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Les érotiquesd’Ipoustéguy
—• livret d’exposition
«J’ai toujou
rs été amou
reux des corps»,
affirme Ipou
stéguy . V
oilà pourqu
oi il con
çoit des sculptu
res et des textes au
dacieux, évoqu
ant le désir, le
sexe, la liberté. Passion
né par les
anatom
ies en m
ouvem
ent, il évoqu
e avec force, crû
men
t parfois, les formes
sensation
nelles du
contact, du
partage, de l’éch
ange.
Modelan
t du cim
ent, du
plâtre ou de la
terre, dès les ann
ées 1960 il fabrique
de petites figures qu
i conserven
t l’em
preinte de ses doigts. E
lles représen
tent n
otamm
ent u
ne fem
me
attirante (V
iens, 1966). In
terrogeant
l’énigm
e des formes en
action, il con
çoit en
suite des bron
zes, qui in
carnen
t des corps étran
gemen
t ouverts. D
es élém
ents de squ
elette ou de m
uscles
affleuren
t.
«L’am
our est aveu
gle. Les
tables du tou
cher n
e sont
pas celles de la vision» :
à partir de 1967, Ipou
stéguy taille des
modu
les dans du
marbre de
Carrare. Ils s’apparen
tent à
des citadelles. Le spectateu
r est in
vité à y glisser la m
ain, afin
de découvrir à
tâtons les volu
mes scu
lptés au
cœu
r de la pierre. Ils su
ggèrent des poitrin
es, des sexes (S
ein tactile, 1967-
1968 ; Alvéole, 1970 ; G
ant,
1971). Provocateu
r, joyeux,
l’artiste conçoit égalem
ent
quelqu
es œu
vres qui
célèbrent l’en
castremen
t, l’accou
plemen
t (Le C
alice, 1970 ; L
a Brou
ette, 1970).
Tan
dis que la libération
sexuelle bat
son plein
à Paris, dan
s le sillage des reven
dications de m
ai 1968, Ipoustégu
y séjou
rne en
Inde. Il décou
vre la splen
deur de tem
ples sculptés don
t les m
otifs illustren
t le Kâm
a-Sû
tra. En
Italie en
suite, il s’attelle à u
ne «su
ite érotiqu
e», spectaculaire in
stallation
constitu
ée d’élémen
ts taillés dans le
marbre. M
arches, pu
its, oves et volutes,
billes ou glan
ds, l’ensem
ble évoque
symboliqu
emen
t un
e curieu
se orgie (G
ange fleu
ve des myth
es, 1972). «Su
r les escaliers qu
i descenden
t au G
ange,
j’ai mis des sexes tordu
s, enrou
lés, n
oués, j’ai m
is de l’hu
mou
r dans m
es représen
tations sexu
elles. Je ne vou
lais pas qu
’elles soient porn
ographiqu
es.»
S’ém
anciper ain
si des tabous propres à
l’Occiden
t depuis 2000 an
s, tel est l’un
des objectifs d’Ipou
stéguy. M
odelage, m
oulage, taille directe, assem
blage, tou
tes les techn
iques de la scu
lpture
sont u
tilisées pour dévoiler le sexe
(Pu
bis, 1972 ; Triptyqu
e, 1976 ; En
core va, 1995 ; V
erbe, 1996 ; Herm
aphrodite,
1997). Et au
ssi, pour célébrer la caresse
(Ch
erche C
ramou
ille, 1972 ; Petite
mort, 1997) …
À la fin
des ann
ées 1990, si l’œ
uvre de n
otre artiste devient
plus sym
bolique, m
oins an
atomiqu
e, elle n
’en célèbre pas m
oins avec
enth
ousiasm
e, encore et tou
jours, les
rondeu
rs fémin
ines (P
ointeu
se, 1997).
« J’ai toujou
rs été am
oureu
x des corps »
«Les œ
uvres érotiqu
es, ce sont les fru
its des expérien
ces de mon
corps. De m
on
vécu sen
suel.» A
u fil des décen
nies,
Ipoustégu
y décrit souven
irs intim
es et rêveries licen
cieuses. Il grave,
dessine et pein
t aussi ses aven
tures.
Dan
s le noir (1978), le P
etit jeu (1990
et 1991), Su
r le côté droit (1979) com
me S
ous la lu
ne (1978). A
mélie,
Ch
arlotte, Lu
cette et Lu
cienn
e se prêten
t à la pose, et certaines estam
pes japon
aises se révèlent in
spirantes
(La R
ose et le samou
raï). Tan
tôt un
e sim
ple ligne claire, parfois de savan
ts jeu
x d’ombre, d’au
tres fois encore de
délicates transparen
ces, évoquen
t des territoires secrets, des jeu
x savoureu
x, u
ne con
templation
ému
e. La cou
rbe d’u
n sein
, la ligne d’u
ne lèvre ou
la m
asse d’un
e chevelu
re structu
rent des
images fascin
antes. «L
entem
ent, les
cuisses satin
ées se dénou
ent, et s’ou
vre la robe de pén
ombre légère, d’u
ne
femm
e décoiffée pressée d’écrire au
ralenti dan
s l’air quelqu
e chose de très
harm
onieu
x…»
Fran
çoise Mon
nin
JEA
N R
OB
ER
T D
IT
IP
OU
ST
ÉG
UY
Jean R
obert dit Ipoustégu
y (patron
yme de sa m
ère d’origine
basque) est n
é en 1920 à D
un
-sur-
Meu
se et mort en
2006 à Dou
lcon.
C’est à 18 an
s qu’il com
men
ce à expérim
enter la pein
ture et le dessin
dan
s l’atelier de Robert L
esboun
it à P
aris...
Travailleu
r infatigable, l’artiste
à réalisé près de 600 sculptu
res et plu
sieurs cen
taines d’œ
uvres
graphiqu
es conservées au
jourd’h
ui dan
s de n
ombreu
x mu
sées en F
rance (P
aris, T
oulou
se, Troyes, L
yon, G
renoble) et
à l’étranger (W
ashin
gton, N
ew-Y
ork, B
erlin, L
ondres, P
ékin, T
okyo, Abu
D
ahbi…
).
Le travail Ipou
stéguy sera m
arqué
par les époques, les voyages et les
rencon
tres.
Son
travail est d’abord influ
encé par
l’abstraction, m
ouvem
ent artistiqu
e alors en
vogue dan
s les ann
ées 50. Un
voyage en
Grèce va en
suite bou
leverser l’artiste et l’am
ener à s’in
téresser à la représen
tation du
corps et de la figure
hu
main
e.
Plu
s tard, les ann
ées 60 marqu
ent
le temps des révolu
tions : sexu
elle, m
orale, artistique... R
évolution
s au
xquelles participe Ipou
stéguy en
réalisan
t quelqu
es un
es des célèbres affich
es de mai 68. À
cette mêm
e période, l’artiste décou
vre aussi les
représentation
s érotiques h
indou
es lors d’u
n voyage en
Inde. D
e ces deux
événem
ents von
t suivre u
ne série
d’œu
vres érotiques...
«Jusqu
’à la fin de sa vie, Ipou
stéguy
sera anim
é par un
e formidable pu
lsion
vitale et un
vrai plaisir ludiqu
e créatif, il con
tinu
era à explorer la question
de le représen
tation «au
croisemen
t de l’intérieu
r et de l’extérieu
r, de l’architectu
rel et de l’h
um
ain, du
fluide et du
figé, du m
ultiple
et de l’un
ique» sa virtu
osité baroque lu
i perm
ettant de répon
dre à l’exubéran
ce de la n
ature, à la com
plexité de l’organism
e et de tradu
ire aussi bien
l’érotique, le m
ystique, la
naissan
ce, la mort qu
e le réel.»
Pascal O
dille, 2007
— Le tem
ps des cerises, 1968, Ipoustéguy
L’érotism
e est un
concept issu
avant
tout de l’im
agination
. Lié en
partie à la su
ggestion, au
non
-dit, il est en
cela complètem
ent différen
t de la porn
ographie, qu
i consiste à m
ontrer la
sexualité de façon
explicite. Il y a donc
autan
t d’érotismes qu
e d’individu
s, que
de cultu
re, mais au
ssi que d’époqu
es en
fonction
de ce que la m
orale estimait
licencieu
x ou n
on.
En
psychan
alyse, Freu
d propose un
e n
otion su
pplémen
taire en opposan
t l’E
ros (pulsion
de vie) à Th
anatos
(pulsion
de mort). L
a sexualité est
inséparable de la vie, de la m
ort, de la van
ité hu
main
e.
L’érotism
e est avant tou
t un
e célébration
de la vie, un
e célébration
du plaisir qu
i a passionn
é de nom
breux
artistes ! (Pou
r ne citer qu
e quelqu
es n
oms : B
ouch
er, Fragon
ard, Dau
mier,
Ren
oir, Gau
guin
, Sch
iele, Cou
rbet, R
odin, P
icasso, Ham
ilton, A
raki... se son
t emparé de ce th
ème)
l’érotisme
D
AN
S L
’AR
T
Historiqu
emen
t, on peu
t retrouver
des formes d’art érotiqu
e dans ch
aque
cultu
re. Des papyru
s égyptiens au
x céram
iques de la G
rèce antiqu
e don
t certaines son
t célèbres pour
être les premières représen
tations
d’hom
osexualité. O
n peu
t aussi voir
de nom
breuses scèn
es sexuellem
ent
explicites sur les m
urs des ru
ines
romain
es de Pom
péi. San
s oublier la
longu
e tradition de la pein
ture érotiqu
e dan
s les cultu
res orientales...
En
Eu
rope aussi il y a eu
un
e tradition
de production
érotique. M
ais plus
cachée, su
btile et généralem
ent
réservée aux plaisirs de «l’aristocratie».
On
peut pen
ser aux C
ontes de Jean
de L
a Fon
taine, et ceu
x du m
arquis
de Sade. U
n au
tre ouvrage exem
plaire serait L
es moyen
s, un
livre illustré de
la Ren
aissance italien
ne con
tenan
t des xylograph
ies représentan
t explicitem
ent u
ne série de position
s sexu
elles.
— P
apyrus érotique de Turin, environ 1150 av. J.-C
.
En
tre in
fluen
ces, in
spirations,
parenté et
similitu
des...
LE
S Œ
UV
RE
S
D’IP
OU
SÉ
GU
Y
MIS
ES
EN
P
ER
SP
EC
TIV
E
AV
EC
D’A
UT
RE
S
TR
AV
AU
X
ÉR
OT
IQU
ES
´
— The Look, 1993, A
raki
En
Inde, l'érotism
e occupe du
rant
trois mille an
s de production
artistique
et idéologique in
interrom
pue u
ne
place beaucou
p plus im
portante qu
e dan
s notre A
ntiqu
ité classique pu
is dan
s l'Eu
rope chrétien
ne. L
a place de l’érotism
e est fondam
entalem
ent
différente en
Inde de celle qu
’on lu
i accorde en
Occiden
t, car le corpslu
i-mêm
e est perçu différem
men
t. E
n In
de le corps n’est pas cou
pable d’u
ne fau
te originelle qu
e l’ensem
ble de l’h
um
anité se devrait d’expier. S
i dan
s le christian
isme D
ieu est am
our,
en In
de Dieu
fait l’amou
r.
C’est ain
si que l’on
retrouve de très
nom
breuses fresqu
es et sculptu
res érotiqu
es dans les tem
ples, et de n
ombreu
x ouvrages illu
strés tel que
les célèbres Kâm
a-Sû
tra.
« Je me su
is baladé en In
de, et j’ai beau
coup vu
de temples décorés de
frises érotiques. Il y en
a partout
pleines d’h
um
our avec leu
rs impossibles
postures sexu
elles. En
rentran
t j’ai eu
envie de faire u
ne su
ite érotique. S
ur
les escaliers qui descen
dant au
Gan
ge, j’ai m
is des sexes tordus, en
roulés,
nou
és, j’ai mis de l’h
um
our dan
s mes
représentation
s sexuelles. »
En
tretien de l’artiste avec G
eneviève
Breerette, L
e Mon
de, juillet 1978
GA
NG
E
FL
EU
VE
D
E M
YT
HE
S,
INS
PIR
AT
ION
IN
DIE
NN
E
en haut — G
ange fleuve de mythes,
1972, Ipoustéguyen bas —
extrait d’une fresque du tem
ple Khajurâho, Inde
Les gravu
res japonaises érotiqu
es son
t appelées Sh
un
ga, ce qui sign
ifie littéralem
ent «im
age du prin
temps».
Un
euph
émism
e pour faire référen
ce à l’acte sexu
el. L’âge d’or de ses im
ages se situ
e pendan
t l’époque d’E
do (de 1600 à 1868).
Leu
r but était dan
s un
premier
temps d’in
struire le lecteu
r dans les
arcanes de l’am
our ph
ysique, et de
guider les jeu
nes gen
s parvenu
s à l’âge du
désir. Les estam
pes étaient
ainsi accom
pagnées de précision
s an
atomiqu
es, techn
iques ou
recettes, poèm
es ou dialogu
es érotiques,
comm
entan
t avec hu
mou
r les prou
esses des aman
ts.
LA
RO
SE
ET
LE
S
AM
OU
RA
Ï — L
’AR
T
DE
S S
HU
NG
A
Peu
à peu, ces im
ages sont deven
ues
très tabou au
Japon et cet h
éritage ju
gé hon
teux. L
’ère Meiji les cen
sura
pour qu
e le pays paraisse « civilisé » et « h
onorable » au
x yeux d’u
n O
ccident
qui vivait à l’h
eure de la pu
deur
victorienn
e. Alors m
ême qu
e cet art érotiqu
e allait ravir et inspirer les
artistes européen
s.
Le su
ite de petits dessins de L
a rose et le sam
ouraï se lit com
me u
n com
ics où
la chu
te est inatten
due et drôle.
Cette plan
che était à l’origin
e destinée
à être envoyée com
me carte de vœ
ux
hu
moristiqu
e aux am
is de l’artiste.
en haut — La rose et le sam
ouraï, Ipoustéguyen bas —
shunga, 1835-1845, auteur inconnu
Su
r le socle central de l’exposition
son
t présentées qu
atre œu
vres : le spectateu
r est invité à les explorer en
glissan
t la main
à l’intérieu
r, à caresser les form
es et la douceu
r du m
arbre scu
lpté : Sein
Tactile, A
lvéole G, et
deux G
ant (n
°302 et n°307). C
es œu
vres qu
i paraissent abstraites au
regard se dévoilen
t alors par le touch
er.
« La m
ain doit palper,
prendre, im
poser, caresser…
Ma scu
lpture est con
çue
pour être tou
chée .»
Ipoustégu
y
DE
S
ŒU
VR
ES
TA
CT
ILE
S
Marcel D
uch
amp a lu
i aussi réalisé des
œu
vres dites tactiles et notam
men
t P
rière de Tou
cher con
çue pou
r la cou
verture du
catalogue de l’exposition
L
e Su
rréalisme en
1947. Un
sein
postiche en
mou
sse est collé sur le
carton de la cou
verture, tan
dis qu’au
dos du
catalogue est écrit l’in
jonction
, con
traire à celle que l’on
voit h
abituellem
ent dan
s les mu
sées, P
rière de touch
er.
Cette œ
uvre est elle au
ssi un
e in
vitation à dépasser le sen
s de la vue
- sens tradition
nellem
ent privilégié
dans les arts occiden
taux - au
profit du
touch
er. Et ten
te ainsi de sortir des
pratiques académ
iques et des idées
reçues.
Mais au
-delà de cette expérience, cette
œu
vre laisse entrevoir la dim
ension
érotiqu
e qui parcou
rt le travail de M
arcel Du
cham
p depuis 1912 : des
recherch
es pour L
a Mariée m
ise à nu
, ju
squ’au
x dernières œ
uvres com
me
Feu
ille de vigne fem
elle.
en haut — Sein Tactile (vue de l’interieur),
1967, Ipoustéguyen bas —
Prière de toucher, 1947,
Marcel D
uchamp
Citée en
amon
t, l’œu
vre de Marcel
Du
cham
p Feu
ille de vigne fem
elle n’est
autre qu
e le mou
lage du sexe d’u
n
modèle fém
inin
. Plu
s tard, il réalisa sa con
tre-forme ph
allique : O
bjet-Dard
On
imagin
e dès lors qu’O
bjet-Dard
résulte lu
i aussi d’u
ne em
preinte.
Mais cette ten
tation n
’est qu’u
n
leurre : l’objet dérive sim
plemen
t d’un
m
orceau de l’arm
ature d’u
ne au
tre scu
lpture. L
a volonté de l’artiste de
mettre O
bjet-Dard en
perspective avec F
euille de vign
e femelle, tran
sforme
imm
édiatemen
t l’objet techn
ique en
objet érotiqu
e.
Ces deu
x œu
vres ne son
t pas sans
rappeler Le C
alice, vase sacré, jeu de
forme et d’em
boîtemen
t.
FO
RM
ES +
CO
NT
RE
-F
OR
ME
S
en haut à gauche — Feuille de vigne fem
elle, 1950, M
arcel Ducham
pen haut à droite—
Objet-D
ard, 1951, Marcel D
uchamp
en bas — Le C
alice, 1970, Ipoustéguy
lisser la matière... L
a pratique
de la sculptu
re peut s’avérer
elle-mêm
e sensu
elle et érotique.
Ici Takis m
arie érotisme et avan
t garde fu
turiste, qu
and R
odin ten
te saisir la vérité du
désir...
SC
UL
PT
ER
,M
OD
EL
ER
,
à gauche — Triptyque, 1976, Ipoustéguy
au dessus à gauche — sculpture érotique, 1974, Takis
au dessus à droite — sculpture érotique, 1974, Takis
à gauche — La B
rouette, 1970, Ipoustéguyà droite —
Femm
es Dam
nées, 1890, Rodin
Les gran
ds dessins au
fusain
s oscillent
entre abstraction
et formes su
ggestives. L
e tracé semble libre, désin
volte et rapide... et esqu
isse un
e image fu
rtive, su
blimin
ale, un
e apparition.
An
dré Masson
, figure in
contou
rnable
du m
ouvem
ent su
rréaliste, n’a eu
de cesse de livrer u
ne produ
ction artistiqu
e sin
gulière m
arquée par les m
ythes, la
natu
re, la poésie et bien sû
r, l’érotisme.
Cet artiste est avan
t tout con
nu
pour
ses « dessins au
tomatiqu
es » – inspirés
du prin
cipe de l’écriture au
tomatiqu
e.S
es dessins au
trait s’articulen
t entre
natu
re et sensu
alité, le corps fémin
in et
le paysage ne faisan
t plus qu
’un
.
DE
SS
INS
AU
TR
AIT
de gauche à droite — Zab, Toi, N
oe (série Petit jeu ),
1990 et 1991, Ipoustéguyen dessous —
Série érotique, 1971, Masson
Qu
el autre pein
tre que P
icasso pour
évoquer la sen
sualité dan
s la peintu
re ?
« L’œ
uvre de P
icasso est tou
t entière érotiqu
e » Jean
Clair - critiqu
e d’art
En
1932, Picasso réalisa L
e Rêve, le
portrait de sa compagn
e Marie-T
hérèse
Walter.
Si on
peut voir u
n sein
dénu
dé et devin
er un
pénis dan
s la moitié de son
visage, c’est au
ssi dans son
attitude qu
e l’érotism
e et la sensu
alité de ce portrait apparaît.
Tou
t en cou
rbes et en ron
deurs,
Marie-T
hérèse paisible et assou
pie, n
ous in
cite à rêver avec elle… E
lle pen
che sa tête et laisse son
cou libre
et propice aux baisers. D
élesté de tou
tes tension
s, son corps se décou
vre à m
oitié. Sa robe sem
ble glisser len
temen
t le long de son
bras, laissant
apparaître non
seulem
ent u
n sein
mais
aussi u
n corps volu
ptueu
x qui ten
d à se dévoiler petit à petit...
Con
naissan
ces, mem
bres de sa fam
ille, artistes de passages, mu
ses... Ipou
sétguy a pein
t de nom
breux
portraits fémin
ins d’après m
odèles. Ici, l’aqu
arelle permet au
x couleu
rs de s’éten
dent, de s’en
trelacer et d’obtenir
des formes dou
ces et brum
euses.
Torses gén
éralemen
t nu
s, regards m
is-clos dirigés vers le spectateurs, ces
portraits vaporeux son
t empru
nt
d’un
e certaine sen
sualité !
PO
RT
RA
ITS
D
E F
EM
ME
S
— Lucienne, entre 1985 et 1995, Ipoustéguy
— Le R
êve, 1932, Picasso
AS
SE
MB
LA
GE
S
Ipoustégu
y travailla aussi su
r des scu
lptures com
posées d’objets divers m
ais attentivem
ent ch
oisis pour leu
r con
notation
s et leurs sym
boliques.
Les assem
blages dessinen
t évidemm
ent
des formes tou
t aussi su
ggestives.
Ain
si nou
s retrouvon
s des coquilles de
mollu
sques ou
d’escargots, des poils, des objets ovoïdes, des m
atières percées de trou
s, ou en
core un
crâne...
Bien
d’autres artistes on
t utilisé des
objets les plus divers pou
r évoquer
la sexualité. L
a célèbre composition
L
e déjeun
er en fou
rrure de l’artiste
Meret O
ppenh
eim en
est un
e parfaite illu
stration. Il n
’est pas question
de boire dan
s cette tasse «poilue», m
ais bien
de suggérer la sen
sation qu
e cela pou
rrait provoquer. L
’artiste combin
e ici la dom
esticité de la tasse avec l’érotism
e et l’anim
alité de la fourru
re, créan
t un
e célébration du
cun
nilin
gus.
Les ph
otographies de l’artiste su
édoise D
iana G
ran jou
ent au
ssi sur le décalage
entre u
n objet et sa représen
tation.
Dan
s son travail, l’im
age n’est pas la
représentation
d’un
objet, mais elle est
l’action de la pen
sée du ph
otographe ou
du
spectateur su
r cet objet.
en haut à gauche — Encore Va, 1995, Ipoustéguy
en bas à gauche — Le déjeuner en fourrue, 1936, M
eret Oppenheim
au dessus — O
yster touch, autour de 2010, Diana G
ran
Un évènement organisé par le Département
de la Meuse
7 expositionsde Juin 2020 à Février 2021
www.musees-meuse.fr
Bar-le-DucCharleville-Mézières
DoulconÉpinalVerdun
Les érotiques d’Ipoustéguy
une exposition à voirjusqu’au 18 décembre
à l’Offi ce de tourisme de Bar-le-Duc
10h-12h / 14h-18h (17h à partir de nov.)
visites guidéessur rendez-vous
Cécile Marconimédiation des expositions
ou contactez l’acb au 03 29 79 73 45
Le théâtre, 20 rue Theuriet 55000 Bar-le-Ducwww.acb-scenenationale.com