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Au milieu du 19 e siècle, le Dr Philippe- Ignace Semmelweis fut le premier à faire le lien entre le lavage des mains et la transmission des infections puer- pérales 1 . Après cette découverte, il essaya d’instaurer, parmi le personnel médical, le lavage systématique des mains avant l’accouchement. Incompris et violemment rejeté par ses pairs, il ne vit jamais la mise en pratique de ses préconisations de son vivant. Au 21 e siècle, on peut se réjouir que cette pratique soit officiellement recon- nue et puisse être enseignée à travers le monde. Nos partenaires locaux prennent le temps de sensibiliser les bénéficiaires de leurs actions aux bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement. Cela de- mande de l’énergie, mais quelle joie lorsque nos partenaires et les bénéficiaires constatent des changements concrets. Lors d’une visite terrain en RD Congo en 2016, nous avons visité un village sensibilisé à l’assainissement en 2014. Les résultats étaient flagrants. Des par- celles balayées, des dispositifs lave- main utilisés, des latrines en matériaux locaux un peu partout… C’était encou- rageant de voir ces changements encore visibles deux ans plus tard. Au Togo, suite à la sensibilisation de notre partenaire, l’ADSPE, et à l’instal- lation de latrines dans le village d’Ape- nyigbe, une bénéficiaire raconte : « Notre village est devenu plus propre qu’avant. La défécation à l’air libre est bannie. Ainsi, l’utilisation des latrines est rentrée dans nos habitudes de tous les jours. Les dépotoirs sauvages ont disparu laissant place aux dépotoirs approuvés par le Comité Villageois de Développement. Éloignés des habita- tions, ils sont régulièrement ramassés et brûlés. Bref, on note une prise de conscience et une pratique quotidienne des règles d’hygiène et de santé. » La sensibilisation amène des change- ments concrets ! Je vous laisse décou- vrir d’autres exemples dans cette lettre de nouvelles. Nous sommes très reconnaissants pour le travail de nos partenaires locaux sur le terrain et pour votre engagement à leurs côtés. Bonne lecture et merci encore pour votre soutien ! Une action chrétienne dans un monde en détresse Isabelle Duval Chargée des projets Eau et Assainissement ÉDITORIAL Juin 2017 Lettre de nouvelles 2 EAU ET ASSAINISSEMENT Quand communication et changement vont de pair 1 Infections survenant après l'accouchement.

Lettre de nouvelles n° 2 EAU ET ASSAINISSEMENT · 2017. 9. 20. · Lettre de nouvelles n° 2 EAU ET ASSAINISSEMENT Quand communication et changement vont de pair 1 I nf ec ti os

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Page 1: Lettre de nouvelles n° 2 EAU ET ASSAINISSEMENT · 2017. 9. 20. · Lettre de nouvelles n° 2 EAU ET ASSAINISSEMENT Quand communication et changement vont de pair 1 I nf ec ti os

Au milieu du 19e siècle, le Dr Philippe-Ignace Semmelweis fut le premier àfaire le lien entre le lavage des mainset la transmission des infections puer-pérales1. Après cette découverte, ilessaya d’instaurer, parmi le personnelmédical, le lavage systématique desmains avant l’accouchement. Incompriset violemment rejeté par ses pairs, ilne vit jamais la mise en pratique deses préconisations de son vivant.

Au 21e siècle, on peut se réjouir quecette pratique soit officiellement recon-nue et puisse être enseignée à traversle monde.

Nos partenaires locaux prennent letemps de sensibiliser les bénéficiairesde leurs actions aux bonnes pratiquesd’hygiène et d’assainissement. Cela de-mande de l’énergie, mais quelle joielorsque nos partenaires et les bénéficiairesconstatent des changements concrets.

Lors d’une visite terrain en RD Congoen 2016, nous avons visité un villagesensibilisé à l’assainissement en 2014.Les résultats étaient flagrants. Des par-celles balayées, des dispositifs lave-main utilisés, des latrines en matériauxlocaux un peu partout… C’était encou-rageant de voir ces changements encorevisibles deux ans plus tard.

Au Togo, suite à la sensibilisation denotre partenaire, l’ADSPE, et à l’instal-lation de latrines dans le village d’Ape-nyigbe, une bénéficiaire raconte :

« Notre village est devenu plus proprequ’avant. La défécation à l’air libre estbannie. Ainsi, l’utilisation des latrinesest rentrée dans nos habitudes de tousles jours. Les dépotoirs sauvages ontdisparu laissant place aux dépotoirsapprouvés par le Comité Villageois deDéveloppement. Éloignés des habita-tions, ils sont régulièrement ramasséset brûlés. Bref, on note une prise deconscience et une pratique quotidiennedes règles d’hygiène et de santé. »

La sensibilisation amène des change-ments concrets ! Je vous laisse décou-vrir d’autres exemples dans cette lettrede nouvelles.

Nous sommes très reconnaissants pourle travail de nos partenaires locaux surle terrain et pour votre engagement àleurs côtés.

Bonne lecture et merci encore pourvotre soutien !

Une action chrétienne dans un monde en détresse �

Isabelle DuvalChargée des projets Eau et Assainissement

É D I T O R I A L

Juin 2017Lettre de nouvelles n° 2

EAU ET ASSAINISSEMENT

Quand communication etchangement vont de pair

   

1 Infections survenant après l'accouchement.

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Le Centre pour la Promotion du MondeRural (CEPROMOR), notre partenairelocal chrétien, mène ses actions dansune zone très pauvre du Kongo Centralrecevant peu d’aide extérieure : lazone de santé rurale de Sona-Bata.

L’approche du CEPROMOR est trèscomplète et cherche avant tout à obte-nir l’implication totale de la commu-nauté dans le projet. Il n’interviendradans un village que si les habitantssont prêts à s’investir concrètement.Cela peut se manifester par l’apportde matériaux locaux pour l’aménage-ment d’une source, par exemple.

À Mbanza-Mbata, nous avons rencontréplusieurs bénéficiaires puisant de l’eauà la source aménagée par le CEPRO-MOR, ainsi que la présidente du comitévillageois. Elle était très fière de nousmontrer le plan d’action communau-taire établi par les bénéficiaires pouraméliorer la vie du village. C’étaitencourageant de voir que la commu-nauté s’organisait et réfléchissait àdes actions pour son propre bien.

Le lendemain, c’est le comité villageoisde Kibueya avec qui nous avonséchangé. Cette fois-ci, la situation était

plus délicate. La source avait été bienaménagée mais trop de monde venaity puiser de l’eau. Cela posait un sérieuxproblème car de violentes disputeséclataient régulièrement et le tempsd’attente était devenu trop long. L’amé-nagement d’une deuxième sourcedevenait impératif.

Lors de ce voyage, nous avons eu l’oc-casion de rencontrer des écoliers etdes parents d’élèves qui avaient béné-ficié de la construction de latrinespour l’école. Dans chaque école, desélèves et des enseignants avaient étéformés et constituaient des brigadesscolaires. C’est eux qui avaient lacharge de sensibiliser les autres auxbonnes pratiques d’hygiène et d’or-ganiser l’entretien des nouvelleslatrines. Les discussions avec lesélèves étaient intéressantes et révé-laient des enfants très motivés parleur mission.

Tout ce travail dans le domaine del’accès à l’eau et à l’assainissementse fait en coordination avec le bureaucentral de la zone de santé qui connaîtles besoins en santé mais aussi leslieux où les taux de maladies hydriquessont les plus élevés.

Il y a de nombreux besoins dans cetterégion et nous sommes fiers d’accom-pagner notre partenaire dans son tra-vail de longue haleine. Merci d’être àleurs côtés.

Il y a un an, je me suis rendue dans la province du Kongo Central avecune petite équipe du SEL pour évaluer le Programme Intégré de Déve-loppement du CEPROMOR. Une partie de ce projet comprend l’aména-gement de sources, la sensibilisation, des formations et la constructionde latrines dans les écoles.

CEPROMORRépublique démocratique du CongoSubvention pour le volet Eau et Assainissement : 47 634 €

À nousde jouer !Les PAFI (Petites Actions Fai-sables Importantes) font unedifférence dans les pays oùnos partenaires agissent. EnFrance, relevons aussi le défiavec ces exemples de bonsgestes « Eau, Hygiène, Assai-nissement » à intégrer dansnotre quotidien.

• Fermons nos robinets  aumoment du lavage de dentsou de la vaisselle.

• Prenons des douches plutôtque des bains.

• Trions consciencieusementnos déchets.

• Réutilisons les papiers gri-bouillés ou imprimés.

• Ne jetons rien de nuisible dansles toilettes.

• Utilisons le moins possibled’engrais ou de pesticides.

• Pensons à nous laver régu-lièrement les mains pour éviterla propagation de microbes.

Les idées de bons comportementsà adopter au quotidien sont nom-breuses et peuvent aussi faire unedifférence chez nous. Alors prêts àrelever le défi PAFI ?

Retrouvez les défis PAFI en vidéosur la chaîne YouTube du SEL.

Des actions concrètespour de grands besoins 

La source de Kibueya, aménagée en 2016.

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Une action chrétienne dans un monde en détresse �

Tout être humain, parce que créature deDieu, mérite de recevoir le minimum vitalpour vivre dans de bonnes conditions.Cela implique, notamment, avoir accèsà des installations sanitaires de base.

L’ASDPE (Action pour le DéveloppementSocial et la Protection de l’Environne-ment), partenaire chrétien du SEL,lutte contre ce manque d’installationsdans son pays.

Le SEL finance l’installation de sani-taires dans 4 villages environnants.Ces aménagements comprennent1 bloc de 6 latrines et des dispositifslave-mains. Par ailleurs, l’ADSPE sen-

sibilise la communauté à l’hygiène etl’assainissement et met en place uncomité de gestion, composé de

membres de la communauté, chargéde l’entretien des latrines.

Le point fort de leur démarche ? Faireparticiper la communauté. Les faireanalyser le problème et participer àl’élaboration, la mise en œuvre et lesuivi du projet. Cette implication estcruciale pour des projets durables.

« Le respect quotidien des règles d’hy-giène nous a permis d’assainir notreenvironnement. Nous constatons déjàune réduction du taux de maladies. »Essoke, bénéficiaire.

C’est un nouveau souffle de vie pourla communauté.

Dans son village natal, à Ras-simpouighin, le Pasteur Madiœuvre depuis plusieursannées. Une centaine demalades et accompagnantsvivent sur le terrain del’église. Lui, il les accom-pagne spirituellement et priepour eux. Toutefois, l’accèsà l’eau étant difficile dansson village, le pasteur Madiavait besoin de trouver unesolution concrète.

En effet, 2 forages y sont déjàinstallés mais ils ne suffisentpas pour l’ensemble de lapopulation. Parfois, il faut

attendre 2h pour accéder àla pompe. Un temps long,trop long. «   Sans eau,l’homme ne peut pas vivre »témoigne un villageois.

C’est pourquoi, l’associationTerre Verte, notre partenairelocal, a installé un forage àcôté de l’église. Ce nouveaupoint d’eau permet un accèsplus rapide à la pompe, pourles malades, les fidèles del’église, et les habitantsdu quartier.

Votre soutien financier a per-mis cela. Merci !

ASDPETogoSubvention : 21 243 €

Des communautés impliquéeset responsabilisées !Aujourd’hui encore, 2.4 milliards de personnes dans le monde sont obligées de faire leurs besoins dans lanature. Cela a, sans surprise, de nombreux impacts négatifs : sur la santé, la scolarité, les revenus familiaux.

Une histoire de prièreet de forage...

Au Centre d’Épanouissement et de Développementde l’Enfant (CEDE), projet rattaché à l’EPE (ÉgliseProtestante Évangélique) de Banfora, les orphelinset enfants vulnérables du quartier sont accueillisdans de bonnes conditions. Car, au CEDE, on penseau bien-être et au développement de l’enfant,avant tout.

Le SEL finance déjà un projet de Soutien Alimentaireavec le CEDE. Mais l’action chrétienne dans unmonde en détresse ne s’arrête pas à un domaine.Pour l’EPE Banfora, il est important d’offrir à cesenfants un accès à une eau propre, proche et abon-dante et à des installations sanitaires de base (toi-lettes et douches). Une vision que le SEL partage.

Grâce au projet de raccordement de leur châteaud’eau à la cuisine, aux douches et aux latrines ducentre, l’eau potable est désormais disponible de ma-nière permanente sur tout le terrain. D’une part, lesenfants ne tombent plus malades à cause de l’eausale consommée ; ils sont en meilleure santé et peu-vent grandir, s’épanouir. D’autre part, le temps gagnéà chercher l’eau est autant de temps gagné sur leuréducation scolaire et leur concentration.

Grâce à vos dons, l’EPE Banfora a pu améliorer sesconditions d’accueil des enfants et jeunes qu’elleaccompagne. Une raison de plus d’être remplis dereconnaissance envers vous qui êtes fidèles dansvotre soutien.

Terre VerteBurkina FasoSubvention : 8 967 €

EPE BanforaBurkina FasoSubvention : 1 400 €

1 bloc de toilettes équivaut à6 cabines dont 3 pour les hommeset 3 pour les femmes.

Un château (d’eau)pour les enfants

Le forage deRassimpouighin encours de réalisation.

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«  Lors des séances de sensibilisation,nous avons compris que déféquer dansla nature est source de beaucoup de ma-ladies. Mais grâce aux latrines, on sesoulage sans risque [...] et dignement. »,explique une femme du village.

Tout a commencé début 2015. Lors del’épidémie à virus Ébola, un atelier desensibilisation sur cette maladie s’estdéroulé dans 3 villages du Burkina Faso :Nagreongo, Manega et Ramongo. Adop-ter de nouveaux comportements (se la-ver les mains avec du savon, utiliser deslatrines, etc.) est essentiel pour prévenircette maladie. Des émissions de radiointeractives ont été enregistrées et dif-fusées dans tout le pays par Radio Évan-gile Développement, partenaire du SEL.

Pas un seul cas de maladie à Ébola n’aété recensé au Burkina Faso mais cesvillageois ont souhaité aller plus loin.

En 2016, 10 latrines ont été construitesdans 2 villages, proches des lieux publics(églises, mosquées, marchés). Les villa-geois se sont mobilisés, chacun à sa ma-

nière : suivi de construction, apport de ma-tériaux nécessaires, main d’œuvre. Danschaque village, un comité de gestion etd’entretien des latrines a été mis en place.

Radio Évangile Développement continue,de son côté, à animer des émissions desensibilisation sur l’utilisation des la-

trines. C’est sa contribution à la péren-nisation du projet.

SEL : 157 rue des Blains - 92220 Bagneux - France • Tél. 01 45 36 41 53 • www.selfrance.org

Cette Lettre de nouvelles Eau et Assainissementparait une fois par an et est destinée aux dona-teurs engagés régulièrement pour le soutien desprojets Eau et Assainissement. Nous vous re-mercions de votre soutien !Rédactrice en chef : Isabelle DuvalMise en page : J. Maré

Le SEL est une association protestante de solidarité internationale créée en 1980 parl’Alliance Evangélique Française. Il fonde son action sur une vision responsable del’engagement chrétien en vue de réduire la pauvreté dans les pays en développement.Ses activités reposent sur l'enseignement biblique qui associe la Parole et les actespour transmettre l'amour de Dieu. C’est pourquoi le SEL travaille en partenariat avecdes organisations chrétiennes locales, responsables des projets qu’elles élaborentet mettent en œuvre pour améliorer les conditions de vie des bénéficiaires finaux.

Sans latrines, c’était compliqué !

Disposer de latrines n’est pas seulement une question d’hygiène ou de santé, c’estaussi une question de dignité.

Sans latrines, beaucoup attendent la tombée de la nuit pour pouvoir se soulager dis-crètement. Cela les expose, notamment les femmes, au regard, les rendant vulné-rables et sujettes aux agressions sexuelles ou aux viols.

Informer les adolescentes, sensibiliser le personnel éducatif, installer latrines etpoints d’eau, mettre à disposition du matériel hygiénique sont autant de moyens pos-sibles pour offrir à ces jeunes femmes la possibilité de vivre leur féminité tout en ac-cédant à l’école. […]

Des toilettes pour elles !

RED Burkina FasoSubvention : 7 305 €

Quand deux villages au Burkina Faso se mobilisent suite aux actions de sensibilisation de notre partenaire, il ya vraiment de quoi être fiers. Voici leur parcours.

Aujourd’hui, 2,4 milliards de personnes n’ont pas accèsà des installations sanitaires. Parmi elles, 946 millions font toujours leursbesoins à l’air libre. Alors, oui : « les toilettes, parlons-en ».

Au 1er juin 2017, l’engagementrégulier de 326 personnes, contri-bue au soutien des projets Eauet Assainissement dans 5 paysd’Afrique : Bénin, Burkina Faso,République démocratique duCongo, Togo, Tchad.

Curieux de lire la suite ? Rendez-vous sur le blog du SEL : blog.selfrance.org/des-toilettes-pour-elles

En savoir plus sur nos projets :www.selfrance.org

Etienne Kiemdé, directeur de Radio Évangile Développement.

Extrait