Les Juifs devant le droit françaisby Roger Berg; Marianne Urbah-Bornstein

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Les Juifs devant le droit français by Roger Berg; Marianne Urbah-BornsteinReview by: Émile PoulatArchives de sciences sociales des religions, 30e Année, No. 60.2 (Oct. - Dec., 1985), pp. 224-225Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30126619 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

ments exceptionnels pour la comprehension des reactions entre ideologies confuceenne et protestante. Les collaborateurs occidentaux font, eux, partie du petit groupe de mission- naires, fins connaisseurs de la culture chinoise, partisans de la theologie naturelle et du tout nouveau ( social Gospel ,, auxquels Allen fournit une tribune d'expression: Timothy Ri- chard, William Muirhead, Joseph Edkins, pour n'en citer que quelques uns.

En r6sume, la presse chinoise dirigee par Allen ne se contente pas de pricher et d'infor- mer. Elle contient aussi une denonciation des maux sociaux et politiques du temps (sous la plume d'auteurs chinois plus encore qu'occidentaux) et des propositions de reformes - p- dagogiques et technologiques notamment (sous la plume des collaborateurs chinois autant qu'occidentaux). Elle forme done un maillon important dans l'histoire du mouve- ment progressiste chinois a la fin du XIXe sie- cle; et son analyse attentive par A.A.B. est un apport precieux autant a l'histoire mission- naire qu'a l'histoire sociale de la Chine.

Frangoise Aubin.

60.226 BERG (Roger), URBAH-BORNSTEIN (Marianne).

Les Juifs devant le droit frangais. Paris, Les Belles Lettres, 1984, 282 p. (Coll. Franco- Judaica , 11).

Ce livre repose sur un apparent paradoxe, qui merite reflexion. Les Frangais juifs sont des Frangais parmi d'autres Frangais, comme les etrangers juifs sont des etrangers au mAme titre que tous ceux qui vivent ou voyagent en France. Depuis la loi de separation entre les lglises et l'tat (1905), et hors la parenthese du gouvernement de Vichy (1940-1944), au- cune disposition particuliere ne les concerne dans les textes officiels, aucun texte ne traite d'eux, que ce soit en droit public ou en droit prive. Pourtant, sur ces deux chapitres, il y a matiere a une etude attentive. Ou done est le probleme ?

Tout d'abord, le droit regarde les principes. Quand on passe a l'application, des situations de droit ou de fait apparaissent. En second lieu, la religion juive, qui n'est pas en cela une exception, ne se limite pas a un culte: ( Pour un Juif religieux, la religion se pratique en tout lieu et i tout instant >. Et puis, la societe

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frangaise, longtemps organisee sur le modele chretien, a lai'cise -relativement- ce modele sans effacer ses origines; or ( le judaisme est une religion exigeante, difficile a pratiquer strictement dans ce cadre >. On pourrait conti- nuer: la R6publique ne reconnait aucun culte, mais, pour cette raison mime, son droit reconnait leur droit interne; le droit frangais a he- rite de situations ex-coloniales ou voisines (Juifs d'Algerie, Tunisie, Maroc, Mzab, Sy- rie); la creation de l'Etat d'Israel n'a pas ete non plus sans consequences juridiques, etc.

Des lors, il fallait un livre pour ((retracer la rencontre, en territoire frangais, du droit de la France, essentiellement laic et uniforme pour tous, avec le droit rabbinique applicable a beaucoup de Juifs etrangers e. Car si, en theo- rie, dans le droit frangais actuel, rien ne vise en particulier et en tant que tels les Juifs et le judai'sme, ( tout les concerne en tant que religion, citoyens ou etrangers . Le cas, on le voit, a valeur de paradigme.

L'ouvrage est divise en deux parties: droit public, droit prive, chacune confice a un spe- cialiste (dont I'ancien secretaire general du Consistoire central). La matiere est diverse: elle va, dans la premiere partie, de l'organisa- tion du culte (organismes, agents, biens) a la pratique de la religion (circoncision, kashrut, inhumations, autopsies et prelevements d'or- ganes; -enseignement, vie professionnelle et sabbat, service militaire, aum6neries, antisemitisme). Dans la seconde sont envisages les innombrables problemes relatives a la natio- nalite, a l'etat et capacite (etat civil, noms et prenoms, domicile, filiation, minorite), au ma- riage et au divorce, au patrimoine familial.

Manque un chapitre de synthese qui, a pro- pos de cette matiere si varice, aurait montre les acteurs en presence et la nature de leur jeu. C'est d'abord, bien stir, la population juive a qui l'on apprend comment vivre dans une societe qui ne repond pas exactement a son modele, mime si cette population accepte le prin- cipe fondamental ( La loi du pays est la loi . L'autre grand acteur, c'est l'etat, responsable de l'etat de droit, et, plus generalement, la puissance publique. Mais il y a aussi l'opi- nion, par exemple en cas d'antisemitisme, les cas particuliers, rencontres dans les actes de la vie privee. La jurisprudence y tient une place considerable, i c6te de la loi, et done les tribunaux, voire les simples circulaires minis-



BULLETIN DES OUVRAGES

terielles. Et surtout, contrairement a ce que suggere ce tableau, tout n'y est pas conflit, ili s'en faut: negociation et accords (voire con- sultation prealable, qu'admet parfaitement un regime de separation) les previennent souvent, avec une manifeste volonte d'entente. Et surtout, il y a l'aspect guide pratique a l'intention du Juif fidele: comment respecter le droit et s'en servir au mieux de ses interits sans se re- nier soi-mime?

Inutile d'ajouter que le livre n'avait pas d'equivalent: on ne disposait que de recueils (epuises) des lois, decrets, ordonnances, etc. de 1790 a 1903 et de 1940 a 1944.

Emile Poulat.

60.227 BERGERON (Francis), VILGIER (Philippe).

Les Droites dans la rue. Nationaux et natio- nalistes sous la Troisieme Republique. Bouere (53290 Grez-en-Bouere), D.M.M., 1985, 176 p. (Pref. de Jean-Frangois Chiappe).

En France, dla droite a retrouve son nom. Elle parle et refait parler d'elle ,, et elle cultive sa memoire: ici, un album qui selectionne 350 documents iconographiques -avec priorite aux pieces inedites ou inattendues-, les presente et commente sans cacher ses sympathies (avant tout l'Action frangaise et Maurras) mais sans parti pris, leur ajoute d'utiles bio- graphies. Bref, un outil de travail sans equivalent a ce jour.

Tout langage a ses conventions et, par la, sa 1lgitimite propre, mime si ses adversaires le jugent impropre. Pour les AA., la droite au- thentique va du legitimisme contre-revolu- tionnaire au nationalisme contemporain: elle est sociale et nationale; elle exclut la droite li- berale, qui n'est qu'un centre et qui ne veut voir en elle qu'une extreme droite. Querelles d'etiquettes, lutte de principes: I'incompatibi- lite mutuelle est totale; seules sont pensables des alliances temporaires contre un tiers en- nemi, le socialo-communisme. F.B. et P.V. sont d'ailleurs sensibles aux liens paradoxaux (<<et fugitifs ) de cette droite extreme avec I'extrime gauche, qui expliquent l'integration aisee dans ses rangs de ((transfuges celebres venus de la gauche syndicale ou socialiste : mais aussi le passage inverse.

Qui compose cette droite? ( Des hommes

qui, de leur vivant, avaient parfois peu de cho- ses en commun)) et que n'effrayaient pas <<les anathemes reciproques , mais qui ont une mdme sensibilite politique et forment ((une mime famille de pensee >. Quelle place y tien- nent les catholiques ? C'est ici le point faible du dossier que les AA., d'abord politistes, ne maitrisent pas et ne traitent pas vraiment. On pourrait dire que les catholiques la domi- naient au temps du 1lgitimisme et qu'ils s'en sont retires a mesure que d'autres y entraient. On pourrait mime penser que c'est ce retrait qui explique le retrecissement de la droite. Ce serait vrai mais insuffisant. En fait, ces <catholiques de droite), sont eux-m~mes de deux esprits differents: les uns catholiques d'abord avec le pape, les autres qui mettent a part, sans les melanger, la politique et la religion. On parlerait volontiers d'un guelfisme et d'un gibellinisme frangais si ces mots pouvaient trouver sens chez nous. Pour les premiers, l'ordre social chretien ne s'est jamais con- fondu avec l'ordre social frangais dont ri- vaient les seconds.

De menues erreurs, ici oui la, rares. Les AA. renvoient a Coston, Girardet, Remond, Stern- hell (ecrit Sternheel). Ils ignorent mes travaux sur l'integrisme catholique et la these de Ph. Levillain sur Albert de Mun, qui les auraient deranges, mais aussi la these d'A. Prost sur les Anciens combattants, qui est irremplaga- ble. On regrettera le manque d'Index.

Emile Poulat.

60.228 BERQUE (Jacques), ed.

Bibliographie de la culture arabe contemporaine. Paris, Sindbad et Les Presses de I'UNESCO, 1981, 483 p.

Dans son introduction (p. 11-40), J.B. souli- gne quelques points forts de l'evolution de la culture arabe contemporaine (1940-71); la lit- terature romanesque, thb&trale ou poetique lui en fournit la matiere principale mais les essais recents sur l'islam lui inspirent aussi des mises au point. (a Mais dans l'energie que l'Islam de- ploie a rivaliser avec l'histoire des autres, pointe la menace d'une inconsequence. Celle d'avoir deplace l'accent du metaphysique a l'historique, ce qu'aucun dogme ne peut ac- cepter )).

J. Couland presente techniquement la bi-

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