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Séquence n° 4 LES SCÈNES D’EXPOSITION Objet d’étude LE TEXTE THÉÂTRAL ET SA REPRÉSENTATION, DU XVII° SIÈCLE À NOS JOURS Perspec’ves d’étude : Etude des genres et registres : comique, drama3que, tragique Théâtre et représenta3on Probléma’que : Que révèlent les scènes d’exposi3on ? Lectures analy’ques : 1. Acte I, scène 1 Iphigénie, Jean Racine 2. début de l’Acte I, scène 1 Tartuffe, Molière 3. début de l’Acte I, scène 1 Le mariage de Figaro, Beaumarchais (manuel p. 349 et 350) 4. Acte I, scène 1 Hernani, Victor Hugo Autres textes et œuvres complémentaires : 1. Scène d’exposition Iphigénie à Aulis, Euripide 2. Deux représentations du sacrifice d’Iphigénie (fresque de Pompéï et cratère an3que) 3. mises en scène de l’exposition de Tartuffe de Marcel Cravenne, Jacques Charon, Gérard Depardieu et Stéphane Braunschweig 4. mises en scène de l’exposition du Mariage de Figaro de Christophe Rauck et Jean-Pierre Vincent 5. extrait de la « Préface » Cromwell, Victor Hugo 6. Décors de différentes mises en scène de Hernani (Victor Hugo, Comédie Française, Antoine Vitez, Chris3ne Berg) Travaux complémentaires : • 3rade de Don Diègue, Acte I, scène 4, Le Cid de Pierre Corneille, exposi3on du Misanthrope de Molière et dialogue à propos du bonheur entre Créon et An3gone dans An=gone de Jean Anouilh (DS n° 3) • travaux sur l’histoire du Théâtre depuis les origines et sur le vocabulaire propre au théâtre • lecture personnelle de Dom Juan de Molière, de Iphigénie de Racine et de Hernani de Victor Hugo

LES SCÈNES D’EXPOSITION · 2017. 5. 23. · Séquence 4 - Texte 4 5 10 15 ACTE 1 Une chambre à coucher. La nuit. Une lampe sur la table. Scène première DONA JOSEFA DUARTE, vieille

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Page 1: LES SCÈNES D’EXPOSITION · 2017. 5. 23. · Séquence 4 - Texte 4 5 10 15 ACTE 1 Une chambre à coucher. La nuit. Une lampe sur la table. Scène première DONA JOSEFA DUARTE, vieille

Séquence n° 4

LES SCÈNES D’EXPOSITION

Objet d’étude LE TEXTE THÉÂTRAL ET SA REPRÉSENTATION,

DU XVII° SIÈCLE À NOS JOURS

Perspec'vesd’étude: Etudedesgenresetregistres:comique,drama3que,tragique Théâtreetreprésenta3on

Probléma'que: Querévèlentlesscènesd’exposi3on?

Lecturesanaly'ques:1. Acte I, scène 1 Iphigénie,JeanRacine 2. début de l’Acte I, scène 1 Tartuffe,Molière 3. début de l’Acte I, scène 1 LemariagedeFigaro,Beaumarchais (manuelp.349et350)4. Acte I, scène 1 Hernani,VictorHugo

Autrestextesetœuvrescomplémentaires:1. Scène d’exposition IphigénieàAulis,Euripide 2. Deux représentations du sacrifice d’Iphigénie (fresquedePompéïetcratèrean3que) 3. mises en scène de l’exposition de Tartuffe deMarcelCravenne,JacquesCharon,GérardDepardieuetStéphaneBraunschweig 4. mises en scène de l’exposition du MariagedeFigaro deChristopheRaucketJean-PierreVincent 5. extrait de la « Préface » Cromwell,VictorHugo6. Décors de différentes mises en scène de Hernani (VictorHugo,ComédieFrançaise,AntoineVitez,Chris3neBerg)

Travauxcomplémentaires:•3radedeDonDiègue,ActeI,scène4,LeCiddePierreCorneille,exposi3onduMisanthropedeMolièreetdialogueàproposdubonheurentreCréonetAn3gonedansAn=gonedeJeanAnouilh(DSn°3)•travauxsurl’histoireduThéâtredepuislesoriginesetsurlevocabulairepropreauthéâtre•lecturepersonnelledeDomJuandeMolière,deIphigéniedeRacineetdeHernanideVictorHugo

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IPHIGENIERacine

Agamemnon, roi d’Epire, se prépare à attaquerTroie.IldoitdélivrerHélène,frèredesonfrèreMénélas.Maislesventssontcontraires,laflottenepeutpartir.Al’aubeilvienttrouversonserviteur,Arcas.LascèneestenAulide,danslatented’Agamemnon.

ACTEIScènePremière

AGAMEMNON,ARCAS

AGAMEMNONOui,c'estAgamemnon,c'esttonroiquit'éveille:Viens,reconnaislavoixquifrappetonoreille.

ARCASC'estvous-même,Seigneur!QuelimportantbesoinVousafaitdevancerl'auroredesiloin?Apeineunfaiblejourvouséclaireetmeguide.Vosyeuxseulsetlesmienssontouvertsdansl'Aulide1.Avez-vousdanslesairsentenduquelquebruit?Lesventsnousauraient-ilsexaucéscettenuit?Maistoutdort,etl'armée,etlesvents,etNeptune.

AGAMEMNONHeureuxqui,satisfaitdesonhumblefortune,Libredujougsuperbeoùjesuisattaché,Vitdansl'étatobscuroùlesdieuxl'ontcaché!

ARCASEtdepuisquand,Seigneur,tenez-vouscelangage?Comblédetantd'honneurs,parquelsecretoutrageLesdieux,àvosdésirstoujourssicomplaisants,Vousfont-ilsméconnaîtreethaïrleursprésents?Roi,père,épouxheureux,filsdupuissantAtrée,VouspossédezdesGrecslaplusrichecontrée.DusangdeJupiterissudetouscôtés,L'hymen2vouslieencoreauxdieuxdontvoussortez:LejeuneAchilleenfin,vantépartantd'oracles,Achille,àquilecielpromettantdemiracles,Recherchevotrefille,etd'unhymensibeauVeutdansTroieembraséeallumerleflambeau.Quellegloire,Seigneur,quelstriompheségalentLespectaclepompeuxquecesbordsvousétalent,Touscesmillevaisseauxqui,chargésdevingtrois,N'attendentquelesventspourpartirsousvoslois?Celongcalme,ilestvrai,retardevosconquêtes;CesventsdepuistroismoisenchaînéssurnostêtesD'Ilion3troplongtempsvousfermentlechemin.Maisparmitantd'honneurs,vousêteshommeenfin:Tandisquevousvivrez,lesort,quitoujourschange,Nevousapointpromisunbonheursansmélange.Bientôt...MaisquelsmalheursdanscebillettracésVousarrachent,Seigneur,lespleursquevousversez?VotreOresteauberceauva-t-ilfinirsavie?Pleurez-vousClytemnestre4,oubienIphigénie5?Qu'est-cequ'onvousécrit?Daignezm'enavertir.

AGAMEMNONNon,tunemourraspoint;jen'ypuisconsentir.

ARCASSeigneur...

AGAMEMNONTuvoismontrouble;apprendscequilecause,Etjuges'ilesttemps,ami,quejerepose.Tutesouviensdujourqu'enAulideassemblésNosvaisseauxparlesventssemblaientêtreappelés.Nouspartions,etdéjà,parmillecrisdejoie,NousmenacionsdeloinlesrivagesdeTroie.Unprodigeétonnantfittairecetransport:Leventquinousflattaitnouslaissadansleport.Ilfalluts'arrêter,etlarameinutileFatiguavainementunemerimmobile.CemiracleinouïmefittournerlesyeuxVersladivinitéqu'onadoreenceslieux.SuivideMénélas,deNestoretd'Ulysse,J'offrissursesautelsunsecretsacrifice.Quellefutsaréponse!etqueldevins-je,Arcas,Quandj'entendiscesmotsprononcésparCalchas6:«VousarmezcontreTroieunepuissancevaine,Si,dansunsacrificeaugusteetsolennel, Unefilledusangd'Hélène,DeDianeenceslieuxn'ensanglantel'autel.Pourobtenirlesventsquelecielvousdénie, SacrifiezIphigénie".

ARCASVotrefille!

AGAMEMNON Surpris,commetupeuxpenser,Jesentisdansmoncorpstoutmonsangseglacer.Jedemeuraisansvoix,etn'enreprisl'usageQueparmillesanglotsquisefirentpassage.JecondamnailesDieux,etsansplusrienouïr,Fisvoeusurleursautelsdeleurdésobéir.Quen'encroyais-jealorsmatendressealarmée?Jevoulaissur-le-champcongédierl'armée.Ulysse7,enapparenceapprouvantmesdiscours,Decepremiertorrentlaissapasserlecours.Maisbientôt,rappelantsacruelleindustrie,Ilmereprésental'honneuretlapatrie,Toutcepeuple,cesroisàmesordressoumis,Etl'empired'AsieàlaGrècepromis:Dequelfrontimmolanttoutl'Étatàmafille,Roisansgloire,j'iraisvieillirdansmafamille!Moi-même(jel'avoueavecquelquepudeur),Charmédemonpouvoiretpleindemagrandeur,CesnomsdeRoidesRoisetdechefdelaGrèceChatouillaientdemoncoeurl'orgueilleusefaiblesse.Pourcombledemalheur,lesDieuxtouteslesnuits,Dèsqu'unlégersommeilsuspendaitmesennuis,Vengeantdeleursautelslesanglantprivilège,Mevenaientreprochermapitiésacrilège,Etprésentantlafoudreàmonespritconfus,Lebrasdéjàlevé,menaçaientmesrefus.Jemerendis,Arcas;et,vaincuparUlysse,Demafille,enpleurantj'ordonnailesupplice.

Racine,Iphigénie,acteI,scène1,(1674)

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————————1Aulide:régiondeGrècesetrouvantfaceàlavilledeTroie.2Hymen:mariage.3-Illion:autrenomdonnéàlavilledeTroie.4Clytemnestre:mèred’Iphigénieetfemmed’Agamemnon.5Iphigénie:filledeClytemnestreetd’Agamemnon.6Calchas:danslamythologiegrecque,c’estledevinquirévèleàAgamemnonquelesdieuxexigentlesacrificedesafillepourqueleventselèveetquelaflottegrecquepuisseappareillerpourattaquerTroie.7Ulysse:hérosdelaguerredeTroie;c’estluiquial’idéedu«chevaldeTroie».

Séquence 4 - Texte 1

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TARTUFFE ACTE I

SCENE PREMIERE Madame Pernelle et Flipote sa servante, Elmire,Mariane, Dorine, Damis, Cléante

MADAME PERNELLE Allons, Flipote, allons, que d'eux je me délivre.

ELMIRE Vous marchez d'un tel pas qu'on a peine à vous suivre.

MADAME PERNELLE Laissez, ma bru, laissez, ne venez pas plus loin : Ce sont toutes façons dont je n'ai pas besoin.

ELMIRE De ce que l'on vous doit envers vous on s'acquitte, Mais ma mère, d'où vient que vous sortez si vite ?

MADAME PERNELLE C'est que je ne puis voir tout ce ménage-ci, Et que de me complaire on ne prend nul souci. Oui, je sors de chez vous fort mal édifiée : Dans toutes mes leçons j'y suis contrariée, On n'y respecte rien, chacun y parle haut, Et c'est tout justement la cour du roi Pétaud.

DORINE Si....

MADAME PERNELLE Vous êtes, ma mie, une fille suivante

Un peu trop forte en gueule, et fort impertinente : Vous vous mêlez sur tout de dire votre avis.

DAMIS Mais....

MADAME PERNELLE Vous êtes un sot en trois lettres, mon fils.

C'est moi qui vous le dis, qui suis votre grand-mère; Et j'ai prédit cent fois à mon fils, votre père, Que vous preniez tout l'air d'un méchant garnement, Et ne lui donneriez jamais que du tourment.

MARIANE. Je crois....

MADAME PERNELLE Mon Dieu, sa sœur, vous faites la discrète,

Et vous n'y touchez pas, tant vous semblez doucette; Mais il n'est, comme on dit, pire eau que l'eau qui dort, Et vous menez sous chape un train que je hais fort.

ELMIRE Mais, ma mère,...

MADAME PERNELLE Ma bru, qu'il ne vous en déplaise,

Votre conduite en tout est tout à fait mauvaise; Vous devriez leur mettre un bon exemple aux yeux, Et leur défunte mère en usait beaucoup mieux. Vous êtes dépensière ; et cet état me blesse, Que vous alliez vêtue ainsi qu'une princesse. Quiconque à son mari veut plaire seulement, Ma bru, n'a pas besoin de tant d'ajustement.

CLÉANTE Mais, Madame, après tout....

MADAME PERNELLE Pour vous, Monsieur son frère,

Je vous estime fort, vous aime, et vous révère; Mais enfin, si j'étais de mon fils, son époux, Je vous prierais bien fort de n'entrer point chez nous. Sans cesse vous prêchez des maximes de vivre Qui par d'honnêtes gens ne se doivent point suivre. Je vous parle un peu franc ; mais c'est là mon humeur, Et je ne mâche point ce que j'ai sur le cœur.

DAMIS Votre Monsieur Tartuffe est bien heureux sans doute....

MADAME PERNELLE C'est un homme de bien, qu'il faut que l'on écoute; Et je ne puis souffrir sans me mettre en courroux De le voir querellé par un fou comme vous.

DAMIS Quoi ? je souffrirai, moi, qu'un cagot de critique Vienne usurper céans un pouvoir tyrannique, Et que nous ne puissions à rien nous divertir, Si ce beau Monsieur-là n'y daigne consentir ?

DORINE S'il le faut écouter et croire à ses maximes, On ne peut faire rien qu'on ne fasse des crimes; Car il contrôle tout, ce critique zélé.

MADAME PERNELLE Et tout ce qu'il contrôle est fort bien contrôlé. C'est au chemin du Ciel qu'il prétend vous conduire, Et mon fils à l'aimer vous devrait tous induire.

[…] Molière, Tartuffe, début de la scène 1 de l’acte I

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Séquence 4 - Texte 2

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Séquence 4 - Texte 4

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ACTE1Unechambreàcoucher.Lanuit.Unelampesurlatable.

ScènepremièreDONAJOSEFADUARTE,vieille;ennoir,aveclecorpsdesajupecousudejais,àlamoded'Isabelle-la-Catholique;DONCARLOS

DONAJOSEFA,seule.Ellefermelesrideauxcramoisisdelafenêtreetmetenordrequelquesfauteuils.Onfrappeàunepetiteportedérobéeàdroite.Elleécoute.Onfrappeunsecondcoup.Serait-cedéjàlui?Unnouveaucoup. C'estbienàl'escalierDérobé.Unquatrièmecoup. Vite,ouvrons!Elleouvrelapetiteportemasquée.EntreDonCarlos,lemanteausurlenezetlechapeausurlesyeux. Bonjour,beauchevalier.Ellel'introduit.Ilécartesonmanteauetlaissevoirunrichecostumedeveloursetdesoie,àlamodecastillanede1519.Elleleregardesouslenezetreculeétonnée.Quoi,seigneurHernani,cen'estpasvous!-Mainforte!Aufeu!

DONCARLOS,luisaisissantlebras. Deuxmotsdeplus,duègne,vousêtesmorte!Illaregardefixement.Ellesetaiteffrayée.Suis-jechezDonaSol?fiancéeauvieuxducDePastrana,sononcle,unbonseigneur,caduc,Vénérableetjaloux?Dites?LabelleadoreUncavaliersansbarbeetsansmoustacheencore,Etreçoittouslessoirs,malgrélesenvieux,Lejeuneamantsansbarbeàlabarbeduvieux.Suis-jebieninformé?Ellesetait.Illasecoueparlebras. Vousrépondezpeut-être?

DONAJOSEFAVousm'avezdéfendudediredeuxmots,maître.

DONCARLOSAussin'enveux-jequ'un.-Oui,-non.-TadameestbienDonaSoldeSiva?parle.

DONAJOSEFA Oui.-Pourquoi?

DONCARLOS Pourrien.Leduc,sonvieuxfutur,estabsentàcetteheure?

DONAJOSEFAOui.

DONCARLOSSansdouteelleattendsonjeune?

DONAJOSEFA Oui.

DONCARLOS Quejemeure!

DONAJOSEFAOui.

DONCARLOSDuègne!c'esticiqu'auralieul'entretien?

DONAJOSEFAOui.

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Cache-moicéans!DONAJOSEFA

Vous!DONCARLOS

Moi.DONAJOSEFA

Pourquoi?DONCARLOS

Pourrien.DONAJOSEFA

Moivouscacher!DONCARLOS

Ici.DONAJOSEFA

Jamais!DONCARLOS,tirantdesaceintureunebourseetunpoignard Daignez,madame,Choisirdecettebourseoubiendecettelame.

DONAJOSEFA,prenantlabourse.Vousêtesdonclediable?

DONCARLOS Oui,duègne.DONAJOSEFA,ouvrantunearmoireétroitedanslemur.

Entrezici.DONCARLOS,examinantl'armoire.

Cetteboîte!DONAJOSEFA,larefermant.

Va-t-ensitun'enveuxpas!DONCARLOS,rouvrantl'armoire.

Si!L'examinantencore.Serait-cel'écurieoùtumetsd'aventureLemanchedubalaiquitesertdemonture?Ils'yblottitavecpeine.Ouf!

DONAJOSEFA,joignantlesmainsavecscandale. Unhommeici!

DONCARLOS,dansl'armoirerestéeouverte. C'estunefemme,-est-cepas,-Qu'attendaittamaîtresse?

DONAJOSEFA Ôciel!j'entendslepasDedonaSol.-Seigneur,fermezvitelaporte.Ellepousselaportedel'armoirequisereferme.

DONCARLOS,del'intérieurdel'armoire.Sivousditesunmot,duègne,vousêtesmorte!

DONAJOSEFA,seule.Qu'estcethomme?JésusmonDieu!sij'appelais?...Qui?-Horsmadameetmoi,toutdortdanslepalais.-Bah!l'autrevavenir;lachoseleregarde.Ilasabonneépée,etquelecielnousgardedel'enfer!Pesantlabourse.Aprèstoutcen'estpasunvoleur.EntreDonaSolenblanc.DonaJosefacachelabourse.

VictorHugo,Hernani,I,1

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ExpositiondeIphigénieàAulisd’EuripideAGAMEMNON—Vieillard,sorsdecettetente,etviensici.LEVIEILLARD—Jeviens.Quelesttonnouveaudessein,roiAgamemnon?AGAMEMNON—Tehâteras-tu?LEVIEILLARD—Jemehâte.Non,certes,mavieillessen'estpasendormie:elleabonoeilencore.AGAMEMNON—Quelleestdonccetteétoilebrillantequitraverseleciel?Elles'élanceverslaPléiadeauxseptvoies,maisn'estencorequ'aumilieudesacourse.Onn'entendnilechantdesoiseaux,nilebruitdelamer;etlà,surl'Euripe,setaisentlesvents.LEVIEILLARD—Pourquoisors-tusivitedetatente,roiAgamemnon?ToutreposeencoreicidansAulis1,etlesgardesdesrempartsn'ontpasencoreétérelevés.Rentrons.AGAMEMNON—Heureuxvieillard!heureuxl'hommedontlavies'écouleàl'abridesorages,ignorée,etsansgloire!Maisceuxquiviventdansleshonneursmeparaissentmoinsdignesd'envie.LEVIEILLARD—Làpourtantestl'éclatdelavie.AGAMEMNON—Ewclat trompeur !Cettepuissanceestunedouceur, sansdoute,maisaussiunpoison,dèsqu'onenagoûté.Tantôtcesontlesdieuxqui,pourunritemalobservé,bouleversentnotrevie,ettantôtleshommes,sidifficilesàsatisfaire,dontlaperpétuellecritiquenousdéchire.LEVIEILLARD—Jen'approuvepasuntellangagechezunhommedetonrang,Agamemnon.Cen'estpaspourunbonheursansmélangequ'Atréet'adonnélavie.Tudoiséprouvertouràtourjoieetdouleur:cartuesunmortel, et, que tu le veuilles ou non, tel est l'arrêt des dieux. Mais je t'ai vu faire briller la lumière d'unflambeau,écrirecettelettre,quetutiensencoreàlamain,puiseffacercequetuavaisécrit,ymettrelecachet,puislerompre,etjeteràterrelestablettes2,enbaignanttonvisagedelarmes.Touteslesperplexitésagitenttoncœuretsemblenttroublertaraison.Quelest,dis-moi,quelesttonchagrin?Quet'arrive-t-ildenouveau,ômonroi?Allons,confie-moitapeine:c'estàunhommehonnêteetsûrquetuparleras.CarjadisTyndarem'aenvoyécheztoi,pourfairepartiede ladotdetafemme,etpourêtre lefidèleserviteurquiaccompagne lajeuneépouse.AGAMEMNON — Léda, fille de Thestios, mit au monde trois filles, Phoebé, Clytemnestre, ma femme, etHélène. Celle-ci fut recherchée par les jeunes princes les plus puissants de la Grèce, qui s'envoyaient deterribles menaces, et se préparaient à s'entr'égorger, s'ils n'obtenaient pas la jeune fille. Le cas étaitembarrassantpourTyndare,sonpère,quisedemandaits'ildevaitaccorderourefuserHélène,etcommentilsetireraitlemieuxd'affaire.Voiciquelleidéeluivintàl'esprit.Lesprétendantsdevaientselierpardesserments,la main dans la main, et verser des libations sur la flamme des sacrifices, pour prendre cet engagement,confirméparleursimprécations:quelquefûtceluidontlafilledeTyndaredeviendraitlafemme,ilss'uniraientpourluivenirenaide,siquelqueravisseuremmenaitHélèneloindesonfoyeretfrustraitl'épouxdesacouchenuptiale; ils luiferaientlaguerreetdétruiraientsaville,grecqueoubarbare, lesarmesàlamain.Quandilseurentengagéleurfoi,etquelaprudenceduvieuxTyndareleseûtadroitementamenésàsesfins,ilpermitàsafilledechoisirundesprétendants,celuiversquilaporteraitletendresouffledeCypris3.Ellechoisitl'hommequi n'aurait jamais dû l'épouser,Ménélas.Or, voici que ce berger, qui semêle de juger les déesses, arrive,comme le racontent lesGrecs, de Phrygie à Lacédémone, somptueusement paré, brillant d'or et d'un luxebarbare.IlaimeHélène,s'enfaitaimer, l'enlève,ets'enfuitavecelleverslesprairiesdel'Ida: ilavaitsaisi lemomentd'uneabsencedeMénélas.Celui-cicourtàtraverstoutelaGrèce,pousséparl'aiguillondudésir:ilrappelle l'antique promesse, jurée à Tyndare, de venir en aide à l'époux outragé. Aussitôt les Grecs sesoulèvent,lalanceàlamain,revêtusdeleursarmures,etilsarriventàcetteplagedudétroitd'Aulis,avecungrandappareildenaviresetdeboucliers,dechevauxetdechars.Etc'estmoi,parégardpourMénélas,moi,sonfrère,qu’ilsontprispourchef.Plûtauxdieuxqu'unautre,àmaplace,eûtreçucethonneur!L'armées'estdoncrassemblée:elleestprête.Maisellenepeutmettreàlavoile,etresteimmobileàAulis.Quefaire?NousinterrogeonsCalchas,quinous répondpar cetoracle : Iphigénie,ma fille,doitêtre immoléeàArtémis,quirègnesurcettecontrée:sinousoffronscesacrificeàladéesse,nousobtiendronsunventfavorableetlaruinedeTroie;sinon,toutnousserarefusé.Jevenaisd'entendrecetarrêt,etj'allaisdonnerl'ordreàTalthybios4deproclameràhautevoixquejerenvoyaistoutel'armée:carjamaisjen'auraispumerésoudreàimmolermafille. C'est alors quemon frère, alléguantmille raisons,me fit consentir à cet horrible sacrifice. Je pris destablettes,et,dansleursplis,j'écrivisàmafemmedem'envoyersafille,commepourladonnerenmariageàAchille:jeluivantaisleméritedecehéros,etj'ajoutaisqu'ilrefusaitdefairevoileavecnous,s'ilnerecevaitdenosmains une épouse qu'il emmènerait en Phthie5. Je n'avais que cemoyen de persuader Clytemnestre :inventerpournotrefilleleprétexted'unmariageimaginaire.SeulsdetouslesGrecs,Calchas,UlysseetMénélassaventavecmoilavérité.Mais,sij'aiprisalorsunefunesterésolution,revenuàdemeilleurssentiments,jelarévoquedanscestablettesquetum'asvuouvriretrefermeraumilieudelanuit,ôvieillard.Prends-lesdonc,etparspourArgos.Toutcequerenfermentleursplis,cequ'yatracémamain,jevaistelediredevivevoix,cartuesunfidèleserviteurdemafemmeetdemamaison.LEVIEILLARD—Parle,explique-toi,pourquemesparolessoientd'accordaveccequetuasécrit6.AGAMEMNON—«DescendantedeLéda,parcettenouvellelettre,jetedéfendsd'envoyertafilleversl'ailesinueused'Eubée,dansAulisabritéedesflots.Nousremettonsàd'autrestempslafêtenuptialed'Iphigénie.»

Séquence 4 - Annexes

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Sacrificeetmétamorphosed’Iphigénie,cratèreàvoluteduIvesiècleav.J.C.

Lesacrificed’IphigénieFresquedela«MaisonduPoèteTragique»àPompéi.

(entre10et79ap.J.C.)Ce{efresqueauraitpourmodèleuncélèbretableaudisparu

deTimanthedeCythnos(finduVesiècleav.J.-C.)Dimensions:Hauteur138*Largeur140cm

Lieudeconserva3on:Naples,Muséena3onalarchéologique

LEVIEILLARD—Crois-tudoncque,frustrédecemariageAchillenes'emporterapas,enflammédecolère,contretoietClytemnestre?Voilàaussicequ'ilfautcraindre.Qu'enpenses-tu?dis-moi.AGAMEMNON — Achille n'est pas ici une réalité, mais seulement un prête-nom. Il ignore ce mariage, et nesoupçonnepasnosprojetsnilapromessequej'aifaitedeluiremettremafilleentrelesbraspourpartagersacouche.LEVIEILLARD—C'estunepérilleuseentreprise,ôroiAgamemnon,depromettretafilleenmariageaufilsde ladéesse,etdelalivrerauxGrecspourêtreimmolée.AGAMEMNON—Malheureux!j'avaisperdul'esprit.Dansquelleinfortune,hélas!suis-jetombé!Maisva,presselepas,etnesuccombepasàlavieillesse.LEVIEILLARD—Jemehâte,ômonroi.AGAMEMNON—Net'arrêtepasauborddessourcesombragées,etnetelaissepasallerauxdouceursdusommeil.LEVIEILLARD—Ah!parlemieux.AGAMEMNON—Quandtupasserasauxcroisementsdeschemins,jettelesyeuxdetouscôtés,etprendsgardedelaisserpasserdevanttoi,àtoninsu,lecharauxrouesrapidesquiamèneicimafilleverslesnaviresdesGrecs.LEVIEILLARD—Jet'obéirai.AGAMEMNON—Et,sitularencontresaveclesjeunesfillesquisontsortiesdeleursretraitespourl'accompagner,fais-laretournerenarrière,secouelesrênes,etrenvoielecharauxmurssacrésbâtisparlesCyclopes7.LEVIEILLARD—Etcomment,dis-moi,meferai-jecroiredetafilleetdetafemme,quandjeleurparleraientonnom?AGAMEMNON—Conservelesceauqueportentcestablettes.Parsdonc.Vois l'horizonqueblanchissentdéjà labrillanteauroreetlequadrigeenflammédusoleil.Prendspartàmessouffrances.Nulparmilesmortelsn'estjusqu'àlafinfavorisédusortetdesdieux.Personneencoren'estvenuaumondepouréchapperàladouleur.

Euripide,IphigénieàAulis(vers405av.J.C.),traductionHinstin(1923)

Notes1Aulis:Aulisestunportsituésurl’Euripe,détroitentrelecontinentetl’iled’Eubée.AuXVIIesiècleonprenaitAulispourunerégion,d’oùlenom«Aulide»danslapiècedeRacine,quiadeplusl’avantaged’éviterl’hiatus.

2lestablettes:La«lettre»estenréalitéunedoubletablettedeboisenduitedecireetferméeparuncachetquiavaleurdesignature.3Cypris:Autrenomd’Aphrodite–Vénus,néeàChypre4Talthybios:Lehérautdel’arméegrecque5Phthie:VilledeThessaliedontAchilleestleroi6aveccequetuasécrit:Levieillard,esclave,ill’adit,nesaitpaslire7auxmurssacrésbâtisparlesCyclopes:Mycènes,dontlesmuraillessontgigantesques

Page 8: LES SCÈNES D’EXPOSITION · 2017. 5. 23. · Séquence 4 - Texte 4 5 10 15 ACTE 1 Une chambre à coucher. La nuit. Une lampe sur la table. Scène première DONA JOSEFA DUARTE, vieille

Tartuffe

miseenscènedeJacquesCharon(1973)

miseenscènedeMarcelCravenne(1971)

miseenscènedeStéphaneBraunschweig(2008)

miseenscènedeGérardDepardieu(1984)

leMariagedeFigaro

miseenscènedeJean-PierreVincent(1987)

miseenscènedeChristopheRauck(2007)

Page 9: LES SCÈNES D’EXPOSITION · 2017. 5. 23. · Séquence 4 - Texte 4 5 10 15 ACTE 1 Une chambre à coucher. La nuit. Une lampe sur la table. Scène première DONA JOSEFA DUARTE, vieille

Objet

d’é

tude

: Th

éâtre

et r

epré

sent

atio

n

I - V

ous

répo

ndre

z d’

abor

d à

la q

uest

ions

sui

vant

e (4

poi

nts)

: Le

s te

xtes

pro

posé

s re

lèven

t-ils

d’un

e ar

gum

enta

tion

dire

cte

ou in

dire

cte

? (1

pt)

II -

Vous

trai

tere

z en

suit

e, a

u ch

oix,

l'un

des

troi

s su

jets

sui

vant

s (1

6 po

ints

) :

1. C

omm

enta

ire

Vous

com

men

tere

z le

text

e B

: Tar

tuffe

, act

e I,

scèn

e 1,

de

Mol

ière.

2. D

isser

tatio

n Au

-delà

mêm

e de

la d

isput

e, p

eut-o

n co

nsid

érer

que

le c

onflit

est

l'es

senc

e du

thé

âtre

? V

ous

appu

ierez

vot

re

répo

nse

sur l

es d

ocum

ents

du

corp

us e

t sur

les

pièc

es q

ue v

ous

avez

étu

diée

s et

lues

ou

vues

per

sonn

ellem

ent.

3. In

vent

ion

Lors

de

la pr

épar

atio

n la

repr

ésen

tatio

n de

la s

cène

opp

osan

t Cré

on à

Ant

igon

e da

ns l’

adap

tatio

n de

Jean

Ano

uilh

(te

xte

4), l

e m

ette

ur e

n sc

ène

et la

com

édien

ne q

ui in

terp

rète

le p

erso

nnag

e d’

Antig

one

réflé

chiss

ent e

nsem

ble

à la

meil

leure

man

ière

de m

onte

r la

scèn

e. V

ous

imag

inere

z leu

r dial

ogue

, cha

cun

défe

ndan

t son

poin

t de

vue,

tant

à p

ropo

s de

l’int

erpr

état

ion d

es p

erso

nnag

es q

ue d

e la

mise

en

scèn

e, p

ar d

es a

rgum

ents

diffé

rent

s.

Dev

oir

sur

tabl

e n°

3

clas

se d

e P

rem

ière

S3

13 m

ars

2017

Objet

d’é

tude

: Th

éâtre

et r

epré

sent

atio

n

I - V

ous

répo

ndre

z d’

abor

d à

la q

uest

ions

sui

vant

e (4

poi

nts)

: Su

r quo

i por

te le

con

flit d

ans

chac

un d

es e

xtra

its ?

Se

man

ifest

e-t-i

l de

la m

ême

man

ière

?

II -

Vous

trai

tere

z en

suit

e, a

u ch

oix,

l'un

des

troi

s su

jets

sui

vant

s (1

6 po

ints

) :

1. C

omm

enta

ire Vous

com

men

tere

z le

text

e B

: Tar

tuffe

, act

e I,

scèn

e 1,

de

Mol

ière.

2. D

isser

tatio

n Au

-delà

mêm

e de

la d

isput

e, p

eut-o

n co

nsid

érer

que

le c

onflit

est

l'es

senc

e du

théâ

tre ?

Vou

s ap

puier

ez

votre

rép

onse

sur

les

docu

men

ts d

u co

rpus

et

sur

les p

ièces

que

vou

s av

ez é

tudi

ées

et lu

es o

u vu

es

pers

onne

llem

ent.

3. In

vent

ion

Lors

de

la pr

épar

atio

n la

repr

ésen

tatio

n de

la s

cène

opp

osan

t Cré

on à

Ant

igon

e da

ns l’

adap

tatio

n de

Je

an A

noui

lh (

text

e 4)

, le

met

teur

en

scèn

e et

la

com

édien

ne q

ui i

nter

prèt

e le

pers

onna

ge d

’Ant

igon

e ré

fléch

issen

t en

sem

ble

à la

meil

leure

man

ière

de m

onte

r la

scèn

e. V

ous

imag

inere

z leu

r dia

logu

e, c

hacu

n dé

fend

ant s

on p

oint d

e vu

e, ta

nt à

pro

pos d

e l’in

terp

réta

tion

des p

erso

nnag

es q

ue d

e la

mise

en

scèn

e, p

ar d

es

argu

men

ts d

iffére

nts.

TEXT

E 1

LE C

ID

ACTE

I

SCEN

E 4

Don

Dièg

ue v

ient d

e re

cevo

ir un

sou

fflet

du

Com

te, j

aloux

qu’

il ait

été

nom

gouv

erne

ur

à sa

plac

e. D

on D

iègue

ten

te d

e pr

endr

e so

n ép

ée m

ais,

trop

âgé,

il e

st f

acile

men

t dé

sarm

é. D

ésho

noré

, il s

e re

trouv

e se

ul e

n sc

ène.

DON

DIÈG

UE

Ô ra

ge !

ô dé

sesp

oir !

ô v

ieille

sse

enne

mie 

! N’

ai-je

donc

tant

véc

u qu

e po

ur c

ette

infa

mie 

? Et

ne

suis-

je bl

anch

i dan

s les

trav

aux g

uerr

iers

Que

pour

voi

r en

un jo

ur fl

étrir

tant

de

laurie

rs ?

M

on b

ras,

qu’a

vec

resp

ect t

oute

l’Es

pagn

e ad

mire

, M

on b

ras,

qui t

ant d

e fo

is a

sauv

é ce

t em

pire

, Ta

nt d

e fo

is af

ferm

i le tr

ône

de s

on ro

i, Tr

ahit

donc

ma

quer

elle,

et n

e fa

it rie

n po

ur m

oi ?

Ô

crue

l sou

veni

r de

ma

gloi

re p

assé

e !

Œuv

re d

e ta

nt d

e jo

urs

en u

n jo

ur e

ffacé

e !

Nouv

elle

dign

ité, f

atale

à m

on b

onhe

ur !

Préc

ipice

éle

vé d

’où

tom

be m

on h

onne

ur !

Faut

-il d

e vo

tre é

clat v

oir t

riom

pher

le c

omte

, Et

mou

rir s

ans

veng

eanc

e, o

u viv

re d

ans

la ho

nte 

? Co

mte

, soi

s de

mon

prin

ce à

pré

sent

gou

vern

eur :

Ce

hau

t ran

g n’

adm

et p

oint

un

hom

me

sans

hon

neur ;

Et to

n jal

oux o

rgue

il, pa

r cet

affr

ont i

nsig

ne,

Malg

ré le

cho

ix du

roi,

m’e

n a

su re

ndre

indi

gne.

Et

toi,

de m

es e

xplo

its g

lorie

ux in

stru

men

t, M

ais d

’un

corp

s to

ut d

e gl

ace

inut

ile o

rnem

ent,

Fer,

jadis

tant

à c

rain

dre,

et q

ui, d

ans

cette

offe

nse,

M

’as

serv

i de

para

de, e

t non

pas

de

défe

nse,

Va

, qui

tte d

ésor

mais

le d

erni

er d

es h

umain

s, Pa

sse,

pou

r me

veng

er, e

n de

meil

leure

s m

ains.

Corn

eille,

Le

Cid,

acte

I, s

cène

4 (1

637)

5 10

15

20

duré

e du

dev

oir :

4 h

eure

s

aucu

ne so

rtie

n’es

t per

mise

ava

nt

les t

rent

e de

rniè

res m

inut

es

Page 10: LES SCÈNES D’EXPOSITION · 2017. 5. 23. · Séquence 4 - Texte 4 5 10 15 ACTE 1 Une chambre à coucher. La nuit. Une lampe sur la table. Scène première DONA JOSEFA DUARTE, vieille

TE

XTE

3LE

MIS

ANTH

ROPE

ACTE

I SC

ENE

PREM

IERE

PH

ILINT

E, A

LCES

TE

PHIL

INTE

Qu

'est

-ce

donc

? Q

u'av

ez-v

ous

?

ALCE

STE

1

Lais

sez-

moi

, je

vous

prie

.

PHIL

INTE

M

ais, e

ncor

, dite

s-m

oi, q

uelle

biza

rrer

ie...

ALCE

STE

Laiss

ez-m

oi là

, vou

s di

s-je,

et c

oure

z vo

us c

ache

r.

PHIL

INTE

M

ais o

n en

tend

les

gens

, au

moi

ns, s

ans

se fâ

cher

.

ALCE

STE

M

oi, j

e ve

ux m

e fâ

cher

, et n

e ve

ux p

oint

ent

endr

e.

PHIL

INTE

Da

ns v

os b

rusq

ues

chag

rins,

je ne

pui

s vo

us c

ompr

endr

e;

Et q

uoiq

ue a

mis,

enf

in, j

e su

is to

ut d

es p

rem

iers..

.

ALCE

STE

Moi

, vot

re a

mi ?

Ray

ez c

ela d

e vo

s pa

pier

s.

J'ai f

ait ju

sque

s ici

, pro

fess

ion

de l'

être

; M

ais a

près

ce

qu'e

n vo

us je

vien

s de

voi

r par

aître

, Je

vou

s dé

clare

net

que

je n

e le

suis

plus

, Et

ne

veux

nul

le pl

ace

en d

es c

œur

s co

rrom

pus.

PHIL

INTE

Je

sui

s do

nc b

ien c

oupa

ble,

Alce

ste,

à v

otre

com

pte

?

ALCE

STE

Allez

, vou

s de

vriez

mou

rir d

e pu

re h

onte

, Un

e te

lle a

ctio

n ne

sau

rait

s'ex

cuse

r,

Et to

ut h

omm

e d'

honn

eur s

'en

doit

scan

dalis

er.

Je v

ous

vois

acca

bler

un

hom

me

de c

ares

ses,

Et té

moi

gner

, pou

r lui

, les

der

nièr

es 2

tend

ress

es;

De p

rote

stat

ions

, d'o

ffres

, et d

e se

rmen

ts,

Vous

cha

rgez

la fu

reur

de

vos

embr

asse

men

ts :

Et q

uand

je v

ous

dem

ande

apr

ès q

uel e

st c

et h

omm

e,

À pe

ine

pouv

ez-v

ous

dire

com

me

il se

nom

me;

Votre

cha

leur,

pour

lui,

tom

be e

n vo

us s

épar

ant,

Et v

ous

me

le tra

itez,

à m

oi, d

'indi

ffére

nt.

Mor

bleu

, c'e

st u

ne c

hose

indi

gne,

lâch

e, in

fâm

e,

De s

'aba

isser

ain

si, ju

squ'

à tra

hir s

on â

me

: Et

si,

par u

n m

alheu

r, j'e

n av

ais fa

it au

tant

, Je

m'ir

ais, d

e re

gret

, pen

dre

tout

à l'

inst

ant.

PHIL

INTE

Je

ne

vois

pas,

pour

moi

, que

le c

as s

oit p

enda

ble;

Et

je v

ous

supp

liera

i d'a

voir

pour

agr

éabl

e,

Que

je m

e fa

sse

un p

eu, g

râce

sur

vot

re a

rrêt

3 ,

Et n

e m

e pe

nde

pas,

pour

cela

, s'il

vous

plaî

t.

ALCE

STE

Que

la pl

aisan

terie

est

de

mau

vaise

grâ

ce !

PHIL

INTE

M

ais, s

érieu

sem

ent,

que

voul

ez-v

ous

qu'o

n fa

sse

?

ALCE

STE

Je v

eux q

u'on

soi

t sin

cère

, et q

u'en

hom

me

d'ho

nneu

r,

On n

e lâc

he a

ucun

mot

qui

ne

part

e du

ur.

PHIL

INTE

Lo

rsqu

'un

hom

me

vous

vien

t em

bras

ser a

vec

joie,

ll f

aut b

ien le

pay

er d

e la

mêm

e m

onno

ie,

Répo

ndre

, com

me

on p

eut,

à se

s em

pres

sem

ents

, Et

rend

re o

ffre

pour

offr

e, e

t ser

men

ts p

our s

erm

ents

.

ALCE

STE

Non,

je n

e pu

is so

uffri

r cet

te lâ

che

mét

hode

Qu

'affe

cten

t la

plup

art d

e vo

s ge

ns à

la m

ode;

Et

je n

e ha

is rie

n ta

nt, q

ue le

s co

ntor

sions

De

tous

ces

gra

nds

faise

urs

de p

rote

stat

ions

4 ,

Ces

affa

bles

5 don

neur

s d'

embr

assa

des

frivo

les,

Ces

oblig

eant

s di

seur

s d'

inut

iles

paro

les,

Qui d

e civ

ilités

, ave

c to

us, f

ont c

omba

t,

Et tr

aiten

t du

mêm

e air

l'ho

nnêt

e ho

mm

e et

le fa

t 6 .

Quel

avan

tage

a-t-

on q

u'un

hom

me

vous

car

esse

, Vo

us ju

re a

mitié

, foi

, zèle

, est

ime,

tend

ress

e,

Et v

ous

fass

e de

vou

s un

élo

ge é

clata

nt,

Lors

que

au p

rem

ier fa

quin

7 il c

ourt

en

faire

aut

ant ?

No

n, n

on, i

l n'e

st p

oint

d'â

me

un p

eu b

ien s

ituée

, Qu

i veu

ille d

'une

est

ime

ainsi

pros

titué

e;

Et la

plu

s gl

orieu

se a

des

réga

ls pe

u ch

ers,

Dès

qu'o

n vo

it qu

'on

nous

mêle

ave

c to

ut l'

unive

rs :

Sur q

uelq

ue p

réfé

renc

e un

e es

time

se fo

nde,

Et

c'e

st n

'est

imer

rien

qu'

estim

er to

ut le

mon

de.

Puisq

ue v

ous

y do

nnez

, dan

s ce

s vic

es d

u te

mps

, M

orbl

eu, v

ous

n'êt

es p

as p

our ê

tre d

e m

es g

ens

8 ; Je

refu

se d

’un

cœur

la v

aste

com

plais

ance

Qui n

e fa

it de

mér

ite a

ucun

e di

ffére

nce 

;Je

veu

x qu’

on m

e di

stin

gue 

; et,

pour

le tr

anch

er n

et,

L’am

i du

genr

e hu

main

n’e

st p

oint

du

tout

mon

fait.

PHIL

INTE

M

ais q

uand

on

est d

u m

onde

, il f

aut b

ien q

ue l’

on re

nde

Quelq

ues

deho

rs c

ivils

que

l’usa

ge d

eman

de.

ALCE

STE

Non,

vou

s di

s-je 

; on

devr

ait c

hâtie

r san

s pi

tié

Ce c

omm

erce

hon

teux

de

sem

blan

ts d

’am

itié.

Je v

eux q

ue l’

on s

oit h

omm

e, e

t qu’

en to

ute

renc

ontre

Le

fond

de

notre

ur d

ans

nos

disc

ours

se

mon

tre,

Que

ce s

oit l

ui q

ui p

arle,

et q

ue n

os s

entim

ents

Ne s

e m

asqu

ent j

amais

sou

s de

vain

s co

mpl

imen

ts.

Mol

ière,

Le

Misa

nthr

ope,

act

e I,

scèn

e 1

——

——

——

——

1

- Alce

ste, d

it le m

isanth

rope

: per

sonn

e qui

hait l

e gen

re hu

main

et év

ite la

socié

té 2

- les

der

nièr

es te

ndre

sses

: les

plu

s gr

ande

s te

ndre

sses

.3

- Vot

re a

rrêt

: dé

cisio

n de

just

ice (i

roni

que

ici).

4 - P

rote

stat

ions

: m

anife

stat

ions

bru

yant

es d

'am

itié.

5 - A

ffabl

es :

accu

eillan

ts, a

imab

les, p

olis.

6 - L

e fa

t : te

pré

tent

ieux.

7 - F

aqui

n : i

ndivi

du s

ot e

t pré

tent

ieux.

8 - M

es g

ens

: ici,

mes

pro

ches

, mes

am

is, m

es a

lliés.

5 10

15

20

25

30

35

40

45

50

55

60

65

70

TEXT

E 4

ANTI

GONE

Co

mm

e se

s frè

res

et s

œur

s, An

tigon

e es

t la

fille

ince

stue

use

d’Œ

dipe

et

de s

a m

ère

Joca

ste,

ave

c qu

i il s

’est

mar

ié. L

es fr

ères

d’A

ntig

one,

Eté

ocle

et P

olyn

ice, s

e so

nt e

ntre

-tués

à c

ause

de

leur

rivali

té p

our

le po

uvoi

r. Po

lynice

est

con

sidér

é co

mm

e un

traît

re e

t Cré

on, l

e ro

i de

Thèb

es, o

ncle

d’An

tigon

e et

pèr

e d’

Hém

on

avec

qui

doi

t se

mar

ier A

ntig

one,

veu

t que

son

cad

avre

soi

t exp

osé

et d

évor

é pa

r les

vau

tour

s. Il

inte

rdit

qu’o

n l’e

nter

re s

ous

pein

e de

mor

t. An

tigon

e co

nsid

ère

com

me

son

devo

ir d’

ente

rrer

son

frèr

e, m

ême

s’il f

aut e

nfre

indr

e le

décr

et r

oyal.

Un

long

dial

ogue

opp

ose

Créo

n et

Ant

igon

e, a

près

l’ar

rest

atio

n de

cet

te d

erni

ère.

CRÉO

N Ri

en d

'aut

re n

e co

mpt

e. Et

tu a

llais

le ga

spille

r ! Je

te co

mpr

ends

, j'a

urais

fait

com

me

toi à

ving

t ans

. C'e

st po

ur c

ela q

ue je

buv

ais

tes

paro

les. J

'éco

utais

du

fond

du

tem

ps u

n pe

tit C

réon

maig

re e

t pâ

le co

mm

e to

i et q

ui ne

pen

sait

qu'à

tout

don

ner

lui-a

ussi…

Ma

rie-to

i vite

, Ant

igone

, sois

heu

reus

e. La

vie

n'es

t pas

ce q

ue tu

cr

ois. C

'est

une

eau

que

les je

unes

gen

s lai

ssen

t cou

ler s

ans

le sa

voir,

entre

leur

s do

igts

ouve

rts. F

erm

e te

s m

ains,

ferm

e te

s m

ains,

vite.

Retie

ns-la

. Tu

verr

as, c

ela d

evien

dra

une

petit

e ch

ose

dure

et s

imple

qu'

on g

rigno

te, a

ssis

au s

oleil.

Ils te

diro

nt to

ut le

co

ntra

ire p

arce

qu'

ils o

nt b

esoin

de

ta fo

rce

et d

e to

n éla

n. N

e les

éc

oute

pas

. Ne

m'é

cout

e pa

s qu

and

je fer

ai m

on p

roch

ain

disco

urs

deva

nt le

tom

beau

d'E

téoc

le. C

e ne

ser

a pa

s vr

ai. R

ien

n'es

t vra

i que

ce

qu'o

n ne

dit

pas…

Tu

l'app

rend

ras,

toi a

ussi,

tro

p ta

rd, la

vie

c'est

un liv

re q

u'on

aim

e, c'e

st un

enf

ant q

ui jou

e à

vos

pieds

, un

outil

qu'o

n tie

nt b

ien d

ans

sa m

ain, u

n ba

nc p

our

se re

pose

r le

soir

deva

nt s

a m

aison

. Tu

vas

me

mép

riser

enc

ore,

mais

de

déco

uvrir

cela,

tu ve

rras

, c'e

st la

cons

olatio

n dé

risoir

e de

vie

illir;

la vie

, ce

n'es

t peu

t-être

tout

de

mêm

e qu

e le

bonh

eur.

ANTI

GONE

, mur

mur

e, le

rega

rd p

erdu

Le

bon

heur

… CR

ÉON,

a u

n pe

u ho

nte

soud

ain

Un p

auvr

e m

ot, h

ein ?

ANTI

GONE

Qu

el se

ra-t-

il, m

on

bonh

eur

? Qu

elle

fem

me

heur

euse

de

viend

ra-t-

elle,

la

petit

e An

tigon

e ?

Quell

es

pauv

reté

s fa

udra

-t-il

qu'e

lle fa

sse

elle

auss

i, jo

ur p

ar jo

ur, p

our a

rrac

her

avec

ses

den

ts s

on p

etit

lambe

au d

e bo

nheu

r ?

Dite

s, à

qui

devr

a-t-e

lle m

entir

, à q

ui s

ourir

e, à

qui

se

vend

re ?

Qui

dev

ra-

t-elle

laiss

er m

ourir

en

déto

urna

nt le

rega

rd ?

CRÉO

N, h

auss

e les

épa

ules

Tu

es

folle

, tais

-toi.

ANTI

GONE

No

n, je

ne

me

taira

i pas

! Je

veu

x sav

oir c

omm

ent j

e m

'y pr

en-

drais

, moi

aus

si, p

our

être

heu

reus

e. T

out d

e su

ite, p

uisq

ue

c'est

tou

t de

sui

te q

u'il

faut

cho

isir.

Vous

dite

s qu

e c'e

st s

i be

au, la

vie.

Je ve

ux sa

voir

com

men

t je

m'y

pren

drai

pour

vivr

e.

CRÉO

N Tu

aim

es H

émon

?

ANTI

GONE

Ou

i, j'a

ime

Hém

on. J

'aim

e un

Hém

on d

ur e

t jeu

ne; u

n Hé

mon

ex

igean

t et f

idèle,

com

me

moi.

Mais

si v

otre

vie,

vot

re b

onhe

ur

doive

nt p

asse

r su

r lui

ave

c leu

r us

ure,

si H

émon

ne

doit

plus

pâlir

qua

nd je

pâli

s, s'i

l ne

doit

plus

me

croir

e m

orte

qua

nd je

su

is en

reta

rd d

e cin

q m

inute

s, s'i

l ne

doit

plus

se s

entir

seu

l au

mon

de e

t me

déte

ster

qua

nd je

ris

sans

qu'

il sa

che

pour

quoi,

s'i

l do

it de

venir

prè

s de

moi

le m

onsie

ur H

émon

, s'i

l do

it ap

pend

re à

dire

«oui»

, lui a

ussi,

alor

s je

n'aim

e plu

s Hém

on.

CRÉO

N Tu

ne

sais

plus

ce

que

tu d

is. T

ais-to

i.

ANTI

GONE

Si,

je s

ais ce

que

je d

is, m

ais c'

est v

ous

qui n

e m

'ent

ende

z plu

s. Je

vous

par

le de

trop

loin

main

tena

nt, d

'un

roya

ume

où vo

us n

e po

uvez

plus

ent

rer a

vec

vos

rides

, vot

re s

ages

se, v

otre

ven

tre.

(Elle

rit)

Ah !

je ris

, Cré

on, j

e ris

par

ce q

ue je

te v

ois à

quin

ze

ans,

tout

d'u

n co

up !

C'es

t le

mêm

e air

d'im

puiss

ance

et

de

croir

e qu

'on

peut

tout

. La

vie t'

a se

ulem

ent a

jouté

ces

pet

its

plis s

ur le

visa

ge e

t cet

te g

raiss

e au

tour

de

toi.

CRÉO

N, la

sec

oue

Te ta

iras-

tu, e

nfin

?

ANTI

GONE

Po

urqu

oi ve

ux-tu

me

faire

tair

e ?

Parc

e qu

e tu

sais

que

j'ai

raiso

n ?

Tu cr

ois q

ue je

ne

lis p

as d

ans

tes

yeux

que

tu le

sais

?

Tu s

ais q

ue j'

ai ra

ison,

mais

tu n

e l'a

voue

ras

jamais

par

ce q

ue

tu e

s en

train

de

défe

ndre

ton

bonh

eur e

n ce

mom

ent c

omm

e un

os.

CRÉO

N Le

tien

et l

e m

ien, o

ui, i

mbé

cile

!

ANTI

GONE

Vo

us m

e dé

goût

ez to

us, a

vec

votre

bon

heur

! Av

ec v

otre

vie

qu'il

faut

aim

er c

oûte

que

coû

te.

On d

irait

des

chien

s qu

i lèc

hent

tou

t ce

qu'

ils t

rouv

ent.

Et c

ette

pet

ite c

hanc

e po

ur

tous

les

jour

s, si

on n

'est

pas

trop

exig

eant

. Moi

, je

veux

tout

, to

ut d

e su

ite, —

et q

ue c

e so

it en

tier —

ou

alors

je re

fuse

! Je

ne

veux

pas

être

mod

este

, moi

, et m

e co

nten

ter d

'un

petit

m

orce

au s

i j'a

i ét

é bi

en s

age.

Je

veux

être

sûr

e de

tou

t au

jour

d'hu

i et

que

cela

soi

t au

ssi

beau

que

qua

nd j

'éta

is pe

tite

— o

u m

ourir

.

CRÉO

N Al

lez, c

omm

ence

, com

men

ce, c

omm

e to

n pè

re !

ANTI

GONE

Co

mm

e m

on p

ère,

oui

! No

us s

omm

es d

e ce

ux q

ui p

osen

t les

qu

estio

ns ju

squ'

au b

out.

Jusq

u'à

ce q

u'il

ne r

este

vra

imen

t pl

us l

a pl

us p

etite

cha

nce

d'es

poir

vivan

te,

la pl

us p

etite

ch

ance

d'e

spoi

r à

étra

ngler

. No

us s

omm

es d

e ce

ux q

ui lu

i sa

uten

t de

ssus

qua

nd il

s le

renc

ontre

nt, v

otre

esp

oir,

votre

ch

er e

spoi

r, vo

tre s

ale e

spoi

r !

CRÉO

N Ta

is-to

i ! S

i tu

te v

oyais

en

crian

t ces

mot

s tu

es

laide

.

ANTI

GONE

Ou

i, je

suis

laide

! C

'est

igno

ble,

n'es

t-ce

pas,

ces

cris,

ces

su

rsau

ts, c

ette

lutte

de

chiffo

nnier

s. Pa

pa n

'est

dev

enu

beau

qu

'apr

ès, q

uand

il a

été

bien

sûr,

enfin

, qu'

il ava

it tu

é so

n pè

re,

que

c'éta

it bie

n av

ec s

a m

ère

qu'il

avait

cou

ché,

et q

ue r

ien,

plus

rien

ne p

ouva

it le

sauv

er. A

lors,

il s'e

st c

almé

tout

d'u

n co

up, i

l a e

u co

mm

e un

sou

rire,

et i

l est

dev

enu

beau

. C'é

tait

fini.

Il n'

a plu

s eu

qu'

à fe

rmer

les

yeux

pou

r ne

plus

vous

voir

. Ah

! vo

s tê

tes,

vos

pauv

res

tête

s de

can

didat

s au

bon

heur

! C'

est v

ous

qui ê

tes

laids

, mêm

e les

plus

bea

ux. V

ous

avez

tous

qu

elque

cho

se d

e lai

d au

coin

de

l'œil o

u de

la b

ouch

e. T

u l'a

s bie

n dit

tout

à l'

heur

e, C

réon

, la

cuisi

ne. V

ous

avez

des

tête

s de

cu

isinie

rs !

Jean

Ano

uilh

, Ant

igon

e (1

944)

5 10

15

20

25

30

35

40

45

50

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70

75

80