Lettre à Monsieur Le Président Gérard Larcher concernant la Société Générale suite aux révélations de Cash Investigation

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  • 8/18/2019 Lettre à Monsieur Le Président Gérard Larcher concernant la Société Générale suite aux révélations de Cash Invest…

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    PALAIS DU LUXEMBOURG - 15, RUE DE VAUGIRARD - 75291 PARIS CEDEX 06TEL. : 01 42 34  48 03 - FAX : 01 42 34 49 13 - MAIL : [email protected]  

    Monsieur Gérard Larcher

    Président du SénatPalais du Luxembourg15 rue de Vaugirard75006 Paris

    Paris, le 6 avril 2016

    A l’attention de Monsieur Gérard Larcher,

    Monsieur le Président,

    Je vous écris ce jour après la diffusion sur France 2 de l’émission « CashInvestigation » le 5 avril 2016 consacrée aux révélations faites dans le cadredes « Panama Papers ».

    Il y est affirmé que le groupe Société Générale aurait créé ces dernièresannées 236 sociétés dans des Etats Non Coopératifs avec la volonté d’uncontrôle du groupe sur celles-ci et sur la liste grise des pays de l’OCDE,entités plus couramment dénommés paradis fiscaux.

    Le 17 avril 2012, la « commission d’enquête sénatoriale sur l'évasion des

    capitaux et des actifs hors de France et ses incidences fiscales » dont j’étaismembre auditionnait Monsieur Frédéric Oudéa, président-directeur général dugroupe Société Générale et président de la fédération bancaire française,fonctions qu’il occupe toujours actuellement.

    Cette audition a donné lieu à des déclarations sans équivoque de la part deMonsieur Oudéa :

    « Vous vous en souvenez, mesdames, messieurs les sénateurs, la Fédération

     française des banques avait pris, au nom des établissements qu’elle regroupe,

    l’engagement de fermer les implantations dans les paradis fiscaux définis en

    référence à la liste grise de l’OCDE. Les banques françaises ont appliqué cetengagement. La Sociétégénérale a ferméses implantations dans les paysqui f iguraient sur cette liste grise, mais aussi dans ceux que désignai t laliste des États non coopératifs, c’est -à-di re en pr atique, pour nous, à Panama . »A une question du rapporteur, notre collègue Éric Bocquet, qui lui demandaitde dresser « un état des lieux exact et exhaustif de la présence de la Société

     générale dans les territoires étrangers, en particulier dans les paradis

     fiscaux » la réponse de Monsieur Oudéa n’avait une fois de plus souffertd’aucune ambiguïté. En effet, il avait alors affirmé à notre commissiond’enquête : «

     je le répète, no us n’avons plus d’activité ni dans les pays de la

    l iste gri se ni dans les États non coopérati fs  et nous avons été au-delà de cesexigences en fermant nos activités dans les territoires qui ne figuraient pas

    R  E P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E  

    MARIE-NOËLLE

    LIENEMANN  ___________

    A NCIEN MINISTRE  ___________

    SENATRICE DE PARIS 

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     sur ces deux listes mais qui étaient considérés comme des centres financiers

    offshore. »

    Or l’émission « Cash Investigation » et d’une manière plus générale l’enquêtedes « Panama Papers » démontre, documents à l’appui, que plusieurs des 236sociétés domiciliées dans des paradis fiscaux auraient toujours été activeslorsque les données ont été remises aux journalistes à la mi-2015.

    Dans un communiqué publié de 4 avril 2016, le groupe affirme qu’ « à la datede la commission d’enquête du Sénat, nous confirmons que Société Génér alene détenait plus directement ou indirectement aucune implantation en activitédans les états non coopératifs. Les structures auxquelles il est fait référence

    dans les médias ne sont pas détenues par Société Générale mais par desclients ».

    Aussi, deux paroles s’affrontent. 

    Vous le savez, Monsieur le Président, le fonctionnement des commissionsd’enquêtes parlementaires est régi par l’article 6 de l’ordonnance n°58-1100du 17 novembre relative au fonctionnement des assemblées parlementaires.La sincérité des déclarations faites devant les commissions d’enquête estassurée par cette ordonnance puisque les auditionnés prêtent serment.

    Selon cette dernière : « en cas de faux témoignage les dispositions des articles434-13,434-14 et 434-15 du code pénal sont respectivement applicables. »L’article 434-13 du code pénal prévoit que « le témoignage mensonger faitsous serment devant toute juridiction ou devant un officier de police judiciaireagissant en exécution d'une commission rogatoire est puni de cinq ansd'emprisonnement et de 75000 euros d'amende. »

    La gravité des révélations rapportées ci-dessus nous commande me semble-t-il de réexaminer les déclarations faites sous serment par le président directeur-général du groupe Société Générale à l’aune de ces nouveaux éléments. 

    La procédure prévoit que les poursuites sont exercées à la requête du bureaudu Sénat lorsque le rapport de la commission a été publié.

    Je vous soumets donc l’ensemble de ces éléments en ne doutant pas que vousy apporterez les suites qui s’imposent. Comme membre de cette commissiond’enquête, mais avant tout comme sénatrice, j’ai la conviction qu’il en va del’honneur de notre institution auquel vous êtes, je le sais, particulièrementattaché.

     Nos concitoyens attendent du Sénat que la lumière soit faite sur l’action réelle

    de la Société Générale, sur la véracité des déclarations de son président et ilapparaît indispensable d’arbitrer des déclarations qui apparaissent aujourd’hui

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    contradictoires. Je vous remercie de bien vouloir m’indiquer les dispositions

    que vous allez prendre dans ce sens.Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma hauteconsidération.

    MARIE-NOËLLE LIENEMANN