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Troubles de la marche Les troubles de la marche et de l’e ´ quilibre dans les syndromes parkinsoniens « plus » Gait and balance disorders in patients with atypical parkinsonian syndromes M.-L. Welter a, * ,b,c , G.W.M. Westby c , N. Chastan c,d a De ´partement des maladies du syste `me nerveux, ho ˆ pital de la Pitie ´-Salpe ˆtrie `re, groupe hospitalier universitaire Est, Assistance publique–Ho ˆpitaux de Paris, 47, boulevard de l’Ho ˆ pital, 75013 Paris, France b E ´ quipe BEBG, Inserm/UPMC UMRS 975, CRICM, Paris, France c Inserm 9503, centre d’investigation clinique, ho ˆ pital de la Pitie ´-Salpe ˆtrie `re, groupe hospitalier universitaire Est, 47, boulevard de l’Ho ˆ pital, 75013 Paris, France d Service de neurophysiologie, centre hospitalier universitaire de Rouen, Rouen, France revue neurologique 166 (2010) 188–195 info article Historique de l’article : Rec ¸u le 13 mars 2009 Rec ¸u sous la forme re ´ vise ´e le 11 mai 2009 Accepte ´ le 25 mai 2009 Disponible sur Internet le 4 aou ˆ t 2009 Mots cle ´s : Atrophie multisyste ´ matise ´e Paralysie supranucle ´ aire progressive De ´mence a ` corps de Lewy De ´ge ´ne ´ rescence cortico-basale Marche E ´ quilibre Keywords: Multiple system atrophy Progressive supranuclear palsy Corticobasal degeneration Dementia with Lewy bodies Gait Balance re ´sume ´ Les syndromes parkinsoniens « plus » d’origine de ´ge ´ne ´ rative constituent un ensemble he ´te ´ roge ` ne de pathologies avec l’atrophie multisyste ´ matise ´e, la paralysie supranucle ´ aire progressive, la de ´mence a ` corps de Lewy et la de ´ge ´ne ´ rescence cortico-basale. Leur profil e ´volutif se distingue de la maladie de Parkinson par l’apparition pre ´coce de troubles de la marche et de l’e ´ quilibre, d’un freezing de la marche isole ´ ou primary progressive freezing of gait ou d’une akine ´ sie pure ou isole ´e. L’origine de ces sympto ˆ mes reste mal connue. L’associa- tion de la perte neuronale du circuit dopaminergique nigrostriatal et de le ´ sions corticales, en particulier dans la de ´ge ´ne ´ rescence cortico-basale et la de ´ mence a ` corps de Lewy, et/ou du tronc ce ´re ´ bral, en particulier dans la paralysie supranucle ´ aire progressive, pourrait rendre compte de la se ´ve ´ rite ´ des signes moteurs et de l’absence ou la faible ame ´ lioration par le traitement par le ´vodopa. D’autres the ´ rapeutiques symptomatiques ont e ´te ´ propose ´es, me ´ dicamenteuses ou chirurgicales, avec des re ´sultats le plus souvent de ´cevants. Les me ´thodes de re ´e ´ ducation centre ´es sur le contro ˆle de l’e ´ quilibre peuvent apporter une ame ´ lioration transitoire. # 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. abstract The degenerative Parkinsonian ‘‘Plus’’ syndromes form a heterogeneous spectrum of pathologies comprising multiple system atrophy, progressive supranuclear palsy, Lewy body disease and cortico-basal degeneration. Their developmental profile is distinguished from that of Parkinson’s disease by the early appearance of gait and balance disorders, isolated freezing of gait, primary progressive freezing of gait or an isolated or ‘‘pure’’ * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M.-L. Welter). 0035-3787/$ – see front matter # 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. doi:10.1016/j.neurol.2009.05.016

Les troubles de la marche et de lâéquilibre dans les syndromes parkinsoniens « plus »

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Page 1: Les troubles de la marche et de lâéquilibre dans les syndromes parkinsoniens « plus »

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 6 ( 2 0 1 0 ) 1 8 8 – 1 9 5

Troubles de la marche

Les troubles de la marche et de l’equilibre dans lessyndromes parkinsoniens « plus »

Gait and balance disorders in patients with atypical parkinsoniansyndromes

M.-L. Welter a,*,b,c, G.W.M. Westby c, N. Chastan c,d

aDepartement des maladies du systeme nerveux, hopital de la Pitie-Salpetriere, groupe hospitalier universitaire Est,

Assistance publique–Hopitaux de Paris, 47, boulevard de l’Hopital, 75013 Paris, Franceb Equipe BEBG, Inserm/UPMC UMRS 975, CRICM, Paris, Francec Inserm 9503, centre d’investigation clinique, hopital de la Pitie-Salpetriere, groupe hospitalier universitaire Est, 47, boulevard de l’Hopital,

75013 Paris, FrancedService de neurophysiologie, centre hospitalier universitaire de Rouen, Rouen, France

i n f o a r t i c l e

Historique de l’article :

Recu le 13 mars 2009

Recu sous la forme revisee le

11 mai 2009

Accepte le 25 mai 2009

Disponible sur Internet le

4 aout 2009

Mots cles :

Atrophie multisystematisee

Paralysie supranucleaire progressive

Demence a corps de Lewy

Degenerescence cortico-basale

Marche

Equilibre

Keywords:

Multiple system atrophy

Progressive supranuclear palsy

Corticobasal degeneration

Dementia with Lewy bodies

Gait

Balance

r e s u m e

Les syndromes parkinsoniens « plus » d’origine degenerative constituent un ensemble

heterogene de pathologies avec l’atrophie multisystematisee, la paralysie supranucleaire

progressive, la demence a corps de Lewy et la degenerescence cortico-basale. Leur profil

evolutif se distingue de la maladie de Parkinson par l’apparition precoce de troubles de la

marche et de l’equilibre, d’un freezing de la marche isole ou primary progressive freezing of gait

ou d’une akinesie pure ou isolee. L’origine de ces symptomes reste mal connue. L’associa-

tion de la perte neuronale du circuit dopaminergique nigrostriatal et de lesions corticales, en

particulier dans la degenerescence cortico-basale et la demence a corps de Lewy, et/ou du

tronc cerebral, en particulier dans la paralysie supranucleaire progressive, pourrait rendre

compte de la severite des signes moteurs et de l’absence ou la faible amelioration par le

traitement par levodopa. D’autres therapeutiques symptomatiques ont ete proposees,

medicamenteuses ou chirurgicales, avec des resultats le plus souvent decevants. Les

methodes de reeducation centrees sur le controle de l’equilibre peuvent apporter une

amelioration transitoire.

# 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

a b s t r a c t

The degenerative Parkinsonian ‘‘Plus’’ syndromes form a heterogeneous spectrum of

pathologies comprising multiple system atrophy, progressive supranuclear palsy, Lewy

body disease and cortico-basal degeneration. Their developmental profile is distinguished

from that of Parkinson’s disease by the early appearance of gait and balance disorders,

isolated freezing of gait, primary progressive freezing of gait or an isolated or ‘‘pure’’

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (M.-L. Welter).

0035-3787/$ – see front matter # 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.doi:10.1016/j.neurol.2009.05.016

Page 2: Les troubles de la marche et de lâéquilibre dans les syndromes parkinsoniens « plus »

akinesia. The origin of these symptoms however remains poorly understood. The associa-

tion of nigrostriatal dopamine neuron loss with either cortical lesions, in the case of cortico-

basal degeneration and Lewy body disease, and/or of the brainstem, in the case of pro-

gressive supranuclear palsy, explains both the severity of the motor symptoms and the lack

of, or minimal, improvement following levodopa therapy. Other symptomatic drug and

surgical treatments have been proposed, but with generally disappointing results. Physio-

therapeutic techniques targeting balance control can bring some temporary improvements.

# 2009 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

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Les syndromes parkinsoniens dits « plus » ou atypiques

representent un groupe heterogene d’affections neurodege-

neratives ayant en commun l’existence d’un syndrome

parkinsonien defini cliniquement (Hughes et al., 1992), associe

a d’autres signes neurologiques. Classiquement, quatre

affections constituent ce groupe : l’atrophie multisystemati-

see (AMS), la paralysie supranucleaire progressive ou maladie

de Steele-Richardson-Olewski (PSP), la degenerescence cor-

tico-basale (DCB) et la demence a corps de Lewy (DCL). L’AMS

est le plus frequent d’entre eux (Quinn, 1989). Elle se manifeste

cliniquement par l’association de signes parkinsoniens,

pyramidaux, cerebelleux et dysautonomiques. On distingue

trois types d’AMS selon le symptome au premier plan : la

degenerescence striatonigrique ou predominent les signes

parkinsoniens, l’atrophie olivo-ponto-cerebelleuse ou predo-

mine le syndrome cerebelleux, et le syndrome de Shy-Drager

avec un syndrome dysautonomique au premier plan (Tison

et al., 2002 ; Albanese et al., 1995 ; Wenning et al., 1994). La PSP

se caracterise par l’association d’un syndrome parkinsonien,

d’une paralysie oculomotrice supranucleaire avec une limita-

tion des mouvements de verticalite et d’une atteinte des

fonctions cognitives avec une demence sous-corticale de type

« frontale » (Litvan et al., 1997a). La DCB est une affection plus

rare comportant un syndrome parkinsonien asymetrique, une

apraxie ideomotrice, une dystonie et des myoclonies (Litvan

et al., 1997b). Enfin, la DCL comporte un syndrome parkinso-

nien associe precocement a une deterioration cognitive dont le

profil est specifique. Il s’agit d’une demence de type

« corticale » caracterisee par un syndrome amnesique de type

hyppocampique (avec syndrome aphaso-apraxo-agnosique),

une alteration des fonctions visuo-spatiales et des fluctuations

attentionnelles (McKeith et al., 2005) avec des symptomes

psychiatriques (delire, hallucinations visuelles et auditives,

troubles de l’humeur) (Aarsland et al., 2001). En debut de

maladie, il n’est pas toujours aise de differencier ces affections

de la maladie de Parkinson dite « idiopathique » (MP).

L’evolution de la symptomatologie neurologique permet

cependant d’orienter le diagnostic. En particulier l’apparition

precoce de troubles de la marche tels que le freezing of gait

(defaut d’initiation de la marche) et d’une instabilite posturale

avec des chutes suggere qu’il s’agit d’un syndrome parkinso-

nien atypique (Muller et al., 2002 ; Wenning et al., 1999). D’un

point de vue neuropathologique, ces affections se caracteri-

sent par l’existence d’une degenerescence des neurones

dopaminergiques de la voie nigrostriatale, mais surtout par

une perte neuronale dans d’autres structures du systeme

nerveux central telles que les ganglions de la base, les noyaux

du tronc cerebral ou le cortex. L’implication de ces lesions

additionnelles dans la survenue des troubles de la marche et

de l’equilibre chez ces patients reste encore mal comprise.

Dans cette mise au point, nous detaillerons les troubles de

la marche et de l’equilibre rencontres au cours de ces quatre

affections et aborderons les donnees neuropathologiques

connues dans le but d’elaborer des hypotheses physiopa-

thologiques a l’origine de ces symptomes.

1. Troubles de la marche

Schematiquement, les troubles de la marche et de l’equilibre

au cours des syndromes parkinsoniens « plus » comportent

plusieurs composantes. Au premier plan, on retrouve ceux

decrits dans la maladie de Parkinson idiopathique, en lien avec

la perte dopaminergique (cf. article de Moreau et al. publie

dans ce numero). Toutefois, la precocite d’apparition de ces

symptomes (Muller et al., 2002), leur severite et la disparition

progressive du benefice du traitement dopaminergique doi-

vent faire evoquer le diagnostic de syndrome parkinsonien

« plus » et rechercher l’existence des signes neurologiques

presents dans ces affections. Chez tous ces patients, il existe

une reduction non specifique de la longueur et de la vitesse de

marche. Chez les patients ayant une AMS ou une DCL, on

retrouve la demarche dite « traınante » classiquement decrite

chez les patients ayant une MP, avec une amelioration par le

traitement dopaminergique (Tison et al., 2002). Chez les

patients avec DCL, cette diminution de la vitesse et de

longueur du pas est accompagnee d’un allongement de la

duree de double appui (Merory et al., 2007). Chez les patients

avec une AMS, en particulier dans le cas des formes

cerebelleuses, une ataxie cerebelleuse avec un elargissement

du polygone de sustentation et une incapacite a effectuer une

marche en tandem ont aussi ete decrites (Wenning et al.,

1997). Chez les patients avec une PSP ou une DCB, la marche

semble moins ralentie, mais l’amelioration par le traitement

dopaminergique est le plus souvent absente d’emblee (Lang,

2005). Chez les patients avec une PSP, au cours de l’initiation

de la marche, il existe une reduction de la longueur et de la

vitesse du pas de 37 % et 56 %, respectivement (Welter et al.,

2007). Ces parametres cinematiques de la marche augmentent

s’il est demande au sujet de faire une marche en condition

« rapide » (Welter et al., 2007), suggerant que la marche des

patients avec une PSP peut s’ameliorer par l’utilisation de

signaux internes, comme cela a ete rapporte chez les patients

parkinsoniens (Blin et al., 1991).

Le freezing de la marche est retrouve chez pres de 45 % des

patients ayant un syndrome parkinsonien « plus » (Factor,

2008), en correlation avec la severite du syndrome parkinso-

nien et en lien avec la presence d’une demence, d’une

incontinence ou d’une tachyphemie (Muller et al., 2002 ;

Giladi et al., 1997). Sa frequence augmente avec la duree

Page 3: Les troubles de la marche et de lâéquilibre dans les syndromes parkinsoniens « plus »

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d’evolution puisqu’elle est d’environ 25 % dans les trois ans

suivant le debut de la maladie et de 47 % en moyenne a six ans

d’evolution (Muller et al., 2002). Le freezing est plus frequent

chez les patients ayant une AMS (40 % a trois ans, 54–75 % a six

ans), les patients avec une PSP ou une DCL (environ 25 % a trois

ans et 54 % a six ans) et plus rare chez les patients avec une

DCB (8 % a 3 ans et 25 % a six ans) (Gurevich et Giladi, 2000 ;

Muller et al., 2002). Lorsqu’il est le seul symptome moteur

pendant plusieurs annees, deux entites nosologiques peuvent

etre distinguees : le syndrome de primary progressive freezing of

gait ou gait initiation failure et le syndrome de pure akinesia.

1.1. Primary progressive freezing of gait et gait initiationfailure

Dans la litterature, il semble que ces deux syndromes, le

primary progressive freezing of gait et le gait initiation failure,

decrivent la meme entite nosologique. Ils pourraient repre-

senter une affection neurodegenerative particuliere dont le

symptome cardinal serait le freezing de la marche. Le freezing

de la marche est defini comme un arret soudain et transitoire

(blocage moteur) de la locomotion. Les patients decrivent leurs

pieds comme englues, colles ou aimantes au sol. Le freezing

peut se manifester a tous les moments de la locomotion et en

particulier lors du demarrage, lors de changements de

direction de la marche comme le demi-tour, en presence

d’un obstacle, dans un espace reduit ou encore a l’approche

d’une destination telle que le lit ou la chaise (Achiron et al.,

1993). Dans le syndrome de freezing progressif primaire de la

marche, le freezing est isole sans autre signe associe pendant

les deux premieres annees (Factor et al., 2002). Les patients ont

une marche normale en dehors des episodes de freezing, une

posture et un polygone de sustentation normaux. Ils sont

indemnes de signes parkinsoniens ou de troubles praxiques

des membres inferieurs et n’ont aucune difficulte a realiser

une marche imitee en position couchee (Achiron et al., 1993 ;

Atchison et al., 1993). Il est a noter que le phenomene de

freezing peut aussi s’exprimer aux membres superieurs dans

les mouvements alternatifs rapides ou dans l’ecriture, mais

aussi dans la parole (Atchison et al., 1993 ; Factor et al., 2002).

L’evolution se fait vers une accentuation progressive en

frequence et en duree des episodes de freezing avec l’apparition

d’une akinesie des membres inferieurs, d’une instabilite

posturale avec des chutes obligeant le patient a se deplacer

en fauteuil roulant dans les cinq ans en moyenne apres le

debut des symptomes (Factor et al., 2002). Les autres

symptomes de la serie parkinsonienne (bradykinesie, rigidite)

peuvent apparaıtre ainsi qu’une hyper-reflexie ou un trem-

blement postural irregulier de type « myoclonique » (Factor

et al., 2002). A aucun moment, ce freezing n’est ameliore par le

traitement dopaminergique, ce qui le differencie du freezing

parfois observe chez les patients ayant une maladie de

Parkinson, survenant habituellement plus tardivement dans

l’evolution (Achiron et al., 1993 ; Factor et al., 2002 ; Giladi et al.,

1992 ; Imai et al., 1993). Des criteres diagnostiques ont ete

proposes a partir d’une serie de 30 patients (Factor et al., 2002) :

� l’

apparition precoce du freezing de la marche (dans les trois

ans suivant le debut des symptomes) ;

� la

predominance du freezing de la marche ;

� l’

absence de signe clinique en faveur d’une maladie de

parkinson ou d’un syndrome parkinsonien « plus » ;

� l’

absence d’argument clinique, biologique ou radiologique

en faveur d’une pathologie neurovasculaire ;

� l’

absence de dyskinesie ou de fluctuations motrices induites

par la levodopa.

Toutefois, l’existence du primary progressive freezing of gait

comme entite nosologique a part entiere reste discutee en

l’absence d’etude neuropathologique prospective (Factor et al.,

2002). Quatre cas neuropathologiques rapportes recemment

par deux equipes differentes (Compta et al., 2007 ; Factor et al.,

2006) suggerent qu’il pourrait s’agir d’un syndrome regroupant

plusieurs etiologies. La premiere equipe retrouvait un cas de

DCL et un cas de degenerescence pallido-nigro-luysienne

(Factor et al., 2006). Pour la seconde, il s’agissait de deux

patients ayant un diagnostic neuropathologique de PSP

(Compta et al., 2007). Il faut toutefois noter que ces deux

patients avaient des chutes precoces (dans la premiere annee),

une paresie oculomotrice de la verticalite et une instabilite

posturale severe environ dix ans apres le debut de la maladie,

l’ensemble du tableau clinique etant en faveur de ce diagnostic

(Litvan et al., 1997a).

1.2. Pure akinesia

L’akinesie pure se differencie du syndrome de primary pro-

gressive freezing of gait ou du gait initiation failure par l’appari-

tion, apres quelques annees d’evolution, de troubles

oculomoteurs (paralysie supranucleaire, nystagmus horizon-

tal, poursuite saccadique. . .), d’une apraxie d’ouverture des

paupieres ou d’une dystonie de la nuque, d’une dysphagie ou

d’une demence (Imai, 1996 ; Imai et al., 1993 ; Riley et al., 1994).

Cette entite representerait une forme particuliere d’evolution

de PSP (Facheris et al., 2008 ; Imai et al., 1993 ; Matsuo et al.,

1991), ce diagnostic ayant ete confirme neuropathologique-

ment chez certains patients (Matsuo et al., 1991 ; Mizusawa

et al., 1993), avec une perte neuronale, une reaction astrogliale

et une degenerescence neurofibrillaire dans les globus pallidus,

le noyau sous-thalamique, la substantia nigra associee a une

gliose du tegmentum mesencephalique. Ce syndrome a aussi

ete exceptionnellement rapporte dans d’autres pathologies

(degenerescence pallido-nigro-lyusienne, degenerescence nir-

gopallidale, maladie de Hallevorden-Spatz. . .) (Factor, 2008).

Finalement, comme certains auteurs le suggerent, il est

probable que les syndromes de primary progressive freezing of

gait et de pure akinesia representent des formes cliniques

distinctes du syndrome de Steele-Richardson-Olewski (forme

classique de la maladie ou PSP) et de la PSP-Parkinsonism

caracterisee par l’existence d’un tremblement, d’un debut

asymetrique de la bradykinesie, d’une dystonie extra-axiale et

d’une amelioration partielle a la levodopa (Williams et al.,

2005, 2007a,b).

2. Troubles de l’equilibre

L’instabilite posturale et l’apparition de chutes precoces dans

l’evolution d’un syndrome parkinsonien sont considerees

comme un critere diagnostique en faveur de la PSP (Litvan

Page 4: Les troubles de la marche et de lâéquilibre dans les syndromes parkinsoniens « plus »

Fig. 1 – Test de limites de stabilite (LOS) chez un patient

avec une paralysie supranucleaire progressive (PSP). Il est

demande au patient de se pencher de la position centrale

vers chacun des plots. Les lignes noires representent les

variations de la projection de la position du centre de

gravite sur le sol. Chez un sujet normal, les lignes entre la

position centrale et les huit cibles peripheriques sont

droites (Ondo et al., 2000).

Typical paths of a patient with progressive supranuclear palsy

during limits of stability (LOS) testing. Patients are asked to

lean from the center spot to each peripheral spot. The lines

track their center of gravity as they do this. Ideally, there

would be straight lines from the center radiating to each of the

eight targets (Ondo et al., 2000).

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 6 ( 2 0 1 0 ) 1 8 8 – 1 9 5 191

et al., 1997a). Toutefois, les troubles de l’equilibre existent aussi

dans les autres syndromes parkinsoniens « plus ». En effet, dans

une etude neuropathologique portant sur 77 patients, 79 a 100 %

des patients avec un syndrome parkinsonien « plus » (PSP, AMS,

DCL et DCB) ont presente des chutes au cours de leur evolution

(Wenning et al., 1999). D’un point de vue clinique, il est difficile

d’orienter le diagnostic sur l’observation des caracteristiques de

l’instabilite posturale et c’est plutot le cours evolutif des

symptomes qui va apporter des arguments pour l’une ou

l’autre pathologie (Tison et al., 2002). Les chutes comme premier

symptome de la maladie sont retrouvees chez 39 % des patients

avec une PSP, 29 % des patients avec une DCB, chez seulement

9 % des patients avec une AMS et dans aucun cas chez les

patients avec une DCL ou une MP (Wenning et al., 1999). La

latence d’apparition des chutes varie aussi en fonction de la

pathologie, avec une moyenne de six, 24, 37 et 48 mois pour les

patients avec une PSP, une AMS, une DCB et une DCL,

respectivement, alors que cette latence est de 118 mois en

moyenne chez les patients ayant une MP (Wenning et al., 1999).

Ces donnees confirment que la presence de chutes precoces est

en faveur du diagnostic de PSP (O’Sullivan et al., 2008). Chez les

patients ayant une PSP, la survenue de chute dans la premiere

annee est un facteur pronostique pejoratif, avec une mediane

de survie de 7,2 ans contre 14,6 ans pour les patients ayant des

chutes apres la premiere annee (Nath et al., 2003). Il existe peu

de donnees sur l’evaluation de l’instabilite posturale dans les

syndromes parkinsoniens « plus ». Chez les patients ayant une

PSP, l’evaluation de la stabilite posturale en position debout

(posturographie) retrouve une alteration du score de stabilite en

comparaison a des sujets normaux ou des patients parkinso-

niens, avec une reduction des limites de stabilite et une

augmentation des oscillations favorisant la survenue de chutes,

ce qui suggere un defaut d’ajustement postural (Ondo et al.,

2000) (Fig. 1). Une alteration de la stabilite posturale au cours de

l’initiation de la marche est aussi retrouvee de facon precoce

chezces patients (Welteretal., 2007). Eneffet, lorsde l’execution

du premier pas, le freinage anticipe de la chute du centre de

gravite avant le poserdupied, presents chez lessujets normaux,

est totalement absent chez les patients atteints d’une PSP en

debut de maladie (Welter et al., 2007) (Fig. 2).

La severite des troubles de l’equilibre et de la marche avec

des chutes recurrentes oblige les patients a utiliser un fauteuil

roulant dans les cinq a neuf ans suivant le debut de la maladie

(Goetz et al., 2003 ; O’Sullivan et al., 2008), avec une mediane de

survie de seulement huit mois lorsque les patients avec une

PSP ont atteint ce niveau de handicap (Goetz et al., 2003).

3. Physiopathologie des troubles de la marcheet de l’equilibre

Les syndromes parkinsoniens « plus » representent donc un

ensemble heterogene de pathologies tant d’un point de vue

clinique que neuropathologique. Toutefois, dans le cours

evolutif de ces affections, les troubles de la marche de type

« parkinsonienne » (ralentissement de la vitesse de la marche,

une reduction de la longueur du pas, freezingde la marche) et les

troubles de l’equilibre avec des chutes representent des signes

moteurs communs. Les troubles de la marche sont lies, au

moins en partie, a la degenerescence du systeme dopaminer-

gique nigrostriatal. Le moindre poids relatif des lesions des

ganglions de la base, en particulier dans le globus pallidus et le

noyau sous-thalamique (NST), en debut de la maladie, explique

l’existence d’une dopasensibilite de ces signes, pendant

plusieurs annees chez les patients ayant une DCL ou une

AMS (Lippa et al., 2007). D’autres lesions pourraient toutefois

rendre compte des troubles de la marche observes chez ces

patients. Dans l’AMS, une relation entre l’atrophie corticale et

les troubles de la marche a ete retrouvee (Gurevich et Giladi,

2000). Dans cette affection, l’existence d’une marche ataxique

cerebelleuse ayant pour origine une atteinte du systeme olivo-

ponto-cerebelleux peut egalement etre incriminee (Gray et al.,

1988). Dans la DCL, des corps de Lewy sont retrouves au sein du

cortex, en relation avec l’atteinte cognitive, ainsi que des

plaques b-amyloıdes et des anomalies vasculaires (Lippa et al.,

2007). Le fait que les patients ayant une maladie d’Alzheimer

presentent des alterations de la marche proche de ce qui est

observe chez les patientsavecDCL (Meroryet al., 2007), avec une

reduction de la vitesse et de la longueur de pas, peut laisser

penser que ces symptomes pourraient resulter, tout du moins

en partie, de ces lesions.

La physiopathologie du freezingde la marche et du syndrome

de pure akinesia reste mal connue. Dans l’akinesie pure et les

PSP-P, en plus du defaut de capture de la fluorodopa F18 ou du

[(18)F] N-(3-fluoropropyl)-2beta-carbon ethoxy-3beta-(4-iodo-

phenyl) nortropane (FP-CIT) dans les striatums refletant la

degenerescence bilaterale du circuit nigrostriatal (Taniwaki

Page 5: Les troubles de la marche et de lâéquilibre dans les syndromes parkinsoniens « plus »

Fig. 2 – Vitesse verticale du centre de gravite pendant

l’initiation de la marche en condition spontanee (gauche)

et rapide (droite) chez un sujet temoin (A) et un patient

avec une paralysie supranucleaire progressive (PSP) (B) (t0 :

debut du premier evenement mecanique ; FO :

decollement du pied pendulaire ; FC : poser du pied

correspondant a la fin de la phase pendulaire ; V1 : vitesse

verticale negative minimale du centre de gravite

correspondant a la chute du centre de gravite ; V2 : vitesse

verticale du centre de gravite au moment du poser du

pied). A. Chez le sujet normal, la vitesse verticale du centre

de gravite decrit une courbe en V avec une chute du centre

de gravite (V1). Avant le poser du pied, il existe un freinage

actif de cette chute avec une augmentation de la vitesse

verticale du centre de gravite (V2). B. Chez le patient avec

une PSP, il n’existe aucun freinage actif de la chute du

centre de gravite avant le poser du pied (V1 = V2), la chute

etant arretee par le poser du pied sur le sol (Welter et al.,

2007).

Vertical velocity of the CG during gait initiation in natural (left)

and fast (right) gait conditions in (A) an individual control

subject and (B) an individual progressive supranuclear palsy

(PSP) patient (t0: time of the onset of the first mechanical

event; FO: time of foot off of the stepping foot; FC: time of foot

contact, i.e. the end of the swing phase; V1: negative peak of

the vertical velocity of the CG; V2: vertical velocity of the CG at

the time of FC). A. In the control subject, the vertical velocity of

the CG showed negative values during the single support

phase and described a V shape (V1 represents the trough of the

V), indicating that the CG was falling. Before footcontact, there

was a reversal in the fall of the CG with an active braking of

the CG fall (V2). B. In the PSP patient, there is no active braking

of the CG fall before foot-contact (V1 = V2), the fall in the CG

being mechanically arrested when the foot hit the ground

(Welter et al. 2007).

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 6 ( 2 0 1 0 ) 1 8 8 – 1 9 5192

et al., 1992 ; Riley et al., 1994 ; Park et al., 2009), il existe une

reduction du metabolisme du glucose dans le cortex frontal, le

striatum (Taniwaki et al., 1992 ; Riley et al., 1994) et le tronc

cerebral (Park et al., 2009) suggerant l’existence de dysfonc-

tionnementau seindecesregions. Deplus, unsyndromedepure

akinesia a ete rapporte chez des patients ayant des lesions

bipallidales (Feve et al., 1993). Ce syndrome pourrait donc

refleter l’existence de lesions du cortex frontal, de ses

connexions avec les ganglions de la base ou des ganglions de

la base eux-memes. Dans le syndrome de primary progressive

freezing of gait, les etudes en B-CIT single-photon emission computed

tomography (SPECT) retrouvent peu ou pas d’atteinte du circuit

nigrostriatal (Jennings et al., 2004). Certains auteurs suggerent

l’existence de lesions du cortex frontal a l’origine de ce

syndrome (Atchison et al., 1993), sans que cela ait ete confirme

par les etudes de la perfusion cerebrale par SPECT (Fabre et al.,

1998) ou les approches neurophysiologiques. En effet, le

potentiel de preparation motrice lors de l’initiation de la

marche est normal chez ces patients, suggerant l’integrite

fonctionnelle du cortex frontal et en particulier l’aire motrice

supplementaire (Vidailhet et al., 1995). L’existence d’une

correlation entre la presence d’un freezing de la marche et

l’incontinence urinaire suggere que ces deux symptomes

resultent d’un mecanisme physiopathologique commun. Les

troubles urinaires des syndromes parkinsoniens « plus » sont en

effet la consequence d’une hyperactivite du detrusor secon-

daire a un dysfonctionnement des afferences striatales se

projetant vers les noyaux du tronc cerebral (dont le centre

pontique de la miction) (Fletcher et Bradley, 1978). Au sein du

tronc cerebral, le noyau pedonculopontin (NPP) et le noyau

cuneiforme (NC ou region locomotrice mesencephalique) sont

connus pour leur role dans la locomotion et la posture chez

l’animal (Prentice et Drew, 2001 ; Takakusaki et al., 2003). Ils

recoivent des afferences descendantes provenant des ganglions

de la base qui en modulent leur activite (Takakusaki et al., 2003).

Chez l’homme, l’apparition d’un defaut d’initiation de la

marche chez un patient apres lesion hemorragique de la

jonction pontomesencephalique et du NPP droit (Masdeu et al.,

1994) ou d’un freezing de la marche chez un patient apres une

lesion ischemique bilaterale du NPP (sans autre lesion cerebrale

visible sur l’imagerie par resonance magnetique [IRM]) (Kuo

et al., 2008) est en faveur de l’implication de cette structure dans

le controle de la locomotion chez l’homme. Dans la maladie de

Parkinson et certains syndromes parkinsoniens atypiques (en

particulier la PSP), les etudes post-mortem montrent que les

lesions dopaminergiques de lavoienigrostriatale sontassociees

a une perte neuronale dans le NPP (Hirsch et al., 1987). In vivo, la

surface mesencephalique mesuree en IRM est reduite chez les

patients ayant une plus grande instabilite posturale et/ou un

defaut des ajustements posturaux au cours de l’initiation de la

marche avec une absence de freinage anticipee de la chute du

centre de gravite (Chastan et al., 2009a). Un double mecanisme

pourrait donc rendre compte de l’implication du NPP dans les

troubles posturaux et de la marche au cours de ces syndromes

parkinsoniens :

� u

n dysfonctionnement secondaire a la perte

dopaminergique ;

� l’

influence propre de la lesion de cette structure sur ces

cibles (thalamus et noyaux gris centraux via les voies

efferentes ascendantes et moelle epiniere via les voies

descendantes).

Les consequences fonctionnelles de la perte dopaminer-

gique sur l’activite du NPP sont discutees et les resultats

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different selon les modeles. Ainsi, les neurones du NPP

pourraient etre hyperactifs (Breit et al., 2001), en particulier

ceux projetant au NST (Orieux et al., 2000). Pour d’autres

auteurs, la denervation dopaminergique serait a l’origine

d’une hypoactivite de ces structures par une augmentation de

l’inhibition GABAergique provenant des voies de sortie des

ganglions de la base (Takakusaki et al., 2003). Le role specifique

du NPP sur la marche et l’equilibre est aussi directement

suggere par les effets benefiques de la stimulation electrique a

basse frequence de cette structure sur les signes axiaux de la

MP (Stefani et al., 2007). Par ailleurs, la modulation de l’activite

des neurones de la SNr, qui projette des afferences inhibitrices

sur le NPP et le NC, par la stimulation electrique induit une

amelioration de l’instabilite posturale et du freinage anticipee

de la chute du centre de gravite chez les patients parkinso-

niens (Chastan et al., 2009b). L’ensemble de ces donnees

corrobore donc l’hypothese de l’implication de ces structures

dans le controle postural au cours de la marche chez l’homme.

La perte neuronale au sein de ces regions pourrait entraıner

l’apparition de troubles de la marche et de l’equilibre (Masdeu

et al., 1994 ; Kuo et al., 2008), non ameliores par le traitement

dopaminergique que ce soit d’emblee dans la PSP ou

tardivement chez les patients avec une MP (Pahapill et Lozano,

2000). Dans la DCB, alors qu’une perte neuronale de ces

structures n’est pas classiquement decrite, les chutes repre-

sentent le premier symptome dans environ 30 % des cas

(Wenning et al., 1999). Dans cette affection, l’atteinte

predomine au sein du cortex frontoparietal (peri-rolandique),

le plus souvent asymetrique, en association a une degene-

rescence de structures des ganglions de la base (striatum,

substantia nigra [SN], globus pallidus [GP], NST) (Schneider

et al., 1997). Les chutes pourraient donc resulter de l’atteinte

du cortex, des ganglions de la base ou des voies de projections

entre ces regions. Chez l’homme, il existe une degradation des

capacites d’adaptations posturales lors de la realisation d’une

tache cognitive complexe (Woollacott et Shumway-Cook,

2002). L’application d’une perturbation de l’equilibre chez

les sujets sains en position debout statique entraıne une

activation des cortex frontal et parietal, incluant la region peri-

rolandique (Mihara et al., 2008). Ces donnees sont en faveur du

controle cortical de l’equilibre chez l’homme. Des lesions

corticales dans ces regions, comme celles observees dans la

DCB, pourraient donc favoriser la survenue de chutes chez ces

patients (Blahak et al., 2009 ; Nutt et al., 1993).

4. Traitement des troubles de la marche et del’equilibre

Il n’existe malheureusement a ce jour aucun traitement

permettant de ralentir le processus neurodegeneratif dans ces

affections. Les traitements proposes sont symptomatiques et

s’appuient sur des strategies medicamenteuses, chirurgicales

ou kinesitherapeutique avec des resultats souvent decevants

sur les troubles de la marche et de l’equilibre.

La levodopa reste le traitement de premiere intention chez

ces patients avec une amelioration variable en fonction du

diagnostic. Les troubles de la marche chez les patients avec

une AMS ou une DCL sont classiquement ameliores, tout du

moins au debut de l’evolution, ainsi que la rigidite axiale et la

posture (Wenning et al., 2005). Chez les patients avec une PSP

ou une DCB, la dopasensibilite de ces symptomes est en

general absente mais peut s’observer dans quelques cas (Lang,

2005). Pour les troubles de la marche et de l’equilibre de type

non-dopasensibles, les etudes ont surtout ete realisees chez

des patients avec une PSP typique ou atypique (primary

progressive freezing of gait [PPFG], pure akinesia [PA], PSP-P).

Dans l’hypothese de l’implication des systemes noradrener-

giques dans la physiopathologie du freezing de la marche, la L-

threo-3,4-dihydroxyphenylserine a ete proposee en ouvert

chez un patient ayant une PSP avec une amelioration

transitoire de ce symptome (Yamamoto et al., 1997). Les

medicaments a-2 antagonistes se sont reveles inefficaces sur

les troubles de la marche et de l’equilibre, meme pour des

doses elevees (Ghika et al., 1991 ; Rascol et al., 1998). En raison

de l’atteinte cholinergique connue chez ces patients, des

agents anti-(scopolamine) ou pro-cholinergiques (donepezil,

physostigmine) ont ete proposes sans effet significatif sur la

motricite (Jackson et al., 1983 ; Litvan et al., 1989 ; Litvan et al.,

2001). Chez huit patients avec une AMS, dans une etude en

ouvert, l’amantadine a la dose de 400 mg/j a induit une

amelioration non significative du handicap moteur parkinso-

nien ( p = 0,058), sans effet notable sur la marche ou l’equilibre

(Wenning, 2005).

La stimulation electrique corticale ou cerebrale profonde a

ete proposee chez quelques patients. La stimulation bilaterale

du NST ne permet pas d’amelioration des symptomes moteurs

non-dopasensibles chez les patients ayant une AMS (Chou

et al., 2004 ; Visser-Vandewalle et al., 2003), avec peut-etre une

tendance a l’aggravation des signes axiaux tels que la

dysarthrie, les fausses-routes ou les troubles de la marche

(Chou et al., 2004 ; Tarsy et al., 2003). Chez un patient avec une

AMS, la stimulation bilaterale du GPi s’est averee inefficace

(Lambrecq et al., 2008). De facon interessante, la stimulation

bilaterale du cortex moteur a permis une amelioration

significative de la marche chez un patient ayant un syndrome

de pure akinesia, persistant un an apres la chirurgie (Tani et al.,

2007).

Plusieurs techniques de reeducation ont ete proposees

dans des etudes en ouvert, parfois randomisees, avec des

ameliorations variables. Chez dix patients avec une PSP, la

reeducation de l’equilibre associe a un entraınement oculo-

moteur et visuel permet une amelioration significative des

parametres cliniques et cinematiques de marche (Up & Go

test, longueur du pas, temps de simple appui et temps de

double appui), en comparaison a la reeducation de l’equilibre

isolee (n = 9) (Zampieri et Di Fabio, 2008). Enfin, l’utilisation du

fauteuil roulant doit etre recommandee chez les patients

lorsque l’instabilite posturale devient majeure permettant de

prevenir les chutes et leurs consequences, mais aussi de

garder un degre d’autonomie pour les deplacements.

5. Conclusion

Les troubles de la marche et de l’equilibre sont frequents et

severes au cours des syndromes parkinsoniens « plus ». De

facon recente, l’implication predominante de lesions ou de

dysfonctionnements au sein de la region mesencephalique, en

particulier le noyau pedunculopontin, dans l’apparition de ces

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troubles a ete proposee. Mais les strategies therapeutiques

pour tenter d’ameliorer ces troubles chez ces patients restent

encore a ce jour decevantes.

6. Conflits d’interets

Les auteurs n’ont pas de conflits d’interets a declarer.

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