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LES ENFANTS DE LA TERREUR un spectacle de Judith Depaule MABEL OCTOBRE direction artistique Judith Depaule 20 rue Rouget de Lisle - 93500 PANTIN contact Pia Doublet + 33 1 41 50 38 10 [email protected] / www.mabeloctobre.net

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LES ENFANTS DE LA

TERREURun spectacle de Judith Depaule

MABEL OCTOBREdirection artistique Judith Depaule

20 rue Rouget de Lisle - 93500 PANTINcontact Pia Doublet

+ 33 1 41 50 38 10 [email protected] / www.mabeloctobre.net

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équipe de création à la mémoire de Laurent Dailleau

conception, mise en scène Judith Depauleassistanat à la mise en scène Aude Schmittercollaboration artistique Paul Grivasdirection technique, conception mobilier Tanguy Nédélecdispositif technique Thomas Pachoudconception du mur Martin Rossilumières Bruno Pocheronson Julien Fezansmusique Eryck Abecassis, Mellanimation, compositing Julien Jourdain de Muizoncostumes Marie-Noëlle Petersmaquette Lætitia Labre, Antoine Lenoirtravail corporel Cyril Casmèze, Bruno Marin, Tamara Milla-Vigoproduction Virginie Hammelcommunication Camille Richard, Fanny Surzur

avec Baptiste AmannDavid BotbolMarie FélixJonathan HeckelJudith MorisseauAnne-Sophie SterckCécile Fradet, acrobate, Eryck Abecassis, synthèse modulaire et basse, Mell, guitare électrique et chant, avec la participation de Tanguy Nédélec, Thomas Pachoud ou Martin Rossi et à l’image de Paul Grivas et Hussein El Azab

avec le soutien des Amis de Mabel Danièle Ansermet, Fabien Audusseau, Fabien Barontini, Catherine Berger, Sophie Bouillot, Fanny Bugnon, Tangi Cavalin, Hélène Chartier, Sophie Cohen, Gilbert Cosset, Jean-Charles Depaule, Vincent Deslandres, Gautier Fournier, Philippe Garel, Myriam Gilain, Pierre Giraud, Claire Guillemain, Jean-Louis Heckel, Eric Le Duff, Caroline Mangin-Lazarus, Pascaline Marot, Marine Pedeboscq, Georges Pfeiffer, Charlotte Ramond, Nadia Ratsimandresy, Michèle Rault, Isabelle Romain, Susanna Shanon, Dominique Simmonet, Juliette Uebersfeld, Nathalie Viet-Depaule, Sofi Vaillant, Jean-Pierre Vincent

avec l’aide de Christèle Ortu et Matthieu Dandreau (blog), Fanny Bugnon (consultation historique), Pauline Yaoua Zurini, Marie-Pierre Hassan, Lorea Chevallier, Maria Loura-Estevão (couture), Kévin Canonake, Benoist Debry, François Le Bail, Karl Lecomte, Quentin Marret, Nicolas Penancier, Robin Simonnet, Teddy Vataire et Kevin Wong (jeu vidéo), Michael Salembier (modélisation 3D), Julien Jussaume (structure métallique), Andrea Schieffer (traduction de l’allemand), Danièle Amsermet (traduction de l’italien), Kentaro Sudoh (traduction du japonais), Valérie Joly (travail de la voix), Laurent Ramos-Ruiz (tonfa)

remerciements à Masao Adachi, Nicole Brenez, Pierre Carniaux, Serge Deniaud, Aïko Harima, Jun Hirose, Yvon Julou, Sylvain Larquier, Jocelyne Michard, Gloria Paris, Laurent Ramos-Ruiz, Jeanne Revel, Julia Riggs, Thimothé Robin, Astrid Rostaing, Danièle Schullman, Noji de Tokyo et à l’I.M.S. (Imprimerie multiservices) de Pantin, Confluences

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production

production Mabel Octobre (conventions Drac et Région Ile-de-France)

coproduction TNB – Théâtre national de Bretagne / Rennes, Centre culturel André Malraux – scène nationale de Vandœuvre-lès-Nancy

avec le soutien en production du FACM (Fonds d’aide à la création mutualisée) – Festival théâtral du Val d’Oise, de L’apostrophe – scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise

avec la participation du DICRéAM

avec le soutien de l’Institut international de la marionnette, Charleville-Mézières, dans le cadre du Programme « Création et compagnonnage » soutenu par la Région Champagne-Ardenne, d’Ile-de-France Active

ce projet bénéficie de l’aide au compagnonnage de la DGCA (Direction générale de la création artistique)

et de l’aide de la Spédidam, du Fijad (Fonds d’insertion pour les jeunes artistes dramatiques), d’Arcadi Île-de-France / Dispositif d’accompagnements

en partenariat avec la Fabrique Sonore, l’IIM (Institut de l’internet et du multimédia)

résidences Centre dramatique de la Courneuve, Théâtre de Gennevilliers – centre dramatique national, Théâtre de Goussainville – Espace Sarah Bernhardt, Nil Obstrat – Saint-Ouen-l’Aumône, La Ferme du Buisson – scène nationale de Marne-La-Vallée, Carré Magique Lannion Trégor – pôle national des arts du cirque, L’apostrophe – scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, TNB – Théâtre national de Bretagne / Rennes

calendrier des représentationsFestival « Mettre en scène »TNB - Théâtre National de Bretagne, Rennesdu 4 au 8 novembre 2014, salle Didier-Georges Gabily

Festival théâtral du Val d’Oise - Théâtre de Goussainville - Espace Sarah Bernhardt vendredi 14 novembre 2014- Théâtre d’Argenteuil - Centre culturel Le Figuier Blancvendredi 21 novembre 2014- L’apostrophe - scène nationale Cergy-Pontoise et du Val d’Oisejeudi 27 novembre 2014 au Théâtre des Louvrais

Festival Musique ActionCCAM - scène nationale de Vandœuvre-lès-Nancy mardi 12 et mercredi 13 mai 2015

Théâtre de Saint Quentin en Yvelines - scène nationalemercredi 20 et jeudi 21 mai 2015

Théâtre Dijon Bourgogne - Centre Dramatique National du mardi 5 au vendredi 8 avril 2016

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argumentLes Enfants de la Terreur est une proposition de spectacle multimédia sur celles et ceux qui, dans le sillage de 1968, choisirent la lutte armée au sein de la Fraction Armée Rouge (RAF), des Brigades Rouges et de l’Armée Rouge Japonaise, à travers l’histoire de 6 militants, et avec un focus sur l’année 72, année du passage à l’acte des trois organisations et de la prise d’otage aux JO de Munich.

Ces femmes et ces hommes ne trouvèrent pas, dans les forces politiques en présence dans leurs pays, d’écho suffisant à leur besoin de rupture avec un passé réactionnaire, marqué par le fascisme, et à leur demande de changement pour une société plus libre et plus juste. Ils tentèrent d’y remédier à leur façon.

Née trop tard pour avoir vécu cette période révolutionnaire, mais trop tôt pour m’en défaire, j’héberge, à mon corps défendant, l’héritage d’une utopie révolue qui oscille entre fascination et rejet et me pose la question critique de mon propre engagement. Changer le monde, le rendre meilleur, faire justice, mais comment et à quel prix ? En revisitant ce « moment historique » de la contestation, je cherche à mettre en perspective un présent embarrassé et difficile, afin d’envisager l’avenir. Je souhaite interroger ces années de paroxysme notamment par un environnement visuel et sonore en mouvement qui n’a de cesse de flirter avec l’agréable déplaisir. S’atteler à créer un état de violence totale sensoriel.

Mêlant des témoignages, des textes contestataires et de propagande de ces années-là, une composition musicale originale en hommage à la scène rock expérimentale de l’époque jouée en direct par deux musiciens et ponctuellement par les comédiens (synthétiseur analogique, basses et guitares électriques), un travail vidéo et lumineux fondés sur des jeux sensoriels, le spectacle relate le parcours d’anciens militants, rend compte de leur vie de « révolutionnaires » et reconstitue certains attentats, tous commis en 1972.

précisions historiquesArmée Rouge Japonaise Les années 60 au Japon sont marquées par de fortes tensions sociales et politiques, alimentées par la Guerre du Vietnam, la demande de restitution de l’Ile d’Okinawa aux Etats-Unis, le renouvellement du traité de sécurité américain et le pacte de normalisation avec la Corée du Sud. Le pays s’oppose massivement à la présence de l’armée américaine qui dispose de nombreuses bases militaires sur le sol japonais pour son intervention au Vietnam. Les étudiants dénoncent les facultés privées, les modes de sélection et la hausse drastique des droits d’inscription dans les établissements publics ou encore les méthodes d’enseignement. Des scandales financiers dans les universités enveniment la situation. En octobre 1967, l’aéroport d’Haneda est bloqué pour empêcher le Premier ministre Eisaku Sato de se rendre au Sud Vietnam. Les forces de l’ordre se déchaînent et abattent un étudiant de Kyoto. Durant l’année 68, des émeutes éclatent dans tout le pays, affrontant violemment étudiants et forces de l’ordre ; elles redoublent en 1969, causant des milliers de blessés et entraînant plus de 10 000 arrestations.

Dans ce contexte, au milieu d’autres groupes d’extrême-gauche, naît la Sekigun (Fraction Armée Rouge) en 1969. Elle déclare la guerre au monde entier et appelle à prendre les armes. Deux mois après sa création, alors qu’elle s’apprête à enlever le Premier ministre Sato, la Sekigun est mise à mal par une série d’arrestations. Elle réalise néanmoins le détournement de l’avion Yodo de la Japan Airlines en Corée du Nord en 1970. En 1971, certains de ses membres forment avec le Keihin Anpo Kyoto (Comité de lutte Tokyo-Yokohama contre le traité de sécurité américain) la Rengo sekigun (Armée rouge unifiée), qui procède à des attaques de banques et de dépôts d’armes et commet un assassinat politique sur la femme d’un policier. En prise à la dérive totalitaire, l’organisation pratique des purges au sein de ses rangs, entraînant la mort de plusieurs militants. Son histoire s’achève par l’interpellation de tous ses membres et la prise d’assaut du Chalet Asama par la police en 1972, occupé par les derniers résistants. Une partie de ses membres gagne le Liban pour se rapprocher du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) et forme, en 1972, la Nihon sekigun (Armée rouge japonaise ou ARJ), d’orientation internationaliste, dirigée par Fusako Shigenobu, qui entend faire la révolution mondiale pour l’implanter au Japon.

Ce sont des membres de l’Armée Rouge Japonaise qui, au nom du FPLP, réalisent le premier attentat suicide de l’Histoire, à l’aéroport de Lod-Tel Aviv, le 30 mai 1972. Suit une longue série d’attentats où l’ARJ tente de négocier la libération de ses membres et rançonner l’Etat japonais : détournements d’avions, prises d’otages, attaques à la roquette, à la bombe, à la voiture piégée ou au mortier, tournés vers des sites japonais et américains. L’organisation met en place une opération de kidnapping de financiers japonais travaillant en Europe, immédiatement démantelée par les Services secrets français. Elle collabore, entre autres, avec Carlos. L’ARJ devient le Parti Révolutionnaire du Peuple et continue à soutenir d’autres mouvements révolutionnaires. Shigenobu est arrêtée en 2000 au Japon.

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Fraction Armée Rouge En RFA, les milieux étudiants s’enflamment contre la guerre du Vietnam, la société de consommation calquée sur le modèle américain, les valeurs conservatrices et autoritaires du gouvernement de Bonn et les lois d’urgence. La gauche traditionnelle (SPD) ayant formé une « grande coalition » avec les Chrétiens démocrates (CDU), une opposition extra-parlementaire (ApO) s’organise autour de l’Union socialiste des étudiants (SDS). Lors de la venue du Shah d’Iran à Berlin-Ouest, le 2 juin 1967, de violentes altercations éclatent et un étudiant est abattu par un policier, disculpé. L’attentat de 1968 contre le leader du SDS, Rudi Dutschke, aggrave le malaise, provoquant de nombreuses manifestations en RFA comme à l’étranger, notamment contre le groupe de presse Springer qui calomnie les étudiants.

En avril 1968, quatre jeunes gens (dont Andreas Baader et Gudrun Ensslin), en réponse au génocide vietnamien, mettent le feu à deux grands magasins de Francfort. Inculpés, ils fuient à l’étranger. À son retour, Baader est interpellé. Sa libération, le 14 mai 1970, par un commando armé composé d’Ulrike Meinhof, d’Horst Malher et d’Ensslin signe l’acte fondateur de la Fraction Armée Rouge, dont les actes d’exaction et les attentats à la bombe commencent à se multiplier à travers le pays. Devenue une priorité gouvernementale, l’arrestation en juin 1972 des « deseperados » de la « bande à Baader » est d’autant plus saluée qu’elle coïncide avec l’attentat de Lod. La RAF comme l’ARJ bénéficient du soutien logistique du FPLP et certains de ses membres séjournent dans des camps d’entraînement palestiniens.

Pour protester contre leurs conditions d’enfermement (isolation, privation sensorielle), les détenus politiques entament plusieurs grèves de la faim, entraînant le décès d’Holger Meins qui donna lieu à de nouveaux attentats (assassinats, explosions, séquestrations, prises d’otage). En 1975, à la prison de Stammheim, dans un bâtiment spécialement construit pour l’occasion, s’ouvre le procès de Baader, Ensslin, Meinhof et Jean-Carl Raspe, à qui on retire les droits de défense et de comparution. Après la découverte de Meinhof morte dans sa cellule, la violence redouble de part et d’autre, avec des attentats de plus en plus meurtriers et des conditions d’enfermement toujours plus inhumaines. À l’automne 1977, officiellement, Baader, Ensslin, Raspe se suicident en prison.

De 1985 à 1991, des assassinats de « grands patrons » sont revendiqués par la RAF. Une nouvelle vague d’arrestations en 1990 décime le mouvement. En 1998, les derniers membres déclarent déposer les armes. Deux autres groupes armés défendent des revendications similaires à la RAF : le mouvement du 2 juin et les Cellules révolutionnaires (RZ).

Brigades Rouges En Italie, la révolte étudiante, initiée en 1967, due à la massification scolaire et aux méthodes d’enseignement, s’ouvre à la guerre du Vietnam et fait la jonction avec la contestation ouvrière. « L’Automne chaud » des usines en 1969 suscite plus de 8000 inculpations. Les modes ordinaires d’action militante contre l’exploitation sont délaissés au profit de formes de lutte illégales : occupations d’usine, séquestrations de cadres, sabotages. Premier d’une longue série de « massacres d’État » en réponse aux troubles sociaux, l’attentat de la Piazza Fontana à Milan en décembre 1969, orchestré par les fascistes, agit comme un révélateur pour de nombreux militants. Certains groupes, comme Lutta Continua ou Potere Operaio, issus de l’opéraïsme, choisissent la résistance légale, d’autres, comme les Groupes d’action Partisanes fondés par l’éditeur Giacomo Feltrinelli, puis les Brigate Rosse, la lutte armée. La radicalité des luttes ouvrières persiste jusqu’en 1973. Suite à un nouveau projet de réforme universitaire, la rébellion étudiante reprend en 1977 avec le mouvement autonome.

Les Brigate Rosse (Brigades Rouges) sont fondées en novembre 1970 par Mara Cagol, Renato Curcio et Alberto Franceschini. Hormis des opérations d’exaction et des incendies, les BR trouvent leur mode opératoire avec la « mise au pilori », en enlevant, séquestrant, blessant (« jambisation ») et assassinant des hommes de pouvoir. Leur premier séquestre du patron de la Sit Siemens, de courte durée, est réalisé le 3 mars 1972. Après 1973, les groupes d’extrême-gauche doivent changer de stratégie et rompre avec le Parti Communiste Italien (PCI) qui opère un rapprochement avec le parti de la Démocratie Chrétienne (DC). Les brigadistes de la première heure ayant été arrêtés en 1974, la direction des BR est reprise par Mario Moretti qui préconise « l’attaque au cœur de l’État », puis, à l’inculpation de ce dernier en 1981, par Barbara Balzerani. En 1978, alors que la DC et le PCI s’apprêtent à former un gouvernement de « compromis historique », les BR kidnappent Aldo Moro, président de la DC. Sa mort, au bout de 55 jours de réclusion et de négociations vaines, consacre la fin d’un combat. À partir de 1981, suite à des scissions, plusieurs groupes issus des BR continuent sporadiquement à réaliser des attentats. En 1987, certains brigadistes annoncent la fin de la lutte armée.

Pour faire face à l’usage de la violence (d’autres organisations d’extrême gauche telle que Prima Linea, recoururent aux armes, mais aussi des groupes d’extrême droite), l’Italie vote des lois d’exception permettant d’arrêter une personne sur simple soupçon ou d’allonger la détention préventive pour les terroristes présumés, puis adopte une politique de « réconciliation » avec deux nouvelles figures juridiques : le « repenti » et le « dissocié ».

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notes de mise en scène narration La narration s’attache à des figures marquantes issues des trois mouvements, militants de la première heure : Ulrike Meinhof, Andreas Baader, pour l’Allemagne ; Margherita Cagol, Renato Curcio, pour l’Italie ; Fusako Shigenobu, Kozo Okamoto, pour le Japon, ainsi qu’à May Shigenobu, en tant qu’enfant de militant, pour témoigner de son enfance clandestine. Ils racontent leur parcours, leur éveil politique, ce qui les a poussés à prendre les armes, le passage à l’acte et les premiers attentats, la vie clandestine, leur rapport à la mort et la fin de la lutte. Les séquences de témoignages alternent avec des scènes chorales chorégraphiées où il est question, de façon plus générale, de la figure du révolutionnaire, du rapport aux armes, de la clandestinité et de la détention. Enfin, quatre séquences donnent à « revoir » des attentats, tous perpétrés en 1972 : la prise d’otages aux JO de Munich par l’organisation palestinienne Septembre Noir ; l’enlèvement d’Idalgo Macchiarine à Milan par les Brigades Rouges ; la série d’attentats à la bombe contre des objectifs militaires, policiers, judiciaires et médiatiques dans six villes allemandes par la Fraction Armée Rouge ; la fusillade à l’aéroport de Lod à Tel-Aviv par l’Armée Rouge Japonaise.

travail corporel La contestation de la fin des années 60 s’illustra aussi par la révolution des corps : il fallait se débarrasser de tous les carcans sociaux mis en place par la bourgeoisie et, à ce titre, libérer les corps autant que les esprits. La vie clandestine, souvent communautaire, impliquait un autre état de corps. Les corps sont politiques, à la fois libérés et guerriers, mis à l’épreuve par le combat, la privation, la peur, l’enfermement, voire la torture (des protocoles initiés par la CIA ont été mis en place pour casser les corps et les esprits, doublés de lois exceptionnelles anti-terroristes). Trois moments chorégraphiés rythment le spectacle. Les acteurs ont suivi un entraînement physique pendant toute la durée des répétitions (Body Mind Centuring, maniement des armes, Aïki Ken, zoomorphisme).

musique

Reprenant à leur compte une attitude protestataire, des musiciens (notamment en Allemagne et au Japon) posèrent les bases d’une nouvelle musique, en réaction au modèle anglo-saxon dominant. En RFA, ce fut, en particulier sous l’influence de KarlHeinz Stockhausen, l’apparition à la fois du Krautrock et de la Kosmische Musiek et, au Japon, d’un courant qui allait poser les bases de la noise music. Qui plus est, certains musiciens importants de ces scènes vivaient dans une grande proximité, pas seulement intellectuelle, avec les organisations contestataires (en RFA, le groupe Ton Stein Sherden était très proche de la RAF et développait une forme d’agitrock contestataire ; au Japon, le bassiste des Rallizes Dénudés participa à un détournement d’avion perpétré par l’Armée Rouge japonaise). L’Italie, quant à elle, se caractérisa d’avantage par des chansons à texte, au contenu parfois très engagé. La musique composée pour le spectacle est une relecture de ces musiques expérimentales, superposée à des chants révolutionnaires de référence. Elle est interprétée en direct par deux musiciens (synthèse modulaire, effets, guitares électriques, voix), rejoints par les comédiens, qui chantent et jouent de guitares et de basses.

scénographie et images L’élément principal de la scénographie est un mur lumineux constitué d’un assemblage de boîtes de leds. L’idée du mur s’impose comme ce qui se dresse, vous empêchant d’avancer, ce contre quoi on se heurte et donc ce qu’il y a à détruire. C’est aussi le mur que chacun érige pour soi-même, qui, en vous aveuglant, engendre ses propres limites. C’est le mur de nos projections et de nos désillusions, en constante évolution.

Un mur de 8,80x4,40m, qui, dans le spectacle, peut à la fois être réceptacle (tel un écran) d’une projection vidéo HD (provenant de la face du plateau) et devenir la projection elle-même, grâce à un système qui consiste à envoyer aux plaques de leds qui composent le mur un flux vidéo traduit alors en autant de pixels qu’il y a de plaques (800 = 40x20px). Une alternance entre une image tangible et une image incertaine, parce que fortement pixelisée, ou une image hypnotique comme peuvent l’être les compositions cinétiques qui jouent des rapports de formes et de couleurs - autant d’allers et de retours entre différents états de perceptions. Comme il s’agit de deux sources différentes (de face et à l’intérieur), le tangible peut tout aussi bien rencontrer l’incertain ou l’hypnotique, en se superposant et se mélangeant. Le statut de l’image se déplace entre fixations mnésiques (extraits d’archives des années 70), incursion dans le réel (le « ici et maintenant » de la représentation donné à voir en direct) et espace sensoriel (animations de leds et déformations). Il tend à restituer le caractère instable, changeant, de notre perception de l’Histoire, la vision d’un réel multiple et insaisissable.

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« L’écran est plan, mais permettant le mouvement, il est aussi espace, il n’a donc pas deux mais quatre dimensions ». (Vasarely). Aussi fixe et imposant que soit le mur, il devient, grâce à son utilisation, un élément central mouvant. Centre nerveux du spectacle il est connecté avec tous les autres médias : avec la musique et le son qui peuvent le faire vibrer, moduler, s’embraser ou changer de couleurs ; avec la lumière qui l’augmente ou le soustraie ; avec les acteurs qui, depuis le plateau, modifient son aspect. Pour ce faire, toutes les entités engagées dans l’écriture du spectacle sont synchronisées et peuvent à loisir influer le comportement de l’autre dans l’idée d’une « dramatoolgie » où tous les médias participent à l’écriture générale du plateau.

Des caisses en bois montées sur roulettes (conçues pour ranger le mur) sont utilisées tout au long du spectacle comme sièges, véhicules, table, cellules de prison, couches. En bois brut, elles rappellent les caisses qui servent à transporter des armes ou plus métaphoriquement les caisses de l’Histoire qu’il est parfois nécessaire de fracturer pour exhumer le passé. Au centre du plateau, un rectangle de moquette grise délimite une ère de jeu tel un ring.

reconstitution d’attentats Le spectacle donne à voir quatre reconstitutions d’attentats, traités à chaque fois de façon différente afin d’explorer plusieurs déclinaisons de spectacularité et de rendre l’idée d’un « jeu » dont la nature changerait mais pas les règles. Comment représenter la violence sur scène ? Comment trouver une façon décalée et distanciée de la mettre en scène, voire de la traiter avec humour ?1. mélange de reconstitution scénique et de séquences filmées, effets spéciaux2. incrustation en direct de personnages dans un paysage animé, tournage et montage en direct 3. théâtre d’objets : maquette miniaturisée, animée en direct par les comédiens, filmée et retransmise en vidéo4. séquence de jeu vidéo interactive jouée en direct par les comédiens

costumes

La fin des années 60 et les années 70 ont été une révolte pour la mode s’opposant aux normes. Les femmes ont soudain eu tous les droits, les hommes quant à eux se sont féminisés. En haute couture, trois créateurs majeurs ont secoué les crinolines et influencé la mode de la rue presque en même temps : Courrèges, Paco Rabanne et Yves Saint Laurent. Les militants ont chacun leur silhouette qui emprunte à la mode de ces années-là et déclinent des accessoires pour se métamorphoser en un clin d’œil (blouse, survêtement, k-way, masques, cagoules…). Les attributs du révolutionnaire sont les armes, les perruques, les lunettes noires, les sacs, les livres, les roses et les drapeaux rouges. Des peaux de bêtes rappellent l’esthétique hippie, des laisses et des gamelles signifient leur transformation en chiens.

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biographies : 6 militants + 1 enfant clandestin

Japon / Fusako Shigenobu Née en 1945 dans une famille peu aisée, elle travaille dans les bureaux d’une usine de soja puis hôtesse dans un bar. Inscrite aux cours du soir d’Histoire de l’université Meiji, elle se joint au mouvement étudiant. Elle participe à la protestation contre la Guerre au Vietnam, s’engage dans les Gardes Rouges (branche maoïste du Bundo) puis dans l’Armée Rouge, dont elle prend le commandement de la faction internationaliste. Elle quitte le Japon pour le Liban, rejoindre le Front pour la Libération de la Palestine et y installer le QG de l’Armée Rouge. Sur place, elle aide les réalisateurs Koji Wakamatsu et Masao Adachi à réaliser un film sur la lutte armée. Au sein de l’Armée Rouge Japonaise, elle orchestre de nombreux attentats à travers le monde et apporte son aide à d’autres mouvements révolutionnaires, jusqu’à son arrestation en 2000 au Japon où elle est retournée s’installer. Elle est condamnée à 20 ans de réclusion. Elle purge sa peine dans un hôpital prison pour détenus près de Tokyo.

Kozo Okamoto Né en 1949, il étudie à l’université agricole de Kagoshima. Son père est directeur d’école. Il est fortement impressionné par son frère Takeshi qui participe au détournement de l’avion Yodo pour le compte de l’Armée Rouge Unifiée. Recruté par l’Armée Rouge, il suit un entraînement militaire dans un camp d’entraînement du Front de Libération pour la Palestine au Liban. C’est un des trois responsables de l’opération suicide à l’aéroport de Lod Tel-Aviv du 31 mai 1972 dont le bilan s’élève à 26 morts et 72 blessés, la grenade qu’il doit retourner contre lui n’explose pas. Arrêté, il passe 13 ans dans les prisons israéliennes, avant d’être relâché à la faveur d’un échange de prisonniers et de trouver refuge au Liban. Arrêté avec quatre autres camarades par les autorités libanaises pour entrée illégale sur le territoire et usage de faux passeport, il est le seul à ne pas être extradé au Japon et à être naturalisé. Considéré comme un héros par le monde arabe, ses conditions d’enfermement l’ont rendu fou. Il vit à Beyrouth.

May (Mei) ShigenobuNé en 1973 au Liban, fille de Fusako Shugenobu et d’un membre du Front pour la Libération de la Palestine, elle grandit au Liban et dans d’autres pays arabes sans papiers officiels durant 28 ans. Élevée par des familles amies, elle change régulièrement de domicile et d’identité et vit une enfance privée d’exposition publique. Après l’arrestation de sa mère en 2000, elle obtient la nationalité japonaise et découvre enfin le Japon, un pays dont elle ne connaît que la langue. Titulaire d’un doctorat sur le développement des médias arabes et l’effet des réseaux satellites, elle vit à Tokyo et travaille comme journaliste spécialiste du Moyen-Orient pour la TV.

Allemagne / Andreas Baader Né en 1943 en RFA, il multiplie les petits boulots et les passages en prison pour conduite sans permis et vol de voiture. Il se lie au mouvement étudiant et met le feu avec sa compagne, Gudrun Esslin, à deux grands magasins de Francfort pour protester contre la guerre du Vietnam. Condamnés à 3 ans de détention, ils prennent la fuite en France et en Italie. À son retour, appréhendé à un contrôle routier, Baader est arrêté ; sa libération marque la naissance de la RAF et le choix de la lutte armée. Il suit un entraînement dans un camp du Front de Libération pour la Palestine en Jordanie. Après la série d’attentats effectués par le groupe en mai 1972, il est arrêté le 1er juin 1972 et détenu à la prison de Stammheim, où se déroule le procès des membres fondateurs de la RAF. Le 28 avril 1977, il est condamné à la prison à vie. Le 18 octobre 1977, Baader et son camarade Raspe sont retrouvés dans leur cellule, morts d’une blessure par balle, et, Esslin, pendue avec du fil électrique. Beaucoup penchent pour l’assassinat politique.

Ulrike MeinhofNée en 1934 dans une famille protestante, elle milite très tôt contre le réarmement de l’Allemagne, l’arme atomique, la guerre du Vietnam, au sein de la ligue des étudiants socialistes (SDS), du parti communiste illégal (KPD), puis à l’opposition extra parlementaire. Journaliste de gauche radicale, personnalité appréciée, elle écrit pour le journal Konkret et travaille pour la TV et la radio. Elle participe à la libération d’Andréas Baader, devenant une des membres fondatrices de la RAF et sa principale théoricienne. Mère de deux jumelles, elle les abandonne pour s’entraîner dans un camp du Front pour la Libération de la Palestine en Jordanie. Après la série d’attentats perpétrés par la RAF en mai 1972, elle est arrêtée le 14 juin 1972. Lors de son incarcération, elle est soumise pendant de nombreux mois à la privation sensorielle.

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Jugée à la prison de Stammheim, elle est découverte pendue aux barreaux de sa cellule. Nombreux récusent la thèse du suicide et mettent en place une commission d’enquête internationale sur sa mort.

Italie / Margherita [Mara] CagolNée en 1945, dans une famille catholique bourgeoise de Trente, elle reçoit une éducation stricte. Elle étudie la sociologie à l’Université de Trente où elle rencontre son futur mari, Renato Curcio, et rejoint le mouvement étudiant. Elle s’établit à Milan, adopte la lutte armée et fonde avec Renato Curcio et Alberto Franceschini les Brigades Rouges, dont elle est l’une des principales activistes, participant à la majorité des opérations. Après Milan, elle passe dans la clandestinité et opère à Turin, à la Fiat, recrutant de nouveaux membres et dirigeant des exactions : propagande armée, sabotages et séquestrations d’hommes à des postes-clé. Elle orchestre avec succès en 1974 la libération de son mari de la prison de Casale Monferrato, en pénétrant avec une arme dans l’établissement. Lors de la prise d’otage de l’industriel Vittorio Gancia, elle est tuée à bout portant par les carabiniers le 5 juin 1975, devenant un symbole de la lutte révolutionnaire et la première brigadiste à trouver la mort.

Renato Curcio Né en 1941 dans un milieu modeste, destiné à travailler en usine, il choisit de suivre des études en sociologie à Trente où il devient l’un des leaders du mouvement étudiant et pose les bases d’une université négative. D’obédience maoïste, il prône le rapprochement avec les ouvriers et les jeunes travailleurs. Il fonde avec d’autres le Collectif Prolétaire Métropolitain, puis avec les plus radicaux, enclins à la lutte armée, la Gauche Prolétarienne, La Nouvelle résistance et enfin les Brigades Rouges, dont il est le théoricien des premières années. Il agit à Milan, puis à Turin, à la Fiat. Arrêté une première fois en 1974 grâce à une opération d’infiltration destinée à démanteler l’organisation, il est libéré en 1975 par sa femme, Margherita Cagol, de la prison de Casale Monferrato. De nouveau arrêté le 18 janvier 1976, il est condamné à 31 ans de détention. Une autre page de l’histoire des Brigades Rouges s’ouvre. Libéré en 1998, il fonde une coopérative éditoriale en sciences humaines. Il n’est ni dissocié, ni repenti.

sources d’inspirationMes sources d’inspiration sont extrêmement diverses et se déclinent en cercles concentriques. Je me suis promenée à l’intérieur de ces cercles et j’ai pioché ici et là, assemblé une à une des pièces pour constituer cet objet spectaculaire.

Le premier cercle est celui qui tourne autour des militants : leurs prises de paroles, leurs écrits, leurs témoignages et leurs photographies pendant et après. Puis ce qui les relate : les témoignages des proches et des camarades quelles que soient leurs formes (écrits, sonores, filmiques), les articles de journaux de l’époque, les manifestes et les communiqués politiques. Et, enfin, ce qui les met en jeu de façon fantasmagorique : des inspirations libres mais très proches du document (romans, poèmes, pièces de théâtre, films, œuvres d’art, œuvres musicales), comme, par exemple, le dernier livre de Alban Lefranc, Si les bouches se ferment, la série de tableaux de Gerhard Richter sur la RAF.

Il y a bien sûr toute une production de référence sur la période, sur le phénomène « 68 », sur la lutte armée, sur le terrorisme, sur la RAF, sur les Brigades Rouges, sur l’Armée Rouge Japonaise ; et puis encore d’autres témoignages, d’autres militants, d’autres organisations qui ont fait le choix ou presque de la lutte armée.

Je citerai, ne serait-ce que pour le cinéma, Adachi et Wakamatsu, Fassbinder, Schlondorff et Von Trotta, Godard, Chris Marker, Costa Gavras, Roman Goupil et Marin Karmitz, Giordana et Spielberg. Ou encore le très pratique Manuel de guérilla urbaine de Carlos Marighella. Sans oublier les fondamentaux révolutionnaires, ceux qu’on a coutume de citer sans jamais les lire comme Mao, Fanon ou le Che. Ici aucune lecture exhaustive, mais une approche un peu plus affûtée.

Concernant des médias en particulier mis en jeu dans le spectacle, je parlerai pour la marionnette du travail des collectifs Faulty Optic et Hôtel Modern, pour le jeu vidéo du terrible Call of Duty. La musique regarde fortement vers la noise, le krautrock, l’agitrock, le rock expérimental et un peu de chant révolutionnaire. La vidéo va chercher du côté des vieux JT et génériques d’émission TV, des avis de recherche, des visuels révolutionnaires, des trucages utilisés au cinéma comme l’incrustation, de l’animation. Quand les images se font lumière, elles puisent dans les œuvres du Bauhaus, dans l’art cinétique, chez Rothko, Malevitch, James Turell, Eric Orr, John Maeda ou Kendell Geers.

Pour le personnage de l’enfant, j’ai emprunté à Zazie dans le métro (autant à celle de Queneau que celle de Malle), à la gymnaste Olga Korbut, médaillée d’or aux JO de Munich, aux Pussy Riot et à tous les enfants dont l’existence fut clandestine du fait de l’activité révolutionnaire de leurs parents.

Et puis pêle-mêle : Mounir Fatmi, Hasan Elahi, Oleg Koulik, Nam June Paik, Patrick Bouvet, Nanni Balestrini, Ivan Viripaev, Mikhaïl Kalachnikov et la manga Ashita No Joe…Impossible d’être exhaustive, il y en a beaucoup d’autres.

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biographies de l’équipeJudith Depaule - mise en scène Écrit une thèse sur le théâtre dans les camps staliniens. Au théâtre, collabore avec les collectifs Sentimental Bourreau (théâtre musical : Strip et boniments, Les carabiniers, La grande charge hystérique, Va-t’en chercher le bonheur et ne reviens pas les mains vides), Aglaée Solex (théâtre & vidéo : Incidences, Accrochez-moi), assiste Robert Cantarella et Oleg Matveev, joue avec Pascal Rambert, Jacques Vincey, Eva Doumbia, Arnold Pasquier, traduit du russe pour Yves Beaunesne, Bernard Sobel, Alain Fourneau, Ivan Viripaev, Irène Bonnaud. Conçoit avec les Alternateurs Volants Illuminations (exposition-spectacle). Fonde Mabel Octobre en 2001 : Desesperanto (spectacle interactif multimédia) ; Matériau Goulag (lecture, concert) ; Qui ne travaille pas ne mange pas (revue de théâtre au Goulag) ; Ce que j’ai vu et appris au Goulag d’après des entretiens de Jacques Rossi (exercice de mémoire) ; La Folie de Janus de Sylvie Dyclo-Pomos (hommage aux disparus du Beach) ; Qui a tué Ibrahim Akef ? (rêve de danse orientale) ; Vous en rêvez (Youri l’a fait) - chronique épique du premier homme cosmique ; Corps de femme 1 - le marteau d’après l’histoire de Kamila Skolimowska (championne olympique) ; Même pas morte - histoire d’une enfant de la guerre ; Oxygène d’Ivan Viripaev ; Corps de femme 2 - le ballon ovale d’après des portraits de joueuses ; Le risque zéro, ça n’existe pas d’après In Situ de Patrick Bouvet ; Corps de femme 3 - les haltères d’après le témoignage de Nurcan Taylan (championne du monde d’haltérophilie) ; Civilisation XX, exposition-spectacle ; Je suis moi, spectacle pour appartement ; Année zéro, d’après Blackout de Nanni Balestrini ; Les enfants de la terreur, le choix de la lutte armée ; Corps de femme - sportives suisses, film ; Les siècles obscurs, concert-performance ; La bonne distance, théâtre à domicile ; La guerre de mon père. Lauréate de la Villa Médicis Hors les murs.

Aude Schmitter - assistanat à la mise en scène Formée à l’ERAC, elle y travaille sous la direction de Youri Progrenitchko, Valérie Dréville, Charlotte Clamens, Hubert Colas, Béatrice Houplain, Nikolaus Maria Holz. Son premier texte, L’écrit silencieux, est m. e. s. en 2006 par Laya Ulrich. Assistante à la mise en scène de Mireille Guerre au théâtre des Bernardines sur Agamemnon d’Eschyle, en février 2012. Titulaire d’un master à la faculté d’Aix en Provence autour de la question des nouvelles écritures et de la place du texte dans le théâtre français d’aujourd’hui. Elle joue aux côtés de Judith Depaule (Corps de femme 2 - le ballon oral), Marie Lelardoux et Hubert Colas.

Paul Grivas - collaboration artistique Directeur technique à la Quinzaine des Réalisateurs (Festival de Cannes). Réalisateur video (Angahuan, la Multiplicité des possibles), photographe et assistant sur des longs métrages (La Reine de la nuit de Ripstein, Le Cercle parfait de Kenovic, Notre musique et Film socialisme, de Godard) et un court métrage (Les trois désastres de Godard).

Tanguy Nédélec - direction techniqueUn parcours d’études éclectique entre cinéma, germanistique et sciences sociales le mène finalement au théâtre. De 1999 à 2006, parallèlement à un apprentissage comme machiniste accessoiriste puis régisseur de scène à la Comédie Française, il concourt au développement d’une friche artistique rennaise, Les Ateliers du Vent. Outre un travail de régie, il est aussi scénographe au théâtre pour Benoît Sicat, Natascha Rudolf, Luc Jaminet, et sur des expositions pour « Périscopage », les rencontres de BD indépendante de Rennes. Il participe à la création du collectif « L’impossible, l’autre pas », au sein duquel il initie des rencontres biannuelles artistives et festiques. Il conçoit et réalise, dans le cadre d’expositions collectives, des installations-performances : NRI un mystère d’aujourd’hui, La pommade, Le tardigrade, Vigilance-propreté. De 2008 à 2012, il est régisseur général des laboratoires d’Aubervilliers.

Thomas Pachoud - dispositif vidéo Formé à l’IMAC, depuis longtemps intéressé par le lien entre programmation graphique, multimédia et arts numériques, et plus particulièrement aux systèmes d’interaction et à l’image dans l’espace et le temps réels. Découvre le spectacle vivant au cours de son stage de 2e année d’IMAC au Cube, avec la programmation d’un aibo (robot chien) pour Vous en rêvez (Youri, l’a fait) de Judith Depaule, collabore aussi sur La Folie de Janus, Même pas morte et Le Risque zéro, ça n’existe pas. Travaille également avec la plateforme didascalie.net, les compagnies Incidents Mémorables (Les révélations d’une ombre), Blanca Li (Le Jardin des délices, Robots), Garry Stewart (Proximity), Mobilis Immobilis, les ballets du Rhin, les plasticiennes Rossella Piccinno et Félicie D’Estienne D’Orves (Supernova), le musicien Ezra. Anime des ateliers sur l’interactivité au Batofar.

Martin Rossi - dispositif scénographique A suivi une formation de musicien, pianiste et contrebassiste (conservatoire de Lille 59), avant d’être éclairagiste et régisseur technique dans une salle du réseau FEDUROK. Rencontre les SayagJazzMachine, devient créateur lumière et est en charge du dispositif informatique pour la vidéo et la lumière. Devient de manière autodidacte programmeur MaxMSP Jjtter. Gère sa société de création et développement d’œuvres numériques, le COLLECTIF OR NORMES et met également en place des projets pédagogiques autour du numérique. A déjà collaboré avec Judith Depaule sur Même pas morte et Corps de femme.

Bruno Pocheron - lumièresVit à Berlin. Après des études aux Beaux Arts de Dijon, travaille comme régisseur pour divers lieux et festivals. Depuis 1996, directeur technique, éclairagiste, scénographe ou performer aux côtés de Christine De Smedt (9 times 9), Judith Depaule (Illuminations, Accrochez-moi, Vous en rêvez - Youri l’a fait, Corps de femme 1,2,3), Lilia Mestre et Davis Freeman (Untitle Me, Too Shy To Stare), Mette Edvardsen (Standing People), Felix Ruckert (Hautnah, Krapplack, Deluxe Joy Pilot), Isabelle Schad (The Better You Look The More You See, Good Work series), Xavier Le Roy (Projet, Le Sacre du Printemps), Eszter Salamon (Reproduction), Marten Spangberg (Powered By Emotion), Alice Chauchat et Anne Juren (J’aime), Alice Chauchat et Alix Eynaudi (Crystalll), Lito Walkey (The Missing Dance n°7), Akemi Takeya (Feeler), Alix Eynaudi (Supernaturel). Initie avec Isabelle Schad et Ben Andersen la structure Good Work, rassemblement d’artistes autour de 5 pièces : California Roll, White Trash, Revolver, Leistung et Still Lives.

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Julien Fezans - sonAprès des études en image et son à l’Université de Brest, il développe aux côtés de Daniel Courville à l’Université du Québec à Montréal des outils permettant de traiter le format ambisonique. Il travaille en tant que chef opérateur et assistant son en fiction et documentaire. Il participe en tant qu’ingénieur du son ou créateur son à des projets de théâtre aux côtés de Clara Chabalier/Les Ex-citants, Elzbiéta Jeznach/Miettes de spectacles, Judith Depaule/Mabel Octobre, Jacques Dor/Désordre alphabétique, Noëlle Keruzoré/Dellie Compagnie, Sarah Oppenheim/Le Bal Rebondissant, Katia Ponomareva/L’Ensemble à Nouveau, pour la radio avec le festival Longueur d’Ondes de Brest et au sein de l’équipe de 37.2, émission diffusée sur Radio Campus Paris. Participe au groupe de recherche Gangplank.

Eryck Abecassis - musiqueAprès s’être intéressé à la photographie et au cinéma, il suit des études d’écritures d’harmonie et de contrepoint et s’intéresse aux ateliers de recherches instrumentales de l’Ircam. Ses nombreuses collaborations qui le mènent de la scène au cinéma, en passant par le théâtre de rue, ont pour conséquences le développement d’un style en marge des courants traditionnels et d’une certaine forme «contemporaine» établie - un regard nourri d’autres pratiques, écoutes, habitudes de représentations et le refus d’un certain académisme moderne. Sa recherche, depuis deux années se nourrie d’un interêt croissant pour la «noise music», tant au niveau compositionnel, qu’instrumental (hybridation d’instruments et synthèse sonore). Son travail s’oriente aussi vers les espaces publics, avec le souci constant du renouvellement des habitudes d’écoutes et des formes de repésentations. Ce travail peut prendre divers formes, parcours, performances, installation, opéra, et a pour visée la transformation du spectateur en un véritable habitant musical de l’oeuvre. Il a composé de nombreuses musiques de films, dont «Hava Ane Dey» de Partho Sen Gupta. Sa carrière de musicien electronique soliste l’emmène aussi dans de nombreux pays. Il est actuellement membre des groupes Kernel (laptop trio) et PiR (percussion / computer) et a obtenu des commandes de Radio-France, du Gmem, de Grame, de l’Ina-Grm, de l’État, de l’EMS Stockholm... Ses pièces ont été jouées par des ensembles comme Accroche-note, 2e2m, le trio Aller-Retour, Insieme, L’Octuor de violoncelle, le trio Èquinoxe, l’ensemble Fa, L’EOC, le Quatuor Diotima, Kernel, Ars Nova...

Julien Jourdain de Muizon - animation Diplomé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, travaille comme réalisateur, animateur, graphiste fx et story-boarder de dessins animés, films, clips et publicités en 2D, stop-motion, live, pixilation, marionnette, mix-media (Partizan, Mikrors, Image, Givenchy, Pernod-Ricard, Kit-Kat, Playstation, Vendôme Luxury, Elephanz…). Occasionnellement, performe dans des films et pubs (Givenchy, « Frictions »…).

Laetitia Labre - maquetteFormée à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts de la marionnette. Elle joue avec Polina Borisova (Je suis ce que je vois), Aurélia Ivan (Cie Tsara - La Chair de l’homme de Valère Novarina), Patrick Masset (T1J – L’Enfant Qui...), la Cie Ches panses vertes (Ni Bleu Ni blouse), la Cie Les Yeux Creux (Ici Ailleurs ou Autre-Part, Mamm Gozh et La Maison des Morts de Philippe Minyana). En 2010, elle met en scène son premier spectacle en compagnonnage avec la Cie Pupella-Noguès au centre ODRADEK : La Tendre Humanité et autres contes et légendes caillouteux. Elle explore le domaine du cinéma d’animation aux travers de contes décalés. Membre du Collectif Grand Réservoir (7e promotion de l’ESNAM et associés).

Tamara Milla-Vigo - travail corporel Danseuse interprète dans différentes compagnies de danse contemporaine, intègre la Cie Peru Andino (danses traditionnelles du Pérou). Certifiée « éducatrice somatique par le mouvement » par The School of Body-Mind Centering® en France, elle intervient comme pédagogue dans différentes structures et donne des cours. Travaille pour des metteurs en scène et des chorégraphes.

Mell - guitare électrique et chantAuteure-compositrice-interprète et guitariste, navigue entre la chanson, le punk et le rock n’roll. En 2001, elle rencontre Nathalie Sibille à la batterie, Fabien Pilard à la basse, Gilles Feyer à la trompette et Guillaume Lebowski au trombone et au tuba. Repérée par le label nancéien A.N.D music (Les Double Nelson, Les Amis de ta femme...) en 2002. Après Mon pied en pleine face (2003) et Voiture à pédales plus aiguisé, plus rock (2005). Gagne le prix Félix Leclerc et une programmation aux FrancoFolies de Montréal. En 2007, elle change de label et atterrit chez Mon Slip. En 2008, elle sort Western Spaghetti et, en 2011, Relation Cheap. Elle a travaillé avec Toby Dammit (batteur d’Iggy Pop, des Swans ou de The Residents, Kid Congo (The Gun Club, The Cramps, Nick Cave) et Randy Twigg. Elle tourne en solo avec boîtes à rythmes et divers bazars.

Baptiste Amann - jeu Formé à l’ERAC (2004-2007), il a eu l’occasion de travailler en tant qu’acteur avec Jean-Pierre Vincent, Anne Alvaro, David Lescot, Hubert Colas, Daniel Danis, William Nadylam, Antoine Bourseiller, Bruno Fressinet, Olivier Brunhes, Jean-François Peyret, Linda Blanchet, L’Irmar (Institut des Recherches Menant à Rien). Cofondateurs de l’Outil, plateforme de production implantée à Dijon, qu’il co-dirige avec Solal Bouloudnine, Victor Lenoble et Olivier Veillon. Il écrit pour le théâtre et pour la revue Feuilleton. Il a mis en scène deux spectacles : un de ses textes Les anthropophages à la Maison du Comédien à Alloue (2008), et Toute une vie, d’après Jan Zabrana, Chaillot (2010). Il prépare la mise en scène de son nouveau texte Des territoires pour la saison 2014-2015. Il tourne au cinéma sous la direction de Karim Dridi, Antoine De Caunes, Laurent Teyssier, Phillippe Lefèbvre, Christophe Lamotte…

David Botbol - jeu Formé au Conservatoire de Bordeaux et à l’Ecole du TNB où il travaille avec Stanislas Nordey, Claude Regy, Jean-Christophe Saïs, Eric Didry, Nadia Xerry L. À sa sortie de l’Ecole, il rencontre Eric Lacascade, qu’il assiste dans la mise en scène des Estivants, puis sur Tartuffe, où il est aussi comédien. Il joue sous la direction de Nadia Xerry L. (L’instinct de l’instant), de Stanislas Nordey (399

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secondes de Fabrice Melquiot) et d’Ivica Buljan (Sallinger de B-M Koltes). Il travaille avec le Nimis Groupe en Belgique, qui regroupe des acteurs du TNB et de l’École supérieure d’acteur de Liège, à un spectacle sur les politiques migratoires européennes. Il collabore avec les éditions du Seuil à des lectures publiques dans le domaine de la philosophie et de la poésie.

Marie Félix - jeu Formée à l’EPSAD, elle joue sous la direction de Monique Hervouët (Le Nom de J. Fosse), Stuart Seide (Hamlet de W. Shakespeare), Frédéric Laforgue (La Dispute de Marivaux, So Young, So Blond and So Confuse de Gerda Dendooven et Scenomix), Julie Brochen (Juste La Fin Du Monde de J-L. Lagarce), Marion Laboulais (Violence de D-G. Gabily), Charlotte Bucharles (Agatha de M. Duras), Sébastien Amblard (Quand Les Fous Affolent La Mort, textes de G. Luca). Au cinéma, elle joue sous la direction de Xavier Giannoli (À l’origine), Arnaud et Jean-Marie Larrieu, Éléonore Faucher (Brodeuse), Claire Doyon (Les Lionceaux), Alain Guiraudie (Voici Venu Le Temps) et avec O. Langlois et Thierry Binisty pour la télévision.

Jonathan Heckel - jeuFormé au Studio Théâtre d’Asnières et à l’EPSAD. Acteur permanent au Théâtre du Nord de 2006 à 2011, il joue dans des mises en scène de Stuart Seide (Hamlet(s), Dommage qu’elle soit une putain de Ford, Hijra d’Hash Kotak, Alice etc... de Dario Fo et Franca Rame, Mary Stuart de Schiller, Au bois lacté de Dylan Thomas, Fracture de Linda Mc Lean. Avec le collectif d’acteurs du Théâtre du Nord, il travaille avec les artistes associés (Les amoureux de Goldoni m. e. s. de Gloria Paris, Si j’avais su j’aurais fait des chiens de Stanislas Cotton m. e. s. de Vincent Goethals, petites formes et lectures avec Laurent Hatat. Il met en scène une série de Chantiers d’acteurs et joue dans Stop the tempo de Gianina Carbunariu m. e. s. par Caroline Mounier. Il s’implique dans « Un festival à Villeréal » avec les collectifs « Vous êtes ici » et « La vie brève ». Il crée la compagnie « Théâtre avide » et signe Modeste proposition. Judith Morisseau - jeu Formée à l’ENSATT puis à l’Ecole du TNS (groupe 34). Elle joue avec Judith Depaule (Qui ne travaille pas ne mange pas, Vous en rêvez (Youri l’a fait)), Aurélia Guillet (Paysage sous surveillance d’après Muller, Penthésilée Paysage d’après Muller et Kleist, La maison brûlée de Strindberg, Déjà là d’Arnaud Michniak), Julie Brochen (Histoire vraie de la Périchole d’après Offenbach, La cérisaie de Tchékhov), Claude Duparfait (Titanica de Sébastien Harrison et Claude Duparfait), Antoinre Gyndt (Kafka Fragments de Kurtag), Caroline Giéla et Alexandre Plank (Andromaque de Racine), Christian Benedetti (La Mouette et Oncle Vania de Tchekhov), Célie Pauthe (Train de nuit pour Bolina de Nilo Cruz, Aglavaine et Sélysette de Maeterlinck). Au cinéma, elle tourne dans La Cerisaie à partir du spectacle de Brochen réalisé par Alexandre Gavras ; à la télévision, dans Le Reste du monde de Damien Oudoul.

Anne-Sophie Sterck - jeu Après des études de lettres modernes à l’Université de Bordeaux, elle entre à l’École du TNB. Pendant sa formation, elle participe aux ateliers donnés à la prison des femmes de Rennes et joue dans 7 secondes de Falk Richter m. e. s. par Stanislas Nordey. Elle travaille notamment avec Bruno Meyssat (Le Monde Extérieur (Macondo 252), Charlotte Bucharles (Un Jour en été de Jon Fosse) et Pierre Sarzacq (Meaning(s) et Bip). Elle est membre du Nimis Groupe, un collectif d’acteurs franco-belges réuni autour de la question des politiques migratoires européennes. Elle participe à la création de Blé de la Clinic Orgasm Society et joue dans Petit Eyolf d’Ibsen, adapté et m. e. s par Jonathan Châtel.

Cécile Fradet - acrobatieFormée à l’école de cirque de Châtellerault, à l’école de Lomme, elle se spécialise dans l’acrobatie au sol. Elle poursuit son parcours à l’école de cirque du Lido à Toulouse. Elle travaille au croisement de l’acrobatie et la danse, du mouvement et du théâtre, de l’émotion et de l’action. Suite à sa rencontre avec Charles Rousseau, elle crée la Compagnie Le Biphasé ainsi qu’un premier spectacle Zirbut’.Elle participe à la création de Resistere, m. e. s. par Juliette Plumecocq-Mech et le chorégraphe Gilles Baron, puis intègre la Compagnie 111 avec le spectacle Géométrie de caoutchouc, m. e. s. par Aurélien Bori. Elle pratique la danse contemporaine et la capoeira. Elle prépare un solo acrobatique, Crachat.

Fanny Bugnon - consultation en Histoire Docteure en histoire, travaille sur les représentations de la violence politique à l’époque contemporaine. Marqués par l’interdisciplinarité, ses travaux portent sur la conflictualité politique dans le dernier tiers du XXe siècle, du point de vue sexué, empruntant à l’histoire des femmes et du genre, à l’analyse des médias et à la science politique. Elle est secrétaire de rédaction de Musea, le musée virtuel d’histoire des femmes et du genre.

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09.11.2014 PRESS

Spectacle multimédia de Judith DepauleCelles et ceux qui, dans le sillage de 1968, choisirent la lutte armée au sein de la Fraction armée rouge (RAF), des Brigades rouges et de l’Armée rouge japonaise... Un spectacle sur l’histoire de six militants, avec focus sur l’année 72, année du passage à l’acte pour ces trois organisations et de la prise d’otage aux JO de Munich.

Ces enfants, qui nous racontent leurs désirs, leurs rapport à la mort, leur vision de la révolution, et qui voulait à juste titre combattre l’impérialisme américain au Vietnam ou encore soutenir le peuple palestinien, sombrèrent peu à peu dans un terrorisme aveugle et surtout se coupèrent de plus en plus des travailleurs. Même dans leur langage, dans leurs mots (le texte reprend et retravaille remarquablement la parole de ces militants), la césure est flagrante.Les années 60/70 sont aussi celles de la révolution des corps (Marcuse), et la chorégraphie de ce spectacle tend à rendre hommage à cette libération corporelle des carcans bourgeois. La violence de l’incarcération et de la répression policière y est jouée justement et est scénographiquement très forte. La musique est aussi une plongée dans l’univers Krautrock qui apparaît alors en Allemagne et tente de bousculer le rock traditionnel.

Une résonance actuellePar sa beauté et les émotions qu’il procure, ce spectacle (musique, danse, vidéo, modélisme et même jeu vidéo) nous transmet le caractère romantique de l’engagement de ces militants révolutionnaires sans révolutions. Cette imagerie romantique, aussi belle soit-elle, aussi remarquablement proposée ici, ne doit pas nous faire oublier que la révolution ne se fera pas au nom des travailleurs, qu’elle sera l’œuvre des travailleurs eux-même.Ce spectacle trouve par ailleurs une résonance actuelle dans cette période de répression policière, d’agres-sions militaires impérialistes, de colonisation et d’occupation en Palestine, qui nous rappellent tous les jours que le combat pour l’émancipation de la classe ouvrière n’est pas terminé.

Kevin Rennes

LIEN : https://npa2009.org/idees/theatre-les-enfants-de-la-terreur

Crédit : DR

articles de presse

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11.11.2014

Le terrorisme à l’épreuve de la scène

Judith Depaule n’est pas une inconnue dans la saison. Après avoir étudié le russe et fait une thèse sur le théâtre dans les camps staliniens, elle a créé un spectacle inspiré par ses recherches : Qui ne travaille pas ne mange pas (en 2004). Puis elle a travaillé sur la question du genre, en s’intéressant aux femmes dans le sport. Il en est né une trilogie théâtrale, Corps de femmes (2008-2011).

Aujourd’hui, Judith Depaule passe à un autre sujet, sans quitter le registre politique engagé qui la caractérise : le terrorisme des années 1970. Son spectacle s’appelle Les Enfants de la terreur, et il est présenté dans le cadre du festival Mettre en scène, organisé par le Théâtre national de Bretagne, qui offre chaque année, en novembre, des découvertes et des retrouvailles. Judith Depaule y trouve naturellement sa place, parce qu’elle est à part, en tout cas hors des modes. Elle fait ce qu’elle juge bon de faire, et il semble que rien ne puisse l’en détourner.

Violences extrêmes

La voilà donc sur la trace des années 1970, qu’elle est trop jeune pour avoir activement vécues : née en 1968, elle était enfant quand, en Allemagne, avec la Fraction armée rouge, en Italie, avec les Brigades rouges, et au Japon, avec l’Armée rouge japonaise, des mouvements révolutionnaires ont décidé de passer à la lutte armée. On sait ce qu’il en advint : des attentats, des enlèvements, des meurtres. Une violence extrême, en réponse à une violence jugée extrême par les terroristes, issus d’une génération marquée par la seconde guerre mondiale, insurgés contre des Etats considérés comme policiers, révoltés par les guerres provoquées par l’impérialisme, et farouchement liés à la cause palestinienne.Le spectacle de Judith Depaule s’organise autour de six figures marquantes : Fusako Shigenobu et Kozo Okamoto pour le Japon, Andreas Baader et Ulrike Meinhof pour l’Allemagne, Margherita Cagol et Renato Curcio pour l’Italie. A côté de ces leaders, il y a une enfant, May Shigenobu, la fille que Fusako a eue au Liban, et qui a grandi dans la

Crédit : Camille Richard

PRESS

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LIEN : http://www.lemonde.fr/scenes/article/2014/11/10/cul-11-11-le-terrorisme-a-l-epreuve-de-la-scene_4521225_1654999.html

clandestinité, allant d’un pays à l’autre, parlant à sa mère une fois par mois, au téléphone. Aujourd’hui, elle a 41 ans, et elle est journaliste au Japon, où sa mère, condamnée à vingt ans de réclusion, après son arrestation en 2000, purge sa peine dans une prison des environs de Tokyo. Kozo Okamoto, le camarade de Fusako Shigenobu, est resté au Liban.

Le troisième survivant, Renato Curcio, qui a été définitivement libéré en 1998, après vingt-deux ans de détention, a fondé une coopérative en Italie. Sans rien renier de son passé. Sa femme, Margherita Cagol, a été tuée en 1975, lors d’une prise d’otages. Andreas Baader et Ulrike Meinhof sont morts en prison, en 1976 et 1977. Officiellement, ils se sont suicidés.

Jeu vidéo

Pour raconter ces histoires qui appartiennent à l’Histoire, Judith Depaule s’est sérieusement documentée, comme en témoigne son spectacle, qui est ce que l’on peut appeler du théâtre « patent » : mouvements expressifs, scènes nettes, mots clairs. Tout se passe dans un dispositif simple : une scène vide, de grandes caisses sur le côté, un écran au fond. Quelques détails vestimentaires donnent le ton de l’époque et des nationalités. Les comédiens ne cherchent pas à incarner les « enfants de la terreur » : ils les reproduisent, comme des types, en se tenant à une distance qui les rapprochent de marionnettes ou de personnages de jeux vidéo. C’est d’ailleurs sous cette forme que l’on voit certains attentats, reproduits sur une maquette, qui est filmée en direct. Sinon, les images empruntent aux archives, à un faux journal télévisé ou à un brouillage étudié.

Six acteurs, une acrobate et deux musiciens entrent dans le jeu de Judith Depaule, qui suit un fil chronologique clair. A cela, il n’y a rien à redire : on comprend ce qui se passe. Mais ce qu’on en retient, c’est une autre histoire. Dans sa déclaration d’intention, l’auteure et metteuse en scène écrit que « ces hommes et ces femmes (…), par leur radicalité, cautionnèrent l’irréparable. Produisant l’inverse de ce qu’ils prônaient ». Judith Depaule colle tellement à son sujet qu’elle en vient quasiment à produire l’inverse de ce qu’elle écrit : un attrait pour la violence du terrorisme, dont la mécanique est énoncée, mais les victimes, écartées. Ainsi peut-on, avec les meilleures intentions, s’engouffrer dans un piège. De ce point de vue, Les Enfants de la terreur sont intéressants : ils témoignent de la difficulté à aborder l’Histoire au théâtre.

Brigitte Salino

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La pensée s’envole. Les images se bousculent. Un curieux principe de distraction régit les événements. Comme une dérive en chute libre irradiée de fulgurances, Petits contes d’amour et d’obscurité, dernière création de Lazare présente la texture d’un puzzle dont les éléments en désordre animent un foisonnement luxuriant. Constitué de deux pièces, Les Illisibles et Quelqu’un est Marie, ce spectacle brasse un matériau composite truffé de références – au surréalisme, au cinéma (muet et parlant), au théâtre de Feydeau, à l’enfance – où domine l’impulsion du sentiment amoureux.

Du militantisme à la lutte armée

Présenté à Rennes avant de partir en tournée, ce spectacle est un des temps forts du festival Mettre en Scènes où l’on a pu aussi découvrir Les Enfants de la terreur, création très réussie de Judith Depaule qui revient sur les actions de plusieurs mouvements terroristes à l’aube des années 1970. Qu’il s’agisse de la Fraction armée rouge (RAF) en Allemagne, des Brigades rouges en Italie ou de l’Armée rouge au Japon, la question posée est : comment et pourquoi passe-t-on du militantisme à la lutte armée ? Le spectacle se concentre sur l’année 1972 avec notamment la prise d’otage aux Jeux olympiques de Munich qui se soldera par la mort de onze membres de l’équipe olympique israélienne.

La cohabitation sur le plateau d’acteurs et de musiciens combinée avec une création vidéo, permet d’échapper à l’aspect documentaire et met le spectateur de plain pied avec les protagonistes, dont on partage en quelque sorte l’existence. La musique en particulier donne à cette évocation d’une révolte habitée par des utopies qui aujourd’hui n’ont plus cours une impulsion d’ordre quasi physique. Cela n’est pas le moindre mérite d’un spectacle finement écrit et dirigé.

En apesanteur

D’un tout ordre mais aussi très réussi, Aléas #2 de Chloé Moglia se joue avec beaucoup d’élégance des lois de la pesanteur. A commencer par cette acrobate qui évolue au-dessus du public sur une rampe avec des figures légères pleines de grâce comme si elle flottait en apesanteur. Une fois au sol, elle explique sans le moindre essoufflement quelques notions de physique avant d’être rejointe par des partenaires qui éclairent et mettent en pratique ses propos. Du grand art, précis, subtil, intelligent et géré, là encore, avec beaucoup de finesse.

Hugues Le Tanneur

A Rennes, un festival de fulgurancesPremiers temps forts de cette nouvelle édition de Mettre en scène avec trois créations particulièrement réussies signées Lazare, Judith Depaule et Chloé Moglia.

12.11.2014 WEB

LIEN : http://www.lesinrocks.com/2014/11/12/scenes/rennes-festival-fulgurances-11535141/

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WEB13.11.2014

« La mission », « Les enfants de la terreur » : c’était comment les mouvements révolutionnaires ?

L’allemand Michael Thalheimer et la française Judith Depaule devraient se rencontrer. Non pour commémorer encore la Grande guerre (on est rassasié) mais pour « échanger » (comme disent les communicants) autour des aléas qui accompagnent tout mouvement révolutionnaire et dont parlent les spectacles qu’ils mettent en scène :

• lui, « La mission » (pièce sous-titrée « souvenir d’une révolution ») de Heiner Müller ;• elle, « Les enfants de la terreur » d’après les écrits, dires et actions de mouvements révolutionnaires des années

70 en Allemagne (Fraction Armée Rouge), Italie (Brigades Rouges) et Japon (Armée Rouge Japonaise).

Organisons le dialogue de leurs propos (authentiques) :

« Changer le monde, mais à quel prix ? »

Lui : « Ce qui me paraît certain, c’est que dans notre réalité sociale, nous avons échoué face à toute pensée révolutionnaire, et qu’il faudrait que nous nous posions la question, que nous mettions à l’épreuve ce que signifie ou a pu signifier pour nous la révolution. »

Elle : « Née trop tard pour avoir vécu cette période [elle fait référence à la fin des années 60-début des années 70 qui a vu l’émergence des mouvements rouges, ndlr] mais trop tôt pour m’en défaire, j’héberge à mon corps défendant, l’héritage d’une utopie qui oscille entre fascination et rejet et me pose la question critique de mon propre engagement. Changer le monde, le rendre meilleur, faire justice, mais comment, à quel prix ? »

Lui : « J’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui ne va pas vraiment dans le monde et dans cette société, en même temps, j’ai atteint un âge [il est né en 1965] où je n’ai plus envie de monter sur les barricades pour sacrifier tout mon être afin que quelque chose change. La question de savoir pourquoi je ne le ferais pas me fait mal. »Elle : « Je cherche à mettre en perspective un présent embarrassé et difficile afin d’envisager l’avenir. »

Elle et lui signent des mises en scène qui reflètent leurs propos.

Michael Thalheimer, un peu désabusé et pas fier de l’être, se fond dans le personnage de Debuisson (interprété avec

Crédit : Camille Richard

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une force extraordinaire par Charlie Nelson, un acteur qui se bonifie en vieillissant), pivot de son spectacle plus qu’il ne l’est de la pièce de Müller.

Debuisson nous apparaît comme une épave alcoolique, un vieil acteur mal démaquillé en quête de rôle, un beau parleur sur le retour, mais tout de même il y a cru et l’acteur le rend attachant. Des trois hommes envoyés par la Convention délivrer la Jamaïque de l’esclavage, il est le seul survivant. Avant de mourir, le paysan Galloudec (Claude Duparfait) lui écrit son sur son lit d’agonie une dernière lettre et l’informe que leur troisième compagnon, Sasportas (Jean-Baptiste Anoumon), a été pendu. Debuisson reste seul avec ces ombres du passé qui ressurgissent grimées, ensanglantées, accompagnées d’une guest star : « l’ange du désespoir » (Noémie Develay-Ressiguier).

« Tuez-moi avant que je vous trahisse »

La pièce de Müller avance à la vitesse des rêves et des cauchemars, coagule les époques. La mission est caduque, l’époque a changé. A Paris en 1802, Napoléon a redonné force de loi à l’esclavage et à la traite des noirs proscrits par la Convention en 1794. Debuisson rêve qu’il marche dans New York. Entre un homme qui prend un ascenseur, ajuste sa cravate pour aller voir ses supérieurs, l’ascenseur sans fin monte jusqu’au Pérou (dans son autobiographie « Guerre sans bataille » publiée à l’Arche, Müller raconte que c’est la transcription d’un rêve fait alors qu’il était au Mexique). La pièce vue par Thalheimer est une hallucination et Debuisson, son héros plus halluciné que les autres, l’alcool aidant.

Naguère Matthias Langhoff avait donné au festival d’Avignon une version de « La mission » forte et plurielle où les acteurs (Serge Merlin, François Chattot, Christiane Cohendy, Laurence Calame, etc.) évoluaient sur un sol pentu, jouant avec le déséquilibre, l’ascension ou la chute.

L’obsédante scénographie (signée Olaf Altman) de « La mission » dans la mise en scène de Michael Thalheimer organise, elle, un inéluctable mouvement circulaire de battants rappelant ces balanciers que l’on croise dans les exploitations pétrolières. Du sous-sol surgissent des fantômes qui s’avèrent avoir été des hommes. La roue tourne mais l’axe reste le même. « Pourquoi l’avenir est-il toujours au singulier » demande Antoine Debuisson à Galloudec. Il y a chez ce personnage à la fois la culpabilité de celui qui survit alors que les autres sont morts au combat et la honte rentrée du repenti qui trahit ses idéaux et ses amis. C’est ce que pressent Debuisson en s’adressant à son autre compagnon de mission :

« Tuez-moi avant que je vous trahisse. Je redoute, Sasportas, la honte d’être heureux en ce monde ».

Quelle pièce ! Quelle puissance d’écriture ! Le leitmotiv de « La mission » transcrit en lettres capitales dans la version française (traduction Jean Jourdheuil et Heinz Schwarzinger, Editions de Minuit)

« LA REVOLUTION EST LE MASQUE DE LA MORT / LA MORT EST LE MASQUE DE LA REVOLUTION »

pourrait tenir lieu d’exergue au spectacle de Judith Depaule « Les enfants de la terreur ».

Sont réunis sur scène six militants. Deux Japonais de l’Armée rouge japonaise, deux membres des Brigades rouges italiennes, et deux membres fondateurs de la RAF.

• Andréas Baader, « suicidé » d’une balle dans la tête en 1977• Ulrike Meinhof, retrouvée étrangement « pendue » dans sa cellule à la prison de Stamheim• Mara Cagol, première brigadiste à être tuée en 1975 par les carabiniers• Renato Curcio, libéré en 1998, jamais repenti, fondateur d’une coopérative éditoriale• Fusako Shigenobu, qui purge sa longue peine dans une prison de près de Tokyo• Kozo Okamoto, qui vit à Beyrouth et dont les années de détention ont ébranlé la raison.

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Crédit : Camille Richard

« …vaguement entendu parler de Baader »

Tous sont nés dans les années 1940 (sauf Meinhof, née en 1934, rajeunie par l’impressionnante actrice qui l’interprète, Anne-Sophie Sterck). Tous se sont battus contre le capitalisme, une société fondée sur des inégalités, un lourd passé fasciste. Tous ont basculé dans la lutte armée et la clandestinité. Le spectacle s’attarde sur l’année 1972 particulièrement meurtrière. A l’exception de Meinhof, les acteurs ont l« âge qu’avait leur personnage dans ces années -là : la trentaine (Baptiste Amann, David Botbol, Marie Félix, Jonathan Heckel, Judith Morisseau, Cécile Fradet).

Comme aujourd’hui les chaînes d’information continue se complaisent à rendre compte des luttes en insistant sur leurs débordements, l’imagerie lié à ces mouvements révolutionnaires s’en tient généralement aux exploits les plus meurtriers. En interrogeant la gestation de ces années de forte contestation de l’ordre établi, Judith Depaule remonte aux sources à travers des prises de paroles, des témoignages. Elle montre des engrenages, des solidarités, des déterminations sans faille, mais aussi des dissensions, des impasses. Et pour finir, le basculement dans la violence, l’horreur des attentats.

A l’évidence son spectacle s’adresse d’abord aux générations plus jeunes qu’elle qui n’ont pas la mémoire de ces mouvements, et qui, aujourd’hui, sont ceux qui participent ou pas aux coordinations dans les universités, luttent ou pas ou sympathisent avec les sans-papiers, les émigrés, déboulent ou pas à Sivens, etc. (elle-même est une militante très active dans le conflit des Intermittents du spectacle). Mon voisin (la vingtaine) applaudissait à tout rompre à la fin du spectacle. Que savait-il de ces mouvements révolutionnaires ? “ J’avais vaguement entendu parler de Baader ”.

D’où, dans cette adresse, un vocabulaire scénique qui soit parlant. Il va de la reconstitution d’un attentat à partir d’un jeu vidéo (Call of Duty) à un ironique et très réussi faux JT de l’époque, d’un mur lumineux en mouvement à des costumes volontairement datés en passant par des maquettes où à l’aide de bouts de ficelles et d’allumettes sont reconstitués, des incendies “ révolutionnaires ” (on pense aux allumettes enflammées de “ La chinoise ” de Godard).

Le spectacle “ Les enfants de la terreur ” est constamment accompagné par une musique (Eryck Abecassis) rendant

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LIEN : http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-theatre-et-balagan/20141113.RUE0968/la-mission-les-en-fants-de-la-terreur-c-etait-comment-les-mouvements-revolutionnaires.html

hommage au rock de l’époque et aux chants révolutionnaires, musique et chants portés et magnifiés par l’interprétation qu’en donne la chanteuse et guitariste Mélanie Frisoli.

Dans le hall du théâtre (le spectacle a été créé dans la salle D-G Gabily à Rennes, dans le cadre du festival Mettre en scène), outre leur billet, les spectateurs pouvaient prendre la copie d’une lettre ouverte à la mère de Rémi Fraisse écrite par Farid El Yamni, frère de Wissam “ assassiné par la police le Ier janvier 2012 ” à Clermont-Ferrand. On y lit ceci :

“ Comprenez que l’on ne peut concevoir la non-violence qu’à condition de supposer que le camp d’en face est capable de se remettre en cause : ils en sont humainement incapables parce qu’ils considèrent que remettre en cause la police, cela serait remettre en cause l’Etat. Depuis 40 ans on assiste à la même démarche pour noyer les meurtres de l’Etat malgré les vidéos, les témoins, les évidences. Depuis 40 ans il y a des sit-in, des manifestations, des livres, des prises de positions d’hommes politiques, des tribunes adressées au ministre de l’intérieur. Depuis 40 ans cela ne fonctionne pas. ”

J.-P. Thibaudat

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Idée, idéal, idéologie, dérives ?

Théâtre et politique, voilà une question bien connue de Judith Depaule, elle qui a soutenu une thèse sur le théâtre dans les camps staliniens. Son nouvel opus, les Enfants de la terreur, se situe au cœur brûlant de cette problématique.

Le centre névralgique de l’histoire, c’est l’année 1972 qui vit les Japonais du Nihon Sekigun (l’armée Rouge japonaise) signer un attentat sur l’aéroport de Tel-Aviv, la prise d’otages aux J.O. de Munich réalisée par Septembre noir, tandis que la Fraction armée rouge (Rote Armee Fraktion) commettait cinq attentats meurtriers et que les Brigades rouges italiennes commençaient leurs actions violentes.

Le récit proprement dit débute avec la prise d’otages de Munich. Des comédiens la rejouent sur scène : les Palestiniens du commando sont interprétés par des femmes. Des projections vidéo donnent à voir quelques extraits d’actualité, un journal télévisé fictif, des opérations reconstituées en vidéo, tandis que trois musiciens placés côté cour interprètent en direct une musique rock. Nous avons là, sur un plateau complètement ouvert et nu, tout le dispositif scénique utilisé pendant la répétition. Il suffit d’y ajouter, côté jardin, de grands caissons mobiles en bois, et qui figureront divers éléments du décor. Ils permettront aussi les changements de costumes à vue.

La belle trouvaille de Judith Depaule, c’est d’avoir resserré le débat autour des évènements de 1972 et de l’avoir incarné dans trois couples dont chacun est emblématique d’une des trois principales organisations qu’il a choisi de suivre. Ulrike Meinhof et Andreas Baader représentent la R.A.F., Fusako Shigenobu, la « Reine rouge » ou la « Veuve noire », et Kozo Okamoto, l’armée Rouge japonaise. Enfin, les Brigades rouges italiennes s’expriment par la bouche de Margherita Cagol, dite Mara, et de son mari, Renato Curcio. Tous les trois sont des dirigeants et/ou des fondateurs de leur mouvement. Il faut y ajouter le personnage épisodique de Mei Shigenobu, la fille que Fusako Shigenobu a eue d’un responsable palestinien du Front populaire de libération de la Palestine, l’organisation de Georges Habache et Ahmed Jibril.

Le récit que chacun fait du parcours qui l’a conduit à son engagement, en ancrant les personnages dans l’humanité, joue un peu le rôle de la captatio benevolentiae dans la rhétorique antique. Il suscite sinon la sympathie, du moins l’empathie à leur égard. Chacun peut se reconnaître dans ces jeunes gens qui deviendront des terroristes. Ce sont tous des intellectuels à l’exception de Baader et Kozo Okamoto. Ulrike Meinhof est même une journaliste reconnue avant sa radicalisation. À cet égard, le couple italien est le plus représentatif. Ils se marient à l’église et plus tard, quand ils sont déjà passés à l’action violente, rêvent d’avoir un enfant. Mara nous fait alors part de leur réflexion sur ce que peuvent être les devoirs de parents révolutionnaires.

WEB13.11.2014

Judith Depaule est une spécialiste du théâtre politique. La création qu’elle effectue dans le cadre de Mettre en scène se situe, comme une grande partie de son travail, à l’intersection du documentaire et du spectacle multimédia. Un alliage particulièrement réussi dans son dernier ouvrage.

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LIEN : http://www.lestroiscoups.com/article-les-enfants-de-la-terreur-de-judith-depaule-critique-festival-mettre-en-scene-t-n-b-a-renn-125000927.html

Un « agréable déplaisir »

Une fois cette humanisation accomplie et les préjugés défavorables des spectateurs assoupis ou anesthésiés, Judith Depaule peut les inviter à suivre le chemin parcouru par ces hommes et ces femmes de l’idée à l’idéal puis à l’idéologie, jusqu’à la radicalisation finale. Et c’est là qu’apparaît toute la pertinence du choix effectué en faveur du multimédia. La présence constante en scène et parfois en plein cœur du plateau d’une musique dont l’univers de référence est le rock alternatif, la projection d’images d’actualité ou leur reconstitution vidéo, la retransmission vidéo sur écran de certains attentats réalisés, sous nos yeux, sur des maquettes, tout cet ensemble contribue à créer chez lui cet état « d’agréable déplaisir » dont parle l’auteur.

Tout au long de la pièce, le spectateur est interpellé, convié non seulement à comprendre, ce qui est essentiel, mais à prendre position. Le jeu des acteurs y est pour beaucoup, et il n’y a pas de maillon faible dans la troupe. Qu’il me soit cependant permis de louer plus spécifiquement les interprètes de Meinhof et Cagol. Elles savent rendre toute l’humanité de leur personnage sans occulter leur dérive idéologique qui n’en paraît que plus implacable.

Qu’on ne s’imagine pas qu’il ne s’agit là que de théâtre historique. À chaque pas, Judith Depaule, sans le dire ouvertement ni le sous-entendre plus ou moins élégamment, nous conduit à nous interroger sur notre temps. L’attentat dont est victime Rudi Dutschke, le 11 avril 1968, véritable catalyseur pour la jeunesse contestataire allemande, n’est pas sans rappeler une mort récente. Ces militants, que nous jugeons perdus et qui acceptent de perdre leur vie pour faire avancer une cause qu’ils estiment juste, n’appartiennent qu’au passé ? La société bloquée des années soixante où les jeunes ont l’impression d’étouffer, la surdité des autorités et leur faillite morale, etc., tout cela ne vous évoque rien ?

Je vois dans les Enfants de la terreur de Judith Depaule une œuvre pleinement théâtrale et politique. J’exprimerai un regret cependant : que l’auteur ait exclu la France de son propos. Les discussions au sein de la Gauche prolétarienne, qui aboutissent à d’autres choix, auraient enrichi le point de vue. Action directe, bien que sa création soit plus tardive, aurait fourni un pendant français aux groupes retenus. Toutefois, si, dans tous les domaines de la culture, tous les artistes empoignaient notre époque avec autant d’acuité et de pertinence, nous aurions accompli un grand pas.

Jean-François Picaut