12
L’insuline cette inconnue L’insuline est, avec le glucagon, une hormone clé pour régulariser la glycémie. Mais saviez-vous que son action ne se limite pas à cela ? Saviez-vous que, grâce au mode alimentaire pauvre en glucides, vous pouvez diminuer votre sécrétion d’insuline et perdre du poids tout en équilibrant mieux votre diabète… En voici le mécanisme… L’insuline, c’est quoi ? L' insuline (du latin : insula « île ») est une hormone peptidique (une protéine donc) sécrétée par les cellules β des îlots de Langerhans du pancréas. Elle joue un rôle majeur dans la régulation de certains substrats énergétiques, dont le principal est le glucose. Sans insuline, les taux normaux de glucose sanguin (glycémies) ne sont pas maintenus. Chez les êtres humains, l’absence totale d’insuline est fatale dans un délai de quelques mois 1 . C’est le cas dans le diabète insulinodépendant (ou diabète de type 1), où le pancréas n’en sécrète plus parce que les cellules β sont détruites (très probablement par un processus auto- immunitaire). Schéma microscopique d’un îlot de Langerhans 2 : les cellules β (Beta cell) sécrètent l’insuline, les cellules Alpha cell) sécrètent le glucagon. Heureusement, on ne meurt plus du diabète de type 1 Cependant, depuis 1922, on ne meurt plus de ce type de diabète. Banting et Best 3 furent en effet les premiers à utiliser des extraits pancréatiques en injection chez un jeune garçon de 14 ans souffrant de diabète de type 1 (appelé «diabète juvénile» à l’époque 4 ) et le sauvèrent de la mort grâce à l’insuline contenue dans les extraits pancréatiques 5 . Depuis, l’insuline en a été extraite, purifiée, et même synthétisée. Aujourd’hui, la médecine dispose de plusieurs types Figure 1 : Frederick G. Banting (à droite) et Charles Best (à gauche sur la photo) découvrirent et commercialisèrent l’insuline en 1922.

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L’insuline cette inconnue

L’insuline est, avec le glucagon, une hormone clé pour régulariser la glycémie. Mais saviez-vous que son action ne se limite pas à cela ? Saviez-vous que, grâce au mode alimentaire pauvre en glucides, vous pouvez diminuer votre

sécrétion d’insuline et perdre du poids tout en équilibrant mieux votre diabète… En voici le mécanisme…

L’insuline, c’est quoi ?

L'insuline (du latin : insula « île ») est une hormone peptidique (une protéine donc) sécrétée

par les cellules β des îlots de Langerhans du pancréas. Elle joue un rôle majeur dans la

régulation de certains substrats énergétiques, dont le principal est le glucose. Sans insuline, les

taux normaux de glucose sanguin (glycémies) ne sont pas maintenus. Chez les êtres humains,

l’absence totale d’insuline est fatale dans un délai de quelques mois1. C’est le cas dans le

diabète insulinodépendant (ou

diabète de type 1), où le pancréas

n’en sécrète plus parce que les

cellules β sont détruites (très

probablement par un processus auto-

immunitaire).

Schéma microscopique d’un îlot de Langerhans2 : les cellules β (Beta cell)

sécrètent l’insuline, les cellules

Alpha cell) sécrètent le glucagon.

Heureusement, on ne meurt plus du diabète de type 1

Cependant, depuis 1922, on ne meurt plus de ce type de

diabète. Banting et Best3 furent en effet les premiers à utiliser

des extraits pancréatiques en injection chez un jeune garçon

de 14 ans souffrant de diabète de type 1 (appelé «diabète

juvénile» à l’époque4) et le sauvèrent de la mort grâce à

l’insuline contenue dans les extraits pancréatiques5. Depuis,

l’insuline en a été extraite, purifiée, et même synthétisée.

Aujourd’hui, la médecine dispose de plusieurs types Figure 1 : Frederick G. Banting (à droite) et Charles Best (à gauche sur la photo) découvrirent et commercialisèrent l’insuline en 1922.

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d’insulines injectables très performantes: des formes rapides, ultra-rapides, semi-rapides,

lentes, et les « mix » de rapides et semi-lentes6. Grâce à plusieurs injections par jour, les

diabétiques de type 1 arrivent à éviter les complications du diabète et à survivre ainsi pendant

de nombreuses années.

Et le diabète de type 2 ?

En ce qui concerne le diabète de type 2 non insulinodépendant (qui constituent les 85 à 90%

des cas de diabète), le dérèglement de l’insuline en est également la grande cause, mais d’une

manière toute différente: ici, pas d’absence de production d’insuline, du moins au début.

Schéma7 montrant l’évolution au cours des années de l’insulinorésistance et de la capacité de sécrétion d’insuline dans le diabète de type 2. Il ne s’agit que d’un exemple fictif. En réalité, lorsque le diabète est bien équilibré, la nécessité d’une insulinothérapie peut ne s’avérer que bien plus tard (bien plus que 10 années), et parfois même pas du tout.

Par contre, la maladie commence généralement par une résistance à l’insuline, en ce sens que

l’organisme y devient de moins en moins sensible. Ceci a pour effet que le pancréas est

contraint d’en produire de plus en plus afin de maintenir les glycémies (taux de glucose dans

le sang) à des niveaux acceptables. Si aucun traitement (adaptation du mode alimentaire,

accroissement de l’activité physique, médications, etc…) n’est instauré, l’insulinorésistance

s’aggrave inéluctablement, de sorte que l’insuline n’arrive plus à maintenir des glycémies

normales. Le diabète s’installe avec ses hyperglycémies incontrôlables et, bien plus tard, la

survenue possible d’une série de complications. Finalement, dans le diabète de type 2

également, le pancréas en s’épuisant finit par ne plus pouvoir produire assez d’insuline, qu’il

t

%

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faudra alors injecter comme dans le type 1 pour éviter les complications et obtenir la survie du

patient.

Qu’est-ce qui déclenche la production de l’insuline ?

Physiologiquement, l'insuline est sécrétée en fonction de l'état nutritionnel. Par contre, sa

production est ralentie lors de l'activité physique, d’un état de jeûne, d’une situation de stress,

et d’un traumatisme.

L'état nutritionnel :

Lors d’un apport alimentaire, la sécrétion d’insuline sera augmentée par la nécessité de mettre

les nutriments en réserve8 :

D’abord, dès avant le début du repas, les stimulations visuelles, olfactives, gustatives que

provoque la nourriture par l’intermédiaire du système nerveux central, activent la production

d’insuline par les cellules du pancréas9.

Ensuite, pendant le repas, sous l'influence directe de la présence des aliments dans le tube

digestif, la sécrétion d'insuline est stimulée par le système des incrétines (les hormones gastro-

intestinales).

Dès que les glucides sont dégradés dans l’intestin et passent dans le sang sous forme de

glucose, l'élévation de la glycémie provoque une forte sécrétion d’insuline.

Évolution de la glycémie après ingestion de glucides10

temps

%

Insulinorésistence

Capacité de

sécrétion en

insuline

1 an

100%

0%

± prise de

poids

↑ Apparition

de l’hyperglycémie Nécessité d’une insulinothérapie

Diététique : Médication : Insuline :

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Par contre, cette sécrétion d’insuline diminue celle du glucagon, sécrété par les cellules α 11.

Le glucagon a l’effet inverse à celui de l’insuline, c.-à-d. qu’il a un effet hyperglycémiant. La

régulation de la glycémie résulte d’un équilibre entre les effets opposés de ces deux

hormones. En cas d’hypoglycémie réactionnelle, le glucagon permet le retour de la glycémie à

la normale.

Plus forte est l’élévation de la glycémie, plus importante sera la quantité d’insuline libérée12.

Le glucose est donc le stimulus le plus important pour la production de l’insuline et c’est

celui auquel les cellules sont les plus sensibles chez l’homme et les animaux.

En cas de jeûne, l’organisme, manquant d’apport énergétique, doit mobiliser ses réserves par

déstockage du glucose, des acides gras, des acides aminés. La production d’insuline sera

inhibée, ce qui est logique puisqu’il celle-ci possède une action anabolisante.

L'activité physique :

En cas d’exercice musculaire, les réserves doivent également être mobilisées et le pancréas

produira par conséquent moins d’insuline. C’est le cas également lors d’un stress et/ou d’un

traumatisme. Mais alors, en réponse à ce stress ou ce traumatisme, le contrôle du métabolisme

énergétique est récupéré par l’adrénaline et le cortisol sécrétés par la surrénale, qui sont, tout

comme le glucagon, des hormones antagonistes à l’insuline13. Selon qu'elles soient

hyperglycémiantes ou hypoglycémiantes, les hormones mises en jeu n'agissent pas de la

même manière, ni au même moment.

A quoi sert l’insuline ? Quel est son mode d’action ?

Globalement, lorsqu’elle est produite pendant et après un repas, l'action de l'insuline est souvent

résumée par son effet hypoglycémiant (baisse du taux de glucose dans le sang). Mais saviez-

vous que son action influence aussi les graisses et même les protéines ? En réalité, l’insuline

est l’hormone majeure du contrôle du métabolisme énergétique. Elle coordonne l’utilisation des

substrats énergétiques. Ses effets sont anaboliques, puisqu’ils favorisent les synthèses, à savoir

le stockage du glycogène dans le foie et les muscles (glycogénogenèse), elle stimule aussi la

conversion de l’excès du glucose en acides gras (lipogenèse), et elle favorise l’entrée des acides

aminés en vue de la synthèse protéique dans la majorité des tissus (protéogenèse) 14. L’insuline

a donc de multiples fonctions.

Résumé des différentes actions de l’insuline 15, 16 :

1. Sur le métabolisme des glucides :

Les lieux de stockage du glucose sont les muscles, le tissu adipeux et le foie.

Au niveau des muscles et du foie : l’insuline active la synthèse du glycogène. Elle

permet la reconstitution des réserves du glycogène dans ces tissus (glycogénogenèse).

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Au niveau des muscles et du tissu adipeux : l’insuline stimule l’entrée du glucose dans

les cellules de ces tissus. Le prélèvement accéléré du glucose dans le sang diminue la

glycémie et entraîne par voie de conséquence la baisse de la sécrétion de l’insuline.

Au niveau du foie : l’insuline inhibe la néoglucogenèse (voir ci-dessous) et la

mobilisation du glycogène (par l’inactivation d’une enzyme, la glycogène

phosphorylase). Donc, en cas d’abondance de glucides, comme c’est le cas après un

repas, l'insuline bloque la production de glucose par le foie, ce qui fait davantage baisser

la glycémie.

Synthèse et dégradation du glycogène dans les cellules hépatiques17

2. Sur le métabolisme lipidique :

L’insuline inhibe la lipolyse et favorise la lipogenèse, c'est-à-dire la fabrication de

triglycérides à partir d'acides gras. L’insuline stimule aussi la conversion de l’excès du

glucose en acides gras. Elle accroît par conséquent la synthèse des triglycérides (ou

triacylglycérols) en vue de leur stockage dans le tissu adipeux. En résumé, l'insuline est

l'hormone qui permet le stockage de graisses, et donc, elle fait grossir.

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Au niveau du tissu adipeux (cellules graisseuses) l’insuline inhibe la mobilisation des

triglycérides en désactivant certaines enzymes (comme la triglycéride lipase), d’où la

réduction du taux des acides gras libres (FFA) dans le sang.

3. Sur le métabolisme protéinique :

L'insuline a des effets importants sur le métabolisme des protéines. Elle inhibe la

dégradation des protéines et favorise la captation des acides aminés en vue de la

synthèse protéique.

L’ insuline

a une action sur :

↑ glycogenèse ↓ lipolyse ↑ assimilation des

acides aminés ↑ assimilation de

glucose (dans muscle,

tissu adipeux)

↑ lipogenèse ↑ synthèse

protéinique

↓ glycogénolyse ↓ acides gras libres

sériques (↓ FFA, free

fatty acids)

↓ néoglucogenèse

↓ néoglucogenèse

Que se passe-t-il en dehors des repas et lors d’un jeûne prolongé ?

Les glucides Les lipides Les protéines

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En dehors des repas, la baisse de la sécrétion de l'insuline permet la libération des stocks de

glucose à partir du glycogène du foie (glycogénolyse du foie) et la production de novo de

glucose par le foie (néoglucogenèse). Celle-ci est nécessaire, car les réserve de glycogène

s’épuisent rapidement. Ainsi, cette néoglucogenèse contribue à maintenir la glycémie

normale.

La néoglucogenèse (aussi appelée parfois gluconéogenèse) est la synthèse du glucose à partir

de précurseurs non-glucidiques. La néoglucogenèse est une voie métabolique anabolique qui

se produit en permanence, avec plus ou moins d'intensité selon les apports alimentaires, afin

de maintenir la glycémie constante, notamment lorsqu'il y a une diminution des apports

en glucides. C'est pourquoi elle est très active durant le jeûne, mais également au cours d’un

mode alimentaire trop pauvre en glucides.

Les sources de glucose par néoglucogenèse

Chez l'homme, dès que les réserves en glycogène sont épuisées, ce qui se produit après un

jour de jeûne, les sources de glucose par néoglucogenèse sont principalement les acides

aminés (45 %) et, à un moindre degré, le lactate (30 %) et le glycérol (25 %)18.

Remarques :

Les acides aminés sont essentiellement issus de l’hydrolyse de protéines d’origine musculaire19.

Le lactate est le sel de l’acide lactique, un des produits clés de la production d'énergie, notamment dans les muscles20.

Le glycérol (= la glycérine) est un composant important des triglycérides (qui sont les lipides mis en réserve dans les tissus adipeux). La réaction d’hydrolyse d’un triglycéride en acides gras, catalysée par la présence d’enzymes appelées lipases, permet de reformer trois acides gras libres et une molécule de glycérol21. A noter que les acides gras ne contribuent pas à fournir du glucose au cours de la néoglucogenèse.

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Néoglucogenèse

Glucose-6-phosphate

Glucose

Glucose-6-phosphatase

Pyruvate

Acétyl-CoA

Glycolyse

Citrate Oxalo-acétate

Cycle

de

Krebs

Lactate

Voie sanguine

Muscles

Acides gras Protéine

s

Glycérol

Acides gras

Corps

cétoniques

Graisses

Chaîne des transporteurs

d’électrons

Énergie sous

forme d’ ATP

Schéma simplifié montrant la voie métabolique de la néoglucogenèse (flèches et encadrés

bruns), qui semble être l’inverse de la glycolyse (flèches et encadrés bleus). Cependant, les

voies biochimiques empruntées, bien que comportant des points communs, ne sont pas

identiques (en effet les étapes de la néoglucogenèse contournent les étapes irréversibles que

l'on retrouve dans la glycolyse).

Dans la néoglucogenèse, il existe plusieurs précurseurs pour la synthèse du glucose, tels que

certains acides aminés, le lactate, le glycérol, le pyruvate.

La glycolyse se déroule dans le cytoplasme et nécessite du glucose pour produire du pyruvate,

qui lui, entera dans le cycle de Krebs pour produire de l’énergie.

© LVG

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Cette production de novo de glucose par le foie ne peut se prolonger car elle utilise

directement les muscles (avec pour conséquence une fonte musculaire), plutôt que les réserves

énergétiques quantitativement bien plus importantes du tissu adipeux.

Lors du jeûne prolongé (au-delà de quelques jours chez l'adulte, mais seulement quelques

heures chez le nouveau-né et le nourrisson), la poursuite de la baisse de l'insuline permet la

production des corps cétoniques22, ce qui permet l'épargne musculaire, car les corps

cétoniques sont dérivés des acides gras du tissu adipeux.

Remarque :

Les corps cétoniques sont trois métabolites — l'acétylacétate, le β-D-hydroxybutyrate et l'acétone — produits par le processus de cétogenèse23 dans le foie à partir de la dégradation des lipides — et plus particulièrement des acides gras — lorsque l'organisme ne dispose plus de réserves suffisantes en glucides, et notamment en glucose.

Au-delà de son effet immédiat sur la régulation des flux de substrats, l'insuline a des effets à

plus long terme sur la croissance ; c'est une hormone anabolisante. Il est ici intéressant de

souligner la forte homologie entre l'insuline et le principal facteur de la croissance, l’insulin-

like growth factor (IGF-1)24, ou « facteur de croissance apparenté à l'insuline ». L'insuline en

tant que molécule de signalisation de la présence d'aliments dans le tube digestif peut être

assimilée à une hormone de l'abondance, signalant le surplus énergétique permettant la

croissance. L'insuline a des effets anabolisants directs, par son action sur les métabolismes des

glucides, protéines et lipides, mais aussi indirects, par la régulation des protéines porteuses de

l'IGF-1.

Et chez les diabétiques ?

De tout ceci découle que les diabétiques qui suivent un mode alimentaire hypoglucidique

(pauvre en sucres), économiseront ainsi avantageusement leur insuline, soit celle,

totalement absente, qu’ils sont obligés de s’injecter, dans le type 1 ; soit celle qui ne remplit

plus parfaitement son rôle dans le type 2. Ceci leur permettra de maintenir plus facilement

leurs glycémies dans les normes admises au cours de leur traitement. Mais ce n’est pas tout…

En effet, plus il est possible de maintenir une insulinémie basse, moins les glycémies

fluctueront (avec autant de risques d’hypo- que d’hyperglycémies), et moindre sera aussi

l’accumulation de graisses dans les cellules graisseuses — donc moins de prise de poids — ce

qui est évidemment bénéfique, surtout en cas de diabète T2, où la surcharge pondérale est un

élément très négatif qui contribue à l’insulinorésistance.

Mais attention au régime à outrance trop pauvre en glucides !

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Il est important d’expliquer clairement à tout diabétique qu’un régime hypoglycémique ne

peut être tel, qu’il devienne trop ou trop longtemps cétogène. Dans ce cas, l’organisme ne

brûle plus que des graisses, et le glucose, obligatoirement nécessaire au cerveau, aux reins, et

aux érythrocytes (globules rouges), n’est alors plus disponible que par la néoglucogenèse. Ce

sera au détriment de la masse graisseuse bien-sûr, mais aussi de la masse maigre, c’est-à-dire

des muscles notamment ! Une telle situation n’est médicalement pas tenable ou peut en tout

cas provoquer à terme des effets indésirables graves, s'il n'y a pas de suivi médical strict.

Donc, mode alimentaire hypoglucidique comprenant suffisamment de bons glucides à bas

indices et charges glycémiques : OUI ! Mais régime hypoglycémique à outrance sur de

longues périodes : NON ! Ce serait comme suivre un jeûne prolongé et incontrôlé à l’infini…

Si un jeûne médicalement bien contrôlé peut être avantageux dans le traitement de certaines

maladies, dont le cancer et le diabète de type 2, il est par contre formellement contre-indiqué

de se lancer dans une telle aventure sans les conseils et le suivi de personnes qualifiées. Nous

aurons l’occasion de revenir sur ce problème plus tard.

Et quand la néoglucogenèse nous joue des tours !

Je vous livre mon expérience personnelle, anecdotique donc, d’un diabète de type 2 bien

équilibré depuis 20 ans (hémoglobine glyquée maintenue à 4,7% depuis un an) grâce surtout

au mode alimentaire hypoglucidique mais riche en bons glucides, en bonnes graisses et

suffisamment protéiné, une activité physique régulière, et la prise de seulement deux

médicaments antidiabétiques oraux. Je pèse actuellement 58 kg pour 1,65 m de taille (IMC,

indice de la masse corporelle : 21,3). Le mode alimentaire que je me suis imposé m’a en effet

permis de maigrir progressivement de 25% de mon poids originel lors du diagnostic (77 kg).

Un jour, sans doute dans le but de parfaire encore mon alimentation, je dîne en mangeant un

minimum de glucides provenant de légumes crus et cuits non féculents. Quantité normale de

protéines et de lipides. Surprise le lendemain matin ! Une glycémie à jeun largement au-dessus

de 100 mg/dL (5,5 mmol/L) ! Comment était-ce possible ? Alors que je n’avais absorbé aucun

méchant sucre la veille au soir, et que mes glycémies à jeun se situent généralement entre 70 et

100 mg/dL (ou de 3,9 à 5,5 mmol/L)… L’explication me paraît être : la néoglucogenèse.

On passe la nuit à jeun, donc sans stimulation insulinique. Physiologiquement, l’insulinémie

baisse aussi la nuit. C’est normal, puisqu’on en a moins besoin. Mais un diabétique T2 qui suit

une diète pauvre en glucides réagit différemment : même la nuit, il a besoin d’un minimum de

glucides : la néoglucogenèse les lui fournit. Moins il a accumulé de glucides alimentaires la

veille, plus la néoglucogenèse sera active. Mieux, elle dépassera son but ! Car l’insuline qu’il

produit moins est en plus d’une qualité médiocre à cause de l’insulinorésistance. Or, l’insuline

est requise pour freiner la néoglucogenèse. De là : danger d’une hyperglycémie à jeun par

production accrue de glucose par le foie durant la nuit (vers 3 h du matin), alors qu’on croit

n’avoir commis aucune erreur alimentaire au cours des heures précédentes…

Où se trouve l’erreur ?

Pourtant, il y avait erreur : négliger sa part de bons glucides lors d’un repas, en l’occurrence le

repas du soir. Autre précision : la néoglucogenèse nocturne correspondant à une activité

métabolique du foie augmentée, provoque un réveil très désagréable en pleine nuit, qui souvent,

empêche de se rendormir avant quelques heures. Ce fait m’a contraint de prendre mon ½ comprimé de glibenclamide (un antidiabétique oral stimulateur de la sécrétion d’insuline) vers

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23 h avant d’aller dormir, ce qui me procure maintenant des glycémies à jeun parfaites, ainsi

qu’un sommeil continu. Mais ça, c’est une autre histoire que je discuterai volontiers lorsqu’on

parlera de médications…

Ce qu’il faut retenir :

Le pancréas sécrète de l’insuline surtout en réponse à une augmentation de la glycémie.

L’insuline rétablit une glycémie normale en augmentant le transport du glucose sanguin

vers les cellules, principalement vers les cellules musculaires et adipeuses.

L’insuline a plusieurs autres effets :

« stockage » de glucides, mais aussi de protéines et de lipides dans les tissus.

Parallèlement, « blocage » de la dégradation des protéines, des matières grasses

et des glucides dans l’organisme.

Une insulinémie élevée (par trop de glucose dans le sang) :

Freine le brûlage des graisses (pour la production d’énergie) ;

Favorise le stockage des nutriments ingérés, surtout sous forme de graisses

(prise de poids).

Les modes alimentaires pauvres en mauvais glucides (ceux dont l’indice et la charge

glycémique sont hauts), et riches en bons lipides et en protéines :

Font baisser la glycémie de manière significative25 chez les personnes

diabétiques ou non ;

Font parallèlement baisser leurs taux d’insuline26, tout au long d’une journée, y

compris après les repas ; une légère baisse de l’insulinémie peut entraîner

presque immédiatement un accroissement du brûlage des graisses27.

Forment une condition essentielle favorisant le brûlage des graisses et limitant

leur synthèse, ce qui a une répercussion sur le poids (qui diminue), mais aussi

sur les taux sanguins de lipides et de cholestérol (qui s’améliorent).

(A suivre).

Luc Vangermeersch, 18 avril 2014

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Bibliographie :

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