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L’IMAGE DE LA PERCEPTION À L’INTERPRÉTATION PRÉJUGÉS : Le regard et la vision sont l’objet de préjugés tenaces répandus dans le grand public. Le regard serait objectif : Dans la hiérarchie des sens, le regard est affecté d’une plus grande capacité à traquer la vérité «...C’est vrai, je l’ai vu....» En conséquences, il serait pour tous identique : ce que je vois, mon voisin le voit également, et identiquement. le sens d’une image, puisque repéré par un sens incontestable et identique pour tous, ne ferait donc aucun doute. La raison d’être de ce cours est : de faire la démonstration, si cela est nécessaire, que tout cela est faux de faire un inventaire partiel des problèmes qui se posent dans la perception et l’interprétation des images. L’ŒIL Examinons d’abord l’instrument qui nous sert à voir : l’œil. Les réflexions et informations qui vont suivre s’appliquent à un oeil dit «sain», exempt de tares ou d’affections pathologiques. LŒIL EST UN OUTIL PHYSIOLOGIQUE : Il est donc imparfait. Cela signifie qu’il possède des limites dans chacun des aspects de ses performances. Toutefois, et, il s’agit d’un outil aux performances remarquables, adapté à notre condition humaine. LA RÉTINE, C’est la membrane qui tapisse le fond de l’œil. C’est à sa surface que se construisent les images grâce à des cellules spécialisées : Benoit-Gonin Claude / perception_interpretation.doc / 17/10/2008 / Page 1 / 16 Vision normale, myopie et presbytie Le pouvoir de réfraction du cristallin (sa capacité à faire converger les rayons lumineux) est tel que l'image d'un objet situé à l'«infini» (à plus de 5 m) se forme sur la rétine. Pour un objet proche, il se produit normalement une accommodation qui augmente la réfraction : le cristallin se courbe et empêche l'image de reculer. Dans la myopie, la réfraction est trop forte et l'image se forme en avant de la rétine. Dans la presbytie, en revanche, c'est le pouvoir d'accommodation qui devient insuffisant : l'image ne pourrait être nette qu'en arrière de la rétine.

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L’IMAGEDE LA PERCEPTION À L’INTERPRÉTATION

PRÉJUGÉS :Le regard et la vision sont l’objet de préjugés tenaces répandus dans le grand public.

Le regard serait objectif : Dans la hiérarchie des sens, le regard est affecté d’une plus grande capacité à traquer la vérité «...C’est vrai, je l’ai vu....»

En conséquences, il serait pour tous identique : ce que je vois, mon voisin le voit également, et identiquement.

le sens d’une image, puisque repéré par un sens incontestable et identique pour tous, ne ferait donc aucun doute.

La raison d’être de ce cours est : de faire la démonstration, si cela est nécessaire, que tout cela est faux de faire un inventaire partiel des problèmes qui se posent dans la perception et

l’interprétation des images.

L’ŒILExaminons d’abord l’instrument qui nous sert à voir : l’œil.

Les réflexions et informations qui vont suivre s’appliquent à un oeil dit «sain», exempt de tares ou d’affections pathologiques.

L’ŒIL EST UN OUTIL PHYSIOLOGIQUE :

Il est donc imparfait. Cela signifie qu’il possède des limites dans chacun des aspects de ses performances.

Toutefois, et, il s’agit d’un outil aux performances remarquables, adapté à notre condition humaine.

LA RÉTINE, C’est la membrane qui tapisse le fond de l’œil. C’est à sa surface que se construisent les images grâce à des cellules spécialisées :

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Vision normale, myopie et presbytie

Le pouvoir de réfraction du cristallin (sa capacité à faire converger les rayons lumineux) est tel que l'image d'un objet situé à l'«infini» (à plus de 5 m) se forme sur la rétine.

Pour un objet proche, il se produit normalement une accommodation qui augmente la réfraction : le cristallin se courbe et empêche l'image de reculer. Dans la myopie, la réfraction est trop forte et l'image se forme en avant de la rétine. Dans la presbytie, en revanche, c'est le pouvoir d'accommodation qui devient insuffisant : l'image ne pourrait être nette qu'en arrière de la rétine.

RÔLE DE LA RÉTINE Les photorécepteurs (cellules sensorielles) que sont les cônes et les bâtonnets de la rétine, transforment l'énergie des photons1 en message nerveux (voir œil)

Des cellules en «cône» spécialisées dans la vision diurne, des couleurs et des formes. Des cellules en «bâtonnet», spécialisées

dans la vision crépusculaire, et dans la

perception des différences d’intensité lumineuse.

La luminosité apparente d'un objet dépend du nombre de photons traversant l'œil. Si la longueur d'onde2 d'un rayonnement électromagnétique est inférieure ou supérieure à certaines limites, aucune impression visuelle ne sera générée.

CHAMP VISUEL : La partie de l'espace qu'un œil peut voir en restant immobile est son champ visuel. L'étendue du champ visuel binoculaire (des deux yeux ensemble) est un des critères de performance de la vision.

Le champ visuel binoculaire correspond à l'espace perçu par les deux yeux immobiles fixant droit devant. Il s'étend sur 120 degrés, encadré de part et d'autre d'un croissant de perception monoculaire de 30°.

Il est limité quoique large la vision centrale est spécialisée dans les tâches d’analyse La vision périphérique est spécialisée dans la perception des faibles luminosités.

(On considère que dans le noir absolu, l’œil humain serait capable de détecter, en vision périphérique, la lumière d’une bougie à 20 km)

L'ACUITÉ VISUELLE

Elle représente la capacité à distinguer deux points proches l'un de l'autre, à une distance donnée. Elle est maximale dans la région centrale du champ visuel, qui correspond sur la rétine à la MACULA (petit disque où les cônes sont nombreux).le pouvoir séparateur de l’œil est d’environ 7mm à 5 m

L'acuité visuelle est nulle dans une petite zone proche du centre du champ visuel appelée TACHE AVEUGLE, qui correspond sur la rétine à la papille (point de départ du nerf optique, dépourvu de photorécepteurs). Un sujet n'a pas conscience de l'existence de la tache aveugle, car celle-ci est de petite taille et, de plus, elle correspond à une portion du champ visuel qui se trouve dans le champ visuel de l'autre œil.

1 Comme pour la matière, la lumière est constituée de grains élémentaires de lumière appelés photons2 Caractéristique d’une vibration lumineuse. Chaque longueur d’onde correspond à une couleur. Les plus courtes sont rouges, les plus longues sont bleues. L’œil ne perçoit pas les longueurs d’ondes trop courtes (infra-rouge) ni les longueurs d’onde trop longues (ultra violet

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Détectez l’existence de la tache aveugle :Éloignez ce dessin à environ 30cm de vos yeux.Fixez le carré noir puis rapprochez lentement la feuille de votre visage.Le point noir de gauche doit à un moment disparaitre, puis réapparaître.

VOIES OPTIQUES On appelle voie optique la succession de neurones qui commence dans l'épaisseur de la rétine et se termine sur le cortex cérébral. Le nerf optique, né des neurones de la rétine, s'éloigne du globe oculaire et se termine au niveau d'une structure en forme de X, LE CHIASMA OPTIQUE, où se croisent une partie des fibres de chacun des deux nerfs.L’information optique, passe par différents centres nerveux, et se termine sur le lobe occipital (postérieur) de l'hémisphère cérébral du même côté.

VISION DES COULEURS :Elles sont perçues grâce aux cellules spécialisées que sont les «cônes». Il existe trois types de cônes chargés de percevoir :

1) le bleu / violet2) le vert3) le jaune / rouge

Cas du Daltonisme :, trouble de la vision qui se caractérise par une insuffisance congénitale de la perception des couleurs. Il s’agit d’une déficience plus ou moins complète d'un type de cône (cellule sensorielle de la rétine), sensible à une étroite gamme de couleurs : bleu-violet, vert, ou jaune-rouge. C'est plus particulièrement la perception du rouge ou du vert qui est altérée, partiellement ou totalement.

Test de vision des couleurs

Ce test est utilisé pour vérifier la bonne vision des couleurs. Les personnes dont la vision est normale voient le nombre 57, tandis que celles

qui sont daltoniennes voient le nombre 35. Le daltonisme, qui est une incapacité à distinguer le rouge du vert, ou parfois le jaune du bleu, est provoquée par un dysfonctionnement des cellules rétiniennes sensibles à une couleur donnée. Ce défaut affecte une personne sur trente.

Couleur et environnement :Contrairement à ce que l'on pourrait penser, notre œil ne voit pas la même couleur toujours de la même manière. L'environnement a une forte influence sur notre vision. Notre perception des couleurs est toujours faussée, parce que lorsque l'on regarde un objet, l'œil a tendance à "mesurer", à comprendre, à évaluer sa couleur en fonction de la scène qui l'entoure. Tout est affaire de contrastesExemples :

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Contraste de luminositéDans un environnement très clair, la pupille se ferme pour "réguler" le flux de lumière reçue. Dans l'obscurité, la pupille s'ouvre plus. Conséquence immédiate: la même couleur sera perçue plus foncée sur un fond clair que sur un fond sombre.

Le carré central semble d'un gris plus foncé à droite qu'à gauche.

Contraste de saturationPar une action d'opposition, nous évaluons la vivacité d'une couleur en fonction de la scène environnante. Une même couleur semble plus pâle si elle est entourée de couleurs soutenues que si elle est isolée dans un ensemble globalement fade, passé.

Le carré central paraît être d'un vert plus vif à droite qu'à gauche.

Contraste de teinteNous estimons la teinte d'une couleur en fonction des teintes environnantes.

Le "V" de gauche paraît bleu car entouré par du vert, mais à droite, plutôt vert car entouré de bleu.

La sensibilité aux couleurs varie avec le jour : • en vision diurne, le jaune et le rouge sont mieux perçus.• en vision crépusculaire, c’est le bleu Ex : ce qui explique l’utilisation du bleu dans les enseignes lumineuses)

Le temps dit de «latence». Toutes les couleurs ne parviennent pas à la même vitesse au cerveau. Cette période entre l’excitation, et la sensation, s’appelle : temps de latence. Il varie, avec la couleur.

Par l’ordre de vitesse de transmission : Rouge, puis vert, puis bleu.

Conséquences : Utilisation des couleurs dans la pub - Effet de choc

Systèmes de production et de vision des couleurs : La lumière blanche produite par le soleil ou un éclairage artificiel est composée, comme on peut s’en apercevoir lors d’un arc en ciel (ou en déviant un rayon lumineux par un prisme), d’un ensemble de rayonnements lumineux allant du rouge (en -dessous infra-rouge) au violet (au dessus ultra-violet).

Les couleurs sont constituées par synthèse (mélange) de couleurs initiales dites primairesIl existe deux systèmes de synthèse des couleurs

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Synthèse soustractive dite « CMJN » :la couleur est produite par absorption des longueurs d’ondes de couleur.C’est le système que pratique le peintre en mélangeant ses pigmentsLorsque la lumière blanche frappe une surface colorée, toutes les longueurs d’ondes sont absorbées par la matière sauf celles correspondant à la couleur de la surface frappée.C’est la lumière réfléchie qui donne la couleur à la surface.

Figure 1: roue chromatique CMJN

Synthèse additive dite « RVB » :La couleur est produite par addition de lumière.C’est le mélange de sources lumineuses qui produit l’ensemble des lumières visibles.C’est le système dans lequel fonctionne l’œil et des outils comme la télévision.

Figure 2 : roue chromatique RVB

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Couleur et champ visuel :La transmission de l’information concernant les couleurs en direction du cortex cérébral, varie également en fonction du placement de celles-ci par rapport à l’axe de vision central.

Lorsque l’objet coloré s’éloigne de celui-ci il sera plus ou moins bien perçu selon sa couleur.

LA VISION DU RELIEF

Il repose pour une grande part sur la vision binoculaire dite : stéréoscopique.A cela s’ajoutent la perception et l’analyse par l’œil et le cerveau d’un certain nombre d’indices : taille - parallaxe - etc., qui permettront de percevoir une partie du relief même avec un seul oeil.

Les stéréogrammes perceptif montrent que la vision du relief est une construction mentale puisqu’elle peut surgir d’un objet qui n’en possède pas.

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30°

45°

Le vert disparaît

Le bleu disparaît

Expérience du bouchon de stylo / Vision du relief et stéréogrammes (K7 120 : 36mn 33 à 41mn 34) / Examen de stéréogrammes à partir de bouquins,

EXISTE-T-IL DES LOIS DE LA PERCEPTIONPERCEPTION,

C’est le processus par lequel les stimulations sensorielles sont structurées en expérience utilisable. À un niveau de complexité relativement bas, porte sur des questions

• Comment une grenouille distingue-t-elle les mouches parmi les milliers d'autres objets de son environnement ?

• Comment le cerveau traduit des lumières clignotantes immobiles en une impression de mouvement ?

• Comment un artiste réagit aux couleurs et aux formes et traduit celles-ci dans sa peinture ?

Ce sont des questions, apparemment aussi simple que celles-là que la psychologie perceptive cherche à élucider.

En dépit du rôle fondamental que joue la perception dans la vie des hommes et des animaux, même les plus simples, ses mécanismes demeurent encore en grande partie obscurs, pour deux raisons principales :

• d'une part parce que les chercheurs n'ont pas entièrement réussi à décomposer la perception en unités analysables

• d'autre part parce qu'il est difficile d'obtenir ou de répéter des résultats empiriques et scientifiquement vérifiables, dans la mesure où l'étude de la perception est fondée sur le compte rendu subjectif et introspectif qu'en fait l'individu.

THÉORIES DE LA PERCEPTION

Théorie classique Un des phénomènes sur lesquels se sont penchés les chercheurs est le principe de la constance perceptuelle. Dès qu'un objet a été perçu comme une entité identifiable, il tend à être considéré comme un objet ayant des caractéristiques permanentes, en dépit des changements d'éclairage, de position ou de distance à laquelle il apparaît. Ainsi, bien qu'un objet produise une image rétinienne beaucoup plus petite à 20 m qu'à 100 m, il sera perçu comme ayant une taille intrinsèque.Selon la théorie de la perception classique formulée par le physiologiste et physicien allemand Hermann Ludwig Ferdinand von Helmholtz au milieu du XIXe siècle, la constance, tout comme la perception de la profondeur et la plupart des autres percepts, résulte de l'aptitude individuelle à synthétiser continuellement l'expérience passée et les signaux sensoriels présents. L'animal qui vient de naître ou l'enfant nouveau-né qui explorent le monde apprennent très vite à organiser ce qu'ils voient selon un schéma tridimensionnel, suivant en cela les principes découverts par Léonard de Vinci : la perspective linéaire, l'obstruction d'un objet lointain par un objet proche et l'augmentation du flou au fur et à mesure que s'éloignent les objets.À l'aide des signaux tactiles et auditifs, l'enfant apprend rapidement une foule d'associations spécifiques qui correspondent aux objets du monde physique. De telles associations ou percepts se produisent automatiquement et à une telle vitesse que même un adulte entraîné n'est pas en mesure de déchiffrer, même dans une faible mesure, les signaux visuels dont elles sont issues.Les tenants de la théorie classique de la perception pensaient que la plupart des percepts sont dérivés de ce qu'ils appelaient l'«inférence inconsciente de sensations inaperçues». C'est seulement en face d'une illusion ou de signaux visuels qui prêtent à confusion (par exemple, des voitures et des maisons vues d'avion ont la taille de jouets) que l'on prend conscience de telles sensations et de l'organisation des percepts. Une grande part de la recherche expérimentale sur la perception consiste à tester des sujets avec du matériel illusoire afin d'essayer de dissocier les unités « perceptuelles » individuelles de l'ensemble du processus.

Les théories de la forme ou « GESTALTISME ».Cette théorie est née en Allemagne vers 1911, à l’initiative du BAUHAUS3, est une des premières tentatives de réflexion sur une théorie de la perception des images et de leur analyse.Elle se fonde sur l’idée que la forme prime la culture.Devenue populaire au lendemain de la Première Guerre mondiale, le gestaltisme propose d'appréhender la perception non pas en analysant des unités isolées comme les différentes sensations, mais en considérant la totalité des formes (allemand «Gestalten») des processus mentaux. Dans cette optique, la véritable unité de perception est la forme, structure mentale qui tient ses attributs de la structure correspondante des processus cérébraux. Les expériences menées par les tenants de la Gestalt-théorie ont montré que la perception de la forme ne dépend pas de la perception des éléments individuels qui la composent. Ainsi, la forme carrée peut-elle être perçue dans une figure faite de quatre lignes rouges ou de quatre points noirs. De même,

3 mouvement artistique né en Allemagne dans les années 1910 à l’initiative de l’architecte Gropius

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l'esprit appréhende la musique non pas comme un composé de notes distinctes produites par divers instruments et voix mais d'après des lois d'organisation qui font que l'individu perçoit une unité organisée homogène du début à la fin.En dépit des importantes contributions du gestaltisme dans le domaine des processus d'apprentissage et de création, les comptes-rendus introspectifs sur lesquels il se fondait étaient trop subjectifs pour avoir vraiment valeur de science. De plus, les «processus physiologiques innés» auxquels les gestaltistes attribuaient leurs lois d'organisation ont été très critiqués.

Recherche actuelle Depuis le début des études sur la perception, les psychologues ont cherché à scinder le processus perceptif selon une ligne de partage inné-acquis. Les expériences montrant que des animaux ou des enfants en bas âge prenaient peur devant des «précipices optiques» étaient censés démontrer que la perception de la profondeur est innée. À travers d'autres expériences similaires, destinées à démontrer les capacités innées, les gestaltistes se sont efforcés de calculer les proportions innées et acquises du comportement perceptif.Depuis une époque récente néanmoins, nombreux sont les psychologues à avoir pris conscience de l'absence de scientificité de cette approche dichotomique, de surcroît peu apte à faire évoluer la recherche sur la perception. S'inspirant davantage de la théorie classique, ils affirment que la capacité perceptive provient de l'aptitude de l'animal ou de l'homme à organiser la totalité de son expérience, donc à inclure les nombreuses expériences de la croissance physiologique qui précèdent ce qui est communément considéré comme l'expérience formelle d'apprentissage. En fait, c'est par de multiples expériences antérieures qu'animaux et humains apprennent en quelque sorte à apprendre.Des chercheurs en psychologie expérimentale ont fait récemment une découverte qui offre quelque espoir d'élucider le mystère de la perception. Ils ont révélé que certaines cellules rétiniennes et nerveuses des amphibiens et des mammifères sont capables de reconnaître des formes et des mouvements spécifiques dans l'image rétinienne, et non pas seulement de réagir à une certaine quantité d'énergie lumineuse réfléchie par les objets. De telles cellules nerveuses et rétiniennes répondent à des formes particulières comme celles de disques ou d'anneaux, à des mouvements particuliers d'objets et à la stimulation simultanée de cellules situées au même endroit dans la rétine de chacun des yeux.

QUESTIONS AUTOUR DE LA PERCEPTION DES IMAGES

La perception d’une image serait immédiate, intuitive, et globale ?Ex : le jeu des sept erreurs.

Si la perception était ce que le titre 2.3.1 veut bien dire, alors ce jeu ne pourrait exister.Or pour démasquer les sept erreurs, il faut au spectateur, une lecture méthodique, ligne par ligne, point par point, zone par zone : une lecture non pas intuitive mais de type analytique.

Conséquences : la lecture des images nécessite pour qu’elle soit complète pertinente, une approche analytique

Le tout domine les parties

Voir transparent « lignes, triangles, et cercle »

le tout est différent de la somme de ses parties

retirer ou ajouter un élément à une image consiste à fabriquer chaque fois une image nouvelle.

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Le parcours du regard / K7 120 / 40mn03 à 50mnSur une photographie du photographe ABBA, prise

à BELFAST après u attentat, on enregistre les parcours du regard et le commentaire qui s’en

suivent chez divers spectateurs.

Léonard de VinciPortrait de Mona Lisa, dit La Jocondeentre 1503 et 1506huile sur panneau77 cm x 53 cm

LHOOQ - Marcel DUCHAMP1919 - Ready-made modifié : Crayon sur une reproduction de la Joconde. 19,7 x 12,4

Les éléments peuvent interagir et créer des troubles de la perception

des troubles de la vision des ligneshttp://ophtasurf.free.fr/illusionpage2.htm

Les interactions des lignes droites et courbes prennent en défaut notre interprétation de la linéarité ou de la mesure des objets.

des troubles de la vision des couleurs

des troubles dans l’interprétation du contenu de l’image

quelques lois simples et empiriques :

La loi de simplicité :les formes simples sont mieux perçues que les formes complexes

la loi de contour :les formes fermées sont mieux perçues que les formes ouvertes

loi de tailleles objets de grande taille sont mieux perçus que les petits

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Image de l’enfant vietnamien, avec le cache

Un objet est considéré comme occupant le champ de conscience, s’il occupe au moins 25 % du champ visuel binoculaire

la loi de symétrie :les formes symétriques sont mieux perçues que les formes dissymétriques

la notion de prégnance Déf : force d’un message par rapport à d’autres possibles.

DE LA PERCEPTION À L’INTERPRÉTATIONLE SENS EST FLOTTANT

Les images peuvent porter en elles une multiplicité de sens possibles.Toutefois, ces significations n’apparaissent que dans un espace limité par :

- les éléments constitutifs de l’imageEx : des traits blancs sur fond bleu = la mer, l’espace, le ciel, mais pas la forêt, l’automne, etc.- les références socioculturelles du spectateur qui projette dans l’image ses connaissances mais aussi ses expériences et ses désirsEx : ski plutôt que mer parce que je préfère la neige à la baignade.

IMPORTANCE DES FACTEURS SOCIOCULTURELS

L’interprétation de cette image se fait à partir :- de la connaissance que j’ai de Pasteur et de son travail- de l’identification que je fais de la carte sur l’écran- de l’image que les continents véhiculent ( Amérique du Sud = régimes militaires - enfants abandonnés - carnaval de Rio - Samba - Salsa - etc. - Afrique = misère, pauvreté, famine, épidémie, etc.)- des sentiments et des comportements que suscitent ces images culturelles (assistance - charité - soins - aide humanitaire- etc.

ANCRAGE DU SENS :Si les images ont u sens flottant, il peut être utile de trouver un moyen de donner au lecteur la possibilité de choisir entre toutes les pistes qui s’ouvrent à lui, restreignant par la même son champ de recherche et d’investigation, facilitant donc la réussite de sa démarche personnelle d’investigation du sens.

VERS LA NOTION DE SIGNE

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Diapositives Pasteur

Diapositives (3) SNCF

Diapositive Carrefour

Transparent sur visage / compotier

Diapositive : le bateau traité par un artiste

VERS UNE MÉTHODE D’ANALYSEPRÉAMBULE

Essai de mise en place d’une méthode d’analyse à partir d’un exemple : affiche sur le « Cinéma suisse ».

UN PEU DE VOCABULAIRE :

MOT DÉFINITION EXEMPLE (appliqués à l’affiche sur le cinéma

suisse)Signifiant forme naturelle d’un

signe - ce que je vois, j’entends, je lis.

Le signifiant est incontestable.

une pomme avec une fente

Signifié sens caché ou suggéré c’est ce à quoi le signifiant me fait penser.

une tirelire

Signe association d’un signifiant et d’un signifié

les économies

Sémiologie science de l’étude des signes

Cette science s’applique à bien d’autres domaines que la lecture des images (Ex : la médecine)

Dénotation c’est la description d’un message

il s’agit de l’inventaire des signifiants

pomme - fente - chocolat - vert - visage de profil - etc.

Connotation lecture dite « au second degré ».

Il s’agit de faire l’inventaire des signifiés

Code c’est le système de référence du signe

un ensemble auquel se rattache le signe examiné

dans une image, les codes socioculturels sont les signes visuels qui suggèrent l’appartenance d’un individu, à une classe sociale, une activité, à un mode de penséeEx : le costume cravate est un code social des métiers de l’encadrement dans l’entreprise.

Décodage c’est l’acte de découverte des codes

il doit permettre de comprendre les codes sur lesquels fonctionne cette image

Commutation opération consistant à remplacer un élément par un autre de la même famille

cette opération doit permettre de comprendre si l’objet lui-même est porteur de signification dans cette image

paradigme chaîne des éléments absents

ceux qui appartenant à la même famille, pourraient être utilisés dans une opération de commutation

la pomme appartient au paradigme des fruits

syntagme chaîne des éléments présents

ensemble des éléments présents dans l’image et qui ont entre eux une relation permettant la signification d’apparaître

la pomme + le profil = Guillaume Tell

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MÉTHODE /

Inventaire des signifiants (dénotation)

inventaire des signifiés probables, par l’intermédiaire :• des codes de l’image (décodage)• des figures de style :métaphore - métonymie - etc.

Chaque signifiant peut en effet renvoyer à un nombre plus ou moins grand de signifiés possibles :

Vérification de la pertinence des signifiés Il s’agit de déterminer dans l’ensemble des signifiés possibles celui ou ceux qui sont en cohérence avec le message.

Pour cela je dispose d’un certain nombre de moyens dont la procédure de commutation.

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LA POMME

Peut évoquer l’univers des fruits et de la pâtisserie.

Peut évoquer la campagne électorale de Jacques CHIRAC.

Peut évoquer l’idée du péché.

Peut évoquer (associée à la petite fente) l’univers de l’argent.

Associée au profil, peut évoquer le personnage de GUILLAUME TELL.

Celle-ci va permettre, par le remplacement de l’élément par un autre de la même famille, de vérifier la pertinence de l’élément dans le message. Faisons l’expérience à partir de l’affiche sur le

cinéma suisse, et à partir de la pomme.

je remplace la pomme par un autre fruit, absent de l’image :Question : est ce que le signe tirelire fonctionne toujours ? Si je remplace la pomme par une banane NONSi je remplace la pomme par une poire OUI

Si je remplace la pomme par un petit cochon OUI

Question : est-ce que le signe GUILLAUME TELL fonctionne toujours ? Si je remplace la pomme par une banane NONSi je remplace la pomme par une poire NON

Si je remplace la pomme par un petit cochon NON

Confirmation des signesJe peux alors choisir les signes qui semblent cohérents avec l’ensemble des éléments de l’image.

Il semble donc que l’élément pomme ait un rôle spécifique à jouer dans cette image particulière

Recherche des convergences de ces signesPour confirmer cela, il me faut vérifier que ce que je perçois est cohérent avec l’ensemble de l’image.

Pomme. Tirelire économies banques SUISSEPomme. Guillaume Tell SUISSEChocolat. SUISSEMontagnes enneigées.

alpes SUISSE

Interprétation :C’est seulement à l’issue de cette démarche effectuée sur l’ensemble des signes visuels, que l’on peut traduire, dans un texte écrit, ce que semble être le sens de cette image.

Ce texte interprétatif doit avoir pour ambition (utopique) que sa lecture permette de remplacer l’image

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ANNEXE 1 : DEFINITIONSSémiotique, science des systèmes de signes.

La réflexion sur le signe a une longue histoire dans la philosophie occidentale. C'est néanmoins au

début du XXe siècle que la réflexion sur les systèmes de signes s'est développée, sous le nom de «sémiotique», que lui a donné le philosophe américain Charles Sanders Peirce, ou de «sémiologie», qui est le terme utilisé par le linguiste suisse Ferdinand de Saussure.

La sémiotique et parfois confondue avec la sémiologie, mais le linguiste Greimas a, cependant, établi entre elles une hiérarchie en faisant de la sémiologie la théorie générale dans laquelle vient s'inscrire la sémiotique.

Malgré leurs différences, sémiologie et sémiotique reprennent la même distinction fondamentale, dans la description du signe, entre la signification de celui-ci (son contenu, son sens) et ce qui est le véhicule de cette signification (sa forme). Ce sont, chez Peirce, le signatum et le signans, et, chez Saussure, le signifié et le signifiant.

Peirce définit la sémiotique, conçue comme le fondement même de la logique, comme «la science des lois générales nécessaires des signes». Il a proposé une classification des signes en fonction de la nature des rapports existant entre signifiant, signifié et référent (l'objet du réel auquel renvoie le signe).

L'œuvre de Saussure a porté essentiellement sur le signe linguistique. La sémiologie, telle que Saussure l'évoque dans le Cours de linguistique générale, est «une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale […] nous la nommerons sémiologie (du grec sémeîon, «signe»)». Par la suite, Émile Benveniste a défini la langue comme étant l'interprétant de tous les autres systèmes sémiotiques, puisqu'il est impossible d'expliciter quoi que ce soit sans le langage.

La sémiotique ne se limite pas au signe linguistique; elle décrit les systèmes de signes au sein de la vie sociale en prenant en compte leur dimension conventionnelle (car c'est en vertu d'une convention spécifique à une époque et à un lieu qu'un signe signifie quelque chose) et le rôle joué par l'interprétant. C'est Peirce qui a théorisé la question du caractère conventionnel du signe, soulignant par ailleurs que le signe est une chose qui en représente une autre pour quelqu'un.

La sémiotique linguistique structurale a donné naissance à une sémiotique littéraire, qui est une sémiotique narrative. Elle a en effet trouvé ses principales applications dans l'étude de la narration. Elle a été illustrée notamment par les travaux de Roland Barthes, comme Essais critiques (1965), SZ(1970) ou Sade, Fourier, Loyola (1971), par ceux de A.J. Greimas, Du sens, essais de sémiotique (1970) et de Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale (1973

ANNEXE 2 : CODES DE L’IMAGE ET DU SCRIPTOVISUEL

CODES MATÉRIELS, TACTILES :Le support de l’image est-il perçu (papier – verre – tissu – etc.) ou non perçu (écran de cinéma par exemple)

CODES DE DÉFINITION :L’image est-elle très définie, très fouillée, de « haute résolution » ou imprécise, peu définie, granuleuse

CODES PROPRES À LA MISE EN PAGE :Ces codes portent sur le positionnement des éléments dans une page, situation comparée des éléments visuels et typographiques, positionnement, lignes de forces, etc.

Comment l’espace est-il occupé ? Espaces pleins et vides ? Composition statique ou dynamique ? Dominante claire ou sombre ?

CODES PHOTOGRAPHIQUES : Quel est le point de vue ? Échelle des plans, cadrage, angle de prise de vue, éclairage, couleur, composition de l’image,

profondeur de champ, etc.

CODES DE COULEURS Usage des couleurs, du noir et blanc ou d’une seule couleur. Couleurs chaudes ou froides ? Dominantes de couleurs

CODES GESTUELS, MORPHOLOGIQUES : Attitudes, poses, physionomies, gestes des personnages,

CODES TYPOGRAPHIQUES : Place du ou des textes Polices utilisées et puissance évocatrice de celles-ci Haut ou bas de casse Graisse, châsse, etc.

CODES RHÉTORIQUES ET GRAMMATICAUX : Ils appartiennent à « l’art de bien dire ». Ce sont les figures de style, propres au langage et

transposables, pour la plupart d’entre elles à l’univers du visuel ou scriptovisuel (métaphore – comparaison – métonymie – etc.)

Transgressions signifiantes des règles grammaticales

LES CODES LINGUISTIQUES : Liés au contenu même du texte, à la signification des mots, aux relations que ceux-ci peuvent

entretenir (jeux de mots – calembours – etc.) Qui parle ? A qui ? De quoi ? Comment ?

CODES SOCIOCULTURELS ET PROFESSIONNELS Ils apparaissent dans le décor, l’attitude corporelle des personnages, les vêtements,

l’architecture, etc. Ils sont constitués des multiples signes qui peuvent donner des indications sur le

positionnement social des protagonistes mis en scène dans la composition

CODES IDÉOLOGIQUES OU CULTURELS Symboles ou références propres à une civilisation, un univers culturel délimité ou identifiable (la

colombe de la paix – la baguette de pain, symbolique de la France – etc.) Ces codes renvoient aux valeurs et aux usages.

CODES RÉFÉRENTIELS : Codes visuels issus de l’univers du visuel pouvant influencer notre perception des images. On dira fréquemment « on dirait des images de ….. » renvoyant à un artiste, un style, une

époque, un procédé technique, etc…

CODES DE COMBINAISON DES MESSAGES : Rapport texte / image

Comment ces deux éléments de signification dialoguent-ils ? opposition – renforcement – complément – etc.

CODES DES STÉRÉOTYPES :Mode de codage s’appuyant sur des préjugés, des idées toutes faites, ou des représentations consensuelles permettant la compréhension, l’humour, la simplification, la caricature.