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©Bartolomeu‐LaLettreImmobilier‐Territoires–Environnement–Mobilité–ITEMInfoestunepublicationd’ITeMurbanintelligence,SIRET 529 502 593 00013 – APE 7490B. Pensez à l’environnement avant d’imprimer. Contact: http://www.itemnews.unblog.fr oumail.lettreiteminfo@orange.fr‐Tél+33(0)182097778.Reproductionautoriséesousréservedel'ajoutclairetlisibledelasourceetdelamention«Droitsréservés».

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RÉSUMÉ

Depuis 2007, la crise immobilière est devenue financièrepuis crise économiquepuis crisede la dette, enfincrisemonétaire.Crisesystémiquedonc,dontlespéripétiesemplissentlespagesdesquotidienséconomiques,agitentlesforumsboursiersetmobilisentles«brillantséconomistes»detouteobédience.Trenteannéesdedéréglementationsavammentorchestréeontsuffiàmodelerlaplanète.Laglobalisationpasseparl’avènementd’unmondeuniforme.Commelenotel’auteur:«Ledollarrègnesursonempire»maisc’estundollaraffaibli,monnaie universelle d’un Etat‐monde en passe de perdre son triple A et dont l’économie, si l’on en croitMcKinsey,mettrasoixanteansàrecréerlesemploisdétruitsdepuis2007.

I

Mohamed Bouaziz, le vendeur ambulantdefruitsetlégumes,auraiteuvingt‐septansle29 mars. Il s’est immolé le 17 décembre àSidiBouzid, au nord‐ouest de Sfax.AvecJan Palach,Miroslav Malinka, Jan Zajic et Evzen Plocekla,pour lui ‘La vie sans la liberté est pire que lamort’.

Je suis revenuàPrague.Me souvenirdestemps où nous vivions heureux. Pire:inconscients.Voirnaîtreleprintemps,commeaupremiermatin dumonde. Comme en 1968. Icisoufflait un air de liberté. Quelques semainesplus tôt, là‐bas, le rêve américain, dont nous

avions tous, selon Warren Beatty, une parcelledans notre cœur, commençait sa longue agonieauxpremièreslueursduTêtvietnamien.Ilfallaitavoir eu vingt ans à Liverpool pour pleurer J.F.Kennedy. Les premières notes de John ou dePaul avaient scellé les souvenirs d'une géné‐ration.Ensuitenousnoussommesdispersés.Lesmeilleursd'entrenousontveilléàdemeurerdescollégiensattardés.

Àl'affûtdumoindrebonheur,prêtsànous

jeter sur lamoindre émotion. Premiers partoutou presque. Premières télévisions, premières

LesfleurssefanentauprintempsàFukushima

parBartolomeu

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couleurs, premiers avions, premiers voyagespour de premières amours en liberté. Tout cequenoustouchionssetransformaitenor.

L'alchimiste, par nature, est aveugle. Lesavertissements de quelques esprits éclairés nepouvaient nous détourner de nos ambitions,nousétionslesmaîtresdumonde.

Projetés dansunehistoire qui aurait une

fin, nous vivions une époque qui ne connaîtraitplus les crises ou les guerres. Nous avons, parhabitude, baissé nos paupières, ignoré leschangements, refusé les convulsions pourtantinsistantes d’un monde qui n’était déjà plus lemême.

Tout est devenu parenthèses. Cet instant

plusoumoinslong,sanstermevisible,quinoussépare de l’avenir où nous pourrons retrouverenfin les délices du passé : la crise. L'excusepermanente.Ladéfausseimpossible.Lesqueeze.L'accommodementaveclediable.

Ainsilesannéessoixante‐dixnepouvaient

êtrequel'héritièredesannéessoixante.C'est alors que le changement s’est

installé. Que les sciences qui procédaient desLumières cédaient la place aux techniques.Transition aujourd’hui irréversible,possi‐blement mortelle. Pour subvenir à sesdétestables besoins l'Empire après s'êtrearrangéaveclarègleendispersaitdenouvelles.

Ainsi à force d’irrespects, les barbares

reprirentpossessiondevastesterritoireslaissésà l'abandon par des Etats vieillis, bâtis sur desinstitutions brutalement abandonnées à leurvétusté.

Larapiditéaccéléréedescommunicationsa tout balayé ou presque sur son passage, faitéclater les constructions les plus anciennes,cellesauxquellesonnepouvaitprêterattentiontantonlessavaitsolides.

La métamorphose est devenue musique,

l’atonalité et la dissonance communes. Un

phénomène naturel. Les erreurs de conceptionacceptables, celles de pilotage acceptées. Lesaccidents se sont multipliés, l’hommeinfaillibleportant immédiatement au débit ducompte de celles dites naturelles lescatastrophesdont il devrait assumer la seule etentière responsabilité, sans que quelqueséclaireursn'enprennentombrageet réagissent.Responsable,noncoupable.Unnouveaudroit.Ladépénalisation des consciences, le droit auxdroits, sansobligations.Onpeut toutconstruireet tout peut s’écrouler. La maîtrise du risquesupposesonignorance.

Conditions nécessaires à un asser‐

vissement généralisé. L'irresponsabilité collec‐tive. La collectivisation du non‐engagementcomme modèle. Spectacle pour tous, où lesacteurs sont les autres, dématérialisation del'êtresocial.

Des terres agricoles, parfois gagnées sur

des forêts, finissent en friches. Le voyageurahuri, assis dans un train filant à 320 km àl'heure, contemple ces longs paysagesabandonnés, tout en décryptant de savantsarticles dénonçant la lente et inexorabledisparition des économies vivrières enCasamance,oùl’arachideetlecotonsontautantde miroirs aux alouettes. Les plus sensiblespleurent lamerd’Aral, ignorant leplus souventles désastres causés chez nous et pourlongtemps par l’agriculture contrôlée. Le lisierenrichi et dégradé, pollué et pourri par ladéjectionanimale,envahi lessolsetsous‐sols,ydéposant azote, carbone phosphore, métauxlourds, ravageant les nappes phréatiques,entrainant la prolifération d’espèces végétales,de plantes marines, de phytoplanctons. Lesaccidents sanitaires se répandent. Les procèsnourrissent, ravissent les passions d’un publicqui en ignore les coûts. La charge structurelledirecte de notre irresponsabilité atteindra puisdépassera rapidement 5 à 6% du revenu desménages.

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II

Nous cherchons comment transférer laresponsabilité sur l’autre, ce futur coupableexpérimenté. Nos miroirs sont destinés à nousrenvoyer une image tendant vers un idéalmarqueté.L’ignorance,c’esttendance.Lapressepeople diffuse, à des millions d’exemplaires,clichésetdéfilésdevies ; lapressequotidiennedépérit, change de mains, se meurt sans doutelorsqu’elle cherche à ressembler au Net. Lemaquillagenetientpas.

Commedansnotresociété,oùlediscoursmasque trop souvent l’évidente réalité. Chacunpoursoi, l’Etatpour tous.L’idéalestunproduitde pure pratique électorale. La solidarités’exerceselonunmodeconvenumaisimplicite:prendreà ceuxqui sontunpeuplus richesquenous, pour donner à ceux qui le sontmoins. Lanon‐ingérence parfaite. Satisfaire le plus grandnombre ,c’est avant tout le laisser ronronnerdans son monde d’images, ses téléréalités quiportentsimalleurnom.

Trente années de déréglementationsavamment orchestrée ont suffi à modeler laplanète. La globalisation passe par l’avènementd’unmondeuniforme.

Sous les pavés… Le dollar, un fleuvedevenuocéan.Causeprofondedenosmaux.

De guerre en guerre, le modèle, qui faitrêverlespaysémergents,Chineentête,sedébatpour survivre. Il se sait mortellement atteint.Alors il se déplace, brisant les frontières,imposant son droit en détruisant les nôtres,métastasechaquefoisqu’illepeut,gangrènenossociétés,ruinelesEtats,détruitlesnations.

Labaissetendancielledelarentabilitéducapitalimposelamassificationdelaproduction.

L’économie d’échelle planétaire. Toujours plusgrand, toujours plus loin. La variabled’ajustement se déplace vers les régions à bascoûts de main‐d’œuvre. Puis ce sont lesmachines qui s’enfuient, avec ellesl’investissement,donclarecherche.Etàprésentleschercheurs.

Les produits sont semblables. C’est lerègne des marques. Le pire et le meilleur.L’envahissement médiatique de l’incertain. Ledécodagecomplexifiéde l’offre.Les impossiblesretrouvaillesdecequel’onestetdecequel’onconsomme.Lafindu«dis­moiquitues».

Ledollarrègnesursonempire.

En 1945, sur les cendres de la Secondeguerre mondiale, c’est Bretton Woods etl’avènement de l’étalon dollar, improprementdéclaréétalondechange­or.

En1962,pourliquiderladetteaccumuléedepuis laguerredeCorée, leSous‐SecrétaireauTrésor, Robert V. Roosa, exporte la detteaméricaine.LeTrésoraméricainémetdesBonsàdes taux avantageux pour rapatrier aux Etats‐Unis des dollars étrangers, eurodollarsprincipalement qui, sans cela, auraient étéprésentés à la conversion en or. Ce tour demagie,quipermettaitdetransformerlemétalenpapier, avait fait dire à Milton Friedman que «comme le dollar l’eurodollar est produit par laplumeducomptable».

Le 15 août 1971, la facture de la Guerredu Vietnam s’alourdissant sans cesse, le dollarflotte, au terme d’un rapide processus dedémonétisationentaméen1967;l’ensembledesmonnaiessuit,certainess’arrimantlesunesauxautres.

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En 1980, Ronald Reagan s’installe à laMaison Blanche. Le libéralisme outrancier serala règle selon ses détracteurs. Jamais pourtantl’interventiondel’Etatnefutsimanifeste.Quecesoità travers l’accélérationde l’IDS– l’InitiativededéfensestratégiqueouGuerredesEtoiles–oupardesdotationsbudgétairesetdesdispositionsd’aidesàl’industriesousdesformesdiverses.

Nous connaissons la suite, la Guerre duGolfeIetII,l’Afghanistan.Etl’incessantbruitdesrotatives pour imprimer des dollars. Toujoursplus.

Plus demonnaie,moins de frontières. Lecouple infernal. Moins de frontières, plus dedérèglementation. Plus de déréglementation,moinsd’Etat,moinsd’Etat…

III

« La troisième puissance industriellemondiale,aprèslesEtats­Unisetl’U.R.S.S.pourraitbienêtredansquinzeans,nonpas l’Europemaisl’industrie américaine en Europe ». Premierchapitre, première ligne du Défi américain. 20octobre 1967. Jean‐Jacques Servan‐Schreiber adu succès. Mais les Français se méfient desesprits tropbrillants, sansquartierdenoblesse.Encore plus des visionnaires avisés. JacquesAttalin’estpasmieuxconsidéréaujourd’hui.Lataille des entreprises américaines et leurdéveloppement sont aux yeux de J.J.S.S. l’armeprincipale des Etats‐Unis. Il évoque laprobabilité de voir les plus importantes d’entreelles dotées, avant la fin du siècle, de budgetssupérieursàceluidecertainesnations[i].

Bien vu. Cependant peu d’intellectuelsprennentlamesuredesconditionsnécessairesàl’avènement de la société moderne du libre‐échange,delalibrecirculationdespersonnesetdes biens. Encore plus rares sont ceux quicomprennent que ce monde économiquesupposeunretraitgénéralisédelapuissancedel’Etat, sur tous les continents. Le procèsMicrosoft­«aprèsavoirperdutouteslesbataillesMicrosoftafinalementgagnélaguerre»,diraunavocat‐enestunexempleprobant.

Les financiers prennent peu à peu lepouvoir, occupent les espaces libérés.Accompagnésdesmarketeursetdesavocats.Le

trio magique de l’entreprise postindustriellecompétitive,maitrisantlemanagementdanssesdimensions les plus brillantes: montagesfinanciers sophistiqués, internationalisation,utilisation des fiscalités locales favorables,déplacements dans l’espace, délocalisation dudroit, accumulation et haute protection despropriétés intellectuelles, acquisitions,mobilisations et cessions rapides d’actifs,accélération de la circulation de la trésorerie,constitutions de stocks monétaires d’inter‐vention. Croissance externe à deux chiffres.Contrôle, dispersion, orientation del’information.

Lerecoursàdesmainsd’œuvreslocalesàbascoûtsn’estque lapartievisiblede l’iceberg.Elle s’étale sur nombre de pages et d’écrans.Tous les jours. L’abcès s’appelle chômage. Iloccupenombredemédecinsimaginaires.

Qui peut encoremesurer le bénéfice paractiondecesgéants?«Chaqueheurelesoleilselève sur un village du Club », avait affirméPhilippe Bourguignon, le jour il en prenait ladirection.CequiestvraipourcettegrandePMEl’estencorepluspourlesentreprisesemployantquelques centaines de milliers de salariés. Desdizaines de langues, de droits, d’usagescoutumiers, des congés hebdomadairesdifférents,des fuseauxhorairescompliquant lesrelations à distance, des usages comptables

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ouvrantlavoieàdesartificesautorisés.

Pour l’instant, il y a eu peu d’accidentsvisibles.Lesgrandsgroupes résistentau temps.SeulEnronamarquélesmémoires.Lesbanquesontétésauvées.Madoffdénoncé.Ponziexpliqué.Lespratiquesdénoncéesmaisacceptées.Pasderesponsables. Des contraintes référencées Bâlex, totalement incompréhensibles pour lesactionnaires mais aussi, plus naturellement,pour les représentants du peuple qui ont àabroger,pourcontraindre le risquesystémique,certainesdispositionsnationalesquicontrarientencorelafuiteenavant.Desinquiétudesétayéesapparaissentdansquelques revues spécialisées,certains blogs. Le citoyen a droit à quelquesfrayeurs, formatées, sur ses chaînes préférées.De temps à autre une émission spéciale luipermet, pour une soirée, de devenir adulte. Etd’êtrerassuré.Lasituationestsouscontrôle.

Les comptes des entreprises le sontmoins. Le bénéfice par action, aussi flou soit‐il,détermine à ce jour encore la valeur del’épargne, réglementée ou libre, des salariés etde leurs ainés. Caisses de retraites et fonds depension placent leurs avoirs, ceux de leursbénéficiaires,sur lesmarchésboursiers.Quelesmarchés dérapent fortement et durablement etl’avenir des papy‐boomers se transformera encauchemar.Celuideleursenfantségalement.Labullespéculativecontinuedemenacerlemondeoccidental, mais aussi les colosses émergentsdevenus l’ultime promesse d’un retour à lacroissance. Depuis la quasi faillite de LTCM(1.200 milliards de dollars en 1998) qui fittrembler la planète, la dérèglementation sepoursuit.Opérationsdetrésorerieapparentéesàla cavalerie, non‐respect des obligationsd’information, délits d’initiés constitués sont

l’ordinaire des intervenants sur les marchésparallèles ou invisibles, voire les marchésvirtuels.

Le risque d’un accident majeur ne cessede croître. Les spécialistes affirment qu’il ne seproduirapas.Lespolitiques leur fontéchoetseportent garant. Il faut admettre qu’il leur estimpossible de révéler certaines vérités. Laconfianceestsacrée.Maisforceestdeconstaterque leur immobilisme, face à l’opacificationfinancièregénéralisée,engageàs’interrogersurleurscapacitésàmaîtriser lescrises financièresaujourd’hui,monétairesetéconomiquesdemain.

L’effondrementéconomiqueaétéprofondaprès la faillite de Lehmann Brothers et ledysfonctionnementdusystèmebancairequis’enest suivi. Mais il a été de courte durée.Aujourd’hui l’économiemondialearetrouvéseshabitudes. Les dirigeants leurs rémunérationsextravagantes. Jamais l’écart entre les plushautes et les plus basses rémunérations n’a étéaussi importants. Les réformes sont pourdemain.

L’aggravation du chômage tient toujoursplusdudéplacement,vers lesnouvelles régionsde croissance, d’une partie des activités dumonde occidental (et du Japon) que d’unepoursuitedelacrisedeliquidités.

Les interrogations demeurent. Lesfacteurs autrefois dits exogènes sont devenusdéterminants mais pas plus maitrisables.L’avenirsefaitailleurs.Destestsderésistances,in vitro, démontrent que le système bancairesupportera la prochaine explosion si elle devaitseproduire…Résistance?

L’AUTEUR

CeluiquisigneBartolomeufutconseillerfinancierpuisdirigeantd'unimportantgroupefrançais.Ilestaujourd'huiessayisteetconsultant.Lesconsonnancesprovençalespeuventaussibienévoquer ledominicainespagnol,que leFlorentin, filsdeFlorentin de Lyon, que François Ier envoie en Amérique pour contrer Charles Quint : Giovanni di Bartolommeo daVerrazzano (1485‐ 1528). Pour la petite histoire, il quitte le Havre à bord d'une caravelle, la Dauphine et découvre

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l'embouchuredel'Hudson.Ilbaptiselabaie:NouvelleAngoulème".Sanslui,niWallStreetniDowJones,encoremoinsdeNASDAQ...CommeBartolomeul'écrit:“leclind’œilauxnavigateurs,ColombouDiaz,meplaît.Ilsnesavaientpasvraimentoùilsallaient".

CopyrightBartolomeu,LaLettreImmobilier‐Territoires‐Environnement‐Mobilités,avril2011.Lesopinionsexpriméesdanscetarticlen'engagentque leurauteur.Premièrepublicationsurwww.itemnews.unblog.frenavril2011.Versionintégralepdf.