2011

les jazzités du vocalcrest jazz vocal

#36

# 4 jeudi 4 août 2011

Le coq et la penduleJ’ai eu la chance de le voir il y a une vingtaine d’années, entre les tours de La Rochelle, à quelques encablures de son île adorée, non loin des fermes du Poitou.J’étais avec Cécile, sa fille, très loin des bidonvilles de Nougayork et bien qu’en plein été, la pluie dansait sur moi, la java, en faisant des claquettes.

Il y a des artistes inimitables, dont la musi-que, le style et la voix forment un courant à part entière. Claude Nougaro avait cela, formant un genre à lui tout seul, emblé-matique d’un jazz à la française, comme une marque de fabrique infalsifiable. Un timbre musical et des orchestrations uni-ques, des collaborations artistiques légen-daires (Eddy Louiss, Maurice Vander, Richard Galiano, Michel Portal, André Ceccarelli, Marcus Miller et j’en passe...). Mais plus qu’un chanteur, Nougaro était

un merveilleux poète, dont les chansons très imagées était comme un cinéma

sur vinyl, tendre ou rythmé.

Chaque septembre, à l’orée de l’automne, Nougaro revient dans mes oreilles comme un rituel de rentrée. C’est

un passage, un baume pour le temps qui passe. L’été s’estompe dans un

très lent ressac pendant que le soleil plonge impercepti-blement dans la ligne d’ho-rizon. Les artistes passent,

les œuvres demeurent. On peut tourner la page.

à l’affiche, ce soir

Dans le jazz et la musique française de ces trente dernières années, “ Dédé ” Ceccarelli est de ceux qu’on ne présente plus. Cet immense batteur de jazz rend aujourd’hui hommage à son ami disparu, Claude Nougaro, par un superbe voyage au coeur de l’univers du chanteur et poète. Il a dans un premier temps réuni à ses côtés Pierre-Alain Goualch et Diego Imbert pour former un trio dédié à cette démarche, puis associé à cette dynamique le fantastique chanteur de jazz David Linx. « Hommage à Claude » est un voyage au coeur de l’univers du poète, aussi bien au travers de chansons composées pour lui que de reprises de standards

célèbres qu’il affectionnait, sur des arran-gements de Pierre-Alain Goualch.

André Ceccarelli (batterie), Pierre-Alain Goualch (piano), Diego Imbert (contrebasse), David Linx (chant)

23 h, espace Soubeyran.

Édouard Bineau (piano et composition), Daniel Erdmann (saxophone ténor et soprano), Gildas Boclé (contrebasse), Arnaud Lechantre (batte-

rie), Sébastien Texier (saxophone alto)

21 h, espace Soubeyran.

Pour ce nouvel opus, un quartet exceptionnel a vu le jour avec l’arrivée de Daniel Erdmann, saxophoniste renommé, qui confère à l’ensemble une éner-gie nouvelle. Gildas Boclé et Arnaud Lechantre poursuivent somptueusement l’aventure commencée avec le trio d’Édouard Bineau en 2004. C’est d’abord la

scène qui a abrité les premiers échanges entre Édouard et Daniel. Depuis, l’enthousiasme communicatif du quartet s’impose

au public pour partager un moment jubilatoire, vérita-ble voyage musical. Dans la lignée des précédents

albums, les compositions d’Édouard Bineau révè-lent des mélodies originales d’un jazz renouvelé et percutant. Wared donne vie à une musique à la fois complexe et évidente, avec un sens aigu de l’espace et du rythme. Sébastien Texier se joint au quartet,

apportant sa touche personnelle très plaisante.

Hommage à Claude Nougaro par

André Ceccarelli & David Linx

Swing et créativité avec Édouard Bineau“ Wared 4tet ” et Sébastien Texier

Magique !!! Joachim Kühn, Majid Bekkas

et Ramon LopezMalheureux les absents. L’espace Soubeyran a vibré hier soir aux accents gnawa et au jeu lumineux de Joachim Kühn. Quel artiste, lui qui a tout connu, étant de toutes les aventures jazzy, il nous revient avec une désarmante humilité et emporte avec brio le public vers des paysages métissés et généreux. Magnifiquement aidé par Majid Bekkas et Ramon Lopez, Joachim laisse ses doigts courir sur le clavier et nous emmène sans nous forcer mais avec malice et sincérité vers les contreforts sauvages de l’Atlas. Animé d’une complicité contagieuse ce vibrant trio a fait circuler dans les travées de la grande scène un moment de grâce.

hier, au concours

Marie Seferian et Marcel Kroemker Compositions revisi-tées de Legrand à Bach, ou propres. Des recher-ches sonores qui ont suscité la curiosité pour le public atten-tif. Une contrebasse avec un archer réglé sur la voix et, sou-vent, inversement. Une recherche de dialogues, pour une quête de bal-lades. Une certaine technique de la voix, démultipliée par la pédale de loop et variée par un porte-voix, pour un excellent contrebassiste.

Cyrille Aimée et Pierre-Antoine PerriotÀ ce stade du concours, certainement la voix la plus chaude, avec une grande maî-trise des plus spontanées. Cyrille Aimée ne chante pas : elle joue avec sa voix, avec une passion suave et cachée qui confine au sublime ou au taquin, quitte à offrir un solo à son guitariste, certes brillant. Le jury appréciera. En tout cas, le public a rendu à Cyrille sa fougue en applau-dissements beaucoup moins retenus, notamment lorsqu’elle décompose avec ses voix pour mieux composer.

hier, encore

« Alerte à la bombe ! »China Moses

et Raphaël Lemonnier 4tet

Quel tempérament !

Allaitée au biberon roboratif de la musique noire américaine, bon sang ne saurait mentir, China Moses en digne héritière de sa talentueuse mère Dee Dee Bridgewater a pris à bras le corps cet immense répertoire pour y puiser quelques perles au lan-gage fleuri. Accompagné avec brio par Raphaël Lemonnier et son quar-tet, cette pile électrique et éclectique occupe la scène avec gourmandise et une énergie qui restera dans les annales du festival. Très à l’aise et dotée d’un organe puissant, la belle et plantureuse China nous parle au corps et au cœur.

Un début de concert « dédié aux fem-mes… qui aiment les hommes qui savent faire… la cuisine ! »

empruntez le jazz…

… grâce à la sélection jazz de la Média-thèque Départementale de la « Vallée de la Drôme » : livres, cd...

les off du festival

Grabben Orcherstra

La musique appelle la musique et le off improvise aussi dans la rue. On espérait les revoir hier, la rencontre était de taille ! Huit musiciens, difficile à faire rentrer dans l’image. Grabben Orchestra, c’est un peu de bohème qui croise le jazz (Sans blague) sur les chemins de l’Est et revient arrangée avec soin des partitions qui font de belles chansons, car poème rime avec bohème, et bien sûr, aime. Elle était là aussi la chanson d’amour, pas pour toujours. Le chan-teur a cette voix qui rappelle Le verbe et la beauté, grave et sensuelle, mais ces compagnons font déjà bouger les pieds ! Irrésistible ! Et si, comme dit le chanteur : « c’est pas une petite pluie qui va nous arrêter » on espère les voir jouer sur scène avec autant de complicité. En attendant, suivez le lien myspace.com/grabbenorchestra

aujourd’hui, au concours

Aknot Voix, vibraphone, contrebasse. C’est avec cette formule instrumentale originale qu’Aknot Trio revisite avec une grande liberté les standards du jazz vocal, la per-sonnalité et les influences des trois artis-tes s’affirmant à travers leurs constantes interactions. Des acrobaties vocales de Bobby Mc Ferrin au swing échevelé de Wynton Marsalis, l’univers d’Aknot Trio s’approprie les influences pour mieux les retranscrire au sein d’un univers déjà très affirmé, où le dépouillement instrumental est source de la plus grande des libertés rythmique et harmonique.

Raphaële Atlan 4tet

Ayant commencé par la danse à qua-tre ans, elle poursuit par des cours de piano classique et, dès quinze ans, par des cours de chant. À vingt ans, elle s’inscrit à l’American School of Modern Music de Paris, avant d’entrer en 2008 au dépar-tement « professionnel » du Centre des Musiques Didier Lockwood. En juillet 2008, une demi-finale au Montreux Jazz Voice Competition. Un duo avec le contrebassiste Zacharie Abraham qui s’est agrandi en quartet grâce à la venue du batteur Nicolas Charlier et du saxo-phoniste Lucas Saint-Cricq. Un premier album dans le label Gemini sortira en octobre prochain.

conférence

Écoute rafraîchissanteUn aller-retour entre France et États-unis hier à la médiathèque. Pour mémoire, Que reste-t-il de nos amours a traversé l’océan avec les militaires et nous est revenue jazzée peu après. Et Django a influencé les jazzmans américains dans les années 1960, du duo au Big Band. L’impro jazz est difficile a définir (ce qui fait sa lon-gévité), mais les compositions de Reinhart guident de nombreux solos créatifs outre-atlantique. Des repri-ses en moderato qui, à l’écoute, don-nait envie... de fermer les yeux. Et si la chanson C’est si bon de Satchmo* à Eartha Kitt a un air de swing jazzé « à partir n’importe où » et même à croiser Montant, ce n’est pas que le vent l’emporte mais que la voix voyage. D’ailleurs, comme La mer, elle est partie jusqu’au Japon, avant de revenir régénérée chez nous. C’est peut-être pour ça que le jazz offre ce dialogue universel et la chanson cette note d’éternelle fraîcheur. *Louis Armstrong, suivre les liens C’est si bon : http://www.dailymotion.com/video/xipqv_louis-armstrong-c-est-si-bon_news

conversation de concert

– C’est l’espoir qui fait bouger, alors j’y étais hier soir, jusqu’à la fin !– Là, le doigté s’entendant avec la beauté et l’accord des « ON », fabuleux et far-felu, jouent ensemble.– Comme pour un met délicieux, quand les ingrédients sont trop bons, on dit avoir encore faim. Mais j’aurais bien repris plus de guitare « à l’abondance ».

Pendant que tout le monde attend de savoir qui va être lauréat du concours 2011, la petite équipe de Crest’Actif* est partie à la découverte de la galerie Courre Commère. Une petite mais sublime expo-sition de trois artistes, Mariane Duport et Véronique Wirth (plasticiennes), et Chantal Ferroussier (céramiste), qui nous a accueillis. Toutes les trois viennent du même « univers artistique », mais de lieux diffé-rents (Livron, Montélimar et St Antoine de l’Abbaye).Elles pratiquent cette activité depuis sept à quatorze ans. L’exposition porte essen-tiellement sur le corps, et plus particuliè-rement sur les formes rondes de la femme.

Les œuvres sont réalisées en peinture acrylique (V. Wirth) ou en collage de papier de soie (M. Duport), ainsi qu’en sculpture céramique (Chantal Ferroussier). Vous êtes les bienvenus, jusqu’au 6 août, pour voir l’exposition de ces trois artistes, qui seraient également très intéressées pour rencontrer les artistes présents au festival. À bon entendeur... Infos pratiques :

– Stage « Collage et Créativité » contact : mariane.duport@gmail.com– « Atelier Céramique » cours et stages contact : chantal.ferroussier@gmail.com– Véronique Wirth : www.veronique-wirth.com

*article réalisé par quatre jeunes de 13 à 15 ans dans le cadre du centre de loisir de Crest’Actif.

Bienvenue à Courre Commère

La balançoire bleue

Cette année encore, le zèbre prend plai-sir à se balancer... vous l’avez peut-être vu dans une cer-taine vitrine, à moins qu’il se soit fondu complètement dans le bleu de la sélec-tion hétéroclite de

la librairie ! Et oui, la balançoire a pris cette année encore les couleurs du festi-val : bleu. Bleu pour les tous petits, bleu sérieux, bleu pas sérieux, bleu romanes-que, bleu pratique, bleu musique, bleu photo... On a noté en particulier Miles in Blue, Du velvet a ECM l’onde de choc Kind Of Blue de Richard Williams (ed. Payot & rivages, 2011). Mais aussi la déli-cate poupée de « onnestpasdesthons ».Libraire La Balançoire, 6 rue du Général Berlier

agenda

- Matinée : Les Allant Vers, duo accordéon voixCentre ville de Crest

- 14 h-17 h : Exposition photo de Cyril CrespeauMédiathèque Départementale de la « Vallée de la Drôme », place Soljenitsyne

- Après-midi : Faranume (musique d’ins-piration roumaine)Centre ville de Crest

- 15 h-19 h : exposition Alexandre Hollan Espace liberté, 5 rue des Alpes

- 15 h-19 h : exposition de trois artistesGalerie Courre Commère, rue Courre Commère

- 15 h 30 : Autour de « Que reste-t-il de nos amours ? », conférence avec écoute musicaleMédiathèque Départementale de la « Vallée de la Drôme », place Soljenitsyne

- 17 h-21 h : scène ouverteVerre à soi, 17 rue Archinard

- Concours17 h : Aknot (Lyon)18 h : Raphaël Atlan 4tet (Paris)Place de l’Église

- 18 h 30 : duo acoustique jazzBar-restaurant Le Donjon

- 21 h : Edouard Bineau « Wared 4tet » fea-turing Sébastien Texier, swing et créativité suivi d’André Ceccarelli « Le coq et la pendule » featuring David Linx, hom-mage à Claude Nougaro Espace Soubeyran

- 21h : Cabaret africainAuberge de la plaine, Chabrillan

- 24 h : Suivez le zèbre ! Gérald Simonet Quartet et scène ouverteScène de l’After, espace Soubeyran

Les Jazzités du Vocal est édité par le Crest Jazz Vocal. Rédacteur en chef : Olivier Rousseau. Équipe de rédaction : Ludovic Bernadeau, Vincent Bobé, Lise Bukiet, Tina Galy, Jean-Marc Peyrieux. Maquette et illustration : Tiphaine Desmoulière.

Les soirées de La Tartine se déroule-ront vendredi et samedi, et non pas jeudi, contrairement à ce qui a été annoncé hier.

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jazz et littérature

« Le morceau, excellent, comporta un solo de trompette de Pat […] Dans le mor-ceau suivant, après un éclatant début de l’orchestre, on pouvait entendre une série de solos de Pat, séparés par des breaks de batterie destinés à lui permettre de chan-ger d’instrument […] Les vieux vendeurs de programmes eux-mêmes s’agitaient, frénétiques, emportés par le démon du swing […] Avec cinq donzelles des plus swing ».

B. Vian, Rue des ravissantes et 18 autres scénarios cinématographiques, 1941-1959, Bourgois, 1989

ateliers musiques sur la balançoire

Mélanie Rougeux invite les 0-6 ans à venir partager un petit moment musical et spon-tané. Auteur-compositeur pour le groupe Trio Cibou, elle vient chaque année depuis cinq ans de Strasbourg et remporte tou-jours un vif succès auprès des tout-petits. Ces derniers pourront tour à tour danser, jouer ou chanter sur les chansons à geste de Mélanie.

Libraire La Balançoire, 6 rue du Général BerlierEntre 11 h et 12 h, jusqu’à vendredi. Sans inscription.

RESTAURANT

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7 rue de l'Hôtel de Ville, 26400 Crest / 04 75 25 28 7017 rue de la République, 26400 Crest / 04 75 25 60 71

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Terrasse ombragée - service à partir de 19h 7j/7 midi & soirPlace du Dr Maurice Rozier - 26400 Crest

04 75 42 68 54

Rue Aristide Dumont 26400 CREST Tél : 04 75 25 55 12 Fax : 04 75 25 51 12

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2 rue de la République, 26400 Crest

4, rue de la république 26400 Crest 09 63 20 46 36