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1 LISTE DES SIGLES AF : Agriculteur Formateur ADRAO : Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest APM-Bénin : Agricultures Paysannes et Modernisation- Bénin BAD : Banque Africaine de Développement BADEA : Banque Arabe de Développement BID : Banque Islamique de Développement BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement CARDER : Centre d’Action Régionale pour le Développement Rural CLCAM : Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuel COBEMAG : Compagnie Béninoise de Matériels Agricoles DAER : Direction de l’Aménagement et de l’Equipement Rural DGD : Direction Générale de la Douane DGR : Direction du Génie Rural DVAOP : Direction de la Vulgarisation et de l’Appui aux Organisations Paysannes FUPRO : Fédération de l’Union des Producteurs du Bénin GEA : Groupement des Exploitants Agricoles du Bénin GERAM : Groupe d’Expertise et d’Ingénierie Rurale pour l’auto-promotion du Monde Rural GV : Groupement Villageois INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du Bénin INSAE : Institut National des Statistiques et de l’Analyse Economique MAEP : Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche OBAR : Office Béninois d’Aménagement Rural ONASA : Office National d’Appui à la Sécurité Alimentaire ONC : Office National des Céréales OP : Organisation des Producteurs PAC : Port Autonome de Cotonou PADSE : Projet d’Amélioration et de Diversification des Systèmes d’Exploitation PAMR : Programme d’Appui au Monde Rural PAPA : Programme Analyse de la Politique Agricole PDL-Collines : Projet de Développement des Collines

LISTE DES SIGLESsystème de riziculture de bas-fond aménagé où sont appliquées les variétés améliorées et les intrants est le plus rentable. Ce système devra bénéficier

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    LISTE DES SIGLES

    AF : Agriculteur Formateur

    ADRAO : Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest

    APM-Bénin : Agricultures Paysannes et Modernisation- Bénin

    BAD : Banque Africaine de Développement

    BADEA : Banque Arabe de Développement

    BID : Banque Islamique de Développement

    BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement

    CARDER : Centre d’Action Régionale pour le Développement Rural

    CLCAM : Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuel

    COBEMAG : Compagnie Béninoise de Matériels Agricoles

    DAER : Direction de l’Aménagement et de l’Equipement Rural

    DGD : Direction Générale de la Douane

    DGR : Direction du Génie Rural

    DVAOP : Direction de la Vulgarisation et de l’Appui aux Organisations Paysannes

    FUPRO : Fédération de l’Union des Producteurs du Bénin

    GEA : Groupement des Exploitants Agricoles du Bénin

    GERAM : Groupe d’Expertise et d’Ingénierie Rurale pour l’auto-promotion du Monde Rural

    GV : Groupement Villageois

    INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du Bénin

    INSAE : Institut National des Statistiques et de l’Analyse Economique

    MAEP : Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche

    OBAR : Office Béninois d’Aménagement Rural

    ONASA : Office National d’Appui à la Sécurité Alimentaire

    ONC : Office National des Céréales

    OP : Organisation des Producteurs

    PAC : Port Autonome de Cotonou

    PADSE : Projet d’Amélioration et de Diversification des Systèmes d’Exploitation

    PAMR : Programme d’Appui au Monde Rural

    PAPA : Programme Analyse de la Politique Agricole

    PDL-Collines : Projet de Développement des Collines

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    PADSA : Projet d’Appui au Développement du Secteur Agricole

    PPAB : Programme de Professionnalisation de l’Agriculture au Bénin

    PSSA : Programme Spécial de Sécurité Alimentaire

    PTAA : Programme de Technologie Agricole et Agro-Alimentaire

    RDR : Responsable du Développement Rural

    SADEVO : Société d’Aménagement de la Vallée de l’Ouémé

    SAV : Service d’Action Villageoise

    SDDAR : Schéma Directeur de Développement Agricole et Rural

    SOBEMAP : Société Béninoise de Manutention Portuaire

    SONIAH : Société Nationale d’Irrigation et d’Aménagement Hydro-agricole

    TSPV : Technicien Spécialisé en Production Végétale

    UDP : Union Départementale des Producteurs

    UGPPM : Union des Groupements des Producteurs du Périmètre de Malanville

    UNIRIZ : Union des Riziculteurs du Zou

    USPP : Union Sous-Préfectorale des Producteurs

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    1. RESUME

    Après l’échec des politiques volontaristes des années 60 et 70, la production du riz bénéficie

    d’un ensemble de conditions favorables à sa promotion. Outre l’environnement institutionnel

    national et international très favorable au développement de cette culture, c’est le potentiel

    naturel dont la riziculture peut se prévaloir qui est devenu un facteur incitatif des multiples

    interventions dont elle est l’objet.

    1.1. UN ENVIRONNEMENT TRES FAVORABLE

    Au niveau national.

    Le développement de la filière s’inscrit bien dans les grandes orientations de la politique

    agricole national. Celle-ci, à travers le Schéma Directeur de Développement Agricole et

    Rural (SDDAR) adopté en 2001, fixe la diversification des productions agricoles comme une

    de ses priorités (cela constitue l’un des quatorze plans d’actions retenus). La promotion de la

    production céréalière permettra in fine « d’assurer la sécurité alimentaire et de participer

    activement aux échanges sous-régionaux ». Elle peut également contribuer à la réduction de la

    pauvreté en milieu rural, par une diversification et un accroissement du revenu des

    producteurs.

    Il existe de nombreuses possibilités d’augmentation de la production de riz, céréale pour

    laquelle le pays accuse actuellement un déficit de l’ordre de 50 000 tonnes. En effet le Bénin

    dispose encore d’un immense potentiel de production insuffisamment répertorié et exploité.

    Environ 8% du potentiel sont actuellement exploités. Il existe là de réelle possibilités de

    réalisation d’une autosuffisance alimentaire, tout en contribuant à une économie des devises

    consécutivement à la réduction des importations.

    L’accroissement de la production s’accompagne de tentatives d’organisation des producteurs,

    à travers l’émergence de groupements et de coopératives de producteurs tant au niveau des

    périmètres aménagés que des bas-fonds de production. La professionnalisation de ces

  • 4

    organisations s’avère indispensable pour mieux structurer la filière et obtenir des produits

    finis compétitifs vis à vis de ceux provenant du marché international.

    Plusieurs acteurs : ONG, bailleurs de fonds, Institutions de coopération interviennent

    actuellement dans la filière, sans un cadre de concertation et de coordination cohérent. Ces

    actions ont besoin d’une coordination pour plus d’efficacité. Le PAFR offre à travers le

    Comité Interprofessionnel du Riz qu’il propose un cadre de concertation pour l’ensemble des

    acteurs de la filière (producteurs, transformateurs, commerçants, pouvoirs publics, recherche

    notamment). Cette concertation sera stimulée à la base autour de chaque OPRIZ.

    Au niveau international.

    Après une chute sur les quatre dernières années, les prix du riz usiné connaissent une légère

    remontée depuis le début de l’année, même s’ils demeurent globalement bas. On peut espérer

    une remontée significative des cours mondiaux au cours des prochaines années. En effet, les

    spécialistes de la FAO1 estiment qu’il faut une augmentation de la production de l’ordre de

    30 à 70 % au cours des vingt cinq années à venir pour faire face à la demande mondiale. En

    raison de la saturation des terres disponibles en Asie, l’Afrique, qui accuse actuellement un

    déficit et qui dispose d’un important potentiel de production encore largement sous-exploité,

    a tout à gagner en anticipant sur les enjeux futurs du marché international de cette céréale.

    1.2. ATOUTS DE LA FILIERE RIZ

    Des ressources naturelles favorables à la culture du riz

    Les ressources naturelles du Bénin sont largement favorables au développement de la

    riziculture. D’après les résultats de l’Inventaire de bas-fonds, le Bénin aurait un potentiel de

    plus de 322.000 ha de terres rizicultivables, dont 205.000 ha de bas-fonds et 117 000 ha de

    plaines inondables. Moins de 8 % de ce potentiel sont actuellement exploités. La mission

    estime que le potentiel pourrait dépasser ce chiffre si un inventaire exhaustif, basé sur les

    nouvelles technologies (images Landsat,…) était effectué. Le niveau des ressources en eau

    peut assurer dans presque tout le pays une culture de riz par an. La pluviométrie annuelle

    1 Tiré de la compilation du système d’information et d’alerte rapide sur l’alimentation et l’agriculture,

    notamment de leur publication : Perspectives de l’alimentation , faits saillants de la FAO

  • 5

    dépasse généralement les 1000 mm, ce qui, avec des aménagements sommaires voire du

    casiérage, suffit pour conduire une campagne de riz sans stress hydrique.

    Des résultats de la recherche sur le riz au Bénin disponibles

    Les travaux de la recherche (INRAB), travaillant en étroite collaboration avec l’ADRAO, ont

    permis de mettre à la disposition des producteurs des itinéraires techniques performants. La

    présence de variétés de riz adaptées au terroir et adoptées par les riziculteurs a beaucoup

    contribué à l’obtention de bons rendements que la mission a pu observer dans les bas-fonds et

    dans les périmètres irrigués. Dans l’ensemble les producteurs ont bien assimilé les itinéraires

    techniques recommandés.

    Une relance de la production soutenue par des dynamiques internes

    Au cours des dix dernières années, la production du riz a connu une très forte augmentation

    passant de 14.000 tonnes de paddy en 1994 à 60.000 tonnes en 2002. Cette augmentation

    intervient dans un contexte de croissance quoique irrégulière des importations dont le volume

    après avoir passé de 137 000 tonnes en 1997 à 96 546 tonnes en 2000 a atteint le chiffre

    record de 205 835 tonnes en 2002 ; laissant clairement entrevoir l’existence d’une importante

    marge de manœuvre pour le produit local. Plus intéressant est que cet engouement pour la

    production de riz s’accompagne de nombreuses initiatives de structuration des producteurs de

    riz.

    L’existence d’un secteur de transformation décentralisé

    L’augmentation de la production s’accompagne également de l’émergence d’un secteur de

    transformation assez peu performant, mais qui a l’avantage d’être décentralisé, c’est à dire

    proche des producteurs. Les opérateurs économiques privés prennent progressivement ce

    secteur en main, et ont même eu tendance à faire diminuer les coûts de transformation.

    La croissance de la population

    La densité de la population a atteint 59 habitants par km2 en 2002. La densité est très forte

    dans le sud et faible dans le nord. Une forte densité démographique entraîne une forte

    pression sur les terres et incite la population à exploiter les bas-fonds. Dans ce milieu

    hydromorphe, la riziculture est souvent la seule activité agricole possible. Sur tout un autre

    plan cette forte densité s’accompagne d’une accélération de l’urbanisation qui vient

  • 6

    constamment modifier la structure de la demande ( 50% des béninois vivront dans les villes

    en 2010 selon les projections de l’INSAE).

    1.3. CONTRAINTES DE LA FILIERE RIZ

    Les contraintes de la filière riz identifiées se résument essentiellement :

    à la pénibilité du travail (labour, désherbage, étuvage,…),

    aux difficultés d’accès aux intrants (engrais, semences améliorées, herbicides)

    au manque de décortiqueuses performantes

    au problème d’écoulement ( en liaison avec la qualité du produit qui ne permet pas

    encore la conquête des marchés urbains autres que ceux des bassins de production).

    aux difficultés de gestion des périmètres irrigués, notamment si ceux-ci ont des

    stations de pompage

    1.4. CONCLUSIONS DU DIAGNOSTIC

    Relance endogène forte

    Malgré l’échec des grands périmètres irrigués des années soixante, et la timidité des projets de

    développement à promouvoir la riziculture, on observe une relance endogène très importante.

    Cet essor est en partie dû à la crise cotonnière surtout dans le nord, mais aussi à

    l’augmentation de la demande locale et à l’introduction des semences améliorées.

    Production de paddy rentable à condition d’avoir des rendements élevés

    Au prix actuel de vente du paddy local (90 Fcfa/kg dans l’Atacora et 100 Fcfa/kg à 120

    Fcfa/kg dans le reste du pays), la production de paddy est rentable dès que les rendements

    dépassent 2,75 tonnes/ha avec l’utilisation d’engrais et 2,25 tonnes/ha sans engrais. Le

    système de riziculture de bas-fond aménagé où sont appliquées les variétés améliorées et les

    intrants est le plus rentable. Ce système devra bénéficier d’une attention particulière de la part

    du PAFR en raison de ses multiples implications socio-économiques : forte implication des

    femmes, faibles coûts de mis en œuvre notamment .

  • 7

    La faible qualité du riz identifiée comme contrainte principale

    L’essentiel des contraintes de la filière se situe en aval de la production, c’est à dire au niveau

    de la transformation et de la commercialisation. La majorité du décorticage est réalisé par les

    moulins polyvalents provenant du Nigeria. Ils ne sont pas équipés de dispositif de nettoyage

    et de tamisage. Le riz produit est de faible qualité et n’est pas apprécié par la population

    urbaine. Ceci se reflète directement sur le prix du riz net plafonnant autour de 200 à 220

    Fcfa/kg. Par contre le prix d’un riz de qualité supérieure se situerait entre 250 et 350 Fcfa/kg.

    Les faibles taux de décorticage qui se situent à 60% dans le sud et 70% dans le nord, où les

    femmes pratiquent préalablement l’étuvage, nuisent également à la qualité du riz.

    Commercialisation différenciée nord - sud

    La commercialisation du paddy est gérée par les femmes « collectrices ». Le paddy est

    souvent constitué de mélanges non triés. Les prix chutent lors des récoltes, puis après

    quelques mois se stabilisent autour de 100 Fcfa/kg. La grande majorité du paddy est écoulée

    en petites quantités sur le marché local. Dans le sud les producteurs transforment le paddy et

    ne vendent que du riz décortiqué. Là aussi les « collectrices » écoulent le riz en petites

    quantités durant toute l’année. Par contre au Nord, les producteurs vendent systématiquement

    leur paddy aux transformatrices qui engrangent de ce fait les plus values de la filière. Les

    coopératives de Dévé et de Malanville qui vendent leur produit rapidement après la récolte

    font face à des problèmes d’écoulement, cependant surmontables.

    Accentuation des problèmes de production du paddy en raison de l’amenuisement des moyens

    des CARDERS

    Les producteurs du riz font face à de nombreuses difficultés liées non seulement à la

    pénibilité des travaux, notamment le labour et le désherbage, mais aussi aux problèmes

    d’accès aux intrants (semences améliorées, engrais et herbicides). Les CARDERSs et les

    services décentralisés du Ministère de l’Agriculture ont dû se replier sur les activités

    découlant des fonctions régaliennes de l’Etat. Dorénavant ils ne fournissent plus ni intrants ni

    biens d’équipement. Les OP qui encadrent la production du riz éprouvent encore des

    difficultés à remplir ces fonctions pourtant essentielles au développement de la filière.

  • 8

    Aménagements sommaires garants de la rentabilité de la production du paddy

    Les calculs de rentabilité ont démontré que l’introduction des aménagements sommaires

    augmente la rentabilité de la riziculture de bas-fond. On sécurise la riziculture, notamment

    contre les aléas climatiques. Ces aménagements sommaires ont été facilement appropriés par

    les bénéficiaires. Cependant dans nombre de bas-fonds la mise en œuvre de ces travaux

    pourrait être améliorée.

    La majorité des OPs de base ne sont pas fonctionnelles

    Les organisations de producteurs de riz ne sont pas encore bien structurées et fonctionnelles à

    quelques exceptions près, notamment dans le sud et sur le périmètre de Malanville. Celles qui

    fonctionnent permettent à leurs membres d’obtenir de l’encadrement, d’acquérir de

    l’équipement de transformation et des intrants. Les organisations faîtières se trouvent encore

    trop loin de la base pour être en mesure de fournir des services aux producteurs. Il faut

    renforcer la capacité des groupements à la base et organiser la filière autour de ces

    groupements avant de procéder à la structuration des faîtières.

    1.5. LE PLAN D’ACTION POUR LA FILIERE RIZ PROPOSE

    Puisque que l’accroissement de la production de riz se confirme, l’objectif principal du plan

    d’action sera l’amélioration de la qualité du produit, pour conquérir des parts de marchés,

    notamment urbains qu’occupent actuellement les importations. Les organisations de

    producteurs seront mises au centre du dispositif d’amélioration de la transformation et de la

    commercialisation du riz local pour qu’elles puissent bénéficier au maximum de

    l’augmentation de la marge de la filière. Une augmentation potentielle du prix du riz d’au

    moins 25% se répercutera directement par rapport aux autres productions commercialisées sur

    les revenus des producteurs. Elle rendra cette culture plus compétitive. Le premier objectif

    est donc d’arriver à une production économique qui pourrait déboucher sur une autosuffisance

    nationale en riz et corrélativement une réduction des importations.

    Le résumé du contenu du Plan d’Action pour la Filière Riz est présenté dans le tableau ci-

    dessous :

  • 9

    Tableau 1 : Le contenu du PAFR

    Volet Intitulé Contenu

    1 Appui aux OPRIZ Appui au renforcement de capacité des

    groupements

    Organisation de la filière riz autour d’un

    groupe de producteurs (échelle coop / UCP)

    Appui à la structuration des OPRIZ

    2 Appui au CIPR et CPRL Suivi marché, labellisation, promotion riz

    local, commercialisation, taxation,

    formation

    3 Matériel de décorticage Identifier les décortiqueuses performantes

    Identifier les réseaux de pièces de rechanges

    Renforcement capacités de maintenance

    4 Amélioration techniques post récolte Diffusion technique étuvage améliorées

    Batteuses, aires de séchage

    5 Matériel de labour Promotion motoculteurs, culture attelée

    6 Semences Production semences de base

    Multiplication semences améliorées

    7 Renforcement expertise en

    aménagement

    Formation AF en techniques implantation et

    Construction diguettes

    8 Maintien de la fertilité Faciliter l’accès aux engrais, rotation avec

    Légumineuses

    9 Inventaire de bas-fond Cartographie bas-fonds, création base de

    données, réalisation SIG

    10 Cellule de Gestion Coordination, contractualisation, Suivi

    évaluation

  • 10

    Le premier axe d’intervention sera de rechercher une qualité de riz local pouvant être

    compétitif avec le riz importé. Ceci implique non seulement l’introduction d’équipements

    plus performants et appropriés, mais aussi une labellisation du riz local, basé sur le respect

    rigoureux d’un cahier des charges. Ce cahier des charges couvrira toute la filière, en

    commençant par le choix de la semence, définissant le mode de battage et d’étuvage pour

    enfin définir les types de décortiqueuses. Un Comité Interprofessionnel du Riz, qui

    fonctionnera comme un comité ad hoc, mis en place dès la première année et composé de

    représentants de tous les acteurs de la filière, veillera non seulement au respect du cahier des

    charges, mais oeuvrera aussi à promouvoir le riz local chez le consommateur urbain. La mise

    en œuvre des recommandations du CIPR sera assurée par une Cellule de Promotion de la

    filière qui à terme pourra être financée par les frais de prestations de services qu’elle rendra

    aux groupements.

    Le deuxième axe est de renforcer la capacité des organisations de producteurs de riz, de les

    rendre fonctionnelles en tant que prestataires de service. Elles devront devenir de véritables

    organisations professionnelles et en tant que telles traiter avec les prestataires de services

    actifs dans le domaine de la production, transformation et commercialisation. Il s’agit donc de

    mettre en place des formations professionnelles intensives. Le renforcement des capacités des

    producteurs sera étendu jusque dans le domaine des travaux d’aménagement sommaire. Aussi

    le Comité de Concertation Riz du Bénin pourra être admis au Comité de Pilotage de la Cellule

    de Gestion du PAFR.

    Le troisième et dernier axe est de renforcer la capacité des prestataires de service dans le

    domaine de la transformation et la mécanisation agricole.

    Dans le souci de promouvoir la professionnalisation dans cette filière, le Plan d’Action pour

    la Filière Riz incitera les différents acteurs à formaliser entre eux des accords de

    collaboration.

  • 11

    TABLE DES MATIERES

    1. RESUME ............................................................................................................................ 3

    1.1. Un environnement très favorable ............................................................................... 3

    1.2. Atouts de la filière riz ................................................................................................. 4

    1.3. Contraintes de la filière riz ......................................................................................... 6

    1.4. Conclusions du diagnostic .......................................................................................... 6

    1.5. Le Plan d’Action pour la Filière Riz proposé ............................................................ 8

    2. INTRODUCTION GENERALE. ..................................................................................... 15

    2.1. Contexte de l’étude ................................................................................................... 15

    2.2. Objectifs de l’étude .................................................................................................. 19

    2.3. Démarche des enquêtes ............................................................................................ 19

    2.4. L’étude même se décompose en deux grandes parties ............................................. 20

    3. PREMIERE PARTIE : LE DIAGNOSTIC ...................................................................... 21

    3.1. Les Départements du Mono et du Couffo ................................................................ 21

    3.1.1. Généralités ........................................................................................................ 21

    3.1.2. Le potentiel ....................................................................................................... 21

    3.1.3. Les différents types de riziculture .................................................................... 21

    3.1.4. La riziculture de bas-fond ................................................................................ 22

    3.1.5. La riziculture en plaine inondable ................................................................... 24

    3.1.6. La riziculture dans les périmètres irrigués en maîtrise totale ........................... 26

    3.2. Les Départements de l’Atacora et Donga ................................................................ 31

    3.2.1. Généralités ........................................................................................................ 31

    3.2.2. Le potentiel ....................................................................................................... 31

    3.2.3. La riziculture de bas-fond ................................................................................ 31

    3.3. Les Départements du Borgou et de l’Alibori ........................................................... 39

    3.3.1. Généralités ........................................................................................................ 39

    3.3.2. Le potentiel ....................................................................................................... 39

    3.3.3. La riziculture en maîtrise totale (Malanville) ................................................... 39

    3.3.4. La riziculture de bas-fond ................................................................................ 44

    3.4. Les Départements du Zou et des Collines ................................................................ 49

    3.4.1. Généralités ........................................................................................................ 49

    3.4.2. Le potentiel ....................................................................................................... 49

    3.4.3. La riziculture de bas-fond ................................................................................ 49

    3.5. Les Départements du Ouémé et Plateau ................................................................... 54

    3.5.1. Généralités ........................................................................................................ 54

    3.5.2. Le potentiel ....................................................................................................... 54

    3.5.3. La riziculture de bas-fond ................................................................................ 54

    3.6. Les Organisations de Producteurs ............................................................................ 57

    3.6.1. Le Groupement Villageois ............................................................................... 57

    3.6.2. Les Unions Communales des Producteurs : (ex USPP). ................................ 57

    3.6.3. L’Union Départementale des Producteurs (UDP) ............................................ 58

    3.6.4. La Fédération nationale des Unions des Producteurs (FUPRO) ...................... 58

    3.7. La Transformation .................................................................................................... 61

    3.7.1. En général ......................................................................................................... 61

    3.7.2. Le Battage. ....................................................................................................... 61

    3.7.3. L’étuvage .......................................................................................................... 62

    3.7.4. Le décorticage .................................................................................................. 64

    3.7.5. Recommandations ............................................................................................ 66

  • 12

    3.8. La Commercialisation .............................................................................................. 67

    3.8.1. La commercialisation du riz local .................................................................... 67

    3.8.2. La faible compétitivité du riz local .................................................................. 70

    3.8.3. Une compétitivité mitigée ................................................................................ 72

    Source : MAEP/ ONASA et calcul des auteurs. .................................................................. 76

    3.8.4. Compétitivité du riz vis-à-vis des autres sources de glucides .......................... 77

    3.9. Synthèse de la filière riz ........................................................................................... 79

    3.10. Conclusion du diagnostic ..................................................................................... 84

    4. DEUXIEME PARTIE : LE PLAN D’ACTIONS POUR LA FILIERE RIZ .................. 86

    4.1. STRATEGIE ............................................................................................................ 86

    4.2. CADRE LOGIQUE .................................................................................................. 89

    4.3. LE PLAN D’ACTIONS PROPOSE ........................................................................ 90

    4.3.1. Action 1 : Appui aux organisations de producteurs de riz (OPRIZ) ................ 93

    4.3.2. Action 2 : Appui au CIPR et CPRL ................................................................. 94

    4.3.3. Action 3 : Promotion de matériel de décorticage ............................................. 96

    4.3.4. Action 4 : Promotion des techniques de post-récolte améliorées ..................... 97

    4.3.5. Action 5 : Matériel de labour ........................................................................... 97

    4.3.6. Action 6 : Introduction semences améliorées .................................................. 98

    4.3.7. Action 7 : Renforcement de l’expertise locale en travaux d’aménagement ..... 99

    4.3.8. Action 8 : Maintien de la fertilité ................................................................... 100

    4.3.9. Action 9 : Elaboration de l’Inventaire des Bas-fonds .................................... 101

    4.3.10. Action 10 : Cellule de Gestion du Plan d’Action pour la Filière Riz ............. 101

    4.3.11. Le budget total ................................................................................................ 103

    4.4. La rentabilité du PAFR proposé ............................................................................. 103

    5. ANNEXES ..................................................................................................................... 104

    5.1. Annexe 1 ................................................................................................................ 105

    5.2. Annexe 2 : .............................................................................................................. 107

    Tableau 24 : répartition de la production rizicole .................................................................. 107

    5.3. Annexe 3 Main d’oeuvre pour les systèmes du sud ............................................... 108

    5.4. Annexe 4 Le PSSA ................................................................................................ 109

    5.5. L’ONASA .............................................................................................................. 110

    5.6. L’Unité Nationale du Consortium des Bas-fonds du Bénin ................................... 111

    5.7. Le S.A.V. ................................................................................................................ 112

    5.8. Le P.A.D.S.A.. Djougou et Banikoara .................................................................. 113

    Le Projet de Développement Collines ................................................................................ 115

    5.9. UNIRIZ .................................................................................................................. 117

    5.10. Situation inventaire et sensibilisation bas-fonds ................................................ 119

    5.11. Tableau 27 Budget volet 1 ................................................................................ 121

    5.12. Tableau 28 Budget Volet 2 ................................................................................. 122

    5.13. Tableau 29 Budget Volet 3 ................................................................................. 124

    Tableau 29 : Budget Volet 4 .............................................................................................. 126

    5.14. Tableau 31 : Budget Volet 5 .............................................................................. 127

    5.15. Tableau 32 : Budget Volet 6 .............................................................................. 128

    5.16. Tableau 33 : Budget Volet 7 ............................................................................. 129

    5.17. Tableau 34 : Budget Volet 10 ............................................................................ 131

    5.18. Tableau 35 : Budget PAFR (Fcfa) ...................................................................... 132

    5.19. Caractéristiques techniques décortiqueuses ....................................................... 134

  • 13

    Liste des tableaux

    N° 1 : Le contenu du PAFR 9

    N° 2 : Le potentiel de production du riz au Bénin 16

    N° 3 : Caractéristiques des exploitations des producteurs du riz dans le Mono/Couff 22

    N° 4 : Compte d’exploitation riziculture de bas-fond aménagé dans le Mone 25

    N° 5 : Calcul de rentabilité de la production de riz à Dévé 27

    N° 6 : Diagnostic filière riz dans le Mono suivant CCNPR 30

    N° 7 : Rentabilité des différents systèmes de riziculture dans l’Atacora 35

    N° 8 : Diagnostic filière riz dans l’Atacora et Donga suivant CCNPR 38

    N° 9 : Superficies (ha) cultivées en riz pour les communes suivants 44

    N°10 : Calcul de rentabilité des systèmes d’exploitations rizicoles du Bourgou/Alibori 47

    N°11 : Diagnostic filière riz Borgou et Alibori suivant CCNPR 48

    N°12 : Calcul de rentabilité exploitations rizicoles Zou et Collines 51

    N°13 : Diagnostic filière riz Zou et Collines suivant CCNPR 53

    N°14 : Calcul de rentabilité filière riz à l’ouémé 56

    N°15 : Déficit alimentaire dans les départements du Bénin 71

    N°16 : Evolution probable de la demande du riz au Bénin 72

    N°17 : Ecart de prix moyen, en Fcfa, entre le riz local et le riz importé 75

    N°18 : Quantité de riz don japonais importés au Bénin 76

    N° 19 : Evolution des rendements par région 80

    N° 20 : Evolution des superficies emblavées en riz par région 80

    N°21 : Rendements, prix de revient et valorisation de la production du riz 81

    N°22 : Synthèse des atouts et contraintes de la filière riz 82

    N°23 : Evolution de la production du riz au Bénin 104

    N°24 : Répartition de la production rizicole 105

    N°25 : Main d’œuvre totale pour les système rizicole du Sud 106

    N°26 : Situation de campagnes de sensibilisation et d’inventaire de bas-fond 117

    N°27 : Budget Volet 1 119

    N°28 : Budget Volet 2 120

    N°29 : Budget Volet 3 121

    N°30 : Budget Volet 4 122

  • 14

    N°31 : Budget Volet 5 123

    N°32 : Budget Volet 6 124

    N°33 : Budget Volet 7 125

    N°34 : Budget Volet 10 126

    N°35 : Budget PAFR 127

    N°36 : Caractéristiques techniques décortiqueuses 128

    N°37 : Caractéristiques techniques mini rizeries 128

    N°37 : Caractéristiques techniques motoculteurs 129

    Liste des figures

    N° 1 : Evolution de la production du riz au Bénin 17

    N° 2 : Evolution mensuelle du prix du riz local sur les marchés du Bénin 69

    N° 3 : Situation alimentaire dans les départements du Bénin 71

    N° 4 : Evolution des importations au Bénin 73

    N° 5 : Evolution prix aliments 77

    N° 6 : Production du riz 79

    N° 7 : Organigramme du Plan d’Action pour la Filière Riz 91

  • 15

    2. INTRODUCTION GENERALE.

    2.1. CONTEXTE DE L’ETUDE

    Le potentiel de croissance économique du Bénin dépend largement du secteur agricole qui

    contribue à plus de 36% à la formation du PIB, 88% des recettes d'exportations et emploie

    70% de la population active.

    Cependant, la structure du secteur agricole demeure mono-morphique car elle est dominée par

    la culture du coton. Les perspectives sont cependant assombries par la crise de cette filière au

    niveau national, liée à la baisse des cours sur le marché international.

    C’est pour sortir de cet engrenage que le Gouvernement a, dans le cadre de sa politique

    agricole dont les grandes lignes sont consignées tant dans la Lettre de Déclaration de Politique

    Développement Rural (LDPDR), que dans le Schéma Directeur de Développement Agricole

    et Rural (SDDAR) adopté en 2001, inscrit la diversification des productions agricoles comme

    une de ses priorités. La promotion de plusieurs cultures autres que le coton permettra in fine

    « d’assurer la sécurité alimentaire et de participer activement aux échanges sous-régionaux ».

    L’option de diversification est également conçue comme un moyen d’accroissement des

    revenus des producteurs ruraux qui prend une portée singulière en ce moment de définition et

    de mise en œuvre des stratégies de lutte contre la pauvreté.

    S’il y a un domaine où cette option s’est traduite très clairement en actes concrets, c’est dans

    celui des Plantes à Racines et Tubercules. En effet la volonté des pouvoirs publics de faire des

    Racines et tubercules, des filières agricoles rentables s’est traduite par l’initiation de plusieurs

    projets de développement, notamment le Projet de Développement de la Filière Manioc et le

    Programme de Développement des Plantes à Racines et Tubercules.

    Le riz qui a retenu l’attention des pouvoirs publics au cours des décennies 60 et 70, semble

    très peu présent dans les stratégies de diversification2. En effet mis à part quelques projets de

    recherche et initiatives des ONG, le riz ne fait pas encore l’objet d’une préoccupation

    2 Il existe un plan de relance de la filière riz élaboré en 1997 qui attend toujours un début d’application

  • 16

    d’envergure nationale, justifiant la faible contribution de cette céréale à la production agricole

    nationale, environ 0,5 % de la valeur ajoutée du secteur agricole. Tout laisse indiquer que les

    obstacles à surmonter pour obtenir une production significative sont immenses et loin de la

    portée des ressources financières du pays. Pourtant, mis à part les racines et tubercules, le riz

    constitue une des cultures pour lesquelles, le Bénin dispose encore d’énormes potentialités

    insuffisamment exploitées et des opportunités économiques en liaison avec l’évolution des

    habitudes alimentaires et du marché international de ce produit.

    Au plan national, trois phénomènes concourent à la création d’un environnement favorable au

    développement de la culture du riz au Bénin.

    Le premier concerne l’immense potentialité naturelle de production de riz dont dispose le

    pays. Selon diverses sources, le Bénin dispose d’environ 325 000 hectares de terre

    rizicultivable dont 205 000 ha de bas–fonds et 120 000 ha de plaines inondables.

    Tableau n° 2 : potentiel de production de riz au Bénin3

    Surfaces potentielles (ha) potentiel de

    production

    Production

    effective en

    2001

    Taux

    d’exploitation

    rizicole

    Irrigables bas fonds Total riz paddy (tonnes)

    Sud 90 000 65 000 155 000 310 000 1 488 0,5%

    Centre 60 000 60 000 120 000 15 402 12,8%

    Nord 30 000 80 000 110 000 220 000 32 356 14,7%

    Bénin 120 000 205 000 325 000 750 000 49 246 6,6%

    SOURCE : D’APRES LES DONNEES DE L’ETUDE , PLAN DE RELANCE DE LA FILIERE RIZ, 1997 ET DU

    MAEP , 2002.

    3 Le sud comprend les départements de l’Ouémé-Plateau, du Mono-Couffo et de l’Atlantique-Littoral.

    Le centre comprend les départements du Zou et des Collines

    Le Nord comprend les départements de l’Atacora-Donga et du Borgou-Alibori.

  • 17

    Quelques 30 000 ha soit moins de 10% de ce potentiel sont actuellement mis en valeur. Il

    existe donc encore d’immenses possibilités qui pourraient permettre au Bénin de multiplier

    par plus de 10 le niveau actuel de ses réalisations.

    Le second est relatif aux effets économiques et alimentaires d’une promotion de la filière riz

    local. L’offre du riz blanc qui avoisine les 30 000 tonnes est largement en deçà du niveau de

    consommation nationale que l’on estime à 80 000 tonnes. Le pays doit débourser chaque

    année l’équivalent d’environ 6 milliards de francs pour importer quelques 50 000 tonnes afin

    de satisfaire les besoins alimentaires des populations. Il y a là des opportunités économiques

    (gain de devises) et alimentaire ( sécurité) à engranger par le Bénin.

    Le troisième concerne la dynamique qui s’opère autour de la promotion de cette culture.

    Après une longue période de stagnation, la production du riz a connu un très fort taux de

    croissance au cours des dix dernières années. Entre 1994 et 2002, le volume de la production

    est passé de 14 000 tonnes à environ 60 000 tonnes de paddy, soit un taux cumulé de

    croissance de 329 % en 8 ans.

    Source : d’après les données du MAEP

    Cette croissance de la production s’accompagne d’une certaine effervescence au niveau

    institutionnel, notamment des organisations des producteurs. L’émergence d’organisations

    d’encadrement des producteurs (groupements de producteurs, coopératives et autres unions de

    producteurs, Comité riz) est en passe de faire du riz, un puissant produit de structuration du

    Fig n° 1 : Evolution de la production du riz au Bénin

    0

    10000

    20000

    30000

    40000

    50000

    60000

    70000

    1960-

    1961

    1970-

    1971

    1976-

    1977

    1980-

    1981

    1990-

    1991

    2000-

    2001

    2002-

    2003

    tonnes

  • 18

    monde paysan à l’instar du coton. Le renforcement et l’accompagnement de cette dynamique

    sont d’autant plus impératifs qu’elle implique très fortement la participation des femmes4.

    Enfin d’importants acquits de la recherche conduite par l’INRAB en collaboration avec des

    centres de recherche à vocation régionale comme l’ADRAO et L’IITA ont permis de mettre à

    la disposition des producteurs un paquet de technologies performantes, des variétés de riz

    adaptées aux différentes zones agro-écologiques.

    Au niveau international, après une chute sur les quatre dernières années, les prix du riz usiné

    connaissent une légère remontée5 depuis le début de l’année, même s’ils demeurent

    globalement bas. Cette remontée est en grande partie due à la baisse des stocks mondiaux.

    Ceux-ci sont passés de 164,8 millions de tonnes en 2000 à 150,6 millions en 2001, puis à

    122,4 millions en 2002 et enfin à 104,7 millions de tonnes au début 2003 selon la FAO. On

    peut espérer une remontée significative des cours mondiaux au cours des prochaines années.

    Cependant c’est sur le long terme que le riz présente de grands enjeux. En effet, les

    spécialistes estiment qu’il faut une augmentation de la production de l’ordre de 30 à 70 % au

    cours des vingt cinq années à venir pour faire face à la demande mondiale. Hors il est peu

    probable que l’Asie qui fournit actuellement 91,2 % de la production mondiale puisse

    contribuer de façon significative à cette augmentation. Cette région connaît une saturation des

    terres disponibles. L’Afrique, qui accuse actuellement un déficit d’environ 8 millions de

    tonnes et qui dispose d’un important potentiel de production a tout à gagner en anticipant sur

    les enjeux futurs du marché international de cette céréale. Actuellement le continent importe

    entre 7,5 et 8 millions de tonnes de riz usiné par an soit environ 40 % de ces besoins et 28 %

    des transactions mondiales6.

    La coordination des actions et projets en cours, notamment les 3 projets d’aménagements des

    bas-fonds, le Programme Spécial de Sécurité alimentaire avec les vietnamiens, les projets

    gérés avec les missions chinoises, les initiatives qu’encadrent le PDL, EVECO et

    HELVETAS manque de lisibilité. En effet en dépit des démarches multiples en cours pour

    étudier le développement de la filière, il manque un cadre de référence pour tous les acteurs,

    4 Dans de nombreux bassins de production, notamment dans les collines et dans l’Atacora, les femmes sont

    parfois majoritaires dans les groupements qui exploitent les périmètres rizicoles. 5 Le prix d’une tonne de riz Thaï 100% brisure est passé de 253$US en 1999 à 207 en 2000, à 177 en 2001, à 197

    en 2002, puis à 198 ; 202 ; 209 ; 203 et 198$US respectivement en avril, mai, juillet te août 2003 6 Selon la FAO, le commerce mondial du riz devait porter sur 27,7 millions de tonnes ( équivalent riz usiné) en

    2003

  • 19

    une stratégie nationale, bref un plan d’action nationale pour cette filière. Il est donc urgent de

    doter le pays d’un plan d’Action de la filière pour concrétiser la politique de diversification de

    la production qui est devenue la préoccupation majeure des pouvoirs publics. Elle offrira

    également un cadre d’intervention concertée à tous les acteurs qui mènent actuellement des

    actions dans cette filière.

    2.2. OBJECTIFS DE L’ETUDE

    L’objectif assigné à l’étude est de réaliser un diagnostic global de la filière Riz au Bénin en

    vue de l’élaboration d’un plan d’action pour la filière riz

    De façon spécifique, il s’est agi d’analyser :

    Les coûts de production en tenant compte des systèmes de production dans les

    différents bassins afin de déterminer leurs efficiences,

    Les systèmes de transformation et leur adaptation aux besoins du marché

    Les circuits de commercialisation du riz importé et local au Bénin, et l’importance

    relative de ces différents produits selon les régions,

    Enfin la compétitivité du riz local face au riz importé,

    Le rôle des Organisations des Producteurs dans une future structuration de la filière

    2.3. DEMARCHE DES ENQUETES

    La mission s’est déroulée du 6 au 31 octobre 2003 et s’est appuyée à la fois sur l’abondante

    littérature qui existe sur le riz au Bénin, que sur des enquêtes de terrain.

    La documentation a été collectée tant auprès du Ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de

    la Pêche ( MAEP), qu’auprès des institutions spécialisées (INRAB, PPAB, Direction du

    Génie Rural, PAPA, PTA, CARDER ), de divers projets et ONG ayant antérieurement

    travaillé ou pilotant un projet / programme sur le riz.

    Les enquêtes de terrain ont été réalisées selon une approche participative, associant

    étroitement les responsables régionaux du Comité riz du Mono/ Couffo, de l’Atacora/Donga,

  • 20

    du Borgou/ Alibori, des Collines/Zou et de l’Ouémé /Plateau, ainsi que les chargés Bas-fonds

    des CARDER7. Dans les cinq régions visitées, la démarche a consisté en :

    Un entretien préliminaire avec les responsables régionaux du comité riz pour faire un background général de la filière dans la région, l’inventaire des

    actions en cours, l’estimation de l’efficience des systèmes de production,

    l’analyse des circuits de commercialisation, le degré d’organisation des

    acteurs.

    Des visites systématiques de sites en fonction des systèmes de production en vigueur

    8. Une attention particulière a été accordée aux sites abandonnées,

    dont l’équipe s’est évertuée à analyser les causes qui pour l’essentiel

    relèvent de défauts techniques d’implantation.

    Des entretiens avec les responsables locaux des CARDER, des ONG, des commerçants, des transformatrices et plusieurs autres personnes ressources.

    Une journée de feedback des résultats préliminaires a été organisée avec les membres du

    Comité Riz . Elle a permis d’affiner le diagnostic, de recentrer les actions à entreprendre et

    surtout de préciser la place des OP dans la mise en œuvre du plan d’action Riz au Bénin.

    Enfin une restitution des résultats a été faite au Ministère de l’agriculture, de l’Elevage, de la

    Pêche ( MAEP) , en présence des représentants de plusieurs institutions et de l’AFD.

    2.4. L’ETUDE MEME SE DECOMPOSE EN DEUX GRANDES PARTIES

    La première partie fait un diagnostic de la filière en combinant une démarche

    régionale à une analyse transversale de certains aspects. Ainsi l’efficience des systèmes de

    production a été étudiée tant sous l’angle régional que transversal (des différents systèmes de

    production : culture irriguée, bas-fond, plaines inondables). Par contre l’analyse des systèmes

    de transformation, de commercialisation a été faite sous l’angle transversal afin de mieux

    apprécier non seulement la compétitivité du riz local, mais aussi la performance de l’ensemble

    de la filière.

    La seconde partie présente le Plan d’Actions. Celui-ci intègre outre la stratégie

    globale, le cadre logique, les actions définies dans le cadre du plan et une estimation du coût

    des différents volets.

    7 Voir détail du déroulement de la mission en annexe.

    8 Une vingtaine de sites et bas-fonds de production ont été visitées au cours de la mission

  • 21

    3. PREMIERE PARTIE : LE DIAGNOSTIC

    3.1. LES DEPARTEMENTS DU MONO ET DU COUFFO

    3.1.1. Généralités

    Les départements du Mono et du Couffo se trouvent au sud-ouest du Bénin. Leur superficie

    cumulée est de 3.800 km2. Le climat est du type bimodal. La densité démographique en 1992

    était de 169 habitants par km2.

    3.1.2. Le potentiel

    Selon l’Inventaire des bas-fonds, les départements de Mono / Couffo possèdent 27.000 ha de

    plaines inondables, notamment le long du fleuve Mono et 20.000 ha de bas-fonds. Les hautes

    terres du plateau se prêteraient aussi à la riziculture pluviale stricte. Par contre ce dernier type

    de riziculture n’est pas encore développé. Le régime bimodale rend la pluviométrie aléatoire

    pour la riziculture qui hors les aménagements, les plaines inondables et les bas-fonds a du mal

    a boucler son cycle.

    3.1.3. Les différents types de riziculture

    Selon le rapport de l’UDP « étude de la Filière riz dans le Mono et le Couffo, 2003 » 431 ha

    seraient rizicultivés en 2003. Les superficies et le nombre d’exploitants par type de terroir

    sont présentés dans le tableau ci-dessous :

    La superficie moyenne d’une exploitation rizicole est de 0,55 ha. En supposant que la

    superficie moyenne d’exploitation ne varie pas entre les différents terroirs, on peut déduire

    que la distribution des superficies dans le département se fait comme suit :

  • 22

    Bas-fond : 170 ha exploités, soit inférieur à 1 % du potentiel

    Plateau 5 ha exploités

    Plaine inondable 255 ha exploités, soit 1 % du potentiel

    Tableau 3 : Caractéristiques des exploitations des producteurs de riz dans le Mono/Couffo

    Nombre d’exploitants Superficie

    Communes Bas-fond Plateau Plaine Total (ha)

    COME 38 0 0 38 24

    HOUEYOGBE 52 0 0 52 5,01

    APLAHOUE 15 7 38 60 27,5

    GRAND POPO 72 0 3 75 71,3

    ATHIEME 16 0 28 44 42,5

    LOKOSSA 14 1 30 45 22,6

    DOGBO 5 2 358 365 181,6

    BOPA 23 0 2 25 5,48

    LALO 73 0 0 73 5,11

    Total 308 10 459 777 431,09

    En % 40 1 59

    Source : étude filière riz, UDP Mono/Couffo 2003

    3.1.4. La riziculture de bas-fond

    L’inventaire des bas-fonds estime la superficie de bas-fonds aménagés en 2001 à 102,48 ha.

    Avec un taux d’exploitation inférieur à 1% on peut dire que la riziculture de bas-fond ne fait

    pas encore partie des stratégies paysannes. Les engrais y sont peu ou pas appliqués.

    Cependant, les rendements observés sont élevés, même après une dizaine d’années

    successives d’exploitation. Le seul aménagement de bas-fond visité est Manonkpon 1, d’une

    superficie de 4 ha. Celui-ci consiste en un casiérage, un drain central et une digue

    d’amortissement en terre munie d’un ouvrage batardable. Le casiérage et le drain central sont

    des structures à recommander. Par contre la pertinence d’une digue d’amortissement est

    moins évidente, notamment lors des passages des crues annuelles, voire décennales.

  • 23

    L’insertion d’un ouvrage à batardeaux dans le drain permettrait de contrôler le drainage de sa

    partie en amont, sans quoi le drain pourrait amplifier les problèmes liés au déficit hydrique

    pendant les périodes de sécheresse. Le coût des travaux à l’entreprise pour la construction du

    drain, d’ouvrages et du casiérage pourrait avoisiner 600.000 FCFA. Le planage fin et le

    défrichage seraient pris en charge par la population.

    Ces travaux pourraient être réalisés par des petites entreprises en haute intensité de main

    d’œuvre (H/Mo). Toutefois, le coût peut être réduit de moitié lorsque les travaux sont réalisés

    par la population encadrée par un technicien.

    3.1.4.1. Mode d’exploitation

    Dès le mois de mai les producteurs commencent les travaux de préparation : le défrichage,

    l’entretien des diguettes et du drain, et le labour. Le semis se fait en juin en poquet en ligne.

    On n’applique pas d’engrais, car la population s’y oppose. Ils soutiennent que ces engrais

    seraient la cause de la verse du riz. Les sept dernières années, la fertilité a été maintenue

    naturellement. Lors de la visite de Manonkpon 1, la mission n’a pu déceler des signes de

    carences. Les rendements peuvent être estimés à plus de 4 tonnes/ha. Le désherbage se fait

    en deux ou trois fois. La récolte a lieu début Octobre. Le rendement moyen a été estimé à

    3.500 kg/ha, légèrement inférieur à celui observé, afin de tenir compte des aléas climatiques,

    car la pluviométrie en 2003 a été particulièrement abondante.

    3.1.4.2. Les contraintes

    L’absence de décortiqueuses performantes a été citée comme contrainte principale de la filière

    riz. Les problèmes liés à la gestion « lourde » du périmètre de Dévé arrivent en deuxième

    position. Enfin suivent les problèmes d’écoulement, notamment du riz décortiqué de la

    coopérative de Dévé. Dans la plaine inondable du Mono, les contraintes majeures seraient

    l’imprévisibilité de l’inondation ainsi que les difficultés d’accès aux intrants.

    3.1.4.3. Rentabilité du riz de bas-fond aménagé

    Les calculs économiques ci-dessous sont basés sur l’expérience de Manonkpon 1. La valeur

    du coût de la main d’œuvre journalière est estimée à 1.000 Fcfa. Les besoins de main

    d’œuvre sont importants : 228 HJ/ha. Le prix de revient de production d’un hectare de paddy

    est 246.563 Fcfa, soit 70 Fcfa/kg. Dans ces conditions le producteur obtient une marge nette

    importante : 103.438 Fcfa/ha. Le riziculteur du Mono vend rarement le paddy. Il transporte

  • 24

    son paddy à la décortiqueuse du village et garde plusieurs mois le riz. Il profite ainsi de la

    marge du décorticage et en partie de la remontée des prix. La marge nette de la filière devient

    ainsi 144.038 FCFA/ha.

    Afin d’obtenir des résultats plus représentatifs et garantir à la longue un rendement moyen de

    3,5 tonnes/ha, il est nécessaire d’insérer le coût de l’application d’engrais, ainsi que le coût

    d’amortissement des travaux d’aménagement sommaire. Le prix de revient de la production

    d’un hectare de paddy monte ainsi à 306.563 Fcfa , soit 88 Fcfa/kg. La marge net de la filière

    devient ainsi 67.238 FCFA/ha.

    3.1.4.4. Perspectives

    Un projet d’envergure est actuellement en préparation : le PAGMOG. Le financement serait

    assuré par la BAD. La réalisation des travaux aurait déjà été attribuée à une entreprise

    Chinoise. Ce projet aurait comme objectif l’aménagement de 300 ha de bas-fond et de 75 ha

    de terres autour des puits artésiens. Un budget de 9 Milliards FCFA serait prévu. Le coût à

    l’hectare serait de 2 ,5 M/FCFA. Si les objectifs sont atteints, le Département augmenterait sa

    superficie aménagée à 770 ha.

    3.1.5. La riziculture en plaine inondable

    Le plus grand potentiel du développement de la riziculture se trouve dans les plaines

    inondables le long du fleuve Mono. Seulement 1% de ces plaines sont exploitées. Ceci

    s’explique par le risque d’inondation de longue durée, pouvant submerger totalement le riz

    pendant plus de 3 jours consécutifs et donc causer la perte totale de la production. Lors de la

    visite, la mission a constaté à plusieurs endroits que la plaine n’a été inondée que

    partiellement. Suivant les enregistrements au niveau de la station de Dévé, commencés en

    1990, le plan d’eau maximal correspond à l’année 1991. Suivent les années 1999 et 2003. La

    crue de l’année 2003 aurait donc une période de retour d‘environ 1 année sur 5. Dans la

    planification on utilise souvent le critère qui dit que « la mise en valeur des périmètres est

    possible là où les agriculteurs sont sûrs de récolter correctement 4 années sur 5. La mission a

    pu observer que la plus grande partie de la plaine inondable autour de Lokossa, n’était pas

    submergée. Ceci implique que la plus grande partie pourrait être rizicultivée sans devoir

    prendre des mesures de protection contre les inondations. Les rendements observés au niveau

    des sites visités varient entre 3 et 4,5 tonnes/ha. En année sèche, les rendements diminueraient

    d’une tonne/ha, ce qui permet d’avancer que la riziculture en plaine inondable pourrait

  • 25

    atteindre des rendements moyens de 3 tonnes/ha. La promotion de cette riziculture devrait

    prévoir d’aider les producteurs à défricher et à planer ces plaines. Les producteurs se

    chargeraient avec l’appui de l’encadrement de réaliser le casiérage et le planage fin. Le coût à

    l’hectare de ce type d’intervention mécanisée sur des surfaces d’un minimum de 30 ha peut

    être estimé à 500.000 FCFA/ha. Sans cette intervention la progression serait très lente.

    Tableau 4: Compte d’exploitation riziculture de bas-fond aménagé dans le Mono (cas de Manonkpon)

    Opération Coût (Fcfa)

    PRODUCTION

    Coût défrichement (Fcfa/ha) 16 000

    Coût entretien diguettes, drain (Fcfa/ha) 10 000

    Coût du planage (Fcfa/ha) 10 000

    Coût du labour (Fcfa/ha) 28 000

    Coût semis (Fcfa/ha) 14 000

    Coût pépinière / repiquage complémentaire (Fcfa/ha) 3 000

    Coût 1er sarclage (Fcfa/ha) 28 000

    Coût 2ème sarclage (Fcfa/ha) 24 000

    Coût 3ème sarclage (Fcfa/ha) 8 000

    Coût gardiennage (Fcfa/ha) 22 000

    Coût récolte (Fcfa/ha) 24 000

    Coût séchage (Fcfa/ha) 4 000

    Coût battage (Fcfa/ha) 10 000

    Coût vannage (Fcfa/ha) 8 000

    Coût ramassage (Fcfa/ha) 6 000

    Coût piochage (Fcfa/ha) 6 000

    Coût râtelage (Fcfa/ha) 3 000

    Coût semences améliorés (Fcfa/ha) 16 000

    Coût transport (Fcfa/ha) 6 563

    Prix de revient paddy (Fcfa/ha) 246 563

    Prix paddy (Fcfa/kg) 100

    Valeur vente (Fcfa/ha) 350 000

    Marge net paddy (Fcfa/ha) 103 438

    TRANSFORMATION

    Taux de décorticage 0,60

    Coût étuvage (Fcfa/ha) 0

    Coût décorticage (Fcfa/ha) 52 500

    Transport (Fcfa/ha) 31 500

    Prix de revient transformation (Fcfa/ha) 84 000

    Prix de revient total (Fcfa/ha) 330 503

  • 26

    Prix de vente du riz (Fcfa/kg) 210

    Valeur vente (Fcfa/ha) 441 000

    Marge net filière (Fcfa/ha) 110 497

    Source enquête propre auprès groupement

    3.1.6. La riziculture dans les périmètres irrigués en maîtrise totale

    La maîtrise totale nécessite une infrastructure lourde, comprenant une digue de protection,

    une station de pompage, un réseau de canaux d’irrigation, un réseau de drains et le casiérage.

    Initialement, ce périmètre irrigué a été construit en 1970 sur une superficie de 35 ha.

    L’aménagement permettait de réaliser deux campagnes par an. Après le départ de la première

    mission chinoise, la riziculture a périclité. Le périmètre a été réhabilité par la Coopération

    Chinoise (Populaire) en 1990. La superficie irrigable a été agrandie à 150 ha. Par contre,

    l’équipement ne permet que l’irrigation d’environ 100 ha en saison de pluies. La deuxième

    campagne en saison sèche n’est plus pratiquée pour des raisons d’économie. Les exploitants

    ont été organisés en une coopérative.

    3.1.6.1. Mode d’exploitation :

    Les travaux de labour et la fourniture de semences et engrais sont d’abord effectués par la

    coopérative. Ces services et les redevances devant couvrir les coûts de fonctionnement sont

    remboursés en paddy par chaque membre à la récolte. En 2002 la valeur des redevances

    correspondait à 104.000 FCFA/ha. La mission technique chinoise assure le maintien du parc

    d’ engins et le fonctionnement des pompes.

    Le labour, le planage et le semis se font à l’aide des tracteurs de la coopérative. Les

    exploitants utilisent la variété 11.365 d’une durée de 4 mois. Le désherbage, l’entretien des

    diguettes et la récolte se font manuellement. Ils appliquent le NPK et l’urée. L’utilisation de la

    main d’œuvre par hectare est présentée en annexe 3.

    3.1.6.2. Rentabilité

    Le compte d’exploitation ci-dessous est déduit des coûts de production de riz de Dévé,

    présentés dans l’étude V.P.Adegboli et E.Sodjinou, Analyse de la Filière Riz au Bénin, février

    2003. Le rendement pris en compte dans l’étude de 3.126 kg/ha semble élevé mais

  • 27

    correspond aux observations de la mission ainsi que les statistiques de l’ONASA. Un

    rendement moyen de 3 tonnes/ha peut être adopté pour la riziculture de bas-fond.

    Tableau 5 : Calcul de rentabilité de la production de riz d’un ha à Dévé (Adegbola

    2003)

    PRODUCTION

    Redevance (Fcfa/ha) 106 400

    MOS (HJ/ha) 183

    Prix travail salarié (Fcfa/HJ) 1 253

    Rémunération M.O.Salarié (Fcfa/ha) 228 794

    Amortissement stockage (Fcfa/ha) 6 661

    Coûts totaux (Fcfa/ha) 370 012

    Rendement (kg/ha) 4 000

    Prix vente (Fcfa/kg) 100

    Valeur vente (Fcfa/ha) 400 000

    Marge net paddy (Fcfa/ha) 29 988

    TRANSFORMATION

    Taux de décorticage 0,60

    Etuvage 0

    Coût décorticage (Fcfa/kg) 14

    Coût transport (Fcfa/kg) 9

    Total (Fcfa/kg) 23

    Coût transformation (Fcfa/ha) 55 200

    Prix de revient total (Fcfa/ha) 425 212

    Prix de vente riz (Fcfa/kg) 210

    Prix de vente riz d'un ha (Fcfa/ha) 504 000

    Marge net filière (Fcfa/ha) 78 788

    3.1.6.3. Perspectives

    Le Bénin prévoit de lancer des travaux d’Aménagement dans la Basse Vallée du Mono. Le

    financement serait assuré par la BID et la BADEA. Ceci nécessiterait cependant de grands

  • 28

    investissements. De plus, la riziculture irriguée avec pompage entraîne des coûts de

    fonctionnement importants, ce qui réduit la marge des producteurs.

    Le Programme d’Appui au Monde Rural a réalisé quelques petits périmètres d’une superficie

    inférieure à 10 ha, comprenant une station de pompage, un ou deux canaux d’irrigation et le

    casiérage. Ce dernier est réalisé et financé par la population avec l’aide de l’encadrement. Ces

    périmètres pratiquent la double culture : riz et cultures maraîchères. La modestie des

    superficies rend ces périmètres plus faciles à gérer mais ils restent tributaires du bon

    fonctionnement d’une pompe. Cependant, l’absence de techniciens confirmés et de pièces de

    rechanges met en question la durabilité de ce type d’aménagement. L’ONG belge PROTOS a

    programmé de poursuivre ce type d’aménagement dans les années à venir. L’absence de

    données sur leur fonctionnement n’a pas permis de réaliser un compte d’exploitation.

    Comme on peut le constater le Mono dispose d’atouts naturels favorables à la culture du riz.

    Ces éléments constituent d’autant plus un atout intéressant qu’ils interviennent dans un

    contexte de forte poussée démographique, donc de contrainte foncière et de l’existence d’un

    marché potentiel. En effet avec des densités de population supérieures à 100 habitants au

    kilomètre carrés par endroit, les départements du Mono et du Couffo sont de plus en plus

    confrontés à une forte pression foncière qui nécessite une exploitation judicieuse des

    ressources naturelles. La production du riz dans les bas-fond ou dans les plaines inondables

    offre une opportunité d’aménagement qui tient compte des préoccupations

    environnementales.

    Sur tout un autre plan, l’offre locale est encore en dessous de la demande que l’on projette à

    environ 6.500 tonnes en 2017 pour un potentiel de production d’environ 4.550 tonnes.

    3.1.6.4. Les recommandations

    La promotion de la riziculture dans les départements du Mono et du Couffo devrait s’appuyer

    sur :

    Le conseil agricole : le retrait partiel des CARDERs nécessite de renforcer l’encadrement des producteurs. La mise en place d’encadreurs polyvalents couvrant

    non seulement les bonnes pratiques rizicoles mais aussi les autres cultures serait la

    solution la plus économique. Les agents polyvalents pourraient être mis en place par

  • 29

    les CARDER ou par des ONG là où les premiers ne seraient pas représentés

    efficacement.

    La promotion et le renforcement des capacités des OP : Elles pourraient jouer un rôle de catalyseur entre les différents acteurs de la filière riz : producteurs, ONG,

    transformateurs, institutions financières, fournisseur d’intrants. Pour l’instant le niveau

    d’organisation des coopératives au niveau des périmètres laisse apparaître des failles

    qui pourraient compromettre leur bon fonctionnement et émousser l’enthousiasme

    actuel des populations pour la culture du riz. De plus l’UDP devrait pouvoir s’occuper

    plus des questions stratégiques et déléguer les aspects opérationnels et d’encadrement

    aux UCP ( ex USPP).

    Le plus grand potentiel se trouve dans l’aménagement sommaire ou « ouverture » des plaines

    inondables. Une meilleure connaissance de la topographie et des caractéristiques

    hydrologiques pourrait aider les aménagistes à mieux identifier les zones propices. Cette

    activité est déjà entamée par PROTOS.

    En formant un ou deux membres par groupement dans des techniques simples

    d’aménagement sommaire des bas-fonds il serait possible de créer une nouvelle dynamique

    d’aménagements de bas-fond. Ces aménagements, réalisés entièrement par le groupement

    n’aura pas de problème d’appropriation. Les formations pratiques pourraient être organisées

    fin avril ou début mai.

    Avec l’appui de PROTOS les groupements pourraient développer un nouveau type

    d’aménagement de bas-fond avec maîtrise totale, basé sur les écoulements provenant des

    forages artésiens. Ce type d’aménagement a l’avantage de limiter fortement les frais de

    fonctionnement et d’amortissement d’un aménagement à maîtrise totale.

    La mise en place progressive des prestataires de services dans le domaine de la transformation

    permettrait de rendre cette activité plus efficace et économique. L’introduction de petites

    décortiqueuses performantes devrait être favorisée. Des décortiqueuses facilement

    transportables pourraient desservir plusieurs villages à la fois.

    Les techniques d’étuvages améliorées devraient être testées dans la région sud. Le rendement

    du décorticage pourrait ainsi augmenter de 60 % à 80% et améliorer ainsi les revenus des

    producteurs.

  • 30

    Dans le domaine de la commercialisation, des efforts de labellisation des produits pourraient

    être entrepris pour commercialiser le riz local dans des conditions plus transparentes. Ces

    efforts porteraient sur l’amélioration du décorticage et sur le conditionnement, des contrats de

    vente à terme, des crédits de campagne et de commercialisation à taux bonifié dans un

    premier temps.

    3.1.6.5. Synthèse du diagnostic

    Le diagnostic de la filière avec les différents acteurs a permis de dresser le bilan dans le

    tableau ci-dessous :

    Tableau 6 : Diagnostic filière riz Mono suivant Comité Concertation Nationale Producteurs Riz

    Atouts Contraintes Recommandations

    27.000 ha de plaines inondables

    20.000 ha de bas-fonds exploitables

    sols très fertiles

    Présence d’une nappe en charge,

    permettant l’exploitation de forages

    artésiens et le riz de nappe

    Présence périmètre irrigué de Dévé,

    diffusant les semences améliorées

    Forte densité démographique

    OP rizicoles dynamiques

    Coût d’aménagement élevé

    Manque d’expertise pour les

    aménagements sommaires

    Accès aux intrants difficile

    Manque d’encadrement

    Accès au crédit difficile

    Gestion périmètre irrigué lourde

    Besoins en main d’œuvre élevés.

    Manque de décortiqueuses

    Absence de dynamisme des OP à la

    base

    Identifier les zones rarement

    inondées dans les plaines

    Mise en place des AF/UDP +

    renforcement capacités + formation

    en techniques d’aménagement

    Identifier des décortiqueuses

    performantes (pas SEMACA)

    Création d’un fonds de riz pour

    garantir le crédit de campagne

    Promouvoir la mécanisation ,

    notamment les motoculteurs..

  • 31

    3.2. LES DEPARTEMENTS DE L’ATACORA ET DONGA

    3.2.1. Généralités

    Les départements de l’Atacora et Donga se trouvent au nord-ouest du Bénin. Leur superficie

    cumulée est de 31.800 km2. Le climat est du type monomodal. La densité démographique en

    1992 était de 21 habitants/km2.

    3.2.2. Le potentiel

    Selon l’Inventaire des bas-fonds, les département de l’Atacora et Donga disposeraient de

    45.000 ha de bas-fonds exploitables. Ce chiffre aurait été révisé à la hausse dernièrement pour

    atteindre 56 .500 ha. 1048 ha soit 2,3% étaient emblavés en riz en 2003. Environ 500 ha de

    bas-fonds sont aménagés, généralement de façon sommaire. On y trouve 150 ha aménagés

    pour la culture de la tomate. Si on tient compte des bas-fond abandonnés, comme Pélébina, on

    peut estimer la superficie aménagée et réellement rizicultivée à moins de 300 ha.

    La pluviométrie est généralement favorable pour la riziculture, notamment de mi juin à fin

    septembre. Les hautes terres du plateau se prêteraient aussi pour la riziculture pluviale stricte,

    notamment sur les sols les plus lourds. Mais ce dernier type de riziculture n’est pas encore

    développé.

    Le projet de protection du parc de la Pendjari géré par le CENAGREF collabore avec le

    S.A.V. pour encourager les riverains du parc à se sédentariser et à abandonner la culture du

    coton. Dans cette optique, ils aident les villages à développer la riziculture dans les bas-fonds.

    Ce projet a une approche très filière et vise à améliorer aussi bien les techniques de

    production que celles de transformation.

    3.2.3. La riziculture de bas-fond

    Le seul type de riziculture développé dans le département est la riziculture de bas-fond. Les

    333 ha de périmètres en maîtrise totale ont été abandonnés. Actuellement environ 35 ha sont

    en cours d’aménagement. Le faible niveau de formation et la complexité des périmètres

    irrigués ont été identifiés comme les causes principales d’abandon des périmètres. Depuis

  • 32

    lors, les CARDERs et les projets privilégient les bas-fonds assistés ou bien aménagés de

    façon sommaire.

    Antérieurement le riz se cultivait en association avec l’igname : l’igname sur les buttes et le

    riz semé entre les buttes. A présent le riz se cultive essentiellement en monoculture. Malgré

    une longue tradition, le niveau d’expertise des riziculteurs reste faible. Les semences sont

    généralement du tout venants. Les engrais sont rarement utilisés. Le semis se fait encore

    essentiellement à la volée. Les rendements de la riziculture traditionnelle varient entre 1 et 1,5

    tonnes par hectare. Les variations dues aux aléas climatiques restent importantes.

    Ici, contrairement au sud, la riziculture est essentiellement une activité de femmes.

    Les dernières années les CARDERs ont préféré assister les groupements de producteurs de

    riz. Ceci comprend :

    L’animation des producteurs de riz,

    La vulgarisation

    La production de semences, notamment l’INARIS et l’IRAT 127.

    Les travaux d’aménagement consistent dans :

    la réalisation des diguettes en courbes de niveau, le casiérage et son planage par les producteurs,

    l’implantation et le suivi de l’aménagement par les encadreurs

    la construction d’ouvrages à batardeaux et des aires de battage par les tâcherons.

    Selon la DAER le coût des travaux varie entre 600.000 et 900.000 FCFA. Afin de permettre

    le compactage des diguettes il faut réaliser les travaux quand les sols ont la bonne teneur en

    eau. Cette période correspond généralement aux mois de novembre et décembre. La

    coïncidence avec les travaux liés aux récoltes, correspondant à une pointe dans les besoins en

    main d’œuvre, nécessite de mettre en place une très bonne organisation au niveau du village.

    Il est d’autre part recommandé d’exiger cette forte implication des producteurs afin de mieux

    garantir l‘appropriation de l’aménagement.

    La superficie d’un bas-fond varie entre 5 et 10 ha. Une exploitation rizicole inférieure à 0,5 ha

    est considérée comme non rentable.

  • 33

    Lors des visites des aménagements la mission a constaté que l’implantation des diguettes ne

    suit pas toujours les courbes de niveau. Dans le bas-fond de Mountiabou, la Cellule de bas-

    fond a renforcé, pendant la deuxième année de l’aménagement, la diguette à courbe de niveau

    en tête du bas-fond par des enrochements. Ceci protège la diguette contre les écoulements de

    ruissellement. Cet aménagement a été réalisé sur 6 ha en 2001 de façon très participative. La

    Cellule de Bas-fond a dirigé les travaux. La deuxième année la population a de sa propre

    initiative ajouté 3 ha. Selon le CAV, les rendements en 2001 et 2002 ont été de 3 à 4

    tonnes/ha, ce qui est satisfaisant. La mission a cependant estimé que la prévision de

    rendement pour l’année 2003 ne dépasse pas 2 tonnes/ha. Un retard d’au moins 1 mois dans le

    démarrage de la campagne serait la cause principale de la chute de productivité.

    3.2.3.1. Le mode d’exploitation

    Le labour se réalise en mai ou juin, après le démarrage de la saison de pluie : avant les pluies,

    les sols argileux sont souvent trop durs pour permettre le labour. Le labour est réalisé

    manuellement ou bien à l’aide de la traction animale. Le riz est semé fin juin ou début juillet à

    la volée ou en poquets. Les variétés utilisées sont nombreuses et souvent mélangées. La durée

    du cycle varie entre 100 jours et 5 mois. Les engrais sont rarement utilisés vu les difficultés

    d’accès aux intrants. Le désherbage se fait généralement en deux fois à la main ou au petit

    daba. La récolte a lieu en octobre ou novembre. Le battage se fait en majorité sur le sol nu.

    3.2.3.2. Les contraintes de la riziculture de bas-fond

    Les contraintes seraient liées

    à la maîtrise de l’eau

    à l’utilisation de semences non certifiées, dégénérées, mélangées

    aux problèmes d’approvisionnement des intrants

    au non respect des techniques culturales

    à la faible qualité de la transformation

    à l’insuffisance de décortiqueuses

    aux problèmes d’écoulement du paddy, liés aux faible prix d’achat (à peine 80 FCFA/kg après la récolte).

    On peut conclure qu’ici plus que dans les autres départements les contraintes majeures se

    trouvent à l’aval de la filière. On remarque (voir tableau de rentabilité) que le niveau de

    rendement du riz dans les bas-fond aménagés est particulièrement bas, ce qui entraîne une

    remise en cause des aménagements et de l’encadrement.

  • 34

    La qualité médiocre du riz a entraîné la mévente de la production de 2002-2003. Les

    producteurs avaient encore d’importantes quantités de paddy dans les greniers et n’aurait

    emblavé que la moitié des bas-fonds aménagés. En effet la bonne tenue de la campagne du

    mil et du sorgho et accessoirement des tubercules a tiré vers le bas le prix du paddy qui se

    négociait à moins de 100 Fcfa. Le riz net local vendu à 200 Fcfa comportait beaucoup

    d’impuretés, le faisant préféré à son concurrent importé. Les transactions en direction des

    villes secondaires périphériques : Natitingou, Djougou avaient quasiment cessé en cette

    période de relative abondance de produit sur le marché

    3.2.3.3. La rentabilité de la riziculture de bas-fond (tableau 7)

    Le compte d’exploitation ci-dessous est déduit des coûts de production de riz de six groupes

    d’exploitation de riz de bas-fond présentés dans l’étude V.P.Adegboli et E.Sodjinou, Analyse

    de la Filière Riz au Bénin, février 2003.

    Le premier correspond aux exploitations se trouvant dans des bas-fonds aménagés, utilisant

    des variétés améliorées sans engrais. La marge nette de la production de paddy ainsi que celle

    de la transformation est positive. Ce type de riziculture peut être considéré comme rentable.

    Le deuxième correspond aux exploitations se trouvant dans des bas-fonds aménagés et

    utilisant les engrais et les variétés améliorées. La marge nette de la production de paddy est

    légèrement négative, bien que, en incluant la transformation, elle devienne positive. En

    améliorant la maîtrise d’eau et les techniques culturales on devrait s’attendre à des

    rendements de 3,5 tonnes/ha. Ceci rendrait ce type d’exploitations largement rentable.

    Hors aménagement la production de paddy devient non rentable. Sur toute la filière la marge

    reste négative pour les variantes

    hors aménagement avec engrais et semences hors aménagement sans intrants avec variétés locales.

    Ce dernier type d’exploitation est le plus répandu dans le département. Les autres sont peu

    pratiqués.

    On pourrait quand même conclure que la recherche a pu mettre au point les variétés

    améliorées adaptées aux conditions des bas-fonds. Cependant on peut douter de l’efficacité

  • 35

    Tableau 7 : Rentabilité des différents systèmes de riziculture dans l'Atacora

    Rendement moyen 2586 2741 2366 2369 1923 1573

    Aménagé, var améliorée Aménagé, var am, engrais Var amél., engrais Var. améliorées Variétés améliorées Variétés locales

    PRODUCTION

    Coût semences (Fcfa/ha) 10035 9 267 6 300 7 717 4 856 10 906

    Coût engrais (Fcfa/ha) 0 57 429 42 468 0 0 0

    Transport (Fcfa/ha) 19597 0 0 19 597 0 0

    MOS (HJ/ha) 184 191 183 195 182 161

    Coût MOS (Fcfa/HJ) 986 917 857 945 930 846

    Rémunération MOS (Fcfa/ha) 181202 174 927 157 165 184 316 169 421 135 887

    MOF 20 5 23 25 1 18

    Rémunération MOF (Fcfa/ha) 19713 4 738 19 819 23 800 623 15 492

    Amortissement (Fcfa/ha) 2211 4 796 6 565 4 623 6 773 6 104

    Prix de revient (Fcfa/ha) 232 758 251 157 232 317 240 053 181 673 168 389

    Prix de revient (Fcfa/kg) 90 92 98 101 94 107

    Prix de vente (Fcfa/kg) 91 91 91 91 91 91

    Valeur vente (Fcfa/ha) 235 326 249 431 215 306 215 579 174 993 143 143

    Marge net paddy 2 568 -1 726 -17 011 -24 474 -6 680 -25 246

    Taux de décorticage 0,70 0,70 0,70 0,70 0,70 0,70

    Etuvage (Fcfa/kg) 30 30 30 30 30 30

    Décorticage (Fcfa/kg) 14 14 14 14 14 14

    Transport (Fcfa/kg) 9 9 9 9 9 9

    Total (Fcfa/kg) 53 53 53 53 53 53

    Coût transformation (Fcfa/ha) 95 941 101 691 87 779 87 890 71 343 58 358

    Prix de revient total (Fcfa/ha) 331 267 351 122 303 085 303 469 246 336 201 501

    Prix de vente riz (Fcfa/kg) 193 193 193 193 193 193

    Prix de vente riz d'un ha (Fcfa/ha) 349 369 370 309 319 647 320 052 259 797 212 512

    Marge nette transformation (Fcfa/ha) 18 102 19 187 16 562 16 583 13 461 11 011

    Marge nette filière (Fcfa/ha) 20 670 17 461 -449 -7 891 6 781 -14 235

  • 36

    des engrais dans les bas-fonds sans maîtrise de l’eau. L’investissement en achat d’engrais

    pour les bas-fonds non aménagés reste risqué

    3.2.3.4. .Rentabilité

    Le compte d’exploitation ci-dessus est déduit des coûts de production de riz de Dévé,

    présentés dans l’étude V.P.Adegboli et E.Sodjinou, Analyse de la Filière Riz au Bénin, février

    2003. Le rendement pris en compte dans l’étude de 3.126 kg/ha semble élevé mais

    correspond aux observations de la mission ainsi que les statistiques de l’ONASA. Un

    rendement moyen de 3 tonnes/ha peut être adopté pour la riziculture de bas-fond.

    3.2.3.5. Perspectives

    Le SAV est déjà actif autour du parc. Ses actions pourront servir d’exemple pour le

    département, notamment avec des initiatives des OP. Cependant celles-ci ne sont pas encore

    fonctionnelles dans la filière riz.

    Avec la réduction des moyens des CARDERs on ne peut guère espérer qu’ils pourront

    renverser la tendance plutôt négative de la riziculture dans ce département. La crise du secteur

    de coton limitera certainement les problèmes de compétitivité du riz local avec les autres

    cultures. La relance de la riziculture devrait donc venir de l’extérieur. C’est ce qu’a prévu le

    Projet d’Appui au Monde Rural de L’Atacora/Donga . La stratégie de ce projet est de :

    Renforcer le positionnement de chacun des acteurs du développement (CARDER, OP, ONG)

    Replacer les enjeux du développement agricole au niveau des bénéficiaires (individus ou OP)

    Favoriser le processus de concertation entre acteurs

    On peut donc espérer que ce projet pourra en même temps renforcer les CARDERs dans leur

    nouveau rôle régalien et stimuler les OP dans la relance des filières, notamment la filière riz.

    3.2.3.6. Recommandations

    L’amélioration de la qualité du riz net est la clé de la relance de la filière. Les actions à mener

    visent directement les transformateurs dans leur activités d’étuvage et de décorticage. Les

    techniques d’étuvage amélioré doivent être vulgarisées et promues. Des décortiqueuses fiables

    dont les pièces détachées sont facilement accessibles doivent être identifiées et proposées. La

  • 37

    formation des opérateurs et des gérants de décortiqueuses sera nécessaire pour relancer cette

    activité.

    D’autre part les producteurs doivent être sensibilisés sur la qualité du paddy qu’ils vendent

    aux collectrices. Leur paddy contient trop de débris et de cailloux. Le consommateur retrouve

    ces corps étrangers dans son riz vu que les décortiqueuses disponibles ne nettoient pas le

    paddy. De surcroît ils accélèrent la dégradation des pièces, notamment les tamis. Les pièces

    d’origine sont actuellement introuvables sur le marché local.

    La formation des groupes de producteurs de riz doit être promue. Ces groupes faciliteront la

    vente du riz ou paddy et permettront de mettre en place des fonds de garantie pour financer les

    intrants ou permettre l’obtention de crédits de campagne.

    L’accès aux semences améliorées doit être facilité. Un contrat avec la recherche assurerait

    l’approvisionnement des producteurs semenciers en semences de base. Les producteurs

    semenciers produiront les semences sous la supervision des encadreurs (CARDERs ou ONG).

    Au préalable il faut identifier deux variétés à multiplier et promouvoir dans le département.

    Des Agriculteurs Formateurs / UCP seront formés aux techniques d’aménagements

    sommaires. La formation sera annuelle et aura lieu autour du mois de mai. Cette formation

    sera essentiellement pratique et permettra au A.F. d’implanter avec des moyens simples les

    diguettes à courbes de niveau. Les techniques de compactage sommaire et de protection des

    diguettes en terre devront être vulgarisées. Cette formation permettra ainsi l’introduction

    d’une expertise en aménagement de bas-fond au niveau du village.

    3.2.3.7. Synthèse

    Le diagnostic de la filière avec les différents acteurs a permis de dresser le bilan dans le

    tableau ci-dessous :

  • 38

    Tableau 8 : Diagnostic filière riz dans l’Atacora et la Donga suivant le CCNPR

    Atouts Contraintes Recommandations

    Beaucoup de bas-fonds

    exploitables, dont 1048 ha exploités

    et 490 ha aménagés partiellement

    sols fertiles

    45.000 ha de bas-fonds

    Longue tradition de cultiver le riz

    Saison hivernale favorable