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LETTRES DU P. VICTORIN GALABERT TOME PREMIER 1854-1862 Edité par le P. Jean-Paul PÉRIER-MUZET, A.A. MAISON GENERALICE ROME, 2013

LETTRES - Assumptio.org · 2020. 12. 21. · lettres du p. victorin galabert tome premier 1854-1862 edité par le p. jean-paul pÉrier-muzet, a.a. maison generalice rome, 2013

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  • LETTRES DU

    P. VICTORIN GALABERT

    TOME PREMIER

    1854-1862

    Edité par le P. Jean-Paul PÉRIER-MUZET, A.A.

    MAISON GENERALICE

    ROME, 2013

  • I

    PRÉFACE

    Longtemps, Victorin Galabert ne fut pour moi guère plus qu’un nom

    auquel se rattachaient quelques belles pages de l’histoire de l’Assomption. Cet

    homme était un missionnaire courageux, un religieux disponible pour la Mission

    d’Orient, un pionnier audacieux. Bien qu’ayant profité d’un bon enseignement

    sur l’histoire de la congrégation — grâce au Père Jean-Paul Perier-Muzet — je

    n’avais guère d’autres connaissances sur le personnage.

    Aujourd’hui, avec la publication du premier tome de sa correspondance,

    nous avons enfin accès à l’homme dans toute son épaisseur humaine et spirituelle.

    Nous pouvons découvrir un être de chair et de sang traversé par des passions, un

    homme d’une fidélité exemplaire, un religieux au cœur généreux.

    Déjà la publication de l’imposante correspondance du Vénérable

    Emmanuel d’Alzon, nous avait permis d’aller plus profondément dans la

    rencontre d’un homme, mieux que ne peut le faire une biographie aussi bonne

    soit-elle. L’Assomption, grâce aux lettres écrites par le Père d’Alzon, a pu

    découvrir l’intimité de son fondateur. Nous pouvons ainsi fréquenter un être

    concret et celui-ci devient plus proche de nous. La connaissance de ses lettres a

    permis de dépoussiérer la noble figure de notre fondateur. Il y a fort à parier que

    la publication de la correspondance du Père Victorin Galabert aura le même effet,

    je le souhaite de tout cœur. Il s’agit de découvrir un homme donné à son Dieu et

    à sa famille religieuse.

    Victorin Galabert demeure pour les Assomptionnistes d’aujourd’hui une

    référence. Ce méridional natif de Montbazin, fut un des premiers disciples du

    Père d’Alzon. Il a été « retourné » en l’écoutant prêcher à Nîmes. L’étudiant en

    médecine qui s’était éloigné de la religion de son enfance et qui vivait assez

    librement trouva un mentor qui lui donna la force de choisir Dieu. Une fois le

    choix posé, Victorin Galabert ne revint jamais en arrière. Déjà apparaît un trait

    majeur de sa personnalité : son inébranlable fidélité. Il resta jusqu’à sa mort le fils

    fidèle de son père spirituel, Emmanuel d’Alzon, qu’il appelait dans ses lettres

    « très révérend et très aimé Père. »

    Issu d’un milieu relativement aisé, Victorin fit des études de médecine. Il

    soutint une thèse sur la variole. Il aimait la médecine puisqu’il souhaita — sans

    pouvoir obtenir pour cela l’autorisation du Saint-Siège — l’exercer en Bulgarie.

    Une fois revenu à la religion, il devint très vite un homme de confiance pour le

    Père d’Alzon. Il fit partie des premiers étudiants envoyés à Rome où il réussit à

    obtenir un doctorat en droit canonique. La vie romaine a été pour lui une chance

  • II

    et une grâce. Il aura longtemps la nostalgie de ces années passées dans la Ville

    éternelle.

    Malgré ses succès, il reste un homme modeste et humble. Il a même

    tendance à se dévaloriser estimant qu’il y a meilleur que lui. C’est un homme qui

    ne se met jamais en avant.

    Victorin Galabert apparaît comme un homme de fidélité, mais aussi

    comme un être profondément relationnel. Il aime les gens et s’intéresse à eux. Le

    père Galabert est un homme aux amitiés fortes. Il sera triste de constater que sa

    correspondance ne suscite pas toujours de réponse. Le Père Picard qui a été son

    supérieur à Rome est un épistolier laconique. Il a d’autres préoccupations que

    celle d’entretenir une correspondance fournie et régulière.

    Le Père Galabert à son retour de Rome est appelé pour être le second du

    Père d’Alzon qui s’absentait très souvent. Il est socius du maître des novices et

    formateur des jeunes profès. Il repère les faiblesses de ses protégés et s’interroge

    sur leurs qualités. D’Alzon lui fait confiance. Il noue une solide amitié avec

    Hippolyte Saugrain qui est l’économe de la communauté et qui souffre déjà du

    « martyre des écus ».

    C’est aussi un homme curieux et attentif à la réalité du monde. Il s’intéresse

    aux événements de l’actualité et ne vit pas dans une bulle. Lecteur du journal Le

    Monde qui a succédé à L’Univers de Louis Veuillot, il évoque la politique

    italienne de la France, la révolte des Cipayes en Inde, ou bien encore la guerre de

    Sécession en Amérique. Victorin Galabert est un homme qui voit grand et large.

    En 1862, lors du chapitre général, le Père d’Alzon demande des candidats

    pour aller en Orient. Le Pape Pie IX a béni les œuvres d’Occident et d’Orient de

    l’Assomption et désormais, il faut répondre à l’appel du Saint-Père. Victorin

    Galabert se propose comme volontaire. Il part seul à Constantinople. L’aventure

    de la Mission d’Orient commence.

    Nous voyons le Père Galabert arriver dans la capitale de l’Empire

    Ottoman. Il est hébergé par le Vicaire Patriarcal puis par les Lazaristes. Il prend

    connaissance du milieu, rédige des notes, écrit ses impressions. Il se forme à la

    vie missionnaire en multipliant les contacts et en recueillant des informations de

    première main.

    Le premier tome de sa Correspondance (1854-1862) nous permet de

    découvrir une Assomption qui élargit son horizon apostolique. Fondée dans un

    collège, l’Assomption a le désir de s’étendre et de développer son charisme de

  • 3

    III

    fondation. Il y a dans la même période l’envoi de religieux en Australie (1860) et

    un peu plus tard l’initiative du Père Pernet de fonder les Petites Sœurs de

    l’Assomption (1865).

    La Mission d’Orient va progressivement s’installer à Philippopoli en 1863

    puis à Andrinople en 1867. Ce sont aussi les prémices de la fondation des Oblates

    de l’Assomption et le temps des échanges avec Mère Marie-Eugénie pour obtenir

    des Religieuses pour la Mission.

    De tout cela, le Père Galabert est un témoin de première importance.

    La publication de la correspondance du Père Victorin Galabert va s’étendre

    sur plusieurs volumes. L’homme est mort prématurément à Nîmes en 1885, âgé

    de 55 ans. La lecture de ses lettres apportera un foisonnement d’informations sur

    les débuts de notre « petite famille ». Elle permettra de comprendre la valeur d’un

    homme et sa grandeur pour le Royaume de Dieu.

    Cette correspondance permettra aussi d’enrichir nos connaissances sur la

    fondation des Oblates de l’Assomption. Alors que nos sœurs se préparent à fêter

    le 150ème anniversaire de leur fondation, ce travail est une belle contribution à leur

    histoire.

    Je voudrais remercier chaleureusement le Père Jean-Paul Perier-Muzet

    d’avoir eu l’initiative de publier cette correspondance. Habitué aux travaux de

    bénédictins, le Père Jean-Paul a consacré son énergie à travailler les lettres pour

    que nous ayons une édition répondant aux critères scientifiques de la publication.

    Nous lui en savons gré.

    Enfin, pour terminer, je forme le souhait que la lecture de ses lettres

    encourage chacun à développer l’audace qui caractérise l’Assomption en ses

    débuts. Puisse l’Esprit susciter des hommes et des femmes généreux pour le

    Royaume de Dieu.

    Rome, le 11 novembre 2012

    En la célébration du 60ème anniversaire du

    Martyre des Bienheureux Kamen, Pavel et Josaphat

    Père Benoît GRIÈRE a.a.

    Supérieur général

  • P. Emmanuel d'Alzon

  • V

    AVANT-PROPOS

    L’année 2012 a été marquée à l’Assomption par la commémoration du

    150ème anniversaire de la fondation de la Mission d’Orient, c’est-à-dire de cette

    aventure missionnaire qui projeta le regard assomptionniste vers les horizons

    nouveaux des chrétiens d’Orient, dans leur grande diversité de cultures, de

    langues, de religions et de rites1.

    Certes les célébrations en ont été relativement modestes, dureté

    économique des temps oblige. Un pèlerinage organisé en Roumanie (mai 2012) a

    permis un contact renouvelé avec cette partie de l’Europe que le pape Jean-Paul

    II appelait l’autre ‘poumon de l’Eglise’2. C’est pourquoi nous croyons le temps

    venu de rappeler la mémoire de celui qui a porté les origines et créé le berceau de

    cette mission en terre bulgare en 1862, le P. Victorin Galabert. On ne peut pas

    dire que jusqu’ici cette mémoire ait été particulièrement activée ; les raisons en

    sont sans doute diverses : l’homme péchait de son vivant par modestie, fuyant les

    honneurs et les marques de reconnaissance ; sa vie prit fin brusquement en février

    1885 - il n’avait pas encore 55 ans - à une période où l’Assomption, en butte aux

    hostilités du gouvernement français dès 1880, ne cherchait pas particulièrement à

    attirer l’attention publique après le décès de son Fondateur, le P. d’Alzon, et une

    première forme de ‘dispersion à l’étranger’. A Montbazin, le village natal du P.

    Victorin dans l’Hérault, pas de plaque à l’église ni de rue à son nom. Et à Nîmes,

    au cimetière Saint-Baudile, sur la pierre tombale de l’Assomption, on oublia

    même pendant vingt ans d’y faire re-graver son nom avec la liste des religieux

    défunts qui y sont inhumés depuis l’achat de la concession en 1851 !

    On ne pourra donc que lire avec bonheur et avec ferveur le témoignage

    vivant de son existence en parcourant sa correspondance personnelle, celle bien

    sûr qui a été conservée et adressée aux premiers acteurs de l’Assomption. Nous

    y retrouvons les noms bien connus de ses frères de fondation, les PP. d’Alzon,

    Picard, Brun, Saugrain, les deux frères Bailly, le P. Pernet, le P. Dumazer…

    ceux qui ont porté le poids des origines, des combats, des intuitions apostoliques

    et des premières aventures missionnaires. A partir de 1865, nous nous

    familiariserons avec le pôle féminin de l’Assomption en Orient, les Oblates,

    ferventes et courageuses auxiliaires des religieux, elles dont la naissance même

    1 Lettre à la congrégation à l’occasion du jubilé des 150 ans de la Mission d’Orient « La

    Passion de l’Unité » par Sœur Felicia Ghiorghies O.A. et Père Benoît GRIERE A.A., Lettre n° 1 du

    Supérieur général, 17 mai 2012, 41 pages. 2 Cf compte-rendu dans A.T.L.P. Supplément, Document n° 16 juin 2012, 7 pages. En juillet

    2012 s’est tenue à Moscou une session Mission d’Orient O.A.-A.A. Informations sur le site

    http://www.assomption-orient.org/

  • VI

    est synonyme de ce champ apostolique dit encore de nos jours prioritaire3. Elles

    se préparent à fêter en 2015 les premiers 150 ans de leur congrégation et ont

    ouvert en 2012 un triennum de préparation.

    Nous devons un hommage appuyé à ceux qui ont eu soin de collecter et de

    transcrire ces précieux témoignages de vie, d’abord les archivistes généraux de la

    Congrégation depuis le P. Emmanuel Bailly, mais aussi spécialement à celui qui

    les a patiemment lus et relus, le P. Gervais Quénard, successeur du P. Galabert

    comme Supérieur de la Mission d’Orient, et qui a demandé au Frère Jules Pector

    dans les années 1950 de les dactylographier de façon à en faciliter l’accès,

    l’écriture du P. Galabert n’étant pas particulièrement facile à déchiffrer4. En

    1963, pour un premier centenaire de la Mission d’Orient, l’Assomption

    organisait au scolasticat de Valpré la tenue d’un colloque historique qui se voulait

    dans l’ère conciliaire pleinement œcuménique avec la participation du pasteur

    Roger Schutz de Taizé 5. L’heure n’était plus à l’épopée unioniste qu’avait

    encouragée le pape Léon XIII et, sur place, l’Assomption avait bien du mal à

    endiguer les coups de boutoir communistes qui mettaient à mal depuis 1917 et

    1945 ce qui restait des implantations d’antan. La Mission d’Orient ressemblait

    surtout à un champ de ruines et sa commémoration ressemblait à une mélopée

    funèbre.

    Une page nouvelle s’est ouverte en 1989 avec la chute du mur de Berlin,

    suivie dans tous les pays satellites de l’U.R.S.S. au cœur des Balkans d’une

    normalisation démocratique à la mode occidentale de ces pseudo-républiques

    populaires. Patiemment l’Assomption, malgré ses faiblesses en ressources

    humaines, retisse sa toile orientale avec pour enjeux décidés un dialogue

    œcuménique en profondeur, une acculturation prononcée et, quand cela est

    possible, des initiatives de nature sociale plutôt marquantes.

    En fait l’Assomption ne s’éloigne pas du modèle missionnaire que

    représente la figure concrète du P. Galabert, lui qui déjà en son temps avait

    compris de l’intérieur l’âme slave de ces populations, en cherchant à parler les

    langues de l’Orient et à valoriser leurs traditions propres. Faisons plus ample

    connaissance avec l’homme : reprenons tout simplement les grandes étapes

    biographiques et les principales lignes spirituelles de ce religieux du Midi telles

    3 Cf Actes officiels du chapitre de la Province de France, 2011. 4 Ne fait-il pas mention lui-même à maintes reprises de ses affreux griffonnages, le P.

    d’Alzon lui demandant la charité d’être plus lisible ? Et pourtant en matière d’écriture, le Fondateur

    ne passait pas non plus pour un maître en calligraphie ! 5 Pages d’archives, nouvelle série n° 6, mars 1965 : Notre Mission d’Orient, Echos du

    centenaire Valpré mars 1963. La collection Pages d’Archives avait déjà publié en juillet 1957 son n°

    6 consacré au P. Victorin Galabert.

  • 7

    VII

    que les rappelait le P. Picard à l’annonce de son décès dans le bulletin des

    Souvenirs, mars 1885, n° 40 :

    « Né à Montbazin (Hérault) en 1830, Victorin Galabert fit ses études de

    médecine à la faculté de Montpellier. Oublieux de lui-même et des choses de la

    terre, il ne tarda pas de comprendre que les richesses et la gloire du Ciel étaient

    préférables aux richesses et à la gloire d’ici-bas. Au lendemain de son examen du

    doctorat, au moment où ses parents le félicitaient de ses succès, il leur annonça

    qu’il quittait le monde et entrait à l’Assomption.

    En 1855, une petite colonie de jeunes étudiants fut envoyée à Rome. Frère

    Galabert eut le bonheur d’en faire partie, quoique son noviciat ne fût pas encore

    terminé, ce qui lui obtint une faveur très rare, celle de prononcer ses vœux à la

    Confession de Saint-Pierre.

    Ses compagnons d’études se rappellent encore la ferveur et le

    recueillement dont il leur donnait l’exemple. Il était fidèle à visiter avec eux les

    sanctuaires où se célébraient les Quarante-heures, mais souvent il s’oubliait et

    restait des heures entières, immobile, en adoration devant le Saint-Sacrement. On

    pouvait marcher sur lui, cracher sur ses vêtements, lui dérober son mouchoir, lui

    emporter son chapeau, il ne se doutait de rien, son regard était fixé sur le

    Saint-Sacrement. Tout n’était rien pour lui en ces heures de prière.

    La mortification était l’arme dont il se servait pour mâter sa chair et

    entretenir la ferveur. Simple et naïf, il croyait cacher par de petites industries les

    pénitences qu’il s’imposait et allait s’enfermer dans les chambres de

    Sainte-Brigitte, mais alors la chapelle et la maison tout entière retentissaient de

    ses coups, et comme sa vue était trop faible pour apercevoir les gouttes de sang

    qui jaillissaient contre le mur, le lendemain, les plus jeunes de ses compagnons

    lui montraient ces gouttelettes traîtresses en lui disant : ‘Père Galabert, Père

    Galabert, qu’avez-vous fait ?’. Alors le pauvre Père rougissait jusqu’au blanc

    des yeux et se retirait plein de confusion, résolu à trouver une chambre plus

    discrète et à dissimuler sa mortification avec plus d’habileté.

    Dès lors, il commença à diminuer tous les jours le temps qu’il donnait au

    sommeil, et bientôt il parvint à se lever à 3 heures du matin après s’être couché

    à onze heures, et à ne faire qu’un repas vers midi et demi. Pieuse coutume qu’il

    conserva jusqu’à la fin de sa vie, et qui lui permit de prier beaucoup et de devenir

    un homme d’une érudition profonde. C’était un puits de science. Y puisait qui

    voulait.

  • VIII

    Revenu en France, il enseigna l’histoire naturelle au collège de Nîmes, vint

    ensuite présider à l’inauguration de notre chapelle de la rue François Ier, d’où il

    devait partir en 1862 pour la mission de Bulgarie.

    Pendant qu’à Rome, le grand pape Pie IX canonisait les martyrs du Japon,

    une grande agitation régnait dans la Turquie d’Europe. Tyrannisés à la fois par

    les Turcs et les Grecs, les Bulgares tournaient leurs regards vers le Saint-Siège,

    et le Pape, plein de sollicitude pour eux, s’adressait à notre fondateur, le P.

    d’Alzon et, en pleine audience publique, semblait lui donner cette mission

    nouvelle en disant tout haut, au grand étonnement de tous et même du P.

    d’Alzon : ‘Je bénis vos œuvres d’Orient et d’Occident’. Le P. d’Alzon n’avait

    aucune œuvre en Orient, et le nombre de ses fils était trop petit pour qu’on pût

    oser rien entreprendre, mais le Pape avait parlé, il fallait faire l’impossible. Le

    P. Galabert se présenta et partit seul, pour commencer cette grande mission.

    Dieu seul connaît la patience, le travail, les humiliations, les sacrifices et surtout

    la confiance et la prière qui ont dû marquer d’un sceau de perfection ces années

    de la fondation de Philippopolis.

    Bientôt, les Russes vinrent enlever ou entraîner l’évêque Sokolski, sur qui

    reposaient les espérances des catholiques. Il fallut jeter les yeux sur un homme

    savant et humble qui sut à la fois s’effacer devant l’autorité et la diriger. Le P.

    Galabert fut choisi par la Propagande, comme théologien et compagnon habituel

    du nouvel évêque bulgare, Mgr Popoff. Il sut se concilier à la fois l’amitié de son

    évêque et la confiance du Saint-Siège, et je me rappelle encore les témoignages

    flatteurs qui l’accueillirent à Rome en 1867. D’un côté, Mgr Popoff se plaisait à

    me répéter à chaque visite : ‘Galaberte… mon ami ! Galaberte… mon ami !’ et

    Pie IX, après la consécration de Mgr Hassoun, patriarche arménien, l’appelait

    vers lui avec bonté et le sourire sur les lèvres : ‘Venga il teologo a la cucusa

    bianca’, et appuyant les mains sur cette tête dénudée, il ajoutait avec tendresse :

    ‘Ecco l’angelo custode di Popoff’. Voici l’ange gardien de Popoff. Et cette

    confiance était partagée par tous les évêques orientaux qui se plaisaient à

    entourer leur théologien, s’asseyant par terre, autour de sa chambre, et lui

    demandant des explications sur tout ce qu’ils voyaient et entendaient.

    Lors du concile, ils furent jusqu’à quarante et cinquante venant lui

    demander la traduction des schemata et des discours. Il dut interpréter le concile

    jusqu’en cinq langues : bulgare, turc, grec, français et italien.

    Il était tellement humble et modeste que personne ne craignait de l’aborder

    et qu’aucune susceptibilité ne risquait d’être blessée par lui. C’est à lui que

    s’adressèrent les évêques orientaux lorsqu’ils voulurent rédiger une supplique

    pour obtenir la définition de l’infaillibilité du Pape. Son respect, sa discrétion,

  • 9

    IX

    son impersonnalité inspiraient confiance à tous et lui ménageaient une influence

    dont personne ne s’est douté et dont les amis intimes n’auraient pas osé

    eux-mêmes lui parler.

    Nature lente et timide, il n’hésita pourtant pas à entreprendre de grandes

    choses et à s’exposer à de grands dangers.

    Lors de la dernière guerre des Russes, on vint lui annoncer que dans les

    villages et les campagnes gisait une multitude d’hommes et de femmes, d’enfants

    blessés par les bachibouzoucs d’un côté et les orthodoxes de l’autre.

    ‘Vite, qu’on prépare notre hospice et les bâtiments de notre école et qu’on

    reçoive tous ces pauvres blessés’.

    Il sortait pour aller au-devant de ces pauvres malheureux, lorsqu’une

    délégation du pacha vint lui apporter la grande décoration, il remercia par un

    sourire, mit la décoration dans sa poche, et continua son chemin. Il devait faire

    de même plus tard, lorsque les Russes lui firent offrir leur décoration.

    Il n’y avait pas un sou vaillant à la maison ; mais qu’importe, Dieu n’est-il

    pas là ? Dieu se servit d’un anglais protestant pour porter les premiers secours.

    Tous les malheureux furent recueillis. Trois cent enfants moururent après avoir

    reçu le baptême, et deux cents restèrent à la charge de notre mission. Il a fallu

    faire des dettes pour les élever, mais du haut du ciel, l’homme de Dieu y

    pourvoira.

    Lorsqu’il fallut fonder à Constantinople, d’où doivent partir toutes les

    œuvres de la Turquie d’Europe, ce n’est point le quartier chrétien où l’on peut

    vivre en paix, que choisit notre timide missionnaire. C’est au centre de Stamboul,

    dans un quartier où aucune église catholique n’avait existé depuis la prise de

    Constantinople, qu’il loua deux maisonnettes, l’une pour les religieuses et l’autre

    pour les religieux et c’est là qu’il vient d’implanter définitivement nos œuvres.

    Jusqu’au bout il a été bon, patient, aimable et reconnaissant. Il souriait à

    la souffrance, comme à ses visiteurs et tous ceux qui l’ont vu, soit à Paris, soit à

    Nîmes, ne pouvaient s’empêcher de s’écrier : ‘C’est un Saint’.

    Le dernier désir de cet énergique religieux était de travailler à la

    canonisation de son Père, notre fondateur, le Très Révérend Père d’Alzon. Il n’a

    pu réaliser son désir, mais il est venu rendre sa belle âme à Dieu, à côté de la

    chambre où expira notre Père, et il va trouver son repos dans le même tombeau

    que lui. Toute la vie du fils ne concourt-elle pas à la gloire du Père ? Filius

    corona Patris.

  • X

    Nous venons de faire une grande perte. Le supérieur de nos missions

    d’Orient, le R.P. Victorin Galabert, venu en France pour s’occuper de ses

    œuvres, s’est éteint doucement à Nîmes, après une longue et douloureuse maladie

    qui le faisait souffrir, mais qui ne l’eût pas empêché de s’embarquer de nouveau

    et de continuer de travailler ».

    N’en restons pas au passé. De lui, germe le présent et fleurit l’avenir. A la

    suite du P. Galabert, de nombreux Assomptionnistes et Oblates ont su s’engager,

    par amour du Christ et par amour de l’unité de l’Eglise, au service du Royaume

    dans cette portion d’héritage alzonien. Ils et elles y ont écrit et y écrivent toujours

    avec courage et fidélité le grand livre d’Or de la Mission d’Orient. Nous

    indiquons pour clore cet Avant-propos la liste des lieux communautaires et des

    pays où la tradition orientale de l’Assomption a pris forme, vie et durée, sans

    oublier tous ceux et celles qui au cours du temps ont permis de forger cette

    conscience commune d’une profonde fraternité chrétienne en Orient.

    Communautés O.A. et A.A. de la Mission d’Orient en 20126

    Bulgarie

    Communauté O.A. de Plovdiv, Kostaki Peev 3, 4000 Plovdiv (Bulgarie)

    @ : [email protected]

    Communauté A.A. de Plovdiv, Krestiou Pastouhov 22, 4000 Plovdiv (Bulgarie)

    @ : [email protected] et Site Web de la Mission d’Orient :

    http:// www.assomption-orient.org/ (sous la responsabilité du P. Claudio Molteni).

    Grèce Communauté A.A. d’Athènes, Paroisse Sainte-Thérèse, Odos Eptanissou 32, GR-11361

    Athènes, @ : [email protected]

    Jérusalem Communauté O.A. de Jérusalem, St Pierre en Gallicante B.P. 31653 IL-Jérusalem 91316,

    @ : [email protected]

    Communauté A.A. de Jérusalem, St Pierre en Gallicante B.P. 31653 IL-Jérusalem 91316,

    @ : [email protected]

    Roumanie Communauté O.A. de Bucarest ‘Ste Trinité’, Str. Zeletin n° 13, 013984 Bucarest

    @ : [email protected] et http://www.oblate-assumptioniste.ro

    Communauté de l’Assomption O.A. de Bacau, Str. Progresului 45, 600164 Bacau

    @ : [email protected]

    Communauté O.A. Ste Monica de Bacau, Str. Infratirii n° 6 – Cartierul Izvoare, 600345

    Bacau, @ : [email protected]

    6 Informations données à la date du mois d’août 2012.

    mailto:[email protected]:[email protected]://www.assomption-orient.org/mailto:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]://www.oblate-assumptioniste.ro/mailto:[email protected]:[email protected]

  • 11

    XI

    Communauté O.A. de Barati, Casa de Copii Sf. Maria Ajutorul Crestinilor, Localitatea

    Barati 607316 Margineni Judetul Bacau

    @ : [email protected]

    Communauté O.A. d’Oradea, Str. Corneliu Coposu (Ostasilor) 2A, Bl P.B. n° 5, ET 2

    Ap.10, Judetuyl Bihor, 410469 Oradea

    @ : [email protected]

    Communauté O.A. de Satu Mare, Str Closca n° 32 A, 440214 Satu Mare

    @ : [email protected]

    Communauté A.A. St Pierre et St André, Parintii Asumptionisti – Christian Tell, Intrarea

    Général Christian Tell, numerul 18 B Sector 1, 013705 Bucuresti

    @ : [email protected] et http://centrulpetrusiandrei.ro

    Communauté A.A. de Margineni, Manastirea Sft Augustin, Margineni 607315, Jud.

    Bacau, @ : [email protected]

    [La communauté A.A. de Blaj en Transylvanie, reconstituée après la chute du communisme

    et la seule de rite gréco-catholique, vient d’être fermée en 2012].

    Russie Communauté O.A. de Moscou, Kv. 6, Dom 19, Milutinsky pereoulok, 01000 Moscou

    (Russie)

    @ : [email protected]

    Communauté A.A. de Moscou, Paroisse St Louis des Français, kv. 15, Dom 19/4,

    Milutinsky pereoulok, 101000 Moscou (Russie)

    @ : [email protected]

    Turquie Communauté O.A. d’Istanbul, Moda Cem Sokak 7, 34710 Kadiköy Istanbul (Turquie), @ :

    [email protected]

    Communauté A.A. d’Istanbul, Katolik Kilisesi, Cem Sokak n° 5, Moda, TR-34710

    Kadiköy, @ : [email protected]

    On trouve à partir de 1989 de nombreuses chroniques sur la vie des

    communautés assomptionnistes et oblates de Bulgarie, Roumanie et Russie dans

    les colonnes des divers bulletins de ces congrégations, notamment A.A.

    Informations (Rome), A.T.L.P. (Province de France) et Nouvelles

    Internationales (Partis). Le P. Michel ZABE a fait le point de la situation dans un

    article paru dans la revue des communautés religieuses (Bruxelles), Vie

    consacrée, 1993, n° 3, pages 172-177, article intitulé Vie religieuse dans les pays

    de l’Est. On trouve également quelques informations plus générales au sujet de la

    vie religieuse dans ces pays dans la Chronique des Eglises de la revue spécialisée

    Irénikon de Chevetogne (Belgique).

    © P. Jean-Paul Périer-Muzet, A.A.

    mailto:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]://centrulpetrusiandrei.ro/mailto:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]

  • ITALIE AU XIX SIÈCLE

  • XIII

    NOTE RELATIVE A L’EDITION DES LETTRES DU P. GALABERT

    Ces correspondances du P. Galabert, quelque 1879 lettres pour la période

    qui s’étend de 1854 à 1884, réparties en plusieurs volumes successifs, comportent

    une numérotation continue de l’un à l’autre volume, avec pour seule irrégularité

    interne le fait que cette numérotation a été établie annuellement à partir de chaque

    correspondant, ce qui donne lieu à d’apparentes ruptures dans leur stricte

    succession, le primat ayant été donné à la chronologie de l’ensemble. L’index des

    correspondants donné en fin de volume permet de s’y reconnaître.

    Comme pour la publication intégrale des Lettres du P. d’Alzon, réalisée de

    1923 à 2003, chaque année est précédée d’une chronologie de la vie et des écrits

    du P. Galabert fournie en grande partie, mais non exclusivement, par le

    témoignage même de sa correspondance, car il n’existe pas à cette heure de

    biographie d’allure scientifique du P. Galabert. Chaque année est assortie en

    outre d’une petite étude supplémentaire portant sur une étape majeure de sa vie et

    de celle de sa famille religieuse, l’Assomption.

    Nous avons intégré en finale de chaque correspondance trois mentions ou

    sigles de référence archivistique pratique : le premier ayant trait au classement

    actuel des originaux dans les A.C.R. suivi de deux lettres avec chiffres, le

    deuxième renvoyant à la copie dactylographiée réalisée dans les années 1950 et

    répertoriée T.D., mention suivie d’un chiffre romain (tome) et d’un numéro

    (chiffres romains) et le troisième ayant été crée depuis la réalisation d’une banque

    informatique d’Alzon-Assomption, composé du sigle AGB suivi de la

    numérotation chronologique des correspondances en fonction des

    correspondants.

    Chaque correspondance comprend en général huit ou neuf éléments :

    La mention du destinataire : en lettres majuscules, corps 10, caractères

    gras.

    L’adresse postale du correspondant, parfois placée en tête, parfois en

    finale, parfois absente.

    Un sommaire, résumé des principales informations données dans le corps

    du texte, rédigé par l’éditeur, donné en caractères minuscules corps 9.

    Les préliminaires classiques d’une correspondance ou incipit, comprenant

    datation et lieu, l’adressage ou titulature (titre donné précédé du lien affectif :

    Cher, Mon Cher, Mon bien aimé Père, Mon très Révérend, Mon cher Ami, Mon

    bien cher Ami et Père etc… Il est très rare que le P. Galabert manque à cet usage,

    mais il est surtout remarquable pour ce qu’il témoigne des relations profondes,

  • XIV

    confiantes respectueuses et fraternelles entre membres de la Congrégation), un

    sigle de dévotion ou une devise, comme J.M.J. ou A.R.T. - tradition à laquelle le

    P. Galabert reste très fidèle. Caractères normaux, corps 11. La datation ne

    présente pas en général de difficulté majeure, sauf cas particulier souligné et

    justifié en note. Le P. Galabert utilise pour les années 1854-1862 le calendrier

    occidental latin césarien-grégorien, assorti de multiples références au sanctoral et

    au temporal de l’année liturgique, ce qui est parfois bien précieux comme

    information complémentaire avec indication du jour de la semaine ou de la fête.

    Pour la mention des lieux, elle se limite bien souvent à la localité de résidence du

    moment, mais il arrive qu’elle soit complétée de l’adresse postale, car la mobilité

    géographique des religieux de la première Assomption n’est pas une idée reçue.

    Le corps même de la lettre, divisé en paragraphes que nous avons

    respectés, sauf l’emploi de tirets séparatifs qui venaient souligner le changement

    de sujets ou le passage d’une information à une autre, indice déjà fourni par le

    retrait. L’orthographe également a été respectée, le P. Galabert usant de la langue

    française d’une façon parfaitement correcte, avec seulement une abondance de

    virgules pour la segmentation des membres de ses phrases qui imitent souvent la

    période latine. Pour les noms propres de personnes et de lieux par contre, nous

    avons dû procéder bien souvent à des corrections grâce à des vérifications faites

    d’après des dictionnaires, des publications de l’époque et de nos modernes outils

    informatiques. Le P. d’Alzon avait coutume de dire qu’il n’existait pas

    d’orthographe pour les noms propres. Le P. Galabert a souvent l’excuse de

    transcrire des noms étrangers pour lesquelles les règles de transcription plus ou

    moins officielles ont d’ailleurs varié. La langue bulgare était d’un usage très

    restreint au XIXème, ce qui justifie et valorise le souci légitime de notre

    missionnaire de composer au fil des jours un glossaire ou dictionnaire des mots

    turcs et bulgares. Admirons au passage sa parfaite adaptabilité culturelle, comme

    sans doute ses généreuses dispositions à l’apprentissage des langues qui n’avaient

    pas besoin d’encouragement institutionnel ! L’occupant turc ottoman veillait,

    comme toute administration d’occupation, à limiter le plus possible la langue

    originelle de ces populations déjà brimées dans leur liturgie nationale par

    l’influence gréco-byzantine au détriment du slavon. De même nous n’avons pas

    cru nécessaire de reproduire les quelques fautes d’orthographe et d’accord qui ont

    échappé à leur auteur, même si nous nous sommes pliés à l’usage des formes (sic)

    et [] pour signaler ces minimes modifications ou légères interventions d’édition.

    Le corps de la lettre s’achève habituellement - il y a peu d’exceptions - avec la

    formule de politesse, répétitive certes mais personnalisée, qui est toujours une

    marque bien sentie de confiance et de foi entre deux êtres vivant du même idéal

    et poursuivant la même fin. Le tout est donné en caractères normaux, corps 11.

    La signature, authentifiant l’écrit, suivi très rarement d’une mention ou

    d’un sigle. Le prénom est très souvent abrégé en V ou Vn, le nom donné à chaque

    fois en toutes lettres, avec un paraphe inimitable.

  • 15

    XV

    La lettre est très souvent assortie d’une note ou post-scriptum. De même le

    P. Galabert, encore étudiant en théologie à Rome, n’hésite pas, quand il fait

    office de Procureur pour la Congrégation, de recopier le texte latin des décrets,

    rescrits ou suppliques présentés ou reçus auprès des congrégations romaines. On

    peut dire que sur ce point il ajoute à la qualité d’observation de ses diagnostics

    médicaux l’examen pointilleux de sa formation canonique, présentant et

    expliquant ou interprétant les documents à destination de ses correspondants.

    Pour ces textes à caractère officiel, il convient de se reporter à l’ouvrage classique

    de 1922-1924, Collectanea.

    La mention critique des sources utilisées.

    En bas de pages, ne faisant pas partie des textes originaux, des notes

    critiques et explicatives qui n’engagent que la responsabilité de leur auteur,

    redisons-le encore une fois, mais qui cherchent à donner une intelligence élargie

    ou complétée des informations transmises. A chaque fois, nous précisons à

    destination des lecteurs, à quelle documentation nous avons puisé pour qu’ils

    puissent eux-mêmes s’y référer et, le cas échéant, les compléter ou les amender.

    Pour satisfaire aux obligations critiques et pratiques d’une telle

    publication, nous ajoutons en finale de chaque volume les Index de consultation :

    Table des Lettres du P. Galabert, Index des correspondants, Index des noms

    propres de personnes, de groupes et de publications, Index géographique.

    La Table des Lettres reproduit fidèlement l’ordre de succession

    chronologique des correspondances, ce qui explique les quelques perturbations

    d’une numérotation continue

  • P. Hippolyte Saugrain

  • XVII

    ABREVIATIONS

    A.C.R. Archives de la Congrégation A.A. à Rome

    AC R.A. Archives de la Congrégation des Religieuses de

    l’Assomption (Paris Auteuil)

    AC O.A. Archives de la Congrégation des Oblates de l’Assomption

    (Paris, rue Lecourbe)

    AC P.S.A. Archives de la Congrégation des Petites-Soeurs de

    l’Assomption (Paris, rue Violet)

    A.G.B. Banque de données informatique Galabert

    Arc. dioc. Archives diocésaines

    A.R.T. Adveniat Regnum tuum

    B.M.V. Bienheureuse Marie Vierge

    Cie Compagnie

    Dm Docteur en médecine

    D.N. et D.N.S.J. Dominus Noster (Notre Seigneur) et Dominus Noster

    Jesus Christus

    EE. et RR. [Congrégation romaine] des Evêques et des Réguliers.

    Emin. Eminence, titre des cardinaux.

    Excell. Excellence, titre des évêques.

    Fr. Frère, Frères.

    Fr. et Frs Francs (monnaie)

    h. Heures

    J. Jésus

    J.C. Jésus-Christ

    J.M.J. Jésus Marie Joseph

    M. Marie

    M. Monsieur

    Mart. Martyr(s)

    M. Apost. ou

    Miss. Apost. Missionnaire Apostolique.

    Mlle Mademoiselle

    Mgr Monseigneur

    Mgrs Messeigneurs

    Mme Madame

    Ms Manuscrit

    N° Numéro

    N.S. Notre-Seigneur

    N.S.-J.C. Notre Seigneur Jésus-Christ

    Orig. Original

    P. Père

  • XVIII

    R. Réponse

    R.P.- T.R.P. Révérend Père - Très Révérend Père

    S.C. Sacrée Congrégation

    Segr. Segretarius (Secrétaire)

    Sr Sœur

    SS. Saints

    Ssmus Sanctissimus (très saint)

    St Saint

    Ste Sainte

    T.D. Textes déposés (dactylographie des écrits pour la Cause)

    T.R.P. Très Révérend Père

    V ou Vn Victorin

    Xbre Décembre

    XX Personne que le correspondant ne veut pas désigner

    nommément.

    9bre Novembre

    [ ] Indication absente de l’original ou corrigée

    ( sic) Mention conforme à l’original

    Les notes d’intelligence du texte données en bas de page, avec indication

    des sources quand il y a lieu, n’engagent que la responsabilité de leur auteur.

    Une bibliographie ciblée est donnée à chaque fois que l’éclairage du texte

    et du contexte le demande, en plus de celle générale présentée ci-dessous.

    Les textes cités en latin, notamment des versets bibliques empruntés à la

    Vulgate et cités souvent de mémoire, dans le corps des Lettres sont traduits en

    français dans une note appropriée. Pour les textes d’Indults, Suppliques, Rescrits

    ou Décrets accordés à la Congrégation A.A., il convient de se reporter au

    compendium publié en 1922, intitulé : Collectanea qui en donne le sens et parfois

    la traduction.

    Le P. Galabert a gardé d’autre part de son séjour à Rome quelques

    expressions ou termes italiens que nous avons respectés en les soulignant

    simplement en italiques et qui n’offrent en général pas de problème particulier de

    traduction. De même sont transcrites en italiques toutes les pensées, prières,

    réflexions données dans le texte des lettres comme directement recueillies de la

    bouche même de leur auteur.

  • 19

    XIX

    BIBLIOGRAPHIE

    La première entreprise organisée de publication d’une bibliographie

    concernant le P. Galabert, pour la période de sa vie allant de 1854 à 1885, est due

    aux jeunes religieux assomptionnistes étudiants de la Province des Pays-Bas qui

    éditaient alors une revue très documentée. Nous la reprenons donc intégralement

    en y ajoutant les autres réalisations qui ont été conduites ensuite, même si cela fait

    parfois double emploi avec les différentes notes et annotations données au fur et

    à mesure de l’édition de ces Lettres.

    Publication de textes du P. Galabert :

    Se reporter au liminaire de chaque année de la correspondance du P.

    Galabert. En dehors du corps des lettres, on a conservé dans les ACR le texte

    imprimé de sa thèse en médecine sure la variole (1854) celui manuscrit de son

    Journal dont l’Assomption a publié à partir de 1999 deux tomes en version

    bilingue (français et bulgare). Le texte autographe d’un 3ème volume est pour

    l’instant resté inédit (période de sa présence à Rome, durant le concile de Vatican

    Ier).

    Un certain nombre de relations et de rapports du P. Galabert sur la situation

    politico-religieuse et des événements survenus dans la région balkanique à partir

    de 1863 ont paru dans des journaux ou périodiques français comme le Journal du

    Midi, Le Monde (ainsi 6 janvier 1863 et jours suivants), les Annales de la

    Propagation de la Foi ou le Bulletin de l’œuvre d’Orient, articles souvent donnés

    sans signature de l’auteur. Ces articles sont souvent des reprises adaptées de la

    correspondance du P. Galabert.

    A paru dans la revue belge flamande A.A., Ontmoeting (Leuven, 1964, n°

    1 et 2) une courte notice bibliographique du P. Galabert que nous reproduisons

    ici :

    Lettre écrite d’Andrinople, le 31 janvier 1875, imprimée dans

    L’Assomption de Nîmes, n° 5, page 39.

    Lettre du 14 mars 1875 sur la mission d’Andrinople, ib. n° 9 et 10, pages

    80 et 82.

    Lettre du 5 mai 1875 sur la mission d’Andrinople, ib. n° 16, page 143.

    Essai historique sur la variété ou histoire de la variole d’après les auteurs

    anciens, Rhazès, Sydenham, Morton, Van Suréten, Borsieri etc… Thèse

    présentée et publiquement soutenue à la faculté de médecine de Montpellier, le 17

    mai 1854, Montpellier, y A Dumas, in-8°, 125 pages.

  • XX

    Lettre écrite d’Andrinople, le 11 mars 1876, imprimée dans L’Assomption

    de Nîmes, 1876-1877, n° 51, page 55 (sur la mort de Mgr Popoff).

    Lettre d’Andrinople, le 23 juillet 1877, ib., 1877, n° 65, page 318 (sur la

    guerre turco-russe).

    Lettre d’Andrinople, le 13 avril 1878, ib., 1878, n° 65, page 66 (article

    signé V.G. sur la mort du P. Barthélemy Lampre).

    En 1868 et 1873, le même P. Galabert a écrit pour les chapitres généraux

    A.A. de ces années des présentations détaillées de l’Etat de la Mission d’Orient

    incluant les activités des Assomptionnistes et des Oblates. A diverses dates, le P.

    Galabert a fait parvenir à la Délégation apostolique de Constantinople, à la Sacrée

    Congrégation de la Propagande, des copies de rapports envoyés à sa congrégation

    A.A.. Quelques unes de ses lettres et certains rapports ont fait partie des Ponenze

    imprimées de la S.C.de Propaganda Fide per gli affari del rito orientale, Bulgari,

    1870-1883.

    Sur les activités du P. Galabert, cf MANSI, XVI (1911), page 101 et

    suivantes.

    Nous savons aussi que le P. Galabert a composé pour son propre usage une

    sorte de dictionnaire de la langue bulgare dont malheureusement il ne reste pas

    trace dans les archives de l’Assomption.

    Par contre, ces dernières conservent toujours précieusement le cahier

    manuscrit de noviciat du P. Galabert qui a servi à l’édition du texte des

    Constitutions de 1855, imprimé par les soins des PP. Sage et Touveneraud en

    1966.

    Biographies, ouvrages d’études ou articles sur le P. Galabert et sur

    l’apostolat oriental de l’Assomption A.A.-O.A. (classement chronologique

    des origines à nos jours):

    Il n’existe sur ce plan, à ce jour, rien de très systématique et de bien

    synthétique ou de particulièrement documenté, à part des écrits de circonstances,

    notamment au moment du décès du P. Galabert en février 1885 :

    Faire-part de décès du P. Galabert dans le journal La Croix, n° du 9

    février 1885.

    Lettre circulaire du P. François Picard sur La vie et la mort du P.

    Galabert, publiée dans les Circulaires du P. Picard, Paris, B.P., t. I

    (1880-1892), pages 113 à 120. C’est le texte source de toutes les notices

    biographiques qui ont paru dans les revues ou périodiques ci-dessous :

  • 21

    XXI

    Souvenirs, 1885, n° 40, pages 231-236 ; n° 41, page 239 (Rappel

    biographique).

    Le Pèlerin, 16 février 1885, n° 424, pages 99-100 (article

    nécrologique).

    L’Almanach du Pèlerin, 1886, pages 22-23 (réédition de l’article

    nécrologique sur le P. Galabert).

    Annales de la Propagation de la Foi, 1885, page 264 – bulletin,

    nécrologique).

    Les Missions catholiques, 1885, t. XVII, p. 103, 107-108 (Nécrologie)

    Bulletin Missions des Augustins de l’Assomption, à partir de 1886,

    Paris, B.P., puis après la division de la France en trois provinces,

    Lyon, titre devenu Missions Assomptionistes de 1963 à 1965, année de

    la suppression du bulletin. Très nombreuses correspondances des

    acteurs de la Mission d’Orient A.A. et O.A.

    Dans L’Assomption et ses œuvres, 1893, article du P. Joseph Maubon,

    Le P. d’Alzon et l’Orient, pages 409-429.

    Martin Jugie, Le P. d’Alzon et l’Orient, pages 198-203, ib., (raccourci

    d’un article du même paru à la même époque dans les Echos d’Orient,

    t. XIII, 1910, pages 257-266.

    Revue franco-bulgare, bulletin de l’Association des anciens élèves du

    collège Saint-Augustin de Philippopoli-Plovdiv (1910-1914). Chaque

    année, le collège Saint-Augustin faisait paraître également un Bulletin

    de l’année scolaire avec palmarès et éphémérides.

    Revue illustrée Union des Eglises lancée en juin 1922 qui devint en

    1930 L’Unité de l’Eglise, conçue au départ dans le droit fil de

    l’uniatisme et du retour des dissidents d’Orient à l’unité catholique

    comme d’ailleurs la revue spécialisée des Echos d’Orient initiée à

    Kadi-Keuï en 1897, devenue en 1942 Etudes byzantines puis à partir de

    1947 Revue des Etudes Byzantines relevant de l’institut français du

    même nom basé à Paris. Ce centre a eu un temps une succursale à

    Athènes avec bibliothèque spécialisée. De nos jours, une certaine relève

    de ces activités de contact avec le monde orthodoxe se construit avec le

    Centre Saint-Pierre Saint-André de Bucarest en Roumanie ouvert en

    2009-2010.

    Bulletin Missions des Augustins de l’Assomption, n° spécial janvier-

    février 1925, n° 274, 128 pages (Historique et état des postes de la

    Mission d’Orient en 1924, au sortir de la première guerre mondiale).

    Les principales publications des Assomptionnistes d’Orient entre 1895

    et 1925, Rome, plaquette, 1925, 12 pages.

  • XXII

    Les Oblates missionnaires de l’Assomption, Paris, B.P., 1925, 56 pages

    (plaquette illustrée).

    Article du P. Matthieu Lombard sur Les Oblates de l’Assomption dans

    le Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. IV, 1930,

    col. 1133-1134.

    P. Polyeucte Guissard, Portraits assomptionistes, Paris, B.P., 1932,

    pages 43-56.

    Siméon Vailhé, Vie du P. E. d’Alzon, Paris, B.P., t. II, 1934, pages

    325-348 (ch. 14 : Jérusalem ou la Bulgarie ?), pages 349-379 (ch.

    XV : Stamboul et la question d’Orient 1863), pages 380-415 (ch. XVI :

    La fondation des Oblates de l’Assomption 1863-1869), pages 661-673

    (ch. XXV : Mission d’Orient 1862-1880).

    La Fondation des Oblates de l’Assomption dans Maison de

    l’Assomption, revue de Nîmes, janvier 1935, n° 5, pages 26-29.

    Raymond Janin, art. Bulgarie, dans Dictionnaire d’histoire et de

    géographique ecclésiastiques, (t. X), 1938, col. 1182-1190.

    Jean Monval [alias Mondain], Les Assomptionnistes, Paris, Grasset,

    1939, 256 pages dans la collection Les grands Ordres monastiques et

    Instituts religieux.

    Revue Het Christelijk Oosten fondée en 1948 par l’Institut

    assomptionniste néerlandais byzantin de Nimègue. Un livre mémorial a

    paru en 1999 pour le premier cinquantenaire : Het Christelijk Oosten

    1948-1998. Das allen éen zijn.

    P. Léon Merklen, article Augustins de l’Assomption dans Catholicisme,

    t. I, 1948-1949, col. 1048-1049.

    Aubert Collard, Fleurs d’étapes, l’Assomption centenaire, Paris, 1949,

    92 pages.

    Polyeucte Guissard, Un siècle d’histoire assomptioniste, Worcester,

    1950, 144 pages.

    Collectif, Les Augustins de l’Assomption, Mémorial du Centenaire (21

    novembre 1950), Paris-Lormoy, 1950, 52 pages.

    Collectif, Mélanges Emmanuel d’Alzon, Semaine alzonienne de Hal

    1951, édit Centre d’Alzon de Saint-Gérard, 1952, article du P. Vitalien

    Laurent, Le P. d’Alzon et les Eglises gréco-slaves, pages 281-301.

    Marie de Crisenoy, Les Oblates de l’Assomption. De l’Orient désolé et

    des Chrétientés d’Occident à l’essor des Eglises noires 1865-1954,

    Grasset, 1955, 237, dans la collection Les grands Ordres monastiques

    et Instituts religieux, t. XLV.

    L’Assomption et ses œuvres, 1953, numéro spécial, 40 pages

    (présentation synthétique de la famille de l’Assomption).

  • 23

    XXIII

    Dans Histoire des alumnats de Polyeucte Guissard, Paris, B.P., 1954,

    pages 469 à 472 : Les alumnats en pays de mission 1° Karagatch,

    Koum-Kapou et Phanaraki.

    Marie de Crisenoy, Les Oblates de l’Assomption. De l’Orient désolé et

    des Chrétientés d’Occident à l’essor des Eglises noires 1865-1954,

    Grasset, 1955, 237 pages, dans la collection Les grands Ordres

    monastiques et Instituts religieux, t. XLV.

    Gervais Quenard, Le P. Victorin Galabert dans Pages d’Archives n° 6,

    édit. Rome maison généralice, juillet 1957, pages 129-143 (Naissance

    de la Mission de l’Assomption en Orient).

    Ivan Sofranov, Histoire du mouvement bulgare vers l’Eglise catholique

    au XIXème siècle : Les origines 1855-1865, Rome, 1960.

    Collectif, Notre Mission d’Orient, Echos du Centenaire, Valpré mars

    1963, dans Pages d’Archives nouvelle série n° 6, pages 415-474.

    Adrien Pépin, Les Religieux de l’Assomption, Paris, B.P., 1963, 252

    pages.

    Kirill patriarche bulgare, Propagande catholique parmi les Bulgares au

    cours de la 2èmle moitié du XIXème siècle (en bulgare), Sofia, 1963.

    Contribution à l’uniatisme en Macédoine après la guerre de la

    libération (en bulgare), Sofia, 1968.

    Les Oblates de l’Assomption en Orient, dans Missions Assomptionistes,

    1963-1964, n° 562, ;pages 26-29.

    Les Sœurs Oblates de l’Assomption, dans Voulez-vous ? (bulletin de

    Layrac), janvier 1964, n° 47, pages.

    O.A., Oblates de l’Assomption. Centenaire 1895-1965, Paris 1966, 39

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    P. Jérôme Cornélis, Le Centenaire des Oblates de l’Assomption dans la

    revue Unitas, 1965, n° 75, pages 289-295.

    Pierre Touveneraud, Origines des familles religieuses de l’Assomption,

    Rome, 1972, 24 pages.

    Le Oblate dell’Assunzione, article de G. Rocca dans Dizionario degli

    Istituti di perfezione, Rome, 1980, t. VI, col. 563-564.

    L’Assomption et ses œuvres, n° spécial Centenaire de la mort du P.

    d’Alzon, 1980, 64 pages.

    Les Oblates en Bulgarie, 1980, carnet du Centenaire d’Alzon.

    Arno Burg, Galabert, article paru dans le Dictionnaire d’histoire et de

    géographique ecclésiastiques, t. XIX (1981), col. 700-703. Premier

    article sur le P. Galabert de facture scientifique.

    Dans Dossier sur la Vie et les Vertus du P. E. d’Alzon, Rome, 1986,

    vol. II, tome II, chap. XXII, pages 693-729 (Le P. d’Alzon et les

  • XXIV

    chrétiens d’Orient 1860-1868), chap. XXVIII, pages 847-871 (Le Père

    d’Alzon et la Mission d’Orient 1868-1880).

    Pierre Touveneraud A.A. et Sœur Marie-Léonie Marichal, La

    fondation des Sœurs Oblates de l’Assomption, Paris, 1978, 36 pages

    dans la collection Série du Centenaire d’Alzon n° 4.

    Dans le Colloque E. d’Alzon dans la société et l’Eglise du XIXe siècle,

    Paris décembre 1980, actes édités, Le Centurion, 1981, articles de

    Julian Walter, L’apostolat des Assomptionnistes auprès des Bulgares,

    de 1862 à 1880, pages 180-198 et d’Etienne Fouilloux, L’œuvre

    orientale du Père d’Alzon vue par ses fils,1880-1980, pages 198-220.

    Dans Série du Centenaire d’Alzon 1980, n° 6, de Julian Walter, Les

    Assomptionnistes au Proche-Orient 1863-1980, Paris, 1982, 84 pages

    (traduction de la version anglaise originale).

    Collectif Session d’Alzon Inter-Assomption, Rome, 1988, articles du P.

    Désiré Deraedt, Le P. d’Alzon, le schisme et l’Orient chrétien, n° 8, 20

    pages ; du P. Charles Monsch, Les hommes et les femmes de la Mission

    d’Orient, n° 10, 11 pages ; du P. Antoine Wenger, L’intuition

    œcuménique du Père d’Alzon et sa réalisation historique, n° 11, 16

    pages.

    Les Assomptionnistes, hommes de foi, hommes de leur temps, 1989, n°

    639 de L’Assomption et ses œuvres, pages 2-7 (article du P. Claude

    Maréchal).

    Charles Monsch, La Mission d’Orient : le P. Galabert dans « Aînée(s)

    Fondatrice(s) », Session d’Orsay, juillet 1990, 7 pages.

    Dans Identité religieuse et Vie assomptionniste, session Nîmes 1995,

    Paris, édit. Denfert-Rochereau, article de Sœur Claire de la Croix

    O.A., Les Oblates de l’Assomption, Religieuses missionnaires, pages

    111-125.

    Les Oblates de l’Assomption, plaquette de congrégation traduction en 8

    langues, édition du Rameau, 1995, 332 pages.

    Dom Guy Mesnard, Oblates de l’Assomption n° 521-522 dans La vie

    consacrée en France, ses multiples visages, Solesmes, 1998, pages

    453-454.

    P. Jean Paul Périer-Muzet, Notices Biographiques des Religieux de

    l’Assomption, t. II, Rome, 2000, pages 1189-1190 (P. Victorin

    Galabert).

    Dans le colloque Marie Correnson et les premières Oblates 1865-1926,

    Paris-Nîmes, 2003, articles de Jean-Paul Périer-Muzet, Les Oblates de

    l’Assomption d’après la correspondance du P. d’Alzon 1865-1880,

    pages 17-42 ; des Sœurs Mireille Garde et Hugues-Emmanuel

    d’Esparron, Histoire des Oblates de l’Assomption et de leur fondatrice,

  • 25

    XXV

    pages 69-88 ; des mêmes, Les Oblates de l’Assomption 1901-1926,

    branche de Nîmes et branche de Paris, pages 111-126.

    Ephémérides des Oblates de l’Assomption, Paris, rue Lecourbe, 2000,

    53 pages.

    Jacqueline Decoux, Oblates de l’Assomption dans Guide pour l’histoire

    des Ordres et des Congrégations religieuses en France aux XVIe-XXe

    siècles, sous la direction de Daniel-Odon Hurel, Brépols, 2001, pages

    364-365.

    Alain Fleury, Le collège de Plovdiv en Bulgarie dans Deux siècles

    d’Assomption, le regard des historiens, Paris 2000-2001, pages

    101-111, collection Rencontres assomptionnistes, U.E.A. n° 7.

    Jean-Paul Périer-Muzet, Ephémérides de l’Assomption, Rome, 2002

    avec complément pour les années 2003-2007 dans Cahier du

    Bicentenaire n° 2, Il y a deux cents, année 1810, pages 83-95.

    Alain Fleury, Un collège français en Bulgarie, Saint-Augustin, Plovdiv,

    1884-1948, 2002 (version bulgare). Livre en français, même titre,

    édit.L’Harmattan, 2001, 259 pages.

    Colloque Les Origines de la Famille de l’Assomption, Paris, 2004, édit.

    2005, traduit en espagnol et en anglais, divers articles des Sœurs

    Hugues-Emmanuel d’Esparron O.A. et Thérèse-Maylis Toujouse R.A.

    et du P. Jean-Paul Périer-Muzet A.A. abordant la question des relations

    de leurs congrégations respectives sous l’angle de la fondation de la

    mission d ‘Orient.

    Actes du Colloque Valpré 2000, édités par Bernard Holzer, Paris, 2006

    sous le titre L’Aventure Missionnaire de l’Assomption, articles

    d’Etienne Fouilloux, Eglise catholique romaine et chrétiens d’Orient

    XIXe-XXe siècles, pages 71-79 ; d’Alain Fleury, L’Assomption en

    Bulgarie, pages 113-122 ; de Charles Monsch, La fondation des

    Oblates de l’Assomption missionnaires en Bulgarie, pages 123-132.

    Ch. VIII La Bulgarie, dans col. Cahiers du Bicentenaire d’Alzon, 2007,

    Tour du monde assomptionniste en 41 pays, pages 53-57.

    La Mission d’Orient. L’autre poumon de l’Assomption, édit. du Signe,

    2008, 48 pages, plaquette illustrée (texte de Michel Kubler).

    Dans la collection Cahiers du Bicentenaire d’Alzon 2010, n° 4 L’Orient

    chrétien sous la direction d’André Brombart, mars 2008, 190 pages et

    n° 6, La Mission d’Orient de l’Assomption, dernier trimestre 2008.

    Sœur Fortunata Maha, Tour du monde avec les Sœurs Oblates de

    l’Assomption en 28 pays (1865-2010), Rome, 2010, 196 pages dans

    col. Cahiers du Bicentenaire d’Alzon n° 13.

    L’Assomption et ses œuvres, décembre 2012, n° 731, pages 11-15.

    Conférence J.-Luc Poutier, Les 150 ans de la Mission d’Orient, Paris,

  • XXVI

    déc. 2012. Article de Nicolas Senèze dans La Croix des 15-16 décembre

    2012 (La Mission d’Orient des Assomptionnistes), pages 14-15.

    Site Internet de la Mission d’Orient.

  • 1

    1830-1854

    Chronologie

    Victorin Galabert réside depuis son enfance jusqu’au temps de ses études à

    Montbazin (Hérault), il étudie la médecine à la faculté de Montpellier où il obtient le titre

    de docteur avec une thèse sur la variole ; à la suite d’une prédication du P. d’Alzon

    entendue à Nîmes, il se dit ‘retourné comme un gant et converti’. Il entre à l’Assomption

    comme postulant assomptionniste en 1854 et fait son noviciat à Nîmes sous la direction du

    P. d’Alzon (1854-1855).

    5 novembre 1830 Naissance de Pierre Paul Victorin Galabert à Montbazin (Hérault),

    fils légitime de Joachim (+ 1861) et de Rose née Chambert

    (1802-1882).

    « L’an mil huit cent trente le six novembre à trois heures après midi,

    par devant nous maire officier de l’état-civil de la commune de

    Montbazin, arrondissement de Montpellier département de l’Hérault,

    est comparu Etienne Joachim Galabert, agriculteur âgé de vingt-huit

    ans, demeurant en cette commune, lequel nous a présenté un enfant de

    sexe masculin, né le jour d’hier à onze heures dans sa maison

    d’habitation, de lui déclarant et de Rose Chambert âgée de vingt-huit

    ans son épouse… ». Extrait de l’Etat-civil, naissances Commune de

    Montbazin, année 1830, n° 32.

    8 novembre 1830 Baptême de Victorin Galabert par son oncle paternel, encore

    seulement diacre, Jean-Pierre Galabert (+ 1871).

    « L’an que dessus et le huit novembre a été baptisé par nous diacre

    délégué Frédéric Galabert et avec l’agrément de M. le curé Birouste,

    Pierre Paul Victorin né le cinq du courant, fils légitime et naturel

    d’Etienne Joachim et de Rose Elisabeth Adélaïde Catherine

    Alphonsine Chambert. Le parrain a été Pierre Jean Galabert aïeul

    paternel de l’enfant, la marraine Dame Rose Catherine Elisabeth

    Dispos épouse Chambert, aïeule maternelle. Le père présent et les

    soussignés : E. Joachim Galabert, Chambert, Galabert, Poulalion née

    Galabert, Dispos, Poulalion née Dispos, Birouste curé, Frédéric

    Galabert diacre ».

    Extrait des Registres de catholicité, paroisse de Montbazin, année

    1830 n° 31.

    Domicile familial des Galabert au n° 12 rue du Couvent à Montbazin

    (en face d’un ancien couvent). Cette maison a été vendue par les

    descendants de la famille Galabert en 1938 pour 40.000 francs à un

    couple d’entrepreneurs en maçonnerie, M. et Mme Célestin Vieux.

  • 2

    13 avril 1847 : Obtention du baccalauréat ès-lettres.

    2 août 1849 : Obtention du accalauréat ès-sciences.

    1853 Conversion de Victorin Galabert à la pratique de la vie chrétienne.

    A une date non précisée, Victorin G. prend pension au collège de

    l’Assomption de Nîmes où il rend des services d’enseignement et de

    surveillance.

    1854 Soutenance de la thèse à la faculté de médecine de Montpellier : Essai

    historique sur la variole.

    17 mai 1854 : Soutenance de la thèse pour l’obtention du doctorat en médecine.

    18 mai 1854 : Entrée au noviciat de Victorin. Galabert

    22 août 1854 : Mariage à Montbazin de la sœur de Victorin Galabert,

    Thérèse-Uranie avec François-Félix Allié.

    8 Décembre 1854 : Prise d’habit du novice Victorin Galabert à Nîmes.

    Documents de Vic tor in Galabert en 1854 :

    1 lettre au P. d’Alzon (juillet).

  • 3

    3

    LES PREMIERS PAS D’UNE VOCATION MÉDICALE À

    L’ASSOMPTION : LE P. GALABERT, 1854-1862

    Les 24 premières et jeunes années de Victorin Galabert nous échappent

    quasi complètement, à part sa date et son lieu de naissance, le 5 novembre 1830

    à Montbazin (Hérault) et celle de son baptême le 8 novembre suivant. Rien sur sa

    formation scolaire primaire et secondaire dans un collège de la région, rien non

    plus sur ses années universitaires à la faculté de médecine où il obtient le grade de

    docteur avec une thèse sur la variole. On sait seulement qu’il eut pour maître et

    ami un médecin montpelliérain, le Docteur Louis Barre, qui comme lui, prit la

    soutane et alla suivre sa formation théologique à Rome pour devenir prêtre

    diocésain. Bien qu’originaire d’une famille catholique, le jeune étudiant Victorin

    s’était selon son propre aveu déshabitué des pratiques religieuses au risque d’être

    pris, comme saint Augustin, dans les ronces de la sensualité.

    C’est en 1853 que la vie de Victorin prit un autre cours. Il se dit lui-même

    converti radicalement, retourné comme un gant, par la prédication d’un jeune

    prêtre, vicaire général du diocèse de Nîmes, dont il ignorait sans doute au départ

    l’orientation vers la vie religieuse. Comme Augustin et déjà avant lui, le fils

    prodigue de l’Evangile, Victorin fit une confession complète aux pieds du P.

    d’Alzon qui lui laissa une marque indélébile en lui disant : Allez, mon enfant, du

    courage ! Le Seigneur vous appelle à de grandes choses. Il prit alors la décision

    de rompre avec son passé et avec sa formation antérieure, ce qui sur le coup fâcha

    sa famille et le tint éloigné de Montbazin où il n’était plus le bienvenu. Le nom de

    Victorin Galabert1 apparaît pour la première fois dans la correspondance du P.

    d’Alzon le 16 novembre 1855 quand ce dernier dit à propos de cette recrue

    monbtbazinoise au jeune Frère François Picard : « Où trouverez-vous plus

    d’abnégation que dans le Fr. Galabert ? », un nom qui deviendra vite

    incontournable.

    Le voici admis dès 1853 au collège de l’Assomption où l’on avait

    constamment besoin, même en cours d’année, de professeurs et de surveillants

    surnuméraires ou remplaçants. Fr. Galabert enseigne tout simplement les

    sciences naturelles. D’abord membre du Tiers-Ordre et des conférences

    Saint-Vincent de Paul, il demande la faveur d’être admis en mai 1854 comme

    novice dans cette jeune congrégation elle-même en formation ou en chantier, dont

    les premiers membres lui font grande impression2 : le jeune et énergique François

    1 Première lettre conservée du P. d’Alzon au jeune Fr. Galabert, lettre n° 602, du 2 janvier

    1856 : Lettres du P. d’Alzon, t. II, p. 7. 2 Membres enregistrés de 1850 à 1854 : en 1850, Emmanuel d’Alzon, Henri Brun, Victor

    Cardenne (+ 1851), Etienne Pernet, Hippolyte Saugrain ; en 1851, François Picard ; en 1852,

    Charles Laurent, Elphège Tissot, Jules Boulet ; en 1853, Fr. Louis-Adolphe Delabrèque, Fr.

  • 4

    Picard, méridional comme lui, natif de Saint-Gervasy aux portes de Nîmes,

    l’infatigable Hippolyte Saugrain, normand plutôt bourru, mais bourreau de

    travail au cœur d’or, le timide Etienne Pernet peu à l’aise dans ses fonctions au

    collège mais déjà engagé dans les œuvres sociales du patronage et des

    conférences Saint-Vincent de Paul (entre 1852 et 1858 il est muté à Paris, à

    Clichy et à Rethel), le plus énigmatique P. Henri Brun qui échappera en 1860 au

    milieu enseignant pour courir l’aventure missionnaire jusqu’en Australie.

    Victorin rencontre aussi à l’occasion les religieux envoyés en 1851 à Paris et

    passés à Clichy en 1853, notamment le P. Charles Laurent pétillant d’esprit et

    pétri de culture classique, le P. Elphège Tissot qui fait déjà figure de sage senior

    avec ses 43 ans sonnés en 1854, le critique et toujours insatisfait Eugène Cusse

    féru de science canonique qui se fourvoie en casuistique, mais aussi nombre de

    personnels laïcs et prêtres qui font de cette citadelle scolaire de Nîmes un lieu

    d’excellence et de renom autour de son directeur-administrateur, le P. d’Alzon,

    sans compter une vingtaine de frères convers, plus ou moins étoiles filantes à

    l’Assomption3 partagés entre les services du collège et la colonie agricole de

    Mireman, dans la proche banlieue de Nîmes.

    Ce dernier est également maître des novices sur place. La vêture au

    noviciat pour Galabert se fait, semble-t-il, le 29 juin 1854, jour de la fête des

    saints Apôtres Pierre et Paul, date non enregistrée officiellement. On ne peut pas

    dire grand-chose de cette formation religieuse elle-même: les années 1854-1857

    correspondent à de longues absences de Nîmes de la part du Fondateur pour des

    raisons de santé et à cause de la grave crise financière que secoue le collège.

    Contenu donc incertain, mais marque indélébile certaine faite d’un attachement

    affectif indéracinable au Fondateur, d’un sentiment de foi surnaturel qui ne remet

    jamais en cause le choix de la vie religieuse malgré les difficultés rencontrées et

    permanence de ‘pratiques’ initiées durant le temps de noviciat : confession

    régulière, ouverture de cœur et obéissance inconditionnelle au supérieur,

    discipline et mortification, dévotions au Saint-Sacrement, au culte des saints et à

    Marie-Joseph Lévy, Fr. Louis Prouvèze, Fr. François de Sales Gavète ; en 1854, Fr. Victor Borelly,

    Fr. François-Marie Laville, Fr. Victor Galabert. Il y eut sans doute encore d’autres ‘entrées’ de

    frères convers de 1852 à 1854, qui n’ont pas persévéré dans leur choix de la vie religieuse. 3 Le P. d’Alzon toujours généreux et optimiste avec les chiffres écrit déjà en bon méridional

    à Mère Marie-Eugénie de Jésus le 31 octobre 1852 : « Mardi, une dizaine de Frères convers

    commencent une retraite à Mireman. Nous avons des Frères convers comme s’il en pleuvait ;

    presque tous sont anciens élèves du pauvre Cardenne et ont réellement de bonnes dispositions.

    Plusieurs ne font que passer et ne restent pas. Ce sont les inconnus ». Lettres du P. d’Alzon, t. I (édit.

    Touveneraud), page 207. Même constat le 22 novembre 1852 : « Nos Frères convers se

    renouvellent, mais il en reste, et nous en avons en ce moment 16 ou 17. Or, après l’épuration que

    nous avons faite, il est à croire que ceux-là resteront » : ib., p. 215. Même observation l’année

    suivante sous la plume de Vincent de Paul Bailly qui prend pension à l’Assomption, en avril 1853 :

    « Le second ordre de la communauté est celui des Frères convers en nombre infini ; il y en a un

    plein dortoir au-dessus de ma chambre et de tout mon étage ; j’entends leur bourdonnement chaque

    matin, à 4 h. ½ au premier coup de cloche » cité dans Lettres du P. d’Alzon, t. I, p. 278 note.

  • 5

    5

    la papauté, autant de traits qui sont à conjuguer avec les thèmes majeurs de la

    spiritualité tant alzonienne qu’assomptionniste.

    Ce temps de noviciat lui-même est écourté pour le Frère Galabert (sans

    doute profès annuel en juin 1855, selon la coutume du temps) puisqu’en octobre

    1855 (seconde année de noviciat) il fait partie des quatre religieux envoyés à

    Rome pour leurs études théologiques, en compagnie donc de François Picard, de

    Marie-Joseph Lévy et de Raphaël Jourdan. Cette petite communauté romaine,

    placée sous la direction de Picard, prend pension chez les Pères de Sainte-Croix,

    alors établis dans la couvent Sainte-Brigitte, sur la place Farnèse. Les religieux

    suivent les cours à La Minerve, studium dominicain ouvert à d’autres Instituts

    Religieux. Le Frère Victorin y ajoute une formation spécialisée en droit

    canonique à l’Apollinaire, ce qui lui permettra in fine, non sans peine, de

    décrocher un doctorat. C’est aussi pour lui l’occasion de rendre à sa famille

    religieuse le service de procureur auprès des Congrégations romaines, avec l’aide

    d’un canoniste de métier, Mgr Ludovic Chaillot pour lequel il collabore à sa

    revue des Analecta juris pontificii, de ton franchement ultramontain. Il se lie avec

    nombre de séminaristes, étudiants et jeunes prêtres notamment français, à Rome

    pour leurs études. Pieux, il visite les innombrables églises et lieux de culte de la

    Ville éternelle, informant le P. d’Alzon de toutes les rumeurs qui y circulent mais

    aussi des faits et gestes du pape Pie IX envers lequel il nourrit une admiration sans

    faille, sorte de chronique romaine précieuse pour ces années 1855-1858. Il a la

    joie de prononcer ses vœux perpétuels à la Confession de Saint-Pierre le 30 juin

    1856 entre les mains de son jeune supérieur fraîchement ordonné (25 mai 1856)

    et d’être lui-même ordonné prêtre le 6 juin 1857, à Saint-Jean de Latran par Mgr

    Patrizi, cardinal vicaire et préfet de congrégation. Ce séjour romain compte

    beaucoup dans la foi ultramontaine du P. Galabert, enracinée et illustrée de façon

    vivante. En octobre 1856, en compagnie cette fois du seul P. Picard, il s’est

    installé dans un grand appartement du Palais Torlonia où loge Mgr Chaillot tout

    en en sous-louant une partie. Ce changement d’habitation n’est aussi que

    provisoire puisqu’une troisième fois, en juin 1857, il doit déménager seul - le P.

    Picard rentre définitivement en France le 29 juin - pour gagner une communauté

    de Sœurs du Bon Pasteur d’Angers qui s’occupent de l’Ospizio Lauretano, via di

    San Giovanni Laterano, où il rend volontiers le service d’aumônier, en

    suppléance de Mgr Chaillot. Sur le plan familial, l’année 1858 lui est difficile

    avec le décès prématuré le 3 mars de sa sœur Thérèse Uranie, décédée de la fièvre

    puerpérale après avoir mis au monde un garçon, Eucher Victorin, qui ne survivra

    à son tour que quelques mois. Loin des siens, il souffre de cette lourde épreuve

    familiale, bien qu’il aurait aimé prolonger sa présence à Rome où le P. d’Alzon

    lui a demandé de préparer un doctorat en théologie. Mais on a un besoin pressant

    de ses services à Nîmes où il est rappelé en août 1858.

  • 6

    Une troisième étape de vie commence alors pour le P. Victorin au

    berceau de l’Assomption où il a fortifié sa vocation religieuse. Nommé socius du

    P. d’Alzon au noviciat rapatrié de Paris (février 1859), supérieur suppléant lors

    de ses nombreuses absences, professeur d’histoire naturelle au collège et

    enseignant de théologie auprès des deux jeunes frères Vincent Chaîne et Raphaël

    Jourdan, il sait faire face à tout avec une certaine bonhomie qui ne sépare pas

    l’indulgence de l’exigence, ce qui lui vaut parfois des lettres mercuriales du P.

    d’Alzon. La situation financière de l’Assomption est alors angoissante : le collège

    de Nîmes, sauvé in extremis en 1857 par la constitution d’une société

    d’actionnaires, connaît une stagnation d’effectifs, inquiétante et persistante,

    malgré les tournées de recrutement des religieux ; la colonie agricole de Mireman

    a déjà été sacrifiée aux diktats de l’économie ; le collège de Clichy bat de l’aile

    par manque d’unité et d’entente interne, mais du fait aussi d’effectifs trop faibles

    malgré le dévouement courageux de son supérieur, le P. Charles Laurent, et la

    générosité des Religieuses de l’Assomption. Sa fermeture est programmée pour

    1860, ce qui permet de libérer quelques religieux pour la nouvelle mission

    d’Australie. Rethel en 1859, accepté par amitié pour le cardinal Gousset, est une

    situation intenable que liquide le P. Picard en trois mois. Le provisoire d’une

    communauté assomptionniste au cœur de la capitale, installée à Auteuil en

    octobre 1856 dans une maisonnette de la propriété des Religieuses au n° 1 avenue

    Eymès, déménagée une première fois le 10 mars 1859 dans une autre maisonnette

    plus proche du couvent des Religieuses, une deuxième fois le 19 novembre 1860

    dans une propriété de Louis Milleret, n’a que déjà trop duré. C’est en décembre

    1860 que le jeune novice Vincent de Paul Bailly, en visite à Paris au chevet de son

    père malade, trouve un terrain à bâtir au n° 8 rue François Ier, sur la paroisse

    Saint-Pierre de Chaillot, acquis le 12 décembre par l’Assomption au nom de M.

    Baudon propriétaire du n° 2 de la même rue. L’automne de l’année 1861 est

    consacré à la construction de ce qu’il est convenu d’appeler la ‘bicoque de

    François Ier’, chapelle et petit couvent de six chambrettes. La chapelle est bénie

    le 23 février 1862. Le P. Galabert, prêté quelques mois en renfort à la nouvelle

    communauté de Paris en voie de constitution (4 religieux prêtres et 2 frères), est

    témoin direct des événements. Arrivé dans la capitale le 21 février, il inaugure

    avec le P. Picard le service religieux de la chapelle tout en logeant encore à

    Auteuil, le déménagement des religieux d’Auteuil à la rue François Ier n’étant

    terminé et effectif que le 25 mai. En juillet 1862, le P. Galabert retourne à Nîmes

    où il est attendu avec impatience par le P. Saugrain qui ploie sous ses charges. Le

    5ème chapitre général est ouvert au sein du collège de Nîmes, le 3 septembre. Le

    P. Galabert qui y participe en qualité de membre adjoint avec voix délibérative,

    s’offre généreusement comme missionnaire volontaire pour ouvrir la voie à une

    présence de l’Assomption en Orient, concrètement en Bulgarie. Après ses adieux

    à sa famille - son père étant déjà décédé depuis le 1er mai 1861-, il embarque à

    Marseille le 1er décembre pour un premier arrêt à Rome, du 4 au 14 décembre, où

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    7

    il n’obtient ni le titre de missionnaire apostolique ni la faculté d’exercer la

    médecine, mais où il a la joie d’obtenir une audience privée de Pie IX le 13

    décembre. Il débarque à Constantinople le samedi 20 décembre. Il accepte

    d’abord l’hospitalité de Mgr Brunoni puis celle des Lazaristes (29 décembre) d’où

    il organise le voyage à venir du P. d’Alzon prévu pour février 1863 afin de poser

    les bases d’une implantation ferme de l’Assomption et de son projet apostolique

    à long terme en Orient.

    Ce rappel était nécessaire pour comprendre l’attachement profond, quasi

    viscéral, du P. Galabert à l’Assomption, à son fondateur, à ses projets

    apostoliques, à ses fondations jusqu’à ses tâtonnements, mais d’abord à ses

    confrères. Ces années 1854-1862 le mettent en relation directe, fraternelle mais

    plus encore affective pourrait-on dire, avec cinq d’entre eux notamment, comme

    l’attestent les correspondances de cette période:

    Le Père d’Alzon, évidemment, le ‘Père’ dans tous les sens du mot, envers

    lequel son respect n’a d’égal que l’immense confiance qu’il lui a accordée une

    fois pour toutes, avec cette liberté de parole et d’écriture étonnante lui valant

    souvent reconnaissance, grande estime mais aussi parfois reproches et remarques

    acides ;

    Le P. Picard en second, le jeune supérieur de Rome, le fougueux et

    intrépide fondateur des œuvres dans la capitale, homme de relations, à la fois

    intuitif et organisateur en chef, aventurier jusque dans ses initiatives avec un

    esprit de foi débordant ;

    Le P. Saugrain, chargé de toutes les besognes matérielles difficiles, plus

    réservé sans doute dans ses relations, parfois boudeur et bourru, mais d’une

    honnêteté et d’un dévouement à toute épreuve ;

    Le Frère Vincent de Paul Bailly que le P. Galabert a eu la chance

    d’accueillir à Nîmes comme novice en octobre 1860 et avec lequel il a très vite

    sympathisé. De fait le P. Galabert a été le véritable maître des novices en

    septembre-octobre 1861 du Frère Vincent de Paul avant son départ à Rome. Il

    reste son informateur fidèle.

    Le tout jeune Emmanuel Bailly qui a pris l’habit le 30 mai 1861 à Paris,

    des mains du P. Charles Laurent lequel l’avait accueilli comme élève à Clichy.

    Lui non plus ne reste guère longtemps comme novice à Nîmes puisqu’il part avec

    son frère pour Rome le 3 novembre 1861.

    Semblablement, le P. Galabert a tout connu des essais communautaires

    de la première Assomption, soit directement, soit par information épistolaire :

    Le collège de l’Assomption de Nîmes, berceau de la congrégation et

    berceau de sa vocation, avec ses antennes sociales à Mireman et au Patronage. Il

    y vit de 1854 à 1855, puis de 1858 à 1862, et il retournera à chaque occasion

    comme à la source de son existence et de sa foi. On voit au témoignage de ses

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    lettres combien il s’intéressait à la vie propre des personnels, professeurs,

    surveillants, domestiques, et des élèves comme de leurs parents dont il cite

    facilement les noms. Il reviendra même à Nîmes pour y mourir en février 1885.

    Le séjour romain, de 1855 à 1858, dans les trois lieux successifs déjà

    détaillés plus haut, accentue une imprégnation de fond qui rejoint bien l’un des

    traits majeurs de la spiritualité assomptionniste, sa foi ultramontaine.

    Les diverses implantations parisiennes se réalisent dans la proximité

    spirituelle des Religieuses de l’Assomption auxquelles il rend ponctuellement

    aussi le service d’aumônier adjoint à Paris et à Nîmes. Il ne semble pas pourtant

    qu’il se soit rendu une seule fois à Clichy (1853-1860) ; il n’a pu connaître non

    plus l’embryon de collège rue du Faubourg Saint-Honoré (1851-1853). Par

    contre, il suit avec intérêt la présence des religieux à Auteuil av. Eymès

    (1856-1859), rue La Fontaine (1860-1862). Il est de ceux, comme on l’a vu plus

    haut, qui inaugurent la présence des religieux rue François Ier (1862).

    Rethel (1859) ne fait pas partie non plus de ses déplacements, mais on ne

    peut pas dire que cette fondation l’ait laissé indifférent, notamment dans les

    conseils de patience qu’il donne au P. Picard.

    Enfin il n’a pu suivre les pas des premiers assomptionnistes en terre

    missionnaire lointaine, l’Australie (1860-1875) : il approuve pleinement cette

    initiative audacieuse parce qu’elle lui paraît pleine de promesses pour le

    développement de l’Assomption et le service de l’Eglise. Certes il n’apprécie pas

    le caractère frondeur et indépendant du P. Cusse dont la présence temporaire à

    Nîmes avant le grand départ lui a valu quelques avanies, mais il fait fond sur les

    dispositions généreuses d’autres compagnons comme le P. Tissot ou le P. Brun.

    D’autres projets ont été évoqués qui n’ont pas eu de réalisation :

    Ferney-Voltaire (1858) ou Montmorillon (1858). Il entendit certainement le P.

    d’Alzon évoquer des possibilités de fondation à titre d’hypothèses (Beaucaire,

    Marseille, Béziers, Passy, Jérusalem).

    Sur la route de l’Orient où l’appelle la Providence en 1862, il y a une

    chose que le P. Galabert ne peut oublier : l’Assomption est une famille

    vigoureuse, non par l’importance numérique de ses membres, mais par l’audace

    et l’esprit de foi qui l’animent dans ses gênes. Il n’a pas hésité pour sa part à se

    lancer dans une aventure qui a pris sans doute la force d’un mythe, mais qui a

    surtout ouvert sa famille religieuse aux horizons de son ambition universelle, à la

    pratique du mouvement œcuménique et à la ‘mesure sans mesure’ d’une charité

    désintéressée, attentive aux œuvres sanitaires et sociales dont un ex-médecin ne

    pouvait que ressentir les impératives urgences auprès de populations encore

    largement démunies.

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    1. AU PERE EMMANUEL D’ALZON

    Licenciement pour cause de choléra à l’Assomption de Nîmes.

    [Nîmes, Juillet 1854]

    Cher Père,

    Ce matin le Père Brun1 vous a envoyé une dépêche télégraphique pour

    vous annoncer que, conformément à vos ordres, il avait licencié la maison2. Il y

    a eu dans les hôpitaux cinq cas de choléra bien constatés3; nous n'en avons eu

    connaissance que lundi soir. Les élèves sont partis dès le lundi matin, à

    l'exception d'un très petit nombre parmi lesquels Ferrari, Bérard4, et quelques

    futurs bacheliers qui ont désiré rester et ont reçu l'autorisation spéciale de leurs

    parents. Le Père Brun vous écrira demain et vous donnera d'autres détails. Il a été

    tellement accablé hier et aujourd'hui qu'il lui a été impossible de le faire jusqu'à

    présent. Toutes les personnes qui restent à la maison se portent à merveille.

    Aucun élève n'a eu des symptômes de choléra.

    1 Père Henri BRUN (1821-1895) religieux assomptionniste français, né Jean Pierre Henri le

    1er octobre 1821 à Langogne (Lozère), au diocèse de Mende. Bachelier ès-lettres, prêtre en

    décembre 1845 à Mende, profès pour un an à Nîmes le 25 décembre 1850 et profès perpétuel à

    Nîmes le 25 décembre 1851, élu premier et unique assistant général au chapitre d’août 1852, charge

    conservée jusqu’en 1862, il est le second du Père d’Alzon au collège de l’Assomption de Nîmes

    (1852-1857) et à la colonie agricole de Mireman (Gard). En 1857, il est envoyé comme professeur

    de 4ème et économe au collège de Clichy-la-Garenne, aujourd’hui dans les Hauts-de-Seine, banlieue

    nord de Paris. A Londres en octobre 1860, il apprend les rudiments de la langue anglaise pour servir

    comme missionnaire en Australie (décembre 1862) où il se dévoue comme curé fondateur de la

    paroisse d’Ipswich. En mai 1873, à la demande du P. d’Alzon, il rentre en France et organise

    l’alumnat Saint-Clément dans la maison natale du P. d’Alzon au Vigan (Gard, 1874-1881) avant

    d’être nommé supérieur à l’alumnat d’Alès (1881-1885) et de revenir professer dans l’alumnat

    Saint-Augustin de Nîmes (1885-1887), puis dans celui de Mauville (Pas-de-Calais) de 1887 à 1891.

    En 1891 enfin il part en Amérique du Nord servir d’aumônier à la modeste fondation des Petites

    Sœurs de l’Assomption à New-York où il meurt le 15 janvier 1895 à l’âge de 74 ans. Il est le premier

    assomptionniste inhumé aux Etats-Unis (Woodside). En mai 1987, ses restes sont transférés au

    cimetière de l’Assomption, sur la paroisse Sainte-Anne de Fiskdale (Sturbridge, Massachusetts).

    Jean-Paul PERIER-MUZET, Notices biographiques des Religieux de l’Assomption, t. I, p. 437-438. 2 La Maison de l’Assomption, titre officiel de l’institution scolaire du Collège à Nîmes,

    comprend encore quelque 200 élèves pour l’année scolaire 1853-1854. Cf Jean-Paul

    PERIER-MUZET, Anthologie Alzonienne, t. I, chap. 13 (D’Alzon maître d’école), p. 77-80. 3 Sur ce fait, consulter : Dr Ed. TRIBES, Rapport historique et statistique sur les épidémies

    de choléra-morbus qui ont régné à Nîmes pendant les années de 1854 et de 1865, édit.

    Clavel-Ballivet, 1866, 75 pages. 4 Il y eut en effet dans ces années-là comme élèves au collège de l’Assomption de Nîmes