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Les TIC : éléments sur leurs usages et sur leurs effets Une intégration réussie des technologies d’information et de communication (TIC) dans les pratiques enseignantes requiert surtout, au-delà des compétences techniques de manipulation des outils, une maîtrise des situations de classe et une forte structuration de leur préparation. Elle facilite une individualisation des apprentissages et modifie la situation frontale d’enseignement. L’impact des TIC sur les élèves serait peut-être davantage à apprécier en termes d’amélioration des comportements qu’en termes d’acquisition de nouvelles connaissances. Telles sont les grandes lignes d’une comparaison internationale menée dans quelques établissements primaires et secondaires impliqués dans l’usage effectif des TIC dans une trentaine de pays. Une approche monographique et qualitative des TIC Nombre d’indicateurs internationaux compa- rent les dotations en matériel de TIC dans les établissements des différents pays. D’au- tres études s’intéressent aux fréquences et aux types d’usages de ces matériels dans les établissements. Pour aller plus loin, l’étude SITES (seconde étude internationale sur les technologies d’information et de communi- cation) a délibérément opté dans sa phase 2 pour une approche qualitative de l’usage des TIC et de son impact sur les pratiques ensei- gnantes, sur les relations élèves-maîtres et sur les acquisitions et comportements des élèves. Pour ce faire, des établissements (entre deux et douze par pays, deux écoles primai- res, deux collèges et deux lycées pour la France), considérés comme ayant des prati- ques innovantes dans l’usage des TIC, ont été retenus. Cette orientation méthodologique, qui ne prétend pas produire des résultats représen- tatifs, a été choisie parce qu’elle devait per- mettre, grâce à des observations de séquences d’enseignement-apprentissage et des entretiens avec des membres de la communauté éducative, d’apprécier l’im- pact des TIC dans des situations où celles-ci ont une place effective dans les pratiques et dans les projets d’écoles et d’établisse- ments. L’utilisation des TIC dans les processus d’enseignement et d’apprentissage Les objectifs affichés Les inspecteurs et chercheurs responsables des entretiens et observations qui ont tra- vaillé avec les directeurs, principaux et en- seignants des six établissements français retenus, rapportent quelques-uns des objec- tifs les plus communément assignés à l’utili- sation des TIC, dans les cas observés. – Développer l’autonomie et accroître la motivation des élèves Le tout premier objectif cité, dans le premier degré, est faire usage des TIC pour rompre l’isolement de l’école et offrir, à des élèves 03.01 SEPTEMBRE éva luation note www.education.fr L’Association internationale pour l’évaluation du rendement scolaire (IEA) est un grou- pement international d’instituts de recherche, d’agences gouvernementales et de direc- tions de ministères représentant cinquante-huit pays. Ses objectifs sont de mener à grande échelle des études comparatives sur les réalisations en matière d’éducation afin de mieux cerner les effets des politiques et des pratiques des systèmes éducatifs.

Les TIC Élements Sur Leurs Usages Et Sur Leurs Effets

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Les TIC Élements Sur Leurs Usages Et Sur Leurs Effets

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Page 1: Les TIC Élements Sur Leurs Usages Et Sur Leurs Effets

Les TIC :éléments sur leurs usageset sur leurs effetsUne intégration réussie des

technologies d’information et decommunication (TIC) dans lespratiques enseignantes requiertsurtout, au-delà des compétencestechniques de manipulation desoutils, une maîtrise des situationsde classe et une forte structurationde leur préparation. Elle faciliteune individualisation desapprentissages et modifie lasituation frontale d’enseignement.L’impact des TIC sur les élèvesserait peut-être davantage àapprécier en termesd’amélioration des comportementsqu’en termes d’acquisition denouvelles connaissances.Telles sont les grandes lignesd’une comparaison internationalemenée dans quelquesétablissements primaires etsecondaires impliqués dansl’usage effectif des TIC dans unetrentaine de pays.

Une approche monographiqueet qualitative des TIC

Nombre d’indicateurs internationaux compa-rent les dotations en matériel de TIC dans lesétablissements des différents pays. D’au-tres études s’intéressent aux fréquences etaux types d’usages de ces matériels dans lesétablissements. Pour aller plus loin, l’étudeSITES (seconde étude internationale sur lestechnologies d’information et de communi-cation) a délibérément opté dans sa phase 2pour une approche qualitative de l’usage desTIC et de son impact sur les pratiques ensei-gnantes, sur les relations élèves-maîtres etsur les acquisitions et comportements desélèves.Pour ce faire, des établissements (entredeux et douze par pays, deux écoles primai-res, deux collèges et deux lycées pour laFrance), considérés comme ayant des prati-ques innovantes dans l’usage des TIC, ontété retenus.Cette orientation méthodologique, qui neprétend pas produire des résultats représen-tatifs, a été choisie parce qu’elle devait per-mettre, grâce à des observations deséquences d’enseignement-apprentissage

et des entretiens avec des membres de lacommunauté éducative, d’apprécier l’im-pact des TIC dans des situations où celles-ciont une place effective dans les pratiqueset dans les projets d’écoles et d’établisse-ments.

L’utilisation des TICdans les processusd’enseignementet d’apprentissage

Les objectifs affichés

Les inspecteurs et chercheurs responsablesdes entretiens et observations qui ont tra-vaillé avec les directeurs, principaux et en-seignants des six établissements françaisretenus, rapportent quelques-uns des objec-tifs les plus communément assignés à l’utili-sation des TIC, dans les cas observés.

– Développer l’autonomie et accroîtrela motivation des élèves

Le tout premier objectif cité, dans le premierdegré, est faire usage des TIC pour romprel’isolement de l’école et offrir, à des élèves

03.01SEPTEMBRE

é v a l u a t i o nn o t e

www.education.fr

L’Association internationale pour l’évaluation du rendement scolaire (IEA) est un grou-pement international d’instituts de recherche, d’agences gouvernementales et de direc-tions de ministères représentant cinquante-huit pays. Ses objectifs sont de mener àgrande échelle des études comparatives sur les réalisations en matière d’éducation afinde mieux cerner les effets des politiques et des pratiques des systèmes éducatifs.

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de milieux sociaux disparates, les mêmesressources éducatives et culturelles. Au col-lège et au lycée, on souhaite avant tout,grâce à une utilisation raisonnée des TIC,développer des pratiques qui visent à accroî-tre l’autonomie des élèves, les familiariserau monde de demain, renforcer leur motiva-tion, et les aider à construire des attitudes desocialisation par le biais d’une expériencecollective.

– Conforter les apprentissages

Conforter les apprentissages disciplinairesest souvent évoqué dans les cas étudiés :travaux conduits en anglais en laboratoire,activités de navigation sur des pages HTMLen sciences de la vie et de la Terre (SVT) pourdécouvrir des éléments de cours ou acquérirdes principes physiques liés à la télédétec-tion. Plusieurs séquences d’enseignement-apprentissage observées ont donné lieu à untravail pluridisciplinaire, fondé sur des re-cherches documentaires sur Internet.

Les prérequis à l’usage des TICpar les enseignants

Le premier élément déclencheur est, dansles cas observés, la motivation de quelquesenseignants désireux d’essayer de nou-veaux outils. Le déclic peut aussi provenird’un événement local, qui incite à bâtir unprojet pédagogique. Quelques prérequiss’avèrent toujours nécessaires.

– Les compétences techniqueset pédagogiques

Les entretiens menés avec les enseignantsdes cas retenus pour la France, comme lesobservations de séquences en classe, té-moignent de la nécessité, pour les ensei-gnantsutilisateursdes TIC avec leurs élèves,de connaître des techniques manipulatoiresde différents niveaux de complexité, prati-que des logiciels d’écriture de pages WEB(préparation de pages types pour permettreaux élèves d’insérer directement les textesqu’ils ont préparés), utilisation du courrierélectronique, recherche documentaire surInternet. Mais il paraît surtout indispensablede savoir gérer des situations de classe qui

se situent dans un registre nouveau decomportements, d’attitudes et de relationsentre les différents acteurs.

– Une formation à adapter en conséquence

Sur le terrain, les parcours de formation re-levés dans l’étude peuvent être très variés. Ilne paraît pas y avoir de politique spécifiqueen la matière ; les enseignants observés ontsuivi, en fonction de leur intérêt et de leursbesoins, les formations localement offertes.Une équipe innovante a vu ses principauxacteurs, le coordinateur TIC et l’un des pro-fesseurs, suivre un stage de formation pen-dant une année entière. Pour la plupart, lesenseignants se disent autodidactes dansl’usage des TIC 1 mais ne cachent pas leurbesoin en formation. L’entraide entre collè-gues apparaît souvent être déterminante.On mentionne aussi la difficulté à trouverdes enseignants qui veulent acquérir descompétences professionnelles de haut ni-veau pour assurer seuls le fonctionnementsatisfaisant d’un réseau. Une intégrationréussie des TIC dans les processus d’ensei-gnement-apprentissage passerait davan-tage par une formation pédagogique àl’usage des TIC que par une formation pure-ment technique 2. Cela est d’autant plus vraique les enseignants ont tendance à évoquerune réelle difficulté à s’occuper rapidementde plusieurs postes informatiques en mêmetemps.

Les usages effectifs des TIC

Dans les situations observées à l’école,l’élève est familiarisé à l’utilisation des TICà travers le traitement de texte et la créationde pages WEB. Les deux écoles de l’étudeutilisent les fonctions traditionnelles de l’or-dinateur : recherche, sauvegarde, impres-sion, scanner, traitement de texte (écriturede romans qui servent ensuite de supportsde lecture), consultation de pages WEB, réa-lisation des pages HTML, utilisation de lamessagerie électronique (échanges avecl’auteur d’une méthode de lecture par mes-sagerie électronique), mise en œuvre, grâceà des logiciels ludo-éducatifs, de jeux inter-actifs avec d’autres classes.Au collège et au lycée, les TIC sont plutôt auservice d’activités disciplinaires. On a pu,dans le cadre des observations de pratiquesde classe, rattacher ces activités à l’utilisa-tion du traitement de texte (au lycée, desélèves du tertiaire vont dans l’espace de leurprofesseur pour recopier le texte d’un devoir,

le réalisent dans leur espace et le déposentune fois terminé chez le professeur qui enfournira un corrigé sous forme électronique)et de logiciels éducatifs (en mathématiques,sciences de la vie et de la Terre, français,informatique, comptabilité, histoire, lan-gues). Les activités liées à l’utilisation de cé-déroms concernent l’apprentissage deslangues en laboratoire grâce à un logicielmultimédia permettant la reconnaissancevocale (collège), la recherche d’informationssur supports électroniques cédéroms ou surInternet, la création de sites WEB. Plus rare-ment, des élèves créent un cédérom (sur lebruit en musique avec des logiciels musi-caux), utilisent la publication assistée par or-dinateur (PAO) et la conception assistée parordinateur (CAO).

Les effets de l’usage des TIC

Sur les pratiques enseignantes

– Un travail en commun plus intense entreles enseignants et entre les établissements

Deux cas de figures sont évoqués au niveaude l’école primaire : échange d’informationset formation mutuelle ou échanges avec desenseignants lointains grâce aux partenariatsmis en place. Mais il s’avère que la collabora-tion avec d’autres enseignants peut parfois setransformer en une forme d’assistanat.Dans les établissements du second degréconcernés par l’étude, la collaboration sedéveloppe souvent, au sein des pratiques in-novantes faisant usage des TIC, entre ensei-gnants de même discipline. L’utilisation desTIC donne aussi lieu à des échanges pluridis-ciplinaires ou à de nouvelles formes de col-laboration entre établissements.

– Une évolution du rôle de l’enseignant

À l’école, comme au collège et au lycée, l’or-ganisation en binôme ou en groupe devantl’ordinateur plutôt qu’en classe entière de-vant des documents écrits, semble induired’importants changements d’ordre didacti-que et pédagogique. C’est ainsi que dans lesséquences observées, l’enseignant se pré-sente souvent comme une « personne res-source » qui ne détient pas toute la vérité etdéveloppe, chez ses élèves, le besoin d’allerrechercher de l’information ailleurs qu’enpassantparsapropremédiation.Leprofesseur

1. Ces constats rejoignent ceux qui ont pu être tirésd’une étude de la Direction de l’évaluation et de laprospective sur les attitudes des enseignants àl’égard des TIC (à paraître prochainement).2. Étude sur les attitudes des enseignants à l’égarddes TIC.

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se fait « tuteur », parce qu’il intervient au-près d’élèves qui travaillent seuls ou en pe-tits groupes et peut susciter des activitésdiversifiées selon les besoins particuliers dechaque élève.

– Un enseignement moins frontalet un apprentissage plus individualisé

Selon un coordinateur TIC de l’un des collè-ges, les TIC permettent de changer les posi-tions respectives des enseignants et desélèves. Avant l’utilisation des TIC, maître ettableau étaient situés face aux élèves. Avecles TIC, les élèves sont devant leur poste detravail et le maître passe derrière eux, la dis-tanciation par rapport à l’enseignant et ausavoir, induite par le travail sur écran, tend àfaire baisser les tensions inhérentes à unetelle situation de transmission, sans pourautant remettre en cause la relation ensei-gnant-élève. L’usage des TIC pourrait donc,de fait, modifier la situation frontale d’ensei-gnement.Un professeur du secondaire mentionne :« les TIC développent des relations privilé-giées avec les élèves : on est seul avecl’élève, il n’est pas dispersé, le professeurest l’intermédiaire entre lui et le travail surordinateur. »À tous les niveaux d’enseignement, les en-seignants soulignent que le rythme propre àchaque élève, tant en termes de concentra-tion, de vitesse d’exécution que d’écriture,est respecté quand les élèves font usage desTIC.Le dialogue est permanent entre le profes-seur et un ou plusieurs de ses élèves.En outre, la nature des activités et les inter-actions verbales (plus nombreuses entre lesacteurs de la classe) qu’engendre l’utilisa-tion des nouveaux outils, amènent à unenouvelle gestion du temps scolaire.

– De nouvelles organisations spatiales

À l’école, les séances d’utilisation des TICont lieu soit dans la salle de classe habi-tuelle, soit dans une salle informatique. Aucollège, si le déroulement du cours a lieu aucentre de documentation et d’information(CDI), l’atmosphère est différente de cellerencontrée dans une salle habituelle, en rai-son de la disposition spatiale, de la présencedes documentalistes et d’élèves d’autresclasses. Au lycée, les observations de classeont montré que les situations d’enseigne-ment avec utilisation des TIC s’apparentent

beaucoup aux séances de travaux pratiques,caractérisées par des activités en petitsgroupes dans lesquelles les élèves doiventprocéder à des manipulations concrètesavec des consignes spécifiques.

– Des pratiques évaluatives inchangées

Si l’usage des TIC paraît induire de nouvellessituations pédagogiques, il ne semble pasque les enseignants utilisateurs des TIC mo-difient leur manière d’évaluer.Au niveau desécoles de l’étude, et notamment de l’uned’entre elles qui évoque plus spécialementle problème de l’évaluation, les pratiques in-novantes dans l’usage des TIC n’ont en rienfait évoluer les objectifs traditionnels desévaluations concernant les connaissanceset les savoir-faire : l’évaluation des connais-sances s’effectue, comme auparavant, aumoyen de bilans écrits ou de dossiers cons-titués par les élèves, de manière individuelleou en groupe, sur plusieurs séances. Globa-lement, les formes d’évaluation formative etsurtout « sommative » perdurent. La volontéde prendre spécifiquement en compte descompétences liées à l’usage des TIC est évo-quée par des enseignants, mais elle n’estpas mise en œuvre.

Sur le comportementet les performances des élèves

– Renforcement de la motivation

Il semble bien, qu’à tous les niveaux, l’usagedes TIC facilite l’entrée des élèves dans unprocessus d’apprentissage rendu plus at-trayant. Les jeunes élèves sont sensibles, defaçon évidente, au côté ludique de l’utilisa-tion de l’outil. Plus mesurés, les collégiensinterrogés savent prendre du recul et se de-mandent assez souvent au cours des entre-tiens s’ils peuvent apprendre « vraiment » ens’amusant. Un enseignant de SVT relève leplaisir qu’éprouvent ses élèves en entrepre-nant un travail devant l’ordinateur : « Lesélèves quand ils ont affaire avec la technolo-gie sont contents. Ils retrouvent le goût pourl’apprentissage et ils s’impliquent davan-tage dans ce qu’ils font. » La motivation estnourriedelapossibilitédetravailleren« tempsréel » en étudiant des phénomènes dynami-ques : « il est important de faire comprendreaux élèves qu’ils peuvent être eux-mêmessources d’informations et pas seulementrécepteurs puisqu’ils sont aux premièresloges de l’événement. » Les jeunes élèves

paraissent sensibles à l’aspect « profession-nel » des produits qu’ils réalisent avec l’or-dinateur. Les phénomènes de lassitudeapparaîtraient moins fréquemment.Un enseignant de lycée souligne l’impact po-sitif de l’entraide au niveau du binôme « lesélèves se concertent afin de parvenir au ré-sultat cherché, ils se répartissent la tâche,discutent entre eux. » Tous les enseignantsévoquent la valorisation qu’en retirent cer-tains élèves.

– Accroissement de l’autonomie

Même si, la plupart du temps, l’élève est trèsguidé dans l’activité mise en œuvre et suitpas à pas une procédure déterminée àl’avance, il semblerait, cependant, comme lemontrent les observations de pratiques declasse, que ces situations d’apprentissagelaissent plus de place à l’expression orale età la liberté d’effectuer des tâches diverses.L’usage des TIC incite les élèves à une plusgrande liberté dans l’organisation de leurtravail personnel, puisqu’ils peuvent com-muniquer, rechercher l’information à leurrythme. Ils ont plus souvent l’occasion d’ex-primer leur avis et même de le voir pris encompte, ce qui semble être particulièrementapprécié des élèves du primaire. La respon-sabilité des élèves s’en trouve globalementaccrue.C’est dans la diversité des tâches à réaliserdans le cadre de travaux de groupes,qui lais-sent une large part d’initiative personnelle,que résideraient vraiment les nouveautésdans les situations d’apprentissage.

– Amélioration des comportements scolaires,notamment chez les élèves en difficulté

Les avis des enseignants sont partagésquant à l’amélioration desperformancesdesélèves en difficulté, qui s’investiraient da-vantage grâce aux TIC. Pour certains, les TICfavorisent un apprentissage plus actif de lapart de ces élèves grâce à un travail d’impré-gnation. L’utilisation de l’ordinateurstimule-rait leur intérêt et ils s’impliqueraient plusvolontiers dans leur travail scolaire : « L’in-novation aide incontestablement les élèvesà construire de nouveaux comportements etaptitudes. Plus les élèves sont en difficulté,plus l’informatique au sens large apporte sé-curité, valorisation, émulation, sentimentd’appartenance à l’époque (…) ; en revan-che, les bons élèves progressent sans l’utili-sation des TIC et s’y mettent facilement le

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jour où le besoin apparaît (…) », ou encore« l’usage des TIC semble encore plus utileavec des élèves ayant des difficultés dans laréussite des apprentissages ; une modifica-tion de la relation professeur-élèves est in-téressante par le fait que, quelquefois,l’élève est l’égal du professeur dans ce do-maine.» Par contre, un professeur non utili-sateur estime que la nécessité de faire desefforts pour acquérir des compétences tech-niques nécessaires peut constituer un ajoutde difficultés pour les élèves scolairementfragiles.Les différentes études de cas montrent fina-lement que l’impact des TIC sur les élèvessemble pouvoir davantage être mesuré entermes d’amélioration des comportements,due à l’intérêt que les élèves trouvent dansce qu’ils font, et d’investissement plus im-portant, qu’en termes d’acquisition de nou-velles connaissances. Certains enseignantsinsistent sur des dangers inhérents à l’usagedes TIC, tels la rapidité d’exécution qui pour-rait donner l’illusion aux élèves de s’affranchirdes efforts nécessaires à tout apprentissage.En tout état de cause, des enseignants d’éta-blissements plus sensibles insistent sur uneamélioration des comportements des élèvesqui font usage des TIC, notamment en termesde responsabilisation et de respect vis-à-visdu matériel.

Le degré de satisfactiondes acteurs

– Apprentissagesfavorisésettensionsapaiséespour lesdirecteurs,principaux et proviseurs

Les directeurs d’école et chefs d’établisse-ment interrogés sont globalement satisfaitset soutiennent les actions innovantes. Ilspensent que l’ordinateur facilite les appren-tissages et apprécient la valorisation del’image qu’une utilisation massive des TICpeut apporter à leur établissement.

– Satisfaction des enseignants engagésdans l’usage effectif des TIC

Dans l’ensemble descasétudiés, la satisfac-tion des enseignants semble provenir duconstat de l’amélioration des comporte-ments par l’acquisition d’une plus grandeautonomie par les élèves. Les enseignantssont également sensibles à l’enrichisse-ment personnel et professionnel qu’apportel’utilisation d’outils inconnus auparavant etdisent ne pas regretter l’énorme investisse-ment personnel que l’intégration des TICdans leurs pratiques a pu leur coûter.

– Attitude plus circonspecte des enseignantsnon engagés dans cet usage

Certains enseignants, qui ne se sont pas en-core engagés dans les actions innovantesétudiées, estiment que les instruments neseraient pas appropriés aux besoins des élè-ves en difficulté. D’autres enseignants stig-matisent le temps nécessaire à l’utilisationdes TIC et le risque de ne pas achever lesprogrammes. D’autres encore ne voient pasle moyen de concilier lesapprentissagesdis-ciplinaires et le développement de l’usagedes TIC. On met parfois en avant les coûtsd’équipement, on évoque des problèmes re-latifs à la maîtrise de l’outil. Un coordonna-teur TIC en collège évoque le cas de cesprofesseurs qui utilisent quotidiennementles ordinateurs à titre personnel, mais re-doutent une panne de la machine devant lesélèves.Les problèmes de maintenance, ceux liés aufonctionnement des machines et du réseau(installation et configuration des nouveauxmatériels, liaisons entre les bâtiments, ca-pacité descâblesexistants)età la saturationde l’occupation des salles spécialisées sonttrès fréquemment évoqués, par tous les ac-teurs de la vie scolaire, comme étant l’un desprincipaux obstacles à l’intégration des TICdans les processus d’enseignement et d’ap-

prentissage. On regrette que le coordinateurTIC, prévu dans chaque établissement parles textes, ne soit pas toujours en mesured’assurer ses missions à temps plein.

– Opinion positive des élèves

À l’école, les élèves interrogés dans le cadrede cette étude soulignent leur intérêt pourles activités liées à l’usage des TIC et lesbonnes relations qui se mettent en placeavec le maître. À la question de savoir siquelque chose leur déplaît dans le travailmené dans la classe, certains évoquent desdifficultés à manier l’ordinateur. Des élèvesdu second degré disent qu’ils comprennentmieux et qu’ils ont plaisir à utiliser les TIC. Letravail en équipe, les échanges plus nom-breux, une plus grande liberté d’expressionsont des aspects de l’utilisation des TIC quiplaisent beaucoup aux élèves. Ils se disentsensibles à l’importance que revêt, pour leuravenir, une maîtrise correcte de l’outil.Enfin, aucun aspect négatif de l’usage desTIC n’a été évoqué dans les entretiens avecdes lycéens.

– Satisfaction et vigilance des parents

Au niveau de l’école, les parents interrogésont une vision positive du travail. La plupartd’entre eux souhaiteraient que les usagessoient développés davantage encore. Ilssont même nombreux à déplorer le manquede continuité dans l’usage des TIC d’uneclasse à l’autre. D’autres expriment leurcrainte (qui ne s’avère pas fondée) que l’uti-lisation de l’ordinateur n’affecte le dialogueentre l’enseignant et ses élèves ou évoquentles dangers d’un usage trop intense de l’or-dinateur par les enfants, notamment à lamaison.

Patricia Poncet etCatherine Régnier, DEP C3

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Cette étude est une analyse qualitative menée à partir d’informa-tions recueillies dans six établissements (deux écoles, deux collègeset deux lycées d’enseignement général et technologique), nombre leplus fréquemment retenu par les autres pays impliqués.

Le choix des établissements a été fait en fonction de critères définispar l’Association internationale pour l’évaluation du rendement sco-laire (IEA). Le premier de ces critères était l’existence de pratiquesinnovantes se traduisant par des changements significatifs dans lerôle des enseignants et les attitudes des élèves, dans les contenusde formation, les pratiques évaluatives et les outils pédagogiquesutilisés. L’usage des TIC doit jouer un rôle substantiel, en terme devaleur ajoutée, dans les processus d’enseignement et d’apprentis-sage. La coordination internationale a également conseillé de retenirdes lieux où l’on pouvait constater une mise en œuvre de pratiquesinnovantes durable et transférable.

Ces pratiques doivent permettre de placer l’élève en situation d’ap-prentissage actif et responsable, le doter des compétences néces-saires pour trouver, organiser, communiquer des informations,l’inciter au travail en équipe dans le cadre de la résolution de problè-mes. Pouvaient enfin être considérées comme innovantes, toutessituations d’apprentissage contribuant à modifier le déroulement

temporel et spatial des apprentissages à stimuler les échangesentre élèves, à l’intérieur comme à l’extérieur d’un pays, renfor-cer la cohésion sociale et l’équité entre des élèves dotés, à lamaison, des avantages liés à l’usage des TIC et ceux qui en sontprivés pour des raisons économiques et sociales.

Le comité d’experts consultés en France a souhaité prendre aussien compte l’inscription de l’usage des TIC dans un projet (projetd’établissement, projet pédagogique d’une équipe disciplinaireou transdisciplinaire, projet d’action éducative) et dans les pro-grammes d’enseignement tels ceux de la technologie au collège,de certains travaux pratiques de sciences physiques et de scien-ces de la vie et de la Terre (SVT). Le dernier critère spécifique à laFrance concerne l’intégration de l’établissement dans un réseau.

La collecte des données s’est appuyée sur des entretiens avec desenseignants utilisateurs des TIC, des enseignants non impliquésdans des innovations liées à leur usage, des coordinateurs, des chefsd’établissement, des élèves et des parents, sur des questionnairesadressés aux chefs d’établissement et aux coordinateurs TIC et surdes observations de séquences d’enseignement-apprentissage, réa-lisées par des binômes (chercheur de l’Institut national de recherchepédagogique et inspecteur de l’éducation nationale).

Méthodologie

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Page 6: Les TIC Élements Sur Leurs Usages Et Sur Leurs Effets

Directeur de la publicationClaudine PerettiRédactrice en chefFrancine Le Neveu

Maquette et impressionDEP bureau de l’éditionService venteDEP, bureau de l’édition58 bd du Lycée, 92170 Vanves

Abonnement annuelaux Notes de la DEPFrance : 42,69 eurosÉtranger : 45,73 eurosISSN en cours

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