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Lescahiers de cours

de Moïse

Éditions J'ai Lu

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JEAN SENDY

LES CAHIERS DE COURS DE MOÏSELA LUNE, CLE DE LA BIBLE

LES DIEUX NOUS SONT NÉSNOUS AUTRES GENS DU MOYEN-ÂGE

LE ROMAN DE LA BIBLE

ŒUVRES

J'ai Lu J'ai Lu

En vente dans les meilleures librairies

JEAN SENDY

Lescahiers de cours

de Moïse

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Si Eliane C, ne m'avait pas,trois longues années durant,rattrapé par les cheveux quandje me noyais, et par les piedsquand je m'envolais, je nepourrais lui dédier qu'un cahierde pages blanches.

© Julliard, 1963

RÉÉDITION A L'AGE DE RAISON

Sept ans après le bon à tirer donné en 1962, ledernier tirage des Cahiers de cours de Moïse s'esttrouvé épuisé, mettant l'éditeur et l'auteur devantun dilemme: laisser discrètement oublier un essaien partie démenti par les faits, ou de rééditer enfaisant valoir, sans pudeur ni discrétion, lesconfirmations apportées par l'événement.

L'éditeur a opté pour la réédition, lorsque l'au-teur lui eut exposé ce qui suit.

1. Le Pape de la Lune

Les chapitres IV, V et VI de ce livre sont consa-crés à la Prophétie de Malachie, dite aussi « pro-phétie des papes ». Nul n'est tenu de « croire » à cette prophétie (qui a date certaine depuis 1595),mais elle possède une valeur, au moins folklori-que, certaine: à chaque conclave, cette prophétie— et celle-là seule — est commentée par le clergé,

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par la presse et par vous-même si vous lisez lesjournaux.

En 1962, je proposais à cette prophétie une inter-prétation divergeant du commentaire folklorique:le chapitre V des Cahiers de cours de Moïse articulele raisonnement qui m'avait conduit à conclureque Pie XII a été « deux papes en un », que Pie XIIa par conséquent droit à deux devises consécutivespour lui tout seul. La conséquence pratique de moninterprétation est que la devise « Fleur des Fleurs » revient à Jean XXIII, ce qui fait de Paul VI le« Pape de la Lune » (De Mediate Lunae), alors quepour les commentateurs folkloriques Pie XII n'adroit qu'à une seule devise, Jean XXIII étant « Pas-tor et Nauta » et Paul VI « Fleur des Fleurs » ; l'in-terprétation folklorique reporte donc sur le règnedu successeur de Paul VI l'intrusion de la Lunedans l'actualité humaine.

Le hasard suffit, assurément, à justifier unecoïncidence entre une devise prophétisée en 1595et le fait que la Lune soit atteinte sous le règne dePaul VI, « mon » Pape de la Lune. Mais les coïn-cidences sont ici au nombre de trois; et successives,ce qui aggrave leur cas :

a) Jean XXIII était apparemment en bonnesanté, en 1962, et rien ne laissait prévoirque son règne évoquerait aussi bien parsa brièveté que par ses accomplissements,la rose, « fleur des fleurs » ; b) c'est bien sous le règne de Paul VI quel'homme conquiert la Lune;c) mon interprétation proposait (dès 1962)la devise de « Pape du Soleil » (De Labore

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Solis) au successeur de Paul VI; or, en1969 il apparaît effectivement probableque la fusion « domestiquée » de l'atomed'hydrogène, c'est-à-dire la reproductionsur Terre du processus dont le Soleil tireson énergie, ne sera pas réalisée avant plu-sieurs années.

Pur hasard suffit-il à expliquer que les devisesde la Prophétie de Malachie (imprimée en 1595)présentent ces trois coïncidences avec les événe-ments? Pur hasard suffit-il à expliquer, de sur-croît, que l'homme ait été amené à atteindre laLune avant de parvenir à reproduire « le labeur duSoleil », c'est-à-dire à voir sa science progresserdans l'ordre proposé au XVIe siècle (la Luned'abord, le Soleil ensuite), et non dans l'ordre envi-sagé en 1945 par les chercheurs britanniques, dontle « projet ZETA » visait à obtenir une énergie« solaire » avant la conquête de la Lune?

Si pur hasard suffit à tout cela, il n'est pasencore au bout de ses peines: il lui reste à justifierle fait que les événements confirment en 1969 l'in-terprétation que je proposais en 1962. Soyons rai-sonnables, n'en demandons pas trop au purhasard... non seulement l'ordre des réalisations ci-dessus, mais encore leur date, à un pontificat près, se trouve dans la prophétie ayant date certainedepuis 1595.

Le dernier des papes, dans l'interprétation qu'unjésuite, le R.P. Thibault, proposait en 1951 à laProphétie de Malachie, doit régner en 2012,comme je le rappelais dans le chapitre VI, où jeproposais une date un peu différente — si peu

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différente que je n'avais pas jugé utile d'exposersur quelles données je me fondais. On me l'a repro-ché. Etant donné que, pas plus sur ce point quesur aucun autre, je ne propose de « révélations » puisées à quelque « source mystérieuse », voicicomment cela se calcule. Nous sommes entre carté-siens.

La Prophétie de Malachie comporte 112 devises,dont la première est attribuée à Célestin II, quifut pape de 1143 à 1144, et la dernière au papesous le règne duquel « Rome sera détruite ». Laplupart des 112 devises sont aussi fastidieusementpasse-partout que les règnes auxquels elles s'appli-quent apparaissent noyés dans la grisaille del'Histoire. Mais la 73e devise, celle de Sixte Quint,Axis in Mediate Signi, a un sens limpide : « Axeau milieu du présage. » Sixte Quint ayant régnéde 1585 à 1590, et le premier pape du « présage » de 1143 à 1144, un calcul élémentaire donne 2027et 2036 pour début et fin du dernier pontificat.J'ignore quels correctifs le R.P. Thibault a apportésà ce calcul élémentaire pour proposer sa « datecorrigée », 2012; sa date apparaît d'ailleurs plusplausible que la mienne, puisque (dans mon inter-prétation) deux devises seulement séparent Paul VIdu dernier des papes.

J'ignore bien des choses, mais je sais qu'il estimpossible à un esprit cartésien de mettre sur lecompte du pur hasard le festival de coïncidencesque voici:

1) une prophétie prétendant remonter auXIIe siècle, dont personne n'a auparavantentendu parler, dans laquelle « l'axe d'ar-

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ticulation » se situe entre 1585 et 1590, estpubliée en 1595;2) ce texte de 1595 propose, pour ledeuxième tiers du XXe siècle, un « Pape dela Rose » dont le règne dure effectivementce que durent les roses, et reste marquépar un Concile dont les schémas sont tirésde « la Rose du Zohar » ; 3) au Pape de la Rose, le texte du XVIe siè-cle propose comme successeur un Pape dela Lune, sous le règne duquel l'hommeatteint effectivement la Lune;4) le successeur de l'actuel Paul VI aurapour devise, dans le texte de 1595, le « fonc-tionnement du Soleil », ce qui, en atten-dant confirmation, apparaît déjà confor-me aux prévisions de la science positive;5) il suffit à un commentateur comme moid'appliquer la méthode du doute cartésien,en rejetant le folklore et les dogmes, pourlire la Prophétie de Malachie comme jelirais un rapport de recherche prévision-nelle à longue échéance, et de formulerainsi en 1962, à partir d'un texte de 1595,des prévisions confirmées en 1969;6) le texte de 1595 comporte un « dispositifde correction éventuelle », avec les devises106 et 107 formulées d'une façon qui lais-sait à Pie XII (cf. chapitre VI) le choixentre n'en prendre qu'une ou s'attribuerles deux.

L'esprit cartésien, qu'aucun Dogme n'encombre,n'en demande pas plus pour poser que la Prophé-

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tie de Malachie n'est pas du simple folklore, qu'elleconstitue une énigme méritant attention. L'espritdogmatique ne peut, bien évidemment, rienadmettre de tel sans voir s'effondrer son Dogme.Lorsque les dogmatiques sont acculés, lorsqu'ilssont contraints de reconnaître que pur hasard nesuffit plus à « sauver les phénomènes » sur les-quels repose leur Dogme, ils font généralementintervenir la notion dite de l'« intuition géniale ».

Suis-je un intuitif génial? Ai-je par pure intui-tion géniale proposé en 1962 une interprétationconfirmée en 1969? J'aimerais. Malheureusement,c'est sur le point où j 'ai laissé l'intuition prendrele pas sur la raison cartésienne que j 'ai commisune erreur.

Cette erreur se trouve au chapitre VI, où j'af-firme bravement que les noms sous lesquels régne-ront les derniers papes sont prévisibles. Je pensaisqu'ils suivraient l'exemple de Jean XXIII et repren-draient, comme lui, un nom d'« anti-pape », afind'« effacer ces ombres»; en 1962, il restait troispapes à élire avant le dernier, et trois anti-papesà « effacer » : Victor IV, Pascal III et Félix V. Enprenant le nom de Paul, Paul VI m'a infligé undémenti... et ce démenti me contraint à refuser laflatteuse intuition géniale que vous me prêtiez,si vous refusiez à ma démarche le cartésianismestrict dont je me réclame.

Je me suis interdit, pour cette réédition,d'« arranger » le texte de 1962; l'erreur surles papes est restée, de même que les er-reurs qui déparent la deuxième partie, demême qu'une erreur fondamentale.

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2. Obscurantisme et esprit cartésien

J'ai commis, dans les Cahiers de cours de Moïse, la grave erreur de ne pas préciser la différenceentre les obscurantins-dogmatiques et les espritscartésiens. La présente réédition me permet enfinde pallier ma bévue:

Tout problème comportant davantage d'inconnues que de données est « indéter-miné » : il y a obscurantisme chaque fois qu'un Dogme donne une valeur arbitraire à l'une des inconnues, et prétend résoudre ainsi le problème posé.

L'obscurantisme dogmatique ne demande qu'àse déchaîner, chaque fois que le problème des« connaissances énigmatiques de l'Antiquité » estposé de la façon usuelle: une donnée unique (lesconnaissances en question, qui sont un fait), etdeux inconnues (ces connaissances ont été acqui-ses soit par un « enseignement venu du ciel », soit par un autodidactisme génial). Quiconque accepte(même inconsciemment) un Dogme opte pourl'une des inconnues — et la peste soit du raison-nement cartésien.

Si vous n'aviez pas besoin de moi pour prendreconscience de cela, rengorgez-vous: vous possédezun esprit critique très au-dessus de la moyenne.Un vulgarisateur renommé, aussi écouté chez lesparascientifiques que la revue « Planète » l'est chezcertains illuminés, a bloqué un débat radiodiffusésur mon hypothèse: peu lui importent les donnéeset le raisonnement que je propose, il refuse toute

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idée de cosmonautes venus civiliser nos lointainsancêtres.

Sur quoi fonde-t-il sa belle certitude? Sur unDogme, bien sûr: sur le Dogme que l'homme a tout inventé lui-même, à commencer par les dieuxauxquels les Premières Civilisations prêtaient larévélation des connaissances que tout esprit car-tésien tient pour surprenantes chez des hommes dunéolithique. Ce vulgarisateur renommé est un dog-matique, ni plus ni moins que les doux illuminésqui, forts d'une certitude tout aussi belle, expli-quent par une intervention d'extra-terrestres tou-tes les énigmes que notre vulgarisateur est incapa-ble d'élucider.

Le vulgarisateur renommé et les doux illuminéstournent en rond, dans leur cercle vicieux faitd'une donnée unique et de deux variables.

En 1969, il m'apparaît évident que j'aurais dûpréciser ce qui, pour le grand naïf que j'étais en1962, paraissait aller de soi:

1) Je n'ai jamais dit que des Célestes,faits comme vous et moi, ont tenté de civi-liser nos lointains ancêtres;2) j'ai toujours dit que le texte bibli-que, pris au pied de la lettre, relate celaet rien d'autre.

Le seul problème, cela posé, est de savoir si laGenèse est un tissu de légendes ou un récit histo-rique. Et le problème ainsi formulé comporte suffi-samment de données certaines pour que lui cher-cher une solution soit rationnel:

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1) Le texte biblique a date certaine depuis— 283, où les grands-prêtres du judaïsme,qui l'affirmaient déjà plus que millénaire,l'ont donné à traduire aux « Septante » ; 2) ce texte plusieurs fois millénaire, prisau pied de la lettre, relate le séjour surTerre de cosmonautes devenus « dieux » ou « anges » dans la mémoire des hom-mes primitifs;3) les Célestes du récit biblique ont uncomportement que le XIXe siècle tenaitpour absurde, mais qui apparaît cohérentpour notre science positive parvenue auseuil de la cosmonautique;4) les communautés qui, à l'aube destemps historiques, apparaissent pourvuesde connaissances surprenantes pour l'épo-que, ont toutes un Mythe faisant état de« venus-du-ciel » ; 5) les communautés qui apparaissent dé-pourvues de ces connaissances ont desmythes dépourvus de Célestes rationnelset rationalistes.

Mon hypothèse est que la Genèse constitue unrécit historique. Une part des conclusions aux-quelles je parvenais, dans la deuxième partie desCahiers de Moïse, m'apparaît — sept ans après — naïvement fausse. Cela prouve que je peux metromper? Je le savais, l'occasion m'est donnée devous le rappeler. Le texte de la Genèse demeure,que dans mes essais suivants je m'efforce d'inter-préter mieux, en lisant la Bible comme Schliemannlisait Homère.

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3. Schliemann

Il y a cent ans, tous les hellénistes faisant auto-rité professaient que l'Iliade et l'Odyssée étaientun poétique tissu de légendes. C'est alors que l'au-todidacte Schliemann émit l'idée saugrenue quecela pouvait être, de surcroît, un récit historique-ment fondé. Schliemann se fit, évidemment, traiterd'ignare illuminé. Mais lorsqu'il découvrit lesruines de Troie, le Dogme universitaire s'effondra.Les plus acharnés adversaires de Schliemann s'in-génièrent alors à montrer qu'ils ne l'avaient com-battu qu'afin de mieux le stimuler, et qu'ils avaienttoujours été de son avis — en leur for intérieur.En 1962, cinquante ans après la mort de Schlie-mann, le tour était joué et seuls les spécialistesse souvenaient de cet emmerdeur qui avait eu l'au-dace d'avoir raison tout seul contre un Dogme.

Il va sans dire, mais mieux en le disant, que lirele texte biblique « à la Schliemann » revient à mettre Dieu de côté, comme Schliemann mettaitde côté les convictions religieuses des Grecs etdes Troyens.

4. Lilith

Les Cahiers de cours de Moïse s'achèvent sur(je me cite, sans pudeur) « une hypothèse qu'ilm'est à moi-même difficile de ne pas tenir pourdélirante », l'hypothèse d'un satellite artificiel quise serait écrasé en juin 1908 sur la Sibérie, danslequel' je proposais de reconnaître la « Lilith » dela Tradition.

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Dans Les dieux nous sont nés (1966), j'avais faitamende honorable: la Lilith dont je faisais état, jela proposais définie à la fois par les observationsde Riccioli et de Cassini (XVIP et XVIIP siècles) etpar des observations du XIXe siècle sur lesquellesse fondent les éphémérides publiés par Foulsham& Co. de Londres. Je ne suis pas astronome, uneincompatibilité m'avait échappé entre ces deuxséries d'observations: les éphémérides de Foul-sham & Co. sont du domaine de l'astronomie théo-rique (d'ailleurs très sujette à caution), alors quela Lilith de Riccioli, observée également par Cas-sini (premier directeur de l'Observatoire de Paris),se trouvait sur une orbite basse, entre Terre etLune, comme la station spatiale de l'actuel projetsoviétique.

J'ai certainement eu tort de situer l'« arc dansla nue » sur l'hypothétique Lilith — et ce n'est cer-tainement pas là l'unique erreur des Cahiers decours de Moïse. Mais, en 1969, je reviens sur monamende honorable de 1966, pour un ensemble deraisons dont voici les principales :

a) En 1966, j'aurais été mal placé pour,dans le même souffle, reconnaître qu'en1962 j'avais raisonné comme une savateet proposer au lecteur de me suivre dansun nouveau raisonnement destiné à diffé-rencier « ma » Lilith des délires de cettescience-fictive qui raisonne sur des don-nées de science-fiction;b) en 1967, dans Planètes et Satellites (Larousse), Evry Schatzman, professeur à la Faculté des Sciences de Paris, me libère

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de mes inhibitions en détruisant sansrecours toute hypothèse d'un de ces astro-nefs à propulsion nucléaire s'écrasant en1908 sur la Sibérie, avec lesquels je crai-gnais tellement de voir confondue « ma » Lilith que je préférais y renoncer totale-ment;c) en 1969, deux au moins des constatationsde la mission envoyée en 1958 en Sibériepar la Société d'Astronomie et Géodésied'U.R.S.S. restent sans explication: à l'épi-centre sibérien, les arbres ont été couchésavec les têtes vers le centre, comme par uneimplosion; les raies concentriques desarbres ayant survécu près de l'épicentremontrent des raies concentriques dénotantune « jeunesse nouvelle » à partir de 1908.

Cela posé, SI « ma » Lilith était une plate-forme-escale artificielle, mise en orbite il y a une ving-taine de millénaires par des « Célestes » colonisantla Terre, sa chute en 1908 aurait assurément pro-duit une implosion disséminant les matières vola-tiles solidifiées dont fait état Evry Schatzman,matières parmi lesquelles la logique du textebiblique veut que se soient trouvés les « réjuvéna-teurs biochimiques » dont, dans les premiers cha-pitres de la Genèse lue « à la Schliemann », lesCélestes de mon hypothèse semblent bien s'êtreservis pour ramener à la vie la flore et la fauneterrestres victimes de la glaciation Wurm-III (vers— 21500).

Ce que je propose là est suffisamment « énorme » pour exiger les précisions les plus explicites. Je ne

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dis pas que « ma » Lilith était un satellite artificiellaissé en orbite basse par des Célestes dont l'exis-tence reste entièrement à démontrer: je ne saispas ce qu'était Lilith, ni même si elle a vraimentexisté, et encore moins si elle était un satellite dequoi que ce soit. Ce que je dis est beaucoup plussimple:

a) pour les raisons que j'expose (cf. LaLune clé de la Bible et Nous autres gens du Moyen Age), SI « mes » Célestes ontréellement existé, la preuve de leur séjoursur Terre sera trouvée (avant 1970 dansl'état actuel des projets de la NASA) dansun cratère lunaire aménagé par eux:b) l'absurdité que j'avais introduite dansmon hypothèse était fondée sur des don-nées du XIXe siècle, qui m'avaient incitéà vouloir trop prouver;c) pour l'édition de 1962 des Cahiers decours de Moïse, j'avais trouvé, dans la Tra-dition et dans des observations de grandsastonomes du XVIIe et du XVIIIe siècles, desdonnées m'incitant à conclure à l'existenced'une « Lilith » qui se serait comportéecomme le satellite artificiel que les Sovié-tiques ont l'intention de mettre sur orbitedans un avenir désormais très proche — etqui en 1962 était davantage du domainede la science-fiction que de celui de lascience positive.

Parmi les ouvrages parus depuis 1962, et dont lalecture permet au lecteur cartésien d'évaluer le

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degré de probabilité de mon hypothèse, je tiensà citer, outre Planètes et Satellites (Larousse), Nous ne sommes pas seuls dans l'univers, d'E. Sullivan(Laffont).

PRÉFACE

Cela, que nous nommons « une rose »,peut bien changer de nomsans perdre son parfum.

Shakespeare.

Les verbes latins religare, qui signifie « relier »,et relegere, « rassembler », avaient donné nais-sance au mot occidental religion.

Rose perdue parmi les épines des Cultes et Confessions contradictoires, Religion s'est, au long des siècles, effritée au point de devenir synonyme de Croyance.

Mais le besoin de religare les choses entre elles n'a pas pour autant disparu: l'homme est un ani-mal religant, qui s'abandonne au désespoir quand le monde lui apparaît incohérent. Le palliatif des croyances est une morphine dont l'effet ne dure guère.

Nous sommes maintenant entrés dans l'Age d'Or.

Y croire ou n'y croire pas ne change rien à l'af-faire — ce n'est pas une question de croyance, mais de religion.

L'Age d'Or cherche donc, et finira par trouver,

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quelque vocable pour remplacer Religion dans son sens plein.

Quelque chose comme Cohérence, sans doute. Il nous reste un petit siècle pour dégager cette

Cohérence de ses épines. En attendant, on peut déjà essayer de l'apercevoir.

Note pour l'édition 1970: Un siècle? J'étais optimiste, en1962; en 1970, je me demande s'il nous reste trois ans.

PREMIER CAHIER

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Socrate: Voilà, mon cher Criton,ce que moi je crois entendre,comme les Initiésau Mystère des Corybantescroient entendre des flûtes.

Platon.

Nous allons entrer dans un domaine redoutable,où la folie douce est endémique et où, sous le mas-que du sérieux hypocrite, l'escroquerie prospère.Il faudra nous méfier des faussaires qui organi-sent, dans l'Esotérisme à Majuscules, des tournéesCook dont le guide, ayant fait entendre à ses clientsdes flûtes, leur affirme que les voilà initiés auMystère des Corybantes — comme il certifie autouriste qu'après avoir entendu l'accordéon du Baldes Anglais, on n'ignore plus rien des Mystèresde Paris.

Il faudra nous méfier tout autant des prophètes,redoutable engeance dont le sérieux n'est pas unmasque mais l'état naturel.

Ni prophète ni faux-monnayeur, je m'efforce dene croire à rien. Je propose un certain nombred'hypothèses, dont certaines restent à vérifier.

Je n'oublie surtout jamais que, contre la foliedouce propagée tant par les faussaires que par

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les crédules, le rire est le seul antidote efficace.Moi, c'est la voix de Moïse que j 'ai entendue;

Moïse me donnait ainsi accès à ses cahiers decours, du temps où il était initié à divers Mystères,chez les prêtres de Pharaon.

Si c'est de la folie douce, inutile d'épiloguer surl'antidote; autant en venir tout de suite à une his-toire assez cocasse si on l'examine sans préjugés— celle de Képler.

La théorie de Képler fut, pour son époque, unerévolution aussi prodigieuse que la Relativitéd'Einstein pour la nôtre. Son système, base detoute l'astronomie moderne, Képler l'avait établisur des calculs dans lesquels les historiens dessciences ont découvert deux erreurs, énormes maiscomplémentaires. Seul le résultat final était exact.

Pur hasard, ces deux erreurs qui s'annulent simiraculeusement l'une l'autre? C'est ce qu'affir-ment, sérieux comme tous les crédules, les gens quicroient au Positivisme et tirent de leur croyancela certitude d'être « raisonnables ».

Il est bien sûr possible que Képler ait négligé derefaire, pas à pas, chacun des calculs sur lesquelsil bâtissait son Système; c'est quand même peuvraisemblable.

Képler avait-il, comme un mauvais élève, copiéle résultat final exact dans un Formulaire d'Initia-tion venu de la Nuit des Temps, puis rempli le restede sa copie avec des calculs rectifiés à coups depouce, en comptant que personne n'irait jamaisvérifier?

C'est très peu vraisemblable, mais il ne manquepas de crédules de l'Esotérisme qu'une telle hypo-thèse ne choquerait nullement.

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Si on refuse toute croyance, il reste pourtantdeux faits certains, dont la juxtaposition estétrange:

a) les deux erreurs de calcul de Képler sonténormes et flagrantes ; b) Képler a pris soin de conserver précieu-sement les feuillets noircis de calculs quenormalement on jette à la corbeille.

Peut-on alors admettre l'hypothèse d'un Képlerintroduisant volontairement ces deux « erreurs »,afin de donner aux Initiés des siècles à venir lapreuve qu'il n'avait pas découvert son Système parle calcul, et qu'il était simple porte-parole d'InitiésInvisibles?

Que voilà donc une hypothèse tentante pour unfaussaire...

Pour ma part, je ne possède pas le Formulaired'Initiation en question. Je n'ai même aucunepreuve concrète de l'existence d'un tel formulaire...ni même de la réalité d'une quelconque Initiation.

Je sais seulement que ce procédé des erreursvolontaires n'est pas une vue de l'esprit, un jeupour amateurs de mystères infantiles. Les trots-kistes condamnés au cours des purges staliniennesont truffé leurs « aveux spontanés » de « préci-sions » aussi grossièrement erronées, et se complé-tant l'une l'autre, à l'usage de la postérité qui,refaisant l'instruction des procès de Moscou, nepourrait manquer de tiquer sur ces « anomaliesképleriennes ».

Cette curieuse histoire des erreurs de Képler, jela mets donc en réserve. Si j'en rencontre d'autres

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qui, ajoutées à celle-ci, peuvent constituer unensemble de présomptions, j'aventurerai unehypothèse.

De toute façon, je n'écris pas pour les naïfsamateurs d'horoscopes mais pour des gens capa-bles de raisonner et à l'occasion de philosophertout seuls sur les faits que, à leur intention, j 'aiassemblés, classés et juxtaposés.

Note pour l'édition de 1970: Un trotskiste avouait, par exem-ple, avoir rencontré un agent de l'impérialisme à Stockholm,dans un hôtel qui existe mais à Oslo, après être allé en Suèdesur un bateau qui ne fut mis en service que deux ans plus tard.

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L'esprit nobletient pour négligeablece qu'il ignore.

Confucius.

Dans le Catalogue des Idées Reçues, la préces-sion des équinoxes a aussi mauvaise réputationque le Zodiaque: celui-ci à cause des faiseurs d'ho-roscopes qui le commercialisent, celle-là par lafaute des astronomes trop savants pour parler dupoint vernal sans mettre en branle une mécaniquequi affole le profane par son ésotérisme.

Le résultat est que, pour se consoler d'ignorerpratiquement tout ce qui se passe dans le ciel, lamajorité des contemporains des vaisseaux cosmi-ques peuple les cieux de plus d'idées fausses queles superstitions n'y ont jamais logé de dieux.

Et, pourtant, si l'on admet que l'honnête hommecherche moins à « tout savoir sur tout » qu'àréduire au minimum le nombre de ses idées faus-ses, tout cela n'a rien de sorcier.

Même sans avoir lu Eddington, tout le mondesait, au XXe siècle, que la table sur laquelle celivre est posé est faite de beaucoup de vide et de

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quelques milliards de protons, neutrons et autresélectrons, « solides » et tournoyants, qui rassem-blés occuperaient moins de place qu'une pointed'épingle.

Mais si on veut comprendre ce qui fait la beautéet le style d'un meuble, il faut bien oublier cela etparler comme un honnête homme de ce MoyenAge où le bois passait pour « du solide ».

Képler parvint à donner du système solaire uneexplication cohérente grâce à un artifice: il s'ima-gina astronome placé sur Mars.

Pour comprendre le Cosmos tel qu'il peut appa-raître à un astronome placé en ce Centre des Cen-tres de l'Univers que certains appellent Point Oméga, je vous propose un artifice similaire: enoubliant jusqu'à l'existence des équations que nousne savons pas résoudre, faisons comme si ce quenous voyons dans le ciel était réel.

Les planètes du système solaire, pour le Terrien,se distinguent au premier coup d'œil des étoiles encela que :

a) au lieu d'être « fixes » elles bougent;b) au lieu d'être « innombrables », ellesne sont que 9.

A ces deux différences immédiatement percep-tibles, le plus rudimentaire des télescopes permetd'en ajouter une troisième:

les planètes se déplacent tantôt de gaucheà droite et tantôt de droite à gauche; tan-tôt elles montent et tantôt elles descen-dent, par rapport à l'horizon. Mais jamais

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elles ne sortent d'une bande de ciel assezétroite.

Il ne manque pas d'ouvrages de vulgarisationqui expliquent le mécanisme du phénomène, l'undes plus simples à comprendre de la mécaniquecéleste. Mais à l'honnête homme qui n'entend pointfaire étalage de sa science, il suffit de savoir qu'ilen est ainsi.

Cette « bande de ciel assez étroite », les poètesgrecs l'appelaient Ceinture d'Eurydice. Au XXe siè-cle, elle évoque plutôt un écran du type cinérama,dont une moitié est visible pour nous et l'autrepour nos antipodes. Une tradition venue de la nuitdes temps la baptise Zodiaque et la partage en12 « signes » de 30° d'angle, dont chacun porte lenom de la constellation qui « y a sa maison ».

(Le ciel est plein de constellations; il est bon dese rappeler que la seule différence entre les douze« zodiacales » et les autres est que les autres setrouvent en dehors de l'étroite bande de ciel enquestion.)

Si l'on passe une nuit entière à regarder le ciel,à l'aube on verra le Soleil apparaître en un pointde l'horizon où, l'instant d'avant, brillaient desétoiles. Mettons, pour fixer les idées, que ce soient« les premières du Bélier ».

A l'aube suivante, le Soleil ne se lèvera pas aumême point de l'horizon: il se sera rapproché du« signe » suivant. Et à raison d'environ un degréd'angle par jour, au bout d'un mois il aura« changé de signe » ; dans notre exemple, il sera« entré dans le Taureau ».

Au bout d'un an, le Soleil aura fait le tour com-

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plet du Zodiaque — c'est-à-dire qu'il sera revenu« dans le Bélier ».

Tel un honnête homme du Moyen Age, l'hon-nête homme du XXe siècle sera alors tenté d'enconclure que « sur le fond immobile des étoiles, leSoleil fait le tour de la Terre, en un an ».

Et c'est ainsi qu'on arrive à un de ces seuils entrel'observation personnelle et la connaissance scien-tifique sur lesquels butent tant de philosophescontemporains: pour passer son certificat d'études,chacun de nous a été contraint d'affirmer que c'estla Terre qui tourne autour du Soleil... et pourtantc'est le Soleil qui tourne !

Devant ce déchirement galiléen, la seule solu-tion est d'aller consulter M. Astronome.

— C'est fort simple, nous dit M. Astronome,je vais vous faire un croquis. Un croquis aussiapproximatif que votre science, mais dépourvud'idées fausses.

Quand la Terre est au point « 1 » de son orbite,l'astronome terrien voit le Soleil se lever « dansles Poissons ».

Un mois plus tard, la Terre sera au point « 2 » ; l'astronome verra alors le Soleil se lever « dans leBélier ».

Au bout d'un an, ayant fait un tour complet, laTerre sera revenue au point « 1 », après avoirpassé un mois « dans chacun des signes du Zodia-que ».

Un détail en passant: l'orbite de la Terre estelliptique. Mais elle l'est si peu qu'on s'éloignemoins de la réalité en la représentant par un cer-cle que par une ellipse aplatie pour la photogénie.

La plupart des dictionnaires usuels donnent une

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carte du ciel. Quand sur une de ces cartes ona remarqué que, contrairement aux signes pardéfinition égaux entre eux, les constellations

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dont ces signes portent les noms ont des longueurstrès différentes, d'une part; et d'autre partquand on a compris par quel mécanisme leSoleil apparaît « dans les signes du Zodiaque »,on en sait sur ce sujet pratiquement autant queKépler.

Nous pouvons donc en venir au point vernal.Deux fois l'an, le jour et la nuit sont d'égale

durée sur toute la Terre. Pour les latinistes, ce sontévidemment là les deux équinoxes.

Et pour les scientifiques?— L'équinoxe du printemps, dit M. Astronome,

a lieu le jour où le Soleil passe par le point vernalqui est, dans la complexité des mouvements céles-tes, le point de repère de toute notre Science. Ondétermine donc, à 0,1 poussière-de-seconde près lepassage du Soleil au point vernal — en tendantvers 0,01 poussière-de-seconde.

— Ah, oui... Et à quoi correspond-il, ce pointvernal?

— C'est le point d'intersection du plan del'équateur céleste et de l'écliptique origine desascensions droites. Il...

— Merci, merci, monsieur Astronome! J'ai dûmal poser ma question. Je voulais savoir à quoitout cela sert, dans la pratique.

— Cela sert, par divers correctifs telles les annéesbissextiles, à maintenir entre le 20 et le 21 marsla naissance du printemps, puisque vernal vientde ver, qui signifie « printemps », en latin.

— L'y « maintenir »? Parce qu'il bouge?— Il ne « bouge » pas, monsieur! Il subit un

déplacement apparent.— Excusez-moi, mais je vous suis mal...

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— C'est un processus complexe. Les divers typesd'années...

— Parce qu'il y a plusieurs « types d'années »?— Evidemment! En plus de l'année tropique

(365 j 5 h 48 mn 49, 6 s), de l'année sidérale-solaire(365 j 6 h 9 mn 9, 6 s), de l'année anomalistique(365 j 6 h 13 mn 56, 8 s) et de l'année lunaire, il y a notamment l'année civile et...

En fait, ce « processus complexe du déplacement(apparent) du point vernal », qui constitue juste-ment le phénomène dit de la « précession des équi-noxes », peut se ramener à une constatation toutesimple: il suffit de renoncer à raisonner plus hautqu'on n'a le sçavoir:

le Soleil reparaît au point vernal tous les365 j 5 h 48 mn 49,6 s, alors que la Terremet un epsilon de plus à « faire le tourdu Zodiaque.»

Le délicieux vertige que procure un gouffre dontle garde-fou est solide, nous pouvons le savoureren jetant un rapide coup d'oeil sur les données etphénomènes que notre modestie nous a évité d'ex-plorer: le plan de l'écliptique n'est absolumentpas plan, et celui de l'équateur non plus, d'ailleurs;l'année anomalistique est ainsi nommée parce quedans son établissement interviennent (entre autresfacteurs) l'anomalie vraie, l'anomalie excentrique etl'anomalie moyenne de l'orbite terrestre; les étoilesfixes par rapport auxquelles on calcule l'annéesidérale-solaire ne sont pas le moins du mondefixes; les nutations brodent des festons sur un cercleimaginaire, qui d'ailleurs n'est pas un cercle...

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L'honnête homme a décidément raison de secontenter de retenir que, d'année en année, lepoint vernal prend un epsilon de retard sur l'an-née zodiacale.

Il faut pourtant qu'il sache aussi que, pour unastronome moderne, l'année zodiacale est unenotion aussi périmée que le mètre-étalon en pla-tine pour un physicien. Mais tant que l'honnêtehomme fera des encoches dans les chambranlesen mesurant son fils avec un mètre en métal etnon avec un appareillage électronique, il pourrasans inconvénient recourir à l'année zodiacalepour mesurer les années: elle est tellement com-mode, avec sa division en 12 signes et 36°, quele Zodiaque a servi de modèle aux cadrans de noshorloges, qui divisent le jour en 12 heures de3 600 secondes.

365 jours 5 h 48 mn 49, 6 s divisés en 360°...attention aux idées fausses. L'epsilon de retardque le point vernal prend sur l'année zodiacaleest tout juste de l'ordre de 0,0138°, et la sciencemoderne n'a pas encore su déterminer avec préci-sion la valeur du déplacement du point vernal; onsait seulement qu'il lui faut « un peu moins de260 siècles » pour faire un tour du Zodiaque.

Mais ce retard, pour infime qu'il soit, existe.L'ignorer reviendrait à partager les idées fausses

des faiseurs d'horoscopes, qui situent toujoursleur « signe du Bélier » entre le 21 mars et le20 avril, alors que le 21 mars 1962 le Soleil s'estlevé dans le « signe » du Verseau, devant la cons-tellation des Poissons.

Que s'est-il donc passé, pour nos faiseurs d'ho-roscopes?

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Il s'est simplement passé des siècles, depuis lemillénaire lointain où ont été posées les donnéesde leur astrologie. Le point vernal a eu le temps,en accumulant les retards, de remonter deux pleinssignes du Zodiaque. De les remonter à l'envers dusens dans lequel les parcourt le Soleil, permettez-moi de vous le rappeler, puisqu'il retarde.

Cela peut paraître compliqué, mais c'est trèssimple:

si une horloge retarde, la petite aiguillen'en parcourt pas moins les douze « si-gnes » du cadran dans le sens normal...mais en même temps elle les « remonte à l'envers », puisqu'elle finira par indiquermidi alors qu'il sera en réalité quatorzeheures, si on n'a pas su la remettre à « l'heure de l'Observatoire ».

C'est exactement ce qui s'est passé pour leshoroscopeurs, dont les « signes » ont actuellementdeux crans de retard.

Comment ont-ils pu en arriver là? Beaucoupd'entre eux ne savent même pas que ce décalageexiste. Les moins ignares baptisent cela « conven-tion » et passent outre, faute de savoir faire lescorrections nécessaires, qui exigeraient une sciencesolide.

Il est de fait que, dans la vie courante, le déca-lage entre l'heure légale en France et l'heure ausoleil ne gêne personne. Mais l'astrologue qui, nesachant pas faire les corrections nécessaires, prendl'heure de sa montre-bracelet pour faire en pleinemer le point aux étoiles, risque d'arriver à la con-

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clusion qu'il navigue sous les tours de Notre-Dame.Laissons donc les faiseurs d'horoscopes à leurs

hochets et revenons-en au Cycle complet du pointvernal, qui dure « un peu moins de 260 siècles ».25 765 ans environ et sous réserves, dit Quillet; unGrand Jour de 12 904 ans et une Grande Nuit demême durée, soit 25 808 ans, disaient les pythago-riciens chez lesquels s'était instruit Platon: 25 920ans, disent les alchimistes férus de Kabale.

155 ans d'écart entre les chiffres extrêmes, celareprésente à peine 0,6 % de la durée d'un Cycle.Malgré mon peu de goût pour la robe longue et lechapeau pointu, c'est le chiffre des alchimistes queje préfère, pour de simples raisons de commoditéde calcul : 25 920 ans sont divisibles à la fois par360 (72 ans par degré d'angle remonté par le pointvernal, au lieu des 71,569... ans qu'on obtient enprenant le chiffre de Quillet et des 71,689... ans dePlaton), et évidemment aussi par 12 (2 160 ans parEre zodiacale, au lieu des 2 147,083... ans de Quil-let).

Savoir que nos chiffres sont approximatifs a d'ailleurs une vertu majeure: l'incertitude estgénératrice de modestie et interdit de pontifier.

A quelques décennies près, le Soleil d'équi-noxe se levait donc dans le Signe du Taureau entre— 453° et — 237°; Pharaon avait droit, depuisl'an — 4235 très précisément, An Un de son calen-drier, au titre de Fils de Rê (Rê étant le soleil, enégyptien), cependant que le bœuf Apis étaitvénéré comme « incarnation de Rê sur la Terre ».

L'idée de religare la divinité au point vernal neprouve évidemment rien, sinon que les construc-teurs de la Grande Pyramide semblent avoir donné

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à la science le pas sur la dévotion. C'est tout demême curieux. Et cela bouleverse un certain nom-bre d'idées reçues.

Mais la suite devient troublante.Vers — 2200, un siècle environ après l'entrée du

point vernal dans le Bélier, le prince de Thèbes futsuffisamment puissant pour « usurper » le titre deFils du Soleil. En — 2000, sa dynastie (la 12e) étaitsolidement établie sur l'Egypte; c'est l'époque, jus-tement, où Joseph « descendit en Egypte » (GenèseXXXIX, 1) et devint le bras droit de Pharaon (Gen.chap. XLI), lequel prit le nom de Amenemhet (quien égyptien signifie « Amon-est-en-avant ») etétablit une religio nouvelle, celle d'Amon.

Amon, comme chacun sait, avait une tête deBélier.

Seul à « incarner le Soleil sur la Terre » pendanttoute l'Ere du Taureau, Apis avait tenu son rôledivin jusqu'au passage du point vernal dans leBélier, et même un peu au-delà. L'Eglise d'Amon,elle, vit très rapidement se dresser contre elle leTemple de Chnoum, dieu qui « façonnait l'hommesur un tour de potier ».

Chnoum avait, bien sûr, lui aussi une tête deBélier, mais un schisme est toujours plein de périls,pour une Eglise.

Il semble que l'Eglise d'Amon sut s'en accom-moder, pourtant, puisque le chapitre XLIV de laGenèse nous raconte comment Jacob rejoignitJoseph, cependant que tout s'organisait pour lemieux dans le meilleur des mondes du Bélier. Auchapitre XLIX, Jacob meurt; puis c'est le tour deJoseph. La Bible précise qu'on embauma alorsJoseph (selon le rite égyptien, tout Hébreu qu'il

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fût, mais ce détail n'est pas souligné), et qu'on le« mit dans un cercueil en Egypte ».

Sur ces mots s'achève le Livre de la Genèse.Environ quatre siècles plus tard s'éleva sur

l'Egypte un nouveau pharaon « qui n'avait pasconnu Joseph » (Exode I, 8). Les historiens nousapprennent qu'à cette époque le culte d'Amon avaitdéjà tourné en superstitions, quinze siècles avantque le point vernal soit sorti du Bélier: les statuesd'Amon, après lui avoir donné un corps d'homme,en étaient à le représenter avec une tête humaine...la religio avec le point vernal était perdue.

Le schisme de Chnoum avait-il accompli sonœuvre destructrice? Je ne sais pas. Il est certainpourtant qu'il n'en profita pas, puisque c'est leculte d'Apis, incohérent en pleine Ere du Bélier,qui revenait à la mode. Mais un dieu à têtehumaine l'était tout autant: je ne voudrais passolliciter les textes, mais Moïse n'a jamais dit autrechose.

C'est d'ailleurs justement à cette époque qu'ilnaquit, ce Moïse appelé à entraîner un peuple, élupar son intermédiaire, vers la Terre Promise de laVraie Cohérence du Bélier.

En l'An Un de notre Ere, le Soleil d'équinoxeentrait dans les Poissons, dont le Christ fit sonsymbole.

Et maintenant il en est sorti, pour entrer dansle Verseau.

Note pour l'édition de 1970: La précession est expliquée, defaçon moins exacte mais plus claire, dans La Lune clé de laBible.

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Je ne voulais pas inférerde toutes ces chosesque le monde ait été crééen la façon que je proposais.

Descartes.

Aimer les omelettes ne confère pas le don depondre des œufs.

Ce n'est pas une évidence. C'est, au mieux, unpostulat.

Quand Dupont, qui aime les noms ronflants, sepond des ancêtres titrés, il refuse ce postulat. Lapucelle qui se pond des apparitions parce que l'es-prit tarde à lui venir le refuse aussi. Quand vouset moi nous nous racontons une belle histoire, lesoir, pour nous endormir, ce postulat nous le met-tons en sommeil.

Nous avons tous tellement besoin de mythes que,si on ne nous en donne pas de substantifiques, nousnous en bricolons des ersatz,

Entendons-nous.Si vous êtes vraiment, raisonnablement en quel-

que sorte et sincèrement, persuadé que feue Mariemère de Dieu est venue, quelques siècles après samort, vêtue d'une robe bien repassée, parler à la

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petite Bernadette de Lourdes, vous ne devriez pasêtre assis dans le fauteuil où vous me lisez. Vousseriez mieux à genoux sur le béton de quelquecellule.

Si vous êtes vraiment, raisonnablement en quel-que sorte et sincèrement, persuadé que Notre Pères'était dit, en se lissant la barbe « jolie montagne,ce Sinaï... je vais aller y dicter des Tables », je vousle dis en vérité, le béton est pur kapok pour vosgenoux pieux.

Vous vous dites peut-être, plus simplement, quesi le pape fait profession de croire au Sinaï et à Lourdes, il a à cela de bonnes raisons qui sont pourvous un Mystère du Dogme; vous ajoutez peut-être que, puisque des malades guérissent à Lour-des, le dieu auquel ce pape et Bernadette attri-buent la guérison miraculeuse est un vrai Dieu etson dogme un vrai Dogme. Peut-être refusez-vousLourdes, sans refuser le Sinaï, en vous fiant à d'au-tres saints collèges?

Si tel est votre cas, je vous congratule: vousavez trouvé, au rayon du prêt-à-porter, un dogmequi ne fait pas un pli sur votre esprit, lequel prouveainsi qu'il a la taille mannequin. Vous avez biende la chance.

Si par contre vous êtes vraiment, raisonnable-ment en quelque sorte et sincèrement, persuadéque le scientisme mécaniste et le positivisme ratio-naliste ont réponse à tout, plutôt que ce livre des-tiné aux sceptiques, vous devriez lire et relireMarcellin Berthelot qui, vers 1900, affirmait sansrire que la Matière n'avait plus de secrets pourles Savants.

Vous vous dites peut-être que si les éminents

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matérialistes contemporains tiemient toujours enhaute estime ce Berthelot qui était aussi philoso-phe que scientifique, ils ont à cela de bonnes rai-sons, qui sont pour vous un Mystère de la Science.Vous ajoutez peut-être que, l'apport de Berthelotà la Science ayant été incontestable, le dogme deséminents matérialistes est un vrai Dogme.

Là encore, je ne peux que vous congratulerd'avoir trouvé à vêtir votre esprit chez les bonsconfectionneurs. Mais :

a) si vous refusez tout article de foi (ma-térialiste, spiritualiste ou intermédiaire)autant que sa réfutation par un articled'anti-foi;b) si vous tenez toute affirmation sanspreuve pour aussi nulle qu'un article defoi ou d'anti-foi;c) si la compagnie des gens qui trai-tent systématiquement leurs adversairesd'abrutis ou d'obscurantistes vous énervecomme une discussion avec des sourds,

alors, et alors seulement, parlons-nous la mêmelangue.

Gide nous l'avait très opportunément rappelé, ilne faut jamais confondre recherche de la véritéavec besoin de certitudes. Mais c'est là un équi-libre précaire: la moindre affirmation a priori, leplus léger ricanement conformiste, et hop onretombe dans cette fâcheuse confusion.

La symbolique du Moyen Age appelait pour-suite de la fraise sauvage l'amour charnel, qui res-semble en cela à la vérité que « son goût exquis

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est si fugace qu'il ne laisse que mélancolie », pourciter Ghyka.

C'est à une poursuite de la fraise sauvage queje vous convie.

Une balance à la fois sensible et juste est unevue de l'esprit: les plateaux ne peuvent jamaiss'équilibrer que dans la mesure où la sensibilitédu fléau est inférieure aux asymétries, infimesmais inéluctables. On a pourtant trouvé à résou-dre cette contradiction, grâce à la double pesée.

Borda, le marin-mathématicien-physicien qui a attaché son nom à la double pesée, était assuré-ment un poursuiveur de fraise sauvage :

renonçant à l'impossible, Borda décida depréférer la sensibilité à un équilibrageobtenu au détriment de celle-ci. Et il in-venta de poser sur l'un des plateaux leproduit à peser, avec sur l'autre plateauune tare équilibrant à la fois le produit etles asymétries propres à la balance. Celafait, il suffit de retirer le produit à peseret de le remplacer par des poids étalon-nés. Le produit à peser et les poids éta-lonnés étant équilibrés par la même tare,on a obtenu le poids étalonné du produità peser.

Le même principe se retrouve en algèbre, où leprocédé mathématique joue le rôle de la tare, dontle poids est aussi abstrait que racine de — 1. Lesempiristes ont recours à un principe analoguepour reconnaître l'or à la pierre de touche.

Il n'est pas indispensable de pratiquer la double

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pesée ou l'algèbre pour aimer la fraise sauvage.Je vous propose de la poursuivre avec moi, dansle Bois de la Métaphysique Expérimentale.

Les mythomanes, brandisseurs de redoutablescertitudes, feraient facilement douter de l'existencedes Mythes rigoureux comme des équations queles mythologues proposent aux amateurs de l'in-saisissable vérité? Assurément. Mais le rire est lapierre de touche des Mythes. Pas un faux mythene résiste à l'impertinence joyeuse, dont le frot-tement rehausse au contraire l'éclat des véri-tables.

Même si nous n'y trouvons pas de fraise sau-vage, le Bois de la Métaphysique Expérimentalen'est pas la forêt de Bondy. On peut s'y prome-ner en compagnie sceptique et point revêche. Leseul impératif sera de toujours, en toutes choses,savoir raison garder.

*

Le phénomène de la Précession des Equinoxesn'a été découvert que par Hipparque,en l'an 128 avant notre ère.Il a fallu attendre le XVIIe sièclepour avoir une approximation sérieusesur la vitesse du phénomène.

Ce bel article de foi, ce dogme, on le trouve danstous les manuels et traités d'astronomie sérieux,dans toutes les encyclopédies.

Le point vernal apparaissait dans le Taureau, ily a une quarantaine de siècles. Cela, aucun astro-nome ne le niera. La plupart des astronomes se

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contenteront seulement de préciser que le fait n'aaucun intérêt scientifique.

Bien sûr, il n'était pas difficile pour les astro-nomes du pharaon de l'époque de constater quele Soleil d'équinoxe se levait « dans le Taureau »,ni pour ceux de la 18e dynastie de remarquer qu'ilétait « passé dans le Bélier ».

Ce que je reproche aux scolastiques est de négli-ger le fait pourtant remarquable que les prêtresde ces pharaons aient jugé utile de religare leurs« idolâtries obscurantistes » à cette observationscientifique: il y a là un article de foi positivistequi me gêne...

Le fait que Moïse ait « consacré » ses Hébreuxpar le « sacrifice permanent d'un bélier », à l'épo-que où Amon dépérissait en Egypte, quinze siè-cles avant son heure, n'intéresse pas davantagenos amateurs d'articles de foi et d'idées reçues.

La concordance de l'entrée de Josué en TerrePromise avec l'apparition du point vernal devantles premières étoiles de la constellation du Bélier?Pur hasard encore, disent-ils.

Pur hasard toujours si, le point vernal entrédans les Poissons, Jean-Baptiste et Jésus apparu-rent « au temps fixé depuis des siècles par Elie ».Pur hasard si Jésus se proclama pêcheur d'hom-mes, tout charpentier qu'il était. Pur hasard s'ilprit pour emblème mystique ces Poissons que l'onretrouve encore tant sur l'anneau du pape quesur la couverture du Manuel des Paroisses (Tardy,éd.).

Cela fait quand même un peu trop de coïnci-dences pour qu'elles tiennent toutes sur le dos dePur Hasard.

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A moins de faire de Pur Hasard un dieu au dosd'une largeur parfaite et infinie... ce qui seraitassurément commode pour « sauver les phénomè-nes ». Les positivistes rationalistes sont bourrés decroyances aussi nombreuses, et volontiers plusrigides, que les plus dévotes punaises de sacristie.

Sans être positiviste, vous avez encore des dou-tes?

Je ne peux pas vous donner tort. Je peux seule-ment vous offrir une coïncidence en prime: ce n'estpas d'être en or que Moïse reprochait au Veau:pas plus que le Dieu des chrétiens, le Dieu desHébreux ne refusait l'or pour les instruments duculte. La seule explication rationnelle et cohérentede la fureur de Moïse est qu'il ne pouvait, sa religio encore mal assurée, admettre un retour supersti-tieux au Mythe de Papa, au Beau fils du Taureaurévolu.

C'est le moment, je pense, de laisser aux jobardsamateurs d'horoscopie la joie naïve de conclureque le Zodiaque mène le Monde, et de les aban-donner en route, avec leur article de foi fraispondu.

Si on est résolu à n'accepter de métaphysiqueque cartésienne et expérimentale, qu'y a-t-il depositif à tirer de tout cela?

Une seule constatation, mais troublante:

Pharaons, Moïse et Jésus semblent bienavoir « parlé la même langue initiatique »,dont le symbolisme était basé sur la con-naissance précise, depuis le Ve Millénaire,d'un phénomène astronomique dont leprincipe, sans précision aucune, ne fut

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révélé au monde profane qu'en l'an 128avant le Christ.

Autrement dit tout se passe comme si la S.A.Amon & Cie (Neveux et Successeurs d'Apis) ayantfait faillite, Moïse en avait repris le matériel ini-tiatique, modifiant seulement la raison sociale en« Jéhovah ETERNEL » pour éviter le discréditpesant sur les faillis.

Au passage de Bélier en Poissons, les spécialis-tes d'Histoire de l'Antiquité nous disent qu'unassez grand nombre de « Messies » candidats à lasuccession étaient apparus en divers pays d'AsieMineure, au « temps fixé par Elie ». Comme cha-cun sait, un seul fut agréé: Jésus.

La passation des pouvoirs se fit dans l'esprit leplus amical et dans un respect rigoureux de lasymbolique et des mythes de la lignée (confé-rence du mont Thabor avec Moïse et Elie, notam-ment).

Par ailleurs, n'ayant rien à renier, Jésus se con-tenta d'ajouter son nom à l'enseigne, restée jus-qu'à nos jours « Eternel & Fils ».

« Je suis l'Israël véritable », proclamait l'Eglisedes premiers chrétiens. C'était normal, le but del'entreprise restait inchangé:

Fourniture des Mythes les plus réputés et les plus solides du monde antique, les seuls utilisables après cinq millénaires d'usage.

Devant des hypothèses pareilles, le moment estvenu de bien vérifier si l'on ne vient pas d'accep-

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ter de la fausse monnaie — ou d'être victime desillusions de quelque mythomane.

La précession des équinoxes est un fait patent.La concordance (inexpliquée) entre le passage dupoint vernal d'un signe du Zodiaque dans le sui-vant et les symboles utilisés par les mythologuesde la lignée pharaono-judéo-chrétienne aussi.

Il est utile par ailleurs de préciser le sens exactdes termes employés, pour éviter de tomber dansles idées fausses des faiseurs d'horoscopes.

Un signe du Zodiaque, nous avons vu ce quec'est, au chapitre précédent: un douzième de cer-cle, arbitraire mais rigoureux comme une heuresur un cadran d'horloge.

Une constellation, elle, est une sorte d'archipeld'étoiles que rien (ni le diamètre réel, ni le dia-mètre apparent, ni l'âge, ni l'éclat) ne fait plus légi-timement appartenir à une constellation qu'à savoisine.

Une tradition, venue de la nuit des temps, vou-lait que certaines des constellations zodiacales, lar-gement nanties d'étoiles, débordent sur deuxsignes, alors que d'autres n'occupent qu'une par-tie de leur « maison ». Il arrivait ainsi à deux cons-tellations de se chevaucher : pendant une partie dumois où le Soleil se lève dans le Signe du Capri-corne, par exemple, les étoiles que son appari-tion masque appartenaient les unes à la constella-tion du même nom, les autres à la constellationdu Verseau. Il arrivait aussi (entre la dernièreétoile de la constellation du Cancer et la premièrede celle du Lion, notamment) que le Soleil eût à se lever dans une partie de signe où il n'y avait

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aucune étoile appartenant à une constellation duZodiaque.

Il y avait peut-être une raison à cela?Je ne pourrai exposer que bien plus loin les faits

qui me poussent à le penser. Mais pour le ratio-nalisme du XIXe siècle, c'était là incohérence etobscurantisme intolérables. Vers 1930, après delongues confabulations, les astronomes parvinrentà un accord international.

Les étoiles du Zodiaque sont désormais plusrationnellement réparties entre les constellationsqui, sur les cartes du ciel modernes, se suiventsans jamais empiéter l'une sur l'autre, ni laisserd'espaces vides entre elles. On a laissé à ces cons-tellations leurs noms anciens, sans prendre lapeine de les égaliser entre elles, puisque les signes ont totalement disparu du langage des astronomes,

Pour un astronome contemporain, dire que « leSoleil se lève dans le Bélier » sous-entend qu'ils'agit de la constellation. C'est une simple com-modité d'approximation, très large d'ailleurs, sansgrand rapport avec les mois de 30 jours du calen-drier — et rigoureusement sans aucun rapport avecles signes de 30° du Zodiaque, désormais réservéaux faiseurs d'horoscopes.

Pour ces faiseurs d'horoscopes, déjà déphaséspar le lent déplacement du point vernal, la nou-velle répartition des étoiles fut le coup de grâce:ils n'y comprennent plus rien du tout et raison-nent comme un monsieur qui descend le long d'untapis roulant qui monte et prétend déterminer ennombre de marches d'escalier sa vitesse relative,le tout sans préciser la hauteur des marches etsans connaître la vitesse de l'appareil élévateur.

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Bien sûr, les « portraits zodiacaux », où « Bélier » est synonyme de « mois de mars », sans aucunrapport avec le point vernal qui, en mars, se trouvedans le Verseau, tombent souvent très juste.

Mais c'est parce qu'ils n'ont d'astrologique quele nom et l'intention de vendre de l'orviétan: ilssont, très raisonnablement, fondés sur l'influencedes saisons terrestres, au moment où le nouveau-né entre dans le monde respirant. Les éleveursde cochons le savent bien, qui choisissent la datede saillie de leurs truies sans consulter d'astro-logues.

Devant l'envahissement par cette horoscopieignare et malodorante, les astronomes écœurés enarrivent à nier le goût de Képler pour l'astrologieet finissent par se comporter comme leurs congé-nères scientistes du XIXe siècle, lesquels tenaientpour alchimie obscurantiste l'idée d'une transmu-tation des métaux.

Mais si le Zodiaque traditionnel, base du lan-gage symbolique pharaono-judéo-chrétien, avaitune raison d'être ni incohérente ni obscurantiste,il serait utile de trouver des astronomes parvenusà la maturité d'esprit des physiciens qui, ayanttransmué la matière, ne se rient plus de l'alchimieet vont jusqu'à se demander s'il n'y avait pas quel-que symbole intéressant à retrouver dans la cornede la mythique licorne.

Le point vernal, en 1963, se lève encore devantla constellation des Poissons? C'est indiscutable.(Je parle de la constellation d'avant 1930, bienentendu.) Mais quand ce point vernal est-il sortide ce que le Zodiaque venu de la nuit des tempsappelait le signe des Poissons? Après y avoir fran-

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chi 3°, c'est-à-dire y être resté 2 160 ans environ?Assurément. Mais en quelle année est-il entré

dans ce signe? J'ai mon hypothèse là-dessus, dontje me suis hypocritement servi au chapitre précé-dent pour situer l'Ere du Taureau entre — 4530 et— 2370, mais n'anticipons pas.

Prendre l'année de naissance du Christ commeannée de «l'entrée dans les Poissons»? C'est unraisonnement de science-fiction.

Ce qu'il nous faut, c'est une détermination — par des astronomes dont la science ne puisse êtremise en doute — d'un point de départ certain.Du degré zéro du Zodiaque, en quelque sorte.

Décidément l'Harmonie des Sphères chère à Platon évoque davantage une partition de musi-que concrète que celle de Au Clair de la Lune: non seulement il y a des bémols et des dièzespartout, mais encore aucun Bach n'a tempéré lesmultiples gammes simultanément en usage.

Ne sachant où en trouver, de ces astronomes suf-fisamment sceptiques pour ne brandir aucun arti-cle de foi, je me suis tourné vers le Vatican, gar-dien des Symboles et Mythes pharaono-judéo-chrétiens.

Non, bien sûr, je n'oublie pas Galilée.Le pauvre Galilée était né en un siècle incon-

fortable, à une époque dite de « la Torche sous leBoisseau » ; les Templiers étaient dispersés, leurscontinuateurs se regroupaient à peine, les schis-mes et les hérésies proliféraient, l'Inquisitionsévissait dans une Espagne mal décrassée de sonIslam.

Les scolastiques, héritiers d'un Aristote en ver-sion doublée (ils l'avaient redécouvert dans la lan-

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gue de l'Islam), ont-ils repris au Vatican le passur les Jésuites qui, dès le XVIP siècle, enseignaientune astronomie copernicienne dans leurs Missionsde Chine? Dans les Somnambules (Calmann-Lévy,éd.), Arthur Koestler (un scientifique qui, dès 1930,écrivait des articles sur la fission de l'atome)démontre bien des choses ennuyeuses pour lesamateurs d'idées reçues et d'articles de foi, à pro-pos de Galilée dont les légendes ont singulière-ment travesti les mésaventures.

En ce XVIP siècle où l'Inquisition espagnole étaitdevenue la Suprema, instrument politique au ser-vice des rois d'Espagne et non du pape, j'auraisfait comme Galilée: j'aurais choisi de vivre à Romeplutôt qu'à Madrid. Et même qu'à Paris où, en1610, année où Galilée cessa d'être conformisteprofesseur à Padoue, débutait l'agitation sectaireprovoquée par ceux qui firent assassiner le grandroi Henri.

A Rome, en notre XXe siècle, j 'ai trouvé un biencurieux pape : Pie XII.

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S'il y a un Dieu,le cardinal de Richelieudevra répondre de bien des choses;s'il n'y en a pas,il a bien agi.Urbain VIII, le « pape de Galilée »

Et d'abord, un pape... qu'est-ce que c'est?La réponse la plus naturelle, « le Chef Respecté

de la Catholicité », est malheureusement pleined'idées fausses.

A l'époque où l'Eglise de Rome était catholique (c'est-à-dire universelle, si les mots ont un sens),un pape était à peu près l'équivalent d'un prési-dent du Conseil dans les Républiques Françaisesnuméros 3 et 3 bis: il en a tellement défilé,durant ce que dure une rose, qu'il ne serait paschrétien de vous en infliger l'énumération. Saluonssimplement au passage le saint-patron des jou-teurs de l'arène politique, ce Benoît IX élu en 1032,déposé pour céder son fauteuil à Sylvestre III,réélu à la mort de celui-ci, re-déposé puis rééluune troisième fois, à l'expiration des pontificatsde Grégoire VI et de Clément II.

Cela ne faisait pas sérieux.Sous Clément VII, vers 1525, pour éviter de tels

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abus de combinazione, on décida que les papesseraient désormais obligatoirement italiens denaissance. Cette réforme était doublementétrange:

a) elle confiait à des Italiens le soin d'éli-miner les combinazione; b) c'était une entorse flagrante à l'univer-salisme de l'Eglise qui s'affirmait toujours« catholique » malgré le schisme (déjà an-cien) des orthodoxes de Byzance.

Mais il a toujours été vain de lutter contre lamode, et la mode était aux réformes. Celle qu'onproposa en 1529, et que la diète de Spire refusa,s'orna d'une majuscule le jour où elle devint laCharte du Protestantisme.

Le pape ne fut plus, dès lors, le Chef que d'unepartie de la Chrétienté.

Pourquoi s'occupait-on toujours tant de lui,alors?

Une des raisons porte le nom de Prophétie desaint Malachie.

La Prophétie de saint Malachie? Qu'est-ce quec'est?

La réponse la plus naturelle, « une prophétiedue à un saint du nom de Malachie », est malheu-reusement pleine d'idées fausses.

En 1595, un bénédictin, Arnold Wion, publieune « prophétie » dont on n'avait jamais entenduparler auparavant. Cette « prophétie » prédit à laChrétienté 35 papes encore avant l'arrivée d'unJuge Redoutable. A chacun des 35 est attribuée

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une sorte de slogan en latin — ce qu'à l'époqueon appelait une « devise ».

Pour être prise au sérieux, une prophétie sedevait d'être ancienne. Wion affirma donc que lasienne remontait au début du XIIe siècle et endonna une « preuve » à faire grincer les dents:« Cette ancienneté est attestée, disait Wion, par lefait que dans la Prophétie figurent les devises des77 papes qui se sont succédé entre 1143 et 1595. »

L'auteur allégué de la « prophétie » ? Un évêquedu nom de Malachie, mort en 1148 et canonisédepuis. Beau nom, Malachie... biblique en diable.

Nous sommes en 1595, bien sûr... C'est l'époqueoù Shakespeare (à moins que ce soit lord Bacon)considère que laisser le vulgaire attribuer à autruice dont on est soi-même l'auteur est du derniergalant.

C'est aussi l'époque où les gens de qualité sedélectent des horoscopes d'un astrologue nomméKépler et des Centuries d'un très savant scientifi-que nommé Nostradamus, parues en 1555.

C'est aussi une époque de culture et d'espritcritique. Tous les esprits raisonnables comprirentque la « Prophétie » était une manœuvre électoraleinspirée par un cardinal qui rêvait d'être fait papeau prochain concile : la « devise » à prendre le dési-gnait trop visiblement.

Le candidat trop manœuvrier ne fut donc pasélu, et rejoignit dans l'oubli Malachie et sa « Pro-phétie ».

C'est en 1673 seulement que celle-ci revient à lasurface, dans le Dictionnaire Historique de Mo-reri.

Un habile homme, ce Moreri. Il connaît bien

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le goût de son époque férue de blason et d'armesparlantes; il explique donc les devises des papesdéjà défunts par des allusions subtiles à leursarmoiries et lieux de naissance.

C'est atrocement fastidieux, à moins qu'onne se délecte à apprendre que la devise De Sutore Osseo (Du Cordonnier d'Osse) s'appliquait à Jean XXII (1316-1334) parce qu'il était d'Euse, nom qui évoque Osse, et que son père était cor-donnier — ce qui est d'ailleurs faux.

Pour un pape mort depuis plus de deux siècles,on se dit que Moreri aurait pu trouver une expli-cation plus convaincante. Quand on sait ce quesont les « clés » des ouvrages hermétistes, on sedit aussi qu'une « erreur d'interprétation » aussiflagrante peut constituer une clé... Mais nous ver-rons cela plus tard. En attendant, on peut tou-jours se dire que Moreri ne croyait pas plus auxprophéties qu'un journaliste contemporain necroit aux peines de cœur par lesquelles, il expli-que, conformément au goût de notre époque, lecomportement des Reines et vedettes de notreactualité.

Si nous passons à la période qui, avenir pourWion et Moreri, est déjà le passé pour nous, noustrouvons bien sûr Aquila Rapax (l'Aigle Rapace)pour Pie VII qui affronta Napoléon... mais aussiun fatras de devises pas plus convaincantes à pre-mière vue que celle du Cordonnier d'Osse.

En bonne Métaphysique, rien ne remplace l'ex-périmentation.

Laissons aux historiens érudits l'étude destemps lointains et ne nous aventurons pas au-delàde la Belle Epoque.

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1903. A Rome, on élit un pape pour le pontifi-cat duquel la « Prophétie »> proposait Ignis Ardens, le Feu Ardent.

Que vient faire ce « Feu Ardent » dans une épo-que qui politicaille, guerroie gentiment et s'épa-nouit dans le « style nouille »? Le graveleux està la mode: le feu ardent serait-il celui qui pimentel'adultère, sport copurchic?

« Feu Ardent », c'est Pie X, qui règne sans feuni ardeur. Et puis, juste avant sa mort, éclate laguerre, en septembre 1914.

Le Feu Ardent! C'est flagrant!Cela ne convainc pourtant personne: tout le

monde sait que ce sera une guerre courte et sansgrande importance, puisque la Triple Entente a,depuis 1907, neutralisé de danger prussien. Si vousvoulez bien me passer les allumettes, je vais vousen expliquer la stratégie.

Du coup personne, bien sûr, ne s'intéresse à ladevise du pape qu'on élit pendant les premierscombats. Pour la « Prophétie », son règne devaitêtre celui de Religio Depopulata, la Religio Dé-peuplée. Benoît XV régnera de 1914 à 1922.

En 1914, personne ne mettait en doute la pri-mauté de l'Occident.

Il y avait certes eu des moments difficiles: en1905, la Russie avait permis à des Jaunes de bat-tre, pour la première fois, un pays occidental. Pouren punir les Tzars tenus pour responsables, on lesabandonnera aux bolchéviks en 1917 et on sau-vera la face en recevant les Japonais dans le ClubOccidental dont, en surface au moins, ils ont par-faitement assimilé les usages.

L'Occident... qu'est-ce donc que l'Occident?

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Sur une Terre sphérique, géographiquementc'est un non-sens, à moins d'admettre qu'il s'agitdes terres à l'occident du Méridien Zéro de Gizeh,lequel passe par Pétersbourg au nord... Mais sousle règne de Religio Depopulata personne ne croità ces sornettes.

Serait-ce une race, la fameuse « race blanche »?Soyons sérieux: si on découvre un jour un « Oc-

cidental » de race pure, il sera aussitôt empailléet exposé au Musée de l'Homme. D'ailleurs, l'Afri-que ex-française ne manque pas de nègres bienplus occidentaux en esprit que tant de blonds dontles yeux bleus reflètent le désert.

A l'époque colonialiste, on appelait indifférem-ment « Occidental » ou « Européen » tout hommedont le grand-père portait veste boutonnée, coldur et cravate — ce qui valait aux originaires desU$ d'être qualifiés d'Européens... L'Occident serait-il donc un concept abstrait, un noumène percep-tible uniquement grâce à une apparence variantd'ailleurs selon le temps et le lieu? Si je continuesur ce ton, je devrai changer d'éditeur.

En fait, la définition de l'Occident qui a le mieuxfait ses preuves, au long des siècles, est celle quien fait le synonyme de Chrétienté. D'une Chré-tienté englobant évidemment les anticléricaux,les hébraïques, les agnostiques et les gnostiquesdes régions du globe où Valéry avait fait remar-quer que le pain et le vin, « chair et sang duChrist », sont la base de l'alimentation tradition-nelle.

D'une chrétienté dont la souche-mère, sise à Rome sous la raison sociale Eternel & Fils, S. A.,est l'Eglise de Pierre revendiquée également par

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les Protestants et les Orthodoxes qui ne refusentque l'autorité du gérant, M. Pape.

Mais ne nous égarons pas. En 1915, plus per-sonne n'ose parler d'une guerre courte; en 1917,Oswald Spengler publie son Déclin de l'Occident... et c'est justement l'année où

a) les U$ entrent effectivement dans uneguerre dont ils influenceront la conclu-sion;b) la Russie, pays d'Europe, en sort.

Un mois après l'entrée en guerre des U$, enmai 1917 par conséquent, Benoît XV envoie à Mu-nich, pour qu'il tente d'y jeter les bases d'unepaix encore européenne (sans les « Points de Wil-son »), ce Pacelli qui deviendra plus tard Pie XIIet qui m'intrigue tant.

En 1918, un armistice conclut une guerreabsurde, en 1919 une paix burlesque est signée,qui prépare la guerre de 1939. Depuis qu'ils ontinclus le « Droit au Bonheur » dans leur Constitu-tion, les U$ ne peuvent évidemment plus faire ladifférence entre le petit Jésus et le père Noël.

1920... 1921... L'Occident oublie de plus en plusles raisons de sa primauté. La Société des Nationslégifère dans le vide, grotesque comme une recons-titution historique où des imbéciles costumés seprennent pour Talleyrand, sous prétexte qu'euxaussi ont des tics.

Elle a bonne mine, la Chrétienté.Vous n'aviez tout de même pas cru, j'espère,

que je pensais traduire Religio Depopulata parquelque désaffection pour le culte? Il en a vu

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d'autres, l'Occident, avec les Cathares, les Protes-tants, les Jansénistes, les Athées courtois de l'En-cyclopédie, les Athées pâteux de la Déesse-Raisonet les Athées hargneux de la marxchine-à-vapeur.

La Reîigio dépeuplée, c'était la première tenta-tive de suicide de l'Occident.

1921... 1922... Les femmes se coupent les cheveuxet portent pantalon, ce qui fait passer un douxfrisson d'Apocalypse. Les survivants de la GrandeTuerie savourent concrètement leur survie. Lesanges doivent se sentir ridicules, piétons dans leurciel sillonné d'aéroplanes. La science matérialistegagne bataille sur bataille, dans chacune de sesbranches étroitement spécialisées, sans que per-sonne lui rappelle qu'une cathédrale est avant toutla vue d'ensemble d'un architecte qui a com-mencé par « prendre un parti ».

Einstein a bien proposé, en 1915, sa Généralisa-tion de la Relativité, destinée à ramener vers larecherche d'une Formule Unique les savants occi-dentaux dispersés entre leurs contes de fées moto-risées. Mais en 1917 Einstein raisonne encore surun « univers statique » qui ne résout rien, et Sitterne propose que d'y substituer un « univers vide » qui ne vaut pas mieux, si j 'en crois ceux quisuivent sans efforts ces très hautes mathématiques.

Pendant ce temps, on installe partout des tram-ways, dont les hommes peineront jusqu'à la sep-tième génération pour arracher les derniers rails,image-type, symbole et dieu du faux progrès.

« Tout bonheur que la main n'atteint pasn'existe pas » est le credo en vogue. La « religion » n'est plus qu'un assortiment de confessions ne

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reliant rien à rien, mais utiles comme exutoire auxtrop-pleins d'émotivité.

Les raisonneurs sont gâtés : devant des hectolitresde café-crème les révolutionnaires de bistrot dégus-tent la quintessence du marxisme, nuée d'hier quis'abat en orage soudain sur la Russie. Cher ado-lescent, en 1916, marxisme, proudhonisme, gues-disme, bakhouninisme et autres panacées étaientà égalité — et on n'ouvrait pas son dictionnairepour chercher le sens exact du mot menchévik,

La littérature de l'époque suit le courant: toutdans l'évasion. L'Occident perd l'ironie qui tein-tait son goût pour l'exotisme et ne se demandeplus « Comment peut-on être Persan? » il s'inter-roge, avec l'angoisse à la mode: « Comment fairepour devenir Hindou, Chinois, ou, mieux encore,Arabe? » Arabe de grande tente, bien sûr: le Glaouiest tellement séduisant...

Dans les milieux où « avoir une vue person-nelle des choses » consiste à réciter ce qu'on a retenu des journaux de la semaine, l'accord nese fait que sur un point bien précis:

— L'Occident usurpe sa primauté, c'est scanda-leux: la Grande Tuerie vient de le prouver. Encoreun cocktail, chère?

A force de les admirer, l'Occident se met de plusen plus à ressembler à ces U$, qui ressemblent à l'Europe comme un puritain onaniste à un joyeuxluron. A l'instar des U$ on commence à reconnaî-tre le chrétien à sa dévotion puritaine et plus dutout à son esprit universaliste. Le racisme apparaît:

Même dans la Russie « antisémite » desTzars, le baptême faisait du « juif » un

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chrétien comme les autres, athée si le cœurlui en disait. On ne lui demandait derenier que la Synagogue qui justifie lessauveurs de Barabas, ergo les marchandsdu Temple.En Union Soviétique, les « juifs » sont gens vivant en divers pays, issus du peuple qui vivait en Palestine jusqu'aux Ier/IIe siècles de notre ère (p. 627 du vol. I du Diction-naire de la Langue Russe en 4 Volumespublié par l'Académie Soviétique).

Oui, elle est bien dépeuplée, la religio de l'Occi-dent, en cet an 1922 où meurt Benoît XV.

Et que devient la Cohérence « dépeuplée » de laChrétienté?

En 1922 justement, le mathématicien (soviéti-que) Friedman trouve la solution au problèmeposé par Einstein: il raisonne sur un univers ein-steinien dynamique — et la Relativité Généraletrouve du coup sa cohérence.

En 1922 Lénine impose sa N.E.P. (Nouvelle Eco-nomie Politique), dont le but avoué est de « renon-cer au marxisme jusqu'à la reconstruction dupays ». Le père Marx se retourne dans sa tombe.

Marx n'avait pourtant pas écrit uniquement dessottises. Il avait notamment compris que l'Econo-mique prime le Politique. Mais les politiciens sesadeptes en avaient déduit que rien ne peut primerl'Economique — autrement dit qu'un hommenourri est satisfait.

Si le marxisme était resté entre leurs mainsde mythomanes, il serait depuis longtemps dansla morgue à utopies où les apprentis docteurs vont

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chercher leurs sujets de thèse, (aux U$ on peut,de nos jours encore, passer pour un penseur enaffirmant que Moscou est la Mecque du Maté-rialisme. »

C'est en 1922 encore, année où selon Malachiela Religio devait cesser de « se dépeupler », queStaline sort de l'obscurité pour devenir SecrétaireGénéral du Parti, préparer le jour où le pouvoirabsolu sera entre ses mains et où il pourra enfininstaurer son régime et fusiller tous les théori-ciens qui avaient fait une révolution pour vouerla Russie à la Sainte Barbe de Karl Marx.

Ce séminariste sait qu'une sainte relique est plusconvaincante qu'une doctrine et hop il n'attendque la mort de Lénine pour l'enfourner, raide em-baumé, dans un mausolée. Il sait l'importanced'un Dogme de roc et hop en taule ces protestantstrotskistes pour qui le marxisme est une philoso-phie dialectique, tout spiritualisme un opium pourle peuple, tout culte de la personnalité un obscu-rantisme.

Staline saura qu'il a réussi à bâtir une Eglisequand il verra ses fidèles sacrifier leur vie pourun paradis qu'ils ne verront jamais. Que ce sacri-fice du corps à l'Esprit soit obtenu au nom du Ma-térialisme montre d'ailleurs à quel point la lettred'un culte importe moins que le fait qu'il existe.Mais n'anticipons pas.

Et à l'ouest du Rideau de Fer (à l'époque où ilétait tourné dans l'autre sens, on l'appelait Cor-don Sanitaire), que se passe-t-il?

Dans l'Europe bourgeoise, on est resté très ma-térialiste. La joie de vivre y disparaît donc, parmiles penseurs qui affirment leurs vues résolument

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pessimistes sur un monde absurde et incohérent.On cherche, bien sûr. On cherche pourquoi le

pain a perdu son goût depuis qu'il n'est plus beurréd'Espérance et de Foi... ou à tout le moins d'unscepticisme qui sache douter du désespoir.

Revenir aux « religions » qui, Gott-mit-uns con-tre Dieu-avec-nous, avaient encouragé la guerrefraîche et joyeuse? Vous plaisantez.

C'est donc une religiosité sans Cohérence qui semanifeste, en Occident. Un besoin indomptable deCroire. Je crois, tu crois, il croit. Aux Mages, auxanti-mages, aux Théosophes, aux Philosophes, auxDictateurs, aux Théoriciens, à tous les Fils-de-Faust surgissant de toutes les sentines.

C'est en 1922 aussi que Mussolini offre aux Ita-liens un idéal à tartiner sur leur pain. Du coup ildevient Duce à la stupéfaction des esprits raison-nables:

— Un César de Carnaval! Economiquement,mon cher, mais ce n'est pas viable! C'est commeles Russes: pour que leur système tienne, il fau-drait admettre que l'Economie n'explique pas tout,que l'homme ne vit pas que de pain! Ce serait lanégation de leur propre marxisme! Croyez-moi,tout ça tiendra ce que peuvent tenir des croyancesobscurantistes!

Quelle « devise », au fait, la « Prophétie » acco-lait-elle au pontificat de Pie XI élu pape en 1922?Fides Intrepida, « Religiosité à Toute Epreuve »,« l'Increvable Besoin de Croire ».

C'est troublant, certes, mais loin d'être suffisantpour emporter les doutes d'un sceptique cartésien.

On peut quand même commencer à se deman-der si la « Prophétie » ne serait pas une sorte d'al-

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manach prédisant les lignes générales de l'avenir,avec les papes pour pierres milliaires. Sous réser-ves, bien sûr.

Le pontificat placé sous le signe de l'Increvable Religiosité commença par rétablir avec la Francedes relations rompues depuis 1904 (opérationamorcée il est vrai, dès 1921) et par signer avecl'Italie les accords de Latran, qui rendaient auVatican un statut temporel viable.

Le Besoin de Croire est toujours là — et voilàque la voix de l'Eglise se met à nouveau à se faireentendre.

Soyons honnêtes, cela ne va pas bien loin. C'estailleurs que le besoin d'une Cohérence cherchesurtout à s'abreuver. Les loges maçonniques pros-pèrent, où des messieurs à la panse ceinte de petitstabliers rituellement brodés dissertent, gravement,des Destinées du Monde et de tout ce qui peuts'écrire avec une Majuscule.

Keyserling publie son Analyse Spectrale de l'Eu-rope; il faut avoir lu cela, pour comprendre com-ment l'Europe se voyait elle-même. De leur côtéKessel, Hemingway, Paul Morand et consorts voya-gent, à la poursuite de la Toison d'Or de la Ma-done des Sleepings. Comme celle du Vatican, lavoix de l'Occident commence à retrouver fermetéet ampleur; après avoir douté de lui-même pen-dant les années de la Religio Dépeuplée, l'Occi-dent reprend confiance; les grands reporters lan-cés dans ce qu'on dénomme le Monde Nouveauen Gestation rapportent tous des récits concor-dants:

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Depuis l'Afrique qui rêve de porter fauxcol, jusqu'à la Chine qui secoue le seulhéritage comparable en valeur à celui del'Occident pour tenter de s'occidentaliser,pour tous les peuples lointains l'EMAN-CIPATION de leurs rêves est synonymed'OCCIDENTALISATION.

Un cas à part, l'Allemagne.Des mythomanes disciples d'Oswald Spengler

(et de bien pire encore) y battent le rappel de tousles crédules d'un Esotérisme Mystique anti-occi-dental, dont l'indouisme mal digéré rêve de rajeu-nir le Walhalla aux sources de Zarathoustra. LeGrand Mufti de Jérusalem les approuve, l'Islams'ébroue joyeusement dans les Incohérences Réu-nies; le credo des mystiques du mouvement estcompliqué, mais somme toute simpliste:

La swastika rituellement retournée et deve-nue ainsi Croix Gammée donnera, à quirespectera ses Rites, croix de bois croix defer si je mens je vais en enfer, des PouvoirsMagiques.

Précurseurs, c'est dès 1920 que, face à une Rus-sie encore matérialiste, ces théoriciens ont poséles fondements de leur Foi prêchée par un Adol-phe dont l'emprise sur les foules « tenait de la ma-gie », disaient les rationalistes — pour enconclure qu'elle ne saurait dans ces conditions êtredurable.

Ce n'est pas ainsi que vous aimez expliquer lafascination que le nazisme exerça sur les Alle-

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mands? Vous préférez l'argumentation plus rai-sonnable des dialecticiens?

L'ennuyeux, avec toutes les explications maté-rialistes, est qu'elles reviennent à dire que les Alle-mands ont balayé la République de Weimar, quileur donnait trop peu de pain, pour offrir leurappui jusqu'à la mort à Hitler qui commença parréduire encore leurs rations et ne leur donna quela promesse de mille ans de walhallisme pourremplacer le beurre.

Et comment se présente le monde, en février1939, quand meurt le pape de l'Increvable Religio-sité?

En 1939, l'Occident est bourré de religiosité,c'est-à-dire de croyances dépareillées, de confes-sions concurrentes et d'autres tentatives pouréchapper à l'absurde et à l'incohérence d'unmonde « où Dieu est mort ».

Les Soviet Unions, ou SU, dissimulent les fai-blesses de leur Eglise confondue avec l'Etat pardes rites convulsionnaires dénommés « purges »,au cours desquelles on exorcise les démons du capi-talisme amenés (au détriment de toute vraisem-blance) par les fidèles compagnons de Lénine.Dans les pays d'Occident, les SU ont des fidèlesaspirant au martyre et persuadés qu'il suffit d'êtrepersécuté pour accéder à la dignité de « PremierChrétien du Monde Nouveau ».

L'Allemagne est en pleine aberration indouiste;elle a, elle aussi, ses mystiques éparpillés dans lemonde, qui se prennent pour des « Premiers Chré-tiens ».

Les U$ ont beau être le dernier refuge d'un maté-rialisme en bonne santé où tout, bonheur compris,

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se vend en paquets conditionnés, un des com-merces les plus florissants y est quand mêmeDieu, lui aussi vendu sous marques déposées pardes sectes qui se font une concurrence d'épiciers.Comme les SU et l'Allemagne, les US ont leursfanatiques dans tous les continents.

En France, en Angleterre, Daladier, Chamber-lain et consorts replâtrent au mieux, à la petitesemaine, l'idole du Positivisme rationaliste etdémocratique, dont la pierre s'effrite.

Aussi étrange que cela paraisse à l'historien, ilssont de bonne foi. Ils n'ont même pas l'impres-sion de livrer un combat retardateur. Chamber-lain et Daladier sont persuadés de détenir la Véritéqui triomphera, inéluctablement. Demain.

En somme, comme dans les dernières annéesdu Bélier, il y avait pléthore de Messies, en cesdernières années des Poissons.

Et puis, en mars 1939, nouveau conclave. Pie XIIest fait pape.

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C'était toujours un 10 novembreque Descartesfaisait ses rêves prophétiques.Dans son rêve du 10-11-1629il vit un vieillard lui indiquer,dans un livre ouvert,le OUI & NON de Pythagore.

Je ne sais évidemment pas si Descartes a jamaisfait les rêves prophétiques rapportés par ses his-toriographes. La seule chose certaine est que Des-cartes affirmait à la fois leur réalité et leur rôleprédominant dans la conception de sa Méthodeet dans son travail.

Ce n'est évidemment pas du tout « cartésien » — du moins dans le sens qu'on donne volontiersà cet adjectif.

Mais revenons à la Prophétie de Malachie.Y croire ne serait pas cartésien. Mais nous pou-

vons quand même lui retirer ses guillemets, aupoint où nous en sommes.

Cette Prophétie comporte 11 devises de deux outrois mots chacune, plus une dernière longue etexplicite:

En la dernière persécution de la SainteEglise Romaine, siégera un Pierre Romain

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qui paîtra les brebis pendant beaucoup detribulations; une fois celles-ci passées, lacité des sept collines sera détruite et unJuge Redoutable jugera le peuple.

Nous n'en sommes pas encore là. En mars 1939,la devise à prendre était la 106e, Pastor Angelicus, facile à traduire: c'est Pasteur Angélique. La sui-vante était Pastor et Nauta, déjà moins claire:Pasteur et Quoi? Nauta peut aussi bien vouloirdire « marin » (comme Mgr Spellman, venu desU$ et que certains imaginaient déjà destiné à deve-nir pape) que « nautonnier » comme quelqueCaron sur on ne sait quel Styx.

Chose étrange, pour la première fois dans laProphétie, deux devises consécutives commen-çaient par le même mot, Pasteur.

Je n'aurais évidemment même pas remarquéce détail, sans les spécialistes qu'il mettait en ébul-lition. En 1938, l'un des plus éminents d'entre eux,P. V. Piobb, polytechnicien comme il se doit,publia un livre intitulé le sort de l'Europe et fondésur deux constatations:

a) le pape régnant, Pie XI, n'en avait pluspour longtemps à vivre ; b) la succession de deux devises commen-çant par Pastor présageait des événementsgraves.

Pour sa part, Piobb estimait plus que probableun nouveau schisme: un Pastor pape et un Pastor anti-pape, régnant simultanément.

Il est toujours dangereux de se prendre pour

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Mme Irma et de mélanger, au peu que l'on sait,le magma des choses auxquelles on se laisse allerà croire. Piobb avait pourtant raison quant à l'im-minence de l'élection d'un nouveau pape.

Il n'avait pas tort non plus de subodorer quel-que chose de bizarre... Le conclave de 1939 futun conclave unique dans les annales. Elu dès ledeuxième tour (à 12 h 7), après le traditionneltour de politesse (terminé à 11 h 00), le cardinalPacelli exigea une « élection de confirmation ».

Cela ne s'était jamais fait, c'était une entorseévidente au légalisme, mais comme il était déjàpape, les cardinaux obtempérèrent.

On alla déjeuner puis, après quelques heurespassées j'ignore à quoi, un troisième tour de scru-tin eut lieu. A 17 h 27 le pape déjà élu fut éluune deuxième fois — à l'unanimité moins unevoix.

On n'avait pas vu d'élection aussi rapide depuis1559.

Ce fut un pape déroutant.Savant physicien, mathématicien et astronome,

il fit annoncer un beau jour qu'il avait vu le soleilfaire des galipettes au zénith, rééditant pour SaSainteté le miracle dont avaient déjà été gratifiés,en mai 1917, d'obscurs bergers de Fatima (Por-tugal).

Habile diplomate, il était en train de réaliserla concentration industrielle des églises chrétien-nes, et d'éminents protestants hantaient les cou-loirs du Vatican quand hop il proclama le dogmede l'Assomption.

L'Assomption, comme chacun sait, est « la con-séquence de la réunion miraculeuse du corps et

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le l'âme de Marie mère de Dieu ». Mais érigercela en dogme, cela revient à décréter que:

si quelqu'un, ce qu'à Dieu ne plaise, osaitvolontairement nier ou mettre en doute ceque Nous (pape) avons défini, qu'il sachequ'il aurait fait complètement défectiondans la foi divine et catholique.

Les protestants, écœurés, partirent en claquantles portes. Quant aux catholiques raisonnables...on a rarement vu gens aussi emmerdés,

Pour couronner le tout, ce réaliste à qui l'onreprocha souvent d'être manœuvrier plus que nele permet la charité chrétienne fit annoncer unbeau jour que le petit Jésus était venu lui faireune visite.

Dire que Pie XII était devenu gâteux est facile.L'ennuyeux est que la visite du Bambino au

pape mourant est de 1954 et que Pie XII ne l'afait annoncer qu'un an après lorsque, pleinementrétabli, il avait repris depuis plusieurs mois déjàle cours de ces audiences dans lesquelles (jus-qu'à sa mort en 1958) il ne cessa de stupéfier hom-mes politiques et savants — croyants ou athées — par la lucidité et la profondeur de sa pensée, deses vues sur l'avenir et de ses connaissances.

On peut aussi affirmer que, puisque le pape l'adit cela est: le Soleil ignore les lois astronomiques,Marie joue à cache-cache avec les aéro et astro-nefs, le petit Jésus est bien poli et fait des visitesà son vicaire alité.

L'ennuyeux est que, pour affirmer cela sans fairerire, il faut être à genoux sur un béton monacal.

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Pour un sceptique que toute affirmation sanspreuves hérisse et que toute croyance déçoit, uneseule solution: expérimenter, encore et toujours.

Voyons donc cela point par point.Pie XI mourant suppliait ses médecins de le faire

vivre jusqu'au 12 février 1939, date pour laquelleil avait convoqué tous les évêques d'Italie. Mais ilmourut le 10, comme s'il s'était agi de prouverque ni le pape ni ses médecins ne savent faire demiracles, même aussi minimes qu'un sursis dequarante-huit heures.

J'ignore évidemment ce que Pie XI tenait tantà dire lui-même à ses évêques; son secrétaired'Etat, ce Mgr Pacelli qui, le jour anniversaire deses soixante-trois ans devint Pie XII, le savait.

Six mois plus tard, la guerre éclatait.Le 16 décembre 1941, au moment où le Japon

entrait dans la guerre, moins d'un mois après labataille de Moscou, alors que les Allemands étaientencore à peu de kilomètres de la ville, Pie XII fitrésonner dans le monde chrétien inquiet la Voixde l'Eglise.

Un message urgent, assurément, destiné à ras-surer?

Les avis furent très partagés. Pie XII avait estiméne plus pouvoir attendre pour donner un saintpatron aux étudiants en Sciences Naturelles.

Les catholiques raisonnables s'abstinrent decommenter cela. Le saint patron en question étaitd'ailleurs Albert le Grand.

Curieux personnage cet Albert (1193-1280).Dominicain, il professa à Paris (place M'Aubert).

Il était « philosophe » à la mode du temps, c'est-à-dire plus alchimiste que chimiste, mathémati-

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cien et plus astrologue qu'astronome. Il s'acquitune solide réputation de Mage et même de Sor-cier — réputation apparemment justifiée, puis-qu'on réédite de nos jours encore le Grand Albert, traité de Haute Magie qui fait autorité en la ma-tière.

Parmi les miracles à son actif, le plus étonnantme semble être qu'il ait réussi à se faire, malgrétout, canoniser.

Le 2 décembre 1942, à Chicago, entrait en fonc-tionnement la première pile à uranium graphite;le rêve des alchimistes, cette transmutation dontle Grand Albert passe pour donner plusieurs recet-tes, hélas hermétiques, devenait réalité. Pie XIIavait donc eu raison de se dépêcher: du 16.12.41au 2.12.42, il avait déjà quatorze jours de retard,s'il voulait que son initiative tombe un an justeavant l'événement.

La guerre continue. Le patronage d'Albert leGrand continue à réussir aux physiciens du campde la Croisade contre le Walhalla. Le Vatican, deson côté, continue à gagner en prestige.

En 1942, pour la première fois dans l'Histoirede leur pays fondé sur l'anti-catholicisme, les U$établissent un contact diplomatique officiel avecle Vatican. En 1943, Radio-Moscou estime utilede saluer l'action de Pie XII. Hitler lui-même,malgré sa certitude de faire écraser la Chrétientépar le Walhalla, est obligé de tenir compte dupape.

L'explication rationaliste et positiviste du retouren force du Vatican dans les affaires mondialesest parfaitement convaincante:

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nonce de Benoît XV à Munich (1917) puisà Berlin; légat de Pie XI à travers le monde,de Buenos Aires à Paris en passant parBudapest, puis Secrétaire d'Etat, Pie XII a une tête politique, formée à la grande écolede la diplomatie vaticane. Et ce polyglotteconnaît son monde.

Et puis la paix arrive.Le pape, qui à la paix de 1919 comptait autant

que le prince de Monaco et lâchait des bullesdans l'indifférence générale de la Religio Dépeu-plée, est en 1945 une des voix les plus écoutéesdu monde, ainsi qu'il convient au Pasteur Angé-lique de l'Occident.

Et voilà que, le 15 octobre 1951, le cardinal Tedes-chini, un de ces robustes gaillards qui feraientdouter de la pure spiritualité de l'Eglise, annoncequ'un an auparavant, fin octobre 1950, le papea eu une vision renouvelée de celle des bergersde Fatima. (Il est vrai que le pape n'a vu que lesgalipettes du Soleil, partie scientifiquement aber-rante du miracle: il n'a pas eu droit, comme lespetits bergers, à la vision très acceptable de « péta-les en fleurs immenses et allant diminuant jusqu'àdisparaître avant de toucher terre », dans lesquelsles savants positivistes avaient dès 1917 reconnusans hésitation un vulgaire « météore gloire »)

Le Soleil qui fait des galipettes dans le ciel?Mais Pie XII est astronome! Du coup les explica-tions positivistes proposées au retour en force duVatican se retournent contre leurs auteurs : siPie XII est une belle intelligence, comment peut-ilproférer de telles sornettes?

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Tendons une perche aux positivistes: peut-êtrene s'agissait-il pas du Soleil des astronomes? LeVerbe a de ces détours...

Reportons-nous au texte exact de ce réalistede Tedeschini:

Une voix secrète engagea le pape à lever les yeux et à regarder le soleil. Sous la main de Marie, il vit la vie du soleil, celui-ci tout ébranlé, transformé en un dessin de la vie, en un spectacle de mouvements célestes, en un transmetteur de messages muets mais éloquents à l'égard du Souve-rain Pontife.

On dirait que nous sommes dans la bonne voie:ce soleil qui « a une vie », qui se trouve « sousla main de Marie », qui « transmet des messages »...Il ne ressemble guère au Soleil dont l'astronomePie XII discute avec les scientifiques venant le voirdu monde entier. Mais on dirait bien un frère dusoleil arrêté en plein zénith par Josué. De celuiaussi qui disparut du ciel, entre la 6e et la 9e heure,à la mort du Christ.

Mais alors... ce passage des Poissons du Christdans le Verseau de l'Homme, dont je voulaisdemander l'année au Vatican...

Il est évidemment difficile d'admettre qu'unsavant astronome du XXe siècle fasse une commu-nication scientifique dans un langage aussi far-felu: l'intégrisme, avec ce qu'il comporte de fidé-lité déroutante à la langue archaïque et symbo-lique de Moïse et du Christ, n'explique pas tout.

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Mais si c'est bien une communication scienti-fique et non un délire de bondieuserie que Tedes-chini faisait entendre d'ordre du pape, la clé nedoit pas être bien loin.

Les bons ésotéristes la placent toujours dans letabernacle, où elle reste invisible pour ceux quiont la Foi (ils se signent devant, et baissent lesyeux) autant que pour ceux qui ont l'Anti-foi (ilsricanent et ne remarquent donc rien).

Ouvrir le tabernacle d'Hermès est réservé auxcardinaux et aux sceptiques. Il n'y a aucune in-comptabilité.

Le « tabernacle », dans un « fait miraculeux »,est par définition la partie la plus choquantepour la raison.

En l'occurrence, il eût été plus raisonnablepour Pie XII de faire dire qu'il avait « revu lesoleil de Josué — ou celui du Christ mourant».Cela n'aurait incommodé aucun catholique, et lesastronomes même profanes auraient pu discu-ter de la chose, comme nous en discutons.

Mais peut-être Pie XII estimait-il qu'il étaitopportun de réserver la nouvelle à ceux qui ontdes oreilles? C'est une hypothèse que je vous pro-pose là. L'Eglise a toujours tenu pour diabolique tout ce qui est prématuré.

Le « tabernacle » où doit normalement se trou-ver la clé a donc de bonnes chances de se trou-ver dans le fait que Pie XII ait enveloppé dans un« miracle » une communication somme toute rai-sonnable. Et dans un miracle mineur, surtout, cequi va mal à un pape.

Qu'est-ce, au juste, que ce « miracle de Fati-ma »?

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Eh bien, c'est un miracle parmi tant d'autres quifont faire le signe de croix aux uns, et aux autresun geste obscène. Pour le sceptique, il a une seuleparticularité: c'est le 13 mai 1917 que les petitsbergers virent gigoter leur Soleil. Et c'est quatrejours plus tard, le 17 mai 1917, que Benoît XVsacrait évêque et expédiait à Munich cet EugènePacelli qui allait par la suite devenir Pie XII.

Que les amateurs de miracles voient dans cettecoïncidence un miracle de plus, tant mieux. C'étaitprévu pour.

Pour ma part, j'y aperçois plutôt une clé.Qui est-ce, au juste, ce Pie XII?Un scientifique qui suit sans peine les recherches

et découvertes des astronomes, physiciens, biolo-gistes, etc., qui les lui communiquent, soit hiérar-chiquement s'ils appartiennent à un des InstitutsCatholiques dispersés à travers le monde, soit aucours des entretiens qu'il accorde constamment à des chercheurs non catholiques. Pie XII est unevraie Bourse d'Echanges Scientifiques: il peut in-diquer, à celui qui lui expose l'état de ses travaux,si d'autres cherchent dans la même voie. Sans tra-hir de secrets, il peut donner une indication pré-cieuse: « vous êtes dans la bonne voie » — ou« je crains que vous soyez dans une impasse ».

Affirmation gratuite?Soyons sérieux: comment Pie XII a-t-il pu

savoir, alors que Berlin et Moscou l'ignoraient, quela transmutation allait se faire à Chicago, et celaavec une précision suffisante pour l'avoir fait pa-tronner un an d'avance, presque jour pour jour,par Albert le Grand?

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Et pourquoi aurait-il imaginé cette histoire d'Al-bert le Grand, si son but n'avait pas été d'indiquer,à ceux des chercheurs qui pouvaient encore endouter, que le Vatican était le Haut Lieu de laScience du XXe siècle?

M'auriez-vous imaginé capable de mettre la pro-motion d'Albert au rang de saint patron des phy-siciens sur le dos de quelque « miracle » obscu-rantiste?

Pie XII n'était pas seulement un scientifique. Ilétait aussi le chef spirituel de cet Occident chré-tien dans lequel les savants sont une minorité in-fime, quelques milliers noyés dans la masse despauvres bonnes femmes des deux sexes. Et à cespauvres bonnes femmes, le pape doit assurer leréconfort d'une croyance à leur portée.

Tout système a ses inconvénients. Le systèmede Pie XII a celui de sacrifier les semi-intellec-tuels, qui ont perdu la foi du charbonnier et cher-chent à la remplacer par une foi dans l'Absurde,aux certitudes équivalentes, plutôt que de pour-suivre la fuyante Cohérence.

Ce ne sont là, bien sûr, qu'hypothèses.Continuons à expérimenter.Entre octobre 1950, date de la « vision miracu-

leuse » et octobre 1951 où le cardinal Tedeschinifut chargé de l'annoncer urbi et orbi, Pie XIIavait eu soin, comme pour prouver qu'il n'était nul-lement gâteux, de prononcer un discours tenupour très cohérent par ceux qui étaient en me-sure d'en suivre le raisonnement. Les laïcs y avaient même discerné la volonté de Pie XII d'af-firmer que les galilées du XXe siècle ne risquaient

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rien — sinon d'être dépassés par les chercheursjésuites tels Teilhard de Chardin ou le R. P. Leroy.

Sujet dudit discours: Les preuves de l'existence de Dieu à la lumière de la science actuelle de la nature. Discours en trois parties:

1) dans la première partie, Pie XII annon-çait qu'il croyait en Dieu. Venant d'unpape, l'affirmation ne surprit personne;2) la deuxième partie était consacrée à l'entropie, en des termes intéressant uni-quement les personnes capables de discu-ter des possibilités pour le mouvementbrownien d'échapper au postulat de Clau-sius;3) la troisième partie traitait de l'Universen expansion perpétuelle, dans le cadredes théories d'Einstein, théories où toutefantaisie est interdite à un Soleil qui ignorela main de Marie.

Curieuse année, cette année 1950. Un mois aprèsavoir vu la main de Marie manipuler le Soleil (et11 mois avant de le faire annoncer), Pie XII pro-clamait le dogme de l'Assomption dont nousavons déjà parlé.

Si la clé du miracle de Fatima est bien celleque nous avons admise, cherchons par le mêmeprocédé celle du dogme de l'Assomption.

Il faudra faire pour cela une brève (2 para-graphes) incursion dans la physique.

Jusqu'au début du XXe siècle, on expliquait lesphénomènes électriques par des analogies avec

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l'eau: la tension ou « voltage » est comme la hau-teur de laquelle l'eau tombe; l'intensité ou « am-pérage » correspond au débit du tuyau.

C'était une explication parfaite pour une épo-que qui croyait que l'électricité allait du + au — sous prétexte que c'est le fil + qui flanque des se-cousses. Cette explication n'est plus acceptable denos jours, puisque nous savons désormais que c'estle pôle négatif qui déclenche dans le fil conduc-teur un déplacement en chaîne d'électrons attiréspar le pôle positif. Il faudrait remplacer l'eau del'exemple classique par de la vapeur qui, elle, partdu sol (au potentiel négatif) pour monter d'au-tant plus haut que se trouve haut le vide qui l'as-pire, tout comme le pôle + d'une pile « aspire » lesélectrons. Les éclairs, nous savons désormais qu'ilspartent de la Terre, négative, pour monter vers leCiel, positif.

Voilà pour la physique.Par ailleurs, toutes les civilisations et pré-civi-

lisations que nous connaissons plaçaient leursdieux dans le Ciel, du haut duquel ils déversaientleurs bienfaits et révélations sur les hommes, dontles pieds reposaient sur un sol surplombant desenfers. Tout comme dans l'électricité de papa, lepôle positif situé en haut passait pour déverserson courant sur son antagoniste d'en bas.

Mais toutes les explications du Zodiaque venude la nuit des temps sont d'accord sur quelquespoints: le Verseau est le Signe de l'Homme; leVerseau sera l'Age d'Or; au Verseau, l'Hommecréera lui-même ses dieux. Comme si, une fois lepoint vernal dans le Verseau, l'éclair devait naî-

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tre de la Terre des Hommes pour monter au Cieldes Dieux.

Et c'est justement là qu'en est notre physique.Reste à trouver un point d'intersection entre

notre Métaphysique Expérimentale et le dogmede l'Assomption.

Où avez-vous vu (en dehors du Poussin quiest au Louvre) le corps de Marie rejoindre sonâme, dans l'Assomption? C'est ce que croit le curéde votre paroisse?

Pie XII, lui, savait que le courant « immaté-riel » va du — au + ; il connaissait (et apparem-ment approuvait) les idées de Teilhard de Char-din, pour qui l'intelligence se subdivise en quanta,liés aux quanta de matière comme le parfum dela bénédictine est lié à la matière de celle-ci.

Peut-être Pie XII a-t-il voulu, en proclamant ledogme de l'Assomption, indiquer que c'était l'es-prit de Marie qui avait rejoint (au moment de laproclamation, sans doute?) son corps enfoui jadisen terre de Palestine.

Ce que cela change, si cela est? Un peu de pa-tience.

Les médicaments homéopathiques sont utilisésnon seulement pour soigner les hyper-émotifs sug-gestionnables, mais aussi en médecine vétérinaire.Avec succès, si le diagnostic a été bien établi.

On peut raisonnablement admettre que l'auto-suggestion ne joue guère, dans la guérison d'uncheval par l'homéopathie.

Et quel est le principe de l'homéopathie?On prend une goutte de produit actif et on la

met dans un litre de solvant pur (ou «vierge»);puis une goutte de cette « première dilution » va

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dans un autre litre de solvant pur; puis on conti-nue, gaiement. Très rapidement l'analyse la pluspoussée ne peut plus discerner quel produit a été« dilué » dans le solvant. Or, moins il y a de pro-duit actif (« plus la dilution est poussée »), plusle médicament se montre actif.

On ne sait pas pourquoi, mais c'est comme ça.Il n'y a pas de faute d'impression: la 100e dilu-

tion est plus active que la 10e.Notons en passant que l'analyse la plus pous-

sée ne permet pas de déceler un corps dilué s'il y en a moins de 1 gramme pour 100 000 litres desolvant. Mais in vivo, une solution pure de mosaï-que du tabac reste virulente à une concentrationde 10-14.

On ne peut que s'émerveiller devant ce « mira-cle de la nature ».

Pour en revenir à la sainte mère de Jésus, viergeou pas, elle a indubitablement vécu. Quand elleest morte, elle a été enterrée. La décomposition a transformé son corps en engrais. Cet engrais a faitpousser des plantes. Des bestiaux ont mangé cesplantes. Des hommes se sont nourris de ces planteset de ces bestiaux. Ces hommes sont morts, on lesa enterrés...

Et les dilutions ont continué, pendant dix-neufsiècles.

Pie XII a-t-il voulu proclamer, par son dogme,que le temps écoulé depuis la mort de Marie étaitenfin suffisant pour que chaque chrétien ait en luiquelques atomes de ce qui fut l'enveloppe char-nelle de ladite dame? Les « Chrétiens » se sont-ilsenfin suffisamment multipliés pour que la dilu-tion soit suffisamment poussée? Est-ce cela, la

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« résurrection de la chair » ? Si Teilhard de Char-din a pu être publié malgré de sérieuses entorses à l'orthodoxie, serait-ce pour bien souligner quePie XII admettait lui aussi le lien (somme toutetrès pythagoricien) entre quanta spirituels etquanta de matière?

Apparemment oui, puisque en proclamant sondogme, le scientifique Pie XII ne pouvait guèreimaginer le corps de Marie allant rejoindre sonâme au ciel.

Détail curieux, cette annonce nous a été faite unmois après que son « soleil » ait « indiqué » à Pie XII notre « entrée dans le Verseau ».

Dans ce Verseau où, ayant tous en nous le nom-bre requis d'atomes de la sainte mère de Dieu, nousaurions le droit théologique de considérer que cha-cun de nous, parcelle de l'Occident chrétien, estaussi une sorte de parcelle de mère-de-dieu collec-tive.

Aurions-nous, désormais, le droit et les disposi-tions requis pour enfanter notre Dieu, pour ladurée du Verseau? C'est ce que nous claironnenten tout cas ceux qui, de la nuit des temps, nous ontlégué le Zodiaque.

Vous êtes remis de votre émotion, cher mère-de-Dieu et congénère?

Je ne vous ai jamais dit que c'était vérité d'Evan-gile.

C'est simplement une hypothèse: Pie XII a bienl'air de nous suggérer cela, dans sa langue inspiréede celle de Jésus et de Moïse. Langue qui étaitaussi celle de Pharaon chez qui Moïse fut instruit.

Nous avons encore tout le reste du livre pourtenter de déterminer, par une série d'expérimen-

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tations cartésiennes, si Moïse, Jésus et Pie XII dérai-sonnaient. Et en tirer quelques hypothèses.

En attendant, voici un peu de mathématiquesamusantes:

Le diamètre moyen des atomes entrant dans lacomposition du corps humain est de 2.10-8 cm. Ily a donc 1,25.1023 atomes par cm3 d'humain. Enconsidérant que Marie était une pauvre et nedevait pas peser plus de 50 kg, il n'y en avait pasmoins dans son corps 6,25.1027 atomes.

La surface de la Terre est de 51,1.108 km2.En admettant une profondeur de pénétrationmoyenne de lOOOmètres dans la croûte terrestreet dans les mers, on doit trouver 1,22.1019 atomes deMarie par km3 de matière, dans le globe. Soit1 220 atomes de Marie dans chaque cm3 de terre,de mer, de flore et de faune.

Cela fait une soixantaine de millions d'atomesde Marie par humain vivant — et environ troisfois plus, évidemment, par tête, si l'on considèreque la répartition a dû être réservée, pendant delongs siècles, à l'Occident chrétien.

Je n'étais pas dans la confidence de Pie XII etj'ignore absolument le nombre minimum et maxi-mum d'atomes de Marie que doit contenir uncorps appelé à abriter une âme déogène. J'ignoreégalement quelle surface occupe « l'Occident chré-tien ». J'ai donc gaillardemment négligé ces détailsen me contentant d'un ordre de grandeur.

L'Eglise aurait, en somme, des raisons valablespour interdire l'incinération des morts, qui sup-prime des maillons dans la chaîne?

Une vue de l'esprit, maintenant:

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Les humains, micelles ionisées par lesquanta de l'esprit de Marie, sont emportésdans un mouvement brownien. Une étudedes lois de l'entropie peut donner une idéede la façon dont surgira, de cette massehumaine, le Dieu conçu par l'Homme, dansl'Ere du Verseau. Si le postulat de Clausiusvous est familier, lisez le texte de l'allocu-tion prononcée sur ce sujet par Pie XII,en janvier 1951, entre sa proclamation dudogme de l'Assomption et la révélationdes messages muets à lui adressés par unsoleil mû par la main de Marie.

Il y a des gens qui ont été enfermés aux petitesmaisons pour des affirmations moins démentielles.

Quittons donc les arides calculs et revenons à Pie XII. Commençons par une rapide récapitu-lation:

en octobre 1950, Pie XII voit son soleil luiadresser des messages;un mois après, il proclame le dogme del'Assomption;deux mois plus tard, il disserte avec érudi-tion des mouvements browniens;il attend octobre 1951 pour faire annoncersa vision de l'année précédente.

L'année 1951 s'achève, l'année 1952 se déroule.Plus de miracles, rien que du raisonnable. Pie XIItravaille comme quatre bénédictins, dirige toutseul une politique internationale digne de Talley-rand et de Metternich (pour ne rien dire de Riche-

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lieu) et décide même qu'il n'a pas besoin de l'aided'un Secrétaire d'Etat. Il travaille seul.

Il trouve néanmoins le temps de recevoir de trèsnombreux savants et hommes d'Etat, qui toussollicitent ses audiences et le quittent très impres-sionnés. Ce Pasteur Angélique est surprenant.

Nous ne sommes pas à Byzance pour chercherà savoir comment sont constitués les anges, maisnous savons qu'il leur arrive de tenir des fléaux,dans cette Apocalypse dont notre Pie XII manie siallègrement la langue. Et c'est le fléau de l'ana-thème qu'il brandit contre Staline, lequel meurt enmars 1953, pendant que le chétif Pie XII continueà travailler sans relâche.

C'est en décembre 1954 que le Pasteur Angéli-que reçoit les derniers sacrements. Il est mourant.Certains y ont vu le « contrecoup » de je ne saisquelle « action magique » contre Staline... Si ça lesamuse, je veux bien. Puis Pie XII se rétablit.

Il se rétablit grâce aux soins d'un médecin dontdes personnes bien plus compétentes que moidiront qu'il est un affreux charlatan.

Je dois avouer que le mourant sauvé par uncharlatan, ça me trouble beaucoup. De deux cho-ses l'une:

ou c'est plus fort que Lourdes,ou c'est une clé que Pie XII nous tend,pour le tabernacle d'un « miracle » encoreà venir.

Peut-être le médecin en question a-t-il été calom-nié? C'est possible. Ce serait alors la justificationde la médecine non conformiste.

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Quoi qu'il en soit, à peine remis, Pie XII sereplonge dans le travail, pour ne faire annoncerqu'un an après l'avoir eue une nouvelle « visionmiraculeuse » : à son chevet de mourant, il a reçula visite du petit Jésus.

Le Bambino était entré et sorti, discret commeun fantôme bien élevé? Non, ils ont bavardé. Lesujet de l'entretien n'a cependant pas été commu-niqué.

Il est pourtant difficile de prétendre que Pie XIIétait gâteux: son entretien avec le Bambino, il nel'a laissé divulguer qu'en novembre 1955 — Unan après l'événement. Ce n'était donc pas unmourant qui tolérait qu'on révèle une hallucina-tion, mais un homme qui, ayant entièrement récu-péré sa lucidité et sa puissance de travail, ordon-nait la proclamation d'un fait, pour des raisonsqui, si elles n'apparaissent pas au premierabord, n'en avaient pas moins été mûrementpesées.

Fourbissons notre matériel d'expérimentationmétaphysique.

Jésus s'est à plusieurs reprises manifesté, entresa mort et 1954. Mais depuis le jour où il avaitrattrapé Pierre qui fuyait Rome pour l'y renvoyersubir son supplice, Jésus ne s'était personnellementadressé qu'à des illettrés, dont l'esprit et le témoi-gnage manquent de rigueur scientifique.

Ouvrons une parenthèse. Quand un pape meurt,il est dans la logique dévote de penser qu'il com-mence par monter au ciel pour rendre compte desa gestion au Patron qui l'attend en son Paradis.

Mais s'il mourait pour aussitôt ressusciter?Si le pape n'a pas eu le temps matériel de monter

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chez le Patron, entre sa mort et sa résurrection, lamême logique dévote veut que le Patron descendeconférer sur Terre avec lui.

C'est du langage d'apocalypse pour grenouillesde bénitier, mais il ne faut pas oublier que Pie XIIy recourait chaque fois qu'il avait à annoncer deschoses qui, à la scolastique moderne, paraissentaussi aberrantes qu'une Terre tournant autour duSoleil pouvait paraître aberrante aux scolastiquesd'il y a trois siècles à peine.

Or, dans ce langage si particulier, Pie XII ne s'yserait pas pris autrement si son propos avait étéde nous faire entendre que Pastor Angelicus ayantachevé son pontificat, le pape suivant, Pastor etNauta, avait pris la suite, en décembre 1954. Lesdeux dans la même enveloppe charnelle d'EugènePacelli.

Eugène Pacelli était le seul pape de l'Histoire à avoir été deux fois élu à quelques heures d'inter-valle.

A quoi correspond alors cet écart de 4 ans, entrele passage dans le Verseau (le soleil lanceur demessage) et la visite du Seigneur? Serait-ce unfignolage, une sorte de serrure de sûreté, que cetteréédition de l'écart de quatre ans entre les deuxdates que les historiens avancent pour la naissancede Jésus de Nazareth, né selon les uns en l'AnUn et selon les autres en l'an — 4?

Si vous m'avez suivi jusqu'ici, la Prophétie deMalachie est une nourriture à laquelle vous avezpris goût. Vous ne l'admettez pas comme axiome?Non, bien sûr. Moi non plus.

Mais comme hypothèse plausible, et mêmecomme postulat...

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Pastor et Nauta... Nauta veut évidemment direNautonnier. Mais sur quel Styx? Vers quel RivagePromis?

J'allais oublier un détail: il ne faut pas se laisserabuser par la devise malachienne de Jean XXIII,Flos Florum, Fleur des Fleurs.

P. V. Piobb avait remarqué que toutes les devi-ses papales où il était question de fleurs étaient iro-niques et correspondaient à des règnes parsemésd'épines.

Maintenant que nous voilà dans le Verseau, celapeut changer?

Assurément.Mais nos incertitudes sont peu de choses, com-

parées à celles des imprudents qui se hasardent à prédire les événements dont sera pavé l'avenir.

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Les événementssont l'écume des Choses.

Paul Valéry.

Les Choses ne sontque l'apparence des Nombres.

Hieros Logos.

Le R. P. Thibaut, jésuite, dans un ouvrage publiéà Paris en 1951, calculait que le Pierre Romainrégnerait en 2012. Pour ma part, j'arrive à deschiffres un peu différents: 2027 pour son élection,2036 pour la fin du dernier des pontificats.

La devise qui attend le successeur de Jean XXIIIest De Mediate Lunae. Traduire la devise d'unrègne aussi proche serait déjà prendre parti. Res-tons-en à la seule chose certaine: la Lune joueraun grand rôle pendant le règne en question.

Nous n'avions pas besoin de Malachie pour lesavoir? Bien sûr.

Mais, à raison d'une devise par pape, quelqu'unl'avait non seulement prévu, mais encore situédans le temps, dans une Prophétie qui a date cer-taine depuis 1595.

Au pape de la Lune succédera De Labore Solis. C'est normal, la Lune étant l'étape indispensabledans l'exploration du système solaire. Labor a six

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sens principaux, en latin; il serait donc hasardeuxde faire des prophéties sur ce que sera ce Labor du Soleil.

Après le pape du Soleil viendra De Gloria Oîi-vae. « De la Gloire de l'Olive » est une devise sansobscurité; l'olive n'étant pas une fleur, on peutmême penser que la devise est de bon augure.

A la mort du pape de l'Olive viendra le dernierdes papes, celui dont j 'ai donné la devise, la seulelongue et explicite de la Prophétie, au début duchapitre 5. Ce dernier pape sera le premier depuissaint Pierre. Comme pour boucler la boucle.

Les prénoms sous lesquels régneront les troispapes intermédiaires, il suffit d'avoir compris larègle du jeu et les données du problème pour lesretrouver: ils effaceront les dernières ombres.

Puis viendra le Juge Redoutable — et les Pèresde l'Eglise du Verseau auront à sa mort tout le jeuen main.

Faut-il admettre que, les conjonctions de pla-nètes n'ayant en rien l'influence que leur prêtentles naïfs faiseurs d'horoscopes, le Zodiaque soit unesorte d'horloge où le point vernal marque les éta-pes d'un « retour éternel » des Choses qui, sou-mises aux Nombres, font réapparaître à chaqueCycle ou « tour de cadran » des événements qui,pour être analogues vus de Sirius, n'en sont pasmoins très différents pour les humains qui lesvivent?

Sans nous donner de procédé pour pénétrernous-mêmes dans la connaissance de l'avenir, celaexpliquerait au moins que d'autres aient pu lepénétrer, en nous laissant quelques témoignagesde leur science.

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Il est malheureusement difficile d'admettre celasans plus de preuves et présomptions que je n'enai jusqu'ici donné. On peut tout juste y voir de lascience-fiction — ou à la rigueur une fantaisiehistorique qui s'amuse à imaginer une victoire deNapoléon à Waterloo.

C'est d'ailleurs séduisant, comme jeu.On prête à Erich-Maria Remarque une bien jolie

histoire, dans cet esprit: un vieux berger, en Autri-che, passait pour entendre le langage des astres.Un jour, abandonnant ses moutons, il entra dansune maison de la ville, où dormait un nouveau-né.Le berger étrangla l'enfant. Il fut arrêté, jugé, con-damné, exécuté. Et ce fut une affreuse injustice,car le bébé s'appelait Adolf Hitler.

Prenons comme point de départ la guerre de1914 et posons comme postulat qu'elle était inévi-table en raison des intérêts économiques opposésde l'époque.

Chez nos Homologues du Cycle précédent, amu-sons-nous à imaginer que Briand ayant triomphéde Poincaré, l'Allemagne vaincue signa dès 1917la Pax Europeana que Mgr Pacelli proposait, d'or-dre de Benoît XV. En mars 1917, il était tempsencore d'éviter l'effondrement du tzarisme en Rus-sie et aussi l'intervention des U$ dont les illusionspuritaines pesèrent si lourdement sur la rédactionde notre paix de 1919.

Cela n'évita pourtant pas à nos Homologues lestade Religio Depopulata, lequel n'est pas un évé-nement forfuit, mais une manifestation des Nom-bres dans les Choses inéluctables.

Hitler ayant été étranglé dans son berceau, l'Al-

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lemagne resta républicaine, faute d'un magnéti-seur pour imposer le rêve démentiel des théori-ciens du Walhalla. Mais la République de Weimarne put relever l'Allemagne qu'en exportant lesproduits de son industrie. Seul importateur possi-ble: la Russie, restée tzariste et économiquementsous-développée. La France et l'Angleterre ayantélevé des barrières douanières pour protégerleurs propres industries n'importaient que le strictminimum.

En 1939, la Russie tzariste atteignit ainsi unepuissance comparable à celle que nos SU n'ontobtenue que vers 1950. Le conflit était donc inévi-table avec les Franco-Britanniques et une guerreéclata, pour nos Homologues comme pour nous, en1939. Contre la Russie tzariste et non contre l'Alle-magne nazie, certes. Mais la différence est imper-ceptible, pour Sirius.

Un conflit entre la Russie et les Alliés était aussistérile il y a 260 siècles que de nos jours: il n'étaitpas question pour l'un des deux camps d'espérerla victoire. Cela se termina donc par une paixblanche, signée à Yalta. Une paix sur le dos del'Allemagne pourtant restée neutre: les moralistesde l'époque tombèrent tous d'accord pour décréterque, ayant poussé l'inconséquence jusqu'à surar-mer la Russie, l'Allemagne était la véritable res-ponsable du conflit et devait en subir les consé-quences.

Les Choses étant simple apparence des Nombres,au point d'orgue de 1945 nos Homologues eurentà résoudre les mêmes problèmes que nous: uneRussie exsangue, une Allemagne démembrée, uneEurope à bout de souffle, le Dominion semi-indé-

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pendant U$ profitant de la situation pour tenterde s'emparer du leadership mondial.

La suite des événements d'il y a 260 siècles im-porte peu. Le principal intérêt du jeu est de tenterde comprendre le peu d'importance des événe-ments, écume des Choses.

Et aussi de satisfaire le goût de logique qui esten nous: la seule chose proprement incroyable del'aventure hitlérienne que nous avons vécue est eneffet que des esprits positifs, conservateurs et « dedroite », aient misé leur bon argent sur un Wal-halla de rêveurs qui, ayant lu dans le Maha Bha-rata (p. 25, tome I de la traduction H. Fauche)que Arjouna neutralisa l'arme (magique) des Brah-maçivas avec le seul mot SWASTI, prirent pouremblème la swastika, en germanisant le tout par« l'ésotérisme magique » des runes.

Sans Hitler, le nazisme n'était qu'une visionfumeuse pour intellectuels neutralistes adeptesd'un Langzo Devastato.

Nous ne tarderons sans doute pas à savoir si leneutralisme n'engendre pas des génocides, luiaussi, où les bonnes intentions ne suffisent pas à ressusciter les morts.

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Ce qui passe a été et sera,et passe du prétérit au futurpar un présent imperceptible.

Fénelon (Traité de l'Existence de Dieu, II. 2).

Au point où nous en sommes, s'il n'est pas encoreraisonnable d'admettre la nécessité d'un renouvel-lement des Mythes de la Religio ou « lien avec lepoint vernal », chaque fois que ce point vernalpasse d'une « heure » ou « Ere » du Zodiaque dansla suivante, il semble quand même déraisonnablede refuser a priori cette nécessité.

Au point où nous en sommes, s'il n'est pas en-core raisonnable d'admettre la possibilité d'uneprévision des Choses d'une Ere à venir, prévisionbasée sur les Nombres de l'Ere homologue du Cycleprécédent, il semble quand même déraisonnable derefuser a priori cette possibilité. (Même si l'on peutprévoir les Choses, il serait vain d'espérer prédireles événements qui en sont l'écume, bien entendu.)

Au point où nous en sommes, la folie douce nousguette, si nous acceptons la moindre croyance(pour ou contre, spiritualiste ou positiviste ouencore gnostique), sans la vérifier expérimenta-

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lement, plutôt deux fois qu'une, quitte à rabâcher.La folie douce nous guette même si, en expérimen-tant, nous laissons le respect pour les choses lesplus respectables nous engourdir l'esprit: c'est lerespect du corps humain qui, ayant fait jusqu'àla Renaissance interdire toute dissection, avait faitcroupir la médecine dans les superstitions scolas-tiques. (Si ce systématique manque de respect nousfait parfois tomber dans des plaisanteries douteu-ses, tant pis: les blagues de carabins procèdentd'un esprit plus scientifique que le dic cur hic des respecteurs d'Hippocrate.)

Au point où nous en sommes, il serait dérai-sonnable de ne pas faire sonner sur le marbre etessayer à la pierre de touche chaque pièce que l'onnous tendra: les faux-monnayeurs nous guettentà chaque pas, avec des références fausses ou tron-quées, et des interprétations abusives.

Et les mythomanes sincères ne sont pas moinsredoutables que les faux-monnayeurs: que l'onfausse, tronque ou interprète abusivement debonne foi ou avec l'intention d'escroquer, le résul-tat final reste le même, si l'on nous amène à accep-ter une idée fausse, tronquée ou abusivement inter-prétée.

Pharaon, Moïse et Jésus étaient-ils des faux-mon-nayeurs?

Le raisonnement « par référence », celui des phi-losophes non platoniciens, tient pour valable uneaffirmation dès qu'elle a été proférée par unhomme réputé pour son intelligence; elle ne sau-rait nous suffire. Nous ne pouvons nous per-mettre, dans le domaine où nous voici engagés, lamoindre liberté avec le raisonnement scientifique,

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où le théorème de Pythagore est admis non parcequ'il est « de Pythagore » mais parce qu'il estexpérimentalement vérifiable en tous temps etlieu.

C'est donc seulement parce que les Mythes édi-fiés par Pharaon, Moïse et Jésus s'enchaînent enune lignée qui a tenu, à travers les vicissitudes,pendant que s'effondraient l'un après l'autre lesmythes des Empires idolâtres passagèrementtriomphants, que nous acceptons leurs postulats.

Et encore, faudrait-il savoir si Pharaon, Moïse etJésus étaient des mythomanes qui ont réussi parpur hasard, ou des mythologues savants...

Il faut commencer par préciser le sens des mots.Les gens raisonnables sont facilement obnubilés

par le radical MYTHE, synonyme à leurs yeux de« foutaise ». Et ils tiennent volontiers pour cou-sins germains le MANE obsédé de mythes et leLOGUE qui cherche à y séparer le bon grain del'ivraie. Il y a pourtant une différence essentielle:

le ciel du mythologue est celui des astro-nomes. Des lois scientifiques que desobservations patientes peuvent permettred'en dégager, on peut espérer tirer unesolution aux problèmes non encore réso-lus par la science humaine;Le ciel du mythomane prend une Majus-cule, sert d'Habitat à des Dieux et Assimi-lés, et envoie des Signes.

Il faut bien entendu éviter de confondre le my-thologue qui dit lire des messages dans le ciel

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avec le mythomane qui croit sincèrement les y lire.

Larvatus prodeo, prévenait Descartes : « Je m'avan-ce masqué. »

On s'est souvent demandé pourquoi, mais onoublie généralement de poser la vraie question :

pourquoi, ayant estimé utile de « porterun masque », Descartes avait-il estimé nonmoins utile de signaler qu'il en portait un?

Tendait-il une clé? Quelle clé? Et à qui?Le Verseau ou « Signe de l'Homme » est ainsi

nommé parce que depuis la nuit des temps il a été symbolisé par un homme bercé par les flotset déversant l'eau d'une cruche jamais tarie. Ver-seau veut dire verse-eau, sens qu'il avait dans lelatin, aquarius, dans le grec hydrochoos et dans leslangues antérieures qui, toutes, veillaient à ne pasaltérer le sens venu de la nuit des temps.

Il faudra assurément nous méfier des plom-biers mythomanes.

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Que les astrologues, les morveux (blenni) Et les barbares s'éloignent de ce livre.Et maudit soit selon le riteCelui qui agira autrement.

Nostradamus.

Le quatrain ci-dessus, le dernier de la 6e Centu-rie, est le seul que Nostradamus ait rédigé en latinet non en français.

C'est aussi le seul dont négligent de tenir compteceux qui, même sachant le latin, cherchent dansNostradamus des prévisions sur les événements de demain.

On peut, certes, chercher les traces des civilisa-tions antérieures à notre pré-histoire par les pro-cédés de l'archéologie et de l'ethnographie classi-ques. On a de bonnes chances de découvrir deschoses troublantes, comme cette Jéricho I parexemple, que la datation par le carbone 14 situevers — 6800, ce qui oblige à admettre que deuxmillénaires avant les premières civilisations« connues » en existait une autre, dont on ne saitrien. On a de bonnes chances de découvrir ainsiquelque dieu Ptah, des Amon purs béliers, desAmon semi-béliers, et des Amon plus béliers du

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tout. Mais on risque, faute de savoir ce qu'on cher-che, de peupler des salles de musées avec des élé-ments que n'unit aucune cohérence autre quechronologique.

Pour le pragmatique cyniquement utilitaire,rechercher les civilisations disparues ne serajamais plus qu'un passe-temps distrayant, s'il n'apas l'espoir de trouver dans ce « prétérit » les voiesdu « futur » tracées à notre « présent impercep-tible ».

La seule Civilisation disparue qui m'intéresseest celle (si elle existe) dont les données ont puêtre perpétuées jusqu'à nous par une Initiation (sielle existe) qui aurait, au long des siècles étagesentre sa disparition et nous, guidé les « décou-vertes » de la science des hommes comme un maî-tre guide les « découvertes » de ses élèves: pas à pas, marche après marche, par paliers les faisantpasser de la maternelle au doctorat es sciences(99 marches entrecoupées de 7 paliers, prétendentles ésotéristes).

La méthode « policière », elle, consiste à « re-monter vers le passé » en s'arrêtant à chaque ano-malie découverte, dans l'espoir de retrouver lagenèse du fait sur lequel on enquête.

Quand un scientifique comme Pie XII parle d'unsoleil que la main de Marie fait échapper au déter-minisme, il y a assurément anomalie.

C'est donc en pragmatique que j'ai cherché, dansl'anomalie des miracles et dogme de Pie XII, lagenèse d'une Cohérence qui, si elle est bien lanôtre dans le passé, pourrait l'être aussi pour notreavenir. Si ce sont bien des communications scien-tifiques que nous a faites Pie XII, la méthode « poli-

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cière » nous fera descendre, marche à marche,palier après palier, jusqu'à l'origine de son Ini-tiation présumée, jusqu'à la seule des civilisationsdisparues pouvant présenter un intérêt pratique.

En descendant ces marches, nous rencontronsl'auteur de la Prophétie de Malachie, Nostra-damus, et quelques autres.

Ne leur demandons surtout pas d'oracles, nousrisquerions d'être maudits selon le rite, en compa-gnie des astrologues et des morveux. Nous auronsdéjà assez de mal à établir s'ils constituent bien,des paliers de l'escalier d'Orphée, ou de redoutablestrompe-l'ceil.

Si les miracles et dogme proclamés par Pie XIIsont bien des communications scientifiques, il neserait pas cartésien de reprocher à Pie XII des'avancer masqué.

Si Pie XII cherchait bien à nous dire que, lepoint vernal ayant en 1950 franchi une « heure » de plus au cadran du Zodiaque, un renouvellementdes Mythes de la Religio s'imposait, un masqueétait indispensable pour ne pas choquer les dévots,tout en mettant qui de droit au courant d'uneobservation astronomique ignorée des observa-teurs profanes.

Mais, masque pour masque, pourquoi ne pas par-ler aux scientifiques une langue qui, claire poureux, eût été pour les dévots incultes aussi impéné-trable que celle des dogme et miracle et n'auraitpas risqué de faire passer Pie XII pour un fou aumoins à éclipses?

Je n'étais pas plus dans la confidence de Pie XIIque dans celle de Descartes. Je sais pourtant que lesdévots du rationalisme positiviste qui scolasti-

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quent dans la Science de notre temps sont aussiredoutables que ceux qui, au XVIIe siècle, obligè-rent Urbain VIII à condamner Galilée. Et cesscolastiques entendent la langue des sciences.

Si c'est bien à ces dévots du matérialisme, plusencore qu'aux lécheurs de crucifix que Pie XIItenait à masquer le sens de sa communication, des-tinée à ceux qui ont des oreilles, nous avons à l'intégrisme de son langage une explication cohé-rente, sinon certaine.

Une hypothèse de plus, en somme, à vérifier parla suite.

Le Vatican prenait le risque de voir une expli-cation comme la mienne vendre la mèche?

Soyons sérieux. Après m'avoir rabaissé par vosdoutes, vous me faites rougir de confusion. Je nem'imagine pas assez éloquent pour troubler lesconsciences dévotes pour qui la fraise sauvage n'estque sauvage et au diable son goût délicieux.

J'ai d'ailleurs eu soin, pour ne pas risquer d'in-duire en tentation les croyants des deux bords,d'adopter le style le mieux fait pour les inciter à nepas me lire.

Paul Couderc, astronome titulaire de l'Obser-vatoire de Paris, a le don d'exposer clairement cequ'il sait. Le seul défaut de ses livres est la dévo-tion de leur auteur aux articles de foi positivistes,qui vont jusqu'à lui troubler la vue: dès qu'il parledu passé, Paul Couderc devient aussi sujet à cau-tion qu'un astrologue décortiquant Nostradamuspour parler de l'avenir.

Dans Les étapes de l'Astronomie (PUF, éd.), PaulCouderc rappelle qu'au IIIe siècle avant notre èreAristarque situait le Soleil au centre du système,

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avec la Terre tournant autour, de même que lesautres planètes... (Aristarque était de Samos,comme Pythagore, dont il était un disciple et con-tinuateur.)

L'explication d'Aristarque fut jugée « impie » parses contemporains.

Couderc souligne que « nul après Aristarque,et jusqu'à Copernic, ne reprit cette audacieusehypothèse ». Dans le même livre, un croquis mon-tre comment, un siècle après Aristarque, Ptolé-mée expliquait, à la satisfaction des dévots, l'Uni-vers avec la Terre au centre et le Soleil tournantautour d'elle, de même que la Lune et les autressphères.

Il est de fait qu'entre le siècle — III et notreXVIe siècle, personne dans le monde profane nemit en doute le géocentrisme de l'Univers.

Dans le monde profane... c'est le seul détail quiéchappe à Paul Couderc qui écrit (p. 77) que « avecCopernic s'ouvrent les temps modernes, non seule-ment pour l'astronomie, mais pour la philoso-phie », c'est moi qui mets en italique.

Seulement voilà... que le Soleil fût « au centredes sphères », le brave cher Duns Scot (1274-1304)lui-même le savait et le notait, non comme unedécouverte mais comme une chose allant de soi;Sol est astrum majis lucidum et situatum in medio sphoerarum.

Et, tout comme de nos jours, les Savants profa-nes tenaient pour divagations de dévôt obscuran-tiste une affirmation aussi choquante pour la rai-son raisonnante du XIIP siècle que les proposde Pie XII pour celle du 19e — et même pour celledes fossiles du 19e survivant parmi nous. (La cita-

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tion vient de Meteor.q.12/n.6, dont le grand défautest de n'avoir à ma connaissance jamais été tra-duit du latin, et d'être donc resté un ouvrage plutôtconfidentiel.)

Cela revient-il à dire que le Vatican, héritier deMoïse, lui-même héritier des Pharaons, ne laissedévoiler en langage profane la Science des Initiésqu'au fur et à mesure des progrès techniques per-mettant d'en administrer la preuve scientifique?

Le Vatican a-t-il été édifié pour guider l'ascen-sion des sciences vers la conquête du Cosmos,au Verseau, en veillant à ne jamais perdre sonprestige en laissant sa Cohérence être abaissée aurang d'une science-fiction prématurée?

On peut le penser, sinon y croire; cela explique-rait, entre autres « anomalies » :

a) que Copernic, qui hésita de longuesannées à publier son Système, qu'il crai-gnait prématuré, n'ait jamais eu d'ennuisavec l'Eglise;b) que Galilée ait eu des ennuis sérieuxpour avoir manqué de prudence au pointd'obliger le Vatican à interdire les doc-trines coperniciennes en 1616, 75 ans doncaprès la mort de Copernic.

On aime l'oublier, en effet: en 1616, alors queles Jésuites enseignaient depuis des années déjàl'astronomie copernicienne dans leurs Missionsde Chine (où cela ne surprenait en rien les taois-tes), les outrances publicitaires des galiléistesavaient en effet placé l'Eglise devant un crueldilemme:

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a) soit condamner des théories qu'elleavait tout lieu de tenir pour exactes;b) soit, en ne les condamnant point, don-ner la caution du Vatican (à qui la Réfor-me reprochait déjà trop son « goût » pourles mystères païens ») à ce qui ne pouvaitpasser alors que pour de la science-fic-tion, la science profane ne disposant pasencore de moyens matériels pour vérifierles théories de Copernic et de Galilée — c'est-à-dire celles d'Aristarque.

Voilà qui peut expliquer non seulement la con-damnation de Galilée, mais encore l'imprécisiontortueuse des attendus du jugement et la douceursurprenante des peines qu'eut à subir Galilée.

Dans ses Somnambules, Arthur Koestler exposeles faits avec beaucoup de clarté et une bonnefoi que je n'ai jamais pu prendre en défaut. Commeil n'envisage aucune de mes thèses, il ne prête pasdu tout les mêmes raisons que moi aux louvoie-ments du Vatican. Et on ne peut guère l'accuser desolliciter les faits pour appuyer ma thèse.

Mais revenons à Nostradamus.Au 72e quatrain de la 10e Centurie, le seul des

mille quatrains qui donne une date précise, nouslisons qu'un « grand Roi d'effrayeur » « viendradu ciel », en « juillet 1999 ».

Tous les mythomanes de l'astrologie se sont abat-tus sur cette date, pour en déduire presque tousque ce Signe du Ciel (ce sont des choses aux-quelles un mythomane se doit de croire) sera malé-fique.

Je me sens bien incapable de dire ce que signi-

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fient les « prédictions » publiées par Nostradamusen 1555 pour « l'an cinq cent octante » (1er q. 6e C),ni pour quelle date l'israélite Michel de No.stre-Dame prévoyait que « La Synagogue stérile, sansnul fruit Sera receuë entre les infidèles » — nimême de dire ce qu'il entendait par-là. Je ne saismême pas si Nostradamus a jamais cherché à pré-dire des événements. Je suis tenté de croire qu'ilne s'intéressait qu'aux Nombres. Peut-être, à larigueur, aux Choses...

Mais ce qui me frappe, c'est qu'en une époqueoù les éclipses du Soleil provoquaient la panique,il ait annoncé en un style auquel nous commen-çons à nous habituer, un « effrayeur » pour 1999.

Grégoire XIII n'institua le calendrier grégorienqu'en 1582, seize ans donc après la mort de Nostra-damus. Celui-ci usait par conséquent du calen-drier julien, lequel indiquera la date du 29 juil-let 1999 lorsque aura lieu sur Paris l'éclipse totaledu 11 août 1999 de notre calendrier.

Chacun sur son dada, les astrologues mythoma-nes qui cherchent des Signes dans le Ciel et PaulCouderc qui cherche des Certitudes dans le Ratio-nalisme sont passés à côté de la seule chose propre-ment inexplicable pour qui refuse l'existenced'une Initiation :

Comment, dans le seul des mille quatrainsoù il ait indiqué une date précise, cecontemporain du prudent Copernic a-t-ilsu prévoir, quatre siècles d'avance, la seuleéclipse totale que Paris aura connue depuis1724?

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Mort avant que Képler ait découvert son Sys-tème, Nostradamus savait-il autant d'astronomieque Paul Couderc?

On a énormément écrit sur Nostradamus. Enévitant les livres que lui ont consacré les illumi-nés, lisez quelques-uns de ceux consacrés ausavant qui donna, entre autres, un procédé pourfaire des conserves qui resta en usage jusqu'auperfectionnement d'Appert (1750-1841) et au con-seiller dont Catherine de Médicis sollicitait les avis,en appréciant sa lucidité « surhumaine ».

Pourquoi Nostradamus néglige-t-il l'éclipsé de1961, totale sur Rome, pour mettre tellement enrelief celle de 1999, la première que Paris verradans l'Ere du Verseau? Parce que la « cité aux septcollines » sera en 1999 près de sa « destruction » ? L'affirmer reviendrait à dire que Nostradamusconnaissait la Prophétie de Malachie avant sa datecertaine (1595), ou qu'il était arrivé aux mêmesconclusions que l'auteur de cette Prophétie.

Il semble plus raisonnable de revenir à PaulCouderc.

Dans un autre de ses ouvrages, Les Eclipses (PUF, éd.) je lis, page 54: « Neugebauer, historiendes sciences parmi les plus qualifiés de l'heure,dénonce dans son ouvrage The Exact Sciences inAntiquity, non seulement le mythe des Pyramideset des observations précises des Babyloniens, maisaussi celui du Saros chaldéen. »

Les Pyramides, nous en parlerons au chapitresuivant. Pour les Babyloniens, j 'ai eu la curiositéde lire cet ouvrage de Neugebauer. Page 129 del'édition bilingue de Copenhague qui se trouve à la Bibliothèque Nationale, j 'a i trouvé ceci:

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Qui étaient les astronomes qui ont créé et utilisé cette théorie [remontant à l'anti-quité babylonienne]? Je ne vois aucun moyen de donner une réponse satisfai-sante à cette question.

Je dois avoir l'esprit mal fait, je n'ai pas du toutl'impression que Neugebauer « dénonce le mythedes observations précises des Babyloniens ».

J'en ai d'autant moins l'impression que, à lapage 166 du même livre, Neugebauer indique com-ment, en comparant aux paramètres babyloniensles « étranges valeurs que le Vahara Mihira donne à la durée des révolutions synodiques desplanètes », il obtient, en remplaçant « jours » par« degrés », l'arc synodique pour ces planètes avec une remarquable précision. En remplaçant« jours » par « degrés »...

Ce Vahara Mihira où on appelle « jours » desdegrés d'angle a date certaine depuis le sixièmesiècle avant notre ère.

Le siècle — VI, c'est le siècle de Pythagore.

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Quand je ramasse des coquillageset que j'y trouve des perlesj'extrais les perleset jette les coquillages.

Joseph Joubert..

Chacune des 12 « heures » ou « ères » zodiacalesdure, nous l'avons vu, 2 160 ans — à une dizained'années près.

Le calendrier des Pharaons situait l'An Un duTaureau en — 4235; l'Ere du Taureau a duré unevingtaine de siècles, comme il convient à la Cohé-rence que je propose. Puis Amon le Bélier estapparu, vers — 2100.

L'Ere du Bélier aussi a duré sa vingtaine de siè-cles, sous Amon (et Chnoum) d'abord, puis sousJéhovah, jusqu'à notre An Un, celui du Christ desPoissons, l'Ichthys des premiers chrétiens.

L'Ere des Poissons a duré, elle aussi, sa vingtainede siècles.

Mais l'astronomie est une science exacte: leSoleil apparaîtra, pendant plusieurs siècles en-core, devant la constellation des Poissons pourmarquer l'équinoxe de printemps. Et nous avons

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vu que les constellations sont de longueurs trèsdiverses.

C'est donc bien aux Signes, si décriés depuis queles faiseurs d'horoscopes s'en sont emparés pourleur douteux commerce, que correspondent lesEres. Et c'est donc bien l'entrée du point vernaldans le Signe du Verseau que Pie XII semble nousavoir indiquée, en 1950.

Entre les mythomanes de l'horoscopie et lesastronomes empêtrés des mythes positivistes, setrouverait donc une génération nouvelle de ké-plers, astronomes astrologants frères des physi-ciens alchimisants qui transmuent la matière eten font surgir les « esprits invisibles » auxquelsla Cohérence de notre temps a donné le nom deradiations ?

C'est une hypothèse que je vous propose.Prenez une carte du ciel où les étoiles du Zodia-

que soient encore réparties entre les constellationsconformément à la tradition « venue de la nuitdes temps ». N'importe quelle carte fera l'affaire,pourvu qu'elle soit d'un cartographe sérieux, etantérieure à 1930.

Nous y constatons que quand, il y a une ving-taine de siècles, le point vernal est entré dans leSIGNE des Poissons, le Soleil se levait encoredevant la CONSTELLATION du Bélier. Il a falluque le point vernal franchisse presque 3° de pluspour que le Soleil d'équinoxe se trouve entière-ment « dans les poissons », c'est-à-dire à la fois« dans le signe » et « devant la constellation » dece nom. Un « retard de 3° », en somme.

« Presque 3° » est la limite de précision qu'onpeut demander à une carte. A 72 ans environ par

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degré d'angle, cela représente environ 216 ans. 210environ pour presque 3°, par conséquent.

Combien d'années a-t-il fallu exactement pourque le point vernal franchisse presque 3° à raison de72 ans environ par degré?

C'est là tout le problème dont le savant astro-nome Pie XII semble avoir été le seul à proclamerla solution.

Des 2 160 ans que dure une Ere, soustrayons nos210 ans de « retard » : 2160 — 210 = 1950.

Et c'est en 1950 justement que Pie XII a « vu » le Soleil «lui faire des signes». S'il avait voulunous préciser que le point vernal était bien entrédans le Signe des Poissons 210 ans avant l'An Unde notre ère, il ne s'y serait pas pris autrement.

Ce n'est pas une certitude, assurément.Mais il me semble que cet ensemble d'hypothèses

peut être admis par un honnête homme — d'au-tant plus que nous y sommes parvenus par desprocédés assez proches du raisonnement par récur-rence cher à Henri Poincaré.

Mais les Nombres ne sont plus que des chiffresstériles, si on fait abstraction des hommes pour quiils semblent déterminer ces Choses que l'on bap-tise si facilement « Destin ». Les événements, écume des Choses, ce sont les hommes qui les font— ou plus exactement les provoquent: les initia-tives de ceux qui veulent agir en ignorant les Nom-bres sont en effet un jeu de pile ou face, enclen-chant des événements parfois contraires à ceuxque l'on espérait déterminer.

Revenons-en donc aux hommes.Le christianisme a été réalisé par la masse des

chrétiens, qui s'autodéterminaient comme tels en

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se soumettant au baptême. Avant eux, les Hébreuxavaient constitué un matériel humain expressé-ment « élu » pour ses qualités par Moïse, et dontl'autodétermination à rester Peuple Elu est évi-dente.

Les Egyptiens, au contraire, n'ont jamais étéchoisis ni amenés à s'autodéterminer par qui quece soit. Les pharaons de la 4e dynastie avaientemployé le matériel humain indigène pour édifierla Pyramide de Giseh, au XXIXe siècle avant Jésus,en tenant ce matériel humain rigoureusement endehors de la Religio du Taureau, dont le Paradiset autres bienfaits étaient réservés aux castes supé-rieures, celles des Initiés.

C'est vers — 2000 seulement que la 12e dynastieinstaura son « socialisme monarchique » donnantdes droits religieux au peuple, afin d'amener celui-ci à accepter la révolution que constituait l'ins-tauration d'une Confession nouvelle, celle d'Amon-le-Bélier.

Et moins de six siècles plus tard, ce peuple égyp-tien, décidément peu doué, retombait dans le poly-théisme et les superstitions, obligeant Moïse à rat-traper le Bélier par les cornes. Un ouvrage collectifremarquable, Les Premières Civilisations, nouvellerédaction de celui de 1926, est paru en 1950 auxPresses Universitaires; à moins d'être un spécia-liste, il est difficile d'avoir une vue d'ensemble surl'Antiquité sans avoir lu ce livre.

Mais si tout ce que nous savons des populationsd'Egypte est vrai, pourquoi les Pharaons initiéss'étaient-ils fixés en ce pays, au lieu de chercherune région au matériel humain indigène supérieuren qualité?

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Si l'on admet que les Pharaons possédaient uneInitiation, leur choix s'explique très bien. Maisleur choix prouve-t-il qu'ils possédaient une Ini-tiation? Je le pense.

Le méridien de Giseh, sur lequel se dressela Pyramide du pharaon Chéops, mérite— et lui seul sur la Terre — le nom deVRAI MERIDIEN ZÉRO. C'est en effet leméridien qui traverse le maximum de ter-res émergées et le minimum de mers... etcelui aussi qui partage en deux partieségales les terres émergées.

Ou c'est une peu croyable coïncidence, ou Pha-raon connaissait autant (et peut-être davantage)de géographie que nous.

Autre « coïncidence », le parallèle de 29° 58' 5",sur lequel se trouve le centre de la Grande Pyra-mide, est celui qui traverse le maximum de terresémergées. Giseh est donc le point zéro du globe.

Il faut se méfier des coïncidences: le dieu duTonnerre chez les Etrusques s'appelait Volta.

Si je prends le diamètre extérieur de la pissotièrede la place Saint-Germain-des-Prés, pour diviserle nombre de coudées sacrées ainsi obtenu par lenombre de pas qui séparent l'édicule de l'église,ou par le nombre de ses fidèles quotidiens, ou parquelque autre diviseur à proposer, tôt ou tard jesuis sûr de tomber sur l'âge du capitaine.

En songeant au nombre de Systèmes, honora-bles, édifiés par des Croyants, honorables euxaussi, sur des prémisses pas plus assurées quel'âge du capitaine Volta, c'est sur la pointe des

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pieds que je vous convie à visiter « ma » Pyramide.Elle est orientée, comme tout bâtiment qui croit

aux astres (cathédrales, observatoire de TychoBrahé, etc.). Mais la Pyramide de Giseh est orien-tée avec une précision de 4' 35'.

Ce chiffre ne dit rien au profane. L'honnêtehomme a parfaitement le droit d'ignorer qu'à par-tir du siècle du Chéops (le XXIXe avant notre ère),cette précision alla décroissant au point que dansles monuments égyptiens postérieurs à — 2000l'erreur atteint souvent 20°. Une précision de 4' 35"est tellement difficile à obtenir que Tycho Brahé,maître de Képler, malgré ses efforts et l'argentdépensé, finit par orienter son observatoire avecune erreur plus importante, à la fin de notreXVIe siècle.

La hauteur de la Pyramide est la milliardièmepartie de la distance de la Terre au Soleil (avecune erreur de 0,007 %, c'est-à-dire une précisionplus grande que celle proposée par notre XIXe siè-cle) ; son canal d'entrée fait avec l'horizon un anglequi pointait avec une erreur tout aussi minime surl'étoile qui était la Polaire à l'époque de la cons-truction.

Vous trouverez une bonne vingtaine de cescoïncidences, dans l'Esthétique des Proportions deGhyka (Gallimard, éd.), équations à l'appui. Etbien d'autres coïncidences encore dans les livresde l'abbé Moreux... mais l'abbé Moreux a desenthousiasmes dont je me méfie. Si vous voulezquand même lire sa Science des Pharaons, pro-curez-vous la première édition.

Cela dit, pour faire la part des choses et tenu-compte des enthousiasmes propres à faire solliciter

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certains des chiffres obtenus, j'inscris cet amon-cellement de « coïncidences » pour une coïncidenceunique, la troisième de ce chapitre. Une GrandeCoïncidence, quand même.

Mais si on refuse Pur Hasard et Coïncidences,peut-on proposer quelque explication rationnelleà tout cela?

L'alternative me paraît claire:

a) ou des primates supérieur, partant dela pierre taillée, assemblent une somme deconnaissances prodigieuses, inscrivent celadans la Pyramide puis, sans l'aide dumoindre cataclysme ou déluge, détruisenttoute trace de l'appareillage scientifiquecomplexe sans lequel de telles découver-tes sont inconcevables. Cela fait, ils meu-rent, sans postérité ni disciples, sur leurConnaissance figée;b) ou des Civilisateurs arrivent d'un Ail-leurs que, selon vos convictions intimes,vous pouvez pour l'instant situer soit dansle Cosmos matériel, soit dans le Paradisdivin. Ces Civilisateurs apportent aux Ter-riens une somme de connaissances qu'ilnous faudra encore quelques siècles pourreconstituer entièrement. Au départ desCivilisateurs, les Terriens initiés (quivivent entourés d'humains au niveau intel-lectuel de la pierre polie) inscrivent dans

le granit leur « Formulaire d'Initiation » etforment des disciples dont la chaîne ten-tera de ne pas se rompre au long des siè-cles indispensables pour que soit recons-

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tituée sur Terre l'infrastructure indus-trielle indispensable à l'utilisation de l'Ini-tiation.

Si on refuse les deux hypothèses, il en restequand même une troisième, celle des Croyants durationalisme positiviste: « Il n'y a pas de mystèredans la Pyramide, car s'il y en avait un il ne reste-rait rien de nos articles de Foi. »

Cette « troisième branche de l'alternative » a,entre autres défauts, celui de ne pas expliquer lesprocédés utilisés pour :

a) travailler des blocs de granit que notreXXe siècle ne saurait si bien assembler sansciment;b) les orienter avec la précision non nia-ble de la Pyramide ; c) tomber pile sur le Point Zéro du globe.

Comme les Croyants les plus opposés quant à leurs articles de foi se retrouvent toujours d'accordcontre le scepticisme des mythologues, les Docteursde la Foi Islamique hurlèrent au sacrilège le jouroù Neguib se permit de dire que les Pharaonsn'étaient pas que des Infidèles et que peut-êtreleur civilisation...

Si vous voulez bien continuer à me suivre, nousne serons quand même pas en mauvaise compa-gnie: tout se passe comme si les prêtres de Pha-raon, Moïse, Josué, les prophètes faisant la chaîne,Jésus, etc. avaient puisé leurs cohérences danscette Initiation qu'on « allait chercher en Egypte ».Pythagore et Platon aussi.

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Et n'oublions pas les Soviétiques (Agrest, etc.)qui se passionnent actuellement pour la Bible,Sodome et Gomorrhe, la mer Morte, Baalbek, lemont Ararat, les Pyramides et les connaissancesscientifiques des Amérindiens.

*

Que ferai-je à ce peuple?Encore un peu et ils me lapideront!

Moïse (Exode XVII, 4),

A la Cour de Pharaon, Moïse avait une situationanalogue à celle du duc du Maine, bâtard royal,à la Cour de Louis XIV.

Mais au lieu d'être « honnête et pieux » commele duc du Maine, Moïse avait une intelligence « pré-destinée », comme disent (sans donner le mêmesens à l'adjectif) les mystiques et les pédagogues.Les Prêtres décidèrent donc de l'initier en l'ins-truisant.

Mais Moïse était trop homme d'action pour pas-ser sa vie parmi des théologiens. De même que leduc du Maine fut Général des Galères, Moïse futune sorte de Général des Grands Travaux. Il eutainsi l'occasion d'avoir sous ses ordres ces Hébreuxqui « bien que nombreux et puissants, se laissaientvolontiers réduire en servitude » (Exode I, 7 à 12),manifestant ainsi les précieuses tendances maso-chistes sans lesquelles aucun peuple ne crée riende durable ou de grand.

Si l'Initiation tant aux Sciences Exactes qu'à laCohérence qui en découle pour l'Univers existe,

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Moïse savait que le point vernal en avait pour plusde quinze siècles encore à rester dans le Bélier.

Si cette Initiation n'existe pas, il faut admettreque Moïse a eu une série de presciences miracu-leuses.

Mais Initiation ou prescience miraculeuse, le faitest là : Moïse agit comme s'il savait.

Réaliste, il se rend compte du danger le plusimminent: les Egyptiens ne font pas le poids, ilest urgent de sauver des superstitions de plus enplus envahissantes le « message » de la ScienceRévélée enveloppé pour quinze siècles encoredans les Mythes du Bélier.

Les prêtres d'Amon, eux, sont persuadés que ledéterminisme historique du Zodiaque suffit à leurassurer la pérennité jusqu'à l'entrée dans les Pois-sons. Ils croient en somme que l'astrologie mènele monde et ils attendent le Messie, en se livrantaux joies de la théologie extra-temporelle. Moïsene le pardonnera jamais aux astrologues.

Pour la clarté de ce qui suit, il convient debalayer quelques idées fausses dont plus d'un hon-nête homme se laisse encombrer, par pure paresse:

a) la « religion juive » n'était pas encoreinventée, quand Moïse atteignit l'âged'homme: Amon-le-Bélier ne fit tilt quesur le Sinaï;b) il était de bon ton, en Egypte, d'êtreantisémite depuis l'invasion par les Sémi-tes pillards qui, en — 1700, suivaient lesHyksos;c) en aucun cas Moïse, même protégé d'uneprincesse, n'aurait été admis à devenir dis-

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ciple des prêtres, eût-il vraiment été issudu peuple déjà persécuté mais dont « l'é-lection » ne serait entérinée que bien plustard, pendant l'Exode.

Il ne faut jamais trop croire à la vertu des prin-cesses qui adoptent un enfant trouvé, même si,comme dans Ponson du Terrail, l'enfant retrouveune famille dans l'Exode (Ex. VI, 20).

Tout se passe au contraire comme si Moïse,séduit par la force et la cohésion des Hébreux,avait décidé de se proclamer Hébreu pour mieuxaccomplir la tâche qu'il s'était assignée. On a troptendance à oublier que l'histoire de l'enfant appeléà devenir Moïse est la répétition exacte de la lé-gende de Sargon, enfant trouvé flottant sur l'Eu-phrate et devenu le grand roi de Sumer, un millé-naire auparavant. Or, le sumérien était la langueliturgique des premiers Hébreux...

Pour en revenir à Moïse, lorsqu'il se fut pro-clamé Hébreu, il « alla dans le désert ». Il y épousala fille du sacrificateur de Madian, assurémentpas Hébreu, mais qui pourrait bien avoir été son« baptiste »... Quand il revint du « désert », Moïseétait mûr pour les tâches qui l'attendaient.

— Cousin, dit-il alors à Pharaon, dies irae, diesilla, Judex est venturus, tu as perdu la partie, tonAmon est complètement déphasé.

Pharaon convoqua ses Prêtres en AssembléeExtraordinaire.

Si on veut retrouver le vrai sens du débat entreMoïse et les Prêtres de Pharaon, il faut commencerpar oublier les beaux effets dont, depuis des

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siècles, la littérature pare le passage de la Biblequi relate les préparatifs de départ des Hébreux.

Les négociations entre Moïse et les Prêtresétaient dans une impasse. Pharaon ne put qu'or-donner un « duel de magiciens » opposant Moïseaux tenants de l'Egypte d'Amon. Comme chacunsait, Moïse en sortit vainqueur. Par dix plaies à zéro.

Mais cette victoire sur le plan des sciences appli-quées ne résolvait pas tout, loin de là, pour leGrand Electeur des Hébreux.

— Tu ne peux quand même pas emporter laPyramide! dit Pharaon.

— Ta Pyramide, répondit Moïse, doit rester auPoint Zéro de la Terre, où son emplacement mêmelui permettra de servir de preuve de l'Initiationdans les siècles à venir. Mes cahiers de cours etmes notes personnelles, je les ai enfermés dans uncoffre, que je baptise Arche d'Alliance et que jeferai protéger par tout un faisceau de superstitions.Je profiterai du voyage pour rédiger un condenséde tout cela, en Cinq Livres, ou Livre des Livres.

« Je ferai le nécessaire pour que le texte endevienne si sacré qu'un Hébreu préférera se faireégorger plutôt que d'y changer un trait de lettre:il sera interdit de toucher au Livre sans avoirrevêtu les ornements du Culte.

« Le message contenu dans ce Livre, mesHébreux le transmettront intact au Messie quiviendra au début des Poissons.

Le procédé repris par Edgar Poepour sa fameuse « Lettre Cachée »,que personne ne voit

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car elle est trop en évidence,s'appelle chez les alchimistesle Manteau de Lumière.

Que comportait donc ce message, pour qu'ilimportât à ce point de le faire transmettre ne varie-tur? Essentiellement, déguisé en Dieu-Unique, leprincipe d'un Univers soumis à la Cohérence d'unesorte d'Equation Unitaire. La Loi Orale accompa-gnant le Livre correspondait à ce qu'on enseignede vive voix et par la dictée aux élèves pour com-pléter leurs formulaires condensés.

Restait à faire le nécessaire pour que les mytho-logues des siècles à venir ne confondent pas lePentateuque avec quelque Code d'Hammourabi,admirablement fait mais profane tant dans sonbut pratique que dans son inspiration.

Pour cela, il fallait fournir, avec le documentcodé, un jeu de clés, la clé la plus sûre étant, aprèsle rappel des dangers de la confusion des langues(Babel), le recours à une langue immuable.

Moïse est allé très loin dans le domaine oùPie XII s'est aventuré avec ses miracles et dogme,pour nous retirer toute incertitude: il multiplie les« anomalies » dont la cohérence apparaît pour-tant, dès qu'on les interprète dans la langue duZodiaque. Il accumule des détails qui paraissentoiseux tant qu'on n'a pas compris qu'ils décriventles variures, découpes et ciselures du panneton dela clé de l'Arche Sainte.

Chaque sacrifice du Pentateuque a un sens pré-cis, depuis la génisse, la chèvre et le bélierque Abram pas encore devenu Abraham sacrifie(Gen. XV, 9) mélangés à l'époque où le point ver-

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nal se trouve déjà dans le signe du Bélier, le Soleilse levant encore dans la constellation du Taureau,jusqu'au « sacrifice perpétuel » d'agneaux mar-quant l'alliance des « israélites » avec « Dieu », enpassant par... mais nous ne sommes pas au sémi-naire. Revenons aux réalités plus palpables.

Pour que ses Hébreux se sentent vraiment unpeuple élu, Moïse leur donna un passé, des ancê-tres et une Histoire arrangée pour coller stricte-ment aux Mythes du Bélier. Plus exactement, ilprésentait ses Hébreux comme descendants directsdes Civilisateurs venus du Ciel, en court-circuitantles peuples et civilisations intermédiaires.

Systématiquement et au mépris des vraisem-blances, tout apparaissait avoir été inventé parCohen. Le séminariste Staline n'a rien inventé,avec son Popov.

Il était grand temps. A peine Moïse avait-ilemmené ses agneaux (curieux nom pour des bru-tes pareilles) au désert, que déjà les prêtresd'Egypte se noyaient dans leurs propres fablesobscurantistes et perdaient le fil des Mythes réels:Amon prit figure humaine et seuls les sphinx bor-dant l'allée des temples gardèrent des têtes debéliers, sous la 18e dynastie (—1580 à — 1320). Lesidoles des pays voisins conquis étaient peu à peuadmises dans les idolâtries d'Egyptes...

Quand, vers —1350, Josué « immobilisa » un« soleil » qui ressemble si furieusement à celui quela main de Marie anima pour Pie XII, le pharaonrégnant, Aménophis IV (« Amon-est-satisfait »)instaura en Egypte un nouveau Culte d'Etat, celuid'Aton, et prit pour lui-même le nom de Akhna-ton Ier (« Qui-plaît-à-Aton »).

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C'était une tentative de conciliation entre lalignée orthodoxe de Moïse et la lignée schismati-que d'Egypte.

Mais le compromis d'Akhnaton mourut avec luiet le culte d'Amon revint en Egypte, alourdi desuperstitions et même de retours au culte périmé,celui du Taureau. Sur les quatre faces de l'obélis-que élevé par Ramsès II (—1300 à —1234), cepharaon bien postérieur à Akhnaton mais revenuà la Religio périmée se proclamait horus re (c'est-à-dire « messager du soleil ») et taureau fort.

Si, pour comprendre pourquoi Moïse s'est telle-ment acharné contre l'hérésie du Veau toujoursrenaissant, il vous faut un croquis, ce croquis vousattend à Paris, place de la Concorde.

J'ai cru comprendre qu'un petit groupe de zéla-teurs d'Akhnaton quitta l'Egypte, sans pour autantse plier aussi bien que les Hébreux devant l'auto-ritarisme de Moïse. Est-ce leur tribu qui engen-dra l'hérésie du Veau, sans y croire mais par nos-talgie du passé? Je le pense, mais vraiment sanspreuves.

C'est simplement une hypothèse qui, avec biendes corrections, pourrait expliquer l'origine d'unpeuple qui s'affirmait « élu » à égalité avec celuide Moïse, mais qui perdit vite l'initiation, touten parvenant à rester groupé, puisque de nosjours encore existent des tribus de ce « peupled'Egypte » qu'on appelle aussi Gitans, Boumians,Tziganes, etc. et qui se targue de ne pas avoir toutoublié.

Akhnaton, lui, survit. Les prophètes héritiersde Moïse ont tenu à saluer sa mémoire, en incluant

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un beau psaume qu'ils lui prêtent, dans la Bible.C'est le psaume 104:

Mon âme, bénis l'Eternel...Il s'enveloppe de lumière, comme d'unmanteau.

Note pour la nouvelle édition: En 1962, quand ce chapitreétait publié pour la première fois, je découvrais à mesure queje décrivais; le principal intérêt de ce chapitre, en 1970, mesemble' tenir dans sa comparaison avec la reprise des mêmesdonnées dans la Lune clé de la Bible, comparaison qui permetà la fois de rectifier les erreurs de la première approximationet de discerner la méthode, afin d'en faire la critique.

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Les enfants savent écouter un récit.Mais jamais ils ne pensentque le conteurpouvait avoir une intention.

Platon.

On peut, bien sûr, nier la primauté de la lignéequi, pour aller de la Pyramide jusqu'à nous, s'estbec et ongles accrochée au point vernal.

Mais pour la nier, il faut:

a) aux écoles laïques ou religieuses d'Oc-cident, qui enseignent les rudiments de lamême science, préférer les écoles corani-ques qui n'enseignent que le Coran;b) si on va aux Indes, s'y fixer pour menerla vie de l'Indien moyen, au lieu de s'ex-tasier sur les beautés de l'indouisme, par-mi les agrégés d'Oxford de l'entourage deM. Nehru;c) donner résolument tort à la Chine quirenonce à l'Orient pour s'occidentaliser;â) approuver non moins résolument lesprocédés anti-occidentaux par lesquelsM. Mao tente son occidentalisation.

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Je vous le dis en vérité, vous avez le droit denier la primauté de la lignée d'Occident et de pré-férer les caravanes à la Caravelle, les tapis-volantsaux astronefs. Vous avez même le droit de regret-ter le temps des chandelles.

Mais si savourer des mets sortis du frigidairepour parer un repas aux chandelles n'est qu'unaimable paradoxe, nier les vertus du confort donton jouit serait abominable hypocrisie.

Vous avez le droit, également, de regretter d'êtrevenu trop tard dans un monde trop vieux — ouplus exactement d'être trop juvénile dans unmonde presque adulte.

Je serais désolé que vous nous quittiez, mais lasuite intéresse uniquement ceux qui craignentd'être trop vieux dans un monde qui sort à peinede l'adolescence, et où l'Occident s'apprête à explo-rer le Cosmos.

C'est très ennuyeux pour les habitudes de pen-sée héritées du XIXe siècle, mais l'hypothèse d'unecivilisation venue d'Ailleurs est la plus carté-sienne — et la moins irritante pour la science duXXe siècle.

Mais de cette « Civilisation Céleste », PharaonFils d'un Soleil dont l'incarnation terrestre était leTaureau, vers — 4235, était-il le seul dépositaire?

Certainement pas.Les « berceaux de la civilisation » qui subsistent

encore de nos jours sont l'Iran, la Chine et l'Inde.De la Mésopotamie devenue Irak il n'y a rien à dire, sinon que la chape de l'Islam y a tout éteint,et guère plus de l'Egypte — sinon que le granit y est de bonne qualité. La Grèce est un cas à part.

Dès qu'on a accepté l'hypothèse d'une Initiation

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liée au point vernal, un fait saute aux yeux, quia échappé à tous les ethnologues profanes: vers— 4000, tous les berceaux de la civilisation avaientun héritage spirituel édifié sur les mêmes bases:

a) une « Révélation », « venue du Ciel »,et déléguée aux « prêtres » des hommes,par une « Initiation » dans laquelle un« Serpent » (devenu dragon en Chine)joue un rôle de premier plan;b) bœuf Apis en Egypte, Vache sacrée auxIndes, Taureau qui blesse Ormuzd en Iran,taureaux roux et noir pour les équinoxesdu printemps et de l'automne en Chine,partout les prêtres maintiennent la Cohé-rence du Taureau.

D'autres animaux, utiles (éléphant, chameau,cheval), redoutables (crocodile du Nil), méprisés(chien, porc, loup), ou tirés d'un autre secteur duZodiaque (Lion, Scorpion), auraient dû avoir leurchance d'être vénérés et divinisés à cette époqueencore proche de la Révélation... Assurément,puisqu'ils le furent dès que le Mythe initial se futeffiloché en fantaisies polythéistes et idolâtres.

Mais vers — 4000, partout où il y a civilisation,c'est toujours le Taureau qui symbolise la Cohé-rence et « le Soleil sur la Terre ».

Archéologues, ethnologues, pré et proto-histo-riens sont pourtant d'accord: aucune grandemigration n'a pu brasser, antérieurement au Mil-lénaire — V, les populations d'Egypte, de Mésopo-tamie, du plateau iranien, de l'Indus et de la Chinedu Fleuve Jaune.

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Il suffit d'un peu d'imagination pour édifier leshypothèses les plus vertigineuses, mais il faudraitune imagination délirante pour accepter l'hypo-thèse usuelle, celle de civilisations parties de lapierre taillée, ayant unifié les Mythes d'unimmense continent, édifié la Pyramide au PointZéro... pour retomber dans l'ignorance, le tout sansexplication ni justification.

Quand le Christ prit la suite de la seule lignéerestée accrochée au point vernal, les autres héri-tiers de la « révélation » commune à tous dansl'ère du Taureau n'avaient à lui opposer qu'unebrocante de sagesse bovine, où les spécialistes eux-mêmes ne discernent plus l'objet d'époque, bar-bouillé d'enjolivures, des copies plus ou moinsrécentes, dans un Marché aux Puces de rites etcultes dépareillés.

Et maintenant que Pie XII nous a enjoint denous préparer pour le Juge annoncé, où en som-mes-nous?

L'Occident est en bonne voie. Les Indiens vénè-rent toujours leur Vache. Les Iraniens tententd'exorciser, par le soufisme, l'obscurantisme isla-mique. L'Egypte ne porte qu'à rire. La Chine vou-drait bien s'occidentaliser, mais il lui manque unKémal.

Il y a le cas à part des U$? Bien sûr. Comme il y avait, dans la préhistoire, le cas à part des Amé-rindiens, coupés du continent où notre lignée pro-gressait au rythme prévu. Quand Cortez et Pizarredébarquèrent aux Amériques, ils trouvèrent unecivilisation sur le déclin. Il a fallu attendre lestemps modernes pour qu'on découvre chez lesAmérindiens le souvenir d'une époque qui con-

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naissait les sciences exactes. (Des sciences exactesaussi inexplicables que celles des Pharaons, si onrefuse l'hypothèse de Civilisateurs venus d 'Ai l -leurs.)

Au point où nous en sommes, nous ne trouvonsil est vrai nullement étrange que le Popol Vuh, la « bible des Mayas », attribue toute la scienceterrestre à des Civilisateurs venus d'ailleurs.

Nous ne pouvons même plus nous étonner detrouver, dans la revue Etudes Soviétiques de juil-let 1961, après un article de l'académicien V. Kotel-nikov et du professeur I. Chklovski sur l'impor-tance pour l'astronautique d'une détermination dela période de rotation de Vénus plus exacte quecelle établie en 1958/1959, un article de A. Kasant-zev sur le « calendrier de Tiahuanaco ».

Ce « calendrier de Tiahuanaco » se trouve dansles Andes, près du lac Titicaca, là où s'élèvent lesruines des Portes du Soleil sur lesquelles sont gra-vés « des signes énigmatiques semblables à deshiéroglyphes », dont l'étude n'a été achevée qu'en1949.

Les Russes estiment qu'il s'agit « d'un calendriertrès étrange, mais très précis » se rapportant à uneannée de 290 «jours» et de 12 «mois», dont 10comportent 24 « jours » et deux autres 25 « jours ».

A quoi peut correspondre cet étrange calendrier?On se l'est longuement demandé.Et en 1961 Kasantzev a eu une illumination: il

correspond, avec une précision proprement stupé-fiante, à l'année vénusienne telle qu'on ne pouvaitl'y reconnaître en 1960 encore, faute de savoir com-ment cette année vénusienne est faite. Il a fallu

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attendre les observations achevées en 1961 seule-ment.

Si c'est une coïncidence, elle est étonnante.(Ce n'est pas moi qui fais ce commentaire; c'est

Kasantzev, à la fin de son article.)

Note pour la nouvelle édition: Kasantzev s'était laisségagner par l'enthousiasme, et j 'ai eu tort de le suivre sanssouligner ce qu'il y a de hâtif dans les conclusions de cechapitre. Kasantzev a peut-être raison, pour Vénus, mais celareste encore entièrement à démontrer, en 1970.

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De défaite en défaite,nous allonsvers la victoire finale.

Georges Mandel.

Pour perpétuer son « message d'Equation Uni-taire », Moïse avait élu un peuple adorant un dieuunique.

C'est rigoureusement exact.Mais comme à l'époque il y avait, nous assure

Maspero, « autant de dieux uniques que de com-munautés », croire que les Hébreux furent élus à cause de l'unicité de leur dieu est une aimableidée fausse.

Pour éviter les controverses stériles, jusqu'à plusample informé prenons pourtant le dieu desHébreux uniquement à partir du moment où,pourvu d'une majuscule et baptisé Dieu d'Israël,il est apparu dans la Religio mosaïque telle quenous la connaissons, c'est-à-dire conforme à laConstitution du Sinaï.

A une époque où les peuples adoptaient un dieuétranger avec autant de facilité que nous natura-lisons un savant ou un footballeur né sous d'au-

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très cieux, les Lois de Moïse étaient aussi révolu-tionnaires que celles du Christ en leur temps — etque le seront celles du Verseau lorsqu'elles seseront imposées à nous. A partir du Covenant ramené du Sinaï par Moïse, les Hébreux se distin-guaient de tous les autres peuples en cela qu'illeur était désormais interdit de faire la moindreconcession à n'importe quel dieu autre que IahvéEternel, sous ses divers noms.

Moïse avait, par sa révolution spirituelle, assuréau peuple par lui élu un avenir de guerres inex-piables, puisque « divines », c'est-à-dire impossi-bles à terminer par un traité de paix fondé sur laraison, cette dernière fût-elle déguisée en « amitiéentre les peuples ».

Pourquoi vouloir des guerres inexpiables?Simplement parce que jamais le Pentateuque ne

serait arrivé intact à Jésus, le jour où « une étoile » indiquerait que le point vernal était enfin entrédans les Poissons, si le nécessaire n'avait été faitpour que jamais un non-israélite ne puisse êtrereçu en frère parmi les Hébreux, ni être admis à discuter librement avec eux, à feuilleter leurs livressacrés, à participer à leur culte et, qui sait, à influencer le rite, ne serait-ce que d'un trait delettre.

Il était si facile, pour un originaire d'un peupleadorant le dieu Mec, s'il épousait la fille d'unHébreu, d'amener beau-papa à modifier la lettrede son culte :

— Qu'est-ce qu'une lettre, beau-papa? Faitesune bonne manière à mon dieu Mec! Il est aussiunique que le vôtre... Dans votre pentateuque demesse, remplacez donc E = mc2 par Mec = 2... Ce

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n'est pas la mer à boire! Et ça ne change rien à votre dévotion...

Avant d'être admis dans la maison d'un Israé-lite, l'étranger devait donc commencer par appren-dre, à fond, son catéchisme; puis il devait crachersur le dieu qu'il rejetait; puis jurer, devant unIahvé dont on s'était bien assuré qu'il le craignait,de se faire tuer plutôt que de laisser déplacer untrait de lettre dans les Textes Sacrés. Et enfin, pouréviter toute possibilité d'abjuration ultérieure, ilfallait que le converti se fasse circoncire, afin qu'ilentre irrévocablement dans la communauté statu-tairement entourée de haines inexpiables. S'ilhésitait devant cet ultime sacrifice, on lui rappelaitla circoncision d'Abraham, âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans au moment de l'opération (Gen., XVII,24).

(C'est à cette occasion que Abram devint Abra-ham; une syllabe contre un prépuce, les kabalistesétaient experts en mnémotechnique. Et de leur« équation », Moïse sut faire un Rite.)

Iahvé Eternel comptait plus que le Rite? En-core une idée fausse, acceptée généralement parparesse: ceux qui entendent « adorer le même vraiDieu » selon des rites autres ont toujours été traitésen hérétiques plus ennemis que les simples idolâ-tres, tenus pour simplement « mal renseignés ».

Iahvé était vraiment le Tout-Puissant, proté-geant Son peuple contre les peuples à directionpurement humaine? Il est des Croyants pour quimettre cela en doute est affreux blasphème et péchémortel. Un cartésien ne peut que saluer leur Foidans les Voies Impénétrables seules capables deconcilier les faits et le Dogme.

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Le seul fait indiscutable est que l'organisationmosaïque était telle que l'Hébreu le plus neutra-liste était bien obligé de se battre comme un lionpour ne pas être égorgé. Les sceptiques eux-mêmesévitaient de trop se demander pourquoi le Tout-Puissant Se laissait à chaque coup ridiculiser parSon peuple et déculotter par les faux dieux.

De nos jours, où changer de camp est pourtantbien plus facile, le même principe fait accepter lesVérités de propagande par les Soviétiques et ledogme de l'Assomption par les catholiques : il fautavaler l'hostie sans mâcher, si on ne veut pas êtrerejeté de la communauté.

A moins de répudier tout déterminisme, on n'ensort pas de ce point vernal qui relie Pharaons,Moïse et Jésus à des données astronomiques qu'ilsne pouvaient déceler sans instruments, à moins deposséder des connaissances pas encore redécou-vertes en 1962.

Et si on s'y laisse relier, à ce point vernal,on est bien obligé de tenir pour cartésiensles miracles de Pie XII... et de ne pas reje-ter a priori les étranges choses qu'il est debon ton d'oublier: le fait, par exemple, quec'est son adhésion aux Rose-Croix qui a déterminé la vocation philosophique deDescartes.

Cela, ce n'est pas moi qui l'affirme. C'est Des-cartes lui-même.

La Bible est une merveille de psychotechnique.Il suffit de lire l'histoire de Sodome et Gomorrheet hop on est transformé en dépôt sacré d'une des

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clés de l'Histoire de l'Humanité: l'explosion ato-mique qui détruisit ces deux villes et fit la merMorte.

Les habitants de Sodome et Gomorrhe étaient-ils effectivement vicieux? C'est très possible. Maisils n'étaient assurément pas plus les seuls à l'êtreque les Hébreux n'étaient les seuls à adorer undieu unique. Et, d'ailleurs, le Dieu-de-la-Bible a toujours pris tant de plaisir à martyriser Ses Fidè-les plutôt que Ses ennemis qu'il ne faut jurer derien: s'il tenait à faire un exemple, pourquoi n'a-t-Il pas plutôt détruit Babylone?

La luxure de Babylone était mieux tolérable quel'homosexualité de Sodome et Gomorrhe, dont ladestruction est une parabole destinée à mettre engarde contre les perversions empêchant la repro-duction normale de l'espèce? Je veux bien. Ce queje sais des milieux où la Bible est lue et relue dansun but de morale me permet pourtant de certifierque jamais on n'y explique la pédérastie ni lesaphisme, fût-ce pour mettre en garde contre lesennuis que cela entraîne. Le prêche contre l'ho-mosexualité est donc totalement inopérant.

Mais l'ensemble du récit est si savamment menéque tout le monde connaît Sodome et Gomorrhe — même dans les milieux où on ne lit pas la Bible.Et tout le monde connaissait l'histoire, même avantHiroshima, c'est-à-dire aux époques où elle ne pou-vait en rien évoquer une bombe A ou H. Quicon-que regarde l'explosion est « changé en statue desel »... la destruction est si totale que les filles deLoth sont excusables d'avoir violé leur père pourperpétuer une espèce dont elles pensaient qu'ilétait le dernier géniteur mâle... tout cela passait

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pour exagération verbale et hyperbolisme litté-raire.

Mais maintenant « les temps sont venus » ; nouspouvons enfin comprendre que le récit de la des-truction était destiné à nous confirmer que fissionet fusion nucléaires ont déjà été connues et prati-quées sur notre Terre. Et comme le récit nous estparvenu sans qu'un trait de lettre y ait été changéau long des millénaires, nous n'avons pas à fairela part, toujours incertaine, des fioritures ajoutéespar les poètes profanes et idolâtres aux récits ana-logues du Maha Bharata et autres Livres Désacrés.Maudits soient les poètes! (Platon).

Le récit nous donne-t-il aussi les raisons véri-tables de la destruction? Certainement. Mais ellesimportent peu ici — et je ne suis pas sûr d'avoirbien saisi.

En « comprenant » cela nous nous laissonsentraîner hors du rationalisme? C'est possible.C'est une simple hypothèse que je propose — maisdans le contexte des autres Cohérences de la Bible,cette hypothèse est troublante.

La chronologie dans laquelle s'insère le récit esthautement fantaisiste? Bien sûr. Mais cela neprouve rien, ni pour ni contre ma thèse: une chro-nologie fantaisiste a un double avantage, pour deshermétistes :

a) elle permet de condenser plusieurs faitsen une seule fable ; b) elle permet de discréditer à l'avance, enles induisant en erreur, les mythomanesqui toujours dissertent à propos de l'écorce

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sans jamais penser à goûter au fruit qu'elleenclôt.

La séparation des faits isotopes « a) » et la déter-mination de la date réelle des événements, lesmythologues (qui sont savants authentiques) lesopéreront sans difficultés excessives, une fois « lestemps venus », grâce notamment au carbone 14.Et aux tectites.

La légende veut que les Grands Lamas voientl'avenir et le passé par un « troisième œil » psy-chique. De ce que nous avons vu jusqu'ici, il sem-ble simplement ressortir qu'un lien existe, entre lepoint vernal et les religions qui ne tombent pasen déshérence.

Je vous propose donc, jusqu'à plus ample in-formé, de négliger tout troisième œil et d'admet-tre que le rôle d'un Prophète n'est pas de prédirel'avenir, mais uniquement d'introduire le Principede Causalité dans la Métaphysique Expérimentale,je suis navré de ces majuscules, en rappelant qu'àchacune des 12 « heures » du Zodiaque correspondune étape donnée de l'humanité.

Il y eut ainsi une étrange étape, un bien curieuxsiècle, dans l'Ere du Bélier: le VIe avant Jésus.

En ce siècle — VI naissait aux Indes un M. Sid-harta Gautama, dit « Bouddha », qui apportait unetrès belle philosophie, nourrie aux sources les plussûres. Mais, faute d'un Moïse éliminateur efficacedes superstitions périmées, Bouddha ne trouvaqu'un auditoire inculte qui, depuis Krishna (con-temporain du Chéops de la Pyramide), vénéraitles bovins. Ces incultes transformèrent le boud-dhisme en une de ces cascades de rites dévots que

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les esprits faux dénomment « une religion » — etle sage Gautama fut transformé en Bouddha-Dieu.

En Chine, en ce même siècle — VI, naissaitConfucius. Lui, il trouva un auditoire trop scepti-que pour déifier qui que ce soit: sans laisser à cegroupe ethnique le temps indispensable pour par-venir à la lente maturation de son intelligencecollective, des maladroits lui avaient prématuré-ment « révélé toute l'Initiation ». L'exemple desChinois montre à quel point Moïse et ses héritiersont été bien inspirés en ne dévoilant que parci-monieusement l'Initiation à notre lignée, qui dutfaire ses classes à la dure, au long des siècles.

En grossissant le trait, on peut dire que les Man-darins, « initiés au Verseau » dès l'Ere du Taureau,avaient découvert les beautés de l'Age d'Or avantles rudiments de physique appliquée. Ils vécurentdonc en philosophant subtilement pendant lesmillénaires où notre lignée construisait l'Occident— et faisait taire ses galilées trop bavards.

Ce sont des choses que nous verrons de plus prèsdans la deuxième partie de ce livre.

Pour en revenir aux Chinois, le plus inculte d'en-tre eux connaissait un minimum de 800 caractères;l'accueil fait à Confucius fut chaleureux jusquedans le peuple où l'analphabétisme était rarissime.Confucius apportait, comme Bouddha, une philo-sophie et une gnose. Mais ce sont là denrées inu-tilisables sans des connaissances scientifiques pré-cises — et les Chinois ne les possédaient pas; pasplus que les Indiens, ni même que les Occiden-taux, les vrais Barbares de l'époque.

En Perse, le siècle — VI est celui où prophétise

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Zarathoustra, qui se donne pour le porte-parolede Ormuzd, contemporain lui aussi du Pharaon dela Pyramide et dans le « message dicté » duquel leTaureau joue, cela n'est pas fait pour nous étonner,un rôle initiatique prédominant.

Aux Amériques aussi (et c'est cela surtout quiest troublant), c'est au siècle — VI justement queles Quiches se séparent des Mayas et montent versle nord, comme s'ils avaient décidé soudain dechercher le Parallèle Zéro de Giseh. Comme il n'yavait aucune communication, six siècles avantJésus, entre l'Ancien Continent et les Amériques,tout se passe comme si les activités spirituelles etintellectuelles de la Terre étaient régentées parles « heures zodiacales » autant que les activitésanimales le sont par les heures de la journée.

J'ai l'air de parler par énigmes. En fait, je posesimplement ici, à leur place logique, les problè-mes dont nous chercherons la solution dans ladeuxième partie de ce livre, avec l'explication ra-tionnelle dans son contexte de diverses contra-dictions apparentes. De celle, notamment, entreCycles de 25 920 ans et existence d'ossementshumains vieux de plusieurs centaines de millé-naires.

En ce siècle — VI, les Judéens, eux, sonten captivité à Babylone. Ils restent en captivitéde — 586 à — 537, pour être précis, c'est-à-direqu'ils retrouvent la liberté nécessaire pour se pré-parer à engendrer le Christ alors qu'il est exac-tement Poissons-moins-le-quart à l'horloge zodia-cale: 2160

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C'est à trois ans près, ce qui ne prouve évidem-ment rien ni pour ni contre ma thèse et, aussitôtl'étrange coïncidence soulignée, je mets en gardecontre toute interprétation abusive.

En Cyrus qui libère les Judéens. Isaïe déclarevoir un «oint du Seigneur»... Si les diplomateshébreux ont été, comme tous les diplomates, sou-vent obligés d'avaler des couleuvres, la Bible évitede le mentionner. Dans l'affirmation d'Isaïe il fautdonc sûrement voir autre chose qu'une vaine for-mule de politesse et de gratitude.

En — 586 les Judéens étaient arrivés en pri-sonniers chez leurs vainqueurs temporels, mais ilsavaient gardé leurs pentateuques complétés parl'essentiel de ce que nous appelons Ancien Testa-ment. (En réalité, il faudrait diviser la Bible entrois parties: le Pentateuque, ou Initiation vala-ble jusqu'à la fin du Verseau, l'ensemble desLivres historiques, poétiques et prophétiques, cons-tituant les Evangiles du Bélier, et enfin les Evan-giles Chrétiens consacrés aux Poissons et que nousappelons le « Nouveau Testament ». C'est à la suitede cela que devra s'inscrire la Cohérence propreau Verseau.)

Pendant la captivité de Babylone, ceux des rab-bis qui ont su maintenir vivante la Loi Orale léguéepar Moïse ont enseigné aux Judéens deux chosesen apparence contradictoires:

a) les Israélites doivent rester une commu-nauté religieuse fermée, gardant sa Loi Secrète, tout en obéissant pour le temporelà leurs maîtres étrangers (« rends à Cé-sar... » dira plus tard leur disciple Jésus);

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b) leur « Dieu » n'est pas réservé aux Hé-breux, car il règne sur l'Univers entier, etle temps du Messie approche.

En fait, ce n'était nullement contradictoire: le« a) » rappelait la nécessité de continuer à pré-server intact le message à transmettre en son tempsau Messie, cependant que le « b) » préparait lesesprits à la Cohérence des Poissons, une Religio à construire sur et par les Israélites, mais desti-née à englober les Gentils.

Comme ils ne possédaient aucun instrument pourl'observation des astres et de « l'horloge » zodia-cale, je ne sais pas du tout comment les astrono-mes captifs ont fait pour suivre avec autant deprécision la précession des équinoxes, découverteen — 218 seulement, ne l'oublions pas.

Hipparque la découvrit en — 218, à la grandeépoque des Esséniens? C'est évident. Mais « dé-couvrir » n'est synonyme qu'abusivement de« inventer » ; découvrir veut essentiellement diredévoiler.

Mais ne nous égarons pas.Les rabbis utilisaient-ils des procédés enseignés

par la Loi Orale? Je le pense, mais je ne les con-nais pas. Je suis sûr d'une seule chose, ils ne semettaient pas debout sur la tête pour une gymnas-tique yoga dans laquelle des mythomanes duXXe siècle cherchent le processus magique d'unsur-éveil qui hop vous transforme le troisième œilen télescope.

Ce ne sont pas là des affirmations gratuites.Quinze siècles avant le Christ, Josué divisait

la journée en 2 fois 12 heures, chaque heure en

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1 080 fractions (soit 3,33... secondes) et chaque frac-tion en 76 instants (soit 0,0438... secondes). Je nesais pas comment les rabbis manipulaient, dans ledésert, ces millièmes de seconde, mais j'ai l'espritsi simple que cela m'émerveille autant que l'ajus-tage des pierres de la Pyramide et les ruines deBaalbek.

Dans cette savante communauté israélite deBabylone, l'hérésie du Veau ne servait plus qu'àamuser les enfants: le Taureau était loin. C'est del'approche imminente des Poissons qu'on discutaitentre rabbis, en frôlant parfois une hérésie nou-velle.

Ces rabbis, mythologues sérieux mais non pro-phètes, dissertent sur le sort des tribus schismati-ques encore que majoritaires, qui refusèrent laroyauté de Roboam, fils de Salomon. A Ninive,où eux sont tenus captifs, les schismatiques ontengendré un faux prophète, Tobie.

Tobie avait cru que l'Ere des Poissons était déjàvenue, plusieurs siècles avant que ce fût exact.S'était-il trompé en manipulant les millièmes deseconde? Avait-il mal lu quelque passage de laThora ou mal interprété la Loi Orale? Je n'en saisrien. Mais Tobie est le père spirituel des mytho-manes qui, au XIXe siècle, se prenaient pour le SàrPéladan et croyaient l'Age d'Or à leur porte, parceque Marcelin Berthelot le leur disait.

A Babylone, les rabbis se délectent de la subti-lité des fables et «miracles» dont ils revêtaientcette erreur d'astronomie, pour la camoufler enjolie histoire destinée à être retenue aussi facile-ment que celle de Sodome et Gomorrhe.

C'est très bien agencé, il faut le reconnaître: à

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Tobie, les mythologues ont inventé un fils qui,voyant que son père « s'était aveuglé », part envoyage d'études « dans les déserts d'Egypte ». A son retour du « désert», ce fils démontre à sonpère que « le poisson auquel ce père s'intéressaitétait un monstre », que ce monstre était « non-viable ». Puis, en frottant le nez de son père dansle « fiel du poisson-monstre », qu'il a tué, le fils« guérit son père de sa cécité ».

Vous ne voyez pas la « clé », l'anomalie desti-née à permettre aux mythologues de l'avenir dediscerner la réalité sous la fable?

C'est sans doute que vous n'avez pas remarquéle manteau de lumière: le fils de Tobie s'appelleTobie, comme son père.

Or, la Loi interdit rigoureusement de donner aufils le nom du père, sauf s'il s'agit d'un fils pos-thume appelé à perpétuer ce nom. Et nulle partcette infraction, unique dans tout l'Ancien Testa-ment, à une Loi strictement respectée jusqu'à nosjours dans les synagogues n'est ni critiquée nijustifiée: on n'y fait même pas allusion. Onglisse.

Glissons aussi.Le Grand Siècle qu'est le siècle Poissons-moins-

le-quart toucha aussi de son aile un pays-témoin,parmi ces Gentils qui vont émerger bientôt de leurbarbarie. En — 580 naît Pythagore.

Dès qu'il en aura l'âge, Pythagore ira s'instruireauprès des rabbis captifs à Babylone. Il rappor-tera en Grèce le flambeau qui ne s'y éteindraqu'au siècle — III sous la sandale du conquérantromain.

Mais à ce moment-là les Judéens, libérés par

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les Romains, pourront reprendre le flambeauqu'ils avaient passé aux Grecs. La Kabale estdésormais judéo-grecque et le restera jusqu'aumoment où l'heure sonnera pour elle de devenirjudéo-chrétienne.

Héritiers de l'initiation mosaïque, les chrétiensn'oublieront pourtant pas d'honorer la languegrecque, lui donnant même le pas sur le latin desmaîtres temporels qui avaient pourtant accordéaux Judéens l'honneur suprême d'être Citoyens Romains: une inscription, en lettres de 2 mètresde haut, court le long des murs de Saint-Pierre,à Rome; elle est en latin. Sauf au-dessus du saintdes saints, où cela est dit en grec.

La Kabale n'est que du XIIIe siècle? C'est jouersur les mots.

Que le Zohar soit l'œuvre de Siméon ben Yochaïou de Moïse ben Léon importe peu: eux et leursdisciples n'ont fait que mettre par écrit (en défor-mant souvent outrageusement) la Révélation-Reçue qui en hébreu se dit mékabael, d'oùkabale.

La Kabale surpasse en ancienneté la révé-lation sinaïtique. Elle remonte aux temps préhistoriques. Moïse n'a fait que l'intro-duire dans l'Histoire d'Israël.

Ce n'est pas moi qui l'affirme, c'est AlexandreSafran qui l'a écrit. Safran n'est ni un illuminé niun fumiste; c'est un théologien dont les travauxfont autorité, au Consistoire Israélite de Parisnotamment, où les plaisantins sont rares.

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Bien sûr, tout cela est enrobé de fables pour lesenfants.

Il y a quand même un curieux épisode, dans lavie de Pythagore: Pythagore avait un jour achetéau marché de tout petits poissons, pour aller lesrejeter à la mer, « car ils étaient trop petitsencore ».

Ces poissons n'ont pas ressuscité pour autant.Et d'ailleurs l'époque ne s'inquiétait ni de la dé-fense des animaux ni de la préservation des pois-sons de la mer. L'incident devait être d'ailleursbien inattendu, pour que les disciples de Pytha-gore l'aient noté en espérant qu'il serait transmisjusqu'à nous.

Comme disait Tobie fils, ils étaient trop petitsencore, les Poissons. Pythagore donnait la mêmeprécision, mais sous affabulation grecque.

La légende de Polycrate, protecteur devenu abu-sif de Pythagore, est l'adaptation grecque de l'his-toire de Tobie, et la clé de Hermès est toujoursvisible et cachée selon les mêmes principes, dansle tabernacle derrière le manteau de lumière:

Quand Pythagore l'eût quitté, Polycratevoulut précipiter les choses, aller plus viteque le point vernal. Il lança donc, en une«opération de Haute Magie», son an-neau, symbole d'alliance, dans la mer.

Et le poisson dans lequel Polycrate « retrouvamiraculeusement » l'anneau de l'alliance refuséeétait « en avance de cinq siècles ». Un monstreprématuré, par conséquent.

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Faute d'un fils sachant retrouver les tenants del'Initiation, l'apprenti-sorcier Polycrate mourutdonc, d'hérésie galopante.

Note pour la nouvelle édition: L'histoire de Tobie est infini-ment moins simple que je ne le pensais, en 1962: les Hébreuxn'acceptent pas le Livre de Tobie parmi les textes canoniques,d'une part; et d'autre part l'apologue de Tobie ne peut êtrepleinement compris que par une longue comparaison avecl'apologue de Jonas sauvé par le « poisson » qu'était la baleinepour la langue du temps... ainsi que l'indique l'Evangile deLuc (XI, 29 & 30). La confusion entre le père Tobit et le filsTobie est voulue, par l'auteur du Livre de Tobie qui, audeuxième siècle avant le Christ, préfigurait les explicationschrétiennes destinées aux Grecs et aux Barbares; j'aurais dûl'indiquer dès le texte original, au lieu d'attendre cette nou-velle édition.

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Aimez-vous les uns les autres.

Quelques siècles, c'est vite passé pour une lignéecontinue.

Un beau jour, le point vernal bien entré dansles Poissons, Jean, qui n'était pas la lumière maisla voix criant dans le désert pour qu'on aplanissele chemin du Seigneur, vit Jésus et dit aussitôtsans hésiter « voici l'agneau de Dieu ».

Il ne faut évidemment pas confondre l'agneaufils du Bélier défunt avec l'agneau dont parlaitAbram; ce dernier était appelé à devenir Bélier,de même que Abram deviendrait Abraham. Commedisait le même Jean, « après moi vient un hommequi m'a précédé ».

L'abus de théologie porte facilement au cerveau.Revenons à des choses plus palpables.

Quel est l'apport essentiel du Christ, autrementdit l'héritage dont notre lignée a effectivement tiréprofit?

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L'Amour? Oui, bien sûr. Mais ce n'est pas tou-jours flagrant, même quand l'intention y est.

L'Initiation? Même quand l'intention n'y est pas,sa présence est souvent flagrante...

Une chose est certaine: le Christ a ouvert toutesgrandes les portes du Club très fermé de Moïse à la masse des Gentils.

Et il a assurément eu raison, puisque le « mes-sage » venu « de la nuit des temps » a été aussibien sauvegardé de Jésus jusqu'à nous qu'il l'avaitété de Moïse à Jésus.

Le Christ avait-il la certitude que l'Arche Sainte, aussitôt passé le temps des catacombes, traverse-rait les siècles, inviolée, dans ce Mont des Initiés-Devins (Mons Vaticinia) sur lequel, quatre sièclesplus tard, s'élèverait le premier « Vatican »?

L'affirmer serait hasardeux. Mais il est impos-sible de nier que Pie XII a attendu le Verseaupour dévoiler (« découvrir », en langue profane)le « tombeau de saint Pierre ».

Pie XII, qui faisait ses communications scien-tifiques dans une langue de dévot intégriste, sem-ble s'être amusé plus d'une fois à parler ésoté-risme en plat langage d'archéologue (ou de savantd'une autre spécialité). La basilique que nous con-naissons ne conserve plus grand-chose de celleconsacrée au IVe siècle, sous Constantin; il est dif-ficile de penser que les architectes qui se sontsuccédé à partir du XIIe siècle pour construire l'im-mense édifice aient pu ignorer le moindre recoinde ses soubassements — dans lesquels ils ont amé-nagé des choses assurément plus chargées de mys-tère que les Caves de Gide.

Il aura fallu pourtant attendre dix-neuf siècles

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pour que soit « découvert » le tombeau du PremierVicaire, enchâssé sous sa basilique comme Chéopsl'était dans sa Pyramide.

Mais pour en revenir à Jésus, il est certain quel'Agneau Fils-du-Bélier connaissait les raisonspour lesquelles Moïse s'était avec tant de vigueuraccroché au point vernal :

avant de devenir Roi du Monde, il ne fautpas oublier que Jésus tenait essentielle-ment à être reconnu Roi d'Israël — c'est-à-dire à s'inscrire légitimement dans « lalignée du point vernal ».

Il serait sot de perdre de vue que si Jésus avaitabjuré son judaïsme, il se serait évité le désagré-ment d'une mort sur la croix : les Juifs n'ontjamais empêché un des leurs de proposer auxGentils ce dont eux-mêmes ne veulent pas.

La vie de Jésus, en principe on devrait pouvoirla connaître par les Evangiles. Je pense qu'on lepeut, mais ce n'est pas aussi simple que le pensentles historiens profanes, seraient-ils d'Eglise ou deTemple.

A première vue, on ne nous cache rien; Matthieuet Luc donnent l'un et l'autre une généalogie détail-lée. L'ennuyeux, c'est qu'entre les deux généalo-gies il n'y a aucun rapport — sauf que toutesdeux aboutissent à Joseph.

Mais si Joseph n'est pour rien dans la naissancede Jésus, sa généalogie est en dehors du sujet.

Venons-en donc à son vrai père, Iahvé Eternel.Eternel avait décidé (Matth. I, 23) qu'au « fils dela vierge » on donnerait le nom d'Emmanuel,

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comme l'avait clairement dit Isaïe (VII, 14). Maispersonne ne protesta quand, sans explications, onle baptisa Jésus. Et si le nom secret de Jean-Bap-tiste était Elie, cela n'est nulle part dit en clair.

Matthieu (II, 1 à 15 et 19 à 23) nous apprendque Joseph et Marie avaient fui en Egypte, avecle bambino, à cause des menaces d'Hérode; c'esten Egypte qu'un ange serait venu leur annoncerla mort d'Hérode, ce qui leur aurait permis d'ar-river à Nazareth à temps pour que l'enfant puisseêtre, conformément à la prophétie, surnommé leNazaréen.

Marc et Jean devaient avoir les dents agacéespar les enfants prodiges; ils ne parlent du Christqu'à partir de son âge adulte.

Luc est aussi prolixe que Matthieu sur l'enfancede Jésus. Mais, pour lui, il n'est pas question d'Hé-rode: c'est un édit de César-Auguste sur un recen-sement des populations qui fit déménager Josephet Marie, qui quittèrent Nazareth où ils vivaient pour aller à Bethléem où eut lieu la naissance. Lucn'est pas au courant d'une quelconque villégiatureen Egypte: au contraire, il précise (II, 41) que lesparents de Jésus allaient chaque année à Jérusa-lem, pour la Pâque.

Matthieu nous parle des Mages, qui savaient«depuis combien de temps brillait l'étoile»(II, 7) et qui ont néanmoins fait des confidencestrès imprudentes à Hérode, comme s'ils avaientété incapables de prévoir les réactions de celui-ci.Chez Luc, pas question de Mages: pour lui, cesont de simples bergers qui furent instruits de lanaissance divine, par « un ange du ciel ».

On s'y perd, quand on ne sait pas où est la clé.

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Ou que l'on refuse d'admettre qu'il y en ait une...et si l'on a le malheur d'écouter les hagiographesamateurs de venerabilis barba capucinorum, ilfaut perdre tout espoir de cohérence.

Matthieu et Luc ne sont vraiment d'accord quesur trois points: Jean-Baptiste portait un manteauen poil de chameau (comme un cinéaste) et senourrissait de miel (comme un diététicien) et desauterelles (comme un dégoûtant). Etant donné queMarc aussi insiste sur ces détails à première vuedépourvus d'intérêt, on se dit que, en vérité, toutcela est plein de Mystères.

Ce qu'on nous apprend sur la vie d'adulte duChrist n'est guère plus limpide: Matthieu (X, 34)nous raconte comment ce Jésus, que d'aucuns vou-draient transformer en apôtre de l'amour à toutprix, proclame: «Ne croyez pas que je sois venuapporter la paix sur la terre... je suis venu appor-ter l'épée. » (L'à-peu-près n'est intelligible qu'enfrançais, et ne faisait donc rire personne; je mepermets de rappeler cela parce que Jésus appré-ciait le calembour: son « tu es Pierre et sur. cettepierre... » est resté célèbre.)

Plus loin (X, 35 à 37), Matthieu précise que Jésuscomptait fermement désunir les familles.

Selon Matthieu (XI, 2 & 3), Jean-Baptiste faitdemander à Jésus qui il est; selon Luc (III, 21)Jésus fut baptisé anonymement, dans la masse dupeuple d'Israël, par Jean-Baptiste qui priait,«chrétiennement», en hébreu; selon Jean (I, 29),le Baptiste reconnaît Jésus dès qu'il l'aperçoit — mais seulement grâce à un Esprit qui se pose à ce moment sur la tête du Messie en puissance.

Il faut être au moins aussi savant qu'un diacre

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pour reconnaître dans ces contradictions autrechose que des articles de foi — ou peut-être cestyle hermétiste qui commence à nous être fami-lier, avec son mélange de fables pour les dévotes,de précisions à l'usage des mythologues et ses piè-ges pour les mythomanes.

Rire de ces contradictions est facile.Ce qui est plus difficile — et à la réflexion pres-

que impossible — c'est de trouver une explicationautre que ésotérique au fait que tout cela n'aitpas été unifié, entre le 1er siècle où les Apôtres firentsous leur entière responsabilité leur choix entreles Evangiles à tenir pour canoniques et les apo-cryphes, et le Ve siècle où les Pères de l'Egliseachevèrent de fixer la Doctrine, avec un autori-tarisme que de très grands théologiens ont sou-vent taxé d'arbitraire.

Contentons-nous de constater que Jésus est per-suadé qu'il sera Roi du Monde, comme le lui ontprédit les prophètes qui « suivent la marche desétoiles ».

Et on ne peut pas nier qu'il le soit effectivementdevenu, comme si ces prophètes sans télescopesavaient connu les évolutions du point vernal aussibien que les astronomes du XXe siècle — et su lesinterpréter, en plus. C'est dans la deuxième partiede ce livre que je vous proposerai mon hypothèsesur l'origine de leur science.

En attendant, revenons aux Hébreux. Que de-viennent-ils?

Quels Hébreux?A la mort de Salomon, seule une minorité, celle

des Judéens (plus quelques Benjamites) acceptaRoboam pour Roi. Elle eut raison, l'erreur de

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Tobie né chez les majoritaires, ainsi que la disper-sion des majoritaires après leur captivité à Ni-nive) semblent le prouver.

A la venue du Christ, c'est encore la minoritédes Judéens (pas aussi minoritaire qu'on veut bienle dire, d'ailleurs) qui reconnut en lui le Messie.La suite des événements semble prouver qu'unefois encore la raison était du côté des minoritaires:sur le plan spirituel, les détenteurs actuels de laCohérence reliée au point vernal, c'est au Vaticanqu'on les trouve — et qu'on les trouvera encore,je pense, jusqu'à la venue du Juge Redoutable.

Et sur le plan matériel?Sur le pian matériel non plus, les Hébreux qui

négligèrent (faute d'en connaître l'importance) ledéplacement du point vernal ne devaient pas êtredans le vrai: tous les « messies » qui leur sontnés par la suite furent soit maléfiques pour eux(tel Bar Kochbaï qui, en l'an 136, provoqua laDispersion), soit franchement burlesques commece Sabathaï Sevy qui, au XVIe siècle, fut pris parles Turcs et se convertit à l'Islam pour sauver sapeau.

Il y a eu, bien sûr, la poignée de rabbis quiont préservé la Kabale aux époques où le Chris-tianisme vacillait comme Amon en son temps. Ilsont bénéficié pour cela de l'appui des Papes d'Avi-gnon, et aussi d'appuis moins visibles qui mettenten fureur les chrétiens dont la vision du christia-nisme est d'esprit islamique. Ces rabbis sont les« justes » pour lesquels les superstitieux aggluti-nés autour d'une religio vraie mais dépassée serontpardonnes.

Après Jésus vinrent dix-huit siècles pleins de

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bruit et de fureur, bien plus cohérents pourtantque les idiots qui les racontent.

Ces dix-huit siècles ont forgé l'Occident chré-tien, avec son masochisme codifié et constructeur:le preux chevalier y a appris à ployer le genoudevant sa Dame, et les progrès-nés-des-guerres à s'incliner devant l'Esprit, aussitôt la paix revenue.

Mais ces dix-huit siècles ne surent se déplacerqu'à pied ou à cheval, s'ils ont préparé les moyensde l'infrastructure industrielle et spirituelle duVerseau.

Leur succession s'est ouverte quand ils mouru-rent, à l'âge de 1789 ans.

DEUXIÈME CAHIER

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Si sur le cadran du téléphoneon compose BAStille 1789on obtient un abonnédu réseau CARnot.

Les dix-huit siècles qui suivirent la venue duMessie, la science profane les passa à découvriret à inventer — et à perfectionner inventions etdécouvertes. Mais jamais cette science profane netranscenda le Principe du Chaudron, sinon parquelque hasard empirique.

Le Principe du Chaudron marque la premièreétape de l'hominisation:

Quand on y introduit de l'eau froide et dela chaleur, le chaudron les transforme eneau chaude, au nom de ce Principe.

En langage théologique, accepter le Principe duChaudron non pour une étape mais pour l'Alphaet l'Oméga constitue l'idolâtrie.

On appelle souffleurs les mythomanes qui sevoudraient alchimistes et qui consacrent leur vieà chauffer un athanor (nom mystique du chau-

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dron). Les souffleurs sont les idolâtres de l'èrechrétienne.

A l'origine, Dieu était hermaphrodite ets'appelait Yliaster; pour créer le Monde,Yliaster se scinda en esprit femelle, nom-mé Cogaster, et esprit mâle, nommé Luci-fer.

Il serait trop optimiste de penser que les adeptes (alchimistes non idolâtres) comprennent tous, etentièrement, cette proposition de Paracelse: il y a des degrés dans l'adoption. La chose certaine estque le premier objet des écrits dont l'hermé-tisme n'est ni maladresse d'écrivain ni habiletécommerciale est d'égarer les apprentis sorciersvers des voies de garage.

Imaginons que l'idée me vienne de rédiger unlivre hermétiste. Je commencerais par des affir-mations facilement contrôlables:

Scindés à l'origine en Electricité (fém.) et Gaz (mas.), EDF et GDF se plièrent à la Loi Unique du 8 avril 1946.

Je compterais ensuite sur l'imagination des souf-fleurs lisant cette mise en style alchimique d'unextrait du Journal Officiel pour :

a) en conclure que la Loi de Réversibilitéde la dynamo s'applique au chauffe-bainsà gaz, à condition de détenir le secret; b) consacrer leur vie à l'inoffensive intro-duction de fluides chauds variés dans leur

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chauffe-bains, avec l'espoir d'en voir sur-gir de l'eau froide et du gaz d'éclairage;c) chercher dans l'aspect des astres enavril, dans l'interprétation des nombres« 8 » et « 1 + 9 + 4 + 6 = 20 », ainsi que dansla composition des liquides philosophauxutilisés, une explication à leurs échecs.

Cette loi de base de l'hermétisme, destinée à empêcher le zèle des apprentis sorciers de provo-quer des catastrophes, rend compte de bien desconfusions d'attributs, propriétés et sexes dans lalittérature en question. Et aussi des erreurs maté-rielles (analogues aux calculs erronés de Képler)volontairement introduites.

Mais ne nous égarons pas dans les chemins detraverse de l'alchimie, où le champignon véné-neux est plus abondant que la fraise sauvage. Cons-truire un réfrigérateur est à la portée d'un bonbricoleur initié à la Thermodynamique, et il suffitd'un moteur à bras, ou d'un moulin à vent, pourle faire fonctionner.

On dit que, pour avoir exhibé des blocs de glaceen juillet, quelques alchimistes sont morts sur lebûcher.

A juste titre, hélas, car tout ce qui est préma-turé est « diabolique », l'exemple des Mandarinsde Chine et les renseignements rapportés parMarco Polo sont là pour le rappeler quand onl'oublie.

Le XVIIe siècle avait tout (connaissances enacoustique, moteurs à ressort, goût pour les au-tomates, cires, etc.) pour fabriquer des phonos.Mais...

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Revenons aux choses concrètes.Il y a quelques centaines de millénaires, le

hasard fit surgir parmi les animaux de la Terrel'animal appelé à les dominer tous. Le trait degénie de Grand Ancêtre, à l'époque simple ani-mal entouré d'autres animaux ne sachant tousque griffer et mordre, avait été de découvrir l'inté-rêt des coups portés à main ouverte.

En administrant la première fessée de l'Histoire,Grand Ancêtre constata que le travail dépensé parson bras se transformait en chaleur sur la croupede sa femme. Il découvrait ainsi — empirique-ment — que 1 kWh = 8,62.105 cal = 1,36 ch.h, Loifondamentale de la Physique, puisqu'elle exprimela Conservation de l'Energie, laquelle est uneChose dont chaleur et travail ne sont que deuxaspects « événementaires »,

Cette Loi permet de mesurer la chaleur en che-vaux-heure, et le travail mécanique en calories, enramenant le tout à des kWh, comme l'argent rem-place le troc en permettant d'exprimer en francs la valeur de ma pensée et celle du bifteck. CetteLoi est la première pierre de l'édifice ouvrant leCosmos aux humains.

Cette Loi rend impossible le Mouvement Per-pétuel de Ve Espèce, c'est-à-dire un Travail obtenu sans dépense d'Energie.

Ignorer cette loi, c'est s'offrir en proie rêvée auxmythomanes qui proposent, sous les fables diver-ses, mille moyens « magiques » d'obtenir quelque chose pour rien. Et cela dans tous les domaines.

Le XVIIIe siècle mourut profane quant à sascience et à son déisme attendrissants: il était déjàoctogénaire et couché sur son lit de mort quand

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Lavoisier lui révéla que le feu n'est pas une « échap-pée de phlogistique », mais une oxydation.

En 1796, la Révolution de la Liberté a sept ans,l'âge de raison. Thermidorienne depuis octo-bre 1795 elle ne dirait plus, comme elle fit en 1794où elle condamna à mort Lavoisier et Condorcet,« La République n'a pas besoin de savants! »

En. 1796, le petit général Buonaparte forge déjàdans le sang de ses prestigieuses victoires d'Italiel'acier de la Fraternité dont il façonnera le Glaiveflamboyant destiné à graver son nom et sa devisesur la surface du globe entier, le style d'époqueest contagieux.

C'est en 1796 aussi que naît à Paris Nicolas-Léonard-Sadi Carnot qui, vers 1830, établira lePrincipe qui porte son nom.

Tout le monde connaît l'existence du Principede Carnot; on y mêle malheureusement souventun certain nombre d'idées fausses.

La vulgarisationest un moyen malhonnêted'acquérir une cultured'honnête homme.

Transcendant, pour la première fois dans lascience profane, le Principe du Chaudron, Carnotétablit la nécessité d'une « source froide » adjointe à la « source de chaleur » ou « source chaude », sion veut que la chaleur se transmute en travail-utile, là où le chaudron ne sait que transférer à son contenu la chaleur du feu.

Tous les errements de la science profane de notreXXe siècle (elle ne prélève dans l'atome que la cha-

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leur de l'énergie dégradée et cherche vainementune source froide où dégorger la radioactivitérésiduelle) proviennent peut-être de ce que, n'ayantpas intégré, mis en équations et pourvu d'unnom le Principe que l'Eglise dénomme Commu-nion des Saints, elle n'a pas encore trouvé la Géné-ralisation du Principe de Carnot.

Il est vraisemblable que cette étape sera fran-chie sous le règne de De Labore Solis (« Du Fonc-tionnement du Soleil »), pape qui succédera ausuccesseur de l'actuel Jean XXIII. Mais restons-en, pour l'instant, à Carnot dont le Principerevient à affirmer que:

Puisque dans l'univers à trois dimensionstout se dégrade irrévocablement (ce quiest élevé s'abaisse, ce qui est chaud serefroidit, ce qui est puissant s'affaiblit), sion veut tirer un travail-utile de l'Energiede la Nature, il faut guider celle-ci dans lesens vectoriel de son mouvement (Prin-cipe de Judo), en donnant à tout moteur:

a) une bouche, pour qu'il s'alimente à une source chaude;

a) un anus, pour l'évacuation des déchets dansune source froide.

Autrement dit, sous peine de tomber dans lamythomanie des chercheurs du Mouvement Per-pétuel de 2e Espèce (Refus de sacrifier une part del'Energie de la source chaude dans une sourcefroide que les théologiens appellent « l'autel d'En-tropie »), il faut:

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a) avant d'envoyer l'eau (source haute)d'un barrage dans les turbines, prévoirl'écoulement (source basse) qui lui per-mettra de continuer à s'écouler toujoursplus bas, sous peine de tout noyer;b) avant de faire démarrer le cycle d'ex-plosions d'un moteur d'auto, s'assurer quele radiateur (source froide) dissipe bienl'excédent de chaleur, sous peine de voirle tout exploser ; c) brancher les deux fils d'un moteur élec-trique, pour qu'il soit mû entre le fil chaud et le fil froid.

Tout cela est aussi simple qu'évident.Mais de la Pyramide de Giseh à Carnot, il aura

quand même fallu 4 700 ans pour que cela setrouve mis en équations énonçables en nos lan-gues — et aussi pour démontrer l'impossibilité detout Mouvement Perpétuel, fût-il de lre, de 2e ou deNme Espèce.

Ce qui n'empêche nullement des cohortes demythomanes de chercher quelque miraculeuxMouvement Perpétuel.

Tout se passe pourtant comme si le Principe deCarnot s'appliquait aux domaines les plus divers.

C'est toujours le Principe de Carnot qui nousapprend qu'il ne faut jamais faire chanter d'hym-nes martiaux (source échauffante) avant d'avoirjudicieusement établi à qui on va faire la guerre(source qui rafraîchit), si on veut obtenir un tra-vail-utile (victoire) par l'application du Thermo-dynamisme, et non une révolte vaine par une sur-chauffe d'invocations à Moloch.

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Je ne puis croire que la gravitationn'existait pas avant Newton,ni la (...) avant (...);mais quelqu'un a battu le tambour.

Paul Valéry.

Quand Salomon de Caus écrivait, en 1615, quel'eau montera, par aide du jeu, plus haut que son niveau, il montrait:

a) que le style alchimiste venait tout natu-rellement sous sa plume;b) qu'il venait de trouver un moyen d'ex-traire du travail-utile de la chaleur, via lavapeur.

C'était la première fois, depuis la « nuit destemps », que quelqu'un donnait aux hommes unprocédé expérimental pour utiliser le feu plus effi-cacement que pour le chauffage des chaudrons.

Je dois dire que Caus semble avoir trouvé celaempiriquement, ce qui n'est pas étonnant, car ilétait protestant.

Le grand problème technique des XVIe et XVIIe

siècles fut de trouver un procédé pour élever l'eaudes rivières; on construisit à cet effet des « machi-nes » plus astucieuses les unes que les autres. Maisdans toutes ces « machines » le moteur restait ani-mal ou hydraulique.

La vapeur de Caus resta une amusette pour spé-cialistes, jusqu'à Denis Papin (1647-1714).

Tout comme l'uranium jusqu'au jour où Pie XIIlui donna le Grand Albert pour saint patron.

La marmite de Papin, ancêtre de nos cocottes-

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minute, était une exception: précurseur de l'Arméedu Salut, Papin l'avait inventée pour extraire desos mal rongés jetés par les riches une substancenutritive à l'usage des pauvres. Chaque époque a sa conception particulière des bonnes oeuvres.

D'ailleurs, la grande invention de Papin n'étaitpas la marmite, mais le piston alternatif.

Papin chauffait, emplissant son cylindre d'unevapeur qui soulevait lentement le piston; d'uncoup de clavette on bloquait alors le piston à saposition haute; on retirait le feu et on attendaitque l'appareil se refroidisse et que la condensa-tion de la vapeur provoque un vide. On retiraitalors la clavette. Le piston, aspiré par le vide,descendait et produisait, par l'intermédiaire d'unlevier, un mouvement d'élévation d'eau plus haut que son niveau. Il suffisait de purger l'eau de con-densation, tous les vingt coups de piston environ.

On ne s'y serait pas pris autrement si l'on avaitcherché à prouver (empiriquement) que le Prin-cipe du Chaudron reste inéluctablement profane (de pro fanum, « en dehors du temple »).

Cela fonctionnait tout de même.C'était même aussi efficace que feue Babylone

du temps où ses idoles étaient jeunes et le Codede Hammourabi en vigueur, puisqu'en 1712, dansune mine de charbon du Warwickshire, Newco-men obtenait (entre deux pannes) dix aspirationspar minute, chacune élevant 10 gallons d'eau d'unpuits profond de 150 pieds. Cela exigeait leconcours, il est vrai, de trois hommes: un préposéau chauffage, un à la vanne à vapeur et un à l'ad-mission de l'eau à élever. Le tout consommait 9 kgde charbon (env. 64 000 cal.) par cheval-heure

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(équivalent de 634,432 cal.) c'est-à-dire avait unrendement d'environ 1 °/o —• compte non tenu dutravail des trois hommes, ni de celui du mécanodépanneur. Et je n'ai jamais dû connaître leprix de revient ni le poids de ce diplodocus à vapeur.

En 1814, les progrès étaient tels que la locomo-tive de Stephenson roulait déjà sur ses rails, ven-geant le fardier de Cugnot que la France n'avaitpas su prendre au sérieux.

Quand Carnot posa son Principe, vers 1830, iln'inventait donc pas la machine à vapeur, empiri-quement concoctée dans l'empirique Angleterre,où l'empirique Wilkinson avait eu, dès la fin del'empirique XVIIP siècle anglais, l'idée d'utilisercomme force motrice empirique la machine quel'empirique James Watt lui avait construite pour« élever de l'eau ».

A la machine de Watt, Carnot s'était contentéd'apporter ce qu'en bonne compagnie on appe-lait un discours:

« Thermique et Dynamique, lui dit-il, sontcomme l'Homme et la Femme apparussimultanément en 1,27 de la Genèse, etdont les inter-actions restaient empiriques.Pour qu'ils puissent devenir « une seulechair » thermodynamique, il a fallu atten-dre qu'en 11,22 de la même Genèse, Iahvéremplace la première « femme » par uneautre, consubstantielle, car tirée d'une côte de l'homme. »

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Pendant que Carnot discourait ainsi, l'Angle-terre toujours aussi empirique voyait se consoli-der chez elle ce capitalisme empirique (un coupde prospérité chaude stop un coup de crise froideet on recommence) qui devait triompher de Napo-léon, et troubler grandement par cette victoire unTeuton nommé Karl Marx.

Vivant dans ce pays de France auquel Encyclo-pédistes, Condorcet et Carnot avaient appris à phi-losopher avec grâce sur l'Essence du Mouvement,pendant que l'Angleterre mettait au point le wa-gon sur rails, Marx s'était pris pour un esprit à la française.

Malheureusement, Marx (1818-1883) n'avait pasla grâce légère d'Offenbach (1819-1880), mais celleplus pataude d'une Walkyrie de Wagner (1813-1883). Il confondait langue agglutinante et espritde synthèse, analyse in vitro et limpidité du verre.

Mais revenons à Valéry.Je ne pense pas que les Hébreux, alors qu'ils

étaient déjà Peuple Elu, dans le désert de l'Exode,aient eu pour coutume de gifler leurs parents, devénérer l'adultère, de glorifier le faux témoignage,ni de tenir pour honorable tout ce qu'Eternel décidasoudain de leur faire interdire par les Dix Com-mandements.

Mais il faut toujours quelqu'un pour « battre letambour ».

Moïse établit donc les Tables de la Loi commeCarnot posa son Principe, donnant ainsi aux mas-ses ce qu'elles appellent un Dogme et aux PrêtresInitiés une Equation de Théologie.

Et c'est ainsi que Principe de Carnot engendraThermodynamique, qui donna le jour à Science

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Moderne, qui sous nos yeux accouche de Cohé-rence du Verseau.

Car on donnera à celui qui a,et il sera dans l'abondance;et à celui qui n'a pas,on ôtera même ce qu'il a.

Jésus (Matth. XIII, 13).

Tout le monde connaît l'existence de la Ther-modynamique; on y mêle malheureusement sou-vent un certain nombre d'idées fausses.

Comme son nom l'indique, c'est l'étude des Loisenglobant toutes les interactions de la chaleur(thermo) et du travail (dynamique) dans les ma-nifestations de l'Energie.

Si le langage théologique vous est plus familierque le scientifique, il s'agit des Lois d'Unité-dans-la-Trinité, où Energie (Toute-Puissante et Eter-nelle), engendre, par l'opération du Saint-Esprit-de-Chaleur, Travail-Mécanique destiné à « prendresur lui la peine des hommes ».

Si vous entendez le chinois, cela s'appelle aussile Tao.

Ces lois interdisent à une bouillotte chaude dese réchauffer davantage en surgelant vos piedsdéjà glacés, Dans la nature, un corps chaud en-trant en contact avec un corps froid lui donnetoujours de sa chaleur,

Contrairement à ce que croient les pessimistes,la nature est chaleureuse et partageuse. « Bonne »,en somme.

Mais, contrairement à ce que croient les jobardsqui lui octroient une majuscule, la Nature a pour

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nous ces bontés uniquement en vertu du Principed'Evolution (dit aussi de Dégradation Continuelle de l'Energie) et nullement en vertu du Principe desaint Martin.

Les optimistes voient à cela une raison supplé-mentaire de se montrer optimistes:

Il est heureux, disent-ils, que la « bonté » naisse de la dégradation de l'Energie, sans exiger quelque Révolution Morale destinée à multiplier les saint-martins disposés à donner à tout venant la moitié de leur manteau. Car s'il n'en était pas ainsi, il faudrait modifier la « nature humaine », ambition prétentieuse, démiurgique et hérétique.

La Thermodynamique, ni jobarde ni pessimiste,prend la nature comme elle est. Cela lui permetde produire ses « miracles » qui sont aux « mira-cles » dont rêvent les mythomanes ce que l'avionest au tapis-volant: une manifestation concrète dela Primauté de l'Occident.

Le premier grand « miracle » de la Thermodyna-mique est la thermo-pompe, ainsi nommée parcequ'elle permet de pomper le peu de chaleur quepossède un corps froid vers un corps déjà chaud — autrement dit de prendre la nature au piège deses propres Lois.

C'est parce qu'il est soumis à Thermodynamiqueet à sa Loi que votre frigidaire, qui est une ther-mo-pompe, produit des glaçons, faisant ainsi pas-ser dans la réalité concrète et quotidienne la pro-phétie du Christ citée plus haut: il congèle l'eaudes bacs placés dans le freezer (source pauvre) enlui ôtant le peu de chaleur qu'elle a; les caloriesainsi prises au pauvre, il les dispense en abon-dance à votre cuisine déjà richement chauffée, via

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le radiateur (s. chaude) situé au dos de l'appareil.Jésus tenait beaucoup à sa parabole thermody-

namique: dans Matthieu il la répète deux fois: enXIII, 13 à propos des Mystères du Royaume des deux, et en XXV, 29 pour expliquer la punitiondu serviteur qui n'a pas su faire PRODUIRE DUTRAVAIL au talent à lui confié.

Mais revenons au XXe siècle où, pour accomplirce « miracle », votre frigidaire ne demande qu'unpeu d'Energie pour son moteur.

Le frigidaire, dont la source utile est la sourcefroide, n'est qu'un cas particulier de la thermo-pompe. On peut aussi bien concevoir une thermo-pompe dont la source utile serait le radiateur.

Il ne manque certes pas de souffleurs pour croireque les glaçons donnent leur froidure aux corpschauds mis en leur présence: cette froidure s'ex-prime en effet très doctement en frigories, ou calo-ries négatives. Le seul inconvénient d'une Ther-modynamique produisant du froid est d'obligerà raisonner dans l'anti-matière, turlututu chapeaupointu.

Ou encore à concevoir des êtres se nourrissantpar l'anus et déféquant par la bouche, c'est-à-direà faire de la science-fiction sartrienne.

je ne m'y risquerai pas. Je me souviens tropdes sottises que l'entéléchie d'Aristote et l'anato-mie selon le Timée ont fait concevoir à Descartess'égarant dans son Mécanisme rigoureux, et à Leib-niz perdu dans ses Monades.

N'y avait-il vraiment pas de Niels Bohr auXVIIe siècle, pour crier gare à Descartes et à Leib-niz? Ou quelque « Invisible » leur inspirateur esti-mait-il inutile de dévoiler aux « philosophes » de

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l'époque plus de choses qu'ils n'en pouvaientécrire sans passer pour déments?

C'est là tout le débat entre ceux qui pensentqu'une Civilisation supérieure à la nôtre a pré-cédé notre pré-Histoire et ceux qui préfèrent croireà une civilisation normalement ascendante de lapierre taillée à la Pyramide.

Comme eût dit le Descartes que j 'ai cité au cha-pitre 3 du Premier Cahier, je propose en megardant d'inférer, encore que la façon dont fut« oubliée » pendant dix-sept siècles l'explicationdu Cosmos par Aristarque donne quelque poidsà l'hypothèse de la Civilisation Perdue.

D'une oncede cette poudre de projectiontu feras des soleilsen nombre infini.

Raymond Lulle.

Faisons une rapide incursion dans la PhysiqueAppliquée.

Nous pouvons négliger le moteur à explosions(qui porte bien son nom horrifique), cauchemarde 14 Juillet nourri de pétards, qui a succédé autramway dans la lignée des inventions à avenirlimité: avec son rendement de 20 à 30 °/o pour l'es-sence et de 40 % pour le diesel, il a pratiquementatteint son plafond.

Occupons-nous plutôt de la turbine à vapeurdont le rendement, sans être actuellement meil-leur, reste très perfectible.

Une turbine à vapeur est la juxtaposition dedeux éléments:

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a) une chaufferie, sorte de chaudron don-nant une vapeur à 300 °;b) la turbine proprement dite, qui utilisecette vapeur.

Le rendement de la partie « chaudron » est excel-lent: 80 % environ des calories du combustible s'ytransforment en vapeur.

Le rendement de la turbine est meilleur encore,quand on l'anime avec de l'eau vive et non avec de la vapeur: on atteint 90 %.

Or dès que l'on accouple M. Chaudron etMlle Turbine, le rendement de l'ensemble devientmisérable: 10% dans une locomotive, 3 0 % dansles meilleures centrales thermiques modernes.

Que s'est-il donc passé, pour que le mariage dedeux conjoints aussi honorables aboutisse à un teléchec? Le « discours » de Carnot aurait-il uneapplication dans la pratique? (Un « rendement de30 % », cela veut dire, en langue non technique, que70 % de l'énergie sont gaspillés.)

Ils sont gaspillés en pure perte entre la vapeursurchauffée et la source froide dans laquelle sedissipent, en déchets encombrants, les calories. (Lespertes par frottement sont, par comparaison, abso-lument négligeables.)

Cette source froide est, bien entendu, l'air am-biant.

Nos moteurs thermiques, fonctionnant à plus de300 °, sont si on veut bien y réfléchir aussi fiévreu-sement incongrus sur Terre que serait fiévreuse-ment incongru un homme, fonctionnant à 36,8°,sur une planète dont le climat tend vers le zéroabsolu. Comme le V2, « lampe à souder volante »,

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une turbine fonctionnant à 300 ° est un cauchemarde plombier.

Georges Claude l'avait pressenti, dont la tur-bine se contente des 20 ° d'écart entre la tempéra-ture de la surface et du fond des mers...

Mais Carnot nous a appris que le rendementd'une machine thermique est fonction de l'écartde température entre s. chaude et s. froide; enpourvoyant notre turbine à vapeur d'une s. froidequ'une thermo-pompe ferait tendre vers le zéroabsolu, il suffirait d'une vapeur à 100 ° (et peut-êtremême à 36,8° seulement) pour que le tout fonc-tionne sans gaspillage, avec un écart de 200 ° à 250 ° au lieu de 20 ° de Georges Claude.

Ce n'est pas plus utopique que le Paradis Ter-restre.

On imagine par ailleurs mal qu'un vaisseaucosmique, à poussée « énorme » pour la quantitéde combustible emportée, rentrant dans l'atmo-sphère sans brûler ses parachutes, invisible pourles détecteurs d'infrarouges, puisse jamais être réa-lisé autrement qu'en appliquant le principe de latransformation de la chaleur de friction en froid+ énergie.

Schiller aurait été acceptables'il avait mieux lu la Bible.

Karl Marx (lettre à son père).

Mais ne nous égarons pas dans la technique.Contentons-nous de constater que c'est bien le Prin-cipe de Carnot qui a permis, en « dépouillant lepauvre pour enrichir le riche », d'entrevoir cet Aged'Or ou Paradis Terrestre où l'Homme pourra se

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laisser vivre, comme le lui promet depuis la nuitdes temps le Verseau des Zodiaques ornementés.

Il savourera un « pain sans sueur », et connaî-tra enfin le vrai goût de la liberté — telle quepar un étrange calembour la lui assure la Ther-modynamique: par la paupérisation d'une masse

m = e / C2 sur laquelle des gens, initiés certes, maisfragmentairement et de façon empirique, ont ditet écrit bien des sottises.

Ce n'est pas une pure vue de l'esprit: pendantla Semaine de la Pensée Marxiste de 1961, Sartre,Garaudy et le physicien J.P. Vigier ne discutaientpas d'autre chose. Ils confondaient seulement la« Dialectique de la Nature », billevesée du souf-fleur Engels, avec le Thermo-dynamisme scien-tifique des Initiés.

Quand Nostradamus annonçait que la Terre dis-paraîtrait l'année où, la Fête-Dieu tombant le24 juin, Pâques tomberait le 25 avril, il tendaitun piège aux souffleurs: cela s'est produit en1943 notamment, et la Terre n'a pas bougé. Maisavec le calendrier julien, Pâques ne pouvaitJAMAIS tomber le 25 avril. Les adeptes, pour quile comput n'a pas de mystère, sourirent: « Encoreun piège pour les blenni morveux... »

Mais quand (8 ° C. 61° q.) Nostradamus dit que

jamais par le découvrement du jour Ne parviendra au signe sceptrifère Que tous les sièges ne soient en séjour Portant au Coq don du TAO armifère,

on peut sans risque d'erreur lire que:

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Il serait vain de chercher à faire venirl'Age d'Or du Verseau (signe sceptri-fère) en dévoilant le Thermodynamisme(découvrement du « jour ») avant sonheure — c'est-à-dire avant que les astrono-mes initiés aient annoncé que « tous lessièges sont en séjour » (retour du Christ à l'entrée dans le Verseau). Car à ce mo-ment-là, le TAO sera porté au Coq.

A quel Coq?Comme disait je ne me rappelle plus quel mo-

narque d'Angleterre, « mon fils étudie l'Histoirede France, c'est-à-dire celle du monde ».

L'éclipse de 1999, que Nostradamus annonçaitpour prouver qu'il n'était pas un horoscopeur my-thomane, est la seule du début du Verseau à êtretotale sur Paris, capitale du Coq Gaulois.

Notre histoire du chauffe-bains réversible n'étaitpas non plus une plaisanterie gratuite. Les machia-vels de pacotille ne manquent pas, qui poussentleurs militants vers une mort de martyrs parceque, telle Révolution ayant fait cent mille morts,ils sont persuadés que s'ils parviennent, eux, à fairetuer cent mille personnes, ils feront apparaîtreune Révolution nouvelle, éclairante comme le gaz.

Mais se pénétrer du Thermodynamisme du Tao de Lao Tseu évite de s'étonner de la stérilité detant de sacrifices librement consentis, qui sous nosyeux abondent.

Il ne suffit pas à un faux témoin de se fairetuer pour que les mensonges qu'il profère se trans-forment en vérité, ou son hérésie en Dogme. Mou-rant sous la torture la plus chinoise, un faux

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témoin ne sera jamais un Martyr (du grec« témoin ») d'une Ere Nouvelle.

Il restera un imbécile dont la mort ne témoignede rien.

Le Tao, nous en reparlerons plus loin. C'est unedoctrine représentée en chinois par un curieux idéo-gramme.

C'est un idéogramme en trois parties: en bas, labarque d'Isis (comme sur l'anneau papal) ; en hautun horus (astronef venu du Ciel), et entre les deuxl'échelle de Jacob.

Un jour l'idée m'est venue que Karl Marx a eu, comme tout le monde, sa ration de problèmes

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d'adolescent: de ces problèmes qui conditionnenttoute vie d'adulte. D'excellents ouvrages sontconsacrés à la vie de Marx... peu de gens les lisent,hélas, même parmi les marxistes.

Heinrich Marx s'était converti depuis deuxans déjà au protestantisme quand lui naquit lefils qu'il prénomma Karl. Karl fut donc baptisésans avoir jamais été ni « juif » ni élevé dans uneambiance de synagogue, contrairement à l'opiniongénéralement répandue.

La billevesée d'une « race juive » étant incon-nue à l'époque (l'Essai de Gobineau est de 1853),seul comptait le baptême, ainsi qu'il convient à une société chrétienne.

Les seules brimades religieuses dont Karl Marxeut à souffrir se situent au lycée très catholiqueoù il fit toutes ses études, et où son esprit pro-testant était suffisamment mal vu pour s'en trou-ver renforcé. C'est là que les Pères lui inculquè-rent le latin et le grec, plus l'hébreu, langue deculture qui de nos jours encore n'est nulle partaussi bien enseignée qu'à l'Institut Catholiquede Paris.

Je ne connais pas bien le détail des influencesqui ont joué sur Karl en dehors de celle de sonpère, homme de qualité qui, jusqu'à sa mort en1838, sut rester pour son fils un ami et un guide.

Très « homme du XVIIIe français», HeinrichMarx était un grand admirateur de Condorcet,lequel passe pour avoir été de ces Rosicruciensou Initiés qui, au XVIIIe siècle, inspiraient lafranc-maçonnerie française.

Je sais pourtant que le meilleur ami de Karl,Koppen, publia un livre très documenté, intitulé

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La Religion de Bouddha et ses Origines. Karl avaitdix-neuf ans quand ce livre parut. Il était alorstrès lié avec Bruno Bauer, chargé de cours à laFaculté de Théologie de Berlin depuis 1834.

Les « années trente » du XIXe siècle, c'est l'époqueoù Carnot pose son Principe. C'est l'époque aussidu Romantisme, qui sied si bien aux découvertesjaillissant de laboratoires empiriques encombrésde cornues parmi lesquelles il est si tentant dese prendre pour Faust, pour peu qu'on philosopheavec l'ardeur du néophyte d'une science encorebalbutiante, dont les merveilles sont encore à l'échelle humaine...

Marx adulte réagira contre ce romantisme. Maisson adolescence en fut marquée. Elle fut non moinsmarquée par les idées très peu rationnelles deMoses Hess, porte-parole des « Jeunes Hégéliens » (la Nouvelle Vague d'il y a 130 ans) et auteurnotamment d'une Histoire Sacrée de l'Humanité par un Disciple de Spinoza (1837), parfait proto-type des illisibles élucubrations d'un souffleur. Moses Hess était un maître à penser pour la géné-ration de Karl Marx.

Lorsqu'en 1835 Karl passa son bachot, il exposadans sa dissertation que:

L'Union des croyants avec le Christ, ren-due nécessaire par la morale impure despaïens, permet à la vertu chrétienne, seulevéritable, de surpasser celle des stoïcienset des épicuriens.

Ce serait une idée fausse de croire que Karlécrivait cela pour complaire à ses examinateurs.

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Dans cette dissertation où il n'est pas difficile dediscerner déjà la trame de son œuvre à venir, KarlMarx prenait au contraire le contrepied des thèsesde ses professeurs, en présentant, opposé au Christfils-de-Dieu des conformistes, un Christ initié.

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2

Le cercle est le lieu géométriquedes points équidistants d'un pointdénommé « centre ».

Euclide.

Le cercle est une abstraction inventée par desgéomètres qui cherchaient une Foi.

La nature produit des « ronds », mais jamais onn'y rencontre un cercle euclidien. Pour obtenir cecercle, les géomètres ne possèdent qu'un uniqueoutil: le compas.

Malheureusement entre le moment où on posela pointe traceuse sur le papier et celui où lecercle se referme, il s'est écoulé un temps T. Autre-ment dit, dans l'univers réel où le Temps consti-tue une quatrième dimension tellement impor-tante qu'on la mesure même quand on se refuseà voyager dans l'Espace, on ne peut espérer tracerque des spires hélicoïdales: le point de départ ducercle s'est éloigné vers le passé, d'un temps « T »,lorsque le compas a achevé son tour.

Connaître le commencement du passéc'est tenir le fil du Tao.

14e Proposition du Tao Te King,

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Je vous concède que la projection de cette spirehélicoïdale dans l'univers à 3 dimensions repré-sente bien un cercle. Et je veux bien ne plus parlerde 4e dimension, si vous acceptez d'admettre quetout cercle comporte un « commencement » et une« fin ».

C'est exactement comme un escalier « en coli-maçon » : à chaque tour on monte d'un palier,en un temps « T ». Mais sur l'épure de l'architecte,tous les paliers se confondent, superposés, et sontreprésentés par un cercle unique, celui de la caged'escalier vue en projection.

Tout cercle commence au Capricorne, nous ditle Zodiaque dont la symbolique devient claire dèsqu'on regarde tête en bas ses graphismes venusde la nuit des temps. Examiner les symbolescomme un mécano regarde une mécanique, cou-ché sous la voiture, c'est normal pour qui veutcomprendre la mécanique.

Ces graphismes, dépouillés des affabulationsdes ornementateurs, figurent à la page suivante.La flèche indique le sens dans lequel la préces-sion des équinoxes fait glisser le point vernal — à l'envers du sens dans lequel les parcourt le soleil,comme vous vous en souvenez.

En mettant le livre la tête en bas, vous pourrezreconnaître les « signes » tels qu'ils apparaissentdans les tracés usuels: les cornes du Bélier, du Tau-reau et du Capricorne, notamment.

Avez-vous déjà regardé un barrage, sur un coursd'eau? Imaginez ce barrage avant la mise en ser-vice: le déversoir de béton est sec. Au pied dudéversoir, le lit du futur cours d'eau est à sec aussi.En amont du déversoir, un lac tranquille, où les

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eaux chargées d'énergie potentielle montent len-tement. (Ce lac, fait de main d'homme, c'est-à-dire artificiel, nous verrons à la fin du chapitreen quoi il correspond au Verseau.)

Mais voici que les eaux du lac affleurent lacrête. L'heure H approche... l'instant I est là. Unfilet d'eau passe la crête, humectant le béton dudéversoir. Puis le filet d'eau s'enfle, l'énergiepotentielle des eaux du lac tombe dans le lit de

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rivière au pied du déversoir. Un nouveau Cyclecommence.

En gardant la page droite, le signe représentantle Capricorne rend très bien compte de ce qui sepasse: un plan, une chute presque à la verticale,une vague dans le bas. Pas une vague en V ren-versé, comme chez les peintres du XIXe siècle, maisune vague réelle, formant une boucle à sa crête,telle que nous la montrent les photos au 10 000e deseconde. (C'est cette boucle qui, dans les Zodia-ques ornementés, constitue la «tête du capri».)

Au pied du déversoir, quand la vague estretombée, l'eau fonce droit devant elle, comme laflèche du Sagittaire.

Mais cette eau s'écoulant en pente douce freinela progression de celle qui continue à tomber dudéversoir. Conformément au principe d'Archi-mède, la poussée dans le lit de la rivière, au pieddu déversoir, ne tarde pas à s'exercer dans toutesles directions. Le graphisme du Scorpion, un res-sort, est symbolique à souhait.

L'eau alors, au lieu de continuer à couler aumilieu du lit, emplit tous les creux au pied dudéversoir, conformément au principe des vasescommunicants. La Balance n'indique pas autrechose.

L'équilibre de la Balance atteint, un curieuxphénomène apparaît: partout où l'eau bute contreun obstacle, un courant en sens inverse s'amorce,qui ramène l'eau vers la nappe tombant du déver-soir. C'est ce qu'indique justement le graphismede la Vierge. Ce n'est pas indispensable, maisvous pouvez vous amuser quelques instants avec

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le symbolisme de ce courant « vierge », c'est-à-dire« neuf ».

Entre la poussée de l'eau tombant du déversoiret le courant « vierge », les heurts sont inévita-bles. Ils donnent naissance à des tourbillons, con-formes au graphisme du Lion.

Méfions-nous des tourbillons et remettons à plus tard le philosophage sur les symbolismes,depuis le « né de la Vierge » jusqu'aux quanta d'intelligence qu'on peut discerner dans « l'espritd'indépendance » propre aux tourbillons.

Ce qui est certain, c'est que le tourbillon dusixième signe une fois apparu, la Matière a atteintson apogée. Vous pouvez reproduire la successiondes six premiers signes dans votre baignoire ousur votre évier: plus rien ne changera dans l'af-faire, à part la lente érosion, si l'Esprit ne vientpas apporter son finalisme à la Matière en mouve-ment.

Cet Esprit naît-il de la Matière par la grâce destourbillons du Lion, ou vient-il d'Ailleurs?

On en discute beaucoup, dans les séminaireslaïcs et religieux.

La seule chose certaine, c'est que ainsi furent achevés à la fin du SIXIÈME JOUR les deux et la terre et toute leur armée (Genèse II, 1).

Le fait est là: sur l'horloge symboliquementornée du Zodiaque, le Cancer correspond à l'appa-rition de l'Esprit et à la marque distinctive quel'Esprit imprime à la Matière. C'est l'apparition del'outil,

Les ornementateurs représentent le Cancer parun crabe, et les théologiens par un 69 où le « 6 » passe pour figurer le mouvement d'un récipient

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(outil à puiser l'eau) et le « 9 » le mouvement dece même récipient la déversant là où en a besoin.

Le Cancer des ornementateurs est un symboleacceptable du besoin d'aller toujours plus avantqui ronge la malheureuse créature que l'Esprit a pourvu d'un outil, la mettant ainsi à part de tousles autres animaux, avec mission de dominer sureux et sur la nature. Le « 6 » et le « 9 » symboli-ques, nous les retrouvons dans la forme de lacrosse des évêques.

C'est là le type même des explications horripi-lantes comme les prophéties après coup. Vous enavez pour une page et demie encore. Lisez-les,même si vous trouvez que je déraisonne. Une pageet demie...

Les Gémeaux figurent assez bien, en graphismethéologique, le nouveau barrage que commencentdéjà à édifier (sur le cours d'eau en aval du déver-soir) les hommes unis conformément au graphis-me ornementé de ce signe: un barrage utilitaire.Nous avons vu que le point vernal passe environ2 160 ans dans chaque signe; il serait donc restéen Gémeaux entre — 6690 et — 4530 environ. Lasymbolique ci-dessus traduit de façon correcte ceque les hommes ont effectivement cherché à édi-fier, dans les premières communautés préhistori-ques correspondant à cette période.

Le Taureau, dont le graphisme théologiquereprésente une roue de moulin mue par l'eau, estla suite logique du barrage édifié à l'étapeGémeaux: l'homme extrait désormais la force (symbolisée par le Taureau des ornementateurs)de l'eau retenue par le barrage. Cela correspond à

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ce que nous savons de l'ère proto-historique.entre — 4530 et — 2370 environ.

Et puis voici le Bélier. En graphisme théo-logique, c'est une vague, analogue à celle termi-nant le graphisme de ce Capricorne où tout a com-mencé. Une nouvelle vague, en quelque sorte, un« nouveau commencement ».

Aux Poissons, les hommes se sont multipliéscomme de petits poissons, on nous l'a déjà ditailleurs. Le graphisme théologique est assez clair:un trait ascendant, une boucle, un retour en arrière,une nouvelle boucle et on repart, dans le sensascendant, après un louvoiement pour remonter levent ou échapper à l'adversaire. Insaisissable,revenant en arrière pour mieux repartir en avant,mue par une volonté de saumon qui remonte auxsources, c'est bien l'Ere prodigieuse dont nous sor-tons.

Nous voici maintenant, depuis 1950/1954, dansl'antichambre du Verseau. Le graphisme théo-logique est celui du courant alternatif et de lamécanique ondulatoire. Nous en avons pour quel-ques millénaires pendant lesquels nous construi-rons le Paradis Terrestre aux eaux calmes commecelles d'un lac. Peu à peu, du cours d'eau quia occupé le lit à sec du dernier Capricorne,nous ferons un lac domestiqué sur lequel, confor-mément au graphisme ornementé du Verseau,l'Homme se laissera mollement bercer par lesvaguelettes.

Puis, vers l'an 4110, amolli par ce bercement deparadis terrestre, l'homme laissera son lac artificielcommencer à se déverser dans le Capricorne duCycle suivant.

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Le serpent se sera remordu la queue et le cercleque nous venons de tracer se sera « refermé » dans l'univers à 3 dimensions, après avoir tracéla spire hélicoïdale d'un recommencement dansl'univers qui en comporte 4.

Rythme vient du grec réô, qui veut dire « ce qui coule .»

A ce chapitre, j'ajoute deux post-scriptums, inté-ressant uniquement ceux que cela peut intéresser.

P. S.: En divisant le Nombre de la Bête (Apocal.XIII, 18), qui est 666, par 22 qui est exaltation dupair, on obtient 166, 666 666... c'est-à-dire 166, Nom-bre de l'Aïn Soph, ou « Non-Etre Inconnaissable »,duquel tout procède, et qui n'est pas un sommet,mais un « centre auquel on ne peut donner decentre », que l'on appelle aussi Point Oméga. Il nefaut surtout pas le confondre avec une sphère devolume 103, à laquelle un centre peut être donné,dans l'abstrait de l'Aïn Soph, dit aussi « UniversRéel Continu ». Et à la droite de la virgule, onretrouve autant de 666, enfants à l'image de leurpère, qu'il en faut pour les re-commencements,dans la cage d'escalier à vis de l'Univers à 4 dimen-sions.

*

P. P. S.: Le passage de la Matière (vivant pourvivre) à l'Esprit (vivant pour se poser des ques-tions) est similaire au passage du monde végétal(tirant sa nourriture directement des minéraux)dans le monde animal (obligé de tuer des végétauxou d'autres animaux pour vivre). Le métazoaire-

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charnière entre le végétal et l'animal est l'éponge,dont les gamètes mâles sont déjà identiques dansleur principe à ceux des mammifères.

L'initiative de l'équilibre physiologique de cesmétazoaires appartient à leur mésenchyme, tissumaître-jacques que supplantent des structures deplus en plus spécialisées à mesure que sont gra-vis les échelons de l'Evolution. Dans la croissanceontologique de l'embryon humain, le mésenchymene garde sa primauté que pendant le stade gas-tnila, chez l'adulte, le mésenchyme devient insi-gnifiant en poids.

Relégué dans la moelle osseuse, la rate, les gan-glions lymphatiques, c'est pourtant encore ce mé-senchyme, bricoleur-dépanneur, qui pare à l'im-prévu des infections qui nous assaillent.

Chez le métazoaire, le mésenchyme « assigne » à chaque cellule sa fonction du moment; chez lemammifère, on n'a pas su encore établir le rôleexact du mésenchyme dans la reproduction cor-recte des cellules remplaçant les cellules mortes.

Entre le fait que Bogomoletz voit dans la luttecontre le cancer (reproduction incorrecte des cel-lules) une lutte pour un mésenchyme sain (autre-ment dit pour le bon état de la charnière Végétal/nière Matière/Esprit dans le Cancer, chacun estAnimal) et le fait que le Zodiaque situe la char-libre, en attendant les progrès de la recherche enbiologie, d'établir ou de n'établir point les relationsqui peuvent exister ou n'exister point.

Le cancer-maladie portait déjà ce nom dans laplus haute Antiquité connue. Chacun est libre d'ex-pliquer cela soit par l'hypothèse qu'Hippocrateconnaissait le sens ésotérique du Zodiaque, soit

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par le rationalisme positiviste de Littré: « Cancer, en chirurgie, a été dit ainsi à cause des bosselures et des veines qui l'ont fait grossièrement comparer à un crabe. »

Et si on a déjà vu de bonnes reproductions pho-tographiques de cancers, on a le droit de trouverl'explication de Littré un peu courte.

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3

Tout ce qu'on m'a appris.je l'ai oublié;fout ce que j'ai appris,je l'ai deviné.

Chamfort.

Il faut en croire le Vatican: quand on a la foidu charbonnier en un « Dieu » barbu, omniscient,dont les inconséquences se dénomment « voies im-pénétrables » et qui, les fesses au doux sur uncumulus capitonné, comptabilise nos bonnes etmauvaises actions, la lecture de la Bible est aussinéfaste que celle du Kamasoutra pour un éroto-mane. On transforme presque à coup sûr une affec-tion bénigne en trouble mortel.

Mais si l'on accepte d'admettre que, pour lesauteurs assurément ni naïfs ni sots des Ancien etNouveau Testaments, « Dieu » était un mot passe-partout, analogue au Joker des jeux de cartes, lalecture de la Bible mène à une Cohérence danslaquelle l'Esprit anime toute Matière.

...et autres noms inventés qui suppléentordinairement à l'indigence de l'expression,

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quand le cœur est plus richeque le vocabulaire et la pensée.

F. Fleuret (Histoire de la Bienheureuse Raton).

La « théologie » islamique consiste en analyses(tafsîr) qui, en appliquant la Science de l'Abro-geant et de l'Abrogé, ont pour but de choisir, entredeux contradictions du Qoran (où elles foisonnent)la version qui doit prévaloir pour les fidèles.

Confondre cela (et la litanie des 99 plus joliesépithètes que le Qoran accole au nom d'Allah)avec la peine des hommes qui, de l'ivraie des fablesdestinées aux cœurs simples (et les altérationsintroduites par les poètes maudits par Platon),cherchent à dégager les Cohérences de la Bible estidiot, mais relativement fréquent.

Les Grands Initiés passent pour connaître les49 + 1, soit 50 significations du mot Dieu. Nesoyons pas trop ambitieux.

Entre sommairement initiés, poursuivons lalecture de la Genèse, en remplaçant simplement le« Dieu » passe-partout des traductions usuelles parcelui des cinq ou six noms qui tombent sous lesens.

Ecoute, Israël: Adonaï est notre Dieu, Adonaï est Un.

Jésus s'exprimait habituellement en araméen.Pour proclamer que « le premier de tous les com-mandements est SCHEMA ISRAEL: ADONAÏ ELO-HENOU, ADONAÏ EHAD » (Marc XII, 29) leChrist revint pourtant à l'hébreu, parce qu'une

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traduction autre que l'usuelle (celle que je donneen épigraphe ci-dessus) est difficulteuse.

Il serait absurde de prétendre que le Christ disaitcela pour se concilier les Judéens par une de cesrestrictions mentales (ketman) qui font partie dela « morale » qoranique.

« J'étais tous les jours parmi vous, enseignantdans le temple », a dit le Christ selon le mêmeMarc (XIV, 49) qui tient à bien souligner que Jésusne s'était jamais caché. Et le Christ ne pouvait riendire qui ne fût déjà « enseignement pour les chré-tiens », puisqu'il avait abjuré la Religio du Bélierdepuis son baptême par Jean (I, 9) dans Veau desPoissons remplaçant l'oing hébraïque à la graissede Bélier. Les douze apôtres étaient choisis depuisIII, 13 à 19, et Jésus avait déjà marché sur leseaux (VI, 48), multiplié pains et poissons (VIII,1 à 9) et eu avec Moïse et Elie l'entretien dont il était sorti transfiguré (IX, 2 à 13) lorsqu'il ensei-gna au scribe que

le premier de tous les commandements de la Religion, des Poissons devra être SCHE-MA ISRAEL: ADONAÏ ELOHENOU, ADO-NAÏ EHAD.

De même que quelques gouttes d'eau froidedégagent le buvable de . l'étouffe-chrétiens dansune tasse de café oriental, quelques gouttes de phi-lologie clarifient les traductions usuelles duSchéma Adonaï.

Notons d'abord que Israël est le nom donné à Jacob pour avoir « lutté avec Dieu et n'avoir pasété vaincu» (Gen. XXXII, 28). En hébreu de

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kabaliste. Israël signifie Assez-fort-pour-subir-l'Ini-tiation.

Le Dieu avec qui Jacob « lutta » pour devenirIsraël avait une apparence d'homme (XXXII, 24) ; ilserait donc pire que sacrilège de le confondre avecle Dieu que représente le « nom ineffable », c'est-à-dire Adonaï, dont Moïse interdisait de « chercherà s'en faire une image », car il ne saurait êtreimaginé.

Ainsi armés de vocabulaire, n'oublions pas quel'hébreu, langue agglutinante, reste de l'hébreutant qu'on ne l'a pas désagglutiné, syllabe par syl-labe, à l'usage des esprits occidentaux.

Le commandement que le Christ plaçait en têtede tous les autres retrouve ainsi sa pleine signifi-cation :

Le Verbe-Formule expliquant la Création(shem-), sache l'entendre (-a) si tu esassez fort pour être Initié (Israël): laFormule de l'Ineffable (Adonaï), doittoujours rester le guide de notre lignée(Elohenou); cette formule (Adonaï), c'est la Loi de Conservation de l'Energie,Loi Unitaire de la Matière-et-de-1'Esprit,qu'en abrégé on appelle l'Unité (Ehad).

A condition de ne jamais oublier ce comman-dement du Christ, nous pouvons diversifier lesdénominations de « Dieu » sans tomber dans lepolythéisme des puissants Empires qui se sonteffondrés au cours des siècles, sous les yeux desincrevables Israélites, « qui entendent l'Ehad ».

L'Age d'Or du Verseau, dit aussi Paradis Ter-

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restre (à ne pas confondre avec « l'Est d'Eden » du Cancer, dont nous parlerons plus loin), s'achevasur un Cataclysme dans lequel toute trace de civi-lisation humaine avait disparu lorsque le pointvernal arriva sur la fin du Capricorne, en — 20 000environ.

« Immense » à l'échelle humaine, ce Cataclysmen'affecta évidemment que la croûte superficiellede la planète.

La soucoupe volante s'approcha de la Terre,où elle avait pour mission de kidnapper unhabitant, pris au hasard, dans un but scien-tifique. Elle en repéra un, fonça vers le solet, d'un trait, remonta vers les deux. Toutcela se passait sous les yeux d'un bravepaysan éberlué, qui vit une boulette de feuemporter une fourmi.

Science-Fiction.

Le Cataclysme détruisit toute trace de civilisa-tion, mais la Terre continua à tourner comme si derien n'etait, ajoutant paisiblement une nouvellesédimentation de cadavres aux couches de tous lesCycles de 25 920 ans qui s'y sont succédé depuis lapremière apparition de la Vie sur le globe. Leshommes, dans un festival de mégatonnes, avaientpourtant réussi à faire évaporer les océans et cra-queler une pellicule de roches et de terre, commeéclate sur le feu une terrine dont l'eau s'est évapo-rée.

La terre devint alors « informe et vide » (Gen. I,2), noyée dans les brouillards comme l'actuelleVénus, mutatis mutandis.

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C'est alors que les astronautes d'une planète que,pour fixer les idées, on peut appeler Théos, con-tournèrent la Terre en explorateurs: « l'esprit deDieu se mut autour des eaux » (Gen. I, 2).

Ils ne venaient pas d'une planète du systèmesolaire, bien sûr. Ni d'une autre galaxie non plus.Théos est vraisemblablement une planète deniveau M de je ne sais quel soleil de notre Galaxie.

Un détail qui a son importance: il est admis quecertaines planètes sont habitées par des êtres toutpetits, et d'autres par des êtres immenses; et aussique la durée de vie sur les diverses planètesdépend de suffisamment de paramètres pour allerde moins-que-drosophile à plus-que-millénaire.

Je ne sais pas, par ailleurs, si des nains peuventcoloniser des géants, mais dans notre cas particu-lier une explication cohérente des événements ter-restres suppose des Théosites ayant la taille desstatues de l'île de Pâques, naviguant dans desastronefs (horus) pour qui la terrasse de Baal-bek constituait une aire d'atterrissage raisonnable.

L'espérance de vie des Théosites surpassait aussiassurément la nôtre, si on en croit tous les textesconnus, encore que la relation entre taille et lon-gévité soit illusoire. Il paraît cependant raisonna-ble d'admettre que les Théosites devaient vivremille ans environ, âge usuel du temps où « lesgéants étaient sur la Terre » (Gen. VI, 4).

Tout cela s'éclaircira considérablement dès quenous aurons exploré ce satellite de Mars dont lesavant soviétique Chklovsky a affirmé, en mai1959, que les anomalies de sa marche ne peuvents'expliquer que s'il s'agit d'un satellite creux, doncartificiel.

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Nous trouverons peut-être sur ce satellite (ousur un autre) l'indication des moyens à mettreen œuvre pour visiter le reste de notre Galaxie...Mais n'anticipons pas.

Au début du 17e tour, j'entendisla voix, belle et chaude,du Constructeur Principal.

Titov (« Mes 17 tours de la Terre »).

A l'époque dont je vous parle, le point vernalde Théos était dans son Verseau; les habitantsde Théos en étaient donc au degré de connaissan-ces que nous ne pouvons espérer approcher avantla venue du Juge, d'ici un siècle environ.

Le point vernal de la Terre, lui, était dans lesderniers degrés du Capricorne, quand le Chef dela Mission Théosite, un certain M. Métatron sij 'en crois les kabalistes, survola la Terre et conclutqu'il fallait commencer par en dissiper les brouil-lards opaques. Il rendit compte au ConstructeurPrincipal. Celui-ci envoya des spécialistes, qui semirent à l'œuvre. Et « ainsi il y eut un soir et unmatin », après des travaux qui durèrent jusqu'à lafin du 1er « jour » (de 12.45 à 1 sur le cadran duZodiaque).

Pendant les deux millénaires du Sagittaire, l'eaucoule de partout, sans frein, conformément au sensdu signe. Ce fut le 2e « jour ».

Au Scorpion, signe de la poussée en tous sens etdu Principe d'Archimède, les fleuves trouvent enfinleurs lits, les mers se forment, « le sec apparaît».Le Constructeur Principal annonce alors que laterre va désormais produire la verdure, l'herbe

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portant de la semence, les arbres fruitiers. Le textede la Genèse est sans équivoque: la terre les pro-duit d'elle-même: le germen végétal avait apparem-ment gardé intactes ses propriétés et n'atten-dait qu'une modification des climats pour reverdir.Ce fut le 3e « jour » — pendant lequel les climatolo-gistes et géologues de Théos régnèrent sur la Terre.

A la Balance, l'équilibre se cherche et s'établit,conformément au principe des vases communi-cants indiqué par le graphisme du signe.

Quoi qu'en disent les traducteurs approximatifsdu texte hébraïque, aucun « Dieu » n'eut à y fabri-quer de Soleil — puisque ce dernier existaitdepuis le 1er « jour », au cours duquel étaient appa-rus « le soir et le matin ». Mais pendant l'Ere de laBalance, les Théosites (Moïse désigne une partied'entre eux par le pluriel Elohim) eurent à « pla-cer » les étoiles sur les cartes célestes et à établirles données d'une astronomie terrienne: c'est l'épo-que où, comme nous le dit la Genèse (I, 14 à 18)« ils marquèrent les époques, les jours et lesannées ». C'était une tâche longue et difficile; peut-être même y eut-il « action » sur certains corpscélestes... mais n'anticipons pas. Une chose sem-ble certaine, les astronomes prirent le pas surles autres savants, pendant tout le 4e « jour », de— 15 330 a—13 170.

Les Sages Parfaits de l'Antiquité étaientinsaisissables, surnaturels, mystérieux,pénétrants, si savants qu'on ne pouvaitles comprendre. Faute de pouvoir les com-prendre, on ne peut que les décrire.

15e Proposition du Tao Te King.

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Quand le point vernal de la Terre entra dans lesigne de la Vierge (signe du « retour sur soi-mê-me »), les Théosites qui jusque-là « campaient » sur un planétoïde-escale (ou sur une autre pla-nète???) s'installent sur notre Terre. L'escale enquestion devait être à quelques semaines ou moisde voyage cosmique, Théos étant à plusieursannées de distance.

La Terre était enfin habitable, pourvue d'uneatmosphère permettant d'y respirer sans casque,et de verdure.

Les Théosites se mettent donc en devoir de l'ex-plorer, cette planète où le moment est enfin venude faire revenir une faune. Les astronomes s'effa-cent donc devant les biologistes. Le Livre de laGenèse, toujours aussi précis, nous le dit: le ger-men de la faune, plus fragile que celui de la flore,dut être créé (I, 21). Sans doute par inséminationartificielle, peut-être même in vitro. Peut-être à partir des ovules primordiaux de Stéphane Leduc.Je ne sais pas.

Vous aviez évidemment déjà remarqué que lesThéosites ont fait resurgir les espèces dans unordre logique, un peu différent de celui danslequel, quelques centaines de millénaires aupa-ravant, elles étaient pour la première fois apparuessur la Terre: « les grands poissons, tous les ani-maux aquatiques et les oiseaux » (I, 21). Ce futla tâche assignée au 5e « jour ».

Au Lion, le sens du signe est évident: c'est letour des animaux supérieurs: les herbivores (dontla nourriture est assurée depuis que la verdure estrevenue), puis les reptiles (mangeurs d'animauxaquatiques), et en dernier lieu seulement les car-

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nivores (nourris de leurs congénères herbivores).La Genèse (I, 24) est catégorique: du bétail, des reptiles, des animaux terrestres; le « bétail » estbien séparé des autres « animaux terrestres » parles reptiles, dans l'ordre où les firent apparaîtreles Théosites.

Quand, en I, 26, apparaissent enfin l'homme etla femme, ce sera pour « dominer sur tout ce quise meut sur la Terre ». C'est le 6e « jour », Ere situéeentre — 11 010 et — 8850, pour rester fidèle augoût de notre époque pour les précisions, qui luifait mettre des décimales jusque dans ses hypo-thèses.

C'est le « jour » le plus important jusqu'ici: laGenèse lui consacre 8 versets à lui tout seul, alorsque 21 versets avaient suffi pour les 5 « jours » précédents.

Cela a duré des millénaires, bien sûr. Mais pourles Théosites qui vivent mille ans environ, unmillénaire passe aussi vite qu'un siècle pour nous.

Dans cette explication des six premiers « jours »,j 'ai certainement commis des erreurs dues à unanthropomorphisme dont on se défait difficile-ment: malgré la mise en garde du Tao, on voudraitcomprendre les sages Parfaits. Cela ne doit pasêtre bien grave, puisque le Pentateuque bâcle cessix premiers jours en 1 1/2 de ses 256 pages (ver-sion Segond), en un seul des 50 chapitres de laGenèse.

Et Dieu se reposa,au septième jour.

Genèse (Début du chap. II).

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Si on y réfléchit, le début du deuxième chapitrede la Genèse est une insulte à la nature divine deDieu: s'il se repose, c'est donc que le travail Lefatigue; s'il se fatigue, c'est qu'il consomme del'énergie... et en ce cas la Loi de Conservation del'Energie est formelle, il s'use et ne saurait êtreéternel.

Voilà donc un des cas les plus évidents où« Dieu » ne peut pas représenter Adonaï, Loi d'Unité abstraite dont « toute figuration est inter-dite », disait Moïse et dont les Pères de l'Eglise pré-cisent qu'il est acte pur, sans matière. Ici, « Dieu » représente de toute évidence les Elohim, « à l'image de qui nous avons été créés ».

Prêter l'immortalité aux Elohim serait nier la Loid'Adonaï. Les vénérer serait tomber dans l'idolâtrie.Ne pas admirer en eux des sages Parfaits seraitsottise pure.

Au 7e « jour » donc, c'est-à-dire entre — 8850 et— 6690, nos Théosites disposaient, les six « jours » de création et installations passés, de la planètetelle que nous la connaissons, avec son Point Zéroà Giseh. Par ailleurs, ils avaient à leur disposition« un homme » et « une femme » (des hommes etdes femmes, si nous en croyons Teilhard de Char-din et les ethnologues laïcs), « faits à leur image » encore que plus petits qu'eux (VI, 4), « surgis de lapoussière de la terre » (II, 7).

Des plantations « agréables et bonnes à man-ger » (II, 9), un Grand Labo de génétique-biolo-gie (« Arbre de Vie ») et l'Amphi de la Science-des-Sciences (« Arbre de. la Connaissance »), voilà unedescription fort vraisemblable de « l'Eden » quenos cosmonautes établiront sur une planète qu'ils

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auront colonisée. Un établissement colonial donc,avec un jardin réservé aux serviteurs indigènesqui cultivent ce potager (II, 15 et 16). Ces indigènesprofitent des bienfaits de la civilisation la plushaute, mais la Connaissance dispensée dans leGrand Amphi dit « Arbre de la Connaissance » leur est interdite (II, 17).

(Pourquoi appeler « Arbre » un haut lieu de lascience? Je n'en sais rien, mais je constate quechez les Indiens (Maha Bharata) comme chez lesAmérindiens (Popol Vuh) c'est encore « arbre » que cela se dénomme.)

Pourquoi la femme apparue en même temps quel'homme (Gen. I, 27) ne donnait-elle pas satisfac-tion? On y reviendra plus loin. Quoi qu'il en soit,une opération sous anesthésie totale (II, 21 à 24)permit d'en obtenir une autre, destinée à mieuxconvenir. Il nous faudra attendre je pense le XXIe

siècle pour pénétrer le mystère de cela.Le « serpent rusé » auquel cette nouvelle femme

doit ses idées d'insubordination (III, 1), il faudraattendre III, 14 pour que le Gouverneur GénéralIahvé le condamne à ramper sur le ventre. C'estdonc de toute évidence une façon de parler poéti-que: les reptiles sans pattes existaient en effetdepuis plusieurs « jours » déjà (I, 24). Dans la bou-che de Iahvé, « serpent » était assurément uneinjure à l'adresse de ce que au XXe siècle, les Euro-péens appelent un « traître par idéologie » et lesSoviétiques une « vipère lubrique ». De son vrainom ce Théosite anticonformiste s'appelait, commechacun sait, M. Satan.

Mais la domination colonialiste des Elohim étaithistoriquement condamnée dès ce 7e « jour », où,

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nous dit la Genèse, ils avaient décidé de « se repo-ser sur leurs lauriers, dans l'Eden de papa.

C'était à prévoir: vers la fin du 7e «jour»,une femme de ménage indigène, sachant qu'on nela surveillait plus, entra dans l'Amphi interdit. (Lephilanthrope M. Satan, anticolonialiste forcené, l'yavait d'ailleurs encouragée, estimant que leshumains avaient droit à l'Initiation.)

Dans l'Amphi, la femme constata que ce qu'ellevoyait était « précieux pour ouvrir l'intelligence » (III, 6).

Mais ni elle ni son mari le jardinier n'avaientl'instruction nécessaire pour comprendre ce qu'ilsvenaient de découvrir; se rendant compte de cequi leur manquait, « ils se sentirent nus » et ten-tèrent de se vêtir « en cousant des feuilles defiguier » (III, 7).

(Encore une image, je pense: les Elohim devaientdire « être bien vêtu » comme nous disons « avoirun solide bagage », pour parler d'une forte cul-ture.)

29 chapitres et plusieurs millénaires séparentencore les humains de ce Jacob qui, ayant passél'examen dans son « combat avec l'ange-examina-teur » (Gen. XXXII, 28) décrochera son diplômed'Israël, ancêtre des Israélites ou « gens ayantoreilles pour entendre et yeux pour voir ».

La Genèse (XXXII, 31) nous précise que de sonexamen Jacob devenu Israël sortit boiteux, commeHéphaïstos son équivalent grec. Israël, dans la hié-rarchie des titres universitaires théosites, semblecorrespondre à « bachelier ». Quant au boitement,c'est apparemment un rappel utile autant que poé-tique de l'incertitude boitillante qui marquera

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notre science, tout au long du Bélier hébreu etdes Poissons judéo-chrétiens, jusqu'à la venue duJuge du Verseau.

Ce Juge, arrivant après le dernier des papes, ferapasser leur thèse de doctorat es Science Suprêmeà ceux qui auront mérité le diplôme de Justes, c'est-à-dire de Savants dont le savoir, ayant cesséde « boiter », pourra les porter ailleurs dans laGalaxie, où leurs descendants échapperont au cata-clysme appelé à balayer notre Terre à la fin del'Age d'Or.

(Le rôle du Messie fut de faire passer les exa-mens de licence aux Israélites qui, ayant des oreil-les, avaient su entendre son enseignement et reçu-rent leur diplôme de chrétiens, nom théosite pourles licenciés es Science Suprême.)

Mais ne nous égarons pas.Revenons à l'homme et à la femme qui vien-

nent d'ingérer le « fruit de la connaissance ». Ilscommencent par « avoir honte » (III, 7).

Honte d'avoir mangé un fruit? Il n'est jamaisquestion de cela dans la Genèse. Honte de s'êtreinstruits? Soyons sérieux.

Il suffit de relire la Genèse sans les œillères desidées fausses reçues pour constater que « leursyeux s'étant ouverts » (Gen. III, 7), nos indigènesvenaient de comprendre qu'ils étaient (malgré leurressemblance purement physique avec les Elohim)semblables aux animaux et que, pour s'égaler auxElohim il fallait qu'ils apprennent à « se vêtir ».

A se vêtir dans tous les sens théosites du mot,bien sûr. Le fait qu'ils aient « cousu des feuilles defiguier », c'est-à-dire utilisé un outil pour coudre,

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nous rappelle par surcroît que nous sommes bienau 7e « jour », celui du Cancer zodiacal.

Que fait alors « Dieu » ? Il commence par prou-ver qu'il n'est en rien le « Dieu » des catéchis-mes judéo-chrétiens, c'est-à-dire Celui-qui-Voit-et-Sait-Tout. Le pauvre cher Iahvé vit en effet dansune douce ignorance jusqu'au soir où, se prome-nant dans son jardin (III, 8), il appelle l'homme« qu'il ne voit pas » (III, 9) lui demande lorsqueenfin il l'aperçoit pourquoi il a changé de tenue(III, 10) et doit recourir à des déductions de détec-tive avant d'avoir l'intuition de ce qui a pu se pas-ser et de demander si. par hasard, il n'aurait pas...(III, 11).

Iahvé se fâche alors tout rouge et énonce dessanctions.

Mais il finit par être amusé par cette ambitionde l'indigène et il lui permet d'étudier le program-me du certificat d'études non plus en autodidacte,mais rationnellement: il remplace en effet la « cein-ture de feuilles » par des « habits de peau » (III, 21),ce qui donne quelque poids à mon hypothèse decalembour théosite sur la vêture.

On n'en est pas encore au bachot, certes, quisera marqué à la hanche de Jacob (Gen. XXXII,31) devenu Israël; c'est au talon seulement (III, 15)que le goût de s'instruire peut, jusqu'à nouvelordre, « blesser », par l'intermédiaire du « ser-pent », les malheureux humains.

M. Satan, traître par idéologie philanthropique,est donc condamné à être simple instituteur pourindigènes; cette besogne, basse pour un Théositede haute culture, qui aura en l'accomplissant l'im-

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pression de ramper, donne tout son sel au surnomde Serpent dont Iahvé l'affuble ironiquement.

Et c'est à partir de cet incident que « reptile » devint une insulte. L'espèce avait pourtant jusque-là été bien considérée...

Dans le fait qu'en III, 1 la Genèse précise queles biologistes théosites avaient prodigué aux rep-tiles les gènes de l'intelligence et que « cela étaitbon » (I, 25), on peut voir un pur hasard — ouune de ces anomalies qui nous ont déjà si souventmis sur la voie de la Cohérence.

Par ailleurs, le certificat d'études marqué au« talon », le bachot à la « hanche » de Jacob-Israël,la licence au « cœur » par Jésus, le doctorat à latête par le Juge du Verseau... la progression théo-site des diplômes est normalement ascendante.

Ayant ainsi instauré l'école primaire pour lesindigènes, Iahvé institua en même temps l'étatcivil pour l'homme, jusque-là aussi anonyme queles autres animaux.

C'est seulement en Gen, III, 20 en effet quel'homme prit un nom (Adam) et donna à safemme le nom d'Eve.

Si vous avez des doutes sur ce que ma clé ouvre,relisez dans la Genèse les trois pages et demie dudébut où tout cela est raconté: les trois premierschapitres, qui sont courts.

Venons-en maintenant à Adam.C'est un curieux personnage. On nous en parle

beaucoup, sans dissiper pour autant le mystèreentourant ce « premier homme ».

La Genèse (V, 5) nous dit qu'il vécut 930 ansen tout et que c'est à l'âge de 130 ans (V, 3) qu'il

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engendra Seth. Cela correspond à 13 ans pour unhomme appelé à vivre 93 ans. Belle précocité.

Où cela devient troublant, c'est quand onremonte vers le passé: avant d'engendrer Seth,Adam avait engendré Abel et Caïn (à un âge nonprécisé), les avait vu grandir, devenir hommes,prendre métier et se livrer au fratricide. A quelâge Adam avait-il donc pour la première foisfécondé Eve?

En tétant par un bout et en engendrant parl'autre?

Et cette hypothèse hardie elle-même ne résoutrien: avant d'engendrer Abel et Caïn, il avaitdéjà été tenu pour pleinement responsable de lacuriosité d'Eve, au Paradis...

Je crains que les précisions sur l'âge d'Adamsoient un de ces pièges contre lesquels je nousmettais en garde... Plutôt que de nous égarer dansles voies de garage encombrées de souffleurs, glis-sons sur ce mystère qui nous dépasse.

Si vous tenez vraiment à vêtir d'une hypothèseles inconnues impudiques, vous pouvez évidem-ment admettre que « Adam » n'était pas le pré-nom du premier homme, mais le nom de famillede sa lignée. Si vous prétendiez que Seth naquitnon à la 130e année d'âge de son père mais à la130e génération des Adam, ce serait à vos risqueset périls, bien que, dans un Eden où la santé estbonne et où les serviteurs sont mariés aussitôtnubiles, 130 générations correspondent bien aux2 160 ans d'une Ere zodiacale.

Ptah sur le grand trône!Ptah le Grand, cœur et langue des neuf dieux!

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Ptah qui donna naissance aux dieux!Ptah... Nefertum à la pointe de Rê, chaque jour!

Prière du IVe Millénaire avant Jésus.

A la fin du chapitre III de la Genèse (verset 22),« Eternel Dieu » proclame que « l'homme estdevenu comme l'un de nous ».

N'insistons pas sur ce « nous », puisque nousavons déjà admis un Eden peuplé d'Elohim gou-vernés par M. Iahvé. Mais demandons-nous si cettedéclaration de Iahvé veut dire que l'instructionélémentaire de l'homme étant terminée, il estdésormais qualifié pour utiliser les outils après lesavoir lui-même fabriqués, autrement dit si noussommes à la fin du Cancer, sur le point d'entrerdans les Gémeaux.

Il semble bien que oui.Ayant délivré à l'homme ce certificat de simili-

tude, Iahvé lui fit quitter l'Eden, lequel fut désor-mais (III, 24) gardé par des « chérubins » (nombiblique des CRS) « agitant une épée flamboyante ».

L'Eden devait se trouver à Thèbes ou dans lesenvirons; un certain nombre de présomptions quenous verrons s'additionner dans ce livre me pous-sent à le penser.

Il est logique de situer la terre « Promise auxfils de Seth » en Palestine: je ne pense pas queMoïse ait entraîné son peuple au hasard, sans savoiroù il allait, ni qu'il ait choisi sa Terre Promisepour des avantages pratiques qu'elle ne présentaitd'ailleurs pas, comparée aux autres terres sansoccupants d'Asie Mineure.

La Palestine se trouve, comme il convient, à l'est de l'Eden; nous savons par ailleurs que l'Eden des

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Elohim se trouvait au sud de tous les établisse-ments humains, comme l'indiquent les textes rela-tifs à Ptah, dieu des dieux de la première dynastiedes pharaons.

Ptah-écraseur-de-serpents, dont les prêtresétaient au sommet de la hiérarchie ecclésiastique,était en effet dans tous ses temples qualifié dedieu au sud de son mur.

Ptah, c'est le seul dieu dont le nom n'ait pas designification dans les langues d'Egypte. Il futtoujours représenté avec un visage humain, seulparmi les dieux à visage humain à être toujourssoit sans barbe soit avec une barbe droite. C'estcelui que la Kabale appelle P'tah Enaïm, « l'ou-vreur d'yeux ». Celui qui, dans le papyrus Leydennotamment, prend figure de Dieu le Père appeléà se manifester aux humains du début du Béliersous les traits d'Amon-le-Bélier engendré par Rê,le Soleil-Saint-Esprit. Ptah (texte Shabaka) estcelui qui a fait de Tatemen, la Terre Originelle, ce que nous en connaissons.

Moïse rejetait Amon et le Taureau, mais nonPtah, «père de toute Initiation ». Ptah n'a jamaisété adoré comme une idole à laquelle on demande d'être exaucé à force de paroles (Matth. VI, 7).C'est du texte des prières à Ptah qu'est tiré le Notre Père des chrétiens.

Sur le départ d'Eden vers la terre promise auxhumains, au nord-est d'Eden (Jéricho I, je pense,que 1 carbone 14 situe vers — 6800), s'achève lechapitre III de la Genèse.

Le chapitre IV semble bien marquer l'entrée dansles Gémeaux. C'est là en effet que nous voyons

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Adam, installé « à l'est d'Eden », engendrer Abel-et-Caïn.

Les Gémeaux (— 6690), si on suit le Zodiaque,symbolisent l'union des hommes pour domesti-quer la nature, par la construction de « barrages ».Et c'est en effet avec la naissance d'Abel (Les bergers) et de Caïn (Les laboureurs) qu'apparaîtla grande nouveauté: une des espèces vivant endehors d'Eden (c'est-à-dire parmi les animaux) aulieu de se nourrir de ce qui pousse tout seul com-mence le grand effort de domestication et de domi-nation sur toutes choses, par l'union dans la pre-mière communauté humaine.

Débuts laborieux. Même lorsque « pour rempla-cer feu Abel », Adam et Eve eurent un troisièmefils, Seth, les hommes ne constituaient pas encoreune vraie communauté « à l'image des Elohim ».C'est seulement à la naissance d'Enosch, fils deSeth, que nos ancêtres commencèrent à « invoquerle nom d'Eternel » (Gen. IV, 26).

Ici, nous arrivons dans la Genèse à la généalogied'Adam à Noé, et à rénumération d'individusvivant 850 ans en moyenne (chap. V). Cela devientfastidieux comme un traité de maths sup. pour unélève de sixième.

Eloignons-nous sur la pointe des pieds.Ce sont des discours « tenus autrefois » par des

« prêtres d'Egypte », et retransmis par Solon, quePlaton met dans la bouche de Critias. De vulgaireson-dit? Certes. Mais comme ils recoupent assezbien les renseignements fournis par Moïse, prêtonsl'oreille:

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Autrefois, dit Critias, les dieux se parta-gèrent la Terre, sans disputes.

Il y aurait donc eu, après un premier établisse-ment unique, plusieurs Séjours Divins analoguesà l'Eden? Comme nous verrons plus loin, c'estl'hypothèse la plus vraisemblable. Cet « autrefois »,Platon qui écrivait vers — 400 le situe « 9000 ansauparavant ». Entre — 10000 et — 9400 par con-séquent, c'est-à-dire au 6e « jour », en plein Lion,avant le Cancer de l'outil.

Cela se tient fort bien, puisque Platon prend lapeine de préciser que, quand les premiers Théo-sites s'installèrent en Atlantide, les hommes nesavaient pas encore construire de bateaux.

Moïse se contente d'esquisser rapidement ce quefut l'Eden où Adam et Eve goûtèrent à l'Arbre dela Connaissance: c'est aux tribulations de la lignéequi a engendré Noé (et dont il est l'héritier) qu'ilconsacre son Pentateuque. C'est normal et légitime.

La lignée grecque, ayant, de l'aveu même dePlaton, été balayée par le Déluge qui « n'en laissasurvivre que quelques montagnards illettrés », ilest tout aussi normal que le Critias décrive presqueuniquement le Séjour Divin dont Vhinterland étaitla Grèce.

On a écrit tellement de sottises sur l'Atlantideque la plus élémentaire prudence conseille de bienregarder où on met les pieds, quand on s'aven-ture dans ses terres inconnues.

L'Atlantide est-elle un Continent Englouti? Sûre-ment pas, et j'en suis navré pour les mythomanesqui le soutiennent mordicus contre toutes les don-nées géologiques.

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L'Atlantide est-elle la moitié sud du continentaméricain, jadis soudé à l'Eurafrique? La façondont les côtes est du continent américain s'adap-tent, creux pour bosse et bosse pour creux, auxcôtes ouest de l'Eurafrique rend cette scission desterres infiniment probable — mais à une époquede très loin antérieure au Xe Millénaire avant notreère. Ce n'est donc pas encore cela.

L'Atlantide était-elle un Séjour Divin disparusans laisser plus de traces de son emplacementque l'Eden des Elohim de Moïse? Et sous lemême Déluge? Voilà qui semble plus vraisem-blable.

Par ailleurs, Platon et Moïse s'étant de leur pro-pre aveu instruits aux mêmes sources, « chez lesprêtres d'Egypte », il est normal qu'un colloïdefabulateur de même nature maintienne, chez l'uncomme chez l'autre, les faits protohistoriques ensuspension dans la masse des faits remontant à descentaines de millénaires:

a) Moïse décrit les faits et gestes de ses Elo-him en mélangeant les données géologi-ques de l'apparition de la Terre dans laGalaxie avec les données de sa remise enétat au début de notre Cycle ; b) Platon décrit la dérive, vieille de plu-sieurs centaines de millénaires, du conti-nent américain, en la mélangeant avec lescirconstances du départ des Atlantes.

L'un et l'autre font ainsi d'une pierre deux coups:

a) ils embrouillent les mythomanes;

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b) ils rappellent aux mythologues que les« prêtres d'Egypte » et eux-mêmes connais-saient aussi bien la géologie que la pré etla protohistoire.

Au 6e « jour », le grand patron de l'Eden deMoïse était un descendant du fondateur, M. Iahvé.Une monarchie héréditaire. A la même époque,le Gouverneur Général de l'Atlantide s'appelaitM. Poséidon, lui aussi monarque héréditaire.

Iahvé et Poséidon furent par la suite divinisésl'un et l'autre, lorsque les commodités élémen-taires dont on disposait chez eux (piles à uranium,orichalque, électricité, radio, avions, électroména-ger, hôpitaux, etc.) eurent été balayées par leDéluge et furent passées au rang des légendes.

Arrivés en Atlantide au Lion, 6e jour de la colo-nisation de la Terre par les Théosites, les Atlantesconsacrèrent les millénaires (« siècles », en leurlangue) les séparant de la fin du Cancer à aména-ger leur grande « île ».

Nous verrons plus loin que les métissages entreles Elohim de Moïse et les humains vivant à l'estd'Eden ne commencèrent qu'au 8e « jour », celuides Gémeaux. Poséidon, lui, entraîna la mortelleClito dans sa couche dès son arrivée en Grèce, au6e « jour ».

Poséidon devait être porté sur le genre Tanagraet les amours ancillaires, mais c'est sans doute cemétissage trop hâtif qui empêcha la Grèce de voiréclore une humanité évoluant avec la lenteur con-venable pour engendrer un Noé.

La chose certaine, c'est que, le moment venude saluer l'entrée du point vernal dans les

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Gémeaux, Poséidon engendra cinq couples dejumeaux mâles, auxquels il confia le gouverne-ment de l'Atlantide partagée désormais en dix dis-tricts.

Cela fait, Poséidon disparaît du texte de Platon,sans la moindre explication. Sa disparition mar-que-t-elle la fin du Cancer, pour qui sait lire? Onle dirait bien.

Si vous relisez le Critias, muni de la clé que jevous propose, vous verrez que tous les détails queje saute deviennent limpides et utiles pour l'His-toire du séjour des Théosites sur Terre.

L'Ere des Gémeaux, l'Atlantide la passe confor-mément au sens du signe: les Atlantes construi-sent, dans l'union des fils aînés des Rois-Jumeaux.

Platon précise bien qu'ils construisent des bar-rages, pour bien montrer que, comme Moïse, ilparle la langue du Zodiaque. Des barrages toutautour de « l'île ». Les navires sont désormaisnombreux, dont on ne nous a dit ni comment ilsfurent inventés ni quand on les construisit: à nousde connaître suffisamment le Zodiaque pour com-prendre que cela ne pouvait s'être passé qu'auCancer pour la naissance de l'outillage, et auxGémeaux pour la construction. Le Critias n'est paspour les souffleurs.

Continuons quand même à le lire, comme sinous étions adeptes largement initiés.

« Pendant de nombreuses générations, la naturedivine se fit suffisamment sentir » chez les Atlan-tes, Géants mi-hommes mi-dieux issus du ThéositePoséidon et de la mortelle Clito (et d'autres unionsanalogues). La preuve de la persistance de cetteInitiation de nature divine est que, l'heure zodia-

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cale en ayant sonné, les Rois instituèrent le sacri-fice idoine à la gloire du point vernal.

Une « anomalie » assez flagrante dans le textede Platon est la place qu'il accorde au prestigedont jouissaient les chevaux dans une Atlantideoù il nous précise même qu'ils disposaient d'unhippodrome qu'il prend la peine de décrire; il res-sort d'une lecture sans œillères du Critias que lesacrifice logique eût été constitué de chevaux...

Ce sont pourtant uniquement des taureaux quisont, en Atlantide, sacrifiés au Soleil du pointvernal.

Est-ce pendant que le point vernal était encoredans le Taureau que la portion divine (qui étaitdans les Atlantes) finit par s'altérer par son fré-quent mélange avec un élément mortel considé-rable?

Il semble bien que oui (les mots en italiqueci-dessus sont la traduction exacte du texte de Pla-ton).

Et c'est l'époque où le dieu des dieux décida dechâtier les Atlantes.

Nous retrouvons en somme l'histoire du Déluge.Du Déluge que les anciens théologiens de l'Eglisesituaient en — 3618, 912 ans donc après l'entréedu point vernal dans le Taureau.

Lorsque le dieu des dieux venu en inspectionchez les Atlantes eût décidé de les châtier, « ilréunit tous les dieux de l'Atlantide et il leurdit... »

Sur cette chute abrupte s'achève le manuscrit duCritias.

On a ici le choix entre deux hypothèses:

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a) Platon a-t-il négligé de rédiger ce quieût été l'essentiel du Critias, c'est-à-direl'histoire du conflit entre les dieux?b) l'essentiel était-il dans le préambule, etPlaton estimait-il inutile de décrire uneguerre dont il devait savoir qu'elle étaitlonguement narrée, en sanscrit, dans leMaha Bharata?

Faire semblant de négliger l'essentiel, aprèsl'avoir glissé sans en avoir l'air dans un pré-tendu « préambule », serait encore assez dans lamanière de Platon.

Le Maha Bharata, donc, relate la Guerre desDieux.

Ces dieux, apprenons-nous, étaient venus du ciel.Ils finirent par se diviser en factions, puis ilss'insultèrent, puis en vinrent aux coups. Le Maha Bharata consacre 214 778 vers à narrer cela, en18 forts volumes; pour fixer un ordre de gran-deur, l'Enéide n'a que 15 693 vers... On a intérêtà élaguer.

Rédigé à peu près à l'époque où Moïse « se reti-rait dans le désert » pour y méditer (vers — 1480),le Maha Bharata commence par expliquer la Créa-tion du Monde. La Terre, y lisons-nous, « étaitentourée d'une obscurité totale », quand « apparutl'Œuf Tout-Puissant » dans lequel se voyait « lavraie lumière de Brahma ». Ce Brahma est « Incor-ruptible, Perceptible, Imperceptible, Eternel, à lafois Existant et Existant-Non-Existant ».

Les parallèles entre Maha Bharata et Genèsesont trop nombreux pour n'avoir pas été depuislongtemps remarqués. Le bon usage veut qu'on

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les explique par deux interprétations des mêmesfables.

Les divergences ne sont pas moins nombreuses.Le bon usage veut qu'on les explique par la non-interpénétration ayant joué pour ces fables-là.Pourquoi oui pour les unes et non pour les autres?Mystère et Pur Hasard.

Il sera par contre très mal vu de nous deman-der si Maha Bharata, Epopée de Gilgamesh,Genèse et quelques autres ouvrages analogues,qui se ressemblent à la fois et ne se ressemblentpas, au point d'évoquer des récits de journalistesayant vu des facettes différentes du même événe-ment, ne seraient pas tous, à l'origine, des repor-tages sur ie même événement, l'arrivée des Théosi-tes sur Terre.

Cela expliquerait que les récits concordent surle « débarquement » proprement dit, et divergentdans la mesure où ont divergé les Histoires desdivers Séjours Divins.

Nous pourrons, si nous envisageons cette hypo-thèse, saluer au passage les deux arbres de larésidence terrestre des Théosites fixés en Inde :

a) le Bharata, « arbre dont l'Adi-parva estla semence, Pauloma et Astika les raci-nes » et peu importent les noms en sans-crit du tronc, des branches, de la moelle,etc.;b) le Yudhishitra.

Dans le premier, il est difficile de ne pas re-connaître l'Arbre de la Connaissance, dans ledeuxième l'Arbre de Vie, pour peu qu'on lise leurs

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descriptions détaillées. Maha signifie « Suprême » et le Maha Bharata est donc « l'Arbre Suprême.»

Escaladons-en quelques branches.Dans l'Adi-parva (p. 10) ou « semence du Bha-

rata », nous apprenons que les Paulomas avaientobtenu « le moyen de se rendre invulnérablesmême aux armes des Célestes ». Nous y lisonsaussi que le Séjour Divin des Célestes en questionétait inaccessible « comme une île ».

Nous pouvons (en nous abritant derrière lesavant soviétique Agrest) aller jusqu'à nousdemander si le dépôt de combustibles nucléairesqui « aurait fait explosion à Baalbek dans destemps reculés » (hypothèse Agrest) n'était pasconstitué par ce qui en sanscrit s'appelle deYamrita.

Les Célestes du Maha Bharata obtenaient leuramrita en « battant l'eau de la mer ». Et voicicomment le Maha Bharata raconte une tentativede putsch aéroporté sur ce précieux produit:

Indra s'adressa aux gardiens de l'amrita:« Un oiseau, leur dit-il, qui possède unegrande force et beaucoup d'énergie, estrésolu à enlever l'amrita. » Les dieux,ayant entendu cela, prirent leurs précau-tions: ils se postèrent autour de l'amritaet Indra-des-Grandes-Prouesses, dispensa-teur du tonnerre, s'y tint avec eux. Lesdieux arborèrent d'étranges pectorauxd'or, sertis de pierreries, ainsi que des ar-mures de cuir très résistantes. Et les puis-santes déités maniaient des armes, quitoutes émettaient du feu et de la fumée.

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Ce « Cuir très résistant », chez les célestes con-naissant la métallurgie, s'explique mal pour unearmure — sauf s'il s'agissait d'un plastique iso-lant des radiations. Les pectoraux sertis de pierre-ries évoquent évidemment quelque compteur Gei-ger. Quant aux armes, on nous les décrit un peuplus loin:

Deux grands serpents, issus de l'éclat dufeu brûlant; ils avaient des langues bril-lantes comme des éclairs; avec une grandepuissance, leur bouche crachait du feu;quiconque était aperçu par les yeux (de cesserpents) était aussitôt réduit en cendres.

Après cette poétique description d'armes légèresmunies de lunettes de visée, voici une curieuseévocation d'un soutien d'aviation, avec armes deplus gros calibre, demandé par radio (p. 68) :

Par la voix de l'esprit, Narayana convoquaDanava le disque-destructeur. A peineévoqué par la voix de l'esprit, Danava sur-git du ciel. Il possédait des armes commedes trompes d'éléphant, lâchant des éclatsde feu, effroyables et capables de détruiredes villes ennemies. Et ce disque, éclatantde feux destructeurs s'abattant de partout,détruisit les Daityas par milliers. Parfois illes consumait tous. Parfois, s'abattant surla terre, il buvait leur sang.

Il buvait leur sang... Les Indiens n'ont jamaiseu de Moïse pour les menacer des foudres de

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l'Eternel s'ils cédaient à leur lyrisme oriental. Celanous vaut, dans le Maha Bharata, cette petite tou-che surajoutée par un imbécile et qui rappelleirrésistiblement les articles de la presse égyptiennecontemporaine, où les correspondants de guerreau Néguev corsaient leurs récits de considérationssur le « vampirisme des soldats d'Israël », « bu-veurs de sang arabe ».

Laissons donc le Maha Bharata aux rêveurs quitrouvent trop sec le besoin de rigueur scientifi-que propre à l'Occident. Dans les trois fragmentsci-dessus il est facile de séparer de l'ivraie poéti-que les descriptions imagées d'une réalité quenous reconnaissons au passage. Si vous lisez leMaha Bharata, vous trouverez des centaines dedescriptions qui valent largement mes citations.

Les numéros de page que j 'ai indiqués sont ceuxde la réimpression en cours, par l'Oriental Pu-blishing Co à Calcuta, de la traduction faite enIndian-English par Protap Chandra Roy, à la findu XIXe siècle.

Protap Chandra Roy traduisait évidemment sanssolliciter le texte antique pour lui faire dire ceque sa traduction évoque pour vous et moi: auXIXe siècle l'amrita n'évoquait rien, les oiseaux de bombardement, les disques-volants et leur con-vocation par radio étaient inconnus, même desplus audacieux romans d'anticipation.

On pourrait puiser des citations au kilo dansl'Avesta iranien, dans Zarathoustra, dans les diverstextes protohistoriques qui sont tous les ansretrouvés et déchiffrés. Dans tous, les mêmesMythes apparaissent, jusqu'en la Chine lointaine,« Céleste Empire » gouverné par des Empereurs

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fils des dieux du Ciel. En Chine (Maspero, Chine Antique, p. 29) nous apprenons ainsi que:

les travaux du sol étaient si anciens queles Chinois les attribuaient aux Héros dela Haute antiquité qui, aux origines dumonde, étaient descendus du ciel sur laterre, pour mettre celle-ci en ordre suivantles instructions du Seigneur d'En Hautet permettre aux hommes de l'habiter.

Chez les Chinois, le souvenir subsiste de « gran-des luttes entre Héros civilisateurs et monstresterrestres»: l'Empereur Jaune Huang-ti («Venu-du-Ciel ») eut ainsi à lutter contre, le monstreTche You, lequel avait, évidemment, « une têtede taureau sur un corps de serpent ».

Henri Maspero, professeur au Collège de France,ne sollicitait pas les textes. Et il est mort à Buchen-wald en 1944, époque où les voyages intersidérauxpassaient pour une fiction tellement échevelée quedes « civilisateurs descendus du ciel sur la terre » ne pouvaient appartenir qu'au domaine des contesde fées.

Peut-on vraiment expliquer toutes ces coïnci-dences, que les spécialistes de chaque brancheconnaissent sans qu'on en ait jamais (pour autantque je sache) tenté une synthèse, par quelque inter-prétation des Mythes depuis la mer Egée jusqu'auFleuve Jaune? Il existait bien dans le monde anti-que un confluent des civilisations indienne, chi-noise et grecque: la ville s'appelait Bagram, dansl'actuel Afghanistan.

J'ai consulté ce que j 'ai pu trouver comme

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ouvrages sur Bagram, je n'y ai rien vu qui per-mette de soutenir sérieusement la thèse d'un quel-conque effort d'unification des Mythes. Dès le Mil-lénaire — V, il semble d'ailleurs que les Mythesétaient si bien établis, dans chacun des berceauxde la civilisation, que le syncrétisme ne pouvaitjouer que pour leur apparence la plus superfi-cielle — les idoles et à la rigueur les rites.

Je me trompe peut-être.Mais, en dehors de ceux qui se raccrochent à

l'impossible hypothèse de continent englouti desAtlantes, personne à ma connaissance n'a jamaisproposé la moindre explication rationnelle au faitque les mêmes mythes, les mêmes affabulationsse retrouvent chez les Amérindiens — plus préci-sément dans le Popol Vuh, Livre Sacré des Maya-Quichés.

Prenons le Popol Vuh de R. Girard (Payot) etcomparons la Genèse de Moïse à son équivalentamérindien. Chef de la section d'Ethnologie à l'Institut d'Anthropologie et d'Histoire du Hondu-ras, Délégué pour l'Amérique Centrale de l'InstitutInternational d'Archéocivilisation, Vice-Présidentd'honneur du Congrès International d'América-nistes à Cambridge, Raphaël Girard connaît sonsujet.

Tout le monde n'est pas d'accord avec les thèsesde Girard, au Musée de l'Homme — mais nousne suivrons aucune de ces thèses ; nous ne luidemanderons que ses faits précis et ses traductionsexactes.

De même que Iahvé et ses Elohim, le Dieu desMayas est unique, ce qui ne l'empêche pas d'êtreaussi polynome et polymorphe (p. 20). L'équiva-

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lent de Ptah (P'tah Enaïm en hébreu) est icidénommé Hunabku; le Constructeur Principalayant supervisé la mise en état de la Terre s'ap-pelle Tloque Nuhaque; le Gouverneur GénéralIahvé (Poséidon dans l'Atlantide) s'appelle iciIxpyiancoc.

La « remise en état d'une Terre informe et nue » correspond au « 1er Age », pour le Popol Vuh:après la formation de la Terre et du manteau végé-tal qui la couvre, les Dieux entreprirent de lapeupler d'êtres animés (p. 32). La première géné-ration humaine, n'ayant pas su adorer son Dieu-Créateur, vécut (comme les descendants d'Adamjusqu'à la royauté d'Enosch) parmi les bêtes (p. 34).

Les hommes ont été « formés de la poussière dela terre » (p. 38). Au cours du 2e Age, Ixquic, filled'un notable indigène (p. 89) ressent « l'envieirrésistible de voir de près le fameux arbre dont l'approche était interdite ».

Et puis les Mythes s'emmêlent: Ixquic donnerale jour à deux Roi-Jumeaux, tout en restantvierge... les récits du Popol Vuh s'enchaînent sanslogique, certains événements du 3e Age apparais-sant antérieurs à des faits remontant à la fin du1er Age.

Les traits du passé demeurent annulés, mais en apparence seulement, car ils ont été réinterprétés, et se retrouvent vifs et palpitants dans le présent. Ainsi l'histoire mythique est décrite dans un sens généti-que. Elle explique le processus d'incorpo-ration du passé dans le présent, nous ditGirard dans son Introduction (p. 8).

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R. Girard a tenté de désenchevêtrer tout cela. Iln'a pas réussi à donner une Cohérence à l'ensem-ble, mais au moins, grâce à lui, parvenons-nous à nous y retrouver à peu près dans le texte amé-rindien.

Ce salmigondis du texte amérindien, les améri-canistes le justifient en général en invoquant une« vision temps-espace » propre aux Amérindiens,et qui échapperait à notre cartésianisme. Ils ontpeut-être raison.

Pour ma part, je suis pourtant tenté de voir dansle Popol Vuh un puzzle gigantesque aux piècesmal rassemblées.

Il est en effet difficile de ne pas reconnaîtredans ce puzzle des pièces représentant l'arrivéedes Théosites, leur œuvre de colonisation, et mêmeles hommes « naissant de la poussière », imagelogique sur les bords du Nil où « on voit littérale-ment les animaux naître du limon apporté par lacrue » (Premières Civilisations, page 8) mais necorrespondant à aucune réalité du pays maya. Parailleurs, la pré et la proto-Histoire narrées par lePopol Vuh recoupent les Livres Sacrés de notrecontinent.

Ce qui plus est, il me semble y reconnaîtreaussi des pièces représentant les Choses du Ver-seau à venir, de même que les Choses des Pois-sons dont nous sortons, recoupant les Evangiles,l'Apocalypse de Jean, Malachie et Nostradamus.Et tout cela brassé comme un schéma en centmille pièces étalé, devenu une œuvre abstraitedans laquelle on reconnaît tel puis tel fragment,sans parvenir à les remettre tous dans leur cohé-rence: nous avons les Rois-Jumeaux de l'Atlantide

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de Platon; nous avons le Roi du Monde né de laVierge... Mais dans l'assemblage malhabile desauteurs du Popol Vuh, les Rois-Jumeaux du Mil-lénaire — VII nous sont donnés pour nés de Mariemère de Jésus.

Si mon hypothèse est vérifiée, ce sera une rai-son de plus pour voir dans les Cinq Livres deMoïse un formulaire complet, valable pour lesCycles successifs de 25 920 ans, et des « Evangilesdu Bélier » dans les autres livres de l'Ancien Tes-tament.

Mais d'où les Amérindiens pouvaient-ils tenirce puzzle d'Initiation? Qui étaient les adeptes incomplètement initiés qui ont tenté de le recons-tituer? Comment s'y sont-ils pris et pourquoi ont-ils tenté une telle reconstitution? Nous verronsdans un des prochains chapitres pourquoi je pensepouvoir hasarder une hypothèse.

Quoi qu'il en soit, Popol Vuh et Genèse sontd'accord sur un point essentiel: le fruit de l'Arbrede la Connaissance une fois ingéré, la vie sur terredevient une malédiction, le paradis animal étantipso facto perdu (Genèse III, 18 et 19, Popol Vuh, pages 111 et suivantes). Et dans les deuxrécits, la responsable est le principe femelle, lepôle négatif d'où surgit le courant électrique: Evechez nous, Ixquic chez eux.

Le Popol Vuh est plein d'enseignements, maisy chercher un passé amérindien équivalent à celuide la Terre Sainte serait vain.

On doit pouvoir pourtant retrouver chez lesAmérindiens les mêmes scories de l'Atlantidequ'en Afrique Noire, où les féticheurs semblentavoir, en certaines régions du moins, su préserver

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des traditions précieuses, malgré l'Islam esclava-giste et obscurantiste qui, en Afrique comme ail-leurs, n'a jamais su que détruire.

Il y a des légendes extraordinaires chez lesDogons. Et les Sao (lisez le livre de Griaule) con-servent le souvenir d'un or vivant qui pourraitbien être l'orichalque dont parle Platon.

On ne sait rien de l'orichalque. On ne sait non plus rien des procédés par les-

quels les constructeurs de la Pyramide de Gisehont pu en décorer les couloirs intérieurs sans lais-ser la moindre trace de suie d'un éclairage nonélectrique.

On n'a jamais pu expliquer pourquoi, ayantreprésenté tous les objets usuels de leur temps, lespeintres de Pharaon n'ont jamais représenté unelampe, une bougie, ou un quelconque luminaire.

Mais les Sao sont formels: l'or vivant de leursancêtres lointains était lumineux.

L'orichalque serait-il l'élément 111 de la table deMendéléieff, dans la colonne Cuivre-Argent-Or?Ce serait quand même trop beau.

Note pour la nouvelle édition: En 1962, plus familier de latraduction pythagoricienne du christianisme que de l'ensei-gnement hébreu fondamental, je me suis élancé avec cechapitre à l'assaut de problèmes dont je ne percevais pastoutes les difficultés. En 1970, ce chapitre m'apparaît davan-tage comme une carte des récifs à éviter que comme celle duchenal navigable...

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Nom de Moi! s'écria Dieu...Jacques Prévert.

Les archéologues déterrent une dent par-ci, unos par-là... nos ancêtres n'ont pas laissé beaucoupde traces de leur passage sur terre.

Quand, à la fin du dernier Capricorne, le Cata-clysme eut ravagé la surface de la terre, quelquessiècles suffirent au Chaos pour effacer toute tracede cohérence, en disloquant les rares témoignagesrestés interprétables de l'Age d'Or suicidé.

Cela n'a rien d'étonnant, quand on songe à ceque quelques siècles sans Cataclysme ni Délugefont des objets que l'homme n'entretient plus aprèsles avoir fabriqués. On a calculé qu'entre 1890 et1923, la rouille a détruit, à elle seule, 40 millionsde tonnes d'acier par an... c'est une statistique de1961.

Les ossements des humains, assurément nom-breux, de l'Age d'Or?

La petite terre de France a tranquillement digéréson milliard de cadavres, depuis le Traité de Ver-

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dun prétendent certains, depuis le Christ en toutcas.

(Le chiffre de 500 000 enterrés par an est plutôtinférieur à la réalité: 526 285 en 1950, 731 441 en1913, les habitants de l'hexagone avaient beaun'être que 6 à 7 millions au Ier siècle, et 10 mil-lions sous Charlemagne, ils enterraient, bon anmal an, plus d'un demi-million d'enfants morts enbas âge et de quadragénaires morts de vieillesse.Pour ne rien dire des guerres — dont l'incidenceest d'ailleurs très surfaite.)

Après notre Capricorne à nous, quand le re-Cata-clysme aura noyé et emporté la terre de nos cime-tières, pour la brasser dans le re-Chaos, les archéo-logues qui viendront dans 25 000 ans ne trouverontde nous qu'une dent par-ci, un os par-là... à côtépeut-être de quelque Sinanthrope échappé à nos fouilles, et qui aura ajouté 25 000 ans à songe actuel, qui est de 400 000 ans, à 20 000 ansprès.

Ce Cataclysme ne fit pourtant pas totalementdisparaître la race humaine. Il suffit de les con-naître pour savoir que, débrouillards, coriaces,sans scrupule à l'occasion, quelques humainessurvivent toujours quoi qu'il arrive.

Obéissant à un instinct toujours pas aboli ennous, ces survivants s'étaient réfugiés sous terre— « en attendant que ça se tasse ».

Malheureusement, les années passaient, et rienne se tassait, à la surface de la Terre. Le Chaosprenait ses habitudes.

Sous terre, les humains aussi s'accoutumaient;après des années de restrictions de plus en plussévères, on avait fini par se nourrir de lichens.

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Les abris se dégradaient. L'appareillage scientifi-que s'usait. Les prestigieuses villes souterrainesredevenaient grottes vulgaires.

Je ne sais pas si les chercheurs du CNRS à Mou-lis peuvent déjà déterminer le nombre de géné-rations de sélection naturelle nécessaires à uneespèce terrienne pour s'adapter à la vie sous terre— moi, je l'ignore totalement.

Il est évident que cette sélection naturelle futféroce; au bout d'un siècle, il ne restait presqueplus d'intellectuels, les familles d'universitairesfaisaient des bassesses pour marier leurs enfants à des « gros-bras » à qui leurs muscles solides etleur système nerveux simplifié assuraient le maxi-mum de chances de survie.

Je ne sais pas non plus si, quand l'astronef théo-site survola pour la première fois la Terre (dansles derniers siècles de son Capricorne), celle-ciétait, malgré le Chaos, la seule planète du systèmesolaire où les Théosites pouvaient envisager dese créer des conditions de vie acceptables.

Il semble que Vénus aurait dû pouvoir fairel'affaire, elle que nous voyons entourée de nuagesépais comme devaient l'être ceux enveloppant laTerre, à l'époque où « Dieu se mouvait au-dessusdes eaux ». Mais en discuter serait parement acadé-mique, puisque Dieu opta pour notre planète.

Vénus a peut-être joué un rôle dans la colonisa-tion de la Terre, mais tous les Mythes venus de lanuit des temps accordent une importance bien plusgrande à Saturne.

Il serait tentant, bien sûr, d'imaginer Vénus etla Terre comme deux planètes jumelles, le Cata-clysme du Capricorne balayant l'une quand

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l'autre voit arriver son 6e « jour » ou heure zodia-cale, et inversement... Le Grand Jour de Platonsur l'une pendant que règne sur l'autre la Grande Nuit... Les Vénusiens colonisant la Terre, et 12 808ans après les Terriens allant leur rendre la poli-tesse... En sollicitant quelques-unes de nos hypo-thèses, on pourrait faire tenir un très acceptablesujet de science-fiction. En sollicitant les hypo-thèses...

Mais discuter de choses que l'on ignore ne mèneà rien. Revenons au concret, sans chercher à situerdans le Cosmos la Théos d'où sont venus nosdieux.

Ayant constaté l'état dans lequel se trouvait laTerre, les Théosites retournèrent se poser sur leurescale cosmique pour y délibérer des moyens pro-pres à rendre la Terre habitable.

Pour la suite des opérations, la Genèse nousdonne le programme des travaux, et le Zodiaqueleur horaire.

Au 1er « jour » (se terminant vers — 19 650), lesphysiciens théosites font retomber les matièresorganiques opaques en suspension dans les brouil-lards, permettant au Soleil de les percer pour dif-férencier ainsi le jour de la nuit — et pour rame-ner des conditions viables.

Au 2e « jour », une partie des brouillards se con-dense en une nappe liquide baignant le globe; puisles « eaux coulant sur la terre se rassemblent, etle sec apparaît ». A la fin du 3e « jour » (Scorpion— 15 330), la végétation est entièrement recons-tituée.

Le Chaos remonte à plusieurs millénaires, déjà.Les humains survivants se sont tellement habitués

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à leur vie de troglodytes qu'ils n'imaginent mêmeplus d'aller voir ce qui peut se passer au-dessusde leurs têtes, à la surface du sol.

La Genèse nous dit qu'au 4e « jour » (Balance,de — 15 330 à — 13 170), les Théosites ont « placéles étoiles » (I, 17). Autrement dit, ils ont consacrécette Ere à dresser leurs cartes du Ciel vu de laTerre — et sans doute à mettre en route des réali-sations cosmiques qui sont à l'astronomie contem-poraine ce que l'agriculture scientifique est à l'Economie de cueillette.

A mon avis la première base terrestre des Théo-sites se trouvait au Mexique.

L'article de Kasantzev, paru dans Etudes Sovié-tiques et que j'ai cité au chapitre IX du premierCahier, est catégorique: le calendrier de Vénus a été gravé sur les Portes du Soleil de Tiahuanacoentre — 15 000 et — 12 000.

(Cette ancienneté est d'ailleurs contestée par uncertain nombre d'archéologues. Pour ne pas vousfaire perdre le fil, je rejette à la fin du chapitreles pièces du dossier.)

Au 5e « jour » (Vierge, de — 13 170 à — 11 010),les Théosites créent donc (depuis le Mexique, sion accepte l'hypothèse) les animaux aquatiques,les oiseaux et les poissons — autrement dit lafaune qui se répartit plus ou moins par ses pro-pres moyens dans les mers et dans les airs duglobe. Avec la végétation enfin revenue (d'elle-même, donc sur toute la surface « sèche » de laTerre), la vie sur notre planète devient enfin pos-sible — encore que les menus manquent cruelle-ment de viande rouge.

Dès que les conditions générales le leur permet-

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tent, c'est-à-dire vers le début du 6e « jour » (Lion,de — 11 010 à — 8850), les Théosites se dépêchentdonc de « créer le bétail. » Puis ils créent les rep-tiles, puis enfin les carnivores, le tout destiné à établir un équilibre biologique palliant, avantqu'il se soit manifesté, le danger de proliférationexcessive d'une espèce ou catégorie d'animaux.

Le « finalisme des créations divines » est diffi-cilement contestable.

Mais pour « créer » les animaux terrestres, c'est-à-dire attachés au sol sur lequel ils sont nés, ilfallut bien expédier sur toute la surface de la Terredes missions biologiques, chacune avec son maté-riel. Et c'est cela, plus que d'infimes différencesd'habitat, qui explique le mieux la variété desespèces animales: chacune de celles-ci porte eneffet la marque de fabrique du biologiste théositequi « créa » son lointain ancêtre, loup et chien surl'ancien continent, coyote aux Amériques, etc.

Et c'est alors, vers — 11 000, que quelque Troglo-dyte poussé par la curiosité, par le hasard, oupar quelque animal fouineur créé de frais, sortitde son terrier et constata, ô stupeur, que contrai-rement aux légendes rabâchées par les Ancienssur les « radiations mortelles et invisibles » etautres balivernes d'un Paradis Terrestre Perdu, onne mourait pas aussitôt qu'on mettait le nezdehors.

Ce Troglodyte hardi entraîna sa famille, puistoute sa tribu, au grand air où poussaient des raci-nes plus succulentes que les lichens, et aussi desbaies et des quantités de verdure peut-être comes-tibles...

Ces Troglodytes étaient faits comme vous et

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moi, mais moins jolis: les millénaires dans lesgrottes les avaient rabougris à moins de 150 cen-timètres de taille, et l'amenuisement des préoccu-pations spirituelles avait rétréci leur front.

Ils avaient pourtant gardé, de l'Age d'Or deleurs lointains ancêtres, un don prodigieux: ilssavaient fabriquer et utiliser un outil.

C'était un outil rudimentaire, simplifié de géné-ration en génération, fait de pierre taillée. Maisc'était quand même un outil. Savoir le fabriqueret l'utiliser mettait les Troglodytes automatique-ment au-dessus de tous les animaux « créés » parles Théosites. Et les Troglodytes savaient encoredessiner et peindre pour orner leurs grottes.L'Art est le dernier refuge d'un cerveau où s'ame-nuisent les capacités d'articuler des raisonnements.

Et voilà qu'un beau jour, dans une forêt vierge,nos Troglodytes faisant l'apprentissage de la vieau grand air aperçoivent des êtres à leur image— mais monstrueusement grands.

Leur terreur ne fut égalée que par la stupeurdes Théosites devant cette miniaturisation d'eux-mêmes.

Il serait assurément présomptueux de vouloir«nous mettre dans la peau de Dieu», mais noussommes suffisamment « à l'image des Elohim. » pour hasarder quelques hypothèses.

Dès que l'existence des hommes (« surgis de laterre », deuxième explication de la formule de lanuit des temps) eut été signalée, les Théositesenvoyèrent sur la Terre entière des missions« ramenez-les vivants ».

Presque partout en Asie, en Afrique, en Europe,ces expéditions trouvèrent des Troglodytes. En

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défonçant au besoin ce qui pouvait subsister desvilles souterraines de l'Age d'Or englouti.

Les ethnologues sont d'accord, on pouvait trou-ver des hommes partout, vers — 11 000, sauf surle continent amérindien. Le Cataclysme les avait-il tous exterminés? C'est probable. Pourquoi pluseux que leurs congénères de l'autre continent? Leshypothèses que je pourrais formuler à ce sujetseraient ici hors de propos.

Une chose est certaine: tout le problème d'unemise en habitabilité de la Terre se trouvait ducoup bouleversé: des domestiques, nains maisphysiologiquement semblables, doués de parole...Abandonnant le continent sans hommes, les Théo-sites vinrent tous s'installer dans l'autre partie dela planète.

On est tenté de se dire qu'il eût été plus simpled'amener quelques cargaisons humaines aux Amé-riques que de déménager, pour les Théosites. A première vue, en effet. Mais sans doute avaient-ils à ce déménagement quelque autre raison, pournous encore inconnaissable, fondée peut-être surl'influence des terroirs; les Théosites avaient-ilsconsidéré que le terroir américain est impropre à la vie de sociétés civilisées, les hommes étant aussisubtils en leur essence que le vin, lequel ne sauraitse passer de terroirs bien délimités?

Je me méfie de l'anti-américanisme systémati-que. Je n'aventure cette hypothèse que pour mon-trer à quel point notre science est encore élémen-taire, qui ne peut nous renseigner ni sur l'influencedes terroirs ni sur les raisons pour lesquels, auMillénaire — XI, il n'y avait pas le moindre Tro-glodyte sur le continent américain.

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Mais c'est bien vers — 10 000 que, selon les« prêtres d'Egypte » dont Platon nous retransmetles dires, « les dieux se partagèrent la Terre ». Sansdisputes.

Décidèrent-ils sur-le-champ de civiliser les Tro-glodytes, c'est-à-dire de « les façonner à leurimage », afin qu'ils « dominent sur tous les ani-maux » (Gen. I, 26)?

C'est vraisemblable. Il est même logique depenser que chacun des groupes de Théositesentre lesquels la Terre fut partagée avait sa con-ception personnelle sur les voies et moyens decette civilisation.

Nous comprendrons tout cela bien plus facile-ment quand nos cosmonautes auront découvert,sur quelque planète, des êtres faits comme vous etmoi, mais dont la tête nous arrive à l'entrecuisseet vivant ce que vit un de nos chiens, 10 à 14 denos années.

Par « nous » j'entends nos petits-neveux, cela vade soi.

Après les avoir soignés et aidés, les Théositesdonnèrent aux Troglodytes un nom d'espèce,« Hommes du 6e jour ». Puis ils leur donnèrent leurbénédiction pour se multiplier par les voies natu-relles et se perfectionner gentiment en prenantexemple sur leurs maîtres. La Genèse est fortexplicite sur cette étape.

Et effectivement ces « Hommes du 6e jour » semultiplièrent et perfectionnèrent leurs connaissan-ces au point de découvrir tout seuls l'art de polirles pierres, jusque-là simplement taillées — etmême de « dominer sur les animaux ». Sur cetteétape-là, c'est l'Ethnologie qui est la plus explicite,

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qui situe le Néolithique entre — 11 000 et — 10 000.Le « partage de la Terre » entre les Théosites dut

être achevé entre — 10 000 et — 9500, compte tenudu temps nécessaire pour choisir l'emplacementdes Séjours Divins, assurer à chacun (peut-êtrepar cargos cosmiques) le matériel nécessaire pourinstaller dans chacun les Arbres de la Connais-sance, de la Vie, etc.

Les quelques siècles restant jusqu'à la fin du6e « jour » à l'horloge zodiacale, c'est-à-dire jus-qu'en — 8850, furent sans doute consacrés à figno-ler les installations des Séjours Divins, à acheverde « créer » autour de chacun « le bétail, les rep-tiles et les animaux terrestres » tels que les préfé-raient les biologistes des divers groupes, etc. Pourtout cela, les Théosites prirent l'habitude de sefaire aider par ceux des petits « hommes » qui neles fuient plus, mais les craignent et les vénèrent.

Je ne voudrais pas paraître présomptueusementaffirmatif, mais je n'ai jamais rencontré d'expli-cation aussi vraisemblable à la persistance danstous les mythes humains du souvenir:

a) de « séjours infernaux » sous la croûteterrestre, pendant toute la durée des pre-miers « jours » : shéol hébreu, hadès grec,xibalba maya, etc.b) d'une « résurrection » opérée par des« dieux venus du ciel ».

Le Maha Bharata, le Zend Avesta et les CinqLivres chinois, je n'ai pas su y trouver de préci-sions. J'espère que les spécialistes voudront bienm'aider, au besoin en m'obligeant à réviser cer-

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taines de mes hypothèses, à établir un jour untableau plus proche de la vérité dont je ne puisespérer avoir fait mieux que m'approcher.

J'ai cru quand même discerner, à travers ce quej'ai lu et compris dans ces ouvrages, trois zonesde regroupements d'humains autour d'un SéjourDivin (en plus de l'Eden et de l'Atlantide) :

a) en Inde (sur le Brahmapoutre, je pense);b) sur le plateau iranien;c) en Chine (quelque part sur le FleuveJaune).

Il est assez remarquable que tous les cinq soientsitués à peu de chose près sur le Parallèle Zéro,si vous acceptez de situer l'Atlantide au Sahara,comme le veulent diverses vraisemblances.

Quand le point vernal entra dans le Cancer, ou7e «jour», en — 8850, les Théosites décidèrent-ils tous ensemble que le moment était venu poureux de «se reposer» dans leurs Séjours, commeMoïse nous dit que se reposèrent les Elohim dansleur Eden?

Ayant sorti du Chaos et remis en état une pla-nète sur laquelle de petits êtres à leur image nedemandaient qu'à les servir en les vénérant, ilserait normal que l'idée leur en fût venue.

Même ceux qui (par agnosticisme et refus detoute religio) hésitent à admettre un lien inélucta-ble entre les Choses terrestres et l'heure marquéeau cadran de Zodiaque ne peuvent nier la con-cordance (pour ne pas dire la coïncidence) entrele moment logique et le moment zodiacal pour lesThéosites de prendre du repos.

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Les Elohim, en tout cas, se reposèrent.Je ne connais pas les raisons de cette Cohérence,

mais l'enchaînement des faits à partir du7e « jour » est d'une logique rigoureuse.

La sociologie est une « science » très discutable,car il est difficile au sociologue de modifier deshommes vivant aussi longtemps que lui. C'estcette considération (tirée de Marx) qui me faittenir pour démiurgie délirante la prétention dessystèmes « marxistes » de modifier la naturehumaine.

Modifier des races dont la vie est plus brève estinfiniment plus facile: l'amélioration de la racechevaline en est un parfait exemple. En quaranteans de carrière, un éleveur voit passer quinze géné-rations de chevaux.

Dans un Séjour Divin, où un sélectionneur pou-vait faire défiler dans sa carrière plus de trentegénérations de nos lointains ancêtres, améliorerla race humaine constitua assurément un noblesport, pour occuper le « jour de repos » des Théo-sites — dont tout nous donne à penser qu'ilsavaient de remarquables biologistes.

Les Théosites d'Eden, les Elohim, étaient desperfectionnistes.

Les millénaires de vie presque végétative dansles grottes avaient fait retomber l'homme dans labestialité : sa « femme » n'était plus qu'une ma-trice pour reproduire l'espèce, avec une paire defesses et environ deux seins pour inspirer le mâle,comme dans les autres espèces animales.

Si on ne pourvoit pas l'homme d'une femme mue par la curiosité, se dirent les psychologues d'Eden,il ne fera de progrès que très lents. Trop lents:

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nous n'avons que peu de millénaires devant nous. Nos collègues des autres Séjours ont les mêmes difficultés que nous. Nous avons un projet d'expé-rience. Il faudrait vraiment essayer cela...

Ni moi ni personne à ma connaissance, n'atrouvé d'explication plus cartésienne à l'étrangedécision que prirent alors les Elohim de hâter lamutation de l'espèce humaine par la « création » d'une femelle unique parmi les animaux de laTerre.

Formée d'une côte est un calembour très amu-sant en sumérien, langue liturgique des Sémitesantérieurs à Moïse. Ecrivant pour son clergé,Moïse n'en reproduisait donc qu'une seule face,comme le pape ne traduit pas laborieusement uncalembour hébreu, s'il en a un à citer à ses car-dinaux.

Si vous n'êtes pas cardinal, et si vous ignorezle sumérien, sachez au moins qu'en langue sumé-rienne ti signifie à la fois côte et donner la vie.

Il serait vain de vouloir tirer des déductions ana-tomiques de cette opération côte. Platon, pours'être lancé dans une aventure de ce genre, a abouti aux monumentales sottises anatomiques duTimée. Et c'était Platon. Seul Pythagore, « l'âmeest enfermée dans le corps (sôma) comme dansun tombeau (sêma) », s'en est tiré — par un autrecalembour. Malgré le mépris où le tiennent lesprofanes, le calembour a toujours été prisé desthéologiens et mythologues. Mais ne nous égaronspas.

La femme « formée d'une côte » restait pourtantphysiologiquement pareille à celle dont l'hommeétait initialement pourvu: il fallait bien qu'il

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puisse continuer à la féconder. La mystérieuseopération ne visait donc, de toute évidence, qu'unemutation psychologique.

Une hypothèse personnelle, que le Zohar necontredit pas: cette opération devait être analogueà celle qui, sur un églantier robuste, greffe unerose.

Pourquoi opérer sur la femme et non sur l'es-prit de l'homme?

Je n'en sais rien. Mais le fait est que la lignéeoù l'homme restait à l'état brut, cependant que lafemme était affinée, est la seule qui ait su main-tenir à la fois l'Initiation et l'esprit créateur. Etchez les Hébreux la seule filiation valable est lamatrilinéaire.

La filiation matrilinéaire limite les conséquen-ces de l'adultère et du viol par guerrier victorieuxsur la perpétuation de la race? J'ai souvententendu cet argument, dont le défaut est d'êtredoublement spécieux:

a) il suppose à la « perpétuation de larace » une importance que la sciencerefuse et que la théologie tient pour héré-tique ; b) si même on admet que la race a l'im-portance que lui accordent des mythoma-nes profanes, la filiation matrilinéairen'en assurerait la perpétuation que d'unefaçon purement juridique, qui reviendraità nier le postulat duquel on est parti, quecette perpétuation correspond à quelqueréalité.

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Lier à la filiation matrilinéaire la transmissiond'une mutation héréditaire depuis Eve est par con-tre parfaitement cohérent. Par ailleurs, il étaitbien précisé (Gen. III, 16) que « l'homme doitdominer sur la femme ».

Dans son haras, l'étalon vieillissant digé-rait bien et dormait de même; mais lemanque d'activité, et le confort assuré parson électeur, le poussaient à philosopher.Un jour, il eut l'illumination: « Le Cheval,dit-il, descend de l'Ane! »

Une chose semble certaine: à partir de la réus-site de l'opération côte, trois espèces d'hommes,à ressemblance purement physique, coexistèrentpartout où les Troglodytes avaient fait surface:

a) les tailleurs de pierres, progressant len-tement et par leurs propres moyens, versle stade de la pierre polie;b) les mêmes hommes du 6e jour, maisprogressant sensiblement plus vite, guidéspar des Théosites, lorsqu'ils vivaient dansle voisinage d'un Séjour Divin autre quel'Eden;c) les « mutés », descendants en filiationmatrilinéaire d'Eve, talonnés par le besoinde savoir — et même le désir de com-prendre.

Les catégories « a) » et « b) » sont ce que le Tal-mud appelle « les églantiers », les « mutés » étant« la rose ».

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Faisant siennes les théories de Hrdlitchka, PaulRivet professait que le continent américain n'a eude population et de civilisation qu'importées; quel-ques siècles après le début du Néolithique, despeuplades d'origine ouralienne étaient partiesd'Asie Mineure vers le Nord, « chassées on ne saitni par qui ni par quoi » ; une partie de ces migra-teurs a peuplé le continent américain, en passantle Détroit de Behring, l'autre partie s'égaillantdans le nord de l'extrême-nord de l'Europe et del'Asie.

Cette hypothèse de Paul Rivet s'inscrit parfai-tement dans notre Cohérence: aux XVe et XVIe siè-cles sur les territoires constituant les actuels U$. lesexplorateurs occidentaux trouvèrent des commu-nautés ignorant la roue, dont le degré de civilisa-tion correspondait parfaitement à l'évolution logi-que de dix à douze mille ans de progrès conti-nus à partir du Néolithique, sans « Révélation » aucune sur un continent abandonné par les Théo-sites.

L'Amérique du Nord aurait donc été peupléepar les descendants des hommes du 6° jour fuyantl'Asie Mineure où ils étaient surclassés par lesmutés du 7e four et aussi par les non-mutés ins-truits par des Théosites d'un Séjour autre queFEden.

Christophe Colomb le savait, sernble-t-il, puis-que c'est grâce aux cartes du Turc Piri Reis, éta-blies d'après « une tradition venue de la nuit destemps », qu'il avait pu convaincre du sérieux de saFolle Entreprise les Jésuites conseillers des Roisd'Espagne. Ces cartes lui indiquaient les routes à suivre pour atteindre le Continent Abandonné. La

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revue soviétique Tekhnika Molodieji a consacré, à Piri Reis et à ses cartes, un bien curieux article.

L'Amérique du Sud et ses Mayas? Patience.Revenons d'abord chez nous, sur le Continent

qui invente et exporte les civilisations humaines.J'ai indiqué plus haut dans ce chapitre que, pour

une fois dans ce livre, je fonde une hypothèse surune donnée controversée. Pour trancher le débat,il faut une science dépassant de loin la mienne — je suis donc obligé de vous donner les faits bruts.

Sans refuser catégoriquement l'hypothèse desSoviétiques, un certain nombre d'archéologues es-timent insuffisantes les preuves avancées pouraffirmer l'ancienneté de Tiahuanaco. Situer celaentre — 15 000 et — 12 000 leur semble aberrant:« Rien ne justifie, disent-ils, un trou de plusieursmillénaires entre la haute civilisation que celasuppose et les plus anciennes traces de civilisationmises à jour. »

De quoi s'agit-il, en fait?Vénus est entourée de nuages si épais que l'in-

clinaison de son axe était restée un mystère jus-qu'au milieu du XXe siècle; c'est depuis 1959 seu-lement que l'on a pu hasarder l'hypothèse que les« jours » vénusiens durent « entre 3 et 12 joursterrestres ». Une hypothèse très vague donc, etproposée sous toutes réserves. Mais les Russes(malgré l'échec de leur fusée vers Vénus) semblentassez bien placés pour la connaissance de Vénus.Pour eux, il n'y a plus de problème, le « jour » yénusien dure environ 9 jours terrestres, à quel-ques heures près.

Or, les inscriptions des Portes du Soleil de Tiahua-naco correspondent exactement au calendrier qu'il

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faudrait établir (corrections équivalant à nosannées bissextiles y compris), sur une planèteayant la révolution sidérale de Vénus et où le« jour » durerait 9 j 7 h terrestres.

Une des raisons qui me font pencher vers l'hy-pothèse soviétique est que cette étrange concor-dance entre inscriptions des Portes du Soleil etcalendrier vénusien, les archéologues qui nientl'ancienneté de Tiahuanaco ne cherchent ni à l'ex-pliquer ni à la nier: ils se contentent de l'ignorer.Or, j 'ai appris à me méfier des gens qui, oubliantle conseil de Montaigne, refusent de se pencher,« avecques modération et circonspection » biensûr, sur les « choses estranges ».

Les archéologues occidentaux reprochent notam-ment aux Soviétiques de s'être embarqués, pourleurs théories sur Tiahuanaco, sur les travaux del'ingénieur allemand Posnanski qui, fixé au Bré-sil, avait calculé (vers 1905) la date d'édifica-tion première du site de Tiahuanaco d'après sonorientation. Posnanski appliquait des méthodesanalogues à celles qui ont confirmé la date — uni-versellement admise, elle — de l'édification de laPyramide de Giseh.

Kasantzev fait en effet allusion à Posnanski.Mais il cite aussi un certain Kiss dont je ne saisrien, et aussi Eshton qui acheva en 1949 l'étude desinscriptions des Portes du Soleil. Et ce n'est pas à un « datage astronomique » qu'il se réfère, poursituer entre — 15 000 et — 12 000 le calendriervénusien de Tiahuanaco, mais à des élémentsfournis par le professeur Jirov (Russe) et par diversarchéologues occidentaux, parmi lesquels il citeAllan Bellamy.

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Je fais donc comme si j'acceptais la thèse sovié-tique.

Si vous la refusez, vous verrez par la suite quecela change peu de chose à la Cohérence que jepropose. Cela déplace tout juste, dans ma recons-titution de notre préhistoire, quelques pièces dontla place n'a pas plus d'importance que le nombreexact des côtes du dinosaure reconstitué parCuvier.

5

Le Sagesse épousa la Intelligence,et le Miséricorde, la Justice.

Talmud.

La réussite de l'opération côte donna aux Elo-him un matériel humain très supérieur à celuidont disposaient les Théosites des autres Séjours.C'était une nouvelle « lignée humaine » qui appa-raissait:

a) Chez le mâle, inchangé, prédomine cettenonchalance que, en termes nobles, on dé-nomme Sagesse et Miséricorde, vertus quien hébreu (langue « sacrée » où le genredes mots est fixé à bon escient) sont dumasculin;b) chez la femelle apparaissent Intelligence et Justice, aspects supérieurs de la curio-sité intellectuelle, précieux mais redouta-bles si « le mâle ne domine pas » ; Intelli-gence et Justice sont du féminin, enhébreu.

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Entre la source chaude du Sagesse et la source froide de la Intelligence, l'Esprit-Créateur se mitalors en mouvement, turbine actionnant une com-munauté thermodynamicienne où la thermo-pompe, prélevant des bribes de chaleur à la s.froide de la Justice, les concentre à la s. chaude duMiséricorde, faisant ainsi naître le Droit, succes-seur de la Loi de la Jungle.

Ce n'est pas plus compliqué qu'un frigidaireactionné par un moulin à vent.

Comme nous le dit la Genèse, l'Homme et laFemme, le + et le —, « deviennent alors une seulechair ». Et le circuit thermodynamique de l'Espritse trouva pour la première fois enclenché parmiles indigènes de la Terre.

Dans cette organisation essentiellement mono-gamique, « l'homme domine sur la femme » mais la femme pousse l'homme nonchalant parnature à créer les conditions d'une légalité proté-geant la faiblesse (féminin) à la fois contre et par le force (masc). Il n'est pas difficile d'y reconnaî-tre l'origine de la seule lignée continûment cons-tructrice et législatrice de l'Histoire.

Pendant que les Elohim, dans leur secteur d'AsieMineure, consacraient le 7e « jour » à améliorer larace ainsi mutée, nous avons vu que le Gouver-neur Général Poséidon avait fait preuve d'unsavoir-faire plus expéditif, en engendrant dès le6e « jour » des Atlantes, mi-dieux mi-hommes, avecl'aide de Clito, mortelle qu'il ne prit pas la peinede muter: ni dans le Critias ni dans aucun autretexte grec original (c'est-à-dire non adapté de l'hé-breu) on ne rencontre d'allusion à une quelcon-que opération côte d'Adam.

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L'Atlantide se trouva ainsi peuplée de dieux etdemi-dieux, pendant que des « montagnards illet-trés » vivaient autour, guidés certes dans leursprogrès, mais peu et de loin.

Pendant ce 7e « jour », aux Indes, sur le plateauiranien, et en Chine, miracles et opérations magi-ques abondent, si on en croit les légendes relati-ves aux « dieux civilisateurs ». Mais là encore, pastrace de légende assimilable à l'opération côte.

Les Grands Souverains de jadis, lepeuple savait qu'ils avaient existé.Ceux qui vinrent ensuite, il lesaima, puis les craignit, enfinles méprisa.

17e Proposition du Tao Te King.

Les histoires de dieux venus du ciel et épousantdes mortelles, pour engendrer ainsi les demi-dieux ou géants, c'est monnaie courante dans leslégendes d'Orient. Chez les Grecs aussi.

Laissons pour l'instant les mutés descendantsd'Eve (dont les traditions sont relatées par Mané-thon, prêtre de Pharaon, et par Moïse) et essayonsde suivre les non-mutés, à travers leurs poètes etaèdes.

A l'époque où naissent les légendes grecques,indiennes, iraniennes et chinoises, aucun « mor-tel » (humain qui se voit vivre et mourir en moinsde temps qu'il n'en faut à un Théosite pour vieil-lir perceptiblement) ne met en doute la réalité con-crète des Civilisateurs venus du Ciel: l'événementde la colonisation théosite est encore relativementrécent. Mutatis mutandis, ils sont ce que sont pour

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nous Noé et Moïse, moitié mythe, moitié réalitéimpossible à concevoir.

C'est l'époque où les hommes sont encore gou-vernés par des semi-Théosites; les hommes en sontà ce que Tao Te King (Livre du Tao et de la Vertu)appelle le premier stade: les Grecs aimaient suf-fisamment Agamemnon pour justifier le parri-cide d'Electre et d'Oreste. Mais le stade suivant,celui des « souverains que l'on craint », n'est plusloin, où tous les fils de tous les Egisthes invoque-ront un « droit divin » usurpé et ne correspondantplus à aucune réalité. La République de Platon nenous dit pas autre chose: elle n'oublie même pasle « temps du mépris ». Mais le souvenir des Théo-sites s'estompe.

On a beau savoir qu'ils se transportaient parla voie des airs, communiquaient à distance et« réglementaient le Ciel et les planètes », on necomprend plus du tout comment tout cela pouvaitfonctionner.

Avions, radio, tout a été transformé en fablespar les poètes; déjà les rationalisateurs mettent endoute jusqu'au bien-fondé de l'origine de cesfables, devenues des « miracles » en voie de setransformer en « Mystère Divins ».

Mais il est deux points sur lesquels la naturehumaine et la théosite se rencontrent:

a) les Théosites mangeaient;b) ils faisaient l'amour.

Pour le manger, pas de problème: les poètesdécrivent longuement les ripailles où un dieudévore son veau au petit déjeuner.

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Pour l'amour, les poètes ont des difficultés.Il a beau ne pas être mû par la curiosité d'une

descendante d'Eve, même un non-muté sedemande comment les dieux faisaient, malgré ladifférence de taille, pour engrosser des mortellessans tout casser.

Dire la vérité, que les Théosites parvenus ausommet de l'intellectualité avaient un membreviril atrophié, pas plus grand que celui deshumains, malgré leur taille?

D'abord personne ne se permettrait de ridiculi-ser ainsi les dieux du ciel, que les faiseurs delégendes tiennent à montrer admirables en touteschoses — au point de glisser sur le fait qu'ils meu-rent aussi, leur heure venue, comme le rappellepourtant Brahma.

Et ensuite la crainte superstitieuse se renforce,à mesure que s'éloigne le temps des Grands Sou-verains. Les mythomanes craignent de subir, parles voies mystérieuses des dieux, les châtimentsféroces (relisez la théogonie grecque) que les Théo-sites, jaloux comme le sont facilement les mâlesmal membres, infligeaient du temps où ils vivaientencore sur la Terre. Tous les humains indistincte-ment, tenus pour collectivement responsables,étaient punis lorsqu'une épouse ou une fille dedieu s'adonnait aux joies de la fornication avecun de ces humains à la verge monstrueuse pourleur taille ridicule, qui mettait leur bouche à hau-teur juste du clitoris des déesses.

Expliquer que le fruit des entrailles des mortel-les engrossées par un dieu était délivré par lesgynécologues théosites lorsqu'il avait atteint leformat d'un nouveau-né humain « prêt à être

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lancé dans le monde respirant », et qu'il achevaitdans un incubateur de l'Arbre de Vie sa croissancede futur géant appelé à vivre mille ans? Ce neserait plus de la poésie mais de la littératurescientifique.

Les poètes qui transforment les avions en tapisvolants et la radio en Voix Divines seraient inca-pables d'expliquer (et même de comprendre) unprocessus aussi savant.

Comme ils n'en sont plus à un miracle près, ilsfabulent: Jupiter, ils le décrivent se transfor-mant en mouche, en cygne, en scoubidou, pourséduire des mortelles. En Orient, l'affabulationdevient telle que l'origine réelle du Mythe, tou-jours perceptible chez les Grecs, est noyée dans lefatras.

Pourtant, quand on les lit clé en main, tousles textes concordent: pendant que les Elohim pro-cédaient en Eden à leur mutation d'humains, lesThéosites fixés en Inde s'enfermaient dans unorgueil de caste dont le système indien actuel, avecses parias intouchables pour un brahmane, est uneparodie dévote. Je ne suis pas parvenu à localiserleur Séjour Divin et c'est donc de façon assez gra-tuite que je suggère l'Himalaya, dont l'altitudeest aussi excessive que l'orgueil des Théosites« indiens ».

Ces Théosites « indiens » vivaient entre eux,engrossant des humaines rejetées aussitôt qu'ellesavaient rempli leur rôle et enfanté des géants,demi-dieux servant d'intendants aux Théosites depure souche — les humains, ou « parias », fai-saient les basses besognes. Un de ces demi-dieuxdevait être particulièrement doué: il est resté célè-

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bre sous le nom de Vyasa, inspirateur du MahaBharata.

Je ne crois pas solliciter les faits: j'ai sincère-ment l'impression que le terroir indien, commetous les terroirs, impose à ceux qui y vivent unmode de raisonnement aussi caractéristique quela saveur d'un vin d'un terroir donné. Les Anglaiscolonisant les Indes n'étaient pas des intellectuels;ils ignoraient souvent jusqu'à l'existence du MahaBharata; ils n'en vivaient pas moins dans leursClubs, comme les dieux que décrit le vieux textesanscrit. C'est hallucinant, par moments.

Les Théosites d'Iran s'étaient, eux, fixés sur unemontagne, l'Alborj. Le grand patron des Albor-jiens, Servané Akerené, était assurément très liéavec son homologue d'Eden, Iahvé. Mais ServanéAkerené, tout en cherchant à élever le niveauintellectuel des hommes, ne procède à aucune mu-tation du type opération côte. Comme les Théo-sites des Indes, ceux d'Iran ont des intendants mi-dieux. Mais Servané Akerené ne méprise pas leshommes; il charge le géant Ormuzd de « créer lemonde des humains, pour une durée de 12 000 ans ».

En Chine, les Théosites se sont fixés au Tibet.Ils adoptent vis-à-vis des humains une solutionaussi originale que celle des Elohim, encore quetoute différente de l'opération côte. Si la lecturedu Yi King (Livre des Mutations) vous paraît troparide, vous trouverez dans le Si Yeou Ki (Le SingePèlerin) une narration plus accessible et suffisam-ment complète de la façon dont les humains deChine furent admis à l'Initiation.

Si vous décidez de lire cela, n'oubliez pas que le« singe » en question est au départ un homme du

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6e «jour», dans l'esprit duquel la curiosité a étéinstillée, directement chez le mâle, sans valorisa-tion de la femelle. Vous pourrez savourer au pas-sage que le Singe est admis à se dire Initié lejour où il se montre enfin capable de se changer en arbre.

En pin, pour être précis.Etait-ce un calembour qui faisait désigner du

même nom des Arbres et les Facultés de Sciences?Etait-ce une plaisanterie de petite chapelle? On nepourra le savoir que le jour où sera connue lalangue que parlaient entre eux les Théosites.

Mais une fois changé en arbre, puis redevenului-même, le Singe est promu Pèlerin commeJacob avait été promu Israël. Il est alors ins-truit du thermodynamisme du Tao, mû entre las. chaude yang et las. froide yin.

Les seuls Théosites qui apparaissent foncière-ment racistes sont ceux des Indes; ceux d'Iran etde Chine semblent avoir simplement gardé leursdistances, de même que les Elohim. Les Atlantes(peut-être à cause du relâchement général desmœurs que dénote la conduite de Poséidon avecClito) semblent être les seuls à avoir eu des ennuisd'ordre sexuel sinon sentimental avec les hom-mes de leur secteur: il n'est que de relire la Théo-gonie grecque pour s'en rendre compte.

C'était là un problème sérieux, difficile à com-prendre si on ne se met pas à la place des dieuxde l'Atlantide.

Imaginez que vous vous trouviez, avec votreépouse, sur une planète où vous auriez la charged'améliorer la race des indigènes, entièrement à votre image, sauf pour la taille (75 à 90 cm) et

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pour la proportion des attributs sexuels, plutôtplus volumineux que les vôtres.

Si vous prenez quelque plaisir avec les tanagraindigènes, vous pourrez toujours affirmer à votreépouse que vous les fécondez par inséminationartificielle, par devoir. Même si elle ne vous croitpas, votre épouse peut faire semblant, et admettrela chose: les indigènes vénéreront les enfants quevous aurez faits à leurs femmes et vous n'y pen-serez que de loin en loin. Si par contre vous sur-prenez votre femme avec un de ces indigènesridicules, qui peuvent la féconder comme vous fé-condez leurs femmes, c'est vraiment épouvantable:votre femme s'attachera à l'enfant qu'elle auraainsi eu, et vous aurez à votre foyer un enfant quevous ne pourrez même pas faire semblant de croirede vous, puisqu'il sera toute sa vie un nain... pasun métis, ce qui peut être charmant, mais un mons-tre que sans trace de racisme vous saurez très infé-rieur à vous...

Les fureurs des dieux de l'Olympe, qui peut lesleur reprocher?

Mais laissons les Atlantes laver leur linge sale enfamille. Un nouveau « jour » commence, le 8e,celui des Gémeaux (— 6690 à — 4530).

Ayant « fait à Adam et à sa femme des habitsde peau » (Gen. III, 21) et dit « l'homme estdevenu comme l'un de nous » (III, 22), Iahvé (pasle moins du monde raciste) le fout proprement à la porte d'Eden.

Plus trace de colère, juste une bonne rudessemartiale, bienveillante et bourrue. Peut-être Iahvéavait-il des raisons de tenir pour nécessaire la

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Cohérence d'une religio entre point vernal et évo-lution humaine?

Le chapitre IV de la Genèse, consacré au 8e

« jour », commence.Au chapitre III, l'homme n'avait jamais eu à tra-

vailler que pour assurer la nourriture, en culti-vant le jardin et les champs d'Eden. Maintenantque nous voilà en Gémeaux, fini de rire, c'est unenouvelle étape qui commence, une Ere nouvelle,celle du début de ce que Servané Akerené appellela Création du Monde des Hommes. C'est uneffort qui ne finira qu'une fois instauré l'Aged'Or du Verseau encore si lointain...

Une Ere nouvelle se doit d'être marquée parquelque événement ne passant pas inaperçu. Lesastronomes théosites ont assigné à cette Ere lesigne des Gémeaux? La Cohérence exige qu'on entienne compte. La lignée d'Adam va donc désor-mais changer de nom et devenir lignée Abel-et-Caïn.

Au même moment, nous l'avons déjà vu, lalignée de Poséidon en Atlantide change aussi denom et devient lignée des Rois-Jumeaux.

Ces humains mis en état de préparer leur domi-nation sur le monde, grâce à la Révélation de l'Ini-tiation, la moindre des choses est qu'ils manifes-tent leur reconnaissance en assurant le vivre et lecouvert aux Elohim.

La Genèse ne se contente pas de l'indiquer enpassant, elle précise les goûts des Elohim, qui« portèrent un regard favorable sur « Abel » lequel leur apportait de la viande, et « pas deregard favorable » sur les légumes apportés parCaïn (Gen. IV, et 5). Ce n'est pas gratuitement

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qu'au chapitre IV je prêtais aux Théosites le goûtdu régime carné.

De ce dédain des Elohim pour les légumes s'en-suivit le crime de rancune paysanne que voussavez.

Quand Iahvé apprit que les hommes avaient tuéun des « gémeaux », il convoqua Adam, Roiretraité des Humains.

— Ça ne peut pas continuer comme ça! ditIahvé à Adam. Je vais arranger cela, pour cettefois, mais ne recommencez pas à vous entre-tuer!« Si quelqu'un tuait Caïn » (IV, 15), ça barderait!

Ce « si quelqu'un » nous confirmerait, si nousen doutions encore, qu'en Est d'Eden ne vivaientpas uniquement Adam, son épouse Eve et leursdeux garçons. Par ailleurs, Est d'Eden nous pou-vons sans grand risque d'erreur lui donner lenom de Jéricho I, ville que le carbone 14 per-met de faire remonter à — 6800 environ, alors quele 8e « jour » des Gémeaux a débuté en — 6690,avec la durée que nous avons admise pour uncycle complet.

Une incidente, au passage: l'Exode nousapprend que Josué « fit tomber les murs de Jéri-cho » en « faisant souffler les prêtres dans les Cor-nes Sacrées, ou shofars ». Vers — 1350, c'est Jéri-cho III que trouva Josué. Il n'est pas tellementhasardeux d'interpréter les textes, en l'occurrence.Moïse avait baptisé Terre Promise la région dupremier établissement d'Abel et Caïn; il avait indi-qué à Josué les coordonnées de la ville souslaquelle devaient se trouver des restes de l'héri-tage théosite direct survivant au Déluge. Et Josuéa retrouvé cet héritage (grâce auquel il a pu per-

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mettre à notre lignée de tenir jusqu'à nous), puis-que grâce au Rite du Shofar, au bout de sept jourset sept nuits « les murailles sont tombées ».

Mais revenons au meurtre d'Abel.Sur l'ordre formel de Iahvé, Caïn ne paya son

crime que d'une réprimande et vécut sans remords,entouré de nombreux enfants et petits-enfants. Jeferai à Victor Hugo le reproche que Karl Marxfaisait à Schiller: il avait mal lu la Bible et, commeil convient à un romantique, disait n'importe quoi.

Chassé et aigri, Caïn décida de refuser la Cohé-rence d'une religio avec le point vernal, le textede la Genèse ne permet pas d'en douter: pendantqu'Adam engendrait Seth « pour remplacer Abel » (IV, 25) afin que le symbolisme des Gémeaux nefût pas détruit à Jéricho I, Caïn l'hérétique se don-nait en effet pour successeur son fils Hénoc etélevait, pour le règne de ce Roi-non-Jumeau, uneville concurrente, Hénoc-City (IV, 17).

Hénoc et ses frères firent souche et leurs des-cendants devinrent un jour assez nombreux etforts pour jurer que la mémoire de Caïn « seraitvengée sept fois » (IV, 24). Les Sémites nonhébraïques sont-ils les descendants de Caïn etde Hénoc, c'est-à-dire d'un fils d'Eve marié avecune femme non mutée et dans la lignée duquella curiosité intellectuelle s'amenuisait de généra-tion en génération, pendant que (par un processusanalogue à la contre-réaction des alchimistes etélectroniciens) les lignées de Seth et d'Abel (donton ne nous dit nulle part qu'il est mort sansenfants) voyaient leur goût de savoir s'affiner aulong des siècles?

Admettre une telle hypothèse reviendrait à pen-

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ser que la répartition (sur le principe homéopati-que) des atomes de Marie entre les chrétiens n'estpas purement symbolique, et aussi qu'à la venuedu Christ l'esprit scientifique était suffisammentancré chez les Hébreux pour qu'ils puissent sansinconvénient, à partir de l'Ere des Poissons, épou-ser des femmes issues de non mutés.

Moïse prévoyait-il, pour ces raisons ou d'autresque je ne sais même pas où chercher, que cesSémites non hébraïques seraient la souche desArabes, seul élément systématiquement destruc-teur de l'Histoire humaine parce que issu à la foisd'Eve et de femelles non mutées prématurémentintroduites dans la lignée? Ou sont-ils à l'originede tous les « barbares » blancs?

Il serait plus sage de revenir à la Genèse qui,après l'affaire Caïn, se contente d'indiquer, briève-ment, que de nombreux enfants naissent à Jéri-cho I comme dans le reste du monde.

Puis nous voici au chapitre V, bien engagésdans les Gémeaux.

Dans les Choses inéluctables, l'événement Caïna introduit une donnée nouvelle, accidentelle maistrès importante pour notre cycle: ce ne sont plustrois, mais quatre variétés d'humains qui peuplentla Terre, à partir des Gémeaux:

a) les hommes du 6e « jour » vivant loinde tout Séjour Divin et qui en sont tou-jours à polir leurs outils de pierre et à ignorer la roue;b) les hommes du 6e « jour » guidés par desThéosites, qui découvrent déjà la métal-lurgie et utilisent la roue (depuis — 6 000

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justement, nous disent les spécialistes deSumer) ; c) les mutés descendant d'Eve, mais chezqui Caïn et ses fils ont introduit prématu-rément une lignée matrilinéaire non mutéeet qui vont tomber d'hérésies en aberra-tions ; d) les fils de Seth, seuls mutés qui restentguidés par les Elohim.

Si nous ne comprenons toujours pas le sens dela généalogie devant laquelle nous nous étionsretirés sur la pointe des pieds à la page 148, nousvoyons au moins maintenant que cette généalo-gie a un sens caché, puisque c'est elle qui nousfait passer à Noé, qui en son temps sauvera l'Ini-tiation par-dessus le Déluge.

Comme nous le dit le Zohar, le royaume de Sethest « la rose », et celui de Caïn le rosier redevenantéglantier parce que abandonné par le jardinier.

Dans la catégorie « b) » je classe les Chinoisavec les Indiens et les Iraniens. C'est une inexacti-tude, car au stade Gémeaux de l'Humanité, lesChinois étaient très en avance sur tous les autreshumains, y compris la lignée de Seth. Mais lesThéosites du Tibet avaient commis une erreur psy-chologique grave: ils avaient enseigné à leurshommes trop de sciences pour leur maturité psy-chique. Les Chinois ne purent construire ce quel'Occident a édifié pour la conquête du Cosmos auVerseau parce que, livrés à eux-mêmes dès ledépart des Théosites, ils n'avaient pas acquis cequ'en termes pédants on nomme l'infrastructuremorale indispensable, l'habitude devenue réflexe

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conditionné de l'effort pour l'effort. Les Chinoisne sont retombés que peu à peu dans le groupe« b) ». Mais ils y sont assurément retombés, puis-que disposant de la boussole, de la poudre, de l'ini-tiation au Thermodynamisme par le Tao et de biend'autres choses, ils n'en ont rien tiré de construc-tif.

Comme dit Nostradamus, les Chinois ont reçu le« Tao armifère » avant que « tous les sièges soienten séjour », et le « découvrement du jour » préma-turé ne leur a pas permis de « parvenir au signesceptrifère ».

Les Chinois se sont comportés comme un églan-tier auquel on a tenté de faire donner des rosesnon par une greffe, mais par un procédé botani-que qui n'a pas pris. Ce procédé était-il de lafamilles des « lavages de cerveau »? Rien ne mepermet de l'affirmer en dehors des raisons quej'ai de penser que l'influence du terroir joue vrai-ment sur les hommes qui y vivent.

Je manque de données solides pour les Iraniens.Les Indiens, eux, sont restés simples églantiers.

... plein d'usage et raisonVivre entre ses parents le reste de son âge.

Joachim du Bellay.

Revenons à notre lignée, suffisamment com-plexe pour nous occuper, après cette incursionchez les autres, à qui nous n'avons demandé quedes confirmations.

Le chapitre VI de la Genèse est plein de « retoursen arrière », desquels il ressort que le 8e « jour »

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fut marqué par trois événements « divins » ma-jeurs, dans l'Eden des Elohim et à Jéricho I:

a) au 8e « jour », « les fils des Elohim virentque les filles des hommes étaient belles eten prirent pour femmes » (Gen. VI, 2) ; b) aussitôt après (VI, 3) « les jours del'homme » sont définitivement fixés à 120 ans;c) pour guider ces hommes, la lignée deSeth leur donnera leurs Rois, Géants nésdes Elohim et des « filles des hommes ».Ces Géants vivront 850 ans, en moyenne.

Ce 8e « jour » est marqué aussi par un événe-ment purement humain, mais très important: à lanaissance d'Enosch, fils aîné et héritier de Seth,les hommes « commencèrent à invoquer Adomaï » (IV, 26), c'est-à-dire à comprendre l'Initiation,c'est-à-dire à ne jamais chercher dans le souvenirdes Théosites repartis une idole à adorer, mais à invoquer en toutes choses le Principe Abstrait (Tao-Thermodynamisme-Trinité) dont la révéla-tion est l'héritage qu'ils nous ont laissé. C'est encela que les prières d'idolâtres demandant despasse-droits (Matth. VI, 7 à 9) se distinguent des« prières » de Pharaon à Ptah, du Schéma Israëlde Moïse et du Notre Père chrétien.

C'est au règne d'Enosch, plusieurs siècles aprèsl'entrée dans les Gémeaux, qu'il faut semble-t-ilfaire remonter le début de la Création du Monde humain, situé effectivement en — 5604 par lesanciens théologiens, en —5000 seulement parJules l'Africain auteur (en 221) de l'Ere Mondaine

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d'Alexandrie, et définitivement fixé à — 5508par le Concile Œcuménique de Constantinople,en 680.

Ce n'était pas un Concile pour rire. De nom-breux pays chrétiens ont longtemps gardé ce« calendrier de Constantinople ». Jusqu'à Pierrele Grand, qui imposa le calendrier julien occiden-tal des Grecs, la Russie comptait ses années à par-tir de l'an 5508 avant le Christ.

En dehors de cela, rien à signaler jusqu'à lafin des Gémeaux.

L'entrée dans le Taureau, nous avons vu queles Atlantes « en qui la parcelle divine subsistaitencore » n'avaient pas manqué de la saluer parl'instauration de sacrifices de bovins.

Dans la Genèse, par contre, pas trace de taureau,sinon dans des sacrifices sans grand éclat, entrela royauté d'Enosch et le Déluge que les anciensthéologiens, nullement contredits par la sciencemoderne, situaient en — 3618, 912 ans donc aprèsl'entrée dans le Taureau.

Pourquoi Mathusalem et son fils Lémec avaient-ils négligé ces signes extérieurs de l'Initiation?Moïse ne l'explique pas — ou du moins pas d'unefaçon que je sache comprendre. J'arrive simple-ment à déduire de la Genèse que les descendantsde Caïn compliquaient la tâche des Géants régnantsur Jéricho I: Lémec (père de Noé) a eu un règnetrès difficile (V, 29).

Il est par contre vraisemblable qu'en voyant larapidité avec laquelle les hommes se permettaientdes libertés avec la lettre de la Révélation et négli-geaient un point essentiel du Rite, Iahvé ait conclu

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que « la méchanceté des hommes était grande » (VI, 5).

C'est alors que Iahvé se repentit d'avoir « fait » l'homme (VI, 6), c'est-à-dire procédé à l'opération côte. Les humains non mutés se comportaientmieux: les Atlantes avaient salué l'entrée dansle Taureau; les Indiens vénéraient leur Vache;Ormuzd l'Iranien avait en temps voulu « créé leTaureau Abouad » sur « l'ordre des dieux ».

Les Chinois, en instaurant le sacrifice d'un tau-reau roux à l'équinoxe de printemps et un taureaunoir à l'équinoxe d'automne, prouvaient que leurdegré d'Initiation leur permettait non seulementde respecter le Rite, mais de l'expliquer presqueen langue vulgaire.

Mais Iahvé eut tort de se repentir.Aux Indes, ce n'est pas la méchanceté des hom-

mes qui fut l'événement capital du 8e « jour »,mais cette Guerre des Dieux que relate le MahaBharata. Et cela, la guerre civile entre colonisa-teurs, c'était infiniment plus grave que toutes leserreurs et rivalités entre indigènes armés dehaches. Les moyens militaires des Théosites étaientce que les nôtres ne pourront être qu'après lavenue du Juge, au XXIe siècle, quand la mégatonnesera devenue une unité pour labos de recherches.

La Guerre des Dieux, elle, reste sur bien despoints mystérieuse, par la faute des poètes qui,au lieu d'enrober chaque réalité de fables sansdéformer la réalité, ont enjolivé, brodé, déforméà plaisir. Déclenchée en Inde, elle opposa assuré-ment les Théosites des Indes aux Théosites deChine. Les Théosites d'Iran y prirent-ils part? C'estpossible; mais rien ne permet d'affirmer qu'ils sor-

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tirent de la position de neutralité qui fut celledes Atlantes.

En ce qui concerne le rôle qu'y jouèrent les Elo-him, on a le choix entre deux hypothèses:

a) s'érigèrent-ils en justiciers, c'est-à-direen démolisseurs, comme l'indique peut-être la phrase « Nous allons faire venir leDéluge » (Gen. VI, 17)?b) se contentèrent-ils de quitter notre pla-nète en considérant que la colonisation y avait échoué, pour diverses raisons, et qu'ilfallait laisser les indigènes se débrouillerseuls? Cela, les dernières recommanda-tions qu'ils firent à Noé permettent de lepenser...

Dans l'hypothèse « b) », « nous allons faire venirle Déluge » devrait se lire « Nos dirigeants (quivivent dans les cieux) ont décidé de détruire tou-tes les installations théosites de la Terre, et de fairetable rase avant le départ rendu inéluctable parla Guerre des Dieux de l'Inde. »

Je ne me risquerai pas à trancher entre ces deuxhypothèses, dont les résultats pratiques sont à peude chose près pareils. Je dois avouer que je penchepourtant pour la seconde, pour deux raisons :

a) elle cadre mieux avec ce que Platonnous dit du « dieu des dieux » venant ser-monner les dieux de l'Atlantide;b) Iahvé, qui avait su régler le dossier« Héritiers d'Abel c/ Caïn » par plus de Misé-ricorde que de froide Justice (un blâme à

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Caïn, une ordonnance d'aphrodisiaquespour le vieil Adam), me paraît un person-nage trop raisonnable pour déclencher unDéluge là où une solide semonce aurait dûsuffire.

Quoi qu'il en soit, Iahvé ne laissa pas passerl'occasion de donner aux humains une leçon desoumission: comme à l'enfant qui a chapardé desconfitures la veille du jour où se déclenche unerougeole on dit: «Tu vois! Tu es tout rouge, lesgroseilles des confitures que tu as volées se ven-gent », Iahvé chargea Noé de dire aux hommessur qui il régnait: « Voyez le Déluge qu'a déclen-ché votre méchanceté. »

C'est un procédé dont Moïse s'est constammentinspiré, pour donner une représentation fabuléede son Dieu de Colère. Jésus lui-même, dont lesenseignements paraissent parfois pour cette rai-son même souvent ambigus, a dû tenir compte dela « méchanceté des hommes » et ne pas renier en-tièrement le Dieu de Colère, tout en esquissant leportrait du « Dieu » du Verseau, à la fois Elohim-initiateurs pleins de bonté et Adomaï-Principe-Abstrait du Thermodynamisme, dont il faut crain-dre d'enfreindre les Lois, sous peine de tomberdans l'idolâtrie destructrice de l'Esprit des adora-teurs du Chaudron.

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Et tu enfanteras dans la douleur...

Ne nous prenons pas trop au sérieux: notrescience est très loin encore du point où, égalantcelle des Théosites, elle sera capable de produireun nouveau Déluge (sur notre planète ou sur uneautre).

C'est en effet (Gen. VII, 11) le « 17e jour du2e mois de la 600e année de Noé » que « les sourcesdu grand abîme jaillirent ». Et c'est le 1.1.601 seu-lement (VIII, 13) que Noé pourra se risquer à ouvrir la porte étanche du kiosque de son sous-marin (« il ôta le couvercle de l'arche »). Et il dutattendre le 27.2.601 (VIII, 14) pour que, toute pol-lution radioactive ayant disparu, la terre pût êtreenfin tenue pour « sèche ».

Un an et dix jours de contamination sur la tota-lité de l'Asie Mineure et sur une bonne partie del'Extrême-Orient, de l'Europe et de l'Afrique... neparlons même pas d'Hiroshima: les plus récentesbombes thermo-nucléaires sont de l'enfantillage à

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côté de ce que les Théosites surent déclencher, lors-qu'ils se résolurent à abandonner notre planète.(Il est vrai qu'à la fin du Capricorne, nous sauronsfaire mieux encore, en déclenchant le Chaos véri-table...)

Quand Noé sort enfin de son arche, il ne resterien d'Eden, et dans la plaine n'offrant aucunrefuge contre un tel cataclysme, « tout ce qui semouvait sur terre a péri » (VII, 21). Quand leshommes auront récupéré suffisamment de forcespour reconstruire Jéricho (ce sera Jéricho II), ilsdevront, sur le site de Jéricho I, « élever des mu-railles ».

Quels hommes reconstruisent Jéricho? Ceuxqui ont survécu, évidemment.

Des familles, peut-être des tribus entières, onten effet dû trouver un refuge efficace dans desgrottes de montagne, peut-être même dans ce quipouvait subsister encore des abris maintenant mil-lénaires du Cataclysme antérieur au 1er « jour »...Tous les ethnologues sont d'accord en cela avecPlaton et avec les historiographes indiens, iranienset chinois: il resta des survivants, après le Déluge.Ils sont d'accord avec Moïse aussi, contrairementà ce que peut faire croire une lecture superficiellede la Bible: l'histoire de Loth violé par ses deuxfilles persuadées (à tort) qu'il était le seul hommesurvivant sur la planète peut très bien être unapologue « plaqué » sur la fable de Sodome et Go-morrhe — et la date de Sodome et Gomorrhe estimprécise, sans parler du fait que, comme pourJéricho, il peut y avoir eu répétition d'événementssemblables sur un lieu donné.

La chose certaine est que, en remettant le pied

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sur une terre enfin « sèche », Noé poussa un grandsoupir de soulagement: la Révélation (documents,plans, schémas et même une part de l'appareillageindustriel) qu'il avait sauvée dans son Arche allaitpouvoir quand même servir à quelque chose.

Il se hâta donc de « bâtir un autel » (VIII, 20)— c'est-à-dire de réinstaller, avec l'aide de ses troisfils, Géants comme lui, des laboratoires conformesà la Loi d'Adonaï (« dont l'odeur fut agréable à Eternel », comme il est dit en VIII, 21).

Pour ne pas couper par des incidentes le récitdéjà touffu du chapitre précédent, j'avais glissésur des précisions gynécologiques qui pouvaientattendre.

La « femme » des Troglodytes apparus au 6e

« jour » mettait bas comme toutes les femelles demammifères: sans se plaindre. Mais lorsque lesElohim eurent installé « l'homme et la femme » dans le jardin d'Eden, ils les firent bénéficier detoutes les commodités du Séjour Divin, et notam-ment de l'Arbre de Vie ou Faculté de Biologie etGénétique. Autrement dit, la femme fut, commeMme Théosite, délivrée dès que le foetus avaitacquis une âme dans le ventre maternel et pouvaitpar conséquent terminer sa croissance en incuba-teur.

Je ne sais évidemment pas de quoi est constituéeune « âme », mais il n'est pas très difficile de dis-cerner ce que les Initiés de notre lignée entendentpar ce mot: lorsqu'une femme était condamnée à mort, pendant les siècles où l'Eglise avait son motà dire, le représentant du Vatican faisait au moinssurseoir à l'exécution jusqu'à l'accouchement, si

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la femme était enceinte de plus de cinq semaines.Il ne fallait pas qu'une âme innocente paie pour

le crime de sa mère. Avant les fatidiques cinqsemaines, on exécutait la mère sans égard pourl'embryon — sans doute pas encore pourvu d'âme.

Obscurantisme que tout cela? C'était l'avis duXIXe siècle.

Mais l'embryologie moderne ne dit pas autrechose: après les stades morula, blastula et gastrula, l'embryon se trouve déjà ébauché au début de la4e semaine, avec son système nerveux et son sys-tème uro-génital. Mais c'est seulement 5 semainesaprès la fécondation qu'apparaît la différenciationentre la corde dorsale et le futur cerveau.

Cette différenciation constitue-t-elle l'âme? Jen'en sais rien, mais tout a l'air de se passer comme si.

Comment le Vatican pouvait-il savoir le stadeque représente la 5e semaine de gestation, à uneépoque où la science profane ignorait tout duprocessus de gestation? C'est aussi mystérieux quele maniement de centièmes de seconde par lesHébreux du désert. Mais la médecine chinoisen'avait pas plus que le Vatican oublié ce rested'enseignement théosite. Elle s'en sert encore pourdes usages que la Loi Ignace de 1920 m'interditde préciser.

Pour en revenir à l'Eden, lorsqu'elle se fût trou-vée chassée, la femme ne put plus bénéficier decette gynécologie perfectionnée. Or, en deux millé-naires de vie « paradisiaque », elle était devenueconsciente de la douleur. Il était donc normal queIahvé la prévienne que « la souffrance de ses gros-sesses serait augmentée » (Gen. III, 16).

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Les théologiens catholiques contemporains, quiproclament l'embryon sacré dès le premier jourde fécondation de l'ovule, auraient-ils oublié auXXe siècle ce qu'ils savaient en ce Moyen Age oùl'interdit frappant toute dissection du corps humainempêchait les médecins profanes de se faire uneidée acceptable de la gestation?

Croire cela dénoterait un esprit aussi superficielque celui des pécheresses dévotes qui allument descierges en priant O Vierge Marie, Vous qui avez conçu sans péché, aidez-moi à pêcher sans conce-voir.

Le rôle des théologiens n'a jamais été d'hagio-graphier sur les Intentions de Dieu — il ne fautpas les confondre avec les dévots mythomanes. Lafonction des mythologues est uniquement d'adap-ter les données de l'Initiation théosite aux nécessi-tés fluctuantes du temporel.

Dans les siècles où seule une minorité infime depécheresses souhaitait la stérilité, et où toute nais-sance était une bénédiction pour un couple chré-tien, la vérité pouvait être dite sans péril pour laperpétuation de l'espèce. Mais si, à notre époque debirth control et de ménages sans enfant et néan-moins honorés, le Vatican déclarait qu'avant cinqsemaines révolues, l'embryon est une sorte d'ex-croissance douée d'une vie purement animale,digne de respect mais guère plus sacrée que celled'un chaton, cela risquerait de mener loin.

J'ignore ce que les biologistes soviétiques pen-sent de l'âme, autant que la façon dont ils arti-culent leur Foi dans une différence essentielle entre l'homme et les autres animaux, mais je sais

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que dans leurs conclusions pratiques ils donnentraison au Vatican.

A condition de ne pas y croire comme à unecertitude, on peut admettre que ces 5 semaines degestation chez la femme (dont l'enfant est prévupour durer 120 ans) correspondraient à environ9 mois chez Mme Théosite (dont l'enfant vit 950à 1000 ans). Ce serait conforme à une règle detrois — qui ne prouve évidemment rien.

Mais si cette hypothèse était exacte, l'enfante-ment des demi-dieux et autres Géants perdrait toutmystère: enceinte des œuvres d'un dieu, une mor-telle aurait dans ces conditions été délivrée parles obstétriciens théosites au 9e mois de sa gestationd'un embryon de Géant pesant 8 à 10 livres commeun enfant à terme d'humain. Cet embryon deGéant, pourvu in vivo d'une âme, aurait paisible-ment achevé sa croissance in vitro dans l'Arbre deVie.

L'expérience de Petrucci (féconder un ovule endehors de la mère) pose un problème théologiquequi me dépasse, celui de la possibilité de fairenaître une âme in vitro — ou le risque d'obtenirun corps d'humain sans âme. Mais l'expérienceinverse, délivrer une femme d'un embryon de cinqsemaines appelé à devenir un gentleman venu aumonde sans faire souffrir sa mère et dépourvu lui-même des angoisses pré-natales du passageétroit, me semble assurément plus intéressante, neserait-ce que pour prouver que nous approchons del'Age d'Or du Verseau, où la femme accoucheracomme en Eden. Et je ne pense pas que le Vaticanprotesterait, si un biologiste tentait de « sauverl'âme d'un foetus de fausse couche ».

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Mais quittons pour quelques pages nos ancêtresdirects.

Les Elohim avaient quitté la Terre juste avant leDéluge. Leurs amis de l'Alborj aussi, si j'ai biencompris le Zend-Avesta. La Guerre des Dieux querelate le Maha Bharata semble avoir intéressé (audébut du moins) uniquement les Théosites deChine et ceux des Indes. Cela n'est nulle part indi-qué en clair, mais j'ai cru comprendre que la guerreavait été déclenchée pour la possession des instal-lations du Tibet, les plus belles de la planète, sansdoute. Et c'est à Lhassa que durent se réfugier,après le Déluge, les survivants (au nombre de 18,selon le Maha Bharata pour une fois précis). Cessurvivants, on les connaît uniquement sous leurnom tibétain de Yétis.

Isolés parmi les hommes, sur une Terre aban-donnée par leurs congénères théosites, ces Yétisont rapidement dégénéré. Le dernier Yéti dontil soit question dans un texte digne de foi s'appelait,comme chacun sait, Goliath. L'Initiation de Davidl'Israélite surpassait déjà les restes de connaissan-ces du Théosite dégénéré.

Par ailleurs, il suffit de consulter un atlas pourconstater que les Séjours Divins de Chine, Inde,Asie Mineure, étaient tous très à l'intérieur desterres; on ne les appelait « îles » que pour faireimage, car ils étaient inaccessibles — et seul celuides Elohim n'était pas qualifié d'île, car Moïsenous précise que son inaccessibilité pour leshumains était assurée par les chérubins.

Seuls les Atlantes étaient installés en bord demer, selon toute vraisemblance au Sahara, c'est-à-dire sur le Parallèle Zéro, comme les autres

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Thérosites. Le Sahara correspond bien aux dimen-sions données par Platon, et tout ce sable, làoù, comme sur l'emplacement de l'Eden d'Egypte,ce n'étaient que jardins fleuris et riches pota-gers...

Prestigieux navigateurs, les Atlantes abandonnè-rent à leur sort les « montagnards illettrés » et em-barquèrent, dans un sous-marin comme Noé.(Quand Iahvé se laissa aller à cette colère si hu-maine [Gen. VI, 5 à 7] qui nous permet de « nousmettre dans la peau des Elohim » sans sacrilège,il ne menaça de détruire que « le bétail, les rep-tiles et les oiseaux », car il ne gasconnait pas: lefond des mers protège des radiations nucléaires etil savait que la seule chance de survie de Noé étaitde construire par conséquent un sous-marin.)

Si Noé et les Atlantes naviguaient en surface,cela ne change d'ailleurs pas grand-chose à l'af-faire.

Pendant que Noé se préparait à se poser surl'Ararat, en accord avec les Elohim quittant laTerre, les Atlantes (seuls Théosites avec les Yétisà refuser de partir) mettaient le cap vers les Amé-riques, région abandonnée par les Théosites au6e « jour », parce que dépourvue d'humains. Deshumains, il y en a, là-bas depuis — 10 000: lesNéolithiques non mutés chassés d'Asie Mineure.

L'interprétation des Textes Sacrés nous a permisd'esquisser une Cohérence acceptable sinon cer-taine pour notre continent; essayons de l'appli-quer maintenant au continent américain.

Le Déluge est du milieu du Millénaire — IV.C'est également au milieu du Millénaire — IV quela Cohérence du Zodiaque devait logiquement per-

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mettre aux hommes d'animer la Matière par l'Es-prit, sans l'aide des Théosites, mais à conditionde préserver l'Initiation à l'Esprit. (L'Ere du Tau-reau est la représentation théologique de la rouede moulin extrayant l'énergie de l'eau retenue parles barrages édifiés dans l'Ere précédente desGémeaux.)

Le départ des Théosites, à ce stade du CycleZodiacal, faisait-il partie des Choses inéluctablesparce que inscrites dans les Nombres, où était-ceun événement fortuit, autrement dit eût-il été con-cevable que, sans l'incident de la Guerre des Dieux,nous nous trouvions sur le point d'entrer dans leVerseau sous le gouvernement de Théosites restéssur notre planète? L'hypothèse n'est pas plus ab-surde que la réalité d'une coexistence, sans davan-tage de « mélanges d'habitat » qu'entre Eden etJéricho I, des rats et des souris — avec tout ceque cela entraîne comme hypothèses sur les espècesqui ont pu dans le passé (ou pourront dans l'ave-nir) « dominer sur la Terre » en un Cycle donné.

Mais c'est là un domaine devant lequel je mevoile la face et que je recouvre d'un pudique man-teau, pour ne pas risquer de subir le sort de Chamqui osa profiter de circonstances fortuites pour« contempler les parties secrètes de son père Noé ».

Pour rester dans le domaine des choses établieset certaines, c'est au milieu du Millénaire — IVencore que tous les américanistes font remonter ledébut de la « civilisation amérindienne ». Et on estgénéralement d'accord pour situer en ce mêmemilieu du Millénaire — IV l'arrivée des Civilisa-teurs « venus par mer » et auxquels le Popol Vuhattribue toutes les connaissances scientifiques, inex-

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plicables pour les ethnologues actuels, des Maya-Quichés.

Si cette esquisse de Cohérence est « cohérente »,c'est à quelques années près à la même époqueque Noé posait son sous-marin sur l'Ararat et queles 7 Ahpu Civilisateurs débarquaient du leur,aux Amériques.

Il est assez étrange de voir combien le PopolVuh, dont ses meilleurs commentateurs déplorentles obscurités et les contradictions, devient logiqueet clair, dès qu'on le lit avec la clé de cette hypo-thèse de Cohérence.

La première perche, c'est la Mythologie grecquequi nous la tend, avec ses Pléiades (de pléinn, « naviguer »), qu'elle appelle aussi les Atlan-tides (et non les « Atlantes » pour éviter touteconfusion avec les statues soutenant des balcons).Lorsqu'elles « se suicidèrent » (comme après uneguerre-suicide), nos Atlantides furent « changéesen étoiles ». Nous commençons à savoir que dèsqu'il est question d'étoile dans les Textes d'Initia-tion, la religio avec le point vernal n'est pas loin.

Le fait est troublant, les Pléiades-Atlantides,c'est sur le « poitrail de la constellation du Tau-reau » que les place la Mythologie.

Les Atlantides « disparues » pour les Grecsétaient au nombre de sept. Et ce sont justementsept Civilisateurs dont le Popol Vuh relate l'arri-vée, par mer. Et l'ordre de grandeur même estrespecté, puisque le Maha Bharata précise queles survivants de la Guerre des Dieux étaient aunombre de 18: la Terre était une « colonie decivilisation » et non une « colonie de peuplement »,c'est évident.

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Ces civilisateurs, le Popol Vuh les appelle lesAHPU, ou AHtlantides-PUléiades.

Les Ahpu étaient blancs et barbus (à l'image sansdoute des statues géantes de l'île de Pâques, dontl'origine n'a jamais été expliquée). C'est parcequ'ils ressemblaient à l'image que la traditiondonnait des Ahpu, que les conquistadors de Cortezfurent accueillis « comme des dieux ».

Je ne veux pas avoir la prétention de résumerle Popol Vuh en quelques lignes, ni même en quel-ques pages. Si la question vous intéresse, vousaurez intérêt à lire, avec la clé que je vous propose,le livre de R. Girard (ou tout autre ouvrage sérieuxsur ce sujet). Pour situer le problème, voici untrès bref aperçu:

A leur arrivée aux Amériques, les Atlantes rebap-tisés Ahpu s'installèrent un Séjour Divin, et atten-dirent que les hommes viennent les y solliciter.Mais ces hommes ne sortaient pas de leur séjourobscur de Xibalba. Les Ahpu commirent alors uneerreur funeste: habitués à vivre parmi les Grecsqui, même illettrés, savent admirer ce qui est admi-rable, ils allèrent se mêler aux indigènes qui (c'estle Popol Vuh qui le précise) « ne savaient pasvénérer les dieux ».

Et ils se firent proprement égorger, tout Géantsqu'ils étaient.

Sans doute les imprudents pensaient-ils suivrel'exemple de leur ancêtre Poséidon qui, dès le 6e

« jour », avait engrossé Clito. Mais Poséidon, mal-gré sa lubricité, devait savoir faire respecter sasupériorité de Théosite; les Ahpu, eux, s'aventu-rèrent chez les indigènes « en déposant l'appareil-

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lage de leur puissance » et tentèrent de se faireaccepter « démocratiquement », de convaincre ensomme les indigènes des avantages du theosian ay of life sur la vie barbare. Pour mieux sefaire admettre, les Ahpu « jouèrent à la balle » avec les indigènes, dont c'était « le jeu favori ».

Je suis très heureux que les réalités historiquesque Girard cherche à établir d'après la légendesoient toutes dans l'esprit de ce « jeu de balle » sur lequel il insiste longuement pour en déduirela preuve que les Amérindiens connaissaient déjàl'usage du latex: on ne pourra pas m'accuserd'avoir choisi comme référence quelqu'un qui sol-licite les textes pour abonder dans mon sens.

Notre hypothèse de travail admise, d'innombra-bles raisons apparaissent d'assimiler les Atlantesaux Ahpu: « Le théâtre des événements mythiquesdes Mayas se situe dans une région maritimequi ne correspond pas au plateau mexicaim » (R. Girard, p. 29). « Le calcul du temps, l'astrolo-gie et les arts divinatoires n'ont pas été trouvés parles Mayas, mais inventés par les ancêtres » (P. 287).

Une coïncidence étrange fait par ailleurs que Pla-ton explique le Déluge qui « noya l'Atlantide » (où« se suicidèrent » les Atlantes) par le fait que « laparcelle de divinité s'était ternie » en eux, et quele Popol Vuh explique un Déluge (qui n'a pastouché le continent américain) par le fait que « lecœur du ciel s'était terni dans les coeurs ». Cen'est pas trop solliciter les textes, je pense, queproposer d'expliquer par ce « ternissement » l'im-prudence, étrange pour des Initiés, qui mena lesAhpu à leur funeste trépas, puisque c'est un « ter-nissement » analogue (mais sans l'image que les

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Mayas ont bien l'air d'avoir copié sur les Grecs)qui seul peut expliquer la victoire de David surGoliath.

Quoi qu'il en soit, les Ahpu égorgés, les bruteshumaines de Xibalba les décapitèrent.

Puis ils accrochèrent les crânes des Civilisateurs morts aux branches d'un Arbre (p. 87). C'est de cet Arbre, devenu interdit, que s'approchera Ixquic, la « vierge » qui sera fécondée par une « salive cou-lant des crânes des défunts » (p. 90) et qui mettra au monde Hunhapu-et-Ixbalamqué, les JUMEAUX CIVILISATEURS fils de la salive-parole de l'Arbre de la Connaissance.

A partir de là, toute la partie historique du PopolVuh se déchiffre à livre ouvert. La « salive » desAhpu morts dont « naissent les Jumeaux Civilisa-teurs », il est difficile d'y voir autre chose que lestextes écrits retrouvés dans l'Arbre du Séjour Divinet dont les autodidactes parviendront, peu à peu, à dégager empiriquement une sorte de « Cohérenceincohérente ». Sans doute ces autodidactes furent-ils aidés par des serviteurs humains des Ahpu,Grecs venus avec eux et ayant échappé au mas-sacre. Il est difficile d'interpréter autrement uncertain nombre de passages du Popol Vuh.

On ne s'étonne plus, à partir de là, de voir lesMayas ignorer l'usage de la roue alors qu'ils con-naissent celui du zéro et des maths très supé-rieures: les Atlantes n'avaient aucune raison d'em-mener dans leurs bagages des livres expliquantles choses aussi évidentes que l'usage de la roue.

On ne s'étonne plus, à partir de là, de voirle Popol Vuh faire naître les Rois-Jumeaux (Ere

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des Gémeaux) de la Vierge (Ere des Poissons).Le Popol Vuh fourmille de points dont, à partir

de là, on n'a plus du tout à s'étonner.Par contre, faute de cette hypothèse de Cohé-

rence, les choses inexplicables abondent dans lesétudes précolombiennes. On n'explique, notam-ment, pas du tout que les Mayas aient pu connaî-tre la durée de l'année solaire avec une précisionplus grande que Jules César tout en ignorant laroue. Ou on accepte, pour expliquer cette incon-gruité, d'admettre que « les choses matérielles n'in-téressaient pas les Mayas », sans voir ce qu'a despécieux cette explication contredite par les routesdroites merveilleusement pavées, elles aussi inex-plicables si elles n'étaient pas destinées à permettrele transport des « choses matérielles » sur des traî-neaux, seuls véhicules que les non-mutés du 6e

« four » arrivés par les neiges du Détroit de Beh-ring aient su inventer sans « révélation ».

(La roue ne va pas tellement plus de soi que lebouton, et il faut pourtant attendre la Renaissancepour que les tissus dont l'art nous émerveillesoient retenus par des boutons et non plus pardes laçages.)

Avec notre hypothèse, les faits les plus étrangestrouvent une explication vraisemblable sinon cer-taine. On comprend, notamment, que les Prêtresdes Quiches aient fini par déchiffrer, dans la« salive » des Civilisateurs sottement égorgés, l'im-portance (symbolique ou réelle, je n'en sais rien)du Parallèle Zéro pour un Séjour Divin.

On comprend même que, cette découverte ma-jeure faite, les Quiches aient abandonné tous leursbiens aux Mayas parmi lesquels ils avaient jusque-

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là vécu et, quittant leur terre natale, soient partisà la recherche de ce Parallèle Zéro comme si, em-brouillant une fois de plus les Mythes, ils avaientcru devoir y trouver leur Terre Promise. (Cela faitirrésistiblement penser au conseil idiot: « Si vousn'avez pas fait Verdun, dépêchez-vous d'aller lefaire. »)

On comprend même que les Quiches se soienttrompés de direction et, marchant vers l'Est (àl'instar de Moïse) au lieu de prendre la directionde la côte Ouest, se soient engagés dans le cul-de-sac du Yucatan, presqu'île aboutissant à la merplus bas que le Parallèle Zéro.

Est-ce solliciter les faits de vouloir expliquer lamigration jusqu'ici inexpliquée rationnellementdes Quiches par leur recherche empirique d'unedes clés essentielles de la Cohérence sur le Paral-lèle Zéro de Giseh? Je ne pense pas: c'est dansle Yucatan, en effet, que ces autodidactes em-brouillés dans la chronologie ont élevé des pyra-mides.

Mais bien des mystères subsistent, pour nousqui sommes loin de disposer de toutes les clés.

Je ne peux que constater, sans pouvoir proposerl'ombre d'une explication, que les Quiches parti-rent vers ce qu'ils croyaient leur Terre Promiseau siècle — VI... le siècle Poissons-moins-le-quartpour la planète entière et qui, sur notre continent,vit naître Pythagore, Bouddha, Confucius, Esaïe, etc.

Tout cela est bien étrange.Du souvenir devenu légendaire des Théosites, il

est resté à tous les peuples de belles histoires,situées par les légendes dans l'Olympe et l'Atlan-tide, dans l'Eden, l'Alborj, etc. Absurdes en appa-

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rence, toutes ces légendes deviennent pourtantcohérentes dès qu'on y a remplacé le mot passe-partout dieux (et demi-dieux) par le cartésienThéosites et métis théosito-humains.

Il est resté aussi à tous les hommes un besoind'adorer un Etre Suprême, besoin que les spécia-listes nomment le MANA. Sur ce mana, chaquepeuple a greffé des fables et des rites particuliers,influencés apparemment par le terroir, obtenantainsi tous ces Cultes et Confessions dépourvus dereligio dont l'Histoire est encombrée.

Un Culte, c'est ce qui permet d'arriver à l'extase religieuse comme les ignares en électroniqueobtiennent l'émission de leur poste préféré enappuyant sur un bouton pré-réglé. C'est suffisantpour les dévots, mais un peu court pour les scep-tiques.

Les seuls Cultes à s'être enchaînés en une lignéecontinue, c'est ennuyeux pour les positivistes,étaient par surcroît reliés à la connaissance dupoint vernal. Comme s'ils avaient constitué lesseules Religions véritables — autrement dit lesaspects, variant avec la précession des équinoxes,d'une Cohérence aussi Unique qu'Adonaï.

Nous qui en sommes les héritiers, nous avonsencore devant nous la rude tâche de comprendrel'aspect que cette Cohérence devra prendre au Ver-seau.

En — 538, Isaïe avait reconnu en Cyrus le Per-san un « oint du Seigneur », ce qui tend à confir-mer l'hypothèse de liens d'amitié étroits entre leursinitiateurs respectifs, Elohim et Alborjiens. Leschronologies actuellement admises ne sont pas suf-fisamment précises pour établir si Cyrus était

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contemporain de Zarathoustra lui-même ou d'unde ses fils, que les Livres Saints du Mazdéismenomment les Sauveurs. Peu importe. Ni Zarathous-tra ni ses fils n'ont jamais prétendu inventerquoi que ce soit: « Je suis le porte-parole d'Or-muzd, dont j'ai entendu la voix », disait Zara-thoustra.

Résumons ces discours « tenus par la Voix d'Or-muzd » :

Les dieux ont créé le monde tel que nous leconnaissons en sept périodes. Vers lafin de la septième, le Créateur Suprêmeconfia à Ormuzd la tâche d'organiser « lemonde des hommes », pour une « duréetotale de 12 000 ans ».

Cette 7e période d'Ormuzd semble bien dési-gner la même Ere zodiacale que le 7e « jour » deMoïse. C'est vers la fin du Cancer qu'Adam seretrouva en effet à Jéricho I avec pour tâche demettre en route la domestication de la Terre parles Hommes et d'engendrer (vers — 6690) Abel-et-Caïn.

Ce serait donc vers — 7500 que Ormuzd se seraitvu confier sa mission? Et le Cataclysme danslequel sombrera notre Age d'Or nous serait ainsiannoncé par Ormuzd et Zarathoustra pour l'an4500 de notre calendrier? Oui et non. Zarathoustran'est pas toujours limpide, mais j 'ai cru compren-dre que par « fin du monde des hommes » ilentend sa condamnation à mort pour impéritie(comme était condamné, par le repos du 7e « jour »,l'Eden) et non l'exécution de la sentence. Mais une

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fois encore l'ordre de grandeur est respecté: leChaos sera déclenché quelques siècles avant la findu Capricorne, autrement dit entre 4110 et 6270de notre calendrier actuel.

Les 12 000 ans du « monde des hommes », Zara-thoustra ne les découpe pas en « ères zodiacales »,comme les astronomes des lignées portées sur lessciences exactes, mais en 4 « Ages », correspon-dant à des tranches philosophiques, dont il précisequ'elles seront toutes d'égale durée, soit 3000 anschacune.

Voyons comment cela s'inscrit dans les faits.

Le 1er Age est une période où l'autorité d'Ormuzd sera incontestée, dit Zarathous-tra parlant au nom de la Voix d'Ormuzd.

Bien sûr, Zarathoustra prophétisait après couppour cette période. Mais au moins nous confirme-t-il ce que nous avions déjà vu dans les autresLivres Sacrés, que jusqu'en — 4500 l'autorité desThéosites, qui s'entendaient bien entre eux, ne futjamais contestée par les humains.

Le 2e Age devait être une période où Ahri-man (les forces mauvaises) commenceraità s'insurger contre la volonté (divine) d'Or-muzd.

Même remarque pour la prophétie après coup,mais la confirmation de ce que nous pensions déjàavoir compris par ailleurs devient plus netteencore. C'est bien vers — 4500 qu'avait dû com-mencer entre les Théosites cette dispute qui aboutit

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à la Guerre des Dieux (date inconnue) puis auDéluge de — 3618.

Par ailleurs, débutant avec l'entrée dans le Tau-reau (— 4530), ce 2e Age fut, précise Zarathoustra,inauguré comme il se doit par « la création duTAUREAU Abouad » par Ormuzd. Et la fin de ce2e Age (vers — 1500) fut marquée par le faitque Ahriman, déguisé en serpent, tua ce Taureau— à l'époque même où Moïse traquait son Veau.

Le 3e Age se situe entre — 1500 et l'an 1500 denotre ère.

C'est la période préférée des Souffleurs commeNietzsche car, comme dans la Prophétie de saintMalachie, il est facile d'y trouver confirmation detout ce que l'on veut, en sollicitant doucement lesfaits. N'en parlons donc pas, sauf pour noterque Isaïe ne parlait pas à la légère en affirmantque Cyrus était un « oint du Seigneur ».

Le 4e Age, c'est celui que nous vivons.

Ce 4e Age, prédisait Zarathoustra, com-mencera par des victoires d'Ahriman,lequel sera pourtant écrasé par l'enseigne-ment d'Ormuzd.

Une précision: c'est sept siècles après le débutdu 4e Age que Ormuzd aura repris le dessus, sinous en croyons Zarathoustra.

Sept siècles après 1500, cela nous mène en 2200environ.

Et nous voici ramenés au Juge Redoutable.Tout cela se tient étrangement. La version

Grmuzd-Zarathoustra ne décrit pas le mêmeSéjour Divin que la Genèse de Moïse, ce qui est

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normal. Mais elle transmet les mêmes renseigne-ments, sous une forme suffisamment différentepour qu'on puisse y voir un recoupement et nonun simple démarquage, sur l'avenir de la Terredes Hommes. 7

O Tao, mon maîtreTu anéantis sans être cruel,Tu fais largesse sans être bon!

Tchouang Tseu.

Pour Noé se retrouvant sur une terre enfin« sèche », mais sur laquelle tout ce qui se mouvait a été détruit, la tâche la plus urgente était évidem-ment de reconstituer la faune — et de re-multi-plier les hommes.

La flore, qui ne se meut pas, n'avait apparem-ment pas trop souffert.

Un bélier soviétique a récemment fêté son20 000e agneau artificiellement inséminé. Noén'eut pas trop de difficultés pour repeupler la Terreen animaux.

Restait le problème plus délicat des humains,indispensables à la fois comme main-d'œuvrepour reconstruire les éléments de l'Initiation etcomme géniteurs des générations à qui cette Ini-tiation Révélée était destinée à servir dans les mil-lénaires à venir.

Ici, il y a une ambiguïté dans le texte biblique,une des rares qui ne soient pas voulues me sem-

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ble-t-il et dues uniquement à une recherche d'élé-gance dans le style.

Sem, Cham et Japhet, nous disent les traduc-tions habituelles du chapitre X de la Genèse, ont« peuplé les îles des nations », « selon la languede chacune ». Or, au début du chapitre SUIVANT, on nous précise qu'à cette époque « la terre avaitune seule langue ».

Si on admet l'interprétation usuelle, à savoir queSem, Cham et Japhet se sont dispersés au chapi-tre X pour engendrer (avec quelles femmes ???)des nations parlant chacune sa langue, on ramènel'étude de la Bible à des tafsîr qoraniques pourexpliquer la contradiction avec le chapitre XI, oùtous les humains parlent la même langue, AVANT d'être, justement, dispersés.

Les îles des nations, pour simplifier on peutleur donner le nom de berceaux: chaque époquea ses images passe-partout.

Toute l'affaire devient logique si nous accep-tons de lire que Noé commença par expédier sestrois fils dans toutes les directions pour, au con-traire, rameuter vers Giseh tout ce qu'ils pour-raient trouver comme humains ayant survécu auDéluge.

Le narrateur (Moïse) est très postérieur à l'évé-nement relaté. Il indique donc, en passant, queces humains, lorsqu'on les eût rassemblés auPoint Zéro, y parlaient la même langue, maisque, dispersés après l'affaire de Babel (fin duchap. XI), ils partirent de ce berceau communpour constituer les différentes « nations », aux lan-gues distinctes, telles qu'elles existaient à la nais-

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sance de Moïse, deux millénaires environ aprèsBabel.

Je suis désolé, mais il faut relire les deux cha-pitres en question, dans la Genèse, pour bien sui-vre le petit passage ci-dessus, destiné essentielle-ment à ceux qui connaissent la Bible par cœur.

Ceux que cette ambiguïté dans le texte bibliquene dérange pas peuvent en venir à la suite sansdavantage s'en préoccuper.

Noé vécut encore 350 ans après le Déluge (Gen. IX, 28).

L'âge auquel meurent les hommes célèbres dela Bible est souvent une indication chiffrée dontje ne possède pas la clé; je me suis donc soigneu-sement abstenu d'en tenir compte pour évaluer letemps.

Pour Noé, le cas est différent. Noé constitue lacharnière entre le gouvernement théosite et celuides hommes. Iahvé lui parle, tout au long du cha-pitre XI, comme à un être intermédiaire, suffisam-ment « divin » pour assurer un gouvernement detransition et suffisamment « humain » pour quelui soit impartie une mission de sacrifice pendantque les Théosites repartent dans le Cosmos.

Envisager l'hypothèse d'un Noé vivant effecti-vement 950 ans, comme un Théosite, parmi deshommes dont les jours ont été fixés à 120 ans,n'est donc pas choquant pour la raison. Ce quiserait choquant pour la raison, ce serait de l'affir-mer comme une certitude, malgré les divers recou-pements.

Si l'on admet la date de — 3618 pour le Déluge,Noé serait mort en — 3268. L'An Un du calen-drier Maya se situe en — 3373. C'est 245 ans donc

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après la date probable du Déluge de Noé que lesMayas fixent l'An Un de leur calendrier qui a, lui,date certaine.

L'ordre de grandeur est respecté et, compte tenudes incertitudes et imprécisions inévitables, toutcela se tient. Mais je n'ai jamais réussi à déter-miner à quel événement réel correspond l'an— 3761, l'An Un du calendrier hébraïque: chacunedes hypothèses exigerait une exégèse de plusieurscentaines de pages.

La sagesse semble donc de revenir aux faits cer-tains et aux réalités concrètes.

En IX, 9, Iahvé établit une « alliance » avec Noé.Je pense que cela consistait à lui confier toute ladocumentation scientifique de l'Eden sauvée dansl'Arche, en échange de l'engagement pris parNoé de ne faire dévoiler cela que progressivement,par les Prophètes, au long des millénaires sépa-rant encore les hommes de leur Age d'Or du Ver-seau.

Ce n'est pas une supposition gratuite.Il n'est pas absurde, en effet, compte tenu de

ce que les Elohim semblaient bien entendre par« être vêtu », de penser que Cham jeta un regardconcupiscent non sur les organes génitaux de sonpère (que l'on imagine mal pudique comme unepucelle), mais sur les documents scientifiques cor-respondant à la fabrication et au lancement d'unastronef que Noé, ayant trop bu, avait « laissésà découvert » (IX, 22).

Car c'est peu après la mort de Noé, dès le débutdu chapitre XI, que les hommes se mettent à édi-fier la tour de lancement d'un astronef préma-

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turé, dite Tour de Babel. (Bab-El, « Porte desDieux » en sémitique.)

Bien entendu, les Théosites ne tardèrent pas à se rendre compte de ce qui se passait sur Terre.« Dieu » aussitôt « descendit pour voir la tour » (XI, 6) que bâtissaient « les fils des hommes ».

Ces « fils des hommes » étaient des souffleurs; ils détenaient les renseignements matériels (et l'ap-pareillage de « l'autel d'Adonaï »), mais il leurmanquait cinq bons millénaires de lente matura-tion spirituelle pour que les Théosites acceptent deles voir naviguer dans le Cosmos.

Cela non plus n'est pas une supposition gratuite.Vers 1955, les spécialistes s'étaient réunis pour

déterminer sur quelle longueur d'onde il fallaitlancer des messages dans le Cosmos, si on voulaitavoir une chance d'être entendus des habitantsdes autres planètes, pour le cas où il s'en trouve-rait à portée de nos émetteurs terrestres. L'accordse fit vite sur une longueur fonction de certainsparamètres dont nos savants jugèrent qu'elle seraitautomatiquement la longueur que choisiraient desindividus suffisamment semblables à nous pourêtre animés des mêmes intentions de bavarder, side tels individus existent.

Mais on ne lança aucun message. D'un communaccord, les savants assemblés estimèrent plus pru-dent de ne pas proclamer à travers le Cosmos queleur science leur permettait de lancer un message:

a) si ce message était entendu par des êtresplus avancés que nous, on risquait deprovoquer contre la Terre une agression

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que nous ne serions pas assez savants pourcontenir;b) si ce message était entendu par desêtres moins avancés que nous, c'est euxqui, raisonnant comme nous en « a) »,ne nous répondraient pas.

Cela non plus n'est pas de la science-fiction.Pour en revenir à la Genèse, celle-ci nous

apprend que lorsqu'il eût constaté que « rien n'em-pêcherait les fils des hommes de faire ce qu'ilsont projeté » (XI, 6), « Dieu » parla aux hommes,sema la zizanie et le doute parmi eux, tant surl'opportunité de la chose sans doute que sur lestechniques mises en œuvre. Il « confondit leur lan-gage ».

Quand une équipe de savants lancée dans laréalisation d'un projet aussi difficile et délicat setrouve en désaccord, le résultat est facile à prévoir:leur Tour s'effondre, entraînant dans sa chute ladestruction de tout l'appareillage des « autelsd'Adonaï ». Quand l'Eternel repartit dans le Cos-mos, il ne restait aux hommes que les documents,plans et schémas, mais plus trace de matériel nid'infrastructure industrielle pour le remplacer.

Sans chercher de précisions abusives, on peutsituer vers— 3000 l'affaire de la Tour et la « dis-persion des hommes » sur laquelle s'achèvent à la fois le chapitre XI et la Première partie de laGenèse.

Au chapitre XII commence la deuxième partie,consacrée aux Ancêtres du Peuple d'Israël (les« forts devant Dieu », capables de recevoir l'Ini-tiation) depuis Sem jusqu'à Joseph, en passant

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par Abram devenu Abraham, géniteur de notrelignée.

Cela ne présente pas grand intérêt pour nous,sauf en ce qui concerne l'âge auquel meurent nosancêtres-charnière — et qui me semble, commepour Noé, représenter effectivement leur âge réel.Sem vit 600 ans, comme un presque Géant, mais438 ans sont un maximum pour ses descendantsqui perdent en longévité à chaque génération(puisqu'ils sont chaque fois fils d'une humaine)et peu à peu deviennent semblables au reste del'humanité.

En cet an — 3000 où les humains, indigènesdécolonisés de frais, se retrouvent avec sur lesbras toutes les responsabilités de la Terre surlaquelle ils sont dispersés, quelle est la situation?

Sur le continent sud-américain, entre les tropi-ques du Capricorne et du Cancer, les prêtres desMaya-Quichés sont engagés dans leur tentative dudésespoir: reconstituer en autodidactes la Cohé-rence.

Sur le continent nord-américain, pas de pro-blèmes. Les hommes du 6e « jour » continuent leslents progrès normaux pour une communautén'ayant bénéficié d'aucune « Révélation », n'ayantjamais été guidée par des Théosites, et coupée parsurcroît de tout contact avec des humains ayantprofité de la colonisation. Toute la vie spirituelledes tribus nord-américaines tenait dans leurs« légendes », faites des récits des lointains ancêtreschassés d'Asie Mineure au Néolithique, avec lesdéformations normales quand la tradition resteorale, l'écriture étant inconnue des Troglodytes etde leurs héritiers.

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Sur le continent américain dont les Théositess'étaient désintéressés dès ce 6e « jour » où ilsavaient vu des Troglodytes surgir du sol dansl'autre partie de la planète, les animaux eux-mêmes portent la marque de l'abandon: les singesd'Amérique, dont le pouce est à peine opposableaux quatre doigts, sont inférieurs à leurs congé-nères d'Afrique et d'Asie. Le cheval, si utile auxhommes, que les Théosites ne durent « créer » qu'après l'apparition de ceux à qui ils offraientainsi leur plus noble conquête, n'existait pas auxAmériques. Le coyote...

Mais nous ne sommes pas au Muséum.Sur notre continent, pendant que les maîtres de

la génétique théosite conditionnaient l'homme, lesétudiants préparaient leur doctorat de biologie enfaisant des travaux pratiques sur les animaux.C'est la seule explication logique que j'aie trouvéeà certains raffinements biologiques chez des ani-maux d'importance médiocre, et aussi à l'existenced'espèces qui ont survécu malgré des erreurs fla-grantes dans la conception de leur anatomie. L'ap-pendice de l'homme est une chose étrange: était-ce à l'origine l'amorce d'un viscère branché commel'est la rate et supprimé comme les ingénieurssuppriment sur un prototype un deuxième carbu-rateur dont la seule trace reste le bout de tuyausur lequel il était fixé aux essais?

La biologie est une science passionnante, maisil est très facile de proférer des balourdises abo-minables si on en parle sans y avoir consacré savie.

Sur notre continent aussi vivaient des Barbares,hommes du 6e « jour » ni mutés ni directement

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guidés, qui seraient restés semblables aux habi-tants du continent nord-américain sans les con-tacts qui leur permettaient de bénéficier indirecte-ment de l'Initiation.

(Les nègres descendent-ils bien de Cham, commele veulent la plupart des exégètes? Cela n'auraitrien d'incompatible avec notre Cohérence, puisqueleurs féticheurs savent encore bien des choses queCham a dû apprendre en « contemplant les docu-ments découverts par son père ivre ». De nos joursencore les Cultes fétichistes restent perméables auxsciences du Verseau, puisqu'un nègre peut passerson doctorat es sciences sans rien renier de laFoi des siens — en y retrouvant au contraired'étranges résonances — alors qu'il est impossi-ble à un Islamique de passer son bachot demaths élém. sans renier le Qoran.)

Mais c'est sur notre continent que vivaient lescinq lignées instruites par les Théosites.

Dès la fin du Déluge, les Chinois se mirentrésolument à part. Instruits trop tôt d'une sciencedépassant leur mûrissement psychique, ils sonttombés dans l'immobilisme. La survivance la pluscertaine de leur Initiation au thermodynamismeà la fois de la Matière et de l'Esprit est le Tao pour l'Esprit, et leur médecine pour la Matière. Cesont les « fils de Japhet-le-Jaune ».

Agissant sans médicaments, par acupuncture,sur les points Yin et Yang, la médecine chinoisepermet (peut-être) de retrouver les procédés de la« mutation intellectuelle » que les Théosites deChine tentèrent sur les mâles humains, cependantque les Elohim faisaient muter les femelles humai-nes.

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Avec le recul, la justesse de vues des Elohimest flagrante: les mâles de notre lignée, restés bes-tiaux mais soumis à Eve et mus par les aiguillonsde sa curiosité, ont créé une lignée plus ascendanteque les Mandarins chinois, à l'esprit délié, respec-tant leur femme mais non mus par elle.

Aux Indes, abandonnés à eux-mêmes, leshumains devinrent des Indiens, hommes du 6e

« jour » dépourvus d'initiative, intellectuellementsemblables à leurs congénères du continent amé-ricain et ne devant leur évolution plus rapide qu'àla présence de peuples voisins ayant bénéficiéd'une Révélation.

C'est parce que, guidé par les cartes de Piri Reis,Christophe Colomb savait cela qu'il baptisa« Indiens » les indigènes qui l'accueillaient. Il fautêtre naïf comme un michelet-jules pour croire à la fable d'un Colomb (1446-1506) partant à l'aven-ture, deux siècles après Marco Polo, dans l'espoirde « trouver les Indes » et s'imaginant les avoirtrouvées chez des sauvages emplumés dont lesGrands Chefs vivent dans des wigwams sans rap-port aucun avec les palais des maharadjahs. Ilest évident que les Jésuites de la Cour d'Espagnen'avaient aucune raison d'ébruiter l'histoire descartes de Piri Reis... Ils se sont contentés de forgerla fable des « Indiens », dans laquelle aucunadepte ne pouvait manquer de voir une « anoma-lie » destinée à l'éclairer.

En Iran, les Mages vont s'efforcer de maintenirde la Révélation alborjienne tout ce qu'on peutespérer en maintenir avec la documentation res-treinte dont ils disposent: quelques traditions, plusun certain nombre de données philosophiques et

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sociologiques dont ils se serviront pour affiner len-tement l'esprit des Iraniens. Cela s'effritera assezvite, le bruit court que le Grand Cyrus savait à peine lire et écrire, mais il en restera suffisam-ment aux Soufis pour maintenir une flamme sousle boisseau obscurantiste de l'Islam.

La Grèce, privée de l'Initiation par le départ desAtlantes, avait-elle retrouvé des éléments pourreconstituer la Révélation? C'est très probable,étudier à la lumière de nos hypothèses non seule-ment Homère mais aussi les Livres Sacrés del'Olympe et tous les grands auteurs doit permettred'ajouter des éléments à notre Cohérence. Mais leprincipal titre de gloire des Grecs reste qu'ils ontsu, à partir de Pythagore (sinon avant) réaliserune sorte de pool initiatique avec la lignée deNoé, celle des Blancs, tous « fils de Sem ».

Cette lignée, quand les fils de Noé eurentrameuté vers Giseh tout ce qu'ils avaient pu trou-ver comme humains, dut faire sa procession avecce qu'elle avait de monde. Noé ne pouvait passe montrer difficile.

Et il n'était pas question de refaire une opéra-tion côte, avec le matériel rudimentaire des « autelsd'Adonaï » qui n'étaient que des arbrisseaux...

Après la mort de Noé, l'organisation sociale étaitdu type dont Platon s'inspira pour son « organi-sation aristocratique », étape succédant au stadedes Grands Souverains vénérés. A Giseh, vers— 3000, il y avait la caste des Prêtres, ayant tousdu sang de Noé dans les veines, plus un bas peu-ple servant de main-d'œuvre indigène. C'est cebas peuple qu'on appelle les Egyptiens: guère plus

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que des bêtes de somme douées de parole, pour lesPrêtres.

Il n'y avait pas de temps à perdre. La destruc-tion de la Tour de Babel ayant entraîné la perte detout le matériel, il ne restait que des données abs-traites (maths sup., physique pure, astronomiethéorique faute de télescopes, etc.) Avant que cesconnaissances se soient perdues ou simplementaltérées, il fallait les inscrire dans du granit.

Les prêtres scientifiques (vivant encore bi outricentenaires) s'attelèrent donc aux plans de laPyramide (édifiée vers — 2850), pendant que lesprêtres philosophes et sociologues posaient lesbases spirituelles de la lignée qui saurait, le jourvenu, déchiffrer tout cela.

Vous devriez lire, dans Les Premières Civilisa-tions (PUF, éd.) dont je vous ai déjà parlé, cequ'était la vie des Egyptiens auxquels le droit depenser qu'ils avaient une « âme » dont les ani-maux sont dépourvus ne fut accordé que vers— 2000. Si vous aimez philosopher, vous pourrezmême vous demander si ce n'est pas là le pointde départ des étranges théories du « Mécanisme » de Descartes.

Une chose est certaine, chez ces Prêtres d'Egyptese trouvait déjà tout ce que la lignée pharaono-judéo-chrétienne appelle « la vocation d'Abra-ham », vocation que Eusèbe, théologien chrétien duIIP siècle, situe justement en — 2005.

Cette « vocation » est un condensé des principesthéosites, principes que nous irons porter dansquelques décennies vers d'autres planètes, où nouschercherons nous aussi des êtres à « former à notreimage ».

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Je ne sais toujours pas pourquoi négliger lepoint vernal est mortel pour les civilisations. Maisle fait est là: même connaissant le principe ther-modynamique appelé « sources chaudes et sour-ces froides » dans l'Atlantide de Platon, « Yin etYang » dans le Tao des Chinois, « solve et coa-gula » chez les alchimistes, les lignées qui ontnégligé le point vernal ont toutes sombré dans ceque Moïse appelait idolâtrie et que la physiquemoderne dénomme recherche d'un mouvement perpétuel:

a) du Mouvement Perpétuel de première Espèce, rêve d'obtenir du Travail sansdépense d'Energie et qui fait sombrer dansla crasse où on rêve d'un paradis obtenusans efforts;b) du Mouvement Perpétuel de deuxième Espèce, qui rêve d'entasser par la force lesRichesses et Puissances de toutes les sour-ces chaudes, en refusant toute sourcefroide pour les dissiper, aberration qui faitéclater comme autant de chaudrons lesempires du modèle « assyrien ».

Dans les communautés idolâtres, la femme n'estrien de plus que la femelle des communautés ani-males; elle fournit tout le travail et l'homme passesa vie à rêver et bavarder sans dépenser d'éner-gie. Tout ce que l'Islam a contaminé en est là, nevivant que de la charité et des royalties de l'Occi-dent et appelé à disparaître dans les dernièresconvulsions avant l'Age d'Or.

Dans les communautés de notre lignée tombées

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dans l'hérésie, les descendantes d'Eve ne sont plus« dominées par l'homme » et leur curiosité netrouve à aiguillonner que des mâles diminués parla perte du goût de dominer par l'esprit une femmeprotégée par les lois. Ces sous-mâles deviennentinéluctablement des marchands et entassent desrichesses. Tout le capitalisme du XIXe siècle est là,qui n'a pas fini d'éclater dans sa dernière cita-delle, les U$, où certaines sectes ont des « prêtres » femmes.

Dans notre lignée d'Occident, par contre, tout sepasse comme si des « Invisibles », en veilleusequand la Torche est sous le Boisseau mais tou-jours présents, n'avaient jamais cessé de maintenirl'effort des hommes dans la Cohérence du Ther-modynamisme et du TAO.

Monogames en esprit, disposant de la souriantesoupape de sûreté de ce qu'en italien on appellele péché de pantalon vite absous, mais axant leureffort incessant sur la cellule du foyer où règneune descendante d'Eve (unie pour le meilleur etle pire pour la vie), les judéo-chrétiens n'ontjamais failli à leur double obligation:

a) dépenser leur énergie pour acquérirRichesses et Puissance;b) sitôt acquises, les déposer aux pieds dela femme qui dispersera l'excédent dansun « paradis abstrait », où leurs enfants« vivront mieux qu'eux ».

De génération en génération, ce paradis abstraitest devenu plus exigeant, toute amélioration de

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la vie des parents supposant quelque chose demieux encore à construire pour les enfants.

C'est cela qui s'appelle une lignée. C'est ainsiqu'elle est arrivée sur le seuil de l'Age d'Or.

Cela dit, c'est sur une hypothèse qu'il m'est à moi-même difficile de ne pas tenir pour déliranteque je vais terminer ce volume.

Il nous reste encore bien des choses à appren-dre, sous le règne finissant de Fleur des Fleurs,puis sous celui de son successeur, le Pape de laLune, avant d'en arriver à savoir comment« Fonctionne le Soleil », ce qui doit arriver sousle règne du pape suivant, dont la devise est DeLabore Solis.

La Lune, Vénus, Mars et son satellite sans douteartificiel... ce sont là nos préoccupations les plusimmédiates.

Mais il ne saurait être question de minimiser lerôle que Saturne, encore très lointain pour nossavants, joua dans notre colonisation par lesThéosites: c'est le samedi, « jour de Saturne », queMoïse consacrait à « Dieu » ; c'est de Saturne aussique, selon la tradition chaldeenne, Xisuthrus reçutses ordres relatifs au Déluge. Et la Mythologiegrecque nous dit que c'est Saturne qui « dévorases enfants », à une époque correspondant au« suicide des Atlantes » et à la fin de l'Atlantidede Platon.

Faut-il pour autant négliger que, en scellantson alliance avec Noé, « Dieu » lui ait annoncé(Gen, IX, 14) qu'il lui laissait, en gage de cettealliance, son « arc dans le ciel » ? Il ne faut évidem-ment pas confondre cet arc avec l'Arche sous-marine de Noé.

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Il n'est pas interdit de penser qu'il s'agissaitd'un satellite tournant autour de la Terre, artifi-ciel comme l'une des « lunes » de Mars, et ayantservi d'escale rapprochée aux Théosites. (Ounaturel, mais aménagé.)

On peut même penser que cet « arc » est la mys-térieuse Lilith, corps céleste repéré par Riccioli(contemporain de Descartes) le 21.9.1618, signaléà Montpellier par Cassini le 7.11.1700, observé enHongrie le 23.11.1719 et aperçu au télescope parAlisher à deux reprises: le 21.3.1720 et le 15.3.1721.Retrouvée par le Dr Waldemath en 1898 (à l'ob-servatoire de Hambourg), Lilith est, d'après ceséminents astronomes, un corps céleste ayant unerévolution synodique de 177 jours et une courseinvariable, étudiée sur 188 révolutions. Le Talmudappelle « flèches de Lilith » certains petits aéro-lithes noirs analogues aux pierres de la Qaabaque les qoraniques vénèrent à La Mecque.

Lilith devrait pouvoir encore servir à nos cos-monautes, si elle est bien ce qu'on peut penser, à condition que ce ne soit pas elle qui, en juin 1908,se soit abattue sur la Sibérie.

Si Lilith est bien l'arc dans le ciel, bien deschoses s'expliquent: à Noé qui s'engage à ne paschercher à quitter la Terre, « Dieu » a laissé unsatellite-escale, à deux fins:

a) il servira, quand l'humanité aura atteintle stade cosmonautique, à attester que laRévélation théosique n'est pas une vue del'esprit;b) au stade suivant, les hommes ayant

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appris à se poser sur un satellite, Lilithleur servira d'escale.

Si nous prenons Die Religion des Buddha deKôppen (le grand ami de Karl Marx), nous y trou-vons une précision chiffrée: Lilith, but ou « som-met » de la Tour de Babel (« Montagne du Mérou »)se trouve à 84 000 yodchana au-dessus de la Terre.Malheureusement, la valeur exacte du yodchana s'est perdue, au long des millénaires.

Lilith a-t-elle été utilisée par les Prophètescomme « foudre divine », appoint indispensabledans les situations tragiques à un peuple maté-riellement affaibli par son attachement à des prin-cipes spirituels? En discuter serait retomber dansl'hypothèse sans preuves.

Mais si Lilith est un Arc d'Alliance destiné a être reconnu comme tel au début du Verseau, ilétait logique que, sur Terre, Noé décide d'installerune sorte de « sous-arc », un pense-bête destiné à authentifier la Révélation pendant les millénairesoù les hommes devraient rester rivés à leur sol.

Dans cette hypothèse, l'emplacement de Giseh,Point Zéro de la Terre, était le seul endroit oùNoé pouvait logiquement édifier ses « autels à Adonaï », sur les ruines desquels ses descendantsconstruisaient la mystérieuse Pyramide « deChéops ».

Et, comme le serpent qui referme le cercle en semordant la queue, nous voici ramenés au pointde départ des Cahiers de Cours de Moïse.

J'espère ne pas avoir décrit un cercle euclidien,mais une spire hélicoïdale qui permet de monterun palier.

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TABLE DES MATIERES

Réédition à l'âge de raison 5

Préface 19

PREMIER CAHIER

1. Dans un domaine où sévit la folie douce,essayons de raison garder. — Les étranges« erreurs » de Képler. — Les « anomalies » et le raisonnement scientifique ..................... 21

2. Constellations et Signes du Zodiaque, pré-cession des équinoxes, point vernal à laportée de l'honnête homme dont l'idéaln'est pas de tout savoir, mais d'éliminerles idées fausses. Les prêtres de Pharaonsavaient trop de choses 25

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3. La Métaphysique Expérimentale, opposéeaux crédules de l'Esotérisme, à ceux dupositivisme et à ceux des autres Ismes............ 37

4. Qu'est-ce qu'un pape? — Qu'est-ce que la« Prophétie de saint Malachie »? — Qu'est-ce que l'Occident, dont la religio sedépeupla de 1915 à 1922 et dont le Besoin-de-Croire s'affirma ensuite de 1922 à 1939,année où fut élu Pie XII? 50

5. Pie XII deux-fois-élu, scientifique qui a des « visions », habile politique qui pro-clame des « dogmes ». — Traduit du lan-gage intégriste, tout cela trouve uneexplication scientifiquement cohérente........... 66

6. Fin prochaine de « la Religio des Pois-sons ». — L'hitlérisme d'il y a 260 siècles..... 88

7. Faisons le point et distinguons les mytho-MANES crédules des mythoLOGUES sa-vants 93

8. A travers les « anomalies » du comporte-ment de mythologues apparemment rai-sonnables, remontons à la source possiblede la « Révélation initiale », en nous éton-nant au passage de la qualité des gens quise cramponnent à des idées fausses ettronquent les citations 97

9. Les Nombres de la Pyramide de Gisehrestent étranges, même élagués de tout ce

qui n'est pas rigoureusement certain: on a le choix, pour expliquer cela, entre l'hy-pothèse cartésienne d'une Initiation etcelle, choquante pour la raison, de Mira-cles. Le rôle de Moïse devant l'obscuran-tisme dans lequel sombraient les prêtres,jadis initiés, d'Amon 107

10. Quelques raisons de la primauté de lalignée d'Occident sur les autres, co-héri-tières pourtant de la même Initiation........... 123

11. Le Peuple Elu sciemment entouré de hai-nes par Moïse. — Lien étrange entre lepoint vernal et les religions ne tombantpas en déshérence. — Le curieux siècle — IV, celui de Bouddha, de Confucius, deZarathoustra, des Prophètes Quichés, etdes prophètes d'Israël chez qui Pythagorevient se documenter. — Mise au net de laKabale 129

12. Le Christ. — Agonie d'une Ere, deuxsiècles avant la naissance de la suivante...... 145

DEUXIÈME CAHIER

1. Principe du Chaudron. — Principes usuelsde l'hermétisme alchimiste. — Principe deCarnot. — La vapeur de Salomon de Caus(1615). — Thermodynamisme du TAO etdes Evangiles. — Descartes. — Les astro-logues maudits par Nostradamus. — Les

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étranges amis, théologiens et occultistes,de Karl Marx 153

2. Tout cercle a un commencement et unefin. — Les conclusions qui en étaient ti-rées dans « la nuit des temps ». — Lesconclusions que peut en tirer la sciencecontemporaine 176

3. Sens théologique et scientifique purs duShéma Adomaï. — Les 7 « jours » de la« création », par DES dieux (Elohim) quise fatiguent et n'ont aucun rapport avecAdonaï, Esprit sans Matière. — La Genèse,digest clair de la Kabale dès qu'on la litsans œillères. — Confirmation de la Ge-nèse par le Critias. — Une Atlantide cohé-rente. — Un Maha Bharata limpide. — Concordance logique entre Genèse, MahaBharata, Zend-Avesta, Cinq Livres chinois,légendes des Sao et Popol Vuh maya........... 186

4. Homme de Néanderthal et Civilisation d'ily a 10 000 ans n'ont rien de contradictoire.— Les Troglodytes survivant au Chaos. — Logique des étapes de la « Création ». — L'opération côte en Eden 222

5. Les demi-dieux de notre lignée et ceux deslignées nos cousines. — Abel-et-Caïn,contemporains des Rois-Jumeaux del'Atlantide selon Platon. — Création du« Monde Humain » au millénaire — VI.— La Guerre des Dieux aboutit au Déluge. 241

6. Noé. — Gynécologie de l'Arbre-de-vie. — Noé se pose sur l'Ararat, les Atlantes-Pléiades aux Amériques. — Coup d'ceilsur le Popol Vuh, limpide dès que l'on ena la clé. Ormuzd expliqué par un Zara-thoustra qui n'égare que les mythomanes 261

7. Les trois fils de Noé. — L'alliance avecIahvé. — Rupture de l'alliance par les.constructeurs de la Tour de Babel. — Gent-lemen's agreement aboutissant à la cons-truction de la Pyramide, point de départdu présent ouvrage 281

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L'AVENTURE MYSTERIEUSEdu cosmos et des

civilisations disparues

BARBARIN GeorgesA. 216* Le secret de la Grande Pyramide

Cette construction colossale qui défiait les techniques de l'épo-que représente la science d'une grande civilisation pré-bibliqueet porte en elle la marque d'un savoir surhumain qui sut prédireles dates les plus importantes de notre Histoire.

BARBARIN GeorgesA. 229* L'énigme du Grand Sphinx

L'obélisque de Louksor, depuis qu'i l a été transporté à Paris,exerce une influence occulte sur la vie politique de notre pays.De même le Grand Sphinx joue un rôle secret dans l'histoiredes civilisations.

BERNSTEIN MoreyA. 212** A la recherche de Bridey Murphy

Sous hypnose, une jeune femme se souvient de sa vie anté-rieure en Irlande et aussi du «temps» qui sépara son décès desa renaissance. Voici une fantastique incursion dans le mystèrede la mort et de l'au-delà.

CHARROUX RobertA. 190** Trésors du monde

Trésors des Templiers et des Incas. Trésors du culte enfouislors des persécutions dans maints couvents et abbayes. Trésorsdes pirates, des boucaniers, des corsaires, enterrés dans lesîles des Antilles. Robert Charroux raconte leur histoire et enlocalise 250 encore à découvrir.

CHEVALLEY AbelA. 200* La bête du Gévaudan

Les centaines d'adolescents dont les cadavres, durant desannées, jonchèrent les hauteurs de la Margeride, furent-ils lesvictimes d'une bête infernale, de quelque sinistre Jack l'Even-treur ou d'une atroce conjuration?

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CHURCHWARD JamesA. 223** Mu, le continent perdu

Mu, l'Atlantide du Pacifique, était un vaste continent qui s'abîmadans les eaux avant les temps historiques. Le colonel Church-ward prouve par des documents archéologiques irréfutables qu'ils'agissait là du berceau de l'humanité.

CHURCHWARD JamesA. 241** L'univers secret de Mu

La vie humaine est apparue et s'est développée sur le continentde Mu. Les colonies de la mère-patrie de l'homme furent ainsià l'origine de toutes les civilisations, égyptienne, chinoise oumaya.

HUTIN SergeA. 238* Hommes et civilisations fantastiques

Nous voici entraînés dans un voyage fantastique parmi des lieuxou des êtres de légende: l'Atlantide, l'Eldorado, la Lémurle, lacité secrète de Zimbabwe ou la race guerrière des Amazones.Chaque escale offre son lot de merveilles et de révélations stu-péfiantes.

LARGUIER LéoA. 220* Le faiseur d'or, Nicolas Flamel

Nicolas Flamel nous introduit dans le monde fascinant de l'al-chimie où le métal vil se transmute en or et où la vie se pro-longe grâce à la Pierre philosophale.

MILLARO JosephA. 232** L'homme du mystère, Edgar Cayce

Edgar Cayce, simple photographe, devient, sous hypnose, ungrand médecin au diagnostic infaillible. Bientôt, dans cet étatsecond, il apprend à discerner la vie antérieure des gens qu'ilexamine et découvre peu à peu les derniers secrets de la véri-table nature humaine.

MOURA J. et LOUVET P.A. 204** St Germain, le Rose-Croix immortel

Le comte de Saint-Germain traversa tout le XVIIIe siècle sansparaître vieillir. Il affirmait avoir déjeuné en compagnie de JulesCésar et avoir bien connu le Christ. Un charlatan? Ou le déten-teur des très anciens secrets des seuls initiés de la Rose-Croix?

OSSENDOWSKI FerdinandA. 202** Bêtes, hommes et dieux

Fuyant la révolution russe, l'auteur nous rapporte sa traversée dela Mongolie, où un hasard le mit en présence d'un des plusimportants mystères de l'histoire humaine: l'énigme du Roi duMonde: « l'homme à qui appartient le monde entier, qui a péné-tré tous les mystères de la nature ».

RAMPA T. LobsangA. 11** Le troisième œil

Voici l'histoire de l'initiation d'un jeune garçon dans une lama-

série tibétaine. En particulier, L. Rampa raconte l'extraordinaireépreuve qu'il subit pour permettre à son « troisième œil » des'ouvrir, l'oeil qui lit à l'Intérieur des êtres.

RAMPA T. LobsangA. 210** Histoire de Rampa

L'auteur du « Troisième œil » entraîne le lecteur plus loin dansson univers ésotérique et lui dévoile d'importants mystères oc-cultes: c'est un voyage dans l'au-delà qu'il lui fait faire, uneévasion totale hors des frontières du quotidien.

RAMPA T. LobsangA. 226** La caverne des Anciens

C'est dans cette caverne, lieu de l'initiation du jeune L. Rampa,que sont conservées les plus importantes connaissances descivilisations préhistoriques aujourd'hui oubliées et que l'auteurnous révèle enfin.

SAURAT DenisA. 187* L'Atlantide et le règne des géants

Le cataclysme qui engloutit l'Atlantide porta un coup fatal à lacivilisation des géants dont les traces impérissables subsistentdans la Bible, chez Platon, et dans les monumentales statues desAndes et de l'île de Pâques, antérieures au Déluge.

SAURAT DenisA. 206* La religion des géants et ta civilisation des

insectesAvant le Déluge, avant l'Atlantide, avant les géants du tertiaire,les premières civilisations d'insectes, à travers d'étranges filia-tions, ont modelé les civilisations humaines, même les plusmodernes.

SEDE Gérard deA. 185** Les Templiers sont parmi nous

C'est une tradition ésotérique vieille de 40 siècles qui a donnéà l'Ordre des Templiers sa prodigieuse puissance. Leur richessefabuleuse et leur connaissance des secrets des cathédrales pro-voquèrent la convoitise des rois... et ce fut la fin de l'Ordre duTemple.

SEDE Gérard deA. 196* Le trésor maudit de Rennes-le-Château

Quel fut le secret de Béranger Saunière, curé du petit village deRennes-le-Château, qui, entre 1891 et 1917, dépensa plus de unmilliard et demi de francs? Mais surtout comment expliquer quetous ceux qui frôlent la vérité — aujourd'hui comme hier — lefassent au péril de leur vie?

SENDY JeanA. 208* La lune, clé de la Bible

L'Ancien Testament n'est pas un récit légendaire mais un texte historique décrivant la colonisation de la Terre par ses cosmo-nautes venus d'une autre planète (les Anges). Des traces de leur

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passage nous attendent sur la Lune qui sera alors la « clé de laBible ».

TARADE GuyA. 214** Soucoupes volantes et civilisations d'outre-espace

Des descriptions très précises de soucoupes volantes ont étéfaites au XIXe siècle, au Moyen Age et dans l'Antiquité. La Bibleen fait expressément mention. Une seule conclusion possible: les« soucoupes » sont les astronefs d'une civilisation d'outre-espace qui surveille la Terre depuis l'aube des temps.

VILLENEUVE RolandA. 198** Poisons et empoisonneurs célèbres

On voit défiler dans cette fresque de l'histoire du poison nonseulement les maîtres, Locuste, les Borgia, la marquise de Brin-villiers, mais également leurs comparses des deux sexes, en unjeu trépidant et mortel où passion, jalousie et intérêt se frôlentparmi les intrigues amoureuses et les conspirations politiques.

VILLENEUVE RolandA. 235* Loups-garous et vampires

L'auteur traque ces êtres monstrueux depuis l'antiquité jusqu'ànos jours et Illustre d'exemples stupéfiants leurs étranges mani-festations, leurs moeurs, et leurs amours interdites. Mieux, il lesdébusque jusqu'au fond des repaires secrets qui les abritentencore.

ROMANS-TEXTE INTEGRAL

ARNOTHY Christine343** Le jardin noir368* Jouer à l'été (déc. 1970)

BARCLAY Florence L.287** Le Rosaire

BATAILLE Michel302** La ville des fous

BEAUMONT Germaine33* Le déclin du jour

173** L'impure229** La corruptrice246** La demoiselle d'Opéra265** Les filles de joie295** La dame du cirque303** Cette étrange tendresse322** La cathédrale de haine331** L'officier sans nom347** Les sept femmes381** La maudite (oct. 1970)

CARTON Pauline221* Les théâtres de Carton

BIBESCO Princesse77* Katia

BODIN Paul332* Une jeune femme

BORDEAUX Henry20* La robe de laine

BORDONOVE Georges313** Chien de feu

BORY Jean-Louis81** Mon village à l'heure alle-

mande

BUCK Pearl29** Fils de dragon

127** Promesse

CARRIÈRE Anne-Marie

CASTILLO Michel del105* Tanguy

CASTLE J. et HAILEY A.305* 714 appelle Vancouver

CASTRIES René de310* Les ténèbres extérieures

CESBRON Gilbert6** Chiens perdus sans collier

38* La tradition Fontquernie65** Vous verrez le ciel ouvert

131** Il est plus tard que tu nepenses

365* Ce siècle appelle au secours(nov. 1970)

CLARKE Arthur C.349** 2001 - l'Odyssée de l'espace

291 Dictionnaire des hommes

CARS Guy des47** La brute97** Le château de la juive

125** La tricheuse

CLAVEL Bernard290*300*309**324*333"

Le tonnerre de DieuLe voyage du pèreL'EspagnolMalataverneL'hercule sur la place

Page 157: les_cahiers_de_cours_de_moise_(jean_sendy_1963)

CLIFFORD Francis359** Chantage au meurtreCOLETTE

2* Le blé en herbe68* La fin de Chéri

106* L'entrave153* La naissance du jourCOURTELINE Georges

3* Le train de 8 h 4759* Messieurs les Ronds de cuir

142* Les gaïtés de l'escadronCRESSANGES Jeanne363* La feuille de bétel (oct. 1970)CURTiS Jean-Louis312** La parade320** Cygne sauvage321** Un jeune couple348* L'échelle de soie366*** Les justes causes (nov. 1970)DAUDET Alphonse34* Tartarin de Tarascon

DEKOBRA Maurice286* Fusillé à l'aube292* Minuit place Pigalle307** Le sphinx a parlé315** Sérénade au bourreau330** Mon cœur au ralenti338** Flammes de velours

DHOTEL André61* Le pays où l'on n'arrive

jamais

DUCHÉ Jean75* Elle et lui

DUTOURD Jean318** Le déjeuner du lundiESCARPiT Robert293* Le littératronFAST Howard101** SpartacusFAURE Lucie341** L'autre personneFLAUBERT Gustave103** Madame BovaryFRANCE Claire169* Les enfants qui s'aiment

FRONDAIE Pierre297** L'homme à l'Hispano314* Béatrice devant le désirGENEVOIX Maurice76* La dernière harde

GILBRETH F. et E.45* Treize à la douzaine

GREENE Graham4* Un Américain bien tranquille

55** L'agent secret135* Notre agent à La Havane

GUARESCHI Giovanni1** Le petit monde de don

Camillo52* Don Camillo et ses ouailles

130* Don Camillo et Peppone

GUTH Paul236* Jeanne la mince258* Jeanne la mince à Paris329** Jeanne la mince et l'amour339** Jeanne la mince et la jalou-

sieHOUDYER Paulette358** L'affaire des sœurs PapinHURST Fanny261** Back StreetKIRST H. H.31** 08/15. La révolte du caporal

Asch121** 08/15. Les étranges aventures

de guerre de l'adjudant Asch139** 08/15. Le lieutenant Asch

dans la débâcle188*** La fabrique des officiers224** La nuit des généraux304*** Kameraden357*** Terminus cam 7

KOSINSKI Jerzy270** L'oiseau barioléLENORMAND H.-R.257* Une fille est une filleLEVIN Ira342** Un bébé pour RosemaryLEVIS MIREPOIX Duc de43* Montségur, les cathares

L'HOTE Jean53* La communale

260* Confessions d'un enfant dechoeur

LOWERY Bruce165* La cicatriceMALLET-JORIS Françoise87** Les mensonges

301** La chambre rouge311** L'Empire céleste317** Les personnages370** Lettre à moi-même (déc. 1970)MALPASS Eric340** Le matin est serviMARKANDAYA Kamala117* Le riz et la moussonMARTIN VIGIL J.-L.327** Tierra BravaMASSON René44* Les jeux dangereux

MAURIAC François35* L'agneau93* Galigaï

129* PréséancesMAUROIS André71** Terre promise

192* Les roses de septembreMERREL Concordla336** Le collier briséMONNIER Thyde

Les Desmichels:206* Grand-Cap. T. I 210** Le pain des pauvres. T. ll218** Nans le berger. T. III222** La demoiselle. T. IV231** Travaux. T. V 237** Le figuier stérile. T. VIMORAVIA Alberto115** La Ciociara175** Les indifférents298*** La belle Romaine319** Le conformiste334* AgostinoMORRIS Edita141* Les fleurs d'HiroshimaMORTON Anthony352* Larmes pour le Baron

356* Le Baron cambriole360* L'ombre du Baron364* Le Baron voyage (oct. 1970)367* Le Baron passe la Manche

(nov. 1970)371* Le Baron est prévenu (déc.

1970)

NATHANSON E. M.308*** Douze salopardsNÊMIROVSKY Irène328* Jézabel

PEREC Georges259* Les chosesPÉROCHON Ernest69* Nêne

PEYREFITTE Roger17** Les amitiés particulières86* Mademoiselle de Murviile

107** Les ambassades325*** Les juifs335*** Les Américains

RENARD Jules11* Poil de Carotte

164* Histoires naturelles

ROBLES Emmanuel9* Cela s'appelle l'aurore

ROMAINS JulesLes hommes de bonnevolonté (14 volumes triples)

ROSSI Jean-Baptiste354** Les mal partis

ROY Juies100* La vallée heureuseSAINT PHALLE Thérèse de353* La chandelle

SALISACHS Mercedes296** Moyenne corniche

SALMINEN Sally263** KatrinaSHUTE Nevll316** Décollage interdit

Page 158: les_cahiers_de_cours_de_moise_(jean_sendy_1963)

SIMON Pierre-Henri83* Les raisins verts

SMITH Wilbur A.326** Le dernier train du Katanga

STURGEON Theodore355** Les plus qu'humains369** Cristal qui songe (déc. 1970)

TROYAT Henri10* La neige en deuil

La lumière des justes:272** Les compagnons du coque-

licot. T. I 274** La Barynia. T. Il276** La gloire des vaincus. T. III278** Les dames de Sibérie. T. IV280** Sophie ou la fin des com-

bats. T. V 323* Le geste d'Eve

Les Eygletlère:344** Les Eygletlère T. I

345** La faim des lionceaux T. Il346** La malandre T. I'1

URIS Léon143*** ExodusVAN VOGT A. E.362** Le monde des A (oct. 1970)

VERY Pierre54* Goupl-Mains Rouges

VIALAR Paul57** L'éperon d'argent

299** Le bon Dieu sans confession337** L'homme de chasse350** Cinq hommes de ce monde.

T. I 351** Cinq hommes de ce monde.

T. Il

WALLACE Lew79** Ben-Hur

WEBB Mary63** La renarde

J'AI LU LEUR AVENTURE

ALLSOP KennethA. 50"** Chicago au temps des

incorruptibles du F. B. I.

AMOUROUX HenriA. 102** La vie des Français sous

l'occupation. T. I A. 104** La vie des Français sous

l'occupation. T. IlA. 174*** Le 18 juin 1940

EALL AdrlanA. 128** Le dernier Jour du vieux

monde: 3 septembre 1939

BEKKER CajusA. 201*** Altitude 4000

BENOUVILLE Guillain deA. 162*** Le sacrifice du matin

BERBEN P. et ISELIN B.A. 209*** Les panzers passent la

Meuse

BERGIER JacquesA. 101* Agents secrets contre armes

secrètes

BOLDT GerhardA. 26* La fin de Hitler

BORCHERS MajorA. 189** Abwehr contre Résistance

BUSCH Fritz OttoA. 90* Le drame du Scharnhorst

BUTLER et YOUNGA. 98** Goering tel qu'il fut

CARELL PaulA. 9** Ils arrivent!A. 27*** Afrika Korps

Opération Barbarossa:A. 182** L'invasion de la Russie

T. I A. 183** De Moscou à Stalingrad

T. IlOpération Terre brûlée:

A. 224** Après Stalingrad T. I A. 227** La bataille de Koursk T. IlA. 230** Les Russes déferlent T. III

CARTAULT D'OLIVE F.A. 178** De stalags en évasions

CARTIER RaymondA. 207** Hitler et ses généraux

CASTLE JohnA. 38** Mot de passe « Courage »

CHAPMAN EddieA. 243** Ma fantastique histoire

CLÉMENT R. et AUDRY C.A. 160* La bataille du rail

BRICKHILL PaulA. 16* Les briseurs de barragesA. 68** Bader, vainqueur du ciel

BUCHHEIT GertA. 156** Hitler, chef de guerre. T. I A. 158** Hitler, chef de guerre. T. Il

CLOSTERMANN PierreA. 6* Feux du cielA. 42** Le grand cirque

CONTE A.A. 108** Yalta ou le partage du

monde

Page 159: les_cahiers_de_cours_de_moise_(jean_sendy_1963)

CRAWFORD JohnA. 199* Objectif El Alamein

DELMER SeftonA. 96** Opération radio-noire

DIVINE DavidA. 197** Les 9 jours de DunkerqueDORNBERGER W.A. 122** L'arme secrète de Peene-

mùnde

DRONNE RaymondA. 239** Leclero et le serment de

Koufra

DUGAN et STEWARTA. 84** Raz de marée sur les

pétroles de Pioesti

FEDOROV A.A. 125* Partisans d'Ukraine. T. 1 A. 126** Partisans d'Ukraine. T. Il

FORESTER C. S.A. 25* « Coulez le Bismarck » FORRESTER LarryA. 166* Tuck l'immortel, héros de

la R.A.F.

GALLAND GénéralA. 3** Jusqu'au bout sur nos

Messerschmitt

GOLIAKOV et PONIZOVSKYA. 233* Le vrai SorgeGUIERRE Cdt MauriceA. 165* Marine-DunkerqueHANSSON PerA. 211* Traître par devoir, seul

parmi les SS

BAVAS LasloA. 213** Assassinat au sommetHERLIN HansA. 248** Ernst Udet, pilote du

diable (nov. 1970)

KEATS JohnA. 181** Les soldats oubliés de

Mlndanao

KENNEDY SHAW W. B.A. 74** Patrouilles du désertKNOKE HeinzA. 81* La grande chasse (en ré-

impression)

LECKIE RobertA. 184*** Les Marines dans la guerre

du Pacifique

LEVY C. et TILLARD P.A. 195** La grande rafle du Vel

d'Hiv

LORD WalterA. 40** Pearl HarbourA. 45* La nuit du Titanic

MACDONNEL J.-E.A. 61* Les éperviers de la mer

McGOVERN JamesA. 176** La chasse aux armes se-

crètes allemandes

McKEE AlexanderA. 180** Bataille de la Manche, ba-

taille d'Angleterre

MARS AlastairA. 32** Mon sous-marin l'Unbroken

METZLER JostA. 218* Sous-marin corsaireMILLER SergeA. 154** Le laminoir

MILLINGTON-DRAKE Sir EugenA. 236** La fin du Graf Spee

MONTAGU EwenA. 34* L'homme qui n'existait pas

MUSARD FrançoisA. 193* Les GlièresNOBECOURT JacquesA. 82** Le dernier coup de dé de

Hitler

NOGUERES HenriA. 191*** Munich ou la drôle de palx

NORD PierreMes camarades sont morts:

A. 112** Le renseignement. T. I A. 114** Le contre-espionnage. T. Il

PEILLARD LéonceA. 130** « Attaquez le Tirpitz » PEIS GunterA. 110* Naujocks, l'homme qui dé-

clencha la guerre

PHILLIPS LucasA. 175** Opération « Coque de noix » PINTO Colonel OresteA. 35* Chasseurs d'espionsPONCHARDIER DominiqueA. 205*** Les pavés de l'enferRAWICZ SlavomirA. 13** A marche forcéeROBICHON JacquesA. 53*** Le débarquement de Pro-

venceA. 116** Jour J en Afrique

RUDEL H. U.A. 21** Pilote de StukasSCHAEFFER Cdt HeinzA. 15* U. 977. L'odyssée d'un

sous-marin allemand

SCOTT Robert-L.A. 56** Dieu est mon co-pilote

SILVESTER ClausA. 172** Journal d'un soldat de

l'Afrika-Korps

SPEIDEL Gén. HansA. 71* Invasion 44

THORWALD JürgenA. 167*** La débâcle allemands

TOLEDANO MarcA. 215** Le franciscain de Bourges

TOMPKINS PeterA. 88** Un espion dans Rome

TROUILLE PierreA. 186** Journal d'un préfet pen-

dant l'occupation

TULLY AndrewA. 221** La Bataille de Berlin

VON CHOLTITZ GénéralA. 203** De Sébastopol à Paris

YOUNG GordonA. 60* L'espionne n° 1. La chatte

Page 160: les_cahiers_de_cours_de_moise_(jean_sendy_1963)

L'AVENTUREAUJOURD'HUI

BAR-ZOHAR MichelA. 222** Les vengeurs

BEN DANA. 228** L'espion qui venait d'Is-

raëlA. 231* Mirage contre Mig

CUAU YvesA. 217** Israël attaque

DAYAN YaëlA. 237* Lieutenant au Sinaï

DELPEY RogerA. 219** Soldats de la boue (1). (La

bataille de Cochinchine)A. 225** Soldats de la boue (2). (La

bataille du Tonkin)FALL BernardA. 88** Guerres d'Indochine, Fran-

ce 1946/54, Amérique 1957/...

GIGON FernandA. 246** Et Mao prit le pouvoir

(oct. 1970)

HONORIN MichelA. 234* La fin des mercenaires

JELEN Chr. et OUDIETTE 0.A. 244** La guerre industrielle

MAURIES RenéA. 240* Le Kurdistan ou la mort

MEUNIER J. et SAVARIN A.-M.A. 251* Massacre en Amazonie

(déc. 1970)

PEARLMAN MosheA. 249** La longue chasse (nov.

1970)

J 'A I LU - M I N E R V A

LES A M O U R SCELEBRES (Images de

GORDEAUX PaulB 1* Lady Hamilton

E. Lage)B 3* Cléopâtre

(Images de J. Pecnard)B 5* Koenigsmark (Images de

E. de la Goroe et L. Moles)B 7* Juliette et Roméo

(Images de Reschofsky,J. Grange et J.-A. Carlotti)

B 9* La vraie Dame aux Camélias(Images de J. Pecnard)

B 11* Néron(Images de Ch. Popineau)

(octobre 1970)B 13* Ninon de Lenclos (Images de

J. Grange) (nov. 1970)B 15* Henry Vlll et les femmes

(Images de L. Molès)(décembre 1970)

L E C R I M EN E P A I E P A S

GORDEAUX PaulB 2* La bande

B 4*

B 6*

B 8*

à Bonnot (Imagesde Chancel)Mata-Hari (Images deJ. Pecnard et Berings)Mme Ching, chef pirate(Images de L. Molès)

DusseldorfCarlotti et

Le vampire de(Images de J.-A.Chancel)

B 10* Le Masque de Fer (Imagesde J. Grange)

B 12* Casque d'OrJ. Pecnard)

(Images de(oct. 1970)

B 14* Le Dr Petiot (images deJ.-A. Carlotti)

(novembre 1970)B 16* Le rapt du bébé Lindbergh

(Images de Marshall)(décembre 1970)

Page 161: les_cahiers_de_cours_de_moise_(jean_sendy_1963)

A l'étudiant, à l'enseignant,à tout homme qui a fait sien le mot de Sartre:« Ce que nous comprenons nous appartient »

J'AI LU PROPOSE

L'ESSENTIELUne encyclopédie par les textes des œuvres

et des idées(Volume triple de 512 à 640 pages, cousu, broché)

TOMES PARUS

E/1 LETTRES D'AMOURPrésentation de J.-C. Carrière.Un genre littéraire important etmal connu. Du Xlle au XIXe siècle,l'amour a inspiré aux grands écri-vains quelques-unes de leurs plusbelles pages.

E/2 VICTOR HUGO,TÉMOIN DE SON SIËCLEPrésentation de Claude Roy.Le meilleur Victor Hugo, celui de•> Choses vues », de « L'Histoired'un crime » et autres œuvres bio-graphiques.

E/5 L'ENCYCLOPÉDIE 1751-1772Présentation d'Alain Pons.Le premier ouvrage qui rendecompte largement de cette im-mense entreprise. Les meilleursarticles de Diderot, d'Alembert,Rousseau, Voltaire, d'Holbach, etc.

E/6 CASANOVATextes extraits des Mémoires, pré-sentés par Gilles Perrault qui re-nouvelle le sujet en démontrantque Casanova était un hommeconditionné par son époque et nonun personnage littéraire.

E/7 MICHELET, HISTOIRE DEFRANCEPrésentation de Claude Mettra.Un commentaire inspiré autourdes textes les plus beaux et par-fois les plus ignorés du grandhistorien.

E/9 CHATEAUBRIAND, MÉMOIRESPrésentation de Claude Roy.En suivant le fil des «Mémoiresd'outre-tombe », la vie de Cha-teaubriand et des extraits de sesouvrages romanesques, histori-ques et de polémique.

E/10 LES ÉCRIVAINS TÉMOINS DUPEUPLEFrançoise et Jean Fourastié ontassemblé et présentent les textesdes écrivains, qui, dès le MoyenAge et jusqu'à nos jours, de Chré-tien de Troyes à Zola ont décritle mode de vie et surtout le ni-veau de vie des Français.

E/11 SHAKESPEAREQuatre pièces célèbres dans leurtexte intégral, le résumé desautres, 30 pages de sonnets et

un ensemble d'études inédites deGilbert Sigaux sur Shakespeare,ses œuvres, sa troupe et le théâ-tre élizabéthain.

E/12 PROSPER MÉRIMÉEDans leur texte intégral: le Car-rosse du Saint-Sacrement, Co-lomba, Carmen et d'autres Nou-velles accompagnées de nombreu-ses lettres choisies et présentéespar Philippe Daudy.

E/14 GÉRARD DE NERVALPrésentation de Marc Alyn.En texte intégral: Poésies; Petitschâteaux de Bohême; Lettres à

Jenny Colon; Les Nuits d'Octo-bre; Promenade et Souvenirs; LesFilles du Feu; La Pandora; Auré-lia, etc.

E/15 SAINT-SIMONA travers le dédale des célèbresMémoires où s'agitent 7 000 per-sonnages, Geneviève Manceron etMichel Averlant ont pris pourguide la vie même du duc deSaint-Simon, ses expériences per-sonnelles de la guerre, de la couret ses intrigues, à Versailles sousLouis XIV, à Paris sous la Ré-gence.

Page 162: les_cahiers_de_cours_de_moise_(jean_sendy_1963)

EDITIONS J'AI LU31, rue de Tournon, Paris-VIe

Exclusivité de vente en librairie: FLAMMARION

Imprimerie Union-Rencontre 68 Mulhouse - 4747/111Dépôt légal: 3e trimestre 1970

Printed in France