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Pour la psychologie classique, le moi s'identifie à la conscience, non en ce sens que je sois constamment pleinement conscient de moi, mais que je suis toujours susceptible de prendre conscience de ce que je suis. Ainsi la psychologie classique reconnaît-elle un inconscient normal constitutif du moi, recouvrant tout ce qui n'est pas actuellement présent à la conscience et que l'on divise traditionnellement, selon les différents plans ou niveaux de conscience...
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L’INCONSCIENTFormateur : Yves LIOGIER
Collection Philosophique
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à l’auteur. Dépôt légal : Septembre 2013
L’INCONSCIENT
Au sens large, l’inconscient recouvre tout ce qui n’est pas doué
de conscience ou n’est pas saisi par elle.
Substantif, l’inconscient est pratiquement toujours pris dans les
sujets au sens freudien d’un psychisme inconscient.
Collection Philosophique
1
Avant-propos
L’INCONSCIENTAntinomique de la CONSCIENCE,
l’inconscient renvoie comme en négatif aux mêmes notions que cette dernière.
Néanmoins, on observera que l’inconscient tel que l’a défini Freud est en rapport avec le
passé et la MÉMOIRE de l’individu, et qu’il tient une place importante dans l’explication
du DESIR, des PASSIONS, et de l’ILLUSION (par exemple celle que
constituerait la religion) ; que ses manifestations forment un discours, qu’il est
donc producteur de SENS et possède un LANGAGE, et que L’ART est l’un des modes
privilégiés de son expression. Collection
Philosophique2
Avant-propos
L’INCONSCIENT
L’existence de l’inconscient est-elle une hypothèse ou une
certitude ?
Collection Philosophique
3
Avant-proposQuestion
Question classique…
Autres formulations proches :
« Peut-on refuser l’idée
d’un inconscient psychique ? »
ou « Sur quelles raisons pouvons-nous nous appuyer pour admettre l’existence d’un
inconscient ? »
ou plus lointaines (comme « Le moi s’identifie-t-il à la conscience ? »).
L’INCONSCIENT
L’existence de l’inconscient est-elle une hypothèse ou une
certitude ?
Collection Philosophique
4
Avant-proposQuestion
Il s’agit pour nous bien évidemment ici,
1) de formuler l’hypothèse de l’inconscient, c’est-à-dire de définir ce
qu’il est et ses activités.
2) d’étudier les arguments sur lesquels s’appuie cette hypothèse.
3) de les soumettre à la critique.
L’INCONSCIENT
a) L’inconscient classique
Collection Philosophique
5
Avant-proposQuestion
Introduction
Pour la psychologie classique, le moi s’identifie à la conscience, non en ce
sens que je sois constamment pleinement conscient de moi, mais que je suis toujours susceptible de prendre
conscience de ce que je suis.
L’INCONSCIENT
a) L’inconscient classique
Collection Philosophique
6
Avant-proposQuestion
Introduction
Ainsi la psychologie classique reconnaît-elle un inconscient normal constitutif du
moi, recouvrant tout ce qui n’est pas actuellement présent à la conscience et que l’on divise traditionnellement, selon
les différents plans ou niveaux de conscience, en :
L’INCONSCIENT
a) L’inconscient classique
Collection Philosophique
7
Avant-proposQuestion
Introduction
Inconscient primitif
ou ensemble des comportements héréditaires assurant les adaptations
vitales élémentaires
(actes réflexes et instincts).
L’INCONSCIENT
a) L’inconscient classique
Collection Philosophique
8
Avant-proposQuestion
Introduction
Préconscient
incluant tout ce qui n’est pas saisi par la conscience, mais reste susceptible de
l’être, par exemple une passion inconsciente
(cf. notamment l’inconscient bergsonien, Matière et Mémoire, III).
L’INCONSCIENT
a) L’inconscient classique
Collection Philosophique
9
Avant-proposQuestion
Introduction
Subconscient
comprenant ce qui est faiblement conscient ou senti d’une manière obscure (demi-conscience
dans le sommeil) ; perceptions faibles (cf. les « petites perceptions » de Leibniz) ; travail
« souterrain » des idées, etc.
(cf. Auguste Comte : « La pensée qui travaille est inconsciente d’elle-même. »).
L’INCONSCIENT
a) L’inconscient classique
Collection Philosophique
10
Avant-proposQuestion
Introduction
Il est évident que l’existence de l’inconscient ainsi entendu ne saurait
sérieusement être mise en doute.
Mais à cette conception traditionnelle de l’inconscient s’ajoute celle, plus
problématique, de Freud et de l’école psychanalytique.
L’INCONSCIENT
b) L’inconscient freudien
Collection Philosophique
11
Avant-proposQuestion
Introduction
Selon Freud, en effet, la conscience ne constitue pas l’essence du psychisme :
au système possédant des contenus, des mécanismes et une énergie
spécifiques, et qui forme un « lieu psychique » particulier.
L’INCONSCIENT
b) L’inconscient freudien
Collection Philosophique
12
Avant-proposQuestion
Introduction
Freud a varié dans la définition de cet inconscient : dans la première topique
(1900-1920), il est constitué de contenus refoulés n’ayant pu accéder au système du
préconscient et du conscient ; dans la seconde topique (1923), Freud use du terme
inconscient pour qualifier le ça (es), mais aussi pour une part le moi (ich) et le surmoi
(überich).
L’INCONSCIENT
b) L’inconscient freudien
Collection Philosophique
13
Avant-proposQuestion
Introduction
-Le ça, totalement inconscient, est le réservoir des instincts fondamentaux,
des pulsions, des désirs. -Il est régi par le seul principe de plaisir.
L’INCONSCIENT
b) L’inconscient freudien
Collection Philosophique
14
Avant-proposQuestion
Introduction
-- Le moi, qui constitue la conscience, a pour fonction d’adapter les pulsions du
ça aux conditions imposées par le monde extérieur.
- Il est donc régi par le principe de réalité.
L’INCONSCIENT
b) L’inconscient freudien
Collection Philosophique
15
Avant-proposQuestion
Introduction
-- Le surmoi, qui est formé par l’intériorisation des exigences et des
interdits sociaux, est la conscience morale, le juge et le censeur du moi.
L’INCONSCIENT
b) L’inconscient freudien
Collection Philosophique
16
Avant-proposQuestion
Introduction
-Lorsqu’une pulsion, issue du ça, ne peut être acceptée par le surmoi, elle se
trouve repoussée et maintenue dans l’inconscient par le moi.
-Et ce processus de refoulement est en partie ou totalement inconscient.
L’INCONSCIENT
b) L’inconscient freudien
Collection Philosophique
17
Avant-proposQuestion
Introduction
- Le moi, conscience psychologique, apparaît donc comme dépendant des exigences du ça
(instincts, pulsions, désirs) et des impératifs du surmoi, en grande partie inconscients
(obligations morales, tabous). - Il « est soumis à une triple servitude, et de ce
fait est menacé par trois sortes de dangers : celui qui vient du monde extérieur, celui de la
libido du ça et celui de la sévérité du surmoi » - (Essais, Sigmund Freud).
L’INCONSCIENT
b) L’inconscient freudien
Collection Philosophique
18
Avant-proposQuestion
Introduction
-C’est bien d’un tel inconscient dont on peut se demander si l’existence est une
hypothèse ou une certitude.
-Car si l’inconscient est irréductible à la conscience, comment pouvons-nous
l’appréhender ?
L’INCONSCIENT
a) L’inconscient existe puisqu’il se manifeste
Collection Philosophique
19
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
-Freud a pu dire que l’inconscient est « un mécanisme psychique dont nous sommes forcés de reconnaître
l’existence parce que nous la déduisons de ses manifestations, mais duquel nous ne savons rien ».
- Ainsi les raisons sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour admettre l’existence d’un inconscient
seraient ses manifestations.
- Quelles sont-elles ?
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
20
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
- Les phénomènes post-hypnotiques
- Les expériences d’hypnose que le jeune Freud avait vu pratiquer sur des malades du Professeur
Bernheim à Nancy, dans lesquelles le sujet accomplit après son réveil un ordre dont il ne
garde pourtant aucun souvenir, l’ont conduit à admettre l’existence d’un psychisme inconscient
qui intervient dans la vie consciente.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
21
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
-Les phénomènes post-hypnotiques
-En dehors de ces situations artificielles, l’inconscient, qui constitue un élément
fondamental de la vie psychique, se manifeste constamment (au travers de la censure refoulante du surmoi) dans la vie
quotidienne, normale ou pathologique.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
22
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
- Les rêves
-Si pour Freud « l’interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de
l’inconscient dans la vie psychique », c’est que, pendant le sommeil, l’instance
refoulante du moi « diminue sa vigilance » et laisse ainsi parler l’inconscient.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
23
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
- Les rêves
- Et, en effet, je rêve de ce à quoi je refusais de penser durant la veille, ce dont je ne voulais pas
prendre conscience.
- Cependant le « discours » de l’inconscient peut-être à ce point insupportable pour le moi qu’il
nécessitera un travestissement pour franchir la censure, qui n’est qu’atténuée, du surmoi.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
24
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
-Les rêves
-Le rêve possède ainsi un « contenu latent », qui est lui-même la source du
rêve, et un « contenu manifeste » exprimant de manière plus ou moins voilée
ou détournée le contenu latent.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
25
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
- Les rêves
- Le « langage » du rêve se caractérise par :
- - Le déplacement, par lequel la « charge physique » passe d’une représentation à l’origine fortement
investie, et donc refoulée, à d’autres représentations dont la tension est faible, permettant ainsi à la première
de franchir le seuil de la conscience. Il y a alors remplacement d’une image trop franche par une autre
qui lui est liée, mais la masque.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
26
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
- Les rêves
- Le « langage » du rêve se caractérise par :
- - La condensation, qui est une représentation unique recouvrant à elle seule plusieurs chaînes associatives dont elle constitue en quelque sorte
l’intersection. Une même image possède de multiples significations : le contenu manifeste
condense ainsi le contenu latent.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
27
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
- Les rêves
-Le « langage » du rêve se caractérise par :
-- La symbolisation, qui est le fait que le désir se manifeste par le biais d’images qui en sont
des représentations indirectes. Par exemple, le départ de quelqu’un peut symboliser sa mort.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
28
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
- Les actes manqués
- Pour Freud « certaines insuffisances de notre fonctionnement psychique […] et certains actes en apparence non-intentionnels se révèlent, lorsqu’on
leur applique l’examen psychanalytique, comme parfaitement motivés et déterminés par des raisons qui échappent à la conscience ». Ces
raisons relèvent donc d’un inconscient dont ces actes constituent les manifestations.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
29
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
- Les actes manqués
- Ces « actes manqués » sont : -- Les « souvenirs-écrans » ou « souvenirs de
couverture » ; ce sont des souvenirs d’enfance, à la fois nets et d’un contenu en apparence insignifiant, qui recouvrent des
expériences (souvent sexuelles) refoulées ou des fantasmes inconscients.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
30
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
-Les actes manqués
-Ces « actes manqués » sont : -Ces souvenirs-écrans « représentent les
années oubliées de l’enfance aussi justement que le contenu manifeste des
rêves en représente les pensées ».
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
31
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
-Les actes manqués
-Ces « actes manqués » sont : -- Les oublis. Ils peuvent être :
-- des oublis d’impressions et de projets ; -- des oublis de noms propres, de mots ou
de suites de mots dans sa langue maternelle ou dans une langue étrangère.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
32
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
- Les actes manqués
- Ces « actes manqués » sont : - L’oubli s’explique par une résistance s’opposant au
souvenir ou à la représentation d’idées pénibles pour le moi et refoulées par ce dernier. Un nom est oublié soit
parce qu’il évoque lui-même directement une chose désagréable refoulée, soit parce qu’il se rattache par association (phonologique ou sémantique) à un autre
nom évoquant cette chose désagréable.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
33
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
- Les actes manqués
- Ces « actes manqués » sont :-
- - Les lapsus de la parole ou les erreurs de lecture et d’écriture. Selon Freud, de nombreux lapsus ne
reposent pas sur des lois de relations tonales ; ils ne sont pas le fruit « de l’action de contact exercée par les
sons les uns sur les autres, mais d’idées extérieures à l’intention qui dicte le discours » et qui ne peuvent
relever que d’un inconscient.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
34
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
- Les actes manqués
- Ces « actes manqués » sont :-
- - Les conduites d’échec. L’échec, attribué à l’inattention ou au hasard, de conduites que l’on réussit habituellement, constitue en fait
une représentation symbolique d’une pulsion ou d’une idée refoulée.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
35
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
- Les actes manqués
- Ces « actes manqués » sont :-
- - Les actions symptomatiques (habitudes de jouer avec son alliance ou sa montre, de se tirailler les cheveux ou la barbe, etc.) qui expriment quelque
chose que l’auteur de l’action lui-même ne soupçonne pas et qu’il a généralement l’intention de garder pour lui, au lieu d’en faire part aux autres ».
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
36
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
-Les conduites névro-psychotiques
-Les névroses, qui marquent un trouble psychique ne relevant d’aucune lésion
organique ni d’aucune cause reconnue par le sujet, ne peuvent s’expliquer que par une situation conflictuelle entre des mécanismes
de défense du moi et des désirs inconscients.
L’INCONSCIENT
b) Les diverses manifestations de l’inconscient
Collection Philosophique
37
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
Freud
-Les conduites névro-psychotiques
-De même les psychoses ne peuvent se comprendre que par une rupture entre le
moi et la réalité, puis par une reconstitution délirante de cette réalité par
le moi, en fonction d’exigences pulsionnelles inconscientes.
L’INCONSCIENT
a) Une pétition de principe ?
Collection Philosophique
38
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
-L’analyse freudienne n’est-elle pas dans une large mesure une pétition de principe ?
-N’est-ce pas parce qu’il présuppose l’existence de l’inconscient que Freud peut
en découvrir les « manifestations » ?
- Ainsi :
L’INCONSCIENT
a) Une pétition de principe ?
Collection Philosophique
39
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
- les études neuro-physiologiques sur les mécanismes du sommeil et du rêve ont infirmé
la thèse freudienne. - Le rêve ne serait pas un « discours » mais
plutôt une activité cérébrale à fonction « reprogrammatrice »
- - Cf. Morin et Piattelli-Palmarini, L’Unité de
l’homme, II. Le cerveau, chap. 2 (Point Seuil) ;
L’INCONSCIENT
a) Une pétition de principe ?
Collection Philosophique
40
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
- Les actes manqués ne peuvent révéler l’existence de l’inconscient que si l’on postule
qu’ils sont signifiants et constituent un discours. - Mais dire qu’ils forment un discours, c’est
présupposer qu’existe ce sujet dont on voulait démontrer l’existence.
- Or on peut tout aussi légitimement les considérer comme insignifiants au sens propre
du mot.
L’INCONSCIENT
b) Une hypersémantisation aberrante ?
Collection Philosophique
41
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
-On pourra donc reprocher à la psychanalyse de fonder sa théorie de
l’inconscient grâce à une hypersémantisation (c’est-à-dire
l’attribution d’une signification à tout fait considéré) qui s’appuie notamment sur
une hypersymbolisation.
L’INCONSCIENT
b) Une hypersémantisation aberrante ?
Collection Philosophique
42
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
-Ainsi Alain y voit-il une véritable idolâtrie des signes : « Le freudisme, si fameux, est
un art d’inventer en chaque homme un animal redoutable, d’après des signes tout
à fait ordinaires. »
-(Eléments de philosophie, pp. 146-147).
L’INCONSCIENT
b) Une hypersémantisation aberrante ?
Collection Philosophique
43
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
- Tout sera signifiant jusqu’à l’absence de signifiants puisque le discours de l’inconscient est censé se
constituer essentiellement à l’intérieur du discours conscient par des failles, des incohérences, des lacunes.
- Cf. Lacan : « L’inconscient est cette partie du discours concret en tant que transindividuel qui fait défaut à la
disposition du sujet pour rétablir la continuité de son discours conscient […] L’inconscient est ce chapitre de
mon histoire qui est marqué par un blanc ou occupé par un mensonge : c’est le chapitre censuré. »
- (Ecrits, pp. 258-259).
L’INCONSCIENT
b) Une hypersémantisation aberrante ?
Collection Philosophique
44
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne - A quoi l’on pourra objecter que si l’inconscient-
discours se constitue de ces incohérences, de ces « blancs », de ce qui ne fait pas sens dans le sens
du discours, il ne paraît pas possible de le décrypter. Le déchiffrer n’est-ce pas donner du
sens à ce qui par définition « fait défaut », échappe au sens, à ce qui est « ab-sens » ?
-Dans ces conditions n’est-il pas contradictoire de faire parler l’inconscient ?
- Mais dès lors qu’il ne parle plus, sur quoi établirais-je son existence ?
L’INCONSCIENT
c) La psychanalyse comme pseudo-science : Karl Popper
Collection Philosophique
45
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
-Cette hypersémantisation fait de la psychanalyse un système herméneutique,
ou interprétatif, qui en tant que tel apparaît irréfutable.
-Et c’est précisément cette irréfutabilité qui, selon Karl Popper, relègue la psychanalyse au rang de pseudo-science, au même titre
que, par exemple, l’astrologie.
L’INCONSCIENT
c) La psychanalyse comme pseudo-science : Karl Popper
Collection Philosophique
46
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
-Pour Popper, en effet, une théorie scientifique ne peut jamais être vérifiée (c’est-à-dire qu’on
ne peut jamais dire qu’elle est absolument vraie), mais seulement « falsifiée », c’est-à-dire réfutée (on peut dire, en se fondant sur tel(s) fait(s) que telle théorie est démontrée fausse, tandis que telle autre ne l’est pas et
peut donc être (provisoirement) acceptée, jusqu’à ce que de nouveaux faits l’infirment).
L’INCONSCIENT
c) La psychanalyse comme pseudo-science : Karl Popper
Collection Philosophique
47
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
-Une théorie véritablement scientifique doit donc énoncer les conditions dans lesquelles
elle devrait être tenue pour fausse. -Or la psychanalyse est incapable d’énoncer
ces conditions : elle sera au contraire toujours apte à interpréter n’importe quel
fait comme la justifiant : même des faits parfaitement contradictoires seront toujours
susceptibles de la confirmer.
L’INCONSCIENT
c) La psychanalyse comme pseudo-science : Karl Popper
Collection Philosophique
48
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
-Dans ces conditions, la doctrine freudienne de l’inconscient non seulement
ne saurait être certaine, mais encore ne doit être considérée que comme une théorie non scientifique, une simple
mythologie.
L’INCONSCIENT
d) L’inconscient comme mauvaise foi :
Sartre
Collection Philosophique
49
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
-Dans une autre perspective, Jean-Paul Sartre rejette l’inconscient freudien comme
n’étant que la « mauvaise foi » hypostasiée et choséifiée
-(cf. L’Être et le Néant, pp. 88-93).
L’INCONSCIENT
d) L’inconscient comme mauvaise foi :
Sartre
Collection Philosophique
50
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
- Qu’est-ce que la mauvaise foi ?
- C’est un mensonge à soi-même, « pour fuir ce qu’on ne peut pas fuir, pour fuir ce que l’on est ».
- Or, le recours à l’inconscient me justifie et me débarrasse du fardeau de ma liberté en
m’expliquant que je suis déterminé par une petite entité psychique que je ne contrôle pas, que je ne
suis donc pas pleinement responsable de mes actes, de mes choix.
L’INCONSCIENT
d) L’inconscient comme mauvaise foi :
Sartre
Collection Philosophique
51
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
-Qu’est-ce que la mauvaise foi ?
-Subterfuge en vérité, puisque, si l’on y réfléchit, le prétendu inconscient nous apparaît comme largement conscient.
-De fait, « la censure, pour appliquer son activité avec discernement, doit connaître
ce qu’elle refoule. »
L’INCONSCIENT
d) L’inconscient comme mauvaise foi :
Sartre
Collection Philosophique
52
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne
- Qu’est-ce que la mauvaise foi ?
- « Si nous renonçons en effet à toutes les métaphores représentant le refoulement comme un choc de forces aveugles, force est bien d’admettre
que la censure doit choisir et, pour choisir, se représenter.[…] En un mot, comment la censure discernerait-elle les impulsions refoulables sans
avoir conscience de les discerner ? »- (cf. L’Être et le Néant, p.91)
L’INCONSCIENT
L’analyse sartrienne ne refuse cependant pas toute idée d’inconscient.
Pour elle, ce dernier est la « limite » que constitue « la structure de la conscience en
général » (p. 539).
Celle-ci ne peut donc plus apparaître comme l’effet de celui-là.
L’inconscient n’est pas en moi en tant que « contenu », mais il est moi : il est l’ensemble des traces, des marques de mon vécu qui ont
modelé ma manière d’être au monde.
Collection Philosophique
53
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne Remarque
L’INCONSCIENT
Mais ce passé, nous ne le « recevons » pas.
« Pour que nous « ayons » un passé, il faut que nous le maintenions à l’existence par
notre projet même vers le futur […] ; mais la nécessité de notre contingence implique que nous ne pouvons pas ne pas le choisir.
C’est ce que signifie « avoir à être son propre passé ».
Collection Philosophique
54
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne Remarque
L’INCONSCIENT
« On voit que cette nécessité, envisagée ici du point de vue purement temporel, ne se distingue
pas, au fond, de la structure première de la liberté qui doit être néantisation de l’être qu’elle est et
qui, par cette néantisation même, fait qu’il y a un être qu’elle est » (p. 578).
Ainsi étant le « choix d’une fin en fonction du passé », la liberté n’est nullement incompatible
avec la conception sartrienne de l’inconscient qui permet de fonder une « psychanalyse existentielle cherchant à déterminer le choix original » (p. 657)
Collection Philosophique
55
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne Remarque
L’INCONSCIENT
Rêves, actes manqués, etc., la psychanalyse avance de nombreuses
raisons pour admettre l’existence d’un inconscient tel que l’a défini Freud et qui contredit l’idée que le moi s’identifie à la
conscience.
Collection Philosophique
56
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne Remarque Conclusion
L’INCONSCIENT
Cependant aucune de ces raisons ne paraît avoir valeur de preuve au sens strict.
L’existence de cet inconscient n’est donc qu’une hypothèse, fortement contestée,
non une certitude scientifique.
Collection Philosophique
57
Avant-proposQuestion
IntroductionLes preuves de l’inconscient de
FreudCritique de la
théorie freudienne Remarque Conclusion
L’INCONSCIENTFormateur : Yves LIOGIER
Collection Philosophique
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à l’auteur. Dépôt légal : Septembre 2013
C’était un cours de philosophie
Merci pour votre participation active
« L’inconscient est une méprise sur le Moi, c’est une idolâtrie du corps »
Alain, Elements de philosophie.