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Les Animateurs socioculturels et de loisirs :morphologie d’un groupe professionnel
(1982-2005)
Francis Lebon
avec la collaboration deEmmanuel de Lescure
Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaireÉtablissement public du ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports
Directeur de la publication : Hervé Mecheri, directeur de l’Institut national de lajeunesse et de l’éducation populaire
Responsable éditorial : Jean-Claude Richez, responsable de l’Unité de larecherche, des études et de la formation
Les Animateurs socioculturels et de loisirs :
morphologie d’un groupe professionnel (1982-2005)
Francis Lebon, sociologue, chargé de recherche à l’INJEP (UREF)
avec la collaboration de Emmanuel de Lescure, sociologue,
maître de conférences à l’université Paris XII (Erté REV)
Remerciements
La préparation de ce rapport a été le fruit de plusieurs collaborations. Nous
souhaitons exprimer notre reconnaissance à l’égard de Léa Lima (INJEP et
Observatoire national des métiers de l’animation et du sport – ONMAS)
dont les relectures et les conseils ont été précieux. Nous avons bénéficié
des remarques stimulantes et des encouragements amicaux de Chantal de
Linares (INJEP) et de Guy Truchot (ministère de la Jeunesse, des Sports et
de la Vie associative). Nous avons aussi profité de l’aide inestimable
d’Apolline de Lassus. Enfin, nous tenons à exprimer notre gratitude à Jean-
Claude Richez (INJEP) qui a encouragé et soutenu cette recherche.
Sommaire
Introduction : un groupe professionnel en voie de professionnalisation ? ............................................................................. 9
Les discours sur la « professionnalisation » : un travail de légitimation............ 14 De l’intérêt du traitement des données de l’enquête Emploi (INSEE)............... 21
1. Multiplication et féminisation des agents de l’animation .............27
1.1. La croissance des effectifs est-elle terminée ?........................................ 27 1.2. De plus en plus de femmes..................................................................... 29 1.3. Une population restée jeune ................................................................... 31 1.4. Des secteurs d’activité publics, associatifs et sociaux............................ 33
2. Origines sociales et formation.......................................................39
2.1. Des niveaux d’études très variés ............................................................ 39 2.2. Les filières suivies .................................................................................. 47 2.3. Des origines sociales « moyennes » ....................................................... 50
3. Entre précarité et flexibilité ...........................................................57
3.1. L’ampleur des temps partiels.................................................................. 58 3.2. Une forte proportion d’emplois précaires du secteur public .................. 65 3.3. La sous-estimation du chômage ............................................................. 68 3.4. Des salaires dispersés et généralement peu élevés ................................. 71
Conclusion : un groupe professionnel ouvert et segmenté ..................83
Pourquoi l’animation n’est-elle pas une « profession à statut » ? ...................... 84 Une profession intermédiaire et précaire............................................................ 86 Diversité dans l’animation.................................................................................. 88
Bibliographie ........................................................................................95
Annexes ..............................................................................................109
Liste des graphiques et tableaux.........................................................117
9
Introduction : un groupe professionnel
en voie de professionnalisation ?
Ce rapport correspond à la phase exploratoire et descriptive d’un projet où nous souhai-
tons étudier la dynamique des « nouvelles professions ». Il s’appuie sur une recherche
en cours qui, amorcée en mars 2006, a fait l’objet d’une publication1 et de deux com-
munications au congrès de l’Association française de sociologie, à Bordeaux, en sep-
tembre 2006.
Qui sont les animateurs professionnels (sexe, âge, origines sociales) ? Quels sont leurs
niveaux de formation ? Quels types de filières ont-ils suivis ? Quelles sont leurs condi-
tions d’emploi ? Comment ont évolué ces différentes caractéristiques ? L’originalité de
cette étude est précisément d’adopter un point de vue diachronique qui met au jour les
transformations du groupe professionnel. La morphologie a, en effet, pour objet
d’étudier la façon dont se distribue une population, sa composition par sexes, par âges,
etc., ses changements de forme, ses mouvements dans le temps et dans l’espace. La fo-
calisation sur les animateurs devrait permettre, par la suite, d’envisager une problémati-
que sur les nouvelles professions sanitaires et sociales, leur lien à l’école (qui paraît
1 Francis Lebon, Emmanuel de Lescure, « Des “nouvelles professions” entre précarité et flexibilité : animateurs so-cioculturels et formateurs d’adultes (1982-2002) », Regards sociologiques, n° 32, université de Strasbourg, décembre 2006.
10
fragmenté), leur position intermédiaire dans les hiérarchies sociales et professionnelles
(qui semble incertaine), etc.
Situés entre les secteurs de l’éducation, de la culture et du social, les animateurs partici-
pent de l’extension et de l’élargissement des activités éducatives vers des lieux, des pu-
blics, des âges de la vie que n’avait pas ou peu investis l’Éducation nationale.
L’animation, qui propose notamment une critique pédagogique du monde scolaire, a
d’abord appartenu à des activités religieuses ou vocationnelles et n’est devenue un mé-
tier que dans les années 1960. Les activités d’animation ont alors peu à peu été définies
comme des activités professionnelles (de façon tardive par rapport aux autres profes-
sions sociales), en particulier dans les foyers de jeunes travailleurs (FJT) et les maisons
des jeunes et de la culture (MJC). Depuis la fin des années 1960, l’animation et les ani-
mateurs sont d’ailleurs l’objet d’un certain nombre de thèses de doctorat, en particulier
au cours des années 1970 (cf. Annexe 1, p. 109).
Le mouvement de « professionnalisation » façonne le double caractère de l’activité
d’animation qui peut s’exercer en amateur ou de façon professionnelle. Il se traduit par
l’émergence de rhétoriques professionnelles manifestant l’existence et la reconnaissance
de cette « nouvelle profession ». Mais une grande partie des activités reste cependant le
fait de non-professionnels. En effet, l’animation socioculturelle a ceci de particulier
qu’elle fait appel à un nombre important de jeunes occasionnels, ce qui alimente les
controverses. Comment assurer la continuité (ou non) de la fonction d’animation ? Faut-
il recourir aux professionnels « permanents » ou aux « bénévoles » ? Quelles places
doivent occuper les différentes catégories d’animateurs : « occasionnels », « non-
professionnels », « volontaires », etc. ? Ces questions récurrentes, et l’ « effet de flou1 »
qu’elles permettent, traversent le secteur d’activités depuis près de 50 ans.
Une étude publiée en 1974 évoque une « nouvelle profession hétérogène » qui, marquée
par la « précarité de l’emploi », se caractérise par des tâches variées et différents ni-
1 Pierre Bourdieu utilise cette expression en référence à « l’indétermination des critères et des principes de hiérarchi-sation » qui caractérise le champ universitaire français (Pierre Bourdieu, Homo academicus, Paris, Éditions de Mi-nuit, 1984, p. 33).
11
veaux de responsabilité1. La même année, une autre enquête, éditée par le FONJEP
(Fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire)2, décrit une population
jeune et masculine (dont un tiers a un père cadre moyen) employée dans les associa-
tions. L’embauche semble s’inspirer d’une « logique domestique » faite de liens per-
sonnels et de confiance3 : elle a donné lieu à « l’envoi d’une lettre » (39 %) ou à
un engagement verbal (11,5 %). En 1972, 90 % des animateurs travaillent plus de
40 heures par semaine et près de la moitié gagne moins de 1 600 F par mois (soit
l’équivalent, en pouvoir d’achat, à 1 335 € de 2005). Un grand nombre d’entre eux
(70 %) disent vouloir quitter l’animation avant 45 ans. L’activité apparaît donc comme
une profession « de transition », « mal définie4 ». Dans les années 1970, la Ligue fran-
çaise de l’enseignement et de l’éducation permanente, qui milite alors pour un « corps
unique d’éducateurs » rattaché au ministère de l’Éducation, relève que l’animateur pro-
fessionnel travaille « le plus souvent au petit bonheur et sans garanties quant à son ave-
nir » ; c’est une profession « de passage5 ». Aujourd’hui, les discours insistent sur le
processus de professionnalisation.
Depuis cette période, l’institutionnalisation du métier et les éléments de sa reconnais-
sance ont-ils eu un effet sur les conditions d’emploi des individus, à une période où la
forme dominante du travail à temps plein et à durée indéterminée est concurrencée par
l’émergence de formes d’emplois « atypiques » (temps partiel, travail temporaire,
contrat à durée déterminée, etc.) ? Qu’en est-il de la « réelle actualité », proclamée, de la
« professionnalisation des animateurs depuis 19816 », alors que le sport s’est déjà affir-
1 Centre de formation professionnelle et de promotion sociale pour animateurs-éducateurs, « Les Amitiés sociales », Étude sur la profession d’animateur-éducateur, Rennes, 1974. L’enquête repose sur une cinquantaine de questionnai-res et une trentaine d’entretiens. 2 Gabriel Vessigault, avec la collaboration de Colette Dartois, Unité et Diversité de la fonction d’animateur socio-éducatif : enquête du FONJEP, Paris, 1974. 3 Luc Boltanski, Laurent Thévenot, De la justification : les économies de la grandeur, Paris, Gallimard, 1987. Luc Boltanski, Ève Chiapello, Le Nouvel Esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 1999. En 2005, le recrutement des ani-mateurs semble laisser une place importante à l’initiative personnelle et aux relations sociales (Graphique 44, p. 111). 4 Gabriel Vessigault, Unité et Diversité de la fonction d’animateur socio-éducatif, op. cit., p. 30. 5 Guy Gauthier, Michel Tricot, Animation et Animateurs, Paris, Ligue française de l’enseignement et de l’éducation permanente, 1975, p. 129. 6 Jean-Pierre Augustin, Jean-Claude Gillet, « La Professionnalisation des animateurs socioculturels : atouts et incerti-tudes », in Pierre Guillaume (textes réunis par), La Professionnalisation des classes moyennes, Talence, Éditions de la Maison des sciences de l’Homme d’Aquitaine, 1996.
12
mé comme « une entité bien établie1 »et que la professionnalisation de l’action cultu-
relle se renforce2 ?
Combien d’animateurs professionnels ? En considérant les animateurs, on est d’emblée confronté à une diversité de statuts qui rend leur dénombrement difficile. Dans les offres d’emploi publiées par exemple, les désignations des agents chargés de « la fonction d’animation » sont nombreuses et, parfois, ne contiennent pas le terme « animateur », en particulier lorsque le niveau de diplôme exigé est élevé3. Les publications confondent souvent le nombre d’individus qui se déclarent animateur profes-sionnel et le nombre d’emplois dans l’animation, c’est-à-dire d’une part les salariés, d’autre part les occupations qui sont définies et rémunérées de façon très diverses en fonction des secteurs d’activité, notamment en termes de durée. Enfin, les emplois d’animateurs sont parfois amalga-més avec tous les emplois ou tous les salariés de la branche. En 1982, le rapport de Marcel Davaine (délégué général du FONJEP) pour le ministère du Temps libre estime le nombre d’animateurs à 25 0004. En 1987, l’Observatoire des programmes d’animation (créé en 1982), qui mène une enquête consacrée aux emplois et aux pratiques pro-fessionnelles dans six régions, cite une source UNEDIC comptabilisant, en 1982, 271 000 sala-riés5. L’Observatoire des professions de l’animation, dirigé par Francine Labadie, arrive, en 1990, à deux millions d’animateurs en élargissant la définition aux diverses activités du « temps libre » (dont 350 000 emplois dans la branche professionnelle de l’animation socioculturelle). Le chif-fre de deux millions est atteint en additionnant les emplois des secteurs de l’animation, du sport, de la culture et du tourisme6. Dans le prolongement, suite à une demande des partenaires so-ciaux de la branche professionnelle de l’animation socioculturelle, Francine Labadie, à partir des données UNEDIC et des codes APE (activité principale exercée) des employeurs, dénombre 346 098 salariés en 19907. À partir d’une enquête menée auprès des départements et de divers établissements, le Service des statistiques, des études et des systèmes d’information (SESI) du ministère des Affaires so-ciales dénombre pour la première fois les « animateurs sociaux » en 1992 (hôpitaux, établisse-ments sociaux et d’hébergement des personnes âgées). Il inventorie 1 010 emplois en 1984, 1 824 en 1986, 2 145 en 1988, 2 575 en 1990, 2 770 en 1991, 2 400 en 19928. Une rupture dans
1 Jacques Defrance, « L’Autonomisation du champ sportif 1890-1970 », Sociologie et Sociétés, vol. XXVII, n° 1, printemps 1995, p. 16. 2 Vincent Dubois, La Politique culturelle : genèse d’une catégorie d’intervention publique, Paris, Belin, 1999, p. 239-275. 3 Salih Akin, Olivier Douard, « Qui sont les animateurs aujourd’hui ? », in Olivier Douard (dir.), Dire son métier : les écrits des animateurs, Paris, L’Harmattan, 2003. 4 Marcel Davaine, Les Métiers de l’animation : rapport au ministre du Temps libre, Paris, La Documentation fran-çaise, 1982, p. 8-9. Marcel Davaine, inspecteur de la Jeunesse et des Sports, est ancien délégué régional des CEMEA. 5 Secrétariat d’État auprès du Premier ministre chargé de la Jeunesse et des Sports, Les Professionnels de l’animation, tome 1 : Les Emplois et les Pratiques professionnelles, Paris, La Documentation française, 1987, p. 63. 6 Secrétariat d’État chargé de la Jeunesse et des Sports, Le Temps et rien d’autre : étude prospective des activités de temps libre à l’horizon 2010, Paris, La Documentation française, 1990, p. 50. Il s’agit d’une « étude prospective » réalisée par l’Observatoire des professions de l’animation en collaboration avec Futuribles International. 7 La même source relève un effectif de 298 301 en 1986. En 1990, 43 % des effectifs relèvent de l’APE « autres ser-vices fournis à la collectivité ». En outre, les emplois comptabilisés ne correspondent pas tous à des fonctions d’animation (secrétaires, etc.). Francine Labadie, L’Emploi dans la branche professionnelle de l’animation socio-culturelle au 31/12/1990, ministère Jeunesse et Sports / OPA, novembre 1991. 8 SESI, Documents et Statistiques : les professions sociales et éducatives en 1991, n° 163, décembre 1992. SESI, Documents et Statistiques : les professions sociales et éducatives en 1992, n° 191, décembre 1993. Bernard Nozières, « Les Professions sociales et éducatives », Informations rapides, n° 33, février 1993.
13
la série intervient ensuite en raison de la prise en compte d’une nouvelle source de données. Ainsi, en 1994, le SESI recense 2 423 animateurs mais arrive à 23 161 « animateurs sociocultu-rels » en comptabilisant les animateurs des communes, des régions et des centres sociaux1. Avec la même méthode, le nombre total d’emplois est de 31 039 en 19962. À l’aide d’une dizaine de sources statistiques pour décrire les « professions sociales », la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) du même ministère recense 37 000 anima-teurs en 1998 (« estimation minimale3 »). En utilisant l’enquête Emploi, mais à partir des libel-lés d’emplois en clair (données non diffusées) et sans tenir compte des activités de loisirs4, elle dénombre 46 700 animateurs en 1993, 54 000 en 1998, 59 600 en 20025. La brochure Animateur socioculturel éditée en 1997 par le Centre d’information et de documen-tation jeunesse (CIDJ) estime que « le marché du travail de l’animation compte plus de 400 000 salariés6 » dont la moitié serait recrutée avec des contrats à durée déterminée. En 1999, le CIDJ estime que « 11 000 entreprises emploient un effectif de 600 000 animateurs, représentant 92 000 équivalents temps plein. Pour gagner sa vie, il faut donc multiplier les employeurs7 ». En 1999, Jean-Marie Mignon avance le chiffre de 120 000 animateurs : « Si l’on additionne de façon approximative et avec prudence les 75 000 animateurs de la branche de l’animation so-cioculturelle [éducateurs sportifs exclus], les 31 000 animateurs territoriaux, un ou deux milliers d’animateurs des fonctions publiques d’État et hospitalières, les quelques centaines qui travail-lent dans le secteur privé commercial et les milliers d’emplois jeunes, on ne doit pas être trop éloigné d’un effectif total de plus de 120 000 animateurs8. » En 2000, Jean-Pierre Augustin et Jean-Claude Gillet évaluent « le nombre d’animateurs et d’éducateurs sportifs salariés (quasi-permanents) entre 150 000 et 200 000 personnes9. » L’Observatoire de la fonction publique territoriale estime les effectifs d’animateurs à 67 710 au 1er janvier 200510. À partir de l’analyse des données de la base Uniformation (12 000 cotisants), organisme paritaire collecteur agréé (OPCA) pour le financement de la formation profession-nelle, une enquête recense, par extrapolation au niveau de la branche animation, environ 140 000 salariés en 2005 (hors personnel pédagogique occasionnel et, bien sûr, hors secteur pu-blic)11. La branche des centres sociaux, des établissements d’accueil petite enfance et des asso-ciations de développement social local compte, en 2005, environ 50 000 salariés (employés au moins une journée dans l’année) qui représentent environ 16 000 équivalents temps pleins12. Même si elles ne sont pas toujours sociologiquement construites et contribuent à composer une réalité sociale qu’elles sont censées mesurer, ces statistiques reflètent et traduisent de diverses
1 Murielle Monrose, « Les Professions sociales et socio-éducatives au 1er janvier 1994 », Informations rapides, n° 87, mars 1997. 2 Murielle Monrose, « Les Professions sociales et éducatives en 1996 », Informations rapides. Premiers résultats, n° 8, juin 1998. SESI, « Les Professions sociales et éducatives en 1996 », Documents statistiques, n° 301, avril 1998. 3 Emmanuel Woitrain, Études et Résultats, n° 79, septembre 2000. 4 Informations communiquées par Benoît Tudoux, auteur de l’enquête, le 15 janvier 2007. 5 Dominique Beynier, Benoît Tudoux, « Les Métiers du travail social hors aide à domicile », Études et Résultats, n° 441, novembre 2005. 6 Actuel CIDJ, n° 2.493, juillet-août 1997, imprimé par le CIDJ, p. 2. 7 CIDJ, Animateur socioculturel, Paris, CIDJ, 1999, p. 4 (Les Carnets Information Jeunesse). 8 Jean-Marie Mignon, Le Métier d’animateur, Paris, La Découverte et Syros, 1999, p. 113. 9 Jean-Pierre Augustin, Jean-Claude Gillet, L’Animation professionnelle : histoire, acteurs, enjeux, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 113. 10 Observatoire de la fonction publique territoriale, Tendances de l’emploi territorial : note de conjoncture, n° 10, janvier 2006. 11 Rémi Debeauvais, Romain Loth, Marie Pussier, Résultats de l’enquête auprès des entreprises de la branche ani-mation, Observatoire des métiers de l’animation, rapport final, mars 2006, p. 36. 12 Environ 62 % des 37 000 salariés de la branche (hors salariés des centres de loisirs en CDD et / ou de l’annexe 4) sont des animateurs. Observatoire emploi formation, Note de cadrage emploi 2005, novembre 2006, p. 3-4.
14
façons l’existence et les représentations du groupe social des animateurs professionnels. Il s’agit ainsi de réparer une injustice en faisant reconnaître l’existence d’un groupe jusque-là passé sous silence1. Si ces « données » participent d’un travail de légitimation des animateurs (donner une place aux animateurs dans la statistique contribue à leur donner une place dans la société), concourent-elle, pour autant, à l’unité communautaire du groupe ?
Les discours sur la « professionnalisation » : un travail de légitimation
Aujourd’hui, il existe des guides aux métiers de l’animation, spécialisés2 ou non3. Plu-
sieurs codes du ROME (Répertoire opérationnel des métiers et des emplois), édité sur
Internet par l’Agence nationale pour l’emploi, correspondent au métier d’animateur4.
D’après l’enquête sur les besoins en main-d’œuvre (BMO), l’animation socioculturelle
figure parmi les 20 métiers les plus recherchés en 20055.
En dépit d’un poids numérique remarquable (cf. 1. 1., p. 27), ce groupe professionnel
n’en est pas moins incertain. Son unité fait problème. La littérature qui lui est consacrée
oscille entre trois positions.
La première est indifférente au thème de la professionnalisation. Elle considère bien
qu’un processus séculaire amène les « métiers de l’État providence » (du sanitaire-
social et de l’éducatif-culturel)6 à s’organiser en profession, mais elle ne prête pas une
grande attention à la structuration des groupes professionnels. Elle préfère s’intéresser à
la restructuration des classes populaires par l’immigration7, aux processus sociaux qui
1 Sur le travail sociohistorique de construction des collectifs, cf. Luc Boltanski, Les Cadres : la formation d’un groupe social, Paris, Éditions de Minuit, 1982. 2 Cf. par exemple le numéro 1 du Journal de l’animation (septembre 1999) qui comprend un dossier « Métiers de l’animation. Quelles formations ? » Jean-Pierre Nucci, Guide des métiers de l’animation, Paris, Vuilbert, 2001. Alain Langlacé, Animateur dans le secteur social et médico-social, Paris, Éditions ASH, 2004. Office national d’information sur les enseignements et les professions, Les Métiers de l’animation et du social, ONISEP, 2005. Fré-dérique Letourneux, Les Métiers de l’animation, Paris, L’Étudiant, 2007. 3 Marie-Noëlle Valls-Lacroix, Praticiens du secteur sanitaire et social, qui êtes-vous ? Guide et réflexions pour un choix : assistant(e) de service social, animateur(trice) socioculturel, éducateur(trice) spécialisée..., (préf. de Guy Jobert), Paris, Éditions ouvrières, 1989. Claude Lesaulnier, Les Métiers du secteur social, Paris, Bayard, 1990. Do-minique Lallemand, Les Métiers du secteur social, Paris, Le Monde Éditions, 1994. 4 Tous les codes commençant par 2313, mais aussi le 23211, le 23112, etc. 5 Laurent Pouquet, Bernard Ernst, Point’statis, n° 10, avril 2005. 6 Dominique Schnapper, « Les expériences vécues dans quelques métiers de l’État providence », in Pierre Michel Menger (dir.), Les Professions et leurs Sociologies : modèles théoriques, catégorisations, évolutions, Paris, Éditions de la MSH, 2003, p. 199-216. 7 Olivier Masclet montre que la petite élite scolaire formée par les animateurs « militants des cités » s’use du fait de sa non-reconnaissance, voire du mépris dont elle se sent l’objet. En d’autres termes, le Parti communiste et ses repré-sentants locaux semblent méconnaître les porte-parole issus de l’immigration, généralement exclus du champ politi-que local. Olivier Masclet, La Gauche et les Cités : enquête sur un rendez-vous manqué, Paris, La Dispute, 2003.
15
ont pour objet de produire des conduites conformes à la norme (« contrôle social1 »,
conversion des habitus2), ou, plus prosaïquement, à la fonction d’animation, à la démo-
cratie culturelle3, à la politique de la Ville4 ou à la prévention de la délinquance5.
La seconde, que l’on pourrait qualifier d’optimiste, considère que ce groupe profession-
nel est solidement constitué. Elle argue du fait que des conventions collectives ont été
signées et des formations mises en place. Ainsi, les « principes généraux » agréés par
l’État en 1970 pour le statut des personnels professionnels d’animation socio-éducative
sont considérés comme « l’acte de naissance de “la Profession d’Animateur”6 ». En
1978, Michel Simonot considère, en examinant la place du bénévolat, que la « profes-
sionnalisation s’est considérablement accrue depuis quelques années7 ». Pierre Besnard,
pour qui la « professionnalisation [est] inéluctable », estime même, en 1985, que « la
profession d’animateur est une réalité8 ». En 1991, l’accroissement constant des effec-
tifs d’animateurs est, selon Francine Labadie, « la marque d’une professionnalisation
accrue dans ce secteur d’activité, d’une part parce que les services fournis autrefois par
des bénévoles tendent à l’être de plus en plus par des professionnels, d’autre part parce
que les mesures prises par les pouvoirs publics et en particulier à un niveau local ont
permis la création de nouveaux emplois permettant de répondre à une demande sociale
1 Les professionnels, mandataires des classes dominantes, sont dans ces théories les agents d’un contrôle social sur les populations par l’inculcation d’une culture légitime implicite. Ainsi, pour Marc Mangenot, qui évoque le « sens caché de l’animation socioculturelle », les animateurs professionnels, en dépit des luttes menées par certains (« mouvement de mars 1971 », grève au Centre national de formation des animateurs de l’UFCV), « remplissent une fonction so-ciale de gardiens de l’idéologie et d’exutoire ». Marc Mangenot, Des animateurs se rebiffent, Paris, Éditions universi-taires, CEPREG (Centre de perfectionnement de responsables de groupes), 1973, p. 174. Cf. aussi Jean-Pierre Augus-tin, François Dubet, « L’Espace urbain et les Fonctions sociales de l’animation », Les Cahiers de l’animation, n° 7, 1975. Pour une mise en perspective, cf. Robert Castel, « De l’intégration sociale à l’éclatement du social : l’émergence, l’apogée et le départ à la retraite du contrôle social », Revue internationale d’action communautaire, n °20/60, automne 1988, p. 67-77. Michel Chauvière, « Les Professions du social : compétences ou qualifications ? », in Jacques Ion (dir.), Le Travail social en débat[s], Paris, La Découverte, 2005, p. 122-124 (Alternatives sociales). 2 Sur la conversion d’habitus déviants en habitus conformes au métier d’animateur dans le cadre d’un BAFA organisé par les Francas et la Protection judiciaire de la jeunesse (ministère de la Justice), cf. Isabelle Coutant, Délit de jeu-nesse : la justice face aux quartiers, Paris, La Découverte, 2005, p. 195-233. 3 Ainsi de Joffre Dumazedier, même s’il note que « la professionnalisation de l’animation est le résultat d’une évolu-tion que d’autres formes d’éducation ou de travail social ont subi avant elle ». Joffre Dumazedier, « Préface », in Geneviève Poujol, Profession : animateur, Toulouse, Privat, 1989, p. 7. 4 Jacques Donzelot, L’État animateur : essai sur la politique de la ville, Paris, Esprit / Le Seuil, 1994. 5 Marwan Mohammed, Laurent Mucchielli, « Des jeunes face à VVV », in Didier Lapeyronnie (dir.), Quartiers en vacances. Des opérations Prévention Été à Ville Vie Vacances, 1982-2002, Paris, Éditions de la DIV, 2003, p. 165-184. 6 Pierre Besnard, L’Animation socioculturelle, Paris, PUF, 1985 (1re éd. en 1980), p. 101. 7 Rolande Dupont, Suzanne Pacalin, « Interview de Michel Simonot », Pour, n° 59, mars-avril 1978, p. 19. 8 Pierre Besnard, L’Animation socioculturelle, op. cit., p. 99-100.
16
non satisfaite auparavant1 ». Dans le même esprit, Jean-Claude Gillet, qui anime le
« Réseau international de l’animation », considère, en 2006, qu’il ne faut pas « occulter
le renforcement de la professionnalisation des animateurs attestée par les évolutions sta-
tistiques et les observations de terrain2 ». De même, Jean-Pierre Augustin estime qu’un
constat de « forte croissance de la professionnalisation3 » s’impose. Pour les tenants de
cette position qui le plus souvent réunit des personnes œuvrant dans ce champ, ce métier
existe et met en œuvre des savoirs autonomes constitués autour d’un champ de pratique.
Reste alors seulement à démontrer l’utilité sociale de cette profession et à défendre son
autonomie4.
La troisième position est plus circonspecte, voire pessimiste. C’est celle qui semble la
mieux fondée empiriquement. Dans cette perspective, le groupe professionnel ne consti-
tue pas ou seulement difficilement une profession entendue comme une collectivité or-
ganisée, avec ses règles, ses procédures de reconnaissance et ses carrières. Certains au-
teurs considèrent qu’il y a bien un processus de professionnalisation mais que son issue
est aléatoire et ils font état de freins et d’avancées5. D’autres se limitent à dresser un
constat objectif et observent que la diversité des conditions d’exercice et la variété des
profils d’emplois interdisent toute analyse en terme de profession6, qu’une forte division
du travail distribue les individus dans des positions inégales et segmente les groupes
professionnels7. De même, l’identité professionnelle fait problème. Elle apparaît éclatée
et fragile, tiraillée entre les divers univers institutionnels dans lesquels s’exercent les
activités : action culturelle, politique de l’emploi, tourisme, secteurs social, scolaire,
1 Francine Labadie, L’Emploi dans la branche professionnelle de l’animation socioculturelle au 31/12/1990, op. cit. 2 Jean-Claude Gillet, L’Animation en questions, Paris, Érès, 2006, p. 11 et p. 49. 3 Jean-Pierre Augustin, « Loisirs et Société : un nouveau rapport au travail », in Vers les métiers de l’animation et du sport : la transition professionnelle, Jean-Pierre Augustin (dir.), Observatoire national des métiers de l’animation et du sport, Paris, La Documentation française, 2006, p. 19. 4 Jean-Claude Gillet, Animation et Animateurs : le sens de l’action, Paris, L’Harmattan, 1995. Jean-Pierre Augustin, Jean-Claude Gillet, L’Animation professionnelle, op. cit. 5 Geneviève Poujol, Guide de l’animateur socioculturel, Paris, Dunod, 1996, p. 194-195. Jean-Marie Mignon, La Lente Naissance d’une profession : les animateurs, de 1944 à 1988, thèse de doctorat d’histoire sous la direction de Pierre Guillaume, université Bordeaux III, volume 1, 1998, p. 404-411. 6 Chantal Guérin, « Une profession d’animateur est-elle possible ? », Les Cahiers de l’animation, n° 22, 4e trim., 1978. 7 Jean-Marie Mignon, Le Métier d’animateur, op. cit., 1999.
17
sportif, du handicap, du troisième âge, etc. En outre, le métier est « poreux1 » car les
animateurs sont attirés par les univers auxquels ils participent. Ainsi, le personnel des
centres de vacances et de loisirs est composé d’étudiants qui envisagent (dans une logi-
que de préqualification) d’autres métiers, en particulier l’enseignement et le travail so-
cial2. Même lorsqu’elles mettent l’accent sur des processus émergents, les thèses défen-
dues par ces auteurs restent prudentes et n’aboutissent pas à la mise en évidence d’une
identité professionnelle solidement installée. Le plus souvent, ils décrivent une profes-
sion « en construction », « à définir3 » dont l’identité reste fragile. Nous serions donc
face à une situation paradoxale : ce groupe professionnel existe bel et bien et regroupe
un nombre conséquent d’individus. Mais son identité est instable et il est faiblement ins-
titué si bien qu’il apparaît comme un ensemble flou et incertain.
En effet, la prudence s’impose car ce « processus de professionnalisation », avéré à
l’échelle du siècle4, semble ne jamais aboutir. L’UFCV (Union française des centres de
vacances et de loisirs) annonce en 1964, à l’occasion de l’ouverture de son école
d’animateurs de loisirs, la naissance d’une « véritable nouvelle profession5 ». Dans un
ouvrage publié en 1969, Gabriel Vessigault évoque longuement « la naissance d’une
nouvelle profession6 ». Dans l’introduction d’une enquête menée en 1971 auprès de
1 221 stagiaires de l’INEP (Institut national d’éducation populaire), Raymond Labourie
considère que « le secteur socio-éducatif tend aujourd’hui à développer la professionna-
lisation de ses animateurs par la reconnaissance de qualifications et de diplômes7 ». En
1 Selon l’expression utilisée par Lise Demailly pour qualifier le métier de formateur. Lise Demailly, « Une spécificité de l’approche sociologique française des groupes professionnels : une sociologie non clivée », Savoirs, Travail et Société, vol. 2, n° 2, 2004, p. 107-128. 2 Gérard Neyrand, Profil et Devenir des stagiaires BAFA, Paris, CEMEA, août 1993. 3 Geneviève Poujol, Profession : animateur, op. cit., p. 147. Les actes du colloque de Limoges, publiés en 1991, re-prennent le titre de l’ouvrage de Geneviève Poujol. Profession animateur ? : actes du colloque de Limoges, les 5 et 6 avril 1991, organisé par la direction régionale Jeunesse et Sports du Limousin, Marly-le-Roi, Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire, 1991. 4 On peut en trouver les prémices au XIXe siècle. Christine Rater-Garcette (préface de Michel Chauvière), La Profes-sionnalisation du travail social : action sociale, syndicalisme, formation 1880-1920, Paris, L’Harmattan, 1996. 5 « Pourquoi des animateurs de loisirs ? », Revue de l’Union française des centres de vacances et de loisirs, n° 14, juin 1964, p. 14-15. 6 Conseil de l’Europe, Gabriel Vessigault, Le Statut et la Formation des cadres de jeunesse, Conseil de la coopération culturelle, Strasbourg, 1969, p. 23-71. 7 Raymond Labourie, « Préambule », in Hervé Drouard, Raymond Labourie, Annie Oberti, Geneviève Poujol, Le Public d’une institution socio-éducative : profils sociologiques, attitudes à l’égard de la formation, opinions à l’égard du secteur socio-éducatif, enquête de l’INEP, 1970-1971, Documents de l’INEP, n° 1, INEP, 1973, p. 3.
18
2000, Éric Robinet estime encore que l’animation est « en cours de professionnalisa-
tion1 » mais que le processus « n’est pas encore terminé2 ».
De plus, la frontière séparant « optimistes » et « pessimistes » est elle-même incertaine.
Les auteurs ont généralement en commun une référence implicite ou explicite au mo-
dèle fonctionnaliste des professions et évaluent le degré de professionnalisation par
l’examen des critères définissant les « professions établies3 ». Ce modèle est également
repris par les fractions intellectuelles des milieux de l’animation4. Fixant un horizon at-
tendu, il sert d’étalon et permet de définir ces professions comme des professions en
devenir ; la littérature spécialisée en atteste. Le double usage, savant et politique, du
modèle crée une confusion. Le fait qu’il soit en même temps un outil permettant de dé-
crire un processus dans les travaux sociologiques et une perspective idéale dans les rhé-
toriques professionnelles en altère les vertus descriptives. Son attrait et sa prégnance le
font alors apparaître comme un mythe qui exerce une « véritable fascination5 » à la fois
sur certains agents des groupes professionnels et certains chercheurs en sciences socia-
les. Normatif, l’usage du terme « profession » est donc un jugement de valeur et de
prestige.
1 Éric Robinet, « L’Identité professionnelle des animateurs », Agora Débats Jeunesse, n° 22, 4e trim. 2000, p. 113-124. 2 Éric Robinet, « Les Ressources des animateurs au travail », Agora Débats Jeunesse, n° 36, 2e trim. 2004, p. 33. 3 Jean-Michel Chapoulie, « Sur l’analyse sociologique des groupes professionnels », Revue française de sociologie, XIV, 1973, p. 86-114. La sociologie anglo-saxonne et fonctionnaliste des professions s’est fondée sur une distinction nette entre les deux types d’activité que constituent les « professions » et les « occupations ». Elle s’est particulièrement attachée à l’étude de ce que Jean-Michel Chapoulie nomme les « professions établies », notamment les médecins et les avocats, soit les professions qui ont pu développer un certain nombre de caractéristiques relevant du « modèle professionnel ». Selon Chapoulie, la définition de ces caractéristiques s’est faite sur un « large accord ». « 1. Le droit d’exercer suppose une formation professionnelle longue délivrée dans des établissements spécialisés. 2. Le contrôle des activités professionnelles est effectué par l’ensemble des collègues, seuls compétents pour effec-tuer un contrôle technique et éthique. La profession règle donc à la fois la formation professionnelle, l’entrée dans le métier et l’exercice de celui-ci. 3. Le contrôle est généralement reconnu légalement, et organisé sous des formes qui font l’objet d’un accord entre la profession et les autorités légales. 4. Les professions constituent des communautés réelles dans la mesure où, exerçant leur activité à plein temps, n’abandonnant leur métier qu’exceptionnellement au cours de leur existence active, leurs membres partagent des “identités” et des intérêts spécifiques. 5. Les revenus, le prestige, le pouvoir des membres des professions sont élevés : en un mot ils appartiennent aux frac-tions supérieures des classes moyennes. » 4 En dépit d’une certaine proximité des chercheurs à leur terrain, aucun n’a adopté des critères strictement indigènes (qu’il aurait été possible de définir à l’aide d’entretiens avec des animateurs ou par l’analyse de documents) pour mesurer la professionnalisation. 5 Georges Benguigui, « La Définition des professions », Épistémologie sociologique, n° 13, 1972, p. 108.
19
Ainsi, on trouve dans l’article de Chantal Guérin, en 1978, une illustration excellem-
ment menée de la sociologie fonctionnaliste des professions. Elle conclut : « Il semble
qu’il n’y ait, au moment présent, aucune chance que se constitue une profession
d’animateur, aucune des conditions requises ne semblant remplie ni en voie de l’être1. »
Geneviève Poujol rappelle les déterminants d’une profession à partir d’un article de
Jacques Hédoux sur les formateurs d’adultes2. « D’après ces critères, la profession
d’animateur est loin d’être arrivée au terme de son institutionnalisation3. » Jean-Marie
Mignon, en citant Geneviève Poujol, reprend à son tour le même extrait de Jacques Hé-
doux et examine les « fondements de la profession ». Il estime qu’ils ont, dans le cas des
animateurs, « quelque chose d’incomplet ». Il reste, entre autres, « une déontologie à
affirmer4 ». La multiplication et la diversification des métiers « n’entraîne pas un pro-
grès de la professionnalisation5 ». Selon Jean-Pierre Augustin et Jean-Claude Gillet, « la
fonction d’animation est en voie de professionnalisation », même si « la profession
d’animateur est encore une profession floue, difficile à circonscrire, mal assise ». Ils
examinent ensuite le « processus de professionnalisation » au regard des « caractéristi-
ques d’une profession et [de] leur traitement dans le groupe professionnel des anima-
teurs6 ». Il paraît évoluer de façon positive : « Que de chemin parcouru en 30 ans dans
la légitimation d’une spécificité professionnelle7. »
S’il faut prendre au sérieux les discours tenus sur l’animation et les animateurs, puis-
qu’ils contribuent à la consolidation du groupe professionnel, les données de l’INSEE
permettent une observation objective, distanciée et sur le long terme, même si les règles
de la « communication statistique » sont complexes (Graphique 1).
1 Chantal Guérin, « Une profession d’animateur est-elle possible ? », art. cit., p. 53. Ce numéro des Cahiers de l’animation s’intitule « Professions d’animateurs ? ». Cf. aussi François Védélago, « Les Travailleurs sociaux : incer-titudes et limites du processus de professionnalisation », in Pierre Guillaume (textes réunis par), La professionnalisa-tion des classes moyennes, op. cit. 2 Jacques Hédoux, « Formateur d’adultes », in Dictionnaire encyclopédique de l’éducation et de la formation, Paris, Nathan, 1994. 3 Geneviève Poujol, Guide de l’animateur socioculturel, op. cit., p. 194. 4 Cette prise de position est également partagée par Éric Robinet, « L’Identité professionnelle des animateurs », art. cit., p. 124. 5 Jean-Marie Mignon, Le Métier d’animateur, op. cit., p. 28-32. 6 Jean-Pierre Augustin, Jean-Claude Gillet, L’Animation professionnelle, op. cit., p. 113-119. 7 Ibid., p. 134.
20
Graphique 1. Schéma de la « chaîne » statistique
Source : Dominique Merllié, « La Construction statistique », in Patrick Champagne, Rémi Lenoir, Dominique Merllié, Louis Pinto, Initiation à la pratique sociologique, Paris, Dunod, 1989, p. 157.
21
De l’intérêt du traitement des données de l’enquête Emploi (INSEE)
Les données produites par l’INSEE sont rarement utilisées pour décrire la population
des agents de l’animation1. Si l’on peut mettre en question la capacité du niveau le plus
fin de la nomenclature des professions à décrire les groupes professionnels2, tant son
architecture est complexe3, elles répondent à une « ambition raisonnable4 » et conser-
vent un avantage certain sur d’autres enquêtes. En effet, pour répondre à nos interroga-
tions sur les conditions d’emploi des individus, par leur caractère général et objectivant,
et en l’absence d’autres statistiques d’emploi, les données de l’INSEE offrent une occa-
sion inégalée de mise à distance des rhétoriques qui structurent les discours tenus par les
groupes professionnels. Issues d’enquêtes nationales représentatives, elles permettent de
saisir la population d’un groupe professionnel dans son ensemble et ne se cantonnent
pas à la description d’un seul de ses segments. Alors que la plupart des études quantita-
tives procèdent par une entrée institutionnelle et se limitent de fait aux salariés travail-
lant dans les organismes spécialisés dans l’animation5, les données de l’enquête sur
l’emploi (qui existe depuis 19506) permettent d’observer l’ensemble des actifs déclarant
exercer cette profession. Elles résultent d’une enquête directe et non du traitement de
sources administratives éparses7.
Elles prennent en compte la dimension subjective de l’appartenance à un groupe profes-
sionnel. Elles excluent les agents qui ne souhaitent pas (ou qui ne pensent pas à) se re-
connaître dans la profession (notamment certaines gardiennes d’enfants, les étudiants8,
1 Seul Michel Rousseau utilise le recensement de 1990 en « données de cadrage » de son étude. Michel Rousseau, Les Emplois de l’animation en Île-de-France : étude prospective régionale 1995-1997, Paris, La Documentation fran-çaise, 1997, p. 19-25. 2 Alain Chenu, « La Descriptibilité statistique des professions », Sociétés contemporaines, n° 26, 1997, p. 109-136. 3 Alain Desrosières, Laurent Thévenot, Les Catégories socioprofessionnelles, Paris, La Découverte, 1996. 4 Même si les discordances, selon le mode de codage, concernent un tiers des emplois. Françoise Cédo, Alberto Lo-pez, « Codifier la PCS à 4 Chiffres : une ambition raisonnable ? Analyse d’un flou statistique sur la relation forma-tion-emploi », INSEE-Méthodes : actes des journées de méthodologie statistique, 2002. 5 Michel Simonot, Les Animateurs socioculturels : étude d’une aspiration à une activité sociale, Paris, PUF, 1974. Secrétariat d’État auprès du Premier ministre chargé de la Jeunesse et des Sports, Les Professionnels de l’animation, tome 1 : Les Emplois et les Pratiques professionnelles ; tome 2 : Qualifications individuelles et Itinéraires profes-sionnels, Paris, La Documentation française, 1987. Tariq Ragi, « Animateurs : formations, emplois et valeurs », Ago-ra Débats Jeunesse, n° 36, 2e trim. 2004, p. 10-21. 6 Dominique Goux, « Une histoire de l’enquête Emploi », Économie et Statistique, n° 362, 2003. 7 Alain Desrosières, « Enquêtes versus registres administratifs : réflexions sur la dualité des sources statistiques », Courrier des statistiques, n° 111, septembre 2004. 8 D’ailleurs, pour certains d’entre eux, travailler avec les enfants est associé au plaisir, aux loisirs, et non à l’emploi. Les élèves et les étudiants de 15 ans ou plus sont normalement comptabilisés parmi les inactifs.
22
les enseignants, etc.) et dépendent donc de la reconnaissance sociale des groupes classés
et des ressources langagières disponibles pour les dénommer1. Si la cristallisation d’une
identité professionnelle sur un nom est flottante, si les appellations de professions que
déclarent leurs titulaires dans les questionnaires sont instables et conduisent parfois à
des codifications très différentes2, « la tâche du statisticien-nomenclateur, comme
l’indique Laurent Thévenot, a ses contraintes particulières. Il a à rendre des comptes sur
les objets qu’il prétend classer : il doit produire une définition opératoire. L’information
dont il dispose consiste en déclarations d’appellations de professions auxquelles
s’ajoutent des réponses à quelques questions fermées complémentaires qui peuvent
constituer des critères de définition3 ».
De plus, les données de la statistique officielle fournissent des séries suffisamment lon-
gues et constantes pour appréhender l’évolution de la morphologie des groupes profes-
sionnels. Bien que moins riches et précises que les informations issues de questionnaires
ponctuels pouvant prendre en compte toute la spécificité de leur objet, elles ouvrent des
possibilités d’analyses diachroniques indispensables à l’étude de la dynamique de ce
groupe ; en même temps, elles permettent d’en percevoir les fractures et d’en interroger
l’unité. Enfin, elles facilitent la comparaison avec d’autres groupes professionnels.
1 Francis Kramarz, « Déclarer sa profession », Revue française de sociologie, vol. XXXII, n° 1, 1991, p. 3-27. 2 Laurent Thévenot, « Le Flou d’appellation et de chiffrement dans les professions de santé », in « Les Catégories socioprofessionnelles et leur Repérage dans les enquêtes », Archives et Documents, n° 38, Paris, INSEE, 1981. 3 Laurent Thévenot, « À propos d’une définition des couches moyennes et de la nouvelle nomenclature des profes-sions et catégories socioprofessionnelles », Revue française de sociologie, n° XXIV-2, avril-juin 1983, p. 318.
23
Les animateurs professionnels et la « fonction d’animation » Si l’on se réfère aux activités, à « l’animation globale » ou à la fonction d’animation, elles dé-passent alors, bien sûr, les seuls animateurs professionnels. Mais dans cette perspective élargie, les stratégies de valorisation sont courantes et la définition du champ d’action relève d’un cer-tain flou pour s’étendre parfois à l’ensemble des activités sociales. Ainsi, pour Pierre Besnard, en 1980, l’animation « concerne l’ensemble de la vie quotidienne et des fonctions sociales qu’elle pénètre et dynamise car elle est partout, comme la vie même1 ». Selon Joffre Dumaze-dier, la fonction d’animation, depuis les années 1980, « a envahi plus ou moins la quasi-totalité des institutions dans leurs rapports avec le public2 ». Il faut prendre au sérieux ces définitions de l’animation qui l’assimilent à l’idée même de société ou, pour le moins, à un travail sur « le lien social », car il s’agit, par une sorte de montée en généralité, d’une stratégie d’élévation sociale de « l’objet » et de ses promoteurs. Outre son utilité idéologique, ce type de prises de position (une sorte de fonctionnalisme militant) s’appuie cependant sur des éléments objectifs : l’animation est aussi l’affaire des bénévoles et des « volontaires » ; on peut estimer qu’elle connote un « style pédagogique », qu’elle désigne des projets de transformation sociale ou un espace de pratiques et de savoirs ; diverses carrières professionnelles « passent » par l’animation ; des cadres du travail social issus de l’animation, s’ils ne se revendiquent plus ani-mateurs, restent attachés au métier, etc.
Le code des catégories socioprofessionnelles (CSP), objet de négociations, a été mis en
œuvre par l’INSEE lors du recensement de 1954. Cette nomenclature multidimension-
nelle combine plusieurs logiques qui concernent le métier, l’origine et le niveau des re-
venus, le secteur d’activité, la durée et le type de formation, la position hiérarchique, la
séparation entre salariés des entreprises privées et ceux de la fonction publique. En
1954, le code distingue, au sein du groupe des cadres moyens, les « Instituteurs, servi-
ces médicaux et sociaux ». En 1962, les « Services médicaux et sociaux » s’imposent
comme une catégorie particulière au sein du groupe, « signe de l’importance nouvelle
alors acquise par les diverses professions paramédicales et sociales3 ».
En 1968, le Code des métiers4 classe un Animateur (centre culturel, centre social) et un
Moniteur (centre social) dans la sous-rubrique « Autres » du code de chiffrement des
1 Pierre Besnard, L’Animation socioculturelle, Paris, PUF, 1980, p. 23. 2 Joffre Dumazedier, « Préface », in Geneviève Poujol, Profession : animateur, op. cit., p. 7. 3 Alain Desrosières, Laurent Thévenot, Les Catégories socioprofessionnelles, op. cit., p. 28. 4 Code des métiers : index alphabétique détaillé, Paris, Imprimerie nationale, 1968.
24
assistantes sociales (89.72)1. La véritable reconnaissance des métiers de l’animation par
la statistique officielle date de 19752. En effet, l’INSEE, en utilisant le Code des métiers
pour le dépouillement du recensement, distingue alors, parmi les « Cadres moyens »,
des Professionnels de l’animation culturelle (code 89.04)3 dans les Services sociaux
(89), des Animatrices scolaires intégrées à la catégorie Enseignants de l’enseignement
primaire et technique court et assimilés (90.03), des Animateurs (ou moniteur) de centre
social intégrés à la catégorie Éducateur spécialisé, moniteur de centre social (89.17), des
Animateurs de formation continue (90.02)4. Que les animateurs soient d’abord assimilés
aux assistantes sociales, puis certains d’entre eux aux instituteurs et aux éducateurs spé-
cialisés, indique leur proximité avec l’école et le travail social. En 1978, le CEREQ
(Centre d’études et de recherches sur les qualifications) distingue, dans le Répertoire
français des emplois, « l’Animateur socioculturel » du « Responsable de secteur pour
des activités socioculturelles5 ».
En 1982, le nouveau code vise à articuler les nomenclatures de professions et catégories
socioprofessionnelles. L’INSEE place alors les « Animateurs socioculturels et de loi-
sirs » (43.33) dans la catégorie « Professions intermédiaires de la santé et du travail so-
cial » (43)6 qui se substitue, pour partie, aux « Services médicaux et sociaux » (42) qui
étaient intégrés au groupe des « Cadres moyens » (classe 4)7. Cette catégorie « Profes-
sions intermédiaires de la santé et du travail social », qui représente, en 2000, 3,7 % de
la population active et rassemble pour moitié des infirmières, fait partie du groupe des
professions intermédiaires (environ 20 % de la population active en 2000). La catégorie
1 Le Code des catégories socioprofessionnelles de 1962 (4e édition) mentionne cependant la catégorie « Employée de garderie d’enfants, de crèche, de pouponnière » (code métier 86.84) au sein de la catégorie socioprofessionnelle des « Autres personnels de service ». 2 Par ailleurs, concernant l’ANPE, en 1974, le secteur n° 37 du ROME, « Services sociaux, services récréatifs, cultu-rels et sportifs » était « non traité ». En 1975, une fiche mentionne « l’animateur socio-éducatif » puis plusieurs en 1976 : animateur (tourisme-loisirs), technicien d’animation (tourisme-loisirs), animateur socio-éducatif, chef anima-teur (tourisme-loisirs), animateur socioculturel du ministère de l’Agriculture, moniteur d’enfants (tourisme-loisirs). 3 Animateur (ou moniteur) de centre culturel, de maison de jeunes, de foyer, de centre de vacances ; Animateur so-cioculturel ; Directeur de centre culturel, de maison de jeunes, de foyer, de centre de vacances ; Directeur de station (de tourisme) ; Directeur (d’office de tourisme). 4 Code des métiers, Paris, INSEE, 1975. 5 Répertoire français des emplois, cahier 8 : Les Emplois types des activités sociales, socioculturelles et de conseil, Paris, La Documentation française, 1978. 6 Les animateurs sont alors habituellement classés parmi les « travailleurs sociaux ». Cf. Jacques Ion, Jean-Paul Tri-cart, Les Travailleurs sociaux, Paris, La Découverte, 1984. 7 Par ailleurs, cette nomenclature ne reconnaît plus qu’une classe de cadres, les « Cadres et professions intellectuelles supérieures ».
25
43.33 agrège trois professions « typiques » (Animateur culturel, Animateur socio-
éducatif, Directeur de maison de jeunes) et vingt « professions assimilées » relativement
dissemblables : Animateur de bibliothèque enfantine, animateur de travaux manuels,
Conseiller d’éducation populaire, Directeur de centre culturel, Moniteur de colonies de
vacances, Permanent de mouvement de jeunesse, etc.
Depuis la rénovation de la nomenclature en 20031, les animateurs socioculturels et de
loisirs sont regroupés dans la catégorie 435b qui exclut les cadres2. À présent, ceux-ci
relèvent, au sein des professions intermédiaires de la santé et du travail social, de deux
nouvelles catégories. Les « Cadres de l’intervention socio-éducative » (434a, 37 000
individus en 2005) comprennent des « Responsables de services3 » et quelques assimi-
lés (Directeurs de centre social, de foyer de jeunes travailleurs ou de maison d’enfants)
auparavant intégrés aux animateurs. Les « Directeurs de centres socioculturels et de loi-
sirs » (435a, 12 000 individus en 2005) « dirigent des entreprises ou des institutions
chargées d’élaborer et de mettre en œuvre des projets d’animation ». Ils rassemblent les
« Directeurs d’établissement social ou médico-social » et des assimilés autrefois parmi
les « Animateurs » (Directeurs de centre culturel ou de maison de jeunes). Les profes-
sionnels qui assurent des tâches d’encadrement, d’expertise ou de direction ne font donc
plus partie du même ensemble, à l’exception de deux professions assimilées : les
« Conseillers d’éducation populaire » et les « Permanents de mouvement de jeunesse ».
Ainsi, le directeur de maison de jeunes, une des « professions les plus typiques » de
l’ancienne catégorie 43.33, n’est plus comptabilisé parmi les animateurs.
En étudiant les caractéristiques des individus qu’il regroupe et des emplois dans les-
quels ils travaillent, soit leur marché du travail, nous tenterons d’observer les effets de
la structuration du groupe professionnel sur les populations qui le composent. Nous
nous inscrirons ainsi dans la perspective ouverte par la sociologie de l’emploi et appré-
henderons la professionnalisation comme l’organisation progressive du métier en car-
1 Cette rénovation a été engagée en 1996. Jean-David Fermanian, « La Rénovation de la nomenclature des profes-sions et catégories socioprofessionnelles », in Pierre-Michel Menger (dir.), Les Professions et leurs Sociologies, op. cit., p. 75-81. 2 Il faudrait étudier les luttes pour les classements sociaux qui ont abouti à ce résultat. 3 Responsable de service social ou éducatif ; Conseiller socio-éducatif des collectivités locales ; Responsable de cir-conscription, etc.
26
rière1. Auparavant, nous décrirons le volume de la population et sa distribution en fonc-
tion des indicateurs habituels des déterminants sociaux, avec les variables sexe, âges,
statut matrimonial, origines sociales, niveaux de formation, etc.
La taille de l’échantillon limite la précision de la mesure des évolutions. C’est pourquoi
des moyennes mobiles sur 3 ans ont parfois été utilisées pour quantifier les résultats.
Une moyenne mobile (appelée aussi « moyenne glissante ») est un indicateur qui fait la
moyenne sur un certain nombre de périodes (ici 3). Elle permet de montrer une tendance
et de relativement s’affranchir de données erratiques ou ponctuellement aberrantes.
1 Pierre Naville, « L’Emploi, le Métier, la Profession », in Georges Friedmann, Pierre Naville (dir.), Traité de socio-logie du travail, vol. 1, Paris, Armand Colin, 1961, p. 237.
27
1. Multiplication et féminisation
des agents de l’animation
1.1. La croissance des effectifs est-elle terminée ?
Depuis 1975, les effectifs d’animateurs vont croissant (Graphique 2). Selon le recense-
ment, les animateurs sont passés de 46 643 à 100 750 individus entre 1982 et 1999
(x 2,2), et, pour l’enquête Emploi, de 49 494 en 1983 à 110 447 en 2002 (x 2,2). Les
deux enquêtes présentent une même tendance à l’explosion des effectifs. Les animateurs
socioculturels constituent donc aujourd’hui un groupe professionnel important. Cette
augmentation est bien supérieure à celle de la catégorie dans laquelle ils sont intégrés :
entre les recensements de 1982 et 1999, les effectifs des professions intermédiaires de
l’enseignement, de la santé, de la fonction publique et assimilées n’ont augmenté que de
35 %1.
Cette évolution semble suivre trois étapes, trois âges de l’animation : après deux pério-
des de forte croissance dans les années 1980 (1982-1988) et 1990 (1989-1999), la popu-
lation stagne depuis 2000, la courbe présentant la forme d’une asymptote, autour de
110 000. En effet, en ajoutant aux « Animateurs socioculturels et de loisirs » les quel-
ques milliers de directeurs (centres sociaux, FJT, MJC) exclus de cette catégorie des
1 Taux calculé à partir de Thomas Amossé, « L’Espace des métiers de 1990 à 1999 », INSEE Première, juillet 2001.
28
animateurs depuis 2003, on arriverait à environ 110 000 individus entre 2003 et 2005.
Un plateau à 110 000 animateurs se serait ainsi stabilisé depuis l’année 2000. Par ail-
leurs, l’acmé de 1999, s’il n’est pas un accident statistique, pourrait résulter des em-
plois-jeunes1. En expansion depuis les années 1960, le groupe professionnel des anima-
teurs subirait-il à présent un tassement de ses effectifs ?
Quatre fois moins nombreux que les assistantes maternelles, environ quatre fois moins
que les instituteurs et professeurs des écoles réunis, les animateurs sont, en 2004, autant
que les éducateurs spécialisés2 ou les formateurs3, et deux fois plus nombreux que les
assistants de service social.
Graphique 2. Les effectifs d’animateurs selon différentes sources (1975-2005)
10 000
30 000
50 000
70 000
90 000
110 000
130 000
1975
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Recensement 1975
Recensements 1982-1990-1999
Enquêtes Emploi
Enquêtes Emploi, avec, à partir de 2003, les directeursde centres socioculturels et de loisirs (PCS 435a)
Source : INSEE, enquêtes Emploi. Tous les tableaux et graphiques suivants ont pour source l’enquête Emploi.
Cette multiplication, qui renvoie à un « phénomène urbain4 » (Graphique 45, p. 112)
puisque environ la moitié des animateurs résident en Île-de-France, en Rhône-Alpes ou
1 En effet, selon une enquête de la DARES (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère de l’Emploi), un quart des embauches, entre 1998 et 2001, se font sur des emplois d’animation. Vanessa Bellamy, « Nouveaux Services emplois jeunes en 2001 : tassement des créations de postes et des embauches », Pre-mières Informations et Premières Synthèses, DARES, n° 46.1, novembre 2002. 2 Les éducateurs spécialisés sont plus nombreux que les animateurs si on leur adjoint les 20 000 moniteurs éducateurs et les 25 000 éducateurs techniques spécialisés, moniteurs d’atelier. 3 Sans les 20 000 cadres spécialistes de la formation. 4 Louis Wirth, « Le Phénomène urbain comme mode de vie », in L’École de Chicago, Yves Grameyer, Isaac Joseph (textes traduits et présentés par), Paris, RES Champ urbain, Aubier, 1990.
29
en Provence-Alpes-Côte d’azur, ne s’est pas faite sans bouleversements. On constate,
entre autres, une féminisation du groupe professionnel1.
1.2. De plus en plus de femmes
Le sexe est un déterminant des statuts, notamment dans la famille, à l’école et dans
l’emploi. En France, le taux de féminisation de la population active s’élève à environ
46 %. La féminisation du groupe professionnel des animateurs croît fortement depuis le
milieu des années 1990 (Graphique 3). Les femmes représentent 56 % des animateurs
en 1982 ; en 2002, près des trois quarts (71 %) des membres du groupe sont des fem-
mes, un taux de féminisation semblable à celui des professions de la santé et du travail
social. En effet, en 2002, les femmes sont presque à parité (47,2 %) dans les professions
intermédiaires mais elles atteignent 76,9 % des professions de la santé et du travail so-
cial. Les professions qui ont créé, par ailleurs, en net, le plus d’emplois pour les femmes
entre 1982 et 1999 sont celles d’assistante maternelle et de travailleuse familiale2.
Graphique 3. Des femmes et des hommes (1982-2005)
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
80 000
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
hommes
femmes
1 Par ailleurs, la part des « Français de naissance », qui tend à baisser (97 % en 1982, 92 % en 2002), est semblable à celle de l’ensemble de la population active (les étrangers sont en proportion plus importante parmi les ouvriers et les employés de service). En 2004, 10 % des animateurs sont nés à l’étranger. 2 Thomas Amossé, Olivier Chardon, « La Carte des professions (1982-1999) : le marché du travail par le menu », Données sociales 2002-2003 : la société française, Paris, INSEE, p. 215-223. Seules 7 % des assistantes maternelles (une profession d’employée peu qualifiée) ont moins de 35 ans.
30
Les femmes sont particulièrement présentes parmi les 15-24 ans (79,1 %) et parmi les
35 ans et plus (72,4 %). La proportion inférieure de femmes dans la tranche d’âge des
25-34 ans (65,7 %) laisse à penser qu’une petite partie d’entre elles abandonnent alors le
métier au profit d’un autre emploi ou/et du rôle de mère. Si généralement, lorsqu’arrive
un enfant, les interruptions sont de courte durée, les moins diplômées et les travailleuses
précaires sortent davantage du marché du travail. En outre, parmi les ajustements possi-
bles, la baisse du temps de travail reste l’affaire des mères1.
L’institutionnalisation de la profession va donc de pair avec la féminisation. Dans les
années 1970, les animateurs sont des (jeunes) hommes, 78 % d’après l’étude du FON-
JEP2, 77 % selon une enquête effectuée en 1976 et 1977 en Dordogne et dans les Bou-
ches-du-Rhône pour le compte de la Délégation à la recherche scientifique et technique
(DGRST)3. Pourquoi, alors, la féminisation ? Sans doute en raison d’une autre défini-
tion du métier. Avec l’expansion des « loisirs », l’encadrement des enfants est l’objet, à
compter des années 19604, d’une redéfinition créatrice. Elle se traduit par l’amorce
d’une professionnalisation d’activités traditionnellement féminines, la transformation
des garderies (maternelles) en centres de loisirs et des gardiennes en « animatrices5 ».
Il faut se placer dans le long terme pour examiner les modifications de la structure de
l’emploi des femmes. Depuis le milieu du XIXe siècle, les ouvrières représentent environ
le quart de la population active féminine, mais, en un peu plus d’un siècle, les paysan-
nes et les domestiques sont supplantées par les employées et les cadres, le basculement
intervenant vers 1960, quand s’amorcent la tertiarisation et la féminisation du salariat6.
Ainsi, les « bonnes », évoquées par Karine Vasselin, sont devenues « gens de maison »
1 Ariane Pailhé, Anne Solaz, « Vie professionnelle et Naissance », Population et Sociétés, bulletin mensuel de l’INED, nº 426, septembre 2006. 2 Gabriel Vessigault, Unité et Diversité de la fonction d’animateur socio-éducatif, op. cit., p. 30. 3 Pierre Moulinier, « L’Animation un métier pas comme les autres », Pour, n° 59, mars-avril 1978, p. 13. 4 Raymond Mège, L’Animateur de loisirs collectifs, Paris, Éditions du Centurion (Bonne Presse), 1961. 5 Francis Lebon, « Des “mamies tricoteuses” aux animatrices de centres de loisirs maternels (1970-1973) », colloque Histoire des cadres de jeunesse et d’éducation populaire (de 1918 à 1971), 22 novembre 2003. À paraître en 2007, in Françoise Tétard, Valérie Brouselle, Jean-Paul Egret (dir.), Paris, La Documentation française. Alors que le patro-nage vise la période de l’enfance que Durkheim appelle la « seconde enfance », celle de l’école primaire où l’enfant commence à sortir du cercle familial, le centre de loisirs, contemporain de la généralisation de l’école maternelle, est le témoin d’une action sociale qui s’étend sur toute la période de l’enfance. 6 Olivier Marchand, Claude Thélot, Deux siècles de travail en France, Paris, INSEE, 1991, p. 184-185.
31
puis « femmes de ménage1 » et, insensiblement, selon le contexte d’exercice de
l’activité, « assistantes maternelles » ou « animatrices », en dépit du discrédit porté sur
le travail des femmes issues des classes populaires dans ce secteur2. Cette apparition
témoigne de l’émergence de nouvelles fonctions dans le mouvement de recomposition
de la division du travail3. Les professions s’établissent en effet en se démarquant les
unes par rapport aux autres. Ainsi, les infirmières, qui exercent un métier fortement
marqué par l’héritage religieux, ont pu définir le cadre de leur profession par rapport
aux médecins, en amont, et aux filles de salles (« aides-soignantes »), en aval, en reven-
diquant le caractère « soignant » et « éducatif » de leur rôle, par opposition aux fonc-
tions de ménage proprement dites4.
1.3. Une population restée jeune
L’âge, construction culturelle en jeu dans la définition des différentes étapes du vieillis-
sement social, se réfère à la division sociale du travail. L’animation apparaît comme un
jeune métier, exercé par les jeunes, pour les jeunes. Depuis 1982, la moyenne d’âge des
animateurs oscille entre 32 et 34 ans, ce qui ancre la profession du côté de la jeunesse
(la moyenne d’âge des enseignants, par exemple, est de 42 ans), dans un contexte où
l’allongement des transitions professionnelles et la prolongation du temps des expérien-
ces tendent à repousser toujours plus tard l’âge d’accès à un plein statut adulte. La forte
décroissance des effectifs après 32 ans constitue un signe des difficultés à poursuivre
une carrière dans cette profession5, même si l’on sait par ailleurs que le passage des jeu-
nes par des emplois peu qualifiés est une règle assez générale quand on démarre dans la
vie active6.
1 Karine Vasselin, « Faire le ménage : de la condition domestique à la revendication d’une professionnalité », in La Révolution des métiers, Françoise Piotet (dir.), Paris, PUF, 2002, p. 77-98. 2 Ainsi, en 1959 : « Les femmes qui se proposent pour garder des enfants le font souvent parce que leur santé ne leur permet pas d’assurer un véritable travail professionnel. » Marie-Madeleine Réty, « Que font les enfants le jeudi ? », Éducateurs, Éditions Fleurus, n° 80, 1959, p. 135. 3 Geneviève Latreille, La Naissance des métiers, 1950-1970 : études psychosociales, Lyon, PUL, 1980. 4 Jacques Saliba, Brigitte Bon-Saliba, Brigitte Ouvry-Vial, Les infirmières, ni nonnes, ni bonnes, Paris, Syros, 1993. Françoise Acker, Anne-Marie Arborio, « Infirmière et Aide-Soignante » in Dominique Lecourt (dir.), Dictionnaire de la pensée médicale, Paris, PUF, 2004, p. 646-652. 5 En effet, les taux d’activité des Français dépassent les 80 % entre 25 et 54 ans. 6 Catherine Béduwé, « L’Emploi non qualifié dans les trajectoires professionnelles de jeunes débutants », in Domini-que Méda, Francis Vennat (dir.), Le Travail non qualifié : permanences et paradoxes, Paris, La Découverte, 2005, p. 269-281.
32
En 2002, les moins de 35 ans représentent environ les deux tiers de la population. Près
du quart de la profession est âgé de 25-29 ans (23 %), une proportion équivalente aux
45 ans et plus (20,4 % ; Graphique 4). La part des animateurs les plus jeunes (15-
24 ans), qui a baissé entre 1988 et 2000 (de 30 à 19 %), représente 28 % du groupe en
2005 (Graphique 5).
À l’examen de la répartition par âge et par sexe, les animateurs ressemblent aux ven-
deurs (en habillement, produits de beauté, fleurs, ameublement), serveurs de restaurant,
agents des services commerciaux des transports de voyageurs et du tourisme1
(Graphique 14, p. 46).
Graphique 4. Pyramide des âges (2002)
20 000 15 000 10 000 5 000 0 5 000 10 000
15-19 ans
20-24 ans
25-29 ans
30-34 ans
35-39 ans
40-44 ans
45-49 ans
50-54 ans
55 ans et plus
Nombre d'individus
Femmes
Hommes
1 Certaines autres professions « jeunes » sont davantage féminines : coiffeuses, caissières, agentes et hôtesses d’accueil. Données enquête Emploi 2004.
33
Graphique 5. Évolution de la part des 15-24 ans,
des 25-39 ans et des 40 ans et plus (1984-2005)
15 %
20 %
25 %
30 %
35 %
40 %
45 %
50 %
55 %
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
15 à 24 ans
25 à 39 ans
40 ans et plus
De quelle nature est le clivage générationnel à l’intérieur du groupe des animateurs ? La
nouvelle nomenclature de 2003 cristallise la division du travail entre jeunes animateurs
et cadres de l’animation : les 40 ans et plus représentent la majeure partie des directeurs
de centres socioculturels et de loisirs (70 % en 2004) qui sont, par ailleurs, au deux tiers
des hommes jusqu’en 2004. En d’autres termes, les hommes relativement âgés parais-
sent encadrer les jeunes animatrices. Mais cette fracture au sein du monde de
l’animation entre les âges et les sexes existe-t-elle au niveau local et à l’échelle d’un
employeur ? La répartition est-elle homologue ?
1.4. Des secteurs d’activité publics, associatifs et sociaux
Les nomenclatures d’activités et de produits ont été élaborées en vue de faciliter
l’organisation de l’information économique et sociale, avec une finalité statistique. Elles
se construisent à partir du code « activité principale exercée » (APE) attribué par
l’INSEE (au moment de la création de l’entreprise) et notamment utilisé pour détermi-
34
ner le champ d’application des conventions collectives1. Il n’existe pas de codes
d’activités spécifiques à l’animation, ce qui constitue un obstacle à la visibilité de ce
secteur. De plus, des activités d’animation sont mises en œuvre par des établissements,
comme les collectivités locales, dont ce n’est pas la mission première. Rappelons ce-
pendant que nous nous intéressons ici aux secteurs d’activités des animateurs, sans
chercher à dénombrer les établissements qui auraient une activité d’animation.
D’après les classes à deux chiffres de la nomenclature d’activités et de produits (NAP)
de 1973, plus de 90 % des animateurs, au cours des années 1980, relèvent, par ordre dé-
croissant, des activités suivantes : Services récréatifs, culturels et sportifs (environ un
quart), Administration générale (environ un quart), Service divers fournis à la collectivi-
té, Service des hôtels, cafés, restaurants, Services d’action sociale, Action sociale, En-
seignement. À un niveau plus détaillé de l’activité des employeurs, « l’administration
locale » occupe le premier rang (Graphique 6 et Graphique 7).
Graphique 6. Nomenclature d’activités et de produits (NAP),
niveau 600, effectifs (1984-1989)
-
2 000
4 000
6 000
8 000
10 000
12 000
1984 1985 1986 1987 1988 1989
Administration locale (collectivitéslocales)
Services fournis à la collectivité :diverses associations
Gestion d’équipements socio-éducatifs : MJC, foyers ruraux, etc.
Établissements pour l’enfanceprotégée, handicapée ou inadaptée
Installations d’hébergement àéquipements développés
Organismes locaux d’action sociale :centres sociaux, caisse des écoles,etc.
Établissements pour personnes âgées
Services rendus par les servicesextérieurs des autres administrations
Services des foyers d’étudiants et dejeunes travailleurs et des résidencesuniversitaires
1 Les codes APE ne sont pas identiques à la NAF. Ainsi, le champ d’application de la convention collective men-tionne les codes « Associations culturelles socio-éducatives et de loisirs » (9616 et 9623), « Uniquement les centres de vacances et de loisirs » (6712), « Uniquement les auberges de jeunesse » (6713), etc.
35
Graphique 7. Nomenclature d’activités et de produits (NAP),
niveau 600, pourcentages (1984-1989)
0%
5%
10%
15%
20%
1984 1985 1986 1987 1988 1989
Administration locale (collectivitéslocales)
Services fournis à la collectivité :diverses associations
Gestion d’équipements socio-éducatifs : MJC, foyers ruraux, etc.
Établissements pour l’enfanceprotégée, handicapée ou inadaptée
Installations d’hébergement àéquipements développés
Organismes locaux d’action sociale :centres sociaux, caisse des écoles,etc.
En 1993, l’INSEE a mis en place la nouvelle nomenclature d’activités française (NAF),
découpée en cinq niveaux à partir d’une codification s’effectuant sur quatre positions
(trois chiffres et une lettre). En 2002, en combinant les troisième et quatrième niveaux
(60 et 220) de la NAF, l’activité principale des employeurs des animateurs relève de six
grands domaines : l’administration générale (26 %), les activités associatives (21,8 %),
la santé et l’action sociale (21,7 %), l’enseignement et la formation (9 % dont 6,2 %
dans l’enseignement maternel et élémentaire), les activités récréatives, culturelles et
sportives (13 %, dont 3,9 % d’activités liées au sport et 2,1 % à la gestion des salles de
spectacles), des moyens d’hébergements de courte durée (4,3 %)1. Mais au niveau le
plus fin (cinquième niveau), qui comprend 700 classes, il semblerait que les collectivi-
tés locales progressent en valeur relative (Graphique 8, moyenne mobile sur trois ans à
partir de 1993).
1 Centres et villages de vacances, gîtes, foyers d’étudiants, foyers de jeunes travailleurs, etc.
36
Graphique 8. Principales NAF (%), niveau 700 (1993-2005)
-
5
10
15
20
25
30
35
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Administration publiquegénérale
Organisations associativesn.c.a.
Autres formes d'actionsociale
Enseignement primaire
Autre hébergementtouristique
Autres activités sportives
Crèches et garderiesd'enfants
Accueil des personnesâgées
Tableau 1. Définitions des principales NAF des animateurs, niveau 700
Organisations associatives non classées ailleurs Militante ou à caractère culturel et récréatif
Administration publique générale États, régions, département, communes
Autres formes d’action sociale
Coordination, animation et orientation en matière d’action sociale des administrations ; actions socio-éducatives en milieu ouvert à destination des enfants, adolescents, adultes et familles ; activités d’administration générale et de collecte des organismes d’action sociale ou caritative à compétence générale ou spécialisée (par exemple : Croix-Rouge, Médecins sans frontières, œuvres d’adoption)
Enseignement primaire Enseignement préscolaire (maternelles) et enseignement élémentaire
Crèches et garderies d’enfants Cette classe comprend aussi les activités des assistantes maternelles
Autre hébergement touristique Maisons familiales, centres et villages de vacances, cen-tres de vacances pour enfants et adolescents, gîtes
Gestion de salles de spectacles Concerts, théâtres, music-halls, maisons de la culture, etc.
Autres activités sportives Activités de promotion et d’organisation d’activités et de manifestations sportives
Accueil des personnes âgées Hospices, maisons de retraite, logements foyers, etc.
La nomenclature d’activités française a été révisée en 2003 (elle le sera de nouveau à
compter de janvier 2008 afin de favoriser les comparaisons internationales). En 2004,
37
l’activité économique de l’établissement de l’emploi principal des animateurs (NAF en
16 postes) relève des Administrations (56 %), des Services aux particuliers (19 %) et du
secteur Éducation, santé, action sociale (19 %). Dans la NAF en 36 postes,
l’établissement procède des catégories suivantes : Administration publique (34 %), Ac-
tivités associatives et extraterritoriales (22 %), Santé, action sociale (15 %), Activités
récréatives, culturelles et sportives (14 %), Hôtels et restaurants (4 %), Éducation (4 %).
Depuis 1982, la majorité des animateurs (entre 50 % et 60 %) travaillent pour un éta-
blissement public. En 2004, les catégories juridiques de l’entreprise sont d’abord la
commune (pour un tiers des individus) et l’association déclarée (un tiers). Comparée
aux années 1970, la part des employeurs associatifs semble en forte décrue. En 1973,
une enquête du FONJEP menée auprès de 5 000 animateurs révèle que pour 90 %
d’entre eux, l’employeur est une association1. À présent, le clivage majeur qui distingue
communément dans le monde social les fonctionnaires des salariés du privé2 concerne
donc peu les animateurs. En outre, si 96 % des animateurs exercent, en 2005, leur pro-
fession pour un seul employeur (est-ce un effet de l’enquête Emploi ?)3, le statut de ce
dernier semble parfois incertain si l’on en croit l’importance de la troisième modalité
(16 %) constituée par les « Sans objet (n’a pas d’emploi) ou non renseigné (échec
d’identification avec le répertoire SIRENE4) ». Ce dernier point s’explique sans doute
par le caractère mixte et hybride (public / privé) des conditions d’exercice du groupe
professionnel. En effet, l’initiative « privée » se conjugue souvent au financement mu-
nicipal par une sorte de pratique libérale du service public. Par ailleurs, près de 5 % des
animateurs (n= 4 671) ont un employeur dont l’activité est commerciale (société à res-
ponsabilité limitée, SA, etc.).
1 Gabriel Vessigault, Unité et Diversité de la fonction d’animateur socio-éducatif, op. cit. 2 François de Singly, Claude Thélot, Gens du privé Gens du public : la grande différence, Paris, Dunod, 1989. 3 En 2004, en Alsace, à partir des données DADS (déclarations annuelles de données sociales, qui permettent d’appréhender les situations de multisalariat), la direction régionale de l’INSEE estime que plus d’un tiers des 7 700 animateurs salariés travaillent simultanément ou successivement pour plusieurs employeurs. Jacques Trautmann, Rachel Levy, Sébastien Mainhagu, Myriam Niss, Marie-Claude Rebeuh, avec la collaboration de Mayette Gremillet, Les Métiers de l’animation en Alsace, étude pour la direction régionale et départementale de la Jeunesse et des Sports d’Alsace et du Bas-Rhin, mars 2007, p. 29. 4 Il s’agit, pour au moins un tiers d’entre eux, des contractuels de l’État ou des collectivités locales.
38
39
2. Origines sociales et formation
L’augmentation continue de la scolarisation a bouleversé les enjeux de la division du
travail et donc des carrières professionnelles possibles. L’école joue à présent un rôle
déterminant dans l’accès aux positions sociales et professionnelles, en particulier dans
les classes moyennes où elle est la base de hiérarchisation de la qualification profes-
sionnelle. Le diplôme, qui peut constituer une norme de recrutement, conditionne
l’accès à l’emploi, même s’il n’est pas défini comme une condition légale d’exercice.
2.1. Des niveaux d’études très variés
Les animateurs ont un niveau général de formation supérieur à celui de la population
active1. En 1982 comme en 2005, environ les trois quarts des animateurs (de 60 à 80 %
sur toute la période) ont un diplôme inférieur ou égal au baccalauréat. La proportion de
ceux qui possèdent le bac et plus (Graphique 9) est plus basse que celle des professions
intermédiaires (54 % contre 65,5 % en 1999).
1 Comparaison sur les 25-49 ans en 2002. L’écart est cependant moins net si l’on ne prend en considération que les jeunes. En effet, en 2004, dans la population active âgée de 25 à 34 ans, le pourcentage de bacheliers ou plus est de 54,3 % parmi les hommes (65 % chez les animateurs) et de 68,3 % parmi les femmes (65 % chez les animatrices).
40
Graphique 9. Possède le bac ou plus (1982-2005)
40%
45%
50%
55%
60%
65%
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
La physionomie de la courbe, sous forme de « V », indique une tendance surprenante.
Dans un contexte de massification de l’enseignement secondaire et supérieur, la part des
bacheliers et diplômés du supérieur de notre population s’effondre jusqu’en 1993.
Comment expliquer cette baisse ?
En valeur absolue, le nombre des « bacheliers et plus » progresse peu jusqu’en 1993 (de
24 000 à 34 000 individus) alors que le nombre de ceux qui n’ont aucun diplôme ou un
diplôme inférieur au bac augmente fortement (18 000 en 1982, 45 000 en 1993). À par-
tir de 1994, le nombre de « bacheliers et plus » croît plus fermement. Pour expliquer cet
afflux d’agents peu diplômés, on peut émettre l’hypothèse que les nombreux organis-
mes créés dans les années 1980 et 1990 avec la vocation de remettre le pied à l’étrier de
jeunes en voie d’exclusion ont utilisé l’animation comme voie d’insertion profession-
nelle.
41
Graphique 10. Diplôme le plus élevé obtenu (1982-2005)
-
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
35 000
40 000
45 000
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Dipl. sup au bac
Bac
Dipl. inf. au bac
Aucun diplôme (ou CEP, Brevet des collèges)
Afin d’appréhender le parcours scolaire des agents de l’animation, on a observé leurs
niveaux de formation à la sortie de l’école. Il indique un niveau scolaire qui n’est qu’un
élément de la qualification du travailleur1. Initialement conçu par le commissariat géné-
ral au Plan pour mettre en relation les formations et l’emploi2, cet indicateur permet de
répartir la population selon la dernière classe suivie sur une échelle continue composée
de six niveaux d’enseignement différents (dont un niveau divisé en deux). Lorsqu’on
examine diachroniquement la répartition des agents de l’animation au sein de ces ni-
veaux de formation, l’impression générale qui se dégage est celle d’une relative stagna-
tion : le niveau monte peu. Surtout, en dépit d’une légère élévation, la structure des ni-
veaux de formation reste très éclatée.
Il est possible de définir un taux de déclassement (et de « surclassement ») scolaire.
L’indicateur de déclassement se définit alors par confrontation entre le diplôme et la
1 L’expérience n’est pas prise en compte dans l’enquête Emploi. 2 Lucie Tanguy, « La Mise en équivalence de la formation avec l’emploi dans les IVe et Ve Plans (1962-1970) », Re-vue française de sociologie, vol. 43-4, 2002, p. 685-709. Lucie Tanguy, « La Fabrication des nomenclatures de ni-veau de formation et leur inférence sur la notion de qualification », in Dominique Méda, Francis Vennat (dir.), Le Travail non qualifié : permanences et paradoxes, Paris, La Découverte, 2005, p. 55-68.
42
catégorie socioprofessionnelle de l’emploi1. Ainsi, aux individus « bac + 2 » correspon-
dent théoriquement les professions intermédiaires et donc les animateurs, qui sont
d’ailleurs des « acteurs du travail social » classés à ce niveau dans le « Que sais-je ? »
consacré aux travailleurs sociaux2. Entre 10 et 18 % des individus correspondent à ce
niveau de diplôme (et d’emploi) théorique. Le groupe professionnel accueille une faible
proportion d’individus déclassés par le diplôme (moins de 20 %) mais surtout des indi-
vidus qui tirent un bon rendement de leurs niveaux d’études (plus des deux tiers).
Graphique 11. Parts des différents niveaux de formation (1982-2005)
0%
20%
40%
60%
80%
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1982
1983
1984
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1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Niveaux 1et 2
Niveau 3
Niveau 4
Niveau 5
Niveaux 5bis et 6
1 Gérard Forgeot, Jérôme Gautié, « Insertion professionnelle des jeunes et processus de déclassement », Économie et Statistique, n° 304-305, 1997, p. 53-74. 2 Amédée Thévenet, Jacques Désigaux, Les Travailleurs sociaux, Paris, PUF, 2001 (1re éd. en 1985). Sur les indivi-dus qui exercent des « fonctions d’animation » aux niveaux II et III, cf. ONMAS, Les Emplois de l’animation de niveau II et III, rapport final, novembre 2004. Annoncé lors du Conseil des ministres du 13 octobre 1999, l’Observatoire national des métiers de l’animation et du sport a été créé, par arrêté, en 2002.
43
Graphique 12. Effectifs des niveaux de formation (1982-2005)
-
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
35 000
40 000
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Niveaux 1 et 2
Niveau 3
Niveau 4
Niveau 5
Niveaux 5 biset 6
Jusqu’en 1994, le niveau 5 (CAP ou BEP) fait figure de classe modale. Ensuite, le ni-
veau 4 (bac) le supplante (Graphique 12).
De ce point de vue, le BAPAAT1 (créé en 1993), de niveau 5, tout comme le BEATEP
(créé en 1986), de niveau 4, semblent bien ajustés aux principaux niveaux de formation
des animateurs (il faudrait néanmoins connaître précisément les différents niveaux de
formation d’origine de ces diplômés « Jeunesse et Sports »). Depuis la seconde moitié
des années 1990, le principal « diplôme professionnel » délivré par l’administration de
la Jeunesse et des Sports est d’ailleurs le BEATEP (2 951 délivrés l’année 20022).
Entre 1995 et 2001, le groupe professionnel accueille une part croissante d’individus
très diplômés (deuxième ou troisième cycle universitaire3 et niveau 3) et la proportion
de niveaux 4 s’envole. Il s’agit sans doute d’un effet « emplois jeunes ». Sur fond de
1 Brevet d’aptitude professionnelle d’assistant-animateur technicien de la Jeunesse et des Sports. 2 STAT-Info, n°05-02, mai 2005 : « 580 000 diplômes de l’animation ont été délivrés depuis 1995. » Depuis 2001, le BPJEPS (brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport) tend à se substituer au BEATEP. 3 Auxquels pourrait correspondre le diplôme d’État de directeur de projet d’animation et de développement (DE-DPAD) créé en 1995. 24 furent délivrés en 2002 (STAT-Info, n° 03-06, septembre 2003). Sur les professionnels de ce niveau, cf. Annette Obin-Coulon, « Animation et Développement social : des professionnels en recherche de nouvelles compétences », Les Cahiers de l’action, n° 3, INJEP, 2005.
44
forte exposition des jeunes au chômage, l’animation fonctionnerait donc, pour partie,
comme une variable d’ajustement au chômage1. Dans le même temps, le niveau 5 pro-
gresse peu et le niveau 5 bis stagne en valeur relative (Graphique 12). Cependant, la
proportion d’individus sans aucun diplôme, qui tend à baisser, reste importante (12 %
en 2004). Quoi qu’il en soit, et c’est ce qu’il faut retenir à propos de la qualification des
animateurs, les niveaux de formation et de diplôme restent très dispersés.
Graphique 13. Effectifs par âge des niveaux 1 et 2 (1982-2005)
-
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
40 ans et plus15-39 ans
Jusqu’à la fin des années 1990, les hommes sont généralement plus diplômés que
les femmes. De même, leur âge de fin d’études est supérieur à celui des fem-
mes (Graphique 48, p. 114).
Le niveau d’enseignement atteint, déterminé par la dernière classe suivie, est distinct du
niveau de diplôme obtenu. Ainsi, en 2005, 14 % des animateurs atteignent le niveau
« bac et enseignement supérieur sans diplôme bac + 2 », 26 % le niveau « bac sans étu-
des supérieures ». On peut donc considérer que 40 % des animateurs ont un niveau bac.
En revanche, le diplôme le plus élevé obtenu est le bac général (13,2 %), le bac techno-
logique (11,3 %), le bac professionnel (2,1 %) ou le brevet de technicien, brevet profes-
1 Est-ce le cas de tous les « métiers de la ville » ?
45
sionnel (2,4 %). Au total, 29 % des animateurs possèdent donc le bac ou son équivalent
comme diplôme le plus élevé. L’écart de 11 % entre les deux variables (40 % - 29 %)
s’explique par les individus ayant le niveau bac sans avoir obtenu le diplôme, soit qu’ils
détiennent un CAP ou un BEP (3 %), le brevet des collèges (6 %) ou aucun diplôme
(2 %).
Au sein de la population active française, le niveau de formation des jeunes est beau-
coup plus élevé que celui des générations plus anciennes. Depuis les années 1990, il
semble que ce ne soit le cas pour les animateurs que depuis 1998. En l’absence de don-
nées sur les trajectoires, il est difficile d’interpréter cette inflexion qui traduit aussi la
montée en charge des diplômés de l’Université sur le marché du travail. Sans doute liée
au développement des emplois jeunes, elle signifie peut-être qu’aux anciens salariés
promus se surajoutent à présent de jeunes diplômés qui commencent leur carrière par
l’animation.
Les animateurs ne ressemblent pas aux plus titrés des membres des professions inter-
médiaires (instituteurs, infirmiers), notamment sous le rapport de la proportion de di-
plômés du supérieur (Graphique 14). Alors que, dans un contexte d’inflation des titres
scolaires1, le privilège des catégories intermédiaires repose sur son niveau d’instruction,
les animateurs semblent restés en chemin.
Par ailleurs, les animateurs paraissent avoir un usage relativement important de la for-
mation tout au long de la vie. En 2005, 15 % déclarent avoir suivi une formation au
cours des 3 derniers mois (ils se situent ainsi au 96e rang des professions), en particulier
dans la spécialité « Santé, social » (7 %).
1 Pierre Bourdieu, « Classement, déclassement, reclassement », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 24, 1978, p. 2-22.
46
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47
Tels que nous les avons appréhendés jusqu’ici, les agents de l’animation constituent une
main d’œuvre hétérogène. On peinerait à définir une relation univoque, et a fortiori une
adéquation, entre formation initiale et accès aux métiers de l’animation. Si ce caractère
introuvable1 prend sa source dans la nature des relations entre système productif et sys-
tème éducatif – en particulier en raison de l’« autonomie relative » du second2 –, on
doit, pour la population qui nous concerne et au regard des données examinées, insister
sur la distance qui les séparent, le niveau de formation n’apparaissant pas comme un
critère d’accès aux emplois des métiers de l’animation. L’hétérogénéité en termes de
niveaux de formation se double d’une inadéquation de la spécialité des formations sui-
vies.
2.2. Les filières suivies
Cependant, la forte dispersion que nous avons constatée pour les niveaux de formation
est moindre lorsqu’on examine les filières suivies. En 2004, les spécialités du diplôme
le plus élevé sont généralistes, sociales, scientifiques, littéraires et relèvent aussi du
commerce et de la comptabilité.
La première classe, les « formations générales », regroupe ceux qui n’ont aucune spé-
cialité (15 %). Après les « Sans objet » (12 %), l’animation culturelle, sportive et de loi-
sirs, troisième spécialité, concerne 8 % des animateurs, en particulier au niveau bac + 2
(4 %) et bac (2,5 %). La quatrième spécialité (7 %), « pluriscientifique », regroupe no-
tamment la physique, les mathématiques et les sciences naturelles3. Mais de nombreuses
spécialités ne regroupent, chacune, qu’un pourcent du groupe4. Le nombre d’emplois
1 Lucie Tanguy (dir.), L’Introuvable Relation formation-emploi : un état des recherches en France, Paris, La Docu-mentation française, 1986. 2 Pierre Bourdieu, Luc Boltanski, « Le Titre et le Poste : rapports entre le système de production et le système de reproduction », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 2, mars 1975, p. 95-107. 3 Physique-chimie ; Chimie-biologie, biochimie ; Sciences naturelles (biologie-géologie) ; Mathématiques ; Physi-que ; Chimie ; Sciences de la terre ; Sciences de la vie. 4 Arts plastiques ; Autres disciplines et spécialités artistiques ; Bâtiment-construction et couverture ; Chimie ; Coif-fure, esthétique, autres services aux personnes ; Droit, sciences politiques ; Français, littérature et civilisation fran-çaise ; Habillement (dont mode, couture) ; Histoire ; Informatique, traitement information, réseaux ; Langue vivante, civilisation étrangère, régionale ; Mécanique générale et de précision, usinage ; Musique, arts du spectacle ; Net-toyage, assainissement, protection environnement ; Psychologie ; Sciences de la vie ; Spé. pluritechnologiques méca-nique-électricité ; Spé. plurivalentes communication-information ; Spécialités pluritechnologiques matériaux sou-ples ; Spécialités plurivalentes agronomie, agriculture ; Travail du bois et de l’ameublement, charpente.
48
dans l’animation est donc très largement supérieur au nombre de diplômés dans cette
filière.
Graphique 15. Spécialité du diplôme le plus élevé (2004) Fo
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79 % de la population
Concernant l’enseignement supérieur, il faut préciser qu’une grande partie de la popula-
tion (72 %) n’est pas concernée en raison du fait qu’elle n’a pas atteint ce niveau
d’études. En 2004, les principales spécialités du plus haut diplôme d’enseignement su-
périeur obtenu sont Animation culturelle, sportives et de loisirs (4 %), Sciences sociales
(3 %, principalement des deuxièmes cycles universitaires), Commerce, vente (2 %),
Travail social (2 %).
Toujours en 2004, la spécialité du diplôme le plus élevé en « Animation culturelle, spor-
tives et de loisirs » (74 000 individus dans la population active occupée, 107 000 en
2005), qui comprend aussi les diplômés dans le sport (dont les « STAPS ») et la culture,
mène principalement, mais relativement peu, dans l’ensemble de la population active,
aux métiers de l’animation : moniteurs et éducateurs sportifs, sportifs professionnels
(19 % des diplômés dans cette spécialité exercent cette profession) et animateurs socio-
culturels et de loisirs (13 %). Pour le reste, cette spécialité conduit au professorat dans
l’enseignement secondaire (11 %) ou élémentaire (7 %) et surtout à d’autres professions
49
dont une part importante relève de l’enseignement, du travail social et de la formation
(surveillants et aides-éducateurs, etc.).
En dépit de diverses exhortations (en 1978, Geneviève Poujol écrit : « L’animateur
exerce un métier, une solide formation lui est donc nécessaire1 »), on peut estimer que le
niveau de spécialisation des animateurs en « animation » est relativement faible.
En effet, le diplôme d’État relatif aux fonctions d’animation (DEFA)2, certification
phare3 de la profession créée en 19794, sanctionne une formation professionnelle de ni-
veau bac + 25. Mais ce diplôme n’est-il pas délivré de façon malthusienne (300 par an,
en moyenne)6, servant surtout à consolider une position professionnelle déjà occupée
(tandis que le BEATEP, de niveau bac, faciliterait l’accès à l’emploi)7 ? Par ailleurs, il
n’est pas sûr (on peut en tout cas se poser la question) que le millier de DUT Carrières
sociales délivré chaque année8 mène toujours aux métiers de l’animation, notamment
parce que leurs titulaires poursuivent majoritairement leurs études. Le BAFA (brevet
d’aptitude aux fonctions de centres de vacances et de loisirs), qui s’obtient rapidement
et qui est légalement destiné aux animateurs « volontaires », « non-professionnels9 », ne
fait-il pas figure de droit d’entrée dans le métier (environ 50 000 délivrés par an)10?
1 Geneviève Poujol, Le Métier d’animateur : entre la tâche professionnelle et l’action militante, l’animation et les animateurs d’aujourd’hui, Toulouse, Privat, 1978, 4e de couverture. 2 Le DEFA prend la suite du CAPASE qui a lui-même succédé au DECEP. Le diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (niveau 3), spécialité « animation socio-éducative ou culturelle » (décret et arrêté du 20 novembre 2006), devrait s’y substituer. Relevons que les nouveaux diplômes de la Jeunesse et des Sports ne font plus directement référence à l’animation dans leurs intitulés. 3 On peut considérer que cette certification est importante car elle est historiquement première et alignée sur les prin-cipaux diplômes d’État du travail social. Par exemple, Jean-Marc Dutrénit, au chapitre de « l’accès à l’emploi » des travailleurs sociaux, ne présente que ce seul diplôme à la rubrique « Animateur ». Jean-Marc Dutrénit, Le Travail social, Paris, La Documentation française, 1996, p. 93-94 (collection ROME Description et Évolution des métiers). 4 Un an après le diplôme supérieur en travail social (DSTS). 5 Cependant, le niveau de formation du diplôme, non homologué, n’est pas reconnu par l’État. 6 Si ce diplôme est délivré à dose homéopathique, davantage de stagiaires ont entamé la formation sans la terminer. 7 Dominique Fournié, Mickaële Molinari, « Sport et Animation socioculturelle : du parcours de formation au marché de l’emploi », CEREQ Bref, n° 127, janvier 1997. 87 % des diplômés en 2001 avaient un emploi trois ans après l’obtention de leur diplôme (les trois quarts dans leur métier), dont 63 % en CDI. Cependant, la moitié des sortants diplômés du BEATEP ont eu un premier emploi en contrat aidé. Cf. Éric Cléron, Guy Truchot, STAT-Info, n° 06-01 et n° 06-02, janvier 2006. 8 1 102 DUT Carrières sociales ont été délivrés à l’issue de l’année 2003-2004. « Les Étudiants », Repères et Réfé-rences statistiques, 2006, p. 183. 9 Le décret du 17 mars 1986 officialise le BAFA et le BAFD comme « destinés à permettre d’encadrer à titre non professionnel, de façon occasionnelle, des enfants et des adolescents en centres de vacances et de loisirs ». 10 Le BAFA permet en outre une éducation de soi et des autres. Francis Lebon, « Devenir animateur : une entreprise d’éducation morale », Ethnologie française, n° 4, octobre 2007.
50
Envisagée par les diplômes de l’animation (qu’il faudrait mettre en relation avec les ni-
veaux de formation des diplômés), la population des animateurs semble donc se diviser
en trois « ordres » : la masse des diplômés BAFA ; un nombre important de BEATEP et
de BPJEPS ; une minorité de « défasiens » et de diplômés de l’Université (DUT Carriè-
res sociales, etc.).
Comment expliquer ce paysage dominé par le BAFA, dont on peut raisonnablement
supposer les usages « professionnels » ? Il faut sans doute prendre en compte la fémini-
sation et la redéfinition du métier (absence de spécialisation dans l’exercice d’une acti-
vité unique1) ainsi que la « professionnalisation » des activités périscolaires des com-
munes (garderies, patronages, etc.), un processus qui coïncide d’une part avec la créa-
tion des centres de loisirs, en 1970, d’autre part avec la création du BAFA et
l’obligation de le posséder (pour 30 % des animateurs) en 1973.
2.3. Des origines sociales « moyennes »
Lors de l’enquête Emploi, les individus enquêtés sont interrogés sur la profession exer-
cée par leur père au moment où ils quittent le système scolaire, où ils « cessent de fré-
quenter régulièrement l’école ou l’Université ». Les réponses sont classées dans la no-
menclature des PCS à deux chiffres. La profession est appréhendée ici comme un indi-
cateur synthétique qui, entretenant des relations avec la quasi-totalité des aspects de la
vie sociale, est en mesure d’informer à la fois sur l’expérience sociale et le statut des
individus. Si cet indicateur de l’origine sociale est limité (en particulier parce qu’il
ignore la position de la mère2), on peut cependant considérer qu’il constitue une « ap-
proximation raisonnable3 ».
1 Ce qui revient, dans l’esprit de l’ordonnance du 2 octobre 1943, à distinguer l’animation de l’activité des clubs spor-tifs et culturels et, bien sûr, de l’école et de la formation professionnelle. 2 En 2001, parmi les ménages âgés de 30 à 50 ans vivant en couple, ceux dont les deux membres occupent une posi-tion professionnelle identique représentent 45,1 % des situations. Christian Baudelot, Roger Establet, « Classes en tout genre », in Femmes, Genre et Sociétés : l’état des savoirs, Margaret Maruani (dir.), Paris, La Découverte, 2005, p. 43. 3 Claude Thélot, Tel père, tel fils ? Position sociale et origine familiale, Paris, Hachette, 2004 (1re éd. Bordas en 1982), p. 209.
51
En outre, depuis 2003, la profession de la mère est demandée, à l’époque où l’enquêté
« a terminé ses études initiales ». Cette indication est précieuse car, en particulier sur le
marché scolaire, la dot maternelle obtient un rendement supérieur à la dot paternelle1.
En 2002, les pères des animateurs sont d’abord ouvriers (32,1 %), professions intermé-
diaires (20,3 %), employés (18,6 %), artisans (11 %), cadres (9,8 %). Les animateurs
ont donc des origines sociales relativement populaires (Graphique 16), et ceci d’autant
plus que l’enquête Emploi 2004 nous apprend que 29,5 % des mères sont inactives (au-
tre que retraitées2), 32 % employées, 14,5 % professions intermédiaires.
Par cette caractérisation de l’origine sociale, les animateurs sont en tout point conformes
aux professions intermédiaires. En d’autres termes, le groupe avec lequel les animateurs
entretiennent la plus grande proximité de recrutement social est formé des professions
intermédiaires et le plus éloigné des ouvriers. En effet, les membres des professions in-
termédiaires ont souvent un père ouvrier (41 %) mais aussi employé (15 %) et profes-
sions intermédiaires (14 %), tandis que les ouvriers ont un père ouvrier (56 %) ou agri-
culteur (19 %) dans des proportions beaucoup plus fortes3. Du fait de leur position in-
termédiaire (et d’intermédiaire), les animateurs, « ni bourgeois, ni prolétaires », consti-
tuent donc une catégorie moyenne classique en accueillant des individus en déclin,
d’autres en ascension.
1 François de Singly, Fortune et Infortune de la femme mariée : sociologie des effets de la vie conjugale, Paris, PUF, 1990 (1re éd. en 1987), p. 48. 2 Dans 45 % des cas, le père des animateurs est alors ouvrier. 3 Distance mesurée à partir de l’enquête FQP de 1993.
52
Graphique 16. Profession du père des animateurs (1984-2005)
-
10 000
20 000
30 000
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1984
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2001
2002
2003
2004
2005
Agriculteurs
Artisans, commerçants et chefs d'entreprise
Cadres et professions intellectuelles supérieures
Professions intermédiaires
Employés
Ouvriers
Si on les compare aux enseignants, dont le recrutement social s’est féminisé et embour-
geoisé, les origines sociales des animateurs paraissent bien modestes. Seuls certains des
hommes se ressemblent (le niveau de diplôme mis à part) : en 2002, les origines socia-
les des animateurs hommes sont relativement proches de celles des professeurs du pri-
maire hommes1.
Lorsque l’on examine les origines sociales par sexe, le recrutement « populaire » (ou-
vriers et employés) prédomine parmi les hommes et parmi les femmes. Pour les deux
sexes, il progresse au cours de la période, d’environ 40 à 50 %. En revanche, les anima-
teurs ont toujours une proportion d’origines sociales « bourgeoises » légèrement plus
importantes que les animatrices (Graphique 17). Le groupe s’est donc relativement
« popularisé », concomitamment à la féminisation de la profession.
Sur le plan de la population active, au niveau national, les femmes qui, depuis le début
des années 1960, ont afflué sur le marché du travail sont pour l’essentiel des salariées
1 Jérôme Deauviau, « Le Monde enseignant », in L’École en France : crise, pratiques, perspectives, Jean-Pierre Ter-rail (dir.), Paris, La Dispute, 2005, p. 45. Cf. aussi Louis-André Vallet, Annick Degenne, « L’Origine sociale des enseignants par sexe et niveau d’enseignement entre 1964 et 1997 », Éducation et Formations, n° 56, 2000.
53
du tertiaire, instruites et qualifiées. De ce point de vue, l’animation fait figure
d’exception en accueillant des femmes peu qualifiées issues des classes populaires.
Graphique 17. Profession du père par sexe (1982-2002)
20 %
30 %
40 %
50 %
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
Animateur P Ouvriers ou employés Animateur P Prof intermédiaires ou cadres prof intel sup
Animatrice P Ouvriers ou employés Animatrice P Prof intermédiaires ou cadres prof intel sup
Dans les enquêtes de mobilité sociale, les sociologues préfèrent ne tenir compte que des
individus âgés (plus de 40 ans) car après ce seuil, une mobilité ascendante forte est
moins probable. En mesurant la position sociale par la catégorie socioprofessionnelle à
six postes, Olivier Galland et Yannick Lemel considèrent que 35 % des hommes, dans
les années 1990, occupent un emploi semblable à celui de leur père, du fait notamment
de l’évolution de la structure des emplois1. Moins de 20 % des animateurs ont un père
issu des catégories intermédiaires. La profession d’animateur semble donc le lieu d’une
plus grande mobilité intergénérationnelle, ascendante et descendante. Aux divers désa-
justements par le diplôme se combine donc une mobilité par les origines socia-
les (Graphique 18).
1 Olivier Galland, Yannick Lemel, « La Stratification sociale », in La Nouvelle Société française : trente années de mutation, Olivier Galland, Yannick Lemel, Paris, Armand Colin, 2001 (1re éd. en 1998), p. 36.
54
Graphique 18. Origines sociales des 40 ans et plus (1990-2002)
26%
23%
31%35%
30%26%
30%40%
29%24%
26% 28%
27%
22%11%
8%12%
19% 24%
24% 20%
22%
19% 20% 17%
20%
19%
27%19%
13%
16%
12%
16% 13%
9%
13%
11%
16% 14%
11% 11% 14%10%
22%
16%10% 11% 10%
14%19%
12% 13%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Cadres, profintel sup
Profintermédiaires
Artis, commer,chef d'entr
Employé
Ouvrier
Agri exploitant
Non déclaré
Empruntés à Pierre Bourdieu, les schèmes d’interprétation mobilisés par Michel Simo-
not au début des années 1970 paraissent toujours relativement pertinents. Il réalise son
enquête sur les étudiants animateurs des instituts universitaires de technologie (IUT) et
des centres privés de formation. Il analyse ainsi « le recrutement social des établisse-
ments de formation et la mobilité sociale de la famille d’origine des élèves » par rapport
à une position escomptée de cadre moyen1. Les centres privés attirent principalement
(c’est-à-dire aux trois quarts) des enfants de classes moyennes et supérieures. Selon Si-
monot, l’animation sert alors les stratégies de reconversion des classes supérieures dont
les enfants (surtout les filles) ont été en échec scolaire. Les difficultés des familles
bourgeoises peuvent ainsi être retraduites en positivités : il construit « l’hypothèse que
ce qui éloigne les fils et filles d’ouvriers est précisément ce qui peut attirer les enfants
des couches supérieures quand ils semblent descendre de catégorie sociale : une activité
marquée par les relations sociales, le prestige, l’aisance et l’absence de qualification
professionnelle réelle et le dilettantisme2 ». L’animation, à travers l’IUT et des objectifs
1 Michel Simonot, Les Animateurs socioculturels, op. cit., p. 61. 2 Ibid., p. 87.
55
plus nettement sociaux, est aussi utilisée par des fils d’ouvriers dans le cadre d’une forte
ascension sociale de la famille1.
Certes, l’animation fait partie de ces professions qui, à l’origine bénévoles, comme la
plupart des « professions sociales », ont en commun d’accueillir à la fois des individus
en déclin (auxquels elle offre un refuge honorable) et des individus en ascension2. Mais
si le métier d’animateur a été dans les années 1970 l’objet d’une « redéfinition créa-
trice », devenant ainsi progressivement une de ces professions pédagogiques qui, pour
une partie de la « petite bourgeoisie nouvelle » éliminée par l’école et en lutte contre le
déclassement, assure un refuge et le meilleur rendement au capital culturel transmis par
la famille3, cette fonction est aujourd’hui secondaire, à l’image de la place des filles is-
sues des classes supérieures dans le groupe professionnel (8 % en 2004, contre 5 % dans
la population active). De principale, cette fonction est devenue marginale.
Des avant-gardes éducatives et culturelles de l’animation ont pu jouir d’une certaine
visibilité sociale au cours des années 1960 et 1970. Ainsi, dans les années 1960, les
« directeurs permanents » de MJC (90 % sont des hommes, moyenne d’âge 27 ans),
employés de la fédération nationale, se perçoivent comme une avant-garde. Leur identi-
té se fonde sur « le triple refus de la figure du travailleur social, de l’animateur et de
l’instituteur4 ». Dans les années 1970, Pierre Moulinier, chargé d’études au ministère
des Affaires culturelles, remarque que l’animation se présente comme « un métier pas
comme les autres », une profession « ouverte », « multiforme » et du « don ». Il note
que les animateurs conçoivent leur activité en termes de buts à atteindre (développer la
culture, favoriser la communication, créer la vie sociale, etc.) plutôt qu’en termes
d’actes concrets : « le pragmatisme et les qualités personnelles » sont plus importants à
leurs yeux que « le bon maniement de techniques précises ». Cette entreprise où le don
de soi est fondamental se définit par un tempérament, une aptitude naturelle et des qua-
1 Ces analyses sont reprises par Jeannine Verdès-Leroux, Le Travail social, Paris, Éditions de Minuit, 1978, p. 203 et suiv. 2 Pierre Bourdieu avec Monique de Saint-Martin, « Anatomie du goût », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 5, 1976, p. 69-70. 3 Pierre Bourdieu, « Classement, déclassement, reclassement », art. cit. 4 Laurent Besse, Histoire des MJC : État, jeunesse, associations, municipalités (1959-1981), thèse sous la direction d’Antoine Prost, Université Paris I, 2004, chapitre 6 : « Des directeurs pour les jeunes ».
56
lités personnelles1. Les couches moyennes salariées, distinctes des non-salariées (petits
patrons et travailleurs indépendants), adhèrent en effet à une idéologie spécifique. Ca-
therine Bidou a mis en évidence la sensibilité culturelle de certaines fractions des clas-
ses moyennes liées à l’État providence (professions intermédiaires dans les domaines de
la formation, de la santé, des loisirs). Privilégiant les valeurs anti-autoritaires, dévelop-
pant une éthique de l’autonomie et de l’initiative personnelle, elles investissent une
grande part de leur énergie dans l’animation locale, l’aménagement du cadre de vie,
l’action municipale2. Mais le groupe professionnel traverse à présent des zones de fortes
turbulences : les animateurs, à l’avant-garde des nouvelles formes d’emploi ?
1 Pierre Moulinier, « L’Animation un métier pas comme les autres », art. cit. L’enquête a été réalisée en 1976-1977 en Dordogne et dans les Bouches-du-Rhône. Le numéro a pour thème : Les Associations : problèmes actuels. Bénévo-les, militants et professionnels. 2 Cf. Catherine Bidou, Les Aventuriers du quotidien : essai sur les nouvelles classes moyennes, Paris, PUF, 1984.
57
3. Entre précarité et flexibilité
Depuis le milieu des années 1970, le chômage tient une place croissante parmi la popu-
lation active. Comme l’indique Robert Castel, le chômage ne concerne pas les seules
personnes qui en subissent l’épreuve, il produit des effets durables sur l’emploi : en fra-
gilisant la position d’individus que la société salariale avait auparavant réussi à intégrer
dans ses filets protecteurs, il « déstabilise les stables ». Un des effets majeurs de la
croissance du chômage réside dans le « chevauchement » et l’« interdépendance1 » de
sphères jusque-là nettement distinctes. Les frontières claires qui, en période de plein
emploi, séparaient les notions d’emploi, de chômage et d’inactivité s’estompent. Le dé-
veloppement de situations intermédiaires comme les préretraites, la formation, les chô-
meurs « découragés » (entre inactivité et chômage), le temps réduit involontaire (entre
emploi et chômage) et le temps réduit volontaire (entre emploi et inactivité) en gomme
les limites. Si ce brouillage des frontières n’est pas sans conséquences sur le dénom-
brement des chômeurs2, ce que Margaret Maruani appelle les « dégâts collatéraux » du
chômage sont également perceptibles : ils consistent principalement en une montée im-
portante des emplois temporaires et du travail à temps partiel. Ils conduisent également
1 Jacques Freyssinet, Le Chômage, Paris, La Découverte, 2004 (1re éd. en 1984), p. 16. 2 Margaret Maruani relève l’existence d’un nombre important de « chômeurs de l’ombre » qu’elle évalue à presque 2 millions pour l’année 2001. Margaret Maruani, Les Mécomptes du chômage, Paris, Bayard, 2004, p. 34.
58
à découvrir l’existence de travailleurs pauvres, soit une part importante de la population
active occupée, dont l’activité ne suffit pas à les faire dépasser le seuil de pauvreté.
3.1. L’ampleur des temps partiels
Il convient d’abord de constater l’augmentation régulière du temps partiel en France :
6,5 % des salariés en 1975, 10,3 % en 1985 et 16,5 % en 19961. L’espace professionnel
des animateurs fait figure de caisse de résonance à cette tendance (Graphique 19). En
outre, depuis les années 1980, une formule, parfois utilisée dans l’animation, allie em-
ploi permanent et travail intermittent (temps de travail annualisé) : le contrat à durée
indéterminée intermittent (CDII).
Graphique 19. Travail à temps partiel (1982-2005)
30%
40%
50%
60%
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
On perçoit l’importance des temps partiels en mesurant le temps de travail habituel
moyen. Il varie, entre 1982 et 2005, de 34 à 29 heures. Il diminue fortement entre 1982
et 1997 et tend, depuis, à légèrement remonter (Graphique 20). La progression des
temps partiels coïncide avec l’entrée dans la profession de jeunes (relativement peu di-
plômés jusqu’au milieu des années 1990) qui ont, sans doute, soutenu cette tendance.
1 Dominique Gambier, Michel Vernières, L’Emploi en France, Paris, La Découverte, 1998, p. 37.
59
Graphique 20. Nombre d’heures de travail habituel moyen entre 1982 et 2005
(hors « pas d’horaire habituel »)
25
30
351
984
198
5
198
6
198
7
198
8
198
9
199
0
199
1
199
2
199
3
199
4
199
5
199
6
199
7
199
8
199
9
200
0
200
1
200
2
200
3
200
4
200
5
En 2002 par exemple, plus de quatre animateurs sur dix travaillent à temps partiel : trois
sont des femmes (Graphique 21). Hormis les 9 % qui n’ont pas d’horaire habituel, 26 %
travaillent moins de 20 heures, 18 % entre 21 et 34 heures, 41 % travaillent 35 heures et
15 % davantage.
Graphique 21. Nombre d’hommes et de femmes à temps partiel (1982-2005)
-
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Hommes à temps partiel
Femmes à temps partiel
60
Les employeurs n’ont pas intensifié les horaires des agents déjà en place, ce qui, loca-
lement, peut être difficile si l’activité se développe sur des créneaux horaires restreints1.
Ils ont ainsi invité un plus grand nombre de personnes à participer à l’activité, en parti-
culier entre 1995 et 1999 (Graphique 22), où plus d’une personne et demie est néces-
saire pour combler l’équivalent d’un temps plein à 35 heures.
Graphique 22. Nombre d’heures de travail habituel par semaine (1982-2005)
-
20 000
40 000
60 000
80 000
100 000
120 000
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Pas d’horairehabituel
35 heures etplus
30 à 34heures
15 à 29heures
Moins de 15heures
En France, dans la population active, selon l’enquête Emploi de 1995, « 57 % des em-
plois à temps partiel correspondaient à une durée hebdomadaire comprise entre quinze
et vingt-neuf heures, les durées de moins de quinze heures correspondant à 14,5 % des
emplois ; c’est dire la diversité des situations dites à “temps partiel”2 ». Les métiers de
l’animation se caractérisent par de plus fortes proportions de petits horaires : depuis
1990, de 22 à 37 % des individus travaillent moins de 15 heures par semaine. Les temps
partiels qui correspondent à une durée hebdomadaire comprise entre 15 et 29 heures re-
présentent de 45 % à 69 % des individus (Graphique 23).
1 Cet argument, comme celui de la variation de l’affluence dans les magasins, participe du discours patronal. 2 Dominique Gambier, Michel Vernières, L’Emploi en France, op. cit., p. 38.
61
Graphique 23. Répartition du temps partiel (1990-2002)
0%
20%
40%
60%
80%
100%
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
de 30 à 34heures
de 15 à 29heures
Moins de 15heures
Une partie importante des animateurs est donc en situation de sous-emploi, à la frontière
de l’inactivité. Entre 1997 et 1999, environ 20 % du groupe professionnel travaille
moins de 15 heures par semaine (Graphique 22), cette proportion étant plus importante
pour les femmes (Graphique 24 et Graphique 25).
Graphique 24. Nombre d’heures de travail habituel par semaine des femmes (1990-2005)
6 039 5 107
6 402 7 905 7 129
10 451 9 339
14 803 13 539
19 120
8 588 11 231
9 840 10 504 10 593 12 418
9 907 14 218
13 807 13 689 16 965
19 662
20 425
20 613
23 202 18 924
20 509
22 947
17 805 16 874 15 147
15 358
13 151 12 286
12 254 17 623 15 431
12 083
17 315 15 019 18 604 24 490
25 524
29 310 33 987 31 143
26 082
30 594
0%
20%
40%
60%
80%
100%
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Pas d’horairehabituel
35 heures etplus
30 à 34heures
15 à 29heures
Moins de 15heures
62
Graphique 25. Nombre d’heures de travail habituel par semaine des hommes (1990-2005)
2 122 1 120 1 158
3 299 1 685 2 249
3 544 4 589 3 649
3 499 3 435 3 357 1 830
997 1 872 1 480
3 987
5 228 5 073
6 733
4 829 5 998
8 388 7 962
5 796 8 697
4 714
2 268 3 650 4 626 3 542 4 054
12 756 14 349
14 534 15 179 12 324 12 097
13 575
13 343 17 443
18 510
20 706 22 644 20 849
22 890
24 551 22 523
0%
20%
40%
60%
80%
100%
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Pas d’horairehabituel
35 heures etplus
30 à 34heures
15 à 29heures
Moins de 15heures
La part des individus qui n’occupent que des « miettes d’emploi » est donc élevée. De-
puis 2003, l’enquête comprend des questions qui permettent d’appréhender la qualité de
l’emploi1. L’animation représente l’une des dix professions (sur près de 500)2 que l’on
souhaite le plus quitter. En 2004, 20 % du groupe professionnel souhaite un autre em-
ploi (c’est le cas, par exemple, de 7 % des éducateurs spécialisés et de 2 % des profes-
seurs des écoles). La première raison évoquée est le « désir de trouver un emploi mieux
payé » (7 %). En effet, la faiblesse des salaires peut sans doute conduire les animateurs
à quitter leur emploi (cf. 3. 4. p. 71). Le sous-emploi est particulièrement fort (il occupe,
dans l’ordre des professions, le 7e rang)3. Parmi les animateurs à temps partiel, 9 % re-
1 Sur ce sujet, cf. le travail en cours de Nicolas Farvaque, avec Élise Broumm et Djamel Messaoudi, La Qualité de l’emploi dans les métiers de l’animation, Rapport pour l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) et l’UNSA Éducation-Centre Henri Aigueperse, 2007. 2 Maraîchers, horticulteurs sur moyenne exploitation ; Convoyeurs de fonds, gardes du corps, enquêteurs privés et métiers assimilés (salariés) ; Ouvriers de la photogravure et des laboratoires photographiques et cinématographiques ; Pompistes et gérants de station-service (salariés ou mandataires) ; Artistes dramatiques ; Surveillants et aides-éducateurs des établissements d’enseignement ; Autres agents et hôtesses d’accompagnement (transports, tourisme) ; Ingénieurs et cadres de fabrication des autres industries (imprimerie, matériaux souples, ameublement et bois) ; Ven-deurs de tabac, presse et articles divers ; Vendeurs par correspondance, télévendeurs ; Professeurs d’art (hors établis-sements scolaires) ; Animateurs socioculturels et de loisirs ; Personnes exerçant un mandat politique ou syndical ; Cadres spécialistes de la formation ; Caissiers de magasin. 3 Artistes de la danse, du cirque et des spectacles divers ; Artistes dramatiques ; Artistes de la musique et du chant ; Aides à domicile, aides ménagères, travailleuses familiales ; Professeurs d’art (hors établissements scolaires) ; Em-ployés de maison et personnels de ménage chez des particuliers ; Animateurs socioculturels et de loisirs ; Nettoyeurs ; Caissiers de magasin ; Employés des services divers, etc.
63
cherchent un emploi pour travailler davantage, 14 % ne recherchent pas un autre emploi
mais souhaitent travailler davantage et sont disponibles.
Si, d’une façon générale, l’emploi à temps partiel concerne surtout les femmes, la répar-
tition des différents temps de travail selon le sexe des animateurs n’a pas de commune
mesure (Graphique 26 et Graphique 27).
Graphique 26. Proportions d’animateurs et d’animatrices à temps partiel (1982-2005)
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Hommes à temps partiel
Femmes à temps partiel
Graphique 27. La distribution sexuée des individus travaillant moins de 35 heures
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
% femmes% hommes
64
Entre 1990 et 2002, chez les animatrices, l’horaire habituel de travail passe de 28,2 à
25,9 heures. Depuis 1989, plus de la moitié des animatrices travaillent à temps partiel,
ce qui constitue une proportion importante, même si environ un tiers des Françaises ac-
tives sont dans cette situation. Le taux de temps partiel des animatrices est légèrement
supérieur à celui des caissières (51 %) et des assistantes maternelles (47 %) mais infé-
rieur aux femmes de ménage et aux employés de maison dont les trois quarts, en 1995,
sont à temps partiel1. En bref, l’animation s’exerce à temps complet pour les hommes et
à temps partiel pour les femmes.
En France, dans la population active, c’est dans le tertiaire, et plus précisément dans le
secteur des services personnels et domestiques que l’emploi précaire est le plus déve-
loppé, avec un taux d’occupation à temps partiel remarquablement fort, représentant
51 % des salariés de ce secteur en 2004. À l’examen des proportions de salariés à temps
partiel, les animateurs se rapprochent donc davantage de ces services que des activités
dont pourtant 85 % d’entre eux relèvent effectivement : Administration publique, Acti-
vités associatives et extraterritoriales, Santé, action sociale, Activités récréatives, cultu-
relles et sportives, dont respectivement 17 %, 33 %, 27 % et 30 % des salariés sont à
temps partiel. Par ailleurs, le travail à temps partiel est davantage développé dans les
associations (48 %) que dans les communes (37 %).
Dans des ordres de grandeur analogues aux professions intermédiaires2, les animateurs,
hommes et femmes, ne sont pas épargnés par la discontinuité des temps travaillés. Entre
1990 et 2002, la part des individus qui travaillent en dehors des lieux (c’est-à-dire à la
maison) et des horaires de travail habituels (le soir, le samedi ou le dimanche) progresse
fortement : de 52,1 % à 61,1 %. Ils travaillent habituellement ou parfois le samedi
(50,5 %), le dimanche (27,8 %) ou le soir (35,4 %). Au total, près des deux tiers d’entre
eux ont des horaires atypiques.
1 Margaret Maruani, Travail et Emploi des femmes, Paris, La Découverte, 2000, p. 91. 2 Annuaire statistique de la France, édition 2002, résultats de 2000, Paris, INSEE, 2002, p. 149-150.
65
3.2. Une forte proportion d’emplois précaires du secteur public
L’existence et la force d’une norme d’emploi donnent tout son sens à la notion de préca-
rité1. Si Jean-Claude Barbier2 paraît sceptique quant aux vertus heuristiques de son
usage, ce dernier semble pourtant justifié, dans le cas français, en raison de l’importance
des référents juridiques et symboliques que constituent la sécurité de l’emploi des fonc-
tionnaires et le contrat à durée indéterminée (CDI) des salariés du privé. L’intérêt de la
notion de précarité réside dans le fait qu’elle permet de différencier plusieurs statuts au
sein de la population active occupée3.
Parmi les agents de l’animation, le statut principal, dont la part est relativement cons-
tante depuis les années 1980, est celui des contractuels et vacataires (plus de 40 %). La
proportion de fonctionnaires, de 21,3 % en 1983, a régulièrement baissé jusqu’en 1997
(7 %)4 puis a nettement progressé (18,5 % en 2004), en raison sans doute de la promul-
gation du décret définissant dans les communes le nouveau cadre d’emploi des agents
territoriaux d’animation. Le contrat à durée indéterminée concerne moins de 30 % de la
population. Le contrat à durée déterminée représente quant à lui un statut d’emploi dont
les proportions ont augmenté. De 8,5 % en 1983, il passe à 13 % en 2004. La précarité a
augmenté en importance relative (de 45 % à 52 %) et, en raison de la croissance des ef-
fectifs, elle a fortement progressé en valeur absolue (x 2,6).
1 Par ailleurs, la précarité touche de nombreux aspects de la vie sociale et ne peut donc être réduite à la seule sphère professionnelle : précarité des rapports conjugaux et familiaux, précarité des conditions de vie, etc. 2 Jean-Claude Barbier, « La précarité, une catégorie française à l’épreuve de la comparaison internationale : note critique », Revue française de sociologie, 2005, n° 46-2, p. 351-371. 3 Dominique Schnapper distingue les individus qui disposent d’un emploi permanent offrant un statut et ceux qui n’ont qu’un emploi précaire sans bénéficier de statut. Dominique Schnapper, « Rapport à l’emploi, protection sociale et statuts sociaux », Revue française de sociologie, vol. XXX, 1989, p. 3-29. 4 En dépit de l’option animation qui apparaît dans le cadre de la filière administrative de la fonction publique territo-riale (1981-1988). Du fait peut-être du désengagement progressif des instituteurs et de l’État (via la procédure des « mis à disposition ») dans ce secteur.
66
Précautions méthodologiques Pour établir la part de chacun des statuts d’emploi, nous avons procédé au recoupement de trois variables. Nous avons agrégé une variable servant à distinguer différents statuts d’emploi au sein du secteur privé avec une autre indiquant le statut des agents de l’État et des collectivités locales et une troisième signalant le caractère public ou privé de l’établissement. Dans un très petit nombre de cas, les modalités de ces trois variables n’étaient pas compatibles, nous avons alors procédé à des choix relativement arbitraires (cf. Tableau 2, p. 115). En effet, l’INSEE ne mesure pas l’importance globale de l’emploi précaire, il se cantonne à relever la part des diffé-rents statuts dans les deux grands secteurs que constituent le privé et le public. On peinerait d’ailleurs à chercher un taux national de précarité dans les publications officielles où l’on ne trouve habituellement que la part des contrats précaires du secteur privé. Cette non-compatibilité entre variables provient notamment de choix de codage fait par l’INSEE, en parti-culier la priorité accordée à la PCS sur les autres informations concernant le statut. À ces diffi-cultés s’ajoutent celles liées à la constitution des séries (l’enquête Emploi ayant été réformée en 1990 et en 2003) et celles liées à l’échantillonnage. Surtout, les effectifs sont faibles (n = 155 en 1983, 328 en 2002 et 578 en 2005), ce qui restreint les possibilités d’analyse statistique.
La part des emplois précaires paraît très nettement supérieure à celle du niveau national
(environ 10 %)1, d’autant plus que les individus qui se reconnaissent dans la profession
d’animateur lors de l’enquête Emploi ne sont sans doute pas parmi les plus précaires.
Entre 1990 et 2005, elle varie de 53 à 52 %, avec un pic à 69 % en 1998
(Graphique 28). Elle est la plus forte au sein des niveaux 4 de formation et parmi les
moins de 40 ans. Depuis 2003 (changement des modalités de la variable Statut), la pré-
carité du secteur public, plus facilement mesurable (avec la modalité CDD du secteur
public), semble baisser : 36,5 % en 2003, 34 % en 2004.
1 En 2002, la part qu’occupent l’intérim, les CDD, l’apprentissage et les contrats aidés dans la population active est de 9,8 %. A.-T. Aerts, J.-F. Bigot, « Enquête sur l’emploi de mars 2002 : chômage et emploi en hausse », INSEE Première, n° 857, juillet 2002.
67
Graphique 28. Taux de précarité chez les animateurs (1982-2005)
40%
50%
60%
70%19
84
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
En France, dans la population active, l’ancienneté moyenne dans l’entreprise s’élève, en
2002, à 11 ans. Comparativement, celle des animateurs est faible et en diminution (elle
baisse de plus d’un an entre 1982 et 2002, de 5,4 à 4,2 ans). Ce niveau d’ancienneté est
semblable à celui des familles professionnelles des employés de l’hôtellerie, du bâti-
ment et de la manutention.
La catégorie des anciennetés de moins de cinq ans caractérise environ les deux tiers de
la population (Graphique 29). Cette situation, qui s’explique en partie par l’âge (34 ans
en moyenne), provient sans doute d’une forte mobilité dans l’emploi et dans la profes-
sion.
68
Graphique 29. Ancienneté dans l’entreprise
0%
10%
20%
30%
40%
50%
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
< à 1 an 1 à 5 ans 5 à 10 ans >= 10 ans
3.3. La sous-estimation du chômage
Le taux de chômage du groupe est quasiment insignifiant (moins de 3 %). Une cause
possible à cette sous-évaluation des chômeurs parmi les agents de l’animation tient à la
définition mise en œuvre par le BIT (Bureau international du travail) et l’INSEE. Selon
cette définition, pour être chômeur, il faut notamment1 être sans travail (c’est-à-dire
n’avoir absolument pas travaillé au cours de la période de référence). Or, pour la popu-
lation qui nous concerne, cette condition pourrait être problématique. En raison de la
nature des activités d’animation, elle conduirait à exclure du comptage des chômeurs
une partie des agents, pourtant à la recherche d’un emploi.
En effet, la réalisation d’une heure d’animation pendant la semaine de référence suffit à
exclure la personne de la comptabilité des chômeurs. L’importance des petits horaires
parmi notre population (cf. 3. 1., p. 58) expliquerait donc cet écart entre la perception du
niveau de précarité qu’ont les agents de leur propre activité et le taux de chômage enre-
gistré par l’enquête Emploi.
1 Le chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) comptabilise les personnes qui sont simultanément : sans travail, à la recherche d’un emploi (salarié ou non salarié), et disponible pour travailler.
69
La proportion d’agents qui ont connu le chômage pendant l’année précédant l’enquête1
est sans commune mesure avec le taux de chômage enregistré pour le mois de l’enquête
(Graphique 30). Il est sur toute la période environ trois fois supérieur au taux de chô-
mage des professions intermédiaires. Entre « chômage découragé » et inactivité
contrainte, un nombre important d’animateurs évolue sans doute dans des situations aux
statuts divers, plus ou moins visibles et donc difficilement mesurables2.
Graphique 30. Expérience du chômage pendant l’année précédant l’enquête
9%
11%
13%
15%
17%
19%
21%
23%
1 992 1 993 1 994 1 995 1 996 1 997 1 998 1 999 2 000 2 001 2 002
Taux de chômage dans la population active des femmes de 25 à 49 ans
L’importance de la précarité conduit à se demander si l’on n’assiste pas à la prolétarisa-
tion (ou à une déprofessionnalisation) de cette catégorie de travailleurs. Le mot, sans
doute, est fort car il évoque la condition ouvrière du siècle dernier plutôt que le sort de
travailleurs qualifiés du secteur tertiaire. Il suppose également l’existence d’un âge d’or
de l’animation qui semble ne jamais avoir existé. La situation financière et l’emploi des
animateurs sont cependant précaires. Dans son enquête menée en 1998 en banlieue lil-
loise, Maryse Bresson relève que les centres sociaux épousent les préoccupations des
1 C’est-à-dire les personnes qui ont déclaré avoir été au chômage au moins un des douze mois précédant celui de l’enquête (soit pour 2002, de mars 2001 à février 2002). 2 Pour une mise en perspective, cf. « Compter les chômeurs », in Didier Demazière, Sociologie des chômeurs, Paris, La Découverte, 2006 (1re éd. en 1995), p. 24-45. Alors que face au chômage les inégalités entre hommes et femmes sont généralement importantes (environ 3 % dans la population active), les écarts de taux de chômage entre animatri-ces et animateurs sont très faibles (en particulier depuis le milieu des années 1990).
70
collectivités locales (mairie, Conseil général) et qu’ils adoptent, même s’ils ont une
marge d’autonomie, certains procédés de l’entreprise privée compétitive, par exemple
dans la gestion du personnel (licenciements, précarité). Plus généralement et non sans
noter un « malaise des militants », elle estime que « les préoccupations de bonne gestion
financière tendent à envahir l’action sociale1 ». L’enquête sur les animateurs alsaciens
menée, en 2006, par le Bureau d’économie théorique et appliquée (BETA), associé au
CEREQ, relève des conditions d’emploi précaires, « saisonnières ou intermittentes, à
horaires fractionnés2 ». Des syndicats ont d’ailleurs souligné que les associations du
secteur de l’animation socioculturelle voient monter un mouvement de précarisation des
salariés3. Le secteur de l’économie sociale et solidaire, où 80 % des emplois relèvent du
secteur associatif, fait très largement appel au travail occasionnel et à temps partiel4.
Avec comme références implicites le tourisme et les parcs de loisirs, l’hebdomadaire
Télérama, dans la rubrique « Talents », décrit ainsi le « vivier d’emplois » dans
l’animation : « En raison de la saisonnalité de l’activité, les jeunes ne doivent pas tabler
sur des salaires mirifiques, ni sur une embauche à durée indéterminée dès leur premier
emploi. En effet, la plupart des entreprises leur proposeront un contrat de quatre à six
mois. À terme, leur intention est de les fidéliser pour les faire évoluer, à condition qu’ils
possèdent le sens du contact humain et une disponibilité à toute épreuve5. »
Même après l’obtention de diplômes professionnels, les conditions d’emploi des anima-
teurs sont « fragiles ». En 1996, selon le CEREQ, 36 % des individus sortis d’une for-
mation d’animateur sont au chômage onze mois plus tard (enquête téléphonique réalisée
en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur)6. Par exemple, les nouveaux « intervenants »
de « l’aménagement des rythmes des enfants », motivés et bien formés, aspirent néan-
moins à une activité stable, à temps plein et reconnue : 2/3 sont en CDD, ils travaillent
1 Maryse Bresson, « Action sociale localisée et Contrainte économique : enquête dans les centres sociaux associatifs de la Communauté urbaine de Lille », Espaces et Sociétés, n° 103, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 144. 2 Jacques Trautmann et al., Les Métiers de l’animation en Alsace, op. cit., p. 3. 3 Marion Peyre, Confédération générale du travail, Union syndicale des associations, organismes et centres culturels, Le Livre noir de l’animation socioculturelle, Paris, L’Harmattan, 2005. 4 INSEE Île-de-France, Regards sur l’économie sociale, mai 2004. 5 « Les Loisirs et l’Animation : un vivier d’emplois », Télérama, n° 2669, 7 mars 2001, p. 211. 6 Dominique Fournié, Mickaële Molinari, « Sport et Animation socioculturelle : du parcours de formation au marché de l’emploi », op. cit.
71
en moyenne 9 h par semaine d’où la pluriactivité pour 82 % d’entre eux1. On sait éga-
lement que les « animateurs de quartier » chargés des secteurs jeunesse (souvent des
« grands frères »), professionnels précaires, sont des garçons qui, issus des classes po-
pulaires et de l’immigration, régulent les « zones sensibles2 ».
Ces caractéristiques ouvrent des pistes de recherches intéressantes : quels sont les types
d’engagement au travail ? Comment des agents, eux-mêmes précaires, peuvent-ils se
mobiliser pour lutter contre la précarité de leurs publics ? Quels sont les systèmes de
gratifications symboliques proposés ? Les normes de créativité, d’inventivité et
d’instabilité, comme au théâtre où elles sont parfois portées par un personnage charis-
matique3, le levier de la « passion », comme dans les organisations sportives4,
n’agissent-ils pas sur le sentiment de légitimité et de valorisation personnelle des sala-
riés5 ? Comment les agents envisagent-ils leur avenir professionnel ? Que se passe-t-il
pour les animateurs après le « tournant » qui amène à abandonner son activité princi-
pale ? Comment s’opère le travail de reconversion professionnelle, inséparable d’un
travail de redéfinition de son identité sociale ?
3.4. Des salaires dispersés et généralement peu élevés
Le salaire résulte du paiement du travail convenu entre un salarié et son employeur. Si
les rémunérations progressent avec le temps de travail, les animateurs à temps partiel
disposent de faibles revenus (Graphique 31).
1 Jean-Paul Cadet, Jean-Christophe Petrone, « Des professionnels du sport, de la culture et de l’animation à l’école : une place qui reste à construire », CEREQ Bref, n° 141, avril 1998. 2 Mustafa Poyraz, « Animateur : un métier de régulation sociale en dégradation », in Le Bas de l’échelle : la construc-tion sociale des situations subalternes, Stéphane Le Lay, Pierre Cours-Salies (dir.), Ramonville Saint-Agne, Érès, p. 53-65. 3 Celia Bense Ferreira Alves, La Précarité en échange : enquête sur l’implication au travail, La Courneuve, Aux lieux d’être, 2006. 4 Caroline Chimot, Manuel Schotté, « Travailler dans une organisation sportive : entre engagement passionné et in-vestissement professionnel », Regards sociologiques, n° 32, université de Strasbourg, décembre 2006. 5 La psychologie du travail de l’entre-deux-guerres évoque un « effet Hawthorne » pour désigner l’amélioration de la production suscitée par l’intérêt accru porté aux travailleurs, dont la valeur dépend donc aussi du regard d’autrui.
72
Graphique 31. Temps de travail et salaires moyens (1990-2002)
0 F
1 000 F
2 000 F
3 000 F
4 000 F
5 000 F
6 000 F
7 000 F
8 000 F
9 000 F
10 000 F
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
pas d'horaire habituel plus de 39 h 35 à 39 h 15 à 34 h 1 à 14 h
Sur toute la période, une part en baisse mais très significative de la population gagne
moins de 5 000 F. par mois. En raison de la croissance des effectifs, cette catégorie de
la population a progressé. Elle est majoritaire jusqu’en 1999 (Graphique 32 et
Graphique 33).
Graphique 32. La part des salaires inférieurs à 5 000 F (1982-2002)
20%
30%
40%
50%
60%
70%
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
73
Graphique 33. Nombre de salaires inférieurs et supérieurs à 5 000 F (1982-2002)
-
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
80 000
1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Moins de 5 000 F
Plus de 5 000 F
Tout au long des années 1980, trois tranches de salaires représentent chacune environ
un tiers de la population : moins de 3 000 F, entre 3 000 F et moins de 6 000 F, 6 000 F
et plus (Graphique 34)1.
Graphique 34. Distributions des revenus salariaux mensuels par tranches (1982-1989)
0%
20%
40%
60%
80%
100%
1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989
Moins de 3 000 F 3 000 F à moins de 6 000 F 6 000 F et plus
1 Avant 1990, le salaire n’est pas codé comme une variable continue dans l’enquête Emploi.
74
Au cours des années 1990, la médiane (inférieure à l’équivalent de 900 € de 2005), qui
partage en deux effectifs égaux la population, se situe en dessous de la moyenne, ce qui
signifie qu’une forte proportion d’individus gagne relativement peu (Graphique 35).
L’écart type, indicateur de dispersion qui mesure les écarts à la moyenne, oscille alors
autour de 600 € (de 2005). Pour mesurer la dispersion des salaires, on peut ranger les
individus par groupe de 10 %, en commençant par les 10 % percevant les plus faibles
revenus (ce groupe s’appelle le premier décile)1 et en allant jusqu’au 10e décile, c’est-à-
dire les 10 % des individus percevant les plus hauts revenus. Le rapport interdécile
(D9/D1) permet ensuite de mettre en évidence les écarts entre les personnes disposant
des salaires les plus élevés et celles disposant des salaires les plus faibles. En d’autres
termes, le rapport interdécile met au jour les écarts entre les plus « riches » et les plus
« pauvres ». Plus la valeur de ce rapport est importante, plus les écarts entre les person-
nes les mieux et les moins bien payées sont élevés. En 1990, le rapport interdécile (soit
10 500 / 1 200) s’élève à 8,8. En 2002, le rapport interdécile (soit 9 781 / 2 000) est de
4,9. Les inégalités de salaires au sein du groupe professionnel se sont donc réduites. Ce-
la signifie qu’en 2002, le salaire minimal des 10 % les « mieux payés » est 4,9 fois plus
élevé que le salaire maximal des 10 % les plus « mal payés » (ce calcul ne tient pas
compte des divers temps de travail).
1 D1 désigne la valeur telle que 10 % de la population lui est inférieure et 90 % lui est supérieure.
75
Graphique 35. Médiane et moyenne des salaires (1990-2002) en euros 2005
600 €
700 €
800 €
900 €
1 000 €
1 100 €
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Médiane en euros 2005Moyenne en euros 2005
Au cours des années 1990, près d’un quart de la population gagne moins de 2 500 F
par mois. Même si cette proportion baisse, de 37 % en 1991 à 26 % en 2002
(Graphique 36), elle représente chaque année plus de 15 000 individus (Graphique 37).
Graphique 36. Distribution (%) des salaires par tranches (1990-2002)
0%
25%
50%
75%
100%
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Moins de 2 500 F De 2 500 à moins de 5 000 F De 5 000 à moins de 8 000 F 8 000 F et plus
76
Graphique 37. Distribution (effectifs) des salaires par tranches (1990-2002)
-
20 000
40 000
60 000
80 000
100 000
120 000
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Moins de 2 500 F De 2 500 à moins de 5 000 F De 5 000 à moins de 8 000 F 8 000 F et plus
En 1999 par exemple, le traitement net moyen des animateurs est de 912 € (tous les
temps de travail confondus), soit moitié moins que celui des professions intermédiaires1.
Ensuite, en raison sans doute de l’exclusion des cadres de la catégorie en 2003, il baisse
jusqu’à 870 € en 2004.
En 2002, le salaire mensuel médian des salariés à temps plein s’élève à 1 050 €, un
montant lui aussi inférieur à celui des professions intermédiaires (1 800 € pour les pro-
fessions intermédiaires administratives de la fonction publique) et très proche de celui
des employés2.
Lorsque l’on examine les salaires mensuels moyens et médians des différentes profes-
sions en 2005, les animateurs (moyenne à 918 €, médiane à 998 € ; Graphique 38) sont
très proches des pompistes et gérants de station-service, des vendeurs et des ouvriers de
la viticulture ou de l’arboriculture fruitière.
1 Annuaire statistique de la France, Édition 2002, op. cit., p. 169. 2 Alain Chenu, Sociologie des employés, Paris, La Découverte, 2005, p. 89.
77
Graphique 38. Revenus salariaux mensuels nets en 2005
0%
10%
20%
30%
40%
de 0 à 500 euros de 500 à 1 000 euros de 1 000 à 1 500euros
Plus de 1 500 euros
Si le montant du salaire horaire des animateurs, environ 7 €1, est relativement proche du
SMIC (salaire minimum de croissance), il croît cependant avec l’âge, le niveau d’études
et l’ancienneté. Ce montant, expression monétaire de la valeur de la force de travail des
animateurs, est relativement faible puisque le salaire horaire net des professions inter-
médiaires s’élève à 11,41 € en 2000.
Les hommes ont des revenus salariaux mensuels supérieurs aux femmes (Graphique 39).
Cet écart s’explique pour partie du fait d’un recours plus important des femmes au tra-
vail à temps partiel. La différence, d’environ 2 000 F tout au long des années 1990, se
réduit cependant depuis 2000.
Les femmes sont particulièrement concernées par les faibles rémunérations. Le premier
quartile du salaire est sa limite inférieure : en 2002, 25 % des femmes salariées touchent
un revenu inférieur à 3 280 F (5 582 F pour les hommes) ; la médiane partage les sala-
riés en deux groupes de taille égale : 50 % des femmes touchent une rémunération infé-
rieure ou supérieure à 5 700 F (6 400 F pour les hommes) ; le troisième quartile est la
1 Ce calcul, réalisé à partir du salaire mensuel net et du nombre d’heures de travail habituel par semaine dans les an-nées 1990, suppose que le nombre d’heures hebdomadaires travaillées est véritablement identique chaque semaine.
78
limite supérieure : 25 % des salariées touchent un traitement supérieur à 7 150 F
(7 878 F pour les hommes).
Des inégalités touchent les femmes en matière de rémunération. L’écart de salaires
mensuels persiste, dans une moindre mesure (environ 500 F), lorsque l’on ne compare
que les hommes et les femmes à temps complet. En l’absence de données sur les fonc-
tions exercées, il est difficile d’interpréter cette différence. Mais cet écart de traitement
est sans doute le reflet d’inégalités au travail liées à la ségrégation professionnelle qui
reste forte entre hommes et femmes. En effet, si les métiers du social sont féminins à
90 %, les hommes travailleurs sociaux ont plus souvent et plus rapidement accès aux
postes hiérarchiques, malgré leur sous-représentation, ce qui leur fait percevoir un sa-
laire plus élevé1.
Cependant, pour comparer l’écart salarial hommes femmes, il faudrait mener une ana-
lyse « toutes choses égales par ailleurs », c’est-à-dire une fois tenu compte des caracté-
ristiques connues (formation, expérience, conditions de travail, etc.) des individus et des
entreprises.
Graphique 39. Salaire moyen des hommes et des femmes (en francs)
3 500
4 000
4 500
5 000
5 500
6 000
6 500
7 000
7 500
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
hommes
femmes
1 Marc Bessin, « Le travail social est-il féminin ? », in Jacques Ion (dir.), Le Travail social en débat[s], Paris, La Découverte, 2005, p. 152-169 (Alternatives sociales).
79
Les jeunes, en particulier les 20-24 ans, sont très concernés par les plus faibles salaires.
Symétriquement, la proportion des salaires supérieurs à 8 000 F concerne une part im-
portante des 40 ans et plus, surtout parmi les hommes. Ce sont les hommes âgés qui ti-
rent de leur carrière dans l’animation les revenus les plus importants (Graphique 40 et
Graphique 41).
Graphique 40. Salaires par sexe et par âges en 2002 (effectifs)
-
10 000
20 000
30 000
40 000
Hommes moins de 35 ans Hommes 35 ans et plus Femmes moins de 35 ans Femmes 35 ans et plus
Moins de 5 000 F De 5 000 à moins de 8 000 F 8 000 F et plus
Graphique 41. Salaires par sexe et par âges en 2002 (%)
0%
20%
40%
60%
80%
100%
Hommes Moins de 35 ans Hommes 35 ans et plus Femmes Moins de 35 ans Femmes 35 ans et plus
Moins de 5 000 F. De 5 000 à moins de 8 000 F 8 000 F et plus
80
L’historienne Françoise Tétard remarque justement que « l’animateur a été tour à tour
militant, indemnisé, temporaire, vacataire, bénévole, permanent, professionnel… ; il est
d’ailleurs peut-être encore tout cela à la fois1 ». Avant même de tenter d’expliquer la
faiblesse des salaires, il convient de rappeler que le salariat, historiquement, ne constitue
que l’une des formes possibles d’utilisation des capacités de travail. Ainsi, dans les co-
lonies de vacances, la nature non salariale des indemnités de moniteur et de directeur
fait l’unanimité. L’indemnisation ne saurait en aucune manière être considérée comme
un salaire et ce principe a été affirmé par l’État qui, à partir de 1955, a institutionnalisé
pour le personnel d’encadrement un espace intermédiaire entre salariat et bénévolat,
l’étendant ainsi au-delà du corps enseignant, à l’exclusion du personnel de service2.
Ainsi, à présent, dans le secteur associatif, les personnels employés en contrats à durée
déterminée (CDD) qui n’animent pas « quotidiennement les centres de loisirs en période
scolaire » sont considérés comme « occasionnels » dans l’annexe II de la convention
collective nationale de l’animation socioculturelle signée en 1988 et étendue en 1989.
Cette annexe, dont relèverait près de la moitié des emplois de la « famille animation3 »,
ne se réfère pas à la notion de « travail effectif » (définie par le code du travail) mais
retient une rémunération à la journée, forfait fixé au moment de la conclusion du contrat
de travail (égal à deux heures au moins). Ce régime particulier tiendrait « à la nature des
activités » des centres de vacances et de loisirs qui exige « une présence continue du
personnel pédagogique auprès des enfants4 ». La notion « d’activité », qui permet de
surmonter les oppositions travail / non travail, intéressement / bénévolat, ne dessine-t-
elle pas les contours d’une « zone de vulnérabilité sociale », entre intégration et désaffi-
1 Françoise Tétard, « L’Introuvable Statut de l’animateur », in L’Animation dans l’intervention sociale : actes du colloque 28 et 29 mars 2000, Institut régional du travail social Haute-Normandie, direction régionale et départemen-tale de la Jeunesse et des Sports de Haute-Normandie, p. 62-71. 2 Francis Lebon, Une politique de l’enfance, du patronage au centre de loisirs, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 108-110. 3 Ministère du Travail et des Affaires sociales, Commission paritaire nationale emploi formation de l’animation so-cioculturelle, Contrat d’études prospectives de l’animation socioculturelle, rapport final, 30 mai 1998, p. 47-49. 4 Article 2 de la convention collective nationale du 28 juin 1988 modifié par l’avenant n° 7 du 17 septembre 1990. Par ailleurs, les centres sociaux se donnent une convention collective nationale le 4 juin 1983. Souvent dite « SNAECSO » (Syndicat national d’associations employeurs de personnels des centres sociaux et socioculturels, né de la Fédération nationale des centres sociaux en 1971), cette convention a été étendue par arrêté le 22 janvier 1987 (JO du 12 février 1987). Depuis cette date, son application est obligatoire pour tous les centres sociaux et sociocultu-rels. En 1991, son « annexe 4 » met en place des dispositions pour « le personnel pédagogique occasionnel des cen-tres de vacances et de loisirs » analogues à celles de l’annexe II de la convention collective de l’animation sociocultu-relle. Elle précise que le « forfait » pour « une journée d’activité » ne doit pas être inférieur à quatre heures.
81
liation1 ? Les voiles de la « formation », de la « citoyenneté » et de « l’apprentissage »
ne cachent-ils pas des formes de travail invisible2 ?
En mars 2000, le rapport Vuilque (député socialiste des Ardennes) traite du « problème
concret » posé par cette annexe. Il souhaite redéfinir et amplifier les statuts dérogatoires
en vigueur dans le secteur, avec la proposition JAVOS (jeune animateur volontaire sta-
giaire)3. Impulsé par le gouvernement en 1999, ce statut, qui n’a pas vu le jour, semblait
un « progrès incontestable » dans une perspective de « professionnalisation ». Il devait
s’adresser à des stagiaires BAFA âgés de 17 à 25 ans se situant « dans une démarche
préprofessionnelle », pendant une « période d’intervention » de 60 à 80 jours, avec une
« gratification encadrée ». En effet, « l’application pure et simple du code du travail ne
serait pas réaliste : elle entraînerait un accroissement apparemment substantiel du coût
des séjours que ni les familles ni les organisateurs ne semblent pouvoir supporter en
l’état actuel4 ». Le « volontariat », impulsé par la loi du 23 mai 2006, doit favoriser
« l’engagement des jeunes au service des autres ». Il confirme et généralise ce statut in-
termédiaire indemnisé, entre bénévolat et emploi5, aux frontières du travail domestique
et militant. Ainsi, le « contrat d’engagement éducatif » (décret du 28 juillet 2006) fixe le
salaire minimum à environ 18 € par jour ; la durée cumulée des contrats conclus par un
même titulaire ne peut excéder 80 jours par an.
1 Robert Castel, Les Métamorphoses de la question sociale : une chronique du salariat, Paris, Gallimard, 1999. 2 Selon Nicolas Farvaque (op. cit.), les heures travaillées bénévolement concernent plus de six salariés sur dix. 3 Le « travail volontaire des jeunes » n’est pas nouveau. L’administration chargée de la Jeunesse et des Sports a d’ailleurs créé, à partir de 1959, plusieurs organismes de cogestion destinés à le promouvoir, dont Cotravaux. 4 Philippe Vuilque, Pour une adaptation et une modernisation des métiers de l’animation, rapport d’information sur les métiers de l’animation, Assemblée nationale, n° 2307, 29 mars 2000. 5 Tariq Ragi, « Les Animateurs : professionnels et militants ? », Agora Débats Jeunesse, n° 19, 1er trim. 2000, p. 4-6. Sur les travailleurs associatifs, cf. Maud Simonet, « Le Monde associatif : entre travail et engagement », in Norbert Alter (dir.), Sociologie du monde du travail, Paris, PUF, 2006, p. 191-207.
82
83
Conclusion : un groupe
professionnel ouvert et segmenté
En 1939, Maurice Halbwachs définissait les classes moyennes par leurs fonctions por-
tant sur les hommes (et non sur la matière) et leur activité technique supposant la
connaissance pratique d’un certain nombre de règles1. Aujourd’hui, au-delà du travail
non manuel et d’une position intermédiaire dans l’encadrement, les « classes moyen-
nes2 » sont généralement salariées.
Dans un autre registre, Christian Baudelot, Roger Establet et Jacques Malemort évo-
quent, au début des années 1980, la petite bourgeoisie d’État (statuts intermédiaires et
cadres des administrations publiques), une fraction « d’encadrement des services pu-
blics ». Cette petite bourgeoisie « des compromis d’État » est organisée, syndiquée et
dispose de « privilèges et de prérogatives » (cf. les enseignants)3. À tout le moins, ce
n’est pas le cas des animateurs, même si des discours téléologiques et prophétiques an-
noncent l’avènement de la profession : « L’animateur conquiert lentement mais sûre-
1 Maurice Halbwachs, Classes sociales et Morphologie, Paris, Éditions de Minuit, 1972, p. 95-111. Georges Bengui-gui relève également que l’action sur les hommes caractérise le travail des classes moyennes salariées. Georges Ben-guigui, « Travail et Classes moyennes », Cahiers internationaux de sociologie, vol. LXXXIX, 1990, p. 253-272. 2 Christophe Charle a proposé une histoire du mot « classes moyennes » en fonction de ses contextes politiques d’énonciation. Entretenue par une culture du flou et de l’ambivalence, l’expression fait l’objet d’usages contradictoi-res. Christophe Charle, « Les “Classes moyennes” en France : discours pluriel et histoire singulière (1870-2000) », Revue d’histoire moderne & contemporaine, tome 50, n° 4, Belin, octobre-décembre 2003, p. 108-134. 3 Christian Baudelot, Roger Establet, Jacques Malemort, La Petite Bourgeoisie en France, Paris, Maspéro, 1981.
84
ment son droit à être reconnu comme travailleur social à part entière, au même titre que
les éducateurs, les assistants sociaux, les infirmières, ou encore les enseignants1. »
Pourquoi l’animation n’est-elle pas une « profession à statut » ?
Catherine Paradeise rappelle que certains « corps intermédiaires » bénéficient d’une
« exclusivité de prestation, liée à des formes d’autocontrôle et d’autonomie par rapport
au marché et à l’État ». Trois points justifient le privilège de ces « professions à sta-
tut » : l’activité professionnelle utilise un savoir abstrait long à acquérir pour résoudre
des problèmes concrets ; la qualité du service rendu exige un contrôle scientifique de la
formation et un contrôle éthique de la pratique (code de déontologie) ; le collectif des
pairs se porte garant de la production des professionnels et de la valeur de leurs presta-
tions (monopole légal d’exercice) 2.
Si nous souhaitons nous départir des approches fonctionnalistes des professions qui en-
gagent une représentation uniforme des situations d’emploi (via un « plaidoyer de la
profession3 »), il est possible d’expliquer pourquoi l’animation n’est pas une « profes-
sion à statut » :
Le groupe professionnel est peu mobilisé (avec sans doute des relations collectives de
travail singulières).
L’apprentissage formel du métier, relativement accessoire, ne s’appuie que sur une for-
mation initiale tronquée qui se limite, grosso modo, aux IUT4. De plus, la qualification
dans le domaine de l’animation repose sur une architecture des diplômes relativement
complexe, avec des diplômes universitaires s’opposant aux diplômes profession-
nels Jeunesse et Sports, des niveaux de formation très divers (du niveau 5 au niveau 2)
et la forte concurrence des diplômes « non professionnels » (BAFA). S’il existe des
conditions d’accès au métier (jeunesse, compétences relationnelles), il s’appuie large-
1 Édouard Limbos, La Formation des animateurs de groupes de jeunes, Paris, ESF, 1984 (2e éd.), p. 30. 2 Catherine Paradeise, « Profession, professionnalisation », in Dictionnaire de la pensée sociologique, Massimo Bor-landi, Raymond Boudon, Mohamed Cherkaoui, Bernard Valade, Paris, PUF, 2005. 3 Pierre Tripier, « La Sociologie du travail à travers ses paradigmes », in Michel de Coster, François Pichault Éd., Traité de sociologie du travail, Bruxelles, De Boeck Université, 1998 (2e éd., 1re éd. en 1994), p. 54. 4 Certains proposent depuis quelques années des licences professionnelles et même des masters. Cf. le travail en cours de Léa Lima, une Cartographie des formations aux fonctions d’animation. La filière des Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), par exemple, est davantage déve-loppée, délivrant environ 10 000 diplômes par an depuis 2000 (35 000 étudiants en 2005-2006).
85
ment sur des savoirs profanes et la brièveté des délais d’apprentissage pour tenir le
poste. La stricte détermination des postes par les diplômes, qui concerne peu de profes-
sions du travail social (assistant social, délégué à la tutelle, conseillère en économie so-
ciale et familiale, travailleuse familiale), ne touche l’animation qu’à propos de « diplô-
mes non professionnels » (BAFA et BAFD) pour l’encadrement des centres de vacances
et de loisirs : un symbole de l’ouverture du groupe professionnel.
Le faible droit d’entrée dans le métier, généralement le BAFA1, autorise l’ouverture et
la porosité de l’espace professionnel. Une partie de la profession est attachée à cette ou-
verture qui permet « l’engagement citoyen des jeunes » et la mobilité ascendante. Pour
Pierre Belleville (Culture et liberté), dans les années 1970, « professionnels ou bénévo-
les sont animateurs au même titre ; dans la perspective de développement social et
culturel, il y a de la place pour toutes les bonnes volontés2 ». En janvier 1982, Marcel
Davaine, délégué général du FONJEP, présente un rapport au ministre du Temps libre
pour structurer sa politique de professionnalisation des animateurs. Dans ses conclu-
sions, il ne recommande « ni un statut général de l’animation, ni un statut général des
animateurs », estimant que la diversité de l’animation ne pourrait qu’y perdre3. D’autres
s’attachent à la défense du caractère momentané des activités propres à ce qu’ils esti-
ment être la nature de l’animation. Par exemple, Jean-Marie Mignon écarte « le plein
emploi [car, selon lui, il] risque de porter les animateurs à exécuter des tâches éloignées
d’un travail d’animation4 ».
Enfin, les porte-parole du groupe professionnel ne cherchent pas à conquérir un mono-
pole de marché du travail, un monopole d’activité (seul l’exercice de la profession
d’assistant de service social est réglementé par le code de la famille et de l’aide sociale).
En effet, le développement de l’animation professionnelle, qui présente « le danger
d’une technocratie d’animation », doit laisser une place à « l’animation bénévole » et
permettre le « développement de situations intermédiaires, c’est-à-dire de situations
d’animateurs à temps partiel ou de systèmes d’encouragement ou d’aide aux bénévoles
1 L’exigence de ce diplôme, aussi modeste soit-il, exclut cependant, de fait, tous ceux qui ne l’ont pas. 2 Pierre Belleville, Animation : pour quelle vie sociale ?, Paris, Tema-éditions, 1974, p. 88. 3 Marcel Davaine, Les Métiers de l’animation, op. cit, p. 183. 4 Jean-Marie Mignon, Le Métier d’animateur, op. cit., p. 110-111.
86
dans un sens de libération de leurs obligations professionnelles1 ». « L’animation n’est
le monopole de personne ! », peut-on lire, en 1967, dans le premier numéro de Pour2.
En bref, si l’on considère l’étude de la professionnalisation comme un « processus vi-
sant à la production de marchés du travail fermés » (la clôture se fondant en particulier
sur la définition d’une qualification qui restreint l’accès aux postes de travail)3, rien ne
permet d’affirmer que, depuis 30 ans, l’animation est en voie de professionnalisation4 :
les frontières restent ouvertes, ce qui influe sur les conditions d’emploi des individus.
Une profession intermédiaire et précaire
Dans le cadre d’une problématique sur les emplois flexibles et précaires, il convient de
ne pas oublier l’économie non marchande et donc les emplois publics5 et parapublics
(associatifs). La remise en cause du modèle d’un emploi à vie pour tous a pour corol-
laire la constitution d’un espace professionnel aux contours mal définis où les pouvoirs
publics et les acteurs locaux interviennent davantage. Mais ces initiatives d’animation et
d’insertion visent-elles l’accès à l’emploi stable ou participent-elles, malgré elles, à un
phénomène de précarisation qui les dépasse6 ?
Sur toute la période, la précarité du groupe professionnel est forte. Ainsi, la signature de
la convention collective en 1988, perçue comme un signe patent du processus de profes-
sionnalisation, ne semble pas avoir eu d’incidence majeure sur les statuts d’emploi7.
Cette situation pourrait s’expliquer en rappelant que l’expansion du groupe intervient à
une période où les mouvements d’emploi concernent prioritairement le travail atypi-
que8. À partir des années 1980, les emplois du secteur social et socio-éducatif se sont
1 Jean-Paul Imhof, in ministère de la Jeunesse et des Sports, travaux préparatoires au Livre blanc de la jeunesse, col-loque national 21-25 novembre 1966, Animation et Animateurs, Marly-le-Roi, INEP, p. 135. 2 Pour, n° 1, 1967, p. 35. 3 Catherine Paradeise, « Les Professions comme marchés du travail fermés », Sociologie et Sociétés, Presses de l’Université de Montréal, 1988, vol. XX, n° 2, p. 12. Les monopoles de marché du travail se construisent par l’action de différentes classes d’acteurs : les travailleurs, les employeurs et l’État. 4 Ou bien l’on assiste à la « professionnalisation » de certains segments et à la « déprofessionnalisation » de quelques autres. 5 Historiquement, les instructeurs spécialisés, auxquels succéderont en 1963 les conseillers techniques et pédagogi-ques (CTP) puis, en 1985, les conseillers d’éducation populaire et de jeunesse (CEPJ), étaient des agents contractuels de l’État. 6 Gérard Mauger, « Les Politiques d’insertion : une contribution paradoxale à la déstabilisation du marché du tra-vail », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 136-137, mars 2001, p. 5-14. 7 En revanche, elle a peut-être eu des effets sur la masse salariale. 8 Dominique Gambier, Michel Vernières, L’Emploi en France, op. cit., p. 34.
87
recomposés. Avec l’impulsion de la politique de la Ville et du développement social
urbain, de nouveaux métiers sont apparus (femmes-relais, intermédiation, coordina-
teurs) où les qualités requises pour les effectuer se basent parfois plus sur
« l’expérience » (de la rue, des milieux populaires, de la jeunesse1) que sur le diplôme2.
Ainsi, les « métiers flous » de l’action publique territoriale (« chefs de projets », « em-
plois jeunes », etc.) sont marqués par l’instabilité des statuts et des parcours (flou des
objets, des positions, des emplois, des métiers)3. La « médiation sociale » est également
une appellation professionnelle récente, produite par les pouvoirs publics, en particulier
dans le cadre du programme « nouveaux emplois et nouveaux services » ou « emplois
jeunes ». Si ce processus d’imposition d’une catégorie professionnelle invite à analyser
les traductions de cette dénomination en activités et, ce faisant, à interroger la produc-
tion éventuelle d’un groupe professionnel, Didier Demazière montre que la dynamique
de professionnalisation, annoncée comme un objectif prioritaire du dispositif, apparaît
problématique et défaillante4.
Nous ne connaissons pas, avec une source comparable, la morphologie du groupe dans
les années 1970. La profession s’est probablement redéfinie avec l’arrivée massive de
jeunes précaires (peu diplômés jusqu’au milieu des années 1990). La montée des condi-
tions d’emploi précaires s’inscrit sans doute dans un mouvement de plus grande am-
pleur qui entraîne certaines fractions des classes moyennes dans la spirale du déclasse-
ment, conformément à la prophétie marxiste selon laquelle l’échelon inférieur des clas-
ses moyennes tombe dans le prolétariat : « Les classes moyennes sont un peu comme un
sucre dressé au fond d’une tasse : si la partie supérieure semble toujours intacte,
l’érosion continue de la partie immergée la promet à une déliquescence prochaine et
1 Sophie Divay, « Quand la jeunesse devient une compétence », Terrain, n° 40, mars 2003, p. 152-162. 2 Sur la question de la professionnalisation des « nouveaux métiers » de la Ville et l’émergence de ces professionnels de proximité (sociale et territoriale) qui s’inscrit notamment dans une dynamique de lutte contre le chômage et dans une logique de pacification sociale, cf. la synthèse de Jean-Marc Stébé, La Médiation dans les banlieues sensibles, Paris, PUF, 2005, p. 31-50. Dominique Glasman, Jacques Ion, « Les “nouveaux métiers” des quartiers populaires : entre l’immersion locale et l’inscription institutionnelle », Migrants-formation, n° 93, 1993. Claude Brévan, Paul Picard, Une nouvelle ambition pour les villes : de nouvelles frontières pour les métiers, rapport à monsieur Claude Bartolone, ministre délégué à la Ville, septembre 2000. Bertrand Ravon, « Nouveaux Emplois de l’intervention so-ciale urbaine », VEI Enjeux, n° 124, mars 2001. 3 C’est par exemple le cas des agents de développement rural (généralement contractuels de la fonction publique) dont les emplois reposent sur des institutions publiques nouvelles et marginales. Gilles Jeannot, Les Métiers flous : travail et action publique, Paris, Octares, 2005. 4 Didier Demazière, « Médiation et Médiateurs sociaux : entre nomination et professionnalisation », Formation Em-ploi, n° 86, avril-juin 2004, p. 13-25.
88
inéluctable1. » L’animation illustrerait parfaitement l’éclatement du modèle salarial qui
prévalait depuis l’après-guerre, avec la montée d’emplois tertiaires, urbanisés et fémini-
sés où l’on connaît des alternances d’emploi et de chômage, des modes de rémunération
et des rythmes de travail divers2.
Or, cette évolution, valable à l’échelle du marché de l’emploi, est inexacte à l’échelle du
groupe professionnel des animateurs sur la période 1982-2005. Les deux principales
nouvelles normes d’emploi qui émergent à travers la durée du contrat et la durée du tra-
vail semblent avoir toujours existé parmi les animateurs. On sait d’ailleurs que les em-
plois précaires et la flexibilité permise par les CDD et le travail à temps partiel, sont
aussi anciens que le salariat (le droit les rendant seulement visibles et dicibles à compter
des années 1970)3.
Quoi qu’il en soit, les animateurs semblent se situer dans une « zone de vulnérabilité »
(zone intermédiaire située entre l’intégration et la désaffiliation) associant, selon Robert
Castel, précarité du travail et fragilité du lien social. L’animation apparaît comme cet
espace marqué par l’instabilité et les turbulences. Mais l’observation des faits met en
évidence le contraste des situations et il existe aussi, dans l’animation, une « zone
d’intégration », associant travail stable et insertion relationnelle solide4.
Diversité dans l’animation
À l’image des classes moyennes, les animateurs constituent un monde divisé plus
qu’une force sociale homogène. L’examen de la morphologie du groupe conduit à
s’interroger sur la genèse de la catégorie « Animateurs », la solidité de ses fondements
objectifs et la puissance de sa « fiction » mobilisatrice. Quel est le dénominateur com-
mun du groupe ? dans le domaine politique, pédagogique ? dans son rapport à l’école ?
dans la croyance au « projet » ? En tout cas, le groupe professionnel ne constitue pas
une communauté homogène, ce que tend à masquer la formulation dynamique de la pro-
1 Louis Chauvel, Les Classes moyennes à la dérive, Paris, Le Seuil, 2006, p. 10. Cf. aussi Jean Lojkine, L’Adieu à la classe moyenne, Paris, La Dispute, 2005. Sur les incertitudes de l’emploi des cadres, cf. Paul Bouffartigue, « Le Sala-riat intermédiaire sous tensions », in Paul Bouffartigue (dir.), Le Retour des classes sociales : inégalités, domina-tions, conflits, Paris, La Dispute, 2004, p. 111-124. 2 Olivier Marchand, Plein emploi, l’improbable retour, Paris, Folio / Actuel / Le Monde, 2002. 3 Anne-Sophie Beau, Un siècle d’emplois précaires, Paris, Payot, 2004. 4 Robert Castel, Les Métamorphoses de la question sociale, op. cit.
89
fessionnalisation (cette notion doit sa spécificité conceptuelle à la sociologie fonction-
naliste1), séquence qui conduirait le groupe occupationnel à conquérir un statut légal en
une succession d’étapes.
Camille Gachet, en relatant les débuts de son enquête (observations et entretiens) auprès
d’animateurs périscolaires (position basse du « champ de l’animation ») note très juste-
ment la diversité de la population (la « richesse », en termes indigènes) occultée par la
dénomination « animateurs » : « Plus ça allait et moins le terme unifiant d’animateur
avait du sens. » En effet, il faudrait s’interroger, à l’instar de Michel Pialoux dans la
première moitié des années 19702, sur la diversité des usages sociaux des nouvelles
formes d’emploi. L’animation périscolaire peut ainsi être investie par des étudiants, des
femmes peu qualifiées, des animateurs de métier, etc.3
Nous avons relevé de grandes disparités dans les caractéristiques des individus regrou-
pés et dans les statuts des emplois occupés par les animateurs. Le groupe professionnel
semble éclaté, dispersé. L’étendue des niveaux de formation, des salaires, par exemple,
est importante. Le groupe semble se diviser, certains se rapprochant des employés (et
des emplois de service), d’autres des dirigeants. En d’autres termes, l’animation n’est
pas une « profession intermédiaire » pour tout le monde. Ce clivage rejoint l’hypothèse
de Jacques Ion qui considère que des praticiens de l’intervention sociale sont « sur le
front » de la misère et soumis à l’urgence (les moins diplômés, en quête de profession-
nalité : emplois régis par une logique de la « compétence ») tandis que d’autres, à
« l’arrière », sont des gestionnaires sensibles aux méthodes du management issues du
monde de l’entreprise (notamment les animateurs de la politique de la Ville, promoteurs
du développement social urbain)4.
Dominique Beynier rend compte, à propos des professions sociales, d’une structuration
par les genres et les qualifications, avec une « hiérarchisation biographique qui, à un
1 Pour une mise en perspective, « Des professions aux marchés du travail fermés », cf. Michel Lallement, Le Travail, une sociologie contemporaine, Paris, Gallimard, 2007, p. 483-506. 2 Michel Pialoux, « Jeunesse sans avenir et Travail intérimaire », Actes de la recherche en science sociale, n° 26, mars-avril, 1979. 3 Camille Gachet donne trois exemples : une étudiante, future professeure des écoles ; une ancienne employée de maison qui souhaite devenir ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) ; un sportif qui souhaite se former et faire carrière dans l’animation. Camille Gachet, Emplois émiettés, travail d’à côté, 2005, master 2 recher-che sous la direction de Stéphane Beaud et de Marie Cartier, université de Nantes. 4 Jacques Ion, Le Travail social au singulier : la fin du travail social ?, Paris, Dunod, 2006 (2e éd., 1re éd. en 1998).
90
pôle, rassemble des femmes âgées peu mobiles et peu diplômées et, à l’autre extrémité,
des hommes d’âge moyen, mobiles et diplômés1 ». De même, la division sexuelle du
travail marque l’animation.
En 1985, le groupe professionnel compte près de 6 femmes pour 4 hommes. Les hom-
mes sont plutôt de niveau bac, les femmes de niveau CAP ou BEP. Âgés de 33 ans, ils
travaillent habituellement 33 heures par semaine. En 2005, l’animateur moyen est une
femme âgée de 33 ans (père ouvrier, mère employée) qui, de niveau bac, travaille 26
heures par semaine, dans une mairie, pour environ 800 € par mois. Aujourd’hui comme
hier, le groupe professionnel se compose donc de jeunes gens. Mais contrairement à une
idée reçue, les agents de l’animation sont, à présent, des « grandes sœurs » plus que des
« grands frères2 ». Enfin, l’animation n’est donc pas seulement, comme l’indique Gene-
viève Poujol, une « formule professionnalisée » provenant des associations de jeunesse
et d’éducation populaire3 : en effet, des femmes des classes populaires travaillant dans
le secteur périscolaire des communes, se sont, au fil du temps, coulées dans le métier.
Au-delà de la féminisation, d’une petite progression des niveaux de formation et de la
montée des situations de précarité, le contraste des conditions d’emploi au sein du
groupe professionnel est constant sur toute la période.
Globalement, le groupe semble former une catégorie intermédiaire inférieure. Mais les
différences qui divisent notre population sont-elles ordonnées, s’organisent-elles selon
un plan systématique dont on pourrait dresser la carte ? Quels sont les traits saillants des
animateurs ? L’analyse factorielle des correspondances multiples (ACM) permet
d’introduire un ordre analytique dans l’apparent désordre et d’établir le plan de l’espace
professionnel des animateurs. L’ACM spécifique4 mise en œuvre5 permet une descrip-
tion synthétique des caractéristiques de la population et de leurs liaisons. Elle établit les
liaisons statistiques entre les variables retenues et permet de construire la structure sous-
1 Dominique Beynier, « Au-delà des catégories : déconstruire et reconstruire l’intervention sociale », Formation Em-ploi, 2002, n° 80, p. 33-51. 2 Catherine Neveu, « La Citoyenneté entre individuel et collectif : bref portrait de “jeunes” animateurs issus de l’immigration en citoyens », Ville-École-Intégration, n° 118, septembre 1999. Mustafa Poyraz, « Animateur : un métier de régulation sociale en dégradation », in Le Bas de l’échelle, op. cit. 3 Geneviève Poujol, Profession : animateur, op. cit., p. 33. 4 Brigitte Le Roux, « Analyse spécifique d’un nuage euclidien : application à l’étude des questionnaires », Mathéma-tiques et Sciences humaines, n° 146, 1999, p. 65-83. 5 Merci à François Denord pour son aide technique.
91
jacente des données. Pour procéder à l’analyse, 10 variables actives ont été sélection-
nées dans l’enquête Emploi de 2002, ou construites à partir d’elles ; elles comprennent
43 modalités :
Sexe (2 modalités), âge (5 modalités), profession du père (6 modalités), niveau de for-
mation (4 modalités), précarité (2 modalités), salaire (4 modalités), horaire habituel
(5 modalités), ancienneté dans l’entreprise (4 modalités), secteur d’activité (6 modali-
tés), unité urbaine (5 modalités).
Le premier axe (valeur propre 0,26) oppose les jeunes (15-24 ans) précaires à temps
partiel avec de faibles salaires (1er quartile) dans les communes de plus de 200 000 habi-
tants, aux emplois stables d’individus de plus de 35 ans qui, avec des salaires situés
dans le dernier quartile, ont plus de 10 ans d’ancienneté et travaillent plus de 39 heures
par semaine. Cet axe distingue donc deux types d’emploi, d’une part l’emploi stable
à temps complet des individus âgés, d’autre part l’emploi des jeunes précaires à
temps partiel.
Le deuxième axe (valeur propre 0,20) isole les hommes de 25 à 34 ans, de niveau bac,
qui travaillent de 35 à 39 heures avec une ancienneté de 1 à 5 ans et des salaires situés
dans le troisième quartile, des femmes âgées de plus de 35 ans, de niveaux 5 et 6, em-
ployées entre 15 et 39 heures par semaine pour des salaires situés dans le premier quar-
tile, avec plus de 10 ans d’ancienneté. Cet axe dissocie donc les hommes, jeunes
et relativement diplômés des femmes de plus de 35 ans avec peu de diplôme et de fai-
bles salaires.
Le troisième axe (valeur propre 0,18) sépare les animateurs d’origines sociales élevées
(cadres, professions intermédiaires) qui travaillent moins de 15 heures dans des activités
récréatives et culturelles avec les niveaux de formation les plus hauts (niveaux 1, 2 et 3),
des animatrices de père ouvrier avec des niveaux 5 et 6 qui travaillent entre 15 et
34 heures dans les collectivités locales et le secteur éducation. Cet axe semble opposer
l’intermittence culturelle de jeunes bourgeois au travail périscolaire dans les communes.
Avec des formes d’emploi contrastées, l’espace professionnel semble multipolaire, tra-
versé par les divisions de l’âge et du sexe, partagé entre fonctions d’exécution et fonc-
tions d’encadrement, structuré par l’opposition des emplois stables aux emplois précai-
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res. Le groupe professionnel se présente donc comme une coalition de segments qui
correspondent à différentes institutions de travail (association, mairie, hôpital, maison
de retraite, foyer de jeunes travailleurs, etc.) et des statuts divers. On peut donc supposer
que les animateurs mettent en œuvre des définitions différentes des activités de travail
contribuant ainsi à structurer des identités professionnelles multiples, même si, par ail-
leurs, les segments professionnels sont moteurs de la dynamique des professions1. Mé-
tier transitoire, « petit boulot », véritable profession, l’animation permet tous ces usages.
Des statuts d’emploi divers doublés d’usages sociaux sans doute multiples. Cela nous
permet d’envisager quelques pistes de recherches : Comment cohabitent les différents
segments de la profession2 ? Quelles sont les trajectoires sociales et professionnelles, les
carrières, qui passent par l’animation ou qui mènent à l’animation ? Quelles types
de mobilité sociale impliquent-elles (intergénérationnelle, professionnelle et biographi-
que) ? Les animateurs sont-ils confrontés à un phénomène d’usure au travail ? Quelles
relations existent entre les systèmes d’attentes des employeurs et les systèmes
d’attitudes des individus devant le travail ?
Comment rendre compte de ce « fait professionnel » et du travail des professionnels
dont le système de coordination des activités ne relève ni de la logique de l’État ni de la
logique du marché ? Constitue-t-il un champ tel que l’entend Pierre Bourdieu ? Est-ce
que l’ancrage « local » de cette profession n’en détermine pas la configuration ?
1 Anselm Strauss, La Trame de la négociation : sociologie qualitative et interactionniste, Paris, L’Harmattan, 1992. 2 À propos des journalistes par exemple, Alain Accardo évoque la masse de l’« intelligentsia prolétaroïde » qui coha-bite avec une élite de la corporation truffée de grandes consciences toujours prêtes à délivrer des leçons d’humanisme sans frontières. Alain Accardo, avec Georges Abou, Gilles Balbastre, Christophe Dabitch et Annick Puerto, Journa-listes précaires, journalistes au quotidien, Marseille, Agone, 2007.
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Graphique 42. Axes 1 et 2 (année 2002)
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Graphique 43. Axes 1 et 3 (année 2002)
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109
Annexes
Annexe 1
Principales thèses de doctorat sur les animateurs (ou l’animation) en France (1973-2003)
La thèse de Michel Simonot en sciences de l’éducation (Les Animateurs socioculturels en cours de formation de longue durée : approche d’une aspiration à l’exercice d’une activité sociale. Mobilité sociale, histoire scolaire, représentations), publiée en 1973. Les thèses du géographe Jean-Pierre Augustin publiées en 1978 (Espace social et Loisirs organisés des jeunes : l’exemple de la commune centre de Bordeaux) et 1991 (Les Jeunes dans la ville : institutions de socialisation et différenciation spatiale dans la communauté urbaine de Bordeaux : recherche de géographie sociale et politique). Mais aussi : Maximilienne Levet-Gautrat, Image de rôle des animateurs socioculturels, sous la direction de Jean Maisonneuve, psychologie et de sciences de l’éducation, Paris X, 1974. Christian Jokumsen, Les Clubs de personnes âgées : moyen d’animation socioculturel au niveau local, sous la direction de Michel Philibert, science politique, Grenoble II, 1975. Maurice Lefeure, Pour une critique de l’animation socioculturelle : réflexion d’un profession-nel, sous la direction de Christian Lacroix, géographie, Grenoble II, 1976. Monique Dujour Berouti, Animation urbaine et Vie quotidienne, logement en foyers-hôtels de travailleurs migrants isolés : étude psychosociologique d’un système animé, sous la direction de Roger Daval, sociologie, Paris V, 1976. Maurice Lefeure, Pour une critique de l’animation socioculturelle : réflexion d’un profession-nel, sous la direction de Christian Lacroix, géographie, Grenoble II, 1976. Jean Pavier, Organisation et Direction de stages courts d’animation socio-éducative : contribu-tion à l’organisation, à la direction et à l’animation de sessions courtes de formation, en inter-nat, destinées à des animateurs temporaires de centres de vacances et de loisirs, sous la direc-tion d’André Veinstein, théâtre, Paris VIII, 1976.
110
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111
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Annexe 2. Données complémentaires
Graphique 44. Mode d’entrée dans l’entreprise, % (2005)
0
20
40
60
80
100
Directeurs de centressocioculturels et de loisirs
Animateurs socioculturelset de loisirs
Autres
Par un concours derecrutement
Par petites annonces
Par l'ANPE ou un autreorganisme public (Agencepour la création d'entreprises,Mission locale..)
Par relations familiales,personnelles ouprofessionnelles
Par une démarchepersonnelle auprès del'employeur ou unecandidature spontanée
112
Graphique 45. Tranche d’unité urbaine (2004)
0%
10%
20%
30%
Commune rurale Unité urbaine de moinsde 20 000 habitants
Unité urb. de 20 000 àmoins de 200 000 hab.
Unité urb. de 200 000hab. ou plus
Agglomérationparisienne
Le groupe professionnel comprend davantage de célibataires (Graphique 46). La forte
proportion de célibataires (les hommes un peu plus que les femmes) tient à la structure
par âge de la population et la progression de ce statut matrimonial s’inscrit dans une
tendance plus générale1. En 2005, 59 % des animateurs vivent cependant en couple
(54 % n’ont pas d’enfants). Ils sont généralement locataire du logement qu’ils occupent
(Graphique 47) et 11 % habitent une zone urbaine sensible.
Graphique 46. État matrimonial (%)
25
30
35
40
45
50
55
60
65
1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Célibataire
marié ou remarié
1 En 2002, la population française de plus de 15 ans compte environ 50 % d’individus mariés contre les 2/3 en 1980.
113
Graphique 47. Statut d’occupation du logement en 2005
0
20
40
60
80
100
Directeurs de centres socioculturels etde loisirs
Animateurs socioculturels et de loisirs
Logé gratuitement par des parents, desamis ou l'employeur (y compris le casdes personnes occupant un logementqu'elles ont vendu en viager, etc.)
Locataire ou sous-locataire d'unlogement loué meublé ou d'une chambred'hôtel
Locataire ou sous-locataire d'unlogement loué vide non-HLM
Locataire d'un logement HLM
Propriétaire (non accédant) du logement,ou de la maison où se trouve le logement
Accédant à la propriété (le ménage doitencore effectuer au moins unremboursement d'un prêt contracté pourl'achat de son logement)
L’âge moyen de fin d’études de l’ensemble de la population française est passé de
13 ans et demi en 1948 à 18 ans et demi en 1998. Il a connu une envolée pour les cohor-
tes nées à l’orée des années 19601. Entre 1985 et 1996, l’âge moyen de fin d’études de
l’ensemble de la population active est passé de 17 à 18,4 ans2 (+ 1,4) alors que chez les
agents de l’animation, pour les mêmes années, il n’a progressé que de
+ 0,2 an (Graphique 48). Cette moindre progression s’explique d’une part par l’âge
moyen de fin d’études des animateurs déjà élevé en 1985 (19,4 ans), d’autre part en rai-
son de la baisse de cet indicateur jusqu’en 1993 qui correspond à l’arrivée massive
d’agents peu diplômés au sein du groupe professionnel.
1 Olivier Marchand, Claude Thélot, Deux Siècles de travail en France, op. cit., p. 225-227. Louis Chauvel, « La Se-conde explosion scolaire : diffusion des diplômes, structure sociale et valeur des titres », Revue de l’OFCE, n° 66, juillet 1998. 2 Données issues de l’ouvrage d’Olivier Marchand et Claude Thélot, Le Travail en France (1800-2000), Paris, Na-than, 1997, p. 227.
114
Graphique 48. Âge moyen de fin d’études
18
19
20
21
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Hommes
Femmes
La part des titulaires d’un diplôme de l’enseignement technique ou professionnel tend à
se réduire au fil des années. De 44 % en 1990, on passe à 33 % en 2002. Les hommes et
les femmes en sont titulaires dans une proportion équivalente mais avec une légère pré-
férence chez les secondes pour des diplômes de l’enseignement professionnel court
(CAP ou BEP ; Graphique 49).
Graphique 49. Proportions de diplômés du technique en fonction du sexe (1990-2002)
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Hommes CAP ou BEP
Hommes bac pro ou brevet de technicien
Femmes bac pro ou brevet de technicien
Femmes CAP ou BEP
115
Tableau 2. Exemple de codage de la précarité (année 2003)
TotalSans objet
(ACTOP='2') ou non renseigné
EtatCollectivités locales, HLM
Hôpitaux publics
Particulier
Entreprise publique ou
privée, association
Total Total 105 923 17 683 520 34 231 2 229 - 51 260 Sans objet (ACTOP='2') 2 421 496 330 1 330 - - 265 Indépendants - - - - - - -Employeurs - - - - - - -Aides familiaux - - - - - - -Intérimaires 178 - - 178 - - -Apprentis - - - - - - -CDD (hors Etat, coll.loc.), hors contrats aides 14 104 3 140 - 437 483 - 10 044 Stagiaires et contrats aides (hors Etat, coll.loc.) 15 221 1 679 - 774 - - 12 768 Autres contrats (hors Etat, coll.loc.) 28 667 4 853 - 151 705 - 22 958 CDD (Etat, coll.loc.), hors contrats aides 14 932 3 711 - 9 762 166 - 1 294 Stagiaires et contrats aides (Etat, coll.loc.) 9 101 1 368 - 6 314 220 - 1 200 Autres contrats (Etat, coll.loc.) 21 301 2 436 191 15 285 656 - 2 733
Sans objet (CHPUB<>'1','2','3')ou non renseigné Total 57 992 9 673 - 1 362 1 188 - 45 769
Sans objet (ACTOP='2') - - - - - - -Indépendants - - - - - - -Employeurs - - - - - - -Aides familiaux - - - - - - -Intérimaires - - - - - - -Apprentis - - - - - - -CDD (hors Etat, coll.loc.), hors contrats aides 14 104 3 140 - 437 483 - 10 044 Stagiaires et contrats aides (hors Etat, coll.loc.) 15 221 1 679 - 774 - - 12 768 Autres contrats (hors Etat, coll.loc.) 28 667 4 853 - 151 705 - 22 958 CDD (Etat, coll.loc.), hors contrats aides - - - - - - -Stagiaires et contrats aides (Etat, coll.loc.) - - - - - - -Autres contrats (Etat, coll.loc.) - - - - - - -
Elève fonctionnaire ou stagiaire Total 2 421 496 330 1 330 - - 265
Sans objet (ACTOP='2') 2 421 496 330 1 330 - - 265 Indépendants - - - - - - -Employeurs - - - - - - -Aides familiaux - - - - - - -Intérimaires - - - - - - -Apprentis - - - - - - -CDD (hors Etat, coll.loc.), hors contrats aides - - - - - - -Stagiaires et contrats aides (hors Etat, coll.loc.) - - - - - - -Autres contrats (hors Etat, coll.loc.) - - - - - - -CDD (Etat, coll.loc.), hors contrats aides - - - - - - -Stagiaires et contrats aides (Etat, coll.loc.) - - - - - - -Autres contrats (Etat, coll.loc.) - - - - - - -
Agent titulaire Total 16 754 2 436 191 12 590 656 - 882 Sans objet (ACTOP='2') - - - - - - -Indépendants - - - - - - -Employeurs - - - - - - -Aides familiaux - - - - - - -Intérimaires - - - - - - -Apprentis - - - - - - -CDD (hors Etat, coll.loc.), hors contrats aides - - - - - - -Stagiaires et contrats aides (hors Etat, coll.loc.) - - - - - - -Autres contrats (hors Etat, coll.loc.) - - - - - - -CDD (Etat, coll.loc.), hors contrats aides - - - - - - -Stagiaires et contrats aides (Etat, coll.loc.) - - - - - - -Autres contrats (Etat, coll.loc.) 16 754 2 436 191 12 590 656 - 882
Contractuel Total 28 757 5 079 - 18 949 385 - 4 344 Sans objet (ACTOP='2') - - - - - - -Indépendants - - - - - - -Employeurs - - - - - - -Aides familiaux - - - - - - -Intérimaires 178 - - 178 - - -Apprentis - - - - - - -CDD (hors Etat, coll.loc.), hors contrats aides - - - - - - -Stagiaires et contrats aides (hors Etat, coll.loc.) - - - - - - -Autres contrats (hors Etat, coll.loc.) - - - - - - -CDD (Etat, coll.loc.), hors contrats aides 14 932 3 711 - 9 762 166 - 1 294 Stagiaires et contrats aides (Etat, coll.loc.) 9 101 1 368 - 6 314 220 - 1 200 Autres contrats (Etat, coll.loc.) 4 546 - - 2 695 - - 1 851
Précaires 58 082 Taux de précarité 55%
Ce chiffre s'obtient en additionnant 14 104, 15 221 et 28 757.
Si l’on ajoute les « Autres contrats (hors État, coll. loc.) » des personnes dont on ne
connaît pas le caractère public ou privé de l’établissement, soit 4 853 et 2 436 individus
(qui seraient « Agents titulaires »), on arrive à un taux de précarité de 62 %.
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Liste des graphiques et tableaux
Graphique 1. Schéma de la « chaîne » statistique .......................................................... 20 Graphique 2. Les effectifs d’animateurs selon différentes sources (1975-2005) ........... 28 Graphique 3. Des femmes et des hommes (1982-2005)................................................. 29 Graphique 4. Pyramide des âges (2002)......................................................................... 32 Graphique 5. Évolution de la part des 15-24 ans, des 25-39 ans et des 40 ans et plus
(1984-2005) ............................................................................................................ 33 Graphique 6. Nomenclature d’activités et de produits (NAP), niveau 600, effectifs
(1984-1989) ............................................................................................................ 34 Graphique 7. Nomenclature d’activités et de produits (NAP), niveau 600, pourcentages
(1984-1989) ............................................................................................................ 35 Graphique 8. Principales NAF (%), niveau 700 (1993-2005)........................................ 36 Graphique 9. Possède le bac ou plus (1982-2005) ......................................................... 40 Graphique 10. Diplôme le plus élevé obtenu (1982-2005) ............................................ 41 Graphique 11. Parts des différents niveaux de formation (1982-2005) ......................... 42 Graphique 12. Effectifs des niveaux de formation (1982-2005) .................................... 43 Graphique 13. Effectifs par âge des niveaux 1 et 2 (1982-2005) ................................... 44 Graphique 14. La distribution de quelques professions en fonction du sexe, de l’âge et
des diplômes supérieurs (2004) .............................................................................. 46 Graphique 15. Spécialité du diplôme le plus élevé (2004)............................................. 48 Graphique 16. Profession du père des animateurs (1984-2005)..................................... 52 Graphique 17. Profession du père par sexe (1982-2002) ............................................... 53 Graphique 18. Origines sociales des 40 ans et plus (1990-2002)................................... 54 Graphique 19. Travail à temps partiel (1982-2005) ....................................................... 58
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Graphique 20. Nombre d’heures de travail habituel moyen entre 1982 et 2005 (hors « pas d’horaire habituel ») ...................................................................................... 59
Graphique 21. Nombre d’hommes et de femmes à temps partiel (1982-2005) ............. 59 Graphique 22. Nombre d’heures de travail habituel par semaine (1982-2005) ............. 60 Graphique 23. Répartition du temps partiel (1990-2002)............................................... 61 Graphique 24. Nombre d’heures de travail habituel par semaine des femmes (1990-
2005)....................................................................................................................... 61 Graphique 25. Nombre d’heures de travail habituel par semaine des hommes (1990-
2005)....................................................................................................................... 62 Graphique 26. Proportions d’animateurs et d’animatrices à temps partiel (1982-2005) 63 Graphique 27. La distribution sexuée des individus travaillant moins de 35 heures ..... 63 Graphique 28. Taux de précarité chez les animateurs (1982-2005) ............................... 67 Graphique 29. Ancienneté dans l’entreprise................................................................... 68 Graphique 30. Expérience du chômage pendant l’année précédant l’enquête ............... 69 Graphique 31. Temps de travail et salaires moyens (1990-2002) .................................. 72 Graphique 32. La part des salaires inférieurs à 5 000 F (1982-2002) ............................ 72 Graphique 33. Nombre de salaires inférieurs et supérieurs à 5 000 F (1982-2002)....... 73 Graphique 34. Distributions des revenus salariaux mensuels par tranches (1982-1989)73 Graphique 35. Médiane et moyenne des salaires (1990-2002) en euros 2005 ............... 75 Graphique 36. Distribution (%) des salaires par tranches (1990-2002) ......................... 75 Graphique 37. Distribution (effectifs) des salaires par tranches (1990-2002) ............... 76 Graphique 38. Revenus salariaux mensuels nets en 2005.............................................. 77 Graphique 39. Salaire moyen des hommes et des femmes (en francs) .......................... 78 Graphique 40. Salaires par sexe et par âges en 2002 (effectifs)..................................... 79 Graphique 41. Salaires par sexe et par âges en 2002 (%)............................................... 79 Graphique 42. Axes 1 et 2 (année 2002) ........................................................................ 93 Graphique 43. Axes 1 et 3 (année 2002) ........................................................................ 94 Graphique 44. Mode d’entrée dans l’entreprise, % (2005) .......................................... 111 Graphique 45. Tranche d’unité urbaine (2004) ............................................................ 112 Graphique 46. État matrimonial (%) ............................................................................ 112 Graphique 47. Statut d’occupation du logement en 2005 ............................................ 113 Graphique 48. Âge moyen de fin d’études ................................................................... 114 Graphique 49. Proportions de diplômés du technique en fonction du sexe (1990-2002)
.............................................................................................................................. 114
Tableau 1. Définitions des principales NAF des animateurs, niveau 700...................... 36 Tableau 2. Exemple de codage de la précarité (année 2003) ....................................... 115
ISBN : 978-2-11-096546-2© INJEP, 2007
Achevé d’imprimer par Imprimerie Delcambre, PantinDépôt légal : juin 2007
Situés entre les secteurs de l’éducation, de la culture et du social, les animateurs par-ticipent de l’extension et de l’élargissement des activités éducatives vers des lieux,des publics, des âges de la vie que n’avait pas ou peu investis l’Éducation nationale.L’animation, qui propose notamment une critique pédagogique du monde scolaire, ad’abord appartenu à des activités religieuses ou vocationnelles et n’est devenue unmétier que dans les années 1960. Les activités d’animation ont alors peu à peu été dé-finies comme des activités professionnelles.Les rhétoriques professionnelles, en annonçant inlassablement un processus de « pro-fessionnalisation », manifestent depuis lors l’existence et la reconnaissance de cette« nouvelle profession ». Mais qui sont les animateurs professionnels (sexe, âge, ori-gines sociales) ? Quels sont leurs niveaux de formation ? Quels types de filières ont-ils suivis ? Quelles sont leurs conditions d’emploi ? Comment ont évolué cesdifférentes caractéristiques ? L’originalité de cette étude est précisément de mettre aujour les transformations du groupe professionnel entre 1982 et 2005 au moyen d’uneanalyse secondaire des données de l’enquête Emploi (INSEE).En 1985, la profession compte près de 6 femmes pour 4 hommes. Les hommes sontplutôt de niveau bac, les femmes de niveau CAP ou BEP. Âgés de 33 ans, ils travaillenthabituellement 33 heures par semaine. En 2005, l’animateur moyen est une femme âgéede 33 ans (père ouvrier, mère employée) qui, de niveau bac, travaille 26 heures par se-maine, dans une mairie, pour environ 800 € par mois. Aujourd’hui comme hier, la pro-fession se compose donc de jeunes gens. Mais contrairement à une idée reçue, lesagents de l’animation sont des « grandes sœurs » plus que des « grands frères ».Néanmoins, au-delà de la féminisation, d’une petite progression des niveaux de for-mation et de la montée des situations de précarité, le contraste des conditions d’em-ploi au sein du groupe professionnel est constant sur toute la période. Nous avonsrelevé de grandes disparités dans les caractéristiques des individus regroupés et dansles statuts des emplois occupés par les animateurs. Le groupe professionnel sembleéclaté, dispersé (l’étendue des niveaux de formation, des salaires, par exemple, est im-portante). Il semble se diviser, certains se rapprochant des employés (et des emploisde service), d’autres des dirigeants. En d’autres termes, l’animation n’est pas une « pro-fession intermédiaire » pour tout le monde.
Francis Lebon, sociologue, est chargé de recherche à l’INJEP (UREF). Il a notamment publiéUne politique de l’enfance, du patronage au centre de loisirs (L’Harmattan, 2005).
Emmanuel de Lescure, sociologue, est maître de conférences à l’université Paris XII (Erté REV).
LLeess AAnniimmaatteeuurrss ssoocciiooccuullttuurreellss eett ddee llooiissiirrss ::mmoorrpphhoollooggiiee dd’’uunn ggrroouuppee pprrooffeessssiioonnnneell ((11998822--22000055))
ISBN :978-2-11-096546-2
Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire
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