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super- héros au cinéma Olivier Delcroix Les

Les Super-héros au cinéma

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Jamais il n’a été publié d’ouvrage traitant spécifiquement des super-héros au cinéma. Même aux Etats-Unis qui sont pourtant le lieu de naissance de ces justiciers masqués, devenus aujourd’hui des figures mythologiques de l’Amérique moderne. Cet « ouvrage pionnier » est né de la volonté d’identifier un nouveau genre, aux contours encore mal définis, malgré l’immense succès remportés par ces blockbusters qu’Hollywood appelle des « super movies ».

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au cinéma

Olivier Delcroix

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au cinéma

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Superman, Batman, Spider-Man, X-Men ou encore Iron Man, désormais on ne compte plus les super-héros devenus au fi l du temps de véritables fi gures mytho-logiques de l’Amérique moderne. Longtemps ignorés, jamais vraiment pris au sérieux, ces personnages ont acquis une si grande notoriété qu’ils ne relèvent plus d’un simple eff et de mode. Depuis dix ans, et le passage aux eff ets spéciaux numériques, le cinéma de super-héros s’est développé de manière exponentielle. Deux géants des comics books, DC Comics et Marvel, sont au cœur de ce déferlement.Cet « ouvrage pionnier » est né de la volonté d’identifi er ce nouveau genre aux contours encore mal défi nis, malgré l’immense succès remporté par ces blockbusters qu’Hollywood appelle des « super movies ». Les Super-héros au cinéma remonte aux origines du genre, raconte

son histoire secrète et explore ses coulisses aux anec-dotes fascinantes. Depuis les précurseurs, tels Zorro ou Tarzan dans les années 1920, jusqu’aux longs-métrages actuels signés Tim Burton, Christopher Nolan, KennethBranagh ou Michel Gondry, les fi lms de super-héros vont au-delà de l’imagerie naïve et enfantine de la pop culture américaine. Ils sont une composante fondamentale du psychisme des États-Unis, de ses valeurs, de ses croyances, de ses doutes et de son patriotisme sérieusement ébranlé depuis le 11-Septembre.

OLIVIER DELCROIX est chef du service cinéma au Figaro et au Figaroscope depuis septembre 2008. Nouvelliste, il écrit entre autres sur la science-fi ction, le roman policier et la bande dessinée. Auteur d’un documentaire intitulé De Tintin à Titeuf, les mythes de la bande dessinée, diff usé sur France 5, il a également publié Corto Maltese, la cour secrète des arcanes (Casterman, 2002) et un récit-enquête sur Tintin, Générations Hergé (Éditions des Équateurs, 2006).

www.hoebeke.frwww.franceinfo.fr

32 ¤ISBN : 9782-84230-459-1

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L’ÂGE DE LA LANTERNE MAGIQUETARZAN

TARZAN, SUPER-HÉROS ROUSSEAUISTECRÉATION DU PERSONNAGE : 1912.PREMIÈRE ADAPTATION À L’ÉCRAN : 1932.

M ême s’il est né en 1912 sous la plume d’Edgar Rice Burroughs (1875-1950), (également inven-

teur du héros John Carter), Tarzan n’est devenu légendaire qu’en 1932 au cinéma lorsqu’il pousse pour la première fois son cri de victoire, dans le fi lm parlant Tarzan, l’Homme-singe (Tarzan the Ape Man) de W. S. Van Dyke, incarné par l’athlétique Johnny Weissmuller.Dans le roman originel d’Edgar Rice Burroughs, l’histoire du seigneur de la jungle débute à Douvres. En mai 1888, un couple d’aristocrates, John et Alice Clay-ton, lord et lady Greystoke, embarquent pour l’Afrique sur un navire britan-nique. Après une mutinerie déclenchée par la cruauté des offi ciers, le couple est « épargné » mais tout de même débarqué sur les côtes du Gabon, où il est bientôt attaqué par des grands singes. Trauma-tisée, la jeune femme met au monde un garçon. Elle perd progressivement la rai-son et meurt un an plus tard, quasiment en même temps que l’époux désespéré, victime de l’assaut d’un grand singe. L’enfant est alors recueilli par Kala, une femelle gorille venant de perdre son bébé. Elle le baptise Tarzan, ce qui signi-fi e « peau blanche » dans le langage des grands singes orangs-outans, selon le roman de Burroughs.Edgar Rice Burroughs ne cache pas ses influences. Quatrième fils d’un vété-ran de la guerre de Sécession, le major George Tyler Burroughs et de Mary Evaline Burroughs, le jeune homme a passé sa jeunesse à lire les romans de Rudyard Kipling et notamment Le Livre de la jungle (1894). Lointain cousin de Tarzan, Mowgli est un enfant indien qui a été élevé par des loups après avoir été perdu par ses parents lors d’une attaque de tigre dans la jungle. Mowgli reçoit son éducation de Baloo, un vieil ours qui enseigne habituellement la loi de la meute aux louveteaux.Elmo Lincoln dans le fi lm muet Tarzan of the Apes de Scott Sidney (1918), adapté du roman d’Edgar Rice Burroughs.

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LES SUPER-HÉROSAU CINÉMA

aventures en BD de Tarzan dans le Metropolitan Newspaper Service. Ce sera ensuite Burne Hogarth, réputé pour avoir livré les meilleurs épisodes entre 1937 et 1950. Les dessinateurs sont ensuite très nombreux à reprendre les aventures du Seigneur de la jungle. Dans les versions récentes, Tarzan rencontre Batman à Gotham City. Ils combattent ensemble le crime dans la jungle des villes, avant que l’Homme-singe retourne faire régner l’ordre dans la jungle des champs.

JOHNNY WEISSMULLER,LE TARZAN DU CINÉMAC’est en 1932 que le cinéma s’empare véritablement du personnage. Le cinéaste W. S. Van Dyke recherche un athlète capable d’incarner le héros d’Edgar Rice Burroughs. Cinéaste effi -cace, technicien hors pair et réalisa-teur aussi rapide que consciencieux (ce qui lui vaut le surnom de « One shoot Woody », « Woody-une-seule-prise »), Van Dyke recrute Johnny Weissmuller (1904-1984) après avoir eu vent de ses

Dès 1918, Tarzan est adapté au cinéma dans un fi lm muet Tarzan of the Apes où il apparaît sous les traits de l’acteur Elmo Lincoln. En 1929, Edgar Rice Bur-roughs qui compte bien profiter du succès remporté par son personnage, vend les droits d’adaptation de Tar-zan en bande dessinée, au grand dam de quelques conseillers qui tentent de l’en dissuader.Mais le public réserve un accueil triom-phal au Tarzan des comic books. Le des-sinateur Harold Foster (futur créateur de Prince Vaillant) publie les premières

LA DOUBLE IDENTITÉ DE TARZANTarzan, quant à lui, va parfaire son édu-cation tout seul en retournant se culti-ver dans la cahute abandonnée de ses parents. Il apprend seul à lire et à écrire. En cela, il relève du super-héros. Il est à la fois le Seigneur de la jungle, mais il possède également une double identité puisqu’en réalité, il est lord Greystoke, l’unique descendant d’une lignée d’aris-tocrates anglais.Edgar Rice Burroughs confesse égale-ment s’être inspiré des récits de l’explo-rateur Paul Du Chaillu. Cet explorateur autodidacte a débarqué au Gabon à l’âge de 17 ans. Il y a passé plus de dix ans en trois séjours successifs et a découvert les grands singes. Du Chaillu a également rencontré et étudié un peuple de « nains » qu’il appellera plus tard « Pygmées ». Sous la plume féconde de Burroughs, les aventures de Tarzan synthétisent bientôt cette Afrique fantasmée qui passionne les Occidentaux. L’ouvrage connaît immédiatement le succès. La prose de Burroughs fait du Seigneur de la jungle l’égal d’un demi-dieu. « Les muscles de Tarzan ne ressemblaient en rien à ceux d’un forgeron. C’étaient ceux de Mercure ou d’Apollon. Leur symétrie, leur équilibre, leurs proportions suggéraient seuls la force qu’ils recelaient. Agiles et rapides, puissants aussi, ils donnaient au géant l’apparence d’un demi-dieu. »

TARZAN EST EN QUELQUE SORTE L’INCARNATION DU RÊVE ROUSSEAUISTE D’UN PARADIS PERDU.

Tarzan triomphe en bande dessinée dès 1929 sous la plume de Harold Foster, puis de Burne Hogarth.

Mains en porte-voix, Johnny Weissmuller pousse le fameux cri de Tarzan.

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Le super-héros mode d’empLoi

Dans Superman II de Richard Lester, Christopher Reeve incarne Superman, le super-héros américain le plus emblématique et patriotique (1980).

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super-bonuslE SupEr-héroS modE d’Emploi

Définition Du mot

q ue signifi  e le mot « super-héros » (de  l ’anglais   sup er hero   ou superhero) ? Forgé en juin 1938 à 

la  parution  du  premier  numéro  de  la revue  Action Comics  consacrée  aux aventures  de  Superman,  ce  terme  est directement associé à  la bande dessi-née  américaine.  Il  désigne  un  héros fi  ctif, que l’on retrouve principalement dans  les comics, à  la  télévision ou au cinéma. Le terme « super », qui apparaît devant les noms « man » ou « héros », étant  un  mot  d’origine  latine  (super, qui signifi  e « au-dessus »),  le « super-héros » est littéralement celui qui est « au-dessus du héros », comme « Super-man » est celui qui est « au-dessus de l’homme ». Pour être un super-héros, il faut posséder au moins deux des quatre caractéristiques suivantes :   -  Un  justicier  se  doit  d’avoir  un code moral et des capacités extraordi-naires d’origine humaine (expériences scientifiques  ayant  mal  tournées, exposition  à  de  forts  rayonnements radioactifs ou mutations génétiques), extraterrestre ou surnaturelle. Ce que l’on appelle communément des « super-pouvoirs » qu’il met au service du Bien. Ainsi,  venu  de  la  planète  Krypton, 

Kal-El en arrivant sur terre devient un surhomme, Superman. Peter Parker se transforme en Spider-Man après avoir été  piqué  par  une  araignée  radioac-tive.  Dès  qu’il  entre  en  possession  de l’anneau  de  la  Guilde,  Green  Lantern développe ses pouvoirs. Sans oublier les rayons Gamma qui transforment Bruce Banner en l’Incroyable Hulk, les muta-tions génétiques de la série X-Men qui transforment les humains en mutants comme Cyclope, Tornade,  le Fauve, ou encore  les  militaires  qui  injectent  à Logan un métal indestructible nommé adamantium autour de ses os, faisant de lui Wolverine.  - Le super-héros est très souvent doté  d’un  équipement  exceptionnel, constitué d’un arsenal conséquent (les armes de guerre du Punisher ou de Bat-man, le bouclier de Captain America, le marteau de Thor, l’arc et les fl  èches spé-ciales d’Œil-de-Faucon) conservés dans un endroit secret, ainsi que des moyens de  transports  super-performants  (du type Batmobile, Batcave pour Batman, le Baxter Building des Quatre Fantas-tiques, l’école spécialisée pour jeunes mutants  du  professeur  Xavier  dans les X-Men ou la Forteresse de solitude pour Superman). 

  -  Le  super-héros  a  également recours à une double identité, qui pré-serve son anonymat, en dehors de ses activités  super-héroïques.  L’avocat aveugle  Matt  Murdock  est  en  réalité Daredevil, le journaliste du Daily Pla-net  de  Metropolis  se  transforme  en Superman,  le  playboy  milliardaire  de Gotham  City  se  change  en  Batman  la nuit. Le timide étudiant Peter Parker, photographe pour le Daily Bugle, et qui vit avec sa tante May est en réalité Spi-der-Man… En revanche,  le groupe des Quatre Fantastiques ne possède pas de double identité et s’en passe très bien.  -  Enfin,  pas  de  super-héros  sans costume.  Du  costume  de  Spider-Man inspiré des catcheurs des années 1960 à la combinaison pare-balles de Batman, en passant par l’armure haute techno-logie  de  Iron  Man  (voir  super-bonus « De pied en cape » p. 36).

origines historiquesAvant  les  super-héros  existaient  les héros.  Cette  notion  remonte  à  l’Anti-quité. Chez les auteurs grecs (Homère, Sophocle ou Euripide), ce sont des êtres mi-hommes, mi-dieux, dotés de qualités exceptionnelles. Ces grands guerriers, tels Achille, Hector ou Ulysse, accom-plissent  de  grandes  prouesses  dans les batailles.Au Moyen Âge, le héros apparaît dans La Chanson de Roland,  chanson  de geste consignant sur le mode épique les exploits et la fi  n tragique du neveu de Charlemagne. Sous la protection tuté-laire des dieux et du roi (son représen-tant  sur  terre),  le  héros  agit  souvent en  solitaire.  Il  a  des  vertus  frôlant  le grandiose  qui  le  classent  parmi  les surhommes.  Par  exemple,  Achille  est un guerrier sans pareil, qui ne saurait être vaincu que par la trahison. Ulysse, lui, est grand par sa ruse. Mais ce n’est pas un demi-dieu. Au cœur des vingt-quatre chants de L’Odyssée, Homère en a fait un héros, véritable fi  l conducteur de l’aventure. De manière générale, les récits mytho-logiques  ou  légendaires  mettent  cou-ramment  en  scène  des  personnages principaux accomplissant des exploits surhumains  :  c’est  le  cas  de  certains dieux  ou  demi-dieux  païens  comme 

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Ben Foster dans le rôle du mutant ailé, Archangel, dans X-Men 3 : L’Affrontement fi  nal (2006).

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création Du personnage : 1940.premiÈre aDaptation À L’écran : 1944.

c aptain  America  est  l’un  des  plus anciens  super-héros  de  Mar-vel  (appelée  à  l’époque  Timely 

Comics). Paru en décembre 1940, dans le premier numéro de Captain America Comics, il fait fi  gure d’équivalent face au Superman de DC Comics. L’ADN des super-héros conçus durant la Seconde Guerre mondiale ne trompe pas.Pourtant,  la  destinée  cinématogra-phique de ce super-héros patriote, qui porte un costume inspiré des couleurs de la bannière américaine, est loin d’être semblable à celle de Superman, ce boy-scout  de  l’Amérique,  surhomme  venu d’ailleurs et fi  gure céleste symbolisant le rêve de l’émigrant. Captain America, lui, est littéralement le porte-drapeau de l’ère patriotique des comics.

Le captain america Des comicsSon apparition dans les kiosques, dès le mois de décembre 1940 prouve d’ailleurs que les comics s’engagent contre Hitler bien avant Roosevelt. Dès sa parution, Captain America  devient  le  plus  gros succès de Timely Comics, près d’un mil-lion d’exemplaires vendus chaque mois. Sur la couverture du premier numéro de la revue, on peut voir Captain America mettre K.-O Adolf Hitler, ce qui ne laisse aucune place à l’ambiguïté.Le scénariste Joe Simon raconte : « En Europe,  les  Nazis  étaient  en  marche. L’idée  évidente  me  vint  alors  que  le super-vilain par excellence était Adolf Hitler, haï par la moitié du monde. Il me suffisait donc de trouver le héros costumé qui pourrait lui tenir tête. »Créé  en  une  nuit  (comme  Superman), Captain  America  naît  d’abord  sur  une feuille  de  brouillon.  « J’ai  écrit  le  nom “Super American” en bas de la page, écrit Joe Simon dans son autobiographie. J’ai trouvé que ça n’allait pas, il y avait trop de  “Supers”  partout.  Après  quelques essais,  j’ai  inscrit  “Captain  America”. 

CaptainAmerica

Co-créateur du personnage, Jack Kirby dessine un CaptainAmerica dynamique et virtuose dans le n° 112 de Captain America paru en avril 1969. Marvel.

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L’ÂGe Des eFFeTs MéCAnIQuescaptain amErica

Cela sonnait bien. Il n’y avait pas beau-coup  de  capitaines  dans  les  comics. Voilà,  ce  fut  aussi  simple  que  ça.  Son jeune  compagnon  fut  nommé  Bucky, d’après mon ami Bucky Pierson, une star dans notre équipe lycéenne de basket ».Il y avait évidemment une intention poli-tique consciente derrière la création de 

Captain America. Un an et demi avant l’entrée  en  guerre  des  États-Unis,  les tensions internationales qui préfi  gurent la Seconde Guerre mondiale touchent de près Joe Simon et son ami le dessinateur Jack Kirby, tous deux juifs. Partisans de l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne nazie, ils décident de créer un  nouveau  super-héros  :  « Les  oppo-sants à la guerre étaient bien organisés. Nous voulions avoir notre mot à dire. » raconte encore Joe Simon.

un astériX américainÀ l’origine, le jeune héros, Steve Rogers est  un  jeune  orphelin  chétif  new  yor-kais. Horrifi  é par la montée du nazisme, le  jeune  idéaliste décide de s’engager dans  l’armée.  Trop  malingre  et  souf-freteux pour devenir un soldat, Rogers se  fait  réformer  à  plusieurs  reprises. 

« En EuropE, lES naZiS étaiEnt En marchE. l’idéE évidEntE mE vint alorS quE lE SupEr-vilain par ExcEllEncE était adolf hitlEr, haÏ par la moitié du mondE. il mE SuffiSait alorS dE trouvEr lE héroS coStumé qui pourrait lui tEnir têtE. »

« J’ai un monde à conquérir et personne ne m’arrêtera ! », s’exclame Crâne Rouge, le pire ennemi de Captain America, dans le n° 3 de Captain America Comics paru en mai 1941. Marvel.

La couverture du n° 1 de Captain America Comics parueen décembre 1940. Marvel.

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1941.captain marveLcréation Du personnage : 1940. premiÈre aDaptation À L’écran : 1941.Contrairement  à  ce  que  son  nom indique,  Captain  Marvel  n’appartient pas à la fi  rme Marvel mais bien à son concurrent DC Comics. Créé en 1940 par C. C. Beck et Bill Parker, il est l’un des plus  anciens  super-héros  et  s’inspire grandement  de  Superman,  ce  qui  lui valut d’ailleurs un procès. Billy Batson, jeune orphelin, croise Shazam, un vieux sorcier égyptien. Celui-ci lui accorde six pouvoirs divins, un pour chaque lettre de Shazam : la sagesse de Salomon, la 

avancées progressives des eff  ets méca-niques  jusqu’à  l’avènement des effets numériques et digitaux, pour s’appro-cher le plus possible de la réalité. Les deux grandes fi  rmes DC Comics et Mar-vel ont appris, vaille que vaille, à faire fructifi  er leur patrimoine. Mais nombreux furent les fi  lms « outsi-ders » qui ont tenté leur chance en solo. Des longs-métrages qui ont pour prota-goniste principal un super-héros origi-nal créé de toute pièce pour le cinéma, tel Condorman ou Darkman. Certains fi  lms ont aussi joué la carte de l’adap-tation  d’un  super-héros  né  hors  des deux  géants  DC  ou  Marvel,  tels  The Rocketeer,  The Mask,  The Crow  ou Spawn. Cette partie passe en revue de manière chronologique un échantillon que l’on espère relativement exhaustif de ces « outsiders ».

L ’histoire du cinéma est jalonnée de fi  lms de super-héros. Plus ou moins réussis, plus ou moins inoubliables. 

Le  genre  est  exigeant.  Il  possède  ses codes,  qu’il  est  difficile  d’esquiver. Montrer un justicier en pleine action, sa  transformation  en  surhomme,  ses combats titanesques, tout cela consti-tue  une  série  de  passages  obligés.  Le cinéma de super-héros met également en scène des villes détruites, des héros volants,  des  super-méchants  hideux aux  desseins  diaboliques.  Ce  mani-chéisme thématique, proche de l’arché-type, de la fable ou de la mythologie ne supporte pas la médiocrité en matière d’effets  spéciaux.  Sinon  la  magie s’envole, l’illusion tombe et le ridicule se fait jour.Des années 1940 aux années 2000, les films  de  super-héros  ont  profité  des 

Les « Outsiders »

(1941-1997)

Captain Marvel (Tom Tyler) dans le serial de 1941.

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Les « Outsiders »

(1941-1997)

L’ÂGe Des eFFeTs MéCAnIQueslES « outSidErS » (1941-1997)

1984. supergirLcréation Du personnage : 1959. premiÈre aDaptation À L’écran : 1984.Doté d’un budget important de 35 mil-lions de dollars, le fi  lm Supergirl de Jean-not Szwarc profite de l’élan donné par le succès des trois premiers Superman. Produit par les frères Salkind, ce spin-off présente les aventures de la cousine de Superman. Venue en mission secrète sur la Terre à la recherche  d’une boule magique,  source  principale  d’énergie d’Argonville la cité kryptonnienne res-capée après la destruction de la planète Krypton, la jeune Kara découvre la pla-nète bleue avec émerveillement. Helen Slater incarne cette super-héroïne à la chevelure  peroxydée  et  à  la  minijupe rouge arborant un « S » sur  sa poitrine. Faye Dunaway joue les sorcières de ser-vice tandis que Peter O’Toole tente — en vain — de faire oublier Marlon Brando. Le fi  lm est à classer au rayon des char-mants ratages.

1990. DarKmancréation Du personnage : 1990. premiÈre aDaptation À L’écran : 1990.Avant  sa  trilogie  Spider-Man,  le  réa-lisateur  Sam  Raimi  a  prouvé  qu’il  se passionnait  pour  l’univers  des  super-héros.  Avec  Darkman,  non  content  de 

un  trafiquant  nommé  le  capitaine Seas. Incarné par le comédien Ron Ely, célèbre pour son interprétation de Tar-zan dans une série télévisée des années 1960, Doc Savage prend des allures de Flash Gordon mâtiné d’Indiana Jones à la sauce Superman. Le second degré est si patent que dans la version française l’acteur George Aminel double Savage en  prenant  une  voix  zézéyante  assez ridicule.  Un  super-héros  qui  zozote, voilà quelque chose de rarissime !

1981. conDormancréation Du personnage : 1981. premiÈre aDaptation À L’écran : 1981.Produit par Disney, cette comédie d’es-pionnage  signée  par  le  Britannique Charles Jarrott, met en scène Woody Wil-kins, un dessinateur de bande dessinée américain interprété par Michael Craw-ford. Créateur du super-héros Condor-man,  Woody  est  venu  à  Paris  pour s’inspirer de la capitale française, afi  n que son personnage vive ses aventures françaises de la manière la plus réaliste possible. La première du fi  lm le montre d’ailleurs qui essaie le costume ailé de Condorman en se jetant de la tour Eiff  el pour fi  nir dans la Seine. On retrouve un hommage à cette séquence dans le fi  lm Kick-Ass de Matthew Vaughn. Emprun-tant  un  peu  à  Superman  et  beaucoup à  James  Bond,  ce  divertissement  tout public,  dont  la  musique  était  signée Henry  Mancini  (le  créateur  du  thème de La Panthère rose), permet à la belle Barbara Carrera de faire ses premières armes avant d’incarner la somptueuse méchante du James Bond Jamais plus jamais en 1983, aux côtés de Kim Basin-ger et du grand Sean Connery.

force d’Hercule, l’endurance d’Atlas, la puissance de Zeus, le courage d’Achille et  la  vitesse  de  Mercure.  En  1941,  un serial  de  douze  épisodes  raconte  les aventures de ce super-héros de l’âge d’or. Depuis  quelques  années,  un  nouveau projet d’adaptation circule. Shazam !

1975. Doc savage création Du personnage : 1930. premiÈre aDaptation À L’écran : 1975.Le  personnage  de  Doc  Savage  est  né en 1930 sous la plume de Lester Dent. Surnommé  « l’Homme  de  bronze » en  raison  de  la  couleur  de  sa  peau, ce  « savanturier »  explorateur  a  pour habitude  de  parcourir  le  monde  à  la recherche de multiples trésors. Au fil des 181 romans écrits par Lester Dent, Doc  Savage  est  devenu  une  sorte  de Superman, menant un combat contre le mal de par le monde. Dent décrivait son héros « comme un mélange de Sherlock Holmes pour sa capacité de déduction, Tarzan  pour  son  physique  exception-nel,  Craig  Kennedy  pour  sa  culture scientifi  que et Abraham Lincoln pour sa droiture ». En 1975, Michael Ander-son adapte Doc Savage sur grand écran et  l’envoie  en  Amérique  centrale  sur les  traces  d’une  mine  d’or  que  lui  a léguée son père. Sur sa route, il croise 

Ron Ely dans le rôle de Doc Savage (1975).

Michael Crawford est Condorman (1981).

Supergirl, la cousine de Superman, interprétée par Helen Slater (1984).

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80

Les super-hérosau cinéma

h uit ans séparent la première tétra-logie Batman des années 1990, du nouveau cycle mis en place par

Christopher Nolan. En huit années, les justiciers masqués ont eu le temps d’envahir le grand écran et de pulvéri-ser quelques records. La firme Marvel et la Fox imposent d’abord les X-Men sur le modèle établi du Batman de Tim Burton : on prend un jeune cinéaste de talent, Bryan Singer (Usual Suspects, 1995), et on le plonge dans l’univers des super-héros. En s’as-sociant avec Sony-Columbia, Marvel fait le même calcul que pour le Spider-Man de Sam Raimi sorti en 2002…La diff érence ? Le développement expo-nentiel des effets numériques rend l’univers surréel des super-héros enfi n accessible. La Warner Bros. a bien

compris l’enjeu. En confi ant à Christo-pher Nolan la tâche ardue de revisiter Batman et sa mythologie, la fi rme sait qu’elle joue gros.

L’oBJectiF de noLan : Faire croire que Batman eXiste vraiment« Après Insomnia, je cherchais à réali-ser un film à grand spectacle, raconte Christopher Nolan dans l’ouvrage de

Mark Cotta Vaz The Art of Batman Begins (Chronicle Books, 2005). Je vou-lais m’essayer à un blockbuster. L’un des fi lms de divertissement qui m’avait mar-qué étant petit, c’était le Superman de Richard Donner avec Christopher Reeve. Ce fi lm m’avait fait croire à la réalité et à l’existence du personnage de Superman le temps du fi lm. »Ce que compte faire Nolan est radica-lement diff érent de l’adaptation signée Tim Burton. « Le Batman de Tim Burton est fascinant mais très stylisé, analyse Nolan. Les précédents fi lms ont créé un univers si exotique, si baroque, que Bat-man pouvait y évoluer à son aise, sans que le spectateur se pose trop la ques-tion de la vraisemblance. J’ai senti qu’il y avait un étrange fossé entre les fi lms et la réalité. »

Christian Bale dans Batman Begins de Christopher Nolan (2005).BATMAN

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mÊme la Ville de gotham citY décrite dans les bandes dessinées et dans les Films apparaÎt comme un endroit oÙ tout est eXagéré, intensiFié. ce que Veut nolan, c’est « raconter l’histoire d’un homme eXtraordinaire placé dans un monde ordinaire ».

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L’ÂGe Des eFFeTs NuMérIQuesbatman

Nolan prend conscience que personne n’a jusqu’ici traité Batman en tant que per-sonnage réel. Même la ville de Gotham City décrite dans les bandes dessinées et dans les films apparaît comme un endroit où tout est exagéré, intensifi é. Ce que veut Nolan, c’est « raconter l’histoire d’un homme extraordinaire placé dans un monde ordinaire ».Pour ce faire, il va tout d’abord priver Batman de son aura mythologique. Le titre du fi lm, Batman Begins (Batman, le commencement), révèle clairement les intentions et la vision de Nolan. Cette fois, il s’agit d’approfondir les origines du personnage, ses trauma-tismes, ses névroses, sa croisade ven-geresse. Bref, faire comme si Batman existait vraiment.L’avantage de Nolan ? Le fait qu’il soit anglo-américain. Né à Londres, il passe les premières années de sa vie en Grande-Bretagne, avant de grandir à Chicago. C’est donc à Londres qu’il découvre en 1966 le personnage de Batman, à travers la série télévisée théâtrale, parodique et kitsch portée par Adam West. En tant qu’Anglais, Nolan établit ce petit pas de côté qui permet de prendre un peu de recul face à la mythologie Batman si intrinsèque-ment américaine.

reFonder Le mythe en repartant de zéro« Pour moi, commente le réalisateur, les racines ténébreuses du personnage ramènent à la littérature, à Hamlet ou au Comte de Monte-Cristo. Ce sont sur ces fondations essentielles que je vou-lais repartir. »Christopher Nolan et son épouse, la

productrice Emma Thomas, possèdent à Los Angeles une maison et un garage qui donnent sur la fameuse colline plan-tée des lettres « Hollywood ». Durant l’été 2003, ils font de ce garage le lieu de conception de Batman Begins. Des-sins préparatoires, apparence des per-sonnages, maquettes de véhicules, de buildings et autres accessoires du fi lm prennent vie dans cette « Batcave » aménagée pour l’occasion. D’ailleurs, quand les exécutifs de la Warner veulent en savoir plus sur l’avancement du pro-jet, ils sont systématiquement invités à venir au « Garage ». D’où cet incessant ballet de limousines noires qui aura sur-pris plus d’un voisin des Nolan durant la conception du fi lm.Côté innovations, Nolan voit grand et emploie la politique de la tabula rasa. Il confi e à Nathan Crowley le soin de réin-venter la Batmobile. Nolan a une idée derrière la tête, il souhaite que ce véhi-cule soit « une fusion entre un Hummer et une Lamborghini Countach ». Crowley met au point la technique du kitbashing, processus créatif qui consiste à amalga-mer diff érents éléments.Après la Batmobile, Nolan et son équipe s’attaquent à Gotham City. Ils partent de la citation de Dennis O’Neil, scénariste vétéran de BD, célèbre entre autres pour avoir redonné ses lettres de noblesse à Batman dans les années 1970, à l’aide du dessinateur Neal Adams. « Pour moi, la défi nition standard de Gotham City, c’est New York en dessous de la 14e rue et après 23 heures ! »

L’affi che du fi lm Batman Begins de Christopher Nolan.

La nouvelle Batmobile, « une fusion entre un Hummer et une Lamborghini Countach ».

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Wonder Woman (Linda Carter) dans la série télévisée d’ABC (1975).

La maLédictiondes super-héroïnes

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super-BoNusla malédiction des super-héroïnes

À l’exception de la série TV Wonder Woman (incarnée par la sculptu-rale Lynda Carter) diffusée entre

1975 et 1977 sur ABC puis CBS, les super-héroïnes n’ont jamais vraiment eu de chance. Aucune d’entre elles n’est jamais passée avec succès « au-delà du miroir »,

c’est-à-dire de la bande dessinée à l’écran. Entre Supergirl (1984) avec Helen Slater, Catwoman de Pitof (2004) avec Halle Berry, Elektra (2005) de Rob Bowman avec Jennifer Garner, et même dans le registre de la comédie romantique Ma super ex (2006) avec Uma Thurman, chaque ten-tative d’imposer une super-héroïne au cinéma se solde invariablement par un échec. S’agit-il d’une malédiction ? Com-ment expliquer cet étrange phénomène ?

un constat paradoXaLL’univers des comic books compte pour-tant des centaines de super-héroïnes, aussi redoutables, courageuses et – pour certaines – aussi populaires que leurs alter ego masculins. Depuis leur création il y a près de 70 ans dans les comic books, Wonder Woman, Catwoman, Supergirl, La Femme invi-sible, Tornade, Mystique, la Veuve noire ou Witchblade (entre autres) sont toutes l’incarnation de fantasmes masculins plus ou moins assumés. Elles affichent clairement leurs formes et leur sensua-lité sous les traits décomplexés des des-sinateurs de BD. Pourtant les films de

super-héroïnes ont tous été des fiascos, critiques, publics et commerciaux.Ce constat est d’autant plus paradoxal que les femmes n’ont jamais été si présentes à l’écran depuis ces trente dernières années. De Super Jaimie la femme bionique (Lindsay Wagner) à Xena, la guerrière (Lucy Lawless), en passant par Buffy contre les vampires (Sarah Michelle Gellar) ou Alias (Jen-nifer Garner), la télévision a su créer avec succès ses propres super-héroïnes. Mais à part Xéna, véritable Hercule au féminin, ces héroïnes ne portent pas de tenues suggestives. Elles combattent comme des hommes, sans complexe, tout en restant très féminines.

Helen Slater est Supergirl (1984), Halle Berry est Catwoman (2004) et Jennifer Garner est Elektra (2005).

Jennifer Garner est Sydney Bristow dans la série Alias (2001-2006).

« Face à ses “Wonder Men”, je ne suis plus une Wonder Woman ! » dit l’héroïne à genoux sur la couverture du n° 176 de Wonder Woman parue en juin 1968. DC Comics.

La maLédictiondes super-héroïnes

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162

LES SUPER-HÉROSAU CINÉMA

CRÉATION DU PERSONNAGE : 1994. PREMIÈRE ADAPTATION À L’ÉCRAN : 2004.

Créé en 1994, Hellboy entretient des similitudes avec Spawn conçu deux ans auparavant. Les auteurs

mélangent allégrement l’univers codi-fié des super-héros avec celui des succubes plus heroic fantasy chers à Howard Phillips Lovecraft. Né d’un père démon et d’une mère humaine, Hellboy, a grandi dans les entrailles de l’Enfer.

Son histoire débute en 1944 en Écosse, lorsque un sorcier russe, de mèche avec les Nazis, invoque la « Bête de l’Apo-calypse » pour inverser le cours de la guerre. Mais les Américains attaquent l’église pendant son invocation. Fraî-chement surgi des enfers, Hellboy va être recueilli par le Professeur Trevor Bruttenholm dit « Broom ». Cet expert du paranormal va l’élever comme son propre fils. « Hellboy est un héros de

bande dessinée singulier, explique Mike Mignola. C’est un type droit. Né des fl ammes, il est indestructible, tout en étant pourtant innocent et timide. C’est un être paradoxal. Ses origines et ce qu’il veut faire de sa vie sont en oppo-sition complète. Issu du Mal, il a choisi d’œuvrer pour le Bien. »De ses origines démoniaques, Hellboy a conservé des cornes qu’il lime régulière-ment, des sabots et un appendice caudal. Soupe au lait et impulsif, ce super-héros bagarreur a la réplique facile. En 2004, le cinéaste mexicain Guillermo Del Toro, encore auréolé du succès de Blade II, se voit proposer la suite Blade : Trinity ou Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban. Il préfère se concentrer sur un projet qui lui tient à cœur : Hellboy. Del Toro a ren-contré Mike Mignola sur le tournage de Blade II. Les deux hommes s’accordent sur le fait d’attribuer à Ron Perlman le rôle du héros, un choix risqué, l’acteur étant peu connu du grand public.La première adaptation d’Hellboy raconte les origines en s’inspirant prin-cipalement du premier tome de la série Les Germes de la destruction. Del Toro détourne les codes du fi lm de super-héros pour les amener vers son propre univers. Son film développe une atmosphère particulière, qui fl irte avec le fantastique et entretient un suspense digne d’un fi lm d’espionnage. Empreint d’un humour décalé et peuplé de monstres surpre-nants, ce premier fi lm virtuose impose un super-héros improbable et réussit à concilier le fi lm d’auteur avec la rigueur d’un blockbuster calibré. Le fi lm sera un succès au box-offi ce mondial.HELLBOY C’EST UN ÊTRE PARADOXAL. SES ORIGINES ET CE QU’IL VEUT FAIRE DE SA VIE SONT EN OPPOSITION COMPLÈTE. ISSU DU MAL, IL A CHOISI D’ŒUVRER POUR LE BIEN.

Ron Perlman incarne Hellboy dans le fi lm de GuillermoDel Toro, adapté du comic book de Mike Mignola (2004).

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L’ÂGE DU GRAND DÉTOURNEMENTHELLBOY

Mis en chantier deux ans plus tard, le deuxième volet d’Hellboy au budget conséquent prouve à l’évidence que Guillermo Del Toro a su s’émanciper des contraintes inhérentes aux super-productions. L’intrigue, plus fouillée, se présente comme un conte de fées. Alors qu’un armistice a été signé depuis la nuit des temps entre les humains et les créatures fantastiques du royaume invi-sible, voilà qu’un prince déchu, assis-tant à la destruction méthodique de l’écosystème, décide de rompre la trêve et compte bien raviver les fl ammes de l’enfer. C’est à ce moment que Hellboy, démon repenti entre en action...

Le fi lm commence à Noël. Le petit diable de Hellboy demande à son tuteur (John Hurt) une histoire pour s’endormir. On songe à Tim Burton. Mais, rapidement, on retrouve une forme d’humour un rien potache, une générosité visuelle teintée de merveilleux et de fantastique qui n’appartient qu’à Del Toro. L’auteur de Cronos va encore plus loin dans le mélange des genres. Il parvient à fondre harmonieusement des thématiques per-sonnelles au cœur des canons du fi lm de super-héros. « Je crois que ce deuxième fi lm est plus libre que le premier », a-t-il reconnu à la sortie de Hellboy II : les légions d’or maudites, en 2008. « Ce que

j’aime chez Hellboy, c’est qu’on peut facilement s’identifi er à lui. Au départ, c’est un démon programmé pour faire le Mal, mais il fait un autre choix. Dans ce deuxième fi lm, Hellboy fait l’appren-tissage de la morale, de l’éthique. Car le “méchant” prince qu’il doit combattre défend en réalité des valeurs et des prin-cipes écologiques tout à fait légitimes. » Dans Le Labyrinthe de Pan, où une jeune fi lle plongée au cœur d’un laby-rinthe devenait princesse d’un monde souterrain, il mettait déjà en exergue la noirceur du monde, opposé à un uni-vers merveilleux et animiste, menacé d’extinction. « Vous savez, avoue t-il, deux forces ne cessent de s’affronter en moi, mon enthousiasme et mon scepticisme. Je suis un nihiliste plein d’espoir ! » On retrouve clairement tout au long de Hellboy II, cette amertume tempérée de joie. Le public réservera un très bel accueil à ce fi lm qui sera un succès au box-offi ce mondial. Pour Del Toro, « Ce fi lm est une parabole. Je sais que le cinéma ne montre jamais la réa-lité, alors j’ai maquillé mon histoire en conte de fées. Plus les légendes ou les mythologies s’éloignent de la réalité, plus elles s’approchent de la vérité. »

Abe Sapien (Doug Jones), Liz Sherman (Selma Blair), et Hellboy (Ron Perlman) dans Hellboy II, les légions d’or maudites (2008).

EN HAUT : Guillermo Del Toro apporte aux décors d’Hellboy (2004) unetouche gothique et fantastique digne des récits de Lovecraft ou Poe.

EN BAS : Hellboy (Ron Perlman) et Liz Sherman (Selma Blair)sont liés pour le meilleur et pour le pire (2004).

Le prince Nuada (Luke Goss), le grand méchant Elf qui affronte Hellboy (Ron Perlman) dans Hellboy II, les légions d’or maudites.

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182

Les super-hérosau cinéma

5 InTroDuCTIon

6 L’ÂGe De LA LAnTerne MAGIQue. quatre fantastiques

précurseurs.

8 Zorro

11tarZan

14flash gordon

18the shadoW

22 super-bonus

le super-héros Mode d’eMploi.

26 L’ÂGe Des eFFeTs MéCAnIQues.

les super-héros du xxe siÈcle.

28 superMan

36 super-bonus

de pied en cape : les costuMes

des super-héros.

40 BatMan

48 captain aMerica

54 spider-Man

60 les quatre

fantastiques

65the punisher

67 Blade

70 les outsiders

(1941-1977)

74 super-bonus

des surhoMMes et des dieux.

78 L’ÂGe Des eFFeTs nuMérIQues.

la décennie prodigieuse.

80 BatMan

88 super-bonus

la Malédiction des super-héroÏnes.

92 catWoMan

93 the spirit

94

Jonah hex green lantern

96 superMan

98 x-Men

106 spider-Man

114 super-bonus

peur sur la ville.

182182

8 ZorroZorroZorroZorroZorroZorroZorrozorro

98 x-Menx-MeN

94

Jonah hexJonah hexJonah hexJonah hexJonah hexJonah hexJonah hexJonah

HexJonah hexgreen lantern

Jonah hexHexJonah hexHexJonah hexHexJonah hexHexJonah hexHexJonah hexHexJonah hexHexJonah hexHexJonah hexHexgreen lantern

92 catWoManCatwom

an

93 the spiritThe spiriT

14flash gordonfLash Gordon

80 BatManBATMAN

18the shadoWthe shadow

28 superMansuperman

96 superMansuperman

11tarZantarzan

48 captain aMericaCaptain

America 54

spider-Man

60

spider-Manspider-Manspider-Manspider-man

106 spider-Manspider-

man

67 Bladeblade

60 les quatre

fantastiques

Les Quatre Fantastiques

40 BatManBATMAN

65the punisher

The Punisher

super- héros héros hérosau cinéma

super-super-Les

70 les outsiders

(1941-1977)Les « Outsiders »

(1941-1997 )

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Page 17: Les Super-héros au cinéma

183

TAbLe Des MATIÈres

118 daredevil

122 hulk

126 les quatre

fantastiques

130 ghost rider

132 iron Man

138 captain aMerica

142 thor

146 super-bonus

dc coMics/Marvel : l’équiliBre des forces.

150 avengers

183183

156L’ÂGe Du GrAnD DéTourneMenT. relectures, pastiches

et parodies.

158 toxic avenger

159 MYsterY Men

160 incassaBle

162 hellBoY

164 les indestructiBles

166 v pour vendetta

167 Ma super-ex,

super-heros Movie

168 hancock

170 WatchMen

172 kick-ass

173 MegaMind,

super

174 le frelon vert

175 chronicle

176super-bonus

les super-vilains : douBles Maléfiques

des super-héros.

180 boX-oFFICe

181 InDeX

183 TAbLe Des MATIÈres

184 CréDITs phoToGrAphIQues

142 thorthor

132 iron ManIRON MAN

130 ghost rider

ghost

Rider

hulkHULK

118 daredevildaredevil

138 captain aMerica

CaptainAmerica

126 les quatre

fantastiques

Les Quatre Fantastiques

174 le frelon vertL e F rel on v er t

175 chronicleChronicle

172 kick-assKICK-ASS

173 MegaMind, Megamind

superMegaMind,

super

170 WatchMenWat c h m e n

168 hancockhancockhancockhancockhancockhancockhanCoCK

166 v pour vendetta

V pour Vendetta

167 Ma super-ex,Ma super-ex,Ma super-ex,Ma super-ex,

167 Ma super-ex,

167 Ma super-ex,Ma super-ex,Ma super-ex,Ma super-ex,

167 Ma super-ex,

167 Ma super-ex,

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167 Ma super-ex,

167 Ma super-ex,Ma super-ex,

Ma super exMa super-ex, super-heros Movie

Ma super-ex,Ma super-ex,Ma super-ex,Ma super-ex,Ma super-ex,Ma super exMa super-ex,Ma super-ex,Ma super exMa super-ex,Ma super-ex,Ma super exMa super-ex,Ma super-ex,Ma super exMa super-ex,Ma super-ex,Ma super exMa super-ex,Ma super-ex,Ma super exMa super-ex,Ma super-ex,Ma super exMa super-ex,Super-heroS Movie

164 les indestructiBles

V pour V pour V pour LesindesTruCTibLes

162 hellBoYheLLboY

160 incassaBleIncassa bl e

158 toxic avengerToxic

Avenger

159 MYsterY MenMystery Men

150 avengersavenGers

Super_heros_176-188.indd 183 10/10/12 18:50

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super- héros héros héros héros

au cinéma

Olivier Delcroix

super-Olivier DelcroixLes

super- héros héros héros

au cinéma

super-super-Les

Superman, Batman, Spider-Man, X-Men ou encore Iron Man, désormais on ne compte plus les super-héros devenus au fi l du temps de véritables fi gures mytho-logiques de l’Amérique moderne. Longtemps ignorés, jamais vraiment pris au sérieux, ces personnages ont acquis une si grande notoriété qu’ils ne relèvent plus d’un simple eff et de mode. Depuis dix ans, et le passage aux eff ets spéciaux numériques, le cinéma de super-héros s’est développé de manière exponentielle. Deux géants des comics books, DC Comics et Marvel, sont au cœur de ce déferlement.Cet « ouvrage pionnier » est né de la volonté d’identifi er ce nouveau genre aux contours encore mal défi nis, malgré l’immense succès remporté par ces blockbusters qu’Hollywood appelle des « super movies ». Les Super-héros au cinéma remonte aux origines du genre, raconte

son histoire secrète et explore ses coulisses aux anec-dotes fascinantes. Depuis les précurseurs, tels Zorro ou Tarzan dans les années 1920, jusqu’aux longs-métrages actuels signés Tim Burton, Christopher Nolan, KennethBranagh ou Michel Gondry, les fi lms de super-héros vont au-delà de l’imagerie naïve et enfantine de la pop culture américaine. Ils sont une composante fondamentale du psychisme des États-Unis, de ses valeurs, de ses croyances, de ses doutes et de son patriotisme sérieusement ébranlé depuis le 11-Septembre.

OLIVIER DELCROIX est chef du service cinéma au Figaro et au Figaroscope depuis septembre 2008. Nouvelliste, il écrit entre autres sur la science-fi ction, le roman policier et la bande dessinée. Auteur d’un documentaire intitulé De Tintin à Titeuf, les mythes de la bande dessinée, diff usé sur France 5, il a également publié Corto Maltese, la cour secrète des arcanes (Casterman, 2002) et un récit-enquête sur Tintin, Générations Hergé (Éditions des Équateurs, 2006).

www.hoebeke.frwww.franceinfo.fr

32 ¤ISBN : 9782-84230-459-1

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