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EHESS Les Rites de naissance dans le judaïsme by Patricia Hidiroglou Review by: Régine Azria Archives de sciences sociales des religions, 42e Année, No. 100 (Oct. - Dec., 1997), pp. 94-95 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30127380 . Accessed: 12/06/2014 15:49 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.49 on Thu, 12 Jun 2014 15:49:47 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les Rites de naissance dans le judaïsmeby Patricia Hidiroglou

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Les Rites de naissance dans le judaïsme by Patricia HidiroglouReview by: Régine AzriaArchives de sciences sociales des religions, 42e Année, No. 100 (Oct. - Dec., 1997), pp. 94-95Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127380 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

nisme que de faron accidentelle et convention- nelle: destruction de temples ou d'idoles par exemple. Les Vies de C6saire ou de Genevieve nous montrent des saints se prdoccupant des chr6tiens. Ce sont les Vies carolingiennes de saints mdrovingiens qui dramatisent l'affronte- ment entre les saints et les pai'ens. Le meilleur exemple est celui de la Vie de saint Eloi, r66crite a l'6poque carolingienne, oih l'on voit longuement les combats du saint contre le pa- ganisme, alors que les sermons de lui que nous avons conserv6 y font a peine allusion.

En ce domaine comme en bien d'autres, la propagande carolingienne a rabaiss6 la p6riode pr6c6dente, pr6sentant les rois comme m6dio- cres, ce qui est bien connu, mais aussi disqua- lifiant l'ensemble de la soci6t6 et de la culture. I1 ne faut pas remettre en cause l'importance de l'oeuvre carolingienne de consolidation et centralisation mais bien souligner les ant6c6- dents mdrovingiens, que ce soit pour la pens6e politique, la liturgie ou le culte des saints. Les Carolingiens voulaient justifier, du point de vue religieux aussi, leur usurpation.

S'il existait une culture religieuse g6n6rale dans la soci6t6 mdrovingienne, existaient tout de mime aussi des cultures s6culibres: au moins une culture aristocratique du banquet oti l'on 6coutait la po6sie de Fortunat, et une culture populaire. Mais nos sources 6crites, toutes cl6ricales, ne les signalent qu'a la marge et l'archdologie ne peut, a elle seule, les r6v6- ler. L'A. s'arrate sur les jeux, les repr6senta- tions, les foires et la boisson. Combats de gladiateurs et venationes sont condamnds par C6saire d'Arles ce qui signifie qu'ils existaient encore au d6but du VIe sidcle. De mime, les courses de char un peu plus tard (milieu VIe), mais il n'en est pas question dans les conciles merovingiens. La disparition des jeux romains s'explique par la crise 6conomique en partie par le fait que les autorit6s nouvelles (6v~ques) ne les soutiennent pas, mais surtout par la d6- composition de l'empire et des pouvoirs lo- caux: le passage de l'antiquit6 tardive au Moyen Age s'observe au mieux dans les dis- tractions populaires. En revanche mimes et pantomimes apparaissent dans l'hagiographie et n'ont jamais cess6 (malgr6 la d6sapproba- tion) mais on ne sait rien de leur contenu. L'activit6 s6culibre la mieux document6e de l'6poque, et fort bien analys6e ici, est la beu- verie collective : I'insistance et la pr6cision des sources eccl6siastiques vient de ce que boire est un acte social, cr6ant des structures et des liens, pergus par l'Eglise comme rivaux de ses propres structures.

Ce livre soigneusement document6, multi- plie les hypotheses et les paradoxes, a v6rifier

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sur de nombreux points, mais il est incon- testable qu'il transforme notre regard sur la culture m6rovingienne. Ajoutons qu'il pr6sente une clart6 d'exposition rare dans les ouvrages anglo-saxons. I1 aborde les questions liturgi- ques syst6matiquement, <<de l'ext6rieur >>, avec des descriptions pr6cises qui ne supposent pas le pr6savoir des sp6cialistes comme c'est trop souvent le cas en ce domaine. I1 donne en outre une trbs remarquable bibliographie raisonn6e sur chaque sujet, concise et efficace. D6plorons seulement un traitement orthographique de la langue frangaise (et accessoirement de la lan- gue latine) indigne d'un grand 6diteur scienti- fique.

Michel Sot.

100.35 HIDIROGLOU (Patricia).

Les Rites de naissance dans ie judaisme. Pa- ris, Les Belles Lettres, 1997, 358 p. (illustr., glossaire, bibliogr.).

Tout comme les travaux de Joelle Bahloul sur les pratiques alimentaires, le livre de P. H. sur les rites de naissance fera date et est appel6 a devenir un ouvrage de r6f6rence. A la fois descriptif et interpr6tatif, il s'int6resse a la lo- gique du systhme symbolique qui sous-tend ces rites qui en sont la partie visible, celle qui per- met a ceux qui les pratiquent ou qui s'y asso- cient de se situer dans l'ordre social. Ce livre est l'aboutissement d'une enquate de terrain (observation et t6moignages), d'une recherche historique a partir de sources documentaires et archivistiques, et d'une plong6e dans les sources memes de la tradition religieuse juive (textes et objets domestiques et liturgiques). Histoire, sociologie et anthropologie sont done au rendez-vous et font ici un excellent m6nage a trois. Les notions de rite et de rite de passage y sont a nouveau interrog6es a partir du cas juif: comment comprendre la p6rennit6 de ces rites de naissance au sein de groupes et de fa- milies largement s6cularis6s ? Comment s'est effectu6e la transmission des gestes et celle du sens de ces rites ? Comment rep6rer et inter- pr6ter leur transformation? Mais, plus origi- nale peut-etre que ces questions, classiques et r6currentes dans nos disciplines, est son 6tude sur les mappot, ces linges encore utilis6s pour la circoncision par certains juifs de l'est de la France, linges qui sont ensuite d6coup6s et cousus en longues bandelettes, brod6s ou peints de textes et de motifs d6coratifs, et dont l'enfant lorsqu'il a atteint l'age de trois ans fait don a la synagogue. Ces bandelettes sont enroul6es autour des rouleaux de la torah pour les maintenir en place serr6s l'un contre l'autre

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lorsqu'on les range aprbs la lecture. Outre leur caractbre 6minemment symbolique, et r6serve 6tant faite qu'elles ne concernent que les gar- gons, ces mappot ont pu servir d'archives d'6tat-civil puisqu'elles portent l'inscription du pr6nom de l'enfant et du phre suivi de la date de naissance, et indiquent la qualit6 de cohen ou de leivi. De belles photos montrent quelques-unes de ces mappot et t6moignent d'un v6ritable art populaire.

Tout aussi int6ressante est l'interpr6tation du partage des r61es masculins et f~minins lors de ces rites de naissance que propose l'auteur. Tout porte A croire en effet, nous dit-elle, que le systhme repose exclusivement sur les hommes. Leur r61e para'it pr6dominant dans l'effectuation des rites de naissance. Effective- ment, lors des trois rites qu'elle pr6sente, seuls les hommes et les fils focalisent l'attention de l'assembl6e. Les femmes et les filles sont ab- sentes. Les acteurs de la circoncision sont le nouveau-n6 male ag6 de 8 jours, le phre, le mo- hel (p6ritomiste) et le sandaq (parrain) qui tient l'enfant lors de l'op6ration; les acteurs de la c6r6monie du pidyon ha-ben (le rachat du fils premier nA) sont le phre, le premier-n6 male agA d'un mois et le cohen; enfin, pour la c6r6monie du don de la mappah, les acteurs sont le fils de trois ans et le phre. Mais P. H. s'empresse d'ajouter que les apparences sont trompeuses: <<Si c'est bien par les hommes que passent les modbles culturels explicites, c'est en fait par les femmes que passent les modbles implicites sur lesquels se fonde la pens~e symbolique. Le r61e important jouA par la mere, aussi bien dans la conception d'un gargon - dans laquelle sa part est essentielle - que dans la pratique de la circoncision - li6e A son statut de puret6 -, a, des les textes bi- bliques, structur6 les mentalit6s et fagonn6 pour des sibcles les comportements des hommes et des femmes face A cet 6v6nement de l'ordre de l'universel qu'est la mise au monde d'un nouvel Atre >>. (...) << Aussi, ajoute- t-elle, la parent6 -dans ses representations symboliques - ne s'exerce-t-elle pas au mime moment pour chacun des parents: si la mere intervient avant mime la naissance, lors de la conception d'un garcon, c'est aprbs la nais- sance que le phre doit faire reconnaitre ses droits sur l'enfant (...). Ainsi, la circoncision, cette blessure qui est infligde A l'enfant h l'6tat de nature, est simultandment reconnaissance de l'enfant par le phre et s6paration symbolique d'avec la mere. Le phdnombne naturel, la nais- sance, est done rapidement socialis6, organis6 dans un ordre culturel oii le phre - l'homme en g~n~ral- occupe la place essentielle (...). La mere, de son c~tA, n'a pas A faire valoir

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

ses droits sur son enfant, puisque c'est son pro- pre statut qui confbre A l'enfant son apparte- nance: qu'il naisse gargon ou fille, I'enfant nait juif >>. Cette analyse l'ambne A une conclu- sion qui l61argit du mime coup le champ sym- bolique et rituel, objet de son int6rt : <<On comprend done mieux l'effacement de la mere et son absence de participation A des rituels qui redisent, pour cet enfant, les rapports du fils au phre et les droits paternels sur lui. C'est que, en r6alit6, la mere n'est pas absente du ph6nomine rituel puisqu'il se situe en amont des rites de naissance (...). Le rite de la tevilah (immersion dans le bain rituel), moins specta- culaire que les rites dont le phre est l'artisan, est pourtant le rite essentiel qui 16gitime la sexualit6 et conditionne le statut des enfants A naitre. La tevilah anticipe les rites A venir, par- ticipant de la mime dialectique entre nature et culture >>. Ce qui donne l'occasion A l'auteur de proposer une analyse descriptive et inter- pr6tative passionnante de ce rituel de purifica- tion qu'est l'immersion dans le mikveh (bain rituel).

Un beau livre, riche d'enseignements et qui incite A pousser la r6flexion et A l'l61argir A d'autres objets.

R6gine Azria.

100.36 HUANG (Chun-chieh), ZURCHER (Erik), eds.

Time and Space in Chinese Culture. Leyde (Pays-Bas), E. J. Brill, 1995, VI + 379 p. (il- lustr., caractbre chinois dans le texte) (coll. << Sinica Leidensia >>, vol. XXXIII>).

Dans ce bel ouvrage, A arribre-plan compa- ratif, sept Taiwanais et huit sinologues euro- p6ens (cinq enseignants de Leyde, une Frangaise, un Anglais, un Norv6gien) se sont unis pour tourner et retourner en tous sens les themes conjoints du temps et de l'espace dans les traditions chinoises lettr6es et populaires; et une pr6sentation imaginative des deux co- 6diteurs (pp. 3-14) donne une logique philoso- phique homoghne aux divers points de vue exprim6s.

Les deux notions sont d'abord envisag6es sous un angle philosophique. En Chine, l'es- pace est traditionnellement mesur6 par le temps et le temps par l'espace: contrairement A la vision kantienne d'un espace et d'un temps primordiaux ressentis intuitivement, la pens6e chinoise a forg6 ces deux notions A partir de l'exp6rience concrete (Wu Kuang-ming, < Spa- tiotemporal interpenetration in Chinese think- ing1, pp. 17-44). Si les Chinois n'ont pas eu

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