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FÉVRIER- MARS 2011 — NUMÉRO 14 — DISTRIBUÉ GRATUITEMENT — LE JOURNAL DES ÉLÈVES DU LYCÉE ÉDOUARD BRANLY DE NOGENT- SUR-MARNE RÉVOLUTIONS ARABES, NOTRE MISE AU POINT P.4 http://inebranlablebranly.free.fr/ CHANGEMENT DE GÉNÉRATION AU JOURNAL L’INÉBRANLABLE RECRUTE RÉUNION JEUDI 17 MARS À 17H

L'Inébranlable - Numéro 14

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Le quatorzième numéro du journal des élèves du lycée Édouard Branly, de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne, France)

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Février-mars 2011 — Numéro 14 — Distribué gratuitemeNt — Le jourNaL Des éLèves Du Lycée éDouarD braNLy De NogeNt-sur-marNe

RÉVOLUTIONS ARABES,NOTRE MISE AU POINT P.4

http://inebranlablebranly.free.fr/

CHANGEMENT DE GÉNÉRATION AU JOURNALL’INÉBRANLABLE RECRUTE

RÉUNION JEUDI 17 MARS À 17H

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2 L’iNébraNLabLe, Février-mars 2011, Numéro 14BRANLY EN BREF

Chers Branlyiens et Branlyiennes, je sais que c’est lointain, mais essayez de reve-

nir un peu en arrière, c’est-à-dire avant les vacances. Oui je sais que c’est dur pour vous, adolescents au cerveau peu avancé, mais essayez. Et si ça ne vous revient pas, je vais vous le rappeler. C’est la fameuse semaine où des bananes se sont baladées dans le lycée. Il était (presque) normal de changer de bâti-ments en pyjama, une peluche à la main, d’être habillé à la manière des jeunes améri-cains et américaines ou encore d’être fringué comme un parfait Cyprien.Mais oui, je parle bien entendu de la photo de classe prise pour la plupart d’entre vous peu avant la semaine des contrôles com-muns, mais ne parlons pas de malheurs. Vous avez donc pu découvrir vos petites têtes le 1er  mars. Vous vous êtes précipités sur la photo de votre classe, ou celles de vos amis, comme si l’acteur ou actrice de vos rêves se trouvait devant vous et qu’il vous fallait abso-lument un autographe... OH JOHNNNNNNY... Mmh, passons. Vous pourrez bientôt recevoir cette photo pour un prix raisonnable, et vous rentrerez chez vous pour montrer à votre maman qui est ce fameux Jean-Charles qui cause tant d’ennuis au prof de maths.Ah quelle bande de joyeux lurons ces ly-céens ! Presque tous se sont prêtés au jeu, et peu d’entre eux n’ont pas répondu à l’appel du loufoque et du ridicule. Les gens que je croisais parlaient de ces fameuses bananes qui se baladaient dans le lycée ou d’un moine shaolin orange FLUO ! Mais bien sûr n’oublions pas les Terminales qui sont même capables de rentrer pendant un cours de Bio-logie, d’embrasser Mme Jezequel, lui laissant

une beeeelle trace de rouge à lèvres sur la joue, la soulever, la câliner et partir en hur-lant dans toute la classe. Les secondes, petits nouveaux, ont eu d’ex-cellentes idées et c’est tout à leur honneur : il est vrai que se balader en pyjama redonne un côté enfantin à ce lycée. Grease était le thème d’une classe de première et les élèves étaient particulièrement élégants ! Pour les classes qui n’ont pas vraiment eu de thème, il faut savoir qu’il vaut mieux que tout le monde soit « normal » plutôt que d’avoir seulement une ou deux personnes qui jouent le jeu. À ce moment on peut dire que le ridicule tue, ou encore pire (pour certains/certaines) il nuit gravement à votre image.

Par contre, les idées de dernière minute sont souvent les meilleures. Une bonne phrase peut définir toute une classe de S, comme la 1S3, qui au dernier moment a su porter le digne (euh) espoir de tous les scienti-fiques du lycée : « QU’EST CE QU’ON FOUT EN S... » Il suffit de deux heures de perm’, de quelques élèves qui discutent, d’une idée, d’une phrase, de feuilles blanches et d’un stylo et le tour est joué ! Malheureusement ils n’ont pas eu le temps de colorier toutes les lettres, donc certaines n’apparaissent pas sur la photo. Rester sérieux sur une photo de classe permet de donner un style à celle-ci. Une chemise à carreaux, les cheveux lissés, des lunettes sur les yeux et le sourire pincé : vous voilà déguisés en parfait intello. C’est l’idéal si toute la classe est d’accord pour le faire.

Mais la photo de classe ne sert pas qu’à échapper à un cours de maths ou un cours de français. C’est pour garder une pho-to souvenir que vous montrerez à vos petits-enfants en leur hurlant dans les oreilles : « Tu vois, ça c’est papi, il a été jeune à un moment lui aussi ! » Ainsi dans quelques années vous ressortirez (ou pas) une des photos de classe et vous vous direz : « Qu’est ce que c’était fa-cile à c’t’époque ! » La photo, c’est surtout le moment de se lâcher, de mettre tout et n’im-porte quoi, de se tartiner la figure de toutes sortes de maquillage, d’avoir l’air... débile en fait. C’est un moment de détente où l’on peut se moquer ouvertement de soi-même et des autres par la même occasion (ce qui plaira

aux commères), où la classe peut se montrer unie, autour d’un thème amusant. Petit bémol notable : très peu de professeurs (pour ne pas dire aucun) se déguisent. Pourtant, certains profs seraient sûrement enthousiastes à l’idée de s’habiller de manière étrange ! Mais vous imaginez, vous, votre prof de maths, déguisé en John Travolta, une bande de filles autour de lui, l’admirant pendant qu’il chanterait en vous pointant du doigt : « You’re the one that I want, you’re the one that I really want, ouh, ouh, ouh, honey  »   ? N'allons pas trop loin tout de même.

Blanche

Pour acheter votre photo de classe : remettez un chèque de 6€ à l’ordre du FSE (avec votre nom, prénom, et classe au dos) à vos délégués avant le 28 mars.

les idées de dernière minute sont souvent les meilleures

LES PHOTOS DE CLASSESONT ARRIVÉES

L’Inébranlable. Journal des élèves du lycée Édouard Branly, Nogent-sur-Marne.Quatorzième numéro. Février-mars 2011. Distribué gratuitement. 500 exemplaires.Site internet : http://inebranlablebranly.free.fr/ - Adresse électronique : [email protected] - Adresse postale : 14, rue de la République. 94360 Bry-sur-Marne. Directeur de publication : Mathias Mora. Rédactrice en chef : Eve Zuckerman. Directeur des relations externes : Cantien Collinet.Trésorier : Jules Bouté. Correcteur : Mathias Mora. Maquettiste : Cantien Collinet.Ont participé à ce numéro : Dolly Alberto, Solène Baron, Cantien Collinet, Claire Eladoui, Igor Deazevedo, Oliver Giggins, Chloé Moukourika, Camille Schott, Maude Sebaihi, Carla Taïeb, Clémence Vernhes, Eve Zuckerman.Illustrations de Sophie Ren.Remerciements à M. le proviseur et à son secrétaire, à Mme Pereira, ainsi qu’aux profs qui ont participé malgré eux à l’article sur leurs perles.

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3L’iNébraNLabLe, Février-mars 2011, Numéro 14 BRANLY EN BREF

Une bataille d’œufs entre lycéens de Branly a vite perdu son ambiance festive mardi

dernier quand la police municipale est arri-vée devant le lycée. Organisée auparavant sur Facebook, le lancer d’œufs était prévu pour 16h, entre amis. « On m’a fait passer le message comme quoi fallait ramener quelque chose à balancer », raconte l’un des partici-pants. « L'idée c'était de se jeter des œufs, de la farine pour s'amuser un peu », ajoute un autre. Les lycéens se sont divisés en deux groupes, en haut et en bas de la rue du lycée. Mais lorsqu’un œuf s’est écrasé sur une mère de famille devant son enfant, un médiateur tra-vaillant pour la ville de Nogent est intervenu pour arrêter la bataille. « Le médiateur les a tous engueulés », explique un témoin de la scène. Le médiateur a ensuite demandé aux policiers municipaux d’intervenir. « Ils nous ont demandé si on avait des œufs », décrit un participant. « Ils ont regardé sous les voi-tures. » Cinq élèves ont été convoqués par l’admi-nistration du lycée. La punition ? « Une lettre d'excuse a été demandée pour s'excuser d'avoir

dégradé la voie publique et le lycée, et on a aidé à nettoyer la grande vitre de l'entrée  », détaille un des fautifs. Alors que les parti-cipants s’étonnent de la portée de l’événe-ment, Mme Marnier, proviseure-adjointe du lycée, explique : « ça occasionne souvent des phénomènes de violence. Je le déplore, mais les lancers d’œufs, c’est violent. » Il y a donc un décalage entre la façon de percevoir l’incident des lycéens et de l’administration. «  C'est la journée de mardi gras », déplore l’un des lanceurs d’œufs. « Certes la dégrada-tion ne peut pas être cautionnée, mais il n'y a aucune indulgence pour de simple œufs et de la farine. » Or, pour l’administration, c’est jus-tement les œufs et la farine le problème. « Il y a une quantité extraordinaire d’œufs qui est gaspillée », ajoute Mme Marnier. « C’est très choquant. Il faut penser à ceux qui n’ont rien à manger. » Alors comment fêter mardi gras ? Pour un élève de terminale, la réponse a été de se déguiser intégralement en grenouille...

Eve Zuckerman

Le début d’année à Branly sera marqué par le concert du lycée. Il aura lieu, comme l’année dernière, à la scène Watteau le 15 mars de 18h à 20h. Participeront aussi bien collégiens, lycéens mais aussi des musiciens extérieurs au lycée. Du rock à la musique classique en passant par la folk, tous les goûts seront ainsi satisfaits.N’hésitez donc pas à aller chercher vos places au bureau de Mme Cocotier !

À prévoir également à Branly un événement plutôt attendu : le bal du lycée !Il a réuni environ 200 lycéens l’an dernier. Il aura lieu cette année à la salle Charles de Gaulle à Nogent, le vendredi 20 mai, de 20h à minuit.Les flyers seront en vente très bientôt, mais notez d’ores et déjà que le prix de la place reste fixé à 4 €. Des stands seront installés aux récréations pour retirer les places.L’animation musicale sera assurée par Vivian Deray.Venez nombreux !

Chloé M. Clémence V.

La date butoir du concours littéraire est le 15 mars. Français, anglais, espagnol, allemand, italien, prose, poésie, théâtre... les options sont nombreuses ! Il suffit de déposer son manuscrit signé d’un pseudo-nyme dans le casier de Mme Chassignol ou au CDI, accompagné d’une enveloppe conte-nant la véritable identité, la classe, le titre de l’œuvre, et un numéro de téléphone.

Maude Sebaihi Le 30 mars aura lieu le forum « 20 piges », célébrant les 20 ans du droit de publication lycéen. C’est l’occasion pour tous – élèves, profs, administration – de se renseigner sur la presse lycéenne en France. Des membres de L’Inébranlable feront partie des tables rondes. Le ministre de L’Éducation Nationale sera présent. Plus de renseignements sur creerunjournallyceen.fr

Le premier tour des élections cantonales aura lieu le 20 mars. Majeurs, pensez à aller voter !

BRÈVESLA POLICE ÉCOURTE LE MARDI GRAS

Un élève de terminale déguisé en grenouille pour le mardi gras.

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4 L’iNébraNLabLe, Février-mars 2011, Numéro 14ACTUALITÉ

Pendant que l’Occident néglige la voix de la jeunesse, dans les pays arabes ce sont eux

qui dictent la loi. En effet, alors que la France ignore les revendications des jeunes au sujet des retraites, en Tunisie, ce sont les jeunes qui mettent fin à la dictature et en font part au monde entier via internet. À dater du 4 décembre 2010, jour où s’est immolé par le feu un jeune diplômé sans travail, un vent de révolution et une soif de liberté se sont fait sentir en Tunisie, malgré une impression d’anarchie véhiculée par le parti du gouvernement Ben Ali, le RCD. Dès le début des émeutes, les miliciens du RCD, entraînés auparavant à Bab Bnet, ont mis le désordre en jetant des pierres et en poussant les manifestants contre les forces de l’ordre. La révolution du monde arabe a en fait débuté avec les émeutes iraniennes

de l’été 2009 ébruitée par la mort de Neda Agha-Soltan mise en ligne sur Twitter. Cette jeune iranienne avait été battue à mort lors de la manifestation du 20 juin. Ce même événement a aussi marqué l’importance des réseaux sociaux pendant les révoltes. Avant la révolution, la Tunisie était un État policier et la liberté était impensable. Les seules forces d’opposition, les communistes et les islamistes, ont été éliminées par l’État. D’ailleurs la suppression radicale des islamistes en Tunisie est aujourd’hui l’unique mérite de son ancien président Ben Ali. Il était aussi difficile de mondialiser l’informa-tion parce qu’Internet était difficile d’accès et Ben Ali exerçait un fort pouvoir de censure.En revanche, aujourd’hui, les nouvelles tech-nologies dont les habitués sont les jeunes offrent cette possibilité de communication.

Effectivement, c’est grâce à des films créés à partir de leur portable et leur mise en ligne sur les réseaux sociaux comme Facebook que la jeunesse tunisienne a fait part au monde entier de sa situation ; ainsi que par les presses étrangères qui se sont rendues sur place.Cette révolution est, comme mai 68, spéci-fique par la prise de parole spontanée de la jeunesse car ce sont des étudiants qui ont pris la parole ; même si en Tunisie il s’agissait des jeunes diplômés au chômage sans pers-pective d’avenir dans leur pays en dépit de leurs qualifications. Cependant, ils n’étaient pas seuls. Il y avait également des manifes-tants chômeurs dans une tranche d’âge de 20/40 ans mais tous manifestaient pour une même raison, le droit au travail. Cette jeu-nesse, qui aspire à la démocratie, résume ses pensées par un mot unique : « dégage »

LE PRINTEMPS DU MONDE ARABE SE MET EN MARCHE

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5L’iNébraNLabLe, Février-mars 2011, Numéro 14 ACTUALITÉ

À l’heure où de nombreux conflits dans le monde apparaissent, subsistent ou en-

core s’aggravent, nombre d’entre nous s’in-terroge sur la façon dont il faudrait réagir. Il arrive très souvent lorsque nous regardons des reportages sur des personnes dans des situations précaires que nous nous disions : « oh les pauvres, on a quand même beau-coup de chance, nous. » Certains d’entre nous se disent même : « si seulement on pouvait faire quelque chose... » Et puis la plupart du temps nous éteignons la télé et recommençons à vivre notre petite vie (soirées et déjeunés entre amis, révisions, petits boulots, sport...).Certes on peut penser qu’il est impossible de changer les choses et que nous sommes impuissants face à tant de misères dans le monde, que l’aide que nous pourrions apporter ne serait comparable qu’à une goutte d’eau dans un océan. Mais voila, la réalité est toute autre. Nombreuses sont les associations qui sollicitent l’aide de jeunes pour diverses missions, comme la Croix-Rouge par exemple. La Croix-Rouge a pour vocation de lutter contre toutes les formes de précarité et de souffrances. Elle soutient notamment l’engagement des jeunes à ses côtés pour leur permettre de mettre en œuvre leurs idées, et valoriser leur enga-gement. Dès l’âge de 16 ans, il est ainsi

possible de se porter bénévole dans des domaines divers et variés : la santé, l’envi-ronnement, l’interculturel, la citoyenneté et la solidarité.

Mais de nombreux autres organismes humanitaires nécessitent également de l’aide, tels que les Restos du Cœur, Em-maüs, le Secours Populaire, le Secours Catholique, l’Unicef... On peut aussi faire du bénévolat pour les maisons de retraite (il suffit pour cela de contacter la mairie de sa ville pour savoir si c’est possible). Cependant si certains de ces organismes recherchent de jeunes bénévoles pour leur venir en aide de temps en temps, comme Emmaüs, d’autres, tel que l’Unicef, re-cherchent également de jeunes volontaires pour partir en mission humanitaire dans des pays où les situations économiques, sanitaires, et humaines sont désastreuses.

Si vous souhaitez donc venir en aide à des populations démunies et désespérées ne serait-ce que l’occasion de quelques mois au cours de votre futur parcours universi-taire ou durant votre vie d’adulte, il vous suffit de vous rendre sur les sites des divers organismes caritatifs, qui sont en général très complets et bien construits. Mais le bénévolat ou les missions humani-

taires ne sont pas les seules façons de venir en aides aux personnes défavorisées. De nombreuses associations encouragent aus-si les dons financiers – ou si vous craignez comme nombre d’entre nous que l’argent ne parvienne jamais aux personnes en dif-ficulté – des dons d’anciens vêtements, des dons alimentaires (contacter les Restos du Cœur pour connaître les produits dont ils ont le plus besoin) ou encore de fournitures scolaires.ATTENTION : ces associations ne sont pas des décharges publiques ! Inutile donc de leur donner des vêtements troués ou en très mauvais état car ils ne pourraient rien en faire et se verraient obligés de les jeter (ce qui leur coûte une fortune chaque année).

Quel que soit le don que l’on fait, qu’il soit matériel ou autre, il est important de savoir que ces tout petits gestes qu’il nous est possible et si facile de faire au quotidien peuvent changer ou améliorer la qualité de vie de personnes qui rencontrent ici ou ailleurs des difficultés passagères ou persis-tantes. Un simple sourire reçu ou le simple mot « merci » nous remplissent pleinement d’un sentiment intense : celui d’avoir contri-bué à changer les choses en ne restant pas inactifs face à tant de misères...

Dolly Alberto

NOUS AUSSI POUVONS FAIRE CHANGER LES CHOSES

Comme une trainée de poudre, la révolu-tion a rapidement débouché sur d’autres pays arabes où des présidents indétrô-nables, comme Moubarak en Egypte ou le général Kadhafi en Libye, ont ou vont peut-être céder le pouvoir. Effectivement, Kadhafi n’est pas près d’abandonner et a récemment lancé une attaque à Ras Lanouf, point stratégique où se trouve du pétrole. Ainsi, il s’agirait pour lui de garder le pou-voir au sein des Kadhafi en cédant sa place à l’un de ses fils.

La révolution, loin de s’arrêter, touche actuellement l’Algérie, le Maroc, le Yémen, la Jordanie, le Liban, le Qatar, et l’Oman. La hiérarchie diplomatique des pays arabes est en train de changer. Auparavant l’Egypte tenait la place de grand frère pour avoir fait rentrer le tiers-monde sur la scène inter-nationale. Aujourd’hui la Tunisie prend la relève en tant qu’initiatrice de la révolution. Le retentissement est aussi économique avec une augmentation de 8,5 % du prix du

pétrole datant de mi-février. À cause de la montée des prix, l’Arabie saoudite se pro-pose de produire plus pour pallier la pro-duction des pays perturbés. Cependant, cette révolution ne touche plus seulement des pays arabes : les Chinois se sont manifestés à leur tour mais ont été très vite arrêtés, tout comme dans certains pays d’Afrique noire.

Carla Taïeb

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6 L’iNébraNLabLe, Février-mars 2011, Numéro 14CRITIQUES

Si le « nappy » et l’« arty » vous sont encore inconnus, un détour par le CDI s’impose.

Demandez le Dictionnaire du look, bible des néophytes en science vestimentaire. Dès les premières pages, un monde d’une profon-deur et d’une complexité insoupçonnées s’offre à vous : de A à Z, le lecteur découvre la garde-robe du dandy et du punk à chien, de la bimbo et du skateur... Mais attention, cet ouvrage ne se contente pas d’étudier les accessoires fétiches et autres fripes affec-tionnées par le « baby rockeur », elle propose également une réflexion profonde sur le mode de vie de ces spécimens en tous genres (et dont vous faites peut-être partie)  : les lieux qu’ils fréquentent, leurs habitudes de consommation (licites ou non), et parfois le sociotype de ces « tribus » : la « Marie-Chan-tal » est ainsi le fer de lance de la bourgeoisie catho, de même que son cousin, le BCBG. Quant au bobo, il s’est rebellé contre la so-ciété mercantile dans laquelle nous vivons et dit non à l’ultralibéralisme, déambulant fiè-

rement dans les allées de son supermarché bio, sac en toile recyclée à la main.Instructif, pédago-gique et – vous l’aurez peut-être compris – (très) cocasse et décalé, ce livre dresse un panel de portraits délectables. Et d’autant plus drôles que l’on reconnaît nombre de gens derrière ces descriptions léchées et réalistes. Quant à vous, saurez-vous retrouver à quelle « espèce » vous appartenez ? Très complète, la bible du look propose aussi un test qui révèlera la « bimbo » ou la « caillera » qui est en vous. De plus, chaque style a ses sous-catégories, à l’instar de l’« aribo », rejeton de la noblesse française en rupture avec son mi-lieu originel, trop strict, et auquel il préfère la vie de bohême. De l’emo dépressif au jah-jah sniffeur et rouleur de pets, vous finirez bien par trouver vos semblables. Sinon, rendez-vous à la page 201, dédiée au « no look ».

Article de Solène Baron

Dictionnaire du look, une nouvelle science du jeune, Géraldine de Margerie, chez Robert Laffont.

Membre du New York City Ballet, Nina ne vit que pour devenir la meilleure

danseuse. Quand le directeur de la troupe entame des auditions pour trouver la nou-velle soliste pour sa mise en scène du « Lac des Cygnes », Nina va se retrouver confrontée à ses peurs, ses propres pulsions, une rivale, et à son ambition dévorante que lui a trans-mis une mère étouffante...Cette libre adaptation d’un roman d’Andres Heinz est un drame sombre et brillamment écrit sur la soif de réussite qui déstabilise physiquement et psychologiquement une fille fragile et naïve. Au fond, Black Swan est un film sur l’ambition et la peur de l’échec, avec comme toile de fond le monde rigou-

reux et impitoyable de la danse classique. C’est l’histoire d’une artiste qui fait de son art sa raison de vivre. En effet, la quête de Nina se résume ainsi : chercher la perfection en-core et toujours, au risque de se perdre. Fina-lement cette quête de la perfection la détruit tant et si bien qu’elle révèle sa schizophrénie. La féminité, la représentation de la femme, est également l’un des thèmes principaux du film. Alors que Nina est poussée à « se dévergonder » pour pouvoir interpréter le cygne noir, sa rivale (Mila Kunis, jeune actrice à suivre) est justement plus vivante, plus libérée. Sa mère la bloque, la couve, et vis le succès qu’elle n’a pas eu à travers elle ; enfin la danseuse évincée du ballet (inter-

prétée par Winona Ryder qui, en l’espace de quelques scènes, prouve qu’elle joue toujours aussi bien) est pour l’héroïne un exemple de perfection totalement inaccessible. Chaque scène de ce film est une merveille où se mélangent le fantastique et le cinéma d’auteur. La mise en scène du film d’Aros-nofsky est époustouflante : il filme les dos comme des visages et les scènes de ballet sont de véritables exercices de style. Le film est porté par Natalie Portman, magistrale et gracieuse, qui réalise une interprétation fié-vreuse. Finalement, un film génial à ne pas rater !

Claire Eladoui

BLACk SwAN1h48. États-Unis. De Darren Aronofsky. Avec Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel, Barbara Hershey, Winona Ryder...

LE DICTIONNAIRE DU LOOk :QUI ÊTES VOUS ?

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7L’iNébraNLabLe, Février-mars 2011, Numéro 14 COIN DÉTENTE

Ah, les profs ! Ce sont eux qui nous font stresser à cause du conseil de classe,

pleurer à cause des mauvaises notes... mais aussi rire grâce à leurs perles ! Voici une petite sélection des phrases les plus drôles sorties par les profs du lycée. Amusez-vous !

« Vous avez le droit de mentir du moment que vous êtes efficaces... »

« Tais-toi et réponds à ma question ! »

Prof : « Qu'est-ce qu'il faut pour être un bon souverain ? » Elève : « Euh...une bonne image ? »Prof : « Non, mais t'es Sarkozy, toi ! »

« Qu'est-ce que ça veut dire "indigences" ? J'allais dire, mentalement c'est votre état ! »

« 1998... Vous savez, l'année où on a gagné quelque chose. »

« Les profs sont des animaux paresseux. »

(Prof décrivant son dessin) « Ce ne sont pas des diables, ce sont des bœufs vus de face. »

« Allez, on joue au bac. »

« Mettez-vous par binômes de 4 ! »

« Conformément à l'article machin du règle-ment... »

« Bande de nazes! Si vous n’êtes pas intelli-gents, c'est foutu ! Maintenant, vous n’avez plus qu'à aller vendre des tomates au mar-ché ! »

« Napoléon est mort à la fin de sa vie. »

« Évitez de lécher les tables ! »

« J'ai corrigé les trois quarts des copies... Il m'en reste la moitié. »

« [...] prouvez donc que le point G passe par le point Q ! »

« C'est une illusion d'optique ou je vois réel-lement un élève se promener à quatre pattes dans le fond de ma classe ? »

« Les singes, c'est dans les zoos, alors vous cir-culez ! »

« Alors, comment ne doit pas être un dénomi-nateur ? Si j'étais méchant, je dirais que c'est votre niveau en maths... nul ! »

« À présent, réglez votre calculatrice en mode... euh... ben... calculatrice ! »

« La culture du haschich est plus rentable que celle des haricots verts. »

Igor DeAzevedoun grand merci à Gabrielle !

LES PERLES : ON PARLE DE CELLES DU BAC, MAIS LES PROFS ALORS ?

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8 L’iNébraNLabLe, Février-mars 2011, Numéro 14CHRONIQUES

Les écrits les plus rencontrés au quotidien aujourd’hui sont sans aucun doute les jour-naux. Un service important dans la vie de tous s’est mis à utiliser la force de la littéra-ture pour faire passer ses propres messages. Ils utilisent ainsi la force dont les médias montrent si bien l’utilité dans le cadre d’une campagne pour la propreté. Je parle, bien sûr, de la RATP et de ses poèmes post-futu-ristes que l’on retrouve dans le métro et dans le RER. Leur style est tellement minimaliste qu’il n’est pas apprécié à sa juste valeur au-jourd’hui et tellement avant-gardiste qu’il restera probablement peu apprécié dans le futur proche. Resté anonyme, sans aucun doute par modestie, l’auteur dénonce ici une société définie par le matérialisme d’une population cynique et conformiste. Mais ce poème est-il vraiment aussi simpliste ? Nous (moi et mon stylo) explorerons de façon linéaire cette œuvre majeure du troisième millénaire et nous (moi et le mensonge) tenterons d’établir pourquoi nous sommes là (dans le sens métaphysique du terme) selon l’auteur. Nous tenterons aussi par ailleurs de voir la relation entre les médias et le public dans une première partie, la condition hu-maine dans une seconde partie. Ma facilité avec le mensonge apparaîtra dans les deux. « Attrapé à la volée,Feuilleté en vitesse sur le quai,Lu et relu, même l'édito,Classique pour le journal du métro !Mais sur le siège abandonné,Glissé, tombé, piétiné, déchiqueté,Eh oui, pour le pauvre journal, la poubelleEût été, ô combien, une fin plus belle... » LES MÉDIAS DÉPENDANT DE L’INTERET DU PUBLICLe poème s’ouvre sur une atmosphère de vitesse et d’emprisonnement. « Attrapé »

nous donne l’idée de quelque chose de sau-vage et hors de notre contrôle qu’on essaye de s’approprier tandis que « volée » suggère un manque d’intérêt (et peut-être aussi un oiseau). La pensée et la littérature sont donc en nette opposition avec le quotidien violent et contraignant. Les gens qui connaissent cette vie et ignorent tout de LA vie se sont totalement renfermés sur eux-mêmes et évitent tout contact avec les événements qui ne les concernent pas directement.Nous voyons déjà une contradiction : l’utilité d’un journal est remise en question.Les journaux sont, comme leurs lecteurs, les conséquences des événements histo-riques et personnels qui définissent leur contenu. Les actions des hommes décrites rencontrent ainsi les sensibilités de leurs semblables à travers les pages du journal. Mais nous voyons que cette sensibilité fait défaut. Malheureusement perdus dans leur petit monde, ils ignorent le vrai à part dans l’action symbolique, et superficielle, qui est de « feuillet[er] en vitesse » (l.2) un journal.Nous pourrions voir un certain symbolisme dans le lieu. Ils sont sur le quai, en attente de quelque chose, immobiles et sans destina-tion autre que le trajet lui-même. Le voyage physique pourrait être un voyage psycholo-gique, cette métaphore étant renforcée par le paradoxe entre l’immobilité (« le quai ») et le déplacement (« la vitesse »), mais elle ne le devient jamais. LA CONDITION HUMAINE AU DÉBUT DU XXIème SIÈCLELa ligne d’après est forte dans ses accusa-tions. Le poète retourne au thème du négatif en tant que raison pour nos actes : la volonté et la pensée ne sont pas à leurs origines. C’est l’ennui qui en est la cause. Puisque nous sommes entièrement coupés du monde, nous avons perdu à la fois notre capacité à

ressentir et la volonté de s’intéresser à autre chose que nous-mêmes. Cette distance est pareille à la barrière du temps. Ainsi le journal narrant les événements réels d’au-jourd’hui n’est autre chose qu’un « classique », une œuvre fictive du passé pour celui qui n’y cherche qu’un divertissement temporaire et sans engagement.Cette perte n’est pas totalement sans retour (l.5). Ce « siège abandonné » nous rappelle les rois vaincus, les dieux du passé et les lé-gendes antiques qui ont disparu, remplacés par la science moderne à partir du XIXème siècle. L’odyssée et le périple des découvertes sont donc possibles. Mais ayant perdu la ma-gie et la poésie d’antan, ils sont remplacés par le cynisme.Le caractère presque tragique de cette évo-lution est renforcé par l’accumulation qui suit (l.6). Ceux qui s’opposèrent à ce noir-cissement du quotidien par la suppression de l’imaginaire furent perdus, abandonnés par leurs congénères comme des détritus : « pauvre journal » (l.7). Selon l’auteur, cette dichotomie de l’humanité est due à l’incom-préhension entre les deux partis et a pour conséquence la mort de l’individu, incapable de différencier l’information de l’amusement (publicités, séries bidons, etc.). La fin est digne du moyen : insipide et sans honneur. En guise de conclusion, nous sommes tous condamnés (y compris l’auteur) et rien ne peut nous sauver.

Twisted

LA POÉSIE DE LA RATP SERAIT-ELLE L’ŒUVRE MAJEURE DU XXIème SIÈCLE ?