L’étonnante modestie française

Christian Lequesne

Nos objectifs• Avoir un lieu de réflexion inter-disciplinaire sur l’étude de la politique étrangère

conçue comme un objet des sciences sociales et non comme un objet d’expertise simplement.

• Nous pensons que la théorisation doit entrer davantage dans l’analyse de la politique étrangère

• Ce lieu doit être un rendez vous pendant 18 mois des chercheurs, doctorants, praticiens

• Faire en sorte que l’étude de la politique étrangère et de la diplomatie ne se concentre pas seulement sur un output mais aussi sur les input.

• Par politique étrangère, nous n’entendons pas seulement « the sum of decisions made on behalf of a given unit (usually a state) entailing the goal with direct reference to its external environment » (Smith, Hadfield and Dunne, 2008)

• Pour nous, la politique étrangère est « a mechanism of representation, communication and negotiation through which states or other international actors do business with one another » (Melissen, 1999)

Le paysage scientifique français du moment

• Nous refusons bien sur l’idée que rien n’existe• La politique étrangère, conçue à partir des input et non des

seuls output, est en France un domaine qui a été explorée par différentes sciences sociales et certains autour de cette table en ont été les entrepreneurs

• Historiens: des relations internationales (M. Vaïsse, L. Badel, F. Bozo), des corps (S. Jeanneson, M. Osmont)

• Politistes: corps diplomatiques (MC. Kessler; A. Eckmann), mécanismes de décision (S. Cohen, F. Charillon, H Meijer, V Dimier), négotiations (G. Devin)

• Sociologues: du travail diplomatique (M. Loriol)

• Caractéristiques de ces travaux: tous entrer dans les mécanismes de fabrication de la politique étrangère, établir un lien entre politique étrangère et politique intérieure

• Au final, c’est assez peu par rapport à ce qui se produit à l’étranger avec un double constat pour la science politique

• -l’analyse des politiques publiques s’intéresse peu à la politique étrangère• -la théorie des relations internationales n’est pas la sous-discipline de la

science politique la plus développée• Dans notre cas, il s’agit donc• -de créer un lieu fédérateur de la réflexion • -de considérer que l’étude de la politique étrangère appelle un

décloisonnement de la frontière entre étude des relations internationales et étude de l’action publique

Contribution à la nouvelle réflexion internationale

• En créant ce pôle français, nous voulons contribuer à l’effort de revitalisation de l’étude de la politique étrangère au niveau international, en apportant une contribution de sociologie historique et politique, c’est-à-dire en mettant le curseur sur l’étude des pratiques et sur celle du sens des pratiques (meaning).

• Les études de politique étrangère ont été longtemps le parent pauvre des RI. Les théories des RI considéraient la politique étrangère souvent for granted et ouvraient peu la boîte noire (surtout les théories réalistes qui refusaient la sociologie de l’Etat, la prise en compte d’autres facteurs que l’intérêt… et encore national taken for granted)

• Ce n’est qu’en 1996 que la Diplomatic Studies Section a été créée au sein de l’International Studies Association (Congrès de Sciences Diego)

• The Hague Journal of Diplomacy a été créé en . Foreign Policy Analysis a été créé en

• En choisissant de mettre le curseur sur les pratiques, nous assumons la volonté de faire de la théorie à partir de données empiriques (qualitatives ou quantitatives).

• Sans être uniquement stato-centrés, nous sommes intéressés par la « boîte noire » des Etats dès lors qu’il y a projection extérieure.

• Les pratiques ne se réfèrent pas seulement à des croyances, idées ou normes abstraites. Elles doivent prendre le tournant de l’anthropologie qui vise parfois à donner de l’importance aux agissements très concrets des acteurs

Nos choix

• Première année (octobre 2013 à juin 2014): nous souhaitons consacrer surtout la réflexion sur les « issue areas »: Politique étrangère et diplomatie culturelle, diplomatie économique, aide au développement. L’idée est de bien montrer que la politique étrangère n’est pas une sorte d’objet de pureté qui se limite à la « grande politique » telle qu’elle se pratique peut être encore au Conseil de sécurité de l’ONU.

• Juin 2014: Journée d’étude pour les doctorants• Deuxième année: nous souhaitons surtout

mettre le curseur sur la politique étrangère et la diversité de l’Etat

• Au final, nous espérons pouvoir penser à être présent à l’AFSP, dans les associations professionnelles internationales, et à engager des publications

Post scriptum

• Nos choix ne doivent pas nous empêcher de poser des questions sur les pratiques des acteurs qui aillent au-delà de ce que nous avons retenu.

• Par exemple, pour les diplomates: il est passionnant de s’intéresser à des questions anthropologiques comme les « dress codes », le rôle que joue la cuisine dans les négociations, le rapport à l’altérité (diplomat as a stranger), etc…