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[desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (byncsa). ACADEMIE DE PARIS Année 2016 MEMOIRE Pour l’obtention du DES D’Anesthésie-Réanimation Coordonnateur : Monsieur le Professeur Benoît Plaud Par Marianne ANNONAY Présenté et soutenu à Paris Le 09 Septembre 2016 Quel est le pourcentage d’orifice glottique observable seuil pour accéder à la trachée avec une sonde d’intubation ou un long mandrin béquillé ? Une étude randomisée en simulation d’intubation difficile Travail effectué sous la direction du Professeur Gilles Dhonneur

Marianne ANNONAY

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ACADEMIE DE PARIS

Année 2016

MEMOIRE

Pour l’obtention du DES

D’Anesthésie-Réanimation

Coordonnateur : Monsieur le Professeur Benoît Plaud

Par

Marianne ANNONAY

Présenté et soutenu à Paris

Le 09 Septembre 2016

Quel est le pourcentage d’orifice glottique observable seuil pour

accéder à la trachée avec une sonde d’intubation ou un long

mandrin béquillé ? Une étude randomisée en simulation

d’intubation difficile

Travail effectué sous la direction du Professeur Gilles Dhonneur

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SOMMAIRE

ABRÉVIATIONS

RÉSUMÉ …................................................................................................................………...4

I- INTRODUCTION……..…………………………………………………………………….5

II- MATÉRIELS ET MÉTHODES……………………………………………………...........11

1- Ethique…………………………………………………………………………………..…11

2- Les participants…………………………………………………………………………….11

3- Les situations d’accès trachéal simples et difficiles……………………………………….11

4- Education des participants…………………………………………………………………12

5- Déroulement du protocole…………………………………………………………………13

6- Les critères de l’étude………………………………………………………………….…..14

7- Analyse statistique…………………………………………………………………………14

III- RÉSULTATS……………………………………………………………………………..16

IV- DISCUSSION.................................................................................................................... 19

1- Les POGO déclarés………………………………………………………………………...19

2- Le succès ou l’échec de l’accès trachéal rapide……………………………………...…….20

3- L’expérience des intervenants……………………………………………………..………22

4- Le POGO-Echec pour SIT…………………………………………………………………23

5- La sélection du modèle…………………………………………………………………….23

6- Les limites de l’étude………………………………………………………………………24

V- CONCLUSION……………………………………………………………………………25

BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………26

ANNEXE……………………………………………………………………………………..29

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ABRÉVIATIONS

POGO : Pourcentage d’Orifice Glottique Observable

SIT : Sonde d’Intubation Trachéale

LMB : Long Mandrin Béquillé

CL : Cormack et Lehane

LM : Laryngoscope de Macintosh

BEG : Bougie Élastique en Gomme de caoutchouc

SID : Score d’Intubation Difficile

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RÉSUMÉ

Introduction : La sélection de modèles d’intubation simple et difficile pour des études de simulation nous a permis d’analyser l’impact de la qualité de la vision glottique en laryngoscopie directe, évaluée par le pourcentage observable de l’orifice glottique (POGO), sur la capacité d’opérateurs plus ou moins expérimentés à accéder rapidement à la trachée dans un temps contraint (<15 s) avec une sonde d’intubation trachéale (SIT) ou un long mandrin béquillé (LMB). Matériels et méthodes : Etude prospective réalisée sur mannequin d’intubation difficile par 15 médecins expérimentés (Séniors) et 15 médecins internes en formation (Juniors) informés et préparés. La création de POGO variables permettait de moduler la difficulté d’accès trachéal croissante selon 4 Situations standardisées. La capacité des opérateurs à accéder à la trachée dans un temps limité (< 15 s) avec SIT ou LMB était évaluée. Le choix de l’outil d’accès trachéal (SIT ou LMB) et les Situations (1 à 4) étaient randomisés. Après chaque tentative d’accès trachéal avec SIT ou LMB, indépendamment du succès ou de l’échec, les participants devaient énoncer à voix haute le grade de Cormack et Lehane ainsi que le POGO observés. Le critère principal de jugement était le score POGO minimal ayant permis un accès trachéal en moins de 15 s (POGO-Seuil). Les autres critères étaient les POGO-Succès et Echec correspondant respectivement aux valeurs moyennes des POGO obtenus lors des accès trachéaux réussis en <15 s et aux valeurs moyennes des POGO associés aux échecs d’accès trachéaux. Le nombre d’échec était également colligé. Notre hypothèse principale était que le POGO-Seuil de SIT devait être au moins deux fois plus élevé que celui de LMB. Résultats : Au total 240 tentatives d’accès trachéal ont été chronométrées. Le POGO-Seuil est 3,6 fois plus élevé avec SIT qu’avec LMB. Les Séniors ont un POGO-Seuil plus bas que les Juniors pour SIT et LMB. Le POGO-Succès de LMB est systématiquement inférieure à celui de SIT pour les Situations 1, 2, et 3. En Situation 3, le taux de réussite de l’accès trachéal < 15 s est 3 fois plus élevé avec LMB qu’avec SIT. Le POGO-Echec moyen avec SIT et LMB est identique pour les Juniors et les Séniors. Pour la Situation 3, près de 50% des participants sont incapables d’accéder à la trachée en moins de 15 s avec SIT, alors que 83% d’entre eux (100% des Séniors et 66% des Juniors) le sont avec LMB. Conclusion : L’accès trachéal en urgence avec LMB est réalisable pour des conditions de laryngoscopie moins bonne que celles requises pour placer SIT. Quand la laryngoscopie est difficile (Situation 3), le choix de l’outil est déterminant du succès de l’accès trachéal rapide et SIT est plus difficile à utiliser que LMB par les intervenants moins expérimentés. Ce travail nous a permis de sélectionner les modèles d’intubation trachéale simple et difficile auxquels nous souhaitions confronter les médecins urgentistes lors d’études de simulation.

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I- INTRODUCTION

L’origine du laryngoscope remonte à 1855, où un professeur de chant M. Garcia, cherchant à

observer ses cordes vocales, eu l’idée d’utiliser deux petits miroirs prélevés sur des outils de

dentistes pour visualiser indirectement, par un jeu de lumière et de réflexion, ses cordes

vocales. Il fit un mémoire qu’il intitula « observations physiologiques sur la voie humaine »

[1]. Ce mémoire resta dans l’oubli et il fallut attendre 1895 pour que le Dr A. Kirstein

fabrique un instrument qu’il nomma le « glottiscope » permettant une visualisation directe de

la glotte [2]. Ce glottiscope était composé d’un manche et d’une lame droite (en une seule

pièce), associé à une source de lumière artificielle externe. En 1913, le Dr P. Jackson de

Philadelphie (USA) rapportait l’utilisation du glottiscope pour introduire, sous contrôle de la

vue, un tube dans la trachée [3]. En 1943, Sir Robert R. Macintosh brevetait une lame

métallique avec une courbure continue, articulée sur un manche droit, créant ainsi le

laryngoscope de Macintosh (LM) [4]. Ce laryngoscope facilitait l’insertion trachéale, sous

contrôle direct de la vue, d’un tube chez les patients anesthésiés. Comparé aux outils existants

munis d’une lame droite, le LM permettait alors de diminuer l’incidence des traumatismes

pharyngolaryngés et surtout des bris dentaires lors de la mise en place d’une sonde

d’intubation trachéale (SIT).

En 1949, Sir Robert R. Macintosh rapportait dans une série de cas publiée dans le BMJ [5],

l’intérêt d’une bougie élastique en gomme de caoutchouc (BEG), utilisée par les urologues

pour dilater les sténoses urétrales, pour faciliter l’introduction de la SIT quand l’accès trachéal

était compliqué ou impossible avec son laryngoscope. Inspiré par le rapport de Sir Robert R.

Macintosh, Paul H. Venn [6], médecin anesthésiste exerçant au Royaume-Uni, a conçu un

introducteur trachéal qui fut utilisé dans les années 1970. Il était alors le consultant

anesthésiste pour la firme britannique Eschmann Bros & Walsh, Ltd (Shoreham-by-Sea, West

Sussex, UK). Cette compagnie accepta, en Mars 1973, de fabriquer et de commercialiser le

brevet du docteur Paul. H Venn appelé : long mandrin béquillé d’Eschmann (LMB) [6]. Le

matériau composant cet introducteur nouvellement conçu était différent de celui de la BEG

[7]. En effet, il était composé de deux structures: 1- un noyau central tubulaire tissé à partir de

fils de polyester et 2- une couche de résine synthétique externe. Cette conception particulière

permettait d’obtenir une certaine rigidité liée à l’armature interne tout en gardant une certaine

flexibilité. Par ailleurs, la couche externe en résine permettait d’avoir une surface glissante.

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En dehors du matériau, d'autres détails différenciaient le LMB conçu par Paul H. Venn et la

BEG : la taille et la forme béquillée de son extrémité distale. La longueur du LMB était de 60

cm, bien plus importante que celle de BEG, ce qui facilitait le guidage de la SIT sur

l’introducteur poussé en butée dans l’arbre bronchique. Enfin, l’extrémité béquillée fut

travaillée pour constituer un angle de 35° sur une longueur de 1,5 cm permettant d’orienter

l’introducteur trachéal et de lui faire passer des obstacles [7].

Par la suite, le LMB est resté pendant de nombreuses années un outil d’accès trachéal très

usité par les médecins anesthésistes du Royaume-Uni. Ses performances et sa réputation

cantonnée à la Grande Bretagne eurent du mal à franchir la Manche. Avec les progrès de la

pharmacologie, le développement des respirateurs d’anesthésie, et la mise à disposition des

cliniciens des moyens de monitorage des effets des agents de l’anesthésie, l’intubation

trachéale devenait dans les pays développés, dans les années 1990-95, la technique de gestion

des voies aériennes la plus fréquemment utilisée lors de l’anesthésie générale. Cette période

coïncidait en Europe avec la publication de nombreux rapports et études scientifiques

démontrant que le LMB était un outil d’aide à l’accès trachéal performant [8, 9].

Simultanément, aux USA, les médecins anesthésistes validaient l’utilisation d’un mandrin

métallique malléable recouvert d’un film plastique en polyvinyle carbone pour faciliter

l’accès trachéal.

C’est le développement des algorithmes de gestion des voies aériennes difficiles qui donna au

LMB ses lettres de noblesses et sa reconnaissance internationale. En effet, à partir des années

2000, le LMB est intégré dans les algorithmes d’intubation difficile [10-16]. L’intubation est

difficile quand la visualisation de la glotte est partielle ou impossible et que la sonde

d’intubation est introduite dans l’œsophage deux fois de suite. Dans cette situation, le LMB

est proposé en seconde ligne pour tenter d’accéder à la trachée. Quand le LMB est placé dans

la trachée et avancé en butée dans l’arbre bronchique, alors, il sert de guide pour placer la SIT

dans la trachée.

Les performances du LMB pour l’intubation trachéale sont maintenant reconnues au bloc

opératoire, mais aussi en médecine d’urgence et dans les unités de réanimation [11-16]. Le

LMB est inséré dans la trachée et permet d’y insérer une sonde d’intubation dans plus de 80%

des situations où le LM seul ne permettait pas de le réaliser cette manœuvre [14]. Cette

performance est remarquable, ce d’autant que la manœuvre d’intubation avec le LMB permet

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de s’assurer de la quasi-certitude du placement dans l’arbre bronchique de l’introducteur. En

effet, sous laryngoscopie directe, l’introduction trachéale du LMB permet de ressentir lors de

sa descente dans la trachée : 1- des ressauts (clics), traduisant la butée de l’extrémité angulée

sur les anneaux trachéaux successifs, et 2- le blocage distal bronchique (hold-up) de

l’extrémité angulée entre 35 et 40 cm des arcades dentaires.

Les études cliniques démontrent que le LMB est très performant dans l’intubation trachéale

difficile et plus particulièrement dans les situations où la glotte n’est que partiellement ou pas

du tout visible en laryngoscopie directe. Le score le plus souvent utilisé pour mesurer la

difficulté de l’intubation (IDS) [17] intègre la qualité de la vision glottique sous laryngoscopie

directe estimée par la classification de Cormack et Lehane (CL) selon 4 grades (1, 2, 3 et 4)

comme l’élément déterminant de la difficulté. En cas de CL=1, la glotte est visible dans son

ensemble, l’intubation est simple. Quand la glotte n’est pas visible dans son ensemble (CL=2,

3 et 4), l’intubation est plus difficile. Cependant, en situation clinique, les situations d’accès

trachéal difficile sont très majoritairement associées aux CL= 2. Or, le CL= 2 correspond à un

vaste continuum de qualité d’exposition glottique (certaines où la glotte est visible à 90% et

d’autres où elle n’est visible qu’à 5%) correspondant à des difficultés d’intubation très

variables. L’accès trachéal est simple avec un CL=2 si 90% de la glotte est visible. A

l’opposé, pour les CL=2 avec seulement 1% de la glotte visible, l’intubation est difficile. Le

CL=2 comme grade unique de difficulté d’exposition glottique peut générer une intubation

relativement simple ou très difficile, ce qui nuit à la qualité de la mesure de la difficulté

d’intubation.

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Pour mieux coller avec la réalité, le CL a été modifié au cours des années pour qualifier la

difficulté de la laryngoscopie. Ainsi, des grades intermédiaires ont été ajoutés pour refléter la

difficulté d’intubation avec notamment les CL=2A, CL=2B, CL=3A et CL=3B.

Plus récemment, le score POGO (POGO : pourcentage d’orifice glottique observable ; Figure

2) [18], décrivant la qualité de la vision glottique lors de la laryngoscopie avec le LM, a été

proposé pour mesurer la difficulté de l’intubation trachéale. Lorsque la fente glottique est

visible dans son ensemble en laryngoscopie directe, le POGO est à 100%, l’exposition

glottique est parfaite et l’intubation trachéale est simple a priori. A l’opposée, lorsque la fente

glottique n’est pas visible, alors le POGO est à 0%, l’exposition glottique est impossible,

l’intubation trachéale est difficile, parfois irréalisable. Il est ainsi possible avec le POGO de

grader de manière quasi linéaire la difficulté d’intubation rencontrée en pratique clinique. Le

POGO est maintenant largement utilisé en pratique clinique pour juger la qualité de la

laryngoscopie et mesurer la difficulté de l’intubation trachéale.

Figure 2

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L’apprentissage de l’intubation trachéale est depuis une quinzaine d’années possible sur

mannequin standard, mais aussi sur mannequin d’intubation difficile [19, 20]. Ces derniers

permettent de moduler la difficulté d’intubation et de simuler une gamme de situation où

l’intubation est simple avec un CL=1, puis d’augmenter progressivement la difficulté

d’intubation en plaçant un collier cervical et en utilisant différents moyens mécaniques

induisant une rigidité du rachis cervical (fixation de l’axe tête-cou), réduisant l’ouverture de la

bouche (simulation de trismus ou ankylose mandibulaire), diminuant le volume de la cavité

buccale (augmentation du volume de la langue), rétrécissant le volume du pharynx (induction

d’une voussure pharyngée postérieure) et finalement fermant la glotte (compression

extrinsèque des cordes vocales). Par ailleurs, l’intubation peut être rendue plus difficile par

d’autres stratégies comme le placement du mannequin au sol ou dans un espace contraint ou

en imposant une position d’intubation non conventionnelle (de face par exemple ou en

position latérale) à l’opérateur.

Les mannequins d’intubation difficile permettent à des opérateurs d’apprendre la manœuvre

d’intubation trachéale avec le LM (mais aussi avec des vidéo-laryngoscopes) dans des

conditions simples et standard, puis dans des situations de plus en plus difficiles en modulant

le POGO ou les positions relatives de l’opérateur et du mannequin. Par la suite, les opérateurs

qui maitrisent la manœuvre d’intubation peuvent être placés en conditions simulant une

intubation difficile au bloc opératoire, au sol comme en médecine d’urgence, en position

assise sur un lit d’hospitalisation ou de réanimation. Il est possible sur les mannequins

d’intubation difficile de créer des scénarii mimant des situations cliniques d’intubation mais

aussi de ventilation au masque facial difficiles. Les opérateurs sont alors jugés sur leur faculté

à appliquer des algorithmes prédéfinis par les sociétés savantes. Il est par ailleurs possible

d’induire un environnement stressant en simulation de gestion des voies aériennes en utilisant

un marquage sonore des variations affichées de la fréquence cardiaque et de la saturation en

oxygène (SaO2). La simulation permet aussi d’évaluer la faisabilité et l’intérêt de nouvelles

stratégies de gestion des voies aériennes supérieures.

Notre laboratoire est équipé d’une dizaine de mannequins standards adultes dont trois

mobilisables d’intubation difficile (Airman® Ambu). Nous avons, dans ce laboratoire, réalisé

de nombreuses formations des personnels médicaux et paramédicaux (IADE) du bloc

opératoire et du SMUR à la gestion des voies aériennes difficiles. Nous avons préparé la

validation des algorithmes de gestion des voies aériennes avant de les appliquer en clinique.

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Nous avons aussi analysé la courbe d’apprentissage de nombreux outils de gestion des voies

aériennes comme les masques laryngés et les vidéo-laryngoscopes.

Il y a deux ans, nous avons décidé de modifier notre algorithme de gestion des voies aériennes

difficiles en SMUR. Notre objectif était de réduire le délai de sécurisation des voies aériennes

en rendant la manœuvre d’intubation plus simple, plus confortable, particulièrement dans les

situations cliniques reconnues pour être difficiles. Nous avons décidé de réaliser une étude en

simulation d’intubation difficile en SMUR. Notre intention était de modifier la position du

LMB dans l’algorithme que nous avions validé préalablement en situations cliniques. Nous

nous posions la question de la pertinence d’utiliser le LMB en première intention (plutôt

qu’en seconde) pour l’intubation en SMUR dans les situations cliniques où une intubation

difficile était anticipée, soit du fait du patient qui présentait des critères prédictifs de

difficulté, soit parce que la situation/position du patient par rapport à celle de l’intervenant

laissait présager des difficultés soit du fait de la combinaison de ces facteurs [21].

Avant de débuter l’étude en simulation, nous avons décidé de valider les modèles

d’intubation. Nous devions proposer deux conditions d’intubation trachéale standardisées

pour la médecine d’urgence : une simple et l’autre difficile. Ce schéma méthodologique nous

permettait de valider l’utilisation première de LMB dans l’algorithme de gestion difficile des

voies aériennes et de comparer l’impact de cette nouvelle stratégie par rapport à la

recommandation qui est d’utiliser le LMB en seconde intention après l’échec de l’intubation

avec la SIT [10]. Nous avons donc décidé de réaliser une étude de validation des modèles

d’intubation simple et difficile. La sélection du modèle d’intubation étant réalisée sur les

mannequins placés en position conventionnelle, la difficulté d’accès trachéal était modulée

par la création de POGO variables. La capacité des opérateurs à accéder à la trachée dans un

temps limité avec une SIT ou un LMB était évaluée. Ce travail avait pour objectif de

sélectionner les modèles d’intubation simple et difficile que nous allions utiliser dans la suite

de nos études. Pour réaliser cette sélection des modèles d’intubation, nous avons décidé de

calculer de manière prospective la qualité de la vision glottique quantifiée par le POGO

permettant à des opérateurs plus ou moins expérimentés d’accéder rapidement à la trachée

dans un temps contraint (<15 sec) avec SIT ou LMB proposés de manière aléatoire. Nous

avons défini pour chaque opérateur et pour l’ensemble des modèles d’intubation proposé de

manière aléatoire, le POGO seuil (POGO-Seuil) comme le score POGO le plus bas ayant

permis à l’opérateur un accès trachéal réussi en moins de 15 s.

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II- MATÉRIELS ET MÉTHODES

1- Ethique Notre travail a été soumis à l’avis du comité d’éthique qui a émis un avis favorable à la

réalisation de cette recherche en simulation gestion des voies aériennes supérieures difficiles.

Par ailleurs, les 35 participants : médecins anesthésistes (n=5), médecins urgentistes (n=15),

internes du SMUR (n=10), et interne d’anesthésie (n=5) ont donné un accord écrit de

participation à cette recherche.

2- Les participants Cinq médecins anesthésiste-réanimateurs (MAR) ayant plus de 10 ans d’expérience en

clinique, mais aussi en recherche, dans le domaine de la gestion des voies aériennes, ont été

impliqués dans la conception et le suivi de l’étude. Ils étaient chargés de valider les méthodes,

de réaliser l’éducation aux protocoles et procédures, de valider les apprentissages et enfin de

monitorer la réalisation des études.

Trente participants ont été impliqués dans le choix des modèles d’intubation. Il s’agissait

d’abord de 15 médecins urgentistes ayant entre 10 et 15 ans d’expérience en médecine

d’urgence préhospitalière. Tous considérés comme des « Séniors », ils avaient déjà participé

à des études cliniques dans le domaine de la gestion des voies aériennes. Enfin, 15 internes en

formation dans deux spécialités : la médecine d’urgence et l’anesthésie-réanimation étaient

considérés comme des « Juniors ». Les Juniors en anesthésie et réanimation étaient dans leur

second semestre de spécialisation. Les Juniors en médecine d’urgence étaient dans leur

seconde année de spécialisation.

3- Les situations d’accès trachéal simples et difficiles L’étude était réalisée sur le mannequin SimMan® Ambu. Il était positionné à plat dos sur un

brancard placé à hauteur modulable simulant ainsi des conditions d’intubation au bloc

opératoire. Ce mannequin d’intubation difficile permettait de moduler la difficulté

d’intubation en utilisant 5 moyens (M) différents, associables. Ainsi, il est possible pour M1-

de placer un collier cervical, M2- de créer une rigidité rachidienne en fixant le rachis cervical,

M3- de réduire l’accès à la cavité buccale en réalisant l’équivalent d’un trismus, M4- de

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diminuer l’espace de la cavité buccale et rétro-basi-linguale en gonflant la langue, et M5- de

réduire le volume pharyngé en créant une voussure pharyngée postérieure.

L’option qui consistait à créer sur le mannequin un laryngospasme (M6) n’a pas été retenue

dans ce travail préliminaire dans la mesure où cette éventualité générait plus souvent des

problèmes ventilatoires que d’accès trachéal.

Les 5 MAR avaient la mission de quotter le CL et le POGO en fonction des moyens utilisés

pour rendre l’intubation trachéale difficile. Lorsque le mannequin d’intubation difficile était

dépourvu des M, l’ensemble des MAR quottaient le CL à 1 et le POGO à 100%. Il était alors

décidé d’adjoindre systématiquement un collier cervical au mannequin nu (Situation 1) avec

pour principaux objectif de simuler des conditions d’intubation en SMUR et de majorer

légèrement la difficulté des conditions d’intubation, même si, dans la position d’intubation

conventionnelle proposée, M1 n’affectait pas le CL (1) ni le POGO (100). Quand M2 était

associé à M1 (Situation 2), les 5 MAR retrouvaient un CL=2A avec un POGO variable proche

de 50 %. Quand M1, M2 et M4 étaient combinés (Situation 3), les 5 MAR décrivaient un CL=

2B avec un POGO=0. Quand M1, M2, M3 et M4 étaient associés (Situation 4), les MAR

décrivaient un CL=3A avec un POGO=0. Quand M1, M2, M3, M4 et M5 étaient appliquées

simultanément (Situation 5), les MAR décrivaient un CL= 3B-4 avec POGO=0. Il était décidé

arbitrairement de ne pas proposer ce dernier modèle (Situation 5) d’accès trachéal difficile

aux participants. La qualification de la difficulté de laryngoscopie évaluée par les MAR était

strictement reproductible pour les Situations 1 à 5.

4- Education des participants Tous les participants avaient déjà réalisé une formation sur mannequin standard à l’intubation

trachéale et avaient déjà réalisé des intubations en SMUR ou au bloc opératoire. Avant de

débuter le protocole de l’étude, les MAR s’assuraient que les participants connaissaient les

outils de mesure de la difficulté de la laryngoscopie en utilisant le CL et le POGO. La

classification des grades de CL (1, 2A, 2B, 3A, 3B, et 4) était rappelée. Des photos

standardisées de POGO variables (0, 10, 25, 50, 75, 90 et 100%) étaient proposées

visuellement aux participants pendant quelques secondes dans un ordre aléatoire, après

lesquelles ils devaient donner (pour chaque photo présentée) la valeur du POGO qu’ils

estimaient avoir observé. Dès lors que cette éducation était finalisée et que les participants

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étaient jugés, par les MAR moniteurs de l’essai clinique, capables de mesurer de manière

fiable le CL et le POGO, l’information sur le déroulement du protocole était apportée.

5- Déroulement du protocole Dans la mesure où les études de simulation qui découleraient de cette sélection des modèles

seraient réalisées dans des conditions de médecine d’urgence, les MAR avaient décidé de

limiter la durée de l’accès trachéal (DAT) à 15 s. Cette DAT permettait dans nos différentes

simulations d’intubation de sécuriser les voies aériennes dans un délai proche de 20 s. La

durée de sécurisation des voies aériennes de 20 s représentait la médiane de la mesure réalisée

dans le laboratoire de simulation quand l’intubation était réalisée par les MAR lors des

Situations 2 et 3. Au-delà de 15 s de tentative, l’essai d’accès trachéal était considéré comme

un échec.

Les participants avaient à leur disposition un laryngoscope de Macintosh standard contrôlé

pour la qualité de l’illumination glottique avec une lame métallique à usage unique de taille 4

comme celle proposée aux MAR moniteurs de l’essai.

La sonde d’intubation (Rüsh, Endotracheal Tube, Teleflex®, France) avait un diamètre

interne de 7.0 mm. Le LMB que nous avons utilisé était le même pour tous les participants

(Frova, Intubating Catheter, Cook®, France). Dès qu’un LMB était anormalement déformé, il

était remplacé par un neuf. Tous étaient remplacés à chaque séance.

Les participants étaient convoqués par groupe de 10 indépendamment de leur qualité : Junior

ou Senior.

La DAT était chronométrée par un des MAR moniteur de l’étude. Le chronomètre était

déclenché dès que l’extrémité de la lame franchissait les arcades dentaires.

L’accès trachéal était considéré comme un succès si l’extrémité distale de SIT ou de LMB

franchissait la sous-glotte observée de manière endoscopique par voie rétrograde (fibroscope

bronchique défalqué et sa colonne vidéo) dans un délai inférieur ou égal à 15 s après le

déclenchement du chronomètre. Au-delà de 15 s de tentative, l’essai était considéré comme un

échec.

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Le choix de l’outil d’accès trachéal (SIT ou LMB) et des Situations (1 à 4) était randomisé

pour les participants selon des listes créées sur le site de l’Université de Tours

(biostat.med.univ-tours.fr) utilisant 6 strates avec 30 sujets. Les participants se voyaient

attribuer un numéro identifiant (1 à 30), puis les différentes strates de randomisation étaient

appliquées et consignées pour chaque participant dans des enveloppes cachetées qui étaient

ouvertes par les MAR qui chronométraient et réalisaient les réglages du mannequin pour les

Situations (1 à 4).

Après chaque tentative d’accès trachéal avec SIT ou LMB, indépendamment du succès ou de

l’échec, les participants devaient énoncer à voix haute le POGO et le CL observés lors de la

tentative d’accès trachéal <15 s.

6- Les Critères de l’étude Le POGO-Seuil était considéré comme le critère principal de jugement. Il était défini pour

chaque participant et pour chaque outil d’accès à la trachée (SIT et LMB) comme le POGO

minimal ayant permis un accès trachéal en moins de 15 s au cours des situations S1 à S4. Les

valeurs moyennes de POGO lors des accès trachéaux réussis en <15 s (POGO-Succès) et le

nombre d’échec pour les Situations S1 à S4 étaient comparées selon que l’intervenant utilisait

la SIT ou le LMB. Les POGO associés à un échec d’accès trachéal <15 s (POGO-Echec) avec

SIT et LMB étaient comparés entre les Séniors et les Juniors.

7- Analyse statistique Nous avons émis l’hypothèse réaliste que lors de l’intubation difficile avec un POGO

inférieur à 100% en laryngoscopie directe, le POGO-Seuil découlait directement du rapport

des diamètres externes de SIT et LMB (en faisant abstraction du caractère béquillé de LMB).

Pour calculer précisément le nombre d’intervenants nécessaires pour valider notre hypothèse,

nous avons calculé pour chaque geste des 5 MAR placés en Situation 2, les rapports

théoriques suivants R (SIT) = hauteur de la glotte du mannequin (25 mm) x POGO Situation 2

(50/100) / Diamètre externe de SIT (9,3 mm). Nous avons réalisé la même procédure en

calculant R (LMB) = hauteur de la glotte du mannequin (25 mm) x POGO Situation 2 /

Diamètre externe de LMB (4,6 mm). Nos calculs retrouvent un R (SIT) moyen égal à 1,3 et

un R (LMB) moyen à 2,7. Pour valider notre hypothèse que le POGO-Seuil de LMB est au

moins deux fois plus élevé que celui de SIT avec un risque alpha de 0,05 et une puissance de

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0,9, nous avons calculé (http://marne.u707.jussieu.fr/biostatgv/) que nous devions proposer à

30 intervenants d’utiliser SIT ou LMB dans un essai randomisé.

Les POGO-Seuil et POGO-Succès ont été comparés entre SIT et LMB avec un test t de

Student. Un test du Chi² (χ2) avec correction de Bonferroni a été utilisé pour comparer les

performances des Juniors et des Seniors et valider les modèles d’intubation. Un P < 0.05 était

considéré comme significatif.

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III- RÉSULTATS

L’âge et le nombre d’années d’expérience des Séniors étaient de 37 ans et 11 années

respectivement. Les Juniors d’anesthésie ont 26 ans en moyenne, ceux du SMUR 27 ans.

Après s’être familiarisé avec le matériel et le mannequin d’intubation difficile nu, les 30

participants ont tous tenté à 4 reprises d’accéder à la trachée du mannequin en moins de 15

secondes avec SIT ou LMB. Au total, 240 tentatives d’accès trachéal ont été chronométrées.

L’accès trachéal n’était pas réalisé dans les 15 s imparties dans 77 cas, soit 32% des tentatives

d’accès trachéal. Si l’on fait abstraction de la Situation 4, les échecs des Juniors sont deux fois

plus importants que ceux des Séniors. Aucun échec de Sénior n’a été observé avec LMB.

Les POGO déclarés par les participants après chaque tentative d’accès trachéal en moins de

15 s sont présentés dans le Tableau 1.

Tableau 1 : POGO déclarés après chaque tentative d’accès trachéal avec SIT et LMB

POGO (%) Moyenne (DS)

SIT LMB Situation

1

Situation

2

Situation

3

Situation

4

Situation

1

Situation

2

Situation

3

Situation

4

Participants

(n=30)

94 (15) 50 (15) 13 (9) 0 (1) 62 (23) 37 (15) 6 (6) 0 (1)

Séniors

(n=15)

94 (15) 59 (14) 17 (8) 1 (2) 73 (18) 45 (15) 6 (6) 0 (1)

Juniors

(n=15)

93 (14) 41 (9) 9 (7) 0 (0) 50 (21) 29 (11) 6 (7) 0 (0)

POGO: Pourcentage de l’Orifice Glottique Observable déclaré par les intervenants après chaque tentative

d’accès trachéal chronométrée ; Situations : Modalités de réglage du mannequin pour générer des conditions

d’intubation trachéale standardisées de difficulté croissante de 1 à 4, cf. paragraphe Méthodes ; SIT : Sonde

d’Intubation Trachéale ; LMB : Long Mandrin Béquillé.

Notre travail démontre que le POGO-Seuil pour LMB est 3,6 fois plus bas que celui pour SIT.

Le Tableau 2 illustre ce résultat et retrouve par ailleurs que les Séniors ont des POGO-Seuil

plus bas que les Juniors pour SIT et pour LMB.

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Tableau 2 : POGO-Seuil avec SIT et LMB

POGO-Seuil (%) Moyenne (DS)

SIT LMB

30 participants 32 (15) 9 (11)*

Séniors (n=15) 26 (13) 4 (5)*

Juniors (n=15) 37 (15) 15 (12)*

POGO : Pourcentage de l’Orifice Glottique Observable ; POGO-Seuil : cf. paragraphe Méthodes ; SIT : Sonde

d’Intubation Trachéale ; LMB : Long Mandrin Béquillé. * P < 0,05 versus POGO-Seuil pour SIT.

Le Tableau 3 présente les POGO-Succès associés aux Situations 1 à 3. La Situation 4 n’est

pas présentée dans la Table 3 car seul 2 accès trachéaux avec SIT sont réussis en < 15 s. Cette

table illustre la difficulté croissante de la laryngoscopie entre la Situation 1 et la Situation 3

quel que soit l’outil d’accès trachéal utilisé. Par ailleurs, ces résultats illustrent bien que le

besoin d’exposition (en termes de laryngoscopie) est plus faible avec LMB qu’avec SIT. Pour

exemple, en Situation 1, le POGO-Succès moyen est de 94%, alors qu’il n’est que de 62%

avec LMB. De manière similaire, en Situation 3, le POGO-Succès moyen avec SIT est de

18%, alors qu’il est de 5% avec LMB.

Tableau 3 : POGO-Succès avec SIT et LMB en fonction des Situations SIT LMB

POGO-Succès (%) Moyenne (DS)

Situation

1

Situation

2

Situation

3

Situation

1

Situation

2

Situation

3

30 Participants 94 (14) 51(14) 18 (8) 62 (23) * 37 (15) # 5 (6) °

Séniors (n=15) 94 (15) 59 (14) 18 (8) 73 (18) 45 (15) 4 (5)

Juniors (n=15) 93 (14) 42 (9) 19 (9) 50 (21) 29 (11) 6 (7)

POGO: Pourcentage de l’Orifice Glottique Observable ; POGO-Succès : cf. paragraphe Méthode ; SIT : Sonde

d’Intubation Trachéale ; LMB : Long Mandrin Béquillé ; Situations : Modalités de réglage du mannequin pour

générer des conditions d’intubation trachéale standardisées de difficulté croissante de 1 à 3 ; *, °, # P < 0,05

versus SIT pour des Situations similaires.

Le Tableau 4 met en évidence que la Situation 3 est très discriminante. Elle démontre que les

échecs de l’accès trachéal en < 15 s avec SIT est 3 fois plus fréquent qu’avec LMB. Par

ailleurs, nous avons observé que les échecs de l’accès trachéal en < 15 s étaient

significativement plus fréquents chez les Juniors que chez les Séniors. Lors de la mise en

Situation 4, les échecs de l’accès trachéal en < 15 s sont quasi systématiques avec les deux

outils d’accès trachéal et pour les deux catégories de participants.

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Tableau 4 : Incidence de l’échec de l’accès trachéal en <15 s avec SIT et LMB en fonction

des Situations

Echec n, %

SIT LMB Situation

1

Situation

2

Situation

3

Situation

4

Situation

1

Situation

2

Situation

3

Situation

4

Participants

(n=30)

0 0 15, 50% 30, 100% 0 0 5, 17 % * 27, 94%

Séniors

(n=15)

0 0 5, 33% 15, 100% 0 0 0 12, 80%

Juniors

(n=15)

0 0 10, 66% 15, 100% 0 0 5, 33% 15, 100%

POGO: Pourcentage de l’Orifice Glottique Observable ; SIT : Sonde d’Intubation Trachéale ; LMB : Long

Mandrin Béquillé ; Situations : Modalités de réglage du mannequin pour générer des conditions d’intubation

trachéale standardisées de difficulté croissante de la Situation 1 à la Situation 3. * P < 0,05 versus SIT en

Situation 3.

Le Tableau 5 montre que POGO-Echec en Situation 3 est identique pour les Juniors que pour

les Seniors. Cette table illustre le caractère très discriminant de la Situation 3 où aucun échec

d’accès trachéal < 15 s n’est mis en évidence quand les Séniors utilisent LMB. Les Juniors

ont plus de mal à placer LMB dans la trachée en < 15 s quand le POGO est proche de 1%

alors que 5 des 15 Séniors réussissent l’accès trachéal avec LMB pour un POGO coté à 0%.

Tableau 5 : POGO-Echec avec SIT et LMB en Situation 3

POGO-Echec (%) Moyenne (DS)

SIT

Situation 3

LMB

Situation 3

Séniors 7 (3) -

Juniors 7 (6) 1 (2)

POGO: Pourcentage de l’Orifice Glottique Observable ; POGO-Echec: cf. paragraphe Méthode ; SIT : Sonde

d’Intubation Trachéale ; LMB : Long Mandrin Béquillé ; Situations : Modalités de réglage du mannequin pour

générer des conditions d’intubation trachéale difficile standardisées : cf. paragraphe Méthodes.

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IV- DISCUSSION

Nous avons analysé la performance de 30 médecins, 15 expérimentés et 15 en cours de

formation, à accéder à la trachée sous laryngoscopie directe avec SIT ou LMB, dans un temps

limité à 15 s.

Notre travail démontre que le POGO-Seuil est 3,6 plus élevé avec SIT qu’avec LMB. Nous

mettons en évidence que le POGO-Succès de LMB est systématiquement inférieure à celui de

SIT pour la Situation 1, la Situation 2, et la Situation 3. En Situation 3, nous observons que le

taux de réussite de l’accès trachéal < 15 s est plus élevé avec LMB qu’avec SIT. De manière

intéressante, le POGO-Echec moyen avec SIT est identique pour les médecins en formation et

les médecins expérimentés. Enfin, ce travail en simulation nous permet de sélectionner de

manière rationnelle les 2 situations d’intubation, l’une simple et l’autre difficile, que nous

souhaitons appliquer lors de nos études ultérieures.

1- Les POGO déclarés Même si l’évaluation du POGO est subjective, nos résultats permettent de calculer les

hauteurs de glotte visibles et de corréler ces dernières avec le calibre des outils d’accès

trachéal (SIT et LMB) pour leur 3 valeurs du POGO (seuil, succès et échec) respectives. Si la

qualité de laryngoscopie permet de visualiser plus de 9,3 mm de la glotte (POGO = 50% sur

nos mannequins), soit 100% du diamètre de SIT, alors l’accès trachéal est simple. Dans notre

travail, le POGO-Seuil moyen pour SIT est de 32%, ce qui correspond à une glotte visible sur

une hauteur de 7mm, qui permet de faire passer plus de 70% du calibre de la sonde

d’intubation. Il est donc compréhensible que l’accès trachéal soit toujours possible. Nous

pouvons aussi observer que le POGO-Succès moyen pour SIT, en Situation 3, est égal à 18%,

ce qui correspond à la visualisation d’une hauteur de glotte de 3,6 mm, soit près de 40 % du

calibre de la sonde d’intubation. A l’opposé, le POGO-Echec moyen est de 7%, ce qui

correspond à une ouverture de glotte visible sur 1,4 mm, soit seulement 15% du calibre de la

sonde d’intubation. Nous pouvons alors extrapoler une sorte de règle qui pourrait être la

suivante : quand la laryngoscopie permet de visualiser une fraction de la glotte qui représente

au moins 40% du diamètre externe de l’outil d’accès trachéal choisi, alors l’accès trachéal <

15 s est possible. Si le même raisonnement était appliqué à LMB, considéré comme un tube

simple de 4,6 mm de diamètre externe (sans sa béquille) affublé de la même courbure que

SIT, alors le POGO-Seuil théorique serait de 16%, le POGO-Succès de 9%, et le POGO-

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Echec de 3%. En fait, dans notre travail, nous avons mesuré pour SIT des valeurs plus basses

des POGO (seuil, succès et échec) que les valeurs théoriques calculées : soit 9%, 5% et 0-1%,

respectivement. Ces différences entre des valeurs théoriques prédites pour SIT, considéré

comme un tube simple, et les valeurs mesurées dans notre travail sont certainement liées au

fait que LMB n’est pas un mandrin linéaire, mais qu’il possède une extrémité béquillée vers le

haut qui permet d’accéder à la glotte alors qu’elle n’est pas visible (POGO = 0%). Notre

hypothèse qui était de démontrer que le POGO-Seuil de LMB était deux fois plus faible que

celui de SIT était basée sur un rapport des diamètres externes. Le fait que LMB soit béquillé

nous permet de démontrer que le POGO-Seuil de LMB est presque 4 fois moins élevé que

celui de SIT.

2- Le succès ou l’échec de l’accès trachéal rapide Notre travail de simulation confirme que LMB permet d’accéder rapidement à la trachée pour

une qualité de laryngoscopie significativement moins bonne que celle requise pour accéder à

la trachée avec SIT. Cette observation est valable pour les médecins expérimentés et les

médecins en formation. Par ailleurs, nos résultats suggèrent que plus la laryngoscopie est

difficile, plus les chances de succès de l’accès trachéal rapide avec SIT baissent, alors que

celles de LMB restent préservées malgré des niveaux de POGO bas proches de 0. Nos

observations en simulation confortent différents travaux cliniques que nous avons réalisés et

qui démontraient l’intérêt du LMB placé comme premier outil alternatif d’accès à la trachée

lorsque l’intubation était impossible avec SIT sous laryngoscopie directe [12-15]. Dans 4

études réalisées sur un très vaste collectif [12-15], soit près de 30 000 patients intubés, nous

démontrions que LMB utilisé sous laryngoscopie directe, après l’échec de 2 tentatives d’accès

trachéal avec SIT, permettait de sécuriser définitivement les voies aériennes dans près de 90%

des cas. Dans ces travaux de validation d’algorithmes de gestion des VAS difficiles, réalisés

au bloc opératoire et en médecine d’urgence, nous suggérions implicitement que LMB

pourrait raccourcir la durée des manœuvres d’intubation. Bien entendu, pour de telles

cohortes de patients, la durée du geste n’était pas chronométrée, mais dans 80 à 93% des

situations où SIT ne permettait pas d’accéder à la trachée, LMB réalisait l’accès trachéal.

Au bloc opératoire, les algorithmes de gestion des voies aériennes difficiles proposent deux

tentatives d’intubation sous laryngoscopie directe avec SIT avant d’utiliser LMB [10].

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Notre travail suggère que si le POGO est supérieur à 30%, alors il est possible que la seconde

tentative avec SIT soit justifiée. Par contre, si le POGO est inférieur à 10%, alors l’utilisation

de LMB, après l’échec de la première tentative d’accès trachéal avec SIT, paraît licite.

Raccourcir le délai de sécurisation des voies aériennes supérieures est parfois un élément

décisif quant au devenir des patients, même en anesthésie. L’induction d’un patient estomac

plein de chirurgie viscérale avec une complication digestive occlusive, celle un d’obèse

morbide avec sa réserve pulmonaire en oxygène basse, ou encore l’anesthésie en extrême

urgence d’une parturiente pré-éclamptique œdématiée, sont des situations à très haut risque de

complications vitales. La sécurisation rapide des voies aériennes permet de limiter le risque de

complications par hypoxémie et inhalation du contenu gastrique. Notre travail suggère que le

POGO pourrait être intégré dans les algorithmes d’intubation difficile. Si le POGO est

inférieur à 10% lors de la laryngoscopie initiale, LMB pourrait être l’outil de sécurisation des

voies aériennes le plus performant pour réduire la durée de sécurisation des voies aériennes.

En effet, si SIT est utilisée dans ces circonstances, le risque d’intubation œsophagienne est

important. Malheureusement, confirmer l’intubation œsophagienne avec SIT prend du temps,

source d’hypoxémie, et nécessite de tenter de ventiler le patient sur quelques cycles durant

lesquels la pression intra-gastrique va augmenter et majorer le risque d’inhalation d’un

éventuel contenu gastrique [22]. Mort TC [22] a mis en evidence que les patients avec une

intubation oesophagienne, comparés aux autres, avaient des taux significatifs d’hypoxémie

(64.7% vs 13.1%; P < 0.001) et d’hypoxémie sévère (Spo2 < 70%) (25% vs 4.4%; P < 0.001).

Les taux de régurgitation (24.7% vs 2.4%) et d’inhalation (12.8% vs 0.8%) différaient

également significativement (P < 0.001). L’incidence globale des bradycardies, typiquement

entrainées par l’hypoxie, était plus fréquente (RR = 14 ; IC 95 : 11,12 – 23 ,39) après

intubation oesophagienne, de même que les troubles du rythme cardiaque (RR = 6, IC 95 :

4,44 – 9,14 ; 23.4% vs 4.1%) et les arrêts cardiaques (RR = 14, IC 95 : 7,88 – 28,82 ; 10.2%

vs 0.7%), et ce de manière significative (tous les P < 0.001). A l’opposée, la confirmation de

LMB dans l’œsophage ne prend que 5 s en moyenne dans nos exercices de simulation. En

effet, la non perception des clics et surtout l’absence de butée de LMB à plus de 50 cm des

arcades dentaires suffisent à éliminer le positionnement trachéal de LMB [23].

Le même raisonnement peut être appliqué à la médecine d’urgence où la notion d’urgence à

sécuriser rapidement les voies aériennes est encore plus sensible. En effet, les patients

défaillants qui nécessitent une intubation trachéale en médecine d’urgence sont exposés à des

risques de complications vitales majeures en cas de difficulté d’accès trachéal. L’impact de la

durée de gestion des VAS sur la survenue de complications avec le devenir des patients

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intubés dans le cadre général de l’urgence a été étudié. Plus la durée de gestion initiale des

VAS était longue et compliquée, plus le pronostic des patients était défavorable [24]. Une

étude corrèle le nombre de laryngoscopies nécessaire pour réaliser l’intubation trachéale avec

un pronostic plus péjoratif [24].

Nous pensons que le choix de l’outil d’accès à la trachée (SIT ou LMB) pourrait se faire dès

la première laryngoscopie. Nos études en laboratoire de simulation d’intubation difficile

démontrent que lorsque la laryngoscopie est très simple, la nécessité de réaliser une

manœuvre supplémentaire (descendre sous laryngoscopie directe le tube trachéal sur le

mandrin) avec LMB placé en premier dans la trachée peut prolonger d’environ 30 % la durée

de sécurisation des voies aériennes réalisée par des médecins expérimentés [21]. Par contre,

nous avons mis en évidence que quand la laryngoscopie est difficile, alors le délai de

sécurisation des voies aériennes est divisé par deux par l’introduction première de LMB pour

accéder à la trachée [21].

3- L’expérience des intervenants De manière intéressante, nous avons observé que lorsque les participants à ce travail étaient

exposés à des conditions de laryngoscopie simple, le POGO observé était plus bas lors de

l’accès trachéal avec LMB que celui avec SIT. Nous avons observé ce phénomène

indépendamment de l’expérience des opérateurs. Nous pensons, pour expliquer cette

observation, que les médecins ont adapté spontanément l’intensité et la qualité de la

laryngoscopie à l’outil utilisé pour accéder à la trachée. La démarche de tracter moins pour

moins exposer le larynx sans compromettre le succès de placement de LMB ou de SIT dans la

trachée a certainement présidé à nos observations dans ce travail. Même si nous n’avons pas

mesuré les forces de traction, il est acceptable de dire que moins de traction avec le LM

produit un POGO plus bas, une hauteur de glotte visible moins importante, mais suffisante

pour placer rapidement SIT ou LMB dans la trachée. Les résultats présentés dans le Tableau 1

démontrent que les Seniors ont une réserve de laryngoscopie, même en Situation 3

d’intubation difficile. En effet, ils sont capables dans les mêmes circonstances de déclarer un

POGO à 17 pour placer SIT, et 6 pour placer LMB. A l’inverse, les Juniors déclarent le même

POGO pour SIT et LMB. Les capacités des Juniors sont bridées par la qualité de leur

laryngoscopie, mais pas seulement. En effet, si les Seniors et les Juniors expriment le même

POGO moyen pour les tentatives d’accès trachéal avec LMB, ces derniers sont en échec

d’accès trachéal <15 s avec LMB pour 1/3 d’entre eux. Cette observation suggère que la

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qualité de la laryngoscopie n’est pas le seul élément qui détermine la capacité d’accès à la

trachée. La dextérité à manier l’outil d’accès trachéal est un élément important. Néanmoins, si

66% des Juniors sont incapables de placer SIT dans la trachée en Situation 3, ils ne sont que

33% à l’être avec LMB. Ce résultat peut être important pour la pratique si les résultats étaient

transposables à la clinique. Quand l’intubation est difficile, les opérateurs les moins

expérimentés pourraient bénéficier de l’utilisation première du LMB qui pourrait raccourcir la

durée d’intubation, principalement en évitant les intubations œsophagiennes inutiles. D’une

manière générale, les intervenants les moins formés pourraient bénéficier plus de LMB que

les opérateurs expérimentés.

4- Le POGO-Echec pour SIT Nous avons calculé que le POGO-Echec moyen pour SIT était identique pour les Juniors et

les Séniors. Ce résultat est intéressant car il met en lumière qu’un score POGO bas proche de

10% rend l’accès trachéal rapide avec SIT impossible quel que soit l’expérience de

l’intervenant. Observer moins d’un dixième de la glotte est probablement un signe en clinique

qu’il faut avoir en tête. En effet, l’accès rapide à la trachée avec SIT est alors difficile, parfois

aléatoire, dépendant de l’expérience, alors qu’avec LMB, 100% des Seniors et 66 % des

juniors accèdent à la trachée en moins de 15 s.

5- La sélection du modèle Notre étude permet de sélectionner les modèles d’intubation trachéale simple et difficile que

nous allons appliquer dans nos études ultérieures. Notre objectif était de sélectionner un

modèle qui soit aussi proche de la réalité que possible. La Situation 1 correspond à

l’intubation simple. L’ensemble des intervenants est capable d’accéder rapidement (<15s) à la

trachée avec SIT et LMB. La Situation 3 représente le scenario de laryngoscopie difficile

quasi idéale. En effet, les intervenants Séniors sont capables d’accéder à la trachée avec SIT

pour 66% des cas, et dans 100% des cas avec LMB. Pour les Situations 2 et 4, l’accès trachéal

rapide est respectivement peu difficile (0% d’échec) ou impossible (80 à 100% d’échec),

presque indépendamment de l’expérience de l’opérateur. Ces deux dernières situations ne sont

pas discriminantes pour réaliser une étude en simulation d’intubation trachéale difficile dans

le contexte de l’Urgence.

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6- Les limites de l’étude Comme toutes les études réalisées en simulation d’intubation trachéale, les conditions d’un

double aveugle pour un essai randomisé ne sont pas possibles. Notre travail présente d’autres

limites méthodologiques. Nous n’avons pas individualisé les intubations œsophagiennes. Ce

point aurait été important à identifier surtout quand les POGO étaient proches de 0 en

Situation 3 ou 4. Par ailleurs, comme nous étions dans le contexte d’un accès trachéal urgent

où la sécurisation des voies aériennes rapide primait sur toute autre considération, nous

n’avons pas comptabilisé les clics liés aux contacts brutaux avec les arcades dentaires. Nous

aurions pu, si nous avions pris en compte ces bruits, comparer les risques de traumatisme de

la cavité buccale avec l’un ou l’autre des outils d’accès trachéal.

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  25  

V- CONCLUSION

Ce travail préliminaire, préalable incontournable à la sélection de modèles standardisés que

nous souhaitons utiliser dans des protocoles d’intubation difficile simulant des conditions

d’urgence, nous permet de démontrer que l’accès trachéal en urgence avec LMB est réalisable

pour des conditions de laryngoscopie moins bonne que celles requises pour placer SIT. Quand

la laryngoscopie est difficile, comme en Situation 3, le choix de l’outil est déterminant du

succès de l’accès trachéal rapide avec près de 50% des participants incapables de placer SIT

dans la trachée en moins de 15 s. Dans ces mêmes conditions, 83% des participants (100%

des Séniors et 66% des Juniors) sont capables d’accéder en moins de 15 s à la trachée avec

LMB. Nos observations attestent que SIT est d’autant plus difficile à placer rapidement dans

la trachée que l’expérience de l’intervenant est faible. L’utilisation de LMB pour les Juniors

permet probablement de raccourcir le délai de sécurisation des voies aériennes supérieures et

d’éviter des intubations œsophagiennes inutiles. Ce travail nous permet de sélectionner les

modèles d’intubation trachéale simple et difficile auxquels nous souhaitions confronter les

médecins urgentistes lors d’études de simulation.

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ANNEXE

COMITE  ETHIQUE  ET  AIDE  A  LA  DECISION  MEDICALE  

(CEADM)  

Hôpital  Privé  Claude  Galien,  20  route  de  Boussy,  91480  QUINCY  SOUS  SÉNART  

Vice-­‐président  CEADM  :  Dr  Guy  ROSTOKER,  e-­‐mail:  [email protected]  

 

Projet  de  Recherche  N°:CEADM-­‐16-­‐02-­‐12    

 

Le  comité  a  été  saisi  le  03  février  2012  par    Pr  Gilles  DHONNEUR,  concernant  le  

projet  de  recherche  intitulé  :  

Utilisation  de   la   simulation  dans   la  gestion  des  voies  aériennes  pour  valider  

sur   mannequin   des   modèles   standardisés   d’intubation   trachéale   simple   et  

difficile.    

Dont   l’investigateur   est   Pr   Gilles   DHONNEUR-­‐   CHU   Henri   Mondor   94000  

CRETEIL.  

 

Le  comité  a  examiné  les  informations  relatives  à  ce  projet  lors  de  la  séance  du  

jeudi   15   mars   2012   et   a   émis   lors   de   la   délibération   l’avis   suivant  :   AVIS  

FAVORABLE    et  enregistré  ce  protocole  sur  le  numéro  :  n°  CEADM-­‐16-­‐03-­‐2012  

 

Quincy  sous  Sénart,  

Le    15  mars  2012