L'essence de la modernité selon Heidegger La Representation

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    L'essence de la modernit selonHeidegger: la reprsentation

    Marta Hernandez

    Notre expos prendra comme fil conducteur l'ide principale de Heidegger dans L'poque desconceptions du monde, savoir que la reprsentation est la dtermination de l'poquemoderne. Nous mettrons en rapport cette ide avec la lecture heideggrienne de la Critique de

    la Raison Puredans Kant et le problme de la mtaphysique. Il nous a sembl que ce texte surKant, crit en parallle avec tre et Temps, claire d'avantage ce qu'Heidegger comprend parreprsentation en tant que fondement d'une poque. Pour cette raison il nous a aussi semblque c'est partir du Livre sur Kantqu'on pourrait mieux cerner la critique d'Heidegger sur lamodernit. Le second propos de ce dtour par Kant, ne pourra qu'voquer trssuperficiellement le sujet plus vaste o s'inscrit notre recherche concernant la pensed'Heidegger. Ainsi, le thme qui, dans notre rflexion a command le passage par la questionde la reprsentation chez Heidegger, ainsi que par la Critiquekantienne, est celui de la khradu Timede Platon qui Heidegger consacre quelques lignes dans l'Introduction lamtaphysique. Dans la mesure o Heidegger voit dans la khraplatonicienne la prfigurationde l'espace cartsien, il nous semble lgitime de supposer que la khradu Timeest aussi laprparation pour l'avnement de la reprsentation dans la modernit. Notre hypothse, qu'on secontentera aujourd'hui juste d'noncer, c'est qu'il est possible de tracer une analogie entre lerle accord par Heidegger aux formes a priori de la sensibilit chez Kant et celui attribu la

    khradu Time, lieu o pour Heidegger s'opre pour la premire fois la sparation (en greckhrisms) de l'tre et de l'tant.

    Dans L'poque des conceptions du monde, Heidegger fait de la reprsentation la dterminationde l'poque moderne: Que l'tant devienne tant dans et par la reprsentation, voil ce quifait de l'poque qui en arrive l une poque nouvelle par rapport la prcdente. (1) Si l'ondfinit couramment poque comme un temps marqu par un vnement, la reprsentationest pour Heidegger la marque dterminante de la modernit.

    Cela veut dire, d'ores et dj, que la reprsentation n'est pas un facteur parmi d'autres quiviendrait complter l'analyse historiographique de la modernit. La science historique (lahistoria) prsuppose la reprsentation en ceci qu'elle considre le fait historique comme un

    objet. Dans les sciences historiques aussi bien que dans les sciences naturelles, le procdvise reprsenter ce qui est constant (bestnding) et de faire ainsi de l'histoire un objet (Gegenstand). Or, l'histoire ne peut devenir objet de la reprsentation que si elle est passe. Cequi dans le pass est constant, c'est--dire ce au compte de quoi l'explication historique peutporter l'unique et le multiple de l'histoire, c'est ce qui a toujours dj t (dasImmer-schon-einmal-Dagewesene) l'ensemble du comparable. (2) Ainsi, bien plus qu'un traitou caractre qu'on puisse isoler et/ou mettre en rapport avec d'autres afin de tracer le profild'une poque, la reprsentation est pour Heidegger la base (le fondement: grund) des TempsModernes. Et ceci dans un double sens: la reprsentation est en mme temps la maniregnraleo l'poque moderne se comprend elle-mme et le fondement qui dtermine la loi etla mthode pour les diffrents savoirs particuliersqui ont comme vise une rgion du monde.S'il est ainsi, la reprsentation doit tre mise au clair comme tant la manire dont, dans lamodernit, l'tre de l'tant se dtermine chaque fois (dans un champ de savoir dlimit, qu'ilsoit scientifique, historique, politique, etc.) et, plus largement, comme tant la condition sinequoi nonede la conception moderne du monde. suivre Heidegger, cette double exigence,expression d'un rapport non dialectique entre le gnral et le particulier, devrait expliquer elleseule les phnomnes essentiels des Temps Modernes. Ceux-ci sont pour Heidegger lascience, la technique mcanise, l'entre de l'art dans l'horizon de l'esthtique,

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    l'interprtation "culturelle" de tous les apports de l'histoire humaine, et le dpouillementdes dieux.

    Cette totalisation quant l'ampleur de la reprsentation, lui confre d'avantage sa porteontologique. Le questionnement heideggrien vers la reprsentation fait surgir celle-ci commele champ pralable de la pense moderne. C'est partir de l'ide de champ pralable

    qu'Heidegger peut faire comparatre dans un mme plan (dans une mme consistance quant son fondement) les oppositions acquises de la mtaphysique. Or, ce qui est acquispremirement, dans tous les cas, ne sont pas ces oppositions en tant que telles. Celles-ciseraient bien fondes par la pense scientifique qui s'assure par ce procd critique de sonoprabilit. Le sens du critique ainsi que le rapport du critique au champ pralable, renvoie ce que dit Heidegger dans Concepts fondamentaux de la philosophie antique: Critique:krinein? "scinder", "diffrencier", en diffrenciant quelque chose de quelque chose au sein d'uncouple, rendre visible ce qui est diffrenci et ce qui le diffrencie. Diffrencier: un triangle d'uncarr, un mammifre d'un oiseau, l'pope du drame, le substantif du verbe, un tant d'un autretant. (3) En ralit, toutes les sciences oprent et dterminent ce genre de distinctions. De cefait, les sciences positives sont critiques, mais elles le sont d'une toute autre manire que laphilosophie. La diffrence essentielle rside dans l'laboration de leurs vises: la spcificit duchamp de la philosophie fait de cette dernire, selon Heidegger, lascience critique. Car ce quiest vritablement critiqueest ce que les sciences, la vue de leur rigueur, s'interdisent depenser, savoir: le champ pralable aux oppositions rgles entre les tants.

    Ces oppositions sont le rsultat d'une scission o l'tant est labor comme objet. Objectivationet reprsentation vont ensemble. Re-prsenter ?dit Heidegger? signifie ici: faire venir devantsoi, en tant qu'ob-stant [...] ce qui est l-devant [...], le rapporter soi, qui le reprsente, et ler-flchir dans ce rapport soi en tant que rgion d'o choit toute mesure (4). C'est ainsi quela reprsentation est explicite par Heidegger premirement comme un certain rapport soi. Largion, o la reprsentation comme mesure invariable de l'tre l'tant viendrait chec, estcelle du dasein. Le daseinest en lui-mme rapport l'trecomme le support d'une expriencede soi autrement que reprsentative. C'est dans la mesure o le dasein s'exprimente lui-mmedans la mouvance de sa coappartenance l'tre qu'il est constamment en rapport mobile celui-ci, l'tre en tant qu'tre tant mouvement (knesis) et de ce fait non susceptible d'treobjectiv, voire reprsent. C'est en ce sens que l'tre en tant qu'tre est dpassement del'tantit au mme titre que le dasein est dpassement de la subjectivit. Dans ce mouvementrciproque du da-seinau sein, fondant du rapport de co-appartenance de l'tre et de l'tant, laposition de la pense consiste pour Heidegger se tenir dans l'ouverture l'tre, savoir dansla question. Or, la question se meut toujours dans un champ pralable, qui lui sert d'orientation.Dans ce sens, la reprsentation serait le champ pralable aux oppositions mtaphysiques,aussi bien qu' la propre question heideggrienne sur l'tre, car c'est dans le champ ouvert parla mtaphysique que cette question se rapporte au fondement de celle-ci, comme sonprsuppos ontologique. La diffrence rside dans la manire de se prendre lareprsentation. C'est cette manire qui labore la vise propre chacune. Pour lamtaphysique, ce champ pralable est un acquis non questionn, qui laisse dans l'obscurit lefondement de l'tant en tant qu'tant, c'est--dire la manire o l'tant est labor comme uneobjectit. De ce fait, l'tre mme tombe sous le coup de la reprsentation aussi bien que lenant: pour la mtaphysique, l'tre est compris soit comme la totalit des tants, soit comme

    ce que l'tant n'est pas, c'est--dire dans son opposition lui; et le nant, ce qui n'est pas nil'tre ni l'tant de manire absolue, savoir ce qui n'est pas reprsentable. C'est pourquoi, dansla mesure o le fondement de l'objectit comme laboration de l'tant dans la mtaphysiquen'est pas mis en lumire, la question sur l'tre ne peut se poser que comme la question surl'tant, savoir Pourquoi donc y a-t-il l'tant et non pas plutt rien? (5)

    En revanche, la manire proprement philosophique ou proprement critiqueconsiste questionner le champ pralable d'apparition des phnomnes afin de dvoiler ses prsuppossontologiques. Car, qu'on le sache ou pas, selon Heidegger il est toujours question d'uneontologie, c'est--dire d'une pr-comprhension de l'tre. Celle-ci est dtermine par avanced'une certaine manire, on l'a dit, en tant que la comprhension s'oriente l'intrieur d'unchamp pralable qui lui est transcendant; la transcendantalit du champ pralable constitue enmme temps la source de toute individuation. (6) Que la mtaphysique ait masqu la question

    sur ce pralable sous la forme de la question sur l'tant, (c'est--dire qu'elle n'ait pas posdirectement la question sur l'tre), ne reste rien au fait que ce qui est en jeu dans une telleconception du monde ( savoir du monde comme objectit) est le rapport de l'humain l'tre. Reste encore la possibilit de placer la problmatique de la ralit en de detouteorientation selon un "point de vue", en dfendant la thse: tout sujet est ce qu'il est seulement

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    pour un objet et vice versa. Mais dans cette position de dpart toute formelle, les membres dela corrlation restent aussi indtermins ontologiquement que celle-ci. Au fond, la corrlationtout entire devient bel et bien ncessaire comme tant"d'une certaine manire", elle est doncpense en rfrence une certaine ide d'tre. (7)

    Dans la perspective de dgager les enjeux qui sont impliqus dans une telle critique la

    modernit comme poque de la reprsentation, le texte d'Heidegger sur Kant, Kant et leproblme de la mtaphysique, permet d'avantage de cerner la problmatique du rapport entrela reprsentation comme mode d'apparition de l'tre de l'tant dans la modernit et la questionontologique. La position paradoxale qu'occupe Kant dans la pense heideggrienne prsentel'avantage d'tre explicite par Heidegger comme telle. Cette position n'est pas, dans un certainsens, diffrente de celle attribue par Heidegger aux diffrents noms propres de l'histoire de laphilosophie (Platon, Aristote, Hegel, Nietzsche, Husserl) qui semblent tre considrs par luitantt comme des reprsentants de la mtaphysique (c'est--dire de la pense reprsentative)tantt comme prcurseurs de la problmatique pose par tre et Temps. Selon nous, cettedualit, dont la pense kantienne devient la rfrence vis--vis de la logique immanente lapense d'Heidegger, n'est autre que la dualit mme de la pense, projection de la duplicitoriginaire de l'tre et de l'tant.

    Dans Kant et le problme de la mtaphysique, Heidegger part du questionnement de lareprsentation comme fondement de la mtaphysique pour arriver la dcouverte du tempscomme transcendance. Bien que pour Heidegger il s'agisse du mme chemin de la pense,nous allons mettre en relief l'ide que deux parcours implicites dans la dmarcheheideggrienne peuvent tre suivis sparment. Nous allons juste suivre trs superficiellementle premier. Celui-ci concerne l'instauration chez Kant de la reprsentation en gnral en tantque fondement ontologique de la connaissance de l'tre de l'tant par et dans la subjectivit.Dans ce sens, le texte sur Kant pose les bases de l'analyse critique de la modernit qui seracomplte et largie par Heidegger dans des textes postrieurs tels que L'poque desconceptions du monde et Dpassement de la mtaphysique. Le deuxime parcours suit ladcouverte d'Heidegger dans la Critique de la Raison Purede la temporalit constitutive de laraison finie. Dans le croisement de ces deux parcours, se joue pour Heidegger l'ambivalence dela position kantienne: Kant, ayant ouvert le champ pour la comprhension de la question del'tre comme temporalit s'interdirait de penser la question de la mdiation en termes destructures existentielles du daseindu fait d'avoir pris ?dit Heidegger?la position deDescartes.

    Le point sur lequel nous voulons insister concernant le texte sur Kant est celui du paralllismedans le discours d'Heidegger entre les structures ontologiques-existentielles du daseindanstre et Tempset les reprsentations pures de l'espace et le temps dans Kant et le problme dela mtaphysique. C'est ainsi que la question de la reprsentation peut tre pose dans sonrapport au fondement de l'ontologie. La reprsentation ne peut se constituer comme structured'apparition de l'tre de l'tant que parce qu'elle occupe dans la modernit le rle mdiateuraccord aux existentielles du daseindont la seule laboration tait dj d'une certaine manirel'laboration de la question sur l'tre. suivre Heidegger, la reprsentation,phnomnologiquement labore, occuperait la mme place (position de l'tre en tant

    qu'tre, au sens d'Heidegger) dans la Critique de la Raison Pureque celle occupe par lesstructures ontologique-existentielles du Dasein dans tre et Temps. Il s'agit bien, dans les deuxcas, du lieu donnant accs l'tre de l'tant, c'est--dire celui des structures phnomnalesd'tre, auxquelles la pense critique doit constamment se rapporter.

    Le propos du Livre sur Kant est en partie annonc dans tre et Temps: Dans l'horizon dela problmatique kantienne, ce qui se conoit phnomnologiquement comme phnomne peuttre illustr, sous rserve d'autres distinctions, en disant: ce qui dj se montre dans lesapparitions (Erscheinungen), ce qui chaque fois, ft-ce de manire non thmatique, prcde etaccompagne le phnomne dans son entente courante, peut tre amen se montrer demanire thmatique et ce qui se-montre-ainsi-par-soi-mme ("les formes de l'intuition"), ce sontdes phnomnes de la phnomnologie. (8) Les formes de l'intuition, l'espace et le temps,sont pour Kant des reprsentations pures a priori, c'est--dire des reprsentations de la forme

    en gnral dont les objets se prsentent la conscience. En ce qui concerne la connaissancechez Kant, la prsence de l'objet la conscience dans l'intuition pure n'est pas une puredonne sensible car les conditions de rception du phnomne dans la sensibilit ont la formela plus gnrale (la plus pure) de la reprsentation. Ainsi, l'acte de rception du phnomne estune laboration spatio-temporelle sous la forme de la reprsentation, ce qui implique un espace

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    et un temps labors eux-mmes de manire aprioristique comme des reprsentations. cettereprsentation de l'tant (du phnomne au sens de Kant) dans l'intuition pure, l'entendementne viendrait donner sa forme dfinitive (la forme du concept comme reprsentation del'entendement) qu'aprs ce premier coup o l'tant est labor comme objectit dans l'intuition:On sous-estime trop facilement ce que dit Kant dans la premire phrase du corps de l'exposde la Critique de la Raison Pure?dit Heidegger?: "De quelque manire et par quelque moyenqu'une connaissance puisse se rapporter des objets, le mode par lequel elle se rapporteimmdiatement aux objets et que toute pense prend comme intermdiaire pour les atteindre[...] est l'intuition." (9)

    Connatre veut dire pour Kant premirement intuitionner. (10) On se rappellera ce propos quedans tre et Temps, Heidegger, qui veut se dmarquer essentiellement de la vision thortiquede la phnomnologie husserlienne, dit que la factivit(caractre d'tre du Dasein inhrent l'existence et qu'on dcouvre dans la disposibilit (11)) ne saurait se rencontrer dans uneintuition. Pour Kant (et l'on pourrait ajouter aussi pour Husserl) c'est le contraire qui se passe:la pense est au service de l'intuition, car c'est dans celle-ci que sont labors les phnomnescomme reprsentations de la sensibilit. Les formes pures a priori de l'intuition sont lesreprsentations pures de la forme en gnral o les phnomnes sont perus, c'est--dire cesont des reprsentations sans objet. Celles-ci, ancres dans la subjectivit, permettent l'accs l'tre de l'tant pour la conscience. Sans cette mdiation, le phnomne n'apparatrait toutsimplement pas en tant que tel (c'est--dire en tant que ceci ou cela) pour un sujet. Dans lamesure o la question de la mdiation est pour Heidegger celle de la connaissance du rapporten gnral de l'tre et de l'tant, Heidegger ramne le problme de l'Esthtiquetranscendantale chez Kant celui de la connaissance ontologique, c'est--dire de laconnaissance de la dtermination en gnral de l'tre de l'tant. tant donn que le moded'apparition des phnomnes est enracin chez Kant dans l'intuition pure, Heidegger rapporte celle-l la vrit ontologique de la Critique laquelle la vrit ontique (c'est--dire laconnaissance par concepts) doit, dit Heidegger, ncessairementse conformer. En recadrantainsi la question du fondement de la Raison Pure, Heidegger veut mettre l'preuve le point devue selon lequel la Critique de la Raison Pure, comme thorie de la connaissance, seraitl'aboutissement de l'esprit critique de la modernit. Ainsi, dit Heidegger, l'interprtation de laconnaissance comme acte de juger (penser) fait violence au sens dcisif du problmekantien. (12) Ce qui serait critique alors, au sens d'Heidegger, c'est le domaine o s'opre

    le krineinou la sparation entre ce qui est phnomne et ce qui ne l'est pas, c'est--dire entrece qui est et ce qui n'est pas reprsentable. Ce domaine c'est bien celui du fond ou fondementsur lequel sont poses les bases de l'difice ou architectonique de la raison, car c'est danscelui-l o rside la possibilit mme de la critique comme thorie de la connaissancemtaphysique, cette dernire comprise comme le dveloppement de ses possibilitsintrinsques. C'est alors la reprsentation en gnral qui trace le cadre de la critique: du bas,les reprsentations pures de l'espace et le temps, condition de possibilit de la connaissanced'un objet en gnral, vers le haut, les ides de la raison, en tant que celles-ci constituent leslimites de la connaissance par concepts en franchissant les limites de la reprsentation.

    C'est ainsi que la sparation critique est dj inscrite comme reprsentation dans le "planpralablement projet" d'une nature en gnral. Celle-ci dtermine, d'emble, la constitutionde l'tre de l'tant, auquel toute recherche et toute question doivent pouvoir se rapporter. (13)

    C'est de cette manire que le fondement de la thorie de la connaissance est rejet vers lefondement de la connaissance ontologique, c'est--dire de la connaissance des structuresphnomnales d'tre qui rend possible la manifestation de l'tant comme tel. Si la pense estainsi essentiellement relative l'intuition, l'une et l'autre doivent possder une certaine affinitpermettant leur union mutuelle. Cette affinit, cette origine dans un mme genre (genus)s'expriment en ce que, pour toutes deux, "reprsentation en gnral" (repraesentatio) est leterme gnrique. (14)

    Le mot latin repraesentatiodsigne dans la Critique de la Raison Purela reprsentation engnral, terme gnrique qui rassemble les diffrentes reprsentations (vorstellung) ousynthses reprsentatives qui ont lieu dans la conscience. La repraesentatiokantienne renvoie ce que Heidegger dit dans L'poque des conceptions du monde: Par rapport l'ententegrecque, la reprsentation moderne signifie tout autre chose. Cette signification s'exprime le

    plus clairement dans le mot de repraesentatio. Ce que Heidegger veut dire ici c'est que le motqui exprime le mieux la pense reprsentative moderne en la diffrenciant de la pensegrecque est repraesentatioet non pas Vorstellung.Le verbe vorstellenveut dire pareillementreprsenter et prsenter. Il comprend stand(position), c'est--dire la position occupe par cequi est pos l devant. L'tre pos l devant se rapporte au reprsenter (vorstellen) comme

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    sa mise en position (stellen), celle-ci tant le fond de permanence o l'objet se tient commel'unit de la position stable (stndigkeit). (15) La double signification du verbe vorstellenreflterait pour Heidegger l'erreur de la modernit, savoir le fait de prendre la reprsentationde la chose par la pure prsence d'une donne sensible la conscience. Ceci est d'autant plusconfondant que pour les grecs l'tre est prsence. Autrement dit: pour les grecs il y aurait unesorte d'indiffrenciation ou indistinction entre la chose (ce qui apparat comme tant l devant)et son champ d'apparition ou champ pralable. En revanche, la perception de soi suppose parl'ego cogitocartsien (inaugurateur de la modernit), n'est pas fonde selon Heidegger sur lasimple prsence soi mais sur la reprsentation de soi comme chose pensante. Si bien lareprsentation en gnral (la repraesentatio) comme mode d'apparition de l'tre de l'tant(c'est--dire comme pr-comprhension de l'tre) tait dj le champ pralable de laformulation cartsienne de l'ego cogito, suivre Heidegger il aurait fallut attendre Kant pour quela reprsentation se dvoile dans sa transcendantalit, c'est--dire pour que la reprsentationse prsente nous avec les traits propres l'tre. C'est de cette manire que, dans sonanalyse phnomnologique de la reprsentation, Heidegger lve celle-ci au rang d'tre de lamodernit: elle serait la fois le plus transcendant vis--vis des objets (le sujet devenutranscendantal dans sa concidence avec la pure forme de la reprsentation en gnral); et leplus individualisant en tant que reprsentation de l'objet par le sujet empirique, ce qui constituedu mme coup le sujet comme reprsentation de soi. Tout se passe comme si pour Heideggerla vorstellungcomprise comme (re)prsentation empirique de la conscience se rapportait la

    reprsentation en gnral (repraesentatio) en tant que genre d'tre de l'tant. Ce queHeidegger, la suite de Kant, comprend par repraesentatiointroduit une tournure dans lacitation d'Heidegger qui nous a servi d'ouverture cet expos. Selon cette tournure Heideggervoudrait dire: Que l'tant devient tant dans et par la repraesentatioou reprsentation engnral, celle-ci tant le "genre" d'tre de l'tant dans sa concidence avec la forme gnrale dela subjectivit, voil ce qui fait de l'poque moderne une poque nouvelle par rapport laprcdente. Ainsi, la question de la reprsentation en gnral dplacerait la question de lasubjectivit empirique vers celle de la concidence de la subjectivit et de la reprsentation dansle champ pralable d'apparition des phnomnes. Il est ainsi que la subjectivit, lieu de lareprsentation en gnral, serait, dans l'poque moderne, la base de la subjectivation aussibien que de l'objectivation. Sans doute les Temps Modernes ont-ils, par suite del'mancipation de l'homme, amen le rgne d'un subjectivisme et d'un individualisme. Mais il esttout aussi certain qu'aucune poque avant les Temps Modernes n'a produit un objectivismecomparable, et qu'en aucune poque prcdente le non-individuel n'a eu tant d'importance,

    sous la forme du collectif. L'essentiel retenir ici, c'est le jeu ncessaire et rciproque entresubjectivisme et objectivisme. Or, prcisment, ce conditionnement rciproque renvoie desprocessus plus profonds.

    Jaques Derrida, qui dans la confrence publie sur le titre Envoi, discute la traductionheideggrienne de repraesentatiopar vorstellung, ne fait pas allusion au fait que cettequivalence serait due plus Heidegger lecteur de Kant qu' Heidegger lui-mme. Enralit, la traduction du mot latin repraesentatiopar l'allemand vorstellungremonterait Wolf,chez qui la vorstellungfait dj rfrence la reprsentation comme forme de la connaissanceintellectuelle. Le tournant opr par Wolf par rapport Leibniz consiste en ce que le signifi, quitait la fonction principale de la monade leibnizienne du point de vue de la forme, voire de sareprsentation, est transpose et restitue dans la facult intellectuelle. C'est ainsi que le sensde la vorstellung, comme reprsentation de la conscience, apparatrait pour la premire fois.

    Heidegger, chez qui le gros de la critique la modernit consiste dvoiler la manire dont lesmodernes ont pris la reprsentation de la chose par la pure prsence de la chose laconscience, s'appuie sur Kant pour dplacer la question de la reprsentation de la conscienceindividuelle vers celle de la reprsentation comme mode gnral d'apparition de l'tre de l'tant.Par ailleurs, dans la Critique de la Raison Pure, Kant utilise pareillement les mots derepraesentatioet de vorstellungpour se rfrer la reprsentation en gnral, mais ilrserve le terme vorstellungpour nommer les reprsentations de la perception et del'entendement. Dans la mesure o Kant n'utilise le mot repraesentatioque pour dsigner lareprsentation en gnral, Heidegger aurait prfr le mot latin pour mettre l'accent sur lefait qu'en tant que fondement la repraesentatiotranscende l'acte empirique subjectif de laperception et de l'entendement.

    Cette insistance concernant la traduction historique et pas seulement heideggrienne de la

    repraesentatiolatine par la vorstellungallemande, corrobore d'avantage l'argumentationderridienne. Ce que Derrida veut dire dans la confrence cite, c'est que dans la mesure oHeidegger ne questionne pas l'quivalence entre la repraesentatioet la vorstellung,il se situed'emble dans la tradition mtaphysique. Cette apprciation propos du non questionnementd'Heidegger vis--vis de la vorstellungn'est pas sans importance, tant donn que la question

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    de l'interprtation heideggrienne de la philosophie grecque ainsi que l'laboration conceptuellede sa propre pense doit beaucoup une traduction qui voudrait tre non reprsentative,c'est--dire non mtaphysique. C'est parce que selon Heidegger la mtaphysique implique uncertain rapport la langue qu'il peut, par exemple, attribuer la distinction entre le substantif et leverbe au Sophistede Platon, et prciser en l'occurrence qu'il ne s'agit pas d'une distinctiongrammaticale mais mtaphysique.

    Selon Derrida, la prfrence d'Heidegger pour le mot re-praesentatio, afin de souligner ladiffrence entre la pense moderne et la pense grecque, repose sur le fait que le re-de larepraesentatioimplique une valeur qui est trange la vorstellung. Re-praesentatioveut direrendre prsent. Le rendre prsent, par rapport la pure prsence (praesentatio) incorporela possibilit de la rptition, savoir de pouvoir faire venir la prsence quelque chose et celade manire rptitive, c'est--dire dans la temporalit du retour, ce qui ne serait possible quesur l'hypothse d'une prsence suppose. Dans la r-prsentation, le prsent, la prsentationde ce qui se prsente revient, fait retour comme double, effigie, image, copie, ide en tant quetableau de la chose dsormais disponible, en l'absence de la chose, disponible, dispose etprdispose pour, par et dans le sujet. Pour, paret dans, le systme de ces prpositionsmarque le lieu de la reprsentation ou de la Vorstellung. Le re-marque la rptition dans, pouret parle sujet, a parti subjecti, d'une prsence qu'autrement se prsenterait au sujet sansdpendre de lui ou sans avoir en lui son lieu propre. (16)

    Nulle reprsentation ne serait pour Heidegger que subjective et en mme temps la subjectivitest dj l'laboration de la reprsentation, comme reprsentation de soi. Jusqu' l'instant on aessay d'lucider la question de la reprsentation chez Heidegger suivant sa lecture de laCritique de la Raison Pure. Selon cette perspective, la subjectivit transcendantale serait le lieude la reprsentation en gnral (repraesentatio) et la subjectivit empirique serait le lieu de lavorstellungcomprise comme reprsentation pour et dans une conscience. On a voulu montrerque l'laboration phnomnologique de la reprsentation et de la subjectivit partir de lalecture de Kant est le pralable pour ainsi dire dont on ne peut pas se passer pour comprendrel'allure de la critique d'Heidegger la modernit en tant qu'poque minemment reprsentative.

    Cependant, les limites de notre interprtation sont poses par Heidegger dans ce mme texte,L'poque des conceptions du monde. L'homme grec esten tant qu'il est l'entendeur del'tant; voil pourquoi le monde, pour les Grecs, ne saurait devenir image conue (Bild). Enrevanche, que pour Platon l'tantit de l'tant se dtermine comme eidos(ad-spect, "vue") voilla condition lointaine, historiale, souveraine dans le retrait d'une secrte mdiation, pour que leMonde (Welt) ait pu devenir image (Bild). (17) Cette allusion Platon comme pr-figurateur dela pense reprsentative interroge de fond en comble la manire dont, dans la pensed'Heidegger, la reprsentation se constitue comme la dtermination d'une poque. Lareprsentation est plus largement et d'avantage chez Heidegger la dtermination de lamtaphysique en tant qu'envoi et accomplissement de l'tre. D'ailleurs, Heidegger n'a jamaisenferm sa critique la reprsentation dans le cadre de sa critique la modernit. Bien plutt,sa critique la reprsentation est la critique de la pense envers elle-mme, c'est--dire enversson champ pralable en tant que celui-ci contient ses possibilits de dveloppement aussi bienque la possibilit de son propre dpassement. C'est dans cette perspective qu'Heidegger

    interroge la mtaphysique dans l'Introduction la mtaphysique, texte o la reprsentation estau commencement des quatre scissions donnant lieu au commencement de la penseoccidentale, savoir les scissions tre et apparence, tre et devenir, tre et penser et tre etdevoir. Ces quatre scissions nous renvoient l'ide que la reprsentation est dj comprise entant que possibilit dans la duplicit originaire de la pense.

    Quand nous disons "tre", cela veut toujours dire: "tre de l'tant". Quand nous disons"l'tant", cela veut dire: l'tant eu gard l'tre. Nous parlons toujours du seinde la duplicit.Celle-ci est toujours donne dj d'avance, aussi bien pour Parmnide que pour Platon, aussibien pour Kant que pour Nietzsche. La duplicit a dj dploy le domaine l'intrieur duquel larelation de l'tant l'tre devient reprsentable. Cette relation se laisse interprter et expliquerde diffrentes faons. (18)

    Il est ainsi que la reprsentation se retrouve diffremment dans trois moments de l'histoire de lapense occidentale dont le trait d'union est celui de l'histoire comme Geschichte(destin ouenvoi):

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    1.un premier moment dans l'origine de la pense o la possibilit de la reprsentation estdj comprise dans la duplicit de l'tre et de l'tant;

    2.un deuxime moment dans le commencement de la mtaphysique o la reprsentationest rendue possible par le khrismsde Platon, c'est--dire par la sparation de l'tre etde l'tant;

    3. un troisime moment dans l'poque moderne, o la reprsentation en gnral s'instaurecomme fondement.

    Ces trois moments marqueraient trois commencements: le commencement originaire de lapense, o la reprsentation ne serait comprise que comme possibilit et se tiendrait l'tat delatence; le commencement de la pense occidentale, voire de la mtaphysique, celle-ci tant lafin de la pense classique grecque et la prparation de l'avnement de la modernit; lecommencement de la modernit par l'ego cogitocartsien.

    Conue dans son rapport la pense platonicienne, la reprsentation chez Heidegger dbordeles limites de notre interprtation base sur le texte sur Kant, dans la mesure o elle

    dborderait le cadre trac par la pense critiqued'Heidegger. Ce cadre, o il faut situerHeidegger dans sa polmique avec le no-kantisme, est celui de la transcendance de lareprsentation en gnral et de son ancrage dans la subjectivit. Par rapport ce champpralable, on trouvera dans la philosophie de Platon le contrepoint, pour ainsi dire, d'unepense (celle d'Heidegger) qui par son essence critique, serait renvoye incessamment auchamp pralable qui la rend possible. Parce que, d'une part, Heidegger souligne plusieursreprises le fait que les grecs n'ont pas l'ide d'un espace reprsentatif dans la mesure o poureux la chose n'est pas sparable du lieu propre la chose. D'autre part, les lignes consacrespar Heidegger la khradu Timedans l'Introduction la mtaphysiqueveulent indiquer?dit Heidegger? qu' partir de la philosophie platonicienne, dans l'interprtation de l'trecomme ida, se prpare la transformation par laquelle l'essence peine souponne du lieu (topos) et de la khra, se substitue l'espace dfini par l'extension (19). En mme temps, l'hypokeimenongrec, que le latin traduit par subjectum, n'aurait rien voir selon Heidegger avecle sujet moderne. On soulignera notre propos que nulle part Heidegger n'affirme que l'hypokeimenongrec puisse tre compris comme l'antcdent ou pr-figurateur de la subjectivitmoderne. Cela voudrait dire, qu'il n'est pas question ici ni d'une analogie entre l'hypokeimenongrec et le sujet moderne, ni d'un trait commun dont l'historialit du daseinpourrait rendrecompte. Pour nous la question rside en ceci que, selon Heidegger, la reprsentation moderneest gale la subjectivit et la pense de Platon prfigure cette reprsentation moderne;pourtant dans la pense de Platon, selon Heidegger, on ne trouvera pas les traces de lasubjectivit. Le dcisif, ce n'est pas que l'homme se soit mancip des anciennes attachespour arriver lui-mme, mais que l'essence mme de l'homme change, dans la mesure ol'homme devient sujet. Ce mot de subjectum, nous devons la vrit le comprendre comme latraduction du grec hypokeimenon. Ce mot dsigne ce qui est tendu-devant [...], qui, en tantque fond (Grund), rassemble tout sur soi. Cette signification mtaphysique de la notion de sujetn'a primitivement aucun rapport spcial l'homme et encore moins au "je". (20)

    En conclusion, l'laboration phnomnologique de la reprsentation met Heidegger dans uneposition paradoxale vis--vis de sa propre pense. D'une part, la reprsentation ne saurait trela dtermination de l'poque moderne que parce qu'elle concide dans sa forme gnrale avecla subjectivit transcendantale. D'autre part, dans la mesure o le commencement de lamtaphysique concide avec le commencement de la reprsentation dans la pense de Platon,la reprsentation transcenderait les limites de la subjectivit et serait la dtermination de lamtaphysique, mme dans les larges priodes historiques o l'on ne trouverait, suivreHeidegger, aucune trace de la subjectivit.

    Pourvu que l'laboration phnomnologique de la reprsentation se situe dans le cadre de laquestion ontologique, savoir que la question vers la dtermination historiale de l'tre, cemme mouvement questionnant vers la gense d'une telle pense ne peut que s'arrter l o la

    pense de l'autrui (Platon dans ce cas-ci) devient dis-conforme une telle interprtation. Nullepart Heidegger ne s'exprime plus clairement par rapport sa mthode d'interprtation que dansla 4eprface du Livre sur Kant: C'est ainsi que la problmatique d'tre et Tempsintervnt entant que prconu en l'interprtation tente de Kant. Le texte de Kant devnt l'asile de larecherche en Kant d'un partisan de la question de l'tre pose par moi. Un tel asile mne ce

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    que la Critique de la Raison Pureft interprte du point de vue de la problmatique d'tre etTempset en vrit d'une problmatique qui lui est trangre bien qu'elle la conditionne, ftattribue la question de Kant.

    On pourrait supposer, et il est lgitime, que la pense d'Heidegger sur Platon est aussi uneprojection de la propre problmatique heideggrienne et en finir l. Pourtant deux choses nous

    interdiraient de considrer la lecture heideggrienne de Platon en parallle avec sa lecture deKant. La premire c'est que, on ne peut pas lire l'interprtation heideggrienne de Platon en cequi concerne le commencement de la mtaphysique la lumire d'tre et Temps. En effet,dans tre et Tempsil n'y a pas un seul mot contre Platon et quand Heidegger s'y rfre, il le faitla plupart du temps par rapport au couple Platon-Aristote, en tant que reprsentants de lapense classique grecque. Dans la mme perspective, dans Kant et le problme de lamtaphysique, Heidegger attribue Kant, en tant que prcurseur d'tre et Temps, le privilged'tre, parmi tous les modernes, le seul entrer directement en discussion avec Platon etAristote. En ralit, la pense d'Heidegger se fixe face Platon partir des annes trente, aumoment o la critique l'poque moderne s'intensifie. Cette fixation est lie la question ducommencement de la mtaphysique et de son achvement dans l'poque moderne, paropposition au commencement originaire de la pense. tant donn que l'poque moderne estnon seulement l'aboutissement de la mtaphysique mais aussi sa fin historiale, c'est--dire laclture de la mtaphysique comme systme reprsentatif, la question du commencementattribu Platon doit tre lue la lumire du dclin de la modernit et de l'annonce d'unenouvelle priode o l'tre, aprs vingt-trois sicles d'oubli dans et pour la mtaphysique (savoir dans et pour la reprsentation), apparatrait pour la premire fois: En mme temps quela mtaphysique entre dans la priode de son achvement commence la prparation, inconnue,essentiellement inaccessible la mtaphysique, d'une premire apparition du Pli de l'tre et del'tant. Dans cette apparition se cachent encore les premires lueurs de la vrit de l'tre,laquelle retire en elle la primaut que l'tre possde en ce qui concerne sa puissance. (21)

    1. M.Heidegger, L'poque des "conceptions du monde", dans Chemins qui ne mnentnulle part, Paris, Gallimard, 1962, p.118.

    2. M.Heidegger, L'poque des "conceptions du monde", dans Chemins qui ne mnentnulle part, Paris, Gallimard, 1962, p.108.

    3. M.Heidegger, Concepts fondamentaux de la philosophie antique, Paris, Gallimard, 2003,p.19.

    4. M.Heidegger, L'poque des "conceptions du monde", dans Chemins qui ne mnentnulle part, Paris, Gallimard, 1962, p.119.

    5. M.Heidegger, La question fondamentale de la mtaphysique, dans Introduction lamtaphysique, Paris, Gallimard, 1967.

    6. M.Heidegger, tre et Temps, Paris, Gallimard, 1986, 7.

    7. M.Heidegger, tre et Temps, 43.

    8. M.Heidegger, tre et temps, 7.

    9. M.Heidegger, Kant et le problme de la mtaphysique, Paris, Gallimard, 1981, p.83.

    10. M.Heidegger, Kant et le problme de la mtaphysique.

    11. M.Heidegger, tre et temps, 29.

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    12. M.Heidegger, Kant et le problme de la mtaphysique, p.84.

    13. M.Heidegger, Kant et le problme de la mtaphysique, p.71.

    14. M.Heidegger, Kant et le problme de la mtaphysique, p.84.

    15. M.Heidegger, Dpassement de la mtaphysique, dans Essais et confrences, Paris,Gallimard, 1958, p.84.

    16. J.Derrida, Envoi dans Psych. Inventions de l'autre, Paris, Galile, 1987, p.120-121.

    17. M.Heidegger, L'poque des "conceptions du monde", dans Chemins qui ne mnentnulle part, p.119.

    18. M.Heidegger, Qu'appelle-t-on penser?, Paris, PUF, 1959, p.261.

    19. M.Heidegger, Introduction la mtaphysique, p.50.

    20. M.Heidegger, L'poque des "conceptions du monde", dans Chemins qui ne mnentnulle part, p.115.

    21. M.Heidegger, Dpassement de la mtaphysique dans Essais et confrences, p.89-90.

    Pour citer ce document:Marta Hernandez, L'essence de la modernit selon Heidegger: la reprsentation , Revue

    Appareil[En ligne], Articles, , Mis jour le mars 2010URL: http://revues.mshparisnord.org/appareil/index.php?id=972Cet article est mis disposition sous contrat Creative Commons

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