut tre dite, Kanafani prouvera qu'elle peut se montrer. L'auteur russit "montrer" la catastrophe puisqu'il cre son propre langage paradoxalement autravers dune potique du silence.Lun des aspects les plus marquants du texte deKanafani est lexistence de vritable face face entre le silence et la parole ; ces

    derniers nalternent plus, mais se prsentent conjointement, sans se nier lun lautre.Il existe une unit organique entre les deux et lon pourra dire que le silence yrythme le mouvement de la parole. Le silence y fonctionne comme une techniquede lcriture afin de canaliser la parole et de drgler le dialogue des personnages.Dans ce texte, le silence se manifeste, comme nous allons le voir, travers certains

    ___________

    1Toutes les citations renvoient l'dition deRetour Hafa et autres nouvelles, Paris : Actes Sud, 1997.2Le 14 mai 1948 est le jour de la cration de ltat isralien, mais cette date est commmore par

    les Palestiniens comme laNakba, la catastrophe.voquer laNakba, cest donc se rappeler quen 1948,plus de 700.000 Palestiniens ont t expulss de leurs villages et de leurs villes d'origine.

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    procds de lcriture tels que la discontinuit, les intervalles, le chevauchement desrpliques, les empchements du dialogue etc.

    Nous essayons de rpondre aux questions suivantes : Est-ce que le silence peuttransmettre efficacement le message de laNakba? Si oui, de quelle faon ? Et sinon,

    que parvient-il crer ?Dans la premire partie de ma contribution, l'objectif sera de discerner l'effet dusilence dans le roman. Nous comptons, en premier lieu, faire tat de la questionthorique, pour ensuite dterminer quels lments devraient faire l'objet d'uneattention particulire. Un vide palpable, une question non lucide, la prsence de

    points de suspension seront mes principaux repres pour dnicher le silence.

    Dfinitions.

    Avantde commencer cette tude, il reste dfinir avec plus de prcision ce que

    nous entendons par silence. Le Robert (1990), le dfinit comme le fait de ne pasparler, de ne pas exprimer son opinion, de ne pas rpondre, de ne pas divulguer cequi est secret: attitude d'une personne qui ne veut ou ne peuts'exprimer [...]absence ou rupture de bruit [...] interruption du son. L'un de ses traits est de sedrober toute dfinition positive, d'tre moins quelque chose que son absence. Prisentre ce qui le prcde et ce qui lui succde, il parait ne pouvoir tre saisi qu'aucarrefour de ses causes et de ses effets, de sorte que nous pouvons nous interrogersur la continuit qu'il rompt, sur la nature de la pause qu'il marque au sein d'une

    plnitude. Or, selon Roland Barthes, le silence est justement le mouvement d'unerupture et celui d'unavnement(Barthes, 1953 : 64). Dans cette optique, nous ne

    l'envisageons pas ngativement mais plutt comme une imminence, un potentiel,une promesse de sens. Nous le concevons comme un tat dynamique et fcond quioffre une ouverture tous les possibles, une puissance inbranlable, une virtualitnigmatique et inpuisable. (Crouzet, 1981 : 179).

    Ainsi, dire que le silence est uniquement l'absence de toute manifestation sonore,s'avre totalement priv de signification pour nous. Le silence n'est pas directementobservable et pourtant il ne correspond pas au vide du point de vue de la perception,il est palpable, il est lisible: on le sent, on l'entend, il est pourvu de dimensionsauditives, visuelles et psychologiques. Il n'est pas la simple absence de bruit ou demots, mais le tissu interstitiel qui met en relief les signes grens au long de la

    route du temps. (Busset, 1984 :13).Ayant une nergie et une loquence propre, ilest une prsence, une plnitude, la parole en puissance, l'intervalle gros depossibles qui spare deux paroles profres, l'attente, le plus riche et le plus fragilede tous les tats, il est prometteur, il annonce l'instant suivant, l'espoir, l'espace ol'esprit se ramasse avant de s'lancer. (Busset, 1984 : 14). D'une puissanced'vocation remarquable, il est comme le :

    sommeil du discours qui se repose mais que l'on sent charg d'une nergie au repos. C'estcomme si la parole, se taisant, se mettait en tat d'attente. Source d'nergie nouvelle. I immobilitsuggre alors le potentiel dicible puisqu'on sait le silence capable de tout, de gnrer la parole laplus inattendue, celle qu'on craint comme celle qu'on dsire: le silence peut tout dire. (Heuvel,

    1985:78).

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    Dveloppement.

    Le dbut du roman s'ouvre sur la scne de retour; Safia et Sad dcident deretourner Hafa. En effet, cette histoire remonte plus de vingt ans lors de

    l'occupation de la ville de Hafa; le couple (Sad et Safia) a t oblig de fuir la villesous bombardement laissant derrire eux leur bb Khaldoun de quelques mois etleur maison. Depuis ce jour-l, tous les deux fuient la prononciation de ce nom quiles inquite. Il se rendit compte que ce nom n'avait pas t prononc dans cette

    pice depuis bien longtemps ; que, les rares fois o ils voquaient l'enfant, ilsdisaient "lui"(Kanafani, 1997 : 94).

    Une semaine auparavant, dans leur maison de Ramallah, Safia demande sonmari : On peut aller partout maintenant ; pourquoi n'irions-nous pas Hafa ?(Kanafani, 1997 : 94). Safia brise le silence o elle s'tait plonge mais elle ne luidvoile pas tout. Toutefois, elle retourne aussitt aprs au silence.

    Depuis qu'elle a appris l'intention de Sad d'aller voir leur maison Hafa, Safian'arrive ni dormir ni communiquer ni dominer ses sentiments. Le bruit dessanglots monta peu peu mais elle se taisait toujours; ils passrent cette nuit-lsans parler, couter les pas des soldats qui rsonnaient dans les rues et la radioqui continuait donner des consignes (Kanafani, 1997 : 95). Safia se trouvecoince entre l'envie de s'exprimer et la ncessit de s'imposer le silence pour ne pascauser des ennuies Sad.

    Pour autant qu'on essaie de veiller sur ses paroles et de se taire, pour autant qu'ons'observe par crainte de se trahir et de laisser transparatre quelque chosed'inavouable, le comportement non-verbal est tratre. A cet gard, nous aimerions

    suggrer qu'il existe un rapport de contigut entre la rtention de la parole et lavolont de retenir le corps. Autrement dit, ce qu'on essaie de taire, le corps le trahitet le dit par un regard, un geste, un soupir ou des larmes.

    Le silence de Safia devient alors un moyen de communication : il rvle, malgrelle, que quelque chose la drange. Sad traduit les pleurs de Safia (une forme desilence) comme signe d'un dsarroi chez lui. Il [Sad] tait persuad que sa femmene dormait pas, qu'elle passerait la nuit ressasser tout cela, et pourtant il ne luiadressa pas une parole(Kanafani, 1997 : 95).

    Au bout de quelques jours, tous les deux dcident d'aller Hafapour voir leurmaison mais aussi pour retrouver leur fils. Ce voyage saccomplit comme une qute

    de ce lieu perdu et du temps qui correspond cette perte.Tout d'abord, un effet de perte de parole se fait ressentir : En approchant de laville, il sentit quelque chose lui brider la langue(Kanafani, 1997 : 85). La rencontreavec le lieu accentue la douleur qui serre le cur et bride la langue cause de soncaractre insupportable, ce qui les pousse se rfugier dans le silence. Celui-ci seveut tout dabord trs discret, comme dans l'exemple suivant : Elle (Safia) restamuette. Elle pleurait en sourdine. Cest alors quil (Sad) se rendit compte de sa

    souffrance(Kanafani, 1997 : 88).Quand le sujet se tait, il importe que le lecteur puisse reconnaitre qu'il se trouve

    devant un espace qui mrite son attention un vide textuel, un blanc, un manque qui

    fait partie intgrante de la composition et qui signifie autant au plus que la parole

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    actualise(Heuvel, 1985:76). Autrement dit une chose passe sous silence car l'onestime la trahir par une mise en mots inapproprie et inadquate.

    La vue du lieu perdu les plonge dans le silence et la consternation : A prsentqu'ils taient aux abords de Hafa, ils se taisaient et ils s'apercevaient qu'ils

    n'avaient mme pas voqu ce qui les avait amens ici !(Kanafani, 1997 : 86).C'est un rcit qui dclenche la mmoire des protagonistes et dans lequel lesilence est le rsultat dun ralentissement de la parole. Ensuite, au lieu de suivre leurdplacement, le roman remonte au pass pour narrer les vnements dans le sensdcroissant :

    Et surgit le pass, aussi acr qu'une lame : il obliquait vers l'avenue du Roi-Fayal (pour luiles rues n'avaient pas encore chang de nom), qui mne l'intersection entre, gauche, la route duport, droite, celle qui conduit Wadi Nasnas, lorsqu'il aperut un groupe de soldats arms deboutau carrefour devant une barrire de fer. Il les regardait du coin de l'il quand le bruit d'unedtonation lui parvint de loin, suivie de plusieurs coups de feu : le volant se mit trembler dans ses

    mains, il faillit heurter le trottoir, l'vita de justesse, il vit un jeune garon traverser en courant, etalors le pass revint, terrifiant, tonitruant (Kanafani, 1997 : 88).

    Kanafani montre travers Sadet Safia ltat du palestinien qui revoit sa ville etsa terre occupes alors quil sattend les voir libres. Le silence est lexpressionde ltonnement et lincapacit du dire. Aucun mot ne peut rendre cette douleur.Seul le silence peut le faire : Ce n'est qu'en approchant de Beit Ghalim que le

    silence s'installa, et prsent ils regardent, muets, ces rues qu'ils connaissent bien,qui sont incrustes en eux comme partie de leur chair ou de leurs os (Kanafani,1997 : 96).

    Tant que la dcouverte de leur fils les afflige, tant que la vue de Hafa et de leurmaison fait revivre le temps ancien ; ce temps jaillit dun coup avec toute la douleurquil porte, il blesse : elle [la mmoire] s'boulait plutt dans sa tte comme

    s'effondrait un mur, une pierre sur l'autre. Tout tait arriv si vite, et des pansentiers s'croulaient prsent, emplissait son corps. Safia, sa femme, prouvait lamme chose, se dit-il, cest pour quoi elle pleurait (Kanafani, 1997 : 85). Aprsavoir regagn Hafaet leur ancienne maison o ils ont laiss leur fils depuis vingtans, il leur reste savoir o se trouve Khaldoun et comment le rencontrer. Leurnostalgie les pousse retrouver leur fils, les emporte aussi pour retrouver un lieu etun temps quils avaient perdus mais qui les avaient toujours hants. Et une foisdevant leur maison, ils se remmorent le temps o ils taient l :

    Et ils (Sad et Safia) montrent. Il ne s'accorda pas plus qu' elle l'occasion d'un regard auxpetits dtails qui pourraient l'mouvoir, l'branler : la sonnette, la poigne en cuivre de la porte, lesgribouillis au crayon sur les murs, le placard aux compteurs lectriques, la quatrime marchecasse en son milieu, la douce rampe arrondie o la main glissait, les grilles de fer forg quis'entrecroisaient sur les vasistas, le premier tage, o habitait Mahjoub as-Saadi, avec sa portetoujours entrebille et les enfants qui jouaient devant l'appartement, emplissant l'escalier de cris,et enfin la porte de bois, repeinte de frais, ferme double tour (Kanafani, 1997 : 98).

    Cette dcouverte laquelle procde Sadest une dernire tape de la qute deslieux et du temps perdus. Se trouvant dans cette maison aprs vingt ans, il recherche

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    indices et signes qui lui permettront de se reprsenter et de revivre ce tempslointain.

    La discussion entre les personnages leur pse beaucoup ; ds quelle est faite,agite le personnage, le dstabilise et lafflige. Ainsi, Myriam ne peut les recevoir

    sans stupfaction et sans crainte. En effet, les mots lui psent et la mettent danslhsitation. Elle se trouve dun coup dans lembarras cause de la prsence despropritaires de la maison quelle habite et les parents de lenfant quelle a adopt.Elle plonge dans un tat dengourdissement, se prpare pour parler, mais parfoistarde accomplir cet acte, comme dans le passage suivant : Les yeux de la femme

    suivirent la direction qu'il indiquait puis elle se retourna, l'air interrogateur, sonbras lui tait encore point vers le vase et il l'observait, exigeant une rponse,comme si l'univers entier tait suspendu ses lvres(Kanafani, 1997 : 102).

    Ici, Kanafani peint une autre forme de silence, celui qui rvle la difficult del'change, sa profondeur, l'impuissance des mots. Ds la rencontre entre Sad, Safia

    et Myriam, c'est cet espace sans parole qui prendra la place et qui leur permettra devoir toute l'attirance qu'ils ont l'un pour l'autre. Aucun mot n'et t suffisammentfort pour tre la hauteur du sentiment.

    Bien que le Retour Hafa de Kanafani soit un roman de paroles dites,changes, il fait aussi une place importante au silence. L'alternance de paroles et desilences cre un systme binaire dans lequel la prise de paroles et le choix dusilence deviennent eux-mmes significatifs :

    Sad regarde autour de lui, son dsarroi augmente aprs l'histoire de Myriam raconte bribe parbribe pendant un temps qui lui a paru trs long, et tout ce temps lui et Safia sont rests clous surleurs siges, dans l'attente de quelque chose d'inconnu, d'impossible imaginer (Kanafani, 1997 :

    108).

    Ce qui est remarquable dansRetour Hafa, c'est la place quoccupe le silencecomme lment inhrent la parole. Le silence nous semble problmatique, ilmerge du vide quon peut apercevoir entre les rpliques prononces et donne par lasuite un rythme leur contenu. Cest dans ce quexplique Sverine Ruzet qui estimeque :

    Le silence simpose comme signifi, mais galement comme signifiant. Quand les rpliques nesenchanent plus, quand elles manquent atteindre leurs possibles destinataires, la parole ne parvientpas combler les distances, et des trous noirs viennent grever le dialogue. (Ruzet, 2005 :78).

    En effet, labsence de la parole nourrit la parole, elle est signifiante puisquelleinterrompt la conversation et fait advenir un sens aux phrases. Ainsi, au cours dudialogue, entre Sad et Myriam, la conversation s'arrte plusieurs reprises, commedans les passages suivants : Un lourd silence s'installa, et les regards sedtournrent, errant sur les choses les plus insignifiantes (p. 101). A la mme

    page : Il se tut, sachant qu'il ne parviendrait rien. L'irrparable s'tait djproduit. Cela, il ne pouvait feindre de l'ignorer. C'est ce qui rendait le dialogueimpossible. Plus loin :Il allait lui demander pourquoi lorsqu'il remarqua son air, etil se tut(Kanafani, 1997 : 106).

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    Roman de discours, le Retour Hafa n'en est pas moins un texte de silence.Dans l'intervalle des discours s'grne le silence. Le roman consiste en ce jeu dulangage et du mutisme. Bien qu'il y ait, au fil de l'uvre, le murmure du discours, lesilence n'y manque pas et joue aussi un rle important de contrepoint et de

    complmentarit : Sad sourit amrement ; il ne sut trop comment lui dire qu'iln'tait pas venu pour cela, qu'il ne voulait pas se lancer dans une discussionpolitique et qu'il savait que ce n'tait pas sa faute(Kanafani, 1997 : 100).

    Des sentiments aussi extrmes, aussi forts, aussi mitigs que l'amour et la hainerenferment une large part de ce silence puisqu'il est difficile de raliser, decomprendre et d'exprimer toutes les composantes de ces motions. Sad a pucomprendre la vanit des mots et lillusion ou la prtention de vouloir saisirl'motion dans sa plnitude.

    Le silence est omniprsent dans l'uvre de Kanafani. Ainsi, lorsque lepersonnage n'a pas envie de parler, il recourt au geste pour rpondre son

    interlocuteur. Ce langage du corps est prsent et important dans l'uvre deKanafani. Il suffit de suivre le discours des personnages pour sen apercevoir.Myriam rpond Sad quand il lui demande si elle les connat, lui et sa femme : elleremua plusieurs fois la tte, pour confirmer; elle rflchit un court instant pourchercher ses mots(Kanafani, 1997 : 100). Ou lorsque Safia : lui prit la main pourqu'il cesse cette discussion(Kanafani, 1997 : 101).

    Les indications dtailles dbordent de pauses, de moments d'arrts qui incluentun silence affich, tels que : defaon intelligible / en un soupir / dsempare /hsitant / elle rflchit un court instant / d'une voix lente / un lourd silence s'installa

    / l'air interrogateur / l'univers entier tait suspendu ses lvres / lentement elle

    parla / de longues secondes s'coulrent / De faon presque inaudible, Safiapleurait / fig devant la porte / quelques instants passrent / les sanglots de Safia /un silence plana assez longtemps. Ces indications encadrent et structurent la parole,l'empchent et en mme temps la font avancer sous formes de petites touchessuccessives.

    Le retour Hafa sarticule autour de deux rcits : un rcit premier qui est unrcit de guerre (la perte de patrie) et un rcit second, celui de la perte de leur filsKhaldoun ; dans cet ensemble simbriquent les micro-rcits des personnages par lerecourt au procd narratif habituel de lanalepse.3 Il se produit un va et vient

    perptuel entre rcit premier et tous les autres rcits seconds.

    Ce rcit premier se rduit une macro-squence narrative qui stire tout au longdu roman car subissant rgulirement lagression de plusieurs analepses quiparticipent lexpansion ou ce que R. Barthes appelle " la distorsion"4du rcit.

    ___________

    3G. Genette dfinit lanalepse : " Toute anachronie constitue par rapport au rcit dans lesquels ellesinsre sur lesquels elle se greffe un rcit temporellement second, subordonn au premier.. "(Genette, 1972 : 90).

    4R. Barthes dfinit la distorsion du rcit : " la forme du rcit est essentiellement marque par deuxpouvoirs : celui de distendre ses signes le long de lhistoire, et celui dinsrer dans ces distorsions desexpansions imprvisibles. Ces deux pouvoirs apparaissent comme des liberts ;mais le propre du rcitest prcisment dinclure ces " carts " dans sa langue " (Barthes, 1977 : 46).

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    Cest ainsi que lcriture fait place des micro-rcits qui dtruisent la linarit de lanarration et multiplient les sauts qui ralentissent la lecture.

    Si Sad est le fil conducteur de l'intrigue, il nen demeure pas moins que lanarration poursuit le parcours des autres personnages pour nous en tracer leurs

    rcits de vie. Le recours au procd de lanalepse est de rigueur. C'est dans cetteperspective que vient l'histoire d'Ephrat Koschen et de sa femme.Dans cette squence, on apprend qu'Ephrat Koschen et son pouse Myriam sont

    arrivs au dbut de mars Hafa (Kanafani, 1997 : 102-103). Ils sont originaires dePologne, et avaient quitt Varsovie en novembre 1947 pour un port italien, jusqu'ce qu'ils s'embarquent en direction deHafa. Puis, le rcit prend dautres directions ;Ephrat Koschen s'installe avec d'autres personnes dans un btiment surnomm "l'htel des Emigrants " ; puis le rcit revient lvnement de dpart : les jourstragiques du 23 au 25 avril 1948 (Kanafani, 1997 : 104-106), puis nouveau le rcit

    bifurque sur le pass du pre et du frre de Myriam, tus par les soldats allemands.

    Finalement, le narrateur raconte comment l'agence juive de Hafa a propos Ephrat un appartement Hafa s'il acceptait d'adopter un bb, (qui n'est queKhaldoun) retrouv deux jours avant, tout seul, en pleurs, dans son lit.

    Cette perturbation de la linarit de la narration intervient une seconde fois auchapitre 4 : le narrateur relate l'histoire de Faris Labda. De la mme faon que Sadet Safia, Faris retourne sa ville " Jaffa " aprs vingt ans dabsence et lorsquilarrive dans son ancienne maison et en voit les objets, le temps ancien revit duncoup : Stupfait, presque incrdule, Faris entra. La maison tait la mme, avec sonmobilier, son agencement, la couleur des murs, tous les objets dont le souvenir taitencore vivace. L'homme le conduisit vers le salon sans se dpartir de son large

    sourire ; quand il ouvrit la porte et lui dit d'entrer, Faris resta clou sur place, etdes larmes inattendues jaillirent de ses yeux(Kanafani, 1997 : 112).Ce n'est pas le souvenir de la maison qui le clouait sur place mais c'est la photo

    de son frre Badr qui tait encore accroche, avec le large ruban noir, sur le murd'en face. Le retour de Faris seffectue incontestablement sous le signe du silence.Le dcor fait alliance avec le souvenir pour restituer la mmoire la prsencevirtuelle du pass : L'atmosphre du deuil de jadis envahit le salon, les larmesroulaient sur les joues de Faris plant devant la photo. Les jours anciens

    surgissaient comme si les portes qui les emprisonnaient venaient de s'ouvrir toutesgrandes (Kanafani, 1997 : 112). Plus loin, Faris s'avana comme en un rve

    dconcertant. Il s'assit en face de la photo(Kanafani, 1997 : 113). Face au souvenirde la catastrophe, Faris a perdu tout a fait la voix et est mme incapable de parler oude rpondre.

    Nous pouvons dire que l'insertion de l'histoire de Faris Labda et de son frre Badreinterrompt le dialogue et le droulement du rcit premier. Il en ressort que la narrationde l'histoire se trouve considrablement ralentie. En effet, le lecteur est contraint de faireune pause du rcit premier pour le reprendre la page 116. Ainsi, les sauts entre lesrcits indiquent par crit des moments de silence de longueur variable.

    La rythmisation et la fragmentation de ce rcit dbordent d'effets de silence si bienqu'il est possible de constater que l'auteur voulait en faire les signes du ralentissement

    de la parole. Or, la place du silence nous semble valorise grce cette mise en parole

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    que l'auteur dploie tout au long du rcit. C'est dans ce sens l que la parole prend sonsouffle et ne dmarre qu'aprs un temps d'arrt entre les parties.

    Ainsi, le retour la scne du dialogue ne se fait qu' la page 116. Les changesentre Sad et son fils sont retards par la description des pas de Khaldoun/Dov sur

    l'escalier, de son physique et du lieu mme de leur rencontre. Les pas sur lescalierparaissaient ceux dune jeune personne fatigue ; Sad, nerveux, percevait ces pasun un dans lescalier, depuis quil avait entendu claquer le portail en fer et glisserle pne dans un silence assourdissant, un long moment scoula, tel un silencecharg dun bruit insupportable jusqu la folie. Puis, il entendit le bruit de la cldans la porte, et cest seulement ce moment-l quil regarda Myriam et vit - pourla premire fois - quelle tait assise l, tremblante et ple. Il navait pas le couragede regarder Safia, il dirigea alors son regard vers la porte, et sentit la sueur scouler

    brusquement de toutes les parties de son corps.Le bruit des pas dans le couloir tait touff, et en quelque sorte dpit, puis une

    voix hsitante se fit entendre comme affaiblie appelant " Maman ". Myriam tremblaun peu, et frotta ses mains pendant que Sad coutait sa femme sangloter, radieuse,dune voix peine audible. De faon presque inaudible, Safia pleurait(Kanafani,1997 : 116). Les pas sarrtrent un instant comme sils attendaient quelque chose,

    puis la mme voix se fit entendre une autre fois, et lorsquil se tut, Myriam ditdune voix tremblante et peine audible : - Je veux te prsenter tes parents tesvrais parents. (Kanafani, 1997 : 117).

    De longs instants passrent o tout tait compltement calme. Puis le jeunehomme se mit marcher : trois pas vers le milieu de la pice, trois autres vers la

    porte, puis retour au milieu. Il posa son calot sur la table ; ct du vase de bois et

    des plumes de paon, ce calot avait quelque chose d'incongru, de grotesque mme(Kanafani, 1997 : 117). Avant de prendre la parole, les personnages de Retour Hafaentrent en priode de silence momentan, ce silence correspond une prisede conscience, un temps voulu par lauteur et exprim souvent par la descriptionou le commentaire du narrateur.

    Dans le passage prcdent, le mouvement est devenu silence. Ce silence, dsqu'il reprsente le manque de parole, est parole par excellence. Enfin, sa voixsourde s'leva :Je ne connais pas d'autre mre que toi. Mon pre, il a t tu dansle Sina voil onze ans. Je ne connais pas d'autres parents que vous (Kanafani,1997 : 117).

    En effet, la retrouvaille de leur fils en uniforme militaire laisse Sad et Safiaperplexes et surpris. Un lourd silence rgna alors que les sanglots de Safiaslevaient encore comme sils parvenaient du sige dun spectateur boulevers.Safia se tourna vers la fentre, enfouit son visage dans ses mains et se mit

    sangloter tout haut (Kanafani, 1997 : 117). Les larmes s'encadrent aussi dans cerseau de communication en sourdine o elles s'avrent souvent plus significativeset loquentes que la parole et peuvent constituer un aveu muet.

    Safia garde toujours l'espoir. Elle naccepte pas la perte de son fils bien quellelait vcu pendant vingt ans. Elle nimagine pas que cet enfant dont elle a rv

    pendant des annes puisse renier ses vrais parents. Safia nacceptant pas cette

    surprise affligeante, essaie daller plus loin, et jouer sur les sentiments : Tu ne sens

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    pas que nous sommes tes parents ?(Kanafani, 1997 : 118). Mais la confrontationavec ce Khaldoun dtourne son dire laffliction et la dception. Ils dcouvrent eneffet, que le petit Khaldoun quils ont laiss nest plus le leur, il ne connat pasdautres parents que Myriam et Ifrat et il est devenu soldat isralien.

    Dans le texte de Kanafani, le silence semble important dans la mesure o ilconstitue un fond sur lequel se dploie la parole. Par exemple, pour rpondre laquestion pose par Sad, le jeune homme Dov prend tout son temps :

    Le grand jeune homme recommena marcher, les mains croises dans le dos : trois pas versla porte, trois pas vers la table. Il semblait avoir appris par cur une leon; interrompu au beaumilieu, il ne savait plus comment terminer, et il se repassait en silence, dans sa tte, la premirepartie pour pouvoir continuer (Kanafani, 1997 : 119).

    Ce silence acquiert dautant plus dimportance quil nest perturb par aucuneaction. Il est figure du temps qui passe. Le temps que lauteur laisse passer entre

    une squence et une autre, entre une rplique et celle qui la suit. De mme, lesilence vise valoriser la parole des personnages et de faire des arrts quipermettent de porter lattention des lecteurs sur ce qui suivra.

    Ce rcit s'ouvre et prend fin aussi par le silence : Il se tut pendant le voyage,n'ouvrit la bouche qu'en vue de Ramallah ; l seulement il regarda sa femme : Je

    souhaite que Khalid soit parti pendant notre absence(Kanafani, 1997 : 127).

    Conclusion.

    Kanafani faonne son texte l'image de son exprience traumatisante ancre

    dans un silence morbide. Kanafani russit l'impossible en transcendant les mots,qu'elle vide de leur sens commun, pour crer un nouveau langage "sensoriel"imprgn de silence. Son texte singulier dfie l'incommunicable dont parlent bonnombre de critiques et d'auteurs pour qui les mots et le langage de l'art et de lalittrature ne traduisent pas la ralit des faits dans le contexte de la catastrophe.

    Dans ce roman, le silence se manifeste travers certains procds de lcriture tels quela discontinuit, les intervalles, le chevauchement des rpliques, les empchements dudialogue etc. Dans lcriture potique de Kanafani, les paroles se dtachent les uns desautres, les sauts stalent sur les pages, se dilatent et ralentissent la lecture. Le silence sematrialise dans ces sauts qui arent le texte, il constitue un procd linguistique dans le

    texte, ce qui donne une dimension potique au sein de lcriture Kanafienne. La mise enabme contribue, donc, perturber la linarit de la narration et produire un miettementde la narration.

    Dans leRetour Hafa, comme nous lavons pu constater, le silence semble importantdans la mesure o il constitue un fond sur lequel se dploie la parole. De mme, le silencevise valoriser la parole des personnages et de faire des arrts qui permettent de porterlattention des lecteurs sur ce qui suivra. L'alternance et la dialectique de la parole et dusilence constituent les rgles de la trame narrative de l'uvre.

    Pour diverses raisons, la perte de la parole reprsente une autre modalit dusilence qui afflige souvent les personnages de Kanafani. Dans l'ensemble, lors des

    moments d'motion intense, la voix est immobilise et seule des regards, des

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    larmes, et des gestes communiquent. Bref, lors de la perte du pouvoir illocutoire,des manifestations non-verbales relaient et prennent en charge le dire.

    Au dbut du roman s'impose de manire originale le silence langagier de Safia,au milieu de la rencontre avec Myriam et Khaldoun/Dov et la fin du livre.

    Autrement dit, c'est le silence qui commence et clt le roman.

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