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Listériose et grossesse [TD$FIRSTNAME]Caroline[TD$FIRSTNAME.E] [TD$SURNAME]Charlier-Woerther[TD$SURNAME.E] 1,2,3,4 , [TD$FIRSTNAME]Marc[TD$FIRSTNAME.E] [TD$SURNAME]Lecuit[TD$SURNAME.E] 1,2,3,4 1. Institut Pasteur, unité de biologie des infections, 75015 Paris, France 2. Inserm U1117, 75724 Paris cedex 15, France 3. Institut Pasteur, Centre national de référence Listeria, Centre collaborateur OMS Listeria, 28, rue du Dr-Roux, 75015 Paris, France 4. Université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité, APHP, hôpital Necker-Enfants malades, service des maladies infectieuses et tropicales, institut Imagine, centre d’infectiologie Necker-Pasteur, 75015 Paris, France Correspondance : Caroline Charlier-Woerther, APHP, hôpital Necker-Enfants malades, service des maladies infectieuses et tropicales, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris, France. [email protected], [email protected] Disponible sur internet le : Presse Med. 2014; //: /// ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. en ligne sur / on line on www.em-consulte.com/revue/lpm www.sciencedirect.com INFECTIONS ET GROSSESSE Dossier thématique 1 Mise au point Key points Listeriosis and pregnancy Listeria monocytogenes is a ubiquitous Gram-positive bacillus widespread in nature. It is responsible for febrile abortion and encephalitis in cattle. It survives and multiplies at 4 8C and does not alter the taste of food. Listeria monocytogenes is able to cross 3 host barriers: the intestinal, blood-brain and placental barriers. Maternal infection is rare but still severe in France, with 30 to 50 annual cases. Maternal infection is frequently asymptomatic, or manifests as isolated fever, whereas fetal and neonatal infection is severe and have a poor prognosis, with up to 2535% fetal/neonatal mortality. Amoxicillin is the reference antibiotic for listeriosis treatment and should be administered to every pregnant patient with unexplained fever, particularly in case of consumption of at risk food. Prevention in pregnant women relies on adherence to strict diet recommendations such as reheating of leftovers until steaming and avoidance of unpasteurized dairy products, cold delicatessen, meat spreads and pâtés. Listeriosis is a notifiable disease in France. Points essentiels Listeria monocytogenes est un bacille à Gram positif présent dans l’environnement et une zoonose majeure responsable d’avortements et d’encéphalites en contexte fébrile chez le bétail. Elle survit et se multiplie à 4 8C, la température de réfrigération, et n’altère pas le goût des aliments. Elle est capable de traverser trois barrières de l’organisme : intestinale, placentaire et hémato-encéphalique. L’infection maternelle est devenue rare mais reste grave en France : 30 à 50 cas/an. Elle est souvent asymptomatique, parfois la cause d’une fièvre isolée, tandis que l’infection foetale et néonatale est sévère et de mauvais pronostic. La mortalité foetale et néonatale est de 25 à 35 %. L’amoxicilline est la clé du traitement et doit être prescrite à toute femme enceinte fébrile sans agent causal identifié, a fortiori en cas de consommation d’aliments à risque. La prévention repose sur l’éviction des aliments à risque : produits à base de lait non pasteurisé, charcuteries artisanales et préparations « traiteur » non recuites principalement. La listériose est une infection à déclaration obligatoire en France. tome // >n8/ > / http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.03.006 LPM-2441 Pour citer cet article : Charlier-Woerther CLecuit M, Listériose et grossesse, Presse Med (2014), http://dx.doi.org/10.1016/ j.lpm.2014.03.006.

Listériose et grossesse

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Presse Med. 2014; //: ///� 2014 Elsevier Masson SAS.Tous droits réservés.

en ligne sur / on line onwww.em-consulte.com/revue/lpmwww.sciencedirect.com INFECTIONS ET GROSSESSE

Dossier thématique int

Pour citer cet article : Charlier-Woerther CLecuit M, Listériose et grossesse, Presse Med (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.03.006.

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Key points

Listeriosis and pregnancy

Listeria monocytogenes is a ubiqwidespread in nature. It is respoencephalitis in cattle. It survives anot alter the taste of food.Listeria monocytogenes is ableintestinal, blood-brain and placeMaternal infection is rare but sti50 annual cases.Maternal infection is frequently aisolated fever, whereas fetal anand have a poor prognosis, withmortality.Amoxicillin is the reference antiand should be administered tounexplained fever, particularly infood.Prevention in pregnant womendiet recommendations such assteaming and avoidance of unpadelicatessen, meat spreads andListeriosis is a notifiable disease

tome // > n8/ > /http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.03.006

Listériose et grossesse

[TD$FIRSTNAME]Caroline[TD$FIRSTNAME.E] [TD$SURNAME]Charlier-Woerther [TD$SURNAME.E]1,2,3,4, [TD$FIRSTNAME]Marc [TD$FIRSTNAME.E] [TD$SURNAME]Lecuit [TD$SURNAME.E]1,2,3,4

1. Institut Pasteur, unité de biologie des infections, 75015 Paris, France2. Inserm U1117, 75724 Paris cedex 15, France3. Institut Pasteur, Centre national de référence Listeria, Centre collaborateur OMS

Listeria, 28, rue du Dr-Roux, 75015 Paris, France4. Université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité, AP–HP, hôpital Necker-Enfants

malades, service des maladies infectieuses et tropicales, institut Imagine, centred’infectiologie Necker-Pasteur, 75015 Paris, France

Correspondance :Caroline Charlier-Woerther, AP–HP, hôpital Necker-Enfants malades, service desmaladies infectieuses et tropicales, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris, [email protected], [email protected]

Disponible sur internet le :

uitous Gram-positive bacillusnsible for febrile abortion andnd multiplies at 4 8C and does

to cross 3 host barriers: thental barriers.

ll severe in France, with 30 to

symptomatic, or manifests asd neonatal infection is severeup to 25–35% fetal/neonatal

biotic for listeriosis treatmentevery pregnant patient withcase of consumption of at risk

relies on adherence to strictreheating of leftovers until

steurized dairy products, coldpâtés.in France.

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Points essentiels

Listeria monocytogenes est un bacille à Gram positif présentdans l’environnement et une zoonose majeure responsabled’avortements et d’encéphalites en contexte fébrile chez lebétail. Elle survit et se multiplie à 4 8C, la température deréfrigération, et n’altère pas le goût des aliments.Elle est capable de traverser trois barrières de l’organisme :intestinale, placentaire et hémato-encéphalique.L’infection maternelle est devenue rare mais reste grave enFrance : 30 à 50 cas/an.Elle est souvent asymptomatique, parfois la cause d’une fièvreisolée, tandis que l’infection foetale et néonatale est sévère etde mauvais pronostic. La mortalité foetale et néonatale est de25 à 35 %.L’amoxicilline est la clé du traitement et doit être prescrite àtoute femme enceinte fébrile sans agent causal identifié, afortiori en cas de consommation d’aliments à risque.La prévention repose sur l’éviction des aliments à risque :produits à base de lait non pasteurisé, charcuteries artisanaleset préparations « traiteur » non recuites principalement.La listériose est une infection à déclaration obligatoire enFrance.

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Pour citer cet article : Charlier-Woerther CLecuit M, Listériose et grossesse, Presse Med (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.03.006.

C Charlier-Woerther, M Lecuit

La listériose est une infection humaine d’origine alimentairecausée par l’absorption d’aliments contaminés par Listeria

monocytogenes (Lm). Chez la femme enceinte, elle est respon-sable d’infections foetales, de chorio-amniotites, de prématuritéet d’infections néonatales sévères [1]. La listériose materno-néonatale (MN) regroupe les infections concernant une femmeenceinte, et/ou un foetus, et/ou un enfant mort-né et/ou unnouveau-né de moins d’un mois. Bien que rare en France avecmoins de 50 cas annuels rapportés ces dernières années, lalistériose MN est une infection d’une extrême gravité, qui doitêtre prévenue et traitée, et donc parfaitement connue descliniciens.

BactériologieLm est un petit bacille à Gram positif. Le genre Listeria

comporte 5 espèces dont une pathogène pour l’homme,L. monocytogenes, Listeria ivanovii n’étant qu’exceptionnelle-ment la cause d’infections humaines. Ce sont des bactériesaérobies, mobiles à 22 8C, non capsulées et intracellulairesfacultatives. Elles induisent une hémolyse complète (b) surgélose au sang de cheval ou de mouton [2]. La listériolysine,responsable de l’activité hémolytique, est un facteur de virulencemajeur, et les espèces non pathogènes comme Listeria innocua

ne sont pas hémolytiques. La croissance de Lmest optimale entre30 et 37 8C, mais possible entre 1 à 45 8C, donc également à 4 8C,la température de réfrigération, contrairement à la plupart desautres bactéries responsables d’infections alimentaires. Dans lesprélèvements cliniques, Lm peut prendre un aspect de coccoba-cille et fixer de façon imparfaite la coloration de Gram. Lesantigènes cellulaires O et flagellaires H définissent des sérovars,dont la détermination est désormais remplacée par un génosé-rogroupage par PCR, et les 3 génosérogroupes les plus fréquem-ment impliqués en pathologie humaine sont les IVb, IIa et IIb [3].

ÉcologieLa listériose est une zoonose majeure chez les ovins, bovins etcaprins, où elle est responsable d’encéphalites et d’avorte-ments. La bactérie a une distribution ubiquitaire : sol, matièresvégétales en décomposition, tube digestif de mammifèresanimaux ou humains asymptomatiques [2]. Elle est détruitepar la cuisson et la pasteurisation, mais peut contaminer denombreux produits alimentaires crus ou insuffisamment cuitscomme le lait et les produits laitiers non pasteurisés, la viande,le poisson et les légumes (germes de soja. . .) (http://www.cdc.gov/listeria/sources.html). Elle peut aussi contami-ner des aliments après leur cuisson et avant leur emballage,comme des préparations « traiteur ».

ÉpidémiologieL’infection est cosmopolite et fait l’objet d’une surveillancedans la quasi-totalité des pays européens, aux États-Unis et au

Canada [4]. En France, elle repose sur la déclaration obligatoire,mise en place depuis 1999, et implique l’Institut de veillesanitaire (InVS), le Centre national de référence des Listeria

(CNRL) qui reçoit, caractérise et type les souches de Lm, laDirection générale de la santé, la Direction générale de l’ali-mentation et la Direction générale de la consommation, de laconcurrence et de la répression des fraudes, au sein de la celluleListeria. Grâce aux mesures de contrôle mises en oeuvre dansl’industrie agroalimentaire, l’incidence de l’infection a forte-ment diminué depuis 1987 [5]. En France, le CNRL reçoit entre30 et 50 déclarations annuelles de listérioses considéréescomme MN, ce qui représente 10 à 15 % de l’ensemble descas de listériose déclarés en France (données du CNRL). Les casle plus souvent isolés sont sporadiques.La contamination se fait par voie digestive et les principauxaliments ayant été impliqués dans des épidémies de listériosesont listés dans le tableau I. Les produits consommés « enl’état » sont considérés comme les plus à risque car ils nesubissent pas de traitement listéricide (cuisson jusqu’à ébulli-tion) avant consommation [6]. La congélation n’est égalementpas listéricide.La grossesse est considérée comme un facteur de risque majeurde développement de listériose avec un risque de développerl’infection 20 à 100 fois plus important que dans la populationgénérale selon les études [7,8]. Les autres facteurs de risqueidentifiés sont l’existence d’une cirrhose, d’une insuffisancerénale, d’une asplénie, d’une infection par le VIH, d’un cancersolide ou d’une hémopathie, l’administration d’une chimio-thérapie, d’une corticothérapie au long cours ou d’anti-TNF[9,10]. La prise d’un traitement anti-acide semble égalementfavoriser l’infection [11].

PhysiopathologieAprès ingestion, Lm traverse d’abord la barrière intestinalegrâce à un processus d’internalisation actif, médié par l’inter-naline (InlA), dont le récepteur est la E-cadhérine exprimée parles cellules d’origine épithéliale. Cette interaction est critiquepour la traversée de la barrière intestinale, notamment auniveau des cellules caliciformes [12,13]. La listériolysine etles deux phospholipases de Lm lui permettent de lyser lephagosome et ainsi de survivre dans les cellules phagocytairesprofessionnelles (monocytes, macrophages, cellules dendriti-ques). Lm se multiplie dans le cytoplasme et s’y déplace enpolymérisant l’actine, grâce à la protéine ActA, un autre facteurde virulence majeur de Lm. Ces comètes permettent la pro-pagation de l’infection aux cellules voisines par le biais deprotrusions. Lm dissémine de l’intestin au foie puis à la rate parvoie sanguine et lymphatique, et enfin à l’unité foeto-placen-taire.La traversée de la barrière placentaire requiert l’action conju-guée d’InlA liant la E-cadhérine syncytiotrophoblastique etd’InlB, qui lie le récepteur ubiquitaire Met [14]. Environ un

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Tableau I

Liste des principaux aliments impliqués dans des cas groupés delistériose (en gastro-entérite ou forme invasive)

Année Pays Aliment incriminé

1981 Canada Salade de chou (coleslaw)

1983 États-Unis Lait pasteurisé

1985 États-Unis Fromage au lait cru

1983–7 Suisse Fromage au lait cru

1986 Autriche Lait cru ou salade

1987–9 Grande-Bretagne Pâté

1989–90 Danemark Fromage au lait cru

1992 France Langue de porc en gelée

1993 France Rillettes

1997 Italie Salade maïs/thon

1998–9 États-Unis Hot dog

1998 Finlande Poisson fumé

1999 Finlande Beurre

1999 France Langue de porc

2000 Nouvelle-Zélande Viandes prêtes à consommer

2000 États-Unis Viandes prêtes à consommer

2001 États-Unis Salade de pommes de terre

2001 Suède Lait cru

2001 Japon Fromage

2002 États-Unis Viande de dinde prête à consommer

2006 République tchèque Fromage à pâte molle

2008–9 États-Unis Germes de soja

2008 Canada Viande prête à consommer

2011 États-Unis Melon cantaloup

2012 États-Unis Fromage au lait cru

Pour citer cet article : Charlier-Woerther CLecuit M, Listériose et grossesse, Presse Med (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.03.006.

Listériose et grossesseInfections et grossesse

tiers des souches alimentaires possèdent une InlA tronquéeincapable de médier l’internalisation dans la cellule hôte ;cependant, la totalité des souches responsables d’infectionfoetale expriment une InlA sauvage, soulignant le rôle clé decette molécule dans la traversée de la barrière placentaire [15].Outre ces 2 barrières, Lm est également capable de traverser labarrière hémato-encéphalique permettant l’établissementd’une infection cérébrale (neurolistériose).Lm, bactérie intracellulaire facultative, engendre une immunitéà médiation cellulaire, alors que l’immunité humorale, compte

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tenu de la capacité qu’a Lm de se propager de cellule en cellule,semble jouer un rôle mineur, voire nul. L’immunodépressioncellulaire constitue ainsi un facteur de risque majeur de lis-tériose.Un déficit des fonctions immunitaires cellulaires est classique-ment rapporté au cours de la grossesse, dans le contexte del’allogreffe semi-identique foetale, avec une réduction descapacités de prolifération des cellules T après présentationantigénique, et une diminution des capacités de sécrétiond’IL2 et d’IL6 (revu dans [16]), sans que les valeurs absoluesde cellules CD4+ ou CD8+ ne soient modifiées. Cette « immu-nodépression cellulaire » liée à la grossesse est classiquementrendue responsable de la susceptibilité particulière des femmesenceintes vis-à-vis de Lm, bien que des travaux récents souli-gnent le caractère très restreint aux antigènes paternels/foe-taux de la tolérance immune maternelle [17]. Un autre facteurrendant compte du tropisme placentaire de Lm est sa recon-naissance spécifique d’un récepteur, la E-cadhérine, dans untissu baigné par la circulation maternelle mais échappantrelativement à la réponse immune systémique maternelle :ces éléments rendent comptent du fait que le tableau cliniquematernel est en règle une bactériémie isolée, souvent asymp-tomatique, précédant la chorio-amniotite et la survenue descomplications foetales/néonatales. Dans la majorité des cas delistériose MN, aucun autre facteur de risque que la grossessen’est identifié [18].En dehors de la transmission verticale materno-foetale, il n’y apas de transmission inter-humaine.

Clinique maternelleLa listériose peut prendre quatre formes principales : gastro-entérite limitée du sujet immunocompétent, bactériémie quireprésente 50 % des infections invasives en France, neurolis-tériose (25 % des formes invasives) et infection MN dont laprésentation est connue par le biais d’études rétrospectivescompilant des séries souvent hétérogènes de femmes [18–21].Les deux séries les plus larges sont celles de McLauchlinrassemblant 248 observations britanniques de 1967 à1985 et celles de Mylonakis et al. rassemblant 11 observationspersonnelles et 222 cas de la littérature [18,19].L’incubation médiane a fait l’objet d’une étude récente à partirde 12 cas maternels publiés pour lesquels une source alimen-taire unique a été identifiée : elle serait de 28 jours en médiane(intervalle de 17 à 67 jours) [22], plus longue que celle desneurolistérioses (9 jours) et des bactériémies (2 jours). Lamajorité des infections survient au deuxième et au troisièmetrimestres [23].La fièvre est le symptôme le plus fréquent, rapporté dans 65 %des cas, accompagnée d’un syndrome grippal dans 35 à 50 %.L’existence d’un tableau digestif concomitant est rare (7 % descas [19]). L’atteinte neurologique est exceptionnelle pendant lagrossesse (alors que c’est la deuxième atteinte par ordre de

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fréquence en dehors de cette situation) ; elle n’est pas recher-chée chez la femme enceinte [18,24]. Le délai entre le premiersymptôme et le diagnostic reste long : il est évalué à presque7 jours en médiane dans la revue de Mylonakis et al. [19]. Lamortalité maternelle liée à l’infection est très faible [19]. Danspresque 30 % des cas, il n’y a aucun symptôme maternel,notamment aucune fièvre et la listériose est révélée par unecomplication de la grossesse [18,19].

Complications obstétricales et néonatalesLes complications obstétricales sont fréquentes et très lourdes :mort foetale in utero, prématurité, infection néonatale. Selonles séries, seules 4 à 24 % des grossesses se poursuivent sansperte foetale ni infection néonatale.Les nouveau-nés s’infectent in utero par invasion active trans-placentaire des bactéries [25]. Il a cependant été proposé quela contamination puisse également avoir lieu au cours dupassage de la filière génitale pendant l’accouchement, d’unefaçon similaire à l’infection par le streptocoque du groupe B. Cetype de contamination, s’il existe, est probablement marginal.L’incidence des pertes foetales et néonatales est estimée entre25 [26] et 50 % [18] selon les études. Les pertes foetales sedécomposent en fausses couches tardives et morts foetales in

utero ; elles sont rapportées dans 16 à 20 % des cas delistérioses materno-néonatales. Plus de 50 % des femmesaccouchent prématurément [27].L’infection du nouveau-né peut prendre plusieurs formes. Ondécrit classiquement des infections précoces (early-onsetdisease), définies par la présence de symptômes dans lespremiers jours de vie (moins de 3 à 8 jours de vie, selon lesdéfinitions), et qui représentent la majorité des observations,et des infections tardives (late-onset disease), survenant après3 à 8 jours de vie selon les définitions. Le délai médian entre lanaissance et le premier symptôme est de 1,5 jours [19]. Lestrois tableaux principaux sont : (i) septicémie, (ii) pneumopathiecoces mais dans moins de 10 % des infections tardives [18], et(iii) atteinte neurologique centrale présente dans 25 % desinfections précoces et dans 93 % des infections tardives.À la naissance, la majorité des enfants avec infection néonataleprécoce ont un tableau de détresse respiratoire, une prostra-tion, un ictère. Une fièvre, entité rare chez le nouveau-né, estcependant rapportée dans 48 % des cas [19]. Un tableauclassique et pathognomonique de l’infection est celui degranulomatosis infantiseptica, correspondant à une infectiondisséminée abcédée et granulomateuse au niveau hépatique,splénique, pulmonaire, rénal cérébral et cutané.La mortalité de l’infection néonatale est élevée, évaluée glo-balement entre 24 [19] et 34 % [18]. Elle est plus importantechez les grands prématurés, mesurée à 64 % en France parmiles enfants nés avant 28 SA, puis 18 % chez ceux nés entre 28 et37 SA en 2001 [23]. Elle semble également plus élevée dans lesinfections précoces (34 % versus 25 % ensuite [18]). Dans les

infections précoces, l’existence d’une atteinte méningéesemble associée à un pronostic défavorable [19].

DiagnosticLe diagnostic de listériose materno-néonatale repose sur l’iso-lement en culture de Lm sur tout prélèvement maternel oufoetal/néonatal (hémoculture, LCR, placenta, liquide amnio-tique, prélèvement vaginal, prélèvement périphérique du nou-veau-né) [2].La pratique d’hémocultures doit être systématique chez lafemme enceinte fébrile, en particulier en l’absence de signesd’accompagnement ou d’orientation. Il faut rappeler toutefois lasensibilité relativement faible des examens microbiologiquespratiqués chez la mère : moins de 50 % des hémoculturesmaternelles sont positives en cas de listériose MN [19], tandisque les prélèvements cervico-vaginaux ne sont positifs que dansun tiers des cas [19]. À l’inverse, un portage vaginal de Lm a étérapporté de manière exceptionnelle en l’absence d’infection etdoit faire rechercher une infection materno-foetale, même si lemécanisme de l’infection foetale/néonatale n’est pas considérécomme ascendant, comme pour le streptocoque du groupe B,mais transplacentaire [28]. La pratique d’une ponction lombaireest recommandée chez tout enfant ayant un prélèvement positifà Lm. Elle n’est en revanche pas recommandée chez la mère enl’absence de signes neurologiques, au vu de la rareté de l’atteinteneurologique chez les femmes enceintes.L’examen macroscopique du placenta doit être réalisé et met-tra en évidence des lésions micro-abcédées diffuses évoca-trices. Au plan microscopique, il s’agit de lésions villositairesgranulomateuses ou nécrotiques, riches en bactéries [25].L’analyse de la coproculture maternelle n’est pas effectuée enroutine dans la mesure où, d’une part, elle nécessite unensemencement sur milieu sélectif (ALOA) à partir de sellesfraîches et, d’autre part, il a été rapporté des portages asymp-tomatiques chez des sujets sains dans 1 à 15 % des échantillonstestés [29].Les techniques sérologiques n’ont pas leur place à l’heureactuelle dans la stratégie diagnostique. Elles sont fondéessur des tests reposant sur la détection d’anticorps anti-listério-lysine O par Dot Blot ou sur une séro-agglutination des anti-gènes somatiques O et H. Leur usage n’a pas été validé dans delarges populations et leurs limites sont nombreuses : diagnosticretardé, en particulier dans les infections de la femme enceinte,sensibilité imparfaite, valeurs prédictives inconnues, risque defausse positivité par réactivité croisée avec d’autres bactériesGram positives pour les tests utilisant des antigènes somati-ques O et H [2].L’identification d’ADN bactérien par polymerase chain reaction

(PCR) repose sur l’amplification de l’ARN16S, ou sur celle dugène hly de Lm (nb : la PCR hly ne nécessite pas de séquençage,il s’agit d’amorces spécifiques qui n’amplifient que la cible),développée dans le diagnostic des neurolistérioses avec des

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Listériose et grossesseInfections et grossesse

performances intéressantes [30]. La place de la PCR dansl’analyse d’autres types de prélèvement, notamment placen-taire ou de liquide amniotique, n’a pas été validée, maispourrait être intéressante, en particulier chez les patientestraitées par antibiotiques pour qui les cultures risquentd’être faussement négatives.

TraitementUn traitement antibiotique efficace doit être prescrit à la mèreet à l’enfant dès la suspicion diagnostique de listériose. Ainsi,toute femme enceinte ayant une température > 38 8C sanscause évidente doit recevoir en urgence un traitement anti-biotique actif contre Lm.Il n’existe aucune étude contrôlée sur le traitement antibiotiquedes listérioses. Les données disponibles sont tirées d’observa-tions cliniques et d’études menées in vitro ou sur des modèles

Tableau II

Recommandations thérapeutiques pour la prise en charge des listé

Situation clinique Première ligne

Listériose confirmée chezune femme enceinte

Amoxicilline100 mg/kg/j en 3 fois, 14–21 j

+Gentamicine

5 mg/kg/j en 1 fois, 3–5 j

Fièvre non documentée chezune femme enceinte

Amoxicilline1 g � 4/j, 7–14 jours

Fièvre pendant le travail Amoxicilline100 mg/kg/j en 3 fois,

pendant 7 jours à prolonger si listérioseconfirmée

Réévaluation infectiologiqueaprès l’accouchement

En cas de signes de gravité,le traitement associe enplus céphalosporines de

3e génération et une dosede gentamicine

Listériose néonatale Amoxicilline200 mg/kg/j en 4–6 fois, 21 j

+Gentamicine

3–5 mg/kg/j, 21 j

Rq : cotrimoxazole : à éviter au 1er trimestre (risque de non-fermeture du tube neural partid’ictère majoré par déplacement de la liaison bilirubine/albumine). IVSE : intraveineux

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animaux. Les recommandations thérapeutiques actuelles repo-sent donc sur de faibles niveaux de preuve et constituentgénéralement des avis d’experts et des retours sur expérience.Lm est naturellement résistante in vitro aux céphalosporines, àl’oxacilline, à l’aztréonam, à la fosfomycine et à l’acide nalidi-xique. Quatre familles d’antibiotiques sont bactéricides in vitro :bêta-lactamines, aminosides, glycopeptides, cotrimoxazole.Seule l’association amoxicilline (ou pénicilline ou imipénè-me) + aminoside est synergique. Cette association amoxicil-line/gentamicine a été démontrée plus bactéricide que lecotrimoxazole dans un modèle de listériose cérébrale du ratnouveau-né [31]. À l’inverse, les combinaisons érythromycine/amoxicilline et érythromycine/gentamicine sont antagonistesin vitro [32]. Les résistances acquises sont totalement excep-tionnelles en France et l’émergence de Listeria résistante n’estpas un problème d’actualité [33].

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rioses materno-néonatales

Deuxième ligne Troisième ligne

Cotrimoxazolepo (800/160) : 1 cp � 2 ou 3/j,

14–21 j ou IV 2 ampoules � 2 ou 3/j+

Gentamicine5 mg/kg/j en 1 fois, 3–5 j

Avec avis infectiologiqueVancomycine

Dose de charge 15 mg/kgen 1h30 puis 30 mg/kg/j IVSE,

14–21 j+

Gentamicine5 mg/kg/j en 1 fois, 3–5 j

Avec avis infectiologiqueÉrythromycine

2 cp à 500 mg � 3/j, 14 jou

Cotrimoxazole(800/160) 1 cp � 2 ou 3/j, 14 j

VancomycineDose de charge 15 mg/kg en1h30 puis 30 mg/kg/j IVSE

Réévaluation infectiologiqueaprès l’accouchement

– –

ellement corrigé par l’adjonction d’acide folinique), et juste avant accouchement (risqueà la seringue électrique ; po : per os.

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Encadre 1

Recommandations principales pour la prévention de latransmission digestive de la listériose

Pour tous

� Laver les mains, les ustensiles de cuisine et plans de travail après

la manipulation d’aliments crus

� Nettoyer fréquemment son réfrigérateur et s’assurer que sa

température est à 4 8C

� Stocker les viandes crues séparément des légumes, aliments

cuits et des aliments « prêts à consommer »

� Respecter les dates limites de consommation

� Bien laver les légumes, fruits et herbes aromatiques avant

consommation

Précautions supplémentaires pour les femmes enceintes

� Éviter la consommation de lait cru et de fromages préparés à

base de lait cru

� Éviter les fromages à pâte molle, retirer la croûte des fromages

� Éviter la consommation de rillettes, de pâté, de foie gras et de

produits de charcuterie avec de la gelée

� Éviter la consommation de poisson fumé

� Consommer rapidement les produits entamés

� Recuire les restes « jusqu’à ébullition » avant consommation

� Cuire les aliments crus d’origine animale (viande, poissons,

charcuterie telle que lardons et saucisse type « Francfort »)

Pour citer cet article : Charlier-Woerther CLecuit M, Listériose et grossesse, Presse Med (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.03.006.

C Charlier-Woerther, M Lecuit

L’amoxicilline est considérée comme le pivot du traitement. Lecotrimoxazole par voie intraveineuse puis orale est générale-ment considéré comme un traitement efficace et proposé endeuxième intention ou en association avec l’amoxicilline,notamment dans la neurolistériose [34]. Il est généralementcontre-indiqué au premier trimestre du fait d’un sur-risquemalformatif associé au triméthoprime (notamment non-ferme-ture du tube neural). Sa prescription, si indispensable, estnéanmoins possible mais requiert une supplémentation enacide folique. D’autres molécules (glycopeptides, rifampicine,macrolides) sont réputées moins efficaces avec des échecscliniques rapportés ; mais n’ont pas fait l’objet d’une évaluationcomparative [1]. La fosfomycine est naturellement inefficace in

vitro sur Lm, cependant, les bactéries intracellulaires exprimentsous le contrôle du régulateur transcriptionnel PrfA un trans-porteur membranaire de la fosfomycine, Hpt, qui confèrent auxbactéries intracellulaires une forte sensibilité à la fosfomycine[35]. Dans un modèle murin de listériose, la fosfomycine réduitde plus de 4 Log les charges bactériennes des animaux inoculésavec une dose sub-létale de bactéries. L’intérêt de cet anti-biotique, agissant de façon potentiellement synergique avecles bêta-lactamines, traversant extrêmement bien les barrièresbiologiques hémato-encéphalique et placentaire, n’a pas étéévalué à ce jour chez l’homme.Des observations récemment publiées d’échecs cliniques oumicrobiologiques de traitements maternels préemptifs ou cura-tifs par amoxicilline à la posologie de 3 g/j pendant 5 joursfournissent un rationnel pour proposer aux patientes des trai-tements plus longs et à posologie plus élevée [36]. Ainsi, ladurée recommandée de traitement est d’au moins 3 semainesen cas d’atteinte cérébrale et d’au moins 2 semaines en cas desepticémie.Les principales recommandations de prise en charge dans lesdifférentes situations cliniques sont résumées dans letableau II. Ce sont celles proposées par le Centre national deréférence des Listeria et mises en oeuvre à l’hôpital Necker-Enfants malades par les services des maladies infectieuses,obstétrique et microbiologie.

ÉvolutionL’évolution maternelle est en règle simple, sans aucuneséquelle somatique. Le risque de récidive lors d’une autregrossesse est extrêmement faible [37], sans que l’on puissetrancher dans les rares observations disponibles entre coloni-sation persistante ou réinfection.Le pronostic de l’infection est principalement obstétrical : mor-talité foetale et néonatale, et séquelles neurologiques ultérieu-res éventuelles chez les enfants survivants, qui procèdentvraisemblablement des complications de la prématurité induitepar l’infection, du sepsis néonatal et des lésions neurologiquesspécifiques liées à Lm. Elles ne sont pas connues à l’heureactuelle.

PréventionElle passe par l’éviction des aliments à risque et le suivi derègles d’hygiène alimentaire simples. Elles sont rassembléesdans l’encadre 1. Le suivi de ces règles est faible chez lespatientes avec listériose MN, et l’InVS rapporte que 68 % desfemmes infectées ont consommé un aliment déconseillé dansles 2 derniers mois suivant leur infection [38]. À l’inverse, laconsommation d’un aliment se révélant a posteriori contaminéne nécessite pas d’antibioprophylaxie systématique selon l’avisémis en 1999 par le Conseil supérieur d’hygiène publique.

PerspectivesLa listériose reste donc une infection sévère associée à unemortalité et à un risque de perte foetale élevés. Notre connais-sance d’éventuels facteurs de risque génétiques, des facteurspronostiques et des modalités thérapeutiques optimales restecependant imparfaite. Une étude clinique française est en cours(MONALISA) pour tenter d’améliorer la compréhension de cesaspects.

Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflitsd’intérêts en relation avec cet article.

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Pour citer cet article : Charlier-Woerther CLecuit M, Listériose et grossesse, Presse Med (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.03.006.

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