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Baromètre startups 2017 Les startups du secteur du numérique en Wallonie digitalwallonia.be/startups2017

Les startups du secteur du numérique en Wallonie · des dossiers de candidatures introduits auprès du Fonds W.IN.G by Digital Wallonia. Plusieurs éléments peuvent expliquer cette

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Baromètre startups 2017

Les startups du secteur du numérique

en Wallonie

digitalwallonia.be/startups2017

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TABLE DES MATIÈRES

3 Contexte du baromètre

4 La répartition géographique

4 Les secteurs d’activité des startups. Le B2B domine

6 La phase de démarrage

6 L’accompagnement des startups

8 Les défis des startups

8 Le financement

10 L’international

11 La Wallonie numérique vue par les startups

12 Le « startupeur » wallon

13 La startup et l’emploi

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CONTEXTE

Le premier baromètre Digital Wallonia des startups wallonnes du secteur du numérique se base sur une étude réalisée au premier semestre 2017. Cette étude comporte 3 volets :

• Une analyse quantitative des données relatives aux 300 startups du numériques recensées par l’Agence du Numérique et Startups.be et répertoriées sur la plateforme Digital Wallonia.

• Une enquête quantitative basée sur un formulaire auquel 73 startups ont répondu.

• Une enquête qualitative sur base d’interviews individuelles avec 16 patrons de startup.

Sont considérées comme des startups les « jeunes entreprises » (actives avec un produit commercialisé ou un business model depuis moins de 10 ans) et qui ambitionnent un fort taux de croissance.

Seul le secteur du numérique est envisagé. Ce baromètre s’inscrit en effet dans le thème « secteur du numérique » de la stratégie Digital Wallonia et plus spécifiquement dans l’objectif de structuration du secteur et de développement des startups. Cela exclut donc par exemple des « pure players » en e-commerce. Pour prendre

une comparaison internationale, Waze ou Spotify rentreraient dans le panel, au contraire de Zalando.

Les entreprises étudiées dans ce cadre sont par nature très « volatiles », pour plusieurs raisons :

• leur jeunesse,

• la limite parfois ténue entre un « projet » et une « véritable société créée »1,

• la proximité avec d’autres régions (singulièrement Bruxelles où plusieurs projets wallons sont de facto devenus des startups bruxelloises et inversément),

• le taux de disparition ou d’abandon.

Dans ce contexte, l’objectif premier de ce baromètre est de dresser un portrait global de l’écosystème des startups wallonnes du secteur du numérique, de leur parcours, de leurs caractéristiques et de leurs fondateurs. C’est aussi la raison pour laquelle plusieurs données quantitatives sont exprimées en arrondis afin de préciser un ordre de grandeur.

Enfin, ce baromètre est le fruit d’une collaboration entre l’Agence du Numérique et Startups.be dans le cadre d’un contrat de partenariat Digital Wallonia.

Base de données de Digital Wallonia

Enquête qualitative auprès des startups wallonnes

Enquête quantitative auprès des stratups wallonnes

1 Si nous considérons normalement une « startup » comme une société créée une quinzaine de « startups » de cette enquête sont « en formation » ou « en développement ».

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LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

LES SECTEURS D’ACTIVITÉ DES STARTUPS. LE B2B DOMINE

Les provinces où se trouvent principalement les startups du secteur du numérique sont :

• le Brabant wallon (+/- 45%),• Liège (+/-30%),• le Hainaut (+/-20%).

Ceci confirme les tendances issues de l’analyse des dossiers de candidatures introduits auprès du Fonds W.IN.G by Digital Wallonia.

Plusieurs éléments peuvent expliquer cette répartition :

• Pour le Brabant wallon, la proximité avec Bruxelles permet un contact direct avec des donneurs d’ordre importants et des entreprises internationales, tout en restant à l’extérieur de la ville. La plupart des startups se trouvent logiquement à proximité de Louvain-La-Neuve et Mont-Saint-Guibert, du fait de l’attractivité forte de l’UCL et des initiatives d’incubation comme NEST’up. Enfin, la position centrale est idéale pour attirer les talents issus de toute la Wallonie.

• Liège peut elle aussi compter sur la qualité de son offre d’éducation, comme l’ULg et HEC Liège, ainsi que sur son statut de capitale économique de la Wallonie. La volonté de Meusinvest, via sa filiale Leansquare notamment, d’investir

18%

29%

7%

2%

44%

dans le numérique est également une source d’attractivité, de même que des incubateurs comme WSL ou le Venture Lab.

• Pour le Hainaut, on peut souligner la vivacité du secteur de la recherche, avec le Cetic et Multitel, mais aussi la force du secteur des biotechs, et donc l’e-santé.

Les médias véhiculent traditionnellement une image de startups massivement orientées vers le B2C, particulièrement lorsque l’on évoque des « success stories » emblématiques comme Facebook, UBER ou Snapchat.

Pourtant, 65% des startups numériques wallonnes relèvent du B2B. Elles proposent donc des produits et services à destination des autres entreprises.

D’après les entrepreneurs consultés, ce business model permet d’identifier plus facilement les cibles et marchés potentiels, et donc de mieux les atteindre. Cette caractéristique est d’ailleurs

65%B2B

35%B2C

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commune avec l’ensemble du secteur du numérique en Wallonie.

Par ailleurs, compte tenu de la nature du tissu économique de la Wallonie et de la Belgique, et de notre position au cœur du marché européen, cette orientation B2B est un véritable avantage concurrentiel qui reste trop peu exploité et valorisé par rapport à l’approche B2C plus attractive à première vue, notamment du fait des succès évoqués ci-dessus, mais pour laquelle la taille de la Wallonie est un frein majeur.

LA STARTUP WALLONNE AIME LA SANTÉ

La Belgique, et la Wallonie en particulier, se distinguent par leur expertise et leur capacité d’innovation dans le domaine des biotechnologies et des sciences du vivant (life sciences). C’est dès lors sans surprise que de nombreuses startups (près de 40) sont actives dans l’e-santé. Les softwares médicaux et les instruments médicaux « numériques » sont les plus importants, représentant chacun 20% du sous-secteur de l’e-santé.

LA STARTUP WALLONNE AIME LE COMMERCE

Le commerce représente 400.000 emplois en Belgique2, cela explique probablement pourquoi il s’agit du deuxième secteur vers lequel se dirigent les startups de notre région. Elles sont plus de 20 à être actives dans ce domaine. De plus, avec des systèmes de fidélisation de la clientèle, les jeunes sociétés peuvent s’adresser en parallèle aux secteurs B2B et B2C. Les systèmes d’analyse et d’aide de gestion représentent ensemble plus de 40% des startups dans ce domaine. Ces solutions

pourront peut-être aider les commerçants wallons à passer plus rapidement au numérique.

LA STARTUP WALLONNE AIME LA FINANCE

Avec une vingtaine de startups actives dans ce secteur, la « fintech » est bien présente en Wallonie.

Les solutions comptables et de gestion d’entreprises représentent un peu plus d’un quart de ces startups, la majorité des startups restantes relevant du « tech4fin », c’est-à-dire des développements spécifiquement destinés au secteur financier. Par ailleurs, la Wallonie compte quelques plateformes de crowdfunding/crowdlending, notamment dans le domaine associatif.

LA STARTUP WALLONNE AIME LE JEU

Là aussi, la Wallonie compte une vingtaine de startups actives dans les technologies du jeu. Plusieurs proposent à la fois une « offre de services » et une « offre de produits ». Celles qui se focalisent spécifiquement sur le développement d’un jeu recourent de plus en plus à des technologies telles que la réalité virtuelle et la réalité augmentée.

Outre ces quatre secteurs spécifiques, un nombre important de startups sont actives dans le HRtech (technologies pour les ressources humaines) et le Martech/Adtech (technologies pour le marketing, la vente et la publicité). Dans ce cas, elles s’adressent plutôt à des départements d’entreprises et à des métiers spécifiques qu’à des secteurs particuliers.

LES PRINCIPAUX SECTEURS

DE DESTINATION

SANTÉ RETAIL FINTECH GAMING

D’ACTIVITÉS

Caretech

Greytech

Medical software

Medical device

Others

Analytics

Customer Loyalty

Digital & interactive

Logistics

POS Systems

Crowdfunding & Crowdlending

Accountancy & Management

Tech4fin

Others

Serious Gaming & Entertainment

Entertainment

AR/VR

20% 26% 24% 30%

29% 40%

13%

35%15%20%

13%

9%

17% 19%

29%

30%33%

2 http://plus.lesoir.be/107740/article/2017-08-03/le-chomage-en-baisse-voici-les-cinq-secteurs-qui-recrutent

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LA PHASE DE DÉMARRAGE

L’ACCOMPAGNEMENT DES STARTUPS

De nombreux fondateurs (57%) font appel à des structures d’accompagnement, principalement lors de la phase de démarrage. La plupart de ces structures sont adossées au secteur public : universités, CEI (Centres Européens pour l’Innovation), incubateurs ou autres ASBL d’aide à l’entrepreneuriat. Plusieurs incubateurs3 privés ont également émergé.

Sur base de leur expérience, les fondateurs de startups recommandent aux nouvelles startups de s’entourer rapidement de « conseillers » spécialisés, soit dans le secteur numérique, soit dans les aspects « métier ». Ces conseillers, actionnaires, membres d’un « advisory board » ou du conseil d’administration, sont un gage de développement plus rapide.

Ce sujet est particulièrement important compte tenu des structures mises en place pour permettre aux startups de se lancer, de se financer et de se développer.

L’un des constats qui ressort des interviews est qu’il y a beaucoup de structures pour l’accompagnement, … « trop » disent certains. Du point de vue de l’entrepreneur, ces structures (incubateurs, …) suivent trop de dossiers/projets/entreprises et peinent parfois à fournir une aide assez qualitative aux sociétés en création ou développement.

L’autre aspect important est de maîtriser l’aspect commercial et financier. En effet, les startups insistent sur le fait que les fonds à recevoir (privés ou publics) mettent souvent plus de temps que prévu à être libérés et que donc les fondateurs doivent être capables de « tenir » la distance.

Enfin, le développement commercial, surtout dans les premières phases, reste lent et délicat. C’est notamment dû à un manque de crédibilité ou à des produits et services qui ne sont pas délivrables directement. Ces deux éléments, fortement liés, sont la cause de nombreux soucis chez les entrepreneurs. Par ailleurs, le développement du produit est lui aussi souvent plus lent que prévu.

3 The Faktory, par exemple

83% 57%

des startups aidées l’ont été lors de leur phase

de démarrage

des startups ont fait appel à une structure d’accompagnement

domaines (business, international, RH,

technique et marketing).

Les aides au niveau du business sont jugées les plus satisfaisantes.

Celles relatives aux ressources humaines ferment la marche.

Principalement dans

5

La perception est donc contrastée entre, d’une part, un grand nombre de structures d’accompagnement (privées ou publiques) et, d’autre part, une qualité de service perfectible du fait du volume important de startups à suivre.

Un autre point d’attention plusieurs fois souligné est un certain manque d’expérience entrepreneuriale ou de connaissance spécifique du secteur de la part des structures d’accompagnement. Elles regroupent trop de « généralistes » au détriment d’experts capables, concrètement, pour des besoins précis et spécifiques, d’apporter une valeur

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ajoutée significative dans des domaines tels que le recrutement, le marketing, la vente, …

Cette situation s’explique notamment par le fait que les aides sont essentiellement orientées vers le démarrage des entreprises. Si 57% des startups ont été aidées durant leur parcours, 83% l’ont été au début de leur activité. Ces startups éprouvent donc plus de difficultés à trouver un support adéquat dans la phase de croissance suivant leur démarrage, au moment où elles doivent se structurer, se développer à l’international, engager du personnel, …

Il convient également de s’intéresser au cas spécifique des spin-offs. Si elles sont loin de représenter une part significative des startups wallonnes du numérique, les années de recherche qui précèdent le lancement de leurs produits leur permettent généralement de proposer des solutions technologiquement plus avancées, ce qui offre un avantage concurrentiel plus important.

Ces entreprises sont régulièrement soutenues, dans un premier temps, par l’aide « first spin off » proposée par la Wallonie. Celle-ci permet de financer pendant plusieurs années le salaire d’un chercheur qui peut dès lors se consacrer pleinement à la recherche et au développement d’une technologie pointue. L’aide first spin-off peut toutefois avoir un effet négatif sur la productivité. Le fait de bénéficier de plus de temps pour « lancer » l’entreprise et donc retarder le contact avec les clients potentiels est en contradiction avec les méthodes « Lean »4 qui sont proposées dans d’autres environnements.

Enfin, les patrons de spin-off ont souligné qu’au moment de la création de l’entreprise, les relations entre les universités, les fonds d’investissements universitaires et les fondateurs sont parfois floues. Les règles relatives à la propriété intellectuelle

et à l’actionnariat devraient être éclaircies et traitées dès le commencement du programme, pour éviter d’allonger les délais à la création réelle de l’entreprise. Les université, TTO et fonds d’investissements liés aux universités pourraient avoir une démarche proactive à ce sujet.

Parmi les startups interrogées qui connaissent une croissance et un développement importants, un constat revient régulièrement : la mise en place tôt dans leur développement, soit d’un Advisory Board, soit d’un actionnariat reprenant des experts (belges ou internationaux) du secteur. Outre la qualité de leur accompagnement et de leur expertise, ces entrepreneurs emblématiques du secteur renforcent la crédibilité du projet et facilitent la mise en relation avec les experts ou partenaires adéquats. Reste la question de la motivation pour ces experts à se lier à des startups si elles ne font pas partie de l’actionnariat. Par ailleurs, certaines startups entament leur expérience à l’international via des expatriés ou des contacts étrangers rencontrés dans le cadre de leurs activités. Selon ces entreprises, ce type spécifique de démarches pourrait être renforcé.

Enfin, la création d’un dossier unique de « candidature » accessible à l’ensemble des structures d’accompagnement (incubateurs, fonds, …) a été évoquée par plusieurs startups, notamment pour éviter de répondre à de nombreuses reprises aux mêmes questions auprès de plusieurs interlocuteurs.

LES PLUS

• L’accompagnement par des entrepreneurs expérimentés dont les projets ont été couronnés de succès

• La mise en relation avec des clients

• Le soutien pour les fonctions « non clés » du business (administratif, RH, ...)

LES MOINS

• Le manque de spécialistes ou d’entrepreneurs

• L’accompagnement superficiel lié au nombre de sociétés suivies

• Les règles de collaboration spin-offs & universités ne sont pas claires

LES DEMANDES

• L’implication réelle des experts qui accompagnent (intervention financière par exemple)

• La mise en place d’un système de dossier unique pour l’ensemble des acteurs de financement et de support

• L’aide à l’accès à des experts étrangers

4 Le lean est une approche spécifique du démarrage d’une activité économique et du lancement d’un produit. Elle repose sur le « Validated learning (en) » (vérification de la validité des concepts), l’expérimentation scientifique et le design itératif. Elle tend à réduire les cycles de commercialisation des produits, à mesurer régulièrement les progrès réalisés, et à obtenir des retours de la part des utilisateurs.

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45%

25%

ont fait appel aux subsides

n’ont fait appel à aucun financement extérieur

des startups sont financées avec moins de 500.000 € en capital

78%

LES DÉFIS DES STARTUPS

LE FINANCEMENT

Les défis auxquels sont confrontés les startups wallonnes du secteur du numérique sont principalement :• le recrutement,• la gestion de la phase de croissance,• le temps nécessaire pour valider un business

model pérenne,• le financement,• le développement à l’international.

Le recrutement est un élément clé souvent pointé comme compliqué en Wallonie. Certes, notre région offre des profils de qualité, mais trop peu nombreux et pas assez spécialisés. Ce constat plaide à nouveau en faveur d’une intégration forte du numérique dans les parcours scolaires et de formation.

Le financement est évidemment un élément crucial dans le cycle de développement des startups. Il leur permet de se développer plus vite ou, simplement, de poursuivre leurs activités jusqu’au moment où un business model pérenne est établi.

L’étude quantitative menée a mis en évidence les constats suivants : • 78% des startups sont financées avec moins de

500.000 euros en capital.• 25% n’ont jamais fait appel à un financement

extérieur pour commencer ou développer leur entreprise.

• 33% ont déjà fait appel à un prêt convertible5, souvent proposé par des fonds d’investissements publics mais pas uniquement.

• 28% affirment avoir fait appel à des fonds publics, majoritairement en co-investissement avec du financement privé.

• 17% ont eu recours à un financement bancaire.• 45% ont fait appel à des subsides. Parmi elles,

seulement 15% (soit moins de 7% du total des startups) ont fait appel uniquement à ce type de financement.

Les aspects relatifs à la croissance (scaling) sont eux aussi source de difficultés. Structurer une startup lorsqu’elle se développe est complexe. Outre les problèmes de recrutement déjà évoqués, les startups peinent parfois à prendre les décisions correctes en matière de processus internes à mettre en place, de marchés à adresser prioritairement, et, bien-sûr, de stratégie générale à adopter. Les fondateurs de startup estiment en outre, comme on l’a vu plus haut que le support spécifique pour ces questions est plus faible. Il faut donc « jongler » entre un besoin ou une volonté de croissance plus rapide et les capacités humaines, organisationnelles et financières pour y parvenir.

Contrairement à une idée reçue d’un soutien quasi généralisé par le secteur public, un tiers des startups interrogées et soutenues par un investisseur privé n’ont pas fait appel à un investisseur public. Ce qui ne veut pas dire par ailleurs que trouver du financement privé est aisé. Les entrepreneurs interrogés soulignent que ce n’est pas le cas.

5 Le prêt convertible est une technique de financement qui consiste en une dette qui peut être convertie après un certain temps ou certains événements en actions/ parts d’une société.

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En ce qui concerne les aides publiques ou subsides, leurs avantages sont la non-dilution du capital6 et le soutien réel dans le développement de l’entreprise en permettant de tenir jusqu’au moment où le business model devient viable. Les principales aides qui sont sollicitées par les startups concernent l’AWEX pour les foires et salons ou l’expansion à l’international, et la DGO6 pour le soutien aux développements techniques. Les subsides sont souvent (9 cas sur 10) combinés avec de l’investissement public et/ou privé.

capables d’analyser correctement les dossiers des startups et leur proposer l’expertise nécessaire.

Autre problème récurrent, le manque d’actifs dans les startups numériques et la faiblesse des montants investis poussent nos startups à chercher du soutien chez nos voisins (France, Angleterre, …) pour se faire financer à des stades plus avancés.

Cette situation est source de frustration dans la mesure où il ne s’agit pas vraiment d’un manque de moyens financiers, il existe des personnes fortunées en Wallonie et en Belgique, mais plutôt d’un manque d’allocation du financement privé vers le secteur du numérique.

Plusieurs startups y voient un manque d’ambition des investisseurs, privés et publics. La perception est que chez nos voisins, les montants investis sont plus importants à chaque étape de vie de l’entreprise et les startups étrangères émergent plus facilement parce qu’elles sont mieux financées.

Autre point d’attention : la frilosité des banques pour accorder des crédits. Les garanties demandées sont souvent disproportionnées selon les entrepreneurs.

Enfin, les startups proposent plusieurs pistes concrètes d’amélioration de leur financement :

• Un soutien financier plus important pour les investissements nécessaires au développement technologique des produits et services des startups. Ces coûts sont souvent élevés alors que les aides couvrent plutôt la recherche, ce qui désavantage certaines sociétés orientées vers des solutions rapidement commercialisables.

• Une aide au démarrage qui couvrirait le salaire des fondateurs ou porteurs de projet, pendant une période de 6 à 12 mois, ce qui inciterait plus de personnes à oser lancer leur startup dans le numérique. En effet, les fondateurs non issus du monde académique verraient d’un bon œil de pouvoir bénéficier d’une aide semblable au « first spin off ».

• Une aide publique pour la mise en relation entre les startups wallonnes et les fonds étrangers. Cette technique, qui semble porter ses fruits dans d’autres pays, comme en Finlande par exemple, permettrait d’offrir un soutien plus important à la startup qu’un simple « soft commitment » comme c’est le cas actuellement.

LES ACTEURS DE FINANCEMENT LES PLUS ACTIFS

Les deux principaux problèmes concernant le financement sont :• le manque d’investisseurs privés,• le manque de connaissance du secteur, tant

chez les investisseurs publics que privés. Ce deuxième élément influence certainement le premier.

Il semble encore difficile d’identifier en Wallonie les « business angels » ou les investisseurs privés potentiels pour les startups s’ils ne font pas partie d’un groupement reconnu, comme Be Angels. Ainsi, beaucoup de startups comptent essentiellement sur les « FFF » (Friends, Family & Fools), c’est-à-dire le réseau des personnes proches des entrepreneurs, qui les soutiennent parfois plus pour la démarche entrepreneuriale et les liens personnels ou affectifs qui les lient aux fondateurs, que pour le rendement potentiel de l’investissement.

Par ailleurs, même si plusieurs entrepreneurs ont souligné la nouvelle dynamique numérique de la Wallonie, notre région ne dispose pas encore d’un niveau de maturité numérique suffisant pour y trouver en nombre suffisant des investisseurs

6 Les subsides permettent aux entreprises de se développer sans que celles-ci doivent faire appel à des investisseurs qui prendraient dès lors part au capital de la société.

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L’INTERNATIONAL

La majorité (66%) des startups ont des clients à l’international. Un des atouts principaux mis en avant par les startups wallonnes est d’ailleurs la proximité avec les pays étrangers qui les poussent à se tourner rapidement vers les marchés extérieurs.

Toutefois, elles n’ont pas toujours une présence physique dans les pays frontaliers. Si elles proposent leurs solutions aux Pays-Bas ou au Luxembourg, par exemple, les startups choisiront souvent de s’y rendre pour une journée. Quant à la France, les startups s’y rendent plus souvent pour participer à des foires et salons et ont plus souvent des représentants dans ce pays.

Si très peu de startups optent pour l’ouverture de filiales (entité juridique) dans un autre pays, les USA et la France font figure d’exception.

Ce manque de présence physique à l’étranger, via des représentants ou des filiales, est clairement perçu par les startups wallonnes comme un handicap. Elles ne sont pas « là où cela se passe », elles sont donc moins proches de leurs clients et moins informées des opportunités business. Enfin, et surtout, elles ne disposent pas d’une « intimité / proximité » assez forte avec les clients ou prospects.

Dans le questionnaire proposé aux startups, la Flandre n’apparaissait pas comme un « pays/région » d’export, mais les startups se dirigent plus facilement vers la France, l’Espagne et l’Italie plutôt que vers la Flandre, notamment en raison de leur connaissance des langues nationales respectives.

Pour trouver les profils adéquats dans des pays plus lointains, les startups utilisent souvent Linkedin. Le réseau social permettant de trouver des

employés/représentants, mais aussi des conseillers ou des candidats pour le conseil d’administration pour les aider dans leur développement à l’étranger.

Par ailleurs, les startups considèrent comme essentiel d’engager des personnes originaires du pays où l’on veut s’installer, notamment pour créer un lien plus fort avec les clients. A cet égard, elles déplorent que les aides de l’AWEX soient quasi inexistantes pour l’extension dans les pays européens, alors qu’ils constituent leurs premiers marchés cibles.

Par contre, l’AWEX, et notamment le programme « Explore », est un partenaire sollicité par beaucoup de startups avant de tenter l’aventure à l’international, notamment pour tester les opportunités d’un marché tout en limitant les risques financiers.

Au final, pour le développement à l’international, les startups soulignent :

• la nécessité d’être patient, et donc d’être bien financé, car un délai de 18 et 24 mois est nécessaire avant d’atteindre une rentabilité sur un nouveau marché,

• les erreurs de recrutement sont assez fréquentes,

• le retour sur investissement est, à terme, meilleur que celui du marché domestique, les clients étant souvent des groupes de taille, plus importantes dans les pays voisins.

66%

ont des clients à l’étranger

LES PAYS OÙ ELLES ONT DES CLIENTS

LES LIEUX OÙ ELLES SONT PHYSIQUEMENT

PRÉSENTES

#1 France

#2 Espagne & Italie

#3 USA

#4 Luxembourg

#5 Royaume-Uni

#6 Asie

#1 France

#2 Luxembourg

#3 Royaume-Uni

#4 USA

#5 Pays-Bas

#6 Espagne & Italie

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LA WALLONIE NUMÉRIQUE VUE PAR LES STARTUPS

Depuis décembre 2015, la Wallonie s’est dotée d’une stratégie numérique : Digital Wallonia.

Elle fixe le cadre de déploiement des actions publiques, mais aussi privées, pour réussir la transformation numérique de la Wallonie. Un des 5 thèmes structurants de Digital Wallonia est le secteur du numérique, avec un focus particulier sur le développement des startups. Ce baromètre des startups wallonnes s’inscrit d’ailleurs dans ce cadre.

Par rapport à l’ambition du Gouvernement wallon, il est donc intéressant de connaître la perception « personnelle » des startups par rapport aux avantages et inconvénients de la Wallonie dans le domaine du numérique.

Tout d’abord, si les startups mettent en avant la bonne qualité globale des profils, techniques ou commerciaux, disponibles, elles regrettent de devoir se tourner régulièrement vers l’étranger lorsqu’il s’agit de chercher des profils très spécialisés. L’image de la Wallonie change de manière incontestable, mais elle reste insuffisamment attrayante à l’extérieur, notamment dans le domaine du numérique, pour séduire ces profils étrangers.

Pour les startups, cette absence de profils très spécialisés doit être mise en perspective avec une culture numérique et une compréhension de ses opportunités encore insuffisantes, au niveau de la population en général et, par rebond, au niveau des investisseurs.

C’est à ce niveau que les startups ont souligné l’engagement du Gouvernement de changer radicalement la situation au travers de la stratégie numérique.

Paradoxalement, ce « retard » de la Wallonie, conjugué à cette volonté de faire bouger les choses rapidement, apparaît comme un véritable atout pour plusieurs entrepreneurs qui considèrent qu’il existe de nombreuses opportunités d’affaires à saisir, dans un contexte où le numérique touche désormais tous les domaines de la société.

Par contre, « rêver depuis la Wallonie » reste difficile. Trop peu de startups wallonnes connaissent un véritable succès à grand échelle et peuvent servir d’exemples inspirants pour d’autres porteurs de projet. Ce constat a déjà été évoqué dans la partie consacrée au financement où la difficulté de s’entourer d’experts emblématiques a été soulignée.

Enfin, on l’a vu dans la partie sur l’internationalisation, démarrer dans une région de petite taille peut poser des problèmes lorsqu’il s’agit de monter en puissance et d’atteindre une taille critique suffisante. A contrario, c’est un argument pour se développer rapidement à l’étranger.

LES PLUS

• Les nombreuses opportunités dans le domaine du numérique

• La qualité des profils disponibles

• Le coût de la vie abordable

LES MOINS

• Le manque de succès dans le numérique

• La difficulté à recruter des profils étrangers depuis la Wallonie

• La Wallonie n’est pas pas encore assez reconnue comme une « région » numérique

UNE REMARQUE ESSENTIELLE

«  On voit un réel changement de mentalité et de volonté pour l’entrepreneuriat numérique en Wallonie avec Digital Wallonia. »

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LE « STARTUPEUR » WALLON

Quand on parle de « startup », le public pense spontanément à des profils comme … Mark Zuckerberg ou Steve Jobs, qui ont arrêté leurs études pour lancer leur entreprise. Le créateur de startup en Wallonie ne correspond pas à ce « cliché ».

Si 15% étaient étudiants avant de se lancer et que 23% avaient moins de 26 ans, la plupart des créateurs d’entreprise du secteur numérique ont entre 25 et 35 ans quand ils se lancent et ils disposent déjà d’une expérience entrepreneuriale ou d’une carrière en tant qu’employé.

Ainsi, ce n’est pas un hasard, si les fondateurs d’une startup sont au départ généralement :• des amis, qui ont envie de lancer

une société ensemble,• des anciens collègues, voire d’anciens

condisciples, qui ont appris à travailler ensemble pendant plusieurs mois ou années au préalable,

• des personnes qui se sont connues au travers de leurs réseaux.

Les études orientées vers l’informatique (23%) ou l’ingénierie (28%) fournissent la part la plus importante des créateurs de société dans le domaine. L’expérience dans le numérique est également un atout important, même si 32% des fondateurs n’avaient pas travaillé dans le secteur avant leur lancement.

Dans presque 80% des cas, les startups sont créées par 1 à 3 fondateurs et dans 40% des cas, par 2 fondateurs. Une startup sur cinq a donc été constituée par au moins 4 fondateurs. Le fondateur « en solo » ne vaut également que pour une startup sur cinq.

NOMBRE

ÂGE

ont moins de 26 ans23%

La majorité a entre 25

& 35 ans

EXPERTISE NUMÉRIQUE

ont une expérience dans le numérique

68%

18%3 fondateurs

12%4 fondateurs

10%5 et +

41%2 fondateurs

19%1 fondateur

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LA STARTUP ET L’EMPLOI

Comme on vient de le voir, le nombre de fondateurs d’une startup varie fortement, tout comme le nombre d’employés.

Si la médiane du nombre d’emplois (hors fondateurs) se situe entre 3 et 4 employés, la moyenne est beaucoup plus importante : 10 employés par startup. Ce chiffre s’explique par l’influence d’une entreprise comme Odoo, considérée comme startup car en phase de forte croissance et toujours innovante, qui emploie jusqu’à 300 personnes à elle seule.

On notera également que 35% des startups n’emploient personne d’autre que leurs fondateurs.

Le nombre d’emplois est aussi corrélé avec les moyens investis dans les startups. En effet, plus une société est financée, plus elle peut engager.

Si on considère que les startups numériques sont créées par 2,5 fondateurs et engagent 3,5 personnes (médiane), le marché de l’emploi des startups du numérique en Wallonie pourrait approcher les 2000 unités. En calculant à partir de la moyenne, ce chiffre monte à 4000.

Il est par ailleurs probable que certaines startups aient répondu en ne considérant que les employés

effectivement sur le payroll, sans considérer les « freelances ».

Tout comme les fondateurs, les profils recherchés sont également du type « business » ou « technique ». Parmi les profils les plus recherchés, on trouve :• des commerciaux ou des spécialistes en

marketing,• des développeurs, Web et mobile,• des data scientists (en croissance).

Certaines startups, proches des universités, ont un accès privilégié à des étudiants, mais les entrepreneurs soulignent malgré tout un besoin d’apprentissage ou des connaissances insuffisantes à la sortie des études.

Compte tenu de la pénurie en profils « techniques », les entreprises doivent se tourner vers l’offshore, ce qui implique des difficultés de contrôle et une perte d’emplois pour la Wallonie, ou passer par des agences spécialisées, mais la main d’œuvre devient dès lors très onéreuse.

Les 5 profils les plus recherchés

#2

Commercial

#1

#3

#5

#4

collaborateurs en plus des fondateurs

La startup compte

3,5

35%

des startups n’emploient pas d’autres personnes

que leurs fondateurs

Développeur mobile

Développeur web

Marketing

Data scientist

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