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12 formation dossier Actualités pharmaceutiques n° 507 Juin 2011 E n France, 20 à 25 % de la population souf- frent d’une pathologie allergique. Les allergies respiratoires sont au premier rang des maladies chroniques de l’enfant et la prévalence de l’asthme est en perpétuelle augmentation. Par ailleurs, les dermatologues estiment que près de 15 % des enfants et 4,2 % des adultes vus en consultation sont allergiques. Les allergies commencent, dans la plupart des cas, chez les jeunes enfants de 4-5 ans. Les symptômes évoluent en fonction de l’environnement et de l’âge : le bébé atopique est principalement sensibilisé au lait de vache ; l’allergie aux acariens, aux poils de chien ou de chat se développe ultérieurement. La rhinite saisonnière et la sensibilisation aux allergènes pollini- ques s’installent à l’âge scolaire. De plus, les mani- festations atopiques peuvent se transmettre au sein d’une même famille : c’est le cas des dermatites atopiques, des allergies alimentaires, de l’asthme ou de la rhinite allergique. Les allergies alimentaires Les allergies alimentaires sont en nette augmen- tation depuis ces dernières décennies et touchent plus fréquemment les enfants que les adultes. Il est question d’allergie alimentaire lorsque les réactions apparaissent rapidement (entre 1 et 4 heures) après ingestion de l’aliment en cause, encore appelé trophallergène. Les manifestations cliniques sont alors multiples : – cutanéo-muqueuses (urticaire, dermatite atopique, voire œdème de Quincke) ; – respiratoires (asthme) ; – gastro-intestinales (nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées) ; – oropharyngées (œdème des lèvres, prurit labial, voire œdème oropharyngé). Des manifestations plus généralisées peuvent conduire à un état de choc anaphylactique. Les aliments responsables le plus souvent d’allergie ne sont pas les mêmes chez l’adulte et chez l’enfant. En France, les trois quarts des allergies alimentaires survenant chez l’enfant sont déclenchés par cinq aliments : – le lait de vache, d’où l’intérêt des laits infantiles hypoallergéniques ; Les principales allergies et leurs allergènes Qu’elles soient alimentaires, respiratoires, cutanées ou encore médicamenteuses, les allergies affectent 20 à 25 % de la population française. Débutant le plus souvent tôt dans la vie, les symptômes évoluent avec l’âge et l’environnement. © BSIP/Oto/CHU Bordeaux Les tests cutanés, requis pour établir le diagnostic d’allergie, reproduisent, à une moindre mesure, la réaction allergique. Les tests cutanés ou prick test Les tests cutanés reproduisent, à une moindre mesure, la réaction allergique. La phase immédiate est due essentiellement à la dégranulation des mastocytes après contact avec l’allergène déposé sur la peau. La libération d’histamine et de tryptase, qui débute au bout de 5 minutes, atteint son maximum en 20 à 30 minutes. L’histamine est le principal médiateur de cette réaction. Les tests sont effectués sur les bras, les avant-bras ou le dos en déposant une goutte d’allergène sur la peau, puis en effectuant une petite piqûre dans l’épiderme à travers cette goutte. L’apparition d’une papule supérieure à 3 mm signe une réaction positive au test. Quelques conseils : – tout traitement antihistaminique doit être interrompu deux semaines avant la réalisation des tests ; – un patient sous β-bloquant doit, en accord avec son cardiologue ou son médecin généraliste, arrêter son traitement 48 heures avant le test (tout en surveillant scrupuleusement sa tension artérielle), car cette classe de médicaments interfère avec l’adrénaline susceptible d’être injectée en cas de choc anaphylactique pendant les tests cutanés.

Les principales allergies et leurs allergènes

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En France, 20 à 25 % de la population souf-frent d’une pathologie allergique. Les allergies respiratoires sont au premier rang des maladies

chroniques de l’enfant et la prévalence de l’asthme est en perpétuelle augmentation. Par ailleurs, les dermatologues estiment que près de 15 % des enfants et 4,2 % des adultes vus en consultation sont allergiques.Les allergies commencent, dans la plupart des cas, chez les jeunes enfants de 4-5 ans. Les symptômes évoluent en fonction de l’environnement et de l’âge : le bébé atopique est principalement sensibilisé au lait de vache ; l’allergie aux acariens, aux poils de chien ou de chat se développe ultérieurement. La rhinite saisonnière et la sensibilisation aux allergènes pollini-ques s’installent à l’âge scolaire. De plus, les mani-festations atopiques peuvent se transmettre au sein d’une même famille : c’est le cas des dermatites atopiques, des allergies alimentaires, de l’asthme ou de la rhinite allergique.

Les allergies alimentairesLes allergies alimentaires sont en nette augmen-tation depuis ces dernières décennies et touchent plus fréquemment les enfants que les adultes. Il est

question d’allergie alimentaire lorsque les réactions apparaissent rapidement (entre 1 et 4 heures) après ingestion de l’aliment en cause, encore appelé trophallergène.

Les manifestations cliniques sont alors multiples :– cutanéo-muqueuses (urticaire, dermatite atopique, voire œdème de Quincke) ;– respiratoires (asthme) ;– gastro-intestinales (nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées) ;– oropharyngées (œdème des lèvres, prurit labial, voire œdème oropharyngé).Des manifestations plus généralisées peuvent conduire à un état de choc anaphylactique.

Les aliments responsables le plus souvent d’allergie ne sont pas les mêmes chez l’adulte et chez l’enfant.En France, les trois quarts des allergies alimentaires survenant chez l’enfant sont déclenchés par cinq aliments :– le lait de vache, d’où l’intérêt des laits infantiles hypo allergéniques ;

Les principales allergies et leurs allergènes

Qu’elles soient alimentaires, respiratoires, cutanées ou encore médicamenteuses,

les allergies affectent 20 à 25 % de la population française. Débutant le plus souvent

tôt dans la vie, les symptômes évoluent avec l’âge et l’environnement.

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Les tests cutanés, requis pour établir le diagnostic d’allergie, reproduisent, à une moindre mesure, la réaction allergique.

Les tests cutanés ou prick testLes tests cutanés reproduisent, à une moindre mesure, la réaction

allergique. La phase immédiate est due essentiellement à la

dégranulation des mastocytes après contact avec l’allergène

déposé sur la peau. La libération d’histamine et de tryptase,

qui débute au bout de 5 minutes, atteint son maximum en 20 à

30 minutes. L’histamine est le principal médiateur de cette réaction.

Les tests sont effectués sur les bras, les avant-bras ou le dos en

déposant une goutte d’allergène sur la peau, puis en effectuant une

petite piqûre dans l’épiderme à travers cette goutte. L’apparition

d’une papule supérieure à 3 mm signe une réaction positive au test.

Quelques conseils :– tout traitement antihistaminique doit être interrompu

deux semaines avant la réalisation des tests ;

– un patient sous β-bloquant doit, en accord avec son cardiologue

ou son médecin généraliste, arrêter son traitement 48 heures avant

le test (tout en surveillant scrupuleusement sa tension artérielle),

car cette classe de médicaments interfère avec l’adrénaline

susceptible d’être injectée en cas de choc anaphylactique pendant

les tests cutanés.

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Les allergies : mécanismes, symptomatologie et prise en charge

– l’arachide ;– l’œuf ;– le poisson ;– la moutarde.Chez l’adulte, ce sont surtout les fruits et légumes qui sont en cause comme ceux de la famille des rosacées (abricot, poire, pomme, prunes, cerise), des ombel-lifères (anis, aneth, carotte, céleri, fenouil, persil…), des crucifères (chou, moutarde, navet, radis…), la tomate, les cacahuètes ou les noix. Les crustacés, les poissons et les moules sont également très aller-gisants, ainsi que le porc et les charcuteries.

De façon préventive, il est nécessaire de conseiller, en cas de terrain allergique familial, un allaitement exclusif au sein maternel pendant au moins 6 mois, de commencer la diversification alimentaire le plus tard possible et progressivement, en particulier lorsqu’il s’agit des cinq aliments le plus souvent impliqués. En cas d’allergie à un aliment identifié, il convient d’éviter totalement de le consommer et de lire atten-tivement la liste des ingrédients avant l’achat d’un produit industriel.

Le diagnosticLe diagnostic d’une allergie alimentaire repose avant tout sur un interrogatoire minutieux, un examen clini-que, la réalisation de tests cutanés et une enquête alimentaire. Le patient doit alors noter, jour par jour, l’ensemble des aliments consommés ainsi que les étiquettes correspondantes.Enfin, des dosages biologiques peuvent être effec-tués pour rechercher les IgE totales et spécifiques, la tryptase et l’histamine sérique ou plasmatique.

Les vraies et fausses allergies alimentaires, et intolérances alimentaires

De fausses allergies alimentaires peuvent entraî-ner des manifestations très proches, essentiellement dues à la consommation d’aliments riches en hista-mine (fromages, choucroute, boissons fermentées, conserves de poisson, crustacés…) et en tyramine (fromages, chocolat…), ou à celle d’aliments provo-quant une libération d’histamine (fraises, tomates, blanc d’œuf ou crustacés).

L’intolérance la plus fréquente est celle au lacto se, en raison d’un déficit enzymatique en lacta se se tradui sant par des douleurs abdominales, une diar-rhée et des gaz dans les heures qui suivent l’ingestion du lait. L’intolérance au gluten, ou maladie cœliaque, est également courante. Toutefois, ces intolérances sont à bien différencier de l’allergie aux protéines de lait de vache qui, elle, est une véritable allergie ali-mentaire dont les principales manifestations cliniques sont des vomissements, des diarrhées, des urticai-

res, une dermatite atopique, un angio-œdème, de l’asthme ou un choc anaphylactique.

Les allergies respiratoiresDepuis une trentaine d’années, les allergies respira-toires connaissent une incidence accrue, notamment chez les enfants et les adolescents vivant dans les zones urbaines des pays industrialisés.L’asthme allergique et la rhinite allergique en sont les principales manifestations, survenant souvent chez des personnes génétiquement prédisposées ou bien particulièrement au printemps, en période de pollini-sation importante.En France, la proportion de la population touchée par la rhinite allergique est supérieure à 15 % chez les 15-50 ans. Cette allergie ne touche généralement pas les enfants car elle se déclare plutôt à l’ado lescence ou chez le jeune adulte. L’asthme concerne plus les garçons que les filles avant l’âge de 10 ans, mais, à l’âge adulte, ce sont les femmes qui sont le plus touchées. Des facteurs environnementaux semblent jouer un rôle de déclencheur des symptômes allergiques. Dans tous les cas, l’allergie respiratoire est liée à la production massive de certains anticorps, les IgE. Très souvent, les manifestations se chevauchent ou s’associent : dermatite atopique associée à l’asthme par exemple. Plusieurs manifestations cliniques caractérisent l’allergie respiratoire.

La rhinite allergiqueLa rhinite allergique est une maladie très fréquente touchant environ 30 % de la population. Les études épidémiologiques ont montré que son incidence avait été multipliée par trois ou quatre en quelques décennies.Il s’agit d’une inflammation chronique de la muqueuse nasale qui entraîne l’apparition de symptômes divers :– congestion nasale bilatérale ;– éternuements en salve ;

De plus en plus d’allergies respiratoires, pourquoi ?Plusieurs facteurs expliquent l’augmentation des allergies respiratoires :

– les facteurs génétiques ;

– l’amélioration des moyens diagnostiques ;

– l’environnement de plus en plus allergisant ou irritant car les habitations étant mieux

isolées, elles sont également plus propices à la prolifération des acariens et des moisissures.

Il y a également une augmentation de la concentration des pollens et une variation de leur

qualité. Il ne faut pas non plus négliger le rôle des irritants domestiques tels que les aérosols,

les vapeurs de produits ménagers et de chauffage ;

– l’exposition aux polluants chimiques de l’environnement intérieur (tabac) ;

– le mode de vie ;

– l’alimentation.

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– écoulement nasal bilatéral clair ;– prurit palatin et nasal ;– conjonctivite…Ces symptômes ne doivent pas être considérés comme mineurs, car ils peuvent avoir des réper-cussions sur le sommeil, les activités courantes, les relations sociales, ainsi que la vie professionnelle et affective.On distingue la rhinite saisonnière ou intermittente, caractérisée par des symptômes qui durent moins de 4 jours par semaine ou moins de 4 semaines consé-cutives par an, et la rhinite per-annuelle ou persistante qui, quant à elle, dure plus de 4 jours par semaine ou plus de 4 semaines consécutives par an. Ces manifestations restent assez rares avant l’âge de 5 ans, débutent le plus souvent à la puberté pour les rhinites allergiques polliniques et entre 15 et 30 ans en ce qui concerne les rhinites per-annuelles. Elles sont en étroite relation avec la patholo-gie asthma tique, notamment lors des rhinites per-annuelles, et sont souvent associées à une conjonctivite dans le cas des allergies saisonnières. Il est alors question de rhinoconjonctivite allergique et de rhume des foins.

La conjonctivite allergiqueCette inflammation de la conjonctive toucherait en moyenne 15 % de la population en France. Le tableau clinique comporte :– une hyperhémie conjonctivale bilatérale ;– un larmoiement conséquent ;– des démangeaisons importantes ;– un œdème des paupières ;– souvent un caractère saisonnier (en relation avec les pollens de graminées ou des arbres).

Ces signes sont très souvent associés à d’autres manifestations allergiques comme l’asthme, la rhinite allergique avec des éternuements en salves, l’urticaire ou même l’eczéma.Plusieurs types de conjonctivites allergiques existent, occasionnés, la plupart du temps, par une hypersen-sibilité de type I.

Les conjonctivites aiguës saisonnièresIl s’agit de la forme clinique aiguë la plus fréquente des allergies oculaires. Elle apparaît en fonction de l’expo-sition aux allergènes (pollens, graminées…), souvent entre les mois de mars et juillet. Ces conjonctivites sont très souvent associées à une rhinite allergique.

Les conjonctivites allergiques per-annuellesElles se caractérisent par des signes cliniques moins violents, mais qui surviennent tout au long de l’année car les allergènes en cause sont essentiel-lement domestiques (poussière, acariens, poils d’ani-maux…). Les symptômes peuvent cependant être aggravés de façon saisonnière.

Les conjonctivites vernales ou kérato-conjonc-tivites printanièresElles sont plutôt rares et chroniques et touchent surtout de jeunes garçons de moins de 10 ans ayant des antécédents atopiques personnels ou familiaux. Les signes cliniques sont continus toute l’année, mais exacerbés au printemps ou à l’automne.

Les conjonctivites allergiques atopiquesElles surviennent très souvent dès l’enfance, chez des sujets atopiques (dermatite atopique, urticaire allergique, asthme, rhinite allergique).

L’asthme allergiqueL’asthme est très souvent d’origine allergique. Les crises sont très caractéristiques, avec une dyspnée expiratoire accompagnée d’une toux sèche et une possible recru-descence la nuit. Elles s’achèvent en général par une expectoration claire.La gêne respiratoire intense et la sensation d’étouf-fement au cours de la crise d’asthme s’expliquent par plusieurs mécanismes additionnés. En effet, l’allergène inhalé entre en contact avec les bronches où il déclenche quatre réactions : un bronchospasme, une hyperréactivité bronchique, un œdème et enfin une production de mucus épais et collant.Le caractère répété des crises ainsi que les circons-tances de déclenchement identiques évoquent alors l’origine allergique de la pathologie. L’asthme aller-gique a une recrudescence saisonnière lorsqu’il est purement associé à une sensibilisation pollinique, automnale en cas d’allergie aux acariens notamment, ou au travail. Le principal facteur de risque prédispo-sant au développement d’un asthme allergique reste le facteur génétique et l’existence d’autres cas dans

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La rhinite allergique est une inflammation chronique de la muqueuse nasale qui entraîne notamment des éternuements en salve.

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Les allergies : mécanismes, symptomatologie et prise en charge

la famille. L’asthme est également une manifestation clinique extrêmement fréquente de l’atopie, au même titre que les rhinites et l’eczéma dit atopique. Enfin, le déclenchement de la maladie asthmatique est directement lié à l’exposition à certains allergènes, comme :– les pneumallergènes (acariens, pollens…) ;– les trophallergènes (allergènes d’origine alimentaire comme l’œuf, le poisson, le lait, l’arachide, surtout chez l’enfant, ou les mollusques chez l’adulte) ;– les allergènes professionnels (latex, certains métaux…).Certains médicaments (l’aspirine ou les anti-inflam-matoires non stéroïdiens – AINS –, les β-bloquants et leur effet bronchoconstricteur, les inhibiteurs de l’enzy me de conversion – IEC – responsables de toux), le tabac, la pollution atmosphérique, certai-nes infections virales, le reflux gastro-œsophagien, un exercice physique peuvent également être des facteurs déclenchant et/ou aggravant de l’asthme.

Les allergènes environnementaux, domestiques, professionnels et alimentairesLes allergies respiratoires sont principalement déclen-chées par des allergènes (encore appelés pneumal-lergènes) environnementaux, domestiques, profes-sionnels ou même alimentaires.

Les acariens sont des arthropodes de très petite taille qui se nourrissent dans les maisons de squa-mes humaines et animales (peau morte, ongles, poils, plumes, moisissures…), ou de débris alimentaires. Ce sont les principaux constituants de la poussière de maison qui se retrouvent en forte concentration dans la literie, les moquettes, les tapis, les coussins ou les peluches. Ainsi, 65 à 90 % des asthmes de l’enfant et de l’adulte jeune sont associés à une sensibilisation aux acariens. Les facteurs favorables au dévelop-pement des acariens sont une humidité relativement élevée et une température optimale de 25 à 28 °C.

Les moisissures sont des champignons dont les principaux sont :– Aspergillus, présents dans l’atmosphère, le foin, les céréales en stockage, les denrées alimentaires, la farine ou la poussière de maison ;– Penicillium, retrouvé toute l’année dans le sol, les denrées, les végétaux en décomposition ;– Cladosporium ;– Alternaria, surtout pendant les périodes chaudes et venteuses.L’humidité et des températures élevées sont propices à leur croissance.

Les blattes sont des insectes proches des cafards, à prolifération importante, vivant dans les vide-ordu-res, les canalisations ou les entrepôts.

Les animaux domestiques sont source d’allergènes, présents dans la salive, l’urine, le sérum, les squames, la peau et les excréments. Les poils d’animaux sont, par ailleurs, les constituants principaux de la poussière de maison, ceux du chat étant les plus allergisants puisque les félins sécrètent, par la peau et la salive, une protéine qui se colle aux poils. Tous les animaux à poils ou à plumes sont susceptibles de provo quer des allergies respiratoires (rongeurs, oiseaux, chevaux…). Les allergènes peuvent être responsables d’allergie, même à distance de l’animal, par portage des poils sur les vêtements. Ils peuvent ainsi persister plusieurs mois dans l’environnement domestique, même après éviction des animaux. La nourriture destinée aux pois-sons d’aquarium peut également être source, plus occasionnelle, d’allergie.

Les pollens sont responsables de l’allergie pollini-que, caractérisée par des “pics” de survenue suivant les conditions climatiques et le calendrier pollinique de chaque région. La fréquence de la sensibilisation aux pollens est importante : 20 % des sujets aller-giques présenteraient au moins un test positif aux pollens.Lorsque l’agent sensibilisant est présent en perma-nence dans l’environnement, il est question d’allergie per-annuelle ou permanente. Lorsque des pollens, mais également certaines moisissures entrent en jeu, le déclenchement des crises est en relation avec un calendrier précis, et l’allergie est dite saisonnière ou intermittente. De nombreuses réactions croisées entre les différents pollens existent. Les périodes de

Calendrier des pollensPollens d’arbres de février à mars :

– bétulacées (bouleau, noisetier) ;

– oléacées (olivier, frêne, fortitia, lilas) ;

– fagacées (chêne, tilleul, châtaignier…) ;

– cyprès dans le Sud, pins…

Pollens de graminées fourragères en mai-juin :– dactyle ;

– ivraie ;

– phléole…

Pollens de graminées céréalières en juin-juillet :– avoine ;

– seigle ;

– blé.

Pollens d’herbacées de juin à septembre :– plantain ;

– ambroisie ;

– armoise…

Pour plus de précisions en fonction

des régions : www.pollens.fr

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pollinisation peuvent débuter plus ou moins précoce-ment selon les conditions atmosphériques. Les allergènes professionnels sont évoqués

devant l’amélioration des symptômes (asthme, rhinite…) le week-end ou pendant les vacances, et leur réapparition au poste de travail. Les principales professions concernées sont les boulangers avec la farine, les coiffeurs avec les produits de permanen-tes, les techniciens de laboratoires et les professions de santé manipulant, par exemple, les animaux de laboratoire ou le latex. Les aliments et les médicaments peuvent égale-

ment être responsables d’allergie respiratoire même si, en fréquence, les autres manifestations allergiques prédominent (urticaire, œdème, choc, syndrome de Lyell…).

Les allergies cutanéesLes allergies affectant la peau sont multiples et peuvent se manifester sous différents aspects. Les substances responsables sont tout aussi nombreu ses. Le risque d’allergie cutanée est aug-menté dans les familles à allergie constitutionnelle où il existe la triade eczéma-asthme-rhume des foins. Ces allergies sont dues à des allergènes dont les voies de pénétration sont variables :– lorsque l’allergène est cutané, la peau réagit loca-lement avec une possible extension régionale, voire une réaction disséminée ou généralisée ;– quand il pénètre par voie orale (aliments, médi-caments), par voie aérienne ou systémique, il est extracutané ;

– enfin, l’allergène peut être complexe, avec intrica-tion d’hypersensibilité immédiate et retardée, comme dans la dermatite atopique.

L’urticaireL’urticaire est une réaction locale qui disparaît en quelques heures sans laisser de cicatrices. Plusieurs causes sont répertoriées : urticaire de contact (orties, méduses…), médicamenteuse (pénicilline, aspirine…), alimentaire (crustacés, poissons, fromages…), respi-ratoire (poils de chat, pollen…). L’urticaire de contact

Elle est provoquée par piqûre de fourmis, d’orties ou de méduses. Elle se caractérise par l’apparition en quelques minutes d’une réaction locale œdémateuse, érythémateuse, prurigineuse, qui disparaît en moins de 48 heures. Certaines substances (acide benzoï-que, cinnaldéhyde, baume du Pérou, acide sorbi-que…) appliquées sur la peau peuvent entraîner des réactions urticariennes. Les urticaires par histamino-libération sont plus localisées que celles intervenant par mécanismes immunolo giques. Enfin, une urticaire dite physique, déclenchée par le froid, l’hiver, à la montagne ou lors d’un contact avec de l’eau froide, peut être observée. L’urticaire et l’angio-œdème médicamenteux

pseudo-allergiquesLe mécanisme de ces réactions n’est pas bien connu, mais ces dernières surviennent à la suite de la prise d’un médicament. La clinique est caractérisée par une prédominance de l’angio-œdème. L’œdème est aussi bien cutané que muqueux. Deux groupes de molécu-les sont en cause :– les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), dérivés de l’acide salicylique, les dérivés de l’acide propio ni que et les dérivés de l’acide acétique ;– les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angio-tensine et les sartans dans une moindre mesure.Les produits de contraste de radiologie à base d’iode, les anesthésiques locaux et les myorelaxants sont également incriminés.

Les eczémasLes eczémas sont des dermatoses érythémato-vésiculeuses prurigineuses très récidivantes, en nappes ou en placards, dont plusieurs types sont répertoriés. L’eczéma de contact

L’eczéma de contact se caractérise cliniquement par une phase érythémateuse initiale, plus ou moins rouge et congestive, avec apparition rapide de vési-cules à sérosité claire. La peau est épaissie, recou-verte de squames écailleuses. Les démangeaisons sont très importantes.©

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Les substances responsables d’allergie cutanée sont extrêmement nombreuses.

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Les allergies : mécanismes, symptomatologie et prise en charge

La particularité de l’eczéma de contact est de se loca-liser en regard du contact allergisant au niveau de la peau : par exemple au poignet, si l’allergie de contact provient du cuir du bracelet de montre, aux lobes de l’oreille en cas d’allergie aux boucles d’oreilles en nickel… Il apparaît dans un délai court (2 à 72 heures) après le contact.Les eczémas de contact sont des réactions aller-giques d’hypersensibilité immunologique cellulaire classées dans le type IV de la classification de Gell et Coombs. Les antigènes sont des haptènes (molécules de faible poids moléculaire). Ils traver-sent la couche cornée et entrent en contact, à la partie moyenne de l’épiderme, avec des cellules de Langerhans, présentatrices d’antigènes, qui transmettent l’information antigénique aux lympho-cytes T. À partir de ce moment, ceux-ci, sensibi-lisés à l’antigène, circulent dans tout l’organisme. Si le même antigène est à nouveau appliqué sur la peau, les lymphocytes sensibilisés sécrètent des lympho kines qui entraîneront la réaction inflamma-toire dermique de l’eczéma.Parmi les causes d’eczéma de contact le plus fréquem ment rencontrées, citons l’allergie :– au nickel (bijoux fantaisie, boutons de jeans, brace-lets de montre, pièces de monnaie, montures de lunettes…) ;– au cobalt ou au chrome ;– au baume du Pérou, à la lanoline ;– au caoutchouc, au latex ;– au cuir, surtout des chaussures, cette allergie étant notamment liée au chrome utilisé pour le tannage ou aux colles (néoprène) ;– au formol contenu dans de nombreux cosmétiques (déodorants, dentifrices, vernis…), mais aussi dans les désinfectants ;– professionnelle chez les coiffeurs qui utilisent des teintures et dans les métiers de l’imprimerie à cause des encres (résines). La dermatite atopique

La dermatite atopique, encore appelée eczéma constitutionnel, est une allergie cutanée complexe. Il s’agit d’une affection de la peau entrant dans le cadre de l’atopie, au même titre que l’asthme ou la rhinite allergique. Elle est liée à des allergies alimen-taires, surtout chez le jeune enfant. Elle peut égale-ment être la conséquence d’allergie aux acariens, aux pollens ou aux animaux. La dermatite atopique peut s’observer à tout âge, mais, en règle générale, elle apparaît vers l’âge de 2 à 3 mois pour disparaître spontanément vers 4-5 ans dans 70 % des cas. Elle peut cepen-dant continuer d’évoluer chez l’adolescent, voire chez l’adulte.

Le diagnostic de dermatite atopique s’appuie sur des critères éventuellement associés :– les critères majeurs sont le prurit, l’aspect et la topo-graphie typiques (lichénification des plis chez l’adulte et l’enfant, atteinte du visage et des faces d’extension des membres chez le nourrisson), l’évolution chronique ou récidivante, les antécédents familiaux ou personnels ;– les critères mineurs peuvent être un prurit déclenché par la sudation, une ichtyose (peau sèche, rugueuse et écailleuse), une kératose pilaire, des réactions cutanées d’hypersensibilité de type I, des IgE sériques élevées, l’âge précoce de survenue, une tendan ce aux infec-tions cutanées, un déficit de l’immu nité à médiation cellulaire, un eczéma des mamelons, une conjonctivite récurrente, une pâleur faciale, un érythème facial, une intolérance à la laine…Chez le nourrisson, l’eczéma débute vers l’âge de 3 mois. L’éruption prédomine au niveau du visage, principalement sur les joues, tout en respectant le nez et la bouche. Plus tard, d’autres localisations classiques apparaissent : pouce sucé, pli de flexion des membres (coudes, genoux). Lors des poussées, l’aspect des lésions dépend du stade d’évolution : rougeur simple au début, puis apparition de petites vésicules très pruri gi neu ses qui se rompent au stade de suintement, et, enfin, phase de dessèchement des lésions avec une peau croûteuse, craquelée et squa-meuse. Entre les poussées, la peau est seulement très sèche.La peau de l’atopique se caractérise par un seuil de prurit extrêmement bas. Des stimuli très variés sont susceptibles d’induire des démangeaisons : toilette, transpiration, vêtements, changement de température et émotion.Ce prurit, parfois intense, peut rendre particulièrement nerveux et donc retentir sur la qualité du sommeil . Par ailleurs, il aggrave les lésions cutanées et le risque de surinfection.

Les allergies médicamenteusesLes réactions dues aux médicaments sont assez mal connues et ne sont pas toujours d’origine allergique. En effet, elles peuvent être liées à un surdo sa ge ou à une intolérance non liée à un phéno mène allergique. Les réactions immunes peuvent se produire de façon inutile ou exagérée, et porter atteinte à l’organisme, par exemple en déclenchant une réaction allergique contre le principe actif lui-même ou un excipient. Seuls quelques médicaments (par exemple des protéines étrangères à l’organisme) atteignent une taille suffisante pour pouvoir à eux seuls constituer un stimulus anti génique. Dans la plupart des cas, la substance (ou haptène) doit d’abord se lier à une protéi ne appartenant à l’organisme.

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Les réactions allergiques de type I ne sont observées qu’après une ou plusieurs expositions. Elles se mani-festent sous forme :– d’urticaire ;– de réactions cutanées érythémateuses ;– de fièvre ;– d’atteinte rénale ou hépatique ;– de choc anaphylactique.Parmi les médicaments le plus fréquemment en cause se trouvent :– les pénicillines ;– les sulfamides ;– les anti-inflammatoires et antalgiques ;– les produits de contraste iodés ;– les anesthésiques locaux ;– les médicaments dépresseurs du système nerveux central (benzodiazépines, phénothiazines, anti épileptiques) ;– l’allopurinol…

Les allergies particulièresCertaines allergies, de par leur caractère, sont clas-sées différemment.

Les allergies aux hyménoptèresL’allergie aux hyménoptères est une allergie grave en raison de la fréquence de chocs anaphylactiques. Il se produit des réactions locales à type de rougeur, d’œdème, de prurit, pouvant persister plusieurs heures, voire plusieurs jours. Mais très souvent, on assiste à des manifestations généralisées survenant quelques minu-tes après la piqûre. Selon la gravité, il peut survenir :– une urticaire avec prurit, malaise et anxiété ;– un œdème généralisé avec vertiges, oppression thoracique, nausées, douleurs abdominales ;– un œdème de Quincke avec détresse respiratoire, bronchospasme, impression de mort imminente ;– un choc anaphylactique avec vasodilatation géné-ralisée, tachycardie, pouls filant, collapsus.L’intensité de la réaction dépend de la sensibilité de l’individu et de la localisation de la piqûre. Certains facteurs de risque existent comme la profession (apiculteurs, travailleurs en extérieur, jardiniers…), les traitements par β-bloquants ou l’atteinte cardiaque.

Les espèces les plus dangereuses sont les guêpes et les frelons, ainsi que les abeilles gardiennes des ruches. Les allergènes des venins sont des enzymes de type phospholipase ou hyaluronidase.La prévention repose sur la désensibilisation spéci-fique réalisée par injections pluriquotidiennes (en milieu hospitalier), puis bimensuelles et mensuelles de venins d’hyménoptères, sur 3 à 5 ans. Toute per-sonne ayant connaissance de cette allergie doit détenir une trousse d’urgence contenant un corti-coïde injectable, de l’adrénaline auto-injectable, des anti histaminiques et des β-mimétiques en aérosol. Dans les formes graves, une hospitalisation en urgence doit être rapidement entreprise.

Les allergies au latexLe latex est une sève laiteuse récoltée sur le caout-choutier Hevea brasiliensis.L’augmentation de l’incidence de l’allergie au latex depuis les trente dernières années paraît liée à l’usage de plus en plus fréquent de gants en latex, ainsi que leur fabrication délocalisée hors de l’Europe.Les signes cliniques d’une allergie au latex peuvent être :– un simple prurit ou une urticaire généralisée ;– une conjonctivite ;– des œdèmes des paupières ;– une urticaire de contact ;– des manifestations respiratoires (rhinite, asthme) ;– des allergies alimentaires (allergies croisées avec de nombreux fruits) ;– dans les cas les plus graves, un choc anaphy-lactique.Les professions étant amenées à utiliser des gants en latex sont évidemment les plus exposées et les plus à risque de développer des allergies au latex. Toutefois, l’atopie et les allergies aux fruits (banane, avocat, kiwi, fruits de la passion, cacahuète…) peuvent également être des facteurs de risque à ne pas négliger. Le contact peut donc être direct, lors d’interven-

tions chirurgicales, lors de rapports protégés avec des préservatifs, par des sondes urinaires en latex, lors d’un toucher vaginal ou bien encore à la suite de la manipulation d’objets en latex (raquette de squash, masque de plongée, bonnet de bain…). Le contact peut également être indirect avec les

muqueuses respiratoires par inhalation de particules de latex présentes au niveau de la poudre des gants en latex. �

Stéphane Berthélémy

Pharmacien, Royan (17)

[email protected]

Déclaration d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Les allergies croiséesDans les allergies croisées, l’organisme

de certains sujets sécrète des IgE

non spécifiques qui réagissent alors

avec plusieurs allergènes différents.

Les allergies croisées les plus connues

sont :

– les allergies aliments-pneumallergènes :

très souvent les signes cliniques

de pollinose précèdent ceux de l’allergie

alimentaire (ex : allergies croisées entre

pollens de bouleaux et fruits et légumes

des rosacées – pommes, poires, fraises,

framboises… – et/ou amandes et noisettes,

ou allergies croisées entre pollens d’armoise

et ambroisie avec céleri, certaines épices

et les cucurbitacées) ;

– les allergies aliments-latex (avocat, kiwi,

banane, châtaigne) ;

– les allergies aliments-aliments (arachide

et autres légumineuses telles que soja, pois,

haricots, lentilles, fèves).