19
LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin) Author(s): F. de Saulcy Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 17 (Janvier à Juin 1868), pp. 122-139 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41756052 . Accessed: 19/05/2014 02:55 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DESSÉQUANES (Suite et fin)Author(s): F. de SaulcySource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 17 (Janvier à Juin 1868), pp. 122-139Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41756052 .

Accessed: 19/05/2014 02:55

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to RevueArchéologique.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 2: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY

SOR LA

NUMISMATIQUE DES ÉDUENS

ET DES SÉQUANES

(Suite et fin) (1)

lre SÉRIE PARALLÈLE A CELLE DES MONNAIES ÉDUENNES AU TYPE DE L' LYRE.

On a découvert, il y a quelques années, auprès de Crémieux, pe- tite ville du Dauphiné, située sur les bords du Rhône, un trésor de quelques statères et quarts de statères qu'il est nécessaire de dé- crire ici.

13. - Statère de bon or et plat ; tête d'Apollon couronné de lau- rier, tournée à droite ; sur la joue, quatre gros points disposés un et trois, devant le nez un A de grande dimension.

iy. Bige galopant à gauche; les deux chevaux bien distincts n'ont pourtant que trois jambes de devant. A l'exergue Iffllini, alté- ration manifeste dunomtf>IÀlIHIOY ; à gauche de la légende un fou- dre? à droite un épl.

Poids, 7,95. L'emploi simultané de l'épi et du foudre est très-remarquable. Nous

retrouvons, en effet, ces symboles réunis sur une foule de pièces appartenant à des peuplades très-distinctes, etnul doute, dès lors, qu'ils ne soient l'indice d'une véritable suprématie. Or à qui pouvait

(1) Voir le numéro de janvier.

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 3: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES. 123

revenir cette suprématie? La présence de l'épi ne peut nous tromper. En langue celtique ancienne, comme clans toutes les langues néo- celtiques, un épi se disait Edh; c'était donc une véritable pièce d'armoiries parlante, caractérisant les Éduens.

14. - Le quart de statère provenant de la même trouvaille deCré- mieux est d'un style meilleur, et par conséquent un peu plus ancien. Sur la joue d'Apollon, on ne voit plus qu'un seul point rond, ce qui est fort naturel si, comme je le suppose, les points signalés ci -dessus sont tout simplement un indice de valeur monétaire. Au revers, le bige court à droite; au-dessous des jambes de devant des chevaux, on distingue le foudre. Il n'y a que trois jambes derrière et devant pour les deux chevaux ; au-dessous on lit AM bien nettement tracé.

Bon or. Poids, 2 gr. Si nous rapprochons ces lettres AM de l'A initial du statère, nous

serons bien tentés, il faut l'avouer, d'attribuer ces deux jolies mon- naies aux Ambarres, clients consanguins des Eduens, ainsi que nous l'apprend César.

15. - J'ai acquis, il y a quelques années, à Genève, un statère tout à fait analogue au numéro 13. Seulement il est d'un style beaucoup moins bon, et par conséquent d'une date moins reculée. Le bige galope à droite, et au-dessous, dans le champ on aperçoit un signe qui a les plus grands rapports avec le monogramme AP des mon- naies arvernes les moins anciennes. Le poids de ce statère est de 7,85.

Il y a donc tout lieu de croire que cette curieuse pièce a été frappée par les Ambarres, lorsque les prétentions des Arvernes à la supré- matie eurent été relevées, vers l'an 63, grâce à l'intervention des Germains d'Arioviste et à la défaite honteuse des Éduens.

Au reste, il suffit d'étudier la série des statères et quarts de statère arvernes au monogramme, pour trouver la contre-partie largement représentée, c'est-à-dire que nos collections contiennent une grande quantité de pièces de cette classe sur lesquelles paraissent le foudre et l'épi, indices palpables de la suprématie éduenne, qui s'exerça depuis l'an 121 jusqu'à l'an 63 (1).

2e SÉRIE PARALLÈLE A CELLE DES MONNAIES ÉDUENNES AU TYPE DE LA LYRE.

Cette série se compose de deux groupes distincts. Le premier ne

(1) Peghoux, nos 1, 2, 3, l' et 6. Essai sur les monnaies des Arvernes t

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 4: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

124 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

comporte jusqu'ici que de magnifiques slatères, dont voici la descrip- tion.

1er Groupe .

46.- Tète à droite coiffée de très-grosses boucles de cheveux, séparées du cou par un rang de perles; elle porte un collier dont le milieu est formé d'un gros annelet centré.

fy. Bige galopant à gauche; les quatre jambes des chevaux sont régulièrement dessinées. Sous le ventre du cheval un emblème à trois pointes, terminées chacune par un point rond, et dont il serait im- possible de déterminer la nature: ̂ [sic).

Très-bon or, flan épais et de faible diamètre. Poids, 7 gr. 70 et 7,75 (bords un peu usés).

2e Groupe .

17. - Tête à droite coiffée de grosses boucles et ornée d'une cou- ronne de laurier? Pas de rang de perles; pas de collier. Sourcils épais.

I)C. Même bige galopant à gauche ; au-dessous des chevaux, un gros point entouré d'un cercle de perles, supporlé par une tige ver- ticale.

Flan épais, de bon or. Poids, 7,40 (il manque un morceau à la pièce). Ce fleuron se retrouve sur certaines monnaies desLémovikes ou des Pictaves.

18. - Même tête laurée h droite, mais portant en outre de fortes moustaches. (Comme sur certaines pièces d'argent des Pictaves, au type des deux chevaux placés l'un au-dessus de l'autre).

ÇT. Char galopant à gauche et attelé d'un seul cheval; les rênes sont élégamment recourbées en longues bandes; sous le cheval un annelet entouré d'un cercle de perles et supporté par une lige ver- ticale formée de grosses perles.

Très-bon or, flan épais. Poids, 7,70. 19. - Même type au droit.

Ijf. Aurige conduisant un cheval à corps très-épais et d'un style détestable. Au-dessous débris d'une légende méconnaissable et dans laquelle Ch. Lenormant pensait devoir lire NIS, finale du mot ARVERN1S. Inutile de dire que je ne saurais accepter cette leçon.

Cette belle pièce, trouvée en Auvergne, m'est arrivée avec la col- lection Mioche. Son poids est de 7,65.

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 5: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES. 125

20. - Il faut, de toute nécessité, réunir à ces pièces d'or un denier d'argent assez rare, dont la tòte tournée à droite est à peu près coif- fée comme celle du denier à la lyre, et porte des moustaches très- distinctes. Au revers paraît un cheval galopant à droite et au- dessous le signe ̂ . Poids, 1,92.

Un exemplaire a été décrit par M. Peghoux, et il s'en est trouvé un seul, d'une conservation détestable, dans le trésor de laVilleneuve-au- Roi. Hâtons-nous de dire que si la fabrique de ce denier est semblable à celle des deniers éduens à la lyre, il n'est nullement démontré pour cela que celui-ci appartient aux Éduens. Il peut n'y avoir là qu'une similitude due au voisinage.

Revenons maintenant à des monnaies complètement éduennes et appartenant incontestablement au plus ancien monnayage.

21. - La première qui se présente est un magnifique statère, cal- qué sur ceux de Philippe de Macédoine, mais dont le style est devenu purement gaulois. La coiffure et la couronne de la tète d'Apollon ne permettent aucune hésitation à cet égard.

Au revers, le bige lancé au galop est conduit par un auriga à che- velure assez longue, et tenant verticalement son stimulus. Le nom <Mt7T7tou a fait place, à Texergue, à une double série de points ronds desiinés à simuler des lettres. Sous le ventre des chevaux on voit un épi couché surmonté de trois petites bractées, et dont se dé- tachent deux des balles, prolongées de façon à se rejoindre en guise de lame d'épée. Sur la fesse droite du cheval est un enfoncement très- marqué. Je note ce fait parce qu'il se reproduit sur le quart de statère, et qu'il me paraît un caractère de la fabrication de ces pièces.

Très-bon or. Poids, 8,20 et 8,15. 22. - Le quart de statère est absolument identique de type et de

titre, et pèse 2,05. Le point enfoncé sur la fesse du cheval est très-marqué. 23. - Je réunis à ces deux belles monnaies, mais avec toute es-

pèce de réserves, un quart de statère d'une barbarie extrême, sur lequel les deux types sont tournés à gauche au lieu de l'être à droite. La tête, à-peine dessinée, est coiffée d'une couronne de cheveux hé- rissés. Au revers, le cheval est d'un dessin pitoyable; sa tête ne ressemble plus à rien; enfin l'épi est devenu une véritable palme ou un roseau à feuilles opposées. Le point enfoncé sur la fesse du che- val est encore plus marqué que sur les pièces précédentes. En un mot, ce quart de statère a toutes les apparences d'une fabrique bien voisine de la fabrique germaine. Ajoutons à cela que j'ai vu deux

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 6: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

126 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

exemplaires de cetle monnaie trouvés aux environs de Metz. Comme, d'ailleurs, les monnaies d'or des Médiomatrikes offrent cette palme ou ce roseau, il se pourrait que nous eussions là sous les yeux un quart de statère, émis par les Médiomatrikes reconnaissant la supré- matie éduenne, et copiant le mieux qu'ils le pouvaient les types mo- nétaires de la nation suzeraine. • L'or n'est pas d'un titre très-pur ; le flan est un peu concave, et la

pièce un peu frottée pèse 1,90. Je croirais volontiers que celte pièce est des premiers temps de la

suprématie éduenne, c'est-à-dire qu'elle a été frappée à l'époque où les Arvernes et les Éduens so disputaient l'hégémonie, bien anté- rieurement à l'an 123.

Quoiqu'il en soit, les deux belles monnaies nos21 et 22 me parais- sent appartenir, sans aucun doute possible, aux Éduens. Leur style, leur poids et leur titre les rapprochent de l'origine du monnayage gaulois. Si le statère à la lyre renversée, semble avoir l'antériorité à cause de la présence de la légende «MÀinnOY, le statère à l'épée a dû le suivre de très-près* et donner naissance à toutes les pièces avernes et autres sur lesquelles se montrent les emblèmes de la suprématie éduenne, c'est-à-dire le foudre et l'épl.

En d'autres termes : 10 Le statère à la lyre renversée aurait été frappé presque aussitôt

après le retour des Gaulois qui avaient pris part au pillage de Delphes (279 av. J.-C.).

2° Le statère national à l'épi lui aurait été substitué, très-peu de temps après (vers 260 av. J.-C.).

3° Les Arvernes ayant pris le dessus, le type à la lyre debout au- rait été remis en usage et aurait continué indéfiniment, dans toutes les parties du pays éduen, jusqu'à l'époque où les projets des Hel- vétiens auraient été mis à exécution (de 200 environ à 63 av. J.-C.).

11 va sans dire qu'une et même plusieurs interruptions, dans l'é- mission de ce type, peuvent avoir eu lieu ; et ces interruptions nous rendraient parfaitement compte des modifications de titres et de poids.

D'une autre part, je suis bien tenté d'admettre qu'au moment où le trésor de la Villeneuve-au-Roi fut enterré, si les anciennes mon- naies d'or nationales couraient encore, elles ne se fabriquaient plus guère, et étaient fort peu en usage. Comment expliquer autrement l'absence de toute pièce d'or dans le trésor enfoui d'une bande de pillards ?

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 7: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES. 127

Maintenant que nous avons fini avec les monnaies d'or, passons aux monnaies d'argent, de cuivre et de potin, qui appartiennent aux Éduens et aux Séquanes.

Déjà ncus avons mentionné les deux pièces d'argent les plus an- ciennes, c'est-à-dire le denier à la lyre et celui avec une tête à moustaches; nous devons rappeler que le trésor de la Villeneuve- au-Roi ne contenait qu'un exemplaire du dernier, et que cinq ou six du premier, et de plus, que tous étaient fort usés et d'apparence bien aiiiérieure à celles des espèces en cours au moment où ce trésor fut enfoui.

La composition du trésor de la Yilleneuve-au-Roi a eu pour nous un très-grand intérêt, en ce qu'elle nous a donné l'ordre chronolo- gique dans lequel on doit ranger une foule de pièces, grâce à la com- paraison de leur poids. Gomme presque toutes ces pièces étaient éduennes ou séquanes, vous prévoyez bien, mon cher ami, tout le parti que je vais tirer de cette comparaison; pour opérer le classement que je vous soumeis aujourd'hui.

11 est incontestable maintenant que les innombrables variétés con- nues des deniers éduens portant la légende KAACT £M)Y plus ou moins abrégée ont été émises pendant un temps très-considérable. Il n'est pas moins incontestable que ces monnaies portent d'une ma- nière manifeste les signes de l'influence romaine. Ainsi sur les plus anciennes nous trouvons la tête casquée de Pallas, derrière laquelle paraît la sigle X du denier, comme sur presque tous les deniers an- ciens de la République. Il est donc tout naturel d'admettre que ces pièces, sans nom de magistrat, ont été émises aussitôt que l'al- liance romaine, contractée en 123 avant J.-C., eut permis aux Éduens de se donner à eux-mêmes le titre de frères du peuple romain. De 123 à 121, la suprématie étant restée aux Arvernes, si, pendant ces deux années, des monnaies ont été frappées par les Éduens, elles ont dû à la fois présenter les signes et de l'alliance romaine et de la su- prématie arverne.

N'est-il pas singulier qu'il se rencontre à point nommé une pièce d'or, unique jusqu'ici, et qui satisfait pleinement à cette double con- dition? En voici la description :

24. - Tête casquée des deniers de la République. ÇT. Cheval libre galopant à gauche. Sous le ventre le mono-

gramme des Arvernes, dégénérant déjà en triquetra. Très-bon or. Poids, 6 grammes. Suivant Cohen ( Introduction aux monnaies de la République,

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 8: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

128 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

p. VIII), de 1 jï à 134 avant J.-C., le denier d'or de 48 à la livre a pesé- ISS grains (6,70).

Notre aureus a pu perdre une certaine partie de son poids par le frai ; je ne croirai que difficilement, cependant, qu'il aitpu perdre 0,79. Il y a donc là un poids monétaire spécial, et la monnaie romaine n'a pas été fidèlement calquée.

Quoi qu'il en soil, je vous propose formellement de consiJérer celte rare monnaie comme frappée chez les Éduens, de 123 à 121 avant J.-C.

Maintenant revenons aux deniers d'argent à la légende KAAéT €AOY.

Je ne recommencerai pas à tenter de j ustifier une attribution qui est tellement claire, grâce aux légendes explicites des monnaies en ques- tion, que je ne m'explique pas bien comment quelques personnes encore persistent à revendiquer ces monnaies pour des pays tout autres que celui des Éduens.

Je croirais également perdre mon temps en décrivant minutieuse- ment les nombreuses variétés de ce type; je me bornerai donc à donner quelques faits généraux.

Un des plus curieux, à mon avis, des deniers de ce genre offre la této casijuée à droite ; la sigle X derrière ; au revers, le cheval libre galope à droite; au-dessus on lit KVA, et au-dessous AJ/2 . Style fort médiocre.

Quoique des plus anciens, peut-être ce denier doit-il passer, chro- nologiquement parlant, après le suivant :

Tête casquée à gauche; derrière, la sigle X, qui manque par- fois.

fy. Cheval marchant à gauche, le pied montoir de devant levé. Au-dessus, KAA6T €AOY. Assez bon style.

Du reste, à en juger parles poids, certaines variétés sur lesquelles la légende est moins complète paraîtraient un peu plus anciennes, et je vous renvoie, pour leur description, à la notice que j'ai publiée sul- la trouvaille de la Villeneuve-au-Roi.

Au système de ces deniers d'argent on peut rattacher une pièce de potin, d'assez grand module, qu'on trouve très-fréquemment en.Bour- gogne, et dont un nombre considérable d'exemplaires a été tiré des fouilles du ßeuvray.

On y voit une tète casquée à droite, et au revers un animal fantas- tique à corps de cheval et à tête de bœuf de face; au-dessous paraît un grand S couché. Peut-être la présence de ce S rattacherait-ehe

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 9: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANËS. 129

plus étroitement le potin en question au denier que je vais décrire, mais qui est connu déjà depuis fort longtemps.

Tête calquée à gauche des pièces à la légende KAA. W. Cheval galopant à gauche. Au-dessus la légende U"NOO. De-

vant le poitrail du cheval le signe S; dessous,, une main fermée. J'avais cru trouver dans cette légende le nom du vergobret Convic-

tolitavis confirmé par César, en 52 avant J.-C.; mais la composition du trésor de la Villeneuve-au-Roi ne m'a pas permis de conserver cette attribution. Ce personnage a-t-il eu un père du même nom qui aurait été vergobret antérieurement à l'enfouissement du trésor de la Villeneuve-au-Roi? C'est fort possible, sinon tout à fait probable.

Quoi qu'il en soit, ce denier, dont il n'y avait que deux exemplaires à la Villeneuve, est forcément antérieur à l'an 58 avant J.-C.

N'y aurait-il pas lieu de rapprocher de ce rare denier un autre de- nier, non moins rare, qui offre exactement les types et la fabrique du denier à la légende lue jusqu'ici DIASVLOS, et dont il se trouvait dans le trésor de la Villeneuve-au-Roi un très-petit nombre d'exem- plaires? C'est ce dont je vous laisse juge. En voici la description :

Tête avec torques à gauche, au-dessus d'un grand torques ouvert. J)t. Cheval galopant à droite; au-dessus, D1MO ; au-dessous, FR. Il y a bien, à l'initiale près qui manquerait ici, la môme légende,

si on la lit extérieurement, c'est-à-dire en regardant les lettres comme tournées vers le centre de la pièce.

Quoi qu'il en soit, cette dernière pièce ne peut en aucune façon être séparée des pièces à la légende DIASVLOS et de celles de Dub- norix, à cause de la loi de continuité des types.

Mais avant tout ce groupe à légendes nominales il faut, de toute nécessité, placer chronologiquement la multitude de deniers éduens anépigraphes à la tête casquée, de fabrication très-grossière, et of- frant un certain nombre de variétés queje me dispenserai de décrire, mais dont l'eustence prouve que ces pièces muettes ont été émises pendant plusieurs années consécutives.

Je me contenterai de vous rappeler que quelques-unes de ces pièces muettes offrent encore l'X derrière la tête, ou une croix de quatre gros points ronds, et au revers un nombre très-variable d'annelets autour d'un cheval libre, galopant à gauche. Des pièces d'un pareil style, sans nom de peuple, sans nom de chef, ne peuvent avoir été frappées que dans une période d'abaissement de la nation éduenne. Cette observation va nous aider un peu plus bas à déterminer leur position dans la suite monétaire éduenne.

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 10: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

130 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. A cette môme période me paraissent se rapporter des potins d'assez

grand module, que l'on trouve fréquemment dans toute l'étendue du payséduen, et qui peuvent être caractérisés ainsi qu'il suit: Tète formée de gros points et de trails en forte saillie, donnant à la pièce l'apparence d'une division de Yœs grave romain. Au revers un animal méconnaissable, tourné à gauche, la queue en l'air, la patte de devant recourbée en arrière et la patte de derrière déme- surément prolongée au-dessous de l'autre. Au-dessus de l'animal», un torques.

Nous devons maintenant redire ici ce que sont les monnaies à la prétendue légende D1ASYLOS. Je vous ai montré, mon cher ami, qu'on y lisait très-nettement DIVlSArOS ou IVISArOS, nom du fameux Divitiac, ami de César et de Cicéron; le caractère si peu ambitieux de ce grand homme une fois connu, nous pouvons assurer qu'il n'a frappé ces monnaies que pendant qu'il était en possession de la dignité et des fonctions de vergobret.

Nous n'en pouvons assurément dire autant de son frère Dubnorix, de cet ambitieux effréné qui devait sa haute position à Divitiac, et qui le paya de ses bienfaits par la plus noire ingratitude.

Dubnorix, aussitôt après que le vergobrétat fut sorti des mains de son frère Divitiac, put donner libre carrière à ses menées criminelles, et affecter les allures d un souverain de fait. C'est donc à Tannée qui suivit le vergobrétat de Divitiac que nous rapportons avec toule cer- titude les monnaies de Dubnorix, aux mômes types que celles de Divitiac, c'est-à-dire à l'an 59 avant J.-C. Inutile de décrire en détail les innombrables variétés de coins de ces monnaies de Dubnorix.

Comme nous ne nous occupons, pour le moment, que des monnaies éduennes pures, nous devons passer sous silence les pièces de Dub- norix a la légende ANORBOS, auxquelles nous reviendrons tout à l'heure.

Il nous est parvenu deux autres deniers frappés par Dubnorix, très-certainement après la campagne contre les Helvétiens, c'est-à- dire de l'an 57 à l'an 54 avant J.-C., époque certaine de la mort tra- gique de cet ambitieux.

Ce sont deux deniers offrant au droit une effigie accompagnée de la légende DVBNOCOV, et au revers un guerrier debout, tenant de la main droite un sanglier enseigne et un carnyx, et de la main gauche une tôle coupée, ou élevant des deux mains le sanglier étendard. Dans les deux cas le guerrier est accompagné de la légende DUB- NOREX. Peut-être le père de Divitiac et de Dubnorix se nommait-il Dubnocus, nom dont les Romains auront dû faire Dumnacus. Or en

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 11: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES. 431

51 avant J.-C. un chef des Andégaves, de ce nom, vint assiéger dans Poitiers Duratius, ami des Romains; il fut obligé de lever le siège et fut battu à plate couture par Fabius. (Liv.YIII des Commentaires.) Si ce chef était, ce qui est fort probable, à la tête de sa nation depuis plusieurs années, qu'y aurait-il ďimpossible à ce qu'il fût un de cos puissants alliés de Dubnorix dont nous parle César? Le type du guerrier debout se retrouve sur les monnaies pictaves ou pétruco- riennes de Vérotal et de Luccios; il se retrouverait donc assez natu- rellement sur des monnaies des Andégaves. Mais, hâtons-nous de le dire, c'est là une pure hypothèse que légitime seulement l'existence des monnaies d'alliance de Dubnorix et d'Anorbos. L'étude des poids des exemplaires de ces deux variétés, provenant du trésor de Chante- nay, prouve que le type de la tete coupée est le plus récent des deux.

Notons que pas un seul de ces deniers ne se trouvait dans le trésor de la Yilleneuve-au-Roi, et qu'en revanche on en a rencontré dans les fouilles du champ de bataille d'Alise.

Poursuivons notre étude des monnaies éduennes pures. La belle pièce en potia retrouvée au mont Beuvray, et dont je vous dois la connaissance, nous offre une tete presque identique avec celle qui est si caractéristique sur les monnaies arvernes pures d'Epadnactus. C'est tellement vrai qu'il semble que le type de la pièce éduenne ait été calqué sur celui de la pièce arverne. Devant l'effigie on lit en lettres creuses, comme celles de la légende des potins des.Ségusiaves, le nom DIAVCOS. Au revers paraît un lion courant à gauche. J'ai été bien tenté, dès l'abord, de relrouver encore dans cette légende le nom de Divitiacus; mais après plus mûr examen j'ai renoncé sans regret à cette hypothèse. Le mot Diaucos est bien certainement le nom d'un vergobret des Éduens, qui aura été peut-etre le prédécesseur de Yale- tiacus (54 à 53 avant J.-C.). Cette belle pièce, extrêmement rare, puis- que jusqu'ici je n'ai constaté l'existence que de deux exemplaires, dont le second a été trouvé, il y a quelques années, à Minot (Côte-d'Or), m'a donné la clé d'une énigme numismatique qui m'intriguait depuis longtemps; je veux parler de l'origine de certains potins dont on a retrouvé sept exemplaires au mont Beuvray, et quelques autres à Montluel, à Avallon, à Seurre et à Bourbon- Lancy. Au droit paraît une tete à droite, accompagnée d'un annelet derrière la nuque. Au revers on voit un lionà droite, tirant une langue démesurée; au- dessus on lit AIAV., qui n'est très-certainement que l'abréviation du nom DIAVCOS. Le type du lion retrouvé sur ces deux intéressantes monnaies m'a conduit immédiatement à la classification rationnelle

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 12: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

132 El LVU E ARCHÉOLOGIQUE. d'un certain nombre de pièces que jusqu'ici je n'avais su attribuer à leurs auteurs.

Je vais les énumérer rapidement. iïV. Tête casquée des pièces de Q. DOCI et de TOGIRIX. Devant,

restes d'une légende nominale qui peut se lire ABA ou ARA.

Ijf. Cheval libre galopant à droite. JK. Tète à droite; devant, ABA ou ARA; derrière, RI ou BI.

Ijf. Lion galopant à gauche. Nous avons là probablement les restes du nom d'un vergobret in-

connu. M. Tête jeune à droite, d'un bon style. La légende, qui malheureu-

sement a été altérée par le nettoyage de la pièce, est bien difficile à lire; on croit y voir ...SSAT VSlÒl.

Çf. Lion courant à gauche. La tète du droit est, pour ainsi dire, copiée sur celle de Junon Moneta

quise voit sur les deniers de la famille Annia. (Cohen, tig. 3 el 4.) Nous avons encore ici la monnaie d'un vergobret dont le nom

ne nous est pas connu. Je crois cette pièce antérieure aux deux qui précèdent; elle pro-

vient des environs de Poitiers. Nous nous retrouvons maintenant en présence d'un nom de per-

sonnage connu. yR. Tòte casquée des deniers de Q. DOCI. et de TOGIRIX. Devant,

...EHAC, reste du nom YALETIAC.

Çf. Cheval à gauche, le pied montoir de devant levé, et les lettres €AYO pour ÉAOY.

M. Tête à gauche avec torques. Devant, ...IIITIAC (pour VAL1I- TIAC).

IT. Lion courant à droite; au-dessus, GO I; dessous, <3>. Trouvé à Gergovia, et venu entre mes mains avec la collection

Mioche. J'attribue ces deux pièces au vergobret Valetiacus, qui futen exer-

cice du printemps de 53 au printemps de 52 avant J.-C. Pendant la grande insurrection de l'an 52, les chefs éduens, Li-

tavicus, Eporédirix et Virdomarus jouèrent le rôle que nous savons. Il est très-vraisemblable, a priori , qu'ils firent battre monnaie pour subvenir à la solde de leurs troupes.

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 13: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES. 133

Les beaux deniers de Litavicus font Irop connus pour que j'en reparle ici.

Quant à Virdomarus, je n'hésite pas aujourd'hui à lui attribuer la jolie pièce à la légende 'RPO RX, que j'attribuais précédemment à L'Unelle Yiridovix, bien que le style et la fabrique de la pièce fussent en désaccord flagrant avec celte attribution. Aujourd'hui le type du lion me ramène forcément aux Éduens, et dès lors il n'y a plus, à mon avis, aucune difficulté pour attribuer ce bijou numismatique à l'illustre Virdomarus. (52 avant J.-C.)

Les fouilles d'Alise (champ de bataille de Grésigny) ont donné trois exemplaires de la jolie pièce de cuivre de fort bon style sur la- quelle, au revers d'une tôle de chef tenant un javelot, on voit un che- val qui semble boire dans un vase. Jusqu'ici cette monnaie, décrite pour la première fois par le marquis de Lagoy, d'après un exemplaire trouvé dans le Midi, est restée parfaitement indéterminée. Mais voilà que les fouilles du mont Beuvray en ont fourni huit exemplaires trouvés séparément ; il y a donc tout lieu de croire que c'est en réa- li(é une monnaie éduenne anépigraphe. J'avoue que, cela une fois établi, je suis bien tenté d'y voir une monnaie de cuivre, ou de Litavicus ou d'Eporédirix, frappée pour les besoins du contingent fourni à l'insurrection par les Éduens. Ce que je désire par-dessus tout, c'est qu'on propose pour cette jolie monnaie une attribution plus vraisemblable.

Pour avoir fini avec les monnaies éduennes proprement dites, il ne me reste plus qu'à mentionner les potins assez communs offrant deux têtes accolées, mais en sens inverse, et au revers un sanglier- enseigne surmontant soit le monogramme soit la légende OYINA1A ((AIAOYIN), soit enfin les quatre lettres AYSS, disposées en cercle.

Comme pas une de ces monnaies ne s'est rencontrée dans les fouilles des champs de bataille d'Alise, il y a tout lieu de croire qu'elles sont postérieures à l'an 52 avant J.-C.

Passons actuellement aux monnaies des Séquanes. Celle qui jusqu'ici a été reconnue par tout le monde, est le denier

à la légende SEQYANOIOTVOS, dont le trésor de la Villeneuve-au- Roi contenait plus de 1,600 exemplaires de diverses fabriques, mais en général bien conservés. Ceux à flan écourté et épais étaient en général assez usées, tandis que ceux à flan large et mince sem- blaient pour ainsi dire frappés d'hier.

Quant à présent bornons-nous à dire que ces deniers sont évidem-

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 14: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

134 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. ment antérieurs à l'an 58 avant J.-C., et qu'ils ont dû être frappés pendant plusieurs années consécutives.

Le même trésor de la Villeneuve contenait plus de 3,000 deniers de Q. DOCI SAM. F, et plus de 3,000 de TOGIRIX.

La comparaison des poids de ces trois monnaies prouve que la plus ancienne est celle de Q.DOCI. et la plus récente celle de TOGIRIX. Le SEQ VANOIOT VOS placé entre les deux, étant représenté par un nombre beaucoup plus restreint d'exemplaires, a dû être frappé pendant un temps moins considérable que les deux autres. Toutes les trois, enfin, sont antérieures à l'an 58 av. J.-G.

La légende Q.DOCI. SAM. F. nous apprend que le chef représenté par cette légende était fils d'un personnage nommé SAM, peut-être Samotal. Or nous trouvons en Franche-Comté, et toujours dans l'est de la France, des potins évidemment séquanes, à en juger par la quantité d'exemplaires anépigraphes et identiques de types, dont vous avez le premier signalé la fréquence dans les dragages du Doubs; toutes ces pièces sont donc des Séquanes, et sur celles qui portent des légendes nous trouvons sur la calotte qui forme le haut de la tête, soit Q.SAM., soit Q. DOGI.; d'autres pièces enfin, portant au revers un cheval barbare, nous donnent la légende répartie dans le champ Q. DOCï.

Voilà donc le monnayage depotin de ces deux personnages parfai- tement déterminé, et nous avons la série suivante, rangée chrono- logiquement:

1. Anépigraphes à tête laurée. 2. Q. SAM. écrit sur la tête laurée. 3. Q. DOCI. sur la tête qui n'est plus laurée. 4. Q. DOCI. dans le champ du revers. 5. Anépigraphes à la tête barbare sans couronne de laurier.

Ce classement n'est pas douteux. Quant à la leçon Quintus pour le mot représenté par la lettre Q. sur les pièces de SAM. et de DOCI., je doute grandement aujourd'hui qu'elle soit bien probable. Il faudrait trouver mieux sans doute, mais je ne m'en charge pas.

Les anépigraphes du n° 5 me paraissent correspondre exactement aux deniers à la légende SEQVANOIOTVOS.

Viennent ensuite les monnaies de Togirix, les plus récentes de toutes.

Aux deniers d'argent, si communs partout, correspondent des po- tins, frappés pour les Séquanes avec le cheval et la légende TOG ; pour les Éduens, sans nul doute, avec TOG ou TOGIR et le lion, type essentiellement éduen, ainsi que nous l'avons reconnu.

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 15: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES 135

Si maintenant nous recourons au tableau des dates que nous avons dressé au commencement, en tenant compte de l'existence de monnaies de Togirix frappées pour les Séquanes et les Éduens à la fois, nous serons forcément conduits à constater que ce monnayage mixte représente la période de temps pendant laquelle les Éduens furent soumis à la domination des Séquanes.

Tout à l'heure nous construirons le tableau fixant l'histoire moné- taire des Éduens et des Séquanes, depuis l'anéantissement de la su- prématie arverne.

Le trésor de Chantenay a mis au jour cinq ou six exemplaires d'une monnaie tout à fait analogue de types avec celles de Q. DOCI. et por- tant la légende rétrograde DOICO)! ou DOICùl devant l'effigie, et au revers, sous le cheval, les lettres 2AA. Je ne me charge pas d'expli- quer ces deux portions de légendes qui donnent probablement le nom d'un chef séquane et celui de son père. Quant au style, il se rap- proche plus de celui des deniers de Togirix quede celui des deniers de Q. DOGI.

Enfin, il a été trouvé, dans les trésors de Bazoche-en-Dunois et de Chantenay, des monnaies de Togirix sur lesquelles ce chef prend le nom IVLIVS.

Tout cela considéré, je pense : Io Que Q. SAM. et son fils Q. DOGI, sont antérieurs à la défaite

humiliante des Éduens. 2° Que ce fut DOCI (rix probablement) qui appela les Germains et

devint chef à la fois des Séquanes et des Éduens. 3° Qu'une fois les Germains établis en tyrans dans la Séquanie,

les deniers des Séquanes à la légende SEQVANOIOTVOS, et les deniers anépigraphes et pour ainsi dire barbares des Éduens, furent frappés simultanément, sous le joug de fer d'Arioviste.

4° Que le chef séquane KCOIOCfut intermédiaire entre Docirix et Togirix.

5° Que lors de la défaite des Germains, Togirix était à la fois, depuis plusieurs années, chef des Séquanes et des Éduens, et frappait ses monnaies d'argent pour les deux peuples, et ses monnaies de potin pour chacun d'eux.

6° Qu'après l'expulsion d'Arioviste et de ses hordes barbares, ce Togirix, par reconnaissance, s'affilia à la gens Julia , et prit par flatterie le surnom IVLIVS.

7° Que dans les dernières années du règne de Togirix, la suzerai- neté de celui-ci sur les Éduens fut si précaire qu'il les appela à son secours comme des égaux, et non comme des sujets, et que, par suite,

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 16: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

136 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. les vergobrets èduens purent commencer à frapper des monnaies à leur nom.

Tout ceia posé, il n'y a plus aucune difficulté à dresser le tableau synoptique que je vous promettais il n'y a qu'un instant; le voici donc.

AJ?Nj*cES ÉDUENS. SÉQUANES. 191. ils succèdent aux Arvernes dans Ils sout soumis aux Éduens.

la suprématie sur touto la Gaule. L'émission des deniers au type

romanisé commence, et dure à peu près un demi-siècle.

Vers 75 Q. SAM. frappe des potins. Vers 70 Q. DOCI. SAM. F. frappe des de-

niers d'argent et des potins. Vers 65. Les Éduens sont défaits et de- Koios est chef des Séquanes et

viennent les sujets des Séquanes. appelle les Germains à son aide. Vers 63. Ils sont appelés à leur secours

par les Séquanes, et battus h plate couture à Magetobria.

Vers 62. Les Éduens sont sous le joug Los Séquanes deviennent sujets d'Arioviste, qui est déclaré roi et d'Arioviste et frappent les mon- ami des Romains. naies à la légende SEQVANOIO- Les monnaies éduennes devien- TVOS et des potins anépigraphes.

nent anépigraphes, argent et potin. 60. Divitiac est vergobretdesÉduens, Togirix est chef des Séquanes

auxquels la protection romaine est avant la nomination de Divitiac. assurée par décret du sénat. 11 frappe des monnaies d'argent Les Helvétiens se préparent à pour les deux peuples, et des mon-

émigrer. iiaies distinctes de potin pour cha- cun d'eux.

59. Dubnorix, frère de Divitiac, veut usurper le pouvoir souverain; il s'allie avec les chefs puissants des peuples voisins, et frappe monnaie h son nom. *

58. Liscus est vergobret. Les Helvé- Togirix, par reconnaissance, tiens sont battus. prend le surnom Julius.

57. Dubnorix est tout- puissant à Les Séquanes ont perdu tout Bibractc. prestige, et toute prétention à la

suprématie; probablement ils n'é- mettent plus que de vulgaires mon- naies de potin.

I Dubnorix

leurs les

Dans

Règne noms

monnaies la

sont de

est dernière

trois

tué.

inconnus. très-probablement.

vergobrets,

de ces

Nous

années,

avons dont

les noms sont inconnus. Nous avons leurs monnaies très-probablement. Dans la dernière de ces années,

Dubnorix est tué.

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 17: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES. 137 53 . Valetiacus est vergobrct et frappe

monnaie à son nom. 52. Cottus et Convictolitavis se dis-

putent le vergobrétat. Le nom du vergobret Cottus est inscrit sur les monnaies de Cisiambos, chef des Lixoviates. Convictolitavis est confirmé par

César, qu'il trahit. Litavicus, Virdomarus et peut-

être Éporédirix frappent monnaie; pour les deux premiers le fait est certain.

Vers 50. Les Éduens émettent les potins à deux têtes.

Ma tâche est désormais bien avancée, mon cher ami, mais néan- moins il me reste encore plusieurs choses à dire, qui intéressent la numismatique des Eduens. Je vais le faire le plus brièvement pos- sible.

MONNAIES D'ORGÉTIRIX L'HELVÉTIEN.

Ces monnaies, qui sont pour nous du plus haut intérêt, semblent donner un démenti à l'assertion de César sur la mort subite de ce chef illustre. Enumérons-les.

La première, unique jusqu'à ce jour, et qui a été décrite par la Saus- saye, appartient aujourd'hui à la collection numismatique du Musée de Lyon. C'est celle sur laquelle paraît le buste de Diane, du meilleur style, accompagné de la légende EDVIS. Au revers on voit un ours admirablement dessiné, et à l'exergue le nom ÜRGETIRIX. Le style de cette charmante pièce, d'un art vraiment parfait, rappelle singu- lièrement les jolis deniers d'argent au sanglier et signés N1NNOS, qui se sont trouvés en nombre au mont Terrible, sur les pentes helvéti- ques du Jura.

La contre-partie du beau denier queje viens de vous rappeler nous est fournie par les rares monnaies sur lesquelles nous retrouvons les légendes EDYÍS et ORGETIRIX, avec l'ours et, cette fois, la tôle des deniers éduens à la lyre; l'émission de ces deux monnaies distinctes a donc eu lieu dans des temps fort rapprochés.

Le trésor de Chantenay contenait cinq ou six de ces monnaies, au type de Tours; mais dans celui de la Yilleneuve-au-Roi, il n'y en avait pas un seul.

XVII. 10

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 18: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

138 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. Passons aux autres monnaies d'Orgétirix, qui nous offrent les types

suivants : Tête à gauche avec torques; devant, COIOS. Çf. ORGETIRIX. Cheval galopant à gauche; à l'exergue un annelet

rayonnant (astre ?). Nous avons vu, plus haut, qu'il existe des monnaies d'un chef sê-

quane nommé KCÔlOCou ICOIOC. Ne serait-ce pas le môme personnage que nous retrouvons sur la monnaie que nous venons de décrire ? Si c'est ce KCOIOC qui a, comme je le crois, appelé les Germains, la venue et la tyrannie de ceux-ci expliqueraient la rareté desmounaies de ce chef, qui aurait accueilli avec empressement lesouvertures d'Orgétirix. D'un autre côté, César appelle Caslicus le chef séquane qui fit al- liance avec Orgelirix et Dubnorix; ce Casticus et Coios (Coiosticus, peut-être) ne seraient-ils qu'un seul et même personnage? Voilà une que;tion que je n'essayerai pas de trancher.

Une autre pièce d'Orgétirix nous offre une tète de divinité (?) à gauche, avec la légende ATP1LI. F., et au revers un cheval au galop, surmonté de la légende ORGETIRIX; au-dessous du cheval, un astre.

Une troisième porte les mômes légendes; la tête de divinité est pour ainsi dire identique avec celle qui se voit sur les deniers de Verotal et de Luccios. Au revers paraît, sous le cheval, le même poisson qui se montre sur les deniers bituriges à la légende SOLIMA. Si c'est là un différent monétaire appartenant aux Bituriges, nous avons en quelque sorte l'explication de ce fait, par l'existence de l'alliance de Dubnorix, le complice et l'ami d'Orgétirix, avec le chef le plus puissant des Bi- turiges, auquel Dubnorix avait fait épouser sa mère.

Quant à la légende ATPILI. F., elle nous révèle sans doute le nom du père d'Orgétirix.

Enfin nous connaissons deux charmantes pièces de cuivre d'Orgé- tirix, dont l'une porte les traces d'une légende circulaire, dans les- quelles on croit démêler le nom des Éduens; quant à l'autre, dont je dois à votre bonne amitié l'exemplaire queje possède, elle n'a pas de légende au revers, et offre au droit le nom ORGETIRIX. Un second exemplaire de cette rarissime monnaie s'est trouvé à Verdun-sur- Saône, et appartient à M. Changarnier-Moissenet, de Beaune.

Le trésor de la Villeneuve-au-Roi ne contenait pas un seul spéci- men du monnayage d'Orgétirix ; cela est bien étrange.

La multiplicité des types reconnus sur les pièces qui portent le nom du chef helvétien Orgelirix semble en quelque sorte rendre fort douteux le fait du suicide si prompt de ce personnage.

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 19: LETTRE A M ANATOLE DE BARTHÉLEMY SUR LA NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÉQUANES (Suite et fin)

NUMISMATIQUE DES ÉDUENS ET DES SÊQUANES. 139

Hâtons-nous, pour en finir, d'arriver aux curieuses monnaies, au- trefois si rares, et que le trésor de la Villeneuve-au-Roi contenait au nombre de plus de 1,200 exemplaires; vous devinez, mon cher ami, que je veux parler des monnaies à la double légende ANORBOS- DVBNORIX.

J'avais émis l'opinion que peut-être ANORBOS était un illustre personnage choisi par Dubnorix, parmi ses ancêtres, pour invoquer sa glorieuse mémoire en faveur de ses prétentions; aujourd'hui il ne m'est plus possible d'admettre cette explication. Voici pourquoi: je possède un rare denier au type constant des ANORBOS-DUBNORIX, sur lequel on lit au revers ANO, la où se trouve d'ordinaire le nom de Dubnorix.

Un autre, évidemment un peu plus ancien, offre au-dessous du cheval les deux lettres ON rétrogrades, finales du même mot ANO pour ANORBOS. Ce personnage a donc émis des monnaies à son nom seul. Sauf meilleur avis, je vous proposerai d'y voir le nom du beau- père de Dubnorix, le puissant chef biturige, ou, si vous l'aimez mieux, le beau-frère qu'il se choisit, et dont nous ne connaissons ni le nom, ni la nationalité.

Un mot encore et j'ai fini. Je possède un denier de fabrique éduenne, à la tête casquée ordinaire, et sur lequel le cheval galopant à droite est surmonté du tronçon de légende NO. C'est peut-être un Dubnorix aux types essentiellement nationaux ; mais tant qu'un exemplaire complet ne sera pas venu confirmer ce fait, nous ne devons en parler qu'avec une extrême réserve.

Voilà, mon cher ami, ce que je suis conduit aujourd'hui à considérer comme le classement le plus probable des monnaies des Ëduens et des Séquanes.

Jugez-en. Mille amitiés.

Paris, 25 novembre 1867. F. de Saulcy.

This content downloaded from 194.29.185.118 on Mon, 19 May 2014 02:55:35 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions