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I"x 1 ~"V 1 PAR ANATOLE FRANCE LES LIVRETS DU BIBLIOPHILE N03 EDITIONS A.A.M. STOLS MAESTRICHT SE VEND CHEZ CLAUDE AVELINE ~3, RUE MADAME, 6e PARIS 1926

LES LIVRETS BIBLIOPHILE N03 EDITIONS A.A.M. STOLS

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I"x 1 ~"V1PAR

ANATOLE FRANCE

LES LIVRETS DU BIBLIOPHILEN03

EDITIONS A.A.M. STOLSMAESTRICHT

SE VEND CHEZCLAUDE AVELINE

~3, RUE MADAME, 6ePARIS

1926

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De cet ouvrage, le troisième de la collec-tion "Les Livrets du Bibliophile~ il a ététiré 3~0ex. numérotés, ainsi répartis

10 sur papier du Japon ( i-io )40 sur Hollande des manufactures Van

Gelder Zonen ( 11 -~o)

300 sur vélin "Brédero" (~1-3~0).

Outre les 3~0 exemplaires mis dans lecommerce~ il a été tiré quelques exem-plaires sur des papiers diSérents numéro-tés en chiffres romains pour les amis del'auteur et de réditeur.

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ANATOLE FRANCELE LIVRE

DU BIBLIOPHILE

ÉDITIONS A.A.M. STOLSMAESTRICHT

SE VEND CHEZCLAUDE AVELINE

RUE MADAME, 6ePARIS

1926

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1"~N 1874-~ réditeur Lemerre décida~1 de publier un petit ouvrage, afin

J~––/d~initier le bibliophile aux mys-tères de 1~ édition et de lui montrer, par lamême occasion, que les volumes à lamarque du bêcheur nu devaient conten-ter les plus difficiles. Il confia l'établisse-ment de ce texte à son lecteur: AnatoleFrance. "Le Livre du bibliophile~ parutalors. Il ne portait pas de nom d'auteuret l'éditeur, en en signant l'avertissement,laissait croire que c'était lui. Mais onconnait le manuscrit. S'il contient descorrections d'Alphonse Lemerre, le texten'en est pas moins entièrement de la maind'Anatole France.

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~FERTYMEMEA~C~ ~~T~ ~<9~f 6~ ~O~f~<9~~ ~f~< /~f~ ~7 nous~O~J- ~C'~y~ ~0~ /<9~~ ~f~ et de~f~f les C<9~~<9~~ ~<9~

~6' < nécessairement f~f une<<9~ ~<9~f être ~f~ ~~f~~et ~~Z~ des ~f% ~0~~<2V<9~ ne ~r<3~J f~~r~<9~ des <T~~ non que la~ublzcation des oeuwres contempor~ines~<3~ <9~~T;f~y CO~Z~Of~

~~f~~ ~e les ~~c~~j' ~r~7~f des ~f~f~ et~0~ ~c~o~ ces /J'universellement C<9~ T;<elle ~U~.Nous ~<<9~~ en de ~0~ les~<9~ le L%T~~ < /<9f<tion du ~Cf~ <9~~ ~6'~r ~~f~f

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gage technique, de la copie qui doit être~T;f~~ l'imprimeur, momento~ le volume parachevé entre, vêtu de sa

reliure, dans la vitrine du bibliophile.Pour cette longue série d'opérations si~~ef~) ~r~~ ~f~f~fa de nombreux auxiliaires homme delettres, fondeur, imprimeur, fabricant de

papier, dessinateur, graveur, brocheur,relieur, etc., tous concourent au mêmebut la perfection du livre; im-

porte que l'éditeur-libraire entretienneconstammentl'harmonie de leur concoursdans l'exécution d'une entreprise

conçue et dont il peut seul embrasser l'en-semble.Nous examinerons successivement le livre

sous les f~~r~ texte, de l'impres-sion, de l'ornementation, du papier, etde la reliure. A. LEMERRE.

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!)!Ht)t)'M"MtMtn~mMMmlf~~TABLIRun bon texte est d'une~1 importance de premier ordre.C'est

là le but capital d'une f~~f~sion, et les soins plastiques si complexesdont ce texte va être l'objet ne tendrontqu'à le mettre en lumière selon toutes les

convenances et, par conséquent, avec uneparfaite beauté. Tout le travail de Pédi-teur sera dépensé en pure perte s'il nes~exerce pas sur un texte irréprochable.Il y doit songer et, s'il entreprend des sé-ries, s~il forme des bibliothèques classi-

ques ou curieuses, il faut qu'il applique,quant à la publication des textes, cer-taines règles déterminées d'avance, etqu'il s'assure le concours exclusif des lit-

DU TEXTE

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térateurs et des érudits qui admettent cesrègles.Voici celles que, d'accord avec nos colla-borateurs, nous suivons inflexiblementpour les textes qui entrent dans la Co~c-tion Lemerre,dans la Petite Bibliothèque/f~<? et dans la B~~<9~<~ d'uncurieux. Chacun des volumes de ces col-lections reproduit les formes du texte ori-ginal avec Inexactitude la plus rigoureuse.L'orthographe et la ponctuation propresà chaque auteur y sont scrupuleusementconservées. Nous croyons, en effet, quedes mille détails de la ponctuation et del'orthographe dépend, en partie/la phy-sionomie générale d'un écrivain, et quemodifier ces détails c'est altérer le carac-tère de l'ensemble.Il est fréquent de voir, dans les textes ori-ginaux des écrivains duXVIe et duXVIIe

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siècle, un même mot écrit de deux fa-çons différentes à quelques lignes d'inter-valle. Nous n'avons jamais été tenté)comme on l'est communémpnt encore,d'adopter pour les deux endroits une seuleforme grammaticale. Les deux leçonsnous paraissent, au contraire, utiles à gar-der comme un témoignage de Pindéci-sion dans laquelle a si longtemps flottél'orthographe française.On a prétendu que le souci des points etdes virgules, des capitales et des particu-larités orthographiques est propre auxauteurs contemporains et que nos classi-

ques ne l'avaient point. Mais, en réalité,un souci de cette nature n'est pas plus

nouveau que ce soin de la forme qui sur-prend si fort le public chez les poëtes mo-

dernes et qui est commun aux vrais poëtesde tous les temps. Les éditions originales

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des classiques sont loin de ne présenterque des singularités peu philologiques,dues au caprice des compositeurs igno-rants. L'orthographe y est variable, mais

non arbitraire, et la ponctuation y frappel'observateur attentif bien plus par saâxité que par son apparente bizarrerie.Si Jean Racine n'a pas relu scrupuleuse-ment les épreuves de la dernière éditionde son théâtre, La Fontaine multipliaitles errata à la suite des recueils de sesFables, montrant ainsi qu~il n~étalt pointindifférent à la correction typographiquede ses œuvres. Molière, peu soucieux queses pièces fussent imprimés, tenait dumoins à ce qu'elles le fussent correcte-ment.Nous ne voulons pas être plus dédaigneuxque ces grands hommes. Pour obtenirl'exactitude qui nous est précieuse, nous

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reproduisons Rdèlement la dernière édi-tion publiée du vivant de l'auteur, toutesles fois que cette édition a été revue outout au moins avouée par lui. Mais s'ilnous a suffi de suivre cette règle pour éta-blir presque totalement les textes de Ra-belais, de Régnier, de La Fontaine, deLa Rochefoucauld, de La Bruyère, etc.,nous l'avons reconnue insuffisante pourles écrivains qui, comme Molière, sontmorts en laissant inédite une grande par-tie de leur œuvre, et complètement inap-plicable à ceux qui, comme Montaigne,ont corrigé et amplifié leur livre aprèsravoir livré pour la dernière fois à l'im-primeur. Dans ces différents cas nous re-produisons, à défaut des manuscrits leplus souvent perdus, celle des éditionsposthumes qui a été faite dans les meil-leures conditions pour reproduire la pen-

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sée de l'auteur. Ainsi nous donnons lesjE~~ d'après le bon et vieilde mademoiselle de Gournay et nous sui-

vons, pour les pièces que Molière ne fit

pas lui-même imprimer~ le texte queproduisirent ses camarades Lagrange etVinot.Cette réforme n'est pas un caprice quinous est propre: elle est dans resprit dutemps et elle éclate de divers cStés. Lepublic recevrait mal aujourd'hui des clas-siques mis à la mode du jour. Un Rabe-lais ~accommodé en nouveau langage"n'aurait pas la fortune qu'il eut au XVIIesiècle. Les formes grammaticales et or-thographiques des écrivains classiquesont acquis pour nous le prix qui s'attacheaux choses anciennes. Mais il faut avouerque~ si l'on suit enfin les éditions origi-nales, on les suit généralement de trop

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loin. Si le temps n'est plus où M. AimeMartin, littérateur hautement estiméd'ailleurs, accueillait dans son texte deRacine des corrections introduites par LaHarpe sous prétexte d~élégance et de bongoût, il n'est pas moins vrai que M. Bur-gaud des Marets a pu, il y a quelques an-nées, relever plus de trente mille fautesdans la meilleure des rééditions de Mon-taigne. Plus récemment encore on a con-staté, dans une édition nouvelle de Rabe-lais, une omission de neuf lignes dans unmême livre, et cela parce que réditeurne s~était pas donné la peine de recouriraux textes originaux.Nous ne confondons pas avec ces fâ-cheuses légèretés les efforts de quelquessavants éditeurs qui suivent avec une con-sciencieuse régularité un système difFé-

rent du nôtre, et qui, tout en collation-

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nant avec soin leurs éditions sur les textesoriginaux, appliquent à ces textes l'ortho-graphe de Voltaire et la ponctuation mo-derne. Nous sommes persuadé qu'on peutfaire de bons livres d'après cet anciensystème, mais nous pensons que nos édi-tions, conçues comme nous venons de ledire, doivent offrir, au point de vue philo-logique) un intérêt particulier et plaire~

par un charme spécial, aux esprits douésd'un sentiment littéraire vraiment déli-cat. Ces éditions ont incontestablementl'avantage d'être les seules diaprés les-quelles on puisse faire soit un glossaire,soit tout autre travail de grammaire his-torique. Enfin elles rentrent dans la dé-finition qu'un savant contemporain donnedes bonnes éditions:~L/élément essentiel des bonnes éditionsest toujours dans l'étendue et dans l'exac-

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titude des notions grammaticales, appu-yées subsidiairement sur les indicationslexicographiques et sur la comparaisondes manuscrits." ( i )

Une observation importante trouve saplace ici. Certains éditeurs lettrés ontcommis, en publiant des poésies, desfautes graves dont la connaissance deslois prosodiques les eûtcertainement pré-servés.M. Génin, si prisé d'ailleurs comme phi-lologue, a reproduit, dans son édition dela Farce de AM/~ Pathelin, plusieurs

vers faux que M. Littrép a aisément cor-rigés. Il était pourtant Impossible de

supposer que l'auteur de tant de vers sibien faits en eût laissé échapper de troplongs ou de trop courts. Nous faisons cette

(i) Littré, Histoire de la /MJ'~ I, 133.

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remarque appuyée de cet exemple pourmontrer combien il est indispensabled~être aussi attentif à la prosodie qu'à lagrammaire, quand il s'agit d~éditer les

œuvres d'un poète.Le texte une fois établi, il convient del'éclaircir sur tous les points où soit ladistance des temps, soit toute autre cause,a mis quelque obscurité. C'est là le prin-cipal objet des notes. Nous les plaçons àla 6n de chaque volume, mêlées aux va-riantes, et non pas au bas des pages, oùelles ont l'inconvénient de noyer le textesi elles sont abondantes et, dans tous les

cas, de distraire de Fœuvre elle-mêmel'esprit du lecteur. Chaque note est pré-cédée de l'indication de ia page et de laligne auxquelles elle se rapporte; ;car,dans

notre respect religieux pour les grandsécrivains, nous n~ avons point voulu inter-

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rompre leurs phrases, selon l'usage com-mun~ par des chiffres ou des astérisques.L'absence de ces petits signes contribue àdonner à nos livres la pureté d'aspect quenous recherchons.La Notice biographique et, quand il estbesoin, le Glossaire complètent le travailde Péditeur littéraire.Ce que ce travail coûte de peine et exigede savoir, d'esprit ingénieux, de sens cri-tique,ce n'est point à nous de le dire, mais

nous devons signaler ici, à la reconnais-

sance du public lettré, les hommes labo-rieux et érudits, tels que MM. Marty-Laveaux, Charles Royer~ Charles Asseli-

neau, Alphonse Pauly, Ernest Courbet,Etienne Charavay, Anatole France, F.de Caussade, Eugène Réaume, dont l'ac-tif et intelligent concours nous a permisde publier, en moins de six années) un

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grand nombre de volumes dans lesquelsles plus illustres de nos écrivains clas-siques revivent en leur intégrité pre-mière.

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DE L'IMPRESSION

Des Caractères

Les caractères dits ~/z~ ont été re-mis en honneur par M. Perrin, de Lyon.Ces caractères, fort beaux en eux-mêmes,

nous donnent, pour le cas qui nous oc-cupe principalement, c'est-à-dire pourla réimpression des vieux écrivains, l'a-vantage d'un archaïsme en harmonie

avec les textes. Leur emploi dans cettecirconstance concourt à produire cet effetde couleur locale si justement recherchéde nos jours.Au reste, ce nom d'elzévirien ne doit pasêtre pris à la lettre. Ce n'est point là unedésignation précise, car on rapplique in-

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différemment à des types du XVIe, duXVIIe et même du XVIIIe siècle, assezdissemblables les uns des autres.Les caractères employés par Louis Elze-vir et par ses cinq fils, qui furent impri-meurs à Leyde, à La Haye, à Utrecht età Amsterdam au commencement duXVIIe siècle, sont loin d'ailleurs d'êtreplus beaux que ceux dont les libraires deLyon ou de Paris faisaient usage au siècleprécédent.Mais Louis Elzevir passe pouravoir, dès la fin du XVIe siècle, inauguréune réforme qui a prévalu: c'est lui, dit-on, qui le premier distingua dans les mi-nuscules les u et les i, voyelles, des etdes /) consonnes. Quoi qu'il en soit, lesElzevir, bien qu~inférieurs aux Estiennepour la correction des textes, sont juste-ment estimés comme ayant produit, à

une époque où Part de ~imprimerie som-

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meillait en France, une longue série depetits volumes établis avec goût et tirés

avec soin. Leur mérite est grand sous cedouble rapport; mais ce serait une erreurde croire qu'ils possédaient en propre lescaractères connus aujourd'hui sous leurnom. Dès 1~0, Haultin, de la Rochelle,employait les caractères dont les Eizevirdevaient plus tard se servir.Vers 18~, un homme qui fit beaucoup

pour son art et dont la mémoire doit êtregrandement estimée comme celle d'unartiste inventif et délicat, M. Perrin, im-primeur à Lyon, trouva dans la vieillefonderie lyonnaise de MM.Rey des poin-çons et des matrices du XVIe siècle. Ilen acquit une partie; il dessina et fit gra-

ver les séries qui lui manquaient, et il ob-tint ainsi ces caractères dont l'anciennetéfaisait, à proprement parler, la nouveau-

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té, et qu'il ne contribua pas peu à mettreà la mode.A la même époque, et poursuivant lemême but, M. Claye, l'imprimeur dis-tingué, se livrait à des recherches dans

toutes les anciennes fonderies de carac-tères de Paris: tant il est vrai qu'il se ma-nifestait alors un retour vers le goût des

types anciens! Mais ses efforts restèrentinfructueux, et n'eurent d'autre résultatque de l'amener à constater que toutesles anciennes matrices en cuivre rougeavaient été converties en gros sous par laRévolution.M. Claye ne se rebuta point: il poussa sesrecherches j usqu'à Lyon, vieux centreabandonné d~imprimerie populaire, etc'est dans la fonderie séculaire de la fa-mille Rey qu'il retrouva et acquit unepartie importante d'antiques poinçons et

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matrices échappés à la destruction. –C'est ainsi que les maisons Perrin, deLyon, et Claye, de Paris, possèdent véri-tablement les types du XVIe siècle.M. Jannet, de son côté, fit fondre des ca-ractères d'un type analogue. L~éditeur dela Bibliothèque elzévirienne,dont la mortencore récente est une grande perte pourla Librairie, était doué d'un esprit plusingénieux, plus industrieux encore qu~ar-tistique. Les caractères qu'il employa,d'une forme resserrée, n~ont pas toute lapureté désirable. Nous n'en reconnais-

sons pas moins que M. Jannet doit êtrecité avec honneur parmi ceux qui ontcontribué à la renaissance moderne del'art typographique.Mais des diScultés sérieuses, issues de lacomplication des nécessités artistiques etcommerciales en face d'un public dont

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1'éducation bibliographique était encoreimparf aite, arrêtèrent bientôt l'essor desbeaux livres. M. Perrin ne consacrait

guère ses excellents caractères qu'à des

ouvrages d'un intérêt ou médiocre~ oupurement local. A part les Sonnets de M.~et plus récemment les Œ~T~~iM<9~~) il ne sortait de ses presses quedes poésies restées obscures et des travauxd'histoire provinciale. M. Jannet, qui, aucontraire,. avait entrepris une bibliothè-

que dont le cadre, trop peu défini, s'ou-vrait aux vieux classiques français, avaitété contrainte malgré son zèle, de sus-pendre ses réimpressions. Ce fut ce dé-couragement qui détermina, dans notreesprit, la publication de La Pléiade f ran-çoise. Le prospectus parut en 186~ et lepremier volume fut achevé l'année sui-vante. Notre dessein en publiant les sept

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poëtes de la Renaissance était cPempê-cher, autant qu'il était en nouSy que l'artde réimprimer fidèlement les textes ori-ginaux, en leur conservant leur physio-nomie primitive, se perdît. L~ P/servit de dédicace à notre maison.Les bibliophiles qui ont bien voulu suivre

nos travaux savent que nous avions dèslors ridée de réimprimer, selon un plannettement défini, les principaux monu-ments de la langue française; notre pro-jet est déjà réalisé en partie. Heureux si

nous avons pu donner aux livres de noscollections quelque chose de cette beautécorrecte et sérieuse qû'avec l'aide de pré-cieux auxiliaires nous poursuivons de tousnos efforts!oEn mettant à part les superbes séries quepossèdent les maisons Perrin, de Lyon~ etJ. Claye, de Paris, les caractères elzévi-

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riens les mieux copiés sont, j usqu'à cejour, ceux de la Fonderie~f~ et ceuxde MM. Laurent et Deberny; le six, petitœ dont nous nous sommes servi pour leLivre des sonnets et pour notre texted'Horace, et qui a été gravé par cettedernière maison, est fort beau.Notre souhait serait de voir copier exac-tement les types du XVIe siècle. On nel'a pas fait jusqu~ici. Cependant il n'estpas de types plus beaux que ceux emplo-yés de 1~2~ ai 600. Les arts industriels,c~est-à-dire les arts mêlés à la vie, floris-saient alors dans toute la splendeur d'uneexpansion unique. Le beau était chosefamilière et à la portée de tous les arti-sans. L'ouvrier savait donner une formesuperbe aussi bien à une lettre mouléequ'à la grille d'un parc ou à la cheminéed'une grande salle. Lors de la Renais-

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sance, la tournure des capitales, des ita-liques, les contours de PÔ~ du toutesles ligatures et toutes les lettres doublesavaient une beauté non retrouvée depuis.C'est ici le lieu de rectifier une erreurcommune à presque tous les typographesactuels, et qu'on trouve aussi bien dansplusieurs des livres édités par nous quesur le titre même des Annales archéolo-giques de France. Nos imprimeurs em-ploient comme un F une lettre du vieilalphabet des capitales à queue qui auXVIe siècle était uniquement un J. Labarre de ce J (?) a occasionné cette con-fusion fâcheuse. Il suffit d'ouvrir le Ré-gnier de 1608 pour se convaincre de l'er-reur et partant ne pas la commettre.Il est bien évident que la netteté du tiragedépende en grande partie, de la puretédes caractères~ et qu~avec des lettres usées

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par un trop long service et passées~comme

on dit, à l'état de têtes de clou, on ne peutobtenir qu'une impression d'un aspecttrouble et confus. Tout imprimeur qui aquelque soin -de son art et de sa réputationsait qu'il doit renouveler souvent la fontede ses caractères.

De 1 a Mise en pages

C'est dans les dispositions j udicieuses dela mise en pages que réditeur montre s~il

a du goût ou s~il en est dépourvu. Dans lepremier cas, il peut se tromper qu'onveuille bien excuser ses erreurs! Dans lesecond, il produit des éditions défectueu-ses, et les bibliophiles n'ont point à sesoucier de lui. Ces réflexions f aites, nousnous permettrons quelques remarques.

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La justification, c~est-à-dire le contourextérieur du texte) est évidemment en re-lation avec la grandeur totale du feuillet.Il doit y avoir harmonie. Une marge tropgrande est presque aussi laide qu'unemarge trop petite.Quelques volumes éta-lent le faux luxe d'un petit texte perducomme une île dans un océan de blanc.Jamais de telles fantaisies ne plairont à

ceux qui savent que le beau consiste dansla convenance des proportions.Par la même raison, des caractères tropgros sur une page de petite dimension dé-plaisent à l'égal d'un texte trop & sur ungrand feuillet.Pour les livres archaïques, nous songeonstout particulièrement à ceux qui dans leurforme extérieure procèdent du XVIesiècle; nous demandons que les impri-meurs varient plus qu~ils ne le font la

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composition des titres, des têtes de cha-pitre et des titres courants. Ils n'y em-ploient que des capitales; s'ils les mélan-geaient avec des italiques, des bas de casseet des lettresà queue, ils éviteraient l'uni-formité, ils réjouiraient Foell: ce qui doittoujours être le but des arts industriels.Les imprimeurs du XVIe siècle le sa-vaient leurs titres, peu Imitables à diverspoints de vue, sont du moins d'excellentsmodèles quant à la variété des caractères.Pour que l'aspect d~une page soit satis-faisant, il faut que la distance qui sépareles mots soit régulière et ne présente pasces c~est-à-dire ces petits canauxblancs que l~œil~ désagréablement affecté,voit parfois courir d'une ligne à l'autre,dans un trajet oblique, sur la moitiép oules trois quarts de la page. L/éditeur doit

y veiller.

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Pour les livres d'une véritable impor-tance, l~éditeur tire habituellement unnombre d'exemplaires étroitement limitépsur des papiers de choix, tels que hol-lande, whatman et chine.Tout amateur estime à sa juste valeur untirage de cette nature, fait avec change-ment d'imposition, exigeant par là lesfrais d'une mise en train nouvelle et pré-sentant l'avantage de marges agrandiesproportionnellement, aussi bien dans lefond que sur les trois autres cotes de laj ustification. Au contraire, un tirage surpapiers de choix sans changement dej ustification n'augmente la valeur del'exemplaire qu'en raison de la diSérencedu papier et du faible chiSre du tirage.Nous avons eu recours à ces deux sys-tèmes. Pour la Collection Lemerre, nousn~avons point reculé devant les frais d'une

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imposition nouvelle spéciale aux exem-plaires sur papiers de choix) voulant con-tribuer à donner par là à cette collectionde nos classiques la richesse qu'elle com-porte. Une considération particulière nousa fait employer l'autre système pour laPetite Bibliothèque littéraire. Nous avonspensé qu'agrandir par une j ustificationnouvelle les exemplaires de choix de cettebibliothèque) c'eût été leur ôter le carac-tère propre à cette collection, qui doitd'être de petite dimension, d'un formatde poche intime et commode.

Du Tirage

Mais l'action efficace de l'éditeur cessequand il a donné le bon à ~~f. C'est pour-tant du tirage que dépend la bonne ou la

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mauvaise réussite du livrent tous les soinsantérieurs sont perdus si le tirage laisse àdésirer. Cette réussite, qui tient en partieà plusieurs circonstances f atales,telles queles influences atmosphériques~est due en-core et surtout à Pencre qu'on emploie. Sil'imprimeur ne se procure pas une encredont la composition chimique soit satis-f aisante, les feuillets qu'il imprime ma-culeront inévitablement, même au boutd'un certain temps. Le tirage dépendbeaucoup aussi des soins qu~y donne l'ou-vrier. Celui-ci donc a sa part d'honneurou de blâme: il est de sa dignité de s'enpréoccuper sérieusement. Il faut qu'il aitla passion de son art: on ne fait bien quece que l'on aime.Le rouleau qu'on emploie pour encrer estd'ordinaire en colle forte et en mélasse.Nous préférerions le miel à cette dernière

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substance, parce que le miel est pur descories et donne du mordant à la lettre.Par les extrêmes chaleurs il s'amollit etdonne trop d'encre; par les grands froidsil durcit, et, comme disent poétiquementles hommes du métier, il n'y a plus d'a-mour entre le rouleau et la lettre. L'édi-teur doit savoir que l'on ne doit pas tirerpar des températures extrêmes.Personne n'ignore que la presse à bras estaujourd'hui remplacée par la machine,qui opéré avec une vitesse incomparable-ment plus grande. Les bons imprimeurs,pourtant, ont tous encore une presse àbras qu'ils réservent aux travaux de luxe.Nous ne manquons jamais d'y faire tirernos papiers de choix; nous obtenons ainsi,

avec de bons ouvriers, une netteté qui seremarque surtout dans la belle venue desfleurons, des culs-de-lampe et des lettres

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ornées. Cette netteté, cette pureté d'as-pect est due à la main humaine, qui estencore, quoi qu'on dise, le plus admirabledes instruments. Il serait absurde de vou-loir étendre l'emploi si lent de la presseà bras hors du domaine des produits duplus grand luxe; la supprimer entière-ment serait se priver du seul moyen qu'onait d'obtenir des tirages d'une parfaitebeauté mais il faut un bras habile, vigi-lant) prompt à réparer les fautes. Unebonne machine, à tout prendre, vautmieux qu'un mauvais ouvrier.Un bon tirage ne doit être ni trop gris, nitrop noir; il ne doit présenter aucune dif-férence de nuances ni dans l'ensemble desfeuilles ni, à plus forte raison, sur uneseule feuille ou sur une seule page. Lamise en train est ropération qui le pré-pare elle est fort importante et très-dé-

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licate. Faire soigneusement les décou-

pages une bonne couleur une fois déter-minée, la y~T~ d'un bout à l'autre del'ouvrage; éviter les bavochures qui ontl'inconvénient d'encrasser l'œil de la let-tre régulariser le foulage; telles sontquelques-unes des conditions d'une belleimpression. Lorsqu'elle a été bien faiteet que l'encre dont le rouleau est enduitn'est pas trop épaisse, on peut tirer: on amis de son côté toutes les chances de réus-site.Les bons imprimeurs savent qu'il ne fautglacer ni le papier de Chine, ni le papierde Hollande autrement celui-ci perdraitsa beauté, l'autre deviendrait méconnais-sable. On sait aussi qu'il ne faut ni glacerni mouiller les peaux; elles doivent avoirété placées, en attendant le tirage, dansdans un endroit humide, tel qu'une cave,

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et s'être suffisamment assouplies. Aprèsle tirage, il faut avoir grand soin de met-tre les peaux entre des cartons ou desplanches chargées de poids assez lourds

pour que)en séchante les peaux ne godent

pas.

Du Satinage et du Brochage

Quand les feuilles sont tirées~ on remetle livre au brocheur, qui) avant toutechose, doit le faire parf aitement sécher.Le satinage opéré sur des feuilles hu-mides les macule.Au reste, le brocheur ne doit pas satinerindistinctement tous les papiers, parceque, si le satinage convient à ceux quisont doux et lisses, cette opération nepourrait que gâter ceux qui, comme le

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papier de Chine, sont essentiellementspongieux, et dénaturer d'une façon dé-plorable ceux qui, comme le Hollande,doivent leur beauté aux aspérités de leursurface et à la contexture de leur grain.Un bon satinage doit être fait feuille àfeuille; sans ce procédé~ les feuilles inté-rieures n~étant pas satinées courraient lerisque d'être maculées.Le brocheur doit plier exactement lesfeuilles. Il en est qu'il coupe par quarts;s~il les coupe mal, la faute est irréparable.Il ne lui suffit pas d'avoir une machinequi coupe cinq cents feuilles à la fois; ilfaut encore et surtout que ces feuilles nesoient pas coupées de travers. L'art debrocher exige, comme toute chose, unelongue expérience et des soins constants.L~éditeur ne peut que commander et sur-veiller.

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DE L'ORNEMENTATION

La bonne ou mauvaise ornementationd'un livre dépend du choix et de la dis-position des fleurons, des culs-de-lampeet des lettres ornées.Il est démontré que~pour décorer un livreaussi bien qu'une maison ou qu'une fon-taine, il ne suffit pas du talent individueld'un bon artiste, il faut adopter un style.Or un style est le propre, non d'une per-sonne,mais d'un temps. Il est des époquesqui, pour des raisons très-complexes~n~ont pas de style et sont réduites, dansles arts industriels, à reproduire et à ap-pliquer les diSFérents styles des siècles an-térieurs. Telle semble être l'époque pré-sente. Nous hasardons ces généralités

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avec beaucoup de réserve, mais elles noussont inspirées de toutes parts. Nous voyonsla joaillerie, l'orfèvrerie et le mobilieractuels revêtir les formes les plus belleset les plus caractéristiques des styles an-ciens, sans en inaugurer beaucoup de nou-velles. Nous dirions, si c'était ici le mo-ment que l'architecture,qui fournit com-munément à tous les arts industriels lesmotifs essentiels dont Pensemble consti-tue un genre, un style, ne leur offre guère,dans la période contemporaine, que desréminiscences d'origines diverses et peupropres à former un ensemble harmo-nieux.Malgré ce qui a été tenté de 183 à 18~l'art moderne,livré à ses seules ressources,n~a rien apporté de caractéristique à ladécoration du livre. Les artistes ont illus-tré les textes de vignettes dont quelques-

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unes ont un grand mérite intrinsèque; ilsn'ont imaginé aucun système ornemen-tal d'une physionomie particulière. LeGil Blas avec les bois de Gigoux et lePaul et Virginie publié pa-rGurmer sontdes livres à juste titre recherchés pour lesexcellentes figures qu~ils contiennent,mais ces figures, qu'elles soient'hors dutexte ou dans le texte, sont des etnon des ornements. Ce sont autant de pe-tits tableaux composés uniquement envue d~eux-mêmes et nullement dans unbut de décoration.Le XVIe siècle est le grand siècle de l'or-nement typographique. Alors les fleu-rons, les lettres ornées, les culs-de-lampe,sont riches en motifs de la plus bellefrappe. C'est répoque des lettres niellées~des lettres à fond sablé, des lettres à su-jets. Les ornements venus d~Italie) déli-

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catement modifiés par la main française,portent tous l'empreinte d'un style uni-

que et magistral. En ce temps-là, desartistes illustres, les Jean Cousin, lesGeoffroy Tory, les Petit Bernard, ne dé-daignaient pas de dessiner des lettres etdes ornements pour de beaux livres.Le XVIIe siècle néglige Fornement etsupplique surtout à la composition desgrands sujets, des frontispices et des por-traits superbement dessinés et gravés.Le XVIIIe siècle, le siècle charmant du

rococo, associe avec un art exquis le sujetà Fornement et mêle heureusement Fil-lustration et la décoration.C'est sous Louis XV que de petits culs-de-lampe, commencés à Feau-forte et fi-nis au burin présentent des Amours et desGénies dans des ornements de coquille etde rocaille.

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Alors les grands petits maîtres de la vi-gnette, les Eisen, les Cochin, les Grave-lot, les Marillier, ornementaient eux-mêmes les livres qu'ils illustraient. Les

gravures sur cuivre prenaient place dansle texte même, en haut et en bas des

pages, variant à l'infini sur les feuilletsles motifs que portaient, dans le mêmetemps, les trumeaux et les dessus de portedes boudoirs, ou les moulures des œils-de-bœuf aux façades des châteaux.Nous ne rappelons de l'art de la Renais-sance et de l'art du XVIIIe siècle que cequi est strictement nécessaire pour indi-quer Inapplication qu'on en peut faire àla décoration des livres nouveaux. Pournous, qui nous sommes particulièrementoccupé de la réimpression des écrivainsclassiques en caractères dits ~2~T~<nous avons dû adopter, pour les orne-

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lIiCilLo< 1C oLyiC ~u ~.Y v ai~~JL~~ \j[~~plus en rapport à la fois avec la formetypographique et l'esprit de nos auteurs.Une copie exacte de tels ou tels fleurons,de telles ou telles lettres ornées, nous aparu œuvre en quelque sorte stérile etd'ailleurs d'une exécution peu satisfai-sante. Nos procédés actuels de gravure)étant plus délicats~ plus fins que ceuxd'autrefois, sont par cela même mal ap-plicables à la reproduction servile des boisdu XVIe siècle. Nous ne saurions imiteraujourd'hui la taille épaisse~ large et peuminutieuse de la vieille gravure d'orne-ment. Nous sommes forcés) dans unesimple copie, d'amaigrir le trait et d'ôterde la sorte à l'ensemble quelque chose de

son caractère. Aussi avons-nous été heu-reux que M. Renard, artiste d'un raretalent décoratif, voulût bien desssiner

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pour nous des bois, des culs-de-lampe etdes alphabets niellés qui, par le style,procèdent de la Renaissance, mais qui,

par la liberté des combinaisons et la nou-veauté du faire, sont des œuvres origi-nales.Les vignettes sur cuivre, Intercalées dansle texte, comme fleurons ou culs-de-lampe, à la façon du X Ville siècle, nous

paraissent également fournir des res-sources décoratives à l~éditeur moderne,mais à la condition qu'elles soient nonpoint seulement de petites compositions,de petits tableaux en miniature, mais biendes ornements en rapport avec les dispo-sitions typographiques de la page; le gra-veur alors devra songer moins à la perfec-tion et au fini de son travail qu~à la dispo-sition des ombres et des lumières et àl'effet de l'ensemble.

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Il n'est pas dans notre sujet de parler del'illustration proprement dite. Nous fe-rons seulement une remarque qui, si sim-ple qu'elle soit, est rendue utile par latendance que certains amateurs ont à esti-

mer les livres à figures Indépendammentdu mérite même de ces figures. Il ne suf-fit pas qu'un livre contienne plusieurseaux-fortes pour être un livre précieux;il faut que ces eaux-fortes soient bonnes

en elles-mêmes, et, en outre, il est à dé-sirer qu'elles soient en harmonie avec l~es-prit et la forme du livre qu'elles illus-trent sans cela, ce sont des images quinuisent aux livres, au lieu de les orner etde les servir.

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DU PAPIER

Bien qu'on se serve aujourd'hui de papierde coton pour la presque totalité des li-vres~ le papier dit de Hollande est le seulqui soit durable, solide~ riche, et con-vienne aux livres de luxe.Ce papier n'est pas originaire de la Hol-lande comme son nom pourrait le fairecroire: après la révocation de l'Edit deNantes~ les principaux fabricants allèrentexercer leur industrie en Hollande etnous envoyèrent dès lors leurs produits.La maison Blanchet et Kléber, qui fa-brique son papier à Rives et dont le dépôtest à Paris, obtient un papier façon deHollande, pur fil, d'une excellente quali-té. Ce papier, résistant et sonore, doit à

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Fintégrité même de la matière premièred'être très-sec, un peu bleu et un peucassant.Le maison Darsy, qui reçoit le dépôt desfabriques de Dambricourt frères, deSaint-Omer, fournit un papier d~un moel-leux et d'une blancheur très-agréables,dus, sans doute, à remploi d'une faiblepartie de coton.Nous citerons encore la maison Morel etcompagnie, qui fabriqueà Arches (Vos-ges) des papiers de fil excellents.Bien que les produits de ces fabriquesfrançaises soient très-satisfaisants, nousdevons nommer ici la maison VanGel-der, d~Amsterdam~dont les dépositaires àParis sont MM. Havard et Lips, qui na-guère donnait un papier bleuté d'un as-pect déplaisant et qui maintenant égale,avec ses papiers d'un ton un peu jaune,

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les produits de nos meilleurs fabriques.Les papiers anglais, très-colles~ d'une ex-trême blancheur, n'offrent pas des garan-ties exceptionnelles de durée, mais ilsprésentent une netteté d'aspect vraimentadmirable. Ceux de la marque Whatman,entre tous, sont d'une pureté qui les rendparticulièrement propres à recevoir lesdessins au lavis des architectes. On com-prend que des papiers (Fun tissu aussi ré-gulier et aussi fin doivent concourir sé-rieusement à la magnificence, d'un livre.Une modification importante s'est intro-duite dans la fabrication du papier: lespilons, qui autrefois broyaient le fil, ontété remplacés par des cylindres qui letranchent et le hachent. On sent bien quece dernier mode d~opérer, beaucoup plusrapide que l'autre, a rinconvénient deproduire une pâte moins liée~ d~où ré-

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sulte un papier moins solide. Mais c'estlà une nécessité moderne qu'il faut subir.En basse Normandie, dans la vallée deVire, quelques petites usines ont encoreconservé leur ancien outillage de pilons

ou marteaux, etc.La durée du papier dépend en grandepartie de la matière employée: le chan-

vre, sous ce rapport, est préférable au lin.Les papiers de chanvre ou de lin se fontencore à la main. C'est ce qu'on nommeles papiers à la f orme. On comprend quela beauté de leur façon et l'égalité dela feuille est forcément limitée par lalongueur du bras de l'homme et par lechamp que peut parcourir la vannette.On est d'abord frappé de l'apparenteétrangeté des noms par lesquels on distin-gue les unes des autres les diverses sortesde papiers: le pot, la ~c~n~~ l'écu, le

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raisin, le jésus, le grand soleil, le grandaigle, ces noms viennent de la marquequ'ils portaient autrefois dans leur fil etqu'on pouvait voir en plaçant la feuilleentre l'œil et le jour. Cette marque repré-sente, en effet, tantôt un pot, tantôt unecouronne, tantôt un écu, etc.Les papiers de coton, comme nous l'avonsdit, sont employés aujourd'hui pour tousles livres qui ne sont pas d'un luxe ex-ceptionnel. Ces papiers sont fabriquésnon à la forme, mais à la mécanique.Le papier de coton) bien qu'il ne donne

pas les mêmes promesses de durée que lepapier de fil, est capable de se conserverintact par delà les limites ordinaires de lavie humaine (ce qui doit rassurer les bi-bliophiles), lorsque du moins le coton yest pur, et non mêlé) comme il arrivesouvent, à des substances fibreuses végé-

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tales et minérales, telles que paille.écorced'arbre, kaolin, sable, etc.Le papier teinte ne diffère pas essentiel-lement par sa fabrication de tout autrepapier incolore; la teinte résulte d'unesubstance colorante ajoutée à la pâte. Ce

n'est là qu'un artifice pour plaire auxyeux.Le papier de Chine a besoin d'une men-tion spéciale; il en faut préciser remploi.Toute personne qui n~est pas absolumentétrangère aux livres et aux estampes saitdistinguer le vrai papier de Chine duchine français qui en diffère sensible-ment. Nous parlons ici du vrai chine, lé-ger comme du liège, très-mince et très-spongieux à la fois, et doux et brillantcomme un foulard de soie. Malgré toutesces qualités, le papier de Chine, trop in-consistant, doit sa réputation, non pas à

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sa propre beauté~ mais bien à ses aSmitésparticulières avec l'encre d'impression.Son tissu lisse et mou tout ensemble estplus apte qu'aucun autre à recevoir unbeau tirage. Cette propriété~ qui fait re-chercher le papier de Chine pour le ti-rage des gravures, est celle-là même quien j ustifie l'emploi pour les tirages typo-graphiques. L'impression y vient avecune incomparable netteté. Les livres im-primés en petit texte gagnent particuliè-rement à être tirés sur chine.Nous rappelons aux amateurs que ce pa-pier, fabriqué avec des substances végé-tales, est soumis à un travail incessantde décompositon d'où résultent assezpromptement ces petites taches jaunes oupiqûres dont aucun papier, d'ailleurs, n'estabsolument exempt. C'est l'humidité, cegrand agent de décomposition~ qui hâte

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l'apparition de ces taches. Il importe aubibliophile de les prévenir, ce qui peut sefaire aisément au moyen de l'encollage.Nous ne saurions trop donner le conseilde faire encoller les papiers de Chine im-médiatement après l'impression du vo-lume, les piqûres apparaissant souvent aubout d~une année.

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La reliure peut et doit orïier le livrequ'elle revêt, mais il faut avant toutqu'elle le protège. Il est nécessaire d/at-tendre, pour faire relier un livre, qu'ilsoit parfaitement sec, ce qui n~arrivcque quelques mois et parfois même uneannée et plus après le tirage; car cer-tains papiers, surtout ceux de 61) sont par-ticulièrement sujets à garder rbumidité.Les opérations que nécessite la reliure, sielles sont appliquées a un livre humide,ont le fâcheux résultat d~en maculer lesfeuillets. Mais dès que le livre est biensec, surtout si c'est un exemplaire tiré surpapier de Chine ou sur tel autre papier dechoix, il convient, pour lui assurer les

DE LA RELIURE

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meilleures conditions possibles de conser-vation, de le confier aux soins d~un bonrelieur. Si toutefois il ne plaît pas au bi-bliophile de donner immédiatement à celivre une reliure définitive, il peut lefaire cartonner. Mais qu'on ne pense pasque ce soit chose indifférente de confierle plus simple cartonnage à un bon ou àun mauvais ouvrier. Un livre~

Jdans ce

cas même) court risque d~être irrépara-blement gâté) s~il est préparé par unemain maladroite.Aussi devons-nous nommer ici M. Ra-parlier, qui opère le laminage ou battageet le repliage pour des cartonnages dedeux francs avec les mêmes soins intelli-gents que prennent les meilleurs ouvriersquand il s'agit d'une reliure de trentefrancs ou plus. Une telle façon de procé-der nous fait estimer particulièrement

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les élégants cartonnages en demi-toileanglaise et les demi-reliures de maroquinà long grain qui sortent de râtelier de M.Raparlier.L'opération qui a pour but de donner unesurface plane aux feuillets du livre, lebattage, se faisait jadis uniquement aumarteau; on emploie auj ourd~hui le la-minoir, avec lequel on obtient cette pré-cision un peu dure qui caractérise letravail de toute machine. Le battage aumarteau, qui n'est pas complètementabandonnée produit des effets qui dépen-dent entièrement de l'ouvrier. S~ii est ha-bile, son travail a une souplesse, un moel-leux que la main humaine peut seule don-ner. Il est des relieurs qui emploient a-vantageusement les deux procédés. Quandle livre est passé au laminoir/ils lui don-nent avec adresse le coup de marteau dé-

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cisif, duquel résulte la belle tournure etle je ne sais quoi qui est l'empreinte del'ouvrier artiste.Le livre n'est plus cousu aujourd'hui dela façon qu'il l'était autrefois. La qua-druple ou quintuple Scelle sous laquelle

viennent passer tous les fils destinés à re-tenir les feuillets, et qui faisait horizon-talement saillie sur le dos des vieux li-vreS) est maintenant engagée dans uncran pratiqué dans les feuilles mêmes,au moyen d'une petite scie cela s'appelle~T<f. Et ce terme implique, selontoute apparence, que c'est là une sorte detricherie pour gagner du temps et pouréchapper à l'obligation de faire piquer àl'aiguille par de bonnes ouvrières. Il ré-sulte de ce procédé rapide, mais brutal,que le livre s'ouvre extrêmement mal.Un livre de quelque valeur ne doit être

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honorablement relié que par l'ancienneméthode,

1c'est-à-dire cousu sur nerfs.

Il faut dire que sur un point la reliuremoderne a vaincu en élégance la reliureancienne. Les plats, qui se soulèvent maldans les vieilles reliures, jouent mainte-nant comme des couvercles sur leurscharnières, les gardes ne sont plus cou-sues avec le livre même, elles sont poséesaprès coup sur les plats ouverts.L'amateur doit ou faire cartonner sonlivre, comme nous Pavons dit) ou lui don-ner pour vêtement soit une demi-reliure,soit une reliure pleine. La demi-reliuren'est pas définitive elle n'a pas à êtrefort riche, mais elle doit être élégante. IIen est un type dont on ne peut guère s~é-

carter c'est la demi-reliure avec coins,tranche supérieure dorée, les autres tran-ches seulement ébarbées.

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Nous placerons ici une observation quisupplique également aux cartonnages.Les livres tirés sur papier de choix offrent

une particularité due aux nécessités dutirage; ils sont munis de fausses marges,c~est-à-dire que les marges extérieuresd'un certain nombre de feuillets dépas-sent, et souvent de beaucoup, les margescorrespondantes des autres feuillets. Quel-

ques amateurs ne font pas tomber à la re-liure ces fausses marges. Il nous semblemeilleur de les rogner: elles proviennent,

non d'une intention artistique, mais d'unenécessité matérielle ces diSérences dansla dimension des papiers, loin d'être unornement, donnent au livre un aspect ir-régulier qui ne saurait être agréable.La reliure pleine est la seule qui soit dé-finitive. C'est pourquoi nous considéronsla tranche dorée comme une particularité

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qui lui est nécessaire. Un livre vêtu d'unereliure pleine et non rogné nous paraîtoffrir par là une inconséquence choquan-~

te. D'ailleurs la dorure de la tranche peutseule empêcher ces petites taches ou pi-qûres que l'humidité produit à la longue

au bord des livres les plus soigneusementconservés. Nous n'avons pas besoin dedire qu'un livre doit, dans tous les cas,être peu rogné, et que quelques témoinsdoivent apparaître comme gage du res-pect que le relieur a eu des marges. Lesmarges d~un livre sont comme le cadred'un tableau leurs proportions importentà l'effet plastique de la page.Les reliures pleines vraiment riches etmagistrales se font en maroquin du Le-vant. Il y aurait un autre genre de reliurequi nous plairait particulièrement pourles réimpressions) parce son style ar-

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chaïque serait en harmonie avec ces sor-tes d'ouvrages c'est la reliure en vélin;par malheur, nous ne connaissons pas unseul atelier où on le fasse à la satisfactiond'un véritable connaisseur. Nous espéronsqu'un relieur artiste et patient viendra unjour) qui reprendra sur ce point et adap-

tera au goût de notre époque les tradi-tions du XVIe siècle.Un mauvais relieur gâte irréparablementun livre~ un bon relieur le rend durable etl'enrichit.Voici les noms des relieurs qui ont faitpreuve, à notre connaissance, d'habileté,de soin et de goût

MM. Allô, les successeurs de Cape,Chambolle, successeur de Duru, Cuzin,David, Hardy, Lortic, Thibaron,Trautz-Bauzonnet.Nous n'avons nommé ici que des hommes

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excellant dans leur art. Tous n'ont pointles mêmes qualités; ainsi, pour ne citerqu'un exemple, les reliures de Trautz-Bauzonnet sont solides et un peu mas-sives, tandis que celles de Capé sont élé-gantes et légères jusqu~ârexcès.m.aisles unes et les autres témoignent d~un vé-ritable souci de bien faire et sont juste-ment prisées.S'il est quelque relieur amoureux de sonart et soigneux de sa réputation que nousn'ayons pas cité dans notre liste, nous leregrettons profondément. Nous ne di-sons que ce que nous savons et nous se-rions heureux qu'on, nous instruisît ànotre tour.Il nous reste à dire un mot de la dorure.Le XVIe, le XVIIe et le XVIIIe sièclenous ont légué un trésor inépuisable demotifs destinés à l'ornementation des

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livres. Nos doreurs les appliquent avecune habileté de main qu'on n~avalt ni auXVIe ni au XVIIIe siècle. MM. MariusMichel et Wampflug doivent être nom-més ici. M. Wampflug se fait remarquerpar la solidité et F éclat de sa dorure, M.

Marius par l'art exquis des arrangementset le choix des motifs. Ce sont ces deuxartistes qui font presque toute la doruredes relieurs dont nous avons parlé plushaut. Cependant M. Trautz-Bauzonnetfaitsa dorure lui-même. M. Lortic doreégalement lui-même. Sa vitrine, placéeà ~exposition de Vienne, dans la classedes arts industriels, contenait une sériechronologique de reliures de tous lesstyles, dont notamment quelques-unes,à mosaïques et à compartiments, sont des

œuvres qui témoignent d'un soin patientet d'un goût délicat et font songer, par

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le prodigieux travail qu'elles ont coûtée

aux pièces de maîtrise des anciennes cor-porations.Si la reliure est un art et si, par exemple,

un livre aux armes de Marie Stuart peutêtre comparé à la cassette de cette reinedont M. Luzarche a publié les dessins,c'est particulièrement à la dorure que levêtement d'un livre doit de pouvoir at-teindre à la beauté artistique. Nous par-lons de la dorure aux petits fers; non decelle qui est appliquée, d'un seul coup, àl'aide du balancier, sur le plat de maro-quin, mais de celle qui, poussée à la main,au moyen de fers de minime dimension,exige de la part de Pouvrier du goût dansla combinaison des motifs et de l'habiletédans l'application des fers. En songeantà ce que coûte d'invention et d'adressemanuelle une large dentelle d~or compo-

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sée d'une infinité de pièces mobiles appli-quées isolément~ on comprend que, si leprix d'une reliure ne peut dépasser unecertaine limite, il est des dorures qui, parleur caractère hautement artistique, é-chappent à toute appréciation vénale.

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REPRODUCTION DES TEXTES

APPENDICESUR LA

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APPENDICE

Nous donnons ici deux exemples d'infidé-lité notoire dans la reproduction des tex-tes, pour que l'on voie à quel point la pen-sée d'un auteur peut quelquefois être dé-naturée par des éditeurs qui se croient endroit de la corriger et de l'embellir à leurgré. Le premier exemple se rapporte à

des strophes bien connues de Margueritede Navarre, le second est tiré de la tra-duction de D~A~y CA/o~ de JacquesAmyot.A la suite, un troisième exemple met enregard un fragment du texte original deRabelais et le passage correspondantd'une édition d'ailleurs savante. On ver-ra que le texte de l'auteur a subi de gravesaltérations pour avoir été soumis à unsystème raisonné d'orthographe.

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PENSEES

DE LA ROYNE DE NAVARRE,ESTANT DENS SA LITIERE,

DVRANT LA MALADIE DV ROY.

Sur le chant de:Ce qui ~e~ <S~ ordonné.

Làs, celuy que vous aymez tantEst par maladie,Qui rend son peuple mal content,Et moy enuers vous sy Â~y~~Que %r~~ quoy que lon die,Pour luy tresparfaiteJ'De vous seul ce bien ie mendie,Pour rendre chacun contenté.

*<*<tttW<W*<Wc'est vostre vray D~

Qui en vous y~ ~~c~~Vous T;Z en luy tant W~

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Car de vous ha vraye science;F<3~J' regnez en sa conscience,N'y n'ha son coeur en autre lieu.

w «w < w <7~ regarde de tous costezPour voir s'il ~T~~ ~~f~<9~Priant sans cesser, n'en doutez,D~ qui santé à mon 7~<9~ d onne.

(MARGVERITES DE LA MARGVERITE DES PRINCESSES,

TRESILLVSTRE ROYNE DE NAVARRE. A. LYON, PAR lEAN

DE TOVRNES, M. D. XL VII. – T.I, pages 468–471.)

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SUR LA MALADIE

DE FRANCOIS PREMIERo

Rendez tout un Peuple content,0 vous, notre seule espérance,Dieu celui que vous aimez tant,Est en maladie &: soufFrance.En vous seul il a sa fiance.Hélas! c'est votre vrai David;Car de vous a vraie science:Vous vivez en lui, tant qu'il vit.

t .W < W .< W. t <' W' $'WvJe regarde de tout costé,Pour voir s'il n'arrive personne;Priant la céleste bonté,Que la santé à mon Roi donne.

(Annales poétiques, o~w~j'j~j~ depuis l'ori-gine de la PoesieFtançoise. A Paris, chez IZJe!alain.M. DCC. LXXVIII.–T.n, pages 103-106.–In-i8.)

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LES AMOVRS PASTORALES

DE DAPHNIS ET DE CHLOEqu'ilz ~o~~ <S~ s'entrebaisoient

de f ois qu'ilz n'aualloient de mor-seaux, ilz aperceurent une barque descheurs ~~<9~ 7o~ 7~ C<9~ Ilne /~<9~ bruit quelconque, & estoit lamer f ort calme, au moyen dequoy les pe-j'cA~fJ' s'estoient mis à ramer à plusgrande diligence ~z ~o~<9~~ pourporter e~ bonnes maisons de laville, du poisson tout f raiz ~~A~ S~ ceque les autres ~~r~ ? ~~y rameont tousiours accoustumé de /< poursoullager leur ~< ~~j'cA~~r~J~M6' alors c'est que l'vn d'entre euxpour donner courage autres chantoit

ne ~p~ quel chant de marine,& les autresluy respondoient à la cadence, comme lon

en vne ~<%yz~.

(A Paris pour Vincent Sertenas. 13 $9. – F. $~,v~.)

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DAPHNIS ET CHLOE DE LONGUS

TRADUCTION D~AMYOT

Ainsi qu'ilz mangeoyent ensemble, ayantmoins de souci de manger que de s'entre-baiser, ilz apperceurent une barque depescheurs, qui passoit au long de la coste:il ne faisoit bruit qeulGonque~ & estoit lamer fort calme, au moyen de quoy lespescheurs s'estoyent mis à ramer à la plusgrande diligence qu'ilz pouvoyent, pourporter en quelques bonnes maisons de laville du poisson tout fraiz peschc; & ceque les autres mariniers & gens de ramesont tous j ours accoustumé de faire poursoulager leur travail, ces pescheurs le fai-soyent alors; c'est que l'un d'entre eux,pour donner courage aux autres, chan-toit ne sçays quel chant de marine, dontla cadence regloit le mouvement des

rames, & les autres, de mesme qu'en unchœur de musique, umssoient par inter-valles leur voix à celle du chanteur.(R-c~jGr~j-P~j-, L~~f<?, éditeur, 1841 .-P.66.)

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RABELAIS

Ie vous remectz à la grande chronicqueP<r~ recongnoistre la genealo-<~ antiquité dont nous est venu Gar-~'< E~ vous entendrez plus

au /<3~ C0~ les Geands nasqui-rent en ce monde: <S~ comment ~C~par lignes directes yssit Gargantua pereP~f~ S~ ~e ~o'~y /~fe~f<pour le présent m'en deporte. Combien

que la chose soit telle que tant plus seroitremembrée tant plus ~6'~ vos~r% comme vous avez l'autoritéde Platon in P~O ? Gorgias, & deFlacce qui dict estre aucuns proposque ceulx cy sans doubte qui plus sontdelectables ~~< plus y0~ sont f~-~C~.

(Grands Annales ou Croniques tresueritables des Ges-

tes merueilleux du grand Gargantua.(1 342. -Chap.I.)

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RABELAIS

le vous remetz a la grande chronicquepantagrueline a congnoistre la genealogie& anticquité d'ond nous est venu Gar-gantua. En icelle vous entendrez plus aulong comment les geands nasquirent ence monde, & comment dl'iceulx par lignesdirectes yssit Gargantua~ père de Panta-gruel & ne vous faschera si pour le pre-sent ie m'en déporte. Combien que lachose soit telle que, tant plus seroit re-membrée. tant plus elle plairoit à vosseigneuries: comme vous auez l'authoritéde Platon in PA&~o. 6~ Gorgias, & deFlacce, qui dict estre aulcuns propouS)telz que ceulx cy sans doubte. qui plussont delectables quand plus souuent sontredictz.

((E~~f -F~~<?Af Rabelais. A Paris, C~ T~.D~M.D.CCC.XX.)

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RABELAIS

le vous f~zec~ grande ~~<9~eP<f~e/ recongnoistre la genealo-

<Ë~ antiquité dont nous est venu Gar-E~ icelle vous ~f~~ plus

au long comment les GeandsTe~e~Ce~ZO~ S~~O~~e~ ~C~~par lignes directes yssit Gargantua perede Pantagruel: @~ ~6'~j' /~je~f<pour le ~f~ m'en ~~<9f/ Combien

chose soit ~7/e: que tant seroitT~<~ tant plus elle plairoit à vos~Mf% comme vous avez l'autorité

.P/~<9~ P~<3 S~ G<9~~ ?JF~CC~ estre aucuns propos telz

que ceulx cy sans doubte qui plus sont~~C~y: quand plus souuent sont re-dictz.

(Grands Années ou Croniques tresueritables des Ges-

tes merueilleux dugfandGaï'gantua.(i342.-Chap.I.)

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RABELAIS

le vous remetz a la grande chronicquepantagrueline a congnoistre la genealogie& anticquité d'ond nous est venu Gar-gantua. En icelle vous entendrez plus aulong comment les geands nasquirent ence monde, & comment d'iceulx par lignesdirectes yssit Gargantua, père de Panta-gruel & ne vous faschera si pour le pré-sent ie m'en deporte. Combien que lachose soit telle que, tant plus seroit re-membrée. tant plus elle plairoit à vosseigneuries comme vous auez l~authoritede Platon in P~~<3. <S~ Gorgias, &: deFlacce, qui dict estre aulcuns propous,telz que ceulx cy sans double, qui plussont delectables quand plus souuent sontredictz.

((&~j' JF'r.<?~Rabelais. A P~C~ T~. D~<?~M.D.CCC.XX.)

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NOTE1

AVERTISSEMENT 2I. Du TEXTE 5

II. DE ~IMPRESSION 17Des Caractères 17De la Mise en Pages 26Du Tirage goDu Satinage et du Brochage 3

III. DE L'ORNEMENTATION 37IV. Du PAPIERV. DE LA RELIURE.

APPENDICE SUR LA REPRODUCTIONDES TEXTES 6j;

TABLE

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Cet ouvrage a été achevé d'imprimer parles maîtres-imprimeurs Boosten & Stols

sous la direction de A.A.M. Stolsà Maestricht le i juillet 19~6.

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