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L’e ´valuation des relations parents-enfants Catherine Delforge, Christine Le Scanff, et Paul Fontayne Laboratoire de Psychologie des Pratiques Physiques Les parents influencent l’e ´volution de leur enfant ainsi que sa re ´ussite a ` l’e ´cole, dans les sports ou en musique. Leur soutien, par contre, est indispensable. Certains des comportements des parents peuvent avoir un impact ne ´gatif. Il est ne ´cessaire de chercher a ` mieux cerner les relations parents-enfant et leur influence sur la re ´ussite et le bien-e ˆtre d’un enfant. Pour ce faire, l’utilisation de questionnaires est utile. Toutefois, il existe peu d’outils valides en franc ¸ais et ceux-ci ne sont pas axe ´s sur l’e ´valuation de dimensions centrales pour le de ´veloppement de l’enfant. Compte tenu de ce manque a ` combler, cet article a pour objet la validation du Questionnaire d’e ´valuation des relations parents-enfant (QE ´ RPE), traduction en franc ¸ais de l’EMBU (Egna Minnen Betra ¨ffende Uppfostran, Perris et al., 1980). Le QE ´ RPE met en e ´vidence le niveau de soutien, de surprotection et de rejet de la part des parents qui est ressenti par l’enfant. Il est ici applique ´ aux relations parents-enfant sportif. La structure factorielle (analyses exploratoire et confirmatoire) et la consistance interne du QE ´ RPE ont e ´te ´ teste ´es, et une validation externe a e ´te ´ re ´alise ´e. Les re ´sultats obtenus montrent que les qualite ´s psychome ´triques du QE ´ RPE sont tre `s acceptables. Depuis le milieu des anne ´es 1990, les psychologues du sport accordent un plus grand inte ´re ˆt au ro ˆle des parents dans la pro- gression sportive de leur enfant. Wylleman et De Knop (2001) ont montre ´ que les de ´buts de celui-ci dans l’activite ´ et la manie `re dont e ´voluera sa carrie `re sont lie ´s aux parents. Leur implication aupre `s de l’enfant, dans ses activite ´s sportives ou artistiques, est indis- pensable (Hellstedt, 1990a), et sans leur aide mate ´rielle et finan- cie `re, l’enfant ne pourra pas progresser (Gould, Dieffenbach, et Moffett, 2002). Les travaux en psychologie du de ´veloppement montrent ne ´anmoins que cet investissement parental doit e ´voluer au fil des anne ´es. Actif, introductif et participatif au de ´part, le ro ˆle des parents devrait se transformer en un soutien e ´motionnel pour favoriser la prise d’inde ´pendance du sportif (Co ˆte ´, 1999). Cepen- dant, les parents n’ont pas toujours des comportements ou des paroles favorables a ` l’e ´panouissement de leur enfant. Ils peuvent alors avoir une influence ne ´gative sur sa progression sportive et son de ´veloppement personnel. Aussi le surinvestissement, la pres- sion ou les critiques des parents ont-ils tendance a ` nuire aux progre `s de l’enfant et a ` augmenter son anxie ´te ´ (Burland et David- son, 2004; Gould, Tuffey, Udry, et Loehr, 1996; Hellstedt, 1990b). Afin de favoriser la progression des jeunes sportifs, il est donc indispensable de mieux connaı ˆtre les diffe ´rentes attitudes paren- tales et leurs conse ´quences. Pourtant, les connaissances sur les interactions entre les athle `tes et leurs parents sont encore limite ´es (Brustad, 1996; Salmela et Fournier, 2004). Ce domaine ne ´cessite de plus amples recherches, tant sur les comportements parents que sur leur e ´valuation psychome ´trique. En effet, peu d’outils stan- dardise ´s permettent la collecte de donne ´es pertinentes sur les dimensions de la relation parents-enfant dans le domaine du sport, que ce soit en France ou ailleurs. (Wylleman et De Knop, 2001). Les travaux de Wylleman et de ses collaborateurs (Verdet, 2004; Verdet, Wylleman, et Le ´ve ˆque, 2003; Wylleman et al., 1995, 2004) ont abouti a ` la validation de la version franc ¸aise du Sport International Relationship Questionnaire (SIRQ). Cet outil mesure les perceptions des comportements interpersonnels de fac ¸on bidi- rectionnelle (l’athle `te envers son pe `re et sa me `re, et le pe `re et la me `re envers l’athle `te). Il e ´value e ´galement les relations athle `te- entraı ˆneur-parents, sous forme triangulaire, par dyades, ce qui alourdit la proce ´dure et e ´loigne du sujet spe ´cifique des relations parents-enfants. De plus, le SIRQ s’inte ´resse a ` la perception qu’a chacun des comportements de l’autre au moment pre ´sent et aux comportements qu’ils pre ´fe ´reraient (deux versions). Cette carac- te ´ristique donne une dimension diffe ´rente au questionnaire. Com- pose ´ d’une centaine d’e ´le ´ments et sa dure ´e de passation e ´tant plus d’une heure, cet outil se re ´ve `le plus utile a ` la recherche qu’a ` l’intervention en psychologie du sport. De plus, la fiabilite ´ du SIRQ, re ´cemment valide ´, reste a ` confirmer dans le cadre d’e ´tudes futures. Le Parental Involvement in Sport Questionnaire (PISQ, Lee et Mac Lean, 1997) a e ´galement e ´te ´ utilise ´ dans des travaux re ´cents sur les relations parents-sportif (Wuerth, Lee, et Alfermann, 2004). Il mesure quatre dimensions (investissement actif, e ´loges et com- pre ´hension, comportements directifs, pression). Cependant, la con- Catherine Delforge, Christine Le Scanff, et Paul Fontayne travaillent au Laboratoire de Psychologie des Pratiques Physiques (L3P – JE 2494), a ` l’Universite ´ de Paris-Sud 11, a ` Orsay, en France. Catherine Delforge est docteure en Sciences du sport et du mouvement humain. Ses principaux the `mes de recherche portent sur les relations triadiques parents-enfants et entraı ˆneurs dans le monde du sport et de l’exercice physique. La professeure Christine Le Scanff dirige le laboratoire L3P. Ses prin- cipaux the `mes de recherche portent sur l’e ´tude des variables de person- nalite ´ et de leur fondement, le stress et l’anxie ´te ´, la prise de risque ainsi que de l’articulation de ces variables dans le domaine du sport et de l’exercice physique. Paul Fontayne est maı ˆtre de confe ´rences. Ses principaux domaines de recherche portent sur la motivation et l’identite ´ sociale dans le domaine du sport et de l’exercice physique. Toute correspondance concernant le pre ´sent article doit e ˆtre adresse ´e a ` Catherine Delforge, 2, rue Pasteur, 59186, Anor, France. Courriel : [email protected] Canadian Journal of Behavioural Science Copyright 2008 by the Canadian Psychological Association 2008, Vol. 40, No. 1, 42–51 0008-400x/08/$12.00 DOI: 10.1037/0008-400x.40.1.42 42

L'évaluation des relations parents-enfants

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Page 1: L'évaluation des relations parents-enfants

L’evaluation des relations parents-enfants

Catherine Delforge, Christine Le Scanff, et Paul FontayneLaboratoire de Psychologie des Pratiques Physiques

Les parents influencent l’evolution de leur enfant ainsi que sa reussite a l’ecole, dans les sports ou enmusique. Leur soutien, par contre, est indispensable. Certains des comportements des parents peuventavoir un impact negatif. Il est necessaire de chercher a mieux cerner les relations parents-enfant et leurinfluence sur la reussite et le bien-etre d’un enfant. Pour ce faire, l’utilisation de questionnaires est utile.Toutefois, il existe peu d’outils valides en francais et ceux-ci ne sont pas axes sur l’evaluation dedimensions centrales pour le developpement de l’enfant. Compte tenu de ce manque a combler, cet articlea pour objet la validation du Questionnaire d’evaluation des relations parents-enfant (QERPE), traductionen francais de l’EMBU (Egna Minnen Betraffende Uppfostran, Perris et al., 1980). Le QERPE met enevidence le niveau de soutien, de surprotection et de rejet de la part des parents qui est ressenti parl’enfant. Il est ici applique aux relations parents-enfant sportif. La structure factorielle (analysesexploratoire et confirmatoire) et la consistance interne du QERPE ont ete testees, et une validationexterne a ete realisee. Les resultats obtenus montrent que les qualites psychometriques du QERPE sonttres acceptables.

Depuis le milieu des annees 1990, les psychologues du sportaccordent un plus grand interet au role des parents dans la pro-gression sportive de leur enfant. Wylleman et De Knop (2001) ontmontre que les debuts de celui-ci dans l’activite et la maniere dontevoluera sa carriere sont lies aux parents. Leur implication aupresde l’enfant, dans ses activites sportives ou artistiques, est indis-pensable (Hellstedt, 1990a), et sans leur aide materielle et finan-ciere, l’enfant ne pourra pas progresser (Gould, Dieffenbach, etMoffett, 2002). Les travaux en psychologie du developpementmontrent neanmoins que cet investissement parental doit evoluerau fil des annees. Actif, introductif et participatif au depart, le roledes parents devrait se transformer en un soutien emotionnel pourfavoriser la prise d’independance du sportif (Cote, 1999). Cepen-dant, les parents n’ont pas toujours des comportements ou desparoles favorables a l’epanouissement de leur enfant. Ils peuventalors avoir une influence negative sur sa progression sportive etson developpement personnel. Aussi le surinvestissement, la pres-

sion ou les critiques des parents ont-ils tendance a nuire auxprogres de l’enfant et a augmenter son anxiete (Burland et David-son, 2004; Gould, Tuffey, Udry, et Loehr, 1996; Hellstedt, 1990b).

Afin de favoriser la progression des jeunes sportifs, il est doncindispensable de mieux connaıtre les differentes attitudes paren-tales et leurs consequences. Pourtant, les connaissances sur lesinteractions entre les athletes et leurs parents sont encore limitees(Brustad, 1996; Salmela et Fournier, 2004). Ce domaine necessitede plus amples recherches, tant sur les comportements parents quesur leur evaluation psychometrique. En effet, peu d’outils stan-dardises permettent la collecte de donnees pertinentes sur lesdimensions de la relation parents-enfant dans le domaine du sport,que ce soit en France ou ailleurs. (Wylleman et De Knop, 2001).

Les travaux de Wylleman et de ses collaborateurs (Verdet, 2004;Verdet, Wylleman, et Leveque, 2003; Wylleman et al., 1995,2004) ont abouti a la validation de la version francaise du SportInternational Relationship Questionnaire (SIRQ). Cet outil mesureles perceptions des comportements interpersonnels de facon bidi-rectionnelle (l’athlete envers son pere et sa mere, et le pere et lamere envers l’athlete). Il evalue egalement les relations athlete-entraıneur-parents, sous forme triangulaire, par dyades, ce quialourdit la procedure et eloigne du sujet specifique des relationsparents-enfants. De plus, le SIRQ s’interesse a la perception qu’achacun des comportements de l’autre au moment present et auxcomportements qu’ils prefereraient (deux versions). Cette carac-teristique donne une dimension differente au questionnaire. Com-pose d’une centaine d’elements et sa duree de passation etant plusd’une heure, cet outil se revele plus utile a la recherche qu’al’intervention en psychologie du sport. De plus, la fiabilite duSIRQ, recemment valide, reste a confirmer dans le cadre d’etudesfutures.

Le Parental Involvement in Sport Questionnaire (PISQ, Lee etMac Lean, 1997) a egalement ete utilise dans des travaux recentssur les relations parents-sportif (Wuerth, Lee, et Alfermann, 2004).Il mesure quatre dimensions (investissement actif, eloges et com-prehension, comportements directifs, pression). Cependant, la con-

Catherine Delforge, Christine Le Scanff, et Paul Fontayne travaillent auLaboratoire de Psychologie des Pratiques Physiques (L3P – JE 2494), al’Universite de Paris-Sud 11, a Orsay, en France.

Catherine Delforge est docteure en Sciences du sport et du mouvementhumain. Ses principaux themes de recherche portent sur les relationstriadiques parents-enfants et entraıneurs dans le monde du sport et del’exercice physique.

La professeure Christine Le Scanff dirige le laboratoire L3P. Ses prin-cipaux themes de recherche portent sur l’etude des variables de person-nalite et de leur fondement, le stress et l’anxiete, la prise de risque ainsi quede l’articulation de ces variables dans le domaine du sport et de l’exercicephysique.

Paul Fontayne est maıtre de conferences. Ses principaux domaines derecherche portent sur la motivation et l’identite sociale dans le domaine dusport et de l’exercice physique.

Toute correspondance concernant le present article doit etre adressee aCatherine Delforge, 2, rue Pasteur, 59186, Anor, France. Courriel :[email protected]

Canadian Journal of Behavioural Science Copyright 2008 by the Canadian Psychological Association2008, Vol. 40, No. 1, 42–51 0008-400x/08/$12.00 DOI: 10.1037/0008-400x.40.1.42

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ception de cet outil nous semble critiquable. Dans sa versionoriginale en anglais, il comprend 20 elements, dont un seul pour laquatrieme dimension evaluee. Il est aussi utilise dans une versionadaptee en allemand, comportant 19 elements, dont deux seule-ment servent a evaluer la premiere dimension (Wuerth et al.,2004). Les donnees recueillies de cette facon semblent peu fiables.De plus, le PISQ evalue des dimensions concretes (investissement)et d’autres, plus abstraites (pression), au moyen du meme type dequestion.

Dans le domaine de la psychologie generale, Cousineau et DeCourcy (cites par Bouvard, 2002) ont presente un outil sur lesattitudes parentales (Questionnaire des attitudes parentales) quipermet de determiner les experiences precoces qui ont entraıne desschemas inadaptes chez l’enfant. Ce questionnaire est la versionfrancaise du Young Parenting Inventory (YPI, de Young). Ilevalue 17 variables de la relation parents-enfant. Bien que cer-taines echelles semblent interessantes (carence affective, exigenceselevees, dependance), ce questionnaire comporte trop de dimen-sions et d’elements (72) pour l’analyse des relations parents-enfantdans le cadre des sports. La litterature montre l’interet d’etudierdes notions precises, telles que le soutien des parents, l’attentionqu’ils portent aux activites de leur enfant, le controle, la surpro-tection ou la projection parentale.

Un outil en francais simple, concis et valide pour l’evaluationdes dimensions de la relation parents-enfant pouvant avoir desrepercussions sur les performances sportives semble donc neces-saire. C’est pourquoi l’adaptation en francais du Egna MinnenBetraffende Uppfostran (My memories of upbringing, acronymesuedois original EMBU, Perris Jacobsson, Lindstrom, von Knor-ring, et Perris, 1980) a ete entreprise. La version francaise propo-see sera intitulee « Questionnaire d’evaluation des relationsparents-enfant (QERPE) ». Plusieurs raisons ont motive le choixde ce questionnaire.

Premierement, trois questionnaires ont attire plus particuliere-ment notre attention en raison de leur utilisation frequente, nota-mment en psychopathologie, et de leur fiabilite psychometrique :le Children’s Reports of Parental Behavior Inventory (CRPBI,Schaefer, 1965), le Parental Bonding Instrument (PBI, Parker,Tupling, et Brown, 1979) et l’EMBU. Le CRPBI et le PBI ont pourobjectif de mesurer, sur des echelles bipolaires, les dimensionsaffection et controle parental. L’enfant ou l’adolescent repond,pour chaque element, deux fois : une fois en fonction de sa mereet une fois en fonction de son pere. Il definit ainsi par ses reponsesleur style parental respectif. L’EMBU emprunte le meme format(reponses distinctes pour le pere et la mere), mais il comprend troisechelles : soutien, rejet et surprotection ressentis par l’enfant de lapart de chaque parent. Aucun de ces trois questionnaires n’ad’equivalent en francais. L’EMBU et le PBI sont les plus fiablesd’un point de vue psychometrique et les plus utilises depuis lesannees 1980–1990 (Perris, Arrindell, et Eiseman, 1994). Differ-entes versions du EMBU ont ete validees (abregees pour unepassation plus pratique), issues de la version originale comportant81 elements, et ce, dans differentes langues. Sa validite transcul-turelle (Arrindell et al., 2005) a ete demontree, ce qui a constitueun argument de poids dans le choix de cet outil.

Deuxiemement, pour l’analyse de l’influence du lien parents-enfant sur l’evolution sportive des jeunes, les travaux anterieursont souligne la necessite de mieux cerner les trois dimensionsevaluees par l’EMBU. Le soutien des parents est reconnu comme

un facteur indispensable a la reussite sportive de l’enfant (Gould etal., 2002, par exemple). Il favorise le plaisir de l’enfant dans sapratique du sport (Averill et Power, 1995), le developpementfavorable de l’estime de soi (Cutrona et Russell, 1990) et lamotivation pour continuer la pratique du sport (Cote, 1999). Aucontraire, la surprotection (Gould et al., 1996; Hellstedt 1990a, b)et le rejet parental (Perris et al., 1983, 1994) peuvent avoir desconsequences negatives pour l’enfant et ses performances.

Le present article decrit les etapes methodologiques qui ont etesuivies pour creer une version francaise valide de l’EMBU (enfrancais, le QERPE). Pour atteindre notre objectif, nous avonsrespecte les principales etapes de la demarche conseillee par Val-lerand (1989), a savoir : 1) l’etablissement d’une version prelimi-naire; 2) l’evaluation de cette version; 3) l’evaluation de sa validitede construit par l’analyse de la structure factorielle; 4) l’evaluationde la fiabilite des echelles; 5) la proposition de normes.

Etude 1

La version originale de l’EMBU (Perris et al., 1980), en suedois,comporte 81 elements. Perris et ses collegues (Perris et al., 1994)en ont extrait une forme abregee (27 elements). Cette version,validee en anglais (short(s)-EMBU), a ete choisie comme point dedepart pour notre traduction pour trois raisons. Tout d’abord, ceformat permettait une utilisation directe et en situation naturelle(les sportifs pouvaient remplir le questionnaire pendant une seanced’entraınement en presence du chercheur). Ensuite, la formelongue comporte 14 sous-echelles, regroupees en quatre dimen-sions (Ross, Campbell, et Clayer, 1982), dont la quatrieme, « sujetfavori », ne convient pas dans le cas d’enfants uniques. Enfin, lamajorite des etudes actuelles cherchent a definir des styles paren-taux (authoritative/authoritarian/permissive/neglectful/parentalstress; p. ex., Juntumaa, Kleskivaara, et Punamaki, 2005) ouevaluent leurs comportements sur deux dimensions : les niveauxd’affection et de controle. Notre objectif n’etait pas de disposerd’un outil pour categoriser les differents types de parents, maisbien d’evaluer des dimensions precises qui sont essentielles audeveloppement de l’enfant et a sa progression sportive. A cetegard, la structure de la version abregee de l’EMBU, qui estcentree sur trois dimensions, repondait a notre objectif.

Le questionnaire comprend 27 elements auxquels le sujet doitrepondre selon une echelle de type Likert de 1 a 4 (jamais, parfois,souvent, toujours), a deux reprises (une fois selon la facon dont sonpere se comporte avec lui, et une seconde fois, en fonction de samere) : 1) echelle de soutien – elements 2, 3, 5, 7, 8, 10, 12, 14, 15,16, 18, 21, 24, 26, 27; 2) rejet : 4, 9, 13, 17, 19, 25; 3) surprotection– 1, 6, 11 (scores inverses), 20, 22, 23.

On obtient donc une mesure du niveau de soutien, de rejet et desurprotection ressenti par l’enfant de la part de son pere et de samere. Dans la plupart des etudes, quelles que soient les versions del’EMBU utilisees (langue et longueur), deux formes sont utiliseesselon l’age des sujets : l’une est formulee au present; l’autre, aupasse. La premiere version est proposee aux jeunes etant encoresous la responsabilite de leurs parents, la seconde, aux plus ages.Dans cette seconde version, les elements sont formules au passe et,dans le paragraphe explicatif precedant les elements a evaluer, ilest demande au participant de « s’efforcer de te rappeler lescomportements de tes parents envers toi lorsque tu avais moins de[. . .] ans » (l’age variant selon les etudes). Cette formulation

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correspond a la traduction exacte du questionnaire original. Pourtoutes les passations realisees dans le cadre des differentes etudesde notre travail, la version retrospective a ete utilisee avec lesparticipants de 18 ans et plus (age de la majorite legale en France).Dans un souci de clarte et conformement aux validations anter-ieures de l’outil, ce point ne sera plus signale.

Etablissement de la version preliminaire du QERPE

L’objectif de cette etape etait double : 1) proposer une versionpreliminaire en francais de l’EMBU et, 2) evaluer la clarte deselements de cette version (QERPE) pour la population cible. Troisexperts bilingues ont alors elabore une version en francais del’EMBU en utilisant la technique de validation inversee (back-translation; Brislin, 1986). Cette technique consiste a traduire laversion d’origine en francais, puis a la faire retraduire en anglaispar des sujets bilingues. L’adequation entre la version originale etla version traduite est un signe de la qualite de la transcriptionintermediaire.

Le paragraphe explicatif figurant avant les elements a evalueretait la traduction en francais de celui du questionnaire original.Les questions qui le suivaient avaient pour objectif de preciser lecontexte familial des sujets. Elles correspondaient egalement a latraduction de celles de l’outil original.

Afin de verifier la clarte des elements de la version preliminairedu QERPE, un pretest a ete realise (n � 32 : 19 garcons, 13 filles;moyenne d’age � 17,28 ans; ecart-type � 1,36). Les sportifsetaient ensuite invites a formuler des commentaires et a signalerles problemes qu’ils avaient percus dans la formulation des ele-ments. Les sujets de la population « test » ont repondu au ques-tionnaire sans difficulte majeure. La version preliminaire a doncete gardee en l’etat.

Evaluation de la version preliminaire du QERPE

Sujets

Cent trente-six jeunes sportifs francais (de la regionChampagne-Ardenne) ont ete recrutes lors de leurs seancesd’entraınement. Tous faisaient de la competition a un niveauregional ou provincial. Les sports pratiques etaient le tennis, lagymnastique ou un sport collectif (football et handball). Les jeunesetaient ages de 13 a 22 ans (77 garcons, 59 filles; moyenned’age � 17,21 ans; ecart-type � 2,22; 66 avaient moins de 18 ans[37 garcons et 29 filles], et 70 avaient 18 ans et plus [40 garconset 30 filles]). Deux tiers des questionnaires ont ete remis directe-ment aux sportifs par le chercheur ou ses etudiants, et un tiers, parl’entremise des entraıneurs. Dans les deux cas, les conditions depassation etaient similaires : les sportifs remplissaient le question-naire a la fin de leur seance d’entraınement, individuellement. Leresponsable de la passation etait sur place pour repondre a d’even-tuelles questions, veillait a ce que les jeunes aient bien repondu atoutes les questions et les assurait de l’anonymat des resultats. Lessportifs de moins de 18 ans ont recu la version du questionnaireredige au present, et ceux de 18 ans et plus, la version retrospec-tive. Les sujets ne vivant plus avec leurs parents ont ete retires dela population.

Resultats

Une analyse factorielle (methode des axes principaux) a eterealisee a partir des donnees recueillies. Cette analyse a ete effec-

tuee uniquement pour les reponses concernant les peres. Cettemethode a ete choisie, car il est presume que les donneess’organisent selon un systeme de variables latentes dans lequelchaque facteur (c.-a-d., chaque variable latente) est cense avoir uneinfluence causale sur les variables observees, necessitant ainsi descorrelations parmi ces variables (Lawrence et Hancock, 1999).Nous nous attendions a constater une structure composee de troisfacteurs latents, conformement au modele original. Toutefois, lesresultats de l’AFE (methode de rotation Varimax, l’independancedes facteurs etant supposee) ont revele une structure ayant plus queles trois facteurs attendus (Kaiser’s criterion (1961); valeur propre� 1). Neanmoins, les trois premiers facteurs regroupaient globale-ment les elements soutien, rejet et surprotection. Cependant, uncertain nombre d’elements saturaient deux des trois facteurs(c.-a-d., poids factoriels � 0,40; Tabachnick et Fidell, 2001). Lemontant de variance expliquee par ces facteurs etait de 41 %.

La fiabilite des sous-echelles a ete testee a partir de l’indiceAlpha de Cronbach (1951). L’analyse des resultats a indique quela fiabilite des sous-echelles « rejet » (� � 0,40) et « surprotection» (� � 0,63) etait insuffisante (� 0,70; Nunnaly et Bernstein,1994), tandis que la consistance interne de l’echelle « soutien »semblait satisfaisante (� � 0,87).

Discussion

Meme apres avoir elimine certains elements (ceux qui saturaientdeux facteurs), il n’y a eu aucune amelioration notable de lastructure factorielle et de la fiabilite de la sous-echelle « rejet ».L’analyse de la structure factorielle du questionnaire et de lafiabilite des echelles semblait indiquer qu’une nouvelle version duquestionnaire devait etre proposee. La definition des elementscomposant le questionnaire traduit devait etre affinee, car, pourassurer la consistance de ses facteurs, ceux-ci devaient etre etayes.

Il est sans doute possible d’expliquer ces resultats parl’existence possible de correlations entre les differentes echelles.En effet, la frontiere psychologique entre les sentiments de soutien,de rejet et de surprotection est delicate a definir avec precision(Perris et al., 1994). Le modele pouvait donc ne pas etre composede trois facteurs independants, mais bien de trois facteurs correlesa certains egards. Ainsi, les resultats pouvaient etre attribuables aune composition imparfaite et non satisfaisante des sous-echelleselles-memes.

Etude 2

Le but principal de l’etude 2 etait de parvenir a la constructionet a l’evaluation d’une version « exploratoire » du QERPE. Afin deparvenir a une version francaise satisfaisante du questionnaire, ungroupe de six experts en psychologie du sport (2 professeurs, 1docteur et 3 doctorants; 2 hommes et 4 femmes; moyenne d’age �33,24) a propose l’elaboration d’une nouvelle version en suivantles principes suivants pour chacune des sous-echelles.

Echelle de rejet

Six elements (24, 28, 34, 51, 63 et 68) ont ete choisis dansl’echelle de rejet de la version integrale (81 elements) de l’EMBU(par exemple, element 34 : « Il arrive que mes parents souhaitentque je sois quelqu’un d’autre »). Ils n’apparaissent pas dans la

44 DELFORGE, LE SCANFF, ET FONTAYNE

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version abregee. Ils evoquent la meme idee que les six de laversion abregee (par exemple, element 9 : « J’ai l’impression quemes parents pensent que c’est ma faute quand ils ne sont pasheureux ». Ce choix a ete effectue a la suite d’une concertation avecdifferents experts, puis les elements ont ete traduits en francais.

Par ailleurs, l’element 4 fait reference a la fratrie. Dans laversion integrale de l’EMBU (81 elements), cet element appartienta la sous-echelle « sujet favori ». Puisque l’evaluation de cet aspectn’etait pas recherchee et compte tenu de la proportion d’enfantsuniques dans l’echantillon, cet element discordant a ete exclu.L’echelle de rejet comprenait donc desormais 11 elements.

Echelle de surprotection

Cette echelle n’etant pas suffisamment consistante, la procedureemployee a ete la meme que pour l’echelle de rejet. Apres con-certation, cinq nouveaux elements (14, 20, 36, 38 et 46) apparten-ant au facteur « surprotection » ont ete retenus (par exemple,l’element 46 : « Quand je rentre chez moi mes parents veulentsavoir tout ce que j’ai fait », et l’element 1, version abregee : « Mesparents interviennent dans tout ce que je fais ». L’echelle finalecomportait egalement 11 elements.

Echelle de soutien

Dans la mesure ou les deux autres echelles etaient desormaiscomposees de 11 elements chacune, les elements qui correlaient lemoins avec le facteur « soutien » ont ete supprimes pour equilibrerle questionnaire. Les elements 12, 14, 15 et 18 ont ete exclus (� �0,89 pour la nouvelle echelle de soutien).

De ce travail a resulte une nouvelle version du QERPE, com-posee de 33 elements repartis en trois facteurs equilibres (11elements chacun) : 1) echelle de soutien : elements 1, 5, 8, 12, 15,18, 21, 24, 26, 29, 32; 2) echelle rejet : 2, 4, 7, 10, 13, 16, 19, 22,25, 27, 31; 3) echelle surprotection : 3, 6, 9, 11, 14, 17, 20, 23, 28,30* (*scores inverses) et 33.

Cette version a fait l’objet d’une nouvelle passation aupres dejeunes sportifs.

Sujets et procedure

Selon la meme procedure et des conditions de passation simi-laires a celles de l’echantillon precedent, 569 sportifs francais(collegiens, lyceens et etudiants, des regions Nord-Pas-de-Calais etChampagne-Ardenne) ont ete recrutes pour repondre a cette nou-velle version (332 garcons, 237 filles, de 13 a 29 ans; moyenned’age � 17,57 ans; ecart-type � 3,37; 349 avaient moins de 18ans, et 220 avaient 18 ans et plus). Les sports pratiques etaientvaries (27,5 %, tennis; 22,9 %, gymnastique; 15 %, natation; 8,5%, basket-ball; 8,1 %, volley-ball; 6,4 %, football; 5,5 %, tennis detable; 4 %, handball; 2,1 %, aviron), et le niveau de competitionetait regional, au minimum (33,8 %, regional; 51,8 %, provincial;14,4%, national). Certains, vivant dans des familles monoparen-tales, n’ont rempli qu’une seule partie du questionnaire : n � 560pour les reponses concernant les peres, et n � 567 pour cellesconcernant les meres. Les sujets trop ages ou ne vivant plus avecleurs parents au moment de la passation n’ont pas ete retenus. Lapopulation analysee comprenait 559 sportifs (324 garcons, 235filles; moyenne d’age � 17,3 ans; ecart-type � 1,86; 349 avaient

moins de 18 ans [196 garcons et 153 filles], et 210 avaient 18 anset plus [128 garcons et 82 filles]).

Analyses et resultats1

Analyse factorielle exploratoire (AFE)

De la population totale, n � 552 (559),2 272 (279) sujets ont eteextraits de facon aleatoire a l’aide la fonction « alea » du logicielExcelMC afin de realiser une analyse factorielle (methode des axesprincipaux). La taille de l’echantillon a permis de le diviser afin deconserver un nombre suffisant de sujets pour l’analyse factorielleconfirmatoire (n � 280).

Differentes procedures permettant de determiner le nombre defacteurs a retenir pouvaient etre envisagees (pour revue, Fabrigar,Wegener, MacCallum, et Strahan, 1999). Afin de pallier le risquede « sur-extraction » des methodes du scree-test (Cattel, 1966) etdu critere de Kaiser-Guttman (1954) – valeur propre 1, il a etedecide d’utiliser la methode de l’analyse parallele de Horn (1965).L’analyse a ete realisee au moyen du logiciel SPSSMC 12.0, enutilisant les algorithmes de calculs proposes par O’Connor (2000).Presumant des intercorrelations entre les facteurs, une solutionavec une rotation Oblimin directe et un delta fixe a 0 a ete choisie.

Afin d’obtenir une version a trois facteurs respectant la structuredu questionnaire original, 12 elements qui correlaient simultane-ment sur plusieurs facteurs ou qui n’atteignaient pas un poidsminimum de 0,40 (Tabachnick et Fidell, 2001) sur un facteur ontete supprimes. Les 21 elements restants ont ete repartis equitable-ment sur trois facteurs expliquant 41 % (38 %) de la variance (voirtableau 1). Une analyse distincte pour les sujets ages de moins etceux de plus de 18 ans (n � 105 [103]), a ete effectuee pourchacune des versions (pere, mere). Aucune difference notable auniveau de la structure factorielle n’ayant ete observee, il a eteconsidere que toutes les analyses ulterieures pouvaient etre reali-sees avec l’ensemble des sujets de l’echantillon.

La consistance interne (tableau 1) des echelles « soutien » et« rejet » paraissait acceptable, chaque element se rapportant donca l’echelle testee. La consistance interne de l’echelle « surprotec-tion » (pour les reponses concernant les peres) etait un peu faible(Nunnaly et Bernstein, 1994). Cependant, pour le questionnaireoriginal, la fiabilite de cette echelle est egalement la plus faible destrois (0,70).

Analyse factorielle confirmatoire (AFC)

Les AFC ont ete realisees a l’aide du logiciel LISREL 8.30(Joreskog et Sorbom, 1993) et, presumant d’une non-normalite de

1 La validation du QERPE a ete realisee deux fois : la premiere pour lesreponses concernant les peres, la seconde, pour les reponses concernant lesmeres. La presentation des resultats, les donnees et les resultats concernantles peres sont d’abord presentes, suivis, entre parentheses, de ceux quiconcernent les meres.

2 Le fichier de donnees brutes a ete epure. Cette operation vise a ecarterles sujets trop ages ou ne vivant plus avec leurs parents, ainsi que ceuxayant repondu avec une variabilite suspecte au questionnaire (reponsesystematiquement alternee : 1 sur 4, ou le meme chiffre a tous les elements,par exemple), ces reponses non representatives de celles de la populationpouvant fausser les resultats.

45EVALUATION DES RELATIONS PARENTS-ENFANTS

Page 5: L'évaluation des relations parents-enfants

la distribution des variables (Skewness multivarie � 96,13(109,01); p � 0,0001; Kurtosis multivarie � 91,16 (110,91); p �0,0001), a partir d’une matrice de covariance asymptotique enutilisant la methode des moindres carres ponderes (WLS; WeightLeast Square). Afin d’evaluer la validite des modeles proposes,plusieurs indices d’ajustement ont ete utilises : le �2(Joreskog etSorbom, 1993), le Goodness-of-Fit Index (GFI; Joreskog et Sor-bom, 1993), le Comparative Fit Index (CFI; Bentler, 1990), leTucker-Lewis Index (TLI; McDonald et Marsh, 1990), et le RootMean Square Residual (RMSR). Le �2, qui represente un indicateurdu niveau de correspondance entre une structure factorielle pro-posee et les donnees collectees, doit plutot etre utilise comme unindice d’ajustement que comme test de l’hypothese nulle, car sasensibilite au nombre de variables observees et au nombre desujets est desormais admise (Marsh, Balla, et McDonald, 1988).Bien qu’il n’existe pas de test d’hypothese nulle pour le GFI, leCFI et le TLI, une regle empirique communement acceptee con-siste a considerer le modele comme correct quand ces indices sontsuperieurs ou egaux a 0,90. Enfin, le RMSR est une mesure de lamoyenne des variances et des covariances residuelles. Il est donc

preferable qu’il soit faible. Les normes sont aussi empiriques;selon Rupp et Segal (1989), une valeur entre 0,05 et 0,10 estcorrecte. Hu et Bentler (1998) avancent que ces quatre indices sontparmi les plus pertinents pour evaluer l’inadequation d’un modele.

Les indices d’adequation du modele propose pour l’analyse(n � 280 pour les reponses concernant les peres et celles concer-nant les meres) se sont reveles satisfaisants : �2 (186) � 355,95(336,33); p � 0,01; GFI � 0,96 (0,97); TLI � 0,97 (0,96); CFI �0,97 (0,97); RMSR � 0,09 (0,09).

La figure 1 montre les coefficients de regression standardises duQERPE. Tous sont significatifs, au seuil p � 0,01.

Une analyse sur groupes multiples a ensuite ete realisee afin decomparer les modeles pour les peres et les meres. Les resultats del’analyse ont montre qu’il n’existait pas de difference significativeentre les groupes pour ce qui a trait aux differents parametres(structure factorielle, coefficients de pistes causales, correlations,variances et covariances, variances residuelles) du modele3 : �2

(417) � 764,74; p � 0,01; GFI � 0,95; TLI � 0,97; CFI � 0,97;RMSR � 0,09.

Discussion

L’objectif de cette etude etait d’elaborer, a partir du question-naire preliminaire, une version courte, valide et fiable de l’EMBUen francais (le QERPE). Les procedures statistiques successivesont conduit a l’elaboration et a la selection de trois sous-echelles,chacune constituee de sept elements. Les resultats des differentesanalyses factorielles sont conformes, en plusieurs points, a certainstravaux anterieurs. D’abord, l’AFE montre que le QERPE presenteune structure factorielle conforme aux presupposes de la versiond’origine (Perris et al., 1980). Ensuite, les resultats des AFCconduites aupres d’une autre population confirment le caracteremultidimensionnel de l’outil : le modele a trois facteurs s’ajustecorrectement aux donnees. De plus, tous les elements ponderentsignificativement sur le facteur correspondant a la definition de ladimension esperee. Une analyse comparee des structures des ques-tionnaires concernant les peres et les meres ne revele aucunedifference. Ces resultats appuient donc l’hypothese d’une structurefactorielle a trois facteurs correles, mais independants.

Etude 3

Notre principal objectif ici etait d’etudier les effets des correlatsdu construit psychologique. Les resultats ont revele jusqu’ici quele niveau de coherence interne et la structure factorielle du QERPEetaient tres acceptables. L’analyse des correlations entre les sous-echelles du QERPE et d’autres variables psychologiques devraitpermettre d’examiner la validite convergente et divergente duQERPE.

La litterature montre que les parents ont un impact sur lesperformances des jeunes sportifs. Par exemple, leurs encourage-ments, ou au contraire leur desinteret et leurs critiques, ont uneinfluence sur la progression des athletes (Gould et al., 1996;Salmela et Fournier, 2004). Les caracteristiques psychologiques de

3 Dans une analyse sur groupes multiples (multisample analysis), lesindices sont une mesure de l’adequation du modele dans tous les groupesetudies. Ils permettent d’evaluer si les parametres estimes sont identiquesdans chaque groupe (voir Joreskog & Sorbom, 1993, p. 51-61).

Tableau 1Analyse factorielle (methode des axes principaux) des elementsretenus (apres rotation Direct Oblimin) [n � 272(279)]

Facteur 1Soutien

Facteur 2Rejet

Facteur 3Surprotection

Element 1 0,74 (0,68)Element 8 0,79 (0,77)Element 12 0,67 (0,67)Element 15 0,67 (0,62)Element 18 0,71 (0,70)Element 21 0,71 (0,74)Element 26 0,85 (0,84)Element 4 0,60 (0,68)Element 10 0,74 (0,58)Element 13 0,55 (0,43)Element 16 0,53 (0,49)Element 19 0,57 (0,44)Element 25 0,67 (0,67)Element 27 0,61 (0,64)Element 3 0,55 (0,56)Element 6 0,49 (0,55)Element 11 0,55 (0,56)Element 14 0,47 (0,42)Element 17 0,42 (0,50)Element 23 0,60 (0,61)Element 28 0,49 (0,46)

Valeur propre 5,24 (5,08) 3,51 (3,23) 1,43 (1,44)Variance expliquee 0,23 (0,22) 0,14 (0,12) 0,04 (0,04)Alpha de Cronbach 0,89 (0,88) 0,80 (0,75) 0,67 (0,73)

Facteur 2 Facteur 3 Facteur 1

Correlations �0,25 (�0,46) 0,32 (0,31) 0,26 (0,12)interfacteurs

Nota - Les donnees et les resultats concernant les peres sont d’abordpresentes, suivis, entre parentheses, de ceux concernant les meres. Lenombre de sujets pour les reponses concernant les peres et celui pour lesreponses concernant les meres est different dans la mesure ou certainsenfants n’ont plus leurs deux parents et ont done rempli une seule partie duquestionnaire. Le numero des elements indique est celui de la version duquestionnaire qui comporte 33 elements.

46 DELFORGE, LE SCANFF, ET FONTAYNE

Page 6: L'évaluation des relations parents-enfants

l’enfant evoluent egalement en fonction de la nature des relationsqu’il entretient avec ses parents. Nous nous interesserons plusparticulierement a l’influence des parents sur les niveaux d’anxieteet d’estime de soi de l’enfant. D’une part, ces caracteristiquespsychologiques ont un impact sur la performance sportive (Joneset Hardy, 1990). Il est donc important de mieux cerner les liensentre les comportements parentaux et ces variables, dans l’optiquede favoriser la progression sportive des jeunes. D’autre part,quelques etudes ont deja etabli l’influence des comportementsparentaux sur l’anxiete et l’estime de soi, dans d’autres contextes.On sait, par exemple, que certaines attitudes parentales contribuenta augmenter le stress et l’anxiete de l’enfant, a savoir les ambitionsparentales (Burland et Davidson, 2004; Gould, Eklund, et Jackson,1992), la pression (Ewing, Hedstrom, et Wiesner, 2004; Hellstedt,1990a, b), le controle excessif (Gould, Eklund, Petlichkoff, et

Bump, 1991), ainsi que le soutien et l’amour des parents enfonction des resultats (Smoll et Smith, 1990). En ce qui con-cerne l’estime de soi de l’enfant, Schneewind (1991) a mis enrelief les roles positifs que jouent l’attention et la chaleuremotionnelle prodiguees par les parents, une surveillance uni-forme et la possibilite pour l’enfant d’avoir des champs d’actionautonomes. La competence percue de l’enfant est directementinfluencee par l’investissement des parents (financier, temporelet affectif), leurs encouragements et leur confiance dans sescapacites (Amorose, 2002, 2003; Brustad, 1996; Jodl et al.,2001). Parallelement, le sentiment de soutien parental permet al’enfant d’acquerir une meilleure estime de soi (Cutrona etRussell, 1990).

L’objectif etait d’etudier la « validite predictive » du QERPE etde verifier si, comme dans les travaux anterieurs, le soutien pa-

Note : Les abréviations correspondent à : Numéro d’item - échelle : S, support , R, rejet , SP, surprotection.

1-S

8-S

12-S

18-S

15-S

21-S

26-S

4-R

16-R

25-R

27-R

13-R

19-R

10-R

3-SP

6-SP

11-SP

14-SP

17-SP

28-SP

23-SP

Support

Rejet

Surprotection

0,49/0,44

0,43/0,37

0,29/0,25

0,33/0,24

0,47/0,43

0,39/0,36

0,52/0,50

0,32/0,68

0,60/0,57

0,65/0,63

0,46/0,59

0,60/0,68

0,51/0,67

0,70/0,66

0,72/0,57

0,73/0,92

0,51/0,53

0,62/0,67

0,76/0,87

0,66/0,68

0,45/0,62

1,00

1,00

1,00

0,29/0,43

-0,52/-0,47

0,08/0,14

0,53 /0,65

0,74 /0,62

0,52 /0,28

0,49 /0,37

0,58 /0,57

0,61 /0,58

0,70 /0,69

0,82 /0,57

0,55 /0,58

0,70 /0,57

0,60 /0,56

0,73 /0,64

0,63 /0,66

0,59 /0,61

0,84 /0,86

0,82 /0,87

0,78 /0,80

0,71 /0,75

0,72 /0,75

0,75 /0,80

0,69 /0,71

Figure 1. Modele confirmatoire du QERPE (coefficients standardises). Coefficients pour les reponses concer-nant les peres et pour les reponses concernant les meres (tous les coefficients sont significatifs a p � 0,001).

47EVALUATION DES RELATIONS PARENTS-ENFANTS

Page 7: L'évaluation des relations parents-enfants

rental et les impressions de rejet et de surprotection par les parents(evalues par le QERPE) sont respectivement lies au niveaud’estime de soi et d’anxiete chez l’enfant.

Sujets

Trois cents jeunes sportifs francais (collegiens, lyceens et etu-diants, des regions Champagne-Ardenne et Picardie) ont ete re-crutes lors de leurs seances d’entraınement pour participer a cetteetude (179 garcons et 141 filles, de 11 a 24 ans; moyenne d’age �15,43 ans; ecart-type � 2,51; 257 avaient moins de 18 ans [147garcons et 110 filles], 63 avaient 18 ans et plus [32 garcons et 31filles]). Les conditions de passation des questionnaires etaientsimilaires a celles des deux premieres etudes. Les sports pratiquesetaient le tennis (44,9 %), la natation (13, 9 %), le volley-ball (12,4%), la gymnastique (10,8 %), le basket-ball (9,3 %), le football(5,6 %) et l’aviron (3,1 %). Tous les sujets faisaient de la compe-tition a un niveau regional (environ 30 %), provincial (60 %) ounational (10 %).

Procedure

Les sujets ont rempli le QERPE afin de definir leurs relationsavec leurs parents. Les questionnaires choisis pour evaluer leniveau d’estime de soi et d’anxiete ont fait leurs preuves quant aleur fiabilite psychometrique et etaient adaptes aux caracteristiquesdes sujets de l’echantillon (sportifs, age).

Parmi les instruments de mesure qui visent a evaluer la notiongenerale de l’estime de soi, le Rosenberg’s Self-Esteem Scale(RSE), de Rosenberg (1979), est l’un des plus utilises. Cetteechelle a ete traduite et validee en francais (Echelle d’estime de soi– EES, Vallieres et Vallerand, 1990). Elle comporte 10 affirma-tions auxquelles le sujet doit repondre selon une echelle de typeLickert en 4 points (tout a fait d’accord, plutot en desaccord, plutoten accord, tout a fait en accord).

L’etude de l’anxiete a donne lieu a la construction d’instrumentsde mesure specifiques. Le State Trait Anxiety Inventory (STAI) estl’un des plus fiables et des plus utilises depuis les annees 1970(traduction et validation francaise de Bruchon-Schweitzer etPaulhan, 1993). L’inventaire comprend deux echelles, l’une pourle trait (forme Y2), l’autre pour l’etat (forme Y1). Chacune d’ellesregroupe 20 elements auxquels le sujet repond sur une echelle enquatre points.

Resultats et discussion

Pour evaluer correctement les relations inter-echelles, une pro-cedure « d’attenuation corrigee » (Rogers, Schmitt, et Mullins,2002) a ete utilisee.

Selon les resultats, presentes dans le tableau 2, le soutien, le rejetet la surprotection des parents semblent, conformement aux at-tentes, avoir des liens avec le niveau d’anxiete et d’estime de soides jeunes sportifs de l’echantillon :

D’abord, le lien significatif entre le soutien ressenti de la part dupere et de la mere et le niveau d’anxiete (trait et etat) de l’enfantconcorde avec les etudes precedentes sur le sujet. Le soutien desparents est important pour aider l’enfant a faire face au stress,notamment dans le cadre d’une competition (Cote, 1999; VanYperen, 1995).

Les correlations significatives entre le soutien ressenti du pere etde la mere et l’estime de soi de l’enfant etaient attendues. Lesoutien emotionnel parental (chaleur et acceptation, commentairespositifs sur les realisations sportives, ou expression de la confiancedans les capacites de l’enfant) est un prealable essentiel. Il permetd’aider le sportif a avoir une meilleure estime de soi (Cote, 1999;Cutrona et Russell, 1990; Schneewind, 1991). Par ailleurs, Wine-field et ses collegues (Winefield, Tiggeman, et Winefiels, 1994),qui ont utilise le EMBU et le RSE (en anglais), revelent unerelation significative ( p � 0,05) entre le soutien du pere et l’estimede soi des filles, et entre le soutien de la mere et l’estime de soi desgarcons.

Ensuite, le lien significatif entre le rejet ressenti de la part dupere ou de la mere et le niveau d’anxiete (trait et etat) de l’enfantconfirme les etudes precedentes. Les punitions, notamment phy-siques, et la colere des parents sont sources de stress et d’anxietechez l’enfant (Woolger et Power, 1993). Les critiques, les re-proches des sacrifices faits, la devalorisation et les evaluationsnegatives des performances jouent aussi un role majeur dans ledeveloppement d’un trait d’anxiete eleve (Ewing et al., 2004;Scanlan et Lewthwaite, 1985). Les elements du QERPE fontd’ailleurs reference a deux formes de rejet : l’un lie a la culpabiliteprovoquee par les parents et l’autre, d’ordre physique, lie a laviolence des parents envers l’enfant.

Selon les correlations, le sentiment de rejet par le pere ou lamere serait lie au niveau d’estime de soi de l’enfant. Les parentsfroids et rejetants ou leurs comportements punitifs ont un effetnegatif sur la confiance et l’estime de soi de l’enfant (Litowsky etDusek, 1985; Woolger et Power, 1993). La confiance de l’enfanten ses capacites est directement influencee par la croyance de sesparents en ses possibilites (Wigfield et Eccles, 2000). Certainselements de l’echelle de rejet du QERPE mettent d’ailleurs enlumiere la notion de depreciation de l’enfant. Les conclusions deWinefield et ses collegues (1994) font aussi ressortir le rapportrejet parental-estime de soi de l’enfant chez des sujets non sportifs.Cependant, ils differencient les consequences du rejet parentalselon le sexe (rejet pere-estime de soi chez les filles, p � 0,01, etrejet maternel-estime de soi chez les garcons, p � 0,05).

Enfin, peu d’etudes avaient jusqu’ici signale un lien significatifentre la surprotection parentale et l’anxiete et l’estime de soi del’enfant. Cela peut etre du au terme meme de « surprotection », quiest utilise pour decrire diverses situations. Dans la litterature, il estemploye pour caracteriser une attention exageree aux besoins de

Tableau 2Coefficients de correlation « corriges » entre les echelles duQERPE et les mesures d’anxiete trait-etat et L’estime de soi(n � 320)

QERPEEtat

d’anxieteTrait

d’anxieteEstimede soi

Appui du pere �0,32*** �0,38*** 0,33***

Rejet du pere 0,17* 0,26*** �0,22**

Surprotection du pere 0,21* 0,16* �0,23*

Appui de la mere �0,25*** �0,36** 0,28**

Rejet de la mere 0,10* 0,17* �0,18*

Surprotection de la mere 0,25*** 0,20** �0,23*

*p � 0,05; **p � 0,01; ***p � 0,001.

48 DELFORGE, LE SCANFF, ET FONTAYNE

Page 8: L'évaluation des relations parents-enfants

l’enfant, la dependance, l’attention abusive, les comportements depossessivite ou d’intrusion, d’implication extreme vis-a-vis del’enfant (Perris et al., 1994). Deux grands types de surprotectionont ete definis : l’un se caracterise par une attention et uneprotection elevees, l’autre, par une faible attention et une protec-tion elevee (Perris et al., 1994). Une etude (Winefield et al., 1994)a montre l’impact negatif de la surprotection du pere (mais pas dela mere) sur l’estime de soi de l’enfant ( p � 0,05 pour les filles etp � 0,01 pour les garcons). On sait aussi que les parents« surinvestis » dans la pratique de leur enfant favorisent le deve-loppement d’une anxiete precompetitive elevee chez les jeunessportifs (Scanlan et Lewthwaite, 1985).

Pour ce qui a trait a la fiabilite du QERPE, les Alpha deCronbach pour les six sous-echelles etaient superieurs a 0,76, cequi confirme une bonne consistance interne. La validation externedu questionnaire est concluante.

Etude 4

Cette etude visait a etablir les normes du QERPE nouvellementconstruit. Celles qui sont presentees dans le tableau 3 ont eteetablies a partir des reponses des participants a l’etude de valida-tion du QERPE (Etude 2, n � 559 jeunes sportifs, de 13 a 24 ans;324 garcons, 235 filles; moyenne d’age � 17,30 ans; ecart-type �1,86; Etude 3, n � 320 jeunes sportifs de 11 a 24 ans; 179 garcons,141 filles; moyenne d’age � 15,43 ans; ecart-type � 2,51). Cepen-dant, ces normes pourront etre completees au moyen de la preci-sion des tranches d’age de sportifs ainsi qu’en fonction de leursexe, voire de leur pratique (sport collectif ou individuel, etc.). Lamise en correspondance avec des normes issues de la litteratureanglo-saxonne (ou autre) n’a pas pu etre effectuee, car la structuredu QERPE et celle de l’EMBU ne sont pas tout a fait comparables.

Discussion generale

Le but de l’etude etait de proposer un outil simple et concis enfrancais qui permet d’evaluer certaines dimensions des relationsparents-enfant importantes pour la progression sportive. La vali-dation d’une version en francais de l’EMBU (Perris et al., 1994),le QERPE, a ete entreprise a cette fin. La structure factorielle et laconsistance interne des echelles du QERPE ont ete testees, et unevalidation externe a ete realisee. Dans l’ensemble, les resultatsobtenus revelent que les qualites psychometriques de cet outil sontacceptables et qu’elles se comparent favorablement a la versionanglaise. Comme suite a ces premiers resultats, des applicationsulterieures a des populations variees seront utiles pour affiner lemodele et le tester.

Le QERPE presente neanmoins une validite psychometriquesuffisante pour etre utilisee en l’etat. Compte tenu du peu d’outilsen francais pour evaluer certaines dimensions des relationsparents-enfant qui sont pertinentes par rapport a la performance, cequestionnaire devrait contribuer a l’amelioration des connais-sances. La version ecourtee, qui ne contient plus que 21 elements,est un outil plus facile a administrer aux sportifs que la versionoriginale, et peut faire partie d’une batterie de questionnaires pourleur evaluation psychologique. De plus, sa structure est maintenantequilibree (sept elements par facteur), contrairement a la versionoriginale (15 elements pour l’echelle de soutien, 6 pour le rejet et6 pour la surprotection). Enfin, le travail presente met en relief lavalidite de l’outil pour l’evaluation des relations pere-enfant etmere-enfant.

L’etude de la validite externe du QERPE en confirme la bonneconsistance interne. Elle fait egalement ressortir les liens attendusentre les relations parents-enfant et des variables psychologiquesde l’enfant (anxiete et estime de soi) qui sont determinantes pourses performances.

Cependant, cette version en francais pourrait etre amelioree. Laconsistance interne de l’echelle « surprotection » (reponses con-cernant les peres) est peu elevee. L’echantillon de sportifs aurait puetre mieux cible (limite a une seule classe d’age, par exemple). Deplus, les sujets pratiquent des sports individuels ou collectifs. Cefacteur peut etre un biais dans la mesure ou les roles et l’impact desparents sont differents en fonction de la nature du sport. Toutefois,le recrutement des sportifs devait etre peu selectif afin de pouvoirrealiser une etude d’envergure (plus de 1000 sportifs).

Les resultats de cette etude ainsi que ses limites ouvrent la voiea d’autres recherches. Il semble necessaire d’etudier avec plus deprecision l’influence des parents selon le sport pratique parl’enfant et son age, au moyen du QERPE et d’echantillons desportifs plus cibles. Cette influence peut egalement etre analyseepar rapport a d’autres variables, comme le degre de motivation oud’ambition de l’enfant. Des etudes longitudinales seraient egale-ment utiles pour mieux cerner l’evolution des relations parents-enfant. Elles permettraient une analyse selon les differentes phasesdu developpement de l’enfant et de sa progression – sportive,artistique ou autre –, notamment a la periode delicate del’adolescence. Pour terminer, il est a noter que les correlations(0,82, 0,80 et 0,73; p � 0,001) entre les sous-echelles du QERPE(lorsque l’enfant ressent du soutien, du rejet ou de la surprotectionde la part de son pere, il en ressent egalement de la part de sa mere)remettent en question l’utilite de differencier les deux sous-echelles « comportements du pere » et « comportements de la mere». Une seule etude (Ross et al., 1982) utilisant une version de

Tableau 3Normes et principaux indices descriptifs du QERPE (n � 879)

Echelles Appui Rejet Surprotection

Reponses de l’enfant concernant Pere Mere Pere Mere Pere Mere

Score moyen 17,27 19,07 9,92 9,88 14,31 15,90Ecart-type score echelle 4,67 4,79 3,48 3,46 3,50 3,67Score maximum 28 28 22 21 26 28Score minimum 7 7 7 7 7 7

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l’EMBU a compare les comportements des peres et des meresressentis par les sujets. Les correlations sont egalement significa-tives (0,43 a 0,67; p � 0,001). Il serait peut-etre suffisant d’evaluerde facon globale les « comportements des parents ». Cette differ-enciation a neanmoins un interet dans le cadre d’etudes de cas. Elleest utile pour apprehender plus precisement les relations pere-enfant et mere-enfant. Elle permet aussi de distinguer les roles etles places de chacun des parents dans l’evolution de l’enfant. Desrecherches futures devront approfondir les differences entrel’influence du pere et celle de la mere, entre autres selon le sexe del’enfant. Enfin, le QERPE peut tout a fait etre servir a des do-maines autres que le sport, telle la reussite artistique ou scolaire.

Abstract

Parents have an influence on the evolution of their child andhis/her successes in school, sports or music. Their support byexample is critical. Some of their behaviours can also have anegative impact. Research aiming at better defining parents/childrelations and their influence on the successes and the well-being ofthe child is needed. To this end, the use of a questionnaire isprofitable. But there are few valid tools available in French. Theexisting tools do not focus on the evaluation of essential dimen-sions of child development. To palliate this deficiency, this articleaims at validating the QERPE (Questionnaire d’evaluation desrelations parents/enfant), the French translation of the EMBU(Egna Minnen Betraffende Uppfostran, Perris et al., 1980). Itunderscores the level of support, overprotection and reject felt bythe child by his parents. It is applied here in a relation parents/sport. The factor pattern (exploratory and confirmatory analysis)and the internal consistency of the QERPE have been tested, andan external validation has been made. Results show that the psy-chometrics quality of the QERPE is very acceptable.

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Reçu le 8 septembre 2005Révisé le 5 mai 2006

Accepté le 7 juillet 2006 �

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