25
LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA DU SOUVERAIN PONTIFE JEAN-PAUL II AUX ÉVÊQUES AUX PRÊTRES ET AUX DIACRES AUX PERSONNES CONSACRÉES ET À TOUS LES FIDÈLES LAÏCS SUR L'EUCHARISTIE DANS SON RAPPORT À L'ÉGLISE INTRODUCTION 1. L 'Église vit de l'Eucharistie (Ecclesia de Eucharistia vivit). Cette vérité n'exprime pas seulement une expérience quotidienne de foi, mais elle comporte en synthèse le coeur du mystère de l'Église. Dans la joie, elle fait l'expérience, sous de multiples formes, de la continuelle réalisation de la promesse: « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 20). Mais, dans l'Eucharistie, par la transformation du pain et du vin en corps et sang du Seigneur, elle jouit de cette présence avec une intensité unique. Depuis que, à la Pentecôte, l'Église, peuple de la Nouvelle Alliance, a commencé son pèlerinage vers la patrie céleste, le divin Sacrement a continué à marquer ses journées, les remplissant d'espérance confiante. À juste titre, le Concile Vatican II a proclamé que le Sacrifice eucharistique est « source et sommet de toute la vie chrétienne ».( 1)« La très sainte Eucharistie contient en effet l'ensemble des biens spirituels de l'Église, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, qui par sa chair, vivifiée par l'Esprit Saint et vivifiante, procure la vie aux hommes ».( 2)C'est pourquoi l'Église a le regard constamment fixé sur son Seigneur, présent dans le Sacrement de l'autel, dans lequel elle découvre la pleine manifestation de son immense amour. 2. Au cours du grand Jubilé de l'An 2000, il m'a été donné de célébrer l'Eucharistie au Cénacle, à Jérusalem, là où, selon la tradition, elle a été accomplie pour la première fois par le Christ lui- même. Le Cénacle est le lieu de l'institution de ce très saint Sacrement. C'est là que le Christ prit le pain dans ses mains, qu'il le rompit et le donna à ses disciples en disant: « Prenez et mangez-en tous: ceci est mon corps, livré pour vous » (cf. Mt 26, 26; Lc 22, 19; 1 Co 11, 24). Puis il prit dans ses mains le calice du vin et il leur dit: « Prenez et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés » (cf. Mc 14, 24; Lc 22, 20; 1 Co 11, 25). Je rends grâce au Seigneur Jésus de m'avoir permis de redire au même endroit, dans l'obéissance à son commandement « Vous ferez cela en mémoire de moi » (Lc 22, 19), les paroles qu'il a prononcées il y a deux mille ans. Les Apôtres qui ont pris part à la dernière Cène ont-ils compris le sens des paroles sorties de la bouche du Christ? Peut-être pas. Ces paroles ne devaient se clarifier pleinement qu'à la fin du Triduum pascal, c'est-à-dire de la période qui va du Jeudi soir au Dimanche matin. C'est dans ces jours-là que s'inscrit le mysterium paschale; c'est en eux aussi que s'inscrit le mysterium eucharisticum. 3. L'Église naît du mystère pascal. C'est précisément pour cela que l'Eucharistie, sacrement par excellence du mystère pascal, a sa place au centre de la vie ecclésiale. On le voit bien dès les premières images de l'Église que nous donnent les Actes des Apôtres: « Ils étaient fidèles à écouter l'enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières » (2, 42). L'Eucharistie est évoquée dans la « fraction du pain ». Deux mille ans plus tard, nous continuons à réaliser cette image primitive de l'Église. Et tandis que nous le faisons dans la célébration de l'Eucharistie, les yeux de l'âme se reportent au Triduum pascal, à ce qui se passa le soir du Jeudi saint, pendant la dernière Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume... 1 sur 25 19/10/2015 19:49

LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

LETTRE ENCYCLIQUEECCLESIA DE EUCHARISTIA

DU SOUVERAIN PONTIFEJEAN-PAUL IIAUX ÉVÊQUES

AUX PRÊTRES ET AUX DIACRESAUX PERSONNES CONSACRÉESET À TOUS LES FIDÈLES LAÏCS

SUR L'EUCHARISTIEDANS SON RAPPORT À L'ÉGLISE

INTRODUCTION

1. L 'Église vit de l'Eucharistie (Ecclesia de Eucharistia vivit). Cette vérité n'exprime passeulement une expérience quotidienne de foi, mais elle comporte en synthèse le cœur dumystère de l'Église. Dans la joie, elle fait l'expérience, sous de multiples formes, de lacontinuelle réalisation de la promesse: « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la findu monde » (Mt 28, 20). Mais, dans l'Eucharistie, par la transformation du pain et du vin encorps et sang du Seigneur, elle jouit de cette présence avec une intensité unique. Depuis que,à la Pentecôte, l'Église, peuple de la Nouvelle Alliance, a commencé son pèlerinage vers lapatrie céleste, le divin Sacrement a continué à marquer ses journées, les remplissantd'espérance confiante.

À juste titre, le Concile Vatican II a proclamé que le Sacrifice eucharistique est « source etsommet de toute la vie chrétienne ».(1)« La très sainte Eucharistie contient en effetl'ensemble des biens spirituels de l'Église, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le painvivant, qui par sa chair, vivifiée par l'Esprit Saint et vivifiante, procure la vie auxhommes ».(2)C'est pourquoi l'Église a le regard constamment fixé sur son Seigneur, présentdans le Sacrement de l'autel, dans lequel elle découvre la pleine manifestation de sonimmense amour.

2. Au cours du grand Jubilé de l'An 2000, il m'a été donné de célébrer l'Eucharistie auCénacle, à Jérusalem, là où, selon la tradition, elle a été accomplie pour la première fois parle Christ lui- même. Le Cénacle est le lieu de l'institution de ce très saint Sacrement. C'est làque le Christ prit le pain dans ses mains, qu'il le rompit et le donna à ses disciples en disant:« Prenez et mangez-en tous: ceci est mon corps, livré pour vous » (cf. Mt 26, 26; Lc 22, 19; 1Co 11, 24). Puis il prit dans ses mains le calice du vin et il leur dit: « Prenez et buvez-en tous,car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versépour vous et pour la multitude en rémission des péchés » (cf. Mc 14, 24; Lc 22, 20; 1 Co 11,25). Je rends grâce au Seigneur Jésus de m'avoir permis de redire au même endroit, dansl'obéissance à son commandement « Vous ferez cela en mémoire de moi » (Lc 22, 19), lesparoles qu'il a prononcées il y a deux mille ans.

Les Apôtres qui ont pris part à la dernière Cène ont-ils compris le sens des paroles sorties dela bouche du Christ? Peut-être pas. Ces paroles ne devaient se clarifier pleinement qu'à la findu Triduum pascal, c'est-à-dire de la période qui va du Jeudi soir au Dimanche matin. C'estdans ces jours-là que s'inscrit le mysterium paschale; c'est en eux aussi que s'inscrit lemysterium eucharisticum.

3. L'Église naît du mystère pascal. C'est précisément pour cela que l'Eucharistie, sacrementpar excellence du mystère pascal, a sa place au centre de la vie ecclésiale. On le voit biendès les premières images de l'Église que nous donnent les Actes des Apôtres: « Ils étaientfidèles à écouter l'enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre lepain et à participer aux prières » (2, 42). L'Eucharistie est évoquée dans la « fraction dupain ». Deux mille ans plus tard, nous continuons à réaliser cette image primitive de l'Église.Et tandis que nous le faisons dans la célébration de l'Eucharistie, les yeux de l'âme sereportent au Triduum pascal, à ce qui se passa le soir du Jeudi saint, pendant la dernière

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

1 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 2: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

Cène, et après elle. En effet, l'institution de l'Eucharistie anticipait sacramentellement lesévénements qui devaient se réaliser peu après, à partir de l'agonie à Gethsémani. Nousrevoyons Jésus qui sort du Cénacle, qui descend avec ses disciples pour traverser le torrentdu Cédron et aller au Jardin des Oliviers. Dans ce Jardin, il y a encore aujourd'hui quelquesoliviers très anciens. Peut-être ont-ils été témoins de ce qui advint sous leur ombre ce soir-là,lorsque le Christ en prière ressentit une angoisse mortelle et que « sa sueur devint comme desgouttes de sang qui tombaient jusqu'à terre » (Lc 22, 44). Son sang, qu'il avait donné àl'Église peu auparavant comme boisson de salut dans le Sacrement de l'Eucharistie,commençait à être versé. Son effusion devait s'achever sur le Golgotha, devenant l'instrumentde notre rédemption: « Le Christ..., grand prêtre des biens à venir..., entra une fois pourtoutes dans le sanctuaire, non pas avec du sang de boucs et de jeunes taureaux, mais avec sonpropre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle » (He 9, 11-12).

4. L'heure de notre rédemption. Bien qu'il soit profondément éprouvé, Jésus ne se dérobe pasface à son « heure »: « Que puis-je dire? Dirai-je: Père, délivre-moi de cette heure? Maisnon! C'est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci! » (Jn 12, 27). Il désire que lesdisciples lui tiennent compagnie, et il doit au contraire faire l'expérience de la solitude et del'abandon: « Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi? Veillez etpriez, pour ne pas entrer en tentation » (Mt 26, 40-41). Seul Jean restera au pied de la Croix,à côté de Marie et des pieuses femmes. L'agonie à Gethsémani a été l'introduction de l'agoniesur la Croix le Vendredi saint. L'heure sainte, l'heure de la rédemption du monde. Quand oncélèbre l'Eucharistie près de la tombe de Jésus, à Jérusalem, on revient d'une manière quasitangible à son « heure », l'heure de la Croix et de la glorification. Tout prêtre qui célèbre laMesse revient en esprit, en même temps que la communauté chrétienne qui y participe, à celieu et à cette heure.

« Il a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour estressuscité des morts ».Aux paroles de la profession de foi font écho les paroles de lacontemplation et de la proclamation: « Ecce lignum crucis in quo salus mundi pependit.Venite adoremus ». Telle est l'invitation que l'Église adresse à tous l'après-midi du Vendredisaint. Elle continuera à chanter ensuite durant le temps pascal en proclamant: « SurrexitDominus de sepulcro qui pro nobis pependit in ligno. Alleluia ».

5. « Mysterium fidei – Mystère de la foi! » Quand le prêtre prononce ou chante ces paroles,les fidèles disent l'acclamation: « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébronsta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ».

Par ces paroles, ou par d'autres semblables, l'Église désigne le Christ dans le mystère de saPassion, et elle révèle aussi son propre mystère: Ecclesia de Eucharistia. Si c'est par le donde l'Esprit Saint à la Pentecôte que l'Église vient au jour et se met en route sur les chemins dumonde, il est certain que l'institution de l'Eucharistie au Cénacle est un moment décisif de saconstitution. Son fondement et sa source, c'est tout le Triduum pascal, mais celui-ci estcomme contenu, anticipé et « concentré » pour toujours dans le don de l'Eucharistie. Dans cedon, Jésus Christ confiait à l'Église l'actualisation permanente du mystère pascal. Par ce don,il instituait une mystérieuse « contemporanéité » entre le Triduum et le cours des siècles.

Penser à cela fait naître en nous des sentiments de grande et reconnaissante admiration. Dansl'événement pascal et dans l'Eucharistie qui l'actualise au cours des siècles, il y a un« contenu » vraiment énorme, dans lequel est présente toute l'histoire en tant que destinatairede la grâce de la rédemption. Cette admiration doit toujours pénétrer l'Église qui se recueilledans la Célébration eucharistique. Mais elle doit accompagner surtout le ministre del'Eucharistie. C'est lui en effet qui, en vertu de la faculté qui lui a été conférée par lesacrement de l'ordination sacerdotale, effectue la consécration. C'est lui qui prononce, avec lapuissance qui lui vient du Christ du Cénacle, les paroles: « Ceci est mon corps, livré pourvous... Ceci est la coupe de mon sang versé pour vous... » Le prêtre prononce ces paroles, ouplutôt il met sa bouche et sa voix à la disposition de Celui qui a prononcé ces paroles auCénacle et qui a voulu qu'elles soient répétées de génération en génération par tous ceux qui,dans l'Église, participent ministériellement à son sacerdoce.

6. Par la présente encyclique, je voudrais raviver cette « admiration » eucharistique, dans laligne de l'héritage du Jubilé que j'ai voulu laisser à l'Église par la lettre apostoliqueNovomillennio ineunte et par son couronnement marial Rosarium Virginis Mariæ. Contempler levisage du Christ, et le contempler avec Marie, voilà le « programme » que j'ai indiqué àl'Église à l'aube du troisième millénaire, l'invitant à avancer au large sur l'océan de l'histoireavec l'enthousiasme de la nouvelle évangélisation. Contempler le Christ exige que l'on sache

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

2 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 3: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

le reconnaître partout où il se manifeste, dans la multiplicité de ses modes de présence, maissurtout dans le Sacrement vivant de son corps et de son sang. L'Église vit du Christeucharistique, par lui elle est nourrie, par lui elle est illuminée. L'Eucharistie est un mystèrede foi, et en même temps un « mystère lumineux ».(3)

Chaque fois que l'Église la célèbre, les fidèles peuvent en quelque sorte revivre l'expériencedes deux disciples d'Emmaüs: « Leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent » (Lc 24, 31).

7. Depuis que j'ai commencé mon ministère de Successeur de Pierre, j'ai toujours vouludonner au Jeudi saint, jour de l'Eucharistie et du sacerdoce, un signe d'attention particulièreen envoyant une lettre à tous les prêtres du monde. Cette année, la vingt-cinquième de monpontificat, je voudrais entraîner plus pleinement l'ensemble de l'Église dans cette réflexioneucharistique, et cela également pour remercier le Seigneur du don de l'Eucharistie et dusacerdoce: « Don et mystère ».(4) Si, en proclamant l'Année du Rosaire, j'ai voulu placercette vingt-cinquième année sous le signe de la contemplation du Christ à l'école de Marie,je ne puis laisser passer ce Jeudi saint 2003 sans m'arrêter devant le « visage eucharistique »du Christ, montrant plus fortement encore à l'Église la place centrale de l'Eucharistie. C'estd'elle que vit l'Église. C'est de ce « pain vivant » qu'elle se nourrit. Comment ne pas ressentirle besoin d'exhorter tout le monde à en faire constamment une expérience renouvelée?

8. Quand je pense à l'Eucharistie, tout en regardant ma vie de prêtre, d'évêque, de Successeurde Pierre, je me rappelle spontanément les nombreux moments et lieux où il m'a été donné dela célébrer. Je me souviens de l'église paroissiale de Niegowić, où j'ai exercé ma premièrecharge pastorale, de la collégiale Saint-Florian à Cracovie, de la cathédrale du Wawel, de labasilique Saint-Pierre et des nombreuses basiliques et églises de Rome et du monde entier.J'ai pu célébrer la Messe dans des chapelles situées sur des sentiers de montagne, au bord deslacs, sur les rives de la mer; je l'ai célébrée sur des autels bâtis dans les stades, sur les placesdes villes... Ces cadres si divers de mes Célébrations eucharistiques me font fortementressentir leur caractère universel et pour ainsi dire cosmique. Oui, cosmique! Car, mêmelorsqu'elle est célébrée sur un petit autel d'une église de campagne, l'Eucharistie est toujourscélébrée, en un sens, sur l'autel du monde. Elle est un lien entre le ciel et la terre. Elleenglobe et elle imprègne toute la création. Le Fils de Dieu s'est fait homme pour restituertoute la création, dans un acte suprême de louange, à Celui qui l'a tirée du néant. C'est ainsique lui, le prêtre souverain et éternel, entrant grâce au sang de sa Croix dans le sanctuaireéternel, restitue toute la création rachetée au Créateur et Père. Il le fait par le ministèresacerdotal de l'Église, à la gloire de la Trinité sainte. C'est vraiment là le mysterium fidei quise réalise dans l'Eucharistie: le monde, sorti des mains de Dieu créateur, retourne à lui aprèsavoir été racheté par le Christ.

9. L'Eucharistie, présence salvifique de Jésus dans la communauté des fidèles et nourriturespirituelle pour elle, est ce que l'Église peut avoir de plus précieux dans sa marche au long del'histoire. Ainsi s'explique l'attention empressée qu'elle a toujours réservée au Mystèreeucharistique, attention qui ressort de manière autorisée dans l'œuvre des Conciles et desSouverains Pontifes. Comment ne pas admirer les exposés doctrinaux des décrets sur lasainte Eucharistie et sur le saint Sacrifice de la Messe promulgués par le Concile de Trente?Au cours des siècles qui ont suivi, ces pages ont guidé la théologie aussi bien que lacatéchèse, et elles sont encore une référence dogmatique pour le renouveau continuel et pourla croissance du peuple de Dieu dans la foi et l'amour envers l'Eucharistie. À une époque plusproche de nous, il faut mentionner trois encycliques: Miræ caritatis de Léon XIII (28 mai1902),(5) Mediator Dei de Pie XII (20 novembre 1947) (6) etMysterium fideide Paul VI (3septembre 1965).(7)

Le Concile Vatican II n'a pas publié de document spécifique sur le Mystère eucharistique,mais il en a illustré les divers aspects dans l'ensemble de ses documents, spécialement dans laconstitution dogmatique sur l'ÉgliseLumen gentium et dans la constitution sur la sainteLiturgie Sacrosanctum concilium.

Moi-même, dans les premières années de mon ministère apostolique sur la Chaire de Pierre,par la lettre apostolique Dominicæ cenæ (24 février 1980),(8) j'ai eu l'occasion de traitercertains aspects du Mystère eucharistique et de son incidence dans la vie de ceux qui en sontles ministres. Je reviens aujourd'hui sur ce sujet, avec un cœur encore plus rempli d'émotionet de gratitude, faisant en quelque sorte écho à la parole du psalmiste: « Comment rendrai-jeau Seigneur tout le bien qu'il m'a fait? J'élèverai la coupe du salut, j'invoquerai le nom duSeigneur » (Ps 116 [114-115], 12-13).

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

3 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 4: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

10. Une croissance intérieure de la communauté chrétienne a répondu à ce souci d'annoncede la part du Magistère. Il n'y a pas de doute que la réforme liturgique du Concile a produitde grands bénéfices de participation plus consciente, plus active et plus fructueuse des fidèlesau saint Sacrifice de l'autel. Par ailleurs, dans beaucoup d'endroits, l'adoration du Saint-Sacrement a une large place chaque jour et devient source inépuisable de sainteté. La pieuseparticipation des fidèles à la procession du Saint-Sacrement lors de la solennité du Corps etdu Sang du Christ est une grâce du Seigneur qui remplit de joie chaque année ceux qui yparticipent. On pourrait mentionner ici d'autres signes positifs de foi et d'amoureucharistiques.

Malheureusement, à côté de ces lumières, les ombres ne manquent pas. Il y a en effet deslieux où l'on note un abandon presque complet du culte de l'adoration eucharistique. À celas'ajoutent, dans tel ou tel contexte ecclésial, des abus qui contribuent à obscurcir la foi droiteet la doctrine catholique concernant cet admirable Sacrement. Parfois se fait jour unecompréhension très réductrice du Mystère eucharistique. Privé de sa valeur sacrificielle, il estvécu comme s'il n'allait pas au-delà du sens et de la valeur d'une rencontre conviviale etfraternelle. De plus, la nécessité du sacerdoce ministériel, qui s'appuie sur la successionapostolique, est parfois obscurcie, et le caractère sacramentel de l'Eucharistie est réduit à laseule efficacité de l'annonce. D'où, ici ou là, des initiatives œcuméniques qui, bien quesuscitées par une intention généreuse, se laissent aller à des pratiques eucharistiquescontraires à la discipline dans laquelle l'Église exprime sa foi. Comment ne pas manifesterune profonde souffrance face à tout cela? L'Eucharistie est un don trop grand pour pouvoirsupporter des ambiguïtés et des réductions.

J'espère que la présente encyclique pourra contribuer efficacement à dissiper les ombres surle plan doctrinal et les manières de faire inacceptables, afin que l'Eucharistie continue àresplendir dans toute la magnificence de son mystère.

CHAPITRE I

MYSTÈRE DE LA FOI

11. « La nuit même où il était livré, le Seigneur Jésus » (1 Co 11, 23) institua le Sacrificeeucharistique de son Corps et de son Sang. Les paroles de l'Apôtre Paul nous ramènent auxcirconstances dramatiques dans lesquelles est née l'Eucharistie, qui est marquée de manièreindélébile par l'événement de la passion et de la mort du Seigneur. Elle n'en constitue passeulement l'évocation, mais encore la re-présentation sacramentelle. C'est le sacrifice de laCroix qui se perpétue au long des siècles.(9) On trouve une bonne expression de cette véritédans les paroles par les quelles, dans le rite latin, le peuple répond à la proclamation du« mystère de la foi » faite par le prêtre: « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus ».

L'Église a reçu l'Eucharistie du Christ son Seigneur non comme un don, pour précieux qu'ilsoit parmi bien d'autres, mais comme le don par excellence, car il est le don de lui-même, desa personne dans sa sainte humanité, et de son œuvre de salut. Celle-ci ne reste pas enferméedans le passé, puisque « tout ce que le Christ est, et tout ce qu'il a fait et souffert pour tous leshommes, participe de l'éternité divine et surplombe ainsi tous les temps... ».(10)

Quand l'Église célèbre l'Eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection de sonSeigneur, cet événement central du salut est rendu réellement présent et ainsi « s'opèrel'œuvre de notre rédemption ».(11)Ce sacrifice est tellement décisif pour le salut du genrehumain que Jésus Christ ne l'a accompli et n'est retourné vers le Père qu'après nous avoirlaissé le moyen d'y participer comme si nous y avions été présents. Tout fidèle peut ainsi yprendre part et en goûter les fruits d'une manière inépuisable. Telle est la foi dont lesgénérations chrétiennes ont vécu au long des siècles. Cette foi, le Magistère de l'Église l'acontinuellement rappelée avec une joyeuse gratitude pour ce don inestimable.(12) Je désireencore une fois redire cette vérité, en me mettant avec vous, chers frères et sœurs, enadoration devant ce Mystère: Mystère immense, Mystère de miséricorde. Qu'est-ce que Jésuspouvait faire de plus pour nous? Dans l'Eucharistie, il nous montre vraiment un amour qui va« jusqu'au bout » (cf. Jn 13, 1), un amour qui ne connaît pas de mesure.

12. Cet aspect de charité universelle du Sacrement eucharistique est fondé sur les parolesmêmes du Sauveur. En l'instituant, Jésus ne se contenta pas de dire « Ceci est mon corps »,« Ceci est mon sang », mais il ajouta « livré pour vous » et « répandu pour la multitude » (Lc

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

4 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 5: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

22, 19-20). Il n'affirma pas seulement que ce qu'il leur donnait à manger et à boire était soncorps et son sang, mais il en exprima aussi la valeur sacrificielle, rendant présent de manièresacramentelle son sacrifice qui s'accomplirait sur la Croix quelques heures plus tard pour lesalut de tous. « La Messe est à la fois et inséparablement le mémorial sacrificiel dans lequelse perpétue le sacrifice de la Croix, et le banquet sacré de la communion au Corps et au Sangdu Seigneur ».(13)

L'Église vit continuellement du sacrifice rédempteur, et elle y accède non seulement par unsimple souvenir plein de foi, mais aussi par un contact actuel, car ce sacrifice se rendprésent, se perpétuant sacramentellement, dans chaque communauté qui l'offre par les mainsdu ministre consacré. De cette façon, l'Eucharistie étend aux hommes d'aujourd'hui laréconciliation obtenue une fois pour toutes par le Christ pour l'humanité de tous les temps.En effet, « le sacrifice du Christ et le sacrifice de l'Eucharistie sont un unique sacrifice ».(14)Saint Jean Chrysostome le disait déjà clairement: « Nous offrons toujours le même Agneau,non pas l'un aujourd'hui et un autre demain, mais toujours le même. Pour cette raison, il n'y atoujours qu'un seul sacrifice. [...] Maintenant encore, nous offrons la victime qui fut alorsofferte et qui ne se consumera jamais ».(15)

La Messe rend présent le sacrifice de la Croix, elle ne s'y ajoute pas et elle ne le multipliepas.(16) Ce qui se répète, c'est la célébration en mémorial, la « manifestation en mémorial »(memorialis demonstratio) (17) du sacrifice, par laquelle le sacrifice rédempteur du Christ,unique et définitif, se rend présent dans le temps. La nature sacrificielle du Mystèreeucharistique ne peut donc se comprendre comme quelque chose qui subsiste en soi,indépendamment de la Croix, ou en référence seulement indirecte au sacrifice du Calvaire.

13. En vertu de son rapport étroit avec le sacrifice du Golgotha, l'Eucharistie est un sacrificeau sens propre, et non seulement au sens générique, comme s'il s'agissait d'une simpleoffrande que le Christ fait de lui-même en nourriture spirituelle pour les fidèles. En effet, ledon de son amour et de son obéissance jusqu'au terme de sa vie (cf. Jn 10, 17-18) est enpremier lieu un don à son Père. C'est assurément un don en notre faveur, et même en faveurde toute l'humanité (cf. Mt 26, 28; Mc 14, 24; Lc 22, 20; Jn 10, 15), mais c'est avant tout undon au Père: « Sacrifice que le Père a accepté, échangeant le don total de son Fils, qui s'estfait “obéissant jusqu'à la mort” (Ph 2, 8), avec son propre don paternel, c'est-à-dire avec ledon de la vie nouvelle et immortelle dans la résurrection ».(18)

En donnant son sacrifice à l'Église, le Christ a voulu également faire sien le sacrifice spirituelde l'Église, appelée à s'offrir aussi elle-même en même temps que le sacrifice du Christ. Telest l'enseignement du Concile Vatican II concernant tous les fidèles: « Participant auSacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu lavictime divine, et s'offrent eux-mêmes avec elle ».(19)

14. La Pâque du Christ comprend aussi, avec sa passion et sa mort, sa résurrection, comme lerappelle l'acclamation du peuple après la consécration: « Nous célébrons ta résurrection ».En effet, le Sacrifice eucharistique rend présent non seulement le mystère de la passion et dela mort du Sauveur, mais aussi le mystère de la résurrection, dans lequel le sacrifice trouveson couronnement. C'est en tant que vivant et ressuscité que le Christ peut, dansl'Eucharistie, se faire « pain de la vie » (Jn 6, 35. 48), « pain vivant » (Jn 6, 51). SaintAmbroise le rappelait aux néophytes, en appliquant à leur vie l'événement de la résurrection:« Si le Christ est à toi aujourd'hui, il ressuscite pour toi chaque jour ».(20) Saint Cyrilled'Alexandrie, quant à lui, soulignait que la participation aux saints Mystères « est vraimentune confession et un rappel que le Seigneur est mort et qu'il est revenu à la vie pour nous eten notre faveur ».(21)

15. Dans la Messe, la représentation sacramentelle du sacrifice du Christ couronné par sarésurrection implique une présence tout à fait spéciale que – pour reprendre les mots de PaulVI – « on nomme “réelle”, non à titre exclusif, comme si les autres présences n'étaient pas“réelles”, mais par antonomase parce qu'elle est substantielle, et que par elle le Christ,Homme-Dieu, se rend présent tout entier ».(22) Ainsi est proposée de nouveau la doctrinetoujours valable du Concile de Trente: « Par la consécration du pain et du vin s'opère lechangement de toute la substance du pain en la substance du corps du Christ notre Seigneuret de toute la substance du vin en la substance de son sang ; ce changement, l'Églisecatholique l'a justement et exactement appelé transsubstantiation ».(23) L'Eucharistie estvraiment « mysterium fidei », mystère qui dépasse notre intelligence et qui ne peut êtreaccueilli que dans la foi, comme l'ont souvent rappelé les catéchèses patristiques sur ce divinSacrement. « Ne t'attache donc pas – exhorte saint Cyrille de Jérusalem – comme à des

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

5 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 6: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

éléments naturels au pain et au vin, car ils sont, selon la déclaration du Maître, corps et sang.C'est, il est vrai, ce que te suggèrent les sens; mais que la foi te rassure ».(24)

Nous continuerons à chanter avec le Docteur angélique: « Adoro te devote, latens Deitas ».Devant ce mystère d'amour, la raison humaine fait l'expérience de toute sa finitude. On voitalors pourquoi, au long des siècles, cette vérité a conduit la théologie à faire de sérieuxefforts de compréhension.

Ce sont des efforts louables, d'autant plus utiles et pénétrants qu'ils ont permis de conjuguerl'exercice critique de la pensée avec « la foi vécue » de l'Église, recueillie spécialement dansle « charisme certain de vérité » du Magistère et dans l'« intelligence intérieure des réalitésspirituelles » à laquelle parviennent surtout les saints.(25) Il y a tout de même la limiteindiquée par Paul VI: « Toute explication théologique, cherchant quelque intelligence de cemystère, doit, pour être en accord avec la foi catholique, maintenir que, dans la réalitéelle-même, indépendante de notre esprit, le pain et le vin ont cessé d'exister après laconsécration, en sorte que c'est le corps et le sang adorables du Seigneur Jésus qui, dès lors,sont réellement présents devant nous sous les espèces sacramentelles du pain et du vin ».(26)

16. L'efficacité salvifique du sacrifice se réalise en plénitude dans la communion, quand nousrecevons le corps et le sang du Seigneur. Le Sacrifice eucharistique tend en soi à notre unionintime, à nous fidèles, avec le Christ à travers la communion: nous le recevons lui-même, Luiqui s'est offert pour nous, nous recevons son corps, qu'il a livré pour nous sur la Croix, sonsang, qu'il a « répandu pour la multitude, en rémission des péchés » (Mt 26, 28).Rappelons-nous ses paroles: « De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moije vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi » (Jn 6, 57). C'est Jésuslui-même qui nous rassure: une telle union, qu'il compare par analogie à celle de la vietrinitaire, se réalise vraiment. L'Eucharistie est un vrai banquet, dans lequel le Christ s'offreen nourriture. Quand Jésus parle pour la première fois de cette nourriture, ses auditeursrestent stupéfaits et désorientés, obligeant le Maître à souligner la vérité objective de sesparoles: « Amen, amen, je vous le dis: si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, etsi vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous » (Jn 6, 53). Il ne s'agit pasd'un aliment au sens métaphorique: « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est lavraie boisson » (Jn 6, 55).

17. À travers la communion à son corps et à son sang, le Christ nous communique aussi sonEsprit. Saint Éphrem écrit: « Il appela le pain son corps vivant, il le remplit de lui-même etde son Esprit. [...] Et celui qui le mange avec foi mange le Feu et l'Esprit [...]. Prenez-en,mangez-en tous, et mangez avec lui l'Esprit Saint. C'est vraiment mon corps et celui qui lemange vivra éternellement ».(27) Dans l'épiclèse eucharistique, l'Église demande ce Dondivin, source de tout autre don. On lit, par exemple, dans la Divine Liturgie de saint JeanChrysostome: « Nous t'invoquons, nous te prions et nous te supplions: envoie ton EspritSaint sur nous tous et sur ces dons, [...] afin que ceux qui y prennent part obtiennent lapurification de l'âme, la rémission des péchés et le don du Saint Esprit ».(28) Et dans leMissel romain le célébrant demande: « Quand nous serons nourris de son corps et de sonsang et remplis de l'Esprit Saint, accorde-nous d'être un seul corps et un seul esprit dans leChrist ».(29) Ainsi, par le don de son corps et de son sang, le Christ fait grandir en nous ledon de son Esprit, déjà reçu au Baptême et offert comme « sceau » dans le sacrement de laConfirmation.

18. L'acclamation que le peuple prononce après la consécration se conclut de manièreheureuse en exprimant la dimension eschatologique qui marque la Célébration eucharistique(cf. 1 Co 11, 26): « ... Nous attendons ta venue dans la gloire ». L'Eucharistie est tension versle terme, avant- goût de la plénitude de joie promise par le Christ (cf. Jn 15, 11); elle est enun sens l'anticipation du Paradis, « gage de la gloire future ».(30) Dans l'Eucharistie, toutexprime cette attente confiante: « Nous espérons le bonheur que tu promets et l'avènement deJésus Christ, notre Sauveur ».(31) Celui qui se nourrit du Christ dans l'Eucharistie n'a pasbesoin d'attendre l'au-delà pour recevoir la vie éternelle: il la possède déjà sur terre, commeprémices de la plénitude à venir, qui concernera l'homme dans sa totalité. Dans l'Eucharistieen effet, nous recevons également la garantie de la résurrection des corps à la fin des temps:« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai audernier jour » (Jn 6, 54). Cette garantie de la résurrection à venir vient du fait que la chair duFils de l'homme, donnée en nourriture, est son corps dans son état glorieux de Ressuscité.Avec l'Eucharistie, on assimile pour ainsi dire le « secret » de la résurrection. C'est pourquoisaint Ignace d'Antioche définit avec justesse le Pain eucharistique comme « remèded'immortalité, antidote pour ne pas mourir ».(32)

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

6 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 7: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

19. La tension eschatologique suscitée dans l'Eucharistie exprime et affermit la communionavec l'Église du ciel. Ce n'est pas par hasard que, dans les anaphores orientales ou dans lesprières eucharistiques latines, on fait mémoire avec vénération de Marie, toujours vierge,Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ, des anges, des saints Apôtres, des glorieuxmartyrs et de tous les saints. C'est un aspect de l'Eucharistie qui mérite d'être souligné: encélébrant le sacrifice de l'Agneau, nous nous unissons à la liturgie céleste, nous associant à lamultitude immense qui s'écrie: « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône,et par l'Agneau! » (Ap 7, 10). L'Eucharistie est vraiment un coin du ciel qui s'ouvre sur laterre! C'est un rayon de la gloire de la Jérusalem céleste, qui traverse les nuages de notrehistoire et qui illumine notre chemin.

20. Une autre conséquence significative de cette tension eschatologique inhérente àl'Eucharistie provient du fait qu'elle donne une impulsion à notre marche dans l'histoire,faisant naître un germe de vive espérance dans le dévouement quotidien de chacun à sespropres tâches. En effet, si la vision chrétienne porte à regarder vers les « cieux nouveaux »et la « terre nouvelle » (cf. Ap 21, 1), cela n'affaiblit pas, mais stimule notre sens de laresponsabilité envers notre terre.(33) Je désire le redire avec force au début du nouveaumillénaire, pour que les chrétiens se sentent plus que jamais engagés à ne pas faillir auxdevoirs de leur citoyenneté terrestre. Il est de leur devoir de contribuer, à la lumière del'Évangile, à construire un monde qui soit à la mesure de l'homme et qui réponde pleinementau dessein de Dieu.

Les problèmes qui assombrissent notre horizon actuel sont nombreux. Il suffit de penser àl'urgence de travailler pour la paix, de poser dans les relations entre les peuples des jalonssolides en matière de justice et de solidarité, de défendre la vie humaine, de sa conceptionjusqu'à sa fin naturelle. Et que dire des mille contradictions d'un univers « mondialisé » oùles plus faibles, les plus petits et les plus pauvres semblent avoir bien peu à espérer? C'estdans ce monde que doit jaillir de nouveau l'espérance chrétienne! C'est aussi pour cela que leSeigneur a voulu demeurer avec nous dans l'Eucharistie, en inscrivant dans la présence deson sacrifice et de son repas la promesse d'une humanité renouvelée par son amour. Demanière significative, là où les Évangiles synoptiques racontent l'institution de l'Eucharistie,l'Évangile de Jean propose, en en illustrant ainsi le sens profond, le récit du « lavement despieds », par lequel Jésus se fait maître de la communion et du service (cf. Jn 13, 1-20). Deson côté, l'Apôtre Paul déclare « indigne » d'une communauté chrétienne la participation à laCène du Seigneur dans un contexte de divisions et d'indifférence envers les pauvres (cf. 1 Co11, 17-22. 27-34).(34)

Proclamer la mort du Seigneur « jusqu'à ce qu'il vienne » (1 Co 11, 26) implique, pour ceuxqui participent à l'Eucharistie, l'engagement de transformer la vie, pour qu'elle devienne,d'une certaine façon, totalement « eucharistique ». Ce sont précisément ce fruit detransfiguration de l'existence et l'engagement à transformer le monde selon l'Évangile quifont resplendir la dimension eschatologique de la Célébration eucharistique et de toute la viechrétienne: « Viens, Seigneur Jésus! » (Ap 22, 20).

CHAPITRE II

L'EUCHARISTIE ÉDIFIE L'ÉGLISE

21. Le Concile Vatican II a rappelé que la Célébration eucharistique est au centre duprocessus de croissance de l'Église. En effet, après avoir dit que « l'Église, qui est le Règnedu Christ déjà présent en mystère, grandit dans le monde de façon visible sous l'effet de lapuissance de Dieu »(35) comme s'il voulait répondre à la question: « Commentgrandit-elle? », il ajoute: « Chaque fois que se célèbre sur l'autel le sacrifice de la Croix, parlequel “le Christ, notre Pâque, a été immolé” (1 Co 5, 7), s'opère l'œuvre de notrerédemption. En même temps, par le Sacrement du pain eucharistique, est représentée etrendue effective l'unité des fidèles qui forment un seul corps dans le Christ (cf. 1 Co 10,17) ».(36)

Aux origines mêmes de l'Église, il y a une influence déterminante de l'Eucharistie. LesÉvangélistes précisent que ce sont les Douze, les Apôtres, qui se sont réunis autour de Jésus,à la dernière Cène (cf. Mt 26, 20; Mc 14, 17; Lc 22, 14). C'est un point particulier trèsimportant, puisque les Apôtres « furent les germes du nouvel Israël et en même tempsl'origine de la hiérarchie sacrée ».(37) En leur donnant son corps et son sang en nourriture, le

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

7 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 8: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

Christ les unissait mystérieusement à son sacrifice qui devait se consommer sur le Calvairepeu après. Par analogie avec l'Alliance du Sinaï, scellée par le sacrifice et l'aspersion dusang,(38) les gestes et les paroles de Jésus à la dernière Cène posaient les fondements de lanouvelle communauté messianique, le peuple de la nouvelle Alliance.

En accueillant au Cénacle l'invitation de Jésus: « Prenez et mangez... Buvez-en tous... » (Mt26, 26. 28), les Apôtres sont entrés, pour la première fois, en communion sacramentelle avecLui. À partir de ce moment-là, et jusqu'à la fin des temps, l'Église se construit à travers lacommunion sacramentelle avec le Fils de Dieu immolé pour nous: « Faites cela en mémoirede moi... Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi » (1 Co 11, 24-25;cf. Lc 22, 19).

22. L'incorporation au Christ, réalisée par le Baptême, se renouvelle et se renforcecontinuellement par la participation au Sacrifice eucharistique, surtout par la pleineparticipation que l'on y a dans la communion sacramentelle. Nous pouvons dire nonseulement que chacun d'entre nous reçoit le Christ, mais aussi que le Christ reçoit chacund'entre nous. Il resserre son amitié avec nous: « Vous êtes mes amis » (Jn 15, 14). Quant ànous, nous vivons grâce à lui: « Celui qui me mangera vivra par moi » (Jn 6, 57). Pour leChrist et son disciple, demeurer l'un dans l'autre se réalise de manière sublime dans lacommunion eucharistique: « Demeurez en moi, comme moi en vous » (Jn 15, 4).

En s'unissant au Christ, le peuple de la nouvelle Alliance, loin de se refermer sur lui-même,devient « sacrement » pour l'humanité,(39) signe et instrument du salut opéré par le Christ,lumière du monde et sel de la terre (cf. Mt 5, 13-16) pour la rédemption de tous.(40)Lamission de l'Église est en continuité avec celle du Christ: « De même que le Père m'a envoyé,moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21). C'est pourquoi, de la perpétuation du sacrifice duChrist dans l'Eucharistie et de la communion à son corps et à son sang, l'Église reçoit lesforces spirituelles nécessaires à l'accomplissement de sa mission. Ainsi, l'Eucharistie apparaîten même temps comme la source et le sommet de toute l'évangélisation, puisque son but estla communion de tous les hommes avec le Christ et en lui avec le Père et l'Esprit Saint.(41)

23. Par la communion eucharistique, l'Église est également consolidée dans son unité decorps du Christ. Saint Paul se réfère à cette efficacité unificatrice de la participation aubanquet eucharistique quand il écrit aux Corinthiens: « Le pain que nous rompons, n'est-ilpas communion au corps du Christ? Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que nous sommesest un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain » (1 Co 10, 16- 17). Lecommentaire de saint Jean Chrysostome est précis et profond: « Qu'est donc ce pain? C'est lecorps du Christ. Que deviennent ceux qui le reçoivent? Le corps du Christ: non pas plusieurscorps, mais un seul corps. En effet, comme le pain est tout un, bien qu'il soit constitué demultiples grains qui, bien qu'on ne les voie pas, se trouvent en lui, tels que leur différencedisparaisse en raison de leur parfaite fusion, de la même manière nous sommes unis les unsaux autres et nous sommes unis tous ensemble au Christ ».(42) L'argumentation est serrée:notre unité avec le Christ, qui est don et grâce pour chacun, fait qu'en lui nous sommes aussiassociés à l'unité de son corps qui est l'Église. L'Eucharistie renforce l'incorporation auChrist, qui se réalise dans le Baptême par le don de l'Esprit (cf. 1 Co 12, 13.27).

L'action conjointe et inséparable du Fils et de l'Esprit Saint, qui est à l'origine de l'Église, desa constitution et de sa stabilité, est agissante dans l'Eucharistie. L'auteur de la Liturgie desaint Jacques en est bien conscient: dans l'épiclèse de l'anaphore, on prie Dieu le Pèred'envoyer l'Esprit Saint sur les fidèles et sur les dons, afin que le corps et le sang du Christ« servent à tous ceux qui y participent [...] pour la sanctification des âmes et des corps ».(43)C'est le divin Paraclet qui raffermit l'Église par la sanctification eucharistique des fidèles.

24. Le don du Christ et de son Esprit, que nous recevons dans la communion eucharistique,accomplit avec une surabondante plénitude les désirs d'unité fraternelle qui habitent le cœurhumain; de même, il élève l'expérience de fraternité inhérente à la participation commune àla même table eucharistique jusqu'à un niveau bien supérieur à celui d'une simple expériencede convivialité humaine. Par la communion au corps du Christ, l'Église réalise toujours plusprofondément son identité: elle « est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire le signe et l'instrument de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genrehumain ».(44)

Aux germes de désagrégation entre les hommes, qui, à l'expérience quotidienne, apparaissenttellement enracinés dans l'humanité à cause du péché, s'oppose la force génératrice d'unitédu corps du Christ. En faisant l'Église, l'Eucharistie crée proprement pour cette raison la

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

8 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 9: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

communauté entre les hommes.

25. Le culte rendu à l'Eucharistie en dehors de la Messe est d'une valeur inestimable dans lavie de l'Église. Ce culte est étroitement uni à la célébration du Sacrifice eucharistique. Laprésence du Christ sous les saintes espèces conservées après la Messe – présence qui duretant que subsistent les espèces du pain et du vin (45) – découle de la célébration du Sacrificeet tend à la communion sacramentelle et spirituelle.(46) Il revient aux pasteurs d'encourager,y compris par leur témoignage personnel, le culte eucharistique, particulièrement lesexpositions du Saint-Sacrement, de même que l'adoration devant le Christ présent sous lesespèces eucharistiques.(47)

Il est bon de s'entretenir avec Lui et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf.Jn 13, 25), d'être touchés par l'amour infini de son cœur. Si, à notre époque, le christianismedoit se distinguer surtout par « l'art de la prière »,(48) comment ne pas ressentir le besoinrenouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, enattitude d'amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement? Bien des fois, chersFrères et Sœurs, j'ai fait cette expérience et j'en ai reçu force, consolation et soutien!

De nombreux saints nous ont donné l'exemple de cette pratique maintes fois louée etrecommandée par le Magistère.(49) Saint Alphonse Marie de Liguori se distingua enparticulier dans ce domaine, lui qui écrivait: « Parmi toutes les dévotions, l'adoration deJésus dans le Saint-Sacrement est la première après les sacrements, la plus chère à Dieu et laplus utile pour nous ».(50)L'Eucharistie est un trésor inestimable: la célébrer, mais aussirester en adoration devant elle en dehors de la Messe permet de puiser à la source même de lagrâce. Une communauté chrétienne qui veut être davantage capable de contempler le visagedu Christ, selon ce que j'ai suggéré dans les lettres apostoliques Novo millennio ineunte etRosarium Virginis Mariæ, ne peut pas ne pas développer également cet aspect du culteeucharistique, dans lequel se prolongent et se multiplient les fruits de la communion au corpset au sang du Seigneur.

CHAPITRE III

L'APOSTOLICITÉ DE L'EUCHARISTIEET DE L'ÉGLISE

26. Si, comme je l'ai rappelé plus haut, l'Eucharistie édifie l'Église et l'Église faitl'Eucharistie, il s'ensuit que le lien entre l'une et l'autre est très étroit. C'est tellement vrai quenous pouvons appliquer au Mystère eucharistique ce que nous disons de l'Église quand, dansle symbole de Nicée-Constantinople, nous la confessons « une, sainte, catholique etapostolique ». Une et catholique, l'Eucharistie l'est également. Elle est aussi sainte, bien plus,elle est le très saint Sacrement. Mais c'est surtout vers son apostolicité que nous voulonsmaintenant porter notre attention.

27. Expliquant que l'Église est apostolique, c'est-à-dire fondée sur les Apôtres, le Catéchismede l'Église catholique discerne une triple signification de cette expression. D'une part, « ellea été et demeure bâtie sur “le fondement des Apôtres” (Ep 2, 20), témoins choisis et envoyésen mission par le Christ lui-même ».(51) À l'origine de l'Eucharistie, il y a aussi les Apôtres,non parce que le Sacrement ne remonterait pas au Christ lui-même, mais parce qu'il leur a étéconfié par Jésus et qu'il a été transmis par eux et par leurs successeurs jusqu'à nous. C'est encontinuité avec l'action des Apôtres, obéissants à l'ordre du Seigneur, que l'Église célèbrel'Eucharistie au long des siècles.

La deuxième signification de l'apostolicité de l'Église, indiquée par le Catéchisme, est qu'elle« garde et transmet, avec l'aide de l'Esprit qui habite en elle, l'enseignement, le bon dépôt, lessaines paroles entendues des Apôtres ».(52) Selon ce deuxième sens aussi, l'Eucharistie estapostolique parce qu'elle est célébrée conformément à la foi des Apôtres. Au cours del'histoire bimillénaire du peuple de la nouvelle Alliance, le Magistère ecclésiastique a préciséla doctrine eucharistique en diverses occasions, même en ce qui concerne sa terminologieexacte, et cela précisément pour sauvegarder la foi apostolique en ce très grand Mystère.Cette foi demeure inchangée, et il est essentiel pour l'Église qu'elle le demeure.

28. Enfin, l'Église est apostolique en ce sens qu'« elle continue à être enseignée, sanctifiée etdirigée par les Apôtres jusqu'au retour du Christ grâce à ceux qui leur succèdent dans leurcharge pastorale: le collège des évêques, “assisté par les prêtres, en union avec le successeur

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

9 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 10: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

de Pierre, pasteur suprême de l'Église” ».(53) Succéder aux Apôtres dans la mission pastoraleimplique nécessairement le sacrement de l'Ordre, à savoir la suite ininterrompue desordinations épiscopales valides, remontant jusqu'aux origines.(54) Cette succession estessentielle pour qu'il y ait l'Église au sens propre et plénier.

L'Eucharistie exprime aussi ce sens de l'apostolicité. En effet, comme l'enseigne le ConcileVatican II, « les fidèles, pour leur part, en vertu de leur sacerdoce royal, concourent àl'offrande de l'Eucharistie »,(55) mais c'est le prêtre ordonné qui « célèbre le Sacrificeeucharistique en la personne du Christ et l'offre à Dieu au nom de tout le peuple ».(56) C'estpour cela que dans le Missel romain il est prescrit que ce soit le prêtre seul qui récite la prièreeucharistique, pendant que le peuple s'y associe dans la foi et en silence.(57)

29. L'expression, utilisée à maintes reprises par le Concile Vatican II, selon laquelle « celuiqui a reçu le sacerdoce ministériel [...] célèbre le Sacrifice eucharistique en la personne duChrist »,(58)était déjà bien2 enracinée dans l'enseignement pontifical.(59) Comme j'ai déjàeu l'occasion de le préciser, in persona Christi « veut dire davantage que “au nom” ou “à laplace” du Christ. In persona: c'est-à-dire dans l'identification spécifique, sacramentelle, au“grand prêtre de l'Alliance éternelle” qui est l'auteur et le sujet principal de son propresacrifice, dans lequel il ne peut vraiment être remplacé par personne ».(60) Dans l'économiedu salut voulue par le Christ, le ministère des prêtres qui ont reçu le sacrement de l'Ordremanifeste que l'Eucharistie qu'ils célèbrent est un don qui dépasse radicalement le pouvoirde l'assemblée et qui demeure en toute hypothèse irremplaçable pour relier validement laconsécration eucharistique au sacrifice de la Croix et à la dernière Cène.

Pour être véritablement une assemblée eucharistique, l'assemblée qui se réunit pour lacélébration de l'Eucharistie a absolument besoin d'un prêtre ordonné qui la préside. D'autrepart, la communauté n'est pas en mesure de se donner à elle-même son ministre ordonné.Celui-ci est un don qu'elle reçoit à travers la succession épiscopale qui remonte jusqu'auxApôtres. C'est l'Évêque qui, par le sacrement de l'Ordre, constitue un nouveau prêtre, luiconférant le pouvoir de consacrer l'Eucharistie. C'est pourquoi « dans une communauté lemystère eucharistique ne peut être célébré par personne d'autre qu'un prêtre ordonné, comme

l'a expressément déclaré le IVe Concile du Latran ».(61)

30. La doctrine de l'Église catholique sur le ministère sacerdotal dans son rapport àl'Eucharistie ainsi que la doctrine sur le Sacrifice eucharistique ont fait l'objet, ces dernièresdécennies, de dialogues utiles dans le cadre de l'activité œcuménique. Il nous faut rendregrâce à la très sainte Trinité parce qu'il y a eu, dans ce domaine, des progrès significatifs etdes rapprochements qui nous font espérer un avenir de pleine communion dans la foi.L'observation, faite par le Concile au sujet des différentes communautés ecclésiales apparues

depuis le XVIe siècle et séparées de l'Église catholique, demeure encore tout à fait pertinente:« Bien que les communautés ecclésiales séparées de nous n'aient pas avec nous la pleineunité qui dérive du baptême et bien que nous croyions que, en raison principalement del'absence du sacrement de l'Ordre, elles n'ont pas conservé la substance propre et intégrale dumystère eucharistique, néanmoins, lorsque dans la sainte Cène elles font mémoire de la mortet de la résurrection du Seigneur, elles professent que la vie dans la communion au Christ estsignifiée par là et elles attendent son avènement glorieux ».(62)

Les fidèles catholiques, tout en respectant les convictions religieuses de leurs frères séparés,doivent donc s'abstenir de participer à la communion distribuée dans leurs célébrations, afinde ne pas entretenir une ambiguïté sur la nature de l'Eucharistie et, par conséquent, manquerau devoir de témoigner avec clarté de la vérité. Cela finirait par retarder la marche vers lapleine unité visible. De même, on ne peut envisager de remplacer la Messe dominicale pardes célébrations œcuméniques de la Parole, par des rencontres de prière avec des chrétiensappartenant aux communautés ecclésiales déjà mentionnées ou par la participation à leurservice liturgique. De telles célébrations et ren- contres, louables en elles-mêmes en certainescirconstances, préparent à la pleine communion tant désirée, même eucharistique, mais ellesne peuvent la remplacer.

Le fait que le pouvoir de consacrer l'Eucharistie ait été confié seulement aux Évêques et auxprêtres ne constitue aucunement une dépréciation du reste du peuple de Dieu, puisque, dansla communion de l'unique Corps du Christ qu'est l'Église, ce don rejaillit au bénéfice de tous.

31. Si l'Eucharistie est le centre et le sommet de la vie de l'Église, elle l'est pareillement duministère sacerdotal. C'est pourquoi, en rendant grâce à Jésus Christ notre Seigneur, je veuxredire que l'Eucharistie « est la raison d'être principale et centrale du sacrement du sacerdoce,

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

10 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 11: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

qui est né effectivement au moment de l'institution de l'Eucharistie et avec elle ».(63)

Les activités pastorales du prêtre sont multiples. Si l'on pense aux conditions sociales etculturelles du monde actuel, il est facile de comprendre combien les prêtres sont guettés parle danger de la dispersion dans de nombreuses tâches différentes. Le Concile Vatican II a vudans la charité pastorale le lien qui unifie leur vie et leurs activités. Elle découle, ajoute leConcile, « avant tout du Sacrifice eucharistique, qui est donc le centre et la racine de toute lavie du prêtre ».(64) On comprend alors l'importance pour la vie spirituelle du prêtre, autantque pour le bien de l'Église et du monde, de mettre en pratique la recommandationconciliaire de célébrer quotidiennement l'Eucharistie, « qui est vraiment, même s'il ne peut yavoir la présence de fidèles, action du Christ et de l'Église ».(65) De cette manière, le prêtreest en mesure de vaincre toutes les tensions qui le dispersent tout au long de ses journées,trouvant dans le Sacrifice eucharistique, vrai centre de sa vie et de son ministère, l'énergiespirituelle nécessaire pour affronter ses diverses tâches pastorales. Ainsi, ses journéesdeviendront vraiment eucharistiques.

Du caractère central de l'Eucharistie dans la vie et dans le ministère des prêtres découle aussison caractère central dans la pastorale en faveur des vocations sacerdotales. Tout d'abord,parce que la prière pour les vocations y trouve le lieu d'une très grande union avec la prièredu Christ, grand prêtre éternel; mais aussi parce que le soin attentif apporté par les prêtres auministère eucharistique, associé à la promotion de la participation consciente, active etfructueuse des fidèles à l'Eucharistie, constitue, pour les jeunes, un exemple efficace et unencouragement à répondre avec générosité à l'appel de Dieu. Ce dernier se sert souvent del'exemple de charité pastorale zélée d'un prêtre pour répandre et faire grandir dans le cœurd'un jeune la semence de l'appel au sacerdoce.

32. Tout cela montre combien est douloureuse et anormale la situation d'une communautéchrétienne qui, tout en ayant les caractéristiques d'une paroisse quant au nombre et à lavariété des fidèles, manque cependant d'un prêtre pour la guider. En effet, la paroisse est unecommunauté de baptisés qui expriment et consolident leur identité surtout à travers lacélébration du Sacrifice eucharistique. Mais pour cela la présence d'un prêtre est nécessaire,lui seul ayant le pouvoir d'offrir l'Eucharistie in persona Christi. Quand la communauté estprivée de prêtre, on cherche à juste titre à y remédier d'une certaine manière, afin que sepoursuivent les célébrations dominicales, et, dans ce cas, les religieux et les laïcs qui guidentleurs frères et sœurs dans la prière exercent de façon louable le sacerdoce commun de tousles fidèles, fondé sur la grâce du Baptême. Mais de telles solutions ne doivent êtreconsidérées que comme provisoires, durant le temps où la communauté est en attente d'unprêtre.

Le caractère sacramentellement inachevé de ces célébrations doit avant tout inciterl'ensemble de la communauté à prier avec une plus grande ferveur pour que le Seigneurenvoie des ouvriers à sa moisson (cf. Mt 9, 38); il doit aussi l'inciter à mettre en œuvre tousles autres éléments constitutifs d'une pastorale vocationelle adaptée, sans céder à la tentationde chercher des solutions dans l'affaiblissement des exigences relatives aux qualités moraleset à la formation exigées des candidats au sacerdoce.

33. Lorsque, en raison du manque de prêtres, une participation à la charge pastorale d'uneparoisse a été confiée à des fidèles non ordonnés, ceux-ci garderont présent à l'esprit que,comme l'enseigne le Concile Vatican II, « aucune communauté chrétienne ne s'édifie si ellen'a pas sa racine et son centre dans la célébration de la très sainte Eucharistie ».(66) Ilsauront donc soin de maintenir vive dans la communauté une véritable « faim » del'Eucharistie, qui conduit à ne laisser passer aucune occasion d'avoir la célébration de laMesse, en profitant même de la présence occasionnelle d'un prêtre, pourvu qu'il ne soit pasempêché de la célébrer par le droit de l'Église.

CHAPITRE IV

L'EUCHARISTIE ET LA COMMUNION ECCLÉSIALE

34. En 1985, l'Assemblée extraordinaire du Synode des Évêques a vu dans « l'ecclésiologiede communion » l'idée centrale et fondamentale des documents du Concile Vatican II.(67)Durant son pèlerinage sur la terre, l'Église est appelée à maintenir et à promouvoir aussi bienla communion avec le Dieu Trinité que la communion entre les fidèles. À cette fin, elle

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

11 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 12: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

dispose de la Parole et des Sacrements, surtout de l'Eucharistie, dont elle reçoitcontinuellement « vie et croissance » (68) et dans laquelle, en même temps, elle s'exprimeelle-même. Ce n'est pas par hasard que le terme communion est devenu l'un des nomsspécifiques de ce très grand Sacrement.

L'Eucharistie apparaît donc comme le sommet de tous les Sacrements car elle porte à saperfection la communion avec Dieu le Père, grâce à l'identification au Fils unique par l'actiondu Saint-Esprit. Avec une foi pénétrante, l'un des grands auteurs de la tradition byzantineexprimait cette vérité à propos de l'Eucharistie: « Ainsi ce mystère est parfait, à la différencede tout autre rite, et il conduit à la cime même des biens, puisque là se trouve aussi la finsuprême de tout effort humain. Car c'est Dieu lui-même que nous rencontrons en lui, et Dieus'unit à nous de l'union la plus parfaite ».(69) C'est précisément pour cela qu'il est opportunde cultiver dans les cœurs le désir constant du Sacrement de l'Eucharistie. C'est ainsi qu'estnée la pratique de la « communion spirituelle », heureusement répandue depuis des sièclesdans l'Église et recommandée par de saints maîtres de vie spirituelle. Sainte Thérèse de Jésusécrivait: « Lorsque vous ne recevez pas la communion à la Messe que vous entendez,communiez spirituellement, c'est là une méthode très avantageuse [...]; vous imprimerez ainsien vous un amour profond pour notre Seigneur ».(70)

35. Toutefois, la célébration de l'Eucharistie ne peut pas être le point de départ de lacommunion, qu'elle présuppose comme existante, pour ensuite la consolider et la porter à saperfection. Le Sacrement exprime ce lien de communion d'une part dans sa dimensioninvisible qui, dans le Christ, par l'action de l'Esprit Saint, nous lie au Père et entre nous,d'autre part dans sa dimension visible qui implique la communion dans la doctrine desApôtres, dans les sacrements et dans l'ordre hiérarchique. Le rapport étroit qui existe entreles éléments invisibles et les éléments visibles de la communion ecclésiale est constitutif del'Église comme Sacrement du salut.(71) C'est seulement dans ce contexte qu'il y a lacélébration légitime de l'Eucharistie et la véritable participation à ce Sacrement. Il en résulteune exigence intrinsèque à l'Eucharistie: qu'elle soit célébrée dans la communion et,concrètement, dans l'intégrité des conditions requises.

36. La communion invisible, tout en étant par nature toujours en croissance, suppose la viede la grâce, par laquelle nous sommes rendus « participants de la nature divine » (2 P 1, 4),et la pratique des vertus de foi, d'espérance et de charité. En effet, c'est seulement ainsi ques'établit une vraie communion avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit. La foi ne suffit pas; ilconvient aussi de persévérer dans la grâce sanctifiante et dans la charité, en demeurant ausein de l'Église « de corps » et « de cœur »; (72) il faut donc, pour le dire avec les paroles desaint Paul, « la foi opérant par la charité » (Ga 5, 6).

Le respect de la totalité des liens invisibles est un devoir moral strict pour le chrétien qui veutparticiper pleinement à l'Eucharistie en communiant au corps et au sang du Christ. Le mêmeApôtre rappelle ce devoir au fidèle par l'avertissement: « Que chacun, donc, s'éprouvesoi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe » (1 Co 11, 28). Avec toutela force de son éloquence, saint Jean Chrysostome exhortait les fidèles: « Moi aussi, j'élève lavoix, je supplie, je prie et je vous supplie de ne pas vous approcher de cette table sainte avecune conscience souillée et corrompue. Une telle attitude en effet ne s'appellera jamaiscommunion, même si nous recevions mille fois le corps du Seigneur, mais plutôtcondamnation, tourment et accroissement des châtiments ».(73)

Dans cette même perspective, le Catéchisme de l'Église catholique établit à juste titre:« Celui qui est conscient d'un péché grave doit recevoir le sacrement de la Réconciliationavant d'accéder à la communion ».(74) Je désire donc redire que demeure et demeureratoujours valable dans l'Église la norme par laquelle le Concile de Trente a appliquéconcrètement la sévère admonition de l'Apôtre Paul, en affirmant que, pour une digneréception de l'Eucharistie, « si quelqu'un est conscient d'être en état de péché mortel, il doit,auparavant, confesser ses péchés ».(75)

37. L'Eucharistie et la Pénitence sont deux sacrements intimement liés. Si l'Eucharistie rendprésent le Sacrifice rédempteur de la Croix, le perpétuant sacramentellement, cela signifieque, de ce Sacrement, découle une exigence continuelle de conversion, de réponsepersonnelle à l'exhortation adressée par saint Paul aux chrétiens de Corinthe: « Au nom duChrist, nous vous le demandons: laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20). Si lechrétien a sur la conscience le poids d'un péché grave, l'itinéraire de pénitence, à travers lesacrement de la Réconciliation, devient le passage obligé pour accéder à la pleineparticipation au Sacrifice eucharistique.

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

12 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 13: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

Évidemment, le jugement sur l'état de grâce appartient au seul intéressé, puisqu'il s'agit d'unjugement de conscience. Toutefois, en cas de comportement extérieur gravement,manifestement et durablement contraire à la norme morale, l'Église, dans son souci pastoraldu bon ordre communautaire et par respect pour le Sacrement, ne peut pas ne pas se sentirconcernée. Cette situation de contradiction morale manifeste est traitée par la norme du Codede Droit canonique sur la non-admission à la communion eucharistique de ceux qui« persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste ».(76)

38. La communion ecclésiale, comme je l'ai déjà rappelé, est aussi visible, et elle s'exprime àtravers les liens énumérés par le même Concile lorsqu'il enseigne: « Sont pleinementincorporés à la société qu'est l'Église ceux qui, ayant l'Esprit du Christ, acceptentintégralement son organisation et tous les moyens de salut qui ont été institués en elle et qui,par les liens que constituent la profession de foi, les sacrements, le gouvernement et lacommunion ecclésiastiques, sont unis, dans l'organisme visible de l'Église, avec le Christ quila régit par le Souverain Pontife et les évêques ».(77)

L'Eucharistie étant la plus haute manifestation sacramentelle de la communion dans l'Église,elle exige d'être célébrée aussi dans un contexte de respect des liens extérieurs decommunion. De manière spéciale, parce qu'elle est « comme la consommation de la viespirituelle et la fin de tous les sacrements »,(78) elle exige que soient réels les liens de lacommunion dans les sacrements, particulièrement le Baptême et l'Ordre sacerdotal. Il n'estpas possible de donner la communion à une personne qui n'est pas baptisée ou qui refuse lavérité intégrale de la foi sur le Mystère eucharistique. Le Christ est la vérité et rendtémoignage à la vérité (cf. Jn 14, 6; 18, 37); le Sacrement de son corps et de son sangn'admet pas de mensonge.

39. Par ailleurs, en raison du caractère même de la communion ecclésiale et du rapportqu'elle entretient avec le Sacrement de l'Eucharistie, il faut rappeler que « le Sacrificeeucharistique, tout en étant toujours célébré dans une communauté particulière, n'est jamaisune célébration de cette seule communauté: celle-ci en effet, en recevant la présenceeucharistique du Seigneur, reçoit l'intégralité du don du salut et, bien que dans sa particularitévisible permanente, elle se manifeste aussi comme image et vraie présence de l'Église une,sainte, catholique et apostolique ».(79) Il en découle qu'une communauté vraimenteucharistique ne peut se replier sur elle-même, comme si elle était autosuffisante, maisqu'elle doit être en syntonie avec chaque autre communauté catholique.

La communion ecclésiale de l'assemblée eucharistique est communion avec son Évêque etavec le Pontife romain. En effet, l'Évêque est le principe visible et le fondement de l'unitédans son Église particulière.(80) Il serait donc tout à fait illogique que le Sacrement parexcellence de l'unité de l'Église soit célébré sans une véritable communion avec l'Évêque.Saint Ignace d'Antioche écrivait: « Que cette Eucharistie soit seule regardée comme légitime,qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en a chargé ».(81) De la mêmemanière, puisque « le Pontife romain, en qualité de successeur de Pierre, est le principe et lefondement permanents et visibles de l'unité, aussi bien des évêques que de la multitude desfidèles »,(82)la communion avec lui est une exigence intrinsèque de la célébration duSacrifice eucharistique. De là vient la profonde vérité exprimée de diverses manières par laliturgie: « Toute célébration de l'Eucharistie est faite en union non seulement avec l'évêque,mais aussi avec le Pape, avec l'Ordre épiscopal, avec tout le clergé et le peuple tout entier.Toute célébration valide de l'Eucharistie exprime cette communion universelle avec Pierre etavec l'Église tout entière ou bien la réclame objectivement, comme dans le cas des Églises

chrétiennes séparées de Rome ».83

40. L'Eucharistie crée la communion et éduque à la communion. Saint Paul écrivait auxfidèles de Corinthe, leur montrant combien leurs divisions, qui se manifestaient dansl'assemblée eucharistique, étaient en opposition avec ce qu'ils célébraient, la Cène duSeigneur. En conséquence, l'Apôtre les invitait à réfléchir sur la réalité véritable del'Eucharistie, pour les faire revenir à un esprit de communion fraternelle (cf. 1 Co 11, 17-34).Saint Augustin s'est efficacement fait l'écho de cette exigence. Rappelant la parole del'Apôtre: « Vous êtes le corps du Christ et vous êtes les membres de ce corps » (1 Co 12, 27),il faisait remarquer: « Si donc vous êtes le Corps du Christ et ses membres, le symbole de ceque vous êtes se trouve déposé sur la table du Seigneur; vous y recevez votre propre

mystère ».84 Et il en tirait la conséquence suivante: « Notre Seigneur [...] a consacré sur latable le mystère de notre paix et de notre unité. Celui qui reçoit le mystère de l'unité, et nereste pas dans les liens de la paix, ne reçoit pas son mystère pour son salut; il reçoit un

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

13 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 14: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

témoignage qui le condamne ».(85)

41. Cette promotion particulièrement efficace de la communion, qui est le propre del'Eucharistie, est l'une des raisons de l'importance de la Messe dominicale. Sur cet aspect etsur les raisons qui le rendent essentiel à la vie de l'Église et des fidèles, je me suislonguement arrêté dans la lettre apostolique Dies Domini(86) sur la sanctification dudimanche. Je rappelais entre autre que pour les fidèles, participer à la Messe est uneobligation, à moins qu'ils n'aient un empêchement grave, et de même, les Pasteurs ont de leurcôté le devoir correspondant d'offrir à tous la possibilité effective de satisfaire auprécepte.(87) Plus récemment, dans la Lettre apostoliqueNovo millennio ineunte, traçant lechemin pastoral de l'Église au début du troisième millénaire, j'ai voulu mettreparticulièrement en relief l'Eucharistie dominicale, soulignant en quoi elle était efficacementcréatrice de communion: « Elle est, écrivais-je, le lieu privilégié où la communion estconstamment annoncée et entretenue. Précisément par la participation à l'Eucharistie, le jourdu Seigneur devient aussi le jour de l'Église, qui peut exercer ainsi de manière efficace sonrôle de sacrement d'unité ».(88)

42. Conserver et promouvoir la communion ecclésiale est une tâche pour tout fidèle, quitrouve dans l'Eucharistie, sacrement de l'unité de l'Église, un lieu pour manifester sasollicitude d'une manière spéciale. Plus concrètement, cette tâche incombe avec uneresponsabilité particulière aux Pasteurs de l'Église, chacun à son rang et selon sa chargeecclésiastique. C'est pourquoi l'Église a donné des normes qui visent tout à la fois à favoriserl'accès fréquent et fructueux des fidèles à la table eucharistique, et à déterminer lesconditions objectives dans lesquelles il faut s'abstenir d'administrer la communion. Enfavoriser avec soin la fidèle observance devient une expression effective d'amour enversl'Eucharistie et envers l'Église.

43. Considérant l'Eucharistie comme sacrement de la communion ecclésiale, il y a unargument à ne pas omettre en raison de son importance: je me réfère à son lien avecl'engagement œcuménique. Nous devons tous rendre grâce à la très sainte Trinité parce que,en ces dernières décennies, de nombreux fidèles partout dans le monde ont été touchés par ledésir ardent de l'unité entre tous les chrétiens. Le Concile Vatican II, au début du décret surl'œcuménisme, y reconnaît un don spécial de Dieu.(89) Cela a constitué une grâce efficacequi a engagé sur la route de l'œcuménisme aussi bien nous-mêmes, fils de l'Église catholique,que nos frères des autres Églises et Communautés ecclésiales.

Le désir de parvenir à l'unité nous incite à tourner nos regards vers l'Eucharistie, qui est leSacrement par excellence de l'unité du peuple de Dieu, étant donné qu'il en est l'expression laplus parfaite et la source incomparable.(90) Dans la célébration du Sacrifice eucharistique,l'Église fait monter sa supplication vers Dieu, Père des miséricordes, pour qu'il donne à sesfils la plénitude de l'Esprit Saint, de sorte qu'ils deviennent dans le Christ un seul corps et unseul esprit.(91) En présentant cette prière au Père des lumières, de qui viennent « les dons lesmeilleurs et les présents merveilleux » (Jc 1, 17), l'Église croit en son efficacité, puisqu'elleprie en union avec le Christ Tête et Époux, lequel fait sienne la supplication de l'épouse,l'unissant à celle de son sacrifice rédempteur.

44. Précisément parce que l'unité de l'Église, que l'Eucharistie réalise par le sacrifice duChrist, et par la communion au corps et au sang du Seigneur, comporte l'exigence, à laquelleon ne saurait déroger, de la communion totale dans les liens de la profession de foi, dessacrements et du gouvernement ecclésiastique, il n'est pas possible de concélébrer la mêmeliturgie eucharistique jusqu'à ce que soit rétablie l'intégrité de ces liens. Une telleconcélébration ne saurait être un moyen valable et pourrait même constituer un obstacle pourparvenir à la pleine communion, minimisant la valeur de la distance qui nous sépare du butet introduisant ou avalisant des ambiguïtés sur telle ou telle vérité de foi. Le chemin vers lapleine unité ne peut se faire que dans la vérité. En cette matière, les interdictions de la loi del'Église ne laissent pas de place aux incertitudes,(92) conformément à la norme moraleproclamée par le Concile Vatican II.(93)

Je voudrais cependant redire ce que j'ajoutais dans l'encyclique Ut unum sint, après avoir prisacte de l'impossibilité de partager la même Eucharistie: « Nous aussi, nous avons le désirardent de célébrer ensemble l'unique Eucharistie du Seigneur, et ce désir devient déjà unelouange commune et une même imploration. Ensemble, nous nous tournons vers le Père etnous le faisons toujours plus “d'un seul cœur” ».(94)

45. S'il n'est en aucun cas légitime de concélébrer lorsqu'il n'y a pas pleine communion, il

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

14 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 15: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

n'en va pas de même en ce qui concerne l'administration de l'Eucharistie, dans descirconstances spéciales, à des personnes appartenant à des Églises ou à des Communautésecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec l'Église catholique. Dans ce cas eneffet, l'objectif est de pourvoir à un sérieux besoin spirituel pour le salut éternel de cespersonnes, et non de réaliser une intercommunion, impossible tant que ne sont paspleinement établis les liens visibles de la communion ecclésiale.

C'est en ce sens que s'est exprimé le Concile Vatican II quand il a déterminé la conduite àtenir avec les Orientaux qui, se trouvant en toute bonne foi séparés de l'Église catholique,demandent spontanément à recevoir l'Eucharistie d'un ministre catholique et qui ont lesdispositions requises.(95) Cette façon d'agir a été depuis ratifiée par les deux Codes de Droit,dans lesquels est considéré aussi, avec les adaptations nécessaires, le cas des autres chrétiensnon orientaux qui ne sont pas en pleine communion avec l'Église catholique.(96)

46. Dans l'encycliqueUt unum sint, j'ai moi-même manifesté combien j'apprécie ces normesqui permettent de pourvoir au salut des âmes avec le discernement nécessaire: « C'est unmotif de joie que les ministres catholiques puissent, en des cas particuliers déterminés,administrer les sacrements de l'Eucharistie, de la pénitence, de l'onction des malades, àd'autres chrétiens qui ne sont pas en pleine communion avec l'Église catholique, mais quidésirent ardemment les recevoir, qui les demandent librement et qui partagent la foi quel'Église catholique confesse dans ces sacrements. Réciproquement, dans des cas déterminéset pour des circonstances particulières, les catholiques peuvent aussi recourir pour ces mêmessacrements aux ministres des Églises dans lesquelles ils sont valides ».(97)

Il convient d'être très attentif à ces conditions, qui ne souffrent pas d'exception, bien qu'ils'agisse de cas particuliers bien déterminés, car le refus d'une ou de plusieurs vérités de foisur ces sacrements, et, parmi elles, de celle qui concerne la nécessité du sacerdoce ministérielpour que ces sacrements soient valides, fait que leur administration est illégitime parce quecelui qui les demande n'a pas les dispositions voulues. À l'inverse, un fidèle catholique nepourra pas recevoir la communion dans une communauté qui n'a pas de sacrement de l'Ordrevalide.(98)

La fidèle observance de l'ensemble des normes établies en la matière (99) est à la foismanifestation et garantie d'amour tout autant envers Jésus Christ dans le très saint Sacrementqu'à l'égard des frères d'autres confessions chrétiennes, auxquels est dû le témoignage de lavérité, et qu'envers la cause même de la promotion de l'unité.

CHAPITRE V

LA DIGNITÉ DE LA CÉLÉBRATIONEUCHARISTIQUE

47. Celui qui lit le récit de l'institution de l'Eucharistie dans les Évangiles synoptiques estfrappé tout à la fois par la simplicité et par la « gravité » avec lesquelles Jésus, le soir de ladernière Cène, institue ce grand Sacrement. Il y a un épisode qui, en un sens, lui sert deprélude: c'est l'onction à Béthanie. Une femme, que Jean identifie à Marie, sœur de Lazare,verse sur la tête de Jésus un flacon de parfum précieux, provoquant chez les disciples – enparticulier chez Judas (cf. Mt 26, 8; Mc 14, 4; Jn 12, 4) – une réaction de protestation,comme si un tel geste constituait un « gaspillage » intolérable en regard des besoins despauvres. Le jugement de Jésus est cependant bien différent. Sans rien ôter au devoir decharité envers les indigents, auprès desquels les disciples devront toujours se dévouer –« Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous » (Mt 26, 11; Mc 14, 7; cf. Jn 12, 8) –, Jésuspense à l'événement imminent de sa mort et de sa sépulture, et il voit dans l'onction qui vientde lui être donnée une anticipation de l'honneur dont son corps continuera à être digne mêmeaprès sa mort, car il est indissolublement lié au mystère de sa personne.

Dans les Évangiles synoptiques, le récit se poursuit avec l'ordre que donne Jésus à sesdisciples de préparer minutieusement la « grande salle » nécessaire pour prendre le repaspascal (cf. Mc 14, 15; Lc 22, 12) et avec le récit de l'institution de l'Eucharistie. Faisantentrevoir au moins en partie le cadre des rites juifs qui structurent le repas pascal jusqu'auchant du Hallel (cf. Mt 26, 30; Mc 14, 26), le récit propose de façon aussi concise quesolennelle, même dans les variantes des différentes traditions, les paroles prononcées par leChrist sur le pain et sur le vin, qu'il assume comme expressions concrètes de son corps livré

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

15 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 16: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

et de son sang versé. Tous ces détails sont rappelés par les Évangélistes à la lumière d'unepratique de la « fraction du pain » désormais affermie dans l'Église primitive. Maisassurément, à partir de l'histoire vécue par Jésus, l'événement du Jeudi saint porte de manièrevisible les traits d'une « sensibilité » liturgique modelée sur la tradition vétéro-testamentaireet prête à se remodeler dans la célébration chrétienne en harmonie avec le nouveau contenude la Pâque.

48. Comme la femme de l'onction à Béthanie, l'Église n'a pas craint de « gaspiller », plaçantle meilleur de ses ressources pour exprimer son admiration et son adoration face au donincommensurable de l'Eucharistie. De même que les premiers disciples chargés de préparerla « grande salle », elle s'est sentie poussée, au cours des siècles et dans la succession descultures, à célébrer l'Eucharistie dans un contexte digne d'un si grand Mystère. La liturgiechrétienne est née dans le sillage des paroles et des gestes de Jésus, développant l'héritagerituel du judaïsme. Et en effet, comment pourrait- on jamais exprimer de manière adéquatel'accueil du don que l'Époux divin fait continuellement de lui-même à l'Église-Épouse, enmettant à la portée des générations successives de croyants le Sacrifice offert une fois pourtoutes sur la Croix et en se faisant nourriture pour tous les fidèles? Si la logique du« banquet » suscite un esprit de famille, l'Église n'a jamais cédé à la tentation de banalisercette « familiarité » avec son Époux en oubliant qu'il est aussi son Seigneur et que le« banquet » demeure pour toujours un banquet sacrificiel, marqué par le sang versé sur leGolgotha. Le Banquet eucharistique est vraiment un banquet « sacré », dans lequel lasimplicité des signes cache la profondeur insondable de la sainteté de Dieu: « O Sacrumconvivium, in quo Christus sumitur! ». Le pain qui est rompu sur nos autels, offert à notrecondition de pèlerins en marche sur les chemins du monde, est « panis angelorum », pain desanges, dont on ne peut s'approcher qu'avec l'humilité du centurion de l'Évangile: « Seigneur,je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit » (Mt 8, 8; Lc 7, 6).

49. En se laissant porter par ce sens élevé du mystère, on comprend que la foi de l'Églisedans le Mystère eucharistique se soit exprimée dans l'histoire non seulement par la requêted'une attitude intérieure de dévotion, mais aussi par une série d'expressions extérieures,destinées à évoquer et à souligner la grandeur de l'événement célébré. De là naît le parcoursqui a conduit progressivement à délimiter un statut spécial de réglementation pour la liturgieeucharistique, dans le respect des diverses traditions ecclésiales légitimement constituées.Sur cette base s'est aussi développé un riche patrimoine artistique. L'architecture, lasculpture, la peinture, la musique, en se laissant orienter par le mystère chrétien, ont trouvédans l'Eucharistie, directement ou indirectement, un motif de grande inspiration.

Il en a été ainsi par exemple pour l'architecture, qui, dès que le contexte historique l'a permis,a vu le lieu des premières Célébrations eucharistiques passer des « domus » des familleschrétiennes aux basiliques solennelles des premiers siècles, puis aux imposantes cathédralesdu Moyen- Âge, et finalement aux églises, grandes et petites, qui se sont multipliéesprogressivement sur les terres où le christianisme est parvenu. La forme des autels et destabernacles s'est développée dans les espaces liturgiques, suivant, d'une fois sur l'autre, nonseulement les élans de l'inspiration, mais aussi les indications d'une compréhension précisedu Mystère. On peut en dire autant de la musique sacrée, en pensant simplement àl'inspiration des mélodies grégoriennes, aux nombreux auteurs, et bien souvent grandsauteurs, qui se sont mesurés aux textes liturgiques de la Messe. Et ne voit-on pas, dans ledomaine des objets et des ornements utilisés pour la célébration liturgique, une quantitéimportante de productions artistiques, allant des réalisations d'un bon artisanat jusqu'auxvéritables œuvres d'art?

On peut dire alors que, si l'Eucharistie a modelé l'Église et la spiritualité, elle a aussiinfluencé fortement la « culture », spécialement dans le domaine esthétique.

50. Les chrétiens d'Occident et d'Orient ont « rivalisé » dans cet effort d'adoration duMystère, sous l'aspect rituel et esthétique. Comment ne pas rendre grâce au Seigneur, enparticulier pour la contribution apportée à l'art chrétien par les grandes œuvres d'architectureet de peinture de la tradition gréco-byzantine et de toute l'aire géographique et culturelleslave? En Orient, l'art sacré a conservé un sens singulièrement fort du mystère, qui poussa lesartistes à concevoir leur effort de production du beau non seulement comme une expressionde leur génie, mais aussi comme un service authentique rendu à la foi. Allant bien au-delà dela simple habileté technique, ils ont su s'ouvrir avec docilité au souffle de l'Esprit de Dieu.

Les splendeurs de l'architecture et des mosaïques dans l'Orient et dans l'Occident chrétienssont un patrimoine universel des croyants, et elles portent en elles un souhait, je dirais même

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

16 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 17: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

un gage, de la plénitude tant désirée de la communion dans la foi et dans la célébration. Celasuppose et exige, comme dans la célèbre icône de la Trinité de Roublev, une Égliseprofondément « eucharistique », où le partage du mystère du Christ dans le pain rompu estcomme immergé dans l'ineffable unité des trois Personnes divines, faisant de l'Égliseelle-même une « icône » de la Trinité.

Dans cette perspective d'un art qui tend à exprimer, à travers tous ses éléments, le sens del'Eucharistie selon l'enseignement de l'Église, il convient de prêter une attention soutenue auxnormes qui concernent la construction et l'ameublement des édifices sacrés. L'espace decréation que l'Église a toujours laissé aux artistes est large, comme l'histoire le montre etainsi que je l'ai moi-même souligné dans la Lettre aux artistes.(100) Mais l'art sacré doit secaractériser par sa capacité d'exprimer de manière adéquate le Mystère accueilli dans laplénitude de la foi de l'Église et selon les indications pastorales convenables données parl'Autorité compétente. Cela vaut tout autant pour les arts figuratifs que pour la musiquesacrée.

51. Ce qui s'est produit dans les terres de vieille chrétienté en matière d'art sacré et dediscipline liturgique est en train de se développer aussi sur les continents où le christianismeest plus jeune. C'est là l'orientation qui a été donnée précisément par le Concile Vatican IIconcernant l'exigence d'une « inculturation » à la fois saine et nécessaire. Au cours de mesnombreux voyages pastoraux, j'ai pu observer, dans toutes les régions du monde, la vitalitéqui peut se manifester dans les Célébrations eucharistiques au contact des formes, des styleset des sensibilités des différentes cultures. En s'adaptant aux conditions changeantes de tempset d'espace, l'Eucharistie offre une nourriture non seulement aux personnes, mais aux peupleseux-mêmes, et elle modèle des cultures inspirées par l'esprit chrétien.

Il est toutefois nécessaire que ce travail important d'adaptation soit accompli avec laconscience permanente du Mystère ineffable avec lequel chaque génération est invitée à semesurer. Le « trésor » est trop grand et trop précieux pour que l'on risque de l'appauvrir ou delui porter atteinte par des expériences ou des pratiques introduites sans qu'elles fassent l'objetd'une vérification attentive des Autorités ecclésiastiques compétentes. Par ailleurs, lecaractère central du Mystère eucharistique est tel qu'il exige que cette vérifications'accomplisse en liaison étroite avec le Saint-Siège. Comme je l'écrivais dans l'exhortationapostolique post-synodale Ecclesia in Asia, « une telle collaboration est essentielle parce quela sainte Liturgie exprime et célèbre la foi unique professée par tous et, étant l'héritage detoute l'Église, elle ne peut pas être déterminée par les Églises locales isolément, sansréférence à l'Église universelle ».(101)

52. De ce qui vient d'être dit, on comprend la grande responsabilité qui, dans la Célébrationeucharistique, incombe surtout aux prêtres, auxquels il revient de la présider in personaChristi, assurant un témoignage et un service de la communion non seulement pour lacommunauté qui participe directement à la célébration, mais aussi pour l'Église universelle,qui est toujours concernée par l'Eucharistie. Il faut malheureusement déplorer que, surtout àpartir des années de la réforme liturgique post-conciliaire, en raison d'un sens mal compris dela créativité et de l'adaptation les abus n'ont pas manqué, et ils ont été des motifs desouffrance pour beaucoup. Une certaine réaction au « formalisme » a poussé quelques-uns,en particulier dans telle ou telle région, à estimer que les « formes » choisies par la grandetradition liturgique de l'Église et par son Magistère ne s'imposaient pas, et à introduire desinnovations non autorisées et souvent de mauvais goût.

C'est pourquoi je me sens le devoir de lancer un vigoureux appel pour que, dans laCélébration eucharistique, les normes liturgiques soient observées avec une grande fidélité.Elles sont une expression concrète du caractère ecclésial authentique de l'Eucharistie; tel estleur sens le plus profond. La liturgie n'est jamais la propriété privée de quelqu'un, ni ducélébrant, ni de la communauté dans laquelle les Mystères sont célébrés. L'Apôtre Paul dutadresser des paroles virulentes à la communauté de Corinthe pour dénoncer les manquementsgraves à la Célébration eucharistique, manquements qui avaient conduit à des divisions(schísmata) et à la formation de factions (airéseis) (cf. 1 Co 11, 17-34). À notre époqueaussi, l'obéissance aux normes liturgiques devrait être redécouverte et mise en valeur commeun reflet et un témoignage de l'Église une et universelle, qui est rendue présente en toutecélébration de l'Eucharistie. Le prêtre qui célèbre fidèlement la Messe selon les normesliturgiques et la communauté qui s'y conforme manifestent, de manière silencieuse maiséloquente, leur amour pour l'Église. Précisément pour renforcer ce sens profond des normesliturgiques, j'ai demandé aux Dicastères compétents de la Curie romaine de préparer undocument plus spécifique, avec des rappels d'ordre également juridique, sur ce thème d'une

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

17 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 18: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

grande importance. Il n'est permis à personne de sous-évaluer le Mystère remis entre nosmains: il est trop grand pour que quelqu'un puisse se permettre de le traiter à sa guise, nerespectant ni son caractère sacré ni sa dimension universelle.

CHAPITRE VI

À L'ÉCOLE DE MARIE,FEMME « EUCHARISTIQUE »

53. Si nous voulons redécouvrir dans toute sa richesse le rapport intime qui unit l'Église etl'Eucharistie, nous ne pouvons pas oublier Marie, Mère et modèle de l'Église. Dans la lettreapostoliqueRosarium Virginis Mariæ, en désignant la Vierge très sainte comme Maîtressedans la contemplation du visage du Christ, j'ai inscrit l'institution de l'Eucharistie parmi lesmystères lumineux.(102) Marie peut en effet nous guider vers ce très saint Sacrement, car ilexiste entre elle et lui une relation profonde.

À première vue, l'Évangile reste silencieux sur ce thème. Dans le récit de l'institution, au soirdu Jeudi saint, on ne parle pas de Marie. On sait par contre qu'elle était présente parmi lesApôtres, unis « d'un seul cœur dans la prière » (cf. Ac 1, 14), dans la première communautérassemblée après l'Ascension dans l'attente de la Pentecôte. Sa présence ne pouvait certespas faire défaut dans les Célébrations eucharistiques parmi les fidèles de la premièregénération chrétienne, assidus « à la fraction du pain » (Ac 2, 42).

Mais en allant au-delà de sa participation au Banquet eucharistique, on peut devinerindirectement le rapport entre Marie et l'Eucharistie à partir de son attitude intérieure. Par savie tout entière, Marie est une femme « eucharistique ». L'Église, regardant Marie commeson modèle, est appelée à l'imiter aussi dans son rapport avec ce Mystère très saint.

54. Mysterium fidei! Si l'Eucharistie est un mystère de foi qui dépasse notre intelligence aupoint de nous obliger à l'abandon le plus pur à la parole de Dieu, nulle personne autant queMarie ne peut nous servir de soutien et de guide dans une telle démarche. Lorsque nousrefaisons le geste du Christ à la dernière Cène en obéissance à son commandement: « Faitescela en mémoire de moi! » (Lc 22, 19), nous accueillons en même temps l'invitation de Marieà lui obéir sans hésitation: « Faites tout ce qu'il vous dira » (Jn 2, 5). Avec la sollicitudematernelle dont elle témoigne aux noces de Cana, Marie semble nous dire: « N'ayez aucunehésitation, ayez confiance dans la parole de mon Fils. Lui, qui fut capable de changer l'eau envin, est capable également de faire du pain et du vin son corps et son sang, transmettant auxcroyants, dans ce mystère, la mémoire vivante de sa Pâque, pour se faire ainsi “pain devie” ».

55. En un sens, Marie a exercé sa foi eucharistique avant même l'institution de l'Eucharistie,par le fait même qu'elle a offert son sein virginal pour l'incarnation du Verbe de Dieu. Tandisque l'Eucharistie renvoie à la passion et à la résurrection, elle se situe simultanément encontinuité de l'Incarnation. À l'Annonciation, Marie a conçu le Fils de Dieu dans la véritémême physique du corps et du sang, anticipant en elle ce qui dans une certaine mesure seréalise sacramentellement en tout croyant qui reçoit, sous les espèces du pain et du vin, lecorps et le sang du Seigneur.

Il existe donc une analogie profonde entre le fiat par lequel Marie répond aux paroles del'Ange et l'amen que chaque fidèle prononce quand il reçoit le corps du Seigneur. À Marie, ilfut demandé de croire que celui qu'elle concevait « par l'action de l'Esprit Saint » était le« Fils de Dieu » (cf. Lc 1, 30-35). Dans la continuité avec la foi de la Vierge, il nous estdemandé de croire que, dans le Mystère eucharistique, ce même Jésus, Fils de Dieu et Fils deMarie, se rend présent dans la totalité de son être humain et divin, sous les espèces du pain etdu vin.

« Heureuse celle qui a cru » (Lc 1, 45): dans le mystère de l'Incarnation, Marie a aussianticipé la foi eucharistique de l'Église. Lorsque, au moment de la Visitation, elle porte enson sein le Verbe fait chair, elle devient, en quelque sorte, un « tabernacle » – le premier« tabernacle » de l'histoire – dans lequel le Fils de Dieu, encore invisible aux yeux deshommes, se présente à l'adoration d'Élisabeth, « irradiant » quasi sa lumière à travers lesyeux et la voix de Marie. Et le regard extasié de Marie, contemplant le visage du Christ quivient de naître et le serrant dans ses bras, n'est-il pas le modèle d'amour inégalable qui doitinspirer chacune de nos communions eucharistiques?

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

18 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 19: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

56. Durant toute sa vie au côté du Christ et non seulement au Calvaire, Marie a fait sienne ladimension sacrificielle de l'Eucharistie. Quand elle porta l'enfant Jésus au temple deJérusalem « pour le présenter au Seigneur » (Lc 2, 22), elle entendit le vieillard Syméon luiannoncer que cet Enfant serait un « signe de division » et qu'une « épée » devait aussitranspercer le cœur de sa mère (cf. Lc 2, 34-35). Le drame de son Fils crucifié était ainsiannoncé à l'avance, et d'une certaine manière était préfiguré le « stabat Mater » de la Viergeau pied de la Croix. Se préparant jour après jour au Calvaire, Marie vit une sorte« d'Eucharistie anticipée », à savoir une « communion spirituelle » de désir et d'offrande,dont l'accomplissement se réalisera par l'union avec son Fils au moment de la passion et quis'exprimera ensuite, dans le temps après Pâques, par sa participation à la Célébrationeucharistique, présidée par les Apôtres, en tant que « mémorial » de la passion.

Comment imaginer les sentiments de Marie, tandis qu'elle écoutait, de la bouche de Pierre,de Jean, de Jacques et des autres Apôtres, les paroles de la dernière Cène: « Ceci est moncorps, donné pour vous » (Lc 22, 19)? Ce corps offert en sacrifice, et représenté sous lessignes sacramentels, était le même que celui qu'elle avait conçu en son sein! Recevoirl'Eucharistie devait être pour Marie comme si elle accueillait de nouveau en son sein ce cœurqui avait battu à l'unisson du sien et comme si elle revivait ce dont elle avait personnellementfait l'expérience au pied de la Croix.

57. « Faites cela en mémoire de moi » (Lc 22, 19). Dans le « mémorial » du Calvaire estprésent tout ce que le Christ a accompli dans sa passion et dans sa mort. C'est pourquoi ceque le Christ a accompli envers sa Mère, il l'accomplit aussi en notre faveur. Il lui a en effetconfié le disciple bien-aimé et, en ce disciple, il lui confie également chacun de nous: « Voiciton fils! ». De même, il dit aussi à chacun de nous: « Voici ta mère! » (cf. Jn 19, 26-27).

Vivre dans l'Eucharistie le mémorial de la mort du Christ suppose aussi de recevoircontinuellement ce don. Cela signifie prendre chez nous – à l'exemple de Jean – celle quichaque fois nous est donnée comme Mère. Cela signifie en même temps nous engager à nousconformer au Christ, en nous mettant à l'école de sa Mère et en nous laissant accompagnerpar elle. Marie est présente, avec l'Église et comme Mère de l'Église, en chacune de nosCélébrations eucharistiques. Si Église et Eucharistie constituent un binôme inséparable, ilfaut en dire autant du binôme Marie et Eucharistie. C'est pourquoi aussi la mémoire de Mariedans la Célébration eucharistique se fait de manière unanime, depuis l'antiquité, dans lesÉglises d'Orient et d'Occident.

58. Dans l'Eucharistie, l'Église s'unit pleinement au Christ et à son sacrifice, faisant sienl'esprit de Marie. C'est une vérité que l'on peut approfondir en relisant le Magnificat dansune perspective eucharistique. En effet, comme le cantique de Marie, l'Eucharistie est avanttout une louange et une action de grâce. Quand Marie s'exclame: « Mon âme exalte leSeigneur et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur », Jésus est présent en son sein. Elle louele Père « pour » Jésus, mais elle le loue aussi « en » Jésus et « avec » Jésus. Telle estprécisément la véritable « attitude eucharistique ».

En même temps, Marie fait mémoire des merveilles opérées par Dieu dans l'histoire du salut,selon la promesse faites à nos pères (cf. Lc 1, 55), et elle annonce la merveille qui les dépassetoutes, l'Incarnation rédemptrice. Enfin, dans le Magnificat est présente la tensioneschatologique de l'Eucharistie. Chaque fois que le Fils de Dieu se présente à nous dans la« pauvreté » des signes sacramentels, pain et vin, est semé dans le monde le germe del'histoire nouvelle dans laquelle les puissants sont « renversés de leurs trônes » et les humblessont « élevés » (cf. Lc 1, 52). Marie chante les « cieux nouveaux » et la « terre nouvelle »qui, dans l'Eucharistie, trouvent leur anticipation et en un sens leur « dessein » programmé.Si le Magnificat exprime la spiritualité de Marie, rien ne nous aide à vivre le mystèreeucharistique autant que cette spiritualité. L'Eucharistie nous est donnée pour que notre vie,comme celle de Marie, soit tout entière un Magnificat!

CONCLUSION

59. « Ave verum corpus natum de Maria Virgine! ». Il y a quelques années, j'ai célébré lecinquantième anniversaire de mon ordination sacerdotale. Je ressens aujourd'hui comme unegrâce le fait d'offrir à l'Église cette encyclique sur l'Eucharistie en ce Jeudi saint qui tombe enla vingt-cinquième année de mon ministère pétrinien. Cela me remplit le cœur de gratitude.Depuis plus d'un demi-siècle, chaque jour, à partir de ce 2 novembre 1946 où j'ai célébré ma

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

19 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 20: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

première Messe dans la crypte Saint-Léonard de la cathédrale du Wawel à Cracovie, mesyeux se sont concentrés sur l'hostie et sur le calice, dans lesquels le temps et l'espace se sonten quelque sorte « contractés » et dans lesquels le drame du Golgotha s'est à nouveau renduprésent avec force, dévoilant sa mystérieuse « contemporanéité ». Chaque jour, ma foi m'apermis de reconnaître dans le pain et le vin consacrés le divin Pèlerin qui, un certain jour, fitroute avec les deux disciples d'Emmaüs pour ouvrir leurs yeux à la lumière et leur cœur àl'espérance (cf. Lc 24, 13-35).

Frères et sœurs très chers, permettez que, dans un élan de joie intime, en union avec votre foiet pour la confirmer, je donne mon propre témoignage de foi en la très sainte Eucharistie. « Ave verum corpus natum de Maria Virgine, / vere passum, immolatum, in cruce prohomine! ». Ici se trouve le trésor de l'Église, le cœur du monde, le gage du terme auquelaspire tout homme, même inconsciemment. Il est grand ce mystère, assurément il nousdépasse et il met à rude épreuve les possibilités de notre esprit d'aller au-delà des apparences.Ici, nos sens défaillent – « visus, tactus, gustus in te fallitur », est-il dit dans l'hymne Adoro tedevote –, mais notre foi seule, enracinée dans la parole du Christ transmise par les Apôtres,nous suffit. Permettez que, comme Pierre à la fin du discours eucharistique dans l'Évangilede Jean, je redise au Christ, au nom de toute l'Église, au nom de chacun d'entre vous:« Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68).

60. À l'aube de ce troisième millénaire, nous tous, fils et filles de l'Église, nous sommesinvités à progresser avec un dynamisme renouvelé dans la vie chrétienne. Comme je l'ai écritdans la lettre apostoliqueNovo millennio ineunte, « il ne s'agit pas d'inventer un “nouveauprogramme”. Le programme existe déjà: c'est celui de toujours, tiré de l'Évangile et de laTradition vivante. Il est centré, en dernière analyse, sur le Christ lui-même, qu'il fautconnaître, aimer, imiter, pour vivre en lui la vie trinitaire et pour transformer avec luil'histoire jusqu'à son achèvement dans la Jérusalem céleste ».(103) La réalisation de ceprogramme d'un élan renouvelé dans la vie chrétienne passe par l'Eucharistie.

Tout engagement vers la sainteté, toute action visant à l'accomplissement de la mission del'Église, toute mise en œuvre de plans pastoraux, doit puiser dans le mystère eucharistique laforce nécessaire et s'orienter vers lui comme vers le sommet. Dans l'Eucharistie, nous avonsJésus, nous avons son sacrifice rédempteur, nous avons sa résurrection, nous avons le don del'Esprit Saint, nous avons l'adoration, l'obéissance et l'amour envers le Père. Si nousnégligions l'Eucharistie, comment pourrions-nous porter remède à notre indigence?

61. Le mystère eucharistique – sacrifice, présence, banquet – n'admet ni réduction nimanipulation; il doit être vécu dans son intégrité, que ce soit dans l'acte de la célébration oudans l'intime échange avec Jésus que l'on vient de recevoir dans la communion, ou encoredans le temps de prière et d'adoration eucharistique en dehors de la Messe. L'Église s'édifiealors solidement et ce qu'elle est vraiment est exprimé: une, sainte, catholique et apostolique;peuple, temple et famille de Dieu; corps et épouse du Christ, animée par l'Esprit Saint;sacrement universel du salut et communion hiérarchiquement structurée.

La voie que l'Église parcourt en ces premières années du troisième millénaire est aussi unchemin d'engagement œcuménique renouvelé. Les dernières décennies du deuxièmemillénaire, qui ont culminé avec le grand Jubilé, nous ont poussés dans cette direction,encourageant tous les baptisés à ré- pondre à la prière de Jésus « ut unum sint » (Jn 17, 11).Un tel chemin est long, hérissé d'obstacles qui dépassent les forces humaines; mais nousavons l'Eucharistie, et, en sa présence, nous pouvons entendre au fond de notre cœur, commesi elles nous étaient adressées, les paroles mêmes qu'entendit le prophète Élie: « Lève-toi etmange, autrement le chemin sera trop long pour toi » (1 R 19, 7). Le trésor eucharistique quele Seigneur a mis à notre disposition nous pousse vers l'objectif du partage plénier de cetrésor avec tous les frères auxquels nous unit le même Baptême. Toutefois, pour ne pasgaspiller un tel trésor, il faut respecter les exigences liées au fait qu'il est le Sacrement de lacommunion dans la foi et dans la succession apostolique.

En donnant à l'Eucharistie toute l'importance qu'elle mérite et en veillant avec une grandeattention à n'en atténuer aucune dimension ni aucune exigence, nous montrons que noussommes profondément conscients de la grandeur de ce don. Nous y sommes aussi invités parune tradition ininterrompue qui, dès les premiers siècles, a vu la communauté chrétienneattentive à conserver ce « trésor ». Poussée par l'amour, l'Église se préoccupe de transmettreaux générations chrétiennes à venir, sans en perdre un seul élément, la foi et la doctrine sur lemystère eucharistique. Il n'y a aucun risque d'exagération dans l'attention que l'on porte à ceMystère, car « dans ce Sacrement se résume tout le mystère de notre salut ».(104)

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

20 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 21: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

62. Chers frères et sœurs, mettons-nous à l'école des saints, grands interprètes de la piétéeucharistique authentique. En eux, la théologie de l'Eucharistie acquiert toute la splendeur duvécu, elle nous « imprègne » et pour ainsi dire nous « réchauffe ». Mettons-nous surtout àl'écoute de la très sainte Vierge Marie en qui, plus qu'en quiconque, le Mystère del'Eucharistie resplendit comme mystère lumineux. En nous tournant vers elle, nousconnaissons la force transformante de l'Eucharistie. En elle, nous voyons le monderenouvelé dans l'amour. En la contemplant, elle qui est montée au Ciel avec son corps et sonâme, nous découvrons quelque chose des « cieux nouveaux » et de la « terre nouvelle » quis'ouvriront à nos yeux avec le retour du Christ. L'Eucharistie en est ici-bas le gage et d'unecertaine manière l'anticipation: « Veni, Domine Iesu! » (Ap 22, 20).

Sous les humbles espèces du pain et du vin, transsubstantiés en son corps et en son sang, leChrist marche avec nous, étant pour nous force et viatique, et il fait de nous, pour tous nosfrères, des témoins d'espérance. Si, face à ce mystère, la raison éprouve ses limites, le cœur,illuminé par la grâce de l'Esprit Saint, comprend bien quelle doit être son attitude, s'abîmantdans l'adoration et dans un amour sans limites.

Faisons nôtres les sentiments de saint Thomas d'Aquin, théologien par excellence et enmême temps chantre passionné du Christ en son Eucharistie, et laissons notre âme s'ouvriraussi à la contemplation du but promis, vers lequel notre cœur aspire, assoiffé qu'il est de joieet de paix:

« Bone pastor, panis vere,Iesu, nostri miserere... ».

Bon pasteur, pain véritable,Jésus aie pitié de nousnourris-nous, protège-nous,fais-nous voir le bien suprême,dans la terre des vivants.

Toi qui sais et qui peux tout,toi notre nourriture d'ici-bas,prends-nous là-haut pour conviveset pour héritiers à jamais dans la famille des saints.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 17 avril 2003, Jeudi saint, en la vingt-cinquièmeannée de mon pontificat et en l'année du Rosaire.

IOANNES PAULUS II

(1) Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n. 11.

(2) Conc. œcum. Vat. II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis,n. 5.

(3) Cf. Jean-Paul II, Lettre apost. Rosarium Virginis Mariæ (16 octobre 2002), n. 21: AAS 95(2003), p. 19; La Documentation catholique 99 (2002), pp. 959- 960.

(4) Tel est le titre que j'ai voulu donner à un témoignage autobiographique à l'occasion demon cinquantième anniversaire de sacerdoce.

(5) Leonis XIII P.M. Acta XXII (1903), pp. 115-136;

(6) AAS 39 (1947), pp. 521-595; La Documentation catholique 45 (1948), col. 195-251.

(7) AAS 57 (1965), pp. 753-774; La Documentation catholique 62 (1965), col. 1633-1651.

(8) AAS 72 (1980), pp. 113-148; La Documentation catholique 77 (1980), pp. 301-312.

(9) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie Sacrosanctum concilium, n. 47:Salvator noster [...] Sacrificium Eucharisticum Corporis et Sanguinis sui instituit, quoSacrificium Crucis in sæcula, donec veniret, perpetuaret...: « Notre Sauveur [...] institua lesacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang pour perpétuer le sacrifice de la croix aulong des siècles, jusqu'à ce qu'il vienne ».

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

21 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 22: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

(10) Catéchisme de l'Église catholique, n. 1085.

(11) Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 3.

(12) Cf. Paul VI, Profession de foi (30 juin 1968), n. 24: AAS 60 (1968), p. 442; LaDocumentation catholique 65 (1968), col. 1256-1257; Jean-Paul II, Lettr. apost. DominicæCenæ (24 février 1980), n. 9: AAS 72 (1980), pp. 142-146; La Documentation catholique 77(1980), pp. 305-306.

(13) Catéchisme de l'Église catholique, n. 1382.

(14) Ibid., n. 1367.

(15) Homélie sur la Lettre aux Hébreux, 17, 3: PG 63, 131.

(16) Cf. Conc. œcum. de Trente, Session XXII, Doctrine sur le saint sacrifice de la Messe,ch. 2: DS 1743; La Foi catholique, n. 768: « C'est une seule et même victime, c'est le mêmequi offre maintenant par le ministère des prêtres, qui s'est offert lui-même alors sur la Croix;seule, la manière d'offrir diffère ».

(17) Pie XII, Encycl. Mediator Dei (20 novembre 1947): AAS 39 (1947), p. 548; LaDocumentation catholique 45 (1948), col. 216.

(18) Jean-Paul II, Encycl. Redemptor hominis (15 mars 1979), n. 20: AAS 71 (1979), p. 310;La Documentation catholique 76 (1979), p. 317.

(19) Const. dogm. Lumen gentium, n. 11.

(20) De sacramentis, V, 4, 26: CSEL 73, 70; SCh 25bis, p. 135.

(21) In Ioannis Evangelium, XII, 20: PG 74, 726.

(22) Encycl. Mysterium fidei (3 septembre 1965): AAS 57 (1965), p. 764; La Documentationcatholique 62 (1965), col. 1643.

(23) Session XIII, Décret sur la très sainte Eucharistie, ch. 4: DS, 1462; La Foi catholique,n. 739.

(24) Catéchèses mystagogiques, IV, 6: SCh 126, p. 138.

(25) Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 8.

(26) Profession de foi (30 juin 1968), n. 25: AAS 60 (1968), pp. 442-443; La Documentationcatholique 65 (1968), col. 1256.

(27) Homélie IV pour la Semaine sainte: CSCO 413 / Syr. 182, 55.

(28) Anaphore.

(29) Prière eucharistique III.

(30) Solennité du Corps et du Sang du Christ, IIe Vêpres, antienne du Magnificat.

(31) Missel romain, Embolisme après le Notre Père.

(32) Lettre aux Éphésiens, 20: PG 5, 661: SCh 10 bis, p. 77.

(33) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. past. sur l'Église dans le monde de ce temps Gaudium etspes, n. 39.

(34) « Tu veux honorer le corps du Christ? Ne le méprise pas lorsqu'il est nu. Ne l'honore pasici, dans l'église, par des tissus de soie tandis que tu le laisses dehors souffrir du froid et dumanque de vêtements. Car celui qui a dit: Ceci est mon corps, et qui l'a réalisé en le disant,c'est lui qui a dit: Vous m'avez vu avoir faim, et vous ne m'avez pas donné à manger, et aussi:Chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous ne l'avez pasfait [...]. Quel avantage y a- t-il à ce que la table du Christ soit chargée de vases d'or, tandisque lui-même meurt de faim? Commence par rassasier l'affamé, et avec ce qui te restera tuorneras son autel »: S. Jean Chrysostome, Homélie sur l'Évangile de Matthieu 50, 3-4: PG

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

22 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 23: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

58, 508-509; cf. Jean-Paul II, Encycl. Sollicitudo rei socialis (30 décembre 1987), n. 31: AAS80 (1988), pp. 553-556; La Documentation catholique 85 (1988), p. 246.

(35) Const. dogm. Lumen gentium, n. 3.

(36) Ibid.

(37) Conc. œcum. Vat. II, Décr. sur l'activité missionnaire de l'Église Ad gentes, n. 5.

(38) « Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit: “Voici le sang de l'Alliance que, sur labase de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous” » (Ex 24, 8).

(39) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1.

(40) Cf. ibid., n. 9.

(41) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 5. Le même décret dit au n. 6:« Aucune communauté chrétienne ne s'édifie si elle n'a pas sa racine et son centre dans lacélébration de la très sainte Eucharistie ».

(42) Homélies sur la 1re Lettre aux Corinthiens, 24, 2: PG 61, 200; cf. Didachè, IX, 4; Funk,1, 22; SCh 248, p. 177; S. Cyprien, Lettres LXIII, 13: PL 4, 384; Correspondance II, LesBelles Lettres, Paris (1925), pp. 201-202.

(43) PO 26, 206.

(44) Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1.

(45) Cf. Conc. œcum. de Trente, Sess. XIII, Décret sur la très sainte Eucharistie, can. 4: DS1654; La Foi catholique, n. 748.

(46) Cf. Rituale Romanum: De sacra communione et de cultu mysterii eucharistici extraMissam, p. 36 (n. 80); Rituel de l'Eucharistie en dehors de la Messe, 2e éd., AELF 1996, p.67 (n. 80).

(47) Cf. ibid, pp. 38-39 (n. 86-90); Rituel de l'Eucharistie en dehors de la Messe, pp. 69-70(n. 86-90).

(48) Jean-Paul II, Lettre apost. Novo millennio ineunte, n. 32: AAS 93 (2001), pp. 288; LaDocumentation catholique 98 (2001), p. 79.

(49) « Qu'au cours de la journée 1es fidèles ne négligent point de rendre visite au Saint-Sacrement, qui doit être conservé en un endroit très digne des églises, avec le plus d'honneurpossible, selon les lois liturgiques. Car la visite est une marque de gratitude, un geste d'amouret un devoir de reconnaissance envers le Christ Notre-Seigneur présent en ce lieu »: Paul VI,Encycl. Mysterium fidei (3 septembre 1965): AAS 57 (1965), p. 771; La Documentationcatholique 62 (1965), col. 1647-1648.

(50) Visite al S.S. Sacramento ed a Maria Santissima, Introduction: Opere ascetiche,Avellino (2000), p. 295.

(51) N. 857.

(52) Ibid.

(53) Ibid.

(54) Cf. Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre Sacerdotium ministeriale (6 août 1983), III,2: AAS 75 (1983), p. 1005; La Documentation catholique 80 (1983), p. 886.

(55) Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 10.

(56) Ibid.

(57) Cf. Institutio generalis: Editio typica tertia, n. 147.

(58) Cf. Const. dogm. Lumen gentium, nn. 10. 28; Décret Presbyterorum Ordinis, n. 2.

(59) « Le ministre de l'autel représente le Christ en tant que chef offrant au nom de tous ses

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

23 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 24: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

membres »: Pie XII, Encycl. Mediator Dei (20 novembre 1947): AAS 39 (1947), p. 556; LaDocumentation catholique 45 (1948), col. 221; cf. Pie X, Exhort. apost. Hærent animo (4août 1908): Pii X Acta, IV, 16.; Pie XI, Encycl. Ad catholici sacerdotii (20 décembre 1935):AAS 28 (1936), p. 20; La Documentation catholique 35 (1936/1), col. 141.

(60) Lettre apost. Dominicæ cenæ (24 février 1980), n. 8: AAS 72 (1980), pp. 128-129; LaDocumentation catholique, 77 (1980), p. 304.

(61) Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre Sacerdotium ministeriale (6 août 1983), III, 4:AAS 75 (1983), p. 1006; La Documentation catholique 80 (1983), p. 887; cf. Conc. œcum.Latran IV, ch. 1, Const. sur la foi catholique Firmiter credimus: DS 802; La Foi catholique,n. 31.

(62) Conc. œcum. Vat. II, Décret sur l'œcuménisme Unitatis redintegratio, n. 22.

(63) Lettre apost. Dominicæ Cenæ (24 février 1980), n. 2: AAS 72 (1980), p. 115; LaDocumentation catholique 77 (1980), p. 301.

(64)Décret Presbyterorum ordinis, n. 14.

(65) Ibid., n. 13; cf. Code de Droit canonique, can. 904; Code des Canons des Églisesorientales, can. 378.

(66) Décret Presbyterorum ordinis, n. 6.

(67) Cf. Rapport final, II, C, 1: L'Osservatore Romano, 10 décembre 1985, p. 7; LaDocumentation catholique 83 (1986), p. 39.

(68) Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 26.

(69) Nicolas Cabasilas, La vie en Christ, IV, n. 10: SCh, 355, p. 271.

(70) S. Thérèse de Jésus, Le chemin de la perfection, ch. 37: Oeuvres complètes, Paris(1948), p. 766.

(71) Cf. Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Évêques de l'Église catholique surcertains aspects de l'Église comprise comme communion Communionis notio (28 mai 1992),n. 4: AAS 85 (1993), pp. 839-840; La Documentation catholique 89 (1992), p. 730.

(72) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 14.

(73) Homélies sur Isaïe 6, 3: PG 56, 139.

(74) N. 1385; cf. Code de Droit canonique, can. 916; Code des Canons des Églisesorientales, can. 711.

(75) Discours aux membres de la Pénitencerie apostolique et aux Pénitenciers des Basiliquespatriarcales de Rome (30 janvier 1982): AAS 73 (1981), p. 203; cf. Conc. œcum. de Trente,Sess. XIII, Décret sur la très sainte Eucharistie, ch. 7 et can. 11: DS, nn. 1647. 1661; La Foicatholique, nn. 742. 755.

(76) Can. 915; cf. Code des Canons des Églises orientales, can. 712.

(77) Const. dogm. Lumen gentium, n. 14.

(78) S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, III, q. 73, a. 3.

(79) Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre Communionis notio (28 mai 1992), n. 11: AAS85 (1993), p. 844; La Documentation catholique 89 (1992), p. 731.

(80) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 23.

(81) Lettre aux Smyrniotes, VIII: PG 5, 713 ; SCh n. 10, p. 139.

(82) Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 23.

(83) Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre Communionis notio (28 mai 1992), n. 14: AAS85 (1993), p. 847; La Documentation catholique 89 (1992), p. 732.

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

24 sur 25 19/10/2015 19:49

Page 25: LETTRE ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA · 2017-05-02 · lettre encyclique ecclesia de eucharistia du souverain pontife jean-paul ii aux ÉvÊques aux prÊtres et aux diacres aux

(84) Sermon 272: PL 38, 1247; Oeuvres complètes de saint Augustin, Paris (1873), p. 399.

(85) Ibid.,1248; Oeuvres complètes de saint Augustin, l.c., p. 400.

(86) Cf. nn. 31-51: AAS 90 (1998), pp. 731-746; La Documentation catholique, 95 (1998),pp. 666-672.

(87) Cf. ibid., nn. 48-49: AAS 90 (1998), p. 744; La Documentation catholique, 95 (1998), p.671.

(88) N. 36: AAS 93 (2001), pp. 291-292; La Documentation catholique, 98 (2001), p. 81.

(89) Cf. Décret Unitatis redintegratio, n. 1.

(90) Cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. 11.

(91) « Nous qui participons à l'unique pain et à l'unique coupe, fais que nous soyons unis lesuns aux autres dans la communion de l'unique Esprit Saint »: Anaphore de la Liturgie desaint Basile.

(92) Cf. Code de Droit canonique, can. 908; Code des Canons des Églises orientales, can.702; Conseil pont. pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens, Directoire pour l'œcuménisme(25 mars 1993), nn. 122-125, 129-131: AAS 85 (1993), pp. 1086-1089; La Documentationcatholique, 90 (1993), pp. 630-631; Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre Adexsequendam, 18 mai 2001: AAS (2001), p. 786; La Documentation catholique, 99 (2002),pp. 364-365.

(93) « La communicatio in sacris, si elle porte atteinte à l'unité de l'Église ou si elle impliqueune adhésion formelle à l'erreur ou un risque d'égarement dans la foi, de scandale oud'indifférentisme, est interdite par la loi divine »: Conc. œcum. Vat. II, Décret sur les Églisesorientales catholiques Orientalium Ecclesiarum, n. 26.

(94) N. 45: AAS 87 (1995), p. 948; La Documentation catholique, 92 (1995), p. 579.

(95) Cf. Décret Orientalium Ecclesiarum, n. 27.

(96) Cf. Code de Droit canonique, can. 844, §§ 3-4; Code des Canons des Églises orientales,can. 671, §§ 3-4.

(97) N. 46: AAS 87 (1995), p. 948; La Documentation catholique, 92 (1995), pp. 580.

(98) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret Unitatis redintegratio, n. 22.

(99) Cf. Code de Droit canonique, can. 844; Code des Canons des Églises orientales, can.671.

(100) Cf. AAS 91 (1999), pp. 1155-1172: La Documentation catholique 96 (1999), pp.451-458.

(101) N. 22: AAS 92 (2000), p. 485; La Documentation catholique 96 (1999), p. 991.

(102) Cf. n. 21: AAS 95 (2003), p. 20; La Documentation catholique 99 (2002), pp. 959-960.

(103) N. 29: AAS 93 (2001) p. 285; La Documentation catholique 98 (2001), p. 78.

(104) S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, III, q. 83, a. 4 c.

Lettre Encyclique Ecclesia de Eucharistia http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/docume...

25 sur 25 19/10/2015 19:49