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Revue publiée par LES PP. FRANCISCAINS DU MAROC FRANÇAIS 2" ANNÉE - 1- JANV.IER 1922 " .. DIRECTION, ADM TNTSTRA TION @§J É&tiH Notre-Dame CASABLANCA

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Revue publiée par

LES PP. FRANCISCAINS

DU MAROC FRANÇAIS

2" ANNÉE - N° 1 - JANV.IER 1922

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2e année. - n° 1 Le numéro: 1 fr.25 Janvier 1922

Le Maroc Catholique

ABONNEMENTS RÉDACTI.ON ET ADMINISTRATION ABONNEMENTS

MAROC ET FRANCE 15 FR. Église Notre-Dame, Casablanca UNION POSTALE 18 FR.

LIRE DANS CE NUMÉRO:

L'année nouve1le, E. Dl'PUY. - La Crise d'aujourd'hui, P. A. FERRIÈRE. - Lemiracle de Noël, R. DIXTAS. - Le devoir social des Catholiques, P. CLÈM:ENT-ÉTIENNE.Pour ceux qui ont faim, L. 'LACROIX. - Avant et aprés-midi, EGIDIO. - Chroniquemédicale, LE DOCTEUR. - Impression d'Ouezzan, G. DE KÈRANGAT. - Alsace etLorraine, HENRY. - Le don à la France, F. ONFFROY. - Derniéres prières. - Undes Nôtres, E. BESNARD. - Avec nos troupes en pays Zaïan, J. DJ BLED. - Infor-mations. - Livres nouveaux. '

-"'3E---

L~ANNÉE NOUVELLE9 1 r:

L'année nouvelle luit comnze une flamme d'espérance) mêmeaux regards les plus désespérés.

Elle est accueillante aux semenceS' de froment et d'ivraie.Pour certains elle est la promesse accordée à la haine) maisbeaucoup la parent d'un presti;:;e d'amour.

Comb;en de v/eillardset cOiilbien d'Jtres jeunes ei:ccre) fati­gUés de sou.Jrir dans l'e,i'Pr;t O~t dans LI, c,'tair, dans Z<3S de:/;; il,

lafois souvent) ontdif alors qu'agonis:lit la tristesse de décerrl­bre: Il me serait doux Je mourir. Pm'oles mensongères qu)effacela clarté du temps qui vient. L'an nouveau apporte peut-être unemoindre douleur. Il appJrte peut-être laguér~'8onà cuite douleur.Avec une souffrance plus grande il apporle peut-êtr<3 un 1.léal)un noble Amour.

Aussi l'an neufest bien la pagevit'ginaZe o::i s'imprimerontdCi"I.7,nl D.'cu_ nos désolat,:ons et nos mérites. L'année nouvelle

.2

est la lniséricorde faite à notre faiblesse. Elle est semblable aucréjnsculc Cjui s'allonf2:e ct pcrnzet au irav.,illeur d'élever le tasdeJ' gerbes.

C\:pendant, à la plupart d'entre 110us, cette année que nOlisfêta ilS cl son frigide berceau sera dt:cevante.

Les lnois d'hiver endeuillés par les lJ/uo'es prendront nosâm5s aU,i: filets rnonotorles des désirs attristés et des souvenirsanciens. Puis viendront les ef;'iuvcs printaniers et le renouveausur la glèbe. Avec la naissance des germes, avec les chants desoiseaux, s'épanouira en nous la joie de vivre. Notre esprit, ainsiqu'une essence subtile, s'élèvera dans l'air jeune et doux, enve­loppera les ramures et se sentira tra'versé par la mélodie de lalumière) des parfums et des sons. Notre âl'ne retrouvera lesélans de sa jeunesse.

Cependmli) parfois) durant les mois chantants) au long dessoirs fleuris offerts à la Vierge) nous sentirons) mênze sans quenous souffrions de déboires ou de regrets) une tristesse indici­ble pénétrer nos cœurs.

Est-ce donc la fatigue des gestes millénaires et jamaisachevés qui nous accable en ces soirs de mélancolie?

Songeons-nous que toutes nos joies sont fugitives) qu'elles sefanent aussi vite que les fleurs) et qu'il est dur sur cette terred'espérer sans recevoir et d'attendre sous un lanzbeau d'azurtandis que le vent nous apporte des nuages de larmes?

Notre âme est-elle lasse d'appeler Dieu) de lui demander sonaide et de retomber sans cesse dans la nuit?

Cette tristesse qui) pour s'appesantir sur nous n)a pas besoinde cause apparente et qui est le fruit subconscient des expérien­ces passées et de la divina!ion de l'avenir) sans doute nousétreindra.

Ainsi) durant rannée, pendant les chCJ:.leurs estivales) au coursde l'automne doré par les grappes de septembre) au milieu desneiges de l'hiver) nous désespèrerons de devenir meilleurs) denous trouver un jour satisfaits de ce que la vie nous donne, etsur cette terre qui souffre et sourit nous pleurerons de noussentir des étrangers.

Nous sommes) hélas! les mauvais chercheurs de l'absolu etnous ne savons point vivre avec sagesse.

LE MAROC CATHOLIQUE 3

.Nous possédons tous la certitude que la vie terrestre} cettevie mortelle ouPlutôt cette mort vivante selon la phrase de SaintAugustin} ne peut s}emplir de bonheur.

Oublions en effet un instant la mort fatale. Ne nous deman­dons plus ce que nous étions alors que nos ancêtres vivaient etmouraient et que} sur des choses jeunes et belles} et douces} ettristes comme aujourd'hui} ,.passaient les mêmes souffles et seposaient les mêmes baisers de soleiL Faisons} pour sonder notreesprz't et not1'e cœur} abstraction de tout ce qui n}est pas nousmême} être d}argile} et demandons-nous si nous pouvons ici-bassatisfaire la soif qui est en nous.

Non} il n'est pas possible.Les plaisirs auxquels la cita:r seule participe sont mornes et

leurs lendemains sont amers. D'une éternité de ces vertigesinachevés} qui donc voudrait?

Il est d'autres joies coupables et très dangereuses à notreâme} car au mal qui est en elles nous mêlons une clarté. Cer­taines fautes nous apparaissent belles comme de beaux marbreset notre cœur y persévère puisqu'il souffre par elles, et que cettesouffrance lui semble une sorte de rachat. Ainsi} avons-nousbu aux coupes empoisonnées} croyant en Dieu} faisant le male! suppliant le Maître de prendre en pitié notre faiblesse. Mais}si nous descendons en nous-mêmes nous trou'vons} corrompantnotre misère} l}orgueil dans la douleur et dans le repentir.

.. .La famille suffira-t-elle} en dehors de Dieu} à nous donnerle sentiment de laplénitude du vivre vers laquelle nous tendons?

La mort élaguera l'arbre familial. Les êtres les PÜts chersinfligeront à nos cœurs de cruelles blessures. Suppr:merons­nous la souffrance pour nos fils} reculerons-nous leur mort ctdiviniserons-nous leur nature?

La douceur [amiliale est possible sans Dieu} mais la flammequi brille au joyer o:! les génér,7tions se succèdent s'affaiblit sinous ne l'alimentons pas avec une essence divine. Elle ne luitplus que faiblentent. Elle est plus fragile eil.ore que celle quis'allumait aux cavernes ba1'bares} après la fuite du premierhomme hors de l'Eden} car le smwenir du Dieu terrible et douxétait tout proche et nos aïeux entendaient sa voix mêlée auxcris des éléments.

LE MAROC CATHOLIQUE

Sans le mystère révélé de l'au-delà la vie terrestre ne nousapparaîL plus que comme le piège éternel où nous prend lan.dure..

Cet ubso:u q:lC nous ch:3rcltons sans tdve, l'Église nous l'in­d.-q:t;. Elle nous clame qu'il est en Dieu et seulement en Lui.

Faudra-t-il donc renoncer à toutes les allégresses humaines}les considérer comme méprisables} flageller ce corps qui a péché}bander constamment notre. esprit ainsi qu'un arc et tendreuniquement} de tous nos désiJ's et de toutes nos forces} versl'heure où Dieu nous appellera?

Beaucoup parm,i nous se sentent incapables d'une si haute etsi constante vertu et ont besoin} ainsi que des enfants} qu'une111,ain maternelle les conduise sur les pentes abruptes} les laisses'arrê:er pour cueillir une fleur} leur accorde le loisir deregarder le paysage. Ainsi} la Sagesse et la Bonté de l'Éf(liseconduisent l'être faible jusqu'au sommet.

L'Église comprend notre faiblesse et elle veut même que nousaimions ceite pauvreté}

Lorsque d'antiques souvenirs que se sont transmis les racespersuadent notre esprit que la chair malheureuse fut noble etbelle ct que le mal ne l'a pas toujours vaincue} l'Église nousC!Pprend qu'en eiJet} dans le Paradis terrestre s'éveilla} à l'atl­l'ore du monde} un couple admirable} modelé par les mains deDieu.

Elle ajoute que le temps d'épreuve finira. Elle nous expliqtteles rêves épars et confus de l'humanité. Elle nous assure qu}àl'aube quoi luira au terme des angoisses de l'ultime nuit} auxacce;zis des cloc!ws du ciel et des cantiques des Anf(es, ceite-chair corruptible} ceite substance méprisable contre laquelles'acharne le démon} sera rachetée et qlte les âmes des justes}~elon un merveilleux et sublime mystère} seront rapatriées ets'envelopperont} aux liel~x Edéniques} d'un divin vêtement., Elle nous dit d'attendre, d'être simples, de croire et d'aimer.Elle veut que nous mdditions la mort, mais elle nous conseillede sourire ct la vie. Elle a, pour les premiers balbutiements del'enfant sur le front duquel coule l'eau baptismale, des pa';oles.,de joie et des chan ts. Aux jeunes époux elle enseigne l'espoir.Sa parole sereine et mélancolz'qlte jaillit joyeuse tout à coup}

LE MAROC CATHOLIQUE 5------------------._--avec le plus beau des poèmes) ce cantiq:le judéen qui évoque lesvignes ensoleillées que visitent les tourterelles ct l'âge d'or de lavie.

Comme elle est la voix par laquelle la vérité se fait entendreau monde) son cœl~r est ouvert ml monde entier.

C'est pourquoi) aux heures crépusculaires et désertes) ct l'an­née qui vient) n02lS accueillerons avec bonheur les conseils del'Angelus jailli d'une humble chapelle. Nous confierons nosbles8!lres à de, doigts etl des baisers maternels. Nous fer~ns cequ'ont fait nos Pères et ce que vont faire nos Fils. L'Egliseendormira nos Pz'us vi'ves douleurs et nous serons bercés par lavoix Romaine) inejjablement majestueuse et tendre) qui planesur tous les siècles.

E. J. Dupuy.

La Crise d'aujourd'huiet la Conscience professionnelle

Il est une crise indéniable qui pèse sur le monde actuel, fruitvéreux d'une guerre sans précédent durant laquelle se sontcroisés et défiés les plus hauts héroïsmes et les plus bas appétits.

Cette crise que tout le monde déplore, mais que, soit à laChambre, soit à la Rédaction de nos grands Quotidiens, l'onn'a su baptiser que du nom trop im:tgé de vague de paresse)terme créé pour les effets de tribune et répété pour le besoind'une copie larmoyante 'que savourera, entre deux tasses de

moka, le bourgeois plantureux, cette crise prend les proportionsd'un cataclysme psychologique.

Nos Gouvernements affolés s'obstinent à ne pas vouloirl'analyser, ce qui les dispense d'en chercher la cause première,mais ce qui les empêche et les empêchera toujours d'en con­naitre le remède. Ne pouvant nier le mal, ils appellent à leursecours le seul médecin qu'ils pensent pouvoir connaître: la

6 LE MAROC CATHOLIQUE

loi. Et les textes se succèdent et le Code s'amplifie sans quediminue d'un degré le malaise social ou le marasme des affaires.

Il faut bêcher plus profond et remuer plus de terre pourramener à soi 1::s racines vi vaces qui nous permettront d'établirUll di.:tgnostic sür et d~ prévoir un remède P;û.s efiicace.

Le lllal dont 50uffr~ la sociéte n'est pas un lllai superficiel,c'est un mal profond, résultat de microbes moraUX en bouillon,de culture durant de longues années., C'est le mal de la conscience professionnelle.

A l'affirmation périmée, démodée mais éternelle, d'ÉtienneBoileau, « que les artisans de la cité doivent se contenter,autant q'le possible, dans l'exercice de leurs métiers et dans lesconclusions de leurs contrats, d'une manière honnête et con­forme aux préceptes de la justice di vine et humaine, » on opposecatégoriquement aujourd'hui la nécessité de gagner de l'ar­gent, beaucoup et vite, pour faire Ltce aux exigences présenteset assurer la r6alisation prochaine de l'idéal nouveau: jouir.

Au Maroc depuis de longues années déjà et, par conséquent,pouvant nous rendre compte de la mentalité de nos contem­porains, nous ne consentons pas à applaudir le commerçantqui, en 1914. faisait, devant nous sa profession de foi mercantile:«venir au Maroc et ne gagner que le cent pour cent? .. Vousne vOlldriez pas, Monsieur. »

Loin de nous cependant la pensée d'englober, sous lecouvert d'une phrase, tous les membres de la corporation. Leshonn~tesgens existent, peut-êtr-::les connaît-on trop peu) pourl'unique raison qu':ls font moins de bruit que les autres, n'é­prouvant pas le besoin de couvrir par leurs propres cris les crisde leur conscience.

l'viais l'appel de la conscience est si faible de nos jours qu'undéputé françai!l, Victor Constant, ne craignait pas d'écriredernièrement:

(( Les commerçants, les industriels et les agriculteurs sontloin d)être des précurs~urs. Ils furent d'abord deI! victimesavant de deyenir, dans une mest~re qu'il faudrait préciser, desimitateurs.

Mais il ne s'agit point de sa voir par qui serajetée la premièrepierre.

LE iviARJC CA THOLlQL'E 7

Du haut fonctionnaire qui se laisse séduire par b grasseprébende; du médecin ou de l'avocat qui, ayant mul:ipEé letaux de sa visite ou de son conseil, cherche ailleurs des com­pléments au rendement de son cabinet; de l'ouvrier qui exigedavantage pour un travail moindre; ou bien du commerçant!qui l'accroissement des charges paraît une excuse suffisélntepour exagérer son bénéfice, lequel a le premier emboîté le pa~

derrière le m~rcanti authentique, spéculateur ~)li exploiteur,dont le pernicie'u exemple est singu1iêrement aggravé par laquasi cerHude de l'impunité?

II serait oiseux de poser la questi-on.Ce qui importe, c'est de reconnaître que dans tous les domai­

nes, sur toutes les classes, sévit un mal qui met en péril laconscience professionnelle. ».

En face de faits notoirement délictueux, les juristes discutentet l'où s'aperçoit une foi; de plus que le législateur, si bien in­tentionné soit-il, est impuissant à reléguer pour toujours lescontempteurs de la moralité publique et ne fait souvent quecompliquer le problème en retardant sa solution, lorsqu'il neveut pas ou semble ne pas vouloir en connaître les causes pre­mières. Ces causes ne sont autres que l'oubli de Dieu et 'lerejet des principes de l'f:vangile où se coudoient à chaquepaé~e, pour s'entr'aider, laJustice et la Charité.

Oublier que le travail est pour chaque homme un impôtqu'il doit payer à la société; que ce travail doit être conscien-. ,creux comme doit être consciencieuse la rémunération de cetravail; oublier qu'au-dessus des sanctions des juges d'ici-bas,il y a les sanctions du Juge suprême, c'est ouvrir la porte àtoutes les COll voitises et à toutes le3 haines.

Jouir semble pour beaucoup la seule raison d'être, et commepour jouir il faut de l'argent, les moyens pour s'en procurer nesont pas toujours passés au crible de la moralité.

Nous avons cependant besoin de nous rappeler tous, tantque nous somJnes, depuis le haut directeur de la plus grandeusine jusqu'au petit apprenti du plus modeste atelier; depuis lechâtelain fier du donjon de ses ancêtres, jusqu'au plus pauvrefermier, que notre véritable grandeur n'est pas dans la tâchequi llOuS e~i (.;():Jii~e) .:_ais Lien dans le soin que nous mettonsà l'accomplir.

8 LE MAROC CATHOLIQUE

« Nos aïeux, nous dit Y. d'Isné, dans Vaillante jeunesse,ceux qui ont fait les merveilles ... dont s'enorgueillit notre patrie,les artisans du Moyen-Age, aimaient le travail, aimaient lebeau travail, aimaient le travail loyal.

Dans ce temps-là, le comme! çant, f'industriel, l'ouvriers'en.;ageai.~ntP:l:r serment à ne rien livrer, à ne rien vendrequi soit défèctueux, sans en avôrtir le patron ou l'acheteur...

Époque bénie où régnait la confiance!. .. Quelle détenteproduite dans les mœurs par cette estime mutuelle! ... Imaginezque, seulement un jour, nous respirons l'air de ce temps-là...

Plus de falsifications ..'. les choses sont ce qu'elles sont ... sevendent ce qu'elles valent. L'ouvrier ne regarde pas l'horlogepour devancer l'heure du repos, il regarde son travail avecamour, il le fait beau, loyal, consciencieux...

Il me semble qu'en retour, il recueille, avec un salaireconvenable, la joie intime du victorieux. Il a vaincu l'obstacle,il a fait une œuvre digne de l'homme. La conscience profession­nelle l'a fait grand.

Encore une fois appliquez ceci à toutes les tâches, quellesqu'elles soieBt, le rendement est le même. Nous sommes tous,nous devons être tous des travailleurs, et si nous accomplissonsle labeur quotidien avec loyauté, avec conscience, avec amour,nous marchons à grands pas dans le chemin qui conduit auxsources du bonheur.

Bonheur individuel, paix soc:ale, bien-être général en sontla conséquence.

L'ouvrier qui aime son travail, qui le veut faire beau et loyal,descendra-t-il dans la rue pour troubler l'ordre, afficher desrevendications injustes et réclamer, avec moins d'heures àl'atelier, une plus large rémunération? .. »

L'employeur, d'autre part, ayant loyalement rétribué sonemployé cherchera-t-il à vendre à l'acheteur malfaçon et mau­vaise qualité au prix supérieur?

Idées fausses sur l'égalité, applications fausses de la liberté,aubE des notions évangéliques de la fraternité, voilà sur quoise basent, sans rien étudier, et surtout rien approfondir, lesesprits conscients de nos jours; mais, vaincre le mal à force decourage, de ténacité et d'efforts pour faire triompher la vérit~

LE MAROC CATHOLIQUE 9

et agrandir les conqu~tes du Bien?., rares sont ceux qui ypensent et plus rar~s encor~ ceux qui s'èn sO°.lcient.

Il appartient aux Catholique3 d'entrer les premiers dans c@chemin de justice et de choisir le:lr part d'apostolat, chacunsuivant sa condition et les facilités que lui donnent sa profes3ionet son influence.

Les conflits internation.lUx nO:lS ont prouvé, voilà de longsjours, et nous prouvent encore que l'égoïsme de la race etl'égOïsme de l'individu sont loin de vouloir rendre leur derniersoupir.

Il faut cependant que l'on reste pel"suadé, et c'est là notreconclusion, que sans l'éveil des consciences et la tempérancedes mœurs, les meilleurs remèdes seront appliqués à côté dumal. L'improbité dans la société ne peut disparaître que chasséepar une meilleure éducation de la Conscience professionnelle)éducation basée sur les préceptes de l'Évangile.

P. ALFRED FERRIÈRE,O.F. M.

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bE MIRA6bE rc>E j'JOËL---<~>--

CONTE MAROCAIN

Noël approche. Dans l'air, semble-t-il, vibrent les éclatsjoyeux des carillons; les âmes pieuses sont attendries par lecharme religieux que l'anniversaire de la na:ssance de Jésusfait planer sur elles. A ce mo:ne:lt, les familles s'unissen t, lesamis se gro:.rpe:lt, les gens affairés, et ils sont nombreux de parle monde, font trêve, quittent le harnois, se reposent, respirent.

Au Maroc, ces f2tes de Noël prennent un caractère plusample; les préparatifs en sont plus laborieux.

Les colons disséminés dans le bled, pour qui la visite auxgrandes villes de la côte est la suprême réjouissance, se prépa­rent au voyage. Quel est le blédard qui n'a pas à Casablanca,à Rabat ou ailleurs des parents, des amis qui le prient, pourles fêtes) d'interrompre le dur labeur et de les venir visiter?

la LE MAROC CATHOLIQUE

C'était le cas pour la famille Labaume, installée dans uneferme aux environs de Boulbaut, à 30 kilomètres de Casablanca.

Voici longtemps que le jeune ména;se, pl~ia de vaillance etd'aplour, vint planter sa tente dans ce coin jadis perdu du bled;la ferme avait prospéré, les enfants (ils étaient six au momentoù se passait cette histoire») têtes brunes ou blondes, étaientvenus, d'année en année, égayer la rustique demeure. Et encet anniversaire de Noël, ils causaient, criaient, riaient dans lamaison, dans le jardin qu'ils emplissaient de leur joie bruyante.Pensez-donc, le lendemain toute la bande partait pour chez lesgrands parents où les merveilles annoncées et déjà vécuesdevaient, pendant ces deux jours de fête, se dérouler sous leursyeux. D'abord la messe de minuit, où pieusement ils rece­vraient dans leur âme enfantine les grandes ondes des émo­tions rdigieuses. Puis le réveillon avec se.> lumières, sesgâteries, la mousse du champagne et la saveur des gâteaux.Enfin, le lendemain, la découverte, sous l'œil bienveillant dela famille, des récompenses que le petit Jésus allait déposersous la cheminée dans toutes les petites bottes étalées sous lemanteau.

Les cinq cadets de la bande, le cœur craquant sous lajoie quiles emplit, ne sangent qu'à rire, s'agiter, faire du bruit. Mais,A'nédée, plus recueilli, plus raisonneur, s'est assis sur les mar­ches de la ferme et là, raconte à Ismaël et à Aziza, les enfantsdLl g'ardien de chèvres, le poëme radieux de la naissance duChrist: l'exodedes bergers vers la crèche, le sourire de Jésus,la conversion des vilaines gens, la richesse qui emplit l'âme deceux qui croient.

Très délicat, il ne leur parle pas des jouets ni des bonbonssachant qu'il ne faut pas éveiller l'envie chez ceux que la for­tune oublie. Avec ravissement il leur parle de l'émotion desmesses de minuit, de l'amour de Jésus, de l'éclat des cierges,de la beauté des chants. !lIeur dit aussi que le petit Jésus reçut;les présents des humbles de la terre et leur donna, pour leurfoi, les plus riches récompenses.

Les deux enfants écoutaient, ravis, silencieux. Passifs) ilsmuraient dans leurs âmes le récit merveilleux et alors qu'Amé­dée avait fini de leur parler et les avait quittés, ils demeu- .

LE MAROC CATHOLIQUE II

raient là, sur la pierre dure, revivant dans leur cerveau quepeu de choses encombrent, dans leur cœur naïf que rienencore n'a touché, le divin poëme, les tableaux de lumière etde joie.

Au petit jour, toute la famille, empilée dans la vaste limou­sine, partit et les deux petits Marocains, après lui avoir ditadieu, s'assirent tout tristes, tout désempar.!:s, au bord de laroute redevenue silencieuse.

Cependant Aziza songeait et, tout d'un coup, prenant lamain de son frère, lui dit qu'elle voudrait bien, elle aussi, voirl'enfant de la crèche, entendre les chants d'église, apporterdes présents. - Le même rêve avait germé dans l'esprita'Ismaël et les voilà tous deux complotant la fuite vite décidéeet mise au~sitôt à exécution.

Les présents ? .... Mais, les voilà sous la main. - Dans lejardin, les touffes de menthe s'étalent et, ne doutant pas uneminute que Marie, Joseph et Jésus ne soient friands de thé,Aziza-décide de leur offrir pour le parfumer, la menthe fraîche.

Pour le compléter, Ismaël cache sous son burnous un demi­pain de sucre pris dans la noualla paternelle. Et les voilà, setenant par la main, nnrch:l.l1t de tacIte la vitesse de leurs petitspas sur la route poudreuse. Des caravanes les dépasseIlt, quel­ques chemineaux demandent aux petits: «Où allez-vous? ­A Jésus, répondent-ils.» Les Arabes ne comprennent pas,mais, peu ctlrieuxcomme tous ceux de leur race, ils haussentles épaules et n'interrogent plus.

Midi arrive; les enfants ont faim, le bouquet et le pain desucre pèsent sur leurs bras. D'accord tous deux, ils brisent lepain, concassent les morceaux, les sucent, et mâchent desbrindilles de menthe légèrement désséchées. Ils reprennentleur voyage, mais, la nuit arrive 1. .. un figuier abrite mal leursomnieil et le pain de sucre, la menthe, encore, font les fraisdu repas du soir.

Grelottants, ils s'éveiJIent au matin reprennent leur routeet passent encore le midi au bord du chemin, suçant et mâchantsucre et feuilles. Harassés, attristés, mourant de faim, effrayésde se sèntir seuls, si loin, si petits devant cette immensité dubled et de l'Océan, leur pas s'alourdit, leur angoisse augmente,

.12 LE ],fAROC CATHOLIQUE

le f:oi:l leq saisit, la faim le3étr~int. r\~ais t~naC2S ils continuentà marcher. A nmlVeau le soir descend et la faim le'> reprend,mais en déco'1V,ant leur, provisi011s ils s'aperçoivent qu'il nere,te qu'un l'l'in de menthe et un d"hris de sucr:?, e:l se'Jl mor­C'2:1'l, gTOS comme une noix, lé'2,"~r comme une bille. Leur con­voitise careS3e ce reste de festin, 1aj:)j·e de les man::;er les tente,nHis, qU'Llppor~erGüent-ilsau petit Jésus de la Crèche? Ils nesaven p1.3, les e,ILtl1ts naïL, q cl'Ul d~sir ùe notre cœur, une prièréde nos lèvres font à DieLl bien plus de joie que les présents lesplus m lC,;nifiques, et héroïques sans s'en douter, religieux sans,le savoir, Ismaël et Aziza décident de souffrir, de moarir plutôtque de toucher à ces débris, portés de si loin et avec tant d'amour,pour l'enfànt de Myriem. Et les voilà repren:ll1t leur route; lescailloux meur~rissent leurs pieds, l'air étourdit leur ce"veau, lafai:'n uispe le']rs entrailles, les larmes e'11b:ent le'ars yeux,mais ils vont toujour~, droit devant eux, le, regards fixés sur lepoint brillant que Clsahlanca allume da'lS l'horizon.

La ville s'élargit à leur r egard, l'él~ctricité flamboie auxfenêti'es, les bruits, les sons, les rires froissent l'air. Les deuxpetits s'arrêtent aux dev.lntures, étonnés; ils en regardentavide'nent les mer-veilles, Ici, des gâte1LIX fardé, de vert, deroses, de blanc, les crème, mousse',Ises, les cbocolats lustréss'étalent dans le 3 coupe, géantes. Là, des poupées, de, chevauxe1rubannés, de, moutons blancs comme neige, lis font leurchoix: « Moi, dit A7-iza, je voudrais cette p0up3e et cette bellefO'lLl onnge. - Moi, répond Ismaël, je pr2fére la ga'ldourahble le et la chechia rouge, p'.lis ce gros gàteau coiff-3 d'un turban. »

Mais, repris par leur r~ve de piété insonsciente, ils se remet­tent en route.« Où e ,t, demandent-ils aux passants, la mosquéedes chrétiens?... // Là, l.eur répond-on avec étonnement. Ilsava.ncent à pas toujours plus lents, s'encourage:lnt cependantl'un l'autre à chaque minute, Enfin, au moment où leurs forcesépuis~es vont les trahir, des chants frappent 10ms oreilles.

Sont-ce les anges? - Est-ce le ciel? - Jésus serait-il enfinlà? Encore troi3 pas, ils poussent la porte de l'églis~ et demeu­rent éblouis. Chants, lumières, fo'ale, fleurs!!! C'est bien làqu'est le Christ! Redevenus hardis, ils fendent la foule. Lesfidèles s'étonnent, r.::gardeclt et dene Hent émus devant ces

LE MAROC CATHOLIQUE

deux enfants dont le visage resplendit d'une Hamme surna­turelle. Les deux petits Arabes, arrivés enfin devant la cr2chetendent vers le Dieu enfant, de leurs petites mains noires, lemorceau de sucre en partie fondu ét la menthe flétrie.

Mais ces petites mains, qui tenaient de si petites choses, setrouvent tout d'un coup chargées: celles d'Az;za, d'une foutaorange et d'une poupée resplen_dissante ; celles d'Ismaël, d'unechechia rouge, d'u~1e gandourah bleue et d'un beau gâteaucoiffé de crème neigeuse.

Et voilà le miracle de No~l que l'on raconte maintenantdans les douars de Boulhaut.

RAYMOND DrxTAs

lE 0EVni R SOC1Al DES CATH 0LI gUFS------):>-,....o(é------

Ce n'est pas assez de remplir le d'~voir personnel de notre sancti­fication: champ de labeur immense OÜ tous nous avons à nousexercer, parce que la perversité native de notre être ne nous assurejamais le repos dans une paix définitive.

Aujourd'hui, parce qu'aux périls indi,idu,ls de chaque chrétiens'est ajouté par le fait d'èS rn:turs e't des lois publiques qui battenten brèche les croyances et la mor,.1ité cl ",s fouk~, un lLtnger ouplutôt un mal d'irrélig-ion universel, il yale devoir social dontchacun où. qu'il soit, si humble soit-il, a sa part.

Le devoir social religieux qui vous incombe en tant qu'~ catholiquescombattus dans votre foi, amoindris'dans vos droits, méprisés dansvos pratiques, persécutés dans vos libertés, est un devoir intellec­tuel- moral - surnaturel.

J'ai dit d'abord intellectuel. - La crise relig'ieuse à laquelle nousSommes en proie a sa canse pIns dans la perversion des idées qnedans h malice des cœurs, bien plus dans la négation des chosesdivines que dans l'attrait des choses sensuelles.

11 est un fait indéniable, c'est qu'on vit, ne fût-ce que de loin,toujours un peu ses croyances. Tant qu'on est rattaché par quelquelien à un dogme, il demeure un espoir d,~ retour; il s''; produit dansles consciences les plus obscures des révoltes en face de certaines

LE MAROC CATHOLIQUE

extrémités du mal. Mais quand la foi est étouffée, tout cnme estpossible sans remords.

Voilà pourquoi dans le plan de déchristianisation qui s'est déroulécyniquement sous nos yeux, la guerre à l'éducation chrétienne atenu la première place et to.ut a été dirigé pour conquérir à l'incré.dulité l'âme de l'enfant et l'âme du peuple.

Le devoir' impérieux d'aujourd'hui est un devoir d'enseignement.On ne refait pas les sociétés, voyez-vous, avec des remèdes et des

sacrifices physiques, mais avec des idées. Le peuple souffre dans sesmasses profondes d'autre chose que de détresses financières et demaladies qui le conduisent à l'hôpital. Il est fait pour l'Infini, ilsouffre du« mal de Dieu» qu'il a déserté et qui lui manque, donton l'a séparé et qui l'appelle. Rendez-lui Dieu, vous lui rendez larésignation et la paix.

Il faut donc apprendre d'abord vous-mêmes la vérité chrétiennepour la comprendre et pour la dire; il ne faut pas vous contenter deprêter à Le p~uole dO',.:trina1e qui vous est adressée une oreille dedilettante, il faut pénétrer votre vie de la vérité entendue pourqu'elle rayonne.

Ne faites donc pas vos délices 'et .votre passe-temps de ces lecturesfrivoles ou aifadies qui dissolvent les plus profondes convictions.N,'admettez jam:üs chez vous aucune de ces feuilles légères qui dis­tillent 0'_1 l·~ somm'~il de l'indifférenc·;; ou le poison de l'impureté. Nevous reposez pas sur autrui de l'instruction de vos fils et de vosfilles, mais impos'~z-vousle devoir de leur donner vous-mêmes votrefoi après votre vie. Ne souffrez pas, Mesdames, qui êtes chrétiennes,qu'on dise à votre table ou dans vos salons une parole d'irreligion,mais tOL1L:s les fois que vos croyances sont attaquées, ayez lecourage, au lieu d'esquisser un sourire gêné, d'élever une voixvengeresse.

Ce devoir intellectuel vous oblige comme citoyens hors même del'ene'einte de la famille. On dit facilement que c'est l'affaire desprêtres de prêcher la vérité. Ils s'y emploient, mais quand c'est laguerre tout le monde est soldat,et comme la guerre se livre surdeux terrains, l'école et lapresse, c'est là qu'il convient de concen­trer toutes nos ressources et toutes nos énergies, car c'est de là quesortent toutes les âmes bonnes ou mauvaises irréparablement,suivant l'inspiration de la classe et du journal.

Le grand malheur est que, chacun à nos routines, nous ne voulonsrien apprendre de la leçon des évènements qui passent et qui nousenlèvent l'une après l'autre toutes nos libertés. Nous en menons~lè

d~uil €n gémissant, sans sortir d€ uos léthargies.

LE MAROC CATHOLIQUE 1$

A côté du devoir intellectuel, il yale devoir surnaturel de laprière fervente pour ceux qui sèment les idées. Et celui-li). chacunpeut l'entreprendre, il a le privilège d'être à la fois la ressource despetits et des forts, le refuge de ceux q].li ont peur, et le supplémentd'énergies de ceux qui luttent.

Moïse sur la montagne tenait les mains tendues vers le Cielpendant que les guerriers d'Israël combattaient. Qui de vous, dansla mêlée religieuse, ne peut du moins prendre cette attitude etremplir cette tâche? Dieu qui achève seul le succès des œuvres, n'apas voulu que nos e!forts hum:1Ïns triomphent sans eUe, et il a misaux victoires'mêmes de sa cause la condition de son secours invoqué.

Malheureusement si la lutte soutenue des idées nous fatigue, laprière aussi coûte à notre orgueil, et les c:eurs se lassent aussi vitede se répandre en supplications que les mains de tenir l'épée. Quandles temples des affaires et ceux des plaisirs sont tout pleins de gensempressés, les adorateurs restent clairsemés autour des autels, quidisent à Dieu leurs besoins personnels et ceux des autres. A peinequand vient l'heure de la grande prière du Dimanche, si quelques­uns interrompent leur nég·oce ou leurs joies pour s'unir un instantau prêtre qui sacrifie, n'apportant d'ailleurs à l'Église ~ouvent

qu'une présence de bon ton et qu'un hommage sans émotion. Nousrestons, nous, catholiques français, une foule impuissante parceque dans l'ensemble nous demeurons une foule sans prière.

Au devoir intellectuel de l'étude de la vérité, au devoir surnaturelde la prière, vient s'ajouter le devoir moral de l'action.

Il faut lutter contre le mal et remonter le courant. Malheureuse­ment on aime instinctivement son repos, et quand la vie a fait àquelqu'un un nid soyeux où il a ses aises, il oublie aisément lamêlée terrible de tant de détres.ses et d'intérêts qui au dehors s'en­trechoquent. On se croit libéré de tout son devoir quand on a jetéaux œuvres son or. L'or, c'est bien, mais l'or à prébent c'est encoretrop peu. C'est soi-même qu'il faut mettre sans réserve avec touteson âme, toute sa volonté et tout son cœur comme enjeu des vic­toires religieuses et sociales. Ce n'est pas seulement avec des mainspleines de richesses et de bienfaits qu'il convient d'aller trouver leshumbles, les afiamés et les loqueteux, c'est avec .les paroles rayoll­nautes de lumiere et c'est avec une bonté Lraternelle qui ne nivellepas les conditions, mais les équiLbrc dàns un mutuel respect, je nedis pas les égalise, car l'égalité qui reluit sur nos murs publics etdans nos lois est une chimère démentie par la vie.

Dar:s les spr..ères très c'iverses ai: vous êtes, avez-vous fait tous,

LE MAROC CATHOLIQUE

les rapprochements possibles? Avez-vous renversé toutes les orgueil­leuses barrières qui séparent en castes ennemies les enfants d'unemême mère ? Avez-vous donné de vous-mêmes au bien public, dansvos bureaux, dans vos ateliers, dans vos magasins, dans vos maisonstout ce qu'il YOUS est facile d'utiliser pour les autres?

Le devoir social qu'on doit à son pays n'est que très peu dans lessacrifices qui se cl1iffrènt. Il s'accomplit surtout par la splendeurmorale qu'on se donne à soi-même et qu'on projette autour de soi.

S'il y a une contagion du mal, il y a aussi la contagion du bien etles exemples qu'on laisse après soi ont une vertu transfigurante quidoit être votre ambition. La sainteté des catholiques, comme lasainteté du prêtre, est le grand motif de crédibilité pour la massedes hommes. Notre foi serait très menacée le jour où l'on pourraitdire sans i~justice que les catholiques ne valent pas mieux que lesautres. Le prestige de la Religion se relève avec la vertu de sesfidèles) leur façon de vivre sera interprétée comme l'expressionempirique et comme la démonstration de leur foi.

Le monde exige que les catholiques soient les meilleurs aumilieu de leurs semblables, et les meilleurs non seulement dansleur vie privée, mais encore dans leur vie professionnelle. S'ilssont les plus doux, les plus pacifiques, les plus charitables et lesplus dévoués ils possèderont la terre et feront ce qu'ils voudront.

Pour gagner nos frères à la cause de l'Évangile ouvrons vers euxles bras de notre àmour et dès qu'ils seront sur notre cœur nouspourrons sans peine les jeter dans le cœur de Dieu.

Soyons bons à l'égard de nos semblables, la bonté est toute puis­i!ante. Ne disons pas qu'il Y'a deux Frances. Dans une famillenombreuse, si quelques-uns s'éloignent du droit chemin et renientles traditions d'honneur et de foi, on ne dit pas pour cela qu'il y adeux Familles. Il faut multiplier les contacts, rendre des services. Ilfaut nous rendre compte des réalités actuelles; être de son tempscomprendre son temps, c'est le meilleur moyen de travailler effica­cement à le rendre meilleur. Or la réalité c'est que nos populationssont indifférentes; elles ne connaissent pas la religion; bien plus ellesont contre elle et contre le clergé des préjugés qu'on ne peut détruireque par une action persévérante, suivant un plan méthodique etsurtout avec un amour désintéressé.

Les hommes font beaucoup plus la valeur d'un régime qu'unrégime ne fait la valeur des hommes. On peut dire que tous lesrégimes produisent de bons fruits quand ils sont maniés par deshommes honnêtes et désintéressés.

LE MAROC CATHOLIQUE I7

Tout le monde sans exception peut répondre à ce grand devoirsocial. La plus P:lU'/L:: et la plus bibL:: des femmes peut filer hum­blement sa quenouille d'im'molations et de vertus comme les Fillesde France la filaient auL e~'ois poar la r:,pçon de Messire Duguesclin ..Elle peut, comme Jeanne la Pucelle, pour délivrer sa patrie, êtredans le vouloir caché d'user ses jambes jusqu'aux g'enou:~ à sa tâchequotidienne. Elle peut, il. défaut d-: champ d'action dans sa maison,sc faire apôtre parla beauté Je sa simple vic.

Rappelez-vous toujours qu'autour de vous se trouvent d'autreschrétiens; dans la rue aL! vous allez passer, à l'Église o~ vous êtes,des regards sur vous sont ouverts. Soyez bons, pour que les autresen vous voy ..nt le dcvicnnent, très bons pour qu'ils subissent l'en­traînement ù-: votre c~emple. L'exemple, si discret qu'il soit, est unconquér~nt, comme l'opinion est une souveraine. Avec nos idées etnos exempL::s, si noas le voulions, nous referions pour Dieu la petitesociété de tant de familles ct p.ll' les familles restaurées pryu à peu,toute la France.

P. Clément-Etienne,';,,0, F, IlL

POUR CEUX QUI ONT FAIM

La Conférence Saini- Vinceni de Paul de la Paraisse

l'laire-Dame, ct Casablanca.

C'est à l'année r883 que remonte la création, à Paris, de la pre­mière Conférence Saint-Vincent de Paul, établie pour visiter lespauvres et exercer, selon la mesure des ressources, les œuvres demiséricorde.

o.:: Paris, l'œuvre s'est étendue aux Provinces de France; et,de France, elle a gagné les Colonies et l.::3 Pays ::ltrallgcr".

Au Maroc, la s::ul..:: CO;lI'érencc Saint-Vinceilt d:: Paul actuelle­ment existante est celle de la Paroisse Notre-Dame, à Casablanca.

,Elle fut créée en novembre 1920 par un groupe de Paroissiensdévoués qu'avait réunis un jour le Père Alfred Ferrière, Curé de laparoisse.

18. LE MAROC CATHOLIQUE

Nous croyons intéressant d'indiquer les résultats acquis par cetteConférence au cours de sa première année d'existence.

Mais d'abord qu'est-ce que la Conférence Saint-Vincent de Paul ? ..quels sont ses principes ? •. quels sont les buts vers lesquels elletend ?...

La Conférence est une réunion d'hommes, catholiques convaincus.L'Amouy et la Paix, tels sont les deux biens que la Conférence

fait régner parmi ses membres et qu'elle essaie ensuite de communi­quer autour d'elle, à des pauvres surtout, au soulagement et à lacr:>nsolation desquels elle est si heureuse de concourir. Ce qui man­que, en e:','et, aux pauvres gens en dehors de leurs besoins matériels,ce qui les attriste, c'est que parfois il n'est pas une main amie quipresse leur main, pas un cœur quis'ouvre au leur; de là pour eux,un vide affreux. Ce vide, la Conférence Saint-Vincent de Paul tâchede le combler. C'est là tout le programme des visites hebdomadairesque font les membres aux familles qu'ils protègent.

Mais, hélas! les consolations morales ne sont pas suffisantes etclIcs r2steraient la plupart du temps inutiles si elles n'étaientaccompagnées d'une aide matérielle intelligemment donnée; c'est àce point de vue seul que nous voulons aujourd'hui examiner lesr~snltats de l'œuvre de la Conférence de la Paroisse Notre-Dame"lU cours de sa première année, de novembre 1920 à novembre 192I.

La Conférence a assur~ les soins gratuits aux malades appartenantà sef; familles; elle est int'ervenue à plusieurs reprises pour obtenirdeS propriét'ires des remises de loyer ou des délais de paiement.,\v:c ks ressources tiréf''' 1I1'iquemen f d h charité de ses membres

t Je ;1. é~:larité des fidèles de 18- paroisse, eUe a pu secourir 25 famil­ks pauvres, représentant plus de 60 personnes, auxquelles elle' adistribué environ 2 800 francs de pain, 1000 francs de vêtementsusagés, 1 coo francs de viande, 850 francs de pâtes alimentaires,Sso 'ranes d'œufs, 200 francs de chaussures neuves, 100 francs dem:dieaments et de lait, soit au total 6 500 francs de dons en nature,sans compter les dons en numéraire pour loyers arriérés.

Yoilù,brutalemcnt fixée par les chiffres, l'œuvre de cette jeuneConférence, œuvre saine, œuvre catholique par excellence, quitravaille sans bruit, mais non sans succès. Souhaitons qu'elle servede modèle à beaucoup d'autres et esp6rons que bientôt toutes lesr ar); ,ses clu Maroc possèdaront leU1~ Conférence Saint-Vincent del'~.u1.

Lours LACROIX

LE MAROC CATHOLIQUE

AVANT ET APRÈS MIDI

19

De la si intéressante « Réponse ~ del'ilb'Jé E. Duplessy, cette page pleine d'lm­mour et trop pleine d'actualité..

A LA MESSE

DimTu';:e II h. so. Jfansict rachève 3(( 'ailetfe. lVladame assr­iettif sur sen chef une llwgniji­que nZrtr;71 je renDcrsée etJ fleur ie.On se dispose à allcr cl la mes,cequi sonne en face dans Zine déli­cieuse église.

A la maison.

- Tai beau me presser, vois­tu, mon petit, je su;s touj,~urs:n

retard.- Ne t'emballe pas ... nous

arriverons à l'Évangib.

En traversant la rue.

- Est-ce tôt ces messes!- Et incommode! Juste avant

le déjeûner t

En entrant à l'église.

- Nous y voilà pour une demi­heure!

- Pourvu qu'il n'y ait passermon 1

Au K;rie en s'asseyant.

- Que ces chaises son dLsc.­gréablcs! dit tout bas Madame.

- Le dossier fi 'enfonce lescôtes, murmure Monsieur.

AU MATCH

Dimanche IS h. ]0. Monsieurs'est vêtu en smoking,. "Madameen grand décolleté mousgelinerose clair. On se di<,}ose à allerau Match defoof-ball qui a lieuen plein air à deu.v kilomètresde là.

A la maison.

Presse-toi, Marie. Tu vasnous caire rater le premier temfs.

- Quel malheur t... Je m"cs­souffle, tellement je me presse.

En s'allongeant 2 kilomètres.

- Ça ne te fatigue pas, Marie,de marcher si vite après le repas?

- Non; l'idée du match m'a­vait passé l'envle de manger!

En entrant Sttr le terrain

- Combien va durer le match?- La soirée, j'espère.

Après des salutations,on s'assoie.

-Lematérielestrudimentair~,

s'écrie gaiement Madame... à laguerre, comme à la guerre 1•••

-Encore heureux d'être a.,ssisl

20 LE MAROC CATHOLIQUE

A l'Évangile, en se levant.

Monsieur ct Madame poussentun soupir ensemble ... l'effort estpénible..... n'auraient-ils pasmieux suivi l'Évangile assis ? ..

Ail sermon;

Monsieur' somnole ... Madameaprès un moment d'attention auprône se livre à une sérieuseétud,e <:les chapeaux...

Après le sermon.

~ Je savais. d'avance tout cequ~aété dit.

,.,,,,,,",, Moi aussi!

Le prix des chaises.

Madame en se rangeant pourlai:,,,,,r circuler}a chaisière et luitel1dant ses quatre sous:

-- ça fin:t par coùter cher!

A l'OJJertoire.

Mùnsj .ur, avant de se reeueil­lip, s..: liiJ...:.-e d'un soucl terrestre:

-~ A:s-tupensé aux g.:..teau;(?=vLLlclal..! qui égrène son eha­

pddfcût un signe affirmatif.

La qu!!te pour les Écoles.

- Encore un prétexte pourt:rcr les sous!

- 11 faut être mmionnaire ici!

L! )Yêire 'lué/eur s'aj}proche.

. Monsieur et Madame d'un airind,i.i~rcnt jettent chacun unepiet:; de vingt-cinq centimes.

Pour faire place à une dame.

- Lève - toi, Edgard, cettedame est debout ...

- Comment donc, Madame,trop heureux...

ILe président se lève.

- Chut! Chut 1... qu'on setaise! Nous voulons entendre 1. ..

- Il doit avoir des communi­cations importantes à faire!

Après la harangue.

- Épatant cet homme-là.- C'est un entraîneur dc fou-

les... !l a toujours quelque chosede neuf!

Le prix des places assises.

- Cinq francs le tic,ket assis,trois francs debout, 'clame lereceveur.

- C'est vraiment pour rien!s'écrient Monsieur ct Madame.

Au premier Jeu.

Monsieur se passionne ùéjà ...Sa lemme soudain ùe lui dire: .~ As·tu fcnn': les volets, le

soleil va manger les rideaux ? ..Mais Monsieurn'a rien entendu.

La collecto pour les fraisdu anatch.

- Œuvre essentiellement édu­catrice, je mets au moins centsous!

La quêteuse tend sa bourse.

- Oh! la ravissante jeunefille! Qu'en dis-tu, Marie, je metsvingt francs!

- Edgard!

LE MAROC CATHOLIQUE 21

A l'Élévation.

- Ne t'agenouille pas, tu aston pantalon propre, tu saliraisles genoux l

- Comme tu as raison!

La Bénédiction.

- Filons, Marie ...- Le prêtre finira bien sans

nous.

La course au déicûner.

- JI.~,arie, presse-toi de faireservir.

- Je meurs de faim!

CONCLUSION.

Et pourtant qu'est une messe?Le salut du mond; par le sang

d'un Dieu!

AH moment décisif.

Monsieur grimpe sur un troncd'arbre renversé, pour mieuxvoir:

- Tu vas te déchirer!- Ça m'est égal.

Après le dernier jeu.

- Viens-tu, Edgard?- Ah! laisse-moi contempler

les lutteurs.

Le retour aH dîner.

- Allons, Edgard, presse-toi,le rôti brûle.

- Je n'ai pas faim!

CO,,<CLUSION.

Et pourtant qu'est un match ?'

Une vanité.EGIDIO.

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CI-ll~Ol1lQUI~ MI31JlCALE

COMMENT CONSTRUIRE AU MAROC?

Un médecin publiait récemment en France, un article surl'habitation maJ[ocaine. Je vais le piller sans vergogne et répéterà peu près ce qu'il a dit en y joignant, si l'occasion s'en pré­sente, ce qui me paraitra utile à signaler aux futurs construc­teurs.

La maison arabe n'est guère habitable pour nous que dansd'assez rares circonstances. Ses pièces longues et étroites, maléc1airélis et mal aérées, sont d'ordinaire fort malsaines car ellessont humides et froides en hiver. Leur fraîcheur estivale necompense nullement ces défauts à peu près irnpos3ibles à corri­geTear'l~;'œurslocales s'y 0pp0sent.-- ---

22 LE MAROC CATHOLIQUE

Le cita:1in nnsulman exige en effJt que son domicil.:: n'a;tpJ.s d2 vu:;s sjr le d:;hJrs. Et même com~ne chacun s:tit, péné­L.:r ch:;z bi dir22 ~ement n'est pas conforme à la Kaïd.t. L'entréed:; sa maiS)l1 do:t donc être c:md3e afin que la porte cntr'ou­ve:-lè n.:: Ltis3J pa; pén3trer le r.::garJ d.1 pousallt ou du visiteurjusqUJ d,us L: p.ltio ce:ltral sur l.:;quel ouvrent presque toutesles pièces. Les 'architectes du crû ne peuvent pas dans cesconditions, c Jnstruire des immeubles où l'air et la lumièreluis3ent p~ "~étrcr sans entraves; telle est la raison pour bquellenos constmcteurs ont dû abandonner dès les prel1üers joursle:; habitude:; locales et bâtir pour nous d3s immeuble:; pluscéHlformes, non seulement à nos mœurs, mais aussi aux néces­sités impérieuses de l'hygiène.

Il faut toutefois reconnaître que ces nécessités de l'hygièr:en'ont pas toujours été respectées par eux autant qu'il eût fallu.Les lubitations européennes, surtout dans les premières annéesde notre présence au Maroc, étaient petites et aussi peu pré­servées cOlltre la pluie ou le froid q.1e contre la c:laleur; ellescomportaient au plus quatre pièces de sorte que IJ:; f..:tmillesnombrc.lses ne pouvaient s'yl06"er qu'à grand peine. On les10ctait telles quelles avec la plus grande fa:ilité car elles étaientpeel "nombreuses .

.:\Lis de nouvdles constructions s'élèvent clnque jour dcmsles villes et le b1eJ lui-même se pe ..lple à son t:mr de maisonsvéritables!

Aussi ceux qui, parmi les anciens propriétaires, a'.1ront témoi­gn~ dès le début de qU31que dé:;intérc:;sem:nt dns le.1r façonde bâtir, S'e.l verront-ils bientôt récompensé:;; leurs immeubles,plus sains et plus confortables, trouveront en elfet des locatairesquand beaucoup d'autres seront tout à fait délaissés.

Pcrsonne n'ignore combien le3 con litions d'habitation in­fiJ.e:lt sur la santé. Une maison in3alubre nécessite de fréquentsappels au m~de2in, tandis qu'un logis,' bâti conformément auxrègles de l'hygiène, est une garantie souvent suffisante deparfaite s;lnté.

Mais quclles conditions particuliè:es doit réunir une habita­tion au Maroc?

Ses murs doi vent être suffisamment épais et ses pièces assez

LE MAROC CATHOLIQUE 23

vastes, faute de quoi la chaleur s'y fait lourdement sentir. Lesplafonds doivent, pour le même motif, être aussi, élevés quepossible; enfin, toujours pour éviter dans la mesure du possibleles trop hautes élévations de la température si préjudiciables àla santé de tous et particulièrement à celle des petïtsenfants, laconstruction de galeries ou de vérandas sur une ou deux facesde la maison est fort à recommander.

Nos premiers architectes négligeaient constamment de cons­truire des cheminées, ceux qui leur ont succédé se gardent fortjustement de suivre cet exemp)e, on peut donc laisser de côtéla question ensomme intéressante de la lutte contre le froid.

Le soleil doit pou voir, ici comme partout, remplir sans peineson rôle d'agent idéal de salubrité; des fenêtres seront donclargement percées en nombre suffisant. Il suffira de les pourvoirde persiennes, de volets et de treillis métalliques pour arrêtal'invasion désagréable de la trop grande :chaleur et celle fortdangereuse des mouches et des moustiques dans l'intérieurde la maison.

Celle-ci sera toujours surélevée au-dessus du sol environnantafin d'être préservée contre l'humidité. La question si délicatede l'évacuation des matières usées mérite d'être traitée' pluslonguement car on la néglige souvent beaucoup trop; ce serale sujet d'une autre chronique mais celle du toit ou de la ter­rasse ne peut être oubliée ici. On préfére dans ce pays laterrasse pour des raisons d'esthétique auxquelles l'hygiènistene peut guère souscrire car elles sont secondaires. Le toitabrite mieux contre la pluie et la chaleur, telle est l'évidentevérité, il est de plus moins coûteux d'entretien, on devrait doncle proscrire moins sévèrement qu'on ne fait. Pour terminer cerésumé succint, la maison marocaine ne peut que gagner, nonseulement dans le bled mais aussi en ville, à s'entourer d'unjardin plus ou moins vaste.

Combien de nos habitations s'abritent derrière un rideauplaisant et sain de verdure? Les colons du bled eux-mêmes n'es­timent pas toujours à leur juste valeur la présence d'ombragesautour de lCl'rs n,aisons. Quant aux propriétaires èe la Yille,ils WEi ire!, sem C:~~ ,:HU~~ par les prix cxagtrCs (c tc.:~,~:l.S

pour l'cn:::cr il ce détdl !

24 LE MAROC CATHOLIQUE

Fait attristant, l'immense majorité des immeubles urbainsentuurés de parcs ou de grands jardins qu'on rencontre dansnos villes si récentes appartient à des étrangers. On peutdu reste ajouter que l'intelligente prodigalité de ces proprietai­re" lêur a p...:rmis de réali"er d'appréciables o6ndices, chaquefois qu'ils ont voulu vendre leurs ill1meltblcs.

Tc:s sout les priu<.:ipJ.ux pain,,; sur lesq.,els doit êlfC fixéel'attention des constructeurs marocains car il est à d~siïCr quenous ne perdions plus de vue, nous l'avons t~tit trop souventjusqu'ici, les nécessités pril110rdiaks de l'hygiène, dans lesconstructions que nous destinons ù aLriter nos enfants et nous­mêmes.

Le Docteur.---_------.-~_"'~;3$~----------

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Une tache blanchâtre, qui commence - assez étroite - auseuil de séparation de deux vallées, et va s'élargissant sur leflanc vert sombre d'une abrupte colline, - c'est Ouezzan.

La première vallée - où s'enclosent quelques vignes etquelques jardîns, - s'enfonce entre deux rang(;cs Je- hauteursrégulières ct presque syrllétriques. Au wmmct des pitons, (lesblockhaus montent la garde: leurs murs endllits de chauxmettent un point de lumière au s,-,in liu fe lti11ao c LiuifLt dl:s oli­viers, qui se pressent à l'assaut de" pentes ...

Dès que l'on atteint le f~lEbourg de la ville, la secolll:c vallées'ou vre devant les yeux, large et profonde cumm(; une plaine,et bornée à l'horizon d'un mussif dénudé aux dures arêtes, oùle soleil couchant allume des teintes rose:::> et découpe de bellesombres violettes.

Avant d'arriver à Ouezzan, on laisse à gauche de la piste unamas de maisons grisâtres qui porte le nom de K.:tchrine, villaged:mt quelq lles vestiges témoignent d'une importance ancienne,mais tant de fois pillé S;1n5 dOllt:: p~l~' les montagnards voisins,que ks habitants semblent avoir pris leur parti de vivre désor­mais en des ruines.

LE MAROC CATHOLIQUE 2$

Du même côté que Kachrine, après l'avoir dépassé, un longcimetière, dünt les tombes ne sont marquées que de pierresbrutes s'étale à flanc de coteau dans un terrain FOc2lÏlleux et,. , ,

aride. Il se contÏlme, jusqu'ù hauteur d'Ouezzan et enferme-quelques maiabouts d'un bon style.

Dès l'entrée de la ville, la rue centrale d'Ouezzanélargie etaplanie, tourne c0mpEtel~;entvers b droite. Elle conduit à unegrande place que cL,s maisons bordé:nt sur trois côt~s seulementDe là, où se sont groupés deux ou trois cat~s et magasins euFO­péens, la vue s'~tend au luiu sur Li plaine, par delà le camp del'Adir, distant d'un kilomètre.

Cette grande place, qu'emplit aux jours de souk une foulebruyante et pittoreS'-iue, constitue, bien que peu nivelée, laseule partie plane de la ville, la seule accessible aux voitures.Ensuite, l'escalade commence. Un réseau de ruelles tortueuses,rocailleuses, étroites, malodorantes et d'une pente redoutable,s'accroche au coteau, - délimitant des blocs de maisonsdélabrées.

C'est au reste vers la partie basse de la ville - où de nom­breuses fontaines versent une eau abondante, - que se trou ventles demeures des gens importants; et, comme Ouezzan, citésainte, n'est pas close de murailles, de vastes jardins bien irri­gués s'étendent à l'Est, depuis les dernières maisons jusqu'aupetit mouvement de terrain où se dres';e le camp de l'Actir.

En continuant de suivre la me centrale aLl-delà de la place,on passe sous deux ou trois lx)rch'~s, et l'on arrive au Mellahsurpeuplé; on le traverse, et, grimpant toujours sur les caillouxpointus, l'on aboutit ,-LlX souks couverts., ,Rien Il'y est vendu q ai n", soit partic alier ù la reglOl1 , et lesni.agasins sont quelconques; mais des échappées de vue magni­fiques SUI' les hautes mOfllagn..;s ver-s lEst et le Sud-Est, lefrais ombrage des treilles vénérables dont les grappes pendentau-dessus des acheteurs, la propreté ,des grandes dalles surlesquelles on chemine, tout cela fait de -cet endroit le joli coinœOuezzan, celui vers lequel on se hàte et que l'on quiae,àregret ...

A ces souks, le contraste est peut-être (;l1core plus saisissantqu'ailleurs entm l€ls figures fines, blanches, rosées et souvent

26 LE MAROC CATHOLIQUE

grasses des placides marchands, et les traits ruJes, le teint trè"brun, la h:mt:.: stJ.~Ll[e, le corps sec et musclé des monta..;narJ"venus faire leurs ~i.chJ.ts. Ils sont vraiment d'une belle race,fi':;re, s-Juplc, vigo~rre~lse, inlassable, façonnée par des siècle"de vie pénible dans un pays ignoré.

Les lilosquées sont nombreuses, éparses dans la ville; levieux minarèt octogonal de l'une d'«lles, revêtu de carreauxde faience vede, ne manque ni de grâce ni d'intérêt.

Le chérif, l\louhy Allal, chez lequel le Sultan logea lors deson voyage en juillet dernier, est un homme d'environ cin­quante ans, grand et gros, à l'énorme nez aquilin et au teinttr~s fonc~. Ce tr~s solÏnt pers::mnage, qui a la «b:lra:w // duProphète, vit en un palais d'appare:lce modeste. La s:,lle d..:réception, où nous fut fait le plus aimable accueil, est vaste etcoupée de dCL1X rangées de colonnes. Son s.eul luxe consist-.:en beaux tapis, en nombreuses pendules de pacotille et enplusieurs glaces, dont deux jolis petits miroirs Louis XV. Desfleurs et fruits artificiels sous globe et deux agrandissementsphotographiques du p'~re et de l'aïeul du chérif achèvent ladécoration; mais quelle vue splendiJe on a des fenêtres quis'ouvrent sur la vallée!

La demeure du cadi, fin vieillard à la figure de cire encadréed'une longue barbe grise, est en,.:ore plus simple.

Là se sont bomées mes visites d'anivée aux autorités looles;mais je doute après cda qu'il se trouve à Ouezzan) en dépit Jeses douze mille habitaats, q llelqu'un de ces riches intérieursque l'on aJmire aux autrc.:s villes du l\laroc. La montagne esttrop proche pour qu'il fût possible de thésauriser ici ...

Entre la ville et le carup, en borJLife 'du cimetière, s'élèvebien un ensemble de constructions connu sous le nom de Dares Sultan. De beaux jardins cIo" de hauts 111 urs, des treilles,une grande pièce d'eau, ueau<.:oup J'arbustes ct de fie,rrs enfont un s~jour agrt:~,blc; mais to,ct cda était à l'abandon, et letravailll'est pas minime pour rœldre cette demeure habitable,et digne du Commandant des troupes d'OLlczzan.

Ils étaient do~x ù vivre, les soirs d'été au camp J~ l'AJir,cntre OUêZZclll ù l'O,iest, et ù l'Est un,; l\::gion ilul connu~,

dj'hcile et dis.ûd.mte eacore.

LE MAROC CATHOLIQUE 27

Quand la chaleur et les bruits du jour étaient tombés, quandle soleil avait disparu derrière les pitons vert sombre, à l'heurede recueillement qui' précédait les tirailleries nocturnes, unrideau de gaze mauve semblait monter du sa], estompant lescontours nets de la ville, dont la tache devenait peu à peu im­précise, pour s'accuser de nouveau dans le bleu profond duclair de lune.

Non sans mélancolie, on rêvait au destin qui attend la petitecité pittoresque, ouverte d'hier à notre influence, éveillée deson sommeil, reliée d~sorJl1aisau vaste monde extérieur. ..

G. DE KÉRANGAT

~LSACE ET LORRAINE------J>.....'-(----

Ces deux provinces viennent de récupérer les territoires brutale­ment enlevés à la France, en 1871, par l'Allemagne.

Il semble que le drame douloureux de la résistance semi-sécuiairedes habitants aux entreprises de germanisation ouvert à Francfort, atrouvé son épilogue, après Versailles, dans les splendides joies duretour à la Mère Patrie, à la France! .

Mais après les épanchements seiltimentaux, les effusions desmembres de la famille enfin réunis, la réalité des besoins et des inté­rêts s'est présentée; le passage d'un régime administratif à un autrerégime devait fatalement amener des points de friction excessive­ment difficiles à éviter.

Il est donc ind:niable qu'il existe, a:nsi que le définit le professeurMarcel Nast, de la Faculté de Droit. de Strasbourg: Un malaisealsacien-lorrain:

« Il y a actuellement un mal entendu qui risque de s'aggraver. Ilest peu de personnes qui, après avoir séjourné quelque temps dansles Territoires réintégrés à la France, ne soient revenues quelquepeu désanchantées.....

« Par une tendance naturelle à la généralisation ou à l'exagération,certaines même semblent disposées à imputer à tous les Alsacienset les Lorrains un état d'esprit qui n'est qu'exceptionnel, mais quiest trop réel dans quelques milieux indigènes.

« Ce malentendu doit ces::;er : il y va de l'intérêt de l'Alsace et de

28 LE MAROC CATHOLIQUE

la Lorraine, il y va avant tout de celui de la France. Pour le fairecesser, il faut 'très franchement, très 'hardiment, mettre l'opinionpublique en garde contre un état d'esprit, quia pu choquer plus d'unFrançais de l'intérieur, qui n'est celui que d'une minorité infimed'Alsaciens-Lorrains et qui, par là même, froisse les sentimentsintimes, les aspirations les plus vives, de l'immense majorité desAlsaciens et des Lorrains, etc ... »

L'éminent Professeur ramène tout le malaise aux deux questionssuivantes: '

« 1 0 - Faut il donner à l'Alsace-Lorraine un statut administratif?si oui, quel doit être cc statut, ct en particulier doit-il (itre définitifou transitoire?

2° - Faut il maintenir en Alsace-Lorraine la Législation locale ouy introduire la Législation Fran(;aise? Dans cette dernière hypothès~

sui vant quelles m'dalités J'introduction doit-slle être réalisée?« Et si l'on conserve trrfllsitoz'rclncld certclines lois locales, com­

ment se résoudront les conflits inévitables entre la loi française et laLoi locale?»

Exploitant le malaise ainsi présenté et accru par des tâtonnementsqui dunont Lkpuis plus de deux ans, il existe un parti qui, d'accorden cela avec nos ennemis dOutee-Rhin, cherc,\(;; à donner, à l'épilo­gue précité, une iilnle qui rcndrcüt vain le sacrifice sanglant desl 800 000 Français morts au Champ d'Honneur.

Nous savions que de tout temps il a exist,S en Alsace quelquesrares partisans de l'Alsace indépendante ct neutre; cette infimeminorité aurait pn cUlltinuer à passer inaperçue si, ces temps der­niers, nous n'avions cu la douloureuse surprise de constater le gravepéril que leurs ag-isscments pouvaient constituer.

Vers la fin du mois d'octobre, nous appncnions avec une intensestupéfaction qu'au cours d'nne réunion du« Parti Populaire Répu­blicain » à Grél fenstaden, une résolution fut votée de s'adresser à laSOCIÉTÉ D.ES NATIUNS, à C(~lève, si hl France ne respectait pas enAlsaec-Lon:.tiile, le ConCOrltat.

Ce grave incident en déte:rminait un dcuxièine tOUe aussi grav.: :Les sénateurs, d~putés, cunseillers généraux, lÜ~ mbrcs du COdscilConsultatif, et 20') d(~1.:gués cantunaux du « Parti Fopulaire R.~;jU­

blica.in» se réunirent ci Strcèsbourg" ,;ous la pn0sidcnce de 1\1. bdoctc~lr Pfleg-er qui n':.t'~ecpta b pré::;idence (IU'il la condition que leparti aurait une ol-;entation -n(,ffc1J!e.'l:l ),Mlf/onu!e et) qu'en CCH1Sè­q\,wnc€, on voterait la y,j!rasiion jonncfte de la rés Jlution deGrafensta.den.

LE MAROC CATHOLIQUE

M. l'abbé Schoeffer, euré de Grafenstaden, ayant pris la parole,loin de chercher à excuser cette résolution, l'aggrava en attaquantM. l'abbé Delsor, lui reprochant d'avoir capitulé au sujet du Concor­dat ct, g-énéralisant, fit si bien qu.; les'J.nrlementaiœs indi~;nés seretirèrent presque tous.

Faire appel à la Société des nations! On aperçoit Î1~médiatementl'ingérence des neutralistes et le but de leur manœuvre dangereuse:

La Société des Nations « reçoit, examine et solutionne les récla­mations que lui adressent les jJe/it..; E'tats opprimés par les grandesnations et menacés dans leur indépendance. »

Sou,mettre à cette Société les affaires d'Alsace-Lorraine, c'estconsidérer l'ex-Reischland comme un petit Étai opprimé par laFrànce et, qui sait? peut-être obtenir la déclaration d'indépendancede ée pays comme la Suisse ou le Luxembourg.

Ce que nous venons d'exposec explique la protestation que lesAlsaciens et les Lorrains du Maroc, au C(lUrant de ces faits, viennentde nous adresser et que nous reproduisons ci-dessous:

IJROTESTATIüN

Les Alsaciens et les Lorrains du Maro~, réllnis en AssembléeGénérale, à Casablanca, le 27 Novembre 1921,

Ayant pris connaissance du [.'apport déposé par le Comité sur lesincidents récents de Grafenstaden ct de Strasbourg, mcttant enlumière la persistance et la force de l'agitation neutraliste, en mêmetemps que le danger qu'il y aurait à ne pas dissiper le malaise Alsa­cien-Lorrain, tel qu'il est défini par M. Nast, à l'aide de décisionsréalistes, fortes et rapides, pi'oiesie;d; ,;'U(;C la jJliL' vive indignationcontre la campagne ayant pour but de s0pan:r nos chères Provinccsde la France!

Ils savent, d'a'..;cord avec M. Claude Lorrain du « Messin, » l'hono­rable sén<ltcur LaZélre Weiller, le professcUl- N~,st ct tous leurscompatriotes de bonne foi, que derrière la Frz\l1ce se trouve unemajorité écrasante COll1lxenant la presque totalité des Alsaciens etdes Lorrains Catholiques, Protestants et Israélites, alors qu'en facede nous, il n'existe qu'une infime minorité, très agissante, dont lesprincipaux militants sc sont sig-nal:~s à Grafenstaden et à Strasbourget qui peuvent Hre privés de toute influence si le Gouvernementle veut.

Par ces motifs, ils émettent auprès du Gouvernement Françaisles vœux suivants qu'ils estiment propres à mettre fin à toute équi­voque su: l'<lppli-:,ü.ion du Traité: de Versailles:

3° LE MAROC CATHOLIQUE

1° Les trois départements rendus à la France doivent reprendreleur vie normale dans leurs Provinces respectives, sans instaurationd'un régime spécial.

2° Le Statut administratif commun à tous les départements fran­çais doit leur être appliqué immédiatement.

3° La législation française peut-être appliquée dès à présent surtous les territoires rendus à la France avec un «modus vivendi»transitoire indispensable. 1

4° Le Commissariat G,Snéral d'Alsace-Lorraine, chargé de propo­ser les mesures transitoires nécessaires à l'assimilation rapide, doitêtre supprimé à une époque nettement fixée et son rôle déterminéde façon à ne laisser place à aucun maintien provisoire nouveau.

L'Assemblée, espérant que ses vœux seront pris en considération,et confiante dans lc Gouvernement de la République, proclamehautement la fidélité des A lsacicns et des Lorrains il la France.

Il est bon aussi d'attirer l'attention de tous, sur une cause futured'ennuis sérieux, si l'on n'y prend garde, et que cette même associa­tion marque dans le désideratum suivant:

«L'admission la plus restreinte, dans les conditions les plussévères, aux lettres de naturalisation française que vont demanderIIO 000 Allemands sig-nâlés par M. l'abbé \Vetterlé.

«Dans tous les C~lS éviter le scandale et le froissement que causedans les milieux francophiles l'accession à la natural isation de cer­taines personnalités qui, comme généraux ou hauts fonctionnairesdu Kaiser, se sont montrés très durs et qui, sous prétexte demariage avec des femmes Alsaciennes ou Lorraines, ont obtenu lanaturalisation française. »

Nous ne pouvons, comme Français, que joindre notre protestationà la leur eontre toutes les menées séparatistes ou neutralistes ayantpour but de nuire à notre belle Patrie.

HENRY

Dieu fait un journal de notre vie. Une main divine écrit notre histoi!"opour la publier un jour. Songeons à la faire belle.

BOSSUET.

LE MAROC CATHOLIQUE

LE DON A LA FRANCE (1)--rc5""'---

Dominant le Maroc du verbe et de l'épée,Son conquérant devint le pacificateur,Le Chef qui s'imposa comme un libérateur,Patiemment, par le travail, par l'épopée.

Dans la plaine Sibà que la horde campéeCouvrait, voici cinq ans, d'un flot dévastateur,Habite sous la tente une tribu-pasteur,La biblique tribu de semaille occupée.

D'Agadir à Nemours, ainsi calme s'étend,Sous le pâle asphodèle et l'iris éclatant,La grasse nudité des grands champs solitaires.

Qu'ils s'emplissent de, blé, d'usines et d'effort,Et qu'ils aident les fruits et les biens de ées terresA vos relèvements, ô mes frères du Nord.

Sur la.- plaine côtière où l'Arabe est soumis,Tandis que l'Atlantique épand ses clameurs sourdes,Et que voleat aux cieux quelques mouettes lourdes,Une aube printanière échauffe les semis.

Germes, ô rois puissants, forts comme les mamelles,Qui fermentez ouverts au creux noir des sillons,C'est vous la plaine d'or et l'âme des grillons,C'est vous la meule haute où bavent les chamelles.

3 I

C'est vous la chair des fils et le Froment divin,C'est vous la fleur, c'est vous le fruit, c'est vous le saule,C'est vous le feu du soir, c'est vous la ronde épaule,Et le gâteau beurré qu'on arrose de vin.

(1) Droits de reproduction rétJecvé&.

32 LE :\IAROC CATHOLIQUE

D'llCUrc en heUfê, d·..::: il1ill~i1ail-'~ en rnilléi1:-~ii'Ô,

Sa tàcllC aLl~~ustc, au gl~Üil J0 ble, GCJn)LÏna(;r,-~,

Jusqu'au jour où le monde effaré crouleraDans le fracas- des trompettes cc du tonnerre.

F;IAi-JÇO!S ONFFI~OY.

------------~~~--~~

---,--*"'----c---

U ~1 soir j.:J batailL:;. TroiJ 1::1-Jrts : un :~ra;I(jais, ün Sénégala:s,un ;,Iarocain. On cr0as-.; trQi..; ~JJ.ab~s.G(j:Jn1icrs ct tiraillcar3pL....c~üt ~(U fond L.:J pi-"':l-r~~ ritu~ll~~ qui l~:Ji~"cn: s81-vir de cOL.chc

funèbrc il leurs camarades musulmans, tandis que nos soldatsserrcat avec é.l1v~i~J.lla cfJix: ct b3 c..JJrOni1e3 rustiqucs dontils vont oùlër b tU;l1Jbs de leur co.np.ltriotc. Le colonel alors~'avancc au nülicu du œrcle, fait de la main un signe aussitôtcompri", ; et, dans un ::;ilence religieux::

« Ce n'est pas, dit-il, un hasard aveugle qui a chüi::;i lès vic­times' d'aujourd'hui. Le Fpnçais, le Senégalais, le Marocain quivont dormir ensemble dans le cinwtièrc de Zahiliga fcpré::;en­tent trois races longtemps ennemies, qu'une intelligent;; etmyst~'rieusevolonté hit maintenant travailler en commun autriomphe de la civilisü.tion. S::r cette: terre marocaine, où tantdes nôtres p<':rir-eat dü.ns l'eschvage, où L:mt de noirs furent

, vcndt:s C0111111C du b~t:..ül, lo..l~rd,ncc, 5d.~lc à sa Inission sscLll;],ir~,

pr~·nd une; éclat:lntè rC'/ancl:c. E11...: r2unit SO-~lS son dr:.lp2an lesfils d0S oppresseurs 0t dCJ oppt~nl6s) les fond dans le il16111e

amour de l'ofdre et de la justice, dans le mëme rc:s::)(~ct de saforce et de sa grü.ndcLU, et les lance ù l'as::;~lllt de la barbéŒie.Ces trois morts pour la cau::;c CO':1111l!ne doï vent donc être, pournous autres soldats, un cmblè:nc de fratcmiéé ..]e vous demandeinstamment de leur garder lèllC place dans vos réflexions commedans votre sOL17enir. //

'Et sc. t, U'I'''!1' " 'c"~',i"",,Y],ollt v"'s L" trois déDouilles COl'-'f ...., v ..... "lo. .... " ù ....~ '-''''''~'-, .......... .L.......... ..... v1. .........J......i. ...

chées sur le sol, il bur adresse le salut militaire, si ~:;j~le danssa simplicité.

LE MAROC CATHOLIQUE 33•

Sénégalais et goumiers se précipitent aussitôt vers leursmorts pour accomplir les derniers rites. Le colonel, alors,s'adressant aux Français:

- Messieurs, ces Africains, qui sont nos inférieurs parl'éducation et la mentalité, nous donnent en ce moment un belexemple. Ils ont une religion et ils n'en rougissent pas. Quel­qu'un sait-il à quelle confession appartenait le soldat mort?

Dans le silence un souffle timide s'élève:- Il était catholique, mon colonel.- Suit-on s'il était pratiquant?Et nul ne répondant:- Sans doute, reprend le colonel, la famille serait heureuse

d'apprendre qu'une prière a été dite sur la tombe de son fils.L'un de vous veut-il rendre à son camarade ce dernier devoir?

Silence...- Personne, parmi vous, ne se souvient de ses prières

d'enfant?Des regard~ s'échangent, interrogateurs et furtifs; des pieds

s'avancent, vite retirés ... Ah ! faiblesse humaine! Ces hommes,qui méprisent les balles, qui recherchant les corps-à-corps san­glants avec de féroces ennemis, les voilà soudain glacés parle respect humain; et malgré la majesté de la scène, ils craignentde paraître ridicules par un acte qui cependant est si conformeà leurs plus intimes désirs.

- Eh bien! reprend le colonel avec simplicité, puisqu'aucunde vous n'a la mémoire aS;,ez fidèle, je vais dire une prière quine froissera les sentiments de personne, quels que soient sonculte ou ses opinions.

Et découvrant d'un geste large sa tête grise, il commence:- Notre Père qui êtes aux cieux.... ,Et tandis que près des deux tombes voisines les Sénégalais

et les goumiers psalmodient à demi-voix leurs oraisons, nossoldats, serrés autour du chef dans une ardente communiond'âmes, abdiquent pour un instant leur orgueil ou leurs préjugésdans le touchant aveu de fa:ble3se et d'amour qu'ils balbutientaprès lui. Et quand le colonel achève: Mais délivrez-nous dumal. Ainsi soit-il) de nombreuses mains maladroites esquissentavec lui le signe de la Croix.

LE MAROC CATHOLIQUE

UN DES NOTRES

Beaucoup de gens, et même beaucoup de gens de lettres, ignorentque Ferdinand Brunetière était de Provence. Né à Toulon en 18-+9,d'une famille d'origine niortaise, après avoir commencé de brillantesétudes au lycée de Marseille, qu'il devait terminer au lycée Louis­le-Grand à Paris, Brunetière visa le professorat.

C'était une vocation; alors qu'il était encore sur les bancs de laclasse de quatrième, u'n de ses professeurs lui posa une question:

« Voyons, Brunetière, que pensez-vous faire dans la vie?- Monsieur; répondit le jeune homme dont l'ambition littéraire

perçait, je veux être rédacteur de la Revue des Deux Afondes etprofesseur au Collège de France. »

Et il ne devait pas se tromper sur sa destinée ..On a dit beaucoup de mal de son caractère; ceux qui en ont parlé

ne le connaissaient pas bien'; c'était ce qu'on peut appeler une rossebienfaisnnte. Ce caractère était fait de volonté, d'humeur batail­leuse, de taquinerie et de charité, il détestait les pédants, lesarrivistes, et était sans pitié pour les écrivassirTs qui osaient franchirle seuil de la maison du père Bu1oz. Ah! l'accueil qu'il réservait àces derniers n'était pas encourageant; avec quelques mots i'ncisifset sûrs, il avait tôt fait de saper l'orgueil du jeune prétentieux quiàpportait un manuscrit imparfait à son cabinet: en revanche, quandil pressentait qu'un de ceux qui s'essayaient avait quelque chosedans le cerveau, il faisait l'impossible pour que le jeune homme pûtpercer. Démarches, communications, sug'gestions, il prodiguait toutà ce privilégié. C'était, comme nombre de littérateurs, un être com­plexe : Le Brunetière de la Re-mte des Deux Jfondes ne ressemblaitnullement au Brunetière de Dinard, pendant les vacances. Lui,c'étoit le travailleur acharné, travaillant pour la Re~lue de une heureà sept heures, puis travaillant pour lui, pour enrichir son trésor de con­naissances, de neuf heures du soir à deux heures du matin. JamaisBrunetière, tout au moins jusqu'à la cincJuantaine, n'a pris de reposavant ce moment de la nuit. C'était un homme qui avait sur lui-mêmeune puissance d'énergie extraordinaire, se forçant à fair~ toujoursla chose la plus difficile, la chose qui lui coûtait le plus, et qui, pleind'un bel orgueil, n'abandonnait jamais la gageure.

D'humeur très combattive, il ne cherchait p.tS la bataille, il aimaitla préparer et la. voyait arriver avec une joie âpre; alors il frappait

LE MAROC CATHOLIQUE 35

d'estoc et de taille, mordant, ironique, insolent, toujours dans uneforme impeccable; il dissinmlait l'acuité des traits sous les fleursd'une rhétorique délicieuse. A côté de cela, ce qu'il y avait au-dessusde tout dans son âme et dans son cœur, c'était une bonté dontplusieurs personnes ne voudront pas convenir. Il ne faut pas vousfigurer Brunetière toujours raidc sur ses principes, se dressant surses théories comme un coq sur ses ergots; il faut vous le figureraussi, gai, jovial, paternel, dénué de toute pose et de tout sourireamer. Tel il était à Dinard; là, il jouait à courir avec sa petite nièce,il faisait des calembours pour amuser ses amis, il faisait des niches

. à ses proches. Voilà sûrement un Brundière qu'on n'imaginait pasà Paris! un Brunetière farceur! ! !

Revenons à la biographie. Après l'année terrible, pendant laquelle~runetière fit tout son devoir_ comme soldat aux portes de Paris, ilse présenta à l'École Normale sans y réussir et y renonça complète­ment. C'est à ce moment qu'il voulut vivre sa propre vie personnelle;il devint professeur dans des établissements peu rémunérateurs ettrès exigents, puis il rentra à la Revue des Deux Mondes en 1875,

, c'est-à-dire quand il n'avait pas tout à fait vingt-six ans; mais lerude Buloz se connaissait en hommes, il avait deviné celui-là. Bru­netière avait dè.s lors sa carrière tracée. En 1886, il fut distinguépar M. Liard, directeur de l'enseignement supérieur qui l'imposaitcomme professeur à cette École Normale où il n'avait pu entrercomme élève.

Dès lors, Brunetière commença à se multiplier. De secrétaire, derédacteur, il devint directeur de sa Re1Jtte bien-aimée, puis plustard, les portes de l'Académie s'ouvrirent devant lui, et l'immortel,après avoir prodigué harangues, articles, conférences, mourut en1906, à cinquante-sept,ans. Orateur, journaliste, conférencier, il futtout cela excellemment, mais il fut surtout c~itique et, cela Sarceyne le lui pardonna point, pas plus qu'il ne pardonna à Sarcey lesfeuilletons du Te111~ps. Littérairement parlant, ces deux hommes sehaïrent.

Brunetière entra dans la critique avec des idées absolumentdifférentes de celles qu'y avait laissées Sainte-Beuve. Brunetièreprétendait être juge de l'auteur, tandis que Sainte-Beuve ne jugeaitpoint et se contentait de transmettre aux lecteurs l'impression quelui avait causée l'œuvre entendue. Lequel des deux était dans levrai? .

Brunetière définissait la critique: l'amie de la littérature française,et il soutenait à bon droit, à notre humble avis, que de l'œuvre d'art,

Lit MAROC CATHOLIQUE

doivent sortir des idées, des impressiops, des suggestions laissantdans le cœur et dans l'~me dès ferments de puissance, de moralité,de vertu, d'énergie sociale; aussi comprendra-t-on qu'il traitait depurs baladins ceux qui ne cherchaient à produire qu'un effet curieux,amusant, voire artistique; ceux-là, il les méprisait. Zola fut dunombre. Qui ne se rappelle cette bataille vive, acharnée, qu'il livraitau naturalisme de 1875 à 1885 parce que pour lui, le mturalismevisait à l'effet et violait la morale et la tradition. Par tradition,Brunetière entendait cette sorte de vertu intime par laquelle, uneœuvre d'art, même légère, doit être en conformité avec les idées etles principes généraux qui ont fait la grandeur et la force d'un peu­ple. Et ce sera un titre de gloire immortelle pour Brunetière d'avoir,dans son admirable livre, le Roman Naturaliste, établi vigoureuse-.ment la différence qu'il y a entre le réalisme de Balzac, le naturalismedes classiques et le naturalisme brutal de Zola.

« Il n'y a que l'honneur sot qui ne change pas ». Cet aphorisme,Brunetière l'avait médité, car ses convictions philosophiques, :lll

cours de son existence, subirent une évolution complète, et, succes­sivement, son intelligence, après avoir embrassé le positivisn.e, lepessimisme, le darwinisme, s'est définitivement arrêtée au Catho­licisme.

Il est certain que Brunetière a commencé à penser sous l'influenced'Auguste Comte, c'est-à-dire d'un homme qui avait élevé une sortede religion de solidarité humaine, gui avait inventé l'adoratiun deshumbles. Brunetière trouvait là le véritable viatique pour son âmegénéreuse.

Le p:::ssimisme de Schopenhauer avait aussi très vivement "r:,p;lSBrunetière, par ses tlléories d(~ la dCscspérance et du pessimisme,Schopenhauer avait dçmné à ce disciple le gue j'appellerai: la reli­gion de la misère humaine.

Quant au darwinisme; il ne fut, pour cet esprit d'élite, qu'unsimple expédient de méthode. Entendons-n',us, Brunetière avait lUDarwin avec la passion intelligente qu'il apportait à toutes ses lectu­res, et il était arrivé à cette conclusion:

« Est-ce qu'on ne pourrait pas considérer un genre littéraire commeune espèce végétale ou animale? li Un genre littéraire en effet, a,son origine lointaine, son a lolescence, sa jeunesse, sa maturik, sadécadence, sa disparition.

C'était là une idée ingéni.euse, subtile, qui ne pouvait manquer deséduire Brun:::tière .

.Étant donnée cette évolution au travers de laquelle tout était acqui-

LE MAROC CATHOLIQUE 37sition et rien ne se perdait, on pouvait prévoir que Brunetière serait

• amené au Catholicisme dont il était si loin en 1871 et en 1875.Comme la conversion du gTand Coppée, la conversion de Bru­

netière à été une chos~ profondément respectable et vénérable,précisément parce qu'elle a été très longu~, très craintive, très scru·puleuse, très loyale. Brunetière était avant tout l'homme qui nepouvait mentir aux autres, comme le disait l'éminent Faguet, maisqui, encore moins, pouvait se mentir à lui-même.

Cette conversion eut lieu en cinq années, de 1894 à 1899. Pendantces cinq années, sa haute intelligence, sa profonde moralité avaientsenti que, dans le Catholicisme, il y a des vertus morales toutesparticulières, toutes spéciales, qui de plus en plus, à mesure qu'illisait les auteurs chrétiens, le pf:nétraient. Et puis il était profondé­ment frappé de ceci: Que le Catholicisme est non seulement la plusprolongée et la plus permanente des traditions, mais qu'il est aussiune puissance sociale incalculable, la plus forte, la plus extraordi­naire, qu'il met en p;-atique l'adoration des humbles d'AugusteComte, qu'il est la religion de la misère humaine de Schopenhauer.

Quand, en 1899, Brunetière se déclara catholique, il posa unepierre angulaire à la base de l'édifice du pontife de Rome, car il afait rentrer dans la doctrine catholique tout ce qui, précédemment,avait été l'aliment de son esprit. C'est ainsi qu'il prenait un plaisirextrême à constater que la science moderne est tout à fait d'accordavec la Genèse, et dans son livre étonnant de l'utilisation du positi­visme en faveur du Catholicisme, il absorbe darwinisme et positivis­me dans' cette doctrine catholique.

11 y a des convertis qui, à l'image des Clovis, des Saint Augustinet des Pascal, brûlent ce qu'ils ont adoré; Brunetière n'était pas deceux-là; il n'aurait pu admettre que tout ce qu.'il aurait pensé etsenti ne put concorder avec l'instant actuel. Pour lui pessimisme,positivisme, darwinisme, étaient les sentiers naturels et abrupts quil'avaient acheminé vers la route large et belle de la religion catho­lique, apostolique, et romaine.

Une religion qui amène à elle des hommes comme Brunetière,après tant d'autres de semblable envergure, ne disparaîtra pasdemain.

ERIC BESNARD

LE MAROC CATHOLIQUE

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PHYSIONOMIE D'UNE COLONNE.

Avant de vous entrainer à ma suite vers les contrées toutesneuves que nous venons de parcourir, laissez-moi vous crayon­ner rapidement l'aspect d'un Groupe mobile en mouvement.

Ce n'est pas dépourvu de pittoresque.Comme on part toujours avant le réveil réglementaire,

aucune sonnerie n'indique le moment de la concentration. Onse donne ainsi l'air généreux, de respecter le repos des indis­ponibles ou des embusqués. Mais vous devinez bien que cen'est là qu'une grimace chevaleresque. Les gens qui partentfont plus d,:; tapage, dans chaque cantonnement, que trois dou­zaines dej,tzz-balid. On se cherche dans la nuit, on s'invective.Les chargeurs pestent con~re leurs mulets qui rechignent aubât. Les gradés rabrouent les muletiers. Finalement, à l'heuremarquée, chaque unité se dirige vers le point de concentration.Là, nouvelle cohue dans l'ombre. Les unités compactes secroisent, se heurtent en échangeant des injures. Mais le voca­bulaire est usé malgré sa verdeur rabelaisienne. Rarement onentend fuser la drôlerie qui force l'hilarité générale.

Et l'on part. La première chose qui vous apparait, quand selève Je petit jour, est un long nuage de poussière fauve quidessine, en serpentant, les méandres de la colonne en marche.Il fait frais. Tout le monde est allègre. Les chevaux caracolentet hennissent. Les hommes plaisantent. Des cavaliers novicesmenacés d'un dévissage par des bourrins facétieux, s'accrochentfiévreusement à leur selle. Tout à coup éclate, à quelque dis­tance, une tempête d'invectives où domine le mot de Cam­bronne. Et l'on arrive devant trois ou quatre Sénégalais affairésautour de leurs mulets. Ils ont si bien brêlé leur ch.argementqu'il est passé en bloc sous le ventre de la bête. Pendantque le mulet par terre attend d'un air résigné qu'on l'ait débar­rassé, le cheval d'un gradé profite d'une dï'straction de sonmonteur pour. s'échapper. Pendant des heures il va piquer des

1"

LE MAROC CATHOLIQUE 39

charges folles sur le flanc de la colonne. Parfois les· bons«gobis» s'aperçoivent tout seuls que la charge va chavirer.Alors un ancien cligne de l'œil et prononce d'un air entendu:« Moi y a connaître manière.» Et il s'efforce d'équilibrer lacharge en portant des pierres sur chaque côté qui se, soulève.A certains moments les pauvres brels qui ont la guigne de tom­ber dans ces formations de couleur portent plus de parpaingsque de charge utile.

L'élément le plus décoratif du groupe mobile est le troupeaudes Subsistances. Quarante ou cinquante bœufs efflanquéssont, conduits à côté des troupes, à une allure infernale. Audépart ils rappellent déjà les chevaux d'Harpagon <.<. auxquels, 'disait Maître Jacques, vous faites observer des jeûnes si aus­tères que ce ne sont plus que des idées) ou des fantômes, desfaçons de chevaux. » Ceux-ci ont tout l'air de squelettes revêtusde baudruche. On tremble qu'à chaque mouvement les os netraversent ce vêtement de cuir. Ils vont, hagards, poussés parle boucher et quatre ou cinq Kroumirs armés de matraques. Maiscomme cet encadrement ne suffit pas, on déchaîne autour de.cette famine ambulante une dizaine de spahis. Les petits che-·.vaux nerveux bondissent par-dessus les buissons pour rabattre,dans le rang les égarés. Chaque fois qu'un de ces faméliquesfait le geste de flairer une touffe sèche, un formidable coup dematraque s'abat sur sa carcasse. Et la course reprend effrénée, .capricante, accompagnée par des invectives, dans un aveuglanttourbillon de poussière. On devine dans quel état les survivantsdes hécatombes journalières arrivent à l'étape! Soumis à ce·régime d'amaigrissement méthodique et intensif, le troupeaufoùrnit aux troupiers un caoutchouc alimentaire sur leguel serompraient des mâchoires de bouledogue.

Quand monte dans le ciel le redoutable soleil d'Afrique) oncesse de trouver le moindre plaisir à ces spectacles. Peu à peules voix baissent. Les conversations se font intermittentes. Lessouliers traînent à terre. Les fronts ruissellent. On soupire,après la pause qui accuse quatre nouveaux kilomètres d'accom­plis. Les troupiers ne retrouvent un peu leurs jambes et leursvoix que' lorsqu'ils aperçoivent l'étape. Dans les marche.sordinaires, en pays battu, l'ordonnance d'1 camp est rapide- ..

· LE MAROC CATHOLIQUE

ment faite. Les agents de liaison se contentent de dire: «commed'h;lbitude.» Et chaque unité se dirige vers un emplacementconnu. On se hâte de dresser sa tente qui va créer un pointd'ombre dans la nudité brûlante du bled.

En zône dissidente l'établissement du camp est au contrairefort long et difficile. Il faut se placer à proximité d'un pointd'eau. Il faut parer à toute tentative de l'ennemi. Chaque unitéd'infanterie organise définitivement la face du camp qui lui estconfiée. On amorce quelques tranchées, on déploie les réseauxbruns pour faciliter la tâche des sentinelles et pour gêner aucontraire la be.sogne des rôdeurs. Mais l'audace et l'adresse des.voleurs marocains ne connaissent pas de bornes. Quelquesprécautions qu'on pren,ne, quelques menaces qu'on formule àl'adresse des négligents, on n'évite jamais complétemeIlt lesvols d'armes et de cartouches.

Un grave problème à résoudre l'été est celui de l'alimentationdu Groupe mobile en eau. Comment Bonner à boire à 5 ou6 000 hommes et à 4 000 animaux? On se dispute parfois au­tour des petites mares immondes ou des trop rares puits. On estsouvent obligé de les faire garder par un factionnaire en armes.J'ai conservé un souvenir particulièrement pénible du campe­ment des Aït-Affid, sur la route de Khénifra. Au bout deplusieurs heures d'attente les ordonnances vous portaientquelques litres d'une boue infecte où grouillaient les animauxde la vase. On faisait passer quatre fois cette horreur dans lesfiltres Garet pour lui donner apparence d'eau. Après quoi onla stérilisait au permanganate. Mais naturellement nous étionsbien peu dans le Groupe mobile qui pouvions prendre cesprécautions. Les hommes se contentaient de filtrer la boue àtravers leur mouchoir, pour en éliminer les sangsues. Aussi ilfallait voir, le soir, le nombre de ceux dont les intestins serévoltaient! Quant aux animaux, ils ne buvaient rien. C'étaitpitié de voir ,les pauvres b,~tes tirer sur leur chaîne quand ilsentendaient dans les tentes le glouglou de l'eau versée.

Le camp offre, la ~lUit, un spectacle féérique. Les monticulesse couvrent de feux) autour desquels des ombres s'agitent.L'espace qu'on couvre paraît décuplé. On songe naturellementaux grandes invasions barbares, quand d0s peuples entiers

LE MAROC CATHOLIQUE 41

marchaient à la recherche d'une plus riche patrie. Leurs cam­pements ne devaient pas être bien différents du nôtre. Et leurspréoccupations ne pouvaient guère être moins prosaïques quecelles de nos indigènes.

A ce moment) le repos a rendu aux hommes leur langue etleur gaieté. De partout s'exhalent des odeurs de cuistance quiimpressionnent violemment l'odorat. Cuisine nègre, cuisinehassani conjuguent leurs relents écœurants d'huile fruitée etde beurre rance. Dans les petites guitounes, à la lueur deschandelles fumeuses, les indigènes, en se cachant, jouent auxcartes. Quelques tirailleurs psalmodient leurs mélopées guttu­rales en s'accompagnant de guitares et de tambourins.

Soudain sur ce grouillement tombe la sonnerie d~ l'extinc­tion des feux. Elle est reprise par les clairons de chaquebataillon et par les trompettes de la cavalerie. Cette sonnerieest la plus belle de l'armée française. Elle prend dans ce bledingrat, un accent mélancolique qui appelle, comme un tinte­ment d'An.!,;elus) les tendres souvenirs du foyer lointain. II m'atoujours s8mblé que les sonneurs européens sentaient cela. Ilsprolongent les dernières notes en un decrescendo nostalgiquetout à fait prenant. Alors tous les bruits s'atténuent, les chantss'arrêtent, les conversations s'éteignent. Les flammes desfoyers qu'on cesse d'alimenter, tremblottent, moribondes, ausouffle de la nuit.

Chacun s'endort entre ses murs de toile. Mais souvent onest réveillé en sursaut par une terrible secousse. On cherchependant une minute où l'on peut bien se trouver, car on nerencontre sous la main aucun objet familier. C'est tout simple­ment un mulet détaché qui prend ses ébats autour des tentes.Son pied s'est pris dans vos cordes, quelques piquets ont sautéet votre palais de toile a été violemment ébranlé. L'émancipéjoue malicieusement avec les gardes d)écurie qui le poursuivent.Finalement, quand il est fatigué, il se laisse prendre et con­duire docilement à sa chaîne.

Le lendemain le programme est repris sans variations nota­bles. La marche ne reprend intérêt que lorsqu'on pénètre enzône dissidente. .

Maintenant que les lecteurs du «Maroc Catholigue» ont

42 LE MAROC CATHOLIQUE

fait connaissance avec la vie et l'a"ped Liu Groupe mobilc:, jem'efforcerai de leur offor, CLl:l" ,nes proc.lains récits, cee exCI­tant d'attention.

JÉRÔME DU BIED

INFORMATIONS~--?t~---

DAHm DU 8 NOVEMBRE 1921 (7 rebia l 1340)

RELATIF A LA NATIONALITÉ MAROCAINE

Louange à Dieu seul!(grand sceau de Moulay Youssef)

Que l'on sac;he par Lès pr~sentes - puisse Dieu en élever et enfortifier la teneur!

Que Notre ;\hjestcS Ch~rifienne

a décidé ce qui suit:

Art~ic;le uniqiie - Est Marocctln, à l'excèptioll Lies citoyens, sujetsou ressortissants de la puissance protectrice autres que nos sujets,tout indi vidu né dans la Züne fra1l 1aise de Notre Empire, de puentsétrangers Liont l'ull y est lui-même né.

Fait à Rabat, le' 7 rebia 1 1340(8 novembre 1921)

Vu pour promulgation et mise à exécution:

. Taza, le 8 novembre 1921.

Le il,lIaréchal de France,Commissaire Résident Général,

LYAUTEY

-~-~--++t----

POUR L'ÉGL~SE ;'JE MAZAGAN

On nous écYit :

A plusieurs reprises, la population de Mazagan a contribué dansune large mesure à la reconstitution de l'église de Notre-Dame del'Assomption, hier encore en léthargie sous les pierres du Musul­man qui !'occur'ait depuis l'exode Li,~s Portugais ct aujourd'J.ui enpleine rcnaiss~~;:c..;.

.Of

LE MAROC CATHOLIQUE 43

Elle vient d~ donner une nouvelle preuv~ de sa générosité enparticipant dans une mesure inespérée à une manifestation qui dé­montre non seulement que l'union sacrée entre Français n'est pas unvain mot dans cette ville, mais qu'une cntente cordiale, très cordialemême, préside aux relations entr~ les membres des différentesColonies.

Sur la Jouable initiatic,'e de M"'c Griffin, Mlle, Calamel et de Cha­bannes, et M. Jean Brunllt ont organisé au profit de l'église unesoirée qui a cu lieu le jeudi 8 décembre sous le haut patronage deMme et de M. Je docteur \Veis[crber, ccntrôh~ur civil, chef de la ré­gion des Doukkala, dont Mazagan est la capitale.

Il nous cût été très agr{able de parler en détail du programme etde son exécution. La place nous ef,t malheureusement limitée, et ànotre grand regrét, il ne nou; est pas possible de dire ici tout le bienque nous pensons et du soin judicieux qui a présidé au choix desdifférentes parties de ce progTamme et de ceux qui l'ont eè;écuté.

Qu'il nous soit cependant permis d" remercier sincèrement tous lesorganisateurs et ceux qui, si spontanément, ont répondu à leurappel, c'est-à-dire tout ce que M2,zClgan compte de notabilitésdans le commerce, l'industrie, l'G.gricuHure et l'administration,ainsi que MM. les Officiers de la Carnison.

Cette soirée comptera dans ks ;mnales de l'église ~. Notre-Damede l'Assomption » de Mazagan puisqu'elle permettra d'engager soitpour son embellissement, soit pour son achèvement, l'intéressanterecette qui en fut le fruit.

A tous ceux qui ont versé leur obole et prêté si généreusementleur concours, nous disons: Merci! .....

UN lVlAZAGANAIS

LE J'1USCLE NE SUFFIT PAS

IL FAUT D]iVFLOPPER L'Il'iTELLIGE""CE ET LE C:Run

Dans son journal hebdomadaire, la }enne République, M. MarcSangnier pose avec une granùe netteté le problème de la formationdes jeunes gens de notre temps: on semble de plus en plus les éleverComme des bêtes, on s'occupe de fortifier leurs muscles - ce qui estbon - mais, avec notre habituelle tendance à l'exagération, on pa­raît oublier (et cela est vrai même dans despatronag-es catholiques)la nécessité de fortifier également, e~ cl auoYet, leur âme, leurintelligence, leur cœur.

De quoi parlent-ils? A quoi rêvent-ils, ces pauvres petits qui sontcependant, qu'on le veuille ou_ non, les réserves sacrées de l'avenir?

44 LE MAROC CATHOLIQUE

De dancings, de cinémas: les meilleurs, trop souvent, s'élèvent à peinejusqu'au plus accaparant enthousiasme pour le football et la boxe.S'intéressent-ils aux idées? Se passionnent-ils pour la science? Sont­ils enCDre capables de se battre pour quelque juvénile et généreuxidéal? Connaissent-ils seulement le nom des poètes, des orateurs,de ces hommes sublimes qui jettent leur esprit et leur chair dans lesgrandes aventures d'où le monde doit sortir plus libre et meilleur?Ils ne connaissent rien de tout cela. Leur idole, celle dont ils répè­tent les noms avec une admiration béate et quasi-relig'ieuse, c'estCarpentier, c'est Charlot.

Et M. Marc Sangnier de conclure ce tableau, trop exact mal­heureusement:

A cela, nous ne pouvons, nous ne voulons nous résigner.....Ce qu'il faut, c'est réagir contre ces préoccupations, hélas! pres­

que uniques, des jeunes hommes et des enfants d'aujourd'hui, c'estleur montrer, dès la sortie de l'école, que cette formation, cette

1éducation qu'on a essayé de leur donner, tant bien que mal, - plutôtmal que bien, il faut l'avouer, trop souvent, - bien loin d'êtreterminée quand ils ont leur certificat d'études, ne doit, au contraire,que commencer. Qui affirmera jamais avec assez de force, avec assezd'autorité, la nécessité des œuv~es post-scolaires, surtout dans unedémocratie c'est-à-dire dans un~ organisation politique et sociale quiexige la conscience et la responsabilité de chacun?

UN LOYAL AVEU DE M. CLÉMENCEAU

Au banquet'qui a eu lieu après l'inauguration du monument dcSainte-Hermine, M. Clémenceau s'est livré à une agréable improvi­sation. Son toast a été un magnifique appel à la concorde nationalecimentée dans les tranchées.

Nous ne résistons pas au plaisir d'en citer le pas:;age suivant:« Lorsque j'ai pris le pouvoir; je me suis demandé si le peuple

français était toujours en possession de la même puissance de réac­tion dont il avait fait preuve dans la première période de la guerre.

« J'ai été bien vite rassuré. J'ai vu les Français, pour mon éternelhonneur, dans les moments les plus difficiles, animés d'une tran­quillité, d'une hauteur d'âme, d'une sérénité, d'une noblesse quenous n'aurions jamais pu rêver. J'ai été au front pour y donner desencouLlgements; et c'est surtout des encouragements que j'y ai reçus.J'y ai vu des aumôniers, et je n'ai jamais manqué l'occasion de leurrendre hommag~.

LE MAROC CATHOLIQUE 45

« Au début de mes visites au front, interrogeant les soldats, je leurai parfois dit, laissez-moi vous l'avouer, en leur désignant l'aumô­nier: « Il ne vous embête pas un peu, celui-là?» On m'a toujoursrépondu: « Pas du tout, il vient partout avec nous. »

« A partir de ce moment, j'ai ouvert les yeux. J'ai vu un aumôniertirant le canon. J'en ai vu d'autres se préoccupant du sort matérielde leurs camarades avant leur sort moral. Je les comprends dans monamour général d~ peuple français. Je leur ai ouvert mes bras: ils n'ysont pas tous restés, mais mes bras sont demeurés ouverts. Monprogramme clans la paix est de se présenter au vaincu en vainqueurqui a gagné la g'u~rre et qui veut que la paix s'exécute.

« Aimons·nous dans notre chère histoire qui a été faite par nosaïeux avec une accumulation inouïe de misères et de souffrances.Efforçons-nous d'être dignes' d'eux. Ce n'est pas une tâche difficileà réaliser si nous savons y persévérer.»

LES RELATIONS AVEC LE VATICAN

Paris, 9 décembre - Etudiant les débats du Sénat sur les relationsavec le Vatican, le JOlwnal des débats dit que le rétablissement denotre ambassade près le Vatican est certainem~nt le résultatd'Une politique nouvelle. Il a paru que le moment n'était plus de sepersécuter entre Français mais de servir son pays chacun selon sonidéal et ses moyens. Il a paru que la liberté de l'esprit et la libertéde conscience avaient pour complément la tolérance. Il a paru que lalaïcité qui est la règl.; incontest!:e de l'Etat n'avait rien de communavec la suspicion, l'étroitesse et l'inquisition sectaire, que l'intérêt denotre pays était d'être partout où se débattent les grandes questionsmondiales et où s'exerce une action internationale. Il a paru aussiqu'un homme tel que M. Jonnart rendrait et a rendu déjà de grandsservices auprès du Saint-Siège. .

LIVRES NOUVEAUX

Librairie LetilieHeux, 10, rtle Cassette, ParisVERS LUI, par l'Abbé F. ANIZAN.

Cet ouvrage est l'œuvre d'un théologien doublé d'un artiste. M. l'abbéAnizan s'empare de la m'ltière doctrinale, toute pure, et la coule enquelques chapitres, j'allais dire en quelques cantiques, vibrant d'uneinspiration pieuse et réconfortante. Et, par ces qualités, tout propre qu'ilsoit à ra!"l"ermir et à réchauffer les âmes déjà conquises au Sacré-Cœur,

il est éminemment capable de lui gagner l'attachement des chrétiens plustièdes ou plus distraits, qui n'ont jamais considéré ce culte ou ne l'ontaperçu qu'à travers les ignorances et les préjugés du monde.

F. VEUILLOT.

VERS ELLE, par l'Abbé F. ANIZAN.Les sujets abordés dans ce livre sont traités de main de maître. C'est

un coin du ·dogme chrétien exploré, mis en pleine lumière, avec quelquechose de neuX dans la pensée et dans 1J.:orme, mais avec une orthodoxiereconnue et approuvée par qui de droit. Le style est alerte, personnel etd'une limpidité absolue.

Bulletin de la Garde d'Honucur.

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Librairie Téqui, 82, rue Bonaparte, Paris VIc.TE'NTATIONS ET TACHES DE FEMMES, par Mgr Tissier.Sous ce titre suggestif Tentations et taches de femmes, Mgr Tissier

vient de réunir en volume les conc·érences qu'il a données, l'hiver dernieraux dames de Châlons et d'Épernay: le. cltriosité intellectuelle, le. moles­se more.le, le. médiocrité esthétique. tels sont les trois sujets qu'il traite.

Nous n'avons pas à recomnnnder la lecture de ce petit volume. Leslecteurs de Mgr Tissier ne demandent pas qu'on leur fasse l'éloge de seslivres, il leur stlJit d'apprendre qu'ils viennent de paraître pour qu'ils sehâtent de les dévorer.

APPUYÉ SUR L'AUTEL, par Madame MINK-JULIEN.Tout le monde a lu l'émouvant ouvrage d'Henri Ghéon, « Témoignage

d'un converti.» Voici un livre qui pourrait porter le même titre. Ce n'estpas un récit de conversion, mais c'est le témoignage rendu, par unefemme, plusieurs années après S:l conversion, tt la douceur et à la beautéde la vie chrétienne. Livre attachant, livre attendrissant, livre émouvantqui éveillera partout une émotion profonde 1 Puisse-t-il, aux amis d'an­tan, prisonniers des rornlllies de révolte, faire envier la paix d'une âme«appuyée sur l'autel.»

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