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Les Vacances de Lou T1 - ekladata.comekladata.com/oO7W8gp18qikaiKry9nK7fc_hxo/Les... · Sa femme est décédée ... — La porte est ouverte ! *** Je sens que l’alcool commence

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LES VACANCES DE LOURomance

Aurelie Infinity

LES VACANCES DE LOU

Romance

ISBN 978-2-37447-152-5Dépot Légal - Septembre 2016

Imprimé en France © Erato–EditionsTous droits réservés Cette œuvre est protégée parle droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privédu client. Toute reproduction ou diffusion au profit de

tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cetteœuvre, est strictement interdite et constitue une

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Du Même Auteur : - Lui seulement lui

Erato-Editions - Aout 2016

- Elle seulement elleErato-Editions - Septembre 2016

Chapitre 1 : LOU — Le départJe suis tranquillement installée sur mon

balcon pour profiter de ma premièrejournée de vacances. Le soleil, le cielbleu, les oiseaux qui chantent. La musiqueen fond sonore et aussi le verre deMartini que j’ai dans la main. Les glaçonstintent quand je les fais tourner etj’apprécie ce bruit. Celui des vacances !Boston ne va vraiment pas me manquer, letemps de mon séjour avec Paula sur l’îlede San Andres. Qu’est-ce que j’ai hâted’être à demain pour nous envoler loind’ici et de profiter un maximum de cetteîle.

— À quoi tu penses ?

Paula me fait sortir de ma petiterêverie, je tourne la tête vers elle. J’aimecette fille plus que tout au monde, nousnous connaissons depuis sept ans et je neme suis jamais pris la tête avec elle. Elleest tout pour moi, je peux compter surelle.

— À demain, j’ai tellement hâte d’yêtre !

Nous nous mettons à rire si fort que monvoisin se penche pour voir ce qu’il sepasse. Je lui fais signe de la main.

— Bonjour, Koll !— Les filles, vous êtes ravissantes !— Merci beaucoup.

Il a au moins soixante-quinze ans, maisc’est un amour, il est toujours là quandj’ai besoin de lui. Sa femme est décédéeil y a un peu plus de deux ans maintenant,je me souviens qu’elle était toujours bienapprêtée et toujours souriante. Unpincement au cœur me dicte de l’inviter àmanger avec nous.

— Vous venez vous joindre à notrebarbecue improvisé ?

— C’est tellement gentil, je vousrejoins de suite et je prends le champagne!

— La porte est ouverte !***

Je sens que l’alcool commence à faire

son effet. Au bout de trois Martini, deuxverres de vin et une coupe de champagne,ça craint. Demain, je vais avoir mal aucrâne ! Koll nous fait rire en nousracontant sa jeunesse, nous n’en pouvonsplus avec Paula ! C’était tellementdifférent et les hommes avaient tellementplus de classe que maintenant.

Nous avons aussi ingurgité tout ce qu’ily avait à manger et le pot de glace mentheet pépites de chocolat n’a pas fait longfeu, lui non plus. Je suis H.S. ! Je bâilletellement fort que Paula se décroche lamâchoire une minute après moi. Monvoisin sourit.

— Mesdames, allez vous coucher.Je regarde le bazar qu’il faut que je

range et grimace. Paula, elle est partie secoucher, la lâcheuse. Koll s’approche demoi et me prend gentiment la main.

— Lou, laissez-moi vos clefs et demain,je viendrai ranger tout ça.

— Oh, mais non, je vais le faire !— Laissez, je vous dis ! Vu que je dois

venir m’occuper de vos poissons et devotre courrier, je le ferai.

Je prends ce vieux bonhomme dans mesbras pour le remercier de sa gentillesse,j’ai trop de chance, quand même.

— Merci, Koll, vous êtes tellementgentil.

— Il n’y a pas de quoi, ma petite Lou.Vous me ramènerez un souvenir en guise

de remerciement.— Je n’y manquerai pas, promis !

***Je suis dans les bras de Jordan, je me sens

bien. Les rires des enfants qui jouent à labalançoire me donnent le sourire. J’aitellement hâte d’en avoir un à moi ! Un petitgarçon qui aurait ses yeux d’un vert profond.Ses bras se resserrent autour de moi, ilm’embrasse sur l’épaule.

— Je t’aime, Lou.

— Je t’aime, Jordan.

Bordel de merde ! Je me réveille ensursaut et en sueur, j’écarquille les yeuxavant de me redresser dans mon lit. Moncœur se serre au rêve que je viens defaire. Ça fait tellement longtemps que je

n’ai pas rêvé de lui. Je pense que l’alcoola fait remonter des souvenirs. Je regardel’heure et décide de me lever, de toutefaçon, le réveil devait sonner dansquarante-cinq minutes. Je vais jusqu’à masalle de bain et fais couler l’eau de madouche. J’ai une gueule à faire peur, jesens le mal de tête me gagner. Super ! Jerentre sous l’eau et la tension de mesépaules part peu à peu. Je n’aime pasrêver de Jordan, j’ai à chaque foisl’impression qu’il n’est qu’un souvenir.

***

Je suis revigorée après deux cafés biencorsés ! Je décide qu’il est temps quej’aille réveiller ma petite marmotte Paula.J’entre dans ma chambre d’amis sans

faire de bruit. Putain, elle va m’engueuler! J’ouvre d’un coup les stores et me metsà crier.

— DÉPART DANS UNE HEURE !Elle se lève d’un bond en petite culotte

rose avant d’écarquiller les yeux.— Lou ! T’es complètement folle ?Je me mets à rire, elle m’envoie son

oreiller.— Dépêche-toi !!!— Aïe, ma tête ! Sérieux, tout ce

liquide, plus jamais !— Arrête. Oublie pas : cocktails à

volonté à l’hôtel...— Ah oui, c’est vrai !

***

Nous sommes dans l’avion, je me sensbien, Paula a déjà décroché et roupille àcôté de moi. Je suis comme une pileélectrique, je ne sais pas comment ellefait pour pioncer ! Une voix nous annonceque, dans vingt minutes, nous serons enfinà San Andres. Je commence à m’agitersur mon siège, ce qui réveille mon amie.

— Pourquoi tu tortilles du cul commeça ?

— On y est, ma chérie ! Et je ne tortillepas du cul !

Je regarde par le hublot et aperçois auloin la piste d’atterrissage. Paula et moicramponnons nos mains quand l’avioncommence sa descente ! Avant même de

mettre le nez dehors, nous pouvons sentirla chaleur. C’est déjà tellement agréable.

***

Nous sommes enfin devant l’hôtelCasablanca et nous restons bouche béepar ce qu’il se présente devant nous.C’est extraordinairement beau et trèschic. À l’image de ce que nous avons vusur internet. Un homme d’une vingtained’années s’approche de nous et seprésente sous le nom de Handy, il nousexplique qu’il sera celui qui prendra soinde nous pendant ce mois de vacances. Engros, nous aurons un bipeur à garder surnous et dès qu’il nous faudra quelquechose, il sera nécessaire de le sonner !Paula approuve, un grand sourire apparaît

sur son visage ; je vois déjà ma meilleureamie abuser de cet homme ! Il attrape lechariot avec nos valises et nous demandede lui suivre.

— Tu penses qu’il fait aussi dans leservice privé ?

— Paula !— Bah quoi ? Je demande !— Grande malade !— Attends, tu as vu ses fesses ?Je jette un œil ; effectivement, elles ont

l’air bien. Mais ce n’est pas une raisonpour fantasmer sur lui !

Après avoir eu une visite guidée, Handynous informe qu’il nous emmène dansnotre suite. Il s’arrête devant une grande

porte blanche ornée de sculpturesmagnifiques. Il ouvre la porte à l’aided’une carte et nous invite à entrer. Nomde Dieu, c’est magnifique ! Je restescotchée devant tant de beauté. Paulapousse un petit cri, je me retourne verselle. Nous nous mettons à sauter, rire,chanter comme deux adolescentes, pour leplus grand bonheur du maître d’hôtel. Jefais le tour de la suite avec elle, nosparoles ne sont que des oh et des ahdepuis que nous sommes arrivées. Handynous donne deux cartes et deux boîtiersavant de prendre congé poliment.

— Tu te rends compte, c’est incroyable!

— C’est juste magnifique, soupiré-je.

— À nous les vacances !— Yes, à nous les vacances !Elle appuie sur le boîtier ce qui fait

revenir Handy cinq minutes plus tard.Elle hausse les épaules quand je laréprimande à voix basse. Nous nesommes pas là pour emmerder lepersonnel.

— Pourrait-on avoir deux cocktails, s’ilvous plaît ?

— Mais bien sûr. Je reviens de suiteavec le cocktail du jour mesdames.

À peine a-t-il refermé la porte que jelance un regard en coin à Paula.

— Quoi ?— Tu exagères !

— Il est là pour ça, non ?— Mais quand même, nous venons

d’arriver, Paula !Tout à coup, un bruit nous guide sur la

terrasse et là, la magie opère sur moi, ledécor extérieur est magnifique. Piscine,bain-de-soleil et surtout des mecs et desmecs à couper le souffle à perte de vue.

— Bordel de merde, je suis au Paradis !Pince-moi, Lou !

Je fais ce qu’elle me demande avec ungrand sourire.

— Aïe !— Bah quoi ?— Pas en vrai, banane ! C’était une

métaphore. Je vais avoir un bleu

maintenant.

Bla-bla-bla ! Deux secondes plus tard,elle a déjà oublié.

— Viens, on se change et on descend !Il ne faut pas me le dire deux fois !Handy nous apporte nos cocktails et

nous trinquons à nos vacances. Nousdécidons aussi de prendre une doucherapide avant de nous changer. Pour mapart, je pue la transpiration et une doucheaux parfums des îles, il n’y a rien demieux ! Je suis devant le miroir en trainde m’étudier, j’ai revêtu une robe bleuturquoise que j’ai dénichée sur le net etqui est très jolie. J’hésite à attacher meslongs cheveux bruns ou les laisserpendre. J’opte finalement pour une tresse

sur le côté de ma nuque. Ma peau estblanche et mes yeux bleus portent encoreles traces de notre petite fête d’hier.Alors, je pose mes lunettes de soleil surmon nez avant de prendre ma petitepochette avec mon téléphone et ma crèmesolaire. Ça fera l’affaire et puis noussommes en vacances, pas le temps de sepréoccuper de mon physique ! Je rejoinsPaula, plus belle que jamais dans unerobe orange, dans le petit salon et nousvoilà parties au bord de la piscine. Viveles vacances !

Chapitre 2 : LOUPremier jour :Mon Dieu, ce soleil ! Je suis au paradis

! Allongée sur mon transat en train de mefaire dorer la pilule. C’est tellementagréable, et les gens sont tellementgentils, que ça fait du bien ! J’en avaisgrand besoin ! J’ai mis de côté pendantdeux ans pour m’offrir ce voyage de rêve.Autant vous dire que j’avais mon cœur envrac quand je voyais une belle paire dechaussures ou de belles fringues, mais çaen valait la peine quand je vois commentje me prélasse. Handy n’est pas loin denous et nous jette des regards régulierspour voir si nous n’avons besoin de rien.

Je dois dire que ça me dérange un peu dedevoir sonner quelqu’un pour avoirquelque chose, moi qui viens d’un mondetrès simple. Mais c’est son métier, il estpayé pour ça.

— Paula remet de la crème dans mondos, s’il te plaît.

Elle tend le bras pour attraper mon tubeet m’en tartine. C’est froid et cela me faitfrissonner, mais la chaleur du soleilréchauffe vite ma peau.

— À toi !Je m’assois et, à mon tour, je lui tartine

les fesses et le dos. Les gens vont peut-être penser que nous sommes lesbiennes ?Après tout, je m’en fiche, je ne suis pasici pour faire des rencontres, mais plutôt

pour me ressourcer. Je reprends ma placeet réajuste mes lunettes de soleil aprèsavoir fini. Je suis dans un état desomnolence quand, d’un coup, une voixdans un micro se fait entendre en écho.Tout mon corps se met à frissonner.Bordel, c’est quoi ce délire ? Je meredresse et essaie de savoir d’où provientle bruit, mais je ne vois rien.

— Paula, t’entends ça ?— La vache, il a une voix à chatouiller

les femmes, celui-là !— Tu m’étonnes !— S’il est aussi beau qu’il chante, ça

doit être quelque chose, ce mec...Elle a raison. Bon Dieu ! Pendant

l’espace d’un instant, j’ai eu l’impressionque mon cœur se réveillait de sonsommeil. J’ai soif tout à coup, et, commepromis, je bipe Handy. Il rapplique illicopresto !

— Que puis-je pour vous dame Lou ?Je rigole, je ne vais pas m’y habituer.— Je voudrais quelque chose de frais et

sans alcool de préférence, s’il vous plaît.Il me fait un signe de tête et attend que

Paula lui demande quelque chose. Je nesais pas ce qu’elle fout, mais elle a l’airendormie.

— Paula, tu veux quelque chose ?Elle secoue la tête négativement, je

hausse les épaules en regardant Handy, il

me fait un petit sourire et se retourne.Mince, j’ai oublié de lui demander d’oùprovenait la voix du gars ! Je suis dansmes pensées quand il revient, en metendant le verre il me fait revenir à laréalité. Je regarde ce qu’il m’agite sousle nez avec perplexité.

— C’est quoi ?— Jus de pastèque, c’est très bon,

goûtez.Je prends une gorgée et effectivement,

c’est excellent et très frais.— C’est délicieux... Un petit son

d’extase sort de ma bouche.Il me fait un genre de révérence pour

prendre congé, mais je l’arrête repensant

à la voix.— Excusez-moi, Handy, mais cette

voix, vous savez d’où elle provient ?— Je crois que c’est celle du club

derrière l’hôtel, madame.— Vous savez qui ça pourrait être ?Il me répond que non de la tête, je le

remercie quand même. Il s’en va. Ça nem’avance pas ! La voix refait sonapparition quelques minutes plus tard, jereçois encore une décharge électrique.Bah merde alors, qu’est-ce qu’il meprend ? J’écoute attentivement, lesparoles me font fondre, c’est l’histoired’un homme au cœur brisé qui rechercheune femme pour le consoler. Ça me faitmême monter les larmes aux yeux. Je suis

pathétique et j’en rigole, agacée. J’espèrequ’il va rester sur l’île pour que je puissemettre un visage sur cette voix ! Je finismon cocktail et décide qu’il est temps queje réveille ma marmotte.

— Paula ?— Hum ?— On va piquer une tête ?— Deux minutes...— Paula, tu n’es pas venue ici pour

roupiller, alors bouge ton popotin !— C’est bon, j’arrive !Elle se redresse et pose la main sur son

front. Ses yeux s’ouvrent d’un coup, ellesourit. Je sais maintenant qu’elle est enmode attaque de beaux mecs et

franchement, ici, ce n’est pas ce quimanque ! Elle se lève avec grâce et faittomber sa petite robe rose, même moij’écarquille les yeux de ce que je vois.

— Paula, tu as mis un string ?— Oui. Sinon, après, j’aurai les fesses

beaucoup trop blanches et ce n’est passexy du tout !

Je me mets à rire franchement, elle poseune main sur sa hanche en faisant mined’être offensée. Je vois le bonhommederrière elle se faire taper dessus par safemme et cela ravive mon hilarité. MonDieu, cette fille aura ma peau ! Je me lèveet enlève ma robe bleue à mon tour. Monmaillot de bain est moins explicite que

celui de mon amie mais il est joli, lesperles reflètent sur mon corps avec lesoleil. Je tends la main à Paula, nousmarchons ensemble jusqu’à la piscine. Jetouche l’eau avec mon pied, je suisagréablement surprise par la température.Mon corps entier apprécie la caresse del’eau quand j’y entre, je me mets à nagersans perdre une seconde. Je me retourneau bout d’un moment et me rends compteque j’ai perdu Paula ! Sauf qu’en faisantun tour d’horizon je la remarque au bar etbien sûr avec des mecs. Je vais êtreobligée d’aller la chercher, quellechieuse ! Je sors de l’eau et récupère maserviette avant de m’avancer doucement,mais je décide de stopper. Ils sont tousplus beaux les uns que les autres, c’est

juste waouh des mecs comme ça ! Jeravale ma salive et prends sur moi,rentrer dans un cercle de beaux mecscomme ça c’est juste irréel.

— Hum…Excusez-moi…Un des gars se retourne et me fait un

sourire d’acteur à couper le souffle.Merde, je rougis ! Bien sûr, il leremarque direct.

— Salut, ma belle. Moi, c’est Angelo.Je ne veux pas paraître malpolie, alors

je lui sors un truc complètement idiot :— Je veux juste voir mon amie Paula,

s’il vous plaît.Il tend le bras gracieusement et incline

la tête. Ouf ! Putain, j’ai eu chaud, je

l’aurais bien bouffé tout cru. Quoi ? Maisqu’est ce que je raconte, moi ?

Je tape sur l’épaule de Paula, elle seretourne, un sourire aux lèvres.

— Lou !— Paula, on y va, j’ai faim.— Encore un peu, s’te plaît !!!!Elle me lance un regard de chien battu,

je me laisse encore une fois berner parses yeux de biche.

***

Il est plus de vingt heures quand nousremontons dans notre suite et noussommes bien entamées. Paula veut sortiren boîte avec les gars. Oui, je sais, c’estcliché, mais ce sont «nos potes» comme

ils le disent si bien. En tout cas, ils sontsuper cool ! Et ce soir, ils sortent etveulent nous emmener avec eux. J’aid’abord refusé, mais Paula m’a encorefait les yeux du Chat Botté, je n’ai pas purésister, une fois de plus.

— Nous ne restons pas longtemps, je tepréviens Paula.

— Promis, mon petit sucre !Je retourne à la salle de bains pour une

douche rapide et me préparer. Cette fois-ci, je vais essayer de m’amuser et de nepas décevoir ma meilleure amie !

***

— Waouh, Lou, t’es magnifique !— Tu trouves ? Au passage, toi, t’es

carrément canon !Paula porte une robe noire, courte, mais

vraiment belle qui lui va à merveille.— Regarde les jambes que tu as, je te

jure, je suis jalouse !Je me tourne vers le miroir et me

regarde une dernière fois pour voir si jen’en ai pas trop fait. Ma robe est mauve,échancrée dans le dos avec des chaînettesle long de ma colonne vertébrale. J’ai faitun chignon et mis un peu de maquillage,une paire de boucles d’oreilles en formede spirale accompagne le tout.

— Je te dis que tu es sublime, mon petitchou, crois-moi !

Je me retourne, nous nous faisons un

câlin, je sais que je peux compter sur sonavis. Nous voilà parties.

***

La boîte commence à être pleine àcraquer. Il y a des danseuses sexy qui sedéhanchent sur des petites scènes,l’ambiance est au rendez-vous. Je prendsplaisir à me laisser distraire par les gars.Je suis contente d’être ici et Paula esttellement radieuse qu’elle me donneencore plus envie de m’amuser. Soudain,«cette voix» arrive de nulle part, celle decet après-midi. J’essaie de voir d’où çaprovient, mais une foule est agglutinéeprès de la scène, en contrebas. Je ne voisrien, les frissons reviennent et ma peau seforme de chair de poule. Mon cœur se

réveille encore un coup. Je dois mettre unvisage sur cette voix...

Chapitre 3 : LOUJ’essaie de me pencher mais rien n’y

fait : je n’arrive pas à voir qui est surcette maudite scène ! Tant pis, je ne vaisquand même pas faire tout le tour pourdescendre, en plus c’est beaucoup tropgrand, je me perdrais.

— Ah ! Quentin ! Il fait toujours autantd’effet...

Je me retourne sur la voix qui vient dedire ça et me rends compte que c’estAngelo avec un autre de ses potes quiparle. Je m’approche, trop curieuse.

— Tu le connais ?— Bien sûr ! C’est Quentin le tombeur !

Je ne sais pas pourquoi, mais je me sensrougir.

— Ah bon et c’est qui ? Il est connu ?— Ouais, il vient ici tous les ans, en

juillet, pour faire ses concerts.— Ah… OK.Bon, c’est déjà pas mal, j’ai un prénom

! Sa voix reprend de plus belle, si basseque j’ai l’impression qu’elle me faittrembler de la tête aux pieds. Bordel demerde ! Je ferme les yeux et écoute lesparoles attentivement. Cette fois-ci, c’estdifférent «ça parle d’un homme qui faitcourir ses mains sur le corps d’unefemme ce qui la fait monter au septièmeciel».

Quelque chose se contracte dans monbas ventre, quelque chose que je n’ai pasressenti depuis deux ans et demi. Leslarmes me montent aux yeux, je mecramponne à la rambarde devant moi.Mais la voix de Quentin est tellementintense que je ne peux que l’écouter. Jesens une main se poser sur mon épaule,quand je me retourne, je me retrouve faceaux yeux noisette d’Angelo.

— Hey princesse, tu vas bien ?— Oui, enfin je crois...Il me tend sa main et relève les sourcils.

Je souris et lui donne la mienne. Il me faitvenir vers lui doucement, je me retrouvecollée contre son torse pour une danselangoureuse sur la voix experte de

Quentin. Je ne sais pas combien dechansons nous avons enchaînées, je m’enfous pas mal, mais j’ai très chaud et trèssoif.

— Il me faut un verre d’eau fraîche !— Viens avec moi, nous allons aller au

bar, car là il n’y a pas d’eau.Nous éclatons de rire, je le suis. Nos

mains ne se lâchent pas, en deux tempstrois mouvements, nous sommes en bas.Angelo joue des coudes, mais continue deme cramponner. Nous arrivons au bar enun seul morceau. Dieu soit loué ! Jen’entends pas ce qu’il raconte, mais il metend rapidement un verre d’eau. Je suiscomplètement déshydratée, je le bois culsec.

— Quelle descente !Je souris et pose le verre sur le

comptoir, je remarque une bouteille d’eaudans sa main et pense qu’il a anticipé leschoses pour moi jusqu’à tant que je merende compte que nous nous dirigeonsvers la scène. Mais qu’est-ce qu’il fait ?Je tire sur sa main, il s’arrête.

— Où va-t-on ?— Donner une bouteille d’eau à Q !Je le regarde perplexe et me dis que

c’est de la folie. Je vais mettre un visagesur cette voix, en plus de très près, tout àcoup je ne suis plus très sûre de vouloirsavoir. Mais Angelo me rassure en melançant un tendre regard protecteur.J’avance d’un pas plus que déterminée, je

le suis. Plus nous nous rapprochons, plussa voix me transperce le cœur. J’entendsdes filles hurler autour de moi, je mepresse contre Angelo, j’ai bien trop peurd’être embarquée là où je ne voudrais pasl’être. Il passe un bras autour de ma tailleet me sert de bouclier, je le remercieraiplus tard. J’aperçois la scène, maisAngelo nous fait tourner à droite. Nousarrivons dans un couloir, il fait très noir,je ne suis pas rassurée.

— Ne t’inquiète pas, je pose sabouteille d’eau et après on retourne voirles autres.

— OK.C’est tout ce que je peux articuler de

cohérent. Nous montons un petit escalier

et nous retrouvons sur le côté de la scèneet là je le vois. Il est assis sur un tabouretavec une guitare à la main. Je remontemes yeux et remarque que ses bras sonttatoués, je ne vois pas bien les dessins,mais il en a partout ! Il porte un jean clair,troué aux genoux, et un marcel blanc, tousles muscles de son corps bougent àchaque mouvement qu’il fait. Mes yeuxcontinuent leur chemin. Mon cœur rate unbattement quand je plonge dans ses yeuxd’un bleu océan, il me regarde encontinuant de chanter, je ne me sens pastrès à l’aise d’un coup ! Je romps lecontact et quand mes yeux retournent surlui il s’est retourné vers son public, il aune barbe et des cheveux longs sur ledessus de sa tête, coiffés sur le côté. Je

reste sans voix, ce n’est pas mon genred’homme d’habitude, je peux juste direque quelque chose m’attire chez lui. Il semet à pousser sa voix rauque pour crierau désespoir la perte d’une femme mortepour un homme qui l’a trompée. Leslarmes me montent aux yeux, j’ail’impression d’être cette femme au cœurbrisé.

— Lou, tu viens ?Je sursaute et me retourne pour attraper

la main d’Angelo.— Oui, allons-y...Je regarde une dernière fois par-dessus

mon épaule, je peux voir ses yeux océanet son petit sourire en coin braqués surmoi ! Nous rejoignons les autres, je me

mets à la recherche de Paula. Je la trouveen train de racler les amygdales d’un meccarrément pas de son âge ! Je lui tape surl’épaule, elle se recule pour me lancer unsourire de petite fille.

— Lou ! Je te présente Carlos !Je jette un œil à l’intéressé et lui fais un

petit sourire.— Paula, je peux te parler cinq minutes

?Elle hausse les épaules et se lève. Je

m’écarte du jeune homme qui me reluquedes pieds à la tête.

— Bon Dieu ! Paula ! Il a l’âge de fairejoujou aux petites voitures !

— Il a vingt-quatre ans.

— Ne me dis pas que tu l’as cru ?Elle met son doigt dans une mèche de

ses cheveux et l’entortille autour, elle sebalance sur elle-même en faisant unepetite moue.

— Désolée, maman...J’explose de rire avant de l’attraper et

de la serrer dans mes bras. Je suisépuisée et j’ai envie de rentrer, j’espèrequ’elle sera d’accord.

— Je vais rentrer, Paula.— Je crois que moi aussi, je suis H.S.

Les mecs, ça attendra demain, en plus jesuis trop bourrée pour baiser !

— Paula !— Lou !

Je la tire et vais vers les garçons pourleur dire au revoir. Angelo est déçu quenous ne restions pas, mais il nous ditquand même « à demain, au bord de lapiscine. » Après des embrassades detaille, nous récupérons nos petitesaffaires avant de sortir. Nous repartons àpied, la boîte de nuit et juste derrièrel’hôtel et la fraîcheur nous fera le plusgrand bien. Sur la route, Paula me ditqu’Angelo lui plaît bien et qu’elle compteen faire dans les prochains jours sonquatre heures. J’hésite à lui dire que j’aimis un visage sur la voix de cet après-midi.

— Au fait, Paula…— Oui ?

Je me dégonfle, elle pourrait s’inventerdes idées.

— C’était une super soirée !— Tu l’as dit, bouffi !

***

De retour à l’hôtel, nous prenons unedouche rapide, Paula est déjà partie secoucher. Je suis sur la terrasse et profitede la douceur de la nuit. Je repense àdeux billes bleues, je ferme les yeux.J’entends encore sa voix dans mesoreilles. Je décide d’aller me coucher etje m’endors, bercée par son souvenir...

Chapitre 4 : LOU— Lou, je dois partir...

Je regarde Jordan les yeux pleins delarmes.

— Tu vas m’abandonner ?

— Je reviendrai, bébé...

— Promets-le-moi.

Il s’avance vers moi et m’entoure de sesbras.

— Je te le promets !

***

Je me redresse en sursaut et passe mamain sur mes joues. Je pleure encore demon rêve, quand cela cessera-t-il ?

Je regarde l’heure, il n’est que six

heures du matin, l’hôtel dort encore. Jesors de mon lit, de toute façon jen’arriverai pas à me rendormir. Je chopema tenue de sport et enfile mes baskets.Je vais aller me défouler sur la plagepour me sortir l’image de Jordan. J’écrisun petit mot à Paula pour ne pas qu’ellepanique et j’enfonce mes écouteurs dansmes oreilles. Je sors dans le couloir, jecroise Handy. Je lui fais un signe de lamain, il me répond par un petit sourire.Ce mec dort quand même ? Cependant, jen’ai pas de mal à trouver la plage, l’hôtelse situe juste en face ! L’air est un peufrais, je me régénère en respirant un grandcoup et en fermant les yeux.Je m’étire et marche vers l’océan d’unbleu magnifique. Je vois au loin de petits

bateaux, seul le cri des mouettes est avecmoi. Je monte le volume de mesécouteurs. Je vais d’abord commencerpar des petites foulées, je prends vite unbon rythme. J’ai l’habitude de courir, jefais du sport à Boston. Le sable humideest dur comme du béton, mes piedscommencent à me faire souffrir, cela faitplus de trente minutes que je coursmaintenant, je ralentis ma cadence etm’arrête en posant mes mains sur mesgenoux. Le soleil commence à taper, jesuis en sueur, ça me fait du biend’évacuer ma tension. Tout à coup, unbruit sur ma gauche me fait tourner la tête.Je reste interdite quand je me rendscompte que Quentin se tient à même pascinq mètres de moi. Il me regarde, un

sourire étire lentement ses lèvres. Je levois au grand jour ! Il est grand et surtouttorse nu avec un short très bas sur leshanches. Je me redresse, il s’avance versmoi. Mes yeux se plantent sur sestatouages, je détourne la tête quand il està moins d’un mètre de moi.

— Salut.Sa voix me transperce, elle est grave et

sensuelle. Quoi ? Mais, qu’est-ce que jeraconte moi ? Et pourquoi sa voix me faitautant d’effet ? Je suis barge !

— Salut.Il me tend sa main et je la regarde sans

bouger. Il la laisse retomber le long deson corps quand il voit que je restecomme une statue.

— Je suis Quentin.Je reprends mes esprits. À nouveau, il

me tend sa main, je lui présente la miennepour ne pas paraître impolie. Il la presse,quelque chose se passe, mais je n’arrivepas à mettre le doigt dessus.

— Moi c’est Lou.Je le lâche précipitamment, nos regards

restent accrochés. Ses yeux sont encoreplus beaux de près. Il me détaille, je faispareil, c’est étrange. Il n’est vraiment pasmon type d’homme avec ses tatouages etsa barbe, mais je ne sais pas, quelquechose m’attire en lui.

— Vous allez bien ?— Euh…Oui et vous ?

Il relève la tête et regarde le ciel.— Oui, c’est une belle journée...Je rigole et acquiesce. Je ne sais pas

pourquoi, mais son regard sur moim’intimide. Il sait qu’il est bel homme, jeme sens vulnérable avec lui. Je décidequ’il est temps de prendre congé.

— Bon… bah… je vais y retourner.— Vous allez à l’hôtel ?— Euh…Oui.— Moi aussi, faisons la route ensemble

!— Pourquoi pas ?Je me tourne et commence à marcher, il

est à côté de moi, je peux sentir avec le

léger vent son odeur. Nous ne parlonspas, le silence n’est pas pesant aucontraire, il a l’air à l’aise. Je le regardedu coin de l’œil. Je le détaille, son nezest droit, je remarque aussi que sesoreilles sont percées. C’est un bad boysans aucun doute. Mon regard s’arrêtenéanmoins sur une tête de mort tatouée surson bras. D’habitude, je me serais sauvéeen voyant ce genre d’homme ! Je relève latête et suis surprise qu’il me regarde, luiaussi. Je détourne le visage vers l’océanaussitôt, je me sens rougir. Quelle crétinede le mater comme ça !

— Alors, les vacances, ça se passe bien?

— Oui, je suis arrivée il n’y a pas

longtemps et vous ?— On peut se tutoyer ?Je souris, c’est vrai que c’est toomuch !— Si tu veux.Il s’avance vers un gros rocher et

s’installe dessus. Pourquoi il s’arrête ? Ilme fait voir la place à côté de lui, je lerejoins. Son corps est bronzé, sculpté à laperfection. Je prends place à côté de lui,mais pas trop près quand même, c’esttroublant.

— Tu restes longtemps ?— Un mois, et toi ?— Jusque début août. Après je retourne

faire des concerts ailleurs.

— Tu es chanteur depuis longtemps ?— À peu près quatre ans.Il se renfrogne tout à coup. Merde, j’ai

dit quelque chose qui ne fallait pas ? Jeregarde devant moi, les vagues de l’océansont devenues soudainement trèsintéressantes. Je l’entends bouger etquand je tourne la tête, il se passe la maindans les cheveux. Je remarque trois petitssignes japonais sur ses côtes. Ça doitfaire mal de se faire tatouer à cet endroit-là ! Je me souviens que, quand j’étaisado, mon père avait fait une crise, je luiavais dit que je voulais me faire tatouer.Il m’avait fait regarder sur internet, desimages affreuses de tatouages infectés,j’avais vite changé d’avis. Je me sens

quand même à l’aise si on oublie qu’ils’est renfrogné sans raison valable. Ilrompt le silence.

— C’était toi, hier, au club avec Angelo?

Sa voix me fait trembler, un petit ouisort de mes lèvres.

— Pourquoi t’es partie après ?— J’étais épuisée.Il secoue la tête, j’ai l’impression qu’il

ne me croit pas. D’un coup, son téléphonesonne. Il se lève et décroche. Je n’entendspas ce qu’il dit avec le bruit de l’océan,en même temps je dois dire que çam’importe peu. Il me tourne le dos, jepeux voir ses larges épaules se tendre,

son dos n’est pas tatoué ce qui mesurprend. Il revient vers moi lentementaprès avoir raccroché. Il a vraiment uncorps tout en muscles.

— Je dois y aller.— D’accord.Je me lève et essuie mes mains pleines

de sable sur mon short, nous nousremettons en marche dans le plus granddes silences. Je pense que son appel étaitimportant pour qu’il serre et desserre samâchoire comme ça. Je vois l’hôtel, maisau moment où j’avance pour sortir de laplage, il m’attrape le bras doucement.

— Je voudrais te revoir.Mon cœur rate plusieurs battements.

— Enfin, si tu es d’accord ?C’est complètement dingue ce que je

m’apprête à lui dire !— Oui, pourquoi pas ?Quoi ? Mais, non !!! Lou, tu ne peux

pas...— Ce soir, je t’attendrai dans la cour de

l’hôtel à vingt-deux heures trente.Je n’ai pas le temps de répondre quoi

que ce soit qu’il est déjà parti. Mon cœurrecommence à battre, je mords ma lèvre.Il est bizarre mais il m’intrigue. J’ai toutela journée pour réfléchir à ma réponsestupide de le rejoindre ce soir...

Chapitre 5 : LOUJ’ai passé une journée bizarre ! Après

être rentrée de mon footing, j’ai raconté àPaula ce qui m’était arrivé sur la plage,avec Quentin. Elle a commencé par sauterpartout, mais quand elle a vu mes larmes,elle m’a vite prise dans ses bras. Je nesais pas ce qu’il se passe dans ma tête etle fait de penser à Jordan me fait du mal.Il me manque plus que tout depuis deuxans. Où est-il ? Est-ce qu’il pense à moi ?Est-ce qu’il va bien ? Cela fait tellementlongtemps que je n’ai pas eu de nouvellesde lui. Il m’a promis qu’il me reviendraitet je m’accroche à cet espoir. Mais voilà: Paula m’a dit qu’il fallait quand mêmeque j’aille au rendez-vous alors, me voici

en train de me regarder dans le miroir. Jeporte une jupe blanche avec un haut dosnu, couleur bleue. J’ai attaché mescheveux en chignon et me suis maquilléelégèrement. Ça me fait drôle d’avoir unrencard et surtout comment s’y prendreavec les hommes ? J’ai l’impression queje ne sais plus comment réagir, cela esttellement loin !

J’entends un petit coup frappé à maporte.

— Entre, Paula.Je me retourne vers elle, elle me sourit.— Il va être l’heure, ma chérie.Je regarde l’heure, effectivement dans

dix minutes il faut que je sois en bas. Le

trac recommence à monter, Paula s’enaperçoit.

— J’ai l’impression que je fais uneénorme connerie !

— Lou, ne t’inquiète pas.Ça va bien sepasser et puis tu peux rentrer dès que tuveux, c’est un rendez-vous pas unentretien d’embauche ! Ne te prends pasla tête et vis le moment présent.

— Mais Jordan ?— Je sais que tu aimes Jordan, mais je

pense que ce rendez-vous avec cebellâtre te fera du bien et te fera penser àautre chose. Et puis peut-être que tonminou aussi ! ! !

— Paula !

— Désolée, je n’ai pas pu résister...Je rigole et attrape mon sac en

bandoulière. Je fais un bisou sur la jouede mon amie, je m’apprête à partir quandelle m’interpelle.

— Hé ! Attends, Lou !Elle arrive vers moi avec un petit verre

à shot, elle me le tend.— Vas-y, cul sec ! Ça va te détendre un

petit remontant !Je lève les yeux au ciel et bois le verre

d’un coup. Bordel de merde ! C’était pasde la tequila, mais de la vodka, et çabrûle. Je fusille Paula du regard, elleéclate de rire. Je hausse les épaules et meretourne, elle me claque les fesses au

passage.— Lou va voir le loup !Je referme la porte, je ne peux pas

m’empêcher de rire dans le couloir de sesconneries. Elle est unique, qu’est-ce queje l’adore ! Je descends les marches del’hôtel, j’avance lentement vers lapiscine. Les lumières éclairentlégèrement l’eau. Il y a quelquespersonnes au bar mais, par rapport à cetaprès-midi, c’est calme. Je relève la têteet tombe sur son regard. Il est là, il souritet s’avance vers moi ! Mon cœur accélèrela cadence, je me retiens de respirer. Ilest habillé avec une chemise blancheouverte de trois boutons au col et un jeanbrut qui lui tombe bas sur les hanches.

Les manches de sa chemise sontretroussées, ce qui procure un contrastemagnifique avec sa peau noircie d’encre.Il se penche comme pour me donner unebise, mais c’est sa voix sexy etenchanteresse que j’entends dans le creuxde mon cou.

— Respire, Lou...J’expire lentement, il me prend par la

main, je le suis sans poser de question.J’oublie le reste du monde et j’oublie mescraintes au sujet de Jordan. Il nousconduit sur la plage au même endroit quece matin. Nous ne parlons pas, le silencen’est pas gênant, je dirais plutôt qu’il estapaisant.

Nous arrivons au rocher, il me lâche

pour monter, je le regarde faire, sesmuscles roulent sous sa chemise. MonDieu, ce qu’il est sexy ! Il se retourne unefois en haut et me tend sa main. Je rigoleet l’attrape. Il me hisse, je me retrouveplaquée sur son torse dur comme de lapierre. Son bras m’entoure les reins, jerespire doucement son odeur, il sent lemonoï, c’est très agréable. Il relâchedoucement son étreinte et recule.

— Tu as mangé ?— Oui.— Ok, j’ai juste pris des fruits, de toute

façon.— D’accord...Il pose le sac qu’il avait pris et que je

ne remarque que maintenant. Il en sort unecouverture, un tupperware plein deraisins et deux coupes de champagne enplastique accompagnées d’une bouteille.Pour un mec au physique de badboy, il estvraiment romantique. Il retire ses basketsen toile, j’en profite aussi pour enlevermes sandales. Je m’assieds, j’entends lebouchon de champagne péter et résonnersur la plage déserte. Ce qui me faitsursauter le fait rire. Il sert une coupe etme la tend.

— Merci.Il s’en sert une aussi et s’assoit à côté

de moi.— Alors, comment s’est passée ta

journée ?

— Bien, merci, et toi ?— Répétition pour demain soir, le

mercredi c’est ma seule journée de repos.— Ça doit être fatigant non ?— J’ai l’habitude...Il ouvre le tupperware et attrape une

petite grappe de raisin. Je regarde sesgestes, la façon qu’il a de fermer les yeuxquand il met de la nourriture dans sabouche, c’est déroutant. Il l’est rouvre, jesuis encore prise sur le fait. Il va croireque je suis folle de le regarder comme ça.

— Tu en veux ?Je prends un fruit et le mets dans ma

bouche. C’est bon, sucré, frais...— Et toi, c’est quoi ton métier ?

— Je travaille dans un magasin devêtements pour femme.

— Cool...— C’est vrai que ça n’a pas l’air

comme ça, mais c’est bien, je suis lagérante.

— Je ne te juge pas.— Je le sais bien.Il rigole, son regard se braque sur mes

lèvres. Il s’avance près de moi et de sonpouce, il essuie quelque chose.

— Il est bon ?Je comprends qu’il parle du raisin et

j’acquiesce.— Tu es différente des autres femmes

que je côtoie en général.— Ah bon ?Je ne sais vraiment pas quoi répondre à

cela, quel genre de femme il côtoie engénéral ? Je vois surtout des groupiesdans mes pensées.

— Oui, ton regard emprisonne quelquechose, mais je ne sais pas quoi en fait,c’est même troublant de ne pas savoir.

— Oh !Je ne sais pas quoi dire d’autre et

surtout qu’est-ce qu’il entend par là ? Jebois une gorgée de champagne, il meregarde, je me sens rougir. Il s’approchede moi, je tourne ma tête vers lui. Je suishypnotisée par le bleu de ses yeux. C’est

une couleur que je n’ai encore jamais vueauparavant. Il se penche vers moi etdéglutit.

— J’ai envie de t’embrasser, Lou. Neme demande pas pourquoi, je n’en saisrien moi-même.

Mince, sa voix est très basse et trèsrauque. Je ne sais pas ce que je fais, maisma main se pose sur sa joue. Il tressaillesous ma caresse avant de m’enlever monverre des mains pour le poser plus loin. Ilse rapproche de moi et nous fait basculeren arrière. Je retiens mon souffle, qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je suissur le point d’embrasser un autre hommeque Jordan. Il m’allonge et se positionneau-dessus de moi, passant sa main le long

de mon flanc, il lèche ses lèvres.— Lou...Sa voix n’est qu’un murmure, il pose sa

bouche sur la mienne. Notre baiser esttendre, il a le goût du champagne, seslèvres sont sucrées. Il passe sa langue, mabouche s’ouvre à son contact. À cemoment-là, il me fait ressentir des chosesque je croyais mortes. Je suis dans unautre monde, ses mains se baladent surmoi. Je gémis quand il caresse ma cuissepour remonter ma jambe sur sa hanche.Ma main effleure timidement sa nuque. Jesuis hors de mon esprit et pendantquelques instants, ma douleur s’estompe.Quentin m’embrasse une dernière foisavant de poser son front sur le mien, à

bout de souffle. Nos yeux s’aimantent,rien que pour le ressentir encore une fois,je veux recommencer...

Chapitre 6 : LOUIl a sa bouche dans mon cou maintenant,

je cambre le dos, car la sensation de seslèvres sur ma peau brûlante me fait voirdes étoiles. Cela fait deux ans que Jordanest parti, cela fait donc deux années quepersonne ne m’a touchée ainsi. Les mainsde Quentin se baladent sur la peau nue demes cuisses. J’ai peur que tout ça n’ailletrop vite, j’ai peur aussi que mon corpsréclame ce qu’il n’a pas eu depuisJordan. Si je fais ça, je vais m’en vouloirtoute ma vie. Je ne suis pas le genre defemme qui trompe son homme parti aucombat. Non loin de là, je suis amoureusecomme une folle de lui, c’est l’homme dema vie. Quentin émet un grognement, je

reviens sur terre. Ses yeux mi-clos sontplantés dans les miens grand ouverts. Ilme parle tout bas.

— J’ai loupé quelque chose ?Je secoue la tête pour lui dire non. Je ne

vais quand même pas lui annoncer que jepensais à mon homme pendant qu’il étaiten train de m’embrasser. Je pose ma mainsur sa joue et passe mon pouce sous sonœil.

— Recommence...Il me sourit de toutes ses dents et se met

sur ses coudes pour être positionnécorrectement au-dessus de moi. Ilm’embrasse sur le bout du nez avant deglisser vers mon menton. C’est frustrant,car je souhaiterais qu’il pose sa bouche

ailleurs sur mon corps. Je passe mesmains dans son dos et je remontelentement sa chemise en lui griffant ledos. Il frissonne sous ma caresse. Noussommes sur une couverture sur un énormerocher à la plage en train de nous peloter.Cette pensée me fait sourire. Il seredresse et place une mèche de mescheveux derrière mon oreille. Son gestele surprend autant que moi et il sedéplace. Je rougis et me rassieds aussi.

— Tu veux rentrer ?Sa question me laisse perplexe. Je n’ai

pas du tout envie de rentrer, mais s’il ytient je ne vais pas le perturber.

— Pourquoi tu me demandes ça ?Il tourne son visage d’ange vers moi et

relève les sourcils. J’aimerais être danssa tête pour savoir ce qu’il pense en cemoment même.

— Tu ne veux pas aller ailleurs ?Je comprends tout maintenant, il veut

qu’on change d’endroit ! Mon cœur tapefort contre mes côtes. Est-ce que je suisprête à le suivre ? Je repense aux conseilsde Paula, elle n’a peut-être pas tort ;après tout, je suis en vacances !

— Où veux-tu aller ?Il se lève et me tend sa main. Je

l’attrape, il me relève d’un coup, je meretrouve encore plaquée contre son torsechaud et musclé. J’ai les idées en vrac !De sa voix basse et sexy, il me dit :

— Chez moi...Je jure que je me suis entendu gémir. Il

ramasse les quelques trucs qu’il aramenés et fourre tout dans son sac, saufla bouteille de champagne qu’il gardedans une main. Il descend et pose sesaffaires avant de tendre les bras vers moi.Je me penche en avant et ’attrape son cou,de ses bras puissants, il me soulève par lataille. Je suis complètement enivrée parsa séduction, il sait comment jouer avecles filles. Je suppose que son métierl’oblige à être comme ça et puis de toutefaçon qu’il soit gay serait du gâchis. Il mefait glisser lentement le long de soncorps, je suis en apothéose. J’aime leregard qu’il a sur moi, c’est un mélanged’envie et de sensualité.Il empoigne son

sac et me tend la main, je l’attrape et nousvoilà en train de marcher au clair de lune,avec le seul bruit de l’océan. Il fait doux,c’est agréable.

Je ne sais pas depuis combien de tempsnous marchons, mais parler de plein dechoses sur sa passion que sont la musiqueet le chant m’a fait plaisir. J’ai appris queson groupe s’appelle les Q Eyes Blue, enrapport avec ses yeux. Il dit que c’est sonmeilleur ami le bassiste qui lui a lancé ledéfi de se faire appeler comme cela etque maintenant il adore ce nom. Il esttellement passionné par son métier qu’ilest trop craquant !

Nous arrivons devant un bungalowimmense.

— Tu vis ici ?— Vivre c’est un grand mot, disons

plutôt que je dors ici le temps que je suisà San Andres.

Il attrape une clef dans la poche arrièrede son jean et ouvre la porte.

— Après toi.Je monte les deux marches et quand je

rentre à l’intérieur, je reste sur les fesses.C’est tellement beau, la déco estmasculine dans les tons vert anis etmarron. Son odeur est partout ! OK…Bon, Lou, on se détend.

Il referme la porte et me demande si jeveux encore du champagne.

— Oui merci.

Je reste debout et remarque troisguitares logées dans un coin. J’aitellement envie de l’entendre chanter,mais est-ce qu’il serait prêt à me faire unconcert privé ? J’en doute ! Il revient versmoi et me tend un vrai verre dechampagne, je le remercie.

— Je t’en prie, installe-toi.Et là, quelque chose se passe, il enlève

sa chemise, je rate le canapé pour meretrouver sur les fesses et bien sûr, je suispleine de champagne. Il arrive vers moiet me relève.

— Ça va, tu t’es pas fait mal ?— Euh…Non, ça va.Nos éclatons de rire, tous les deux.

C’est vraiment ma veine quand même,mais c’est surtout de sa faute.

— Mes vêtements sont trempés, jedevrais peut-être y aller.

— Non, reste, attends !Il part vers une porte et reviens

quelques secondes plus tard avec un tee-shirt noir. Il me le tend.

— J’ai vraiment envie que tu restes, vate changer dans la salle de bains, là-bas.

Je le regarde, perplexe, et pèse le pouret le contre. Oh et puis merde après toutpourquoi pas ? Je file me changer envitesse, j’en profite pour me refaire unepetite beauté. Il fait chaud donc je mepasse un coup d’eau froide sur le visage.

Je m’attache les cheveux en queue decheval. Je suis à l’aise, le tee-shirtm’arrive à mi-cuisse. Je sors de la sallede bain, Quentin lève le nez de la télé, ildéglutit, je mords ma lèvre inférieure. Ilfaut que je dise quelque chose.

— Tu aurais un sachet pour que jepuisse mettre ça, s’il te plaît ?

Il regarde mes vêtements et se lève.— Donne, je vais faire une lessive.Il me fait un clin d’œil et s’éclipse en

me disant qu’il en a pour quelquesminutes. Je prends donc place dans lecanapé et mets mes jambes en dessous demoi. Son tee-shirt me recouvre le corps,je dois dire que ça m’arrange un peu. Ilrevient quelques minutes plus tard et

prend place à côté de moi. Il faut que jelui demande si ce sont ses guitares, mêmesi je connais déjà la réponse.

— Ce sont tes guitares ?Je fais un geste du menton, il tourne la

tête.— Oui, pourquoi ?— Tu ne voudrais pas me chanter un

truc ?— Là, maintenant ?— Oui.— Si tu y tiens...Oh, bah c’était trop facile ! Il se lève et

attrape une des guitares avant des’installer en face de moi. Il ajuste ses

cordes et plante son regard dans le mienpour entamer une chanson qui percutedirectement mon cœur...

Chapitre 7 : LOUQuentin finit sa chanson, les larmes

coulent sur mes joues, je suis touchée parce qu’il vient de chanter. J’ai eul’impression que c’était du vécu et moncœur s’est gonflé à bloc. Cet homme sexyet tatoué est un danger pour la gentféminine, surtout pour moi en manque dema moitié depuis deux ans. Je me mets àpenser à Jordan et me demande s’il nem’a pas oubliée, je n’ai plus reçu delettres depuis tellement longtemps. Est-ilencore en vie ? Oui, bien sûr, sinonj’aurais déjà eu des nouvelles, ça me faitpeur. Je sais qu’il reviendra un jour, maisquand ? Et puis comment cela se passera-t-il ? Est-ce que je l’aimerais toujours

autant ? Trop de questions restent sansréponses. Je suis sortie de mes penséesquand la main de Quentin passe sur majoue.

— Tu es tellement triste, Lou...Je renifle et trouve une excuse bidon

comme quoi sa chanson m’a retournée. Ilsourit, mais je vois bien qu’il ne me croitpas. Il est à genoux devant moi, sonvisage est si près du mien, que je peuxsentir son souffle sur ma bouche. Je saisque ce que je fais est mal mais là, j’aijuste envie qu’il m’embrasse encore. Jeplante mon regard dans le sien. Posantune main derrière ma tête, il merapproche de lui, nos bouchess’aimantent. Notre baiser s’approfondit

quand il passe sa langue. Je me retrouveallongée sur le canapé avec lui au-dessusde moi, plaquant ses hanches contre lesmiennes, oh, mon Dieu ! Je peux sentirque je lui fais de l’effet. Je ne portequ’une culotte, son tee-shirt estmaintenant remonté très haut sur mescuisses. Notre baiser devient bestial, ilpose son front sur le mien.

— Dis-le si je vais trop vite, Lou.Je ne peux pas parler, alors la seule

chose que je fais, c’est de passer ma mainle long de son dos. Il prend ça pour uneinvitation et repose ses lèvres sur moi.Mon tee-shirt remonte encore, il passe samain doucement tout le long de ma jambe,je cambre le dos. Sa caresse laisse une

brûlure sur ma peau fragile. Il ne fautsurtout pas que je réfléchisse, je doisvivre le moment présent. Une chaleurconnue qui m’était devenue inconnue seloge dans mon bas ventre. Le seul hommequi m’a toujours touchée était Jordan ! Jesais que Quentin a réveillé quelque choseen moi et que, maintenant, il m’estimpossible de faire machine arrière, j’aibien trop besoin que l’on s’occupe demoi pour me faire oublier mon désespoir.Je gémis, Quentin quitte ma bouche pourdescendre m’embrasser sur le ventre. Sabarbe me chatouille, je me tortille, je lesens sourire, il n’arrête pas pour autant !Il descend de plus en plus bas etembrasse, à travers le tissu, mon pubis.Mes cuisses s’écartent incontrôlables,

c’est comme si je ne décidais plus derien. L’envie est là ! Il embrasse monentrecuisse et dépose des bisous mouillésà l’intérieur de mes genoux. Il passeensuite ses pouces dans l’élastique de maculotte et la fait descendre lentement lelong de mes jambes. Il est sur les genoux,face à moi, et carrément torride avec lescheveux en bataille et le regard mi-clos.Il glisse un doigt le long de mon intimité,je frissonne, il se mord la lèvre inférieurede sa rangée de dents blanches parfaites.Ce mec est le diable incarné dans unecoquille de bad boy sexy à souhait ! Ildescend du canapé pour se remettre àgenoux devant moi et me fait glisser pourque je sois correctement assise. Merde,c’est carrément érotique ça !

— Tu es tellement bandante, Lou !Je suis sûre que j’ai pris la couleur du

coquelicot. Il pose ses mains sur mesgenoux pour les ouvrir doucement, jemets la tête en arrière. C’est tellementdingue ce que je suis en train de faire ! Jeferme les yeux et sens sa langue passersur mon mont de Vénus. Je creuse le dos,c’est comme si je redécouvrais cequ’était un cunni ! Il attrape le dessous demes fesses et à cause de la force de sesbras je ne peux plus bouger. Je dois direque la barbe,c’est quelque chose ! Salangue me dévore doucement, je ne peuxm’empêcher de regarder. Il relève sesbeaux yeux vers moi paresseusement et jejure que j’ai déjà envie de jouir. Ilmordille mon clitoris, un râle sort de ma

gorge. Je pose ma main sur mabouche,sauf qu’il ne l’entend pas commeça, il replace ma main sur le côté. Je nevais pas tarder à voir des étoiles, je sensl’orgasme arriver il va me transpercer. Jesuis entre deux mondes. Mes jambes setendent, Quentin les maintient fermementpour que je ne bouge pas ; c’est excitantd’être à sa merci.

— Oh, mon Dieu ! Quentin !Ma jouissance lâche dans un cri de

soulagement. Je suis en sueur ! Mon cœurbat à toute vitesse. C’était tellementintense, que je ne sais pas si je vaispouvoir m’en remettre. Ses bras melibère ntet quand j’ouvre les yeux c’estpour le découvrir avec un petit sourire

aux lèvres.Je rougis instantanément.— Ne rougis pas, Lou.— Je sais, c’est juste que...Ma phrase reste en suspens.— C’était magique de te voir jouir.Alors là, c’est sûr, je suis écarlate.

Voyant sûrement que je vais finir paréclater,il me tend sa main. Je l’attrape etil me colle contre lui pour venir merelever la tête avec un doigt.

— N’aie pas honte, Lou.— Je n’ai pas honte, c’est juste que...Je ne peux quand même pas lui dire que

ça fait deux ans que personne ne m’atouchée, il va me poser des questions et

je n’ai pas trop envie de lui parler deJordan. Mais surtout, je ne veux pasruiner la soirée avec mes histoires decœur brisé. Je dois changer deconversation.

— Où est ta chambre ?Il éclate de rire et me soulève de ses

bras musclés. Il traverse la pièce, je meretrouve dans une chambre aux couleursgrises et blanches. Le lit, en plein milieu,est immense. Il me dépose dessus etenlève son jean, je peux voir son membreà l’étroit dans son boxer. Il s’approche etretire le tee-shirt que je porte. Sa bouchese referme sur un de mes seins, je passema main dans ses cheveux. Je ne veux pasque cette soirée finisse. Je suis trop bien

dans ma peau en cet instant, je n’ai pasressenti ça depuis tellement longtemps. Ilme fait revivre...

Chapitre 8 : LOUJe me réveille doucement, j’ai froid.

Les draps ne sont plus sur moi et surtout,je suis seule dans le lit de Quentin. Jen’entends aucun bruit. Je me lève etenroule le drap gris en satin autour demoi pour sortir de la chambre.La nuit aété magique, Quentin, fantastique. Je merends vite compte que je suis seule chezlui. Le malaise m’envahit, je retournedans la chambre et effectivement, je restede marbre quand je vois mes vêtementssur la chaise une feuille pliée en deux,posée en évidence dessus. J’attrape lebout de papier et m’assois sur le lit pourle lire.

Je suis parti pour réfléchir Quentin.

Qu’est-ce que j’espérais au juste ?Après tout, il n’a pas de compte à merendre, lui et moi c’était juste un soir etrien d’autre. Oui, mais alors, pourquoicela me perturbe-t-il autant ? Je décide dem’habiller et de partir. Sauf que justeavant, il faut que je réponde à ce mot. Jetrouve un stylo de couleur rouge, c’estparfait ! Je note : Je te remercie pourcette soirée des plus agréables, à un deces quatre Lou.

Satisfaite de ma petite réponse,j’attrape mes affaires et retourne versl’hôtel.Encore heureux que je ne sois pastrop loin ! À peine ai-je franchi la portede ma suite que je me fais sauter dessuspar Paula.

— Mais bon sang, Lou ! J’étais mortede trouille, j’ai cru qu’il t’avait tuée etdécoupée en morceaux !

J’éclate de rire et me débarrasse de mesaffaires avant de m’asseoir sur le canapéet de souffler. Paula comprendimmédiatement je ne sais quoi et appellenotre petit Handy pour lui demander deuxcafés. Elle s’assoit à côté de moi et meprend la main.

— Qu’est-ce qu’il se passe ?Je hausse les épaules, mais elle ne

l’entend pas de cette oreille.— Qu’est-ce qu’il t’a fait ? Ne me dis

pas que je vais devoir lui couper la bite ?

Je me mets à rire et repense au sexe deQuentin tatoué s’enfonçant dans le mien.C’était assez étonnant de voir ça. Paulame demande de partager pour ne pas êtrela seule à rire et quand je lui explique,elle ouvre grand la bouche.

— Ce n’est pas vrai ?— Si.— Mon Dieu, mais ça doit faire mal de

se faire tatoué le zboub !Je suis morte de rire à en pleurer, voilà

pourquoi j’aime autant Paula. Elle nedramatise jamais et rigole toujours. Cettefille, c’est ma joie de vivre, c’est elle quime permet de me sentir bien, au mieux dema forme depuis deux ans. Sans elle, jeserais restée enfermée dans mon

appartement à attendre désespérément leretour de Jordan. Handy revient avecnotre petit déjeuner, il nous souhaite unebonne journée en nous indiquant que cesoir il y a une soirée chic dans lerestaurant de l’hôtel. Nous le remercionset nous nous installons sur la terrassepour profiter pleinement de ce petitdéjeuner au soleil.

Après une douche et une bonne leçon demorale de la part de Paula sur les coupsd’un soir, je suis requinquée et prête pouraller faire un tour dans le centre-villevoir un peu ce qu’il y a de bien. AvecPaula, nous avons loué un petit scooter àla réception et nous avons quitté leconfort de l’hôtel.

Nous marchons maintenant dans lespetites rues commerciales, je suisémerveillée par ce que nous voyons.C’est super chic et en même temps sibanal que nous rentrons dans tous lesmagasins que nous croisons. En cemoment même, nous essayons deschapeaux de paille,c’est rigolo.L’appareilphoto à la main, je fais plein de clichéspour pouvoir avoir des souvenirs de cesvacances de rêve. Nous sommes à lacaisse pour encaisser nos achats quandquelque chose attire mon attention. C’estun bracelet breloque avec plein de petitesguitares autour, il est très joli. Je leprends dans mes doigts et décide del’acheter. En plus d’être mignon, il merappelle aussi Quentin. Paula lève les

yeux au ciel quand je pose le bracelet surle comptoir, je lui fais une grimace etpaye mes achats. Nous sortons contentes,munies de nos chapeaux de paille visséssur nos têtes et mon nouveau braceletautour de mon poignet. Paula regarde lerestaurant en face de nous et me dit :

— J’ai faim, on va manger un truc ?— Pourquoi pas, mais tu m’invites.— Si tu y tiens…Elle passe son bras sous le mien, nous

traversons la rue piétonne. Une fois quenous pénétrons dans le petit restaurant,nous sommes agréablement surprises desentir la bonne odeur de nourriture quis’en dégage, cela me met l’eau à labouche immédiatement. Nous sommes

aussitôt prises en charge par une femmecharmante qui nous demande si nousvoulons le cocktail de bienvenue. Unefois notre approbation obtenue, elle s’enva pour revenir avec deux petits verresremplis d’un liquide vert. Je trinque avecPaula, nous buvons le verre cul sec. Saufque je n’avais pas prévu que ce seraitaussi fort, Paula non plus d’ailleurs !Nous toussons comme deux connes, jem’évente avec ma main avant dedemander ce que c’était. «De la liqueurde kiwi», voilà ce que me répond lagentille serveuse, le sourire aux lèvres.

— Est-ce que ce serait possible d’avoirle menu et une carafe d’eau, s’il vousplaît ? demande Paula.

— Oui bien sûr, pas de souci, Madame.Elle s’en va, Paula me regarde en

souriant.— Putain, c’était fort son truc !— Tu m’étonnes, plus fort que du saké.Elle grimace, je suis sûre qu’elle

repense à la cuite au saké que nous avonsprise une fois dans ce resto chinois àBoston. La serveuse revient et nous tendles menus, nous optons toutes les deuxpour le plat du jour. Le temps de nousfaire servir, nous discutons de la soirée àvenir.

— On ira faire un tour à la soirée del’hôtel ?

— Oui, bien sûr, ça peut être sympa.

— Tu es sûre que ça va, Lou ?— Oui, pourquoi ?— Je ne sais pas, tu as l’air un peu

ailleurs...Je tourne la tête vers la vitre et me mets

à penser à Jordan.La culpabilitém’envahit quand je pense sérieusementque je l’ai trompé cette nuit avec Quentin.Je sens les larmes me monter aux yeux,Paula me prend la main.

— Lou, ne pleure pas.— Je sais, mais je ne peux pas faire

autrement.— Dis-moi ce qu’il y a…— C’est juste que je pense à Jordan,

que je l’ai trahi.

— Mais non, ma chérie, tu ne l’as pastrahi.

— Coucher avec un autre homme, tun’appelles pas ça trahir, toi ?

Elle ne me répond pas, je lève des yeuxpaniqués vers elle. Je vois bien qu’ellecherche quelque chose à me dire qui neme blessera pas. J’essuie les larmes surmes joues et renifle avant d’inspirerlentement. Paula me dit d’une voix douce:

— Qu’est-ce que tu as ressenti cette nuit?

Sa question me surprend, je ne sais pasquoi répondre. J’ai ressenti beaucoup dechoses et surtout je me suis sentierevivre. Je caresse mon bracelet du bout

des doigts.— Je me suis sentie vivante.Elle pose sa main sur mon épaule et me

regarde avec un petit sourire.— Écoute, Lou, je te propose de

t’éclater à San Andres et de mettre entreparenthèses ta situation avec Jordan.

— Je ne sais pas si je vais pouvoir, ilme manque tellement...

— Je sais qu’il te manque, je peux lecomprendre. Jordan et toi, c’est le yin etle yang et ça, tout le monde le sait. Votreamour est fort, mais tu as besoin de vivreet tu as besoin de pouvoir respirer un peu.Tu ne crois pas ?

Je ferme les yeux quelques instants et

pense au beau visage de mon homme.Paula a raison, il faut que je pense un peuà moi. Je me fais la promesse de ne pasl’oublier, je dois le mettre entreparenthèses, ça me fait super mal au cœurde penser ça, mais je dois le faire ; toutdu moins, le temps de ma présence surcette île...

Chapitre 9 : LOUAprès avoir fini notre repas et nos

emplettes, nous sommes rentrées nousreposer. Cette sieste m’a fait énormémentde bien et je suis de nouveau prête à fairela fête ! Paula me hurle depuis la salle debain de lui ramener son maquillage. Jefarfouille dans son sac et lui ramène satrousse. Je frappe :

— Entre !— Tu n’es pas nue ?— Si, j’ai les seins à l’air !Je lève les yeux au ciel et ouvre la

porte. Je ferme mes paupières et lui tendssa trousse de beauté.

— Je rigole, banane !Quand j’ouvre les yeux, je reste bouché

bée : la robe couleur menthe qu’elle s’estachetée cet après-midi lui va à ravir. Elletourne sur elle-même, je siffle, elle estsuper canon, elle sait en jouer à laperfection ! Moi, je suis plutôt simplecomme fille ; je ne fais pas de chichi maislà, j’ai bien peur que la robe que Paulam’a fait prendre pour cette soirée ne soittrop osée !

***

Je me regarde dans le miroir, je suischoquée par ce que je vois. C’est moi,mais en fait non, ce n’est pas moi ! Je nepeux pas mettre ça ? La robe couleurcerise dos nue, très peu pour moi ! Je

préfère le simple, le noir sera parfait. Jen’ai pas très envie que tous les gens del’hôtel me regardent comme si j’étais unebête de foire. En plus, les chaussuresspartiates à talons que je porte rendent letout beaucoup trop sexy. J’appelle Paula àla rescousse. Elle arrive comme unetornade dans la salle de bains. Ellebloque dès qu’elle me découvre.

— Tu as vu ? C’est trop voyant et troptrop sexy !

— Tu rigoles, t’es magnifique ! Tu vasfaire des jalouses, ce soir.

Elle tape dans ses mains, je pose lesmiennes sur mes hanches.

— Non, mais, ça va pas, je n’irais pashabillée comme ça, je ne suis pas une

poule de luxe !— Personne ne va t’insulter de poule de

luxe, Lou.Je penche la tête sur le côté, pas très

rassurée par ce qu’elle dit. Je ne suis pasce genre de femme, je n’aime pas attirerl’attention sur moi. Je suis très réservée,à la base, et je n’aime pas trop que l’onme regarde. Attirer l’attention, surtoutcelle des hommes, me gêne un peu.

— Lou, tu es splendide, arrête de temettre la pression et amuse-toi. Noussommes en vacances, merde !

Elle ponctue sa phrase en improvisantun déhanché sexy. J’éclate de rire, avantde souffler un bon coup. Après tout, lasoirée se déroule à l’hôtel ; si je suis trop

mal à l’aise, je pourrais toujours venir mechanger. Paula tient à me coiffer et à memaquiller. J’insiste pour ne pas qu’elleme rende encore plus aguicheuse que jene le suis déjà. Elle me dit de lui faireconfiance et que le résultat sera superbe.Au bout de trente minutes très longues,elle m’autorise enfin à aller me voir dansle miroir. Quand je me découvre, je nepeux rien faire d’autre que d’ouvrir grandla bouche. Mes cheveux sont bouclés etrabattus sur le côté de mon épaule. Lemaquillage est très soft, mais le crayonnoir fait ressortir mes yeux. Paula seposte derrière moi et penche la tête sur lecôté.

— Alors ?

— C’est joli.— Tu vois que ça ne fait pas du tout

poule de luxe !Je rigole et me retourne pour la prendre

dans mes bras. Cette femme est vraimentla meilleure et surtout, j’ai de la chancede l’avoir dans ma vie, je sais que jepeux me reposer tranquillement sur elle etqu’elle ne me laissera jamais tomber.

***

Le restaurant de l’hôtel est bondé demonde. Nous sommes assises au bar, entrain de boire un mojito, quand une mainse pose sur mes yeux. Je sursaute etpousse un cri.

— Devine qui c’est ?

Je souris et enlève la main d’Angelo demes yeux avant de me retourner. Il estdifférent, habillé en costume, ça me faitmême rire.

— Les filles, vous êtes les deux plusbelles femmes de la soirée. Vous venezvous joindre à nous ?

Paula est la première debout. Bonbah… je vais suivre le mouvement ! Jedescends de mon tabouret avecprécaution, je ne voudrais pas me foulerune cheville. Une fois debout, Angeloouvre les coudes, nous passons chacuneun bras de chaque côté de lui. Il seredresse,« fier d’avoir deux superbesfemmes à son bras », comme il le dit sibien ! Nous gloussons, Angelo arrive

vraiment à me détendre un peu, je lui ensuis reconnaissante. Des regards noussont lancés par quelques femmes, mais jefais abstraction et décide que, ce soir, jevais m’amuser. Nous arrivons à la tabledu groupe d’Angelo, nous sommesaccueillis par des sifflements et desapplaudissements. Je me sens rougirinstantanément. Angelo s’incline devantses amis et nous nous installons sur unebanquette. Je repère Handy pas très loinde nous et lui fais signe de la main. Ilhoche poliment la tête et se replacecorrectement. Je ne savais pas qu’il noussuivrait ce soir.

***

La soirée bat son plein, j’en suis à mon

quatrième mojito quand une femme se metà parler au micro. Elle nous explique quele concert ne va pas tarder à commenceret que nous sommes invités à danser surla piste conçue pour. Angelo me tend lamain, je le regarde avec étonnement. Ilfait une moue boudeuse, j’éclate de rireavant de la lui attraper et de le suivre. Lamusique au piano commence, je merapproche de son corps. Il commence àme faire bouger. Il danse comme ungentleman ! La musique est douce etromantique, cela me dérange un peu, maisje me répète que ce sont mes vacances etque je dois en profiter. La foule s’amasseautour de nous, je suis maintenant trèsprès d’Angelo. Son parfum est enivrant.Soudain, la voix de Quentin me

transperce de plein fouet, je me redresseet lève les yeux vers Angelo qui a un petitsourire sur les lèvres. SA voix m’atteintau plus profond de mon être et je fermeles yeux. Je repense immédiatement ànous, cette nuit, je frissonne. J’écoute lesparoles de la chanson.

Tu es parfaite

Malgré ça il faut que tu saches que moi jene le suis pas

Laisse-moi quand même te montrerQue je peux être quelqu’un de bien

J’ai l’impression que ça m’est destiné.Mes doutes se confirment quand Angelome dit que c’est la première fois qu’ill’entend. Quentin n’aurait quand mêmepas écrit une chanson pour moi ? Jechasse cette idée de ma tête. Pourquoiaurait-il fait ça ? Après tout, ce matin, iln’était pas là à mon réveil. Cette penséeremonte un sentiment que je connais déjà,ce sentiment d’abandon que j’ai ressentiet que je ressens de l’absence de Jordan.Le pouce d’Angelo passe sur ma joue, je

lève la tête vers lui. Il me questionne duregard.

— Tu pleures ?Je ne me suis même pas rendu compte

que je pleurais, je suis vraiment à l’ouest.Soudain, deux mains se posent sur meshanches et Angelo me lâche en hochant latête. Je reconnais immédiatement lesmains qui viennent de se poser sur moi,ce sont celles de Quentin. Je n’ai pasentendu qu’il ne chantait plus. Tropperdue dans mes pensées, il me retournelentement et me colle contre lui.

— Je suis désolé d’être parti ce matin.Je passe mes mains dans son dos,

lentement,pour lui indiquer qu’après toutce n’est pas si grave. Il me tient contre lui

et me fait danser doucement. Mais surtout,il est là, avec moi. Je sens sa bouche prèsde mon oreille.

— Viens avec moi, Lou...Il m’attrape par la main et nous entraîne

dehors. Mais où est-ce qu’il va ? Paulane sait même pas que je suis partie ! Ilnous fait traverser un petit parc, nousdéboulons dans un coin tranquille avecune piscine. Où sommes-nous ?

— Quentin ?— Ne t’inquiète pas, personne ne

viendra nous chercher ici.Il dénoue sa cravate avant de

déboutonner sa veste et sa chemise pourles enlever. Je déglutis devant son torse

nu. Il s’approche de moi et s’agenouille.Mais qu’est-ce qu’il fait ? Il enlève leslanières de mes chaussures avant de mecaresser en dessous des genoux. Il seredresse lentement en continuant sabalade le long de mes jambes. Il s’arrête,plonge ses yeux bleus dans les miens. Jesuis en transe ! Mon corps réclame sacaresse. Je passe ma main sur sa joue, ilm’attrape pour venir emprisonner meslèvres des siennes. Il fouille mes cheveuxavant de m’agripper en dessous descuisses. Ma robe remonte, il saisit mesfesses à pleine main. Je souris contre sabouche, il mord ma lèvre inférieure.

— Tu sais que cette robe te va àmerveille ?

Je hausse un sourcil, il se déplace. Maisqu’est-ce qu’il fait ? Je comprends qu’ilvient de rentrer dans la piscine quandl’eau tiède vient caresser ma peau nue. Jem’accroche à ses épaules et penche latête en arrière. Ses lèvres viennentcaresser mon cou, il s’enfonce dans l’eauavec moi. Nous en avons jusqu’au cou, ilme caresse et passe une main entre nous.Je gémis doucement, il écarte ma culotteavant de me pénétrer de ses doigts. Jem’agrippe à ses épaules et pose mon frontcontre son cou. Ses doigts s’activent enmoi. C’est tellement intense !

— Regarde-moi, Lou...J’obéis au son de sa voix, nos regards

s’accrochent. Je peux voir le désir danser

dans ses iris. Je lutte pour ne pas lesfermer les miens sous son étreinte.Ilpasse son pouce sur mon clitoris et jedécolle en jouissant, sans pouvoir meretenir. À cet instant, je sais que je veuxpasser le reste de la nuit avec lui...

Chapitre 10 : QUENTINJe regarde le corps de Lou bouger

sensuellement dans l’eau, collé contre lemien. Cette femme a quelque chose queles autres n’ont pas. Elle a l’air si fragile,brisée, je peux le ressentir chaque foisqu’elle pose son regard sur moi. Cematin, juste avant de partir m’aérer la têtede cette nuit qui m’a complètementretourné, je l’ai regardée dormir. Ellebougeait dans son sommeil et a prononcéun nom, Jordan. Sur le moment, je mesuis dit que je venais de lui donnerplusieurs orgasmes et que c’est à un autrequ’elle pensait. Je suis donc parti commeun lâche ! Mais ce soir, dans les brasd’Angelo, quand je l’ai vu pleurer sur les

paroles de ma chanson, j’ai compris quequelque chose n’allait pas et j’ai prisconscience que, ce matin, elle a dûvraiment avoir mal quand elle s’estréveillée. Vu le mot que j’ai retrouvéécrit en rouge, je me doutais que quelquechose n’allait pas. Mais il faut qu’ellesache que je ne suis pas le genred’homme à m’engager dans une relation,je ne peux pas la faire espérer. Ma vie estbeaucoup trop remplie pour avoir unefemme aussi parfaite qu’elle à mes côtés.Les relations à long terme ne sont pasmon truc, je ne dois pas lui donner defaux espoirs. C’est juste qu’avec elle jeme sens bien, c’est tout ! Je suis mêmesûr que derrière ses larmes se cache unhomme. Je ne veux pas lui demander ce

qu’il se passe, si elle veut m’en parlerelle le fera d’elle-même. Mais est-ce queje veux vraiment le savoir, au fond ? Lesourire qu’elle me fait au moment où je laregarde me cloue sur place, je passe unemain sur sa joue. Elle lève les yeux pourregarder le ciel étoilé et soupiredoucement sous ma caresse.

— Tu n’as pas froid ?Elle replonge ses grands yeux en

amande dans les miens et secoue la têtepour me signifier que non.

— La chanson de ce soir, c’est unenouvelle ?

Sa question me surprend sur le moment,comment a-t-elle deviné ?

— Oui, c’est effectivement une nouvellechanson.

Je la vois rougir, je me penche pourembrasser sa bouche encore gonflée denotre précédent baiser. Elle se laissealler dans mes bras, je nous entraîne sousl’eau. Je touche son corps et la rapprochede moi. Elle s’agrippe à mes épaulesquand je remonte à la surface. Elle éclatede rire, je fais lentement glisser lafermeture de sa robe. Elle se remetdebout, je replonge en dessous de l’eaupour la lui retirer lentement. Quand jerefais surface, je balance le bout de tissuje ne sais où. Son soutien-gorge rejointvite sa robe. Elle croise les bras sur sapoitrine.

— Ne te cache pas, Lou, il n’y a que toiet moi ici.

Il ne faut pas qu’elle cache son corpsmerveilleux à regarder. Je me sens durcirinstantanément, je suis à l’étroit dans monpantalon qui me colle à la peau. Jel’enlève rapidement, nos deux corps serapprochent. Je suis sûr que c’est lapremière fois de toute sa vie qu’elle faitce genre de chose. L’alchimie de nos deuxcorps me surprend quand elle commenceà se frotter sur mon membre douloureux.Elle m’excite, je grogne contre son cou.Le premier orgasme que je lui ai donnéquelques minutes plus tôt va nous faciliterla tâche, sauf qu’il faut que nous sortionsde l’eau pour que je puisse récupérer unecapote dans ma veste. Elle s’agrippe à

moi et je sors de la piscine, je la pose surune chaise longue, j’attrape ma vesterapidement. Je la détaille, elle a les yeuxfermés, ses seins pointent vers le haut.Elle est vraiment sexy ! J’attrape unecapote et me penche pour lui embrasser leventre. Mes cheveux gouttent sur elle, unpetit cri sort de sa bouche quand l’eaufraîche tombe sur son corps. Je suis sur lepoint d’exploser quand elle tire dessuslentement. Je lui enlève doucement saculotte, elle me regarde les yeuxembrasés par le désir. Putain de merde !Je vais exploser avant d’être en elle, sielle continue comme ça ! J’essaie de mecontrôler en fermant les yeux, jem’allonge sur elle, complètement nu. Jel’embrasse et lui titille ses seins, alourdis

par le désir, elle se tortille sous moi, jeme redresse. Son regard se planteimmédiatement sur mon érection, je penseque le fait que je sois tatoué à cet endroitlà, la déroute un peu, ou pas quand je lavois mordre dans sa lèvre inférieure, jeme demande si cela ne l’excite pas plusqu’autre chose au final. Elle balade sonregard sur mon corps, je sais que je suisl’image type du badboy et que plusieursfilles à papa révéraient de m’avoir dansleur lit juste une nuit pour faire chierleurs parents. Je vis ça depuis longtemps! J’ai envie de l’avoir, je prends lesdevants, je la relève et m’allonge sur lachaise longue. Elle est debout, superbandante. Je n’ai même pas besoin de luidire quoi que ce soit qu’elle passe ses

jambes de chaque côté de moi, elle meprend la capote des mains et la faitlentement descendre sur moi. Je déglutisquand je vois ma queue rentrer dans sonminou, elle s’assoit complètement sur moiet entame un mouvement de friction. Jel’attire vers moi et lui embrasse l’arrièrede son oreille, elle gémit, j’accélère lacadence en lui empoignant les fesses. Noscorps sont en sueur, nous crions tous lesdeux, je la sens se resserrer autour demoi, elle cambre le dos et jouit enmordant dans mon épaule. Je la rejoinsdans un râle sourd et profond. À bout desouffle, elle s’effondre sur moi. Nosrespirations sont saccadées de l’intensitéde notre jouissance. Je lui caresse le dos,elle s’apaise dans mes bras. Je sais que,

l’espace d’un instant, elle revivait. Maisqu’est-ce qu’elle me fait ? Je crois qu’àchaque fois qu’elle est avec moi, je luiredonne un peu de vie. Si je peux faire çapour elle, je le ferai.

***

Lou n’a pas voulu rentrer, nous sommesdonc chez moi, devant la télé. Elle estdans mes bras et porte des vêtements quim’appartiennent, c’est beaucoup tropgrand pour elle, mais elle est mignonnedans mes fringues. Elle bâille en secollant plus contre moi.

— Tu veux aller te coucher ?— Non, ça va.Je souris doucement et resserre mon

étreinte autour d’elle. Si je peux lui faireoublier sa souffrance le temps d’uninstant, je suis partant. Mais est-ce que jene vais pas me ramasser ? Je chasse cetteidée de mon esprit en secouant la tête.Non. Moi, mon univers c’est la musiqueet je sais qu’il n’y a pas de place pourune femme dans ma vie. Surtout unefemme comme Lou...

Chapitre 11 : LOUCela fait quelques jours que je suis sur

un petit nuage. Hier, nous avons mangé enville avec Quentin, il m’a fait découvrirdes plats que je ne connaissais pas et m’anourris comme un bébé, nous avons passéune bonne soirée avant de nous retrouvernus tous les deux dans sa douche. Je suisrepartie chez moi juste après, car j’avaispromis à Paula de faire de l’aquagymavec elle, ce matin. À ce qu’il paraît, leprof est super sexy. Nous voilà donc aubord de la piscine, entourées de superfilles aux corps de top model en bikini.Le prof nous demande de rejoindre lapiscine. Ça fait quinze minutes que noussommes dans l’eau, je sens déjà les

muscles de mes jambes me faireatrocement mal ! Je souffre, mais je doisencore tenir trente minutes avant la fin ducours. Même si je suis dans la piscine, jesue, je ne savais même pas que celapouvait arriver. Paula, elle, ne bronchepas et suit à la lettre tout ce que Fabionous demande jusqu’à la fin. Quand ilfinit, il nous félicite et part sans seretourner. Paula fait la moue quand noussortons de l’eau, mais son sourire revientvite dès Angelo s’avance vers nous avecdeux verres de jus de fruits.

— Bonjour, mesdemoiselles !— Salut !Nous répondons en chœur ce qui le fait

sourire. Nous accueillons avec plaisir les

jus de fruits et nous installons sur unechaise longue.

— Les filles, ce soir Q donne unconcert, vous venez ?

Je n’ai pas le temps de répondre quePaula s’empresse de lui dire oui. Cesvacances vont m’épuiser au lieu de merevigorer ! Angelo nous dit donc à ce soiret nous fait un baise-main avant de partir.

— Il est sexy quand même, cet Angelo !— Hum hum...Je suis distraite par un couple amoureux

qui s’embrasse non loin de nous. Unevague de tristesse m’envahitimmédiatement, Paula le remarque.

— Lou, ça va ?

Je tourne la tête vers elle et lui faissigne que oui. Elle plisse les yeux, je saisqu’elle ne me croit pas, mais pour unefois, elle ne me dit rien. Au bout d’uncertain temps,nous décidons de remonterdans notre chambre pour prendre unebonne douche fraîche. La chaleur estétouffante alors qu’il n’est même pasmidi. Nous grimpons dans l’ascenseur,mon téléphone se met à sonner. Je neconnais pas le numéro, je décide dedécrocher quand même.

— Bonjour, mademoiselle Evans ?— Bonjour, oui c’est moi.Je jette un coup d’œil vers Paula qui me

questionne du regard, je hausse lesépaules.

— Lou Evans ?— Oui, je suis Lou.— Mademoiselle, je vous appelle de

l’ambassade américaine d’Arabie, je meprésente, je suis José Fernandez.

Mon cœur rate un battement, je sursauteen entendant le bip de l’ascenseur. Paulaavance, mais moi je reste figée sur place.Elle se rend compte que je ne la suis paset se retourne.

— Mademoiselle Evans, je suis désoléde vous annoncer cela comme ça, maisl’officier Handy Jordan est porté disparuau combat.

Mes mains tremblent, ma vue sebrouille. Je manque d’air et m’étouffe.

Jordan, je répète son prénom dans matête. Paula attrape mon portable etbredouille quelque chose que je necomprends pas. Mes oreilles sontbouchées, j’entends crier avant que deuxbras me soulèvent de terre, je reste inerte.Jordan a disparu ! Oh, mon Dieu ! Je memets à hurler de toutes mes forces enm’accrochant à l’homme qui me porte, jesuis rapidement posée sur un lit. Je nereconnais plus personne. Je suis dans lenéant.

Si Jordan n’est plus, je suis perdue...***

Paula réussit à me calmer un peu en meberçant dans ses bras. Je répète le nom deJordan en murmurant et à chaque fois mon

cœur vole en éclat. Il est peut-être blessé? Mort ? Tout seul dans le désert. Je meremets à pleurer aussitôt dès que cespensées me traversent l’esprit.

— Lou, calme-toi, ça va aller, monchou.

Paula me demande de rester allongée etme dit qu’elle revient. Je me mets enboule et regarde dans le vide, je suisperdue. Je suis seule, brisée. Je neremarque même pas que quelqu’un suitPaula en entrant dans ma chambre avantque cette personne parle. C’est Quentin.Non, non je ne veux pas le voir ! Je memets à jurer en leur disant que je veuxêtre seule ! Je pleure et me débats quandles deux bras de Quentin se referment

autour de moi. Paula a dû lui téléphonerderrière mon dos. Je la regarde et lui criedessus.

— Pourquoi tu l’as appelé ?— Je ne savais plus quoi faire, Lou.— Ah ! Parce que tu crois qu’il va

pouvoir faire quelque chose, peut-être ?Quentin essaie de me calmer, mais je le

repousse tellement qu’il finit par melâcher. Je me lève d’un bond de mon lit,sentant la rage bouillir en moi. Il faut queje me défoule sur quelqu’un et cequelqu’un, c’est lui.

— Barre-toi d’ici !— Lou, dis-moi ce qu’il se passe, s’il

te plaît ?

— Ce n’est pas parce que nous avonscouché ensemble que tu dois savoir lereste de ma vie, Quentin !

Je le vois sursauter, son regard changedu tout au tout.

— Tu le prends comme ça ?— Je le prends comme je veux !— Très bien !Je croise les bras sur ma poitrine et lui

montre en faisant un mouvement de têteoù est la sortie. Il s’approche de moi,quelque chose passe dans ses yeux.

— Je suis là si tu as besoin, Lou.— Va-t’en !Je me retourne sur Paula, je veux être

seule.— Toi aussi, tu t’en vas !Elle me regarde et ouvre grand la

bouche, Quentin l’attrape par le bras pourla faire sortir de ma chambre. Une fois laporte fermée derrière eux, je me précipitepour la verrouiller et colle mon dosdessus avant de glisser jusqu’au sol, enlarmes. J’ai perdu l’homme de ma vie, jene m’en remettrai jamais...

Chapitre 12 : LOUJ’entends les pas de Quentin et Paula

s’éloigner de derrière la porte, je plaqueune main sur ma bouche. Jordan a disparu! C’est surréaliste, je n’en reviens pas.Mon amour, lui, le seul, est perdu, je nesais où, dans le désert arabique. Je merelève avec peine et attrape montéléphone, il faut que j’appelle mesparents. Mes doigts tremblent quand jecompose le numéro de chez eux. Ma mèredécroche au bout de deux sonneries, jereste sans voix, je n’arrive pas àrépondre.

— Allô ?Je retiens un sanglot et m’assois sur le

lit.

— Lou, ma chérie, c’est toi ?Je secoue la tête, même si je sais

qu’elle ne peut pas me voir. Aucun son nesort de ma bouche.

— Lou, qu’est-ce qu’il se passe ? C’estJordan ?

Je retiens mon souffle quand j’entendsson prénom et ma faculté de parlerrevient comme par magie, quelquessecondes plus tard.

— Il a disparu...— Oh, mon Dieu ! Ma chérie, est-ce

que ça va ?— Non...

Ma mère reste silencieuse, je peuxl’entendre renifler. Elle adore Jordan,tout comme moi. J’en suis tombéeamoureuse ce fameux soir où le talon dema chaussure s’était pris dans une grilled’aération. Je le revois s’avancer surmoi, tellement beau et sûr de lui, leregard rieur.

— Je peux vous aider, mademoiselle ?

Je l’avais regardé et qu’est-ce que je letrouvais beau, ses traits étaient parfaits etune espèce de rire nerveux était sorti de mabouche. Il s’était accroupi et m’avait attrapéla cheville avec délicatesse. Son contactm’avait fait frissonner et comme par magiemon talon s’était décoincé.

— Je suis vraiment idiote, avais-jebafouillé.

— C’est plutôt de mettre ces grilles enpleine rue qui est idiot !

Sa voix était grave et elle résonnait dansmes oreilles. Je lui avais souri gentiment,j’étais sur le point de repartir quand ilm’avait demandé si j’étais libre pour uncafé. Ce que j’avais évidemment acceptésans hésitation.

Je reviens à moi quand ma mère seremet à parler.

— Tu vas rentrer de tes vacances ?— Je ne sais pas ce que je dois faire

maman.Ma vue se brouille encore une fois. Si

je décide de repartir, Paula me suivra etje ne veux pas lui gâcher ses vacances. Ilreste deux semaines, elles sont payées. Je

ne profiterais peut-être pas autant que jele devrais, mais je peux rester dans cettechambre à me morfondre sur moi-même,jusqu’à notre départ. Je ne peux pasm’amuser si je sais que Jordan n’est plusen sécurité, seul et disparu au milieu denulle part. Ma mère me rassure commeelle peut et ça me fait du bien d’entendrequ’il n’est peut-être pas mort et quepersonne ne certifie cette chose. Elle medit que Jordan est fort et qu’il retrouverale chemin de sa base, qu’il reviendraencore plus de fer de son aventure. Jesouris un peu, car elle sait qu’il nevoudrait pas qu’on se morfonde commeça sur son sort. Mon moral remonte, dansl’espoir qu’elle dise vrai et qu’il esttoujours quelque part en vie. Je raccroche

après avoir parlé à mon père quelquesminutes et j’essuie mes yeux. Je merelève, mes jambes tremblent, maisj’arrive quand même sur le balcon de machambre sans tomber. Je suis épuisée, unmal de crâne s’est installé. Je regardel’horizon, perdue dans mes pensées quandj’entends qu’on frappe à ma porte.

— Lou, tu vas bien ?La voix de Paula est triste, je décide de

lui ouvrir la porte. Je tourne seulement leverrou et retourne sur le balcon. Elle merejoint en s’installant à côté de moi. Ellene parle pas, elle me serre juste la main.Son contact me fait du bien, je peuxcompter sur elle, je m’en veux un peu delui avoir crié dessus.

— Excuse-moi pour tout à l’heure.Ma voix est enraillée et je tousse.— C’est pas grave, je comprends.Le soleil caresse ma peau, je me

demande si Quentin est toujours dans lesparages.

— Quentin est toujours là ?— Oui, il est dans le petit salon. Il n’est

pas très bien, on dirait.Je fais signe à Paula de rester là et

j’entre pour traverser la suite.Effectivement, il est là, la tête entre sesmains. Il a l’air perdu, lui aussi. Il relèveses magnifiques yeux bleus vers moi et seredresse comme un piquet, guettant maréaction. Je comprends qu’il soit sur la

défensive vu les mots que je lui aienvoyés à la figure. Je m’avance etm’installe à côté de lui, mais malgré matristesse je peux sentir l’alchimie qu’il ya entre nous. Je pose ma main sur sacuisse, il m’attrape pour me coller contrelui. Je pleure doucement dans le creux deson cou, il me caresse le dos et je renifle.Je ne devrais pas me consoler avec unautre homme, ce n’est pas bien.

— Tu me racontes Lou ?Je pense qu’il a le droit de savoir

pourquoi je suis dans cet état. Je luiexplique péniblement et je peux sentir soncorps se tendre plusieurs fois. Je ne veuxpas le blesser, mais il doit savoir. À la finde mon récit, je suis sur ses genoux. Il

essaie de me rassurer comme il peut, jesais bien qu’il n’est pas à sa place, maisil a le mérite d’avoir un peu decompassion pour moi. Je raconte ma vie àune rock star c’est tellement ridicule queje me mets à rire.

— Qu’est-ce qu’il y a ?Il doit me prendre pour une folle, je

rigole de plus belle en voyant sa tête.Paula arrive dans le salon et fait unedrôle de tête, elle aussi. Je descends desgenoux de Quentin pour la prendre dansmes bras.

— Lou, ça va ?Je m’esclaffe encore et entre deux

hoquets, j’explique pourquoi je rigole.Paula m’accompagne, mais Quentin lui,

reste impassible. En voyant sa tête, je mestoppe directement.

— Quentin ?— Lou, ce n’est pas parce que je suis

une rock star que je ne suis pas capablede comprendre.

Je me sens conne d’avoir pensé qu’ildevait carrément s’en foutre de masituation. Il se lève et part vers la porte,je le suis.

— Quentin, attends !Il pose sa main sur la poignée de la

porte et ne fait plus un geste. Je pose lamienne sur son avant-bras, je m’excusede mon comportement. Son regard plongedans le mien, il m’attrape pour coller sa

bouche sur la mienne. Mes mainss’accrochent dans ses cheveux, sa barbeme chatouille. Il passe sa langue entremes lèvres, je gémis, une chaleurs’installe entre mes cuisses, jem’accroche à lui. J’ai besoin de soncontact, là maintenant ! Je lui faiscomprendre en plaquant mes hanchescontre les siennes, mais ses mainsm’immobilisent. Il pose son front contrele mien, à bout de souffle, je le regardeperplexe.

— Lou, laisse-moi digérer tout ça.— Tu t’en vas ?— Oui, je dois répéter pour le concert

ce soir. Tu viendras ?— Je ne sais pas...

— J’espère t’y voir...Sa voix est à peine audible. Il

m’embrasse rapidement et en un éclair, ilest parti ! Je reste dans le couloirquelques minutes pour me reprendre etessayer de digérer ce refus. Je croyaisvraiment qu’il me ferait l’amour ? J’enétais persuadée plutôt ! Je ne comprendspas, j’ai bien senti qu’il en avait envie luiaussi. Je secoue la tête et je repars dansma chambre pour retrouver mes esprits.Mais qu’est-ce que je fais ? Je suiscomplètement perdue. Je m’allonge et meroule en boule sur mon lit, je m’endors,épuisée par tout ce chamboulement queprend ma vie...

Chapitre 13 : LOUJe sens qu’on me caresse les cheveux,

j’ai mal à la tête et j’ai juste envie quel’on me laisse tranquille. Je suiscomplètement dans le cosmos, je repenseautomatiquement à Jordan et sans que jene puisse me contrôler, mes larmes seremettent à couler. C’est quand mêmeinsensé cette histoire, il va falloir que jeretourne à Boston à l’ambassadeaméricaine et demander à être mieuxrenseignée, il y a bien quelqu’un qui ensait plus que ça là-bas. Je me redresse,Paula me tend un verre d’eau, je le prendsen la remerciant doucement et j’en boisune petite gorgée, c’est glacé. Je pose leverre sur la petite table de chevet et

regarde dehors, j’entends des gens rire ets’amuser, sûrement au bord de la piscine,mon cœur se serre ; hier encore, j’y étais,moi aussi... Paula se relève et s’arrêtedevant le miroir de ma chambre, ellepose ses mains sur ses hanches et meparle à travers le carreau, comme ondirait.

— Tu sais, j’ai commencé à remballermes affaires.

— Mais, je...— Il faut que nous retournions à Boston

pour que tu puisses mieux gérer ce qu’ilse passe, ici tu ne peux pas faire grand-chose.

— À Boston non plus, je ne pourraispas y faire grand-chose...

— Oui, mais tu as ta famille et lesaffaires de Jordan là-bas, tu pourrasmieux gérer, j’en suis sûre.

Je repense à ce que ma mère m’a dittout à l’heure, je ne dois en aucun caspenser que Jordan est mort, il faut que jepense très fort qu’il est encore vivant etqu’il est fort, qu’il arrivera à revenir à sabase, sain et sauf. Je suis sûre qu’il a déjàtrouvé un moyen d’y parvenir.

— On va rester !— Je ne veux pas passer mes vacances

à te voir complètement triste.Je vais essayer de rester stoïque pour

ce que je m’apprête à dire. Si elle voitrien qu’une seule fissure, elle nous foutdans l’avion, c’est sûr et certain !

— Je suis sûre qu’il va bien et qu’il varevenir en vie de cette mission, nousallons rester ici et profiter de ce séjour,ça fait deux ans qu’on attend ça.

— T’es sûre ?Non...

— Oui, bien sûr.Elle se retourne, un grand sourire sur

les lèvres, pour me rejoindre sur le lit etme serrer très fort dans ses bras. Je meretiens de pleurer, j’ai l’impressiond’avoir un oursin en travers de la gorge.

— Je suis contente que tu ailles mieux,ma chérie.

— J’ai juste confiance en lui.Je me dégoûte de dire ça, parce que,

moi, je suis justement en train de faireavec Quentin ce que j’avais promis de nerien faire le temps de l’absence deJordan. Je ne sais même pas comment jevais faire pour me regarder dans la glaceet ne pas me trouver répugnante de letromper. «C’est parce Quentin te fait tesentir vivante Lou». Je n’essaie mêmepas de faire taire ma conscience, parceque je sais qu’elle a raison. J’étaistellement vide avant de venir ici. Je saisque je ne développe pas de sentiment àl’égard de Quentin, il me plaît et me faitpenser à autre chose. Je me détesteencore plus de me servir de lui. Aprèstout, c’est lui qui est venu me chercher surla plage, il aurait pu passer son chemin etme laisser tranquille, sauf qu’il ne l’a pas

fait et que maintenant, il faut que je réparele mal qu’il y a eu il y a quelques heuresde ça.

— Tu veux aller au concert, ce soir ?Paula écarquille les yeux de surprise,

elle n’aurait sans doute pas pensé que jelui proposerais un truc pareil après lanouvelle que j’ai apprise.

— Tu es sûre ?— Oui, il faut que je parle à Quentin.Elle relève un sourcil parfait et brasse

ma phrase d’un geste de la main.— Tu sais, je crois qu’il s’en remettra.— Je ne sais pas, je crois que je l’ai

vraiment blessé.

Elle ne relève pas, Paula sait que j’aiun cœur d’artichaut. Il faut que je pense àautre chose et le meilleur moyen pour yparvenir, c’est le sucre.

— Ils font des glaces au chocolat, aubar ?

— Je crois que oui, pourquoi ?Je fais un sourire à ma meilleure amie

qui comprend aussitôt ce que je veuxdire. Elle se lève et me demande de larejoindre, dès que je suis prête, dansl’entrée de l’hôtel. Elle part de machambre, je vais d’abord aller prendreune douche. Je me déshabille lentement etme mets face à mon reflet, j’ai envie derester naturelle aujourd’hui. J’entre sousl’eau et me savonne avec du monoï,

j’aime vraiment cette odeur, Quentin m’arendu encore plus accro à ce parfum. Jefinis de me laver et je sors. J’essaied’attraper ma serviette, sauf qu’elle n’estplus là. Mince, c’est bizarre, je ne suispas folle, elle était belle est bien là avantque je n’entre sous l’eau. Je passe ma têteet deux yeux bleus me regardent.

— Quentin !Je crie son prénom sous la peur, il me

tend ma serviette, je l’attrape et la metsautour de ma poitrine avant de sortir de ladouche.

— Qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’es pasen répétition ?

Il secoue négativement la tête et enlèveson tee-shirt. Qu’est-ce qu’il fait ? Je

reste comme une gourde plantée sur letapis de bain à regarder son corps parfait.Il descend son short d’un geste agile,j’écarquille les yeux devant son érection.

— Qu’est-ce que tu fais, Quentin ?bafouillé-je, comme une adolescenteattardée.

Il relève un coin de sa bouche pour mefaire un sourire, il s’approche de moipour attraper ma serviette d’unmouvement rapide. Je place ma main versle sud, je rougis. Bon sang ! Il estcomplètement fou et sexy, en plus de ça. Ils’approche de moi, je recule, ce qui mefait donc retourner dans la douche. Ilentre à son tour et pose une main juste àcôté de ma tête, je déglutis. Son autre

main passe avec effleurement sur mescôtes, je frissonne, mon corps reprendvie. Toujours sans ouvrir la bouche, ilrallume le jet de la douche, je crie desurprise quand l’eau froide entre encontact avec ma peau. Je remarque quepour lui, le froid ne lui fait pas baisser satempérature. Il se penche un peu etembrasse le renflement de mes seins. Jesoupire, c’est tellement agréable que çame fait oublier que l’eau est toujoursgelée.

— Lou, tu as confiance en moi ?Je ne comprends pas ce qu’il veut dire

tout de suite. Je ne le connais pas, je nesuis pas non plus certaine de ce qu’il medemande.

— Que veux-tu dire ?Il baisse les yeux sur son membre, le

déclic est immédiat, il est venu lespoches vides. Un tas d’émotionsm’envahit et je réfléchis en vitesse. Je nepeux pas faire ça à Jordan. C’estimpossible pour moi de coucher avec unautre homme que lui sans préservatif, ceserait pire que tout. Ce que je fais n’estdéjà pas tolérable. Quentin comprend etse détache de moi. Sauf que j’ai besoinde lui, alors il va devoir trouver unesolution ! Je passe mes bras autour de soncou.

— Lou, à moins que tu n’aies pasd’inconvénient pour les fellations, je nepeux rien faire pour toi.

Je glousse, ce mec dit vraiment ce qu’ilpense, c’est un côté que j’aime chez lui.Je décide de rentrer dans son jeu.

— Quentin, à moins que tu n’aies pasd’inconvénient pour les cunnilingus, je nepeux rien faire pour toi.

Il éclate de rire et éteint l’eau de ladouche. Je le regarde, perplexe. Unsourire carnassier se forme sur sonvisage.

— Désolé, ma belle !Il nous fait sortir de la douche et sans

que je m’y attende, je finis sur son épaule,les fesses en l’air, sous son nez.

— Quentin !Il rejoint mon lit en quelques enjambées

et me dépose dessus, je suis trempée etlui aussi. Je n’ose même pas regarder lecarnage qu’il vient de faire. Ses cheveuxdégoulinent partout.

— Je ne prends pas les propositions àla légère, alors il faut que nous soyonsquittes !

Il est fou, barge, maboul, je ne sais paslequel des trois lui va le mieux.

— Tu sais c’est quoi mon chiffre fétiche? me demande-t-il.

— J’ai une petite idée sur la question.— Je t’écoute…Le chiffre porte-bonheur de Quentin ne

veut pas sortir de ma bouche. Il voit quej’hésite, donc il reprend les choses en

main.— Dans ce cas, je vais te montrer...Il se place au-dessus de moi pour venir

m’embrasser sauvagement. Je vous disjuste que ce petit 69 était des plusagréables...

Chapitre 14 : LOUJe descends dans le hall de l’hôtel avec

Quentin, Paula n’y est pas, en mêmetemps je pense qu’elle a dû le croiser toutà l’heure ! Nous sortons dehors sous lesoleil et effectivement, elle est installéeavec Angelo au bar. Nous avançons verselle quand nous arrivons proches d’euxelle s’écrie.

— Lou, Quentin !Je lui fais les gros yeux. Pour la

discrétion, elle repassera ! J’embrasseAngelo pour lui dire bonjour avant dem’installer sur un tabouret, le serveurarrive vers moi et me demande ce que jesouhaite.

— Une glace au chocolat si c’estpossible, s’il vous plaît.

— Ici tout est possible, ma petite dame,je vous apporte ça.

Je le remercie, j’entends Quentincommander une limonade avant que Paulane me harponne de questions.

— Alors, c’était comment là-haut ?Je rougis illico quand je repense à notre

performance. Paula ne retient pas son rireet elle attire, bien sûr,des regardsinterrogateurs de la part de Quentin etAngelo. Je lui mets un coup de pied quine passe pas inaperçu, Quentin fait unpetit sourire en coin, il a compris. Leserveur revient avec ma glace et le verrede limonade, et sans que j’aie eu le temps

de dire quoi que ce soit, il prend à sacharge le paiement. Je le fusille duregard, il lève son verre vers moi avantde boire une gorgée, je le regarde commeune débile et repense à sa langue sur moiet fronce les sourcils à la façon que j›aid›oublier ce qu›il se passe avec Jordan.

— Lou, suce avant que ça coule !Je m’étrangle quand j’entends Paula,

Quentin qui ne peut pas s’en empêcheréclate de rire. Paula comprend alors cequ’il s’est passé dans la chambre et pourune fois elle ferme sa bouche, sûrementhonteuse d’avoir déclenché cettesituation. Je passe ma langue sur lecontour du cône gaufré pour lécher lechocolat exquis et tout ça sans regarder

vers Quentin. Mon amie change de sujet,ce qui allège aussitôt l’atmosphère. Parmoment, j’aimerais qu’elle soit moinsgaffeuse ; en fait, non, sinon ce ne seraitplus elle. Les garçons prennent congé etnous disent à ce soir avant de partir je nesais où. Nous décidons avec Paula qu’unepetite sieste sur les transats au bord de lapiscine nous fera le plus grand bien. Jem’installe et remarque Handy qui n’estpas très loin de nous, je lui fais un petitsigne de la main et par politesse, il hochela tête. J’espère qu’il est bien payé pourfaire ce métier, ce ne doit pas être facilepour lui d’être toujours là à attendrequ’on le sonne, ça me fait presque mal aucœur. Je m’allonge ; aujourd’hui, il y aune petite brise fraîche et ça fait du bien.

— Lou, demain on ira à la plage ?— Si tu veux.Elle pose ses lunettes de soleil sur ses

yeux, je fais la même chose. Le bruit desenfants et des amusements autour de moime rendent mélancolique.

«Je suis avec Jordan dans le «BostonPublic Garden» et nous sommes main dansla main. Deux jours avant qu’il ne partepour sa mission.

— Tu penses que ça ira là-bas ?

— Ma chérie, détends toi, ça ira d’accord.

— J’ai tellement peur.Nous nous arrêtons en plein milieu de

l’allée, les gens autour de nous, qui nesavent pas ce qui se passe, vont et viennent àleurs occupations.

— Lou, regarde-moi.

Je lève les yeux vers lui, il pose ses mainssur mes joues.

— Tu veux que je te fasse une promesse ?Je secoue la tête, je sais que Jordan tient

toujours ses promesses. Il respire un grandcoup et me dit : — Dès que je reviens decette mission, ma chérie, je te promets qu’onva se marier et qu’on aura un petit nous.

Je ris et pleure en même temps avantd’embrasser mon sauveur.»

Je souris, j’ai toujours emmerdé Jordanavec ce petit surnom depuis qu’il m’alibérée de la grille de cette rue. À chaquefois que nous racontons aux gens commentnous nous sommes rencontrés, ils rient engénéral, mais pour moi c’est toujoursagréable de dire comment j’ai trouvé

l’homme de ma vie. Je respire un grandcoup, je sens qu’il est toujours en vie etqu’il va bien. J’aimerais tellement avoirde ses nouvelles, mais ici c’estimpossible, pour ça il faut que je retourneà Boston, par téléphone l’armée ne donneaucune information. Avoir un enfant avecJordan est ce que je souhaite plus que toutau monde et en plus, nous voulons tousles deux un garçon. Je repense à moi ,quand il est parti deux jours plus tard,après cette conversation. Je n’étais pluscertaine de vouloir un bébé, je me disaisà chaque fois que ça briserait aussi notreenfant de voir son papa partir au combatet de ne jamais être sûr qu’il revienne envie des missions. C’est vraiment délicat,Jordan est parti depuis deux ans

maintenant. Le cerveau d’un bambin estcapable d’effacer des souvenirs et de nepas reconnaître une personne, surtoutquand il a moins de cinq ans. Un enfant,devant moi, est sur le bord de la piscineavec une petite bouée autour de la taille.Je le regarde, il s’apprête à plonger, sonpapa l’invite à sauter. Il y va en touteinsouciance, je ne peux pas m’empêcherde penser que ce petit garçon aentièrement fait confiance à son père quia fini par le rattraper. Voilà ce que je vaisfaire, moi aussi, je vais faire confiance àJordan et quand je rentrerai à Boston, jeretrouverai mon homme.

***

— Lou, t’es prête ?

Je rejoins Paula sur le balcon, elle medétaille des pieds à la tête.

— C’est quoi cette tenue ?— Un short et un débardeur !— Tu ne vas pas au concert ?— Euh, si...— Tu y vas fringuée comme ça ?— Oui, Paula, j’ai quand même le droit

de m’habiller comme je veux, quandmême !

Elle hausse les épaules et se retournepour prendre un verre posé sur la table,elle me le tend. Je n’ai pas trop envie deboire et de faire la fête, mais j’ai promisà Paula que je ne gâcherai pas le restedes vacances. Cependant, la Margarita à

la fraise est excellente ! Nous descendonsaprès notre verre et comme prévu Angelonous attend devant l’hôtel avec sa voiture.Il baisse sa vitre.

— Charmantes, les nanas ! Montez !Je monte à l’arrière, Paula s’empresse

de grimper à l’avant, je sais qu’Angelolui plaît. C’est vrai qu’il est beau garçon ;il a le regard sombre et les cheveuxbruns, en plus d’avoir un corps parfait, cequi plaît en général à mon amie. Si jamaisil tombe dans les griffes de Paula, il ne vapas s’en remettre ! Nous nous garons àpeine dix minutes plus tard sur le parkingde la boîte où Quentin est censé faire sonconcert, il y a une queue monstre ! Je faisles gros yeux en soupirant. Nous

descendons de voiture, contre touteattente, Angelo passe devant tout lemonde en glissant un mot à l’oreille duvigile.Celui-ci nous regarde et écarte lachaîne pour que nous puissions entrer,j’entends derrière moi des gens râler, jeme faufile pour prendre le bras de monamie sous le mien. Angelo met son brasautour des épaules de Paula, après êtrepassés par le guichet, nous entrons dansun endroit magnifique. C’est bondé, maisAngelo sait où nous conduire, nousatterrissons dans ce qui me semble être uncarré VIP. Mes yeux se plantentimmédiatement dans ceux de Quentin.Mon corps réagit aussitôt ! Soudain, unefille blonde super belle lui saute dessus etl’embrasse à pleine bouche, je détourne

le regard, surprise de voir ce qui vient dese passer. Je ne peux pas lui en vouloir,ce n’est pas mon petit ami, je n’ai pas ledroit d’être jalouse. Paula se crispe, jepose ma main sur son bras en lui faisantsigne de ne rien dire, il fait ce qu’il veut,il m’a déjà dit qu’il ne voulait pas derelation stable, je savais à quoim’attendre, je n’ai pas le droit de lejuger, vu que je suis moi-même fiancée.Quand je repartirai de San Andres,Quentin ne sera plus qu’un souvenir etrien d’autre. C’est cliché, mais c’est justeun amour de vacances, comme on dirait.Angelo détend l’atmosphère en nousemmenant un peu plus loin.J’ai quandmême besoin d’un verre d’alcool, jecommande donc une vodka cherry.

Quelque chose de fort peut m’aider àessayer de ne pas penser à tout ce qui sepasse dans ma vie ces temps-ci. Laserveuse, qui porte une jupe extra courteet un tee-shirt qui pourrait faire office desoutien-gorge, prend notre commande ennous disant qu’elle revient tout de suite.Jen’ose pas regarder vers Quentin, car jesens qu’il m’observe. Dire que, cetaprès-midi encore, il était avec moi, dansma chambre. Je ne veux vraiment pasimaginer ce qu’il fait quand il n’est pasavec moi, après ce que je viens de voir !Comme promis la serveuse revient avecnos verres et dès qu’Angelo me passe lemien, je le prends et en bois une assezgrosse gorgée.J’essaie de ne pas faire lagrimace quand l’alcool rentre en contact

avec mon estomac, je suis fière deréussir. Paula me donne un coup et sepenche à mon oreille.

— Le beau gosse vient vers toi...Oh, non ! J’essaie de paraître la plus

naturelle possible, je regarde droit devantmoi et me concentre sur une fille quidanse avec un homme d’une façon trèsindécente ! Je sens la banquette à côté demoi s’affaisser, son parfum emplit mesnarines. Même si je sais qu’il vient de sefaire racler les amygdales par unegroupie, je ne peux pas m’empêcher depenser à ce qu’il me fait vivre depuis queje suis arrivée ici. Son bras effleure lemien et un frisson remonte le long de mondos.

— Lou ?Sa voix est un peu pâteuse, je pense

qu’il a dû boire, lui aussi. Je tourne latête et sans que je ne puisse dire quoi quece soit, il attrape l’arrière de ma tête pourcoller sa bouche contre la mienne. Legoût du whisky que je sens est très fort, ila dû en boire une gorgée juste avant dem’embrasser. Sa langue bouge avec lamienne, c’est intense. Il attrape ma jambegauche en dessous de mon genou etréussit à me tirer assez fort pour quej’atterrisse sur lui, à califourchon. Sesmains passent sous mon tee-shirt, il mecaresse le long de ma colonne vertébrale.Des acclamations derrière nous me fontrevenir à la réalité. Je me dégage de sonétreinte, en passant bien sûr, sans le faire

exprès, je sens qu’il est excité. Je medemande si c’est moi ou l’autre fille quil’a rendu dans cet état. J’ai ma réponsequand il se penche à mon oreille.

— Je me demande si je ne vais pas êtreobligé de t’embarquer dans un coinsombre avant de monter sur scène.

Je déglutis ; sa proposition est tentantemais je me dégonfle, et au lieu derépondre, j’attrape mon verre pour enboire une autre gorgée. Cette soirée vaêtre longue !

Chapitre 15 : LOULe concert est fini, je suis à la

recherche de Quentin, je ne le trouvenulle part. Mince, où est-il ? J’abandonnemes recherches et retourne auprès dePaula et Angelo qui n’ont pas quitté lecarré VIP depuis que nous sommesarrivés, je me rassois en soufflant, Paulame questionne :

— Qu’est-ce que tu as ?— Je suis fatiguée, je vais prendre un

taxi et rentrer, ça ne te dérange pas ?— Tu es sûre ?— Oui, je suis sûre et puis toi, tu peux

rester.

— D’accord, on se voit demain, monsucre d’orge.

J’embrasse mes amis et vais jusqu’aubar pour commander un taxi. La serveusequi prend en charge ma demande est trèssympa.

— Il sera là dans dix minutes.Je la remercie et sors prendre une

bouffée d’air frais. Le vigile me souhaiteune bonne soirée, je lui fais un petitsourire, il me fout les jetons ! J’avance unpeu et rejoins l’abri destiné à attendre letaxi. Il fait vraiment bon, la chaleur va memanquer quand je repartirai d’ici. Lavoiture se gare, je regarde une dernièrefois vers la boîte de nuit avant de monterà l’intérieur.

— Je vous emmène où, mademoiselle ?—À l’hôtel Casablanca, s’il vous plaît.Il démarre et, très vite, je suis devant

l’hôtel, je paie ma course et descends enclaquant doucement la portière. Le bruitde l’océan me parvient, je décide d’allerfaire un petit tour sur la plage, quelquesminutes. J’enlève mes ballerines etj’avance dans le sable encore tièdejusqu’à la mer. Elle est calme, la lune sereflète dedans, je regarde l’horizon.

— Où es-tu ?Je ne sais pas moi-même de qui je

parle, de Quentin ou de Jordan, monesprit en vrac m’empêche de penserclairement. J’avance les pieds dans l’eauet croise le rocher où je me suis installée

avec Quentin, il y a quelques jours. Jemonte dessus et remarque que de là où jesuis, je peux voir son bungalow, c’estallumé à l’intérieur. Mon cerveau se metautomatiquement à réfléchir. J’y vais… Jen’y vais pas… Voilà la question qui meturlupine ! Puis, je repense à sa fuite, ilest parti sans venir nous dire au revoiraprès son concert, paf volatilisé ! Je suisune femme très curieuse donc, mes piedsdécident pour moi. Je saute du rocher etvais en direction de chez lui. Je ne suisplus très loin maintenant, j’entends de lamusique, il n’y a pas un seul bruit donc ilest sûrement seul. J’hésite à frapperquelques instants, je mords dans ma lèvrepour réfléchir, s’il m’envoyait bouler ?Tant pis, je frappe un léger coup sur la

porte, en quelques secondes, elle s’ouvre.Il tient une bouteille de Jack dans samain, il tangue un peu, me regardebizarrement, avec des yeux injectés desang. Cependant, il se pousse et retourneà l’intérieur en laissant la porte ouverte.Je pense que c’est une invitation, alors jemonte les deux marches. Je reste scotchéepar ce que je vois : la table basse estretournée à l’envers, dans le salon et unedes trois guitares est explosée en miettepar terre.

— Mon Dieu, que s’est-il passé ici ?— Rien.Il hoquète et reprend une longue gorgée

de sa boisson. Pourquoi il a l’air si triste? Je m’avance en enjambant les morceaux

de bois, je reste quand même à au moinsdeux mètres de lui.

— Qu’est-ce qu’il y a ?Il retient sa respiration en entendant ma

voix, je ne veux surtout pas le mettre encolère, je ne veux pas non plus ledéranger. Je commence à faire demi-tour,il ne va pas me retenir, je le sens. Je poseun pied sur la première marche, sa voixrésonne derrière moi.

— Tu vois, dans la vie, on n’a pastoujours ce qu’on veut !

Je ne me retourne pas, je comprendsexactement ce qu’il veut dire par là. Je neveux pas avoir cette conversation aveclui. Dès le début, dans ma tête, c’étaitjuste pour les vacances et rien d’autre. Je

dois partir et ne plus le revoir de monséjour. Je descends les escaliers mais savoix, très proche de moi, m’indique qu’ila bougé du canapé.

— Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as peur desavoir ce que je pense de tout ça ?

Effectivement oui, j’ai peur de savoirce qu’il pense de tout ce qu’il se passeentre nous. Je continue d’avancer,j’entends la porte du bungalow claquer etquand je me retourne, il en descend lesmarches.

— Bah quoi ? Reste ! Tu ne veux past’amuser un peu ?

Je secoue la tête, j’avance assez vite,mais il me rattrape rapidement. Sa largemain se pose sur mon épaule et il me

retourne.— N’aie pas peur, je ne veux pas te

faire de mal.— Laisse-moi partir, tu es saoul, je ne

veux pas avoir cette conversation avectoi.

— Je ne suis pas saoul !Il tangue, j’arrive à dégager mon épaule

de sa main. Je recommence à marcher.— En fait, tu es comme toutes les autres

!Je stoppe et fais volt face— Non, je ne suis pas comme les

autres.— Tu parles ! Ne me fais pas croire que

je t’intéresse.— Tu sais aussi bien que moi que nous

deux c’est impossible, tu le dis toi-même!

— Moi je ne trompe pas mon petit ami !Un coup de poignard se plante dans ma

poitrine, il me crache ça au visage et jereste comme une conne à le fixer. Il araison, je me dégoûte moi-même.

— Tu sais quoi, Quentin, tu as raison.Je suis comme les autres filles, je me suisservie de toi pour combler le manque, etrien d’autre !

Cette fois-ci, je m’en vais vraiment.J’arrive au rocher où je m’étais arrêtéetout à l’heure et regarde derrière moi. Au

loin, je peux voir sa silhouette à genouxsur le sol. J’ai mal pour lui, mais je nedois pas y retourner. Je n’ai aucunsentiment d’amour, tout n’est que désir etpassion, rien d’autre. Mon cœur, c’estJordan qui l’a embarqué avec lui avant deprendre l’avion. Je rentre dans pieds nuset monte dans l’ascenseur en baissant latête.Je n’aurai jamais dû aller jusque chezlui. Je passe ma carte et entre dans lasuite, j’allume la lumière, la chambre dePaula est grande ouverte, il n’y apersonne. Je suis fatiguée, je sème mesfringues dans ma chambre et une fois nue,je rejoins la salle de bain. L’eau qui coulesur moi me réchauffe l’âme. Je sors et mesèche rapidement avant d’enfiler un shortde pyjama et un débardeur, les nuits sont

chaudes ici. Je me mets sous le drap etfixe le plafond. Je suis ignoble de luiavoir dit ça, il va penser que je suis unesalope et que ce qui m’intéresse c’est deme taper des rock stars, sauf que jusqu’àmaintenant je n’en avais jamais vu une envrai. Je me tourne sur le côté dansl’espoir de réussir à trouver le sommeil...

Chapitre 16 : LOULife is full of pitfall, younever know who

you will meet, I do not thinkits me arriveone day, but it’s too late, I am no longerable to lie about what I feel ...

Un son musical me réveille de monsommeil léger. J’entends quelqu’unchanter, cette personne n’est pas très loinde moi. Je m’assois dans mon lit etregarde l’heure, ça ne fait que deuxheures que je suis rentrée, c’est peut-êtrePaula qui a allumé sa radio. Je merecouche et écoute cette sérénade qui vapeut-être me rendormir.

La vie est faite d’embûches, on ne saitjamais qui on va rencontrer, je ne pensaispas que ça m’arriverait un jour, mais c’est

trop tard, je ne suis plus capable de mentirsur ce que je ressens...

Mais cette voix, c’est celle de Quentin !J’ouvre grand les yeux. Je fais valser lacouverture et sors sur mon balcon. Je mepenche pour regarder en bas, il n’y apersonne au bord de la piscine. Je sors dema chambre et, la première chose que jefais, c’est de regarder s’il n’est pas dansla suite, personne non plus ! Je passedevant la porte d’entrée et là j’entends, ilest dans le couloir de l’hôtel. Je posemon oreille contre le bois.

This girl in almond eyes is the mostbeautiful I hast never seen, she is sobeautiful it makes me crazy. I amcomplete ly lost, this is the first time itshappened to me, it is for me an idyll!

An impossible equation...Cette fille aux yeux en amande est la plus

belle que je n’ai jamais vue, elle est si bellequ’elle me rend fou. Je suis complètementperdu, c’est la première fois que çam’arrive, elle est pour moi une idylle ! Uneéquation impossible...

Mes larmes s’échappent, ce que je nevoulais pas arrive, Quentin chante pourmoi, il gratte la guitare pour moi, il estamoureux de moi... Mon dieu, qu’est-ceque j’ai fait ? Je n’ai jamais voulu ça. Jem’adosse et j’écoute les paroles. Lachanson est magnifique... Soudain elles’arrête, je me laisse glisser contre laporte.

— Pardonne-moi, Lou, je n’y suis pasarrivé.

J’entends qu’il se relève et plus aucunbruit ne me parvient. Il est parti ? Jen’ose pas ouvrir la porte par peur dedevoir affronter la réalité. Je me relève etj’essuie mes joues pour retourner mecoucher. Il faut que je parle à Paulademain matin, qu’elle sache que toutecette histoire qui était censée n’être qu’unpasse-temps devient plus que ça pour lui.

***

J’ouvre les yeux en entendant unevibration. Je cherche mon téléphone, ilfait jour ce qui veut dire que j’ai bel etbien réussi à me rendormir. Je débloquel’écran, c’est un texto de ma mère.

Maman :... Lou, il faut que tu écourtes tesvacances et que tu reviennes le plus vite

possible à Boston...

J’appuie sur la touche de rappelimmédiatement. C’est la voix de monpère qui me parvient.

— Allô ?— Papa, c’est moi.— Ma chérie, ça fait du bien de

t’entendre, comment vas-tu ?— Ça pourrait aller mieux.— Je comprends, je te passe ta mère.— A bientôt, papa.J’entends ma mère qui s’impatiente

derrière et je souris, elle prend très vitela parole.

— Lou !

— Qu’est-ce qu’il se passe ?— Tu ne regardes pas la télé là où tu es

?— Euh, non...— Ils ont dit au journal que des soldats

allaient être rapatriés au pays. Ma chérie,je suis sûre que Jordan sera dans cerapatriement !

Mon cœur s’arrête, si elle dit vrai, jedois retourner à Boston, le plus vitepossible !

— Ils ont parlé d’une date quelconque ?— Dans cinq jours, ma chérie.Je raccroche sans lui répondre. Je sais

que Paula va être triste, mais je doispartir de San Andres le plus vite

possible. Je peux encore rester deux joursici grand max, je ne peux pas louperJordan s’il est dans ce rapatriement. Jedois retourner chez moi. Je me connectesur mon téléphone et regarde les horairesde vol pour Boston dans deux jours. Il y aen un à onze heures du matin, c’estparfait, j’ai déjà le billet de retour detoute façon. Je saute au bas de mon lit, jesuis comme une folle quand j’arrivedevant la porte de la chambre de Paula.J’entre sans frapper et… bordel de merde! Le corps nu d’Angelo gît sur le lit, jeplaque une main sur ma bouche et sansfaire de bruit, je fais le tour du lit, jetapote doucement le bras de Paula, quiouvre brusquement les yeux.

— Lou ?

Je pose un doigt sur sa bouche et fais ungeste du menton vers Angelo qui roupille,elle tourne la tête et ouvre grand les yeux.Je lui fais signe que je l’attends hors de lachambre, je suis bien contente de sortirde là. Je m’installe dans le canapé et bienque j’aie horreur de faire ça, je sonneHandy. Il déboule aussitôt dans la suite.

— Bonjour, Mademoiselle Lou, quepuis-je faire pour vous ?

— Bonjour, Handy, est-ce que jepourrais avoir le petit déjeuner du jour ?

Il m’envoie un petit sourire et me ditqu’il remonte avec ma commande dansune dizaine de minutes. Je le remercie.Pourquoi je ne peux pas simplement levoir comme un employé au lieu de le voir

comme un esclave, c’est troublant. Paulasort de sa chambre, elle a quand mêmeenfilé un legging et un top. Elle se met àcôté de moi et regarde devant elle unpoint imaginaire, sur le mur d’en face.

—J’ai couché avec Angelo...Je mords dans ma lèvre pour ne pas

rire.— Et c’est mal ?Elle se tourne vers moi,comme un

robot.— Si tu veux dire par là que j’ai mal

partout, oui !— Oh, je vois...Elle reste silencieuse. Ma Paula aurait-

elle succombé, elle aussi ? Encore

heureux que j’ai pris un somnifère quandQuentin est reparti, sinon j’aurai toutentendu !

— Ça va ?Je vois ses lèvres s’étirer.—J’ai eu le meilleur coup de toute ma

vie, je vais on ne peut mieux !Ah bah non !Je me trompais encore une

fois, elle va bien ! Handy revient avec unplateau garni de plein de bonnes choses.Je propose à Paula de prendre le petitdéjeuner sur la terrasse. Nous nousinstallons sous le soleil matinal etj’attends qu’elle ait enfin bu son premiercafé pour lui annoncer la nouvelle.

--- Il faut que je te parle de quelque

chose.Elle pose sa tasse vide sur la table et

elle me regarde en plissant les yeux.— Écoute, ce matin ma mère m’a

téléphoné et m’a dit que, dans cinq jours,un rapatriement de soldats revenait aupays. Il faut que je rentre à Boston dansdeux jours.

Je vois qu’elle encaisse sans broncher,je sais que je lui fais du mal.

— Tu sais, tu peux finir tes vacances,toi, mais moi je dois être fixée. Jordan estpeut-être parmi ces soldats.

Elle regarde droit devant elle et c’est laque je comprends que ça ne lui plaît pas,je sais que ces vacances étaient à nous,

mais c’est quand même de Jordan dont onparle et elle sait que je ne peux paslouper une occasion de le retrouver.

— Et s’il n’est pas dans ce rapatriement?

— Je t’attendrai à Boston, Paula.Elle renifle, je sais que je la blesse,

mais elle sait que je suis dans un état paspossible depuis deux ans alors, elle ne vapas m’en vouloir de partir quand même,je me sens déjà excitée comme une pucede retourner à Boston, je sais que je nevais pas y retourner pour rien.

— Et Quentin ?Je me retourne brusquement vers elle,

de quoi elle me parle ? Pourquoi elle

mentionne Quentin ?—Paula ? Qu’est-ce qu’il te prend de

me dire ça ?— C’est juste que je... rien laisse

tomber.— Tu pensais quoi, Paula ? Que

Quentin et moi, on était ensemble ?Elle hoche juste une fois la tête, je me

renfrogne sur mon siège. Super ! J’aimême réussi à mettre le doute dans la têtede ma meilleure amie ! Je n’aurais jamaisdû faire ça, je suis vraiment la pire desgarces. Je me lève, honteuse, je dois allerm’aérer la tête de tout ce merdier.

— Lou, attend !Je n’écoute pas Paula et me dirige vers

la porte d’entrée. Je croise Angelo aupassage, mais je l’évite, mes yeux sebrouillent, je me mets à courir dans lecouloir. Je descends en prenant lesescaliers. J’atterris rapidement dans lehall de l’hôtel ; j’ai l’impression que toutle monde me regarde comme si j’étais unecriminelle. Je sors et traverse tout pourcourir jusqu’à la plage. Mes piedstouchent le sable, je force pour arriverjusqu’à l’océan. J’entre dans l’eau, l’effetrechercher se met en place, je merevigore l’esprit en plongeant et ennageant au large. L’eau est d’une couleurmagnifique. Je suis très loin de toute lamerde qui s’est installée dans ma vie, cesderniers temps. Au bout d’un certainmoment, je reprends le chemin de la

plage, les vagues me poussent vers lebanc de sable, je suis dans un état deplénitude, l’échappatoire était vraimentce qu’il me fallait. La profondeur n’estplus là, je repose mes pieds à terre. Jeressors de l’eau lentement et remonte unpeu pour m’asseoir. Je plie les jambes etles entoure de mes bras. Je regarde lesgens autour de moi, je me console en medisant qu’il n’y a pas que moi qui ai desproblèmes dans la vie. J’ai vraiment hâtede rentrer à Boston et de retrouver mapetite vie tranquille loin d’ici...

Chapitre 17 : LOUJe rentre dans la suite, mais personne

n’est là, je ne sais pas combien de tempsje suis partie, mais une chose est sûre,Paula essaie de m’éviter. Je pense que deson côté, elle avale doucement la pilule.Je vais vers ma chambre pour prendreune douche et retrouve un bout de papierplié en deux sur mon oreiller, je le prendset l’ouvre.

Lou, je pense qu’il faut qu’on parle. Je tedonne rendez-vous ce soir, dans monbungalow, à 20 h. J’espère que tu viendras.Quentin

Je lâche le bout de papier qui atterrit àmes pieds, je rejoins la salle de bains, latête surplombée de questions. J’entre sous

l’eau chaude et me mouille les cheveux.Je repense à la voix de Quentin, lapremière des choses qui m’a attiréeirrésistiblement vers lui. Il n’est toujourspas mon genre d’homme, mais il aquelque chose que les autres n’ont pas. Ilest unique avec ses longs cheveux blondset ses tatouages. Une rock starcomplètement sexy à se damner. Jordanest brun aux cheveux courts et sans aucunpoil sur le visage. C’est ça qui me troubleautant : pourquoi Quentin,qui me feraitpeur habituellement, m’a attirée sansaucun effort dans ses filets ? Je prendsmon gel douche au monoï et m’en enduispartout, cette odeur me rappelleratoujours Quentin. Je sors et m’enrouledans une serviette avant de me sécher

pour d’enfiler une petite robe jaune. Jetire mes cheveux en arrière et me fais unchignon haut sur la tête, il fait chaud, j’aila flemme de me coiffer. Je m’asperge demon parfum et attrape mon sac à main enmettant le mot de Quentin à l’intérieur. Jedescends en envoyant un texto à Paulapour lui indiquer que je pars en ville mechanger les idées. Je sais maintenant queje suis juste à côté, je décide de m’yrendre à pied, ça me fera du bien demarcher un peu. J’arrive dix minutes plustard dans la première rue piétonne, jecherche un petit restaurant pour manger enterrasse. Je m’installe, un serveur vient àma rencontre.

— Bonjour, qu’est-ce que je vous sers ?

— Puis-je avoir la carte ?— Sans souci.Il part et revient avec le menu, je

regarde et j’opte pour un petit plateau defruits de mer.

***

Je traîne en faisant les boutiques tout enréfléchissant au mot de Quentin. Si je lerejoins ce soir, j’ai peur qu’il pense que,moi aussi, je suis dans le love pour lui,alors que pas du tout. Mon cœur estailleurs, mon corps, lui réagit à l’instantmême quand je pense à ce que Quentin estcapable de m’apporter. Avec Jordan,c’est l’amour et la tendresse, avecQuentin c’est le feu et la passion, je doisavouer que j’ai pris mon pied. Sauf que je

suis une fille bien élevée et que je medois de choisir le cœur. Je ne serais pascapable d’avoir une relation avecQuentin, même si j’étais célibataire ; sonmonde est différent du mien. Je sourisdoucement quand je pense à la tête queferaient mes parents si je le ramenaischez moi ! Je trouve une jupe vert pommetrès jolie et décide de la prendre si je disà Paula que je suis allée faire lesboutiques et que je ne ramène pas aumoins un petit quelque chose, elle va medire que je lui ai menti. J’aurais dûpenser à prendre mon chapeau, je suisvaincue, je dois rentrer pour me rafraîchirun peu, la chaleur est trop cuisante.Quand je passe la porte de la suite del’hôtel, Paula n’est toujours pas là. Je

vais sur le balcon pour voir si jel’aperçois autour de la piscine, mais ellen’y est pas. Soudain, je repense à mapromesse : je devais aller à la plage avecelle. J’attrape mon téléphone et l’appelle.Elle répond juste avant que je neraccroche.

— Allô !— Paula, c’est Lou, tu es où ?— Rejoins-moi sur la plage. Angelo et

un pote à lui ont loué des jets-ski, vienst’éclater !

— J’arrive.— À toute !Je cours vers ma chambre et enlève mes

vêtements pour enfiler un bikini, je chope

mon paréo et le mets autour de meshanches. J’ai hâte de faire du jet ski,j’adore les sports extrêmes ! Je ressorsde l’hôtel pour me diriger vers la plage.Je ne sais pas du tout où est Paula, maisje pense que la station de location de jetski doit être à côté du poste de secours.Effectivement quand je m’avance, je peuxvoir ma meilleure amie en bikini orangefluo. C’est ça qui est bien avec Paula, jepeux vite la repérer ! J’arrive près d’euxet grand malheur ! L’ami d’Angelo n’estautre que Quentin, manque de bol, sesyeux s’accrochent aux miens avant que jepuisse faire demi-tour ! Je fusille Pauladu regard et lui attrape le bras sansménagement pour qu’elle recule avec moiun peu plus loin.

— Tu es complètement malade, maparole ! Pourquoi tu ne m’as pas dit qu’ils’agissait de Quentin ?

— Tu ne m’as pas posé la question...— Ne joue pas à ce petit jeu, ma grande

!—Lou, écoute, il faut que tu parles avec

lui, alors c’est le moment vu que tu parsdans deux jours...

— Putain, Paula ! Faut vraiment que tute mêles de tes fesses !

Elle croise les bras sur sa poitrine etme fusille du regard ; je ne baisse pas lesyeux, moi non plus.

— Je vais rentrer.Je me retourne. Franchement elle abuse

de m’avoir fait un coup comme ça ! C’estma meilleure amie et au lieu de medéfendre, elle me fout dans la gueule duloup ! J’accélère mes pas quand j’entendsAngelo m’interpeller, je presse le pas, ilest temps que tout cela cesse, si je doisrester les deux derniers jours dans lachambre, et bien soit ! Je rejoinsl’ascenseur, j’ai besoin d’un petitremontant, ça tombe bien : quand j’ensors, Handy est juste là, dans le couloir.

— Est-ce que vous pouvez me monterquelque chose de fort s’il vous plaîtHandy ?

Je repense à l’alcool de kiwi ; très bien,ça fera l’affaire !

— Deux verres d’alcool de kiwi, s’il

vous plaît.

— Bien, mademoiselle Lou.Je fourre mon passe dans la serrure et

j’entre en jurant :— Bordel ! Quelles vacances pourries !Je me laisse tomber dans le petit

canapé. Handy revient rapidement avecmes deux verres, je lui fais prendre congéet sans plus attendre, je bois cul sec monpremier shot. La grimace que je fais dèsque l’alcool rentre en contact avec monestomac, est, j’en suis sûre, la pire detoute ma vie ! C’est vraiment dégueulasse! Je décide que, ce soir, je n’irai pasrejoindre Quentin après mon deuxièmeverre. Après tout moi aussi je peux êtreconne quand je veux ! ...

Chapitre 18 : LOUJe me réveille en entendant une porte

claquer. Je me redresse quand je voisPaula entrer et, comme si ce n’était pasassez chiant, elle m’ignore ! J’entendsl’eau de la douche couler et prendsconscience que je me brouille avec ellepour une histoire de mec. Elle sait que jesuis complètement amoureuse de Jordan,alors pourquoi ce revirement de situation? Je ne comprends pas pourquoi elle s’estmise dans la tête que Quentin et moiavions une relation. Certes, il s’est passéquelque chose, mais ce n’était quephysique. Je me lève pour sortir sur laterrasse. Il fait moins chaud. Quand jeregarde l’heure, je me rends compte qu’il

est déjà passé dix-neuf heures, cela faitgrogner mon estomac. Je sonne Handy, ilrapplique, je lui commande un plateauavec le menu du soir pour deux et il s’enva. Je ne sais pas ce que Paula comptefaire après sa douche, mais je ne peux pasla laisser mourir de faim. Elle me rejointnonchalamment en pyjama ce qui veutpeut-être dire qu’elle reste dans la suite,ce soir. L’ambiance est tendue comme laficelle d’un string, ici ! Je regarde, moiaussi l’horizon. Si elle ne me parle pas,je ne le ferai pas non plus ; après tout,c’est elle qui fait la gueule pour pasgrand-chose. Enfin, je repars à Boston,OK, mais c’est pour la bonne cause.J’entends frapper, je me lève en vitessepour aller ouvrir. Handy se tient devant

moi, avec le plateau, un sourire sur leslèvres.

— Où est-ce que je le pose ?— Sur la table de la terrasse, s’il vous

plaît.Il obtempère, j’en profite le temps qu’il

amène le plateau dehors pour prendremon téléphone dans mon sac. Quand ilrevient, il se poste devant moi, l’air gêné.

— Excusez-moi, mademoiselle Lou,mais quelqu’un m’a demandé de vousremettre ça, en bas.

Il me tend une enveloppe, je la luiprends des mains en le remerciant. Il part,je m’installe sur le canapé pour regarderce que c’est. Je l’ouvre, c’est un papier

cartonné, je le retourne dans tous les sens.Il n’y a rien du tout d’écrit, c’est quoi cedélire ? Je ne vais pas m’attarder là-dessus. Je pose le morceau de papier surla table et retourne rejoindre Paula. Jeremarque qu’elle m’a attendue pourmanger. Je nous sers un verre delimonade et lui en tends un.

— Merci.Son ton est plat et ça m’agace !— Tu vas encore me faire la gueule

longtemps ?Elle souffle avant de me parler.— Je ne te fais pas la gueule, c’est juste

que j’ai du mal à avaler que tu t’en vasaprès demain.

--- Je suis désolée, vraiment, mais je nepeux pas rater une occasion comme celle-ci.

— Qui te dit qu’il sera dans cerapatriement ?

— Je ne sais pas, je le sens, je ne peuxpas te l’expliquer...

Elle me fait un petit sourire, je savaisqu’elle ne pourrait faire la tête longtemps!

— Je m’excuse pour cet après-midi.— Non, mais franchement, qu’est-ce qui

t’a pris de me faire un coup comme ça ?Elle mord dans sa lèvre et entortille un

doigt dans ses cheveux.— Je ne sais pas, c’est Angelo qui m’a

dit qu’il avait retrouvé Quentin mal enpoint le matin, alors je me suis dit que çaavait un rapport avec toi.

Mon cœur se serre à cette révélation.— Il est venu hier soir...Ma voix est basse, je ne dois pas m’en

vouloir, Quentin savait que rien nepourrait aboutir au bout de cette histoiresans lendemain.

— Lou, qu’est-ce que tu vas faire ?— Repartir à Boston et reprendre là où

j’en étais restée avec Jordan.Je n’hésite pas dans ma réponse. Je sais

que je suis une garce de dire ça, maisQuentin et moi ça restera juste unsouvenir sur cette île. Nous commençons

à manger et l’atmosphère se détend. Elleme raconte sa folle nuit avec Angelo,nous gloussons comme deux collégiennes.Elle décide de commander des cocktailset nous nous offrons, en prime, une coupede champagne. Nous trinquons, je cite :aux vacances de Lou, ce qui me faitbeaucoup rire en la circonstance. Paulas’amuse à gueuler que je me suis faitnettoyer le minou par la plus sexy desrock stars sur cette planète. J’ai descrampes dans le ventre et la mâchoire quime fait mal quand nous décidons qu’il esttemps pour nous d’aller nous coucheraprès minuit. Quelle soirée ! Je me glissesous mes draps, repue de tous ces fousrires, et je m’endors en quelques minutes,l’alcool m’aidant à retrouver les bras de

Morphée !***

J’ai chaud, je me réveille en sursaut. Ilfait encore nuit, je me lève et pars dans lasalle de bain pour me rafraîchir un peu.Je fais couler l’eau du lavabo et attachemes cheveux avant de me pencher pourme mettre de l’eau fraîche sur levisage.Je repense au petit cartonabandonné sur la table basse du séjour, jem’en vais le chercher. C’est bizarre, jecrois savoir comment déceler ce mot. Jetrouve un crayon de bois dans la table dechevet, je griffonne le tout. Bingo ! Je lis :Rejoins-moi, je t’attendrai le tempsd’une nuit Q. Mon cerveau se met enroute, je me relève d’un bond. Je vais y

aller et avoir une conversation d’adulteavec lui, comme ça, après, je pourraism’envoler pour Boston sans aucunremords de conscience ! Je sors sur lapointe des pieds de la suite. J’enfile meschaussures une fois que je suis dehors,j’ai l’impression d’être une criminelle defaire ça. Je sors de l’hôtel, c’estdrôlement calme, ce soir. J’arrive sur laplage, seul le bruit des vaguesm’accompagne jusque chez lui. C’estéteint, j’espère que je ne suis pas venuepour rien. Je grimpe les deux petitesmarches et déglutis. Je pense vraimentque ce n’est pas une bonne idée.J’entends un bruit de fond me parvenir,d’après ce que je peux entendre, c’est leprésentateur d’un match de football. Il est

là ! Je respire un grand coup et comptejusque cinq mentalement. Lou, tu peux lefaire ! Je frappe un coup discret enespérant qu’il n’a pas entendu, mais troptard ! Il ouvre la porte, écarquillant sesmagnifiques yeux bleus.

— Lou ?Il regarde par-dessus mon épaule, il

croit que je suis venue accompagnée ouquoi ? Il se frotte la nuque et se reculepour que je puisse passer. Il est habilléavec un jean craqué et un marcel blanc.Son odeur est partout une fois que jepénètre à l’intérieur de sa garçonnière. Jeremarque aussi, une fois qu’il referme laporte, qu’il n’a pas dû se tailler la barbedepuis quelques jours. Il a attaché ses

cheveux en queue de cheval, il a l’airfatigué.

— Tu veux un truc à boire ?— Si tu as quelque chose de frais, je

veux bien, merci.Il se rend dans son coin-cuisine et me

montre une brique de jus d’orange.J’acquiesce et m’assois sur le canapé, ilrevient vers moi, je le remercie, ils’installe sur un pouf, l’air complètementdésinvolte. Il replonge dans le match, jesuis mal à l’aise ; s’il m’ignore, je m’envais. Je peste intérieurement après maconscience : pourquoi je ne me suis pasjuste rendormie ? Je bouge avec inconfortde ce silence et je me gratte le cou, j’ail’impression de me sentir oppressée. Je

bois mon verre de jus d’orange d’unetraite, c’est vraiment bizarre tout ça. Jecommence à perdre patiente quinzeminutes après, je me lève dans laprécipitation.

— Écoute, je vais y aller, d’accord ? Jene sais pas pourquoi je suis venue ici.

Je choppe mon sac à la volée et medirige vers la porte pour me fairerattraper quelques secondes plus tard,plaquer sur le mur en face de moi. Sabouche arrive près de mon oreille :

— Tu veux me parler de quoi, Lou ? Deta soudaine envie de quitter l’île ?

— Lâche-moi...Je suis stupide et surtout, ma voix n’est

pas crédible. Son odeur envahit mes sens.Sa main s’enroule autour de mon cou, ilserre un peu, je ferme les yeux.L’alchimie est en train de renaître, lachaleur du feu se propage dans mon basventre.

— Tu le sens toi aussi, pas vrai ?— De quoi tu parles ?Je réponds avec faiblesse, il me colle

son érection sur les fesses. Son autremain vient passer entre mes jambes, jesursaute.

— Le feu qui se propage, il fait glisserun doigt le long de ma féminité, àtravers mes vêtements, je suis le seul àpouvoir éteindre cet incendie, Lou.

Je gémis et m’en veux d’être aussifaible. Je ne suis pas venue pour coucheravec lui, ce soir. Je veux discuter, rien deplus. Il mord doucement dans mon épaule,je frissonne.

— Ta peau a le goût du miel, tu merends fou...

Il me retourne sauvagement, mon dosheurte le mur. Il pose sa bouche sur moi,me dévore le cou, sa langue remontejusque derrière mon oreille. C’estintense… Comment cet homme peut-ilréussir à jouer avec moi comme ça ?

— Laisse-toi aller, bébé...J’enroule mes bras autour de son cou, il

en profite pour me soulever en dessous demes cuisses. Je m’accroche à lui, il me

décolle du mur et rejoint sa chambre pourme déposer sur son lit. Son corpss’allonge au-dessus du mien, de songenou, il m’écarte les jambes. Nos yeuxse plantent les uns dans les autres, rienque ce contact me coupe le souffle. Ilpose sa bouche sur la mienne pour venirm’embrasser férocement. Il mord malèvre inférieure, à m’en faire mal, je legriffe le long de ses bras. Il grogne etdans un élan incontrôlable, il m’arrachermon top, le tissu craque, mes seins,maintenant à l’air libre, se dressent. Ilpose sa bouche sur moi et me fait perdrepied, c’est tellement bon...

— T’es bonne, bébé...Les mots cochons ne sont pas du tout

pour moi, d’habitude, mais Quentin sortde la catégorie de ce qui est bon pourmoi, de toute façon. Il mordille mes tétonstour à tour, je sens que ça devientvraiment super sensible. J’enfonce mesdoigts dans son dos, il me maintientclouée au lit avec ses hanches. Je suis ensueur. Je réussis à passer mes mains entrenos deux corps et je déboutonne son jean,il inspire entre ses dents quand la paumede ma main rentre en contact avec savirilité. Il fait valser son tee-shirt,enquelques secondes à peine sousl’intensité de ce qu’il se passe, noussommes nus. Il s’écrase sur moi, sabouche torture la mienne, j’ai les lèvresen feu. Je le veux en moi ! Je me frotte àlui, désespérément.

— Qu’est-ce que tu veux Lou ?— Toi.Ma voix est enraillée, ma réponse ne lui

suffit pas.— Tu me veux vraiment ou tu veux me

dire adieu ?— Je veux te dire adieu...Il presse son membre contre mon

intimité, je sens un électrochoc. MonDieu ! J’ai tellement besoin de ça pourpouvoir passer à autre chose ? Ilpositionne nos deux corps et sans que jem’y attende, il s’enfonce en moi.

— Quentin, t’as oublié de mettre...Il me donne un coup de reins brutal pour

me faire taire, c’est si bon que je perds

toute notion.

— Appartiens-moi juste une nuit,bébé...

J’enroule mes jambes autour de lui etfais ce que je m’étais juré de ne jamaisfaire : je trompe vraiment Jordan sanscette protection entre moi et Quentin...

Chapitre 19 : LOULe corps de Quentin se détache du mien,

j’ouvre les yeux. Il fait jour, quand jetourne la tête, je peux voir qu’il est passémidi. Merde ! Nous nous sommes couchéstrès tard et même si j’avais voulum’éclipser, je n’aurais pas pu : Quentinavait passé ses bras autour de moi etj’étais coincée. Il me gratifie d’un grandsourire je le lui rends, le mien est faible.Il fronce les sourcils avant de sereprendre.

— Tu as faim ?— Un peu.Il part de la chambre, mais revient

bredouille.

— Je vais aller chercher un truc àmanger, j’en ai pas pour longtemps.

— D’accord.Il se rallonge à côté de moi et

m’embrasse tendrement. On est loin del’animosité d’hier soir. Il s’attarde sur mabouche, son baiser extériorise ce qu’ildoit ressentir. À son retour, je ne seraiplus dans son lit, il le sait. Il se détachede moi dans un souffle, je ne le regardepas dans les yeux, je vais sûrementpleurer. Il quitte la pièce en se pinçantl’arête du nez. Je sors du lit, cinq minutesaprès avoir entendu la porte claquer.J’enfile un tee-shirt du groupe de Quentinet respire son odeur. Il doit êtrefraîchement lavé, car il sent super bon !

Je prends mon sac à main avec unremords de conscience terrible. Je m’envais demain, je laisse derrière moi, dansce bungalow, un chapitre de ma vie desplus merveilleux, des plus douloureux...Je sors et marche, mes chaussures à lamain, dans le sable blanc. Je suis enmode zombie, je n’arrête pas de penser àma vie avant que Quentin n’entre dedans.C’était plat ey triste. Maintenant, eh biença revient au même, je vais justeretrouver l’homme de ma vie et essayerd’avancer en oubliant ce qui s’est passéici. Je traîne les pieds, mais j’arrive enfindans la suite. Paula me saute dessus dèsque je passe la porte.

— Nom de Dieu ! LOU ! Tu étais où ?

Je craque, mes larmes se mettent àcouler.

— Oh ! Ma chérie ! Viens par là.Elle m’ouvre ses bras, j’accours

dedans. Elle me frotte le dos, je pleuresur l’épaule de mon amie.

— Tu lui as fait tes adieux, c’est ça ?Je lui réponds que oui entre deux

sanglots. Elle m’emmène avec elle sur lecanapé et me tend un mouchoir. Je memouche sans aucune retenue, c’est pastrès glamour, mais au fond je m’en tape !

— Tu veux m’en parler ?Je me lance dans un monologue des plus

longs de ma vie et j’explique tout depuisle début à Paula, elle m’écoute sans rien

dire et sans me juger.— On se fait un plateau télé et un vieux

film, ma chérie ?— Je veux bien, oui.Elle commande ce qu’il ne faut pas

manger et Handy nous rapporte le toutavec une bouteille de Tequila. J’ai grandbesoin de me ressourcer avant de repartir.Paula m’informe qu’elle reste jusqu’à lafin des vacances, je suis un peu triste departir sans elle, mais après tout lesvacances sont payées. Elle allume, pourla première fois, la télévision, et le truccool c’est qu’il y a le câble, donc ellecommande «N’oublie jamais» c’esttoomuch après ce que je viens de luiraconter, mais elle m’assure que c’est un

film vraiment top. À la fin, nous sommesen larmes comme deux cruches ettotalement bourrées. Un après-midicomme celui-ci était ce qu’il me fallait,j’ai pu faire abstraction et ne penser àrien d’autre que moi et ma meilleureamie, j’en avais grandement besoin. Nousne commandons pas à manger ; avectoutes les cochonneries que nous avonsingurgitées, plus rien ne passera lesbarrières de mon estomac, de toute façon.Paula me demande si je veux remettre uneautre comédie. Cette fois-ci, elle lance«Je te promets», ce Channing Tatum est unvrai régal pour les yeux. Je me mets àfond dans le film, il est génial. Jeprogramme quand même mon réveil etmets mon téléphone en charge avant de

revenir m’installer dans le canapé. Paulaa décroché, elle ronfle par terre, j’ai pasla force de la réveiller, je suis tropfatiguée. Je finis de regarder le film etaprès c’est le trou noir...

***

J’entends une sonnerie retentir au loin,j’ouvre avec tout le courage qu’il me faut,mes yeux qui me font super mal. Jeregarde autour de moi, je suis dans lecanapé de la suite. Il est déjà sept heuresdu matin ? Mon Dieu ! J’ai mal au crâne.Je repense à notre départ en vacances,nous avions trop bu aussi et l’histoire serépète, on dirait. Je sonne Handy et luidemande quatre cafés, il me faut au moinsdeux cafés avant de monter dans l’avion.

Je laisse Paula dormir, le temps quej’aille me laver et préparer ma valise. Cequi est bien, c’est que je n’ai rien sorti,donc ce sera plus rapide. Je me douche enprenant le temps d’apprécier mesderniers moments ici. Je vais m’en alleret dans trois jours, je serai enfin calée,j’espère que Jordan sera dans cerapatriement de soldats. Ces deuxdernières semaines étaient vraimentsuper, enfin si je ne compte pas le bordelqu’il y a eu avec Quentin. En pensant àlui, je me sens mal, je n’ai pas denouvelles, il n’est même pas venu medemander des comptes. Peut-être que,finalement, c’est mieux comme ça, pourtout le monde ! Je finis de me savonner,mon mal de tête n’est pas trop fort, ça

aurait pu être pire. Manger en picolant,c’est la meilleure des solutions, de toutefaçon. Je m’habille et brosse mes cheveuxavant de faire une queue de cheval. Jeregroupe mes affaires qui traînent etferme ma valise. Je m’assois sur le borddu lit en soufflant et en prenant montéléphone. J’ai un message de ma mère.

Maman :... Nous serons à l’aéroport quandtu atterriras. À bientôt...

Je décolle à onze heures, il me restedeux heures pour rejoindre le bateau quime mènera à l’aéroport. Je sors de machambre, Paula est assise dans le canapéavec, devant elle, nos tasses de caféposées sur la table basse.

— Salut.

Elle me fait un signe de la main,j’attrape mon premier café.

— Tu as bien dormi ?— Si tu ne comptes pas le mal de dos

que je me tape, ça va.Je souris, c’est vrai que de dormir sur

le sol, ce n’est pas top ! Nous sirotonsnotre café dans le silence, Paula se lève.

— Je vais me préparer, je t’amène surle quai.

Je ne la contredis pas, j’ai besoin desoutien moral. Je sais qu’à l’instant mêmeoù je monterai sur ce bateau navette jeserai mal. Paula me rejoint vingt minutesplus tard, belle comme un rayon de soleil.Il me reste trente minutes avant

d’embarquer sur le bateau. Je vaischercher ma valise dans ma chambre etregarde une dernière fois autour de moi.C’est bon, je n’ai rien oublié, je peuxpartir. Nous descendons, je salue Handydans le hall de l’hôtel. Nous sortons etquand nous nous retrouvons sur le pontonface à la plage, je prends une grandeinspiration. Nous longeons le sable blanc,dix minutes plus tard nous arrivons àquai. Je suis surprise de voir Angelo. Ilme sourit de toutes ses dents et m’enlaceà peine suis-je arrivée à côté de lui.

— Tu vas me manquer, jolie Lou.Je le prends dans mes bras, je suis

contente qu’il soit venu me dire au revoir.J’essaie de ne pas pleurer quand il me

lâche, je cherche des yeux le plus pur desbleus. Je ne vois rien. Je suis sortie demes pensées quand Paula annonce que lanavette arrive. Je souffle un bon coup,pourquoi est-ce aussi aussi difficile dedire au revoir à cette île ? La navettes’immobilise, le commandant de borddescend. Je sais que j’ai exactement septminutes pour monter sur le bateau. Jeserre Paula dans mes bras et lui dis que jeviens la chercher dans deux semaines àl’aéroport de Boston, elle renifle, je luipasse ma main sur sa joue pour larassurer. Angelo me redit une dernièrefois au revoir, j’attrape ma valise pourmonter à bord. Je trouve une place sur lepont de derrière et m’installe. Lecommandant annonce qu’il reste trois

minutes avant de partir. Je sens une boulese former dans ma gorge. Je n’aurais pasdû partir sans au moins lui dire qu’ilavait eu un impact sur ma vie, maintenantc’est trop tard. Les deux dernièresminutes sont les plus longues de toute mavie. Le moteur se met en route, je pleure,mais de là où je suis, personne ne peut mevoir. J’ai vraiment un mal de chien ! Lebateau s’éloigne, je me lève pourregarder cette île. Au moment où je posemes deux mains sur le rebord, mon cœurrate plusieurs battements. Quentin est là,sur une moto, ses yeux se rivent auxmiens. Il est venu ! Je plaque une main surma bouche, il ne bouge pas, il ne me faitpas de signe de la main. Je reste là, à leregarder, sans comprendre pourquoi tout

ça me fait autant de mal. Il n’est plusqu’un point noir à l’horizon maintenant,mais je ne quitte rien des yeux, je suisfocalisée sur cet homme qui m’a faitrevivre le temps d’un instant. La navettearrive enfin à bon port, je descends, lecœur lourd, pour rejoindre l’aéroport.

Je suis prête à m’envoler pour retournerà Boston, le commandant de bord del’avion annonce le départ. Dans quelquesheures, je serai chez moi...

Chapitre 20 : LOUJe pose enfin les pieds en terre connue

et, comme prévu, mes parents sont là pourm’accueillir. J’ai quasiment dormi tout lelong du vol pour éviter de ressasser messouvenirs, ma mère me prend dans sesbras, j’y trouve du réconfort. Mon père,lui, passe son bras autour de mes épaulespour sortir du hall de l’aéroport aprèsavoir récupéré ma valise.

— Dis maman, je peux venir à lamaison ?

— Bien sûr, ma chérie, pas deproblème.

Nous montons en voiture, je ne sais pasce qui me prend d’éviter mon

appartement comme ça, je préfère sansdoute ne pas me retrouver seule avecmoi-même. J’envoie, comme promis unmessage à Paula pour lui dire que je suisbien arrivée. Elle me répond qu’elle estau bord de la piscine et qu’elle sirote uncocktail au jus de papaye, accompagnéede son Angelo. Effectivement, j’ouvre lefichier qui suit le message, ma meilleureamie a le sourire jusqu’aux oreilles enplus d’être vraiment très proche de cegarçon. Paula se trouve toujours un mec,qu’importe où elle va ! Nous nousengouffrons dans les rues de Boston, noussommes engloutis par cette ville. Monpère se gare enfin devant la maison demon enfance, je souris quand je descendsde voiture. Pouvoir enfin retrouver une

sensation de bien-être d’être ici me faitdu bien. Mon père se charge de mavalise, je rentre avec ma mère, l’odeur dela cannelle n’a jamais quitté cette maison.

J’inspire et la suis dans la cuisine.— Tu veux manger quelque chose, Lou

chérie ?— Bien sûr, maman.Si je lui dis non, de toute façon, elle me

dira qu’il faut que je me nourrisse, que jene dois en aucun cas être abattue. Elle vame poser des questions, je ne peux pasdire à ma mère que je suis triste d’avoirquitté San Andres. Elle ne comprendraitpas, elle se douterait qu’un homme estderrière tout ça. Je ne veux en aucun casdécevoir mes parents, ce qu’il s’est passé

là-bas doit rester là-bas. Tout comme sonsouvenir... Je saisis le sandwich aupoulet mayonnaise que ma mère me tendet je croque dedans. Hum ! C’estdélicieux ! Rien à voir avec lessandwichs que je mange d’habitude auboulot, tout préparé, et emballé ! Sansm’en rendre compte, je le dévore. En fait,j’étais vraiment affamée, mais dans monétat second mon estomac ne s’était pasréveillé pour m’en faire part. Jem’installe sur le canapé avec mon père etme blottis contre lui. Il soupire en mecaressant les cheveux.

— Tu vas bien, ma petite fille ?— Oui, ne t’en fais pas.— Alors, tu es prête à retrouver Jordan

?

--- Si ça se trouve, il ne sera pas dansce rapatriement.

Ma mère me fait sursauter en entrantdans la pièce.

— Bien sûr qu’il y sera, Lou, il faut quetu y croies, c’est tout !

Je fais un faible sourire à ma mère.Jordan me manque plus que de raison etj’ai peur de le retrouver, je suis restéedeux ans sans nouvelle de lui. Je nedevrais pas avoir la trouille, c’est plusfort que moi. Je me dis que, lui, peut-être,m’a oubliée aussi, loin de moi. Je sens lesommeil me gagner bercée par lescaresses de mon père...

***

Je vois des yeux bleus qui me transpercentau plus profond de moi. Je suis sur le devantde la scène, Quentin est là. J’essaie de luimontrer ma présence, mais il ne me voit pas.Il chante de sa voix suave, elle me pénètre,j’essaie tant bien que mal de me connecter àlui, sauf qu’il ne me voit toujours pas. Jel’appelle, il ne m’entend pas. Quentin ?Pourquoi tu ne me vois pas ?

Je me réveille en sursaut, dit donc quelrêve ! Je me redresse et me lève.Aujourd’hui, c’est le jour où je dois merendre à l’aéroport pour voir si Jordansera de retour parmi nous. Ma tensionmonte d’un cran, mon rêve s’éloigne peuà peu. Je saute sur mes pieds et descendsen courant dans les escaliers, ma mère estdéjà levée, elle prépare le petit déjeuner.

— Bonjour, maman !Je la serre dans mes bras, elle glousse.

Je sais qu’elle trépigne d’impatience desavoir si Jordan sera parmi nous ce soirelle aussi ! J’attrape une gaufre toutechaude et mords dedans. Ma mère meprépare un café. Je regarde l’heure ; ilreste encore quatre heures avant desavoir, je crois que cette matinée va êtrelongue ! Je monte prendre un bain pouressayer de me relaxer et aussi fairepasser le temps comme je peux. Je metsmes écouteurs sur mes oreilles Madnessde Muse se met en route, je ferme lesyeux. L’eau est un peu trop chaude, maisce n’est pas grave je vais pouvoir profiteren peu plus de mon bain. Je fredonne lachanson, elle est géniale. Je me plais sans

le vouloir à essayer d’entendre Quentinchanter, dans mon délire, il me fait unconcert privé. J’ouvre les yeux à la fin dela chanson, je suis complètement désaxéede penser à lui. Ce n’est pasraisonnable, Lou, ressaisis-toi ! Jordanva peut-être rentrer et tu penses à unautre homme, alors que tu as dit que toutça, c’était derrière toi ! Ma conscience araison ! Je me savonne avec le gel doucheà la noix de coco que je trouve ; unmanque refait surface, l’odeur du monoï...Ce n’est pas possible ! Je me rince avecla douchette à la hâte et sors pour mesécher. Je suis quand même repassée parchez moi hier pour embarquer quelquesvêtements. Dans ma valise, il n’y avaitque des habits de vacances, je me vois

mal accueillir Jordan dans cetaccoutrement. Si jamais il rentre... Lou, ilfaut positiver ! J’enfile un jean et un topnoir, c’est fade comme couleur. Je leretire et mets à la place un top rose. Ahc’est mieux, c’est plus gai ! Je memaquille un peu et passe un coup debrosse dans mes cheveux avant deredescendre au rez-de-chaussée. J’enfilemes baskets avant de retrouver mesparents dans le jardin. Je m’assois surune chaise et j’attends en me rongeant lesongles. Il reste deux heures, je doism’armer de courage pour ne pas devenirfolle dingue ! Je me demande comment jevais réagir face à lui. J’ai envie de levoir et s’il n’est pas dans cet avion, moncœur va se déchirer. Ma mère insiste

pour que nous mangions avant de partir.Je fais un gros effort pour avaler la partde lasagne qu’elle me sert, mon estomacest pincé tellement je stresse. Mon pèresourit de me voir dans un étatd’adolescente, je le réprimande gentiment; il détend l’atmosphère comme il peut, lepauvre. Je monte me brosser les dents unefois que je termine de manger. Je meregarde dans le miroir, j’ai l’air d’allerbien, sauf que c’est vraiment tout lecontraire. J’envoie un message à Paula.

... Je suis dans un état pitoyable...

Elle m’appelle aussitôt.— Allô !— Tu vas bien ?

— Je viens de me lever.— Chanceuse !Un blanc s’installe, la question qui me

brûle les lèvres s’échappe.— Il va bien ?J’entends Paula souffler à l’autre bout

du fil.— Je ne sais pas, il est parti...Je fais les gros yeux. Il est parti ?

Pourtant, il devait rester le mois complet.— Je te laisse, Paula, je dois y aller.Je raccroche après qu’elle m’ait

souhaité bonne chance. Je dois passer àautre chose, je ne peux plus penser àQuentin maintenant. J’attrape mon sac et

nous voilà en route...***

Je tourne en rond dans le hall del’aéroport ! Je m’arrache presque lescheveux sous le regard amusé de mamère. Il y a beaucoup de gens ici, jecommence à me sentir vraiment mal ; j’aitellement peur d’être déçue, si c’est ça jevais rentrer chez moi et pleurer sur monsort. Une voix nous informe qu’un avionen provenance de l’Algérie vientd’atterrir. Mon cœur tape contre mescôtes à m’en faire mal. Les gens serassemblent aux portes indiquées, mamère me tient la main, mon père lui apassé son bras sous le mien. J’ai peur !Mes jambes tremblent. D’un coup à ma

gauche, j’entends une femme hurler etfondre en larme, un homme s’approched’elle, habillé de l’uniforme. Elle sautesur lui, dans un baiser passionné, ils sedisent bonjour. Je souris devant cespectacle, au moins une qui retrouve sonhomme. Les personnes autour de moipleurent, rigolent... Moi j’attends sansapercevoir ce que je veux. Je me doutaisqu’il ne serait pas là, mais une partie demoi espérait vraiment qu’il rentre aupays. Soudain, j’entends ma mère inspirerbruyamment, je regarde dans la mêmedirection qu’elle, et là, je le vois ! Il estdans un fauteuil roulant avec un bandeaublanc autour de la tête, il a un bras plâtréet des ecchymoses sur le côté de sonvisage, sa repousse de barbe le rend

complètement différent. Il est amaigri, sesyeux noirs me transpercent. Je me sensflageolante, encore heureux que mon pèreme soutienne. Jordan me fait un souriresexy à souhait, je lâche mon père et memets à marcher vers lui, je ne vois rientellement je pleure. J’arrive sur lui, deson bras valide, il m’installe sur sesgenoux, je pose ma tête dans le creux deson cou, je pleure toutes les larmes demon corps. Il est là ! Je n’arrive pas à ycroire. Il passe sa main dans mon dos, jerelève enfin les yeux vers lui. Je pose mamain sur sa joue, il est tellement beau.Ses yeux se remplissent de larmes à leurtour et dans un geste de désespoir,noslèvres se trouvent. J’embrasse ma raisonde vivre,sous les applaudissements de

certaines personnes qui nous entourent. Jeris, je pleure, tout ça en même temps, jemurmure à Jordan que je l’aime autant defois que je le peux. Il me dit que je lui aimanqué et que, la seule raison pourlaquelle il est ici, c’est qu’il n’a pascessé, une seule seconde, de penser à moiquand il était perdu et seul dans le désert.Je suis encore sur ses genoux, je ne veuxpas bouger,ce qui fait rire tout le monde.Mon père embrasse lui aussi Jordan, mamère pleure en le prenant dans ses bras.Je tente de descendre, mais son brasm’encercle plus fort pour m’en empêcher,je me blottis contre lui.

— Je vais te faire mal.— Crois-moi, ma chérie, tu me fais plus

du bien qu’autre chose.Je l’embrasse encore, tout est en ordre,

mon père prend les poignées du fauteuilroulant pour nous pousser vers la sortie.Une fois que nous sommes dans lavoiture, je ne quitte pas Jordan, il mecaresse et il m’embrasse, je suis dans uneautre dimension. Il m’a manqué, je suistellement heureuse d’être dans ses bras.Mon père nous dépose chez moi aprèsune énième tentative de ma mère pour quenous allions chez eux. Je prends commeprétexte que Jordan doit se reposer. Ellerechigne et accepte, à condition quedimanche nous allions manger chez eux.Nous lui disons oui, forcés et contraintsde ne pas la blâmer. Mon père aideJordan à descendre, je suis heureuse qu’il

y ait un ascenseur dans mon immeuble, jene sais pas comment j’aurais fait, il saitmarcher, mais il a l’air de souffrir lemartyre. Nous faisons un dernier signe detête à mes parents et j’entre dans le hallde l’immeuble, j’appelle l’ascenseur, ilarrive rapidement, je suis contente derentrer chez moi. Jordan me fait venir surlui ; encore une fois, il pose sa bouche surmoi. Je suis heureuse, je glousse. Le bipme sort de mon état d’enchantement, jeme redresse pour pousser le fauteuilroulant. J’insère ma clef dans la serrure,Jordan émet un soupir de satisfaction unefois que je referme la porte.

— Je suis content d’être rentré à lamaison.

Je l’amène jusqu’au canapé, mais il nel’entend pas de cette oreille.

— Je veux prendre une bonne douche,ma chérie.

Je fais demi tour jusqu’à la salle debains. Je dois l’aider, il a le bras dans leplâtre, en plus un bandage à la tête.J’allume le jet de la douche, le temps quel’eau se réchauffe, j’entreprends dedéshabiller Jordan. Nous rigolons tousles deux, car il est maintenant coincé avecson tee-shirt.

— Attends, je reviens !Je fais vite et attrape une paire de

ciseaux, quand je reviens, il est toujoursdans la même position.

— Ne bouge pas.Il rit et je découpe le tissu lentement, je

le libère, il souffle, l’effort doit sûrementle fatiguer. Il se redresse et il retire lereste de ses vêtements ; je lui tourne ledos pour ajuster la température de l’eau.

— Lou, enlève mon bandage, s’il teplaît.

Je m’exécute avec mes ciseaux enfaisant attention de ne pas le blesser. Jesuis mortifié par ce que je découvre : unecicatrice d’au moins huit centimètressurplombe l’arrière de sa tête, il y aencore des agrafes sur son crâne.

— Mon Dieu !Je plaque une main sur ma bouche, il se

retourne sur moi. Mes yeux s’embuent delarmes aussitôt, il me colle contre sontorse.

— Chut, ma chérie, ne pleure pas.— Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?Je sanglote contre son dos.— Je ne préfère pas que tu saches...Il passe une main sous mon tee-shirt et

attrape ma hanche de sa main libre.— Viens avec moi sous la douche, Lou.Je me déshabille sans rechigner, j’en ai

envie. Nous entrons sous l’eau, je prendsle gel douche pour en mettre sur mespaumes. Jordan essaie de ne pas mouillerson bras, ce n’est pas pratique.Je posemes mains sur son torse, je le caresse

doucement, il inspire, je ne sais pas si jelui fais du mal ou du bien. Je continue dele laver, je passe maintenant à son dos, dele voir comme ça devant moi réveille unappétit soudain, il se retourne, nos yeuxs’accrochent, il s’avance pour que je soisprès de lui. Il cherche mes yeux, sabouche se pose sur la mienne. Je gémis,sans vraiment le vouloir et de la force deson bras, il me plaque contre lui.J’entoure les miens autour de son cou, jesens son érection sur mon bas ventre. J’aitellement envie de lui, de lui faire oublierce qu’il a vécu là-bas. Nous sortons de ladouche, frustrés de ne pas pouvoiravancer dans notre corps à corps, mais ilne se démonte pas. Une fois que noussommes séchés, il me prend par la main

et nous emmène dans ma chambre. Ils’allonge sur le lit, je dois prendre lesdevants, il ne pourra rien faire de lui-même. Je me mets à côté de lui etl’embrasse sur le torse avant de revenirvers ses lèvres.

— Je t’aime, Lou.Mon cœur se gonfle, ses paroles me

font un bien fou. La température de lapièce monte d’un cran, je suis rapidementau-dessus de lui. Je me redresse, il medétaille avec envie. Je m’empale sur sonmembre lentement, nous soupirons tousles deux de satisfaction. Je suis biencontente d’être à la maison ! Je bougelentement et me remplis de lui. Nossouffles, nos gestes, même s’ils sont

maladroits, me procurent du bien-être. Ilme murmure qu’il m’aime, je lui répondsque je suis folle de lui. Sans pouvoirm’en empêcher, j’accélère la cadence.Mes cris résonnent dans la pièce, sesgrognements me font perdre pied, nouspartons ensemble dans un même râleprofond vers la plus pure des extases. Jeretombe doucement sur lui, repue. Il mecaresse le dos. Je peux enfin reprendrema vie en main, je ne suis plus seule...

FIN

Remerciements :Merci à vous, lectrices, de me soutenir

dans le travail que je fais pour voussatisfaire.

Merci à ma bêta lectrice qui meconseille et qui m’épaule.

Je vous adore, mes pandas.

Merci Erato Editionset à très bientôt pour de nouvelles

aventures avec Lou à Boston.Quentin sera-t-il juste un souvenir ?

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Illustration et conception graphique: CréamaCorrection : Diolaine

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