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LETTRE SUR LA POURPRE PHÉNICIENNE A M. Alex. BERTRAND Directeur de la REVUE ARCHÉOLOGIQUE Author(s): F. de Saulcy Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 9 (Janvier à Juin 1864), pp. 216-218 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734371 . Accessed: 22/05/2014 04:22 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.54 on Thu, 22 May 2014 04:22:04 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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LETTRE SUR LA POURPRE PHÉNICIENNE A M. Alex. BERTRAND Directeur de la REVUEARCHÉOLOGIQUEAuthor(s): F. de SaulcySource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 9 (Janvier à Juin 1864), pp. 216-218Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734371 .

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LETTRE

SUR Ii A

POURPRE PHÉNICIENNE

A M. ALEX. BERTRAND

Directeur de la REVUE ARCHÉOLOGIQUE

Mon cher Bertrand, Il est une question d'archéologie industrielle (passez-moi cette

expression) qui a, depuis longtemps, préoccupé très-vivement des hommes du plus grand mérite et dont la solution, par faute de pièces de conviction, est restée jusqu'ici dans un vague regrettable. Je veux parler de la pourpre phénicienne.

Quel était le mollusque qui fournissait cette teinture si estimée jadis? Telle est l'expression précise du problème archéologique à résoudre, et vous comprendrez que, mettant de côté tout ce qui inté- resse la question exclusivement pratique et industrielle, je ne me permette d'aborder que la partie seule qui se rattache à l'histoire, c'est-à-dire que je ne vous parle que de la détermination spécifique du précieux mollusque dont il s'agit, et qu'il fallait retrouver.

Dans le magnifique ouvrage de M. de Lamark, sur les animaux invertébrés, je trouve le passage suivant que je transcris (1) :

« Des dissertations nombreuses sur la pourpre des anciens ont démontré jusqu'à l'évidence que l'espèce connue par les naturalistes sous le nom de murex brandaris , est celle qui produisait la teinture la plus estimée. Rondelet a le premier soutenu cette opinion, etc.

(1) Lamark, Animaux sans vertèbres, genre rocher, t. IX, p. 559 et eo.

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LETTRE SÜR LA POURPRE PHÉNICIENNE. 21 1

On est revenu aujourd'hui à l'opinion de Rondelet, et notre savant ami, M. Boblaye, nous a fourni une preuve matérielle de la solidité de cette manière de voir. M. Boblaye, faisant partie de l'expédition scientifique de Morée, fut étonné de rencontrer, sur certains points peu éloignés de la mer, des amoncellements considérables de la seule espèce du murex brandaris. Il avait supposé d'abord que ces dépôts étaient dus à un phénomène géologique, mais un examen plus attentif des lieux et des circonstances lui fit découvrir que ces dépôts sont toujours placés dans le voisinage d'établissements ruinés, parmi les- quels il s'en trouve dont les vestiges étaient assez conservés pour reconnaître en eux les restes d'anciennes usines à teinture. Il paraît que, pour les teintures du moindre prix, l'on recueillait plusieurs autres espèces de mollusques tels que le murex trunculus , de Limée, le Purpura hœmastoma et plusieurs autres, etc. »

J'ajoute que le regret que nous ont laissé le savant conchyliolo- giste et M. Boblaye lui-même, en ne précisant pas la position topo- graphique des dépôts de murex brandaris reconnus par ce dernier sur les rivages de l'ancienne Grèce, est tout à fait effacé par les observations récentes de M. Fr. Lenormant, qui a retrouvé ces dépôts sur les côtes de Gerigo et de Gythium : c'est donc là que la pourpre des îles de la mer se fabriquait, avec le produit tinctorial fourni par l'animal du murex brandaris; cela n'est plus douteux.

Mais s'ensuit-il que la question soit définitivement tranchée et que la seule coquille connue de tous les collectionneurs sous le nom vulgaire de petite massue puisse revendiquer l'honneur d'avoir fourni la pourpre des anciens? Tant s'en faut, et vous allez voir, mon cher Bertrand, que sur la côte de Phénicie même, c'était un tout autre mollusque qui produisait cette merveilleuse teinture.

Lorsqu'en venant de Sour (Tyr) à Sayda (Sidon) par le rivage de la mer, on entre dans la ville par l'escalier placé à proximité des corderies établies sur la plage et au-dessous de la forteresse du moyen âge connue sous le nom de château de Saint-Louis, on longe une falaise de remblais sur le flanc de laquelle se montre un amas énorme de coquilles appartenant invariablement à une seule et même espèce du genre murex , le murex trunculus . Cet amas présente des dimensions colossales. Plus de cent mètres de longueur, sur six à huit mètres de hauteur, et une largeur qu'il n'est pas possible de reconnaître, parce que le terreau végétal qui le recouvre est garni d'herbes de toute nature.

Toutes les coquilles qui composent cet amas remarquable offrent, sans exception, la même particularité. Leur test a été vigoureuse-

IX. 15

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ment entamé d'un coup de meule sur le premier et le second tour de spire, pour permettre d'extraire la poche génératrice du mol- lusque; ceci ne peut être l'effet du hasard, et il y a là évidemment la trace du procédé industriel à l'aide duquel les teinturiers sido- niens se procuraient la base de leur pourpre si renommée.

Vous concluerez donc avec moi de ce que je viens de dire, mon cher Bertrand, que si le murex brandaris , si commun dans l'Adria- tique, servait à la fabrication de la pourpre à Cerigo et sur les côtes de la Laconie, sur les côtes phéniciennes elles-mêmes, c'était le murex trunculus , qui y abonde encore, qui fournissait la base tincto- riale de Ja pourpre phénicienne.

Tout à vous d'amitié, F. de Saulcy.

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