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JULIE NADEAU LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE COMPAGNIE, LE BIEN-ÊTRE SUBJECTIF ET LE SOUTIEN SOCIAL DES PERSONNES PRÉSENTANT UN PROBLÈME DE SANTÉ MENTALE Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en service social pour l’obtention du grade de maître en service social (M. Serv. Soc.) ÉCOLE DE SERVICE SOCIAL FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2008 © Julie Nadeau, 2008

LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

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JULIE NADEAU LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN

ANIMAL DE COMPAGNIE, LE BIEN-ÊTRE SUBJECTIF ET LE SOUTIEN SOCIAL DES

PERSONNES PRÉSENTANT UN PROBLÈME DE SANTÉ MENTALE

Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en service social

pour l’obtention du grade de maître en service social (M. Serv. Soc.)

ÉCOLE DE SERVICE SOCIAL FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES

UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC

2008 © Julie Nadeau, 2008

Page 2: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

Résumé

Le présent mémoire a pour objectif de démystifier le rôle joué par l’animal de compagnie

quant aux dimensions du bien-être et du soutien social chez les personnes d’âge adulte

présentant un problème de santé mentale. Pour ce faire, les résultats issus des données

qualitatives (n=7) et quantitatives (n=20) ont été regroupés de façon à les confronter à la

théorie des provisions sociales de Weiss (1974). Il en ressort que l’animal de compagnie

joue un rôle de substitut relationnel dont l’importance fluctue selon les besoins sociaux de

la personne, tel un continuum. Ainsi, chez les personnes bénéficiant de peu de soutien

social, on rapporte un degré d’attachement plus élevé à l’animal, ce dernier apportant

notamment à son propriétaire du soutien émotionnel et une occasion de se sentir utile. Ce

rôle est considérablement moindre auprès des individus bénéficiant d’un soutien social

adéquat, l’animal étant restreint à des fonctions plus utilitaires.

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ii

Abstract

The purpose of this dissertation is to demystify the role played by pets in individual well-

being and social support to adults with mental illness. To this end, results from qualitative

(n=7) and quantitative (n=20) data were collated for comparison with Weiss’ social

provision theory (1974). This study highlights the fact that much like a continuum, pets are

relationship surrogates whose importance fluctuates according to a person’s social needs.

Thus, persons benefiting from less social support show a greater degree of attachment to

their pets, since the animals give them emotional support and an opportunity to feel useful.

This role is considerably less significant among persons benefiting from adequate social

support, in such cases the pet’s role is restricted to more utilitarian functions.

Page 4: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

Avant-propos

Plus de trois années se sont écoulées depuis le début de mes études de maîtrise et, si elles se

terminent de si belle façon, c’est sans aucun doute grâce à la participation de certaines

personnes bien spéciales.

Je désire tout d’abord adresser des remerciements sincères à madame Myreille St-Onge, qui

fut ma directrice de recherche. Grâce à elle, j’ai été en mesure d’adopter une vision plus

objective quant à mon sujet de recherche, ce qui a incontestablement augmenté la qualité du

présent mémoire et m’a permis d’aiguiser mon jugement en tant que future chercheure. Ses

connaissances sur une foule de sujets ainsi que son incroyable esprit d’analyse ont

également été mis à profit à chacune des étapes de ce mémoire, sans parler de sa

compréhension, sa fiabilité et sa générosité. En somme, pour toutes ses qualités

professionnelles et humaines, madame St-Onge demeurera à jamais un modèle pour moi.

Pour ce qui est de la collecte des données, je tiens à souligner les efforts du personnel du

département de psychiatrie du CHUL et, tout particulièrement, de mes précieuses

collaboratrices, mesdames Suzanne Rondeau et Diane Rouleau. Je les remercie d’avoir cru

en moi et en mon projet. De même, je serai éternellement reconnaissante aux personnes

ayant bien voulu participer à cette recherche. Elles ont su donner un sens à mon projet de

recherche et m’ont insufflé l’énergie nécessaire à la poursuite du projet.

Finalement, je ne saurais passer sous le silence l’importante contribution de mes proches à

l’aboutissement de ce mémoire. D’abord, je tiens à saluer les efforts de mes parents qui ont

su me transmettre leur détermination et qui m’ont toujours encouragé à poursuivre des

études supérieures. Ensuite, ce mémoire n’aurait assurément jamais vu le jour si je n’avais

profité de la bonne oreille et des nombreux encouragements de mon conjoint, Patrick. Je le

remercie de croire en moi plus que moi-même. Finalement, ces trois années m’ont

également permis de donner naissance à deux petits trésors, Sara-Maude et Édouard. Grâce

à leur énergie et leur joie de vivre, j’ai été amené à me dépasser et à donner le meilleur de

moi-même. À toutes ces personnes, j’espère vous apporter autant que vous le faites…

Page 5: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

À la mémoire de mon père

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Table des matières Résumé.....................................................................................................................................i Abstract.................................................................................................................................. ii Avant-propos ........................................................................................................................ iii Table des matières ................................................................................................................ iii Liste des tableaux.................................................................................................................. iii Introduction.............................................................................................................................1 Chapitre I : La problématique, le cadre théorique et les principaux concepts à l’étude.........4

1.1. La problématique ....................................................................................................4 1.1.1. L’objet d’étude......................................................................................................4 1.1.2. Les statistiques......................................................................................................5 1.1.3. Les limites des études actuelles ............................................................................6 1.1.4. La pertinence scientifique de ce mémoire ............................................................7 1.1.5. La pertinence sociale de ce mémoire....................................................................9

1.2. Le cadre théorique .......................................................................................................9 1.3. Les principaux concepts à l’étude..............................................................................12

1.3.1. Les animaux de compagnie.................................................................................12 1.3.2. L’attachement à un animal de compagnie ..........................................................13 1.3.3. Les problèmes de santé mentale .........................................................................14 1.3.4. Le bien-être subjectif ..........................................................................................15 1.3.5. Le soutien social .................................................................................................16

Chapitre II : La recension des écrits .....................................................................................17 2.1. L’impact des animaux de compagnie sur le bien-être subjectif.................................17 2.2. L’impact des animaux de compagnie sur le soutien social........................................19 2.3. L’évaluation des interventions assistées par l’animal auprès des personnes présentant des problèmes de santé mentale........................................................................................23 2.4. Conclusion .................................................................................................................24

Chapitre III : La méthodologie de la recherche ....................................................................26 3.1. Les questions de recherche et les hypothèses ............................................................26 3.2. Le type de recherche ..................................................................................................27 3.3. La population et l’échantillon ....................................................................................28

3.3.1. La population à l’étude .......................................................................................29 3.3.2. Le recrutement et l’échantillon ...........................................................................29

3.4. La collecte des données .............................................................................................36 3.4.1. Le déroulement de la collecte des données.........................................................38 3.4.2. Les instruments de mesure utilisés .....................................................................39

3.4.2.1. Le volet quantitatif.......................................................................................39 3.4.2.2. Le volet qualitatif.........................................................................................45

3.5. L’analyse des données ...............................................................................................46 3.5.1. Les données quantitatives ...................................................................................47 3.5.2. Les données qualitatives .....................................................................................47

3.6. Les limites de l’étude.................................................................................................52 3.7. Les considérations éthiques .......................................................................................54

Chapitre IV : L’analyse et l’interprétation des résultats .......................................................57 4.1. Les résultats qualitatifs ..............................................................................................57

4.1.1. Les motivations d’acquérir un animal de compagnie .........................................58

Page 7: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

iv

4.1.1.1. La solitude....................................................................................................58 4.1.1.2. Les enfants ...................................................................................................59 4.1.1.3. La tradition familiale ou personnelle ...........................................................62

4.1.2. La représentation de l’animal de compagnie pour la personne ..........................63 4.1.2.1. Un être avec qui on entretient une relation importante................................64 4.1.2.2. Un être doté de qualités impressionnantes...................................................68

4.1.3. Ce que l’animal de compagnie apporte à la personne ........................................71 4.1.3.1. La sécurité physique ....................................................................................71 4.1.3.2. Le bien-être ..................................................................................................72 4.1.3.3. Une diminution du sentiment de solitude ....................................................74 4.1.3.4. L’affection inconditionnelle ........................................................................77 4.1.3.5. Une occasion de se sentir utile et nécessaire ...............................................78

4.1.4. Les inconvénients d’avoir un animal de compagnie...........................................81 4.1.4.1. L’entretien et les coûts qui y sont associés ..................................................83 4.1.4.2. Le stress lors de l’hospitalisation ou d’un départ prolongé .........................85 4.1.4.3. L’isolement indirect que la présence de l’animal entraîne ..........................86 4.1.4.4. La souffrance associée au décès de l’animal ...............................................87

4.2. Les résultats quantitatifs ............................................................................................88 4.2.1. Le degré d’attachement à l’animal de compagnie en lien avec les données sociodémographiques....................................................................................................90

4.2.1.1. L’âge ............................................................................................................90 4.2.1.2. Le nombre de personnes dans le ménage.....................................................92 4.2.1.3. Le nombre d’enfants ....................................................................................93 4.2.1.4. Le type et le nombre d’animaux de compagnie ...........................................94 4.2.1.5. Le niveau de scolarité ..................................................................................96 4.2.1.6. Le type d’activité .........................................................................................96 4.2.1.7. Les revenus ..................................................................................................98 4.2.1.8. Le statut civil ...............................................................................................98

4.2.2. Le soutien social et le bien-être subjectif en lien avec le degré d’attachement à l’animal de compagnie..................................................................................................99

4.3. L’interprétation des résultats à la lumière de la théorie des provisions sociales .....109 4.4. Les implications pour l’intervention........................................................................112 4.5. Les avenues de recherches futures...........................................................................113

Conclusion ..........................................................................................................................116 Références bibliographiques...............................................................................................121 Annexe A : Dépliant informatif de l’étude .........................................................................138 Annexe B : Correspondance concernant l’utilisation des questionnaires...........................140 Annexe C : Formulaire de consentement............................................................................147 Annexe D : Questionnaire quantitatif .................................................................................151 Annexe E : Questionnaire qualitatif....................................................................................159 Annexe F : Grille d’analyse qualitative ..............................................................................161

Page 8: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

Liste des tableaux Tableau 1: Caractéristiques des participants à l’étude (n = 20).....................................34 Tableau 2: Caractéristiques de l’échantillon qualitatif...................................................58 Tableau 3 : Matrice corrélationnelle bivariée et statistiques descriptives des variables

à l’étude (n = 20) .........................................................................................................89 Tableau 4: Analyse de variance unifactorielle comparant les moyennes du degré

d’attachement à l’animal de compagnie selon le type d’animal .............................95 Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du

degré d’attachement à l’animal de compagnie selon le type d’animal ..................95 Tableau 6 : Comparaison des résultats à l’EPS des participants à l’étude avec ceux

rapportés par son auteur (Caron, 1996a) ...............................................................101

Page 9: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

Introduction Les relations entre les humains et les animaux, bien qu’elles aient évolué à travers le temps,

demeurent importantes pour l’humain. Au fil de cette évolution, nous avons assisté à la

domestication de certains animaux pour leur qualité intrinsèque sans qu’ils n’occupent de

fonction particulière, ce que nous désignons communément comme étant des animaux de

compagnie. Bien qu’ils ne présentent aucune fonction utilitaire, il y a lieu de croire que ces

derniers apportent quelque chose à leur propriétaire pour qu’autant de gens acceptent de les

héberger, de les nourrir et d’investir du temps et de l’argent dans les soins qui leur sont

nécessaires. Considérant cela, il est étonnant qu’il ait fallu attendre au début des années

1980 avant que ne paraissent les premières études scientifiques s’intéressant aux effets des

animaux de compagnie sur leur propriétaire. En 1986, dans la première édition de son

populaire ouvrage intitulé In the Company of Animals, James Serpell dénonçait d’ailleurs le

fait que, malgré le nombre impressionnant de ménages possédant un animal de compagnie

dans nos sociétés occidentales, la communauté scientifique ait tendance à dénigrer les

études s’intéressant aux animaux de compagnie, considérant ce sujet comme étant d’une

importance et d’une respectabilité douteuses.

Aujourd’hui, une grande quantité d’écrits relatent l’expérience de cliniciens et de

chercheurs ayant expérimenté la thérapie assistée par l’animal avec succès. Il est d’ailleurs

étonnant de constater que cette forme de thérapie alternative, qui implique la présence d’un

animal étranger à la personne, présente des résultats concluants autant auprès des enfants

(Nathanson, 1998; Sams, Fortney et Willenbring, 2006) que chez les adultes (Beck,

Seraydaran et Hunter, 1986; Brickel, 1984; Marr, French, Thompson, Drum, Greening,

Mormon, Henderson et Hughes, 2000; Nathan-Barel, Feldman, Berger, Modai et Silver,

2005) et les personnes âgées (Barak, Savorai, Mavashev et Beni, 2001; Haughie, Milne et

Elliot, 1992; Jessen, Cardiello et Baun, 1996). De plus, autant la population générale

(Odendaal, 2000) que les personnes présentant des problèmes de santé mentale (Barak et

al., 2001; Barker et Dawson, 1998; Brickel, 1984; Beck et al., 1986; Haughie et al., 1992;

Marr et al., 2000; Nathans- Barel et al., 2005), d’autisme (Sams et al., 2006) ou la maladie

d’Alzheimer (Batson, McCabe, Baun et Wilson, 1998) bénéficient d’une quelconque façon

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de la simple présence d’un animal. Il est d’ailleurs généralement admis que cette forme de

thérapie est efficace pour un large éventail de populations.

Aux États-Unis, en Australie et en Angleterre, contrairement au Canada, plusieurs études

ont été effectuées concernant les animaux de compagnie et leur influence sur la vie de leur

propriétaire. Cependant, à notre connaissance, aucun chercheur ne s’est intéressé aux

relations pouvant exister entre le degré d’attachement à un animal de compagnie, le bien-

être subjectif et le soutien social des personnes, et encore moins chez celles présentant des

problèmes de santé mentale.

Puisque les animaux de compagnie occupent une place importante dans la vie de bon

nombre de Québécois et que les personnes présentant des problèmes de santé mentale

rapportent habituellement un isolement social plus important que la population générale

(Caron, Tempier, Mercier et Leouffre, 1998; Pigeon et Fortin, 2005; Poulin et Massé, 1994;

Tessier et Clément, 1992), il est pertinent d’examiner le point de vue de ces personnes

quant à la place qu’occupe l’animal dans leur existence. En effet, dans quelle mesure

l’animal de compagnie vient-il combler un vide ou un besoin chez elles? De même, existe-

t-il une corrélation entre l’attachement à l’animal, le bien-être subjectif et le soutien social

dont les personnes présentant un problème de santé mentale bénéficient?

Le premier objectif du présent mémoire est donc d’examiner cette dernière question, à

savoir si l’on observe des relations entre ces trois variables ainsi qu’à déterminer si le degré

d’attachement à l’animal diffère selon certaines caractéristiques sociodémographiques telles

que l’âge, le sexe, le degré de scolarité, le statut socioéconomique ou le type d’animal de

compagnie. Le deuxième objectif vise, quant à lui, à nous apporter un éclairage quant au

rôle de l’animal de compagnie dans la vie quotidienne de ces personnes : ce qu’ils

représentent pour elles, ce qui a motivé leur acquisition, ce qu’ils leur apportent et les

inconvénients qui y sont rattachés. Pour répondre à ces objectifs, j’ai eu recours à un devis

de recherche mixte, c’est-à-dire combinant des données qualitatives et quantitatives, pour

que s’articulent autour d’un discours cohérent les résultats issus des deux approches et

qu’ils puissent par la suite être confrontés à la théorie des provisions sociales de Weiss

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(1974), notre cadre théorique. Tout cela, dans le but d’en connaître davantage sur le rôle

joué par l’animal de compagnie dans les dimensions du bien-être et du soutien social

d’adultes ayant déjà connu des perturbations sur le plan de leur santé mentale suffisamment

importantes pour nécessiter une hospitalisation et ce, peu importe le diagnostic

psychiatrique.

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Chapitre I : La problématique, le cadre théorique et les principaux concepts à l’étude

1.1. La problématique

1.1.1. L’objet d’étude

C’est un fait, l’animal de compagnie occupe une place importante dans la vie de beaucoup

de gens. L’attachement à un animal présente certainement des effets bénéfiques pour son

propriétaire mais également des effets négatifs, notamment lorsque la personne évite les

relations sociales en raison d’un attachement pathologique à celui-ci (Archer, 1997;

Rynearson, 1978; Serpell, 1986; Simon, 1984). En fait, le réel impact de la présence d’un

animal de compagnie demeure méconnu puisque plusieurs variables semblent jouer un rôle

dans ce phénomène et que peu d’éléments font consensus auprès des chercheurs.

Actuellement, les professionnels de la santé tiennent rarement compte du rôle joué par les

animaux de compagnie dans la vie de leurs clients. Pourtant, les animaux de compagnie

font partie intégrante de l’existence de leur propriétaire, étant considérés comme des

membres de la famille et de leur réseau (Netting, Wilson et New, 1987), et qu’ils

constituent des figures d’attachement pour plusieurs (Sable, 1995). Cet élément est d’autant

plus important pour les personnes présentant un problème de santé mentale puisqu’elles ont

tendance à être davantage isolées socialement que la population générale (Tessier et

Clément, 1992). Dans ces conditions, il est nécessaire que les animaux de compagnie soient

impliqués dans l’intervention, la prévention et les politiques sociales (Sable, 1995). Par

exemple, il y aurait lieu d’étudier la pertinence de programmes sociaux facilitant l’adoption

ou permettant la conservation d’un animal de compagnie chez certaines populations

vulnérables qui en retireraient des bénéfices. Le service social, qui s’intéresse justement

aux interactions de la personne avec son environnement, devrait considérer pertinent de se

préoccuper des liens qui unissent la personne à son animal de compagnie, ce qui n’a

pratiquement pas été fait au Québec jusqu’à présent. Une dimension de la vie de la

personne qui se révèle importante demeure donc inconnue des intervenants et des

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chercheurs œuvrant dans le domaine social. Or, on peut présumer que, en en connaissant

davantage sur les dynamiques relationnelles pouvant s’instaurer entre l’humain et son

animal de compagnie et en sachant ce qu’apporte la présence de ce dernier à une personne

présentant un problème de santé mentale, l’évaluation et l’intervention psychosociales s’en

trouveraient nécessairement améliorées. Le but de la présente recherche est donc de vérifier

si, chez les personnes présentant un problème de santé mentale, le degré d’attachement à

l’animal de compagnie est corrélée avec le bien-être subjectif et le soutien social de celle-

ci, et d’en connaître davantage sur les possibles apports et inconvénients de vivre en

compagnie d’un animal afin d’en dégager certains éléments permettant d’enrichir

l’intervention psychosociale auprès de cette population.

1.1.2. Les statistiques

Il est présentement impossible de savoir dans quelle proportion les gens présentant des

problèmes de santé mentale possèdent des animaux de compagnie mais, selon un rapport de

Léger Marketing effectué en 2002, 46% de l’ensemble de la population québécoise

cohabiterait avec au moins un animal de compagnie, ce qui constitue la plus faible

proportion parmi toutes les provinces canadiennes dont la moyenne s’élève à 53%. De ce

nombre, 26% des Québécois possédaient un chat alors que 23% étaient propriétaires d’un

chien. En 2006, cette proportion a atteint 27% pour les propriétaires de chat et a chuté à

21% pour les propriétaires de chien (Léger Marketing). Concernant le nombre de

propriétaires d’animaux de compagnie, tout type d’animaux confondus, le rapport de 2006

n’en fait pas mention. Ainsi, nous ne pouvons savoir s’il s’agit d’un phénomène à tendance

croissante ou décroissante.

La répartition des ménages propriétaires d’un animal de compagnie varie selon certaines

caractéristiques sociodémographiques. L’entretien d’un animal de compagnie entraîne

nécessairement des frais. Dans les faits, les Québécois consacrent de plus en plus d’argent

aux soins de leur animal de compagnie. En 2005, ceux-ci ont dépensé en moyenne 267$ par

année pour leur protégé, ce qui représente une hausse de plus de 30% depuis 2001, alors

que ce montait s’élevait à 204$ (Statistique Canada, 2005). Il s’agit d’une hausse beaucoup

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6

plus importante que celle subie durant la même période par les dépenses totales qui ont

atteint seulement 11,2%. Il n’est donc guère étonnant que la proportion des ménages

possédant un animal de compagnie augmente avec les revenus dont ils disposent (American

Veterinary Medical Association [AVMA], 2002; Crispell, 1991; Poresky et Daniels, 1998).

Toujours en lien avec l’entretien que nécessite un animal de compagnie, l’énergie qui y est

nécessaire explique probablement le fait qu’on compte moins de propriétaires chez les

personnes de 65 ans et plus que chez les individus plus jeunes (AVMA, 2002; Crispell,

1991; Léger Marketing, 2006; Poresky et Daniels, 1998), ainsi que chez les personnes

vivant seules (AVMA, 2002). Il a clairement été démontré que les ménages avec enfant

affichent la plus importante proportion de propriétaires d’animaux de compagnie (Albert et

Bulcroft, 1988; AVMA, 2002; Crispell, 1991; 1994; Léger Marketing, 2006; Poresky et

Daniels, 1998) et ce, tant chez les Étatsuniens que dans la province de Québec, ce qui nous

permet de croire qu’il s’agit d’un phénomène nord-américain. Un fait peut par ailleurs

sembler contradictoire, ce sont les personnes seules (célibataires, divorcées, veuves) et les

ménages qui comptent seulement deux individus (couples sans enfant, nouveaux mariés)

qui affichent un degré d’attachement et d’anthropomorphisme élevés (Albert et Bulcroft,

1988; Kidd et Kidd, 1989; Poresky et Daniels, 1998). Enfin, le degré de scolarité ne semble

pas influencer l’acquisition ou non d’un animal de compagnie (AVMA, 2002).

1.1.3. Les limites des études actuelles

Après avoir consulté plusieurs écrits scientifiques portant sur la relation entre les humains

et les animaux, l’on constate que la majorité des chercheurs ont eu recours à un devis

quantitatif. Le point de vue des participants n’est donc que très rarement sollicité, ce qui

évacue une dimension essentielle du vécu des personnes avec leur animal de compagnie.

De plus, lorsqu’il s’agit de recherches évaluatives, le point de vue des intervenants est

pratiquement évacué de l’analyse, ce qui m’apparaît pourtant extrêmement pertinent. Dans

le cadre de ce mémoire, je n’ai malheureusement pas pu me pencher sur cet aspect, mais il

serait intéressant de s’y attarder dans des études ultérieures.

Page 15: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

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En examinant les recherches effectuées au sujet de l’influence des animaux de compagnie

sur le bien-être subjectif des personnes et celles concernant l’attachement à un animal, on

peut rapidement constater qu’elles ne se sont pratiquement pas intéressées aux populations

présentant des problèmes de santé mentale. En fait, les quelques rares articles concernant la

population adulte n’ont pas abordé les problèmes de santé mentale, mais plutôt l’impact de

l’animal de compagnie sur le bien-être de la population en général (Friedmann, Katcher,

Eaton et Berger, 1984; Serpell, 1990; Straede et Gates, 1993).

Finalement, Brasic (1998) et Montagner (2002) déplorent le fait que les chercheurs sont

souvent biaisés puisqu’ils désirent prouver à tout prix que les animaux de compagnie sont

bénéfiques. Bonas, McNicholas et Collis (2000) apportent toutefois une nuance à ces

propos en affirmant que « les recherches concernant les animaux de compagnie

s’intéressent rarement de façon simultanée aux bénéfices et aux désavantages d’en posséder

un. Au lieu de cela, les articles scientifiques cherchent souvent (et trouvent) les

implications positives ou négatives [de la présence d’un animal de compagnie] 1» (Bonas et

al., 2000, p.210). Dans ce contexte, une approche plus nuancée s’impose.

1.1.4. La pertinence scientifique de ce mémoire

La très grande majorité des recherches concernant l’influence des animaux de compagnie

sur la santé a été effectuée aux États-Unis. Quand nous savons que la qualité des relations

entre l’humain et l’animal repose beaucoup sur la culture dominante (Brown, 1985;

Dresden et Coultis, 2005; Enders-Slegers, 2000), nous pouvons nous permettre de douter de

l’application de ces résultats au Canada. De plus, nous ne pouvons que déplorer le manque

flagrant d’écrits scientifiques de langue française à ce sujet. En effet, les seuls textes en

français abordant l’étude des animaux de compagnie dans une optique psychosociale se

sont penchés sur la thérapie assistée par l’animal ou sur le deuil à la suite du décès d’un

animal de compagnie. Il s’agit là d’une lacune à laquelle ce mémoire pourra pallier,

quoique partiellement.

1 Traduction libre. Veuillez prendre note que c’est également le cas pour toutes les citations subséquentes.

Page 16: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

8

Dans le cadre de ce mémoire, nous nous attarderons aux possibles inconvénients et

avantages de posséder un animal de compagnie à l’aide d’entrevues semi-structurées. Cela

est d’autant plus important que, comme il a été mentionné antérieurement, les recherches

actuelles ne semblent pas apporter une vision réaliste et nuancée du phénomène,

s’intéressant exclusivement aux avantages ou aux inconvénients du fait de posséder un

animal de compagnie (Bonas et al., 2000). Sans avoir la prétention de pouvoir étudier

toutes les facettes des avantages et des inconvénients reliés au fait d’être propriétaire d’un

animal, nous pouvons aspirer à présenter une vision d’ensemble plus nuancée du

phénomène.

Les écrits scientifiques, au plan international, nous proposent quelques recherches ayant

étudié l’influence des animaux de compagnie sur le bien-être subjectif des personnes.

Cependant, ces études se sont presque exclusivement intéressées aux personnes âgées (Ory

et Goldberg, 1983; Hart, 1995; Jessen, Cardiello et Baun, 1996; Enders-Slegers, 2000), aux

familles (Sussman, 1985; Albert et Bulcroft, 1988) et aux enfants (Robin et Bensel, 1985;

Melson, 2003). Il en est de même des recherches portant sur l’attachement à un animal de

compagnie (Melson, 1990; Zasloff et Kidd, 1994b). De plus, en ce qui concerne les

personnes présentant des problèmes de santé mentale, les chercheurs se sont davantage

préoccupés de mesurer l’impact de la thérapie assistée par l’animal dans un contexte

hospitalier que l’influence de l’animal de compagnie dans le quotidien de ces personnes.

Les chercheurs qui ont étudié les impacts psychosociaux des animaux de compagnie se sont

souvent penchés sur les différents types de soutien social dont bénéficient leur propriétaire

ou encore leur degré de bien-être. Par contre, comme le constatent Garrity et Stallones

(1998), aucune étude ne s’est intéressée simultanément à ces deux aspects pourtant

interreliés. Ce mémoire permet donc de combler cette lacune en observant, pour la première

fois, certaines corrélations encore inconnues entre ces deux variables et le fait de posséder

un animal de compagnie.

Page 17: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

9

1.1.5. La pertinence sociale de ce mémoire

Les sentiments qu’une personne entretient envers son animal de compagnie représentent en

quelque sorte un tabou dans notre société en ce sens que les individus démontrant leur

attachement pour un animal sont parfois perçus négativement par leur entourage qui, aux

premiers abords, croit qu’il s’agit d’une relation malsaine (Quackenbush et Glickman,

1984). Plusieurs chercheurs ont constaté ce phénomène dans le cas du décès de l’animal de

compagnie; les gens hésitant à en parler par peur de la réaction des autres (Cusack, 1988;

Quackenbush et Glickman, 1984; Rajaram, Garrity, Stallones et Marx, 1993). Il y a

également lieu de croire que les personnes présentant des problèmes de santé mentale

subissent les revers de ce phénomène puisqu’elles sont considérées comme étant plus

fragiles par leurs proches (Poulin et Massé, 1994). Ainsi, leurs proches de même que les

intervenants, doutent parfois de leur capacité à s’occuper d’un autre être vivant et remettent

en question le bien-fondé d’une telle relation, surtout lorsqu’elle prend beaucoup de place

dans l’existence de la personne. Ce mémoire vient donc démystifier, dans une certaine

mesure, le sujet de l’importance des animaux de compagnie dans la vie des personnes

présentant un problème de santé mentale.

La présente recherche permet également aux travailleurs sociaux et aux autres

professionnels de la santé qui y auront accès une certaine remise en question des techniques

d’intervention car, en étant sensibilisés à l’importance que peuvent avoir les animaux de

compagnie dans la vie de leurs clients, ils seront davantage portés à intégrer cet aspect à

leurs interventions. Cela ne pourra qu’optimiser leurs pratiques puisque dans une

perspective systémique, nous devons tenir compte des divers aspects relationnels de la vie

des clients pour que notre intervention soit plus efficace.

1.2. Le cadre théorique Il apparaît essentiel d’analyser le sujet à l’étude à l’intérieur d’un cadre théorique général

afin de situer les résultats dans une certaine perspective d’analyse. Pour ce faire, nous avons

eu recours à la théorie des provisions sociales de Weiss (1974). Bien que celle-ci n’ait pas

été conçue au départ pour étudier les relations humain-animal, plusieurs chercheurs ont

Page 18: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

10

démontré la pertinence de l’utilisation de ce cadre théorique et l’ont adapté à ce genre de

recherches (Bonas et al., 2000; Enders-Slegers, 2000; Harker, Collis et McNicholas, 2000;

McNicholas et Collis, 2004).

Il est important de mentionner d’entrée de jeu qu’en matière de soutien social, les relations

humaines sont plus riches que les relations entre les humains et les animaux (Bonas et al.,

2000). Toutefois, les animaux de compagnie ne sont pas des objets inanimés, et puisqu’ils

interagissent avec les personnes qui les entourent, les chercheurs considèrent qu’ils

constituent « un type de soutien social non humain capable de conférer des bénéfices sur le

plan des comportements et de la santé de leur partenaire humain » (Garrity et Stallones,

1998, p.5) et ce, bien qu’ils offrent une gamme plus restreinte de types de soutien. C’est

pourquoi nous pouvons, dans le cadre d’un mémoire s’intéressant aux relations humain-

animal, appliquer un cadre théorique initialement conçu pour analyser les interrelations

entre les humains.

Dans la théorie des provisions sociales, Weiss (1974) avance que le soutien social est un

construit multidimensionnel et que chacune de ses composantes, au nombre de six, assume

une fonction singulière pour l’individu qui en bénéficie. Afin de maintenir un degré de

bien-être adéquat, il est nécessaire que la personne dispose d’un éventail de relations,

permettant ainsi d’assumer toutes ces fonctions. Celles-ci se concrétisent par l’entremise de

l’ensemble de nos interrelations et une relation ne remplit principalement qu’une seule

fonction. Weiss (1974) a observé que, bien qu’un individu présente d’importantes

provisions sociales dans un type de relation, si l’une des six composantes se révèle être

absente ou lacunaire dans son réseau, un sentiment de solitude apparaîtra inévitablement.

Ce sentiment diffèrera toutefois selon la composante manquante et c’est d’ailleurs dans le

but de faire taire ce sentiment inconfortable que la personne cherchera à établir des liens

sociaux lui permettant de combler le ou les types de provisions sociales manquants ou

insuffisants (Weiss, 1982). Weiss (1974) a observé ce phénomène chez des femmes ne

travaillant pas à l’extérieur de la maison ayant déménagé en raison du transfert du conjoint

ainsi qu’auprès de personnes nouvellement divorcées faisant partie d’un regroupement pour

parents célibataires. En effet, après un certain temps, les femmes ayant récemment

Page 19: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

11

déménagé ressentaient une profonde détresse en raison de leur sentiment de solitude et ce,

malgré le fait que leurs relations avec leur conjoint et leurs enfants étaient pleinement

satisfaisantes. C’est l’inconfort liée à ce sentiment qui poussa certaines d’entre elles à

entamer des discussions avec des voisins ou encore à s’engager dans la vie communautaire

de leur nouveau quartier. Le chercheur a retrouvé une détresse aussi intense mais

essentiellement différente chez les parents nouvellement divorcés et ce, malgré la présence

d’amitiés significatives. Après maintes analyses, Weiss (1974) en a conclu que cette

disparité était liée au fait que ces deux exemples impliquaient l’absence de relations

sociales venant combler des besoins différents et, ultérieurement, a pu identifier les six

types de provisions sociales abordées plus loin.

L’utilisation de ce cadre théorique au sein d’une recherche évaluant les relations humain-

animal est tout à fait appropriée car, bien qu’elles soient comparables en certains points aux

relations entre les êtres humains, il est évident qu’il existe des nuances importantes entre les

deux types de relations. L’analyse de Weiss (1974) permet donc d’apporter une nuance

quant aux possibles apports ou désavantages résultant de la cohabitation avec un animal de

compagnie. En effet, Weiss (1974) a identifié six types de provisions relationnelles qui

peuvent être positives ou négatives, selon la nature de la relation. Les voici, tels que décrits

par Weiss (1974), Enders-Slegers (2000) et Caron et Guay (2005):

Le soutien émotionnel (attachment) se caractérise par le partage d’émotions chez les

individus concernés. On retrouve cette forme de soutien dans le cadre de relations intimes

et stables procurant des sentiments de bien-être, de sécurité et de proximité émotionnelle,

comme c’est le cas avec des personnes très proches telles qu’un conjoint, un membre de la

famille ou un bon ami. En l’absence de soutien émotionnel, l’individu peut se sentir seul et

errant.

L’intégration sociale (social integration) s’accomplit lorsque des personnes échangent

quant à leurs préoccupations et leurs intérêts communs. Ainsi, l’intégration sociale permet

de partager ses expériences avec d’autres, d’avoir de la compagnie et de dégager des

repères normatifs. En son absence, l’individu trouvera la vie monotone et se sentira isolé

socialement.

Page 20: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

12

L’occasion de se sentir utile et nécessaire (opportunity for nurturance) est procurée par les

interactions dans lesquelles la personne prend la responsabilité du bien-être de quelqu’un

d’autre, habituellement dans le cadre d’une relation parent-enfant. Le fait de se sentir utile

permet à l’individu de donner un sens à sa vie.

La confirmation de sa valeur (reassurance of worth) est procurée par les relations qui

confirment les compétences de l’individu et ses habiletés dans les rôles sociaux qu’il

occupe. Nous retrouvons ce type de provision entre les collègues de travail et dans toute

autre relation où les habiletés de la personne sont reconnues.

L’aide tangible (reliable alliance) est procurée par les relations pour lesquelles la personne

peut s’attendre à recevoir de l’aide, même en l’absence d’affection mutuelle. En son

absence, la personne se sent vulnérable et abandonnée.

Les conseils et les informations (guidance) sont procurés par des personnes de confiance

auxquelles l’individu peut se référer pour obtenir du soutien émotionnel, des conseils et de

l’information.

La pertinence de l’utilisation de ce cadre théorique réside bien sûr dans le fait qu’il nous

permet de mettre en relation le soutien social des personnes présentant des problèmes de

santé mentale et leur bien-être, mais aussi et surtout dans le fait qu’il rend possible

d’examiner quelles sont les dimensions spécifiques du soutien social qui sont en cause dans

le cadre des relations humain-animal.

1.3. Les principaux concepts à l’étude Pour la présente étude, il est impératif de définir les concepts d’ « animaux de compagnie »

et d’ « attachement à un animal de compagnie». De même, nous préciserons ce que nous

entendons par « problèmes de santé mentale », « bien-être subjectif » et « soutien social ».

1.3.1. Les animaux de compagnie

Veevers (1985) fait la distinction entre un animal et un animal de compagnie. Il souligne

qu’on acquiert un animal de compagnie pour ses qualités intrinsèques plutôt que pour son

utilité. Par exemple, dans le cas de quelqu’un qui conserverait un chat uniquement pour

Page 21: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

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chasser les souris, on ne pourrait désigner ce chat comme étant un animal de compagnie. La

même logique s’applique aux animaux de service comme, par exemple, le chien-guide ou le

chien d’assistance et ce, même si un fort attachement peut se développer entre l’animal et

son maître. Ensuite, les animaux de compagnie vivent en intime association avec leur

propriétaire, ce qui implique certains sentiments de sa part de même qu’une cohabitation.

Ainsi, les animaux rencontrés épisodiquement dans le cadre d’une thérapie assistée par

l’animal ne constituent pas des animaux de compagnie. Toutefois, si la personne et l’animal

demeurent au même endroit, par exemple certains centres hospitaliers comprenant des soins

de longue durée pour les personnes âgées laissent un chat se promener librement sur

l’étage, ce dernier sera considéré comme étant un animal de compagnie. Finalement,

toujours selon Veevers (1985), les propriétaires d’un animal de compagnie considèrent que

cet animal leur appartient, d’où l’utilisation du terme « propriétaire ». En ce qui concerne la

présente étude, nous ne nous limiterons pas aux propriétaires de chiens et de chats, mais

plutôt aux personnes qui entretiennent le type de lien décrit précédemment avec un animal

cohabitant avec eux.

1.3.2. L’attachement à un animal de compagnie

Plusieurs études se réfèrent à l’intensité du lien humain-animal (human-animal bond) pour

évaluer l’attachement de la personne à son animal de compagnie. Selon Lagoni, Butler et

Hetts (1994), ce lien impliquerait une relation émotionnelle avec l’animal de compagnie de

même qu’une authentique affection et un sentiment de responsabilité quant au bien-être de

cet animal. Budge, Spicer, Jones et St.George (1998) définissent le concept de façon

similaire, considérant l’attachement à un animal de compagnie comme un « lien émotionnel

ressenti et exprimé entre un animal et son propriétaire ».

Quoi qu’il en soit, comme l’ont démontré Crawford, Worsham et Swinehart (2006),

lorsqu’il est question d’attachement à un animal de compagnie, il est important de garder à

l’esprit que ce concept diffère de celui d’attachement entre les humains, tel que décrit par

Bowlby (1969). En effet, l’attachement entre êtres humains est un phénomène fondamental

dans la construction de l’identité de l’individu qui implique un sentiment de sécurité et qui

Page 22: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

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permet de faire face aux événements stressants de la vie. Quant au lien d’attachement entre

l’humain et l’animal, il n’est, a priori, nécessaire ni à l’un ni à l’autre même s’il occupe une

grande place dans la vie de plusieurs.

1.3.3. Les problèmes de santé mentale

Afin de bien comprendre ce que l’on considère comme étant un problème de santé mentale,

il est d’abord important de savoir ce qu’est la santé mentale. L’Organisation mondiale de la

santé (OMS) nous en propose une définition intéressante qui, plutôt que de considérer qu’il

s’agit d’une absence de maladie, met de l’avant une conception holistique du bien-être

personnel :

Une personne en bonne santé mentale est une personne capable de s’adapter aux diverses situations de la vie, faites de frustrations et de joies, de moments difficiles à traverser ou de problèmes à résoudre. Une personne en bonne santé mentale est donc quelqu’un qui se sent suffisamment en confiance pour s’adapter à une situation à laquelle elle ne peut rien changer ou pour travailler à la modifier si c’est possible. Cette personne vit son quotidien libre des peurs ou des blessures anciennes qui pourraient contaminer son présent et perturber sa vision du monde. De plus, quelqu’un en bonne santé mentale est capable d’éprouver du plaisir dans ses relations avec les autres. Bref, posséder une bonne santé mentale, c’est parvenir à établir un équilibre entre tous les aspects de sa vie : physique, psychologique, spirituel, social et économique. Ce n’est pas quelque chose de statique, c’est plutôt quelque chose qui fluctue sur un continuum, comme la santé physique. [En ligne]

La définition émise par l’Association canadienne des travailleuses et des travailleurs

sociaux (ACTS) vient compléter de belle façon celle de l’OMS en insistant sur ses

dimensions sociale et relationnelle :

La santé mentale, c’est la capacité de l’individu, du groupe et de l’environnement d’interagir les uns avec les autres d’une manière qui suscite un bien-être subjectif, le développement optimal et l’utilisation des capacités mentales (cognitives, affectives et relationnelles), l’atteinte des buts individuels et collectifs justes et la réalisation et la préservation de conditions d’égalité fondamentale (ACTS, 2001 [En ligne]).

Page 23: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

15

Une personne présentant un problème de santé mentale ne rencontre donc pas les

conditions présentées ci-dessus. Le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders

(DSM-IV) admet qu’aucun consensus n’a été établi dans la communauté scientifique en ce

qui concerne la définition de ce qu’est un problème de santé mentale. De plus, un document

publié par le gouvernement du Canada (2006) distingue le concept de « problèmes de santé

mentale », désignant « tout écart par rapport à l’état de bien-être mental ou psychologique »

(p.2), et celui de maladie mentale, qui fait référence à des affections reconnues

cliniquement. Dans le cadre de ce mémoire, le concept de « problèmes de santé mentale »

renvoie à ce que le document du gouvernement canadien (2006) entend par « maladie

mentale » :

Les maladies mentales sont caractérisées par des altérations de la pensée, de l’humeur ou du comportement (ou une combinaison des trois) associées à un état de détresse et à un dysfonctionnement marqués. Les symptômes de la maladie mentale varient de légers à graves, selon le type de maladie mentale, la personne, la famille et le contexte socioéconomique. La maladie mentale peut prendre diverses formes, entre autres : troubles de l’humeur, schizophrénie, troubles anxieux, troubles de la personnalité, troubles de l’alimentation et dépendances telles que les toxicomanies et le jeu pathologique (Gouvernement du Canada, 2006, p.2).

1.3.4. Le bien-être subjectif

Diener, Oishi et Lucas (2003) proposent la définition suivante du bien-être subjectif tel

qu’il est conçu dans le cadre d’études scientifiques :

Le champ d’étude du bien-être subjectif comprend l’analyse scientifique de la façon dont les gens évaluent leur existence – à la fois dans le moment présent et sur de plus longues périodes de temps, comme dans l’année précédente. Ces évaluations incluent les réactions émotionnelles des personnes face aux événements, à leur humeur, et aux jugements qu’ils portent sur leur existence, leur accomplissement, et dans des domaines tels que la vie maritale et le travail. Ainsi, le champ du bien-être subjectif concerne l’étude de ce que les gens appellent couramment le bonheur ou la satisfaction (p.404).

Page 24: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

16

En résumé, le bien-être subjectif constitue la propre évaluation que fait la personne quant à

sa satisfaction face à son existence. Pour vulgariser, on pourrait qualifier ce concept de

degré de bonheur perçu.

1.3.5. Le soutien social

Une foule de définitions se retrouvent dans les écrits en ce qui concerne le soutien social

mais aucune ne fait véritablement consensus (Beauregard et Dumont, 1996). Pour les

besoins de ce mémoire, notre choix s’est arrêté sur la définition de Cohen, Gottlieb et

Underwood (2000) en raison de sa clarté et de sa concision. Ces chercheurs précisent que le

soutien social est le produit des interactions entre la personne et les membres de son réseau

social de même que dans le cadre d’une participation à des groupes sociaux. En fait, le

soutien social est un construit multidimensionnel qui englobe tout ce qui a trait à la

distribution et à l’échange de ressources émotionnelles, instrumentales ou d’informations

par des non-professionnels. Une définition émise par Weiss aurait été intéressante mais, à

notre connaissance, il n’en a formulée aucune.

Page 25: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

Chapitre II : La recension des écrits L’absence d’articles scientifiques portant spécifiquement sur l’influence des animaux de

compagnie sur le bien-être subjectif et le soutien social des personnes présentant des

problèmes de santé mentale justifie le choix des articles constituant cette recension. En

effet, les études consultées portent sur les trois thèmes suivants : l’impact des animaux de

compagnie sur le bien-être subjectif de la population en général, sur leur soutien social,

ainsi que l’évaluation des interventions assistées par l’animal chez les personnes présentant

des problèmes de santé mentale.

2.1. L’impact des animaux de compagnie sur le bien-être subjectif Plusieurs recherches ont été effectuées pour déterminer si les animaux de compagnie ont

une quelconque influence sur le bien-être subjectif des gens. Cependant, les résultats sont

contradictoires, ce qui rend impossible le dégagement d’une quelconque prémisse. Tout

d’abord, en ce qui a trait à l’état psychologique en tant que tel, Straede et Gates (1993) ont

démontré que les propriétaires de chat présentent une meilleure santé psychologique que les

personnes ne possédant pas d’animaux. Cependant, Serpell (1990) observe plutôt qu’il

s’agit d’une amélioration peu significative qui se présente au début de l’adoption du chat et

qui disparaît après dix mois. Nous pouvons nous demander si ces résultats ne dépendent pas

du type d’animal de compagnie puisque lorsque les études s’intéressent aux propriétaires de

chien, les résultats sont beaucoup plus convaincants. En effet, Serpell (1990) a observé une

amélioration significative importante de l’état de santé psychologique des nouveaux

propriétaires de chien. Bien que cette amélioration diminue avec le temps, elle est toujours

significative dix mois après l’adoption du chien. De plus, ces mêmes propriétaires

présentent une meilleure estime de soi et un sentiment de sécurité plus élevé qu’avant

l’arrivée du chiot à leur domicile. Siegel (1990) va même jusqu’à considérer que la

présence canine produit un effet tampon quant au stress (stress buffering effect) subi par les

personnes âgées. En effet, cette chercheure a observé que lorsque cette population fait face

à des événements de vie stressants, elle a tendance à utiliser les services médicaux.

Cependant, ce phénomène ne se produit pas chez les personnes âgées qui possèdent un

Page 26: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

18

chien. Puisque les animaux de compagnie, particulièrement les chiens, ont un impact positif

sur l’état psychologique, l’estime de soi et le sentiment de sécurité tout en diminuant le

degré de stress, nous pouvons croire que le bien-être du propriétaire s’en trouve ainsi

augmenté. Ces effets bénéfiques semblent être plus significatifs et durables lorsque

l’animal de compagnie est un chien. Ce phénomène est peut-être lié au degré d’attachement

puisque les propriétaires de chien ont tendance à être plus attachés à leur animal que les

propriétaires d’autres types d’animaux (Serpell, 1990).

Certains chercheurs apportent cependant une nuance à ces résultats. En effet, plusieurs ont

relevé que ces résultats étaient plutôt attribuables à l’influence des caractéristiques

sociodémographiques et au degré d’attachement à l’animal. Selon l’étude de Ory et

Goldberg (1983), le bien-être subjectif d’une personne possédant un animal de compagnie

varie selon son statut économique et l’attachement qu’elle porte à son animal. Ils ont

observé que, chez les femmes âgées de plus de 65 ans, plus le statut socio-économique est

élevé, plus le degré d’attachement à l’animal augmente ainsi que le degré de bien-être

subjectif. De même, les femmes possédant un animal de compagnie et présentant un faible

statut socio-économique sont moins attachées à celui-ci et moins heureuses que celles de la

même classe ne possédant aucun animal. On peut supposer que l’animal représente un

fardeau financier pour ces femmes ainsi qu’une tâche quotidienne supplémentaire à cause

de l’énergie que son entretien requiert. Cependant, aucune relation causale n’a pu être

identifiée en raison des choix méthodologiques des auteurs. Hecht, McMillin et Silverman

(2001) ont observé une corrélation positive chez les personnes âgées entre le fait de

posséder un animal de compagnie et l’estime de soi du propriétaire, mais ce lien n’a été

observé que chez les hommes. Friedmann et al. (1984) vont encore plus loin dans une étude

menée auprès d’étudiants et qui ont entre autres étudié l’anxiété, la dépression, l’humeur, la

pression artérielle ainsi que l’état de santé physique. Ils affirment qu’il ne subsiste aucune

différence significative, d’aucun ordre, entre les propriétaires d’animaux de compagnie et

ceux qui n’en possèdent pas lorsqu’on contrôle l’influence des caractéristiques

sociodémographiques sur les résultats. De plus, l’attachement à un animal de compagnie

n’influencerait en rien l’état psychologique de son propriétaire, résultats corroborés par

l’étude de El-Alayli, Lystad, Webb, Hollingsworth et Ciolli (2006). Pourtant, les études de

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19

Straede et Gates (1993) et de Hecht et al. (2001) mentionnées précédemment, ont

également tenu compte de l’âge, de la race, des conditions de vie, de l’état matrimonial, du

type d’emploi et du niveau d’éducation, et ont présenté des résultats différents, ce qui rend

l’analyse de cette dimension encore plus ambiguë. Cela est probablement lié en partie à la

multitude de concepts utilisés pour mesurer le bien-être dans les différentes recherches.

Finalement, il semble que la présence de l’animal permet une augmentation du bien-être

des gens si l’on considère que la santé physique a un impact sur celui-ci. En effet, plusieurs

études ont observé une diminution de la tension artérielle (Friedmann, Katcher, Thomas,

Lynch et Messent, 1983; Riddick, 1984; Vormbrock et Grossberg, 1988) ou des

manifestations physiques du stress (Barker, Knisely, McCain et Best, 2005) chez les

personnes en contact avec un animal. Dans le cadre d’une imposante étude longitudinale

effectuée en Australie et en Allemagne, Headey et Grabka (2007) ont également observé

que les personnes cohabitant avec un animal rapportent 15% moins de visites médicales

que celles qui n’ont pas d’animal à la maison. Bref, la présence de l’animal semble

influencer positivement la santé physique de l’individu qui en bénéficie, ce qui a

nécessairement un impact sur son bien-être.

2.2. L’impact des animaux de compagnie sur le soutien social Il est pertinent de se pencher sur la question du soutien social dans le contexte d’une

recherche s’intéressant au bien-être des propriétaires d’un animal de compagnie puisque

beaucoup d’écrits soulignent l’existence d’un lien entre le soutien social et le bien-être des

individus. Il est dorénavant reconnu que les personnes présentant un problème de santé

mentale ont davantage tendance à être isolées que la population en général (Tessier et

Clément, 1992). De plus, selon une étude montréalaise, les difficultés relationnelles et

l’isolement se retrouvent chez plus de 60% des personnes bénéficiant des services

d’organismes de suivi alternatif communautaire dans le domaine de la santé mentale

(Pigeon et Fortin, 2005). En ce qui a trait aux études s’intéressant au soutien social en

général, elles démontrent clairement que les personnes qui bénéficient de soutien social en

quantité suffisante sont en meilleure santé physique et psychologique que celles qui sont

isolées socialement (Julien, Julien et Lafontaine, 2000; Lynch, 2000; Statistique Canada,

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20

2002). Plusieurs chercheurs mentionnent que le soutien social est associé positivement avec

le bien-être, le rétablissement de la maladie physique ainsi qu’une plus faible détresse

psychologique (Cohen et Syme, 1985; Cohen et Wills, 1985; Kessler et McLeod, 1985;

Thompson et Heller, 1990). De plus, en relation avec le stress, Cohen et Syme (1985) et

Cohen et Wills (1985) rapportent que des recherches ont prouvé scientifiquement que le

soutien social procure un effet direct (c’est-à-dire qu’il protège la santé et accroît le bien-

être peu importe le degré de stress) de même qu’un effet tampon (c’est-à-dire que le soutien

social produit des effets bénéfiques qu’en présence de stress en protégeant l’individu de ses

effets pathogènes) sur la santé et sur le bien-être. Cependant, sur ce point, l’avis des

chercheurs est extrêmement mitigé puisque, selon certains, le soutien social ne produirait

qu’un de ces effets et ils ne s’entendent pas non plus sur l’effet produit (Thoits, 1985).

Bref, le seul élément sur lequel il y a consensus est que le fait de bénéficier ou non de

soutien social a un impact sur le bien-être des individus. Concernant les personnes

présentant des problèmes de santé mentale, Caron, Tempier, Mercier et Leouffre (1998) ont

clairement démontré que les personnes ayant des incapacités psychiatriques présentent un

degré de satisfaction moindre quant aux composantes de soutien social qui seront

présentées plus loin, que la population générale, ce qui n’est guère étonnant puisqu’il est

généralement reconnu qu’elles sont davantage isolées socialement. Bref, les effets du

soutien social – que ce dernier soit positif ou négatif – seraient les mêmes pour les

personnes présentant des problèmes de santé mentale que pour la population en général,

mais les personnes ayant des incapacités psychiatriques auraient tendance à en recevoir

beaucoup moins.

En ce qui a trait plus spécifiquement aux liens pouvant exister entre le soutien social et les

animaux de compagnie, là encore, il n’y a pas de consensus entre les chercheurs. Par

contre, à notre connaissance, seuls Bonas et al. (2000) n’ont observé aucune corrélation

entre le fait de posséder un animal de compagnie et le soutien social. En effet, ils

reconnaissent que plusieurs écrits scientifiques prétendent que le fait d’être propriétaire

d’un animal représente une stratégie compensatoire pour les personnes présentant de faibles

degrés de provisions sociales sur le plan humain. Cependant, les résultats de leur étude

effectuée auprès des familles infirment cette hypothèse.

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21

Les recherches qui établissent une relation entre les animaux de compagnie et le soutien

social de leur propriétaire sont, quant à elles, plus nombreuses. Tout d’abord, une étude de

Harker, Collis et McNicholas (2000) distinguant les personnes désirant un animal de

compagnie de celles n’en voulant pas, a démontré que le premier groupe présentait des

degrés significativement plus élevés de provisions sociales négatives que le deuxième

groupe. De même, concernant les provisions sociales d’aide tangible, les individus disant

vouloir un animal de compagnie en rapportaient moins que ceux n’en voulant pas. Les

chercheurs ont également observé que les répondants du premier groupe avaient

pratiquement tous déjà eu un animal de compagnie. Ils ont donc émis l’hypothèse que les

déficits que l’on retrouve à l’intérieur des réseaux sociaux des personnes font en sorte

qu’elles tentent de les compenser par la création de nouvelles relations et que l’acquisition

d’un animal ferait partie de ce processus. D’ailleurs, plusieurs familles mentionnent que les

interactions entre ses membres se sont multipliées depuis l’arrivée de l’animal puisqu’il est

devenu un sujet de conversation (Serpell, 1990) et une raison de jouer ensemble (Paul et

Serpell, 1996). L’animal de compagnie contribuerait donc à augmenter les contacts entre

les individus. Certaines études évoquent que l’attachement à l’animal a un rôle à jouer dans

cette corrélation. En effet, des chercheurs ont observé une corrélation significative entre le

fait de posséder un animal de compagnie, d’y être très attaché, et un plus faible degré de

dépression chez les personnes âgées, mais seulement lorsque le nombre de confidents

disponible était très bas (Garrity, Stallones, Marx et Johnson, 1989). Zasloff (1991) a quant

à elle souligné que les individus qui sont le plus attachés à leur animal de compagnie ont

tendance à être plus satisfaits du soutien social qui leur est disponible, en opposition à ceux

qui ne possèdent pas d’animal et ce, malgré le fait qu’il n’existe aucune différence

significative entre leur degré de solitude respectif. Les résultats de la recherche de

Stammbach et Turner (1999), effectuée en Suisse auprès de propriétaires de chats, viennent

toutefois contredire cette conclusion puisqu’ils ont observé que plus la personne bénéficiait

de soutien social, moins elle était attachée à son animal de compagnie. Ainsi, la personne

irait chercher dans sa relation avec son animal – surtout si elle lui est très attachée – une

source de soutien émotionnel distincte mais complémentaire à celle procurée par les

relations humaines. Les résultats de Stallones, Marx, Garrity et Johnson (1990) abondent

Page 30: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

22

dans le même sens. En effet, leur étude effectuée auprès de 598 ménages étatsuniens a

démontré, chez les propriétaires d’animaux de compagnie âgés de 21 à 64 ans, une

association négative entre le degré d’attachement à l’animal et l’importance du réseau

social, sauf pour ceux de 35 à 44 ans chez qui on remarque que le degré d’attachement est

lié positivement au degré de détresse émotionnelle. Toutefois, pour cette dernière étude,

tout comme les autres citées précédemment, on ne peut déterminer la direction du lien

puisqu’il s’agit d’études corrélationnelles donc présentant des liens bidirectionnels. Cela

implique que l’on ne peut savoir si le fort attachement que présentent certaines personnes

est lié au fait qu’elles vivent une situation d’isolement social ou si cette situation est liée à

la relation fusionnelle que le propriétaire d’un animal de compagnie souffrant de solitude

entretient face à son animal de compagnie.

Les résultats des recherches de Siegel (1990) et de Allen, Blascovich, Tomaka et Kelsey

(1991) viennent confirmer la thèse selon laquelle le soutien social produirait un effet

tampon sur le stress puisqu’ils n’ont remarqué aucune corrélation entre la présence d’un

animal et le soutien social de leur propriétaire chez les personnes présentant un faible degré

de stress. En fait, si l’on se fie à l’étude de Siegel (1990), les animaux de compagnie

auraient un impact positif sur le bien-être et le soutien social de leur propriétaire que

lorsque celui-ci présente un réel attachement à l’animal et subit un stress important. Selon

les résultats de Allen et al. (1991), l’effet tampon serait même plus important en présence

d’un chien qu’en présence d’une amie chez les femmes soumises à un exercice

arithmétique complexe.

À la lumière de ces résultats, nous pouvons croire qu’il existe une certaine corrélation entre

le fait de posséder un animal de compagnie et le soutien social mais, étant donné les

nombreuses nuances apportées par les chercheurs et les possibles rôles joués par le degré

d’attachement à l’animal et le degré de stress subi, il est évident que cet aspect doit être

étudié davantage. De plus, cette corrélation n’a pas été examinée auprès des personnes

présentant des problèmes de santé mentale. La variable du stress ne sera malheureusement

pas étudiée dans le cadre de ce mémoire, mais cette limite sera prise en compte lors de

l’interprétation des résultats.

Page 31: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

23

2.3. L’évaluation des interventions assistées par l’animal auprès des personnes présentant des problèmes de santé mentale En ce qui a trait aux études qui relatent des interventions assistées par l’animal auprès des

personnes présentant des problèmes de santé mentale, il existe un certain consensus quant à

leurs bienfaits lorsqu’elles sont effectuées conjointement aux programmes habituels

d’intervention dans le cadre d’un processus de resocialisation. En effet, les chercheurs sont

unanimes à dire que la présence d’un animal produit une augmentation significative des

interactions sociales que ce soit dans le cadre d’une intervention de groupe (Barak et al.,

2001; Beck, Seraydarian et Hunter, 1986; Marr et al., 2000), d’une intervention individuelle

(Brickel, 1984) ou lors de l’utilisation informelle de l’animal comme c’est le cas dans

certains hôpitaux où un animal se promène librement sur les lieux (Corson et Corson, 1980;

Haughie, Milne et Elliot, 1992; Jessen, Cardiello et Baun, 1996). La thérapie assistée par

l’animal favoriserait donc une meilleure participation sociale chez les personnes qui en

bénéficient, c’est-à-dire qu’elles présenteraient moins de symptômes dépressifs que celles

qui sont traitées de manière conventionnelle (Brickel, 1984; Jessen et al., 1996), seraient

moins anxieuses (Barker et Dawson, 1998) et développeraient une meilleure confiance en

soi (Corson et Corson, 1980). Beck et al. (1996) ont même remarqué une diminution de

l’hostilité chez les personnes diagnostiquées comme étant des schizophrènes « chroniques »

et d’autres chercheurs ont observé une diminution de l’anhédonie, c’est-à-dire de la perte de

plaisir à participer à des activités agréables, chez cette même population (Nathans-Barel et

al., 2005). Par contre, les recherches n’ont observé aucun changement sur le plan des

symptômes de la schizophrénie (Beck et al., 1986; Nathans-Barel et al., 2005), du moral

(Jessen et al., 1996) et du sentiment de solitude (Jessen et al., 1996). De plus, il est

important de mentionner que la majorité de ces études sont effectuées à l’aide de petits

échantillons, ce qui constitue une limite à la généralisation de leurs résultats.

Une dimension très intéressante a été soulevée par les chercheurs. En effet, certains ont

découvert de façon accidentelle que la présence d’un animal bénéficiait également aux

divers intervenants. Beck et al. (1986) ont remarqué que la présence d’un animal favorise

une perception plus favorable du patient puisque l’animal le rend plus humain et plus

Page 32: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

24

« soignable » aux yeux du personnel traitant. De même, Brickel (1984) a mentionné que les

intervenants apprécient la présence de l’animal puisqu’il leur permet de faciliter le début de

l’entrevue, sans que le patient ne se sente menacé. Ce contexte favorable donne lieu à

davantage d’interactions entre le personnel soignant et les patients (Brickel, 1984; Beck et

al., 1986; Corson et Corson, 1980; Jessen et al., 1996), ce qui influence une fois de plus les

interactions sociales. En fait, l’animal est considéré comme un catalyseur social selon

Corson et Corson (1980) et Veevers (1985) puisque sa seule présence favorise les échanges

entre les humains. De plus, Holcomb et Meacham (1989) ont fait état de l’immense

popularité des groupes de thérapie impliquant la participation d’un animal auprès des

personnes hospitalisées en psychiatrie. L’observance au traitement se trouve ainsi

considérablement augmentée. La dimension de l’intervention serait donc très pertinente à

approfondir pour les études ultérieures afin de confirmer ou d’infirmer ces effets

favorables.

2.4. Conclusion Cette recension des écrits démontre qu’il n’y a pas de consensus chez les chercheurs quant

à l’impact des animaux de compagnie sur le bien-être subjectif et le soutien social de leur

propriétaire, dans la population en général. Toutefois, plusieurs chercheurs ont démontré

qu’un fort attachement à l’animal – surtout s’il s’agit d’un chien – associé à un statut

socio-économique élevé augmente le bien-être subjectif du propriétaire, et inversement. En

ce qui a trait au soutien social, les résultats de la plupart des études convergent quant au fait

que la présence d’un animal de compagnie représente souvent une stratégie compensatoire

pour les personnes isolées socialement. De plus, dans certains contextes, la présence

d’animaux favorise positivement les interactions sociales des individus donc leur soutien

social. L’attachement à l’animal constitue, ici aussi, une variable importante à considérer,

de même que le degré de stress puisque, selon certains chercheurs, les bénéfices reliés à la

présence de l’animal ne se font ressentir qu’en période de stress élevé et lorsque le

propriétaire ressent un fort attachement pour son animal. Cette recension des écrits

démontre également à quel point la thérapie assistée par l’animal est bénéfique pour les

personnes qui présentent un problème de santé mentale. Cela nous ramène à la pertinence

d’aborder la question du bien-être subjectif et du soutien social des personnes présentant

Page 33: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

25

des problèmes de santé mentale possédant un animal de compagnie, en relation avec leur

attachement cet animal.

Page 34: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

26

Chapitre III : La méthodologie de la recherche

3.1. Les questions de recherche et les hypothèses Il s’agit d’un mémoire à devis mixte, c’est-à-dire à la fois qualitatif et quantitatif, pour

lequel j’ai eu recours, pour le volet quantitatif, à un plan de recherche de type descriptif

corrélationnel. Voici les questions de recherche auxquelles j’ai tenté de répondre dans le

cadre du volet quantitatif:

a) Est-ce que le soutien social est lié de façon significative au degré d’attachement à son

animal chez les personnes présentant des problèmes de santé mentale?

b) Est-ce que le bien-être subjectif est lié de façon significative au degré d’attachement à

son animal chez les personnes présentant des problèmes de santé mentale?

c) Est-ce que le degré d’attachement à l’animal est lié à l’âge, au sexe, au degré de

scolarité, au statut socioéconomique ou au type d’animal de compagnie chez les personnes

présentant des problèmes de santé mentale?

En ce qui a trait au volet qualitatif, je me suis intéressée à savoir ce qui avait motivé les

personnes rencontrées à acquérir un animal de compagnie ainsi que les avantages et

inconvénients qu’elles voyaient dans cette acquisition. Je me suis également penchée sur la

représentation qu’elles se faisaient de leur animal ainsi que sur les possibles apports de sa

présence.

À la lumière de la recension des écrits que j’ai effectuée, trois hypothèses ont émergé quant

aux résultats quantitatifs de cette recherche:

a) Le soutien social des personnes présentant des problèmes de santé mentale sera

positivement corrélé avec leur degré d’attachement à l’animal de compagnie.

b) Le bien-être subjectif des personnes présentant des problèmes de santé mentale sera

positivement corrélé avec leur degré d’attachement à l’animal de compagnie.

c) Le degré d’attachement des personnes présentant des problèmes de santé mentale à leur

animal de compagnie sera significativement plus élevé chez les femmes, les personnes

Page 35: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

27

âgées de plus de 35 ans, celles qui sont plus éduquées, celles possédant un chien et celles

bénéficiant d’un revenu plus élevé.

3.2. Le type de recherche Les aspects que je tente de décrire dans le cadre de la présente recherche sont, comme nous

l’avons constaté précédemment, de l’ordre du point de vue des acteurs ainsi que d’une

possible corrélation entre le bien-être, le soutien social et l’attachement à l’animal chez les

propriétaires d’animal de compagnie présentant des problèmes de santé mentale. Il est

important de souligner que cette recherche emprunte une démarche exploratoire. Cette

perspective nous a semblé pertinente étant donné que ce mémoire constitue, à notre

connaissance, la première investigation dans ce champ d’étude qu’est le rôle de l’animal de

compagnie dans la vie des personnes présentant un problème de santé mentale. Ainsi, bien

que nous ayons accès à certaines données pertinentes en ce qui a trait aux relations entre

l’attachement à un animal de compagnie, le bien-être subjectif et le soutien social, aucune

étude, à notre connaissance, ne s’est intéressée aux possibles relations entre ces variables

chez les personnes présentant un problème de santé mentale. En ce sens, ce mémoire

constitue une première tentative de compréhension du phénomène dans sa globalité.

La réussite d’une telle entreprise nécessite l’utilisation d’une approche mixte, c’est-à-dire

combinant les devis qualitatif et quantitatif. En effet, les résultats issus des deux méthodes

viennent jouer un rôle complémentaire (Strauss et Corbin, 2004) dans une perspective

voulant saisir la complexité et les nuances en présence dans ce champ d’expertise qu’est la

relation humain-animal. D’abord, la dimension quantitative est essentielle pour pouvoir

mesurer, à l’aide d’instruments validés, certaines particularités quantifiables telles

l’attachement à l’animal, le soutien social ainsi que le bien-être subjectif. La portion

qualitative, parce qu’elle constitue le reflet du vécu des gens interrogés, favorise quant à

elle l’émergence d’éléments auxquels nous n’aurions pas eu accès autrement. Par exemple,

dans le cadre de la présente étude, les inconvénients liés au fait d’habiter avec un animal de

compagnie, ce qu’il représente ainsi que les motivations d’en acquérir un sont des éléments

qui n’auraient pu être induits par l’interviewer sans introduire des biais dans les résultats.

En effet, un choix de réponse découlant de nos lectures et intuitions aurait nécessairement

Page 36: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

28

omis certains éléments propres au vécu de chacune des personnes interrogées et en aurait

également induit certains. De plus, il est évident que certaines composantes essentielles à la

compréhension du phénomène auraient été absentes, ce qui aurait diminué

considérablement la pertinence des résultats. L’utilisation de l’entrevue semi-structurée à

questions ouvertes s’est donc révélée pertinente dans ce contexte. Dans le cadre du présent

mémoire, la présence d’une dimension qualitative est d’autant plus importante que, comme

nous l’avons mentionné précédemment, très peu d’études portant sur les relations humain-

animal présentent une telle approche, se limitant habituellement à une approche

quantitative. Cela réduit immanquablement la compréhension du phénomène puisque le

point de vue plus en profondeur des acteurs n’est pas pris en compte. Le choix d’un devis

mixte pour la présente recherche a pour objectif d’éviter cette lacune.

Sur le plan quantitatif, il s’agit d’une étude descriptive corrélationnelle puisqu’on « explore

des relations entre des variables en vue de les décrire » (Fortin, Côté et Filion, 2006, p.194).

Cela nous a permis de déterminer les variables impliquées dans la fluctuation du degré

d’attachement aux animaux de compagnie chez les personnes présentant un problème de

santé mentale. Il est important de souligner que ce type de recherche ne permet pas de

déterminer la direction des relations existant entre les variables à l’étude, comme le ferait

une étude corrélationnelle prédictive. L’aspect qualitatif du présent mémoire vient toutefois

contrebalancer cette limite en permettant l’observation de certaines des dynamiques qui

prévalent dans le phénomène observé. Pour ce faire, une analyse de contenu a été effectuée

et, par la suite, les éléments en découlant ont été comparés aux résultats obtenus dans le

cadre du volet quantitatif, permettant ainsi au vécu des personnes de s’articuler dans un

ensemble conceptuel signifiant. Ce n’est que par la suite que les éléments ont été confrontés

aux études antérieures et à la théorie des provisions sociales de Weiss (1974).

3.3. La population et l’échantillon

Page 37: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

29

3.3.1. La population à l’étude

La population à l’étude est composée de personnes âgées de 18 ans et plus qui présentent

un problème de santé mentale, qui habitent avec un ou plusieurs animaux de compagnie, et

qui bénéficient d’un suivi psychiatrique à court ou long terme au département du Centre

hospitalier de l’Université Laval (CHUL). Cet endroit a été choisi en raison d’une

collaboration avec le personnel, ayant déjà effectué un stage à ce département. Il importe de

mentionner que le CHUL est situé dans l’Ouest de la ville de Québec. Cette portion de la

ville comprenant les quartiers les mieux nantis, il est possible que l’échantillon qui en

découle présente une situation socio-économique plus élevée que la moyenne des

Québécois présentant un problème de santé mentale. En fait, bien que l’on remarque un

taux de pauvreté inquiétant au sein du présent échantillon (voir le tableau 1 à la page 34), il

est important de mentionner que les participants rapportent des résultats au moins aussi

importants que la moyenne de la population quant à l’aide matérielle dont ils disposent

(voir le tableau 6 à la page 101). Ce phénomène peut être expliqué par le fait que ce sont

probablement d’autres personnes qui surviennent à leurs besoins (conjointe ou conjoint,

parents, fratrie).

Voici les critères d’inclusion pour les participants de la présente étude :

- la personne est âgée de 18 ans et plus;

- la personne parle le français;

- la personne habite avec un animal de compagnie;

- la personne présente un diagnostic de problème de santé mentale;

- la personne fait l’objet d’un suivi en santé mentale au CHUL;

- le jugement de la personne n’est pas altéré par les conséquences du trouble

psychiatrique.

3.3.2. Le recrutement et l’échantillon

1. Le volet quantitatif

Page 38: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

30

En ce qui concerne la dimension quantitative, une technique d’échantillonnage non

probabiliste a été privilégiée, en l’occurrence l’échantillon de volontaires, auprès des

personnes ayant bénéficié d’un suivi interne ou externe au département de psychiatrie du

CHUL à l’intérieur de la période de collecte des données (été 2005 à printemps 2006). En

effet, durant cette période, des dépliants (Annexe A) ont été distribués dans la salle

d’attente du département externe de psychiatrie du CHUL ainsi que dans l’unité de soins

interne de psychiatrie du même établissement. Toutefois, c’est par l’entremise du personnel

du département de psychiatrie, notamment les travailleuses sociales Diane Rouleau et

Suzanne Rondeau, qu’il a été possible de recruter le plus grand nombre de participants. En

effet, bien que nous ne connaissions pas leur nombre exact, beaucoup de répondants ont

informellement affirmé avoir été sollicités par l’un ou l’autre de nos collaborateurs pour

participer à la présente recherche. Le succès de cette méthode est probablement attribuable

au fait que l’introduction de la recherche par un membre du corps professionnel de l’hôpital

mettait les gens en confiance. Quant au recrutement comme tel, une personne parmi le

personnel du département de psychiatrie informait les patients éligibles et, particulièrement

dans le cas de ceux bénéficiant d’un suivi à l’interne, dont le jugement ne semblait pas

altéré par les conséquences de la maladie mentale, de la tenue de l’étude. Par la suite, ceux

qui présentaient un intérêt pour celle-ci me contactaient afin que je puisse leur expliquer les

implications de la participation à cette recherche et répondre à leurs questions. À cette

étape-ci, si la personne était toujours intéressée par la recherche, nous convenions ensemble

d’un moment et d’un endroit pour effectuer l’entrevue face à face. Nous n’avons pas

rencontré de difficultés particulières pour le recrutement si ce n’est le fait que la

participation de nos collaborateurs ait diminué en cours de route en raison du départ de

quelques-uns d’entre eux (relocalisation, retraite).

Il s’agit d’un échantillon de volontaires. Comme son nom l’indique, cette technique

consiste à solliciter la participation de personnes volontaires qui répondent à certains

critères d’inclusion à partager leur expérience en lien avec la recherche en question. Ouellet

et Saint-Jacques (2000) mentionnent que l’échantillon de volontaires est pertinente

« lorsqu’il est impossible de constituer un échantillon aléatoire, les données étant

inexistantes, détruites, confidentielles ou nécessitant une recherche presque impossible à

Page 39: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

31

entreprendre » (p.84), ce qui est le cas de la présente étude. Ce type d’échantillonnage est

qualifié de non probabiliste puisqu’il n’est évidemment pas le fruit du hasard. Dans le cadre

de ce mémoire, l’adoption d’une méthode non probabiliste s’est imposée d’elle-même

puisqu’aucun répertoire ne nous permet d’identifier les personnes présentant un problème

de santé mentale et encore moins celles qui habitent avec un animal de compagnie. Il aurait

donc été impossible d’adopter une méthode probabiliste au regard de ce sujet étant donné

que celle-ci nécessite d’avoir accès à la population entière visée par l’étude. Il en résulte

que nous ne pouvons généraliser les résultats issus de cette investigation. Toutefois, comme

le soulignent Ouellet et Saint-Jacques (2000), ce n’est pas parce que l’échantillon n’est pas

statistiquement représentatif de la population mère qu’il n’est pas représentatif de la

population que l’on veut étudier. D’ailleurs, s’il fallait attendre d’avoir accès à toute une

population pour l’étudier, plusieurs domaines nous seraient encore inconnus. Les résultats

issus des témoignages des participants de cette étude sont donc tout à fait pertinents

d’autant plus que cette recherche constitue, à notre connaissance, la première investigation

dans ce champ d’étude qu’est le rôle de l’animal de compagnie dans la vie des personnes

présentant un problème de santé mentale. Il s’agit donc davantage d’un point de départ pour

les recherches futures que d’une étude exhaustive voulant refléter précisément la réalité.

Notre objectif, quant à la taille de l’échantillon, était d’obtenir la participation d’au moins

trente personnes pour les entrevues à devis quantitatif. Ce chiffre avait été établi selon la

règle voulant que, dans les modèles d’analyses multivariées, la participation d’un minimum

de dix participants soit sollicitée pour chacune des variables à l’étude. Celles-ci s’élevant au

nombre de trois, nous avions alors retenu qu’idéalement l’échantillon quantitatif devait

compter au moins trente personnes. Cependant, étant donné que ce mémoire rapporte plutôt

des corrélations bivariées et que la technique d’échantillonnage privilégiée en est une non

probabiliste, aucune règle ne prévaut. En fait, comme le soulignent Ouellet et Saint-Jacques

(2000), dans ce cas, d’autres critères priment tels que les ressources disponibles, les

objectifs de l’étude, la variation du phénomène étudié ainsi que la saturation des

informations. En cours de route, les objectifs ont dû être révisés à la baisse en raison d’une

participation décroissante de nos collaborateurs au recrutement de répondants. Au total,

nous avons donc obtenu la participation de vingt personnes pour le volet quantitatif, ce qui

Page 40: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

32

constitue un échantillon tout de même acceptable dans le cadre d’un mémoire ayant pour

objectif de défricher un sujet encore méconnu, comme c’est le cas ici.

Le tableau 1 présente en détails les caractéristiques de l’ensemble des répondantes et des

répondants à l’étude. Avant d’aborder les dimensions du recrutement et de l’échantillon du

volet qualitatif, il appert important de souligner quelques-uns des constats inquiétants qui

s’en dégagent. D’abord, concernant l’occupation des participants, seulement 25% de

l’échantillon est aux études ou en emploi. En fait, la majorité est sans emploi, ce qui

augmente considérablement le risque d’isolement social puisqu’ils ne bénéficient

vraisemblablement pas d’autant de lieux pour côtoyer des gens et agrandir leur réseau. Cela

est d’autant plus vrai que la moitié vivent seuls. De plus, 75% des répondants à l’étude,

dont l’âge moyen est de 45 ans, sont célibataires, séparés, divorcés ou veufs. En fait,

comme nous pouvons le constater dans le tableau 3 (p.89), le nombre moyen d’animaux de

compagnie par ménage (M = 2,55) surpasse le nombre moyen de personnes par ménage (M

= 2,05), ce qui est assez révélateur de l’isolement auquel font face ces individus. De plus,

on remarque que le revenu est généralement très peu élevé (moins de 10 000$ pour près de

la moitié d’entre eux), ce qui peut vouloir dire qu’ils dépendent de quelqu’un d’autre

financièrement puisqu’il semble impossible de se loger et de se nourrir avec une si petite

somme d’argent, à moins de vivre dans des conditions réellement exécrables. La pauvreté

et la santé mentale étant intrinsèquement liées (Robichaud, Guay, Colin, Pothier et Saucier,

1994; Statistique Canada, 2002), il est logique de croire que cette situation n’aide en rien le

développement de conditions optimales en vue du rétablissement de la personne subissant

les conséquences d’un trouble mental. Finalement, comme nous n’avions pas accès aux

dossiers médicaux des participants, nous devions, pour connaître leur diagnostic

psychiatrique, demander au principal intéressé. À la lumière des réponses fournies par les

répondants, nous considérons qu’il est inquiétant que certains n’aient aucune idée de leur

diagnostic psychiatrique (n=3). Bien qu’il soit possible que ces personnes aient préféré ne

pas répondre à cette question, il y a tout de même lieu de se demander si cette situation est

liée à un désintéressement total de la part de ces dernières ou si c’est plutôt le corps médical

qui ne fait pas les efforts nécessaires à l’implication active de la personne dans son

traitement. Bref, cela nous amène à réfléchir sur le rôle que jouent les personnes présentant

Page 41: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

33

un problème de santé mentale quant aux conséquences de leur trouble psychiatrique,

d’autant plus qu’un tel résultat eut été peu probable dans le cas d’une maladie physique.

Page 42: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

34

Tableau 1: Caractéristiques des participants à l’étude (n = 20) Caractéristiques

sociodémographiques Fréquence

(n = 20) Pourcentage Mode

Sexe Hommes Femmes

2

18

10% 90%

Femmes

Âge 20-29 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans 60-64 ans

4 1 7 5 3

20% 5% 35% 25% 15%

44 ans

État civil Célibataire Conjoint(e) de fait Marié(e) Séparé(e) Divorcé(e) Veuf(ve)

8 3 2 1 5 1

40% 15% 10% 5% 25% 5%

Célibataire

Type d’animal de compagnie Chat seulement Chien seulement Plusieurs sortes

9 5 6

45% 25% 30%

Chat

Degré de scolarité Primaire Secondaire Collégial Universitaire

1 8 3 8

5% 40% 15% 40%

Secondaire

Universitaire

Statut d’activité En emploi Aux études À la retraite Sans emploi Rente d’invalidité

4 1 2 9 4

20% 5% 10% 45% 20%

Sans emploi

Revenu Moins de 10 000$ 10 000$ - 16 999$ 17 000$ - 23 999$ 24 000$ - 34 999$ 45 000$ - 54 999$

9 4 3 3 1

45% 20% 15% 15% 5%

Moins de 10 000$

Nombre de personnes dans le ménage Une seule Deux Trois ou plus

10 5 5

50% 25% 25%

Une seule personne

Nombre d’enfants Aucun Un seul Deux ou plus

13 3 4

65% 15% 20%

Aucun enfant

Diagnostic psychiatrique

Trouble bipolaire Dépression Troubles anxieux Autre Ne sait pas

6 4 4 3 3

30% 20% 20% 15% 15%

Trouble bipolaire

Page 43: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

35

2. Le volet qualitatif

Concernant la dimension qualitative, ce sont des participants ayant répondu aux

questionnaires du volet quantitatif qui ont été simultanément sollicités pour répondre au

questionnaire qualitatif. Pour ce faire, nous avons eu recours à une méthode

d’échantillonnage théorique qui fait en sorte que « le chercheur, simultanément, collecte,

code et analyse les données, décide des prochaines données à amasser et où les trouver »

(Fortin, 1996, p.302). Plus précisément, il s’agit d’un type d’échantillonnage par cas

multiples, en l’occurrence l’échantillon par homogénéisation. Comme le mentionne Pires

(1997), cette technique d’échantillonnage est pertinente lorsqu’on s’intéresse à un groupe

relativement homogène, comme c’est le cas ici puisqu’il s’agit tous d’adultes présentant un

problème de santé mentale et bénéficiant d’un suivi dans le même centre hospitalier de la

ville de Québec, en l’occurrence le CHUL. L’échantillon par homogénéisation vise à

dresser un portrait global de la situation. Elle nécessite donc que le chercheur choisisse des

répondants présentant le plus de distinctions possibles et ce, jusqu’à saturation c’est-à-dire

jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’aucun élément nouveau ne ressorte d’entrevues

supplémentaires. Il s’agit d’une méthode d’échantillonnage qui permet une certaine

généralisation empirique puisqu’elle fait état de la diversité interne du groupe auquel on

s’intéresse. Ainsi, pour la dimension qualitative, nous avons visé l’obtention d’une certaine

hétérogénéité quant aux variables sociodémographiques telles que le sexe, l’âge, le revenu,

l’état civil, le degré de scolarité ainsi que le nombre et le type d’animaux de compagnie. La

décision de solliciter ou non la participation d’une personne à cette portion de la recherche

était prise par la chercheure au moment même de l’entrevue, à la suite des propos rapportés

au questionnaire sociodémographique. L’analyse des données étant effectuée

simultanément à la collecte de celles-ci, la chercheure était toujours consciente de la

représentation de chacun des éléments dans l’échantillon, ce qui facilitait cette prise de

décision. Parmi les sept participantes sollicitées, aucune n’a refusé de répondre au

questionnaire qualitatif. Comme nous pouvons le constater au tableau 2 (p.58),

l’échantillon du volet qualitatif présente une certaine hétérogénéité quant à l’âge, au type

d’animal de compagnie, à la scolarité, au revenu annuel, au nombre de personnes dans le

ménage et au diagnostic psychiatrique. En ce qui a trait au statut d’activité, il aurait été

intéressant de recueillir le témoignage de quelqu’un aux études mais c’était le cas d’une

Page 44: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

36

seule personne au moment de la collecte des données (voir le tableau 1 à la page 34). De la

même manière, l’état civil des participantes au volet qualitatif couvre les catégories les plus

représentées, en l’occurrence les personnes célibataires, divorcées ou conjointes de fait, au

détriment de celles dont la fréquence est moindre, c’est-à-dire, celles qui sont mariées,

veuves ou séparées. Toutefois, nous ne jugeons pas que cela soit suffisamment significatif

pour biaiser les résultats. Par contre, le fait que l’échantillon de ce volet soit exclusivement

composé de femmes vient certainement nous priver d’une dimension importante de la

relation humain-animal. Nous y reviendrons lorsque nous aborderons les limites de l’étude.

En ce qui a trait à la taille de l’échantillon qualitatif, aucun chiffre n’avait été avancé au

départ en raison, comme nous l’avons mentionné plus tôt, de l’adoption d’un échantillon

par homogénéisation qui implique qu’on cesse l’investigation lorsqu’une certaine

diversification interne est atteinte. Il était donc difficile de prévoir le nombre de participants

nécessaire à une compréhension approfondie du sujet en question puisqu’on s’ajuste au fur

et à mesure que la recherche avance. Finalement, l’échantillon qualitatif de ce mémoire est

constitué de sept participantes. En raison de ce nombre peu élevé, nous ne pouvons affirmer

qu’il rencontre l’un des deux critères clés d’un échantillonnage par cas multiples, soit la

saturation. En effet, dans ces conditions, des entrevues supplémentaires auraient peut-être

permis une meilleure compréhension du phénomène. Toujours concernant les critères d’un

échantillonnage par cas multiple, bien que chacune des catégories sociodémographiques à

l’étude soit représentée par un seul répondant, nous considérons tout de même que cet

échantillon atteint le deuxième critère, soit celui de la diversification, puisqu’une certaine

hétérogénéité est présente sur le plan des caractéristiques sociodémographiques.

3.4. La collecte des données Comme il a été souligné plus tôt, un devis mixte a été adopté dans le cadre de ce mémoire

en raison de notre objectif d’avoir une vision d’ensemble de la situation (volet quantitatif)

ainsi que d’en saisir les nuances et les phénomènes explicatifs s’y rattachant (volet

qualitatif).

Page 45: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

37

La collecte des données quantitatives a été effectuée à l’aide de trois questionnaires validés

(Annexe D) visant à mesurer autant de variables, soit le degré d’attachement à l’animal, le

soutien social ainsi que le bien-être subjectif des participants, de même qu’un questionnaire

concernant les renseignements sociodémographiques. La passation d’instruments validés à

chacun des participants était essentielle afin de pouvoir mesurer les variables en question de

façon fiable et d’effectuer les analyses statistiques nécessaires à l’établissement de relations

entre celles-ci. Il est important de mentionner que toutes les formes de données ont été

mises à profit afin de compléter l’analyse finale. Ainsi, après chacune des entrevues, la

chercheure prenait des notes quant à certains détails factuels pertinents en lien avec le

phénomène étudié, le non-verbal du répondant et ses conditions de vie générale.

Les données qualitatives ont, quant à elle, été recueillies par l’entremise d’entrevues semi-

structurées à questions ouvertes auprès de quelques participants du volet quantitatif triés

selon leur possible apport à l’étude de l’objet de recherche, comme le veut l’adoption d’une

méthode d’échantillonnage théorique. Le choix d’un tel type d’entrevue s’est imposé de lui-

même. En effet, l’entrevue semi-structurée, contrairement à l’entrevue structurée, permet

d’avoir accès à l’unicité de l’expérience de l’individu par la profondeur qu’imposent le type

de questions, tout en s’assurant d’aborder certains thèmes, ce que ne permet pas l’entrevue

non structurée. De même, grâce aux questions ouvertes, on s’assure que la personne puisse

s’exprimer librement sur des sujets précis et déterminés à l’avance. Nous avons également

opté pour des entrevues semi-structurées car, pour les besoins de l’analyse, nous devions

avoir accès à l’expérience personnelle des répondants avec leur animal quant à certains

éléments préétablis. En effet, afin que les éléments découlant de l’analyse effectuée portent

réellement sur le phénomène étudié, il nous fallait impérativement aborder les dimensions

suivantes : 1) ce qui a motivé la décision d’acquérir un animal de compagnie, 2) ce que

représente celui-ci pour la personne, 3) ce qu’il lui apporte, 4) les inconvénients que la

présence de l’animal présente et 5) les liens entre le fait d’habiter avec un animal et les

sentiments de solitude et de bien-être. Comme le soulignent Mayer et Saint-Jacques (2000),

l’utilisation de ce type d’entrevue est particulièrement efficace lorsqu’on cherche à

connaître les perceptions des personnes quant à l’objet d’étude, comme c’est le cas ici.

Page 46: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

38

3.4.1. Le déroulement de la collecte des données La collecte des données a été effectuée par une seule et même personne, en l’occurrence la

chercheure responsable de ce mémoire, et se divisait en deux temps pour les gens intéressés

à participer. Tout d’abord, comme nous l’avons expliqué plus en détails précédemment, les

personnes étaient sollicitées à participer à la recherche par l’entremise d’un dépliant

consacré à cette fin (Annexe A). Par la suite, celles qui étaient intéressées nous contactaient

par téléphone. Cet appel téléphonique permettait d’abord de rappeler aux participants

potentiels les grandes lignes de l’étude ainsi que l’implication exigée pour celle-ci. Une

attention particulière était alors accordée à les rassurer quant à l’aspect de la confidentialité

de leurs propos. On encourageait également les futurs répondants à poser toutes les

questions qu’une participation à la recherche suscitait pour eux. Ensuite, à la lumière des

précisions apportées, nous nous assurions que la personne était toujours consentante à

participer à l’étude, en lui rappelant qu’elle était libre de s’en retirer en tout temps. Dans les

faits, tous ont accepté les conditions énoncées et aucun n’a retiré sa participation. La

dernière portion du contact téléphonique consistait à prendre rendez-vous avec la personne

dans le lieu qui lui convenait le mieux. Lorsque les personnes bénéficiaient de soins à

l’unité interne du département de psychiatrie du CHUL, les entrevues se déroulaient

nécessairement à l’intérieur de cette institution. Pour les autres, la majorité d’entre eux ont

préféré que l’entrevue se déroule à leur domicile alors que certains ont plutôt opté pour

qu’elle ait lieu au restaurant ou au bureau de la chercheure, à l’Institut de réadaptation en

déficience physique du Québec. Il s’agissait donc d’entrevues face à face sauf dans le cas

d’un participant qu’il a été impossible de rencontrer à cause d’un conflit d’horaire.

L’entrevue avec celui-ci a donc été effectuée au téléphone, rendant impossible la

participation au volet qualitatif. En effet, dans de telles conditions, les propos du participant

n’auraient pu être enregistrés.

Dans un deuxième temps, les personnes étaient rencontrées par la chercheure à l’endroit de

leur choix. Après un premier contact durant lequel la chercheure se présentait, une lecture

complète du formulaire de consentement (Annexe C) détaillant notamment le contexte, les

objectifs ainsi que les implications de la recherche était effectuée ainsi que l’explication des

passages plus techniques, au besoin. Par la suite, si la personne était toujours intéressée,

Page 47: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

39

elle signait deux copies du formulaire et en conservait une. C’est seulement après avoir

rempli le formulaire de consentement que le questionnaire quantitatif (Annexe D),

regroupant les données sociodémographiques ainsi que les trois questionnaires validés, était

administré. Afin de faciliter la tâche du participant, une copie des questions lui était remise

afin qu’il puisse lire les questions simultanément à la lecture qui en était faite de

l’interviewer. Au moment où les questions d’ordre sociodémographique étaient posées à

l’individu, la chercheure portait une attention particulière aux réponses fournies afin de

déterminer, à partir de certains critères spécifiques, la pertinence ou non de la participation

de cette personne au volet qualitatif de la recherche. En fait, celle-ci a été déterminée en

vue d’établir une certaine diversité interne quant aux caractéristiques sociodémographiques.

Parmi les sept personnes qui ont été sollicitées pour participer à cette deuxième portion

d’entrevue, toutes ont accepté de le faire, après que les mesures prises afin de respecter le

caractère anonyme et confidentiel de leur témoignage leur aient été expliquées et assurées.

Dans tous les cas, à la toute fin de l’entrevue, l’interviewer prenait soin de noter les

coordonnées des personnes désirant un résumé des résultats de l’étude, le moment venu.

Il importe de mentionner que, dans le cadre des entrevues qualitatives, la plupart des

participants semblaient prendre un réel plaisir à parler de leur relation avec leur animal de

compagnie. Il s’agit en fait d’une occasion qui se présente rarement, d’autant plus qu’un

fort attachement à un animal est perçu négativement par certains. Comme nous

l’aborderons plus loin, l’enthousiasme et l’intérêt de ces participants nous permet toutefois

de croire que les personnes qui se sont montrées intéressées à participer à la présente étude

sont probablement plus attachées que la moyenne des gens à leur animal de compagnie,

aspect qui sera confirmé lorsqu’on comparera leurs résultats avec ceux rapportés par les

auteurs de l’instrument mesurant le degré d’attachement.

3.4.2. Les instruments de mesure utilisés

3.4.2.1. Le volet quantitatif Des entrevues face à face d’une durée approximative de trente minutes furent effectuées

auprès de tous les participants à la recherche. Nous avons eu recours à trois questionnaires

Page 48: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

40

validés (Annexe D) pour mesurer 1) l’attachement à l’animal de compagnie, 2) le soutien

social ainsi que 3) le bien-être subjectif du participant. Les questions ainsi que les choix de

réponses ont été lues à tous les participants et ceux-ci pouvaient simultanément les lire

puisqu’une copie des questionnaires leur était fournie.

1) Companion Animal Bonding Scale (CABS)

Tout d’abord, afin de mesurer le degré d’attachement de la personne à son animal de

compagnie, nous avons utilisé le Companion Animal Bonding Scale (CABS) de Poresky,

Hendrix, Mosier et Samuelson (1987), l’un des instruments les plus utilisés lorsqu’il est

question de l’attachement à un animal. Cet instrument compte huit questions fermées

présentées sous forme d’échelle de type Likert allant de 1 (jamais) à 5 (toujours). Le CABS

présente une bonne cohérence interne avec un coefficient alpha de 0,82 (n=121) lorsqu’il

est présenté sous la forme d’un questionnaire écrit et de 0,74 (n=784) lorsqu’il est

administré par téléphone (Poresky, 1997). De plus, sa validité de convergence a été

démontrée par des corrélations significatives avec le Pet Attitude Scale (Templer, Salter,

Dickey, Baldwin et Veleber, 1981) (0,38; p < 0,001) et le Companion Animal Semantic

Differential (Poresky, Hendrix, Mosier et Samuelson, 1988a) (0,51; p < 0,001) qui

mesurent un construit semblable, en l’occurrence les attitudes de la personne envers les

animaux et le fait de posséder un animal de compagnie. Puisque le CABS n’a pas, à notre

connaissance, été traduit en français, nous l’avons traduit nous-mêmes. Toutefois,

contrairement à ce qui est généralement conseillé lors de la traduction d’un instrument de

mesure, nous n’avons pas traduit l’instrument original en français pour ensuite le faire

retraduire en anglais par deux traducteurs indépendants, et les deux instruments n’ont pas

été prétestés par une étude pilote afin de vérifier la concordance des résultats (Fortin, Côté

et Filion, 2006). En fait, ces précautions n’ont pas été jugées nécessaires en raison de la

simplicité des concepts utilisés dans les énoncés du CABS et du fait que la version traduite

n’était utilisée qu’aux fins du présent mémoire. En ce qui concerne l’interprétation des

résultats, mentionnons qu’aucun seuil n’est identifié permettant de départager les personnes

très attachées à leur animal de celles qui le sont moins.

2) Profil de la qualité de vie subjective (PQVS)

Page 49: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

41

Notre choix, quant au questionnaire utilisé afin de déterminer le degré de bien-être subjectif

de la personne, s’est arrêté sur le Profil de la qualité de vie subjective (PQVS) de Gerin,

Dazord, Cialdella, Leizorovicz et Boissel (1991). Cet instrument a l’avantage de tenir

compte du vécu de la personne indépendamment de son contexte objectif de vie. De même,

il distingue les facteurs en cause en ce qui a trait à la qualité de vie (santé, vie relationnelle,

vie intérieure et conditions matérielles), permettant ainsi de mesurer le bien-être subjectif à

travers les domaines de la vie relationnelle et de la vie intérieure. Le PQVS compte à

l’origine 44 énoncés présentés sous forme d’échelle de type Likert allant de 1 (très

insatisfait) à 5 (très satisfait). Outre le degré de satisfaction de la personne, il est également

possible de mesurer l’importance accordée par celle-ci aux différents domaines auxquels

elle s’intéresse ainsi que d’autres aspects davantage associés à l’évaluation d’un traitement

médical. Cependant, puisque « la qualité de la vie globale s’explique surtout par le degré de

satisfaction-insatisfaction par rapport aux divers items » (Dazord et al., 1993, p.60), seul

celui-ci a été mesuré dans le cadre de ce mémoire. Certains des 44 énoncés sont formulés à

la négative afin d’éviter que la personne interrogée réponde machinalement, sans avoir pris

le temps de comprendre correctement la question. Ces énoncés ont donc été inversés lors de

l’étape des analyses statistiques. Le PQVS « se présente sous une forme doublement

modulaire » (Dazord et al., 1993, p.57) puisque, en plus de laisser le choix au chercheur

quant à ce qu’il veut mesurer (satisfaction, importance accordée, etc.), il lui permet

également de cibler le domaine qui l’intéresse en choisissant, parmi les 44 énoncés de base,

ceux qui correspondent aux besoins spécifiques de l’étude. En fait, cet instrument permet

d’explorer les quatre domaines suivants qui, lorsqu’ils sont regroupés, constituent un indice

de qualité de vie global : 1) la santé, 2) le domaine relationnel, 3) le domaine psycho-

affectif ou la vie intérieure et 4) les conditions matérielles de vie (Dazord, 2002). Pour les

besoins de ce mémoire, nous avons choisi deux dimensions du PQVS (20 énoncés). Cette

sélection est justifiée puisque Dazord et al. (1993) ne font mention d’aucune contre-

indication quant au fait d’utiliser uniquement les énoncés qui concernent certaines

dimensions spécifiques. Puisque, à notre connaissance, les auteurs ne mentionnent dans

aucun des articles portant sur le PQVS (Dazord, 2002; Dazord, Mercier, Manificat et

Nicolas, 1995; Dazord, Gerin, Brochier, Cluse, Terra et Seulin, 1993; Gerin, Dazord,

Boissel, Hanauer, Moleur et Chauvin, 1989; Gerin et al., 1991) quels sont les énoncés liés à

Page 50: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

42

chacune des variables à l’étude, que les auteurs n’ont pas pu être rejoints car ils sont

maintenant à la retraite, et dans un souci de cohérence avec l’objet d’étude, le choix des

vingt énoncés a été effectué à l’aide d’une analyse conceptuelle dans le but de regrouper

uniquement ceux qui, à notre avis, concernent la vie relationnelle et la vie intérieure. Nous

sommes conscientes que cela constitue une limite à la présente étude d’autant plus qu’en

raison de la petite taille de notre échantillon, nous n’avons pas pu calculer le coefficient de

Cronbach, ce qui aurait permis de s’assurer de l’homogénéité des questions choisies.

Toutefois, il s’agit d’énoncés dont le sens ne porte pas à confusion. De plus, afin de

minimiser les possibles biais, une double vérification des énoncés a été effectuée par un

tiers, en l’occurrence la directrice de ce mémoire.

Le PQVS vise à évaluer la qualité de vie subjective de l’individu plutôt que son bien-être

subjectif mais, comme le mentionnent Dazord et al. (1993), « le concept de “qualité de vie”

n’est pas univoque » (p.51) puisqu’il comprend plusieurs domaines et regroupe à la fois des

éléments objectifs de vie (santé, contexte socio-économique) et le vécu intérieur des

individus (vie relationnelle et vie intérieure). Puisque, dans le cadre de ce mémoire, nous

n’avons choisi que les énoncés portant sur cette dernière dimension et que celle-ci regroupe

des éléments qui, d’après nous, sont directement liés au bien-être subjectif, nous avons

évalué que l’utilisation du PQVS dans ce contexte était tout à fait justifiée. Tout comme le

CABS, le PQVS présente une bonne cohérence interne puisqu’une étude effectuée auprès

de 200 femmes se présentant à une première consultation de génétique dans un contexte

familial de cancer du sein ou de l’ovaire (Blandy, Schwab, Stoppa-Lyonnet et Dazord,

1998) a observé un coefficient de Cronbach de 0,87 pour les questions en fonction de la

satisfaction. De même, en ce qui a trait à la mesure de l’importance accordée à la dimension

« vie relationnelle », Dazord et al. (1993) rapportent, pour un échantillon de 600 sujets

souffrant d’hypertension asymptomatique, un coefficient de corrélation inter-items de 0,46.

Cependant, rien n’est mentionné pour l’autre dimension étudiée, soit celle concernant la vie

intérieure. De plus, ces résultats doivent être interprétés avec prudence puisqu’ils ne

concernent pas les vingt énoncés spécifiques auxquels nous avons eu recours dans le cadre

de ce mémoire et, comme il a été mentionné, le coefficient de corrélation inter-items

concerne la mesure de l’importance accordée et non celle à laquelle nous avons eu recours

Page 51: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

43

pour ce mémoire, soit la mesure de la satisfaction. Il nous est donc impossible de savoir si

la portion du PQVS utilisée dans le cadre de ce mémoire présente une bonne cohérence

interne, ce qui constitue une limite.

Ce questionnaire a également été choisi en raison des bons résultats en ce qui a trait à sa

fiabilité et à sa validité auprès de plus de 13 000 sujets (Dazord, 2002), et parce qu’il s’agit

d’un instrument francophone. On nous indique que la stabilité du questionnaire s’est avérée

satisfaisante lors des test-retests – qui consistent à faire passer un questionnaire à la même

personne à deux moments différents afin d’en vérifier la concordance – effectués par les

auteurs lors d’une préenquête effectuée auprès de 136 sujets présentant une pathologie

vasculaire ou cancéreuse et d’une vingtaine de personnes en bonne santé (Dazord et al.,

1993). Cependant, malgré de nombreuses recherches de notre part, nous n’avons pas trouvé

plus de précisions quant à ces résultats. Étant donné, comme nous l’avons mentionné plus

tôt, que le PQVS présente également une bonne cohérence interne, on peut affirmer qu’il

s’agit d’un instrument fiable, c’est-à-dire que les résultats obtenus par son utilisation sont

précis et constants (Fortin, Côté et Filion, 2006). En ce qui a trait maintenant à la validité

de construit de l’instrument, Dazord et al. (1995) ont observé, chez une population de 102

personnes ayant un problème de toxicomanie, des corrélations significatives (p < 0,002) se

situant de 0,30 à 0,50 entre le score global de dépression mesuré à l’aide de l’inventaire de

Beck (1979) et la plupart des items du PQVS. Quant à Dazord, Augier-Astolfi, Guisti et

Frot-Coutaz (1995), ils ont rapporté, à partir d’un échantillon comptant 65 personnes

atteintes d’un trouble psychotique, des corrélations significatives de 0,26 à 0,47 (p < 0,01)

entre certains énoncés du PQVS et de l’Échelle de satisfaction des domaines de vie (SLDS)

de Baker et Intagliata (1982), mesurant également la qualité de vie. Concernant la validité

de contenu, les auteurs soulignent que l’élaboration de l’instrument a été effectuée de

manière à couvrir tous les éléments que l’on retrouve dans les échelles habituellement

utilisées pour mesurer la qualité de la vie. Finalement, il est important de mentionner que

certaines questions ont parfois dû être normalisées en raison de leur non-pertinence auprès

de certains participants. Par exemple, à la question 18 (« Êtes-vous satisfaits des relations

que vous avez (ou n’avez pas) avec vos enfants? »), les participants n’ayant pas d’enfant

n’y ont pas répondu. Il est vrai qu’étant donné la formulation de la question à la négative

Page 52: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

44

entre parenthèses, il aurait été possible de s’enquérir de leur satisfaction quant au fait de ne

pas avoir d’enfants. Toutefois, cet aspect n’a été abordé dans aucun des articles consultés

portant sur cet instrument de mesure. Il a donc été jugé plus sage de s’abstenir d’effectuer

ce genre d’interprétation.

3) Échelle de provisions sociales (EPS)

Afin de mesurer le soutien social dont bénéficient les participants, nous avons eu recours à

l’Échelle de provisions sociales (EPS) qui constitue la validation québécoise effectuée par

Caron (1996a) du Social Provisions Scale de Cutrona et Russel (1987). L’EPS comporte

vingt-quatre questions fermées présentées sous forme d’échelle de type Likert allant de 1

(pas du tout en accord) à 4 (tout à fait en accord). Comme c’est le cas pour le PQVS, cet

instrument contient quelques questions formulées à la négative afin de soutenir l’attention

du participant. Nous avons inversé la cotation de ces énoncés lors de l’analyse statistique

des données. Le questionnaire, en plus de permettre le calcul du soutien social global dont

bénéficie l’individu, rend également possible la mesure simultanée de six sous-échelles,

chacune regroupant quatre énoncés. Ces sous-échelles correspondent aux six types de

provision relationnelle, tels qu’abordés par la théorie des provisions sociales de Weiss

(1974) : le soutien émotionnel, l’aide tangible et matérielle, les conseils, l’intégration

sociale, l’assurance de sa valeur et l’occasion de se sentir utile et nécessaire. En ce qui a

trait à la traduction de l’instrument, celle-ci fut effectuée dans les règles de l’art (c.f.

Vallerand, 1989) avec tout ce que cela implique : première traduction avec un conseiller de

l’Office de la langue française du Québec, soumission à des professeurs d’universités

bilingues issus du domaine de la psychologie ou du travail social, rétro-traduction, prétest

auprès de quinze personnes, passation du questionnaire par trente personnes bilingues

suivie d’analyses appropriées, correspondance avec l’un des auteurs de l’instrument

original. De plus, l’EPS est un instrument qui présente une excellente fidélité. En effet, la

cohérence interne de l’instrument original varie de 0,85 à 0,92 selon les études, alors que

celle de l’instrument de la version québécoise est de 0,96, ce qui est intéressant lorsqu’on

sait que les valeurs des alphas sont habituellement plus élevées pour les versions originales

que pour leur traduction (Vallerand, 1989). Bien que l’instrument original n’ait jamais subi

d’épreuve de stabilité temporelle, la version québécoise a présenté une corrélation de

Page 53: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

45

Pearson test-retest de 0,66 après un intervalle d’un mois, ce qui est satisfaisant. Finalement,

en ce qui a trait à la validité de construit, l’instrument original présente une validité

discriminante avec l’Échelle de Dépression de Beck (Beck, Ward, Mendelson, Mock &

Erbraugh, 1961) ainsi que des corrélations positives avec plusieurs instruments mesurant le

soutien social (Social Support Questionnaire de Sarason et al., 1983; Index of Socially

Supportive Behaviors de Barrera et al., 1981; Attitudes toward use of Social Support de

Eckenrode, 1983), ce qui confirme sa validité de convergence. Cet exercice n’a pas été

reproduit lors de la validation québécoise. L’EPS présente également une excellente

validité discriminante puisque Caron (1996a) rapporte que le score total et celui de la

plupart des sous-échelles permettent de distinguer la population générale de celle des

personnes prestataires d’aide sociale et des personnes atteintes d’un trouble psychotiques.

Bref, notre choix s’est arrêté sur l’EPS en raison, bien sûr, de ses propriétés

psychométriques intéressantes et du fait qu’il s’agisse d’une validation québécoise, mais

également parce qu’il mesure les multiples dimensions du soutien social, telles que décrites

par la théorie des provisions sociales de Weiss (1974) qui constitue le cadre théorique de ce

mémoire.

3.4.2.2. Le volet qualitatif En ce qui a trait à la dimension qualitative de l’étude, nous avons cherché à connaître

l’influence de l’animal de compagnie sur le bien-être des participants, ainsi que les

possibles avantages et inconvénients d’habiter avec un animal. Plus précisément, les

dimensions suivantes ont été abordées auprès des personnes qui ont participé à ce volet: la

motivation d’acquérir un animal de compagnie, ce que représente celui-ci pour la personne,

ce qu’il lui apporte, les inconvénients que la présence de l’animal présente ainsi que les

liens entre le fait d’habiter avec un animal et les sentiments de solitude et de bien-être. Cela

a été effectué dans le cadre d’entrevues semi-structurées, à l’aide de huit questions ouvertes

(Annexe E). Ces entrevues avaient une durée approximative de trente minutes.

L’élaboration du questionnaire qualitatif fut somme toute assez simple puisqu’il est

essentiellement composé de questions factuelles ne portant pas sur des sujets tabous ou

potentiellement déstabilisants psychologiquement. Nous avons donc abordé directement les

Page 54: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

46

sujets auxquels ce mémoire s’intéresse. Afin d’optimiser la portée de ce questionnaire, la

dernière question permettait à la personne interrogée d’ajouter des éléments qui lui

semblaient pertinents concernant son animal de compagnie. Finalement, les concepts de

fidélité et de validité des approches qualitatives sont opérationnalisés autrement qu’ils ne le

sont traditionnellement dans les recherches quantitatives (Fortin, 1996). Certaines

techniques bien particulières de collecte et d’analyse des données permettent d’augmenter

la précision des résultats, mais cette dimension sera analysée plus en détails ultérieurement,

dans la section portant sur les analyses effectuées pour les données qualitatives de ce

mémoire.

3.5. L’analyse des données En raison du fait que ce mémoire adopte un devis mixte, les données recueillies ont

évidemment été analysées différemment selon qu’il s’agissait de données quantitatives ou

de données qualitatives. Toutefois, comme nous pourrons le constater plus loin, les résultats

quantitatifs ont été combinés à ceux issus du volet quantitatif lors de l’analyse finale afin de

rendre compte de l’ensemble des données recueillies et de les confronter à notre cadre

théorique, en l’occurrence la théorie des provisions sociales de Weiss (1974). Les détails de

ces analyses sont présentés dans les sections qui suivent. Il est également important de

souligner que la collecte des données ainsi que leur analyse ont été effectuées par une seule

et même personne, en l’occurrence l’auteure de ces lignes, augmentant ainsi la fiabilité de

l’analyse. En effet, cela assure une certaine homogénéité quant au déroulement des

entrevues en plus de permettre la mise en relation de données factuelles autres que celles

rapportées par les divers questionnaires, enrichissant ainsi l’analyse finale des données. Par

exemple, comme nous l’avons souligné précédemment, certains éléments tels que les

conditions d’habitation, l’état général du répondant ainsi que l’attitude adoptée lorsqu’il

parle de son animal de compagnie ont été notés. Ensuite, en connaissant parfaitement

l’objet d’étude, la chercheure était en mesure d’aller chercher les précisions nécessaires au

cours des entrevues semi-structurées. Lors du volet quantitatif, la connaissance des

instruments de mesure a également permis d’assurer la bonne codification des réponses

fournies. Toutefois, cet aspect ne présente pas que des avantages puisque, en ayant connu

les participants, il se peut qu’au moment de l’analyse des données, la chercheure ait

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47

inconsciemment interprété de façon incorrecte leurs propos. Néanmoins, en étant

consciente de la possibilité de ce biais, la chercheure y a porté une attention particulière, ce

qui a considérablement diminué les probabilités qu’un tel phénomène se produise. Les

avantages d’une telle pratique s’avèrent donc nettement plus importants que ses possibles

inconvénients.

3.5.1. Les données quantitatives Le logiciel SPSS version 14 a été utilisé pour l’analyse des données quantitatives. Il a

permis le calcul des corrélations bivariées entre les différentes variables à l’étude ainsi que

du questionnaire portant sur les caractéristiques sociodémographiques des participants.

Nous avons cependant porté une attention particulière quant à l’existence possible de liens

entre les différentes variables ciblées au départ (le degré d’attachement à un animal de

compagnie, le soutien social, le bien-être subjectif et les données sociodémographiques)

afin d’infirmer ou de confirmer les hypothèses. Pour ce faire, des calculs de coefficients de

corrélation de Pearson ont été effectués quand nous étions en présence de deux variables

métriques. Lorsque l’analyse impliquait le traitement d’une variable nominale et d’une

variable métrique, nous avons alors opté pour des analyses statistiques permettant de

comparer les moyennes. Ainsi, des tests t de Student pour échantillons indépendants ont été

effectués quand la variable nominale se divisait en deux groupes et nous nous sommes

tournés vers des analyses de variance unifactorielle quand elle présentait plus de deux

groupes. À une occasion, nous avons effectué un test a posteriori LSD de Fisher afin de

déterminer, à la suite d’une analyse de variance unifactorielle, quelles moyennes

présentaient des différences significatives entre elles.

3.5.2. Les données qualitatives Comme nous l’avons mentionné plus tôt, le volet qualitatif de ce mémoire est constitué des

propos qui se sont tenus lors d’entrevues semi-structurées à questions ouvertes visant à

connaître les motivations de la personne à acquérir un animal de compagnie, ce que

représente celui-ci pour le participant, ce qu’il lui apporte, les inconvénients que la

présence de l’animal présente ainsi que les liens entre le fait d’habiter avec un animal et les

sentiments de solitude et de bien-être. L’étude de ces éléments avait pour but de les

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48

articuler avec les résultats du volet quantitatif et de les confronter avec la théorie des

provisions sociales de Weiss (1974). Afin de faire émerger une analyse reflétant fidèlement

l’ensemble des propos tenus par les participantes lors des entrevues, nous avons effectué

une analyse de contenu. L’analyse de contenu est une démarche très répandue en sciences

humaines dans les recherches à devis qualitatif. Il s’agit d’une analyse de contenu constitué,

c’est-à-dire qu’elle est le résultat d’une analyse sémantique d’un document issu d’une

recherche, contrairement à l’analyse de contenu constituant pour laquelle l’analyse est

omniprésente à toutes les étapes de la recherche, comme c’est le cas pour la théorisation

ancrée, l’induction analytique et les récits de vie (Mayer et Deslauriers, 2000). L’analyse de

contenu représente une méthode scientifique et rigoureuse d’interprétation des données

qualitative lorsque chacune des étapes est scrupuleusement respectée et que la recherche en

question respecte les critères de validité interne, de validité externe et de fiabilité, lesquels

seront présentés plus en détails ultérieurement. Contrairement à certaines méthodes telles

que la théorisation ancrée, il existe un certain consensus quant aux différentes étapes de sa

réalisation. Toutefois, il convient de garder à l’esprit qu’il s’agit d’un processus en boucle

plutôt que linéaire. Tout au long de la recherche, nous pouvons donc revenir à une étape

antérieure lorsque la situation le requiert. Dans les pages qui suivent, ces étapes sont

définies et les différentes actions effectuées pour chacune d’entre elles lors du processus de

recherche sont expliquées en détails.

1) La préparation du matériel.

Dans le contexte de ce mémoire, les données qualitatives issues des entrevues avec les sept

participantes ont été recueillies à l’aide d’un magnétophone. Comme il a été précisé plus

tôt, certaines données factuelles pertinentes ont également été prises en note au cours des

entretiens. L’ensemble des données, tant verbales que factuelles, ont été transcrites de la

façon la plus fidèle possible sous forme de verbatim à la fin de chaque rencontre avant

d’être analysées. Probablement en raison de la concision des questions posées, il en a

résulté seulement dix-sept pages de texte. C’est pourquoi l’analyse a pu être effectuée

efficacement de façon manuelle, sans l’aide d’un logiciel.

2) La lecture préliminaire des données.

Page 57: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

49

De nombreuses lectures de chaque verbatim ont été effectuées et ce, pour plusieurs raisons.

D’abord, cette lecture flottante permet d’apprécier le sens général que prend le discours des

participantes. De plus, cette étape est essentielle à une familiarisation avec les propos tenus

lors des entrevues, procédé qui permettra d’emblée de faire émerger certaines

interprétations et catégories. Dans le cadre de ce mémoire, ces dernières ont toutes été

consignées dans un dossier à part et ont permis l’ajout d’éléments pertinents lors de

l’élaboration de la grille d’analyse (Annexe F) ainsi qu’au moment de l’analyse finale.

L’ensemble des propos tenus lors des entrevues précédentes étant lus avant chaque

entretien, cela nous permettait d’effectuer un choix plus éclairé quant à la participation ou

non de la personne au volet qualitatif. Grâce à cet exercice, lorsqu’une entrevue qualitative

était effectuée, il nous était également plus facile de consigner les données pertinentes en

lien avec ce qui avait été noté précédemment ainsi que d’aller chercher certaines

informations complémentaires au besoin. L’étape de la lecture préliminaire des données a

été d’autant plus utile qu’elle a permis, au moment de la rédaction du rapport final, de

pouvoir se référer fréquemment à certains passages des verbatims en raison de notre bonne

connaissance de ceux-ci.

3) La codification.

La codification « consiste à nommer, à dégager, à résumer en quelques mots ou en une

courte phrase les propos tenus par les personnes interrogées » (Mayer et Deslauriers, 2000,

p.173). Cela donne habituellement lieu à une importante quantité de matériel mais l’étape

ultérieure, en l’occurrence la catégorisation, permet de conserver uniquement les éléments

pertinents à l’analyse. Dans le cadre de ce mémoire, en raison de la petite quantité de

matériel recueilli, la codification a été effectuée de manière informelle. En effet, plutôt que

de résumer les propos des participants, de nombreuses lectures et annotations du verbatim

et des notes factuelles prises lors des entrevues ont été effectuées tout au long de la collecte

des données, permettant l’élaboration de quelques interprétations et catégories préliminaires

issues à la fois de la confrontation des multiples données et de nos connaissances déjà

existantes sur le sujet.

4) La catégorisation.

Page 58: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

50

Cette étape « vise à regrouper les phénomènes, les événements, les éléments qui ressortent

des données » (Mayer et Deslauriers, 2000, p.174). Les concepts issus de l’étape de la

codification ont donc été regroupés à l’intérieur de catégories conceptuelles (Annexe F).

Afin d’augmenter la fiabilité de l’analyse, l’intervention d’un tiers, en l’occurrence la

directrice de ce mémoire, a été sollicitée afin de valider les catégories conceptuelles

relevées par la chercheure. Au départ, nous envisagions une approche mixte, c’est-à-dire

que, bien que nous avions préétabli quelques catégories, nous demeurions ouverts à en

rajouter au besoin. Toutefois, en raison du caractère très explicite des questions de la grille

d’entrevue qualitative (Annexe E), les catégories conceptuelles générales se sont révélées

être similaires aux éléments qui y étaient abordés. Le contenu de celles-ci a ensuite été

décortiqué de façon à définir leurs propriétés (ce qui les distingue) qui elles-mêmes ont

parfois été localisées le long d’un continuum afin de préciser leurs dimensions.

5) L’analyse et l’interprétation des données.

Une fois ces étapes effectuées, nous avons combiné les résultats qualitatifs et quantitatifs

afin d’optimiser notre analyse. C’est d’ailleurs la rédaction de l’analyse des données qui

nous a permis d’établir des modèles, c’est-à-dire d’identifier les tendances qui sous-

tendaient les données recueillies. À partir de ces modèles, des interprétations ont été

soulevées et confrontées à la théorie des provisions sociales de Weiss (1974) ainsi qu’aux

résultats obtenus dans le cadre de recherches antérieures. En effet, les résultats de cette

étude n’auraient pu être présentés adéquatement si nous avions fait abstraction des

recherches s’étant déjà penchées sur les éléments étudiés. C’est pourquoi nous avons mis

en relation certains résultats issus du présent mémoire avec d’autres provenant d’études

antérieures. L’ensemble de ces procédés a permis une interprétation résultant d’un

processus de recherche complet et rigoureux.

Comme le soulignent Strauss et Corbin (2004), certains qualitativistes rejettent

complètement les critères de scientificité qu’on applique dans le domaine quantitatif.

Toutefois, la plupart s’entendent pour dire qu’ils peuvent être appliqués à l’analyse

qualitative si on les adapte correctement. Pour les besoins de ce mémoire, nous nous

sommes tenus à cette dernière prémisse. Afin de restreindre la possibilité de biais, l’analyse

Page 59: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

51

qualitative doit donc respecter les trois critères suivants : la validité interne, la validité

externe et la fiabilité (Laperrière, 1997). La validité interne d’une étude s’évalue à sa

capacité de décrire fidèlement la situation étudiée. Afin de répondre à ce critère, certaines

techniques méthodologiques ont été adoptées. D’abord, la triangulation interméthodes qui

consiste en « la combinaison de deux ou plusieurs [stratégies] de recherche appliquées à

une même unité empirique » (Fortin, 1996, p.320) a été appliquée par l’adoption d’un devis

mixte. De plus, nous avons opté pour une méthode d’échantillonnage théorique, c’est-à-dire

visant à choisir consciemment les participants jusqu’à saturation dans l’objectif d’obtenir

un portrait d’ensemble de la situation. Quant à elle, la validité externe consiste à rendre

possible la généralisation des résultats. Selon certains, seule la profondeur de l’analyse

permet ou non de généraliser des résultats qualitatifs (Laperrière, 1997). On vise alors la

profondeur et l’exhaustivité socio-symbolique (représentativité sémiotique) ainsi que « la

profondeur des processus sociaux mis au jour, entre autres, au moyen d’un échantillonnage

théorique diversifié » (Laperrière, 1997, p.387) (représentativité processuelle). Pour notre

part, nous croyons que le présent mémoire répond partiellement à ces deux exigences. En

effet, bien que nous ayons adopté une méthode d’échantillonnage théorique, aucun moyen

ne nous permet de savoir si notre échantillon est conforme à la population en question.

Quoi qu’il en soit, l’approche qualitative n’assure jamais complètement la généralisation

des résultats, ce qui amène certains chercheurs à conclure qu’il vaut mieux renoncer à ce

critère et miser plutôt sur la singularité des phénomènes décrits par les études adoptant ce

devis (Laperrière, 1997). Le troisième critère de scientificité, en l’occurrence la fiabilité,

vise la concordance des résultats par l’exploration en profondeur du phénomène afin d’en

explorer toutes les facettes et d’en faire une analyse tenant compte de l’évolution des

données (Laperrière, 1997). Concrètement, ce concept se réfère à « l’exactitude avec

laquelle on suit l’évolution d’un phénomène et [qu’]on rend compte des différentes

perceptions exprimées par les participants » (Fortin, Côté et Filion, 2006, p.244). Pour ce

faire, une implication à long terme sur le terrain aurait été souhaitable afin de « cerner les

processus sociaux fondamentaux pouvant expliquer l’évolution de la situation à l’étude »

(Laperrière, 1997, p.387). Toutefois, les nombreuses discussions informelles avec les

différents professionnels de la santé œuvrant au CHUL ainsi que le fait que j’aie effectué

un stage de trois mois à cet endroit antérieurement pallient quelque peu cette lacune. À la

Page 60: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

52

lumière des éléments apportés, nous pouvons conclure à une rigueur des données et des

analyses apportées du volet qualitatif de ce mémoire.

3.6. Les limites de l’étude Toute recherche présente des limites et celle-ci ne fait pas exception. Afin de restreindre le

plus possible l’impact négatif de ces limites, il est impératif d’être conscient de leur

présence tout au long du processus de recherche. En effet, cela permet d’analyser les

résultats en tenant compte de leur influence potentielle. En ce qui concerne ce mémoire, la

principale limite relève du fait que les résultats ne peuvent faire l’objet d’une généralisation

en raison des caractéristiques de l’échantillon.

Tout d’abord, en ce qui a trait à l’échantillon, nous retrouvons une surreprésentation de la

gent féminine puisque dix-huit des vingt participants en font partie (voir le tableau 1 à la

page 34). L’échantillon du devis qualitatif (n=7) est, quant à lui, constitué uniquement de

femmes, ce qui peut grandement influencer les résultats. En effet, une étude effectuée par

Staats, Sears et Pierfelice (2006) a fait la démonstration que lorsqu’on questionne les gens

sur leurs motivations d’acquérir un animal de compagnie, les femmes ont davantage

tendance à mentionner des éléments liés au soutien social (soutien moral dans les périodes

difficiles, permet de contrer la solitude), ce qui diffère des réponses des hommes qui

rapportent habituellement des motivations plus pragmatiques comme, par exemple, que

l’animal leur permet de faire de l’activité physique ou qu’il occupe une fonction davantage

utilitaire. Il est toutefois important de mentionner que, outre la dimension du genre, les

échantillons qualitatifs et quantitatifs présentent une bonne représentativité quant aux

divers variables sociodémographiques à l’étude (voir le tableau 1 à la page 34 et le tableau

2 à la page 58). Ensuite, la petite taille de l’échantillon quantitatif rend également

hasardeuse toute tentative de généralisation des résultats. En effet, il est reconnu que, dans

le cadre d’études descriptives corrélationnelles, la taille de l’échantillon se doit d’être

importante si l’on veut optimiser la qualité des résultats qui en découlent (Fortin, 1996).

Cependant, le fait que la population à l’étude soit relativement homogène vient quelque peu

contrer les écueils liés au non-respect de cette exigence. Un autre aspect lié à

l’échantillonnage qui limite la généralisation des résultats de la présente recherche relève

Page 61: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

53

du fait qu’il s’agisse d’un échantillon non-probabiliste constitué uniquement de volontaires.

Ainsi, ce sont probablement les personnes les plus attachées à leur animal de compagnie

qui, de par leur intérêt, ont eu tendance à vouloir participer à cette recherche. D’ailleurs,

comme nous l’avons mentionné antérieurement, les répondants étaient très enthousiastes de

parler de leur relation avec leur animal, ce qui semble confirmer nos présomptions. Cela

expliquerait le fait que la moyenne du degré d’attachement à l’animal de compagnie des

participants de ce mémoire est plus élevée que celle répertoriée par les auteurs de

l’instrument mesurant le degré d’attachement à un animal, comme nous le verrons plus

tard. Ensuite, l’échantillonnage de volontaires est une technique qui, en soi, engendre des

biais car ce sont souvent les mêmes catégories de population qui ont tendance à participer

aux études (Ouellet et Saint-Jacques, 2000). Il aurait donc été approprié de combiner une

autre technique d’échantillonnage à celle-ci afin de limiter les biais potentiels, ce qui, pour

des raisons d’économie de temps, n’a cependant pas été effectué pour ce mémoire.

Finalement, le fait que les participants aient tous été recrutés au même endroit, en

l’occurrence au CHUL, crée peut-être un biais puisque, comme il a été mentionné

antérieurement, il s’agit d’un centre hospitalier situé dans un quartier favorisé de la ville de

Québec. Il se peut donc que les participants présentent un profil socioéconomique plus

favorisé que la population à l’étude. En fait, comme nous il a été mentionné plus tôt, bien

que les participants du présent échantillon présentent généralement de très faibles revenus

(voir le tableau 1 à la page 34), ils présentent des résultats au moins aussi importants que

ceux de la population générale quant à l’aide matérielle qui leur est disponible (voir le

tableau 6 à la page 101). Il semblerait donc que ce soient d’autres personnes qui

surviennent à leurs besoins tels qu’un(e) conjoint(e) ou un membre de leur famille.

Toutefois, il s’agit d’une hypothèse qui n’a pas été vérifiée dans le cadre de ce mémoire.

Outre l’échantillonnage, le fait qu’une partie des résultats de ce mémoire soient issus d’une

approche qualitative ne permet pas la généralisation des résultats de celui-ci. En effet, en

raison de la subjectivité qu’elle sous-tend, tant par rapport au discours du répondant que par

rapport à l’analyse du chercheur, le devis qualitatif ne peut jamais garantir la généralisation

des résultats (Laperrière, 1997). Toutefois, puisque la pertinence des résultats qualitatifs se

situe justement dans leur capacité à décrire des phénomènes singuliers et se rapportant

Page 62: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

54

directement au vécu des acteurs, cette limite quant à la généralisation occupe une

importance relative. Comme le rapportent Strauss et Corbin (2004) :

L’analyse résulte de l’interaction entre les chercheurs et les données. Il s’agit à la fois de science et d’art. Elle concerne la science dans le sens où elle assure un certain degré de rigueur et où elle enracine l’analyse dans les données. La créativité se manifeste, elle, dans la capacité des chercheurs à nommer avec pertinence les catégories, à poser des questions stimulantes, à faire des comparaisons et à extraire de la masse de données brutes et non organisées une logique innovatrice, intégrée et réaliste (p.31).

Un chercheur ayant pour objectif la généralisation des résultats de sa recherche se tournera

vers un devis quantitatif plutôt que vers une approche qualitative. Dans le cadre de ce

mémoire, l’adoption d’un devis mixte visait justement l’élaboration d’une analyse issue

d’une certaine interaction entre des données objectives mesurables (soutien social, bien-être

subjectif, degré d’attachement à l’animal) et l’expérience subjective des participants. Dans

ce contexte, nous étions prêts à sacrifier l’atteinte d’une certaine généralisation des résultats

pour pouvoir avoir accès à toute la richesse émanant du discours des principaux intéressés.

Finalement, a posteriori, nous avons remarqué que les questions cinq et six du

questionnaire qualitatif (voir à la page 159) ont pu amener les répondants à acquiescer à

celles-ci. En effet, leur formulation est légèrement biaisée et suggère aux participants que

l’animal puisse combler un vide, qu’il puisse aider à lutter contre la solitude. Les propos

ont donc pu être influencés par cette formulation.

3.7. Les considérations éthiques Puisqu’il s’agit d’une étude descriptive et non d’une étude expérimentale, les effets directs

sur les répondants se sont limités à l’expérience de participer à une étude, c’est-à-dire de

parler de soi avec tout le temps et le stress que cela peut impliquer (Gauthier, 1990). Le

sujet du présent mémoire n’étant pas de nature à perturber l’équilibre émotionnel des

participants, aucune mesure n’a été prise en ce sens. Au contraire, comme il a été

mentionné plus tôt, les gens semblaient heureux de pouvoir parler de leur relation avec leur

animal de compagnie.

Page 63: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

55

En ce qui a trait aux effets indirects possibles de la participation à une telle recherche, en

l’occurrence ceux liés au consentement éclairé et à la confidentialité, tous les moyens ont

été pris afin de les limiter le plus possible. D’abord, lors du premier contact téléphonique,

nous nous assurions que chacune des personnes pressenties pour participer à l’étude s’y

engageait de façon libre et éclairée. Pour ce faire, nous décrivions brièvement l’étude et ses

objectifs, de même que les implications d’une participation à celle-ci. Nous informions

également le futur participant de la possibilité de se retirer en tout temps de l’étude et ce,

sans aucun préjudice. Le consentement formel de chacun des participants était obtenu au

moment de l’entrevue, à l’aide d’un formulaire de consentement (Annexe C) qui, après

analyse du Comité d’éthique du CHUL, fit l’objet de plusieurs corrections. Ce formulaire

ayant pour but d’informer le participant afin qu’il fournisse un consentement éclairé, tous

les éléments pertinents s’y retrouvent : le contexte de l’étude, ses objectifs, son

déroulement, les risques potentiels et avantages possibles, les détails quant au droit de

retrait et à la confidentialité, ainsi que les coordonnées des différentes personnes à contacter

en cas de problème. Finalement, il est important de mentionner que, avant de débuter

l’étape de la collecte des données, cette étude a été préalablement approuvée par le Comité

d’éthique du CHUL (88.05.01), ce qui a automatiquement entraîné son acceptation auprès

du Comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval (CÉRUL).

Le respect de la confidentialité a été assuré par l’adoption d’une série de mesures qui ont

été portées à l’attention des participants dans le formulaire de consentement (Annexe C).

En premier lieu, tous les documents sur lesquels apparaissent les noms et coordonnées des

participants afin de leur transmettre un résumé des résultats de la recherche ont été, durant

toute la durée du processus de recherche, conservées dans un classeur fermé à clé auquel

seule la chercheure avait accès. Il en est de même pour les questionnaires et les

enregistrements. Tout ce matériel sera détruit suite au dépôt final du mémoire. Enfin, le

nom des participants n’a été mentionné sur aucun des questionnaires ni sur les

enregistrements audio. Un système de codes a plutôt été utilisé afin que seule la chercheure

puisse faire le lien entre les participants et leurs réponses. Bien sûr, en aucun cas le nom de

la personne n’a été mentionné dans le mémoire, ni rien qui puisse l’identifier.

Page 64: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

56

Il est également pertinent de souligner que, afin de respecter les droits d’auteur, les

chercheurs ayant élaboré chacun des trois instruments de mesure ont été contactés afin

d’obtenir leur approbation quant à l’utilisation de l’instrument aux fins du présent mémoire.

Tous ont accepté (Annexe B).

Page 65: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

Chapitre IV : L’analyse et l’interprétation des résultats Le chapitre qui suit présente l’analyse et l’interprétation simultanées des résultats obtenus

dans le cadre du présent mémoire. Cette présentation a été préférée à celle plus

traditionnelle distinguant les résultats et la discussion puisqu’elle permet une plus grande

latitude quant à l’exploration des possibles interactions entre les données issues des volets

qualitatif et quantitatif. De plus, le lecteur remarquera que, tout au long du chapitre, les

résultats d’études antérieures portant sur les éléments abordés permettent de situer les

résultats de la présente recherche, ce qui enrichit grandement la qualité de l’analyse. Ce

chapitre abordera d’abord les résultats du volet qualitatif pour ensuite se pencher davantage

sur ceux issus du devis quantitatif. L’ensemble des résultats sera, par la suite, confronté

avec notre cadre théorique, en l’occurrence la théorie des provisions sociales. Finalement,

on y formulera les implications de ces résultats pour l’intervention ainsi que les avenues

qu’ils suggèrent pour les recherches futures.

4.1. Les résultats qualitatifs Les résultats présentés ici sont issus de l’analyse de contenu qui a été effectuée à partir des

propos rapportés par les sept participantes ayant répondu au questionnaire qualitatif

(Annexe E). À l’aide d’une grille d’analyse (Annexe F), leur discours fut analysé et les

quatre thèmes suivants se sont avérés être les plus importants : les motivations les ayant

amenées à acquérir un animal de compagnie, la représentation qu’elles se font de celui-ci,

ce qu’il leur apporte ainsi que les inconvénients occasionnés par sa présence. Toutefois,

avant d’aborder ceux-ci, il appert important de présenter une description succincte des sept

participantes au volet qualitatif. Le tableau 2 dresse un portrait de cette portion de

l’échantillon.

Page 66: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

58

Tableau 2: Caractéristiques de l’échantillon qualitatif Parti-

cipante

(n = 7)**

Âge Type et

nombre

d’animaux

de

compagnie

Niveau de

scolarité

Statut

d’activité

Revenu

annuel

Nombre

de

personnes

dans le

ménage

Statut civil Diagnostic

Psychiatrique

E-1 60 1 chien Universitaire 1er cycle

Rente d’invalidité

10 000$-16 999$

5 Divorcée Anxiété sévère

I-3 22 1 chat Secondaire Sans emploi

Moins de 10 000$

1 Célibatai-re

Anorexie

E-6 46 1 chat 12 poissons

Universitaire 1er cycle

Rente d’invalidité

45 000$- 54 999$

1 Divorcée Dépression

E-9 49 1 chat 2 oiseaux

Secondaire Rente d’invalidité

10 000$- 16 999$

2 Divorcée Trouble bipolaire

E-14 52 2 chiens Secondaire En emploi 24 000$- 34 999$

3 Divorcée Trouble obsessionnel-compulsif

E-15 49 3 chats 1 oiseau

Universitaire 1er cycle

Sans emploi

Moins de 10 000$

2 Conjointe de fait

Trouble bipolaire

I-5 30 1 chien Collégial En emploi 24 000$- 34 999$

4 Conjointe de fait

Trouble bipolaire

** À noter que les participantes dont le numéro d’identification commence par la lettre « E » sont celles qui bénéficiaient d’un suivi externe au département de psychiatrie du CHUL au moment de la collecte des données alors que celles dont le numéro d’identification commence par la lettre « I » se trouvaient alors à l’interne.

4.1.1. Les motivations d’acquérir un animal de compagnie Parmi les questionnements soulevés par ce mémoire, l’un s’intéresse spécifiquement aux

raisons qui ont amené les personnes à acquérir un animal de compagnie. En effet, cet

élément est très pertinent dans la mesure où il peut nous en apprendre beaucoup sur les

liens entretenus entre l’animal et son propriétaire, ainsi que ce que la personne recherche à

travers la présence de l’animal. La première question de l’entrevue qualitative (Annexe E)

s’est donc intéressée à ce qui a motivé la personne à accueillir un animal sous son toit. À la

lumière des propos des participantes de l’étude, trois motivations principales sont ressorties

du lot : pour contrer la solitude, pour les enfants, par tradition familiale ou personnelle.

4.1.1.1. La solitude Le fait que les gens acquièrent un animal de compagnie pour contrer la solitude n’est guère

surprenant. Après tout, on ne qualifie pas ces animaux de compagnie sans raison!

Toutefois, ce qui est étonnant, c’est qu’une seule des sept participantes ait mentionné cet

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59

élément d’emblée. Une étude hollandaise et une étude australienne effectuées auprès de la

population générale ont pourtant démontré que la majorité des gens (79% pour l’étude

hollandaise; 79% des propriétaires de chats et 82% des propriétaires de chiens pour l’étude

australienne) ayant fait l’acquisition d’un animal l’avait fait pour avoir de la compagnie et

ce, même au sein de ménages nombreux (Endenburg, Hart et Bouw, 1994; Franklin, 2007).

Bien que près de la moitié des participantes aient, comme nous pourrons le constater plus

loin, affirmé que leur animal de compagnie leur permettait de contrer leur solitude, il

semble que, pour la plupart des personnes interrogées dans le cadre de ce mémoire, cela ne

constitue pas la raison principale ayant motivé le choix d’acquérir un animal de compagnie.

Le récit de la participante en question revêt toutefois une grande importance puisqu’il nous

permet d’observer qu’il existe parfois un lien entre les problèmes de santé mentale, la

solitude et l’acquisition d’un animal de compagnie : « J’ai fait une dépression majeure […].

J’avais besoin d’une présence, je vivais seule. Puis j’avais vraiment besoin d’une présence

[…]. Je me sens moins seule maintenant, je parle à mes petits oiseaux, je parle à mon chat »

(E-9). Dans ce cas précis, l’acquisition d’un animal de compagnie vient clairement suppléer

à un réseau social restreint par le trouble mental. On dénote également une forte volonté

d’entrer en contact avec un être animé, d’avoir une présence à ses côtés.

4.1.1.2. Les enfants Les raisons évoquées pour acquérir un animal de compagnie ont tendance à être différentes

selon que la personne ait des enfants ou non. Des sept répondantes au volet qualitatif, deux

sont à la fois mères et propriétaires d’un animal. Or, ces deux personnes révèlent qu’elles

ont décidé d’acquérir un animal de compagnie en raison de leurs enfants, ce qui corrobore

les résultats d’un grand nombre de recherches empiriques. Tout d’abord, bien que ce soit

chez les personnes seules qu’on remarque généralement un plus grand attachement à

l’animal (Albert et Bulcroft, 1988; Kidd et Kidd, 1989; Poresky et Daniels, 1998), il est

reconnu que les ménages avec enfants sont ceux où l’on retrouve une plus importante

proportion d’animaux de compagnie (Albert et Bulcroft, 1988; Crispell, 1991; 1994; Léger

Marketing, 2006; Poresky et Daniels, 1998). L’étude d’Endenburg, Hart et Bouw (1994)

révèle d’ailleurs que 79% des familles interrogées ayant des enfants de moins de 16 ans et

Page 68: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

60

étant propriétaires d’un animal de compagnie ont décidé d’accueillir un animal à la maison

en raison des enfants. Nous pouvons également constater que la culture de masse et tout le

domaine du divertissement enfantin présentent une panoplie de produits destinés aux

enfants à l’image d’un animal. En fait, il semble que le domaine des animaux et celui de

l’enfance soient intrinsèquement liés dans la culture occidentale. Le Working Party Council

for Science and Society (1988) attribue ce phénomène au fait que les enfants s’identifient

facilement aux animaux et que ceux qu’on retrouve dans les histoires font des choses qui

sont habituellement impossibles à réaliser, ce qui permettrait aux enfants l’accès à des

mondes imaginaires et fantastiques. Les animaux occupent d’ailleurs ce rôle dans nombre

d’histoires mythiques et folkloriques d’une panoplie de cultures. Toutefois, ces faits et

résultats ne nous permettent pas de comprendre en quoi la présence de l’animal est

importante aux yeux des parents.

Grâce aux propos recueillis lors des entrevues semi-structurées, le présent mémoire nous

amène quelques pistes. Ainsi, une participante affirme que son conjoint et elle ont décidé

d’acheter un chien pour que leurs enfants s’habituent à la présence d’un animal : « On

voulait que les enfants soient habitués à un animal » (I-5). Intuitivement, les parents sont

souvent portés à mettre leurs enfants en contact avec un animal. Deux études effectuées aux

États-Unis auprès de ménages possédant un animal de compagnie rapportent des résultats

impressionnants quant à la proportion de personnes qui sont d’avis qu’il est important que

les enfants vivent avec des animaux (Albert et Bulcroft, 1988 : 94%; Cain, 1985 : 99%).

Étonnamment, on apprend que, à partir d’un an, les enfants manifestent davantage de

comportements d’attachement à la vue de leur animal familier qu’à celle d’un animal animé

mécaniquement, surtout lorsque l’animal en question est un chien (Kidd et Kidd, 1987).

Trois études ont même observé l’existence d’une corrélation positive entre l’attachement

des enfants à leur animal de compagnie et leur développement social, notamment quant au

degré d’empathie dont ils font preuve envers les autres enfants (Bierer, 2000; Poresky,

1996; Vidovic, Stetic et Bratko, 1999). Le degré d’attachement à un animal de compagnie

est également relié positivement avec le degré d’estime de soi des enfants ayant participé à

l’importante étude de Lookabaugh Triebenbacher (1998). Quant à Van Houtte et Jarvis

(1995), ils soutiennent qu’il existe une relation positive entre le fait, pour un préadolescent,

Page 69: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

61

d’être en contact avec un animal de compagnie à la maison, son estime de lui-même et son

autonomie. Les travaux d’Hubert Montagner (2002), spécialiste de la psychologie

enfantine, et du psychiatre Boris Levinson (1970; 1972; 1978), le père de la zoothérapie et

le premier à avoir introduit un animal dans sa pratique auprès d’enfants, plaident également

en faveur des bienfaits de l’animal chez l’enfant. En ce sens, une recherche effectuée auprès

de 300 enfants âgés de 3 à 13 ans a révélé que ceux-ci considèrent leur animal de

compagnie comme une source d’apprentissage, de joie, de confort et d’affection

inconditionnelle (Kidd et Kidd, 1985). Au contraire, un nombre impressionnant d’études

ont observé que les enfants exerçant des actes cruels au détriment d’animaux sont plus

susceptibles d’afficher des comportements antisociaux envers d’autres humains (Ascione,

Friedrich, Heath et Hayashi, 2003; Dadds, Whiting et Hawes, 2006; Kellert et Felthous,

1985; Ressler, Burgess, Hartman, Douglas et McCormack, 1986; Tallichet et Hensley,

2004) et d’avoir eux-mêmes été victimes de violence familiale (Kellert et Felthous, 1985).

De plus, une intervention visant la sensibilisation d’enfants d’âge scolaire à l’importance

des bons traitements envers les animaux a augmenté leur degré d’empathie (Ascione et

Weber, 1996). Bref, la présence d’une attitude positive envers les animaux de compagnie

apporte quelque chose à l’enfant et c’est probablement ce qui motive intuitivement les

parents à acquérir un animal de compagnie.

Une autre participante nous révèle quant à elle avoir décidé d’acquérir un chien pour

pallier son absence auprès des enfants en raison de son hospitalisation. Ainsi, elle se

sentait moins coupable de ne pas pouvoir être auprès d’eux plus souvent : « Je pense que ça

venait un petit peu pallier […] mon absence parce que j’ai été hospitalisée […]. C’était

comme si le chien me remplaçait d’une certaine manière. C’est comme, ça m’enlevait un

degré de culpabilité de ne pas être auprès d’eux » (E-1). Cette dernière portion d’entrevue

nous rappelle que les personnes présentant un problème de santé mentale vivent des réalités

familiales particulières, notamment en raison des hospitalisations parfois nombreuses. En

effet, l’hospitalisation du parent constitue un événement traumatisant pour l’enfant

puisqu’il s’en trouve immanquablement séparé et que cette période est habituellement

précédée d’une période de stress durant laquelle le parent en question a vécu une

aggravation marquée de son trouble mental (Boily, St-Onge et Toutant, 2006). Toutefois,

Page 70: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

62

comme le soulignent ces auteurs, le fait que l’enfant soit accueilli dans un milieu stable et

qu’il bénéficie des soins d’une personne de confiance peut amoindrir les impacts négatifs

liés à une telle expérience. Dans ce cas-ci, l’animal vient en quelque sorte se substituer –

d’une manière imparfaite, nous en convenons – à la personne manquante dans la famille en

occupant certains des rôles qui lui incombent, ce qui amène une certaine tranquillité

d’esprit chez l’enfant et chez le parent durant l’hospitalisation. Montagner (2002), dans son

ouvrage intitulé L’animal et l’enfant fait d’ailleurs la démonstration que l’animal est un

substitut relationnel pouvant faire office de régulateur de la famille pour l’enfant et qu’il lui

apporte apaisement, sécurité affective en plus de lui permettre de sortir de sa solitude. De

plus, bon nombre d’études rapportent qu’une majorité de propriétaires d’animaux de

compagnie estiment que leur protégé représente un membre de la famille à part entière

(Albert et Bulcroft, 1988; Beck et Katcher, 1983; Cain, 1985; Hirschman, 1994; Risley-

Curtiss et al., 2006; Salmon et Salmon, 1983; Voith, 1985). Le raisonnement de cette

participante n’est assurément pas étranger à cette perception. D’autant plus que, comme le

relèvent Beck et Katcher (1983) ainsi que Margolies (1999), les animaux de compagnie

incarnent quelques attributs de la mère idéale : amour inconditionnel, protection, fidélité

éternelle, disponibilité, attitude de non-jugement, etc. L’étude de cas de Margolies (1999)

vient confirmer cette affirmation puisqu’elle observe que le décès d’un animal de

compagnie peut raviver le sentiment de perte relié au deuil chez les personnes ayant perdu

leur mère très tôt dans leur vie. Cependant, les résultats de l’étude de Bodmer (1998) ne

permettent pas d’affirmer que la présence animale améliore la situation des adolescents

bénéficiant de peu de ressources familiales, ce qui nous oblige à la prudence quant au

possible rôle de substitut parental que pourrait occuper l’animal. En fait, une étude

impliquant des enfants de personnes ayant été hospitalisées pour des problèmes de santé

mentale serait nécessaire pour connaître les réels impacts de la présence d’un animal de

compagnie lors de cet épisode.

4.1.1.3. La tradition familiale ou personnelle L’acquisition d’un animal de compagnie est souvent motivée par les expériences au cours

de l’enfance. En effet, deux des participantes affirment avoir toujours vécu avec des

animaux de compagnie lorsqu’elles étaient enfants et que cela constitue en quelque sorte

Page 71: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

63

une tradition familiale. Ainsi, après avoir quitté le domicile familial, elles ne s’imaginaient

pas vivre sans animal : « Je ne m’imaginais pas ne pas avoir de chat parce que j’en ai

toujours eu. […] J’ai toujours été très très attachée à eux. […] Je ne voyais pas comment je

pourrais faire autrement que [d’en] avoir » (I-3). L’étude qualitative de Hirschman (1994) a

également démontré que les personnes ayant vécu une grande partie de leur enfance avec

un animal de compagnie en viennent à concevoir qu’une famille ne peut être complète sans

la présence d’un animal. La perception de la cellule familiale est ainsi modifiée par la

dynamique apportée par la présence de l’animal de compagnie. Une participante de notre

étude, vivant avec un conjoint et deux enfants, considère d’ailleurs que son chien constitue

« la cinquième personne qui manquait dans la famille » (I-5), ses enfants étant maintenant

autonomes.

Ces propos corroborent les résultats des études qui se sont intéressées au profil des

propriétaires d’animaux de compagnie. En effet, celles-ci ont établi qu’une personne qui,

durant son enfance, a cohabité avec un animal de compagnie, est beaucoup plus sujette à en

acquérir un, une fois devenue adulte (Cain, 1985; Endenburg, 1995; Hirschman, 1994;

Kidd et Kidd, 1989; Poresky et Daniels, 1998; Poresky, Hendrix, Mosier et Samuelson,

1988b), et à y être davantage attachée (Kidd et Kidd, 1989; Poresky et al., 1988b). De plus,

certaines recherches ont constaté que les gens ont tendance à demeurer fidèles aux espèces

qu’ils ont côtoyées durant leur enfance (Kidd et Kidd, 1980; Serpell, 1996b; 1981). Cet

aspect n’a toutefois pas été étudié dans le cadre de la présente étude.

Outre la tradition familiale, les propos d’une participante font référence à une certaine

tradition personnelle qui se perpétue dans le temps. Dans ce cas-ci, la personne a fait

l’acquisition d’un animal dans le passé et, depuis, n’a jamais cessé d’en avoir : « Ça fait

environ une vingtaine d’années que j’ai commencé à avoir des animaux » (E-15).

4.1.2. La représentation de l’animal de compagnie pour la personne La deuxième question de l’entrevue qualitative consistait à demander aux participantes ce

que représente leur animal de compagnie pour elles. Ainsi, une dimension importante de la

relation humain-animal a émergé des entrevues. En effet, l’analyse initiale dont découle

Page 72: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

64

l’élaboration du cadre méthodologique du présent mémoire n’avait pas permis de saisir

l’importance de se pencher sur ce que représente l’animal de compagnie pour ces gens. Or,

les propos tenus lors des entrevues nous permettent de comprendre que la représentation

que se fait la personne de son animal et la relation qu’elle entretient avec lui sont

intrinsèquement liées. Ainsi, on apprend, à la lumière des qualificatifs employés par les

propriétaires rencontrés, que l’animal de compagnie constitue un être avec qui on entretient

une relation d’importance et qui présente une foule de qualités plus impressionnantes les

unes que les autres.

Il est à remarquer que les répondantes tiennent souvent des propos de nature

anthropomorphique, c’est-à-dire qu’elles attribuent à leur animal de compagnie des

émotions et des traits humains. Bien que l’anthropomorphisme soit décrié par plusieurs,

force est de constater que la grande majorité des gens, surtout en Occident, adoptent des

attitudes qui s’y rapportent (Serpell, 2003). En effet, nous donnons des noms à nos

animaux, nous leur parlons, nous sommes affectés par leur décès et certains célèbrent

même leur anniversaire! Il n’est donc pas surprenant que plusieurs des personnes

rencontrées considèrent leur animal de compagnie comme un ami, un enfant ou un membre

de leur famille, bref, comme une personne à part entière. Selon Serpell (2003),

l’anthropomorphisme est une condition essentielle à l’émergence du phénomène des

animaux de compagnie. Comme le soulignent Lagoni, Butler et Hetts (1994),

l’anthropomorphisme amène les individus, par leur interprétation biaisée des faits et gestes

de l’animal, à percevoir l’instauration d’une communication mutuelle, ce qui alimente

l’attachement à cet animal.

4.1.2.1. Un être avec qui on entretient une relation importante Les qualificatifs employés par les personnes interrogées pour décrire leur animal de

compagnie permettent de constater toute l’importance que celui-ci occupe dans leur

existence. En fait, de tels résultats ne sont guère surprenants puisque 95% des enfants et

98% des personnes âgées considèrent que leur animal de compagnie fait partie des dix

relations les plus importantes pour elles (McNicholas et Collis, 2004). À la lumière des

propos des participantes à la présente recherche, on remarque que les termes employés pour

Page 73: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

65

qualifier la relation entretenue avec l’animal font souvent référence à une certaine

proximité affective. Une participante relate que, son chat étant l’être qu’elle côtoie le plus

souvent, c’est lui qui lui a manqué le plus lors de son hospitalisation : « À l’hôpital, la

première chose que j’ai […] ressentie, ce n’était pas : “Ah, je m’ennuie de mes parents, je

ne les verrai pas avant un bout de temps”. Non, ça a été vraiment mon chat parce que c’est

la personne que je vois le plus souvent [et] avec qui je passe le plus de temps » (I-3).

Dans ce cas-ci, l’utilisation du mot personne pour qualifier l’animal nous permet également

de constater que celui-ci possède le même statut qu’un être humain aux yeux de cette

participante. D’ailleurs, à la manière d’une personne, l’animal représente un être singulier

qui a sa personnalité propre : « Ils ont chacun leur personnalité [mes animaux], j’aime ça

les […] regarder aller, observer leurs comportements avec moi puis entre eux [aussi]. Puis,

je me retrouve un peu dans ce qu’ils sont » (E-6).

La même participante mentionne également se reconnaître dans ses animaux, propos

rejoints dans son discours par l’illustration que ses chats constituent une partie d’elle-

même, un prolongement de soi : « Ça représente beaucoup, c’est une partie de moi mes

animaux. […] C’est important mes chats pour moi, très important » (E-6). Cette affirmation

nous en dit long quant à la place réservée aux animaux de compagnie dans la vie de cette

femme. En fait, cette image est évoquée par plusieurs auteurs (Belk, 1988; Feldmann, 1979;

Hirschman, 1994; Ramirez, 2006; Salmon et Salmon, 1983; Simon, 1984; Veevers, 1985).

Ainsi, l’animal confirme la vision que la personne a d’elle-même ou bien symbolise ce

qu’elle voudrait être. Veevers (1985) considère même qu’il s’agit d’une des trois fonctions

importantes – avec les fonctions de facilitateur d’interactions sociales et de substitut à

l’interaction humaine – qu’occupe l’animal de compagnie dans la vie de son propriétaire,

lorsque ce dernier est en relation étroite avec son protégé. Ainsi, certains propriétaires

d’animaux de compagnie ont tendance à s’approprier les sentiments que les autres

entretiennent envers leur animal. De cette façon, si une personne de l’entourage manifeste

une distance avec l’animal par exemple, son propriétaire interprétera cela comme si cette

personne le rejetait. Un exemple intéressant nous vient d’une participante qui évoque

l’hypothèse qu’un éventuel copain n’aime pas les animaux : « Le chat resterait dans

Page 74: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

66

l’appartement mais le copain prendrait le bord parce que, pour moi, aimer les animaux,

c’est comme une valeur. […] C’est très très très important dans ma vie [alors je ne] pense

pas que je pourrais [avoir] des liens avec une personne [qui n’aime] pas les animaux » (I-3).

Comme nous pouvons le constater, l’animal de compagnie occupe une place prépondérante

dans la vie de la personne, ce qui peut amener des impacts négatifs d’ordre social en créant

davantage d’isolement chez la personne présentant un problème de santé mentale, élément

sur lequel nous reviendrons plus loin.

Outre les qualificatifs généraux énoncés jusqu’à présent, une répondante a admis que son

animal de compagnie remplissait un rôle particulier pour elles, entre autres un rôle

d’amitié. Dans le cadre de l’étude qualitative de Hirschman (1994), c’est la réponse qui

revient le plus souvent chez les participants issus de la population générale lorsqu’on

s’intéresse à ce que représente leur animal pour eux. C’est également vrai pour 30% de

l’échantillon de l’étude de Cain (1985) effectuée auprès de familles de militaires, pour 53%

des Australiens consultés dans le cadre de la recherche de Salmon et Salmon (1983), ainsi

que pour la plupart des femmes de l’étude de Risley-Curtiss, Holley, Cruickshank, Porcelli,

Rhoads, Bacchus, Nyakoe et Murphy (2006). De plus, les personnes âgées interrogées par

Peretti (1990) ont estimé que leur chien était leur seul ami dans une proportion de 75%

pour les hommes et 67% pour les femmes. Les disparités quant aux résultats que l’on

retrouve ici peuvent être expliquées par la modification du rôle de l’animal de compagnie

tout au long de l’existence et selon son statut social. Ainsi, on observe habituellement des

liens plus importants avec l’animal de compagnie chez les personnes âgées et les personnes

seules qu’au sein des familles (Albert et Bulcroft, 1988), phénomène sur lequel nous

reviendrons plus tard. Bien qu’on ne puisse en rien comparer une relation entre deux

humains avec une relation humain-animal, on ne saurait nier l’importance de liens affectifs

d’importance tels que l’amitié que représente l’animal pour les personnes présentant un

problème de santé mentale, notamment en raison de leur degré d’isolement qui est

habituellement plus élevé que la moyenne des gens (Caron, Tempier, Mercier et Leouffre,

1998; Pigeon et Fortin, 2005; Poulin et Massé, 1994; Tessier et Clément, 1992). Ainsi, dans

un tel contexte, nous pouvons considérer que l’animal constitue un élément positif dans la

vie de ces personnes.

Page 75: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

67

Comme nous avons pu le constater plus tôt, bon nombre d’études rapportent des résultats

impressionnants quant à la proportion de personnes considérant leur animal de compagnie

comme un membre de la famille à part entière (Albert et Bulcroft, 1988 : 87%; Beck et

Katcher, 1983 : 70%; Cain, 1985 : 68%; Hirschman, 1994 : 80%; Salmon et Salmon, 1983 :

97%; Voith, 1985 : 99%), ce qui rejoint les propos de la participante qui considère que son

chien constitue « la cinquième personne qui manquait dans la famille » (I-5).

Non seulement l’animal est considéré par certains comme un membre de la famille mais

trois des participantes interrogées vont même jusqu’à le comparer à un enfant. Fait

intéressant, ce sont toutes des femmes sans enfant qui ont tenu ces propos. Des résultats

similaires se retrouvent également chez 75% des répondants d’une étude étatsunienne

(American Animal Hospital Association, 1996) et 60% des participants à une étude

australienne (Salmon et Salmon, 1983), toutes deux effectuées auprès de la population

générale. Nous observons également que les personnes de notre échantillon qui n’ont pas

d’enfant présentent un degré d’attachement significativement plus élevé (t = -3,41; p =

0,003) à leur animal de compagnie (M = 32,46) que celles qui en ont (M = 24,29). Ces

résultats viennent appuyer ceux de maintes études ayant évoqué que, pour les ménages sans

enfant, l’animal de compagnie constitue souvent le substitut de l’enfant manquant

(Feldmann, 1979; Hirschman, 1994; Keddie, 1977; Salmon et Salmon, 1983; Savishinsky,

1983). D’ailleurs, deux des participantes le mentionnent clairement :

C’est un petit peu ma petite fille […]. Mon côté maternel, je le déverse sur elle. (E-9)

Je pense qu’ils [les animaux] viennent combler le fait qu’on n’ait pas d’enfants aussi […], c’est comme un bébé. (E-15)

La néoténie, qui décrit par extension l’aptitude qu’ont certaines espèces de conserver des

caractéristiques juvéniles toute leur vie durant, se retrouve au cœur de ce phénomène. Elle

semble jouer un rôle déterminant dans la relation humain-animal puisqu’elle amène

l’individu à prendre soin de l’animal si, bien sûr, il se trouve au sein d’un contexte culturel

Page 76: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

68

encourageant ce lien (Lagoni, Butler et Hetts, 1994). À l’instar des jeunes enfants, l’animal

de compagnie manifeste des comportements affectueux et présente des traits physiques

enfantins : de grands yeux, une grosse tête, une petite taille, une peau douce au toucher, un

caractère joueur, des mouvements qui manquent souvent de coordination, etc. Toutefois, la

relation que la personne entretient avec son animal de compagnie ne présente pas la

lourdeur des responsabilités du lien parent-enfant, ce qui peut constituer un avantage

majeur dans le cas de personnes présentant un problème de santé mentale puisque, pour

certaines, les conséquences liées à leur trouble mental ne leur permettraient pas un

investissement plus important. Dans ces cas particuliers, l’animal représente un enfant qui

ne grandira jamais et dont on doit s’occuper tout au long de son existence (Beck et Katcher,

1983; Feldmann, 1979; Franklin, 1999), élément qui constitue d’ailleurs une des fonctions

du soutien social selon la théorie de Weiss (1974) sur laquelle nous reviendrons. Il a de plus

été rapporté que ces propriétaires adoptent des comportements similaires à ceux que l’on

adopte avec des enfants : intonation de la voix plus douce et aigüe lorsqu’on s’adresse à

l’animal (Beck et Katcher, 1983) de même que des manifestations d’anxiété lors d’une

séparation (Hirschmann, 1994). Concernant ce dernier point, une participante effectue une

comparaison significative lorsqu’en abordant le sujet de la garde de son chien durant ses

absences prolongées, elle affirme que « c’est comme laisser un enfant malade à la

gardienne » (E-15). Nous pouvons donc retenir qu’en l’absence d’enfant et grâce aux

comportements particuliers des animaux de compagnie qui peuvent se rapprocher de ceux

adoptés par les enfants, certains propriétaires d’animaux de compagnie considèrent ceux-ci

comme étant leur propre progéniture.

4.1.2.2. Un être doté de qualités impressionnantes Une foule de qualités plus nobles les unes que les autres se retrouvent dans le discours des

répondantes de la présente étude lorsqu’il est question de ce que représente leur animal de

compagnie pour elles. Cet aspect émerge de plusieurs études qui démontrent que plus les

gens considèrent que leur animal de compagnie possède des attributs positifs, plus ils y sont

attachés, peu importe le type d’animal impliqué (Budge et al., 1998; El-Alayli et al., 2006;

Serpell, 1996a; Zasloff et Kidd, 1994a). Nous pouvons d’ailleurs affirmer que

l’attachement des participantes rencontrées est à la mesure des descriptions qu’elles nous

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69

ont fournies puisque leur degré d’attachement est plus élevé que celui de la population

générale (Poresky, 1997).

Parmi les qualificatifs évoqués pour décrire ce que représente leur animal de compagnie,

deux participantes ont abordé le fait qu’il s’agit d’un être fidèle, sur lequel on peut

compter. « Il est toujours là! » (E-1), de s’exclamer l’une d’entre elles. Il représente

également un être respectueux, davantage même que certains êtres humains : « Moi, je

trouve qu’un animal, c’est très respectueux, si on le respecte. On [en] aurait à apprendre

d’eux » (E-9).

De surcroît, il semble posséder tous les attributs du confident idéal, ce qui pourrait

expliquer pourquoi 30% des propriétaires d’animaux de compagnie consultés dans le cadre

d’une étude effectuée auprès de la population générale admettent se confier à eux (Beck et

Katcher, 1983). Une participante nous a révélé qu’elle trouvait plus facile de parler à son

chien qu’à un être humain, ce qui corrobore les propos tenus par la plupart des adolescents

traités en psychiatrie rencontrés par Bardill et Hutchinson (1997) ainsi que par Okoniewski

(1984). Ces derniers expliquent cela par le fait que les êtres humains cherchent souvent à

avoir le contrôle lors de leurs interactions alors que les communications avec les animaux

sont simples et beaucoup moins menaçantes puisqu’ils ne peuvent être cruels ni tenir des

propos blessants. Nous pouvons également émettre l’hypothèse que cela est lié à l’absence

totale d’autocensure lors de telles pratiques, sachant que l’animal ne comprend pas ce que

l’on dit et qu’il ne peut donc porter aucun jugement sur les propos tenus ni n’en tenir

compte dans le futur.

Une participante a révélé que la présence de son animal lui permettait d’être accompagnée

dans la maladie sans toutefois faire subir ses états d’âme à ses proches, ce qui dénote

une certaine abnégation. Dans ce cas précis, nous pouvons croire que, sans son animal, la

personne se retrouverait complètement seule face aux conséquences associées à son

problème de santé mentale : « Quand je souffre énormément, [je ne] veux pas que

[quelqu’un] ait à subir ça, [alors] je m’isole. [Puis] mon chat, [ça n’a] pas de conséquences

si je vis ça avec [lui] » (E-9).

Page 78: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

70

Le fait que deux participantes aient fait mention que l’animal de compagnie ne puisse

jamais répéter les confidences qu’on lui révèle nous porte d’ailleurs à nous interroger

quant à la confiance que ces personnes portent envers les autres. Qu’est-ce qui a perturbé

leur confiance au point qu’elles aient décidé de se tourner vers un animal pour accueillir

leurs confidences? Cette dimension gagnerait à être approfondie davantage.

La qualité qui est la plus souvent évoquée (n=4) est sans aucun doute le fait que l’animal

soit sensible aux émotions vécues par son interlocuteur et qu’il semble même les deviner.

Quand j’ai de la peine, je n’ai pas besoin d’expliquer de long en large pourquoi j’ai de la peine. Il est là bon, il [ne] vient pas loin, il se demande [ce] que j’ai. […] J’ai vraiment l’impression qu’il me comprend. Même s’il [ne] parle pas, c’est tout comme. (I-3)

Elle [la chatte] détecte tellement mes sentiments, mes émotions que ça en est surprenant. Elle le sait quand je suis triste, quand je suis stressée, quand je suis de bonne humeur. Elle le sent [et] elle adapte son comportement à ça : si je suis en colère, elle disparaît, si je suis triste, elle va être plus câline, si je suis stressée, elle va monter sur mes genoux [pour] se faire flatter. (E-6)

On dirait qu’elle [la chatte] le sent [quand je souffre] : elle me colle. (E-9)

Des fois, elle [la chienne] se tourne la tête [et puis] tu vois qu’elle comprend. (E-15)

Puisqu’il est question ici de personnes présentant des problèmes de santé mentale pour

lesquelles les émotions prennent souvent une place prépondérante, ce dernier point ne peut

que susciter des questionnements. Ces personnes ressentent-elles que leurs émotions sont

incomprises par leur entourage alors que l’animal les comprend? Désirent-elles que leurs

émotions soient comprises sans qu’elles n’aient à les nommer explicitement? Recherchent-

elles simplement l’écoute d’un être qui semblera les comprendre sans dire un mot? Ces

questionnements, qui se rajoutent d’ailleurs à ceux émis antérieurement, nous indiquent

qu’il serait pertinent qu’une recherche future s’intéresse à la dimension de l’amitié chez les

adultes présentant un problème de santé mentale.

Page 79: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

71

4.1.3. Ce que l’animal de compagnie apporte à la personne Quelques théories existent quant à la raison profonde poussant les êtres humains à acquérir

des animaux de compagnie, des êtres vivants dont il faut s’occuper et qui n’ont pour ainsi

dire aucune utilité pratique. Certains ont affirmé que l’instinct de survie de ces animaux les

amène, à la manière des parasites sociaux, à manipuler les êtres humains en faisant appel

notamment à l’instinct parental de ces derniers dans le but d’obtenir leurs faveurs (Archer,

1997). Toutefois, en raison de ses solides fondations empiriques, nous retiendrons plutôt

celle évoquant que la présence d’un animal de compagnie augmente la qualité de vie de son

propriétaire en raison du soutien social qu’il procure (Bonas et al., 2000; Corson et Corson,

1980; Garrity et Stallones, 1998; Serpell, 2003). En fait, de nombreux éléments se

retrouvant dans le discours de toutes les participantes – sauf, bien évidemment, celle

n’aimant pas les animaux – ne font aucun doute quant au fait que les gens retirent des

bénéfices de posséder un animal sur le plan de la qualité de vie.

4.1.3.1. La sécurité physique La sécurité physique est un élément mentionné par trois des quatre participantes vivant

avec un ou plusieurs chiens. En fait, bien que l’une d’entre elles n’aime pas les animaux,

celles-ci ont toutes mentionné qu’une présence canine était rassurante. Lorsqu’on est seule,

la présence du chien permettrait une certaine tranquillité d’esprit quant aux incendies et aux

intrus qui pourraient tenter de s’introduire dans le domicile, ce qui converge avec les

résultats de Serpell (1990). Cet aspect a également été rapporté par 86% des hommes et

84% des femmes interrogés dans le cadre de l’étude de Peretti (1990) s’intéressant aux

relations entre les personnes âgées et leur chien. Une autre recherche effectuée auprès de la

population générale a révélé qu’il s’agissait d’un des bénéfices associés à la garde d’un

chien pour 76% d’entre eux (Salmon et Salmon, 1983). Cette forme de sécurité va jusqu’à

produire des répercussions sur la santé mentale d’une des femmes interrogées : « C’est

même une sécurité [quand je suis seule]. Si je suis malade, […] je vais moins paniquer [du]

fait de savoir que le chien est avec moi » (E-1). Compte tenu du fait que les personnes

présentant un problème de santé mentale ont une plus grande vulnérabilité face aux

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72

situations stressantes que la moyenne des gens (Tessier et Clément, 1992), les propos de

cette participante nous permettent d’affirmer que la présence d’un chien, particulièrement

chez cette population, peut parfois procurer un sentiment de sécurité qui entraîne une

amélioration de la qualité de vie.

4.1.3.2. Le bien-être Lorsque les répondantes ont été interrogées quant à ce que leur animal de compagnie leur

apporte, plusieurs qualificatifs s’apparentant au concept de bien-être sont ressortis. En effet,

l’une d’entre elles mentionne que la présence de son chat lui procure de la joie ainsi qu’un

sentiment de confort. Une autre constate que son moral s’est amélioré au moment de

l’acquisition de son chien, ce qui converge avec les résultats de l’étude de Serpell (1990)

qui a démontré l’existence d’une amélioration significative de la santé psychologique des

nouveaux propriétaires de chien. Une participante révèle quant à elle que ses animaux de

compagnie lui permettent de revenir dans le moment présent, éloignant ainsi les

souvenirs pénibles.

Des fois, je suis perdue dans ma souffrance, dans le passé, des affaires que j’ai vécues… atroces [et puis ma chatte] me ramène, elle monte sur moi […] pour se faire flatter [et puis je] reviens dans le moment présent. […] Ils [mes animaux] m’aident beaucoup à revenir dans le moment présent […]. Quand mon petit oiseau se met à chanter, […] tiens, je l’écoute. (E-9)

De plus, l’animal est apprécié pour la chaleur qu’il apporte et les sens interpellés à son

toucher : « Du bien-être : j’aime ça le flatter, j’aime ça être collée dessus, [ça m’apporte]

de la chaleur » (I-5). Selon Vormbrock et Grossberg (1988), ce serait d’ailleurs les

sensations liées au fait de toucher l’animal qui lui confèrerait ses propriétés relaxantes.

En ce qui a trait à la dimension du bien-être, c’est le calme et la détente apportés par la

simple présence de l’animal qui semblent le plus profiter aux participantes de la présente

étude.

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73

Je me sens moins stressée avec mes chats. Ils sont une source de calme pour moi […]. Les voir si calmes [mes poissons], ça aussi ça me calme. L’aquarium, […] juste de regarder l’aquarium […], c’est relaxant. (E-6)

Quand je la peigne, ça me détend énormément. Elle ronronne [et parfois] je m’endors tellement qu’elle me détend. […] On dirait que ça m’aide à aller chercher le calme en-dedans de moi […], à pousser quelque chose de serein, de doux, de calme. (E-9)

Les enfants aussi j’ai remarqué que ça avait changé leur comportement : ils sont plus calmes [puis ils] sont attachés à leur chien beaucoup. Je pense que ça leur fait du bien. (I-5)

La sensibilité particulière au stress des personnes présentant un problème de santé mentale,

telle qu’évoquée plus tôt, nous confirme l’importance des bienfaits d’un élément extérieur

relaxant chez cette population. D’ailleurs, un nombre impressionnant d’études ont

démontré que la simple présence d’un animal avait d’importantes propriétés relaxantes et

ce, que ce soit chez les personnes âgées (Enders-Slegers, 2000; Siegel, 1990), les enfants

(Friedmann et al., 1983; Pasckowitz, 2003) ou la population générale (Allen, Blascovich et

Mendes, 2002; Allen et al., 1991; Shilos, Sorek et Terkel, 2003; Vormbrock et Grossberg,

1988). À la manière du soutien social (Cohen et Syme, 1985; Cohen et Wills, 1985; Craig,

Lynch et Quartner, 2000), la présence d’un animal tend à diminuer significativement les

réponses physiologiques liées au stress. En ce sens, les personnes âgées ayant participé à

l’étude de Enders-Slegers (2000) ont été nombreuses à rapporter que leur animal de

compagnie leur procurait un important soutien lors des périodes de stress. Selon l’étude de

Siegel (1990), l’effet tampon produit par la présence de l’animal entre le stress et sa

réponse amènerait une diminution des consultations médicales chez les personnes âgées

propriétaires de chien. Wells et Perrine (2001) ont même révélé que, dans un milieu de

travail où il est permis d’emmener son animal de compagnie, les employés accompagnés de

leur animal perçoivent une diminution significative de leur degré de stress. De la même

façon, on a remarqué que les personnes de moins de 40 ans offrant une aide à un proche

atteint de démence et bénéficiant de la présence d’un animal de compagnie présentaient un

degré moins élevé de stress psychologique associé à cette prise en charge que celles ne

vivant avec aucun animal (Fritz, Farver, Hart et Kass, 1996). Une étude effectuée auprès de

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74

professionnels de la santé interagissant avec un chien voué à la thérapie assistée de l’animal

a également démontré que cinq minutes de cet exercice suffisaient pour enregistrer une

réduction des symptômes cliniques du stress (Barker et al., 2005). Fait étonnant, plusieurs

expérimentations effectuées à l’aide d’aquariums remplis de poissons ont permis de

découvrir les vertus reposantes de leur simple présence chez les personnes âgées

(DeShriver et Riddick, 1990; Riddick, 1984) et la population en général (Kidd et Kidd,

1999) et ce, même dans la salle d’attente du dentiste (Katcher, Segal et Beck, 1984).

L’animal de compagnie viendrait donc améliorer, par ses propriétés antistress, le bien-être

de son propriétaire, fait d’autant plus important dans une perspective de rétablissement pour

les personnes aux prises avec un problème de santé mentale.

4.1.3.3. Une diminution du sentiment de solitude Nous avons pu constater précédemment que, pour une des personnes rencontrées,

l’acquisition d’un animal de compagnie avait été motivée par la solitude ressentie à cette

période et à laquelle elle désirait pallier. Cependant, en ce qui a trait à l’apport de l’animal,

les participantes sont beaucoup plus nombreuses à mentionner que l’animal de compagnie

leur permet de contrer leur isolement (n=5). Ce résultat revêt un caractère d’autant plus

essentiel lorsqu’on sait que l’humain est un être fondamentalement social pour qui la vie

avec les autres est essentielle. Nous ne serons donc pas étonnés d’apprendre que la solitude

est associée à une piètre estime de soi, à un degré élevé de détresse psychologique ainsi

qu’à des comportements autodestructeurs tels que la toxicomanie, l’alcoolisme et les

conduites parasuicidaires (Julien, Julien et Lafontaine, 2000; Lynch, 2000; Zasloff et Kidd,

1994b). Les propos tenus en entrevue nous permettent de comprendre que cette solitude est

souvent conséquente au trouble mental. En fait, les conséquences liées au trouble

empêchent parfois les gens de travailler ou d’étudier, ce qui les exclut de la sphère sociale

dont bénéficie habituellement la population générale. D’ailleurs, il a clairement été

démontré que les individus ne travaillant pas sont davantage isolés (Fisher et Phillips, 1982;

Julien, Julien et Lafontaine, 2000) et sont plus nombreux à qualifier leur santé mentale

comme étant passable ou mauvaise (Statistique Canada, 2002) que ceux qui occupent un

emploi. Caron et Guay (2005) postulent par ailleurs que, pour optimiser son bien-être et son

développement, l’être humain doit avoir accès à quatre écosystèmes (famille, travail ou

Page 83: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

75

école, loisirs et communauté). En ce sens, bien que les participants de la présente étude

soient tous âgés de moins de 65 ans (voir le tableau 1 à la page 34), seulement 20% de

ceux-ci affirment occuper un emploi et un seul est étudiant, alors que le taux d’activité

provincial pour l’année 2006 (incluant les gens en emploi et ceux au chômage) est de

65,7% (Statistique Canada, 2007).

Moi, mon réseau social, […] avec la maladie, [il a] pas mal pris le bord. [Et puis], en ayant les minets, […] j’ai l’impression […] d’être utile. Je ne me sens pas toute seule même si je n’ai pas d’amis qui viennent à la maison. […] Ça vient vraiment combler le vide social autour de moi. (I-3)

Je vis seule, je n’ai pas d’enfants, je n’ai pas de conjoint, j’ai quelques amis… la situation fait que les amis que j’ai travaillent le jour. Et puis moi non. Alors, la présence de mes chats […] ça me fait une présence autour de moi, même s’ils sont couchés [et qu’ils] dorment souvent tout l’après-midi. (E-6)

Ça représente… une belle présence. […] Je me sens moins seule. La solitude est plus… Moi, ça arrive des fois que mon conjoint parte la semaine au complet et puis, quand on ne travaille pas et qu’on n’a pas beaucoup d’activités, dû à [ma maladie, et bien] les animaux c’est […] essentiel quasiment. (E-15)

Ça m’apporte une présence parce que là, comme je suis en congé [de] maladie […]. Je me sentais moins seule parce que, le jour, mes enfants sont à l’école, mon conjoint travaille. (I-5)

C’est une présence. […] je ne me sens pas toute seule. (E-9)

À la lumière des résultats d’études antérieures, nous pouvons croire que la présence d’un

animal de compagnie a surtout un impact bénéfique sur le degré de solitude des populations

qui sont plus isolées socialement que la moyenne, comme les personnes ayant des

incapacités dont les personnes âgées ou celles présentant un problème de santé mentale. En

effet, les écrits rapportent une diminution significative du degré de solitude chez les

personnes sourdes ayant fait l’acquisition d’un chien-guide (Guest, Collis et McNicholas,

2006; Hart, Zasloff et Benfatto, 1996) de même que chez les femmes âgées vivant seules et

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possédant un animal de compagnie (Mahalski, Jones et Maxwell, 1988). Toutefois, lors

d’une séparation de leur animal de compagnie, on n’a observé aucune augmentation du

degré de solitude chez une population étudiante (Gilbey, McNicholas et Collis, 2006). Ce

sont donc chez les personnes où l’on retrouve un degré de solitude anormalement élevé que

la présence d’un animal de compagnie se révèle être le plus bénéfique. Cela laisse présager

que la présence d’un animal de compagnie peut significativement diminuer le degré de

solitude des personnes présentant un problème de santé mentale.

Plusieurs études démontrent également que le fait d’être propriétaire d’un chien diminue le

degré de solitude mais de façon indirecte, à la manière d’un catalyseur social. En effet, le

fait de promener son animal à l’extérieur augmenterait significativement le nombre

d’interactions avec d’autres personnes, diminuant ainsi la solitude de son propriétaire

(Hunt, Hart et Gomulkiewicz, 1992; McNicholas et Collis, 2000; Messent, l984; Robins,

Sanders et Cahill, 1991; Veevers, 1985; Wood, Giles-Corti, Bulsara et Bosch, 2007).

Soixante-dix pourcent des personnes âgées interrogées dans le cadre de l’étude de Enders-

Slegers (2000) ont même rapporté s’être fait de nouveaux amis grâce à leur animal. On

observerait également ce phénomène chez les personnes ayant un chien-guide (Eddy, Hart

et Boltz, 1988; Mader, Hart et Bergin, 1989; Steffens et Bergler, 1998; Valentine, Kiddoo

et LaFleur, 1993). Cela serait notamment attribuable au fait que l’animal – habituellement

un chien – produise certains effets précis : il attire l’attention des gens (Veevers, 1985), il

facilite le contact verbal avec des inconnus (Hunt et al., 1992; McNicholas et Collis, 2000;

Messent, 1984; Robins et al., 1991; Veevers, 1985) et rend la personne qui l’accompagne

plus aimable aux yeux des autres (Lockwood, 1983; Rossbach et Wilson, 1992). Schneider

et Harley (2006) ont démontré que ces effets peuvent être utilisés dans le cadre de la

relation d’aide puisque les psychothérapeutes accompagnés d’un chien sont perçus plus

positivement par les gens, ce qui amène les gens qui consultent à s’ouvrir davantage. Barak

et al. (2001), Hall et Malpus (2000) ainsi que Corson et Corson (1980) ont également

observé ces effets – entre les patients cette fois – dans le cadre d’une thérapie assistée par

l’animal effectuée auprès de personnes hospitalisées en psychiatrie. Dans tous les cas, le

chien agirait en tant que facilitateur d’interactions sociales. Toutefois, aucune des

participantes du présent mémoire n’a abordé la question de ces bienfaits indirects.

Page 85: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

77

4.1.3.4. L’affection inconditionnelle Certaines participantes (n=3) ont mentionné que leur animal de compagnie leur apportait

une forme d’affection inconditionnelle : l’animal offre beaucoup d’affection, demande peu

en retour et n’entretient pas de sentiments négatifs envers son propriétaire. L’une d’entre

elles compare d’ailleurs la relation avec un animal à « un amour qu’on reçoit et qu’on n’a

pas à entretenir » (I-3). Une étude effectuée auprès de propriétaires très attachés à leur chat

a également permis de conclure que les bénéfices primaires associés à la relation humain-

chat étaient l’affection et l’amour inconditionnel (Zasloff et Kidd, 1994a). Selon Serpell

(1996b), ce phénomène est possible grâce à la force du non-verbal de l’animal ainsi que par

le fait que ce dernier ne puisse s’exprimer par la parole, ce qui exclut automatiquement

toute forme d’échange verbal désagréable comme les critiques, les disputes, etc. Corson et

Corson (1980) se sont d’ailleurs intéressés aux interactions non-verbales entre les

personnes hospitalisées en psychiatrie, le personnel soignant, les autres personnes

hospitalisées et un animal – habituellement un chien – présent la majeure partie de

l’hospitalisation. Leurs résultats indiquent que les gens ont tendance à envoyer des signaux

non-verbaux négatifs aux personnes malades, ce qui crée un cycle malsain d’isolement et

de méfiance nuisible à la guérison et au bien-être des personnes concernées. Cependant,

cela ne se produit pas lors des interactions avec l’animal puisque ce dernier ne peut porter

de jugement sur la condition mentale, l’apparence physique ou les propos de la personne.

Comme le mentionnent Bardill et Hutchinson (1997) ainsi que Salmon et Salmon (1983), il

est impossible de retrouver ce type d’acceptation inconditionnelle chez des êtres humains.

De plus, la relation avec l’animal de compagnie est beaucoup plus constante et fiable

(Katcher, 1983) en plus d’être moins conflictuelle (Bonas et al., 2000) que la relation avec

un autre être humain. Ces éléments constituent probablement des éléments permettant

d’expliquer, du moins en partie, ce phénomène.

Il y a donc lieu de s’interroger quant aux attentes de ces personnes envers les relations

humaines. En effet, l’une des femmes rencontrées a effectué une comparaison étonnante

quant à l’engagement qu’exigent les relations humaines et celui que nécessite le lien avec

un animal : « Des amis, [il] faut que tu leur téléphones, il faut […] faire des sorties, [il] faut

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les inviter. […] Avec mon chat, je n’ai pas à faire ça. […] Il me semble que ce n’est pas

compliqué » (I-3). Dans une étude effectuée auprès d’adolescents recevant des services

psychiatriques, Okoniewski (1984) a fait la démonstration que 57% des jeunes rencontrés

évaluaient plus positivement les relations avec un animal que celles avec un autre humain,

les animaux étant perçus comme simples et sans malice à l’inverse des humains pouvant

parfois être blessants. Ces propos témoignent d’une importante désillusion face aux

relations humaines. On peut raisonnablement croire que cela se traduit par un faible

engagement dans les relations interpersonnelles, ce qui restreint considérablement le réseau

social de la personne. Toutefois, nous ne pouvons affirmer qu’il en serait autrement en

l’absence de l’animal. En fait, il est probable que cette désillusion soit antérieure à la

présence de l’animal et qu’en l’absence de celui-ci, cette femme se sentirait simplement

plus seule qu’elle ne l’est réellement tout en ne bénéficiant pas de cette forme d’affection

inconditionnelle. Une étude menée auprès de personnes hospitalisées en psychiatrie

particulièrement retirées et méfiantes à l’égard des autres a permis de constater que la

présence d’un animal, plutôt que d’encourager une attitude d’isolement, contribuait aux

interactions entre les personnes, que ce soit avec les autres patients ou le personnel soignant

(Corson et Corson, 1980). Cependant, il y a lieu de se demander si cet effet de catalyseur

social de l’animal se retrouve également chez les personnes qui sont seules chez elles. Il

serait d’ailleurs intéressant de dresser un portrait de la situation auprès de cette population.

Ce mémoire ne permet pas d’effectuer un constat de cette importance mais vient tout de

même suggérer qu’en l’absence d’un réseau social adéquat, l’animal de compagnie peut

constituer une relation d’importance.

4.1.3.5. Une occasion de se sentir utile et nécessaire En ce qui concerne ce qu’apporte l’animal de compagnie à la personne présentant un

problème de santé mentale, l’un des éléments qui revient le plus souvent (n=4) est le fait

que cette relation permette à la personne de se sentir utile et nécessaire. Cette dimension

constitue l’une des six fonctions essentielles des relations sociales, telles que décrites dans

la théorie des provisions sociale de Weiss (1974). Comme il a été mentionné

précédemment, l’occasion de se sentir utile et nécessaire (opportunity for nurturance) est

procurée par les relations dans lesquelles la personne prend la responsabilité du bien-être de

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quelqu’un d’autre et est typique des relations parents-enfants (Caron et Guay, 2005). Les

propos tenus dans le cadre des entrevues semi-structurées révèlent que le fait de se sentir

utile et de savoir qu’un être l’attend à la maison permet à l’individu de donner un sens à sa

vie.

Habiter avec un animal, c’est comme habiter avec quelqu’un : on sait qu’il nous attend, […] on ne peut pas partir [longtemps]. Moi, je le sais que, quand je reviens chez moi, mon chat m’attend derrière la porte. Et puis c’est très important. La première chose que je fais en me levant le matin, c’est de m’occuper de [mon chat]. […] Donc, non, j’ai vraiment l’impression […] d’avoir comme un enfant à la maison. […] Ça me fait une présence et puis je me sens utile parce que je le sais que lui, il s’attend […] que je me lève […] pour aller lui mettre de la bouffe dans son plat. Je sais qu’il compte sur moi pour lui faire sa litière et puis il suit mon rythme de vie. Et puis je trouve ça réconfortant. […] En ayant les minets, j’ai l’impression […] d’être utile. (I-3)

Je parle à mes petits oiseaux, je parle à [ma chatte], il faut que je prenne soin d’elle, [que je] la peigne trois fois par jour. […] J’aime m’occuper d’eux. Ça me fait une occupation. […] Elle a beaucoup besoin de moi [et puis] ça me valorise. (E-9)

Je pense que le fait d’avoir […] ces petites bêtes-là à s’occuper, qui dépendent de toi... [Par exemple], si je [vais au centre d’achats quelques heures], j’essaie de ne pas être partie trop longtemps […]. En même temps, je trouve que ça fait quelqu’un à [qui] penser [et puis] je trouve que c’est correct plutôt que de dire : « Ben là, j’vais rester au centre d’achats » et puis tu arrives et puis [il n’y a] personne, tu n’as pas une raison de […] revenir. (E-15)

Mes enfants sont rendus [plus autonomes] maintenant [alors le fait] d’avoir un chien, ça me [fait me] sentir utile aussi. C’est ça, je me sens plus utile. (I-5)

L’occasion de se sentir utile et nécessaire constitue la principale fonction de l’animal de

compagnie évoquée par les répondants de l’étude de McNicholas et Collis (2004), que ce

soit chez les enfants (70%), les adolescents (pourcentage non mentionné) ou les personnes

âgées (65%). Quoique les travaux de Enders-Slegers (2000) portant sur les personnes âgées

démontrent que cette fonction vient plutôt en seconde place d’importance, après le soutien

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émotionnel, il est évident que les animaux de compagnie viennent occuper cette fonction

inhérente au soutien social chez beaucoup de gens (Okoniewski, 1984; Peretti, 1990). Il

apparaît même que cette fonction soit davantage comblée par les relations avec les chiens

que par celles impliquant des humains (Bonas et al., 2000). Selon Corson et Corson (1980),

ce phénomène résulterait de la néoténie, c’est-à-dire du fait que les chiens présentent,

comme nous avons pu le constater plus tôt, des traits et des comportements qui

s’apparentent à ceux des enfants, ce qui stimulerait la tendance naturelle des êtres humains

à offrir soutien et protection aux plus petits et aux plus vulnérables. De plus, force est de

constater qu’un chien requiert davantage de soins que les autres types d’animaux de

compagnie tels que les chats, les poissons, les oiseaux et les lapins.

On peut croire que le fait de se sentir utile et nécessaire revêt une importance particulière

auprès des gens présentant un problème de santé mentale puisque leur situation les amène

parfois à vivre des épisodes durant lesquels ils sont pris en charge par des institutions

(hôpitaux, CSSS, organismes communautaires, Curateur public) ou d’autres personnes

(famille, amis), le temps que leur état s’améliore. Dans ce contexte, l’animal de compagnie

vient en quelque sorte inverser les rôles en investissant l’individu d’un rôle impliquant la

prise en charge d’un être. Une participante a d’ailleurs révélé que son chat l’avait souvent

empêché de s’enlever la vie puisqu’elle craignait pour le sort de l’animal dans l’éventualité

où elle ne serait plus là pour s’en occuper. Dans cette optique, l’animal occupe un rôle vital,

bien qu’il soit inquiétant que ce soit un animal de compagnie qui constitue la motivation

principale à demeurer en vie.

J’ai fait une tentative de suicide mais, une des choses qui m’a raccroché, ou une des choses qui m’inquiétaient le plus [c’était] : est-ce que ça va être long […] avant qu’on me trouve? Qui va s’occuper de [mon chat]? Qu’est-ce qui va arriver [à mon chat] après, si je ne suis plus là? […] Et puis, quand j’ai eu des moments difficiles, […] c’est toujours mon chat qui m’a raccroché parce que je me demandais toujours : « […] Qu’est-ce qu’il lui arriverait si je n’étais plus là? ». (I-3)

Enders-Slegers (2000) a démontré que le fait de se sentir utile et nécessaire est intimement

lié à la confirmation de sa valeur, une autre fonction du soutien social selon Weiss (1974),

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puisqu’être responsable du bien-être d’un autre être vivant augmente le sentiment de bien-

être et l’estime de soi de la personne. Cela est d’autant plus vrai que les besoins de l’animal

requièrent habituellement peu d’énergie, ce qui augmente les chances de réussite dans ce

domaine. Dans le cadre de la présente étude, nous ne pouvons confirmer ou infirmer cette

théorie. Toutefois, nous observons que la dimension concernant la confirmation de sa

valeur est positivement corrélée avec le nombre de personnes dans le ménage (r = 0,51; p <

0,05) mais qu’elle ne présente aucune relation significative avec le degré d’attachement à

l’animal de compagnie (r = -0,14; p = 0,56). À la lumière de ces résultats, nous pouvons

croire que les individus rencontrés se sentent davantage assurés de leur valeur personnelle

grâce au contact des personnes vivant avec eux qu’en raison de la relation avec leur animal

de compagnie.

Puisqu’il a été démontré qu’il existe « des liens importants entre la prévalence de la

symptomatologie psychiatrique, sa [gravité] et la qualité du soutien social disponible »

(Caron et Guay, 2005, p.16), et que la présence d’un animal de compagnie permet

d’atteindre un degré de soutien social un peu plus élevé chez certains individus grâce au fait

qu’il les amène à se sentir utiles et nécessaires, nous pouvons penser qu’il s’agit là d’un

bienfait de la compagnie animale dans la vie des personnes présentant un problème de santé

mentale.

4.1.4. Les inconvénients d’avoir un animal de compagnie Contrairement aux avantages liés au fait d’être propriétaire d’un animal de compagnie, très

peu d’inconvénients sont évoqués par les participantes. En fait, lorsqu’elles abordent les

inconvénients, ceux-ci sont souvent décrits dans une perspective positive, ce qui donne lieu

à des propos pour le moins ambigus.

Il y a juste une chose que je n’aime pas, c’est le poil. […] C’est toujours moi qui ramasse. Ça, [je] trouve ça plate un petit peu mais… non, c’est l’fun. (E-1)

Ça fait du poil mais ça [ne] me dérange pas. (I-3)

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C’est salaud [des oiseaux]. Mais moi, ça [ne] me dérange pas [de] nettoyer ça, ça passe le temps. (E-9)

Le vétérinaire, ce n’est pas long que ça coûte cher mais non, je ne trouve pas [qu’il y a] d’inconvénients. (I-3)

Il semblerait que toutes les recherches s’intéressant aux relations humain-animal

rencontrent le problème de la quasi-inexistence de toute forme de désavantage dans le

discours de leurs répondants (Salmon et Salmon, 1983). Nous pouvons formuler

l’hypothèse que cela constitue la manifestation d’un biais méthodologique en ce sens que

les gens acceptant de participer à ce type d’études apprécient habituellement suffisamment

leur animal pour avoir le désir de partager leur expérience avec un étranger. Ceux dont la

cohabitation est moins heureuse sont donc moins portés à être volontaires. Aussi, on peut

croire qu’un certain degré de désirabilité sociale entre en jeu, c’est-à-dire que les

participants ont tendance à répondre en fonction de ce qu’ils croient qu’on attend d’eux et

pour préserver une certaine image d’eux-mêmes. Toutefois, cet élément ne saurait

expliquer à lui seul les résultats impressionnants obtenus dans la plupart des recherches.

Salmon et Salmon (1983) sont, quant à eux, d’avis que les gens ont tendance à entretenir

une vision idéaliste de leur animal. D’ailleurs, à la question « Quels problèmes sont

attribuables au fait d’avoir un chien? », seulement 62 des 1063 participants à leur recherche

ont identifié d’emblée des éléments problématiques. Cependant, des questions plus

structurées abordant les inconvénients liés au fait d’être propriétaire d’un chien ont produit

beaucoup plus de résultats. Ainsi, dans le cadre de la présente étude, peut-être que le

nombre peu élevé de réponses, concernant les inconvénients d’avoir un animal, est

attribuable au fait qu’il s’agissait d’une question ouverte. Les répondantes au volet

qualitatif de ce mémoire auraient peut-être mentionné davantage d’inconvénients si on leur

en avait suggérés quelques-uns. Ceci demeure toutefois hypothétique.

Plusieurs interprétations peuvent expliquer la vision idéaliste qu’entretiennent les gens par

rapport à leur animal de compagnie. Peut-être est-ce à cause de leurs traits enfantins ou est-

ce que ce sont les propriétaires qui présentent une indulgence démesurée envers les petits

travers de leur protégé, ou encore est-ce parce que, comme il a été démontré plus tôt,

Page 91: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

83

l’animal est considéré comme un être fidèle et sans malice dont il serait douteux de

remettre les comportements en question ou d’aborder les inconvénients liés à sa présence. Il

s’agit probablement d’un mélange de tout cela. Pour l’instant, la question n’a pas été

suffisamment étudiée pour pouvoir dégager une quelconque prémisse. Quoiqu’il en soit, ce

phénomène est probablement à l’origine de la méfiance que certains entretiennent quant

aux relations humain-animal, considérant plutôt celles-ci comme des relations de deuxième

ordre (c.f. Archer, 1997; Simon, 1984). Il est vrai qu’il peut être troublant voire inquiétant

pour l’entourage d’une personne présentant un problème de santé mentale de constater

toute l’importance que revêt son animal de compagnie. Cependant, il faut garder à l’esprit

qu’il s’agit de jugements de valeur et que l’opinion de chacun peut varier énormément

selon ses expériences, sa culture, etc. En fait, dans le contexte qui nous intéresse, la

frontière qui délimite une situation malsaine d’une situation saine est plutôt floue.

Finalement, force est de constater que peu de recherches se sont penchées sur les

inconvénients du fait d’être propriétaire d’un animal de compagnie. Comme le mentionnent

Bonas et al. (2000), les études portant sur les relations humain-animal sont rarement

nuancées et s’intéressent souvent exclusivement aux bénéfices de cette pratique. Pour cette

raison, l’analyse qui suit se basera presque essentiellement sur le témoignage des

participantes à la présente recherche.

4.1.4.1. L’entretien et les coûts qui y sont associés Les inconvénients liés à l’entretien de l’animal ont été mentionnés par toutes les

participantes aux entrevues semi-structurées (n=7), que ce soit à cause des poils, de la

litière, etc. Ces résultats rejoignent ceux que l’on retrouve dans l’étude de Salmon et

Salmon (1983) qui mentionnent que près de 53% des propriétaires de chiens considèrent

que nourrir, toiletter et promener l’animal posent parfois problème. Il est important de

savoir, sauf en ce qui concerne la participante n’aimant pas les animaux, que ces

inconvénients sont considérés comme étant peu importants, de l’avis des personnes

interrogées. Cependant, une dimension importante est amenée par une participante qui

souligne que l’entretien de l’animal de compagnie – en l’occurrence un chien – vient

parfois se heurter aux conséquences du trouble mental : « Tous les soins finalement :

Page 92: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

84

ramasser les besoins [et puis parfois], on n’a pas toujours le temps… [Je ne] prends pas

toujours le temps d’aller le promener parce que je n’ai pas assez d’énergie, […] je n’ai pas

assez d’énergie pour m’en occuper comme je le devrais » (I-5). L’entretien d’un animal de

compagnie peut donc représenter un fardeau lorsque la personne n’a pas l’énergie

nécessaire pour le faire, notamment en raison de son état psychique.

Les coûts associés à l’entretien de l’animal représentent également un élément spécifié par

une des répondantes qui souligne les honoraires exorbitants des vétérinaires. À l’instar de

celle-ci, 39% des participants à l’étude de Salmon et Salmon (1983), issus de la population

en général, ont admis que les visites chez le vétérinaire constituent un des problèmes

associés au fait d’avoir un chien. Chez les personnes présentant un faible revenu, cette

proportion est sûrement beaucoup plus importante et les coûts peuvent alors devenir une

importante source de stress. Enders-Slegers (2000) souligne d’ailleurs que certaines des

personnes âgées interrogées ayant un faible revenu ont mentionné que les coûts associés à

l’entretien de l’animal représentaient un fardeau financier. Fait peu étonnant : encore ici, on

emprunte une perspective positive en ajoutant que ce fardeau « est habituellement assumé

avec plaisir » (Enders-Slegers, 2000, p.253). Les dépenses liées à l’animal de compagnie

représentent également un inconvénient pour les femmes âgées vivant seules rencontrées

dans le cadre de l’étude de Mahalski, Jones et Maxwell (1988). À l’échelle québécoise, les

données de Statistique Canada (2005) rapportent, comme nous l’avons mentionné plus tôt,

que la moyenne des dépenses annuelles consacrées aux animaux de compagnie est de 267$

et que ces frais connaissent une tendance croissante impressionnante depuis 2001. Lorsque

l’on sait que les personnes présentant un problème de santé mentale bénéficient de moins

de ressources financières que la moyenne des gens (Robichaud et al., 1994; Statistique

Canada, 2002), données attestées par le fait que 45% de notre échantillon gagnent moins de

10 000$ par année (voir le tableau 1 à la page 34), on peut présumer que les coûts liés à

l’entretien de l’animal puissent rapidement devenir une source de stress, que ce soit en ce

qui a trait à l’achat de la nourriture ou des visites chez le vétérinaire. Cette situation peut

d’ailleurs devenir problématique si la personne ne peut débourser les frais pour sauver la

vie de son animal malade, par exemple. Il y aurait donc intérêt à étudier davantage cet

aspect.

Page 93: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

85

Paradoxalement, comme nous l’avons constaté plus tôt, le temps et l’énergie consacrés à

l’entretien d’un animal de compagnie sont bénéfiques pour certaines personnes puisque

cela constitue une occasion de se sentir utile et nécessaire, une des six fonctions du soutien

social selon Weiss (1974). Cela explique sûrement pourquoi plusieurs participantes ont

abordé cet inconvénient dans une perspective positive.

4.1.4.2. Le stress lors de l’hospitalisation ou d’un départ prolongé L’organisation entourant la garde de l’animal lors de l’hospitalisation ou d’un départ

prolongé constitue un stress important pour plusieurs des personnes interrogées (n=4). Cela

peut, en partie, être expliqué par le fait que la moitié des participants de l’étude vivent

seuls, ce qui complique nécessairement les choses lorsqu’ils doivent s’absenter du

domicile. Cet inconvénient n’est pas relevé que par les personnes présentant un problème

de santé mentale puisqu’il est mentionné par beaucoup de personnes âgées (Enders-Slegers,

2000) ainsi que par 41% de la population générale (Salmon et Salmon, 1983). Toutefois, ce

qu’il est important de rappeler ici, c’est que les personnes présentant un problème de santé

mentale ont une plus grande vulnérabilité face aux situations stressantes que la moyenne

des gens (Tessier et Clément, 1992). Cette source de stress est donc grandement néfaste

pour elles, d’autant plus si elle survient à un moment critique, en l’occurrence lors d’une

hospitalisation liée à une aggravation du trouble mental. D’ailleurs les propos des

participantes en question trahissent un fort sentiment d’inquiétude dans ces circonstances.

Quand je suis entrée à l’hôpital, ça a été un gros stresseur : qui va s’occuper de mon chat? (I-3)

Mais si je pars plus que deux jours, […] ça me prend quelqu’un qui va venir servir de la nourriture, remplir les plats d’eau, s’en occuper. (E-6)

Si je rentre à l’hôpital, je m’inquiète : j’ai peur que [ma chatte] s’ennuie de moi, j’ai peur qu’elle n’ait pas tout ce qu’il lui faut, qu’elle n’ait pas tout l’amour qu’elle a besoin. (E-9)

Page 94: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

86

Lui [le chien], il faut le faire garder, mais c’est tannant parce qu’on ne sait pas [ce] qui se passe là. (E-15)

Lorsque ce type de situation se présente, il y a fort à parier que l’équilibre psychologique de

ces femmes est affecté. Nous pouvons donc croire que, si la personne n’a pas accès à

quelqu’un qui puisse s’occuper de son animal durant cette période, cela peut nuire de façon

importante à ses chances de rémission lors de l’hospitalisation, ce qui représente un

inconvénient de taille.

4.1.4.3. L’isolement indirect que la présence de l’animal entraîne Deux des participantes rencontrées ont abordé le fait que la présence de l’animal empêchait

certaines personnes de leur rendre visite chez elles en raison de leurs allergies ou de leurs

craintes quant au comportement de l’animal. Cette situation crée donc un phénomène

d’isolement involontaire qui peut être grandement néfaste étant donné les impacts négatifs

de la solitude qui sont d’autant plus importants chez les personnes présentant un problème

de santé mentale (Rogers, Anthony et Lyass, 2004).

Je ne peux plus recevoir personne, excepté des gens qui [aiment] les animaux mais, […] dans ma famille, les gens ont peur ou sont allergiques, ou je ne prends pas de chances parce qu’ils ont des enfants [alors] je trouve que je suis brimée pas mal à cause de ça. (E-14)

J’ai […] quelques amis allergiques, ou je vais avoir un couple d’amis [et puis] un sur deux […] va être allergique. [Alors] ces gens-là, ils ne viennent pas l’hiver, ils vont venir […] l’été, quand on est à l’extérieur. (E-15)

Concernant les craintes liées au comportement de l’animal, il s’agit d’un phénomène

abordé dans quelques recherches qui touche uniquement les personnes vivant avec un

chien. Selon la population étudiée, la proportion de personnes admettant que le

comportement de leur protégé constitue un problème oscille entre 28% (Salmon et Salmon,

1983) et 32% (Okoniewski, 1984).

Page 95: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

87

4.1.4.4. La souffrance associée au décès de l’animal Le décès d’un animal de compagnie peut être vécu de manière intense. D’ailleurs, 88% des

participants à l’étude de Salmon et Salmon (1983) estiment que le décès de leur chien va

les affecter, et les personnes âgées ayant participé à une recherche aux Pays-Bas (Enders-

Slegers, 2000), considèrent qu’il s’agit de l’inconvénient le plus important lorsqu’on

possède un animal de compagnie. En ce sens, le discours des deux répondantes ayant

mentionné qu’il s’agissait d’un inconvénient à posséder un animal traduit une crainte

palpable face au jour où elles seront séparées de leur protégé.

Si je perdais ma chatte, ce serait la fin du monde. (E-9)

Ils sont bien importants et puis, comme le chien, je sais à peu près la moyenne d’âge que ça vit […]. Je compte quasiment – pas les jours là – mais je sais qu’il a deux ans […]. C’est que, souvent, les chiens meurent avant nous […], il va y avoir un deuil à moment donné. (E-15)

Cette perte peut être vécue si intensément par certains qu’ils préfèreront ne plus jamais

acquérir d’animal de compagnie (Enders-Slegers, 2000; Fogle, 1984). Les facteurs

influençant l’intensité du deuil à la suite du décès de l’animal sont multiples mais il a été

démontré que les personnes dont la situation présente les caractéristiques suivantes sont

davantage affectées par cette perte : un fort attachement à l’animal (Archer et Winchester,

1994; Brown, Richards et Wilson, 1996; Cusack, 1988; Lavergne, 2003; Wrobel et Dye,

2003), le décès inopiné de l’animal (Archer et Winchester, 1994; Lavergne, 2003;

Planchon, Templer, Stokes et Keller, 2002), vivre seul ou avec une seule autre personne

(Archer et Winchester, 1994; Quackenbush et Glickman, 1984), présenter un nombre

important d’événements négatifs dans le passé (Lavergne, 2003), être une femme (Brown et

al., 1996; Gage et Holcomb, 1991; Wrobel et Dye, 2003). Plusieurs chercheurs font

également référence au deuil pathologique, qui empêche les gens de fonctionner

socialement et émotionnellement durant plusieurs semaines et qui nécessite souvent une

consultation professionnelle (Keddie, 1977; Quackenbush et Glickman, 1984). On peut

croire que cet état se retrouve davantage chez les personnes présentant un problème de

santé mentale puisque la perte d’un animal de compagnie peut venir exacerber des

Page 96: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

88

problèmes de santé mentale antérieurs au deuil, comme la dépression ou les problèmes

anxieux (Toray, 2004).

4.2. Les résultats quantitatifs Les résultats rapportés dans la présente section sont ceux issus des différentes analyses

décrites précédemment, effectuées à partir des données du volet quantitatif. Ces analyses

avaient pour objectif d’établir si des corrélations significatives existent entre les différentes

variables à l’étude, en l’occurrence les caractéristiques sociodémographiques des vingt

participants à l’étude ainsi que leurs résultats aux trois instruments de mesure décrits plus

tôt. Afin de guider le lecteur, l’ensemble des corrélations bivariées sont d’abord présentées

sur le tableau qui suit. Nous y avons également ajouté la moyenne et l’écart-type de

chacune des variables à l’étude.

Page 97: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

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Page 98: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

4.2.1. Le degré d’attachement à l’animal de compagnie en lien avec les données sociodémographiques Rappelons que la troisième question de recherche du présent mémoire consiste à déterminer

si le degré d’attachement à l’animal de compagnie est lié à l’âge, au sexe, au degré de

scolarité, au statut socio-économique, au type et au nombre d’animaux de compagnie, au

fait de vivre seul ou non, au nombre d’enfants, au type d’activité et au statut civil des

personnes présentant un problème de santé mentale. La distribution de ces caractéristiques

au sein de l’échantillon est détaillée dans le tableau 1 (p.34). Notre hypothèse de départ,

issue des lectures sur le sujet et de notre intuition, voulait que le degré d’attachement à

l’animal de compagnie des personnes participant à l’étude allait être significativement plus

élevé chez les femmes, les personnes âgées de plus de 35 ans, celles qui sont plus éduquées,

celles possédant un chien et celles bénéficiant d’un revenu plus élevé. Comme nous

pourrons le constater, plusieurs résultats imprévus ont jalonné notre parcours. Toutefois,

nous n’aborderons pas la dimension du sexe puisque notre échantillon ne compte que deux

hommes, ce qui est nettement insuffisant pour recourir à des tests statistiques.

Avant de présenter ces résultats, il est nécessaire de mentionner que la moyenne des

résultats des répondants de la présente étude au CABS, l’instrument servant à mesurer le

degré d’attachement à l’animal de compagnie, est de 29,60 alors que celle rapportée par

Poresky (1997), l’un des auteurs de celui-ci, est de 28,90 au sein de la population générale

(n=784). Bien que rien ne nous indique qu’il s’agit d’une différence significative, il

apparaît que les participants de la présente étude tendent à présenter un attachement au

moins aussi important que la population générale. Toutefois, ces chiffres ne nous

permettent pas de dégager d’autres constats, d’autant plus qu’aucun seuil n’est identifié

permettant de départager les personnes très attachées de celles qui le sont moins.

4.2.1.1. L’âge Notre hypothèse voulait que les personnes de plus de 35 ans soient davantage attachées à

leur animal de compagnie que celles plus jeunes. Toutefois, les résultats issus d’un test t

pour échantillons indépendants ne révèlent aucune différence significative (t = 1,41; p =

Page 99: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

91

0,18) entre le degré d’attachement des participants de 35 ans et moins (M = 33,00) et ceux

âgés de plus de 35 ans (M = 28,47). Cependant, étant donné l’écart important observé entre

ces deux moyennes, nous pouvons raisonnablement croire que ces résultats seraient

significatifs en présence d’un échantillon plus important. En effet, seulement cinq des

répondants à l’étude sont âgés de 35 ans ou moins, ce qui peut influencer considérablement

les analyses statistiques. Il est tout de même intéressant de constater que, contrairement à

notre hypothèse de départ, nous observons une relation négative significative entre l’âge

des participants et le degré d’attachement à leur animal (r = -0,47; p < 0,05), ce qui indique

que l’attachement est plus faible chez les personnes plus âgées, et inversement. Ces

résultats sont intéressants puisqu’ils vont à l’encontre de plusieurs études antérieures

démontrant qu’il n’existe aucun lien entre l’âge et l’attachement à un animal de compagnie

(Poresky et Daniels, 1998; Stallones et al., 1990). De plus, aucune des recherches

consultées à ce jour ne mentionne des conclusions semblables. Au contraire, Bagley et

Gonsman (2005) rapportent plutôt l’existence d’une relation positive entre les deux

variables. Le phénomène observé dans le cadre de la présente étude apparaît peut-être

uniquement chez les personnes présentant un problème de santé mentale alors que les

études consultées s’intéressent exclusivement à la population en général. L’interprétation la

plus plausible pouvant expliquer ce résultat pour le moins étonnant est que les soins

rattachés à l’animal deviennent un fardeau pour les personnes présentant un problème de

santé mentale lorsque la santé se fragilise avec l’âge, entraînant ainsi un degré

d’attachement moindre. Ce sont d’ailleurs auprès des individus de 65 ans et plus qu’on

dénombre la proportion la moins élevée de propriétaires d’animaux de compagnie (Crispell,

1991; Léger Marketing, 2006; Poresky et Daniels, 1998) avec des taux atteignant entre 27%

(Crispell, 1991) et 37% (Poresky et Daniels, 1998), selon les études. Néanmoins, si l’on se

fie aux résultats de Crispell (1991) et de Poresky et Daniels (1998), ce sont les 35-44 ans

qui remportent la palme à ce chapitre (respectivement 56% et 71% de ces personnes

possèdent un animal) et non pas les 25-34 ans (respectivement 44% et 60%), ce qui ne

permet donc pas d’établir une relation linéaire entre les deux variables. De plus, les propos

rapportés dans les entrevues ainsi que les résultats aux questionnaires administrés dans le

cadre de l’étude ne permettent pas d’entériner l’interprétation d’un fardeau ni d’identifier la

raison pour laquelle les participants plus jeunes sont si attachés à leur animal de compagnie.

Page 100: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

92

En effet, aucun témoignage n’aborde cet aspect et la variable de l’âge n’est corrélée avec

aucune autre variable à l’étude (voir le tableau 3, à la page 89), ce qui ne nous apporte

aucun élément de réponse.

Bien que nous ne soyons pas en mesure de déterminer avec précision la relation négative

entre l’attachement et l’âge au sein des participants de la présente étude, ce résultat s’avère

troublant si l’on se fie aux résultats de Stallones et al. (1990). En effet, ces chercheurs ont

observé l’existence, chez les 21-34 ans, d’une relation négative entre le degré

d’attachement à l’animal et le réseau social. Cela suggère que les participants de cette

catégorie d’âge qui présentent un fort attachement à leur animal de compagnie ont

davantage tendance à être isolés socialement. Ces résultats sont inquiétants lorsqu’on sait

qu’il s’agit de jeunes adultes présentant un problème de santé mentale et pour qui un

isolement social peut équivaloir à une augmentation des conséquences du trouble mental.

Nous reviendrons donc sur cet aspect dans la section s’intéressant aux liens entre le soutien

social et l’attachement à l’animal de compagnie.

4.2.1.2. Le nombre de personnes dans le ménage Les répondants qui vivent seuls sont significativement plus attachés (t = 3,88; p = 0,001) à

leur animal de compagnie (M = 33,80) que ceux qui habitent avec d’autres personnes sous

leur toit (M = 25,40), ce qui rejoint le constat de Zasloff et Kidd (1994b). Cela est peut-être

en lien avec le plus faible degré de soutien social dont les gens seuls bénéficient, comme

nous le verrons ultérieurement. Toutefois, certains attribuent ce phénomène au fait que les

personnes qui habitent seules héritent nécessairement de l’entière responsabilité des soins

de l’animal, activité reconnue pour augmenter le degré d’attachement à l’animal de

compagnie (Staats, Pierfelice, Kim et Crandell, 1999; Stallones et al., 1990). Cela

expliquerait également pourquoi les personnes seules ont moins tendance à acquérir un

animal, n’ayant personne pour partager les responsabilités qu’entraine la possession de

celui-ci.

Les résultats issus des calculs de coefficients de corrélation de Pearson nous indiquent

l’existence d’une relation négative significative assez forte entre le degré d’attachement à

Page 101: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

93

l’animal de compagnie et le nombre de personnes dans le ménage (r = -0,77; p < 0,01; voir

le tableau 3 à la p.89), ce qui signifie que ces deux variables ont tendance à être

inversement proportionnelles chez les participants rencontrés. Cela rejoint le constat de

certains chercheurs s’étant intéressés à la question (Poresky et Daniels, 1998; Stammbach

et Turner, 1999). Cet élément est donc déterminant dans l’établissement du degré

d’attachement de la personne à son animal de compagnie et nous devons impérativement en

tenir compte dans l’analyse. Ici aussi, la dimension du soutien social est probablement

impliquée dans les résultats mais nous l’aborderons plus loin. Une autre explication quant

au fait que, plus le ménage compte d’individus, moins la personne est attachée à son animal

de compagnie, est amenée par Stammbach et Turner (1999) qui sont d’avis que les

personnes issues de ménages plus importants consacrent davantage de temps et d’énergie

aux relations humaines, ce qui diminue le temps disponible pour interagir avec l’animal. Ce

dernier aspect étant intrinsèquement lié à la qualité de la relation humain-animal, il est

évident que sa diminution résulte en un attachement moins important.

4.2.1.3. Le nombre d’enfants On n’observe aucune corrélation significative entre le nombre d’enfants qu’ont les

participants et le degré d’attachement à leur animal de compagnie (r = 0,19; p = 0,682), ce

qui contredit les résultats d’une étude précédente (Stammbach et Turner, 1999). Toutefois,

les personnes n’ayant pas d’enfants présentent un attachement plus important à leur animal

de compagnie (M = 32,46) que celles qui en ont (M = 24,29; t = -3,41; p = 0,003) et ce, sans

égard au fait que ces derniers habitent ou non avec elles. De tels résultats ne se retrouvent

pas dans les autres recherches consultées, bien que Albert et Bulcroft (1988) aient déjà

observé que les personnes n’ayant pas d’enfant ou en ayant un seul sont plus attachées que

les personnes avec deux enfants et plus. La significativité de la dimension du nombre

d’enfants en lien avec l’attachement à l’animal de compagnie, tout comme celle du nombre

de personnes dans le ménage, ramène la question du rôle du soutien social disponible. En

effet, la personne va-t-elle, en s’attachant de façon importante à un animal, tenter de

compenser pour un soutien social déficient? Il s’agit d’une question fondamentale et nous y

reviendrons plus loin. Toutefois, nous pouvons tout de même émettre l’hypothèse que ce

phénomène est probablement lié en partie au fait que, pour les femmes sans enfant de notre

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94

échantillon, l’animal représente souvent l’enfant qu’elles n’ont pas eu. Cela crée

nécessairement une dynamique relationnelle particulière, d’où un fort attachement de ces

femmes à leur animal de compagnie.

4.2.1.4. Le type et le nombre d’animaux de compagnie La plupart des recherches ayant abordé la question des relations entre le type d’animal de

compagnie et le degré d’attachement de son propriétaire sont arrivées à la conclusion que

les propriétaires de chien sont plus attachés que les autres (Albert et Bulcroft, 1988;

Poresky et Daniels, 1998; Serpell, 1990; Siegel, 1990; Zasloff et Kidd, 1994b). Cela semble

logique puisque les chiens réagissent plus que tout autre animal à la présence humaine et

nécessitent davantage de soins, un aspect reconnu pour influencer positivement le degré

d’attachement (Staats et al., 1999; Stallones et al., 1990). C’est pourquoi nous avons émis

l’hypothèse que les personnes ayant un chien comme animal de compagnie sont davantage

attachées à celui-ci que celles possédant un autre type d’animal. Contre toute attente, ce

sont les propriétaires de chat de notre échantillon qui ont manifesté un plus grand

attachement à leur animal, au détriment de ceux possédant un chien ou plusieurs types

d’animaux et ce, même si Zasloff (1996) a démontré que le CABS favorisait les

propriétaires de chien. Comme nous pouvons le constater dans les tableaux 4 et 5, le degré

d’attachement des propriétaires de chat seulement (M = 33,33) se distingue nettement de

celui des répondants qui possèdent seulement des chiens (M = 26,20) et de ceux habitant

avec plusieurs types d’animaux (M = 26,83; F = 3,57; p = 0,05). De plus, lorsqu’on observe

le tableau 1 (p.34) détaillant les caractéristiques de l’échantillon, force est de constater la

prédominance des participants étant uniquement propriétaires de chats (45%). À la lumière

de ce constat, une interprétation peut être émise. En effet, parce que l’échantillon de la

présente étude est constitué exclusivement de personnes présentant un problème de santé

mentale et qui sont, par conséquent, plus vulnérables à la fatigue et au stress, il est probable

que celles-ci préfèrent le chat, un animal demandant peu de soins, au chien, qui nécessite

qu’on le fasse sortir régulièrement et qu’on lui accorde beaucoup d’attention. Les propos

d’une participante propriétaire d’un chien renforcent cette interprétation, mentionnant

combien il est parfois difficile de bien s’occuper d’un chien lorsqu’on présente un problème

de santé mentale, et que l’aide d’une autre personne du ménage est alors essentielle : « Je

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95

ne prends pas le temps toujours d’aller le promener parce que [je n’ai] pas assez d’énergie.

[Mais] mon conjoint […] le fait par exemple. [Alors], un des inconvénients, c’est ça, c’est

que [parfois], je n’ai pas assez d’énergie pour m’en occuper comme je [le] devrais » (I-5).

Puisque la moitié des répondants habitent seuls, ils sont donc entièrement responsables des

soins de l’animal, ce qui peut favoriser le choix de l’acquisition d’un animal demandant peu

d’entretien comme le chat. Cela pourrait en outre venir corroborer l’interprétation émise

plus tôt voulant que les personnes plus âgées soient moins attachées à leur animal en raison

de la charge qu’il représente.

Tableau 4: Analyse de variance unifactorielle comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie selon le type d’animal

Groupe N Moyenne Écart-type Valeur F Significativité

Chat seulement 9 33,33 4,528

Chien seulement 5 26,20 7,823

Plusieurs types 6 26,83 5,231

3,57 0,05

Total 20 29,60 6,386

Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie selon le type d’animal

Groupe Chien seulement Plusieurs types

Chat seulement Différence de moyennes Erreur standard Signification

7,13* 3,16 0,04

6,50* 2,99 0,04

Chien seulement Différence de moyennes Erreur standard Signification

-0,63 3,43 0,86

* p < 0,05

Concernant le nombre d’animaux de compagnie, la logique voudrait que les individus

présentant un fort degré d’attachement à leur animal aient tendance à en acquérir

davantage. Toutefois, ce phénomène n’a pas été constaté chez les participants à cette

Page 104: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

96

recherche. De plus, aucune des études consultées s’intéressant aux facteurs influençant le

degré d’attachement à l’animal de compagnie ne mentionnent quoi que ce soit à ce propos.

4.2.1.5. Le niveau de scolarité Bien que certains auteurs n’aient observé aucune relation significative entre le degré

d’attachement et le niveau de scolarité (Enders-Slegers, 2000; Marx et al., 1988; Stallones

et al., 1990), nous avions tout de même émis l’hypothèse que les participants plus scolarisés

allaient être davantage attachés à leur animal de compagnie, ce que nos analyses ont

infirmé (F = 0,45; p = 0,81). En fait, nous nous étions alors fiés aux résultats de plusieurs

études démontrant que les ménages bénéficiant de revenus importants sont plus

susceptibles d’avoir un animal que ceux qui sont pauvres (AVMA, 2002; Crispell, 1991;

Poresky et Daniels, 1998). De même, Albert et Bulcroft (1988) ont observé que les

personnes pauvres ont moins tendance à acquérir un animal de compagnie. Les gens plus

scolarisés présentant habituellement des revenus plus élevés, il eût été logique qu’ils y

soient également plus attachés. On n’observe toutefois aucune relation significative entre

les deux variables. Cette portion de notre hypothèse est donc infirmée.

4.2.1.6. Le type d’activité Le type d’activité de la personne se réfère ici à sa situation d’emploi. Ainsi, les participants

rencontrés sont soit à l’emploi, aux études, à la retraite, sans emploi ou bénéficient d’une

rente d’invalidité (voir le tableau 1 à la page 34).

D’emblée, nous pourrions croire que l’attachement à un animal de compagnie est plus

grand chez les personnes qui n’ont pas d’occupation extérieure, telle que le travail ou les

études. En effet, puisqu’elles sont plus souvent à leur domicile, elles passent

nécessairement plus de temps avec leur animal, élément reconnu pour augmenter

l’attachement à l’animal (Staats et al., 1999). De plus, une étude comparant deux groupes

de femmes en emploi, l’un regroupant les propriétaires d’un animal de compagnie (chat ou

chien) et l’autre réunissant des gens n’habitant pas avec un animal, n’a observé aucune

différence quant au degré de dépression, d’anxiété et de colère dans les deux groupes

Page 105: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

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(Watson et Weinstein, 1993). Les chercheurs ont donc émis l’hypothèse que les femmes qui

travaillent ne passent pas suffisamment de temps chez elles pour que la présence de

l’animal produise des bienfaits thérapeutiques. Cependant, les résultats quantitatifs de la

présente étude ne révèlent aucun lien entre le statut d’activité de la personne et l’intensité

du lien d’attachement avec l’animal de compagnie (F = 0,36; p = 0,84). De plus, même

lorsqu’on compare la moyenne des résultats au CABS des participants qui sont à l’emploi

ou aux études (M = 29,40) avec celle des répondants à la retraite, sans emploi ou

bénéficiant d’une rente d’invalidité (M = 29,67) on n’observe aucune différence

significative (t = -0,08; p = 0,94). Cependant, puisque les personnes qui occupent un emploi

ou sont aux études ne représentent que 25% du présent échantillon, les résultats de

l’analyse peuvent être biaisés. Dans ces conditions, l’émission d’une quelconque prémisse

s’avère hasardeuse d’autant plus que certaines participantes du volet qualitatif ont rapporté

que l’animal leur permet de venir combler la solitude causée par le fait qu’elles ne

travaillent pas durant la journée :

Je vis seule, je n’ai pas d’enfants, je n’ai pas de conjoint, j’ai quelques amis… la situation fait que les amis que j’ai travaillent le jour. Et puis moi non. Alors, la présence de mes chats […] ça me fait une présence autour de moi, même s’ils sont couchés [et qu’ils] dorment souvent tout l’après-midi. (E-6)

Ça représente… une belle présence. […] Je me sens moins seule. La solitude est plus… Moi, ça arrive des fois que mon conjoint parte la semaine au complet et puis, quand on ne travaille pas et qu’on n’a pas beaucoup d’activités, dû à [ma maladie, et bien] les animaux c’est […] essentiel quasiment. (E-15)

Ça m’apporte une présence parce que là, comme je suis en congé maladie […]. Je me sentais moins seule parce que, le jour, mes enfants sont à l’école, mon conjoint travaille. (I-5)

Dans ces conditions, il serait logique que ces personnes soient davantage attachées à leur

animal puisqu’elles interagissent beaucoup plus avec lui qu’une personne qui est absente de

chez elle en raison du travail ou des études. Bref, cet aspect mérite d’être étudié plus

sérieusement.

Page 106: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

98

4.2.1.7. Les revenus Notre hypothèse supposait que le degré d’attachement à l’animal augmente en fonction du

revenu de son propriétaire, ce qui aurait appuyé les résultats de l’étude de Ory et Goldberg

(1983), effectuée auprès de 1073 femmes mariées âgées de 65 à 75 ans, qui a établi que le

statut socio-économique est positivement corrélé avec le degré d’attachement à l’animal de

même qu’avec le degré de bien-être subjectif. Ces chercheures ont notamment observé que

les femmes plus pauvres sont moins attachées à leur animal de compagnie que celles mieux

nanties et qu’elles sont même moins heureuses que celles de la même classe ne possédant

aucun animal. On peut donc croire que l’animal représente un fardeau pour ces femmes. De

plus, comme nous il a été précisé antérieurement, plusieurs études étatsuniennes ont établi

que le nombre de propriétaires d’animaux de compagnie augmentait selon les revenus des

ménages (AVMA, 2002; Crispell, 1991; Poresky et Daniels, 1998), ce qui pourrait nous

faire croire que ces derniers présentent également des degrés d’attachement supérieurs à

ceux moins fortuné.

Cependant, à l’instar des travaux de Albert et Bulcroft (1988) et de Poresky et Daniels

(1998), ce mémoire ne permet d’établir aucun lien significatif entre l’attachement à un

animal de compagnie et les revenus (F = 1,33; p = 0,31). Nous pouvons croire que ces

résultats sont attribuables, du moins en partie, au fait de nous être intéressés exclusivement

aux revenus des participants plutôt qu’à ceux de leur ménage, ce qui est moins représentatif

de la situation économique et matérielle de la personne. En effet, plusieurs des participants

de la présente étude semblaient dépendre du salaire de leur conjoint(e) ou de leurs parents,

phénomène qui se confirme d’ailleurs par le fait que près de la moitié de ceux-ci ont déclaré

des revenus annuels de moins de 10 000$ (n=9), excluant ainsi toute possibilité

d’autonomie financière.

4.2.1.8. Le statut civil Pour les besoins de la présente étude, une analyse de variance unifactorielle a été effectué

afin de confirmer ou d’infirmer l’existence d’un lien entre le degré d’attachement à

Page 107: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

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l’animal et le statut civil. Cependant, aucune relation significative n’a été observée (F =

1,48; p = 0,26). Puisque certaines catégories ne comptaient qu’un seul participant (voir le

tableau 1 à la page 34), nous avons cru bon de vérifier, à l’aide d’un test t de Student pour

échantillon indépendant, si la moyenne des résultats au CABS des participants vivant en

couple (marié, conjoint(e) de fait; M = 26,80) diffère significativement de celle des

répondants vivant seuls (célibataire, séparé, divorcé, veuf(ve); M = 30,53). Ici aussi, aucune

différence significative n’a été observée (t = 1,14; p = 0,269). Ainsi, à l’instar des

conclusions de Bagley et Gonsman (2005) et de Enders-Slegers (2000), nous pouvons

croire qu’il n’existe aucune relation entre les deux variables. Cependant, une autre

recherche présentant un échantillon plus important et répondant à des critères

méthodologiques plus stricts a observé un degré d’attachement plus élevé chez les

personnes célibataires, divorcées, celles qui sont veuves ainsi que celles dont ce n’est pas

leur premier mariage, comparativement aux personnes mariées une seule fois et les

conjoints de faits (Albert et Bulcroft, 1988). Nous pouvons donc croire qu’un échantillon

plus imposant aurait peut-être donné lieu à des résultats complètement différents, ce qui

nous oblige à une certaine réserve quant aux conclusions que nous pourrions tirer de ceux-

ci.

4.2.2. Le soutien social et le bien-être subjectif en lien avec le degré d’attachement à l’animal de compagnie Rappelons d’abord que les deux premières questions de recherche auxquelles ce mémoire

s’intéresse visent à déterminer si les dimensions du soutien social et du bien-être subjectif

sont liées de façon significative au degré d’attachement à son animal chez les personnes

présentant des problèmes de santé mentale. Lors de l’élaboration du projet de recherche, les

deux premières hypothèses émises voulaient que chacune des deux variables augmente en

fonction de l’attachement de la personne pour l’animal. Afin de confirmer ou d’infirmer

l’existence de relations significatives entre celles-ci, les résultats des participants aux trois

questionnaires validés auxquels ils ont répondus ont été mis à contribution et des calculs de

coefficients de corrélation de Pearson ont été effectués. Il est évident que ces corrélations

bivariées ne sont pas suffisantes pour établir la direction de quelle que relation que ce soit

mais, à la lumière des résultats du volet qualitatif et des recherches antérieures consultées,

Page 108: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

100

nous sommes en mesure d’interpréter ces résultats en nous basant sur certains faits

observés.

Puisqu’il en sera fréquemment question, il est pertinent de rappeler que l’indice de soutien

social global, tel que mesuré par l’Échelle de provisions sociales (EPS; Caron, 1996a), est

composé de la somme des six sous-échelles suivantes telles qu’établies par Weiss (1974)

dans sa théorie des provisions sociales qui constitue d’ailleurs notre cadre théorique : le

soutien émotionnel, l’aide tangible et matérielle, les conseils, l’intégration sociale, la

confirmation de sa valeur et le besoin de se sentir utile et nécessaire. Le tableau qui suit

présente une comparaison des résultats moyens obtenus auprès des participants à l’étude

avec ceux rapportés par Caron (1996a) au sein de la population générale, des assistés

sociaux et des personnes psychotiques. Bien qu’on ne puisse déterminer dans quelle mesure

ces résultats sont significativement différents les uns des autres, ce tableau a toutefois le

mérite de dresser un portrait global de la situation des participants. Il est également

important de mentionner au lecteur que l’indice de bien-être global couvre à la fois 1) la

satisfaction de l’individu à l’égard de sa vie relationnelle et 2) quant à sa vie intérieure.

Afin que notre interprétation soit le plus conforme possible au vécu des personnes

concernées, l’ajout d’éléments qualitatifs pertinents a été effectué lorsque cela était

pertinent.

Page 109: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

101

Tableau 6 : Comparaison des résultats à l’EPS des participants à l’étude avec ceux rapportés par son auteur (Caron, 1996a)

Sous-échelles de

l’EPS

Moyenne des résultats du

présent échantillon

(n=20)

Moyenne des résultats au sein de la population

générale (n=266)

Moyenne des résultats chez les assistés sociaux

(n=79)

Moyenne des résultats chez les

personnes psychotiques

(n=58) Soutien émotionnel

12,15 13,01 11,90 10,93

Aide matérielle 14,30 13,83 13,03 12,52 Conseils 14,15 12,95 12,37 11,91 Intégration sociale

11,20 12,44 11,69 11,11

Confirmation de sa valeur

10,95 12,99 12,18 11,63

Occasion de se sentir utile et nécessaire

11,05 12,60 12,32 10,26

TOTAL (Soutien social global)

73,80 77,88 73,88 68,60

Les résultats des analyses statistiques contredisent en partie les deux premières hypothèses

de départ. En effet, comme nous pouvons le constater au tableau 3 (p.89), bien que nous

n’ayons observé aucune relation significative entre le degré d’attachement des participants

à leur animal et le soutien social dont ils bénéficient (r = -0,42; p = 0,06), on remarque qu’il

s’agit d’une corrélation négative qui aurait pu être significative si notre échantillon avait été

un peu plus important. De même, on observe que le degré d’attachement présente, à divers

degrés, des relations négatives avec chacune des six dimensions du soutien social, dont

celle du soutien émotionnel qui s’avère significative (r = -0,53; p < 0,05). Concrètement,

cela signifie que plus une personne est attachée à son animal, moins elle bénéficie de

soutien social, surtout en ce qui concerne la dimension du soutien émotionnel, et

inversement. Concernant la deuxième hypothèse qui voulait que le degré de bien-être des

participants augmente en fonction de l’attachement de celui-ci à son animal, elle s’est vue

infirmée par nos analyses. En effet, le bien-être subjectif (r = -0,49; p < 0,05) ainsi que

l’une de ses dimensions, la satisfaction du répondant quant à sa vie relationnelle (r = -0,62;

p < 0,01), présentent des corrélations négatives significatives avec le degré d’attachement.

Ainsi, plus une personne est heureuse et satisfaite de sa vie relationnelle, moins elle est

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102

attachée à son animal de compagnie, et inversement. Curieusement, aucune relation n’a

été observée chez les participants entre leur degré d’attachement et l’autre dimension de

l’indice de bien-être global, la satisfaction quant à sa vie intérieure, ce qui suggère que la

relation avec l’animal n’est pas liée à l’aspect psychoaffectif de la vie de son propriétaire

mais plutôt, comme nous l’indiquent les analyses, par sa vie sociale et son bien-être global.

Les analyses effectuées ne nous permettant pas d’établir de liens de causalité, nous ne

sommes pas en mesure de déterminer si un attachement important est dû à l’insatisfaction

de l’individu ou l’inverse. Cependant, nous savons que les personnes très attachées sont

souvent seules puisque, comme nous l’avons constaté antérieurement, elles ont tendance à

habiter avec un nombre moins important de personnes (r = -0,77; p < 0,01) et même à vivre

seules (M = 33,80; t = 3,88; p = 0.001), et n’ont souvent pas d’enfant (M = 32,46; t = -3,41;

p = 0.003), éléments qui réduisent nécessairement la quantité d’interactions quotidiennes

d’un individu. De plus, l’étude de Keil (1998), effectuée auprès des personnes âgées,

démontre que, plus le degré de stress et de solitude augmente, plus l’attachement à l’animal

de compagnie s’intensifie. Les recherches de Stammbach et Turner (1999) ainsi que de

Stallones et al. (1990) effectuées auprès de la population en général ont également observé

des corrélations négatives entre le degré d’attachement à l’animal de compagnie et le

soutien social, sauf en ce qui a trait aux 35-44 ans pour Stallones et al. (1990). Il semble

donc qu’on assiste à un certain consensus quant au fait qu’une quantité plus importante de

soutien social est inversement proportionnelle au degré d’attachement à l’animal de

compagnie. Cependant, en ce qui concerne les relations entre le degré de bien-être et celui

d’attachement à un animal de compagnie, il est étonnant que nous ayons observé

l’existence d’une relation négative entre ces deux variables. En effet, le discours des

participantes au volet qualitatif confirme que l’animal de compagnie permet de diminuer

leur sentiment de solitude, surtout lorsqu’elles ont un réseau social limité, et qu’il

représente un être occupant une grande place dans leur existence, leur apportant notamment

une affection inconditionnelle ainsi qu’un certain sentiment de bien-être. De plus, Garrity et

al. (1989) de même que Ory et Goldberg (1983) ont observé que le bien-être des personnes

âgées augmente de la même façon que le degré d’attachement à leur animal de compagnie.

El-Alayli et al. (2006) et Raina et al. (1999) n’ont quant à eux constaté aucune relation

entre les deux variables. En fait, seuls Stallones et al. (1990) ont observé que plus les gens

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103

sont attachés à leur animal, plus leur détresse émotionnelle est grande, mais seulement chez

les 35-44 ans de leur échantillon. Une telle hétérogénéité dans les résultats peut être

attribuable au fait que la définition du concept de bien-être diffère énormément d’un

chercheur à l’autre de même que les instruments permettant de le mesurer. Comme le

soulignent Stallones et al. (1990), il faut également tenir compte que les relations entre

l’attachement à un animal de compagnie, le réseau social de son propriétaire ainsi que sa

détresse émotionnelle sont complexes et fluctuent selon l’âge de celui-ci. L’influence de

certaines variables sociodémographiques joue donc probablement un rôle dans l’existence

d’une telle disparité de résultats. Il est important de garder à l’esprit que le présent mémoire

s’intéresse exclusivement aux personnes présentant un problème de santé mentale,

contrairement aux recherches mentionnées ci-haut qui se sont davantage concentrées sur

l’étude de certaines tranches d’âge auprès de la population générale. L’impact de

l’attachement à un animal de compagnie ne semble donc pas être le même chez les

personnes présentant un problème de santé mentale que chez celles issues de la population

en général, peut-être en raison de l’isolement plus grand auquel cette population spécifique

doit faire face. Cependant, la petite taille de l’échantillon de notre étude ne nous permet pas

de tirer des conclusions convaincantes en ce sens, d’autant plus que les participantes ayant

complété les entrevues semi-structurées ont toutes été catégoriques quant au fait que la

présence de leur animal augmentait leur bien-être, à l’exception évidemment de celle

détestant les animaux. Des recherches avec des échantillons plus imposants devront donc

être effectuées en ce sens.

Comme nous venons de la constater, les personnes qui sont davantage attachées à leur

animal de compagnie ont tendance à rapporter un degré moindre de soutien émotionnel (r =

-0,53; p < 0,05), l’une des formes de soutien social. La dimension du soutien émotionnel à

laquelle nous faisons référence ici est mesurée à partir des propos concernant les contacts

humains dont bénéficient les participants. En ce qui a trait au soutien émotionnel apporté

par la présence d’un animal, nous n’avons qu’à observer les résultats issus du volet

qualitatif pour constater que l’animal constitue une importante source de soutien

émotionnel pour les personnes présentant un important attachement à celui-ci. Il faut

rappeler que le soutien émotionnel se caractérise par le partage d’émotions et qu’il se

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104

retrouve exclusivement au sein de relations intimes et stables procurant du bien-être, de la

sécurité et une proximité relationnelle, comme c’est le cas avec des personnes très proches.

De la même façon, les propos des participantes tenus dans le cadre des entrevues révèlent

que leur animal leur procure une sécurité physique, du bien-être, une diminution du

sentiment de solitude et une affection inconditionnelle. On y apprend également que

l’animal représente, pour certaines, l’être qu’elles côtoient le plus souvent, plusieurs

mentionnant même qu’elles le considèrent comme un ami, un membre de la famille ou un

enfant. Un manque de cette forme de provision sociale se traduit par un sentiment de

solitude et d’errance. Il s’agit donc d’une composante importante du concept de soutien

social d’autant plus qu’elle constitue, avec la confirmation de sa valeur et l’intégration

sociale, l’un des meilleurs prédicteurs de la qualité de vie selon Caron, Mercier et Tempier

(1997) et Caron, Lecomte, Stip et Renaud (2005). Ces résultats impressionnants peuvent

être interprétés en fonction de la situation d’isolement social à laquelle font face plusieurs

personnes présentant un problème de santé mentale et de l’important attachement que

certaines portent à leur animal de compagnie. En effet, les propos des participantes nous

apprennent qu’en raison du fait qu’elles n’ont pas d’emploi (seulement 20% de notre

échantillon occupait un emploi au moment de l’entrevue), elles se retrouvent seules durant

la journée puisque le ou la partenaire et les amis travaillent, et que les enfants sont à l’école.

Pire encore, la moitié des participants de la présente étude vivent seuls, ce qui nous permet

de croire que cette situation est permanente pour eux. Les personnes rencontrées confirment

que, dans ce contexte, l’animal de compagnie permet de diminuer leur sentiment de

solitude, surtout lorsqu’elles ont un réseau social limité, et qu’il représente un être occupant

une grande place dans leur existence. Stammbach et Turner (1999) postulent que les

personnes très attachées à leur animal de compagnie bénéficient d’une forme de soutien

émotionnel qui se distingue de celle issue de la présence humaine. À la lumière des

résultats rapportés ici, nous pouvons croire que c’est effectivement le cas, d’autant plus que

les résultats de Enders-Slegers (2000) démontrent que le soutien émotionnel constitue la

plus importante composante du soutien social procurée par les relations avec l’animal de

compagnie.

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105

Comme il a été mentionné précédemment, les propos des participants tenus en entrevue ont

révélé que l’animal de compagnie apporte à plusieurs propriétaires une occasion de se

sentir utile et nécessaire. De même, il a été maintes fois démontré qu’il s’agit d’une des

principales fonctions occupées par l’animal de compagnie (Bonas et al., 2000; Enders-

Slegers, 2000; McNicholas et Collis, 2004; Okoniewski, 1984; Peretti, 1990). Il n’est

toutefois pas étonnant que les analyses statistiques effectuées à partir des questionnaires ne

révèlent aucune relation entre la dimension relative aux occasions de se sentir utile et

nécessaire et le degré d’attachement (r = -0,17; p = 0,47). En effet, comme c’est le cas pour

le soutien émotionnel, cette composante est mesurée à partir des propos concernant les

contacts humains de la personne et non ceux liés à l’animal de compagnie. Pour cette

raison, nous devons nous tourner vers les témoignages des participants pour avoir une

vision plus juste de la situation. Cela nous amène donc à croire que l’animal de compagnie

permet à la personne de se sentir utile et nécessaire puisqu’il s’agit d’un des éléments

qui revient le plus souvent lorsqu’il est question de ce qu’apporte la présence de l’animal à

l’individu. Ainsi, chez certaines personnes, nous constatons que l’animal vient combler

deux des six composantes du soutien social selon Weiss (1974), en l’occurrence le

soutien émotionnel et l’occasion de se sentir utile et nécessaire.

Cela nous amène à une question fondamentale : est-ce que la présence d’un animal de

compagnie permet de compenser pour un réseau social déficient ou est-ce que l’isolement

de son propriétaire résulte de l’attachement qu’il lui porte? Il est impossible de dégager une

quelconque prémisse basée sur des résultats probants. Cela est d’autant plus vrai que les

chercheurs se contredisent sur ce point. En effet, deux études rapportant toutes deux

l’existence d’une corrélation négative entre le degré d’attachement à l’animal de compagnie

et le soutien social (Stallones et al., 1990; Stammbach et Turner, 1999) tirent deux

interprétations diamétralement opposées de ces résultats. En effet, alors que Stallones et al.

(1990) concluent que chez les personnes isolées socialement un fort attachement à l’animal

de compagnie se fait au détriment des contacts humains, Stammbach et Turner (1999)

arguent plutôt que, pour les gens dont le réseau social est restreint, l’animal vient se

substituer aux personnes manquantes et procure, à celles qui y sont très attachées, un

soutien émotionnel qui se distingue de celui issu de la présence humaine. Concernant

Page 114: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

106

spécifiquement la question du rôle compensateur que peut jouer ou non un animal de

compagnie dans le contexte d’un réseau social déficient, certains chercheurs sont d’avis que

l’animal ne peut combler cette lacune. En effet, Bonas et al. (2000), après avoir observé une

corrélation positive entre le soutien apporté par les contacts humains et le soutien procuré

par l’animal, concluent que cette théorie ne tient pas la route puisque les gens bénéficiant

de peu de soutien de la part des autres profitent simultanément de peu de soutien de la part

de leur animal. L’étude de Harker, Collis et McNicholas (2000) a, quant à elle, révélé que

les individus désirant devenir propriétaires d’un animal de compagnie rapportent davantage

de relations interpersonnelles négatives que ceux n’en voulant pas. De plus, l’animal est

perçu, chez ceux voulant acquérir un animal, comme un partenaire interactif potentiel, ce

qui soutient la théorie voulant que l’acquisition d’un animal traduise un désir d’élargir son

réseau social. Staats et al. (2006) ont d’ailleurs convenu que les personnes relativement

seules avaient davantage tendance à acquérir un animal pour des raisons sociales. La

présente recherche a également permis de constater que, parfois, l’animal de compagnie

vient clairement suppléer à un réseau social restreint par les conséquences du trouble

mental puisqu’une participante, désirant la présence d’un être animé à ses côtés, a acquis

son animal après un épisode dépressif : « J’ai fait une dépression majeure […]. J’avais

besoin d’une présence, je vivais seule. Puis j’avais vraiment besoin d’une présence […]. Je

me sens moins seule maintenant, je parle à mes petits oiseaux, je parle à mon chat » (E-9).

Dans ce cas, la réponse de l’environnement au trouble mental n’a pas été adéquate, laissant

la personne à elle-même dans un moment de vulnérabilité. C’est alors que la participante

s’est tournée vers l’animal de compagnie pour pallier cette absence. De plus, les propos

rapportés à ce sujet dans le cadre des entrevues sont sans équivoques quant au fait que

l’animal de compagnie permet de diminuer le sentiment de solitude. Ainsi, d’après nos

résultats et ceux d’études antérieures, nous pouvons croire que, pour les personnes

présentant un problème de santé mentale, l’attachement à un animal de compagnie

compenserait pour un réseau social déficient. À moins, bien sûr, que nous soyons en

présence d’un attachement pathologique.

Il semble également que, moins les personnes ont accès à du soutien social, plus elles

retirent des bénéfices de la présence d’un animal de compagnie puisqu’elles y sont

Page 115: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

107

davantage attachées. En effet, les gens présentant un réseau social adéquat et des activités

de loisirs seront naturellement moins portés à interagir avec leur animal. Leur attachement

sera évidemment moindre qu’une personne seule qui passe beaucoup plus de temps avec

l’animal. Une participante mentionnait d’ailleurs : « c’est la personne que je vois le plus

souvent [et] avec qui je passe le plus de temps » (I-3). L’animal vient ainsi occuper la place

laissée vacante par les humains. Un consensus assez important existe auprès des chercheurs

quant au fait que ce sont les personnes isolées et vivant des difficultés provisoires (deuil,

maladie de courte durée) ou permanentes (incapacités persistantes, maladie incurable) qui

tirent le plus d’avantages à avoir un animal de compagnie (Staats et al., 1999; Wilks, 1999).

Garrity et al. (1989) soulignent notamment que, chez les personnes âgées endeuillées, le fait

d’avoir un animal de compagnie et d’y être très attaché est associé à un degré moindre de

dépression uniquement en présence de peu de confidents. L’étude de Goldmeier (1986)

s’intéressant aux impacts de l’animal de compagnie chez les femmes âgées de race blanche

a également révélé que la présence animale est associée à un meilleur moral qu’auprès de

celles vivant seules. De la même manière, chez les hommes séropositifs ayant un animal de

compagnie, un impact positif quant aux sentiments dépressifs a été observé exclusivement

pour ceux rapportant un nombre peu élevé de confidents (Siegel et al., 1999). Comme nous

l’avons révélé plus tôt, on observe, chez les participants de notre échantillon, que le degré

d’attachement est négativement corrélé à la satisfaction quant à leur vie relationnelle (r = -

0,62; p < 0,01). À la lumière des résultats des recherches citées ici et des propos tenus par

les participantes du volet qualitatif de ce mémoire, nous pouvons croire que l’isolement

social favoriserait la création d’une relation particulière avec l’animal, augmentant

ainsi le degré d’attachement, et c’est dans ce contexte que les effets bénéfiques liés à la

présence d’un animal de compagnie seraient maximisés.

Précédemment, nous avons pu observer que le fait qu’une personne isolée soit attachée à

son animal de compagnie permettait à celle-ci de combler partiellement le vide laissé par

les autres. Il arrive toutefois, dans certains cas particuliers, qu’une personne s’isole des

autres ou n’aille pas à la rencontre d’humains en raison d’un fort attachement à son

animal de compagnie qui semble combler tous ses besoins sociaux et émotifs. On parle

alors d’attachement pathologique. Comme le mentionne Rynearson (1978), la nature et

Page 116: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

108

l’intensité des liens s’établissant entre un humain et un animal dépendent de leur besoin

mutuel d’attachement. Lorsqu’une personne est désabusée des relations humaines, il est

possible qu’elle dirige toute son attention et ses besoins affectifs en direction de son

animal de compagnie. Cette relation devient d’autant plus intense qu’elle est alimentée

par le fait que la personne perçoit que son animal lui accorde une affection

inconditionnelle et libre de tout jugement, alors que ses relations interpersonnelles

antérieures ont habituellement été marquées par les conflits et les déceptions (Archer,

1997; Rynearson, 1978). La relation humain-animal devient alors « pathologique »

puisqu’elle a pour but d’éviter les difficultés liées aux relations sociales. Ce réflexe

d’évitement constitue en fait un mécanisme de défense visant à neutraliser le sentiment

d’anxiété qui surgit chez l’individu en situation de contacts sociaux. Dans ce contexte, la

perte ou le décès de l’animal de compagnie peut même entrainer des réactions

psychiatriques diverses. Bien que Simon (1984) présente un point de vue quelque peu

alarmiste en affirmant que toute personne est à risque de développer un attachement

pathologique, la plupart des chercheurs, dont Serpell (1986), arguent plutôt que ce type de

situation est exceptionnel et implique généralement des personnes présentant des

problèmes psychologiques antérieurs à l’acquisition de l’animal de compagnie ou n’ayant

pas accès à une autre source de contact social. Dans le contexte d’un mémoire

s’intéressant à des personnes présentant un problème de santé mentale et qui ont une

histoire de relations interpersonnelles conflictuelles souvent plus imposante que la plupart

des gens (c.f. Huhman, 2006), il est plausible de penser que celles-ci risquent davantage

de développer un tel type attachement. Rappelons-nous d’ailleurs les résultats de l’étude

effectuée par Okoniewski (1984) révélant que plus de la moitié des adolescents interrogés

bénéficiant de services psychiatriques considèrent les animaux comme étant purs et sans

malice, contrairement aux humains qui peuvent souvent se montrer blessants et

contrôlant. En tant qu’intervenants sociaux, il faut donc rester alerte quant à la nature de

la relation des personnes présentant un problème de santé mentale avec leur animal de

compagnie. De plus, puisque les études ayant abordé l’attachement pathologique relèvent

toutes de l’histoire de cas, il est essentiel que des recherches plus poussées s’intéressent à

cet aspect potentiellement néfaste pour les propriétaires d’animaux de compagnie,

Page 117: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

109

particulièrement chez les personnes à risque comme celles présentant un problème de

santé mentale.

4.3. L’interprétation des résultats à la lumière de la théorie des provisions sociales Les résultats rapportés dans les sections qui précèdent nous permettent de dégager quelques

interprétations en lien avec la théorie des provisions sociales quant aux trois principales

variables à l’étude, en l’occurrence le degré d’attachement à un animal de compagnie, le

soutien social des participants et leur bien-être subjectif. Il convient toutefois de rappeler

qu’il s’agit d’une interprétation sommaire qui se veut un point de départ pour les recherches

futures et qui nécessite qu’on la teste auprès d’autres échantillons afin d’être complétée.

À la lumière de nos observations, force est de constater que l’animal de compagnie agit en

tant que substitut relationnel dont l’importance fluctue en fonction des besoins et de la

situation de son propriétaire. Ainsi, selon la réalité sociale et affective de la personne, ce

rôle aura tendance à être plus ou moins important. Il appert important de souligner que ce

phénomène s’inscrit dans un continuum et nécessite que l’on tienne compte des nuances

propres à la situation de chacun avant de tirer quelle que conclusion que ce soit. En fait,

c’est le soutien social qui constitue la pierre angulaire de ce phénomène puisqu’il module

l’amplitude du rôle de l’animal dans la vie de la personne. On observe cela auprès des

personnes présentant un problème de santé mentale mais c’est probablement aussi le cas

chez la population en général.

Chez les personnes qui présentent un certain degré d’isolement social, l’animal de

compagnie occupe une place très importante. Cela se traduit d’ailleurs, comme nous

l’avons constaté, par un attachement à l’animal qui est inversement proportionnel à la

satisfaction vécue au plan relationnel et au degré de soutien émotionnel perçu.

Concrètement, cela signifie que, moins une personne bénéficie de soutien émotionnel et

qu’elle est satisfaite de sa vie sociale, plus elle a tendance à s’attacher à son animal de

compagnie, et inversement. Nous pouvons expliquer ce phénomène par le fait que l’animal

de compagnie vient naturellement occuper les rôles laissés vacants dans la vie sociale de la

Page 118: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

110

personne. C’est pourquoi la fonction assumée par l’animal diffère selon les personnes et la

situation sociale qu’elles présentent. Si l’on se réfère à la théorie des provisions sociales de

Weiss (1974), on peut constater que l’animal de compagnie constitue parfois une occasion

de se sentir utile et nécessaire puisqu’il représente un être dont le bien-être incombe à son

propriétaire. Comme nous l’avons constaté, il représente même un enfant pour les femmes

n’en ayant pas eu. La responsabilité d’un autre être vient donner un sens à la vie de la

personne qui est seule, sans enfant et sans emploi. Ayant été prise en charge une partie de

son existence, la personne présentant un problème de santé mentale y voit alors une

occasion d’assumer la responsabilité d’un autre être sans que cela demande beaucoup

d’énergie, tout en bénéficiant de l’affection inconditionnelle et de ce qu’elle perçoit comme

étant des qualités de confident de l’animal. Outre le fait de permettre à la personne de se

sentir utile et nécessaire, l’animal de compagnie représente également une importante

source de soutien émotionnel pour les personnes qui y sont très attachées. En effet, l’animal

apporte du bien-être et diminue le sentiment de solitude des gens qui entretiennent une

relation particulière avec lui. Cela est d’autant plus vrai lorsque l’animal de compagnie

constitue un être que l’individu côtoie souvent, que ce soit en raison du fait qu’il vive seul

ou qu’il n’occupe pas d’emploi. Toutefois, il importe de mentionner que, bien que l’animal

de compagnie puisse représenter un substitut relationnel important pour les personnes

isolées socialement, il demeure que les relations entre humains procurent davantage de

satisfaction à l’individu et doivent être priorisées. L’un des résultats allant en ce sens est

que l’indice de bien-être subjectif (r = -0,49; p < 0,05) suit les mêmes tendances que ceux

liés à la satisfaction de la vie relationnelle (r = -0,62; p < 0,01) et au degré de soutien

émotionnel (r = -0,53; p < 0,05), c’est-à-dire qu’il est inversement proportionnel au degré

d’attachement que l’individu porte à son animal de compagnie. Il faut garder à l’esprit,

comme le souligne la théorie des provisions sociales, que c’est à travers une multitude de

relations procurant diverses formes de soutien social que la personne pourra s’épanouir

complètement. Bref, nous observons que les personnes présentant un problème de santé

mentale souffrent souvent d’isolement social à divers degrés à cause notamment des

conséquences de leur trouble mental et des obstacles qu’ils rencontrent dans leur

environnement en interaction avec ces facteurs (conflits relationnels, incapacité de

travailler, etc.). Ce contexte favorise l’instauration d’une relation particulière entre l’animal

Page 119: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

111

et son propriétaire puisque l’animal vient combler certaines lacunes du réseau social de ce

dernier, d’où son rôle de substitut relationnel.

Le rôle de substitut relationnel assumé par l’animal de compagnie est également présent

chez les personnes ne percevant pas d’isolement social, mais il est d’une ampleur

moindre. En fait, comme les gens ont tendance à faire occuper à l’animal la place laissée

vacante par les autres, il n’occupera pas une place importante dans la vie d’une personne

qui a une vie bien remplie et un réseau social satisfaisant. Le rôle utilitaire de l’animal de

compagnie aura alors tendance à prendre de l’importance, reléguant l’implication émotive à

l’arrière-plan. Par exemple, dans ce contexte, on remarque que l’animal est acquis en raison

des enfants et qu’il est apprécié pour la sécurité physique qu’il procure. On peut donc

affirmer que la présence d’un animal de compagnie a plus d’incidence chez les personnes

présentant un certain degré d’isolement social puisque l’animal occupe alors une place plus

importante dans la vie de l’individu. Il convient toutefois de rappeler qu’il ne s’agit pas

d’un rôle statique mais qui fluctue selon la situation de la personne. Ainsi, l’animal de

compagnie sera appelé à joué un rôle qui variera, en importance, tout au long de l’existence

de l’individu. Ce phénomène est d’ailleurs très bien illustré dans les propos d’une

participante qui, lorsqu’on lui a demandé si son animal venait combler un vide dans sa vie,

a répondu : « Pas actuellement parce que ça bouge beaucoup dans la maison encore… avec

les enfants, [et les] petits-enfants aussi » (E-1).

En ce qui a trait à la dimension du bien-être procuré par la présence de l’animal de

compagnie, on remarque que celle-ci est omniprésente dans le discours des participantes du

volet qualitatif. En effet, l’animal améliore le moral, diminue le sentiment de solitude,

permet de revenir dans le moment présent, est un confident idéal, en plus d’apporter

affection inconditionnelle, chaleur, calme et détente. En fait, les inconvénients liés au fait

de posséder un animal ne semblent pas faire le poids à côté de tous les avantages que cela

procure, surtout lorsqu’on est seul. Toutefois, comme le souligne la théorie des provisions

sociales, il faut que l’individu ait accès à tous les types de soutien social dans le cadre de

ses différentes relations, sans quoi il ressentira nécessairement un malaise. Il n’est donc pas

étonnant que, malgré les dires des participantes concernant l’important sentiment de bien-

Page 120: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

112

être apporté par l’animal, les résultats quantitatifs rapportent que le degré d’attachement est

négativement corrélé aux degrés de bien-être (r = -0,49; p < 0,05), de soutien émotionnel (r

= -0,53; p < 0,05) et de satisfaction à l’égard de sa vie relationnelle (r = -0,62; p < 0,01). En

effet, dans un contexte d’isolement social, même la relation la plus satisfaisante, que ce soit

avec une autre personne ou un animal de compagnie, ne peut venir combler tous les besoins

sociaux d’un individu. À la lumière des propos des participantes au volet qualitatif, force

est de constater qu’une relation particulière avec un animal de compagnie améliore

sûrement la qualité de vie lorsqu’on est seul. C’est d’ailleurs probablement la raison pour

laquelle ces gens entretiennent de tels liens avec un animal. Toutefois, comme il a été

relevé plus tôt, le danger d’attachement pathologique doit constamment demeurer à l’esprit

des divers intervenants sociaux, surtout ceux œuvrant auprès d’une population dont

l’équilibre psychologique est fragile, comme c’est le cas pour les personnes présentant un

problème de santé mentale.

4.4. Les implications pour l’intervention À la lumière des résultats de ce mémoire, il devient évident qu’un animal de compagnie

peut occuper une place très importante pour certaines personnes présentant un problème de

santé mentale. Les intervenants œuvrant auprès de cette population doivent donc être

sensibilisés à ce phénomène afin d’optimiser la portée des interventions, notamment chez

les gens présentant un attachement important à leur animal. Pour ce faire, lors de

l’évaluation psychosociale, il serait pertinent de s’enquérir du possible rôle de l’animal de

compagnie dans la vie de l’individu et, si celui-ci s’avère importante pour lui, de tenir

compte de cette relation. L’animal peut même être intégré à l’intervention si l’on se rend

compte que cela est possible et bénéfique. Par exemple, si la personne affirme se sentir

mieux après s’être confiée à l’animal, cela peut constituer une stratégie provisoire

lorsqu’elle est seule et qu’elle se sent envahie par l’anxiété. L’intégration de l’animal dans

l’intervention peut sembler farfelue pour certains mais d’éminents chercheurs tels

Montagner (2002) et Levinson (1970;1972;1978) ont souligné tous les bienfaits que peut

avoir l’animal de compagnie sur l’équilibre psychologique de l’enfant. Bien qu’il soit

généralement admis, comme nous l’avons constaté plus tôt, que les animaux ont des

conséquences positives pour les enfants qui en côtoient régulièrement, il semble plus

Page 121: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

113

difficile d’admettre que cela puisse également être le cas pour les adultes. Peut-être est-ce

parce que l’animal est souvent associé à l’enfance ou encore parce que les relations entre un

adulte et un animal sont souvent perçues négativement, comme nous l’avons constaté plus

tôt. Or, il est plus que probable que l’animal joue un rôle tout aussi avantageux pour

certaines personnes aux prises avec les conséquences d’un trouble mental. Toutefois, seules

les recherches futures nous permettront d’en savoir davantage sur ce rôle potentiel.

Ensuite, il s’avère important de reconnaître que le simple fait d’aborder la question de

l’animal de compagnie lors du premier contact avec la personne peut faciliter grandement

la création du lien thérapeutique. En effet, comme nous avons pu le constater à maintes

reprises lors de la collecte de données, il s’agit d’un sujet qui provoque généralement

beaucoup d’enthousiasme auprès des personnes qui présentent un certain attachement à leur

animal de compagnie. De plus, les gens ont tendance à s’ouvrir et à aborder des sujets plus

délicats par le biais de l’animal, ce qui peut faciliter l’intervention. Bref, cette dernière ne

peut donc être que bonifiée par l’intégration de l’animal de compagnie dans l’évaluation

psychosociale. Cela est d’autant plus vrai si, après évaluation, on se rend compte que

l’animal de compagnie nuit à l’équilibre psychologique de la personne. Ce phénomène se

produit souvent lorsque cette dernière entretient une relation fusionnelle avec son animal.

Par exemple, cela peut amener l’individu à faire une dépression lors du décès de l’animal

ou à refuser de bénéficier d’une ressource d’hébergement parce que cela nécessiterait de se

départir de son animal. Dans ce cas, une action doit rapidement être entreprise afin de

limiter les effets pervers engendrés par cette relation. Il convient alors de garder à l’esprit

l’importance que peut revêtir l’animal dans la vie de l’individu, comme ce mémoire en a

d’ailleurs fait la démonstration. En tenant compte de ce que l’animal de compagnie apporte

à la personne, il devient alors plus facile d’intervenir avec la personne.

4.5. Les avenues de recherches futures Ce mémoire constitue, à notre connaissance, la première étude s’intéressant aux relations

entre les personnes présentant un problème de santé mentale et leur animal de compagnie.

Il se veut donc un point de départ pour les recherches futures et ne prétend nullement

présenter une vérité absolue. D’autres recherches présentant des échantillons plus

Page 122: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

114

importants sont nécessaires afin de mettre à l’épreuve les interprétations effectuées ici. Cela

est d’autant plus important que l’animal de compagnie semble occuper une place

prépondérante dans la vie de ces personnes souvent aux prises avec des problèmes

d’isolement social.

Pour des raisons de concision, nous n’avons pas tenu compte de la variable du stress dans

notre recherche. Toutefois, comme il a été mentionné dans la recension des écrits, le stress

a possiblement un rôle à jouer quant aux effets de la présence de l’animal de compagnie

chez l’individu. Il serait donc pertinent qu’on s’y attarde dans une recherche ultérieure.

Une investigation similaire effectuée auprès d’hommes serait également intéressante

puisque l’échantillon du volet qualitatif de ce mémoire est constitué uniquement de femmes

et que celui du volet quantitatif compte dix-huit femmes et deux hommes. En effet, il serait

pertinent de comparer les résultats en fonction du genre puisque, comme nous l’avons

mentionné plus tôt, Staats, Sears et Pierfelice (2006) ont constaté des différences

significatives entre le discours des femmes et celui des hommes lorsqu’il est question des

raisons les ayant amenés à acquérir un animal de compagnie. Peut-être ces différences se

retrouvent-elles également dans la nature même de la relation entretenue avec l’animal de

compagnie.

Une recherche similaire impliquant la présence d’un groupe contrôle constitué de personnes

présentant des problèmes de santé mentale mais ne cohabitant avec aucun animal serait des

plus pertinentes. En effet, une telle entreprise nous permettrait d’établir plus précisément

les apports de l’animal quant au bien-être et au soutien social chez cette population.

Nos résultats nous ont permis de constater que l’animal de compagnie occupe souvent les

fonctions habituellement réservées aux amis. De plus, certains propos tenus lors des

entrevues trahissent des blessures sur le plan relationnel. Il serait donc pertinent de se

pencher sur la façon dont est vécue l’amitié chez les personnes qui présentent un problème

de santé mentale. Ont-elles des amis véritables ou s’isolent-ils de crainte d’être blessées?

Ont-elles vécu davantage de déceptions en amitié que la population en général? Comment

Page 123: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

115

vivent-elles leurs relations amicales? Celles-ci diffèrent-elles en raison de la problématique

de santé mentale? Toutes ces questions méritent d’être abordées dans un futur rapproché.

En lien avec ce dernier point, il est impératif que le concept d’attachement pathologique

soit défini avec plus de précisions et qu’une recherche d’envergure se penche sur le sujet

car, à ce jour, nous en connaissons bien peu sur ce phénomène et son ampleur. De plus,

connaître le point de vue des intervenants concernant leurs expériences de pratique en lien

avec les relations humain-animal pourrait s’avérer extrêmement pertinent et nous en

apprendre davantage sur les répercussions possibles de l’animal sur l’intervention.

Page 124: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

116

Conclusion Le présent mémoire avait pour objectif de vérifier l’existence de possibles liens entre les

trois variables à l’étude, en l’occurrence le degré d’attachement à l’animal de compagnie, le

bien-être subjectif et le soutien social, à la lumière des propos des principaux intéressés sur

les apports et inconvénients liés au fait de cohabiter avec un animal. Avant de présenter une

synthèse des résultats en lien avec la théorie des provisions sociales de Weiss (1974), il est

pertinent de faire un retour sur l’implication de ces résultats dans la vérification des

hypothèses émises au tout début du processus de recherche.

Les deux premières hypothèses énoncées avancent l’idée que le degré de soutien social des

participants augmentent en fonction du degré d’attachement de la personne présentant un

problème de santé mentale pour son animal de compagnie, et que le degré de bien-être

subjectif observe la même tendance. Une grande partie des résultats des analyses

statistiques va toutefois à l’encontre de cette prémisse. En effet, nous constatons plutôt que

les degrés de satisfaction quant à la vie relationnelle, de soutien émotionnel perçu et de

bien-être subjectif corrèlent négativement et significativement avec le degré d’attachement

à l’animal de compagnie. Ainsi, moins les personnes sont heureuses, bénéficient de soutien

social et sont satisfaites de leur vie relationnelle, plus elles sont attachées à leur animal, et

inversement. Or, bien qu’aucune relation significative entre l’indice de soutien social et le

degré d’attachement n’ait été observée, les deux variables sont tout de même négativement

corrélées (r = -0,42; p = 0,06). De plus, le discours des participants indique clairement que

l’animal de compagnie permet à la personne présentant un problème de santé mentale de se

sentir utile et nécessaire et lui fournit une certaine forme de soutien émotionnel, deux

composantes du soutien social. Ces fonctions sont très importantes car elles permettent de

diminuer le sentiment de solitude et de donner un sens à la vie de ceux qui n’ont pas

d’activité extérieure et qui sont seuls durant la journée. En fait, tout nous porte à croire que

l’isolement social amène la personne à être plus souvent chez elle, ce qui favorise la

création d’une relation particulière avec l’animal. Dans ce contexte, l’attachement à

l’animal de compagnie pallie partiellement le réseau social déficient de la personne et les

effets bénéfiques liés à sa présence s’en trouvent maximisés. Bref, plus la personne est

seule, plus elle a tendance à s’attacher à son animal de compagnie et à aller chercher dans

Page 125: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

117

cette présence les éléments relationnels qui lui manquent, ce qui augmente son bien-être

mais moins que ne le ferait un réseau social adéquat.

La troisième hypothèse émise au départ suggère que le degré d’attachement à l’animal de

compagnie des personnes participant à l’étude est significativement plus élevé chez les

femmes, les personnes âgées de plus de 35 ans, celles qui sont plus éduquées, celles

possédant un chien et celles bénéficiant d’un revenu plus élevé. Après analyse des résultats,

aucun des éléments figurant dans cette hypothèse ne s’est vu confirmé. Il est important de

mentionner que, en cours de route, nous avons cru pertinent d’ajouter d’autres

caractéristiques sociodémographiques à cette liste dont le nombre d’animaux, le fait de

vivre seul ou non, le nombre d’enfants, le type d’activité et le statut civil. De plus, la

variable du sexe n’a pas été analysée puisque notre échantillon ne contient que deux

hommes. Finalement, les analyses statistiques nous apprennent que seuls l’âge, le nombre

de personnes dans le ménage, le nombre d’enfants et le type d’animal de compagnie sont en

lien avec le degré d’attachement à l’animal de compagnie. En ce qui a trait à l’âge, une

corrélation négative a été observée entre les deux variables. Cela signifie que,

contrairement à ce que nous avions prédit au départ, les personnes plus âgées ont tendance

à être moins attachées à leur animal de compagnie, et inversement. Nous croyons que cela

peut être lié au fait que les soins de l’animal représentent un fardeau à mesure que la

personne avance en âge et que sa santé se fragilise, ce qui entraine nécessairement un degré

d’attachement moindre. Il s’agit toutefois d’une interprétation qui se doit d’être vérifiée

dans le cadre d’études ultérieures. Ensuite, les personnes rencontrées vivant seules se sont

révélées être davantage attachées que les autres. D’autres analyses statistiques ont

également démontré que, plus on compte d’individus dans le ménage, moins le degré

d’attachement de l’individu à l’égard de son animal de compagnie est important. À l’instar

de Stammbach et Turner (1999), nos observations tendent à confirmer que les personnes

vivant dans des ménages plus nombreux consacrent leur temps et leurs énergies aux

relations humaines plutôt qu’aux interactions avec l’animal. En dépit d’avoir des gens

autour d’eux, les personnes seules auront tendance à se tourner vers leur animal, ce qui

augmente forcément leur attachement à celui-ci. Autre phénomène observé : les participants

n’ayant pas d’enfants présentent un attachement plus important à leur animal de compagnie

Page 126: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

118

que ceux qui en ont et ce, qu’ils en aient la garde ou non et peu importe leur nombre. Notre

échantillon étant constitué majoritairement de femmes n’ayant pas d’enfant, il est probable

que celles-ci, à la manière des personnes vivant seules, entretiennent une relation

particulière avec leur animal, ce qui augmente leur degré d’attachement à celui-ci. La

dernière variable sociodémographique en lien avec le degré d’attachement est celle du type

d’animal de compagnie. En comparant trois types de propriétaires d’animaux (de chat

uniquement, de chien uniquement et ceux possédant plusieurs animaux), les résultats issus

de nos analyses démontrent que ceux possédant exclusivement un ou plusieurs chats

présentent un attachement plus important à leur animal. Cela contredit plusieurs études

mais s’inscrit en lien logique avec notre interprétation quant au fardeau que peut

représenter un animal pour une personne dont la santé est fragile. En effet, on peut penser

que les personnes décidant d’acquérir un chat le font en raison du peu d’énergie que ses

soins requièrent, ce qui diminue les risques que l’animal représente un fardeau pour son

propriétaire et augmente les probabilités d’établir une relation particulière avec celui-ci.

Finalement, à la lumière de ces résultats, la personne présentant un problème de santé

mentale et qui est très attachée à son animal de compagnie présente les caractéristiques

sociodémographiques suivantes : elle est jeune, vit seule, n’a pas d’enfant et possède

seulement un ou plusieurs chats. Rappelons toutefois que ces résultats doivent être

considérés avec prudence en raison de la petite taille de l’échantillon.

En ce qui concerne les résultats du volet qualitatif, nous aurions pu croire que c’est

principalement en raison de la compagnie qu’il apporte que la personne présentant un

problème de santé mentale décide d’acquérir un animal de compagnie. Dans les faits, une

seule participante a mentionné cet aspect lorsqu’il a été question des motivations d’acquérir

un animal. On observe toutefois que les personnes ayant des enfants ont souvent fait le

choix d’en acquérir un en raison de ceux-ci, que ce soit pour qu’ils s’habituent à la présence

d’un animal ou pour pallier leur absence lors des hospitalisations. Pour d’autres,

l’acquisition d’un animal est liée à une certaine tradition familiale ou personnelle et elles ne

conçoivent pas leur vie sans une telle présence. Concernant la dimension de la compagnie,

elle a plutôt été rapportée comme étant l’un des apports importants de la présence de

l’animal puisque l’animal de compagnie permet de diminuer le sentiment de solitude aux

Page 127: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

119

dires de la majorité des répondantes. Outre le fait de briser l’isolement, les participantes ont

rapporté que leur animal leur apportait sécurité, bien-être et affection inconditionnelle, en

plus de représenter une relation importante pour elles, à la manière d’un ami proche ou d’un

membre de la famille, et de présenter des qualités exceptionnelles de confident. Bien qu’ils

n’aient pas été cités comme étant des motivations à l’acquisition d’un animal de

compagnie, ces éléments n’y sont sûrement pas étrangers.

Quant aux principaux inconvénients liés au fait d’avoir un animal de compagnie, les

participantes ont mentionné que les soins quotidiens que l’animal requière, les coûts liés à

ceux-ci et le fait de devoir trouver quelqu’un pour s’en occuper lors des hospitalisations ou

autres séjours à l’extérieur du domicile représentent des désagréments pour elles. S’y

ajoutent l’isolement indirect en raison des craintes et des allergies des visiteurs potentiels,

ainsi que la souffrance associée au décès de l’animal. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un

élément qui émerge des propos tenus lors des entrevues, nous pouvons nous permettre

d’ajouter que l’attachement à un animal peut devenir un inconvénient de taille lorsqu’il

devient pathologique et que la personne s’isole afin d’éviter le sentiment d’anxiété lié aux

relations sociales. Ensuite, il convient de préciser que, lorsqu’était abordée la question des

inconvénients avec les participantes, celles-ci avaient tendance à minimiser l’importance de

ceux-ci en les décrivant plutôt comme s’il s’agissait d’avantages. Ce phénomène se

retrouve dans la plupart des études portant sur la relation humain-animal et est

probablement issu de la conception idéaliste que se font la plupart des gens de leur animal

de compagnie ainsi que de leur fort degré d’attachement à celui-ci.

À la lumière de la théorie des provisions sociales, une interprétation préliminaire émerge

des résultats de ce mémoire. En effet, nous pouvons constater que l’animal de compagnie

agit en tant que substitut relationnel et que les personnes de cet échantillon présentant un

problème de santé mentale ont tendance, dans une certaine mesure, à faire jouer à l’animal

les rôles laissés vacants par leur réseau social. L’importance de ce rôle varie en fonction des

besoins relationnels de la personne et il est possible qu’il change fréquemment, au gré des

événements et des étapes de vie. En fait, ce phénomène s’inscrit dans un continuum et toute

analyse s’y rapportant nécessite d’abord qu’on tienne compte des nuances propres à la

Page 128: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

120

situation de chacun. Chez les personnes présentant un certain degré d’isolement social,

l’animal peut apporter une forme de soutien émotionnel et constituer une façon de se sentir

utile et nécessaire, deux composantes du soutien social (Weiss, 1974). La particularité de la

population présentant un problème de santé mentale réside dans le fait que, en raison des

conséquences de leur trouble mental, celles-ci ont tendance à présenter un isolement plus

important que la population en général. Dans ce contexte, l’instauration d’une relation

particulière avec l’animal de compagnie est d’autant plus favorisée que cette présence

permet de combler certaines lacunes présentes dans le réseau social de la personne. Bien

que cette dynamique relationnelle ne puisse en aucun cas se substituer aux relations

humaines, elle peut être bénéfique pour l’individu si elle ne recèle pas un attachement

pathologique à l’animal. Chez les personnes dont le réseau social est satisfaisant, la relation

avec l’animal a tendance à assouvir des besoins plus utilitaires et relève davantage de la

cohabitation active que d’une relation d’importance. En effet, souvent, ces individus font

l’acquisition de l’animal pour les enfants et reconnaissent que l’animal leur apporte d’abord

et avant tout une certaine sécurité physique. Dans ce contexte, on retrouve chez le

propriétaire un degré d’attachement peu élevé et la présence de l’animal de compagnie a

une incidence moindre que pour celui présentant des besoins sociaux plus importants.

Page 129: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

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Annexe A : Dépliant informatif de l’étude

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Annexe B : Correspondance concernant l’utilisation des questionnaires

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Centre de recherche de l’Hôpital Douglas Québec, le 2 mars 2005 Pavillon Perry, bureau E-3313 6875, boul. LaSalle Arrondissement de Verdun Montréal (Québec) H4H 1R3 À l’attention du Dr. Jean Caron

Cher Dr. Caron, Je suis étudiante à la maîtrise en service social à l’Université Laval et mon mémoire aura pour sujet le bien-être subjectif et le soutien social des personnes présentant un problème de santé mentale selon l’attachement à leur animal de compagnie. Je vous écris pour vous demander la permission d’utiliser l’Échelle de provisions sociales dans le cadre de mon projet. Il me fera plaisir de vous faire parvenir d’autres informations si vous le désirez. Merci de votre attention

Julie Nadeau 1960, boul. Cardinal-Villeneuve, app.403 Québec (Québec) G1L 3H1 Courriel : [email protected]

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Dr. Charles C. Hendrix March 2, 2005 Oklahoma State University Faculty of Human Development and Family Science 101 HESW Stillwater, OK 74078 Dear Dr. Hendrix, I am a master’s degree student at Laval University (Québec, Canada) in the School of Social Work where I am beginning a dissertation on the topic of social support and well-being amongst companion animal owners with problems of mental health. I am writing to you to request permission to use the Companion Animal Bonding Scale in my study. I would be happy to send you any other information you may require. Thank you for your assistance. Sincerely, Julie Nadeau 403-1960, boul. Cardinal-Villeneuve Québec, Québec CANADA G1L 3H1 Email: [email protected]

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SCRIPT-INSERM Québec, le 2 mars 2005 Hôpital St. Jean de Dieu 290, Route de Vienne 69373 Lyon Cedex 08 À l’attention du Dr. Alice Dazord

Chère Dr. Dazord, Je suis étudiante à la maîtrise en service social à l’Université Laval et mon mémoire aura pour sujet le bien-être subjectif et le soutien social des personnes présentant un problème de santé mentale selon l’attachement à leur animal de compagnie. Je vous écris pour vous demander la permission d’utiliser le questionnaire « Profil de la Qualité de Vie Subjective » dans le cadre de mon projet. De plus, je n’ai pas réussi à trouver le questionnaire dans les articles consultés donc, si vous acceptez, pourriez-vous m’en envoyer un exemplaire? Il me fera plaisir de vous faire parvenir d’autres informations si vous le désirez. Merci de votre attention

Julie Nadeau 1960, boul. Cardinal-Villeneuve, app.403 Québec (Québec) G1L 3H1 CANADA Courriel : [email protected]

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Page 155: LES RELATIONS ENTRE L’ATTACHEMENT À UN ANIMAL DE …Tableau 5 : Résultats du test a posteriori LSD de Fisher comparant les moyennes du degré d’attachement à l’animal de compagnie

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Annexe C : Formulaire de consentement

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Les relations entre l’attachement à un animal de compagnie, le bien-être subjectif et le soutien social des personnes présentant un problème de santé mentale

Nom de l’investigatrice principale : Julie Nadeau, étudiante à la maîtrise en service social Nom des co-investigatrices : Myreille St-Onge, directrice de recherche; Diane Rouleau et

Suzanne Rondeau, travailleuses sociales au CHUL Lieu de l’étude : Pavillon CHUL du CHUQ

Formulaire de consentement

Contexte de l’étude Cette étude est effectuée dans le cadre du projet de maîtrise en service social de Julie Nadeau, sous la direction de madame Myreille St-Onge, et a pour sujet les relations entre l’attachement à un animal de compagnie, le bien-être subjectif et le soutien social des personnes présentant un problème de santé mentale. Objectifs de l’étude Cette étude a pour objectifs de répondre aux questions suivantes : 1. Est-ce que le bien-être et le soutien social d’une personne présentant un problème de santé mentale peuvent être influencés par le fait qu’elle soit plus ou moins attachée à son animal de compagnie? 2. Est-ce que l’âge, le sexe, le degré de scolarité, le statut socioéconomique et/ou le type d’animal de compagnie influencent le degré d’attachement d’une personne à son animal de compagnie? 3. Qu’est-ce qui motive les personnes présentant des problèmes de santé mentale à acquérir un animal de compagnie? Quels inconvénients y voient-ils?

Document édité le 6 juillet 2005

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Les relations entre l’attachement à un animal de compagnie, le bien-être subjectif et le soutien social des personnes présentant un problème de santé mentale

Déroulement de l’étude La participation à cette étude implique une rencontre individuelle d’une durée d’environ quarante-cinq minutes durant laquelle vous remplirez trois questionnaires évaluant l’impact de votre animal de compagnie dans votre quotidien. Quelques personnes seront invitées à en discuter plus en profondeur si elles le désirent. Dans ce dernier cas, cette portion d’entrevue, d’une durée approximative de quinze minutes, sera enregistrée afin d’en faciliter l’analyse du contenu. Ces enregistrements seront détruits à la suite du dépôt du mémoire, c’est-à-dire environ un an après l’entrevue. Risques potentiels, avantages possibles et inconvénients La participation à cette recherche ne comporte aucun risque. Vous ne bénéficierez pas directement des résultats de cette étude mais en y participant vous permettrez l’avancement de la recherche concernant les relations entre les personnes présentant un problème de santé mentale et leur animal de compagnie. En ce qui a trait aux inconvénients, le fait de participer à cette étude demandera l’investissement d’un peu de temps. Compensation financière Veuillez noter que vous ne recevrez aucune compensation financière pour votre participation à cette étude. Participation volontaire et droit de retrait Votre participation à ce projet est volontaire. Vous avez le droit de vous retirer du projet à tout moment, sans avoir à fournir de raison ni à subir de préjudice quelconque. Lors d’un retrait de l’étude, les questionnaires auxquels vous avez répondus sont détruits. Confidentialité et accès aux dossiers médicaux Les renseignements recueillis lors de cette recherche seront traités de façon strictement confidentielle. Les documents sur lesquels apparaissent votre nom ainsi que tous les autres renseignements permettant de vous identifier seront conservés dans un classeur fermé à clé auquel seule la chercheure aura accès. Les noms des participant(es) ne paraîtront sur aucun rapport. Un système de codes sur les questionnaires sera utilisé de façon à ce que vos données d’identification personnelle ne soient mentionnées. Toutes les informations permettant de vous identifier seront détruites à la suite du dépôt du mémoire. La chercheure n’aura pas accès à vos dossiers médicaux.

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Les relations entre l’attachement à un animal de compagnie, le bien-être subjectif et le soutien social des personnes présentant un problème de santé mentale

Personnes-ressources et questions Julie Nadeau, responsable de la recherche : 418-529-9141 poste 6653 Si vous avez des questions à poser concernant vos droits en tant que sujet de recherche, vous pouvez vous adresser au directeur des services professionnels du CHUQ au numéro 418-691-5521. Signatures Participant Je soussigné(e), ___________________________ ai lu et compris ce formulaire de consentement et je consens volontairement à participer à cette étude telle que décrite. Signature du participant : ___________________________________ Fait à ___________________, le __________________ Engagement de la chercheure Je soussignée, Julie Nadeau, certifie avoir expliqué au signataire intéressé les termes de la formule de consentement et avoir répondu aux questions qu’il m’a posées à cet égard en plus de lui avoir clairement indiqué qu’il reste, à tout moment, libre de mettre un terme à sa participation au projet de recherche décrit ci-dessus, sans préjudice quelconque. Signature de la chercheure : ___________________________________ Fait à ___________________, le ___________________ Ce projet a été accepté par le comité d’éthique de la recherche clinique du CHUL (88.05.01)

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Annexe D : Questionnaire quantitatif

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Caractéristiques sociodémographiques 1. Êtes-vous un homme ou une femme?

Homme 1 Femme 2 2. Quel âge avez-vous? _______ 3. Combien d’animaux avez-vous? _______ 4. De quelle(s) sorte(s)? Chat 1 Chien 2 Oiseau 3 Autre : _______________________ 9 5. Êtes-vous allergique à votre animal? Oui 1 Non 2 6. Quel est le plus haut niveau d’étude que vous avez terminé?

Primaire (1ère- 7ième année) 1 Secondaire (8ième-12ième année) 2 Collégial (secteur technique au Cégep) 3 Collégial (secteur général au Cégep) 4 Universitaire, première cycle 5 Universitaire, deuxième et/ou troisième cycle 6

7. Quel est votre principal statut d’activité actuellement?

En emploi 1 Aux études 2 À la retraite 3 Sans emploi 4 Autre : ___________________________________________________ 9

8. Quel est votre revenu annuel (avant impôt)?

Moins de 10 000$ 1 10 000$ à 16 999$ 2 17 000$ à 23 999$ 3 24 000$ à 34 999$ 4 35 000$ à 44 999$ 5 45 000$ à 54 999$ 6 55 000$ et plus 7

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9. a) Habitez-vous seul? Oui (Passez à la question 10) 1 Non 2 9. b) Si non, combien de personnes vivent avec vous? ________ 9. c) Quel est leur lien avec vous ? Conjoint(e) 1 Enfant(s) 2 Parent(s) 3 Frère(s) ou sœur(s) 4 Ami(es) 5 Autre : __________________________________________________ 9 10. Quel est votre statut civil? Célibataire 1 Marié(e) 2 Conjoint(e) de fait 3 Divorcé(e) 4 Séparé(e) 5 Veuf (veuve) 6 11. a) Avez-vous des enfants? Oui 1 Non (Passez à la question 12) 2 11. b) Si oui, combien? _________ 12. a) Connaissez-vous votre diagnostic psychiatrique? Oui 1 Non (Passez à la page suivante) 2 12. b) Si oui, quel est-il? _________________________________________________

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Code : _______

Questionnaire

• Lire attentivement chacune des questions avant d’y répondre. • Encercler votre choix de réponse. • Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. • Répondre à toutes les questions.

Les questions qui suivent visent à évaluer l’attachement que vous portez à votre animal de compagnie. Veuillez encercler le chiffre qui correspond le mieux à votre situation actuelle. À quelle fréquence… Jamais Rarement Souvent En général Toujours 1) …vous occupez-vous des soins relatifs à votre animal? 1 2 3 4 5 2) …nettoyez-vous ce que votre animal a sali? 1 2 3 4 5 3) …est-ce que vous prenez, caressez ou câlinez votre animal? 1 2 3 4 5 4) …est-ce que votre animal dort dans votre chambre? 1 2 3 4 5 5) …est-ce que vous ressentez que votre animal est sensible à votre présence? 1 2 3 4 5 6) …est-ce que vous vous sentez proche de votre animal? 1 2 3 4 5 7) …est-ce que vous voyagez avec votre animal? 1 2 3 4 5 8) …est-ce que vous dormez près de votre animal? 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu Moyennement Très Extrêmement 9) Vous considérez-vous… 1 2 3 4 5 … attaché à votre animal?

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Les prochaines questions ont pour but d’évaluer votre qualité de vie. Veuillez encercler le chiffre qui correspond à votre degré de satisfaction actuel concernant chacun des domaines de vie mentionnés. Très Très Vous considérez-vous… insatisfait(e) Insatisfait(e) Indifférent(e) Satisfait(e) satisfait(e) En ce qui concerne… 1) …la manière dont se passent vos relations avec les gens? 1 2 3 4 5 2) …votre sexualité? 1 2 3 4 5 3) …l’attitude des gens envers vous? 1 2 3 4 5 4) …le fait d’avoir (ou de ne pas avoir) du temps libre (c’est-à-dire sans activité précise)? 1 2 3 4 5 5) …le fait que vous avez (ou le fait que vous n’avez pas) des rencontres avec des amis? 1 2 3 4 5 6) …le fait que vous avez (ou le fait que vous n’avez pas) une activité profes- sionnelle? 1 2 3 4 5 7) …vos qualités morales? 1 2 3 4 5 8) …votre vie intérieure personnelle (par exemple, réflexion, lecture, méditation…)? 1 2 3 4 5 9) …le fait que vous avez (ou le fait que vous n’avez pas) une foi religieuse? 1 2 3 4 5 10) …le fait que vous avez (ou le fait que vous n’avez pas) des relations avec des proches? 1 2 3 4 5 11) …les tensions, les soucis de votre vie de tous les jours? 1 2 3 4 5

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Très Très Vous considérez-vous… insatisfait(e) Insatisfait(e) Indifférent(e) Satisfait(e) satisfait(e) En ce qui concerne… 12) …le fait que vous avez (ou le fait que vous n’avez pas) des activités personnelles ou de loisirs (de type activités culturelles, sport, bricolage jardinage, vacances, etc.)? 1 2 3 4 5 13) …le fait que vous participez (ou le fait que vous ne participez pas) à des activités en groupe (culturelles, syn- dicales, religieuses…)? 1 2 3 4 5 14) …le fait que vous vivez (ou le fait que vous ne vivez pas) avec quel- qu’un? 1 2 3 4 5 15) …votre aspect physique (quand vous vous voyez dans une glace, par exemple)? 1 2 3 4 5 16) …le fait que vous avez (ou le fait que vous n’avez pas) une activité personnelle créatrice ou artistique (par exemple, musique, poésie…)? 1 2 3 4 5 17) …les relations que vous avez (ou n’avez pas) avec vos père et mère? 1 2 3 4 5 18) …les relations que vous avez (ou n’avez pas) avec vos enfants? 1 2 3 4 5 19) …les relations que vous avez (ou n’avez pas) avec un (ou votre) par- tenaire? 1 2 3 4 5 20) …le fait de vous sentir libre (ou au contraire absolument pas libre)? 1 2 3 4 5

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Les questions qui suivent vont permettre de mesurer votre degré de soutien social. Pour chacune d’elles, encercler le chiffre qui correspond à votre niveau d’accord. Lorsque vous y répondrez, essayez de penser aux personnes qui vous entourent actuellement. Pas du tout Un peu Moyennement Tout à fait Êtes-vous… en accord en accord en accord en accord Avec les énoncés suivants… 1) Il y a des personnes sur qui je peux compter pour m’aider en cas de réel besoin. 1 2 3 4 2) J’ai l’impression que je n’ai aucune relation intime avec les autres. 1 2 3 4 3) Je n’ai personne à qui m’adresser pour m’orienter en période de stress. 1 2 3 4 4) Il y a des personnes qui nécessitent mon aide. 1 2 3 4 5) Il y a des personnes qui prennent plaisir aux mêmes activités sociales que moi. 1 2 3 4 6) Les autres ne me considèrent pas compétent. 1 2 3 4 7) Je me sens personnellement responsa- ble du bien-être d’une autre personne. 1 2 3 4 8) J’ai l’impression de faire partie d’un groupe de personnes qui partagent mes attitudes et mes croyances. 1 2 3 4 9) Je ne crois pas que les autres aient de la considération pour mes aptitudes et habiletés. 1 2 3 4 10) Si quelque chose allait mal, personne ne viendrait à mon aide. 1 2 3 4 11) J’ai des personnes proches de moi qui me procurent un sentiment de sécurité affective et de bien-être. 1 2 3 4

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Pas du tout Un peu Moyennement Tout à fait Êtes-vous… en accord en accord en accord en accord Avec les énoncés suivants… 12) Il y a quelqu’un avec qui je pourrais discuter de décisions importantes qui concernent ma vie. 1 2 3 4 13) J’ai des relations où sont reconnus ma compétence et mon savoir-faire. 1 2 3 4 14) Il n’y a personne qui partagent mes intérêts et mes préoccupations. 1 2 3 4 15) Il n’y a personne qui se fie réellement sur moi pour son bien-être. 1 2 3 4 16) Il y a une personne fiable à qui je pourrais faire appel pour me conseiller si j’avais des problèmes. 1 2 3 4 17) Je ressens un lien affectif fort avec au moins une autre personne. 1 2 3 4 18) Il n’y a personne sur qui je peux compter pour de l’aide si je suis réellement dans le besoin. 1 2 3 4 19) Il n’y a personne avec qui je me sens à l’aise pour parler de mes problèmes. 1 2 3 4 20) Il y a des gens qui admirent mes talents et habiletés. 1 2 3 4 21) Il me manque une relation d’intimité avec quelqu’un. 1 2 3 4 22) Personne n’aime faire les mêmes activités que moi. 1 2 3 4 23) Il y a des gens sur qui je peux compter en cas d’urgence. 1 2 3 4 24) Plus personne ne nécessite mes soins ou mon attention désormais. 1 2 3 4

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Annexe E : Questionnaire qualitatif

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Questionnaire qualitatif Les questions suivantes portent plus spécifiquement sur la place qu’occupe votre animal de compagnie dans votre vie. Répondez à chacune d’entre elles selon votre perception des choses. Comme il est mentionné dans le formulaire de consentement, vos réponses seront enregistrées afin d’en faciliter la transcription. 1. Qu’est-ce qui a motivé votre décision d’acquérir un animal? 2. Que représente votre animal pour vous? 3. Est-ce que la présence de votre animal vous apporte quelque chose? Si oui, qu’est-ce que cela vous apporte? 4. Y a-t-il des inconvénients rattachés au fait que vous ayez un animal? Si oui, lesquels? 5. Est-ce que vous croyez que votre animal vient combler un vide dans votre vie? Si oui, expliquez. 6. Vous sentez-vous moins seul(e) en raison de la présence de votre animal? Si oui, expliquez. 7. Croyez-vous que votre bien-être se trouve augmenté ou diminué par la présence de votre animal dans votre vie? Expliquez. 8. Est-ce qu’il y a autre chose dont vous voudriez parler concernant le rôle de votre animal dans votre vie?

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Annexe F : Grille d’analyse qualitative

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Grille d’analyse Devis qualitatif

1. Motivation d’acquérir un animal : - pour les enfants :

* pour pallier l’absence du sujet * pour qu’ils s’habituent à la présence d’un animal

- avoir toujours vécu avec des animaux. Les animaux occupent donc une place essentielle dans leur vie et le sujet ne s’imagine pas vivre sans eux - pour être moins seul 2. Ce que représente l’animal pour le sujet : - une présence constante et significative lorsque le sujet est seul à la maison

- un être qui l’accompagne dans la maladie - un être fidèle

- un confident dont on est certain qu’il n’ira pas répéter ce qu’on lui dit - un être à qui parler

- un être sensible aux émotions du sujet - un être respectueux - une relation qui demande peu d’implication - l’être que le sujet côtoie le plus souvent - une partie d’eux-mêmes - des êtres possédant chacun leur singularité - un ami - un enfant - un membre de la famille 3. Ce que l’animal apporte au sujet et raisons pour lesquelles le bien-être du sujet est augmenté en présence de l’animal : - la sécurité physique (chiens) - dimension du « care » - voir théorie des provisions sociales : Le besoin de se sentir utile (opportunity for nurturance) est procuré par les relations dans lesquelles la personne prend la responsabilité du bien-être de quelqu’un d’autre. Le fait de se sentir utile permet à l’individu de donner un sens à sa vie. Dans ce cas, l’animal est parfois comparé à un enfant dont on s’occupe - raccroche le sujet à la vie - du bien-être :

* de la joie * un meilleur moral * un sentiment de confort * de la chaleur - amour inconditionnel - permet de se sentir moins stressé, plus détendu - ramène le sujet dans le moment présent - l’animal vient combler un vide dans leur vie :

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* vient combler certaines lacunes quant au réseau social * vient combler le fait de ne pas avoir d’enfant

* ne vient combler aucun vide 4. Les inconvénients rattachés au fait d’avoir un animal - les inconvénients sont beaucoup moins importants que les avantages - les inconvénients liés à l’entretien - les coûts liés au vétérinaire - représente un stress lors de l’hospitalisation ou d’un départ prolongé - peut isoler le sujet des autres personnes (personnes allergiques ou qui n’aiment pas les animaux, animal dangereux) - souffrance associée au décès de l’animal 5. Raisons pour lesquelles le bien-être du sujet est diminué en présence de l’animal - pour l’isolement que cela amène