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présente une histoire des par Thomas Bonnecarrere Episode 4 : Le prince charmant A partir de 7 ans

Les Trois Brouches - Episode 04 - Le Prince Charmant

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Les aventures humoristiques de trois sœurs brouches (sorcières) vivant dans la région Bigorre (Hautes-Pyrénées, France).

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Page 1: Les Trois Brouches - Episode 04 - Le Prince Charmant

présente une histoire des

par Thomas Bonnecarrere

Episode 4 : Le prince charmant

A partir de 7 ans

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Le prince charmant

Les trois sorcières, désormais accoutumées à leur nouvelle demeure1, profitèrent de leurproximité   avec   la  nature  pour   faire   le  plein  de   ressources  afin  de  confectionner   leurspotions.   La   vie   dans   le   village   semblait   convenir   parfaitement   à   Marbilla,   qui   pritl'habitude d'aller palabrer tous les matins sur la place du village et commenter avec lesvillageois les nouvelles fraîchement cueillies de la journée. Mais un problème demeuraitpour la vieille brouche : l'étroitesse d'esprit de Parnilla concernant les « barnas » l'amenaità   rester cloisonnée chez elle et  à  envoyer paître   les  villageois  qui  osaient  lui   formulerquelques sympathies. Ce comportement risquait ainsi, selon la brouche, de dégrader peu àpeu leurs relations avec le village et, par extension, leur avenir sur ce beau territoire. Lasorcière se creusa donc la tête pour trouver une solution à ce problème...

— Allez, Parni, arrête de faire la tête ! grailla Camilla. Pour une fois que Marbilla nousorganise un pique­nique et qu'elle prépare le repas toute seule comme une grande, tu nevas tout de même pas lui faire l'affront de lui poser un lapin !

— Vous allez voir, ce sera un moment très sympathique et convivial ! lança Marbilla à sessœurs avec un grand sourire. Eh, eh... ! susurra­t­elle dans son châle. Si ça marche, on vabien s'amuser ! 

— Qu'est­ce que tu nous mijotes encore, toi ? demanda sèchement Parnilla à sa sœur d'unair méfiant.

— Hein ? Moi ? répondit la brouche d'un air étonné. Rien du tout, ma chère frangine, riendu tout !

— Mouais… rétorqua sa sœur aînée en la fixant du regard. C'est toujours louche quand tum'adresses des politesses !

— Oh, mais comme tu peux être suspicieuse ! s'indigna Marbilla. Ta défiance à mon égardme fera toujours souffrir ! répliqua­t­elle en levant les yeux et les bras au ciel en guised'indignation.

— Et ne surjoue pas, s'il te plaît ! riposta Parnilla irritée. Ta comédie marche peut­être avecles barnas, mais pas avec une brouche aguerrie comme moi !

— Hélàs !  protesta  Marbilla  outrée  en poursuivant   son   jeu  d'actrice.   Je  ne parviendraijamais à obtenir ta confiance ! Quelle tristesse !

— Ce qui est triste, dit Camilla, c'est d'avoir l'estomac qui crie famine alors que nous avonsdevant  nous  un  copieux  panier   rempli  de  délicieuses  vivres  qui  n'attendent  qu'à  êtresavourées !  Alors arrêtez vos chamailleries et partons maintenant car  je n'en peux plusd'attendre !

1 Voir l'épisode précédent : Leçon de magie.

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— Tu as raison ! acquiesça, d’un ton enjoué, Marbilla qui ne contenait plus son excitation.Tu vois, Parnilla, heureusement qu'il y en a une qui ne crache pas dans la soupe ! Eh, eh !Allez, allons­y, je vais vous guider !

— Mgrmblgr ! grogna Parnilla en rattrapant ses deux sœurs qui partirent à toute alluresans l'attendre.

Marbilla emmena ses deux sœurs à l’orée des bois du Thou. Elle avait déjà commencé àl'explorer dans le but de nourrir sa marmite avec des plantes et des baies sauvages. Elles'arrêta devant une barrière qui clôturait un champ et y déposa son panier de vivres. Puiselle alla au milieu du chemin et lança avec fierté à ses deux sœurs : « Regardez ! C'est icique j'ai arrêté le fieffé gredin le jour de notre arrivée dans ce charmant village ! ».2

— Mouais…, objecta Parnilla dubitative. Bon, sinon, où allons­nous nous installer ? Surcette   table  peut­être ?  Elle  désigna du doigt  une  table  ainsi  que deux bancs   trônant  àl'entrée du bois.

— Bonne idée ! approuva Camilla.

— Bien vu, sœurette ! s'écria Marbilla enthousiaste, même si un peu déçue par le manqued'intérêt de ses deux sœurs pour ses exploits passés. Nous y serons tout à notre aise pourdéguster mes délicieux petits plats ! 

— En parlant des plats, n'oublie pas d'aller les récupérer ! lui lança Camilla qui dépliait lanappe. 

— Oh ! s'exclama la brouche. Tu as raison ! Comme je suis étourdie ! Eh, eh… ! pouffa­t­ elle dans son châle. Attention, le spectacle va bientôt commencer !

— Arrête de marmonner et dépêche­toi, j'ai faim ! maugréa Parnilla en colère.

Marbilla retourna à la clôture en hâte et saisit le panier de victuailles. Tu as raison, Parni !Il  ne faudrait tout de même pas que des voleurs nous en soulagent !  Ah, Ah...Oh ! Labrouche fit un bond d'effroi en regardant le panier, qu'elle fit tomber par terre. Oh, non !lâcha­t­elle. C'est pas possible !

— Mais  qu'elle  est  maladroite  celle­là,   je   te   jure !  grogna Parnilla  qui  ne  pouvait  pluscontenir ses gargouillements. C'est bien la peine de passer trois heures à nous préparer tesmets si c'est pour leur faire prendre la poussière juste avant de les déguster !

— Je… Désolée, Parni ! bredouilla Marbilla angoissée en constatant la disparition d'unegrosse pomme rouge qu'elle avait délicatement cueillie et « préparée » pour sa sœur aînée.Oh, non, pas ça ! murmura­t­elle effrayée. De grosses gouttes de sueur commencèrent àdégouliner du visage de la brouche. Bon, calme­toi, Marbi, elle aura certainement roulépar­là ! Elle se retourna la tête baissée pour mieux scruter le sol, puis poussa à nouveau uncri d'effroi et bondit de stupeur en sentant un souffle chaud qui lui parcourut la nuque.

2 Voir l'épisode 02 : Premières rencontres

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— Hiiiiiii ! s'écria­t­elle terrifiée. Va­t­en, sale bête ! Ouste, du balai !

— Mais qu'est­ce que tu fabriques encore, bon sang ?! brailla Parnilla. Tu n'en as pas marrede  vouloir attirer l'attention avec tes jérémiades ?

— Elle a raison, Marbi ! acquiesça Camilla. Arrête un peu ta comédie et apporte­nous lepanier ! On a assez perdu de temps comme ça !

— C'est que… Il m'empêche de bouger ! s'écria la brouche, terrifiée à l'idée que sa crainteconcernant l'emplacement actuel de sa pomme se confirme. Venez me chercher !

— Oh,   mais   elle   est   vraiment   incroyable   celle­là !   s'exclama   Parnilla   furieuse.   Vas   lachercher, Cami, pendant que je finis de préparer la table !

Furibonde, la vieille brouche partit chercher sa sœur. « Pour la peine, tu me donneras tapart de gâteau, tiens ! » lança­t­elle. « Et tu...Oh ! ».

La sorcière vit sa sœur tremblotante devant la clôture. De l'autre côté se trouvait un ânequi avait agrippé sa jambe gauche avec ses dents et la maintenait fermement sur place.Celui­ci n'avait, de toute évidence, pas l'air décidé à laisser partir la vieille brouche. 

— Allons donc, manquait plus que ça ! rouspéta Camilla. Tu as vraiment le don pour temettre dans des situations pas possibles !

— Arrête de te me railler et aide­moi à me débarrasser de ce bourricot ! s'égosilla Marbillaqui n'en pouvait plus de gesticuler. Et fais attention ! Cette robe est presque neuve et je n'aipas envie de perdre du temps à la recoudre !

— Allons bon ! dit Camilla. Tiens­toi bien, je vais tirer à trois ! avertit­elle. Un, deux, trois !Elle tira sa sœur de toutes ses forces, déchirant sa robe et la précipitant par terre, la tête lapremière.

— Ouch ! cria Marbillla en heurtant le sol. Ouf ! fit­elle en levant la tête. Merci Cami, tum'as sauvée ! Par contre, tu me feras le plaisir de recoudre ma belle robe, non mais ! dit­elle d'un air culpabilisant à sa sœur.

— On aurait dit que ce bestiau voulait te dévorer ! s'exclama Camilla ahurie. Quel regard !Enfin bref, allons manger, nous n'avons perdu que trop de temps avec tes mésaventures !

— Bien dit, Cami ! lança Marbilla soulagée. Allons rejoindre Parn…

La brouche fut interrompue par un cri strident. Elle se retourna, le visage à nouveau gagnépar  la   terreur.  L'animal gémissait,  observant   la  brouche avec un regard  immensémenttriste.

— On dirait qu'il ne veut pas que tu le quittes ! fit remarquer Camilla perplexe. Et regarde­

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moi ces yeux, il me fait de la peine ce pauvre bestiau !

— Laissons­le ! s'exclama Marbilla en tentant de dissimuler du mieux qu'elle put la craintedans sa voix afin de ne pas éveiller les soupçons de sa sœur.

— Mais on ne peut tout de même pas le laisser comme ça,  le pauvre !  s'émut Camilla.Regarde­le, il est si triste ! Eh, Parni ! cria­t­elle. Viens voir ce que Marbilla nous a déniché !

— Non ! Ne l'app… balbutia Marbilla. Mais il était trop tard. Parnilla courut en rogne versses deux sœurs.

— Je vous  jure que si vous ne venez pas manger sur le champ,  je mange toute seule !beugla­t­elle furibonde. Oh ! La sorcière observa l'animal avec surprise. Mais pourquoi cetâne a l'air si triste ? demanda­t­elle.

— On dirait qu'il s'est pris d'affection pour Marbilla… dit Camilla attendrie.

— Ah !  persifla Parnilla. En même temps, avec ses cheveux coiffés comme une bourrique,il ne pouvait que la confondre avec une congénère !

— Ah, tiens, voilà  sa propriétaire ! s'écria Camilla en pointant du doigt une femme quidonnait   à   manger   à   des   moutons   dans   le   champs   voisin.   On   va   l’appeler !   Ohé !Madame… ! lança la brouche. Pourriez­vous venir s'il vous plaît ?

Celle­ci posa son seau et se dirigea vers les trois brouches d'un air avenant.

— Bonjour, chères dames ! lança­t­elle avec un grand sourire. Puis­je vous aider ?

— Bonjour,   madame !   répondit   Camilla.   Votre   animal   semble   fortement   contrarié   parnotre  présence.   Pourriez­vous   l’éloigner  de   la  barrière  pour   que  nous   puissions  nousrestaurer dans cet endroit bucolique sans le déranger ? Elle pointa du doigt la table et lesdeux bancs.

— Oh, si ce n'est que ça,  je m'en occupe ! s'engagea la villageoise. Allez ! dit­elle à  sonéquidé  en commençant à   l'amener de force. Viens avec moi, et arrête d'importuner cesbraves gens !

Mais celui­ci rechigna et retourna vers la barrière en courant. Il se mit à braire à tue­tête ense rapprochant de Marbilla.

— On dirait  qu'il  en a vraiment après elle !  insista Camilla. Depuis tout à   l'heure il nesemble pas décidé à la lâcher ! Pour un peu on dirait qu'il en est tombé amoureux !

— Vous avez raison ! s'exclama la villageoise. Je ne l'ai jamais vu dans un tel état ! Et alors,qu'est­ce que tu as, mon grand ? chuchota­t­elle aux oreilles de l'animal.

Celui­ci ne l’écouta pas. Il semblait envoûté par la brouche.

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— Mais   au   fait,   dit   Camilla,   nous   ne   nous   sommes   pas   présentées,   veuillez­nous   enexcuser ! Je m'appelle Camilla, et voici mes sœurs Parnilla et…

— Marbilla, je sais ! coupa la villageoise. J'étais là le jour où votre sœur a posé pour le PetitJournal ! Vous commencez à être connues dans le village ! Certains habitants disent quevous êtes des brouches mais que vous êtes tellement sympathiques que vous pourriez bienêtre   les  premières  unanimement  appréciées   chez  nous !   lança­t­elle  avec  un clin  d’œilamical.

— Mgrmblgr… grommela Parnilla tandis que Marbilla, restée à l'écart pour ne pas être ànouveau la proie du baudet, lui adressa un sourire moqueur.

— Moi, c'est Léonie ! allégua la villageoise.

— Enchantée !   dit   Camilla.   Mais   au   fait,   comment   s'appelle   cette   brave   bête   siaffectueuse ?

— Merlin, madame ! répondit Léonie flattée de l'intérêt que portait la sorcière à son fidèledestrier.

— Merlin ?!   s'exclama   Parnilla.   La   vielle   sorcière   sentit   monter   une   vague   de   rireincontrôlable qui fit frissonner tout son corps.

— Exactement !  s'exclama Léonie.  Maintenant si  vous ne m'en voulez pas,   je vais allezretourner nourrir mes petits qui doivent commencer à s'impatienter ! Et ne vous en faitespas pour ce gaillard, il est inoffensif et débordant d'affection ! Il n'y a pas plus brave quelui ! Allez, mon grand, arrête d'enquiquiner ces demoiselles maintenant ! Au plaisir, chèresdames ! lança­t­elle aux trois sœurs, avant de les quitter pour retourner s'occuper d'autresventres qui criaient autant famine que les leurs. L'âne, quant  à lui, demeura immobile etcontinuait de fixer amoureusement Marbilla.

Une fois la villageoise suffisamment loin, Parnilla libéra son énergie et explosa : « Ah, ah,ah ! Ça, c'est trop fort ! » s'exclama­t­elle en se frappant vigoureusement la cuisse avec samain. Ses deux sœurs la regardèrent ahuries.

— Qu'est­ce que tu as à ricaner comme une bécasse, toi ? demanda Marbilla interloquéepar le comportement étrange de sa sœur.

— Ah ! C'est juste que je viens de réaliser que vous allez bien ensemble, tous les deux ! Unbourricot magicien et une bourrique sorcière ! Ah, ah, ah ! Ne cherche plus, Marbilla, tu asdevant toi ton âme sœur ! Ah, ah, ah !

— Hi, hi, hi ! Elle est bien bonne, celle­là ! ricana Camilla. Maintenant que tu le dis, il estvrai que je les verrais bien se marier, ça pourrait peut­être réconcilier nos deux castes, quisait ?! Hi, hi, hi !

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— D'ailleurs, renchérit Parnilla, ne dit­on pas que l'union fait la force ? C'est bien ça que tunous disais la semaine dernière non, Marbi ?3 Ah, ah ! En tout cas, moi qui te trouvais unpeu faiblarde ces derniers temps, voilà que ce jeune gaillard tombe à pic pour réveiller labrouche qui sommeille très profondément en toi, ah, ah ! 

— Oh,   oh,   oh !   Qu'est­ce   que   c'est   drôle,   comme   on   s'amuse !   ironisa   Marbilla,profondément  vexée  par   les  quolibets  méprisants  de   ses   sœurs.  Elle   se   rapprocha  deMerlin pour lui jeter un regard noir. Laisse­moi, veux­tu ? lui dit­elle droit dans les yeuxavec dédain. Je ne suis pas pour toi ! Mais celui­ci la fixait avec des yeux doux et lui léchale visage avec fougue.

— Ahhhh ! Laisse­moi, sale bête ! cria la sorcière en sursautant d'effroi. La vieille sorcièrerecula d'un pas décidé en jetant un regard féroce au pauvre animal, puis elle lui tira lalangue et tourna la tête en guise de mépris.

— Oh, oh, oh ! ricana Camilla. Regarde le, un vrai prince charmant fou amoureux de sabien aimée ! Et bien, Marbilla, ne sois pas timide ! Qu'attends tu pour monter en selle etchevaucher dans le pré avec ton doux amant ? Ah, ah, ah !

— Elle a raison, Marbi ! renchérit Parnilla. Lâche la bride et embrasse ton beau prétendant,ah,  ah !  D'ailleurs,  Cami,   crois­tu  que si  elle   l'embrassait,   il   se   transformerait  en  beauprince magicien ? demanda­t­elle d'un air complice à sa sœur.

— Je crois  plutôt  qu'il  se   transformerait  en prince sham­âne !  Ah,  ah,  ah !   s'époumonaCamilla, accompagnée par sa sœur aînée dont le visage ruisselait de larmes à force de rire.

— Nia, nia, nia ! s'emporta Marbilla. Vous me traitez de bourrique mais je crois que c'estvous les deux ânesses ! fit­elle en imitant la gestuelle du brave animal.

— Hi­han !  Hi­han !   claironna Merlin  en   regardant   fièrement   sa  dulcinée,   croyant  quecelle­ci tentait d'établir un dialogue avec lui.

— Ah !   Ah !   Ah !   gloussèrent   Camilla   et   Parnilla.   Vois   comme   ces   deux   tourtereauxéchangent déjà  des mots doux ! Comme c'est poétique ! Mais tu as intérêt à  t'entraîner,Marbilla, car ne dit­on pas qu'un mauvais dialogue est le premier facteur de rupture dansles couples ? Ah, Ah, Ah !

— Bon, allez,  fini  la plaisanterie !  s'écria Marbilla furieuse en sortant sa baguette de sapoche. « Alakazour : plus d'amour ! » lança­t­elle en direction de Merlin.

Une fumée grisâtre se forma à la pointe de sa baguette et entoura le baudet, qui poussa uncri   aigu.   Puis   une   forte   explosion   se   fit   entendre   épaississant   la   fumée   qui   devintmulticolore.  Stupéfait,  Merlin émit un braiment en ruant sur place.  La fumée dissipée,l’animal retourna vers la clôture admirer sa belle, comme si de rien n’était.

— Ah ! Ah ! Encore une fois, la magie de Marbilla fait des merveilles ! se gaussa Parnilla

3 Voir l'épisode précédent : Leçon de magie.

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réjouie par ce spectacle.

— C'est pas possible ! grommela Marbilla. Pourquoi ça n'a pas fonctionné ?! Et pourquoiy a­t­il eu cette réaction biz…

— Hic ! hoqueta l’âne en éructant une bulle multicolore qui grossit et flotta en l’air jusqu’àatteindre le nez de Marbilla où, d’un « do » aigu, elle explosa en une multitude de petitesbulles. Celles­ci éclatèrent à   leur tour au visage de la brouche en libérant de nouvellesnotes de musique qui s’égrenèrent en une abracadabrante cacophonie.

— Ohhhhh ! regarde comme l'alchimie opère entre nos deux tourtereaux, Cami ! se moquaParnilla enjouée et captivée par ce spectacle son et lumière. Maintenant notre brave bêtenous prononce une belle symphonie sentimentale ! Ah, ah ! C'est incroyable ! 

— Tu l'as dit, je n'ai jamais vu pareil sortilège ! s'étonna Camilla éberluée. Comment as­tufait ça, Marbi ?

— Parce que tu crois que je l'ai fait exprès, nunuche ? s'exclama Marbilla furibonde. Je n'ensais  rien !  Mon sortilège a  sûrement  dû   réagir  avec  mon autre   sort… heu,  mon autresortie !

— Ton autre sortie ?! demanda Camilla interloquée. Qu'est­ce que tu veux d...

— Hic ! fit à nouveau le quadrupède. Cette fois, une bulle argentée sortit de la bouche del'animal   et   alla   éclater   au   visage   de   Parnilla.   De   multiples   explosions   de   couleurtapissèrent   son   visage.   Hiii !!!!   s'écria   la   brouche   terrifiée.   Qu'est­ce   que   ce   mauditbourricot m'a fait ! Dites­moi, vous deux, je ne vois rien !

— Calme­toi,   Parni !   s'exclama   Marbilla   guillerette.   Tu   as   juste   ton   visage   couvert   demultiples tâches de couleur ! Voilà qui te fera des économies de maquillage et te donneraun air un peu plus jovial ! Hi ! Hi ! ricana­t­elle d'un air moqueur. Il est comique, en fait cetâne ! 

— Ohhh ! s'extasia Camilla époustouflée par ces événements. Il semblerait que cet animalait  développé  un pouvoir  aléatoire  grâce notre sœur !  Epatant !   Je  m'excuse  de  t'avoirraillé, Marbi, quand tu prétendais être une artiste4! Force est de constater que tu viens denous livrer ici une incroyable performance !

— Merci, chère frangine ! répondit Marbilla flattée par la reconnaissance de sa sœur pour àson nouvel exploit involontaire.

— Taisez­vous et allons­nous en ! s'écria Parnilla furieuse. Nous mangerons à la maison !Et ne comptez plus sur moi pour traîner à nouveau dans ce village ! C'était la première etdernière fois, tenez­vous le pour dit ! proclama la brouche en courant rejoindre son logisen hâte.

4 Voir l'épisode 01 : L'arrivée au village.

Page 9: Les Trois Brouches - Episode 04 - Le Prince Charmant

— Eh, attends­nous, voyons ! s'exclamèrent ses deux sœurs. Hi ! Hi ! Hi ! 

— Hi­han ! fit l'équidé déçu de voir sa dulcinée le quitter sans un regard.

— A bientôt, Merlin l'enchanté ! lança Camilla réjouie. Ravie d'avoir fait ta connaissance ! 

Les   deux   brouches   regagnèrent   leur   cabane.   Parnilla   était   déjà   arrivée   et   se   frottaiténergiquement   le   visage   avec   de   l'eau   savonneuse   pour   faire   partir   son   maquillagemulticolore. Camilla commença à mettre la nappe mais Marbilla se rendit compte qu'elleavait oublié  son panier de vivres, préparé avec beaucoup d'amour, au pied de la barrièreclôturant le royaume de son prince charmant. Sommée par ses sœurs d'aller rechercher laprécieuse pitance, elle préféra aller quémander trois bons repas chez Marceline l'épicièreplutôt que de retrouver sa romantique moitié. La brouche se jura de ne plus jamais tenterde tricoter de liens entre les barnas et sa sœur aînée. L'amour, se dit­elle, est un problèmebien trop complexe à gérer avec une simple baguette magique…

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© 2015 – Thomas Bonnecarrere – Imaginaeria Bigorre. Cette œuvre est libérée sous licenceCreative Commons 4.0 International CC BY­SA par son auteur, qui vous encourage à lapartager et la traduire. 

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