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Les érotiques d’Ipoustéguy livret d’exposition

Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

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Les érotiquesd’Ipoustéguy

—• livret d’exposition

Page 2: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

«J’ai toujou

rs été amou

reux des corps»,

affirme Ipou

stéguy . V

oilà pourqu

oi il con

çoit des sculptu

res et des textes au

dacieux, évoqu

ant le désir, le

sexe, la liberté. Passion

né par les

anatom

ies en m

ouvem

ent, il évoqu

e avec force, crû

men

t parfois, les formes

sensation

nelles du

contact, du

partage, de l’éch

ange.

Modelan

t du cim

ent, du

plâtre ou de la

terre, dès les ann

ées 1960 il fabrique

de petites figures qu

i conserven

t l’em

preinte de ses doigts. E

lles représen

tent n

otamm

ent u

ne fem

me

attirante (V

iens, 1966). In

terrogeant

l’énigm

e des formes en

action, il con

çoit en

suite des bron

zes, qui in

carnen

t des corps étran

gemen

t ouverts. D

es élém

ents de squ

elette ou de m

uscles

affleuren

t.

«L’am

our est aveu

gle. Les

tables du tou

cher n

e sont

pas celles de la vision» :

à partir de 1967, Ipou

stéguy taille des

modu

les dans du

marbre de

Carrare. Ils s’apparen

tent à

des citadelles. Le spectateu

r est in

vité à y glisser la m

ain, afin

de découvrir à

tâtons les volu

mes scu

lptés au

cœu

r de la pierre. Ils su

ggèrent des poitrin

es, des sexes (S

ein tactile, 1967-

1968 ; Alvéole, 1970 ; G

ant,

1971). Provocateu

r, joyeux,

l’artiste conçoit égalem

ent

quelqu

es œu

vres qui

célèbrent l’en

castremen

t, l’accou

plemen

t (Le C

alice, 1970 ; L

a Brou

ette, 1970).

Tan

dis que la libération

sexuelle bat

son plein

à Paris, dan

s le sillage des reven

dications de m

ai 1968, Ipoustégu

y séjou

rne en

Inde. Il décou

vre la splen

deur de tem

ples sculptés don

t les m

otifs illustren

t le Kâm

a-Sû

tra. En

Italie en

suite, il s’attelle à u

ne «su

ite érotiqu

e», spectaculaire in

stallation

constitu

ée d’élémen

ts taillés dans le

marbre. M

arches, pu

its, oves et volutes,

billes ou glan

ds, l’ensem

ble évoque

symboliqu

emen

t un

e curieu

se orgie (G

ange fleu

ve des myth

es, 1972). «Su

r les escaliers qu

i descenden

t au G

ange,

j’ai mis des sexes tordu

s, enrou

lés, n

oués, j’ai m

is de l’hu

mou

r dans m

es représen

tations sexu

elles. Je ne vou

lais pas qu

’elles soient porn

ographiqu

es.»

S’ém

anciper ain

si des tabous propres à

l’Occiden

t depuis 2000 an

s, tel est l’un

des objectifs d’Ipou

stéguy. M

odelage, m

oulage, taille directe, assem

blage, tou

tes les techn

iques de la scu

lpture

sont u

tilisées pour dévoiler le sexe

(Pu

bis, 1972 ; Triptyqu

e, 1976 ; En

core va, 1995 ; V

erbe, 1996 ; Herm

aphrodite,

1997). Et au

ssi, pour célébrer la caresse

(Ch

erche C

ramou

ille, 1972 ; Petite

mort, 1997) …

À la fin

des ann

ées 1990, si l’œ

uvre de n

otre artiste devient

plus sym

bolique, m

oins an

atomiqu

e, elle n

’en célèbre pas m

oins avec

enth

ousiasm

e, encore et tou

jours, les

rondeu

rs fémin

ines (P

ointeu

se, 1997).

« J’ai toujou

rs été am

oureu

x des corps »

«Les œ

uvres érotiqu

es, ce sont les fru

its des expérien

ces de mon

corps. De m

on

vécu sen

suel.» A

u fil des décen

nies,

Ipoustégu

y décrit souven

irs intim

es et rêveries licen

cieuses. Il grave,

dessine et pein

t aussi ses aven

tures.

Dan

s le noir (1978), le P

etit jeu (1990

et 1991), Su

r le côté droit (1979) com

me S

ous la lu

ne (1978). A

mélie,

Ch

arlotte, Lu

cette et Lu

cienn

e se prêten

t à la pose, et certaines estam

pes japon

aises se révèlent in

spirantes

(La R

ose et le samou

raï). Tan

tôt un

e sim

ple ligne claire, parfois de savan

ts jeu

x d’ombre, d’au

tres fois encore de

délicates transparen

ces, évoquen

t des territoires secrets, des jeu

x savoureu

x, u

ne con

templation

ému

e. La cou

rbe d’u

n sein

, la ligne d’u

ne lèvre ou

la m

asse d’un

e chevelu

re structu

rent des

images fascin

antes. «L

entem

ent, les

cuisses satin

ées se dénou

ent, et s’ou

vre la robe de pén

ombre légère, d’u

ne

femm

e décoiffée pressée d’écrire au

ralenti dan

s l’air quelqu

e chose de très

harm

onieu

x…»

Fran

çoise Mon

nin

Page 3: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

JEA

N R

OB

ER

T D

IT

IP

OU

ST

ÉG

UY

Jean R

obert dit Ipoustégu

y (patron

yme de sa m

ère d’origine

basque) est n

é en 1920 à D

un

-sur-

Meu

se et mort en

2006 à Dou

lcon.

C’est à 18 an

s qu’il com

men

ce à expérim

enter la pein

ture et le dessin

dan

s l’atelier de Robert L

esboun

it à P

aris...

Travailleu

r infatigable, l’artiste

à réalisé près de 600 sculptu

res et plu

sieurs cen

taines d’œ

uvres

graphiqu

es conservées au

jourd’h

ui dan

s de n

ombreu

x mu

sées en F

rance (P

aris, T

oulou

se, Troyes, L

yon, G

renoble) et

à l’étranger (W

ashin

gton, N

ew-Y

ork, B

erlin, L

ondres, P

ékin, T

okyo, Abu

D

ahbi…

).

Le travail Ipou

stéguy sera m

arqué

par les époques, les voyages et les

rencon

tres.

Son

travail est d’abord influ

encé par

l’abstraction, m

ouvem

ent artistiqu

e alors en

vogue dan

s les ann

ées 50. Un

voyage en

Grèce va en

suite bou

leverser l’artiste et l’am

ener à s’in

téresser à la représen

tation du

corps et de la figure

hu

main

e.

Plu

s tard, les ann

ées 60 marqu

ent

le temps des révolu

tions : sexu

elle, m

orale, artistique... R

évolution

s au

xquelles participe Ipou

stéguy en

réalisan

t quelqu

es un

es des célèbres affich

es de mai 68. À

cette mêm

e période, l’artiste décou

vre aussi les

représentation

s érotiques h

indou

es lors d’u

n voyage en

Inde. D

e ces deux

événem

ents von

t suivre u

ne série

d’œu

vres érotiques...

«Jusqu

’à la fin de sa vie, Ipou

stéguy

sera anim

é par un

e formidable pu

lsion

vitale et un

vrai plaisir ludiqu

e créatif, il con

tinu

era à explorer la question

de le représen

tation «au

croisemen

t de l’intérieu

r et de l’extérieu

r, de l’architectu

rel et de l’h

um

ain, du

fluide et du

figé, du m

ultiple

et de l’un

ique» sa virtu

osité baroque lu

i perm

ettant de répon

dre à l’exubéran

ce de la n

ature, à la com

plexité de l’organism

e et de tradu

ire aussi bien

l’érotique, le m

ystique, la

naissan

ce, la mort qu

e le réel.»

Pascal O

dille, 2007

— Le tem

ps des cerises, 1968, Ipoustéguy

Page 4: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

L’érotism

e est un

concept issu

avant

tout de l’im

agination

. Lié en

partie à la su

ggestion, au

non

-dit, il est en

cela complètem

ent différen

t de la porn

ographie, qu

i consiste à m

ontrer la

sexualité de façon

explicite. Il y a donc

autan

t d’érotismes qu

e d’individu

s, que

de cultu

re, mais au

ssi que d’époqu

es en

fonction

de ce que la m

orale estimait

licencieu

x ou n

on.

En

psychan

alyse, Freu

d propose un

e n

otion su

pplémen

taire en opposan

t l’E

ros (pulsion

de vie) à Th

anatos

(pulsion

de mort). L

a sexualité est

inséparable de la vie, de la m

ort, de la van

ité hu

main

e.

L’érotism

e est avant tou

t un

e célébration

de la vie, un

e célébration

du plaisir qu

i a passionn

é de nom

breux

artistes ! (Pou

r ne citer qu

e quelqu

es n

oms : B

ouch

er, Fragon

ard, Dau

mier,

Ren

oir, Gau

guin

, Sch

iele, Cou

rbet, R

odin, P

icasso, Ham

ilton, A

raki... se son

t emparé de ce th

ème)

l’érotisme

D

AN

S L

’AR

T

Historiqu

emen

t, on peu

t retrouver

des formes d’art érotiqu

e dans ch

aque

cultu

re. Des papyru

s égyptiens au

x céram

iques de la G

rèce antiqu

e don

t certaines son

t célèbres pour

être les premières représen

tations

d’hom

osexualité. O

n peu

t aussi voir

de nom

breuses scèn

es sexuellem

ent

explicites sur les m

urs des ru

ines

romain

es de Pom

péi. San

s oublier la

longu

e tradition de la pein

ture érotiqu

e dan

s les cultu

res orientales...

En

Eu

rope aussi il y a eu

un

e tradition

de production

érotique. M

ais plus

cachée, su

btile et généralem

ent

réservée aux plaisirs de «l’aristocratie».

On

peut pen

ser aux C

ontes de Jean

de L

a Fon

taine, et ceu

x du m

arquis

de Sade. U

n au

tre ouvrage exem

plaire serait L

es moyen

s, un

livre illustré de

la Ren

aissance italien

ne con

tenan

t des xylograph

ies représentan

t explicitem

ent u

ne série de position

s sexu

elles.

— P

apyrus érotique de Turin, environ 1150 av. J.-C

.

Page 5: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

En

tre in

fluen

ces, in

spirations,

parenté et

similitu

des...

LE

S Œ

UV

RE

S

D’IP

OU

GU

Y

MIS

ES

EN

P

ER

SP

EC

TIV

E

AV

EC

D’A

UT

RE

S

TR

AV

AU

X

ÉR

OT

IQU

ES

´

— The Look, 1993, A

raki

Page 6: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

En

Inde, l'érotism

e occupe du

rant

trois mille an

s de production

artistique

et idéologique in

interrom

pue u

ne

place beaucou

p plus im

portante qu

e dan

s notre A

ntiqu

ité classique pu

is dan

s l'Eu

rope chrétien

ne. L

a place de l’érotism

e est fondam

entalem

ent

différente en

Inde de celle qu

’on lu

i accorde en

Occiden

t, car le corpslu

i-mêm

e est perçu différem

men

t. E

n In

de le corps n’est pas cou

pable d’u

ne fau

te originelle qu

e l’ensem

ble de l’h

um

anité se devrait d’expier. S

i dan

s le christian

isme D

ieu est am

our,

en In

de Dieu

fait l’amou

r.

C’est ain

si que l’on

retrouve de très

nom

breuses fresqu

es et sculptu

res érotiqu

es dans les tem

ples, et de n

ombreu

x ouvrages illu

strés tel que

les célèbres Kâm

a-Sû

tra.

« Je me su

is baladé en In

de, et j’ai beau

coup vu

de temples décorés de

frises érotiques. Il y en

a partout

pleines d’h

um

our avec leu

rs impossibles

postures sexu

elles. En

rentran

t j’ai eu

envie de faire u

ne su

ite érotique. S

ur

les escaliers qui descen

dant au

Gan

ge, j’ai m

is des sexes tordus, en

roulés,

nou

és, j’ai mis de l’h

um

our dan

s mes

représentation

s sexuelles. »

En

tretien de l’artiste avec G

eneviève

Breerette, L

e Mon

de, juillet 1978

GA

NG

E

FL

EU

VE

D

E M

YT

HE

S,

INS

PIR

AT

ION

IN

DIE

NN

E

en haut — G

ange fleuve de mythes,

1972, Ipoustéguyen bas —

extrait d’une fresque du tem

ple Khajurâho, Inde

Page 7: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

Les gravu

res japonaises érotiqu

es son

t appelées Sh

un

ga, ce qui sign

ifie littéralem

ent «im

age du prin

temps».

Un

euph

émism

e pour faire référen

ce à l’acte sexu

el. L’âge d’or de ses im

ages se situ

e pendan

t l’époque d’E

do (de 1600 à 1868).

Leu

r but était dan

s un

premier

temps d’in

struire le lecteu

r dans les

arcanes de l’am

our ph

ysique, et de

guider les jeu

nes gen

s parvenu

s à l’âge du

désir. Les estam

pes étaient

ainsi accom

pagnées de précision

s an

atomiqu

es, techn

iques ou

recettes, poèm

es ou dialogu

es érotiques,

comm

entan

t avec hu

mou

r les prou

esses des aman

ts.

LA

RO

SE

ET

LE

S

AM

OU

RA

Ï — L

’AR

T

DE

S S

HU

NG

A

Peu

à peu, ces im

ages sont deven

ues

très tabou au

Japon et cet h

éritage ju

gé hon

teux. L

’ère Meiji les cen

sura

pour qu

e le pays paraisse « civilisé » et « h

onorable » au

x yeux d’u

n O

ccident

qui vivait à l’h

eure de la pu

deur

victorienn

e. Alors m

ême qu

e cet art érotiqu

e allait ravir et inspirer les

artistes européen

s.

Le su

ite de petits dessins de L

a rose et le sam

ouraï se lit com

me u

n com

ics où

la chu

te est inatten

due et drôle.

Cette plan

che était à l’origin

e destinée

à être envoyée com

me carte de vœ

ux

hu

moristiqu

e aux am

is de l’artiste.

en haut — La rose et le sam

ouraï, Ipoustéguyen bas —

shunga, 1835-1845, auteur inconnu

Page 8: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

Su

r le socle central de l’exposition

son

t présentées qu

atre œu

vres : le spectateu

r est invité à les explorer en

glissan

t la main

à l’intérieu

r, à caresser les form

es et la douceu

r du m

arbre scu

lpté : Sein

Tactile, A

lvéole G, et

deux G

ant (n

°302 et n°307). C

es œu

vres qu

i paraissent abstraites au

regard se dévoilen

t alors par le touch

er.

« La m

ain doit palper,

prendre, im

poser, caresser…

Ma scu

lpture est con

çue

pour être tou

chée .»

Ipoustégu

y

DE

S

ŒU

VR

ES

TA

CT

ILE

S

Marcel D

uch

amp a lu

i aussi réalisé des

œu

vres dites tactiles et notam

men

t P

rière de Tou

cher con

çue pou

r la cou

verture du

catalogue de l’exposition

L

e Su

rréalisme en

1947. Un

sein

postiche en

mou

sse est collé sur le

carton de la cou

verture, tan

dis qu’au

dos du

catalogue est écrit l’in

jonction

, con

traire à celle que l’on

voit h

abituellem

ent dan

s les mu

sées, P

rière de touch

er.

Cette œ

uvre est elle au

ssi un

e in

vitation à dépasser le sen

s de la vue

- sens tradition

nellem

ent privilégié

dans les arts occiden

taux - au

profit du

touch

er. Et ten

te ainsi de sortir des

pratiques académ

iques et des idées

reçues.

Mais au

-delà de cette expérience, cette

œu

vre laisse entrevoir la dim

ension

érotiqu

e qui parcou

rt le travail de M

arcel Du

cham

p depuis 1912 : des

recherch

es pour L

a Mariée m

ise à nu

, ju

squ’au

x dernières œ

uvres com

me

Feu

ille de vigne fem

elle.

en haut — Sein Tactile (vue de l’interieur),

1967, Ipoustéguyen bas —

Prière de toucher, 1947,

Marcel D

uchamp

Page 9: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

Citée en

amon

t, l’œu

vre de Marcel

Du

cham

p Feu

ille de vigne fem

elle n’est

autre qu

e le mou

lage du sexe d’u

n

modèle fém

inin

. Plu

s tard, il réalisa sa con

tre-forme ph

allique : O

bjet-Dard

On

imagin

e dès lors qu’O

bjet-Dard

résulte lu

i aussi d’u

ne em

preinte.

Mais cette ten

tation n

’est qu’u

n

leurre : l’objet dérive sim

plemen

t d’un

m

orceau de l’arm

ature d’u

ne au

tre scu

lpture. L

a volonté de l’artiste de

mettre O

bjet-Dard en

perspective avec F

euille de vign

e femelle, tran

sforme

imm

édiatemen

t l’objet techn

ique en

objet érotiqu

e.

Ces deu

x œu

vres ne son

t pas sans

rappeler Le C

alice, vase sacré, jeu de

forme et d’em

boîtemen

t.

FO

RM

ES +

CO

NT

RE

-F

OR

ME

S

en haut à gauche — Feuille de vigne fem

elle, 1950, M

arcel Ducham

pen haut à droite—

Objet-D

ard, 1951, Marcel D

uchamp

en bas — Le C

alice, 1970, Ipoustéguy

Page 10: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

lisser la matière... L

a pratique

de la sculptu

re peut s’avérer

elle-mêm

e sensu

elle et érotique.

Ici Takis m

arie érotisme et avan

t garde fu

turiste, qu

and R

odin ten

te saisir la vérité du

désir...

SC

UL

PT

ER

,M

OD

EL

ER

,

à gauche — Triptyque, 1976, Ipoustéguy

au dessus à gauche — sculpture érotique, 1974, Takis

au dessus à droite — sculpture érotique, 1974, Takis

Page 11: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

à gauche — La B

rouette, 1970, Ipoustéguyà droite —

Femm

es Dam

nées, 1890, Rodin

Page 12: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

Les gran

ds dessins au

fusain

s oscillent

entre abstraction

et formes su

ggestives. L

e tracé semble libre, désin

volte et rapide... et esqu

isse un

e image fu

rtive, su

blimin

ale, un

e apparition.

An

dré Masson

, figure in

contou

rnable

du m

ouvem

ent su

rréaliste, n’a eu

de cesse de livrer u

ne produ

ction artistiqu

e sin

gulière m

arquée par les m

ythes, la

natu

re, la poésie et bien sû

r, l’érotisme.

Cet artiste est avan

t tout con

nu

pour

ses « dessins au

tomatiqu

es » – inspirés

du prin

cipe de l’écriture au

tomatiqu

e.S

es dessins au

trait s’articulen

t entre

natu

re et sensu

alité, le corps fémin

in et

le paysage ne faisan

t plus qu

’un

.

DE

SS

INS

AU

TR

AIT

de gauche à droite — Zab, Toi, N

oe (série Petit jeu ),

1990 et 1991, Ipoustéguyen dessous —

Série érotique, 1971, Masson

Page 13: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

Qu

el autre pein

tre que P

icasso pour

évoquer la sen

sualité dan

s la peintu

re ?

« L’œ

uvre de P

icasso est tou

t entière érotiqu

e » Jean

Clair - critiqu

e d’art

En

1932, Picasso réalisa L

e Rêve, le

portrait de sa compagn

e Marie-T

hérèse

Walter.

Si on

peut voir u

n sein

dénu

dé et devin

er un

pénis dan

s la moitié de son

visage, c’est au

ssi dans son

attitude qu

e l’érotism

e et la sensu

alité de ce portrait apparaît.

Tou

t en cou

rbes et en ron

deurs,

Marie-T

hérèse paisible et assou

pie, n

ous in

cite à rêver avec elle… E

lle pen

che sa tête et laisse son

cou libre

et propice aux baisers. D

élesté de tou

tes tension

s, son corps se décou

vre à m

oitié. Sa robe sem

ble glisser len

temen

t le long de son

bras, laissant

apparaître non

seulem

ent u

n sein

mais

aussi u

n corps volu

ptueu

x qui ten

d à se dévoiler petit à petit...

Con

naissan

ces, mem

bres de sa fam

ille, artistes de passages, mu

ses... Ipou

sétguy a pein

t de nom

breux

portraits fémin

ins d’après m

odèles. Ici, l’aqu

arelle permet au

x couleu

rs de s’éten

dent, de s’en

trelacer et d’obtenir

des formes dou

ces et brum

euses.

Torses gén

éralemen

t nu

s, regards m

is-clos dirigés vers le spectateurs, ces

portraits vaporeux son

t empru

nt

d’un

e certaine sen

sualité !

PO

RT

RA

ITS

D

E F

EM

ME

S

— Lucienne, entre 1985 et 1995, Ipoustéguy

— Le R

êve, 1932, Picasso

Page 14: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

AS

SE

MB

LA

GE

S

Ipoustégu

y travailla aussi su

r des scu

lptures com

posées d’objets divers m

ais attentivem

ent ch

oisis pour leu

r con

notation

s et leurs sym

boliques.

Les assem

blages dessinen

t évidemm

ent

des formes tou

t aussi su

ggestives.

Ain

si nou

s retrouvon

s des coquilles de

mollu

sques ou

d’escargots, des poils, des objets ovoïdes, des m

atières percées de trou

s, ou en

core un

crâne...

Bien

d’autres artistes on

t utilisé des

objets les plus divers pou

r évoquer

la sexualité. L

a célèbre composition

L

e déjeun

er en fou

rrure de l’artiste

Meret O

ppenh

eim en

est un

e parfaite illu

stration. Il n

’est pas question

de boire dan

s cette tasse «poilue», m

ais bien

de suggérer la sen

sation qu

e cela pou

rrait provoquer. L

’artiste combin

e ici la dom

esticité de la tasse avec l’érotism

e et l’anim

alité de la fourru

re, créan

t un

e célébration du

cun

nilin

gus.

Les ph

otographies de l’artiste su

édoise D

iana G

ran jou

ent au

ssi sur le décalage

entre u

n objet et sa représen

tation.

Dan

s son travail, l’im

age n’est pas la

représentation

d’un

objet, mais elle est

l’action de la pen

sée du ph

otographe ou

du

spectateur su

r cet objet.

en haut à gauche — Encore Va, 1995, Ipoustéguy

en bas à gauche — Le déjeuner en fourrue, 1936, M

eret Oppenheim

au dessus — O

yster touch, autour de 2010, Diana G

ran

Page 15: Les érotiques d’Ipoustéguy...Contes de Jean de La Fontaine, et ceux du marquis de Sade. Un autre ouvrage exemplaire serait Les moyens, un livre illustré de la Renaissance italienne

Un évènement organisé par le Département

de la Meuse

7 expositionsde Juin 2020 à Février 2021

www.musees-meuse.fr

Bar-le-DucCharleville-Mézières

DoulconÉpinalVerdun

Les érotiques d’Ipoustéguy

une exposition à voirjusqu’au 18 décembre

à l’Offi ce de tourisme de Bar-le-Duc

10h-12h / 14h-18h (17h à partir de nov.)

visites guidéessur rendez-vous

Cécile Marconimédiation des expositions

[email protected]

ou contactez l’acb au 03 29 79 73 45

Le théâtre, 20 rue Theuriet 55000 Bar-le-Ducwww.acb-scenenationale.com