Les Produits Fores Tiers Autres Que Le Bois d Oeuvre La Valeur Des Plantes Sauvages

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    Srie Agrodok No. 39

    Agrodok39

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    Les produits forestiers

    autres que le bois duvre

    la valeur des plantes sauvages

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    Agrodok 39

    Les produits forestiersautres que le bois d'uvre

    la valeur des plantes sauvages

    Tinde van Andel

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    Cette publication est sponsorise par : ICCO, SNV et Tropenbos International

    Fondation Agromisa et CTA, Wageningen, 2006.

    Tous droits rservs. Aucune reproduction de cet ouvrage, mme partielle, quel que soit leprocd, impression, photocopie, microfilm ou autre, n'est autorise sans la permissioncrite de l'diteur.

    Premire dition : 2006

    Auteur : Tinde van AndelIllustrations : Bertha Valois V.Conception : Eva KokTraduction : Arwen FlorijnImprim par : Digigrafi, Wageningen, Pays Bas

    ISBN Agromisa: 90-8573-052-XISBN CTA: 92-9081-326-1

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    Agromisa et CTA sont reconnaissantes envers ICCO, SNV et Tropen-bos International davoir permis la publication de cet Agrodok.

    Je voudrais exprimer ma reconnaissance Lieselot de Witte et Roy

    Keijzer (Agromisa) pour mavoir accord l'opportunit dcrire ce li-vret. Je voudrais remercier Norbert Sonn, Maria Paula Balczar,Hanny van de Lande et Mulugeta Lemenih qui ont contribu par lebiais des tudes de cas quils ont effectues et jespre que leurs exp-riences serviront titre dexemple pour dautres rgions du monde. Jevoudrais remercier Eva Kok, Ernst van Heurn et Martinus de Kampour leur lecture critique de ce texte, et Bertha Valois pour ses bellesillustrations.

    Tinde van Andel

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    Sommaire 5

    Sommaire

    1 Introduction 7

    2 Importance des PFAB dorigine vgtale 102.1 Moyen dexistence des populations locales 102.2 March International 122.3 Soins de sant traditionnels 142.4 Valeurs sociales et rituelles 172.5 Valeur cologique et conservation de la fort 19

    3 Proprit foncire et droits dutilisateur 21

    4 Aspects pratiques lis aux PFAB 244.1 Facteurs lis la cueillette/au ramassage 244.2 Impact de la rcolte des PFAB sur lenvironnement 274.3 Transformation et conservation 294.4 Transport et commercialisation 31

    5 Appui aux communauts locales pour exploiter lesPFAB 33

    5.1 Inventaire des PFAB locaux 335.2 Raviver les connaissances locales 365.3 La transformation des produits dorigine vgtale pour

    augmenter leur valeur 405.4 Suivi des filires 44

    5.5 Domestication des PFAB rares et prcieux 475.6 Transport et commercialisation 495.7 Organiser les exploitants locaux de PFAB et les autres

    parties prenantes 535.8 Gestion durable du point de vue cologique 545.9 Les piges, et comment les viter 58

    6 Conclusions 59

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    Annexe 1 : Les principaux PFAB des pays ACP 61

    Annexe 2 : Liste dabbrviations 67

    Annexe 3 : Contributeurs 68

    Annexe 4 : Concernant Tropenbos International 69

    Annexe 5 : Rfrences 71

    Bibliographie 73

    Adresses utiles 75

    Glossaire 79

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    Introduction 7

    1 Introduction

    Les produits forestiers autres que le bois doeuvre (PFAB) sont des

    produits issus de plantes et danimaux sauvages que lon a rcoltdans les forts, dans les savanes ainsi que dautres types de vgtationnaturelle. Cette dfinition inclut lemploi du bois pour faire des ca-nos, des sculptures sur bois, la construction locale de maisons, descltures ainsi que le bois de feu, mais elle exclut le bois doeuvre in-dustriel. Nous avons dcid de ne pas utiliser le terme de produits fo-restiers non ligneux (PFNL) souvent utilis par la FAO, car celui-ci nepermet pas dinclure lutilisation du bois en tant que colorant, poison,

    matriel artisanal ou en tant que mdicament. Nous avons considrles termes de menus produits forestiers ou produits forestiersmineurs mais nous pensons quils sont moins appropris puisque lespopulations locales considrent de nombreux PFAB comme tant plusimportants que le bois industriel.

    Bien que lon rcolte les PFAB ltat sauvage, il arrive souvent queles personnes recueillent les graines des plantes utiles dans la fort

    pour les planter prs de leur domicile. Ces plantes sont alors en do-mestication. Les plantes et les arbres qui sont cultivs exclusivementdans des plantations ou des jardins et qui ne font plus lobjet de r-colte sauvage (comme par exemple larbre neem et la pomme de terre)sont considrs comme tant des produits agricoles et ne sont pas trai-ts dans le prsent Agrodok. Certains lments importants couvertspar la dfinition de PFAB indique ci-dessus ne seront pas traits ici,comme le bois de feu et la viande de brousse, ces lments mritent

    des publications qui leurs sont spcifiques.

    Dans cet Agrodok nous entendons par le concept dutilisation durablela situation dans laquelle les personnes tirent profit des PFAB de leurrgion, tout en sassurant de prendre soin des espces qui fournissentces produits ainsi que de lenvironnement dans lequel elles poussent.Ceci permet de maintenir les rles importants que jouent ces plantesdans la vie quotidienne sociale et conomique des populations locales.

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    Nous allons explorer et expliquer les questions principales lies auxPFAB, Comme par exemple lutilisation de subsistance, lutilisationcommerciale, la rcolte durable et la rcolte destructive, le transport,la commercialisation, le potentiel quils offrent en matire de prser-

    vation des forts, les droits fonciers indignes ou coutumiers et la dis-parition des connaissances traditionnelles. Pour tre plus spcifique,nous allons fournir des informations concernant les questions suivan-tes :

    ? Quelle est limportance des produits forestiers autres que le boisdoeuvre pour les communauts forestires et rurales ?

    ? Comment est-ce que ces produits pourraient permettre daugmenter

    les revenus des populations locales ?? La rcolte de ces produits permet-elle de protger la fort ?? Quels sont les principaux PFAB rcolts pour la commercialisation

    dans les pays dAfrique, des Carabes et du Pacifique ?? Comment est-ce que les ONG et les fonctionnaires administratifs

    pourraient appuyer les initiatives locales lies aux PFAB ?? Est-il possible de rcolter les plantes sauvages de manire durable ?? Quels sont les effets de lexploitation excessive ?? La certification pourrait-elle contribuer la rcolte durable des

    PFAB et une augmentation des revenus locaux ?? Des tudes de cas provenant de diffrentes parties du monde illus-

    trent ces questions et fournissent des solutions possibles aux princi-paux problmes lis lexploitation des PFAB. Une attention parti-culire est accorde au rle potentiel que les ONG pourraient jouerdans la commercialisation succs des produits en question ainsi

    que dans l'laboration de plans de gestion durable.Notre objectif est de fournir aux fonctionnaires administratifs des ni-veaux local et intermdiaire, aux ONG actives aux niveaux local et /ourgional et aux suprieurs des agents de vulgarisation, des informa-tions de base concernant ces sujets.

    Nous nous concentrons sur ce que lon appelle les pays ACP (les pays

    dAfrique, des Carabes et du Pacifique). Cest--dire tous les tats

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    Introduction 9

    dAfrique, les les des Carabes y compris la Guyana et le Surinam, etles les du Pacifique, en excluant lIndonsie et lAustralie. Au sein dela rgion ACP, nous focalisons surtout sur lAfrique, puisque la ma-

    jeure partie des informations disponibles provient de ce continent l.

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    2 Importance des PFAB doriginevgtale

    2.1 Moyen dexistence des populations locales

    Selon les estimations de lOrganisation Mondiale de la Sant, 80% despersonnes qui vivent dans les pays en dveloppement utilisent desplantes sauvages pour satisfaire certains de leurs besoins en matirede sant et dalimentation. Ainsi, des milliards de personnes, notam-ment celles qui vivent en milieu rural dans les pays en dveloppement,utilisent quotidiennement des PFAB. Ceci implique des milliers

    despces darbres et de plantes, dont la plupart sera consomme ausein du mnage qui en a fait la rcolte et ne fera pas lobjet de com-mercialisation. Cette consommation domestique est dsigne par leterme utilisation de subsistance . Pour la majorit des personnes quivivent en milieu rural dans les pays en dveloppement, la vie seraitpratiquement impossible sans la disponibilit des feuilles de palmierpour couvrir le toit, de plantes mdicinales ou de fibres naturelles pourlaborer des paniers et des piges poissons. Dans ces rgions il y ade nombreuses personnes qui nont pas largent ncessaire pour ache-ter des tles de zinc pour la toiture, des mdicaments (modernes) d-livrs sur ordonnance, du matriel de construction ou des ustensilesdomestiques. En outre, plus lon est loign des villes, plus les frais detransport sont levs. Dans les zones rurales isoles, les articles demnage deviennent trop coteux voire non disponibles, donc les popu-lations qui y vivent dpendent fortement des produits provenant de la

    fort et de la savane proximit de chez eux.Bien que la majorit des produits ne voie jamais une place de march,un petit pourcentage est vendu au niveau des marchs locaux et rgio-naux, offrant ainsi une source de revenus importante puisque la valeurcommerciale de ces produits est leve. La cueillette/le ramassage, latransformation et la commercialisation des PFAB constituent souventla seule source demploi pour la population des zones rurales isoles.

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    Le Baobab, Adansonia digitata, est un arbre solitaire qui pousse souvent dansou proximit des villages en Afrique subsaharienne. Lon connat plus detrente utilisations de cette essence. Ses fruits, ses feuilles et ses fleurs ontune grande valeur nutritive. Diffrentes parties sont utilises pour traiter ungrand nombre de maux. Pratiquement chaque organe de larbre a une valeur

    mdicinale. Les fibres de lcorce sont utilises pour faire des cordes, des pa-niers, du tissu, des cordes pour les instruments de musique, etc. (Source :www.fao.org/documents)

    Figure 1 : Le baobab est reconnu comme tant un des arbres lesplus utiles de lAfrique de lEst

    Catgories dutilisation

    Pour pouvoir obtenir une bonne vue densemble des plantes et desanimaux utiles, il est pratique de les rpartir en catgories en fonctionde leur utilisation. Ces catgories aident les chercheurs et les ONG laborer des inventaires des plantes utiles dune rgion spcifique.

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    La liste suivante, base sur la norme rcemment conue appele In-ternational Economic Botany Data Collection Standard , ou Normede collecte de donnes conomiques dans la botanique, est un exempledes diffrentes listes de catgories dutilisation des PFAB.

    ? Aliments : fruits, lgumes, noix et racines comestibles sauvages,viande de brousse, insectes comestibles, miel.

    ? Additifs alimentaires : pices, armes, colorants alimentaires,agents de fermentation.

    ? Aliments pour animaux : fourrage pour le btail, paille, appt pourattraper des animaux, plantes mellifres.

    ? Produits dorigine animale : peaux (cuir et fourrure), animaux vi-

    vants en tant quanimaux domestiques, plumes, os.? Construction : feuilles de palmier ou herbe pour les toits de chaume,

    bambou, bois de service (btons et perches).? Matriaux : fibres, paniers, meubles, arc et flches, colorants, pein-

    tures, vernis, colles.? Combustibles : bois de feu, charbon de bois, substituts au ptrole,

    rsines qui donnent de la lumire.? Mdecine : plantes mdicinales, corces, rsines, graines.? Poisons : pour la pche, pour lutter contre les insectes, etc.? Usages sociaux : plantes religieuses et magiques, drogues, stup-

    fiants, intoxicants.? Utilisations environnementales : plantes ornementales, arbres pour

    abri, plantes pour lamlioration des sols.

    2.2 March International

    Lon trouve les plantes sauvages en vente sur pratiquement tous les(lieux de) marchs des pays dAfrique, des Carabes et du Pacifique,mais les connaissances au sujet de leur contribution lconomie na-tionale des pays respectifs sont pratiquement inexistantes. Rares sontles pays qui enregistrent quelles sont les espces vendues, en quellesquantits et quels prix. Lon en sait encore moins sur qui en assure larcolte et la vente, et qui les achte. Par opposition ce qui se passe

    pour le bois doeuvre et les produits agricoles, des systmes nationaux

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    de suivi ou dvaluation des ressources, des filires et de la contribu-tion socio-conomique des PFAB au niveau national nexistent dansaucun pays. Il ny a que les produits forestiers autres que le boisdoeuvre exports qui apparaissent parfois dans les statistiques natio-

    nales. Et pourtant des estimations indiquent que le march mondialannuel des plantes sauvages a une valeur dUS $ 60 milliards, et cemarch continue de saccrotre avec presque 20% chaque anne. En1996, le rseau de suivi des changes commerciaux TRAFFIC a esti-m la valeur du march mondial des plantes mdicinales US$ 1,3milliards. Ces statistiques nindiquent pas quel est le pourcentage desvrais PFAB impliqus. Comme lon ne dispose pas de donnes fiables,il est difficile de donner une bonne vue densemble des PFAB princi-

    paux commercialiss dans les pays dAfrique, des Carabes et du Paci-fique. Diffrentes sources indiquent souvent diffrentes donnes con-cernant la production dun mme produit qui ne concordent pas avecles informations statistiques nationales. Nous avons utilis les donnesprovenant de lOrganisation de lagriculture et de lalimentation desnations unies (FAO) pour laborer des listes indiquant les principauxPFAB qui sont commercialiss (Tableaux 1, 2 et 3).

    Il y a quelques pays, comme le Cameroun, la Guyana et lAfrique duSud, o davantage de groupes de recherche et dONG se sont penchssur la recherche lie aux PFAB quailleurs. Ces pays seront souventcits ici pour la simple raison que leurs statistiques sont disponibles.Cela ne veut pas dire que les produits en question sont moins impor-tants dans les autres pays ACP, cela veut simplement dire que nous nesavons pas quels sont les produits forestiers commercialiss dans ces

    autres pays. Il faudra considrer les valeurs et volumes indiqus dansce qui suit comme tant des estimations qui ne correspondent peut-trepas aux chiffres rels mais qui permettent de rendre visible les tendan-ces. Nous esprons que le prsent Agrodok inspirera les ONG re-cueillir davantage dinformations sur la rcolte et la commercialisa-tion des plantes sauvages pour que des donnes plus fiables devien-nent disponibles.

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    2.3 Soins de sant traditionnels

    Selon lOrganisation Mondiale de la Sant, Plus de 4 milliards de per-sonnes sen remettent la pharmacope traditionnelle base de plan-tes pour les soins de sant primaires. LEgypte est le principal paysexportateur de plantes mdicinales dAfrique, et le cinquime exporta-teur de plantes mdicinales au niveau mondial. Au dbut des annes1990, lEgypte exportait 11.250 tonnes de plantes mdicinales par an-ne, ayant une valeur de plus de US$ 12 millions.

    En Afrique du Sud, la valeur des changes commerciaux nationauxcorrespondant aux plantes mdicinales est estime US$ 6 ou 9 mil-

    lions par anne. Quelque 7,5 millions dunits de plantes (appartenant plus de 600 espces) sont vendues chaque anne dans le Natal. Autotal, 39 espces mdicinales ont t exploites un degr tel quellessont maintenant des espces menaces dextinction; une espce a djdisparue. Lon trouve les herbes mdicinales provenant de lAfriquedu Sud en vente sur lInternet. Lon considre que le march internepour les plantes mdicinales est plus important que le marchdexportation, puisque la grande majorit des africains consultent des

    gurisseurs traditionnels, autrement dit des tradipraticiens.

    Lexemple du Malawi permet dillustrer lintrt des plantes mdicina-les dans la pharmacope traditionnelle. En 1987, ce pays ne comptaitque 35 docteurs en mdecine actifs, contre un nombre estim 17.000tradipraticiens. Des tendances similaires sobservent en Tanzanie, auNigeria, au Ghana et en Afrique Australe. Les prvisions cono-miques et dmographiques indiquent que cette situation ne changera

    pas de sitt pour la plupart des pays africains. La transition dune uti-lisation des mdicaments traditionnels vers la consultation des doc-teurs en mdecine ne se produira quen cas de changements socio-conomiques et culturels, daccs lenseignement formel et de crois-sance conomique. Malheureusement, tant donn le dclin conomi-que qui svit dans la plupart des pays africains, la ncessit perdureradimpliquer les plantes mdicinales et les tradipraticiens dans les sys-tmes de services de sant nationaux en offrant des formations et en

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    valuant les remdes effectifs. Par consquent, lutilisation durabledes plantes mdicinales est cruciale.

    Dans le pass, la cueillette des plantes mdicinales tait strictement

    rserve aux tradipraticiens et leurs apprentis. Cependant,lurbanisation rapide a conduit la formation de grandes villes quisont devenues des centres de demande pour les mdicaments tradi-tionnels provenant des zones rurales de leur priphrie et des paysvoisins. De nos jours, de grandes quantits de matriel vgtal sontcueillies par des rcolteurs commerciaux puis vendues aux com-merants et herboristes urbains par le biais dun nombre croissant derevendeurs informels (des femmes en gnral). Cette transition dune

    utilisation de subsistance vers des changes commerciaux a conduit une pression de plus en plus importante sur les populations sauvagesde plantes mdicinales. Les herboristes locaux craignent que leur ma-triel de base se fasse tellement rare quils devront prochainement serendre en ville pour acheter les corces, racines et feuilles dont ils au-ront besoin.

    Cunningham, Mander et Walter (voir la Bibliographie) ont labor unbon aperu des principales plantes mdicinales dAfrique et des as-pects lis aux changes commerciaux qui les concernent. Parmi lesplantes mdicinales africaines qui sont menaces de disparition suite leur exploitation commerciale, il y en a deux qui sont dcrites ci-dessous.

    La griffe du diable (Harpagophytum procumbens etH. zeyheri), origi-

    naire de lAfrique australe, a reu son nom parce que ses fruits sontcouverts de petits crochets. Depuis des millnaires, les populations dudsert du Kalahari ont utilis la racine de la griffe du diable dans desremdes pour traiter des douleurs, des problmes de peau et des com-plications de grossesse. Depuis que cette plante a t introduite en Eu-rope au dbut des annes 1900, les racines rcoltes ltat sauvageont t coules sur le march mondial pour en faire des traitementscontre les rhumatismes. La rcolte commerciale des racines a eu pour

    rsultat llimination denviron 66% de la population de cette plante,

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    jusqu prsent. En 2000, il a t propos dinscrire la griffe du diablesur la liste de lAppendice II de CITES, impliquant que la commercia-lisation de lespce en question ne devrait tre autorise que dans lecas o il serait possible dviter des dommages la population de cette

    plante au long terme. La proposition a pu tre rejete par les pays etles ONG impliqus, parce que ces derniers craignaient quelinscription de la plante sur la liste de CITES aurait un effet ngatifsur la vie de ceux qui en font le commerce. Rcemment, des initiativesont t prises en vue de trouver des modes durables de rcolte pour lagriffe du diable (voir www.resourceafrica.org/ programmes).

    Le prunier dAfrique ou pygeum (Prunus africana) est un arbre de

    fort de montagne croissance rapide qui est trs pris pour son cor-ce mdicinale, qui sert localement pour traiter des douleurs de poi-trine, les brlures destomac, la fivre et la folie. Aprs la dcouverteen 1966 de sa vertu mdicinale pour lutter contre le cancer de la pros-tate, les substances actives ont t brevetes et lexploitation com-merciale a pris son envol. Le Cameroun et le Madagascar sont lesprincipaux pays exportateurs de lcorce de prunier dAfrique, qui estrcolte au niveau de populations sauvages de cette essence dans lesforts montagnardes africaines. Dans les deux pays lexploitation decette essence est trs excessive puisque les arbres sont soit abattuspour recueillir toute lcorce, soit ceinturs, ce qui provoque gale-ment leur mort. Bien que lessence ait t place sur lAppendice II deCITES, ceci na pas conduit ladoption de mthodes de rcolte dura-bles dans toute la zone de distribution de lespce. En appliquant desmthodes durables, le Cameroun pourrait fournir environ 200 tonnes

    dcorce, mais plus de 3.500 tonnes ont t rcoltes et exportes en1999. Plusieurs initiatives ont t entreprises pour introduire un modedexploitation durable au Cameroun. Cette espce a un bon potentieldexploitation durable, puisque larbre pousse assez rapidement etquil rsiste assez bien lextraction de son corce. La plupart des ar-bres survivront si lon nenlve leur corce que sur deux cts oppossdu tronc. Lintervalle de temps qui devrait sparer deux corages par-tiels devrait durer au moins 4 5 ans. Les arbres cultivs en plantation

    devront pousser pendant 15 ou 20 ans avant datteindre la taille ad-

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    quate pour lexploitation de leur corce. La valeur accorde cettecorce a stimul des petits exploitants cultiver le prunier dAfrique partir de graines dans des systmes dagroforesterie. Les semis sontgalement multiplis par un jardin botanique local (voir Section 5.5).

    Figure 2 : Illustration qui explique comment utiliser lcorce ducourbaril (Hymenaea courbaril) pour traiter la toux, issu dun livretbrsilien pour les personnes en milieu rural. Source : Recipeswithout words: medicinal plants of Amazonia (Recettes sansmots : plantes mdicinales dAmazonie).

    2.4 Valeurs sociales et rituelles

    Dans les communauts traditionnelles, de nombreux produits issus dela fort jouent un rle important dans les activits sociales et rituelles.Lutilisation de la rsine de larbre dencens (loliban) au cours de c-rmonies religieuses est par exemple trs rpandue en Ethiopie et enErythre (tude de cas dans le Section 4.2).

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    Le Kava, une herbe mdicinale avec de lgres proprits narcotiquesest utilis en tant que boisson de crmonie dans les les du Pacifique.Il provoque brivement un tat euphorique de tranquillit etdamabilit. Pour les populations autochtones du Pacifique Sud, boire

    le Kava constitue un aspect important de leur vie. Il est pratiquementimpossible dimaginer que le Kava pourrait tre supprim du march.Pourtant sa consommation a fait lobjet dattaques sur plusieurs fronts.Certaines personnes provenant des les Pacifiques disent que la bois-son a un effet ngatif sur les couples, sur les performances de travail etsur les revenus. Mais actuellement, le Kava doit faire face un dfiencore plus important : le produit a t banni de diffrents pays occi-dentaux par crainte que la boisson puisse provoquer des maladies de

    foie et dautres maux. Les ventes dexportation de Kava se sont effon-dres, ce qui a ravag des conomies locales.

    Figure 3 : Feuille de Kava et prparation des racines de Kava pouren faire une boisson, Pacifique Sud.

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    Au sud du Cameroun, lon utilise un assortiment vari de produits fo-restiers pour clbrer les crmonies traditionnelles, comme les ma-riages, les enterrements, les crmonies dinauguration des chefs, lesinitiations, les clbrations des naissances et la rsolution de conflits.

    On y distribue des fruits du palmier huile (Elaeis guineensis) et desnoix de cola (Cola spp.) aux visiteurs pour leur souhaiter la bienve-nue, ces produits symbolisent la paix, lhospitalit et lamiti. LesPFAB constituent galement les matriaux de base pour les instru-ments de musique (par ex. des instruments du type guitare, des tam-bours et des crcelles) que lon utilise pour les crmonies tradition-nelles. Le rle socioculturel des PFAB est illustr par ltude de casfigurant dans le Section 4.1.

    2.5 Valeur cologique et conservation de lafort

    On prsente souvent lexploitation des PFAB comme tant un moyenqui permet de grer les forts de manire durable ainsi que de conser-ver la biodiversit. Cependant, ceci dpend largement des espces quelon entend exploiter et du degr auquel celles-ci seront exploites.Pour une fort existante, lorsquon en a besoin pour obtenir certainsproduits dorigine vgtale comme par exemple les racines ariennesou le rotin, une exploitation commerciale pourra contribuer laconservation de la fort en question, puisque les ramas-seurs/cueilleurs ont tendance protger dlibrment les arbres utilesde labattage. En outre, si les gens peuvent se faire de largent par lebiais de la vente de produits sylvestres, ils nauront plus besoin

    dabattre des arbres pour gagner leur vie. Mais lorsque les prix desPFAB seffondrent et que lexploitation nest plus conomiquementviable, ou lorsque les exploitants sont expulss des lieux de collectecoutumiers, il est probable que les exploitants impliqus dcident devaquer des activits plus destructives, telles que labattage des ar-bres, lagriculture de rente ou llevage extensif.

    Les diffrentes tudes de cas prsentes ici rvlent que lexploitation

    des plantes sauvages ne contribue pas toujours la conservation de la

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    biodiversit. Le fait de rcolter des espces vulnrables ou dutiliserdes techniques de rcolte destructives aura des effets ngatifs sur lespopulations des espces qui donnent les PFAB. Ceci pourrait conduire la disparition des espces au niveau local, ce qui affectera ultrieu-

    rement la totalit de lcosystme.

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    3 Proprit foncire et droitsdutilisateur

    Les droits fonciers peuvent se prsenter sous diffrentes formes, allantde la proprit individuelle ou collective aux droits dexploitation desrserves qui ont t dlimites exclusivement pour y rcolter desPFAB. Le fait dobtenir des systmes fonciers formaliss pour lescommunauts, ou dobtenir les droits formels ou informels daccsaux et de rcolte des ressources de plantes sauvages, par ex. dansdes concessions de bois doeuvre, constituent des tapes importantes

    franchir pour arriver une gestion durable des forts et des produitsforestiers autres que le bois doeuvre. Les communauts seront plusresponsables dans leur faon de traiter la fort une fois que leurs droitsseront incontests. Les soins de prservation de la fort environnantene seront administrs que lorsque les droits fonciers seront clairementtablis.

    Ce qui est particulirement important cet gard, cest que les autori-

    ts administratives aient la volont daccorder aux communauts lo-cales des rgimes fonciers et des droits dutilisation de la terre quisoient stables, car dans de nombreux pays les forts appartiennent augouvernement qui les gre. Dans le cas o la proprit foncire et lesdroits dutilisation de la terre sont rglements de faon ambigue,lexploitation commerciale risque dtre interdite et les exploitantspourront tre expulss de la fort. Si les exploitants rcoltent des plan-tes sauvages dans des forts o ils nont pas de droits formels de pro-

    prit ou dutilisation, ils ne prendront pas la responsabilit de grercette ressource de manire assurer une rcolte durable.

    Avant de commencer la promotion de lexploitation commerciale desPFAB, les ONG doivent prendre connaissance et se familiariser avecles questions foncires locales. Ceci permet dviter les conflits entredes communauts voisines, les concessions de bois doeuvre et lesadministrations locales.

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    Lexploitation excessive des espces de rotang en Afrique de lOuestet centrale a conduit la rarification de la ressource du rotin, et parconsquent des prix levs, aussi bien pour les meubles que pour lamatire premire. Ceci est partiellement d labsence de systmes

    fonciers et de droits dutilisateur bien rglements pour les commu-nauts locales et les exploitants commerciaux. En Guine quatorialepar exemple, les exploitants de rotin doivent payer un quivalent dUS$ 4 au chef de village local pour chaque excursion quils feront dans lafort. Jusqu prsent, peu de plans de gestion ont t labors pourassurer la production durable du rotin, parce que les droitsdutilisation ne sont pas garantis long terme. Sil existait une lgisla-tion qui permettait lappropriation du rotin selon les mmes principes

    que lon applique aux arbres pour le bois doeuvre, on russirait mieux stimuler la gestion in situ.

    Il faudrait laborer et mettre en oeuvre des accords entre les utilisa-teurs et les propritaires de la fort concernant les produits doriginevgtale qui ont un potentiel de valeur leve, o sont abords lesquestions de droits de proprit intellectuelle, de droits fonciers etdaccs aux ressources. On devrait accorder aux communauts rive-raines lautorit lgale permettant de rglementer laccs des exploi-tants commerciaux des PFAB, tout en garantissant que les personnesappartenant la communaut en question gardent un droit daccs afinde leur permettre de rcolter les mmes produits pour satisfaire leursbesoins personnels.

    Bien que les systmes fonciers et la bonne rglementation des droits

    dutilisation soient des aspects trs importants, il ne sagit pas de solu-tions universelles qui garantissent des rcoltes durables. Ceci est illus-tr par le cas de lexploitation commerciale du cur de palmier enGuyana. Quelques groupes dexploitants autochtones ont abandonnla culture de subsistance pour vaquer temps plein lexploitationlgalise du cur de palmier. Aprs avoir puis les ressources depalmiers au sein des rserves qui leurs taient attribues, ils ont dmigrer dans des forts appartenant lEtat pour pouvoir trouver suffi-

    samment de palmiers exploiter. Ne disposant plus daliments culti-

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    Proprit foncire et droits dutilisateur 23

    vs chez eux, les exploitants devaient couper les palmiers tempsplein pour pouvoir gagner leur vie. Ceci a eu pour rsultat un taux desurexploitation similaire ce qui sest produit dans les situations oles communauts navaient aucun droit foncier.

    Les exploitants qui avaient gard leurs champs agricoles pour mainte-nir une scurit alimentaire ne pratiquaient la rcolte du cur de pal-mier qu temps partiel afin dacheter des biens de luxe. Aprs plu-sieurs annes de rcolte, ces derniers navaient toujours pas puis lesressources disponibles dans les limites des rserves qui leur avaientt attribues. Cet exemple dmontre que lexploitation commercialedes PFAB en combinaison avec des activits de subsistance constitue

    une meilleure faon dassurer une rcolte durable que lobtention dedroits fonciers ou dutilisation.

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    4 Aspects pratiques lis aux PFAB

    4.1 Facteurs lis la cueillette/au ramassage

    Dans beaucoup de cultures, la rpartition du travail est organise assezstrictement selon le sexe. Les hommes exploitent dautres produitsforestiers que les femmes et ils jouent des rles diffrents dans les pro-cessus de transformation et de commercialisation. Dans une rgionspcifique, diffrentes tribus ont souvent leurs propres traditions parti-culires lies lutilisation de la fort. Les anciens cueillent et ras-semblent dautres produits que les jeunes. Ltude de cas suivant pro-

    venant du Cameroun permet dillustrer ceci.

    Diffrences dans lutilisation des PFAB par les Bulu et lesBagyeli au CamerounETUDE DE CAS de Norbert Sonn, Universit de Leiden, Pays-Bas

    Dans le parc mme et dans les environs de Campo-Maan National Park, auSud du Cameroun, lon recueille de nombreux produits dorigine vgtale etanimale. La zone dtude est peuple par deux principaux groupes ethniques,les pygmes Bagyeli et les immigrants Bulu. Un total de 148 espces de plan-tes est communment cueilli dans la zone. Les deux groupes ethniques ac-cordent beaucoup dimportance 15 dentre elles pour leur vie quotidienne.Cependant, les espces rcoltes et les mthodes de rcolte et de commer-cialisation dpendent de lethnie, de lge, des conditions socio-conomiqueset du sexe de lexploitant.

    Les femmes font surtout la cueillette de produits alimentaires PFAB, quoti-diennement sur le chemin vers leurs champs ou au cours de sjours inciden-tels dans les forts secondaires. Les hommes font la collecte des produits fo-restiers au cours de sjours de chasse dans la fort primaire et sur le cheminde retour au village, alors que les enfants font la cueillette des fruits et desnoix autour du village. Pour les produits intrt conomique, des excursionsspciales sont organises pour la cueillette, en groupes de trois ou de quatrepersonnes.

    Dans la rgion en question, presque tout le monde a des connaissances con-cernant les plantes que lon peut utiliser pour gurir des maladies courantescomme la malaria, la fivre, les maux de tte, la diarrhe, la dysenterie et lesrhumes. Un total de 56 espces mdicinales a t enregistr dans la rgion.

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    Aspects pratiques lis aux PFAB 25

    Les femmes ges ont des connaissances spciales concernant les herbesqui permettent de soulager les difficults des accouchements et celles quipermettent dviter des grossesses non souhaites, alors que les jeunesfemmes ont des connaissances au sujet de diffrentes espces ajouter auxaliments de leurs maris pour leurs effets aphrodisiaques. Les femmes encein-

    tes portent souvent une corde de liane autour de leur ventre pour se protgersoi-mme ainsi que le foetus. Les hommes connaissent les espces qui ser-vent de toniques stimulants, alors que les jeunes connaissent diffrentes plan-tes pour traiter des maux de tte, la diarrhe ou la dysenterie. Les hommes etles femmes, sans distinction, portent souvent un morceau dcorce dans lapoche et lon attache de lcorce sur les embrasures de portes pour se prot-ger contre les mauvais esprits. Bien que les connaissances concernant le trai-tement des maladies par les plantes soient trs rpandues au sein des deuxgroupes ethniques, les Bagyeli se concentrent plus sur la mdecine tradition-nelle que les Bulu. En cas de problmes de sant, les Bulu vont souvent

    consulter les Bagyeli. Il y a mme des personnes issus dautres rgions quiviennent consulter les pygmes Bagyeli, car ces derniers sont rputs pourleurs connaissances concernant les traitements aux herbes et les pratiquesmystiques.

    Les deux groupes ethniques de la rgion Campo-Maan gagnent de largentpar le biais de la collecte, la transformation et la vente de produits provenantdes plantes sauvages. Les hommes, les femmes, et dans une certaine me-sure les enfants, sont impliqus dans les activits de commercialisation. Pour-tant, les Bulu sintressent davantage la commercialisation que les Bagyeli,

    qui utilisent plutt les produits pour la consommation domestique, une ex-ception prs : les Bagyeli sont des chasseurs experts de la viande de broussedont la vente constitue lessentiel de leurs revenus.

    Les produits sont vendus directement aux consommateurs, aux transforma-teurs ou aux fabricants dans les villages ou bien ils sont vendus des inter-mdiaires. Ces intermdiaires sont gnralement des femmes issues de villa-ges voisins qui transportent les produits vers des marchs urbains pour lesvendre des grossistes ou des dtaillants. Chez les Bagyeli, les intermdiai-res changent souvent les PFAB contre des biens tels que du savon ou du

    sel. Il y a des produits pour lesquels la transformation et la commercialisationsont organiss strictement selon le sexe. Ce sont les hommes qui abattent lespalmiers huile (Elaeis guineensis) et les palmiers raphia (Raphiaspp.), quigemment les troncs et font fermenter le jus pour en faire du vin de palme. Ceproduit est alors distill pour obtenir une boisson fortement alcoolise que lonappelle odontol . La transformation du vin de palmier huile et de palmier raphia constitue une pratique commune chez les Bulu. Lodontol est venduaux femmes Bulu, qui se chargent de revendre le produit. Les Bagyeli ontmoins dexpriences avec la distillation du vin de palme.

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    Les Bulu et les Bagyeli pratiquent tous deux la rcolte de la mangue sauvage(Irvingia gabonensis), dont on utilise les amandes pour paissir les soupes etles sauces (voir figure 4). Les Bagyeli se contentent souvent de rcolter lamatire premire, alors que les Bulu pilent les amandes pour en faire une p-te qui sera vendue sur des marchs locaux et rgionaux.

    Figure 4 : Femme Bulu qui grille et qui pile des amandes (graines)de mangue sauvage, Cameroun Sud.

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    4.2 Impact de la rcolte des PFAB surlenvironnement

    On dit souvent quil est possible dexploiter les PFAB sans dtruire

    lcosystme naturel. Effectivement, la cueillette et le ramassage desfruits, des oeufs, du miel, des champignons, de lcorce ou des feuillessont des activits moins destructives que labattage des arbres dansleur totalit pour utiliser le bois ou que la transformation des partiesentires de fort en champ agricole. Bien que de nombreux produitssylvestres peuvent tre exploits sans endommager la fort, les diver-ses techniques dexploitation ont des effets diffrents sur la rgnra-tion des espces et par consquent sur leur disponibilit future. La

    cueillette/ le ramassage des fruits, des noix, des feuilles et de lcorceprovoque moins de dommages puisquil ny a que des parties spcifi-ques qui sont retires et larbre ou le buisson aura des facilits sergnrer. Par contre, la rcolte du bois ou de la rsine peut tre assezdestructive puisque dans certains cas larbre entier est abattu cettefin.

    Lexploitation non contrle, tout comme des prix trs bas ou au con-

    traire exceptionnellement levs peuvent tous provoquer la surexploi-tation, conduire la dgradation de la fort, et mme la disparitiondes espces en question au niveau local. Ltude de cas suivant illustrecomment lexploitation non contrle dune rsine darbre prcieusedans la Corne dAfrique a provoqu de srieux problmes environne-mentaux et conomiques.

    Effets cologiques de lexploitation de lolibanETUDE DE CAS par Mulugeta Lemenih, Wondo Genet College of Forestry,Shashamane, Ethiopie

    Loliban est une rsine provenant de larbre Boswellia papyrifera(et de quel-ques autres espces Boswellia), qui pousse dans les forts schesdErythre, dEthiopie, de la Somalie, du Kenya et du Soudan. Localement,loliban est utilis en tant quencens et en tant que mdicament. De grandesquantits sont galement exportes pour les industries pharmaceutique etcosmtique ainsi que celle du parfum.

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    Pour obtenir la rsine, les arbres sont gemms en enlevant lcorce laidedune hache ou dun couteau tranchants (voir figure 5). Larbre ragit alors enscrtant de la rsine dencens pour gurir sa blessure. Les exploitants re-cueillent les larmes sches doliban. Les premires incisions sont super-ficielles mais au fur et mesure elles sont de plus en plus larges et de plus en

    plus profondes. En moyenne un arbre Boswelliaest incis 13 fois par an, aucours des 6 10 mois de la saison sche, selon la rgion o il pousse. (Larcolte se fait tous les 15 25 jours jusquau moment o la saison des pluiescommence).

    Les grands arbres productifs peuvent subir une centaine dincisions la fois,alors que les petits arbres qui sont inciss pour la premire fois nauront pasplus de quatre blessures. Il y a des endroits o lon accorde aux arbres unepriode de rcupration de 3 5 ans aprs une anne de rcolte. Le revenuannuel moyen gnr pour un mnage qui exploite la rsine doliban en

    Ethiopie a t estim US$ 80, presque le tiers du revenu annuel dun m-nage appartenant une communaut rurale thiopienne.

    Malgr les avantages conomiques importants, la rserve des espces Bos-welliaet les forts mmes se dtriorent. Plusieurs facteurs causent le dclinde cette ressource :1 Une exploitation inadquate conduisant lendommagement des arbres :

    lexploitation intensive et le fait de blesser les arbres de manire incorrectesont nuisibles, en particulier le fait dinciser larbre de manire rptitive envue de rcolter davantage doliban. Les incisions profondes affectent

    laubier, de sorte que les arbres se desschent. Les arbres qui surviventaux incisions profondes produisent des graines qui ne sont pas viables.Environ 50% des arbres inciss sont endommags de la sorte.

    2 Le surpturage :souvent le btail dtruit les semis et les jeunes arbres.3 Llimination des forts : les arbres sont abattus pour librer des terres

    dans le but de les cultiver.4 Les feux de brousse :souvent, lcorce des arbres est endommage.5 Les attaques dinsectes et de termites : les incisions facilitent les invasions

    dinsectes, de moisissures et de termites.

    Lexportation de loliban provenant de la Corne dAfrique est en dclin, nonseulement cause des priodes de scheresse qui svissent dans la rgion,mais galement cause de la diminution au niveau des ressources provo-que par des mthodes de rcolte non durables.

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    Aspects pratiques lis aux PFAB 29

    Figure 5 : Couper lcorce dun arbre dencens pour recueillir sarsine, Ethiopie.

    4.3 Transformation et conservation

    Le fait que de nombreux produits base de plantes sauvages sont r-colts loin des marchs et des quipements de transformation consti-tue un problme important pour la commercialisation des PFAB.

    Lacheminement des produits aux marchs urbains implique des fraisde transport levs, et les fruits et lgumes sylvestres sont souvent g-ts au moment darriver destination. Pour rsoudre ce problme, ilserait ncessaire dtablir des petites industries artisanales proximitdes forts productives, o les habitants locaux seraient responsables dela transformation des fruits et des autres produits dorigine vgtale.

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    Les activits de schage, de broyage, de conglation, de mise en con-serve, de confiture et dextraction dhuile permettront galementdlever les prix des produits et la part accorde aux villageois. Cer-taines de ces techniques semblent tre hors de porte pour les commu-

    nauts forestires, car elles ncessitent une alimentation fiable ennergie bon march. Nanmoins, dans de nombreuses zones rurales,ce type de transformation a lieu avec des mthodes sophistiques.Ltude de cas suivante illustre quel est lintrt conomique de latransformation des produits PFAB prissables en produits de longueconservation et qui ont une valeur plus leve sur le march.

    La transformation des produits forestiers dans le sud du

    CamerounETUDE DE CAS par Norbert Sonn, Universit de Leiden, Pays-Bas

    Dans la rgion Campo-Maan du Sud du Cameroun, 67 espces donnant desaliments sylvestres ont t enregistrs. Lon mange directement la plupart desfruits et des noix, alors que lon doit faire cuire les tubercules riches en fcu-lents qui sont manges accompagnes de sauce base de feuilles etdpices. Dautres PFAB requirent des mthodes de transformation pluscomplexes, et les populations locales connaissent une longue histoire dans laprparation des produits drivs. Les palmiers huile (Elaeis guineensis) etles palmiers raphia (Raphiaspp.) sont abattus, on recueille les jus qui enproviennent pendant quelques jours, puis on les fait fermenter pendant 2 4 jours en y ajoutant du sucre pour obtenir le vin de palme, auquel on ajoutesouvent lcorce amre du Garcinia lucida, un autre arbre forestier, pourlaromatiser. Ce liquide est alors distill pour obtenir une boisson fortement al-coolise appele odontol .

    Pour obtenir 10 litres dodontol, il faut 20 25 litres de vin de palme. Le vin depalme se gte rapidement, mais la boisson distille peut se conserver pen-dant plus dune anne si on la garde dans une cannette ou une bouteille fer-

    me hermtiquement. La demande pour le vin de palme et pour lodontol esttellement importante que leur production a un effet ngatif sur la rgnrationdes palmiers. Les pratiques dexploitation Indignes comprennent le recueildes jus des arbres dans la fort (au lieu dabattre les palmiers), ainsi que laplantation des semis de palmier dans les jardins de case et les jardins de vil-lage. Comme lon nexploite que les arbres mles des palmiers raphia, cetteespce est moins vulnrable que le palmier huile. On plante galement lespalmiers huile pour la production des noix, la matire premire de lhuile depalme.

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    Les fruits de la mangue sauvage (Irvingia gabonensis) sont vert-jaune, avecune chair fibreuse entourant un grand noyau dur qui contient les graines. Onmange les fruits directement, car on ne peut pas les entreposer pendant long-temps. Les amandes constituent un ingrdient important des sauces qui ac-compagnent laliment de base de tubercules fculents. Afin dentreposer

    les amandes des mangues sauvages, on les extrait de la pulpe des fruits, onles sche au soleil pendant 1 2 semaines, on les grille pendant environ 30minutes au dessus dun feu puis on les pile dans un pilon en bois pendant ap-proximativement 10 minutes (voir figure 4).

    La pte alors obtenue est place dans un moule pour quelle durcisse pen-dant une nuit. Le produit ultrieur, une pte dure connue sous le nom local de etymbadooh , peut tre entrepos pendant une anne ou mme plus long-temps.

    4.4 Transport et commercialisation

    Les frais de transport prsentent un goulot dtranglement importantpour la commercialisation des PFAB. Les frais lis lacheminementdes produits au march peuvent slever tellement quil est impossibledentrer en concurrence avec les exploitants bass plus proximit desvilles. La situation est diffrente dans les cas o les produits en ques-

    tion ne sont (plus) pas disponibles dans les rgions plus peuples oles prix unitaires sont suffisamment levs pour couvrir les frais detransport. Par consquent, dans les communauts rurales isoles, ilnest pas vraiment intressant de commercialiser les produits. Il endcoule souvent que les animaux vivants et la viande de brousse sontles seuls produits qui soient suffisamment lucratifs pour couvrir letransport des zones isoles vers les marchs urbains. La plupart desfruits, des noix, des matriaux artisanaux et des plantes mdicinalespeuvent tre rcolts plus proximit des villes. Sans subventions dela part de ltat ou dONG pour appuyer la vente des PFAB issus dezones isoles, ou sans la transformation locale des matires premiresen produits plus rentables, il nest gnralement pas intressant decommercialiser les produits issus des forts isoles. Lexemple suivantillustre ceci.

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    Dans les forts isoles de la Guyana, les indiens Carib utilisent plus de120 espces diffrentes de plantes sauvages pour les mdicaments. Denombreuses herbes et corces mdicinales sont vendues dans la capi-tale Georgetown. Pourtant, aucun de ces produits ne provient de la

    rgion Carib, car sil faut les transporter pendant trois jours sur lefleuve ils deviennent trop coteux. La plupart des plantes mdicinalessont rcoltes proximit de la capitale, un produit faisant exception :lhuile provenant des graines de carapa (andiroba, nom brsilien) (Ca-rapa guianensis). La complexit de la mthode de transformation(pendant un mois, les graines sont trempes dans de leau pourquelles se dcomposent, ensuite elles sont broyes, ptries, puis ex-poses au soleil pour que lhuile sgoutte de la pte obtenue) rend

    cette huile assez onreuse. Lhuile de carapa, utilise comme insecti-fuge et comme dsinfectant de la peau, se conserve pendant des an-nes. Ainsi, lon peut entreposer les bouteilles jusquau moment olon a lopportunit de se rendre au march pour vendre le produit. Denos jours, il y a plusieurs ONG qui appuient des communauts autoch-tones isoles de la Guyana pour commercialiser cette huile. Le produita dj trouv un dbouch stable sur le march de lindustrie cosmti-que au Brsil.

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    Appui aux communauts locales pour exploiter les PFAB 33

    5 Appui aux communauts localespour exploiter les PFAB

    Pour mettre sur pied un systme de production communautaire dePFAB, il faut dabord mettre laccent sur lamlioration du niveaudexpertise des populations locales. Les ONG peuvent certainement

    jouer un rle en fournissant une aide aux communauts rurales pourmettre en place des activits conomiques bases dans la fort, maiselles ne devraient intervenir que dans les cas o les comptences loca-les sont insuffisantes. Lorganisation nerlandaise de coopration in-

    ternationale Novib a publi un manuel intressant pour les ONG quicomptent initier une recherche participative sur lutilisation des PFAB(1997). Sans dupliquer le travail de Novib, nous prsentons ci-dessouscertains aspects de cet ouvrage en guise de complment et nous allonsapprofondir dautres aspects.

    5.1 Inventaire des PFAB locaux

    Dans la plupart des endroits, la flore a dj fait lobjet dtudes plusou moins approfondies, mais les informations concernant lutilisationdes plantes dans des rgions spcifiques seront peut-tre plus difficiles trouver. Avant dentamer leurs propres tudes, les ONG devraientessayer de dterminer quelles sont les informations disponibles au ni-veau des bureaux locaux de ladministration, des bibliothques, desuniversits, des herbiers et de lInternet. Dans le cas o des informa-tions utilisables ne sont pas disponibles, les ONG devraient stimuler

    les communauts locales effectuer un inventaire dans la rgion.

    La meilleure mthode adopter pour faire un inventaire est de sepromener dans la fort avec quelques personnes locales et de deman-der ces dernires quelles sont les plantes quelles utilisent, quellesfins et si elles les vendent. Prenez des notes de manire dtaille, enincluant les noms locaux, les utilisations et les mthodes de transfor-mation. Si lexplication donne nest pas tout fait claire, (par ex. laplante devra-t-elle tre presse ou battue ?), demandez leur de vous

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    faire une dmonstration. Tchez de dcouvrir si les plantes sont ex-ploites ltat sauvage ou si elles sont cultives, ou sil est questiondes deux.

    Il ne faudra pas se limiter aux interviews pour rpertorier les PFAB. Ilest probable que si elles sont interroges directement, les personneslocales se sentent mal laise. En gnral, elles indiqueront davantagede produits au cours dune promenade en fort que si vous les inter-viewez face face. Par ailleurs, si vous comptez travailler avec desplantes sauvages, vous devez connatre leur apparence ainsi que l'envi-ronnement dans lequel elles poussent.

    Les noms locaux des plantes varient considrablement de pays pays.Dans les zones o lon parle beaucoup de langues traditionnelles, lesnoms locaux peuvent varier dun village lautre et mme dune fa-mille lautre. Cependant, pour chaque plante il nexiste quun seulnom scientifique. Pour obtenir certitude au sujet des espces auxquel-les vous avez faire, il faudra connatre le nom scientifique (latin)correct de la plante en question. Le nom latin vous permettra de trou-ver les ouvrages consacrs aux systmes de gestion, aux mthodes detransformation et aux questions lies la commercialisation par rap-port cette espce spcifique. Pour obtenir certitude au sujet du nomscientifique dune certaine plante, il faudra prendre un chantillon bo-tanique de cette dernire, appel spcimen de rfrence (botani-que) qui pourra ultrieurement tre identifi par un expert dans cedomaine (voir figure 6).

    Instructions pour raliser un spcimen de rfrence :

    1 Avant de cueillir la plante, notez une description de son environne-ment, en indiquant o elle pousse, sil sagit dun buisson, duneherbe ou dun arbre et comment elle est appele en langue locale.

    2 Cueillez une bonne branche avec des feuilles et de prfrence ga-lement des fleurs, des fruits et des graines. Ils sont ncessaires pourpermettre une bonne identification. Pour les petites herbes, recueil-

    lez la totalit de la plante, y compris les racines. Faites-en une pho-

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    Appui aux communauts locales pour exploiter les PFAB 35

    tographie. Etiquetez les plantes au fur et mesure que vous lescueillez pour viter toute confusion pendant lidentification. Num-rotez conscutivement chaque plante recueillie, et utilisez les m-mes numros dans votre carnet de notes et sur ltiquette.

    3 Pressez les plantes entre des feuilles de papier journal alors quellessont encore fraches. Schez-les soit au soleil, soit au-dessus dunpole jusqu ce quelles soient cassantes.

    4 Conservez les plantes dans du plastique pour les protger delhumidit et demandez un expert auprs dun herbier ou duneuniversit locale de vous fournir les noms scientifiques appropris.

    Vous trouverez dautres instructions au sujet de la cueillette des plants

    et de linterprtation des connaissances indignes dans Martin (1995)ainsi que sur le site web : http://herbarium.usu.edu/K12/Collecting/-specimens.htm#ethics.

    Figure 6 : Prparer un spcimen de rfrence (botanique) partir

    dune plante utile dans le but didentifier cette dernire.

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    Les produits forestiers autres que le bois d'uvre36

    Lorsquon labore une liste des plantes utiles dune certaine rgion, ilest conseiller de dcrire les utilisations des espces de plantes selonles normes et catgories internationales (voir Section 2.1). Ceci per-mettra de comparer les rsultats avec ceux qui ont t obtenus dans

    dautres tudes. Surtout lorsquon fait un rpertoire de plantes mdici-nales, il est important de sassurer quelles soient classes dans lescatgories appropries, comme par exemple inflammations, douleurs,troubles mentaux ou problmes lis la grossesse. Cependant, denombreuses maladies connaissent une connotation culturelle (commepar exemple le mauvais il ou la possession par les mauvais es-prits) et ne se laissent pas classer selon les catgories tablies par desdocteurs forms loccidentale. Cest la raison pour laquelle il est im-

    portant de documenter la conception locale des maladies de pair avecles espces de plantes que lon utilise pour traiter ces dernires.

    Lorsquon a pour objectif d'laborer des plans de gestion, il faut rper-torier quels sont les systmes de gestion de la fort actuellement em-ploys par les communauts locales. Il faudra recueillir des donnesde rfrence cologique (pluviomtrie, temprature, type de sol, cou-verture forestire, type de vgtation, etc.) concernant les habitats desPFAB. Diffrents rgimes de rcolte devraient tre tests pour vrifierdans quelle mesure ils sont durables. Pour les forts qui donnent desPFAB importants il est ncessaire dtablir des plans de gestion quiprennent en considration les proccupations cologiques, sociologi-ques et conomiques. Il est galement important de vrifier si des es-pces spcifiques de plantes sont protges par la loi nationale ou in-ternationale avant de stimuler leur exploitation.

    5.2 Raviver les connaissances locales

    Une grande partie des connaissances traditionnelles relatives aux plan-tes sauvages et leur utilisation est en voie de disparition. Ceci est d la destruction continuelle des forts tropicales et la modernisa-tion des cultures autochtones. Les temps modernes ont introduit denouvelles habitudes alimentaires et de nouvelles cultures. Les plantes

    alimentaires traditionnelles sont victimes dune double tragdie :

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    Appui aux communauts locales pour exploiter les PFAB 37

    lrosion gntique (disparition de cultivars) et la disparition des con-naissances traditionnelles concernant la culture et la prparation desplantes en question.

    Nanmoins, les PFAB constituent toujours un systme de protectionalimentaire et conomique pour les familles pauvres, leur importanceest particulirement vitale pour les rfugis qui souffrent des conflitsarms, de la famine ou de la scheresse. On pourrait raliser une am-lioration au niveau de la nutrition et de la sant des populations ruralespar le biais de la promotion des plantes alimentaires traditionnellesdont lutilisation a t oublie en grande partie. Maundu et al. (1999)ont essay dy contribuer en laborant un guide illustr des plantes

    alimentaires traditionnelles du Kenya, o figurent galement des re-cettes.

    Ltude de cas figurant ci-dessous fournit un exemple de russitequant la rcupration des connaissances locales en Surinam, initiepar une agence gouvernementale.

    La cueillette des plantes sauvages pour lalimentation : unprojet de sensibilisation pour les lves de lcole primaireen SurinamETUDE DE CAS par Hanny L. van de Lande, Universit Anton de Kom, Pa-ramaribo, Surinam

    Dans les zones urbanises de Surinam, les enfants et les personnes gesappartenant des familles qui habitent dans des quartiers dfavorissningrent pas suffisamment daliments frais et nutritifs. De nombreux lvesont la tche quotidienne de prparer le repas du soir pour la famille entirelorsquils rentrent de lcole. Les frais lis lachat des lgumes font que sou-vent les quantits journalires sont insuffisantes. Ceci a des consquencessrieuses pour la croissance et le dveloppement des enfants. Un projet pi-lote de lutte contre la pauvret a t mis en place afin de sensibiliser les per-sonnes en question au sujet de lutilisation des plantes comestibles que lonpeut cueillir dans la nature. Parmi les membres du projet figuraient des ensei-gnants et des tudiants appartenant luniversit et au collge des ensei-gnants, ainsi quun agent de vulgarisation li au Ministre de lAgriculture, dellevage et de la pche.

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    Pendant les cours de biologie, 205 enfants, gs de 8 12 ans, ont reu desenseignements concernant les plantes sauvages comestibles et les rejetonsde plantes cultives qui poussent proximit de leurs maisons ou dans desparcelles vacantes le long du chemin de lcole. Les enfants frquentaient dif-frentes coles de Paramaribo et des communauts environnantes et appar-

    tenaient des familles relativement nombreuses vivant dans des quartiers d-favoriss. Des supports denseignement, adapts la vie quotidienne des en-fants, ont t conus. Pendant une priode de trois mois, cinq sessions duneheure en classe et une session lextrieur (cour de lcole, jardin potager defamille) ont t organises, au cours desquelles les enfants, leurs parents etleurs instituteurs ont appris o chercher des plantes sauvages comestibles etcomment les identifier. Ils ont galement appris cultiver des lgumes petitechelle, mme sil ny avait que peu despace disponible pour le jardinageprs de la maison. De nombreux lgumes sylvestres, souvent considrscomme tant des mauvaises herbes, peuvent tre cueillis et cultivs dans des

    seaux ou dans un petit coin de la cour. Des exemples sont le bi-tawiri (Cestrum latifolium), l agumawiwiri (Solanum americanum), le watra da-gublat (Ipomoea aquatica) et le klarun (Amaranthusspp.).

    De nombreux lgumes cultivs et connus ont des utilisations suppl-mentaires souvent ignores. Les jeunes pousses et feuilles de dyari pesi (Vigna sinensis), de witi patata (Ipomoea batatas) et de pampun (Cucurbita pepo) fournissent galement des plats daccompagnement nutritifs.Les sessions de formation ont continu avec un cours de cuisine, organisdans la classe avec laide des instituteurs et des parents. Les enfants ont ap-

    port les lgumes base de fruits et de feuilles quils avaient cueillis dans les jardins ou dans la nature, et un certain nombre de plats a t prpar etconsomm. Une comptition de dessin et dcriture a complt la formation.Les dessins, pomes et nouvelles, accompagns de plus de 500 photogra-phies de couleur qui illustraient les activits dployes par les enfants aucours des sessions de formation, ont t exposs dans un thtre Parama-ribo. Des plantes sauvages cultives dans des seaux ont t exposes pourmontrer aux visiteurs des exemples vivants de lgumes sylvestres que lonpeut utiliser au foyer.

    Les changes dinformations entre les enfants, les instituteurs et les membresde lquipe de projet taient anims. Occasionnellement, les enfants ont four-ni des informations nouvelles sur lutilisation des plantes, tel que lutilisationdes jeunes feuilles des arbres olive (Zizyphus jujuba) en tant que lgume etlutilisation de certaines parties de plantes des fins mdicinales. Les rsul-tats de ce projet ont t bien accueillis au niveau national, comme le montrelattention porte par les journaux locaux, ainsi que les programmes radio- ettldiffuss.

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    5.3 La transformation des produits doriginevgtale pour augmenter leur valeur

    Pour augmenter la valeur des produits, il est conseiller de les trans-

    former plutt que de vendre la matire premire. Ceci est ralisablepar le biais de petites industries communautaires de transformationdes PFAB proximit des lieux dexploitation. Les ONG devraientaider les communauts locales mettre en place ce type dindustriesde petite chelle. Au Gabon, par exemple, le programme de rechercheECOFAC financ par lUE a mis sur pied un atelier artisanal MontAln, o lon produit des meubles de haute qualit avec des tiges derotin et de bambou non traits. Ces meubles sont vendus principale-

    ment des clients expatris bass Bata. Cet atelier a eu normmentde succs et les produits qui y sont manufacturs ont certainement unpotentiel pour lexportation. Malheureusement, ECO-FAC na pas en-trepris dtude au niveau de la fort environnante pour dterminer si lerotin a t exploit de manire durable.

    Afin dviter la surexploitation des ressources, les organisations quistimulent lexploitation commerciale des PFAB devraient faire paral-

    llement des tudes de durabilit. Ltude de cas suivant, concernantun programme de recherche international ax sur lexploitation du ro-tin en Afrique de lOuest et en Afrique centrale, montre lexemple suivre.

    Le Programme africain de recherche sur le rotinETUDE DE CAS issu de Sunderland, T.C.H. 1998. The rattans of Rio Muni,Equatorial Guinea; utilisation, biology and distribution (les rotins de Rio Muni,

    Guine Equatoriale; utilisation, biologie et distribution)

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    Les rotangs sont des palmiers grimpants avec des tiges trs pineuses quipoussent dans les forts tropicales et qui colonisent rapidement les trouesdans la fort. Leurs longues tiges flexibles sont idales pour la vannerie. Lerotin brut est rcolt de la fort pour tre utilis soit au village dans les envi-rons soit dans les centres urbains o lon sen sert pour la production de pa-

    niers ou de meubles plus grande chelle. Il existe plus de 600 espces derotang en Asie du Sud Est, dont de nombreuses que lon exploite pour la pro-duction commerciale de meubles. Le rotin est le PFAB principal pour lAsie duSud-Est, la valeur de cette branche dactivits tant estime US$ 6,5 mil-liards par an.

    En Afrique il ny a que 17 espces de rotang, mais lutilisation de certainesdentre elles pour la vannerie et la construction de meubles est trs rpandue.Il y a longtemps que les agences de coopration internationale et les admini-strations nationales ont ralis que les rotins africains jouent un rle important

    sur les marchs rgionaux et quils ont un grand potentiel pour le marchmondial. Nanmoins, le dveloppement de lindustrie du rotin est frein par unmanque dinformations fondamentales concernant les espces spcifiques derotang utilisables et leurs besoins respectifs par rapport aux conditions envi-ronnementales . Le programme de recherche African Rattan Research Pro-gramme (programme africain de recherche sur le rotin), bas dans le jardinbotanique de Limbe au Cameroun, se penche sur la recherche botanique etcologique concernant les rotangs africains. Il comporte un observatoire pourles utilisations commerciales et des tudes sur les mthodes de culture du ro-tin au Nigeria, au Cameroun, en Guine quatoriale et dans la Rpublique

    centrafricaine. Les recherches menes au Cameroun se concentrent sur lafilire de production et de transformation en produits valeur ajoute, tels queles meubles, ainsi que sur la commercialisation. Dautres tudes concernentla croissance du rotang dans les forts naturelles et la rgnration sous diff-rents rgimes de rcolte. Ceci a pour objectif didentifier le rgime de rcoltele plus appropri pour chaque espce, partir d'une comprhension appro-fondie de son cologie.

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    De nos jours, la quantit de rotin transform en Afrique est bien suprieure celle dil y a cinq ou dix ans. Ceci a conduit un dclin significatif des popula-tions sylvestres, particulirement proximit des centres urbains. Chaque jour, de grandes quantits de rotin brut sont achemines vers les villes delAfrique de lOuest et du Centre. Le dveloppement dun grand rseau de

    routes dexploitation forestire dans les forts africaines a permis un accsaccru aux zones isoles et a eu pour rsultat le dveloppement delexploitation du rotin. Au lieu de vendre du rotin brut aux commerants ur-bains, les artisans locaux feraient de meilleurs bnfices sils taient en me-sure de fabriquer eux-mmes des meubles de bonne qualit. Des mthodesamliores de production et de transformation, qui produisent moins de res-tes, permettrait de rcolter moins de rotin sylvestre en contribuant ainsi saconservation. Le programme de recherche African Rattan Research Pro-gramme a introduit des technologies appropries de traitement et de trans-formation provenant de lAsie qui sont adquats pour lenvironnement africain.

    Une unit de transformation modle a rcemment t construite Limbe(Cameroun) pour servir dunit de formation et de dmonstration. On organisedes formations pour les agriculteurs qui ont exprim leur intrt pour planter lerotang. Plusieurs essais ont t mis sur pied afin dtudier la domesticationdes espces commerciales de rotang. Du matriel de plantation a t mis ladisposition des communauts locales pour leur permettre de cultiver le rotangdans des systmes dagroforesterie, sur des terres arables abandonnes,dans des forts secondaires et dans des plantations dhva abandonnes.

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    Figure 8 : Le Karit

    Etude de cas : produits base de karit, lor vert desfemmes du sahel (un adage commun au Burkina Faso)Bas sur un article de J-M. Tendon, M.M. Diarra, F. Picard, C.D. Sow, F. Kou-duahou et A. Ouatarra, 2005. Issu de Intercooperation, groupe de travail :Trees and forests in development cooperation (Les arbres et les forts dansla coopration internationale).

    Larbre de Karit (Vitellaria paradoxa) est un arbre solitaire qui pousse dans lasavane de la zone sahlo soudanaise dAfrique. Il produit des fruits verts co-

    mestibles dont les amandes ont une teneur en matires grasses de 40 55%.On extrait le beurre de karit de ces amandes qui constitue la matire pre-mire pour diffrents produits importants. 80% de la population du sahel uti-lise le beurre de karit dans la cuisine, et lon utilise le karit galement pourproduire des bougies et du savon, alors que les rsidus sont donns man-ger aux animaux. Le beurre de karit est une matire premire pour la fabri-cation industrielle du chocolat et de nombreux produits cosmtiques. Il est ex-port notemment vers lUnion Europenne, vers les USA et vers plusieurspays asiatiques, o il est employ aussi bien dans les industries pharmaceuti-que et cosmtique que dans lindustrie alimentaire.

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    Le beurre de karit est un PFAB important au Sahel. Traditionnellement, lebeurre de karit a toujours t un produit qui permettait aux femmes de fairedes pargnes, car ce sont elles qui rcoltent et entreposent les fruits, quitransforment les noix en beurre de karit et qui vendent le beurre ou les noix.Etant donn le pouvoir dachat limit de la population locale, le dveloppe-

    ment de lindustrie du karit dpend principalement de lexportation. Cepen-dant, la qualit du beurre de karit produit au niveau local est trs variable. Enoutre, le taux dextraction pourrait tre deux fois plus important si lon utilisaitdes technologies modernes. Ainsi, les socits multinationales prfrent im-porter les noix brutes de Karit et effectuer elles-mmes les activitsdextraction et de purification, laissant le march local la population rurale.

    Le Centre Ecologique Albert Schweizer (CEAS) et Intercooperation (CI) ontmen un projet conjoint au Burkina Faso et au Mali avec pour objectif le ren-forcement de la comptitivit des acteurs locaux en mettant sur pied des fili-

    res de beurre de karit autonomes. Dans le cadre de ce projet, on renforceles organisations locales tout en amliorant leurs capacits financires. Lesarbres sont protgs du feu et des animaux en divagation; les techniques dergnration sont amliores. Un contrle de qualit est effectu au cours dela collecte et de lentreposage des noix. La technique traditionnelle laborieusede transformation est optimise afin que les femmes disposent de plus detemps pour effectuer leurs autres tches.Un autre objectif du projet est dobtenir un label de qualit pour le beurre dekarit transform au niveau local, qui constituera une garantie pour la qualitdu produit, les bonnes conditions de travail et le respect de lenvironnement.

    De cette manire le produit aura une valeur ajoute. Il sera alors possibledaccder une meilleure position sur le march de lexportation et les chan-ges commerciaux pourront contribuer rduire la pauvret.

    5.4 Suivi des filires

    Comme les filires de nombreux PFAB font rarement lobjet de suivi-

    valuation, limportance sociale et conomique de ces produits estsouvent sous-estime.

    Afin de dterminer quels sont les paramtres de lexploitation durable,il est crucial davoir sa disposition des informations de base concer-nant : qui assure la rcolte, quelles sont les quantits extraites de lafort, comment le produit est-il transform, comment est-il commer-cialis et qui profite des changes commerciaux. Les personnes loca-

    les qui assurent la rcolte sont-elles en mesure de ngocier un meilleur

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    prix pour leur produit et serait-il possible de rendre plus efficaces letransport ou la transformation ? Etant donn le manque dinformationsconcernant de nombreux produits issus de plantes sauvages, il est n-cessaire de faire un suivi des changes concernant ces produits, de

    lexploitant forestier jusquau consommateur des marchs urbains.Lanalyse effectue par Mander (1998) au sujet des changes lis unproduit forestier commercial spcifique sert dexemple suivre ; ilsagit de lindustrie commerciale du marula en Afrique du Sud.

    Etude de cas : La filire de production des fruits de marula,Afrique du SudIssu de Mander, M. 1998. Marketing of Indigenous Medicinal Plants in Afrique

    du Sud - A Case Study in Kwazulu-Natal, FAO, Rome (commercialisation desplantes mdicinales en Afrique du Sud- une tude de cas Kwazulu-Natal).

    Le fruit du marula (Sclerocarya birrea) est rcolt ltat sauvage en Afriquedu Sud. On le mange cru, mais on en fait galement de la confiture, du jus etde la bire. Les graines, qui sont des petites amandes savoureuses riches enprotines, sont transformes lchelle industrielle pour en faire de lhuile decuisine et des crmes cosmtiques. La crme, le jus et lhuile de marula sontproduits par des entreprises qui achtent les fruits auprs dexploitants lo-caux. La bire de marula est brasse, commercialise et consomme enti-

    rement par des communauts traditionnelles, et tous les revenus qui en d-coulent reviennent directement aux mnages impliqus. La confiture de maru-la nest pas un article trs important pour le march, puisquon ne le consom-me quau niveau domestique. Les principales contraintes de lindustrie dumarula sont les suivantes :1 Loffre des fruits de marula excde la demande en produits de marula issus

    de la production industrielle. Par consquent, les exploitants locaux obtien-nent des prix assez bas auprs des entreprises qui achtent les fruits.

    2 Bien que les commerants arrivent bien coordonner la rcolte des fruitset rduire les pertes, la coordination insuffisante du transport provoque

    des pertes importantes.3 La plupart des consommateurs connaissent le fruit du marula, mais actuel-lement la demande en produits commerciaux nest pas trs importante. Lesproduits base de marula devraient faire lobjet dun meilleur marketingpour accrotre leur popularit.

    Les revenus issus des changes de produits base de marula ne reprsen-tent que 10% des revenus annuels totaux dun mnage, ce qui limite le poten-tiel dinvestissement des mnages individuels.

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    La valeur totale des changes de marula par les communauts locales est es-tim US$ 110.000 par anne en Afrique du Sud, un montant relativementfaible par rapport dautres produits dorigine vgtale commercialiss dansla rgion, comme par exemple les plantes mdicinales (dont la valeur est es-time US$ 6 millions par anne). Il est conseiller de donner aux exploi-

    tants locaux (il sagit principalement de femmes qui nont pas frquentlcole) la possibilit dtablir des entreprises qui gnrent des revenus addi-tionnels, par exemple par le biais de formations en gestion financire. Ce typede renforcement des capacits permettrait aux populations locales de bnfi-cier davantage de cette ressource naturelle libre de frais.

    Cette tude labore fournit de nombreuses autres recommandationsconcernant la faon dont les instituts de recherche et les ONG pourraient ap-puyer les communauts actives dans lindustrie du marula. Ce travail sertdexemple suivre en ce qui concerne le suivi-valuation des changes en

    PFAB dintrt commercial dans les pays en dveloppement.

    Figure 9 : Femmes qui transforment les fruits du marula, Afriquedu Sud

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    tion courront le risque dtre abattus pour bois doeuvre ou liminspour faire place lagriculture.

    Un exemple darbre forestier que lon plante de plus en plus souvent

    autour des villages est leDacryodes edulis, connu localement sous lenom de safou , ou prunier dAfrique . En Afrique de lOuest etdu Centre, les fruits mauves sont souvent vendus sur les marchs r-gionaux et locaux. On mange la chair des fruits avec du sel en tant quelgume, et lon pense que le produit a galement des potentiels desuccs pour le march international. Outre sa valeur commerciale, laforte teneur en hydrates de carbone, en acides amins essentiels, enhuiles et en sels minraux en font une espce intressante pour la do-

    mestication. On peut donner les graines manger aux animaux deferme. Les utilisateurs finals des fruits provenant des arbres dagrofo-resterie sont les consommateurs urbains. Ils apprcient les caractris-tiques suivantes : gros fruits avec beaucoup de chair, petites graines,couleurs de peau reconnaissables, longue dure de conservation et bongot. Ces aspects, accompagns de caractristiques permettant despriodes plus longues et mieux prvisibles de fructification influence-ront la slection des arbres Dacryodes edulis pour domestication. lavenir, la recherche devra galement focaliser sur de meilleurestechniques de conservation et de transformation.

    En Asie du Sud-Est, les personnes ont t incites cultiver des pal-miers rotin prcieux dans des jardins forestiers, tant donn qultat sylvestre ils taient de plus en plus rares. Il savre que le rotangest une culture idale pour les systmes dagroforesterie : il a besoin

    darbres dappui, pousse assez rapidement et a une valeur conomiqueimportante. Nous en savons peu sur le potentiel de domestication desespces de rotang africaines : pour donner quelques exemples, nousnavons pas de connaissances sur les conditions idales pour faire ger-mer les graines, sur les changements dapparence du rotang au coursde son dveloppement de semis plante adulte, sur les meilleures pra-tiques culturales pour le rotin. Pour trouver les rponses ces ques-tions, le programme African Rattan Research Programme a r-

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    cemment ralis un jardin rotin dans le jardin botanique Limbeau Cameroun, o 12 des 17 espces de rotang africain sont tudies.

    Le jardin botanique de Limbe produit galement des semis de Prunus

    africana (prunier africain), trs apprci pour son corce mdicinale.Une plantation de cette essence a t ralise sur huit hectares en utili-sant des semis afin de dterminer sil est possible de la cultiver en tantque culture de plantation. Parmi les autres PFAB qui ont t plants Limbe figurent le lgume feuilles eru (Gnetum africanum) et laplante mdicinale yohimbe (Pausinstalya yohimbe). La surexploi-tation du Gnetum a fait disparatre localement les populations sauva-ges de cette plante grimpante au Nigeria et dans une grande partie du

    Cameroun. Ce qui est encore pire est la pratique courante qui consiste enlever lcorce du yohimbe. Bien quon la qualifie de durable, cettepratique expose les arbres aux insectes foreurs. Il en rsulte quentre50 et 90% des arbres meurent aprs la rcolte. Le jardin botanique deLimbe distribue des semis aux producteurs agricoles locaux pour vi-ter la surexploitation des populations sauvages de ces espces vuln-rables.

    Ces exemples illustrent que les jardins botaniques peuvent jouer unrle important dans lappui offrir aux communauts qui cherchent domestiquer des plantes et des arbres sylvestres, contribuant ainsi auxefforts de conservation de la fort. Lon trouvera davantage de strat-gies et techniques pour domestiquer les PFAB dans les principes di-recteurs dcrits par Leakey et Newton (1994) (voir rfrences).

    5.6 Transport et commercialisationPour amliorer la commercialisation des PFAB et pour accrotre lesbnfices des communauts locales, on propose les actionssuivantes :1 Etude de march pour comprendre les crneaux de commercialisa-

    tion et pour stimuler des crneaux alternatifs si besoin est.2 Dissmination des informations de march aux communauts loca-

    les pour assurer que les exploitants locaux reoivent des prix qui-

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    Afin de pouvoir rcolter les racines ariennes pendant plusieurs annes, onprotge souvent de labattage les arbres qui sont fortement coloniss par leshmi-piphytes. Il y a de bons dbouchs pour ces racines en tant que ma-tire premire pour la fabrication de meubles similaires au rotin et pourlartisanat. Lutilisation des hmi-piphytes cre des emplois parce que cela

    requiert beaucoup de main duvre chaque tape du processus de conver-sion en produit fini. En mme temps, la demande internationale pour les pro-duits fabriqus avec des fibres naturelles est en augmentation.

    Les indiens Piaroa et Piapoco vivent Vichada, la source boise du fleuveOrinoco l'Est de la Colombie. Pour la production de leurs objets artisanaux,ils choisissent avec attention les racines qui possdent les caractristiquesrequises de qualit, flexibilit, paisseur et longueur. Ils nutilisent quune seu-le espce de Cyclanthaceaeet cinq espces dAraceae, appartenant pour laplupart au genre Heteropsis, qui connat quatre espces appropries.

    Diffrents facteurs ont profondment affect le style de vie traditionnel des in-diens Piaroa et Piapoco. Les producteurs agricoles provenant dautres r-gions de la Colombie sont venus coloniser leurs terres traditionnelles.Lvanglisation par des groupes protestants, limposition dun style de viesdentaire, lapoge et le dclin de lindustrie du caoutchouc et lintgration lconomie de march ont srieusement affect leur culture. Rcemment, desgroupes de gurillros et des cultivateurs commerciaux de coca ont offert desemplois aux jeunes hommes autochtones. Des btiments en bois avec destoits en zinc viennent remplacer les maisons traditionnelles bties avec des

    feuilles de palmier maintenues en place avec des hmi-piphytes. Des filetsde pche en nylon sont utiliss au lieu des piges poissons fabriqus avecdes racines ariennes et des fusils remplacent les piges animaux tradition-nels. De nos jours, seules les personnes ges vaquent encore la vanneriecomplexe.

    Depuis 1995, lONG Colombienne appele Fundacin Etnollano effectue dessondages portant sur le bien-tre, la nutrition et la sant de la communaut.Elle a constat que les enfants appartenant des mnages o les pres sesont loigns de la communaut pour aller travailler en tant que main duvre

    dans des plantations de coca souffraient davantage de la malnutrition et demaladies que ceux dont les pres restent au sein de la communaut et sechargent daller la chasse, daller la pche et daider la mre cultiver lelopin de terre de la famille. Il sest avr que largent gagn par la maindoeuvre est souvent dpens loin de la communaut, les enfants ont alors unrgime alimentaire pauvre en protines, la mre a alors la lourde tche de soi-gner son jardin toute seule.

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    La Colombie est rpute pour son artisanat, et les objets artisanaux indignessont rputs pour leur design unique et leur haute qualit. A Bogota la de-mande de produits artisanaux indignes est forte, et les produits sont mmevendus en ligne. Comme Etnollano est une organisation but non lucratif,une grande partie des recettes revient aux communauts Piaroa et Piapoco.

    Les paniers tant vendus pour US$ 25 ou plus, les projets qui se consacrent lartisanat offrent une alternative attrayante la culture de la coca. Par ail-leurs, lexploitation des racines ariennes et les activits dartisanat ont lieudans et autour des villages. Les hommes autochtones peuvent passer consi-drablement plus de temps avec leur famille et combiner les activits de r-colte des PFAB avec les activits de chasse, de pche, et dagriculture desubsistance. Ce style de vie sest traduit en un meilleur tat de sant et de nu-trition de leurs enfants.

    Ce projet montre que lexploitation commerciale des PFAB peut amliorer les

    gagne-pain des populations locales tout en contribuant la conservation descultures traditionnelles. Nanmoins, il est primordial que les racines en ques-tion soient exploites de manire ne pas nuire la population naturelle. Silon ne conoit pas un systme de gestion durable et que les racines dispa-raissent, leur rcolte prendra tellement de temps que les exploitants locauxrisquent de passer dautres occupations plus lucratives, comme par exem-ple aller travailler dans les champs de coca.

    5.7 Organiser les exploitants locaux de PFABet les autres parties prenantes

    La gestion durable des forts communautaires commence parllaboration de plans de gestion simples, qui sont bass sur une dli-mitation de la zone pertinente e