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0 CLUB DE LECTURE ADULTE 2011 - 2012 LES LITTÉRATURES DES ÎLES FRANCOPHONES

Littérature des îles francophones (2012)

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CLUB DE LECTURE

ADULTE

2011 - 2012

LES LITTÉRATURES DES ÎLES FRANCOPHONES

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LES LITTÉRATURES D’OUTRE-MER

D’EXPRESSION FRANCAISE

Il paraît difficile de synthétiser des propos sur « la » littérature d’outre-mer… C’est dans le courant du 19eme siècle que les territoires d’Outre-mer, marqués par une grande tradition orale, ont vu apparaître leurs premiers textes littéraires. La poésie semble avoir été une forme d’expression privilégiée, et constituer un lien entre cette tradition orale précieuse et l’introduction de l’écrit. L’écriture sert encore aujourd’hui la diffusion des contes et légendes traditionnels. Dans le sein de la production littéraire du 20eme siècle se mesurent assez nettement les conséquences de la colonisation notamment à travers le thème redondant de la recherche identitaire. La littérature contemporaine développe des problématiques plus vastes et rejoint en cela une littérature plus internationale.

« littérature d’outre-mer : unité ou diversité »

[extrait d’une page éditée en 2009 du site ‘Actua – litté.com’]

« Peut-on réellement parler de littérature d’Outre-mer ? Si oui, est-elle une ou multiple? Quelles seraient ses caractéristiques propres ?

C’est à ces questions que le débat « Les Outre-mer, unité ou diversité » a tenté de répondre, animé par Marie-José Alié (journaliste et chanteuse) avec les écrivains Dewey Godorey (Nouvelle Calédonie), Eugene Nicole (Saint-Pierre et Miquelon), Jean-François Samlong (Réunion) et Suzanne Dracius (Martinique).

L’outre mer ou les Outre-mer ?

S.D : Habiter en Outre-mer, c’est être dans une poussière d’île. D’ailleurs, l’expression « les

Antilles » vient du latin « les îles qui sont devant », mais devant quoi ? Devant un continent : l’Amérique et, de l’autre côté, la Métropole. Mais je n’aime pas ce terme de métropole car il est condescendant, il signifie « la cité de référence, la cité modèle » et on ne serait que des espèces de périphéries avec un modèle à suivre ? Je préfère me situer par rapport à « l’Hexagone », dont chaque angle apparait comme une ouverture vers nous.

D. G. : Déjà l’expression est relative : « Outre-mer », c’est du point de vue de l’Europe. Mon

Outre-mer à moi ce serait les pays au-delà de la mer Noire, de la mer Méditerranée… De l’autre coté.

J.F. S. : Je pense que nous sommes tributaires d’un espace-temps qui n’est pas

comparable à celui de la métropole. Le plus important pour les écrivains des îles c’est d’avoir un regard « à l’intérieur de soi ». Vous savez, on se remet en question tout le temps, parce que c’est petit alors on se demande « est ce qu’on existe vraiment ? » Notre identité passe

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par l’esprit, le regard et l’attitude à adopter par rapport à l’autre. D’autre part, nous devons jouer la carte de la solidarité pour nous en sortir, c’est pourquoi il est primordial de créer une âme et une identité particulières et ce à travers une langue particulière, pour mieux se comprendre.

E. N. : Saint-Pierre et Miquelon est la plus petite des Outre-mer, nous sommes isolés par

cette microscopie. Pour moi la métropole était comme une entité lointaine. Nous étions situés dans la distance

Un petit bout de France ?

S.D. : Nous avons en partage la culture française. Les Outre-mer sont un petit bout de

culture française plus qu’un petit bout de France. J’habite la langue française mais nous avons aussi le créole. La cohabitation de ces deux langues et cultures forment un duo harmonieux. Pour moi, l’Outre-mer c’est l’ouverture au monde, car tous les sangs ont circulé. En tant que Martiniquaise, je suis un mélange : j’ai du sang noir, blanc, indien coulis, indien caraïbe, j’ai même une arrière grand mère chinoise. C’est un métissage de sang, mais aussi un apport de cultures qui se mélangent et en créent une autre. Je suis contente d’appartenir à ce monde métis, même si ce n’est pas si facile et que l’on n’est pas toujours compris et respectés.

J.F.S. : A la Réunion, il y a 750 000 habitants et 120 000 illettrés. Si c’est un petit bout de

France, il ne correspond pas à l’image de la France ! C’est un vrai problème. Les jeunes diplômés réunionnais ne trouvent pas d’emploi, la jeunesse est abandonnée. C’est pour cela qu’il y a eu des émeutes l’année dernière.

Qu’est-ce qui les rassemble ?

E.N. : Le problème des Outre-mer, c’est que nous ne connaissions pas notre histoire. Dans

mon enfance, on apprenait l’histoire de France, pas la nôtre. Aujourd’hui les choses ont changées et elle est enseignée dans les lycées, mais c’est quelque chose de nouveau. Dans l’écriture, je tends à la découvrir progressivement et je pars à la recherche de notre passé commun. Ça réveille l’imagination.

DG : Oui, mais nous avons une histoire commune : c’est l’histoire coloniale. La France a

imposé toutes les idées du XVIIIeme siècle, en particulier celles de Rousseau avec le mythe du bon sauvage, etc. On a parlé à notre place, jusqu’à ce qu’un jour des écrivains et des poètes se lèvent pour raconter à leur tour notre histoire. Ce sont les conséquences de cette histoire commune qui fait que l’on est là, ensemble, aujourd’hui. C’est une solidarité obligatoire. Le rapport de domination n’a pas cessé. La France essaye toujours de le maintenir à travers d’autres formes. Il est temps que cela cesse, Alors on écrit, car il est temps que nous prenions la parole : On ne veut plus que l’on parle à notre place.

J.F.S. : Il faut que s’opère une remise en cause des Outre-mer par rapport à la politique

imposée par Paris. Pour construire leur destin et leur avenir. Car pour le moment, les réunionnais par exemple, n’ont pas les même chances que les autres : au niveau de l’éducation et de l’emploi. En tant qu’écrivain il est de ma responsabilité de prendre en compte ces problèmes socio-politiques. » [http://www.actualitte.com/actualite/25006-outre-mer-identite-diversite-litterature.htm]

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QUELQUES NOTIONS PAR TERRITOIRE…

LES ANTILLES

La négritude Ce mouvement est né de la rencontre entre Aimé Césaire, Léopold Sedar Senghor et le poète guyanais Léon-Gontran Damas. Ils voulaient affirmer par leurs écrits et leurs poèmes la grandeur de l'histoire et de la civilisation noires face au monde occidental qui les avait jusque là dévalorisées. Ils se refusaient l'existence d'une essence noire mais voulaient faire de leur identité nègre et de l'ensemble des valeurs culturelles du monde noir une source de fierté. Pour Césaire, il s'agissait de bâtir une nation et de fédérer un peuple en rompant un silence collectif. Dans ses écrits, il aborde le thème du héros noir, du colonialisme, de l'émancipation, de la révolution, de l'Afrique et de la tyrannie. Il a voulu, comme Senghor après lui, redonner au peuple noir la fierté de ses racines africaines. Aimé Césaire et Léopold Sedar Senghor mais surtout Léon-Gontran Damas ont eu des contacts avec les mouvements américains de la Négritude qui revendiquaient l'appartenance à la société américaine et leur identité noire : moi aussi, je suis l'Amérique. C’est sans nul doute André Breton qui, en découvrant Le Cahier d’un retour au pays natal en 1941 dans la revue Tropiques , a reconnu que la poésie engagée d’Aimé Césaire entrait dans le cadre de la négritude ou mieux en définissait le concept. Le terme « Négritude » a été très employé après la Seconde Guerre Mondiale parce ce qu’il représentait à la fois une révolte contre le colonialisme, la glorification du passé africain et une nostalgie vis-à-vis de la beauté et de l’harmonie de la société africaine traditionnelle. Pour les tenants de l’Antillanité et de la Créolité, le concept était et demeure désuet parce qu’il appartient à un passé esclavagiste, colonialiste et plus franco-africain que caribéen. Des écrivains tel que Daniel Maximin ou le poète et romancier Bertène Juminer ainsi que Xavier Orville, romanciers latino-américains influencés par le surréalisme, sont également dans le sillage littéraire de Césaire.

[ Source : blog « négritude » consacré à Aimé césaire. Texte de Lise Willar : http://aime-

cesaire.blogspot.com/2007/05/ngritude-et-crolit.html page consultée le 26.07.2011]

De la négritude à la créolité

En 1989 paraît un manifeste littéraire intitulé ÉLOGE DE LA CREOLITÉ, signé par Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant. Le mouvement littéraire dit "de la Créolité" vient d'être lancé et connaîtra un succès français, puis européen et enfin mondial. Traduit dans une quinzaine de langues, ce manifeste est aujourd'hui étudié dans la plupart des universités des États-Unis et du Canada. Il faut replacer ce concept dans l'histoire des idées et de la littérature de la Martinique. En effet, à la fin du XIXe siècle, une cinquantaine d'années après l'abolition de l'esclavage, surgit le premier courant littéraire antillais que l'on peut qualifier de manière neutre de "régionaliste" ou de manière critique de "doudouiste"

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avec des poètes tels que Daniel Thaly ou Osman Duquesnay. Ensuite, dans les années 1930, et cela jusqu'aux années 1960, régnera le mouvement de la Négritude d'Aimé Césaire, suivi de 1960 à 1985 par le mouvement de l'Antillanité d'Édouard Glissant. La Créolité est donc le dernier né des mouvements littéraires martiniquais.

Au contraire du régionalisme, la Créolité chante la totalité du réel antillais et pas seulement la mer bleue, le sable blanc et les colibris. Elle s'intéresse aux quimboiseurs, aux djobeurs, aux coupeurs de canne, aux femmes de mauvaise vie, etc., brisant ainsi le cliché des îles paradisiaques. Au contraire de la Négritude, la Créolité écarte toute connotation raciale ou raciologique : "créole" vient du latin creare qui signifie "créer/se créer" et désigne les nouvelles réalités des Amériques suite à la conquête européenne, en particulier dans l'archipel des Antilles. Au contraire de l'Antillanité, la Créolité ne se résume pas à ce seul archipel puisqu'elle vise, dans un premier temps, à englober les zones créolophones des îles du Cap Vert et de l'océan Indien (Maurice, Seychelles, Réunion), puis dans un second temps, les populations mixtes apparues dans les banlieues des grandes métropoles du monde occidental (Paris, Londres, New-York etc...). [Encyclopédie Wikipédia] Ce mouvement idéologique, principalement porté par les auteurs martiniquais, a fait l’objet d’importants débats. Il a été cependant inégalement suivi. Les écrivains guadeloupéens étant moins revendicatifs, les dimensions politiques de la créolité marqueront nettement moins la littérature guadeloupéenne.

Créolité dépassée

Les auteurs antillais actuels, ceux de la nouvelle génération, entendent investir tous les domaines, tous les genres littéraires. Cela n’a pas toujours été le cas. Les auteurs de la négritude, par exemple, n’ont jamais écrit de romans. Aujourd’hui, le roman est considéré par les professionnels du livre, comme étant le genre littéraire majeur, car celui qui se vend le plus. Evidement, pas de relation de cause à effet pour les auteurs, mais on note tout de même une forte progression du nombre de textes romanesques, même si les essais sont toujours très importants. Un recul est cependant à noter en ce qui concerne la poésie. Les éditeurs sont unanimes : « cela ne se vend plus ». Alors, les auteurs actuels utilisent d’autres formes de publication que le livre traditionnel, notamment pour la poésie. Celle-ci est souvent distillée sur la grande Toile, par exemple.

[http://guadeloupe.la1ere.fr/infos/culture/litterature-loutre-mer-au-salon-du-livre-de-paris_1544.html]

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HAITI

La vie politique et la création littéraire ont toujours été fortement imbriquées, à tous les stades de l’histoire d’Haïti.

« La littérature haïtienne est « au bouche à bouche avec l’histoire » » René Depestre

Les intellectuels haïtiens se sont tournés, successivement ou simultanément vers la France, l’Angleterre, l’Amérique, et puisent aux sources des traditions africaines. Dans le même temps, l’histoire d’Haïti a toujours été un matériau riche d’inspiration pour la création littéraire, avec ses héros, ses soulèvements, ses cruautés et ses rites.

C’est véritablement à l’indépendance que naît la littérature haïtienne. En 1804, Fligneau fait jouer sa pièce L’Haïtien expatrié. Mais les classes dirigeantes et les élites intellectuelles, au sein de l’État haïtien émergent, restent très imprégnées de la culture française. Sur le fond, la littérature développe une veine patriotique qui retrace les hauts faits de la convulsive accession à l'indépendance. Sur la forme, elle épouse, au fil du XIXe siècle, les courants littéraires successifs qui viennent de France : classicisme, romantisme, Parnasse, symbolisme (jusqu’au surréalisme le siècle suivant).

La production théâtrale est également riche et importante, parallèle à l’éclosion du mélodrame en France. Tous les genres sont représentés : drame en prose, tragédie, comédie et les œuvres reflètent l’actualité et l’évolution des mœurs.

Le XIXEME siècle se clôt sur une littérature imprégnée du prestige de la langue française et

presque exclusivement tournée vers Paris. Ne touchant que la minorité de francophones alphabétisés, elle ignore le quotidien social, malgré une dimension patriotique très forte.

L'occupation américaine, à partir de 1915, est un électrochoc. La « génération de la gifle » crée successivement des revues littéraires militantes : La Revue de la ligue de la jeunesse haïtienne (1916), La Nouvelle Ronde (1925), et surtout La Revue indigène (1927). L'inspiration est combattante dans un pays en proie à une instabilité politique chronique et exprime le mal de vivre d'une génération aspirant à une vie meilleure. Le mouvement indigéniste, par la voix de son initiateur Jean Price-Mars invite les écrivains « à cesser d'être pasticheurs pour devenir des créateurs » (Ainsi parla l'Oncle, 1928), en clair à puiser aux racines africaines de l'homme d'Haïti. La résistance trouve alors son expression dans la culture orale issue de l'esclavage, les contes, traditions et légendes.

Dans le même temps, le réalisme social investit la littérature, qui devient un terrain d'engagement et de défense du peuple, avec Jacques Roumain (Gouverneurs de la rosée, 1944) ou René Depestre. Le roman met alors en scène les couleurs sombres de la vie des paysans. Stephen Alexis, René Depestre et Gérald Bloncourt fondent en 1945 la revue La Ruche.

En 1946, André Breton est chargé par le directeur des Affaires culturelles à Paris d'établir des relations avec les intellectuels haïtiens.

En pleine grève insurrectionnelle menée par les étudiants contre le gouvernement Lescot, ses discours trouvent un écho auprès des insurgés, emmenés en particulier par René

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Depestre. Toutefois l'influence surréaliste restera mineure, quoique réelle, sur la littérature haïtienne.

Beaucoup plus fécond sera le courant du réalisme merveilleux de René Depestre ou Jacques Stephen Alexis dans les années 1950. Le site web « Haïti chérie » définit le réalisme merveilleux, expression inventée par le Cubain Alejo Carpentier, comme « l'alliance baroque du mythe et du concret, goût des images violentes et d'une écriture virtuose, tropicale ». La littérature haïtienne contemporaine fait bien partie de la mouvance culturelle latino-américaine. Dans la jeune génération, l'écrivain Louis-Philippe Dalembert, entre autres, est l'auteur d'une thèse de doctorat en littérature comparée sur La représentation de l'Autre dans l'œuvre romanesque d'Alejo Carpentier.

La Diaspora

« J’ai quitté là-bas, mais je ne suis pas encore d’ici »— Dany Laferrière

Le régime des Duvalier a vu l’exode de nombreux intellectuels haïtiens. Ceux qu’on appelle les écrivains de la diaspora s’engagent dans une littérature militante, qui évoque Haïti sous l’angle des souvenirs, des souffrances, de la culpabilité d’être loin de leur terre. Comme Jean Métellus, dans Louis Vortex (1992, réédition 2005), ils mettent souvent en scène le quotidien des haïtiens exilés dans leur pays d’accueil. Mais le déracinement a des conséquences importantes : épuisement des sujets nationaux ou au contraire folklorisme, parfois de commande (en particulier autour du vaudou). Lorsque l’« exil » perdure, il devient alors difficile de qualifier d’haïtien un texte ou un auteur. Un auteur haïtien ne vivant pas dans son pays, et n’écrivant pas sur Haïti, fait-il partie de la littérature haïtienne ?

Quelques auteurs contemporains :

Ils vivent en Haïti : Frankétienne (1936 -), Lyonel Trouillot (1956 -), Gary Victor (1958 -), Jean-Claude Fignolé (1941 -)

Ils vivent aux États-Unis ou au Canada : Anthony Phelps (1928 -), Émile Ollivier (1940 - 2002), Dany Laferrière (1953 -), Marie-Célie Agnant (1953, -), Stanley Péan (1966 -), Edwidge Danticat (1969 -), Jean-Robert Léonidas (1946 -)…

Ils vivent en France : René Depestre (1926 -), Jean Métellus (1937 -), Jean-Claude Charles (1949 - 2008), Louis-Philippe Dalembert (1962 -)…

[ Encyclopédie Wikipédia ]

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SAINT-PIERRE ET MIQUELON

Zoom sur Eugène Nicole

Eugène Nicole a reçu le prix Joseph Kessel, remis le 11 juin 2011 lors du festival Étonnants Voyageurs à Saint-Malo, pour L'oeuvre des mers. Il s’agit d’ un roman poétique et ambitieux constitué de cinq volumes publiés progressivement depuis 1988, avant d'être assemblés et couronnés d'un épilogue.

Né à Saint-Pierre et Miquelon en 1942, il part pour la métropole à quatorze ans afin de poursuivre ses études. Après un passage en internat en Vendée, il intègre la Sorbonne et l’Institut d’études politiques. En 1968, il fait un voyage en Alaska avant d’entamer une carrière universitaire aux Etats-Unis où il enseigne la littérature française à l’université de New York. Il participe à la rédaction de nombreux articles, sur Proust notamment, et collabore à l’édition de A la recherche du temps perdu pour la Bibliothèque de la Pléiade. Il établit ensuite l’édition de À l’ombre des jeunes filles en fleurs et Le Temps retrouvé pour Le Livre de Poche en 1993.

LES COMORES

Dans l'ensemble, la littérature comorienne porte en elle, naturellement et d'emblée, les empreintes de la tradition orale, qu'elle se propose de magnifier en un corps textuel. Les auteurs puisent aussi bien dans les fables, les légendes et autres fantasmagories constitutives de l'imaginaire collectif que dans les techniques d'expression des temps passés. En littérature d'expression française, ce n'est que très tardivement, en comparaison avec l'Afrique francophone, que les vocations s'expriment. Avec la publication en 1985 de La République des Imberbes de Mohamed Toihiri aux Editions L'Harmattan, roman à dimension historique, une porte s'ouvre pour des tas d'autres manuscrits enfermés dans des tiroirs et menacés par l'oubli. L'imaginaire des auteurs se libère, comme pour prolonger le geste de cet auteur, s'engage dans les concours et remplit les colonnes de la presse nationale. Un phénomène qui part alors de la nouvelle au roman, en passant par le théâtre et la poésie.

Globalement, c'est l'histoire politique, celle en particulier de la confrontation entre le système en place et les élites en formation, qui prédomine dans la profusion d'écrits de la fin du 20ème siècle. Il s'agit là d'une permanence dans la littérature comorienne d'expression française. Ajoutez à cela la relecture et la réécriture de contes, au milieu des années 1990 par Abdallah Saïd et Salim Hatubou. Ce dernier introduira par ailleurs une nouvelle problématique dans cette littérature, qui prend appui dans le contexte migratoire. C'est par ce biais que Le sang de l'obéissance, son premier roman, entreprend une critique de la coutume comorienne à travers le anda na mila (rituel de mariage). Son regard s'éloigne de la

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thématique politico-historique pour interroger l'acteur social dans ses comportements. Cela ne lui vaudra pas que des éloges !

Salim Hatubou deviendra très vite le plus prolifique et le plus ouvert des écrivains d'origine comorienne. Il sera aussi le premier à vouer totalement sa vie à l'écriture. Il en fait un métier, s'ouvrant à l'écriture cinématographique et à la B.D, fondant une structure d'édition (Encres du Sud), publiant d'autres plumes comoriennes comme Nourd-Dine (Mwanangaya) ou encore l'auteur de ces lignes (Omar-la-Baraka). Le premier est un roman écrit selon la tradition rousseauiste de L'Emile ou de l'Education, le second une biographie renouant avec la tradition du récit historique et généalogique, en y injectant un souffle romantique et une poétique soufie.

Extrait d’un texte de Soilih Mohamed Soilih (écrivain et homme politique comorien)

[source : http://www.ikonidjabal.info/les-ecrivains-suite.html page consultée le 26.07.2011]

MADAGASCAR

Interférence orale et écrite

Ce n’est pas seulement au 19e siècle, avec l'introduction de l'écriture latine, que l'histoire de la littérature malgache a débuté. Des œuvres orales, qui coexistent aujourd'hui avec les créations écrites, ont existé depuis la nuit des temps. En fait, à l'heure actuelle, la littérature malgache évolue dans trois sens complémentaires. Il y a naturellement les écrits en langue nationale, les écrits francophones et la littérature orale qui poursuit toujours son chemin. Si les deux premiers s'inspirent parfois, aussi bien par le fond que par la forme, de cette dernière, la structure ou même le thème véhiculé par celle-ci, selon le cas, peut être influencée par la modernité.

Un pays de tradition profondément orale

De par son ancienneté et pour marquer la différence, la littérature orale est dénommée actuellement Littérature des Anciens (Literatioran'ny Ntaolo) par les chercheurs et les universitaires. La pérennité de cette Littérature des Anciens s'explique par le fait que Madagascar reste profondément un pays de tradition orale. Le verbe a toujours joué un rôle important dans l'univers malgache. Pour le grand public, se rendre visite et s'informer mutuellement, par exemple, s'avère être une activité beaucoup plus attrayante que celle de la lecture qui est un acte nécessairement solitaire. Attitude qui ne peut que corroborer cette affirmation disant que les Malgaches règlent les querelles par le combat des mots. L'on se réfère pour cela à l'une des grandes poésies de la littérature orale, les «Hainteny», qui sont des véritables joutes poétiques. La civilisation malgache avait surtout connu dans le passé une expression artistique vocale

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et orale. Le «Kabary» ou discours traditionnels avec ses jeux de mots, des paroles, des phrases était et reste encore un art authentiquement reconnu. Les images au lieu d'être de simples illustrations sont au centre de la prestation.

Une très jeune littérature

La véritable naissance de la littérature malgache se situe au début du 20 eme siècle avec la parution des journaux indépendants non confessionnels et non officiels. Elle n'avait dans l'ensemble que les journaux comme moyen de diffusion, situation qui perdure encore aujourd'hui. Néanmoins, en 1926, parut le premier recueil de poèmes et de nouvelles de Rodlish (1897-1967) et de Jean Narivony (1898-1980). Trois années plus tard, en 1929, ce fut le tour d'une anthologie, oeuvre de 11 écrivains, dont Ny Avana Ramanantoanina, Eliza Freda, etc. Très rapidement, de nombreux Malgaches furent attirés par ce nouveau mode d’expression écrite et, dans les années trente, des hommes de lettres de talent se révélèrent. Le plus connu d’entre eux fut le poète Jean-Joseph Rabearivelo. Il fut le vrai chef de file des écrivains qui trouvaient leur source d’inspiration dans leur terre, c’est-à-dire «la terre de leurs ancêtres». D’autres poètes contemporains possèdent une audience internationale, notamment Jacques Rabemananjara, Flavien Ranaivo, Rado. Ces vingt dernières années, Michèle Rakotoson, Jean Luc Raharimanana, Charlotte Rafenomanjato et Esther Nirina ont émergé du lot et sont connus à l’étranger, surtout en France et dans la région de l’Océan Indien.

Une humble édition

La littérature malgache existe, mais les écrivains qui peuvent éditer leurs œuvres sont très peu nombreux. Le monde de l'édition ne considère pas la production littéraire comme une affaire rentable et n'a pas de véritable politique de promotion dans ce domaine. Ainsi, seuls les écrivains de la diaspora peuvent tirer profit de leur talent littéraire et que la notoriété n'est pas forcément gage de sécurité financière. Pour être édités, il reste toujours le tirage à compte d'auteurs, mais c'est une situation qui est loin d'être confortable. A Madagascar, les critiques littéraires en général ne jouent pas leur rôle. L'appréciation faite n'est pas toujours objective. Il y a décalage entre les écrivains et le lectorat, voire une rupture de communication entre eux et le jeune lectorat. Des auteurs malgaches choisissent le français comme langue d'écriture en vue d'atteindre un auditoire plus élargi, étant entendu que les Malgaches n'accordent qu'une attention limitée à cette littérature à l'accent francophone. Certains auteurs avouent qu'il leur est plus facile d'exprimer en français tout ce qu'ils ne peuvent dire en malgache, à cause des tabous du langage imposés par la société. [source : http://www.toutmada.com/litterature-malgache/decouvrir205.html ; page consultée le 19 08 2011]

A lire aussi : la page web de l’encyclopédie Larousse sur la littérature malgache. : http://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Madagascar/175028

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ILE MAURICE

Avant de parler des œuvres insulaires, il faut rappeler la place qu' a occupée l'exotisme de quelques contributions d'écrivains européens. En premier lieu, bien sûr les romans de Bernardin de Saint-Pierre qui avec Voyage à l'isle de France (1773) et surtout Paul et Virginie (1788), fait connaître ce petit coin de terre dans l'hémisphère nord. Plus tard, Charles Baudelaire en rapporte quatre poèmes, dont le célèbre A une dame créole qui figurent dans Les Fleurs du mal (1841). Alexandre Dumas père écrit Georges, publié en 1841, qui reste un brillant reflet des conflits et de la haine ouverte ou contenue que se vouaient colons et anciens esclaves. Au vingtième siècle, Paul-Jean Toulet, de mère mauricienne, fait une large place à l'île dans ses ouvrages Contrerimes (1921) et Journal et Voyages après y avoir séjourné. Plus récemment, Geneviève Dormann, habituée de l'île Maurice, a tracé, dans Le bal des dodos, une caricature acide, à très gros traits, de la minorité blanche mauricienne.

Un des plus grands, sinon le plus grand à ce jour, écrivain mauricien est Malcom de Chazal qui se définit comme le plus grand hindou de l'île. Il écrit des œuvres surréalistes : Sens plastique, et Pétrusmok où il lit dans les montagnes mauriciennes l'histoire fantastique de civilisations englouties. Les auteurs actuels, qui utilisent le français comme support, outre qu'ils soient rarement publiés en Europe, n'offrent guère souvent des perspectives originales : on retiendra toutefois Ananda Devi (qui a reçu le 20 mai 2001, le prix de littérature de l'Océan Indien pour son livre Moi l'interdite).

[Extrait d’une page web consultée le 27 septembre 2011 : http://barrere.claude.free.fr/maurice/litterat.htm]

Les romans de Nathacha Appanah, née en 1973 à Mahébourg, connaissent depuis quelques années un réel succès. Depuis la publication de son premier roman Les rochers de poudre d'or en 2003, les livres de Nathacha Appanah ont été régulièrement salués par la critique. Publié à l'époque dans la toute jeune collection de Gallimard Continents noirs, Les rochers de poudre d'or avait reçu le prix du livre RFO. Au rythme d'un livre par an, les suivants vont confirmer l'engouement des critiques et lecteurs. Toujours chez Continents noirs, Blue Bay Palace sera couronné par le Grand Prix Littéraire des Océans Indien et Pacifique en 2004. L'année suivante, La Noce d'Anna reçoit le grand prix du Salon du livre de Paris. En 2007, les Editions de l'Olivier publient Le Dernier frère, quatrième roman de l'auteur. En entrant aux très réputées Editions de l'Olivier Nathacha Appanah rejoint non seulement des auteurs à succès de la littérature française, comme Marie Desplechin et Agnès Desarthe, et étrangère comme Michael Ondaatje et Jamaica Kincaid, mais aussi des compatriotes, puisqu'elle y sera la quatrième Mauricienne, après Bertrand de Robillard, Barlen Pyamootoo, Carl de Souza et Shenaz Patel. Cette belle trajectoire hautement couronnée est tout à fait méritée. L'œuvre qui s'impose doucement mais sûrement avec ces quatre romans propose une des écritures les plus distinguées que les lettres francophones (dira-t-on désormais, "du tout-monde' ?) nous aient donné à lire ces dernières années. Le minimalisme du titre, Le Dernier frère, surprend agréablement, en ces temps de titres-fleuve. En fait, ce titre aux échos camusiens reflète et annonce ce qui a dû, une fois de plus, séduire les lecteurs de Nathacha Appanah : une histoire chargée d'émotions existentielles et singulières, racontée dans un style d'une sobriété terriblement efficace.

[http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=6915 ; page consultée le 10/06/2012]

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LA REUNION

La littérature réunionnaise est marquée par une tradition poétique apparue dés le XVIIIe siécle, à l'époque où l'île s'appelait encore Bourbon, sous la plume de deux auteurs, Antoine de Bertin et Evariste Parny, qui produisent à Paris, les premiers textes poétiques « créoles ». Ils seront suivis un siècle plus tard par Charles Leconte de Lisle, Léon Dierx et Eugène Dayot. Les paysages insulaires et l'exotisme sont fréquemment les sources d'inspiration de ces écrivains.

Premier roman

Le premier roman réunionnais, Les Marrons, apparait en 1844; Louis Timagène Houat y met en scène quatre esclaves fuyant la tyrannie de leur maître, dénonçant pour la première fois les préjugés de la haute société blanche coloniale.

Renouveau

Aux côtés d'Anne Cheynet, de Jean Lods et de Jean-François Samlong, le romancier Axel Gauvin marque le renouveau de la littérature réunionnaise. Professeur agrégé de sciences naturelles, il est un fervent militant de la culture réunionnaise et de la promotion de la langue créole. Ses romans s'inspirent de la vie quotidienne et tentent de faire un inventaire et de sauvegarder ce qui fait la spécificité de la Réunion. Dans Faims d'enfance (1987), il situe son action à l'intérieur de l'école d'un village isolé sur les Hauts de l'île et décrit les réactions d'un jeune garçon d'origine tamoule face à tous les aspects de la société réunionnaise. Le talent littéraire de Gauvin éclatera dans L'Aimé (1990) une histoire d'amour entre une vieille dame, Margrite Bellon, et le petit Aimé recueilli dans la tourmente d'un jour de cyclone et ramené à la vie par la tendresse et l'affection d'une grand-mère pourvoyeuse de bonheur. [source : http://lionel.suz.free.fr/index.php?id=run&sub=litterature page consultée le 26.07.2011]

NOUVELLE CALÉDONIE

La Nouvelle-Calédonie a produit plusieurs écrivains dont le plus célèbre localement reste Jean Mariotti. Ses principales œuvres sont surtout :

Les Contes de Poindi, recueil de contes inspirés de légendes kanaks, Takata d'Aïmos, roman fantastique lui aussi inspiré d'une légende traditionnelle

kanake. Remords, roman psychologique sur les bagnards. À bord de l'incertaine, récit de fiction se situant dans un pays imaginaire mais inspiré

de son enfance dans le petit village calédonien de Farino. Le Dernier voyage du Thétis,

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Également plusieurs ouvrages sur l'histoire, la géographie ou l'économie de la Nouvelle-Calédonie.

La Nouvelle-Calédonie a également vu naître ou a accueilli plusieurs auteurs renommés, en inspirant fortement tout ou partie de leur œuvre. C'est le cas notamment de Francis Carco, qui a passé ses dix premières années sur le Territoire, ou encore A.D.G., auteur de roman noir resté célèbre pour ses idées d'extrême droite véhiculées dans ses livres et pour avoir été témoin de la période de la montée de l'indépendantisme puis des évènements des années 1980. Pour ce qui est de la littérature kanake, les auteurs les plus représentatifs restent Déwé Gorodey, actuellement membre du Gouvernement local chargé de la Culture, ou encore l'écrivain, poète et dramaturge Pierre Gope. Une de ses pièces, Les Champs de la Terre, fable poétique inspiré du folklore calédonien et surtout kanak, a ainsi été représentée au Festival d'Avignon en 2006 et a fait ensuite l'objet d'une tournée en Europe. De plus, l'un des auteurs calédoniens les plus prolifiques aujourd'hui est Nicolas Kurtovitch, président fondateur depuis 1996 de l'Association des écrivains de Nouvelle-Calédonie, et dont le recueil de poésie Le Piéton du dharma a reçu le prix du salon du livre insulaire d'Ouessant, catégorie poésie. On lui doit surtout des recueils de poésie, mais aussi un roman : Good night friends, ainsi que plusieurs pièces de théâtres dont une en collaboration avec Pierre Gope : Les Dieux sont borgnes, éd. Grains de sable, Nouméa, 2002 Frédéric Ohlen est un autre poète réputé, auteur de quatre recueils qui allient profondeur du message et acuité de la forme. Le plus récent, La Lumière du Monde, a reçu le prix du gouvernement au Salon international du livre océanien. En 1996 a été créé le prix Livre Mon Ami décerné par des enfants âgés de 9 à 13 ans vivant en Nouvelle-Calédonie à un ouvrage de littérature d'enfance et de jeunesse de parution récente et de langue française. L'auteur qui remporte le prix est ensuite invité à se rendre en Nouvelle-Calédonie pour rencontrer ses jeunes lecteurs. La Brousse en folie de Bernard Berger permet de découvrir les singularités de la société néo-calédonienne à travers une expression humoristique accessible à tous. Cette série de bande dessinée, née en 1984, est chaque année parmi les plus gros succès d'édition de l'île.

[Encyclopédie Wikipédia]

POLYNÉSIE FRANCAISE

En cinq décennies, l'écrit a pris place dans la société polynésienne. En ce début de troisième millénaire est née une littérature spécifiquement insulaire.

C’est pour des raisons climatiques et environnementales que les Polynésiens n’ont pu développer d’écriture. Dans ces îles, aucun végétal ne permet la fabrication d’un papier qui survive à l’extrême humidité du climat, et la roche volcanique, trop tendre, ne résiste pas à l’érosion.

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Premiers écrits sur la Polynésie

Jusqu’à la fin des années 1960, la « littérature polynésienne », de Bougainville à Bernard Moitessier, se compose exclusivement d’écrits des voyageurs, de scientifiques et de missionnaires.

Historiquement, le livre le plus ancien portant la signature d’un Polynésien est la traduction de la Bible en reo Tahiti* (1838) par le Britannique Henry Nott et Tuahine, originaire de Raiatea. La première œuvre littéraire de fiction signée par un auteur polynésien n’est publiée qu’au début des années 1980. Il s’agit du recueil de nouvelles Vai de Rai Chaze.

Les années charnières

Les années 1980 érigent deux pans fondamentaux de l’univers littéraire polynésien. D’abord, la naissance de maisons d’éditions locales qui vont s’attacher à publier des œuvres écrites en Polynésie pour un public polynésien. Les trois principales ayant survécu sont : Au vent des îles, les éditions Le Motu et la maison Haere Po.

Au cours de cette période, bien rares sont les ouvrages portant une signature polynésienne. Cependant, quelques auteurs autochtones commencent à montrer le bout de leur plume.

Ce n’est que dans la deuxième moitié des années 1990 que paraissent des ouvrages importants signés par des auteurs locaux. Celui qui fait le plus parler de lui est L’île des rêves écrasés de Chantal Spitz, une œuvre de fiction fortement autobiographique et porteuse d’un discours identitaire revendicatif très puissant. Le lyrisme violent et langoureux de cette écriture surprenante, pour ne pas dire dérangeante, annonce quelque chose d’essentiel qui ne laisse personne indifférent.

Dans le même temps, des auteurs importants et prolifiques, tel Jean-Marc Pambrun, sont obligés de publier leurs œuvres à compte d’auteur.

Pleine de richesses et de promesses, la littérature polynésienne est la plus merveilleuse des fenêtres pour découvrir la Polynésie française.

* Reo Tahiti : langue tahitienne

Source : [http://julien-gue.suite101.fr/naissance-de-la-litterature-en-polynesie-franaise-a10948]

Attention ! La plupart des ouvrages sont publiés par de petites maisons d’édition et un certain nombre d’entre eux sont actuellement indisponibles.

Retrouvez une base de données de la littérature francophone de la Caraïbe, de l'Océan Indien et de l'Océan Pacifique sur le site internet « île en île » : http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/

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Livres lus par les membres du club de lecture :

Présentation des auteurs Résumés Commentaires

AGNANT, Marie-Céline Née à Port-au-Prince, Haïti, Marie-Célie Agnant vit au Québec depuis 1970. Elle a enseigné le français et travaillé plusieurs années à titre de traductrice et interprète. Elle se consacre aujourd'hui à l'écriture. Auteure de poèmes, romans et nouvelles, elle publie aussi des ouvrages destinés aux jeunes. Elle est également conteuse et s'intéresse au théâtre. Ses livres sont édités au Québec, en France et en Haïti. Écrivaine présente et attentive au monde qui l'entoure, elle souhaite que son œuvre reflète son engagement. Ses textes trouvent leur ancrage dans la réalité sociale contemporaine ; elle aborde les thèmes tels l'exclusion, la solitude, le racisme, l'exil. La condition des femmes, le rapport au passé et à la mémoire font aussi partie de son champ d'exploration. Elle connaît aujourd'hui une carrière internationale intéressante avec de nombreuses tournées et conférences en Europe, en Amérique du Sud et aux États-Unis, et des traductions de ses textes vers l'espagnol, l'anglais, le néerlandais et le coréen.

UN ALLIGATOR NOMMÉ ROSA – Vents d’ailleurs, 2011 Un coin perdu du sud de la France, entre la mer et la montagne. Antoine, nouveau garde-malade, vient au chevet de Rosa, vieille femme fatiguée, usée par la vie. Dans un paysage idyllique, c’est pourtant Haïti qui est au cœur de ce roman où les dialogues prennent des allures de soliloques et où les procès n’ont pas lieu devant un jury. Implacablement, Marie-Célie provoque des rencontres entre un bourreau et sa victime, entre une femme et un homme, un tête-à-tête d’où personne ne sortira indemne. Des années après la mort du dictateur, les blessures sont toujours aussi vives. Pour les panser, certains ont choisi l’exil, d’autres, l’oubli. Chaque fois, il faut partir, partir pour un ailleurs qui est souvent soi. Mais la mémoire veille, brûlante. Alors, il faut parler, dire la douleur, retrouver les mots. C’est ce que fera Antoine, espérant enfin trouver la paix au terme d’une longue errance. Votre lecture : La première partie de ce huit clos effroyable est soutenue par une tension extrême, chacun des personnages pouvant être conduit à la folie à tout moment. La deuxième moitié du roman est cependant déroutante, dommage ! Un excellent livre tout de même !

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APPANAH, Natacha Natacha Appanah est née le 24 mai 1973 à Mahébourg. Elle descend d'une famille d'engagés indiens de la fin du XIXe siècle, les Pathareddy-Appanah. Elle passe les cinq premières années de son enfance dans le Nord de l'île Maurice, à Piton. Après de premiers essais littéraires à l'île Maurice, elle vient s'installer en France fin 1998, à Grenoble, puis à Lyon, où elle termine sa formation dans le domaine du journalisme et de l'édition. C'est alors qu'elle écrit son premier roman, Les Rochers de Poudre d'Or, précisément sur l'histoire des engagés indiens, qui lui vaut le prix RFO du Livre 2003. Son second roman, Blue Bay Palace, est contemporain : elle y décrit l'histoire d'une passion amoureuse et tragique d'une jeune indienne à l'égard d'un homme qui n'est pas de sa caste. Ce qui relie tous ces récits, ce sont des personnages volontaires, têtus, impliqués dans la vie comme s'il s'agissait toujours de la survie. Les récits de Natacha Appanah sont simples comme des destinées, et leurs héros ne renoncent jamais à consumer leur malheur jusqu'au bout. L'écriture, comme chez d'autres écrivains mauriciens de sa génération, est sobre, sans recours aux exotismes, une belle écriture française d'aujourd'hui. Quant aux sujets, ils évoquent certes l'Inde, Maurice, ou la femme : mais on ne saurait confondre Natacha Appanah avec une virago des promotions identitaires. Son dernier roman le confirme assez qui nous entraîne insidieusement dans les méandres de l'intimité.

BLUE BAY PALACE – Gallimard, 2004

Entre mer et soleil, images immaculées pour touristes et venelles crasseuses pour indigènes, entre raison et folie, Maya, dix-neuf ans, poursuit l'amour. Elle vit à Blue Bay, village pauvre bordé d'un côté par l'océan et de l'autre par un hôtel de grand luxe. Quand son amour lui échappera, elle ira au bout de son cœur, de son corps et de son pays.

Votre lecture : L’auteur nous fait entrer dans l’envers du décor de son île Maurice natale, tout particulièrement sur les hiérarchies sociales et économiques qui régissent les rapports entre les individus : cohabitations conflictuelles, métissages inaboutis, et sur les coulisses des établissements touristiques de luxe. Au cœur de son intrigue, l’impossible histoire d’amour entre Maya, la petite “malbar” pauvre, et Dave, le riche descendant de brahmane, directeur de l’hôtel où travaillent la jeune fille et son père. Ce roman dénonce aussi l’invasion du tourisme de luxe et ses méfaits dans l’équilibre social de l’île, au travers de la destinée d’une passion malheureuse. : “A gauche, les riches qui ont vue sur l’océan. A droite, les pauvres qui n’ont vue sur rien du tout excepté leurs semblables”...

LE DERNIER FRERE – L’olivier, 2007 Raj, neuf ans, vit à l'île Maurice. David, dix ans, débarque de l'Atlantic avec une cohorte de Juifs en exil. Derrière le grillage du camp de Beau-Bassin, Raj observe. Les boucles blondes et les yeux bleus de David le fascinent, le coup de foudre fraternel est immédiat. Impatients d'échapper à la gravité de leurs destins et à la violence de leurs univers, ils fuguent...

Votre lecture :

o Le Dernier frère est un roman du deuil et du souvenir. C’est l'histoire de « deux enfants du malheur accolés l'un à l'autre par miracle, par accident », l'un dévasté par la disparition de ses frères, l'autre arraché à sa terre natale. Ils ne parlent pas la même langue, ils n'ont pas vécu les mêmes drames, mais ils vont

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trouver pourtant dans le langage spontané des larmes et des jeux, une manière de vivre dans le présent. J’ai beaucoup aimé ce roman : pour son écriture sobre, sans recours aux exotismes, contrairement aux romans d’autres auteurs des îles. Et pour la force émotive extraordinaire qui découle de la peinture de cet enfant de dix ans qui voulait retrouver un frère.

o Un livre remarquable, dont l’écriture est dense et sensible, et qui analyse finement les comportements des jeunes adolescents délinquants. Je vous le conseille vivement…

o J’ai beaucoup aimé ce livre très émouvant, et très bien écrit.

LA NOCE D’ANNA – Gallimard (Folio), 2009

Pendant la noce d'Anna, sa mère se souvient : de la jeune femme qu'elle a été, si différente de sa fille, de ses dix-huit ans, de sa liaison, brève et passionnée, avec Matthew rencontré à Londres, de son retour à Paris, seule et enceinte. Au fil de cette journée les souvenirs resurgissent accompagnés de regrets, d'espoirs et d'envies ; parce qu'elle en a encore, des envies, cette femme célibataire qui marie sa fille... Votre lecture : J’ai bien aimé ce livre. Pour moi, n’importe quelle maman aurait pu l’écrire : une maman se remet en question lors du mariage de sa fille…

LES ROCHERS DE POUDRE D’OR – Folio, 2007

Avril 1892, Inde. Un jeune homme sur les traces de son frère, un paysan meurtri par la misère et la domination des propriétaires terriens, une fascinante veuve au sang royal fuyant le bûcher et un candide joueur de cartes font route vers l'océan, espérant trouver l'eldorado de l'autre côté de "l'Eau noire". Ils rejoignent d'autres Indiens entassés dans les cales de l'Atlas pour les vertiges mortels d'une traversée de plusieurs semaines vers une île qu'on leur promet merveilleuse et fertile. Tout bas, on leur raconte que sous les rochers de ce pays mystérieux et clément sommeille l'or. Ces Indiens ne savent pas qu'ils vont remplacer les esclaves noirs des champs et passer de la soute à la soue, entre le bleu du ciel et le vert de la canne à sucre. Ils ne savent pas qu'ils sont en route pour l'île Maurice et que leurs destinées vont se nouer entre rêves et douleurs, haines et désirs, dans le village de Poudre d'Or...

Votre lecture :

o A travers l’histoire de différents personnages on découvre l’exile de l’Inde à l Ile Maurice, les conditions de vie dans les plantations. L’écriture simple de met en valeur l’authenticité de l’histoire. Un livre très intéressant. o Je m’associe à la critique positive qui en a été faite. Pour moi ce livre allie l’intérêt d’un documentaire à l’émotion d’un roman…

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ALEXANDRE, Alfred Alfred Alexandre est né en 1970 à Fort-de-France, en Martinique. Après des études de philosophie à Paris, il retourne sur sa terre natale, où il exerce la profession d'enseignant-formateur en français. Son premier roman, Bord de canal (Drapper, 2005) obtient en 2006 le Prix des Amériques insulaires et de la Guyane. Dans la même lignée, Les Villes assassines revendique sa filiation à la littérature américaine plutôt qu’européenne. Plus jeune que les auteurs phares de la créolité, il s’efforce de "sortir l’expression artistique caribéenne, et singulièrement martiniquaise, du questionnement identitaire dans lequel elle est enfermée depuis un demi-siècle ". Son premier texte théâtral, La nuit caribéenne, choisi parmi les dix meilleurs textes francophones au concours général d’ETC Caraïbe en 2007, a été mis scène en 2010. Son deuxième texte théâtral, Le patron, a été présenté en 2009 à Québec au Carrefour international de théâtre, dans le cadre d’une résidence d’écriture organisé par ETC et le Centre des auteurs dramatiques du Québec (CEAD). Alfred Alexandre est considéré comme le chef de file de la nouvelle littérature antillaise.

LES VILLES ASSASSINES ; Ecriture, 2010 Evane et Winona sont les héros d'une humanité cassée mais qui refuse de mourir. Dans le fracas d'amour, de haines, d'aurores et de nuits blanches qui balisent leur itinéraire têtu, ils roulent, sous l'œil noir de la ville, en quête d'une innocence qui les conduit " là-haut, au bout de l'île ", vers les faubourgs chimériques d'Eden Ouest. Au-delà de la confession d'Évane, son testament, ce roman dit la fureur des quartiers perdus de Fort-de-France. (Source éditeur). Votre lecture : un roman qui ne laisse pas indifférent. La poésie de l’écriture exprime avec justesse la dureté d’un monde violent, insensible, régenté par le mal de vivre, la drogue, le sexe. L’amour y est une illusion. Alfred Alexandre se sert avec habileté de la langue pour traduire une réalité insupportable. Une belle œuvre !

ALEXIS, Jacques-Stephen J.S.A. est né en 1922, pendant l’occupation américaine d’Haïti (1915-1934). Jeune étudiant en médecine, il a le privilège de connaître Jacques Roumain (l’auteur de Gouverneurs de la Rosée), qu’il admire en tant qu’écrivain, artiste, savant et premier des marxistes Haïtiens. A 23 ans, il se lance dans la lutte politique avec un groupe de jeunes dont le poète René Depestre, qui aboutit en 1946 à un mouvement révolutionnaire qui ébranle le pays avant de lui valoir un exil en France où, en terminant ses études de neurologie, il côtoie Césaire et Senghor. C'est à Paris, lors de cet exil, que Jacques Stéphen Alexis écrit son premier roman « Compère Général Soleil », publié chez Gallimard en 1955. Il est intéressant de noter qu’en 1957, il publie un texte de vœux intitulé « la belle amour humaine », titre récemment repris par Lionel Trouillot pour son dernier roman .En 1959 il est co-fondateur du parti de l’Entente populaire et sera exécuté deux ans plus tard, en 1961 par les tontons macoutes de Duvalier. Il n’avait que 39 ans.

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COMPERE GÉNÉRAL SOLEIL – Gallimard, 1982 Jacques Roumain nous décrivait la dure condition du paysan d’Haïti et dénonçait le rôle sur la résignation et l’attentisme des religions, le vodou aussi bien que la religion chrétienne. Son héros Manuel était guidé par la foi en ce que les paysans peuvent briser leurs chaînes et devenir maîtres de la nature, Gouverneurs de la rosée. Compère Général Soleil apparaît comme le prolongement de l'espoir ouvert par Gouverneur de la Rosée de Jacques Roumain, mais aussi comme la fin de cet espoir. Le livre commence par un prologue dont la première phrase est : « la nuit respirait fortement », nuit qui se dresse devant Hilarion, jeune chômeur atteint d'épilepsie torturé par la faim qui tente un cambriolage nocturne. Ce prologue se présente comme un grand poème de la nuit où treize petites strophes servant d’intertitres sont comme des ponts qui relient les différents moments de la conscience angoissée d’Hilarion. Alors commence le roman, placé lui dans un univers différent, et écrit dans un style autre, qui démarre derrière les barreaux de la prison, mais, sous le signe solaire. « Il fut réveillé par une sonnerie de clairons. Il faisait plein jour, le soleil entrait par la lucarne … » Dans cette prison, il fait la connaissance de Pierre Roumel, enfermé pour ses opinions communistes, dont les paroles de réconfort lui redonnent confiance. A sa libération, il rencontre Claire-Heureuse qui va devenir sa femme et un médecin ami qui va soigner son épilepsie. Leur vie est une lutte incessante pour une existence décente. Jusqu’à un incendie qui leur fait tout perdre. C’est alors le départ pour la république Dominicaine, où Hilarion va travailler à la coupe de la canne et faire la connaissance de Paco Torres, un communiste, qui a connu Pierre Roumel dix ans plus tôt à Hambourg. C’est alors l’histoire de la révolte des travailleurs du sucre et du massacre des travailleurs Haïtiens par l'armée de Trujillo (qui s’appuie sur un événement historique : le massacre des travailleurs haïtiens de la canne, en 1937, en République Dominicaine). Je vous laisse découvrir la suite jusqu’à l’assassinat d’Hilarion qui mourra, le regard tourné vers l'Orient, alors que le soleil (compère général soleil) se lève. Votre lecture : J’ai trouvé cette lecture fascinante, car, au-delà de l’évolution du héros de la déchéance à la dignité de l’homme, c’est aussi l’évolution de son langage : l’auteur nous fait découvrir ainsi, en même temps qu’Hilarion, au travers de la plénitude de la langue et des images, le monde à part qu’est l’espace culturel haïtien.

CÉSAIRE, Aimé

Aimé CESAIRE est né le 26 juin 1913 au sein d’une famille nombreuse de Basse-Pointe, commune du Nord-est de la Martinique, bordée par l’océan Atlantique dont la « lèche hystérique » viendra plus tard rythmer ses poèmes. Le père est un petit fonctionnaire. La mère est couturière.

Aimé CESAIRE, élève brillant du Lycée Schœlcher de Fort-de-France, poursuit ses études secondaires en tant que boursier du Gouvernement Français au Lycée Louis Le Grand, à

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Paris. C’est dans les couloirs de ce grand lycée parisien que, dès son arrivée, le jeune CESAIRE rencontre Léopold Sédar SENGHOR, son aîné de quelques années qui le prend sous son aile protectrice.

Au contact des jeunes Africains étudiants à Paris, Aimé CESAIRE et son ami Guyanais Léon Gontran DAMAS, qu’il connaît depuis le Lycée Schœlcher, découvrent progressivement une part refoulée de l’identité martiniquaise, la composante africaine dont ils prennent progressivement conscience au fur et à mesure qu’émerge une conscience forte de la situation coloniale. En septembre 1934, CESAIRE fonde avec d’autres étudiants Antillo-Guyanais et Africains (Léon Gontran DAMAS, les Sénégalais Léopold Sédar SENGHOR et Birago DIOP), le journal l’Etudiant noir. C’est dans les pages de cette revue qu’apparaîtra pour la première fois le terme de « Négritude ». Ce concept, forgé par Aimé CESAIRE en réaction à l’oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d’une part le projet français d’assimilation culturelle et d’autre part la dévalorisation de l’Afrique et de sa culture, des références que le jeune auteur et ses camarades mettent à l’honneur. Construit contre le projet colonial français, le projet de la négritude est plus culturel que politique. Il s’agit, au-delà d’une vision partisane et raciale du monde, d’un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. CESAIRE déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ». Admis à l’Ecole Normale Supérieure en 1935, CESAIRE commence en 1936 la rédaction de son chef d’œuvre, le « Cahier d’un Retour au Pays Natal ». Marié en 1937 à une étudiante martiniquaise, Suzanne ROUSSI, Aimé CESAIRE, agrégé de lettres, rentre en Martinique en 1939, pour enseigner, tout comme son épouse, au Lycée Schoelcher

En réaction contre le statu quo culturel martiniquais, le couple CESAIRE, épaulé par René MENIL et Aristide MAUGEE, fonde en 1941 la revue Tropiques, dont le projet est la réappropriation par les Martiniquais de leur patrimoine culturel. La seconde guerre mondiale se traduit pour la Martinique par un blocus qui coupe l’approvisionnement de l’île par la France. En plus d’une situation économique très difficile, l’Envoyé du Gouvernement de Vichy, l’Amiral ROBERT, instaure un régime répressif, dont la censure vise directement la revue Tropiques. Celle-ci paraîtra, avec difficulté, jusqu’en 1943.

La guerre marque aussi le passage en Martinique d’André BRETON. Le maître du surréalisme découvre avec stupéfaction la poésie de CESAIRE et le rencontre en 1941. En 1944, BRETON rédigera la préface du recueil Les Armes Miraculeuses, qui marque le ralliement de CESAIRE au surréalisme.

Invité à Port-au-Prince par le docteur MABILLE, attaché culturel de l’Ambassade de France, Aimé CESAIRE passera six mois en Haïti, donnant une série de conférences dont le retentissement sur les milieux intellectuels haïtiens est formidable. Ce séjour haïtien aura une forte empreinte sur l’œuvre d’Aimé CESAIRE, qui écrira un essai historique sur Toussaint LOUVERTURE et consacrera une pièce de théâtre au roi Henri CHRISTOPHE, héros de l’indépendance.

Alors que son engagement littéraire et culturel constitue le centre de sa vie. Aimé CESAIRE est happé par la politique dès son retour en Martinique. Pressé par les élites communistes, à la recherche d’une figure incarnant le renouveau politique après les années sombres de l’Amiral ROBERT, CESAIRE est élu Maire de Fort-de-France, la capitale de la Martinique, en 1945, à 32 ans. L’année suivante, il est élu Député de la Martinique à l’Assemblée Nationale.

Le Député CESAIRE sera, en 1946, le rapporteur de la Loi faisant des colonies de Guadeloupe, Guyane Française, Martinique et la Réunion, des Départements Français. Ce changement de statut correspond à une demande forte du corps social, souhaitant accéder

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aux moyens d’une promotion sociale et économique. Conscient du rôle de la départementalisation comme réparation des dégâts de la colonisation. Aimé CESAIRE est tout aussi conscient du danger d’aliénation culturelle qui menace les Martiniquais. La préservation et le développement de la culture martiniquaise seront dès lors ses priorités.

Partageant sa vie entre Fort-de-France et Paris. CESAIRE fonde, dans la Capitale française, la revue Présence Africaine, aux côtés du Sénégalais Alioune DIOP, et des Guadeloupéens Paul NIGER et Guy TIROLIEN. Cette revue deviendra ensuite une maison d’édition qui publiera plus tard, entre autres, les travaux de l’égyptologue Cheikh Anta DIOP, et les romans et nouvelles de Joseph ZOBEL.

En 1950, c’est dans la revue Présence Africaine que sera publié pour la fois le Discours sur le colonialisme, charge virulente et analyse implacable de l’idéologie colonialiste européenne, que CESAIRE compare avec audace au nazisme auquel l’Europe vient d’échapper. Les grands penseurs et hommes politiques français sont convoqués dans ce texte par l’auteur qui met à nu les origines du racisme et du colonialisme européen. Peu enclin au compromis, Aimé CESAIRE, révolté par la position du Parti Communiste Français face à l’invasion soviétique de la Hongrie en 1956, publie une « Lettre à Maurice THOREZ » pour expliquer les raisons de son départ du Parti. En mars 1958, il crée le Parti Progressiste Martiniquais (PPM), qui a pour ambition d’instaurer un « type de communisme martiniquais plus résolu et plus responsable dans la pensée et dans l’action ». Le mot d’ordre d’autonomie de la Martinique est situé au cœur du discours du PPM.

Parallèlement à une activité politique continue (il conservera son mandat de Député pendant 48 ans, et sera Maire de Fort-de-France pendant 56 ans), Aimé CESAIRE continue son œuvre littéraire et publie plusieurs recueils de poésie, toujours marqués au coin du surréalisme (Soleil Cou Coupé en 1948, Corps perdu en 1950, Ferrements en 1960). A partir de 1956, il s’oriente vers le théâtre. Avec Et les chiens se taisaient, texte fort, réputé impossible à mettre en scène, il explore les drames de la lutte de décolonisation autour du programme du Rebelle, esclave qui tue son maître puis tombe victime de la trahison. La tragédie du Roi Chistophe (1963), qui connaît un grand succès dans les capitales européennes, est l’occasion pour lui de revenir à l’expérience haïtienne, en mettant en scène les contradictions et les impasses auxquelles sont confrontés les pays décolonisés et leurs dirigeants. Une saison au Congo (1966) met en scène la tragédie de Patrice LUMUMBA, père de l’indépendance du Congo Belge. Une tempête (1969), inspiré de Shakespeare, explose les catégories de l’identité raciale et les schémas de l’aliénation coloniale. Pensant à l’origine situer l’action de cette adaptation de Shakespeare aux Etats-Unis, il choisit finalement les Antilles, gardant tout de même le projet de refléter l’expérience noire aux Amériques.

Au total CESAIRE a publié plus de quatorze œuvres, recueils des poésies, pièces de théâtre et essais. De nombreux colloques et conférences internationales ont été organisés sur son œuvre littéraire qui est universellement connue. Son œuvre a été traduite dans de nombreuses langues : anglais, espagnol, allemand, etc. [http://www.hommage-cesaire.net/spip.php?rubrique8 page consultée le 29 octobre 2011]

CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL – Présence africaine, 1983

" Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique. Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des

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siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences, car il n'est point vrai que l'œuvre de l'homme est finie, que nous n'avons rien à faire au monde, que nous parasitons le monde mais l'œuvre de l'homme vient seulement de commencer et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu'a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite ". Le Cahier d'un retour au pays natal, la première œuvre d'Aimé Césaire, est saluée depuis l'origine comme le texte fondamental de la génération de la Négritude.

Votre lecture :

o Au style déroutant, l’écriture hachée de ce texte laisse transparaître le choc des civilisations. Les images sont surprenantes et violentes. o J’ai lu ce texte deux fois. La première fois j’ai été déroutée par le style, la deuxième fois je suis rentrée dedans. On est dans un lyrisme proche du surréalisme. On ressent l’engagement politique de Césaire qui veut réveiller son peuple.

NEGRE JE SUIS ET NEGRE JE RESTERAI : entretiens avec Françoise Verges Albin Michel, 2005 "Au moment où, pour la première fois en France, s'ouvre un large débat public sur les traces contemporaines de l'esclavage et du colonialisme, la portée historique et politique des écrits d'Aimé Césaire prend un relief tout particulier. Dans ces entretiens accordés à Françoise Vergès, le "père de la négritude" relate avec une très grande liberté de ton les principaux moments de son combat pour l'égalité des peuples à l'ère postcoloniale. Témoin capital de cette période de mutations, Aimé Césaire évoque son siècle, celui de la fin des empires coloniaux, en posant les questions fondamentales de l'égalité, de l'écriture de l'histoire des anonymes et des disparus du monde non européen. C'est la voix d'un homme immense qu'il nous est donné d'entendre, dans sa force et sa modestie.".

Votre lecture : Ce livre nous fait découvrir une personne formidable, d’une grande humanité, d’une grande intelligence. Je vous le recommande…

CESAIRE, Ina Ina Césaire est née en Martinique en 1942. Fille du poète et homme politique Aimé Césaire, elle est ethnologue, spécialiste de la culture peule et de la tradition orale africaine et créole. Elle est membre du CRNS chargée de mission à la conservation du patrimoine de Martinique. Parallèlement aux nombreux articles scientifiques et à ses films ethnographiques sur la Toussaint, le Mercredi des Cendres, etc., Ina Césaire a publié plusieurs recueils de contes, dont un en édition bilingue et un autre en collaboration. Elle s'est attachée aussi à créer pour le théâtre (où sa sœur Michèle s'est également illustrée) en prenant sa matière dans les recherches ethnographiques (Ti Jean), dans l'histoire de son pays (Rosanie Soleil), dans

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l'histoire familiale (Mémoires d'Isles) et dans la littérature internationale pour diverses adaptations. Son roman Zonzon est un montage humoristique et tendre de légendes et d'anecdotes contemporaines martiniquaises, qui met en valeur les femmes et la culture de son pays. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/cesaire_ina.html ; page consultée le 17 janvier 2012]

ZONZON TETE CARREE ; Le serpent à plumes, 2004

Un conte de vie et de mort dans lequel vibre, multiple, l'âme vraie du peuple antillais. Comme tous les jours, " l'autobus-pays ", rutilant camion à la carrosserie de bois, aménagé en transporteur collectif, entreprend son voyage entre le bourg du Gros-Morne, verdoyant centre de l'île, et la capitale, Fort-de-France. Zonzon Tête Carrée, seul maître à bord après Dieu, le cou escamoté dans ses larges épaules, écrase l'accélérateur, solidement accroché à son volant au-dessus duquel trône, chromatique, le regard céleste et les mains jointes, saint Christophe, c'est le patron de tous les voyageurs... Et le gros plan s'impose de lui-même tandis que la géographie terrestre se fait l'écho visuel de l'humaine nature. Un roman où chaque personnage rencontré, évoqué, où chaque lieu visité est prétexte à raconter, à tisser, peu à peu, une sociologie amoureuse de cette île de la Caraïbe. (source éditeur)

Votre lecture : L’écriture m’a enchantée par ce mélange de « français-créole » tellement imagé du style. Des situations typiques de la Martinique sont merveilleusement racontées. La femme y est mise en valeur. Un vrai bonheur de lecture…

CHAMOISEAU, Patrick

Patrick Chamoiseau est né le 3 décembre 1953 à Fort-de-France (Martinique). Après des études de droit et d'économie sociale en France, il devient un travailleur social, d'abord dans l'Hexagone, puis en Martinique. Inspiré par l'ethnographie, il s'intéresse aux formes culturelles disparaissantes de son île natale (les djobeurs du marché de Fort-de-France, et les vieux conteurs) et il redécouvre le dynamisme de sa première langue, le créole, langue qu'il a dû abandonner au moment de ses études primaires. En 1986 il publie son premier roman, Chronique des sept misères, où il raconte l'expérience collective des djobeurs et étale son invention d'un nouveau style linguistique, un langage hybride accessible aux lecteurs de la Métropole qui contient néanmoins les valeurs socio-symboliques du créole, la provocation et la subversion. Par la suite apparaît son deuxième roman Solibo magnifique (1988), livre qui développe les thèmes de la recherche d'une identité martiniquaise par les pratiques culturelles du passé. C’est par son troisième roman pourtant que Chamoiseau éclate sur la scène internationale. Texaco (1992), grande épopée, raconte les souffrances de trois générations, d'abord sous l'esclavage, puis pendant la première migration vers l'Enville, enfin à l'époque actuelle. Texaco gagne le Prix Goncourt et établit Chamoiseau comme la vedette du mouvement créoliste.

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ANTAN D’ENFANCE – Hatier, 1990

Chamoiseau nous donne ici ses souvenirs d'enfance. Enfance prise dans l'En-ville de Fort-de-France, dans le giron de la merveilleuse Man Ninotte qui ne cesse d'organiser la vie familiale avec un art de vivre et de survivre dont le cocasse et la poésie nous charment. Comme le souligne Milan Kundera, " les souvenirs d'enfance de Chamoiseau sont exempts du moindre narcissisme, l'enfance étant pour l'auteur avant tout l'âge de la plus grande soif de réalité ". Sous le regard du négrillon se révèle la société créole chatoyante, complexe, aux origines multiples, symbolisée par une ville qui lui ressemble. Il y vivra ses premières expériences : les jeux, la rue, les marchés, le cinéma et aussi la négritude, l'injustice sociale, le racisme. Chronique d'une enfance martiniquaise écrite dans une langue réinventée, Antan d'enfance allie l'art du conteur créole à celui des maîtres de la littérature classique.

Votre lecture : J’ai lu des critiques dithyrambiques de ce roman que j’ai personnellement dû me forcer à terminer, étant complètement allergique au style de l’auteur. D’autres avis seront donc les bienvenus.

CHEMIN D’ECOLE ; Gallimard, 1994

Le Maître comme capitaine "voguant immatériel sur les cimes du savoir universel", grand pourfendeur de sabir créole, négateur des fastes de la culture dominée. "0 vertige mi ! Tête perdue !" Le négrillon aura "des temps de blonde enfance, rouge aux joues et yeux bleus". Retour à la langue-manman quand il fallait lâcher l'émotion, balancer un senti, s'exprimer longtemps. Retour au pays natal et à la parole de Gros-Lombric, un petit bougre, noir bleuté, maître-force en magie créole qui, jour après jour, ramène des confins de l'En-ville des contes de zombis, des Chouval-trois-pattes, les bels passages de Foiseau-glanglan, les vertus des poules-frisées, les coups-de-cervelles de Tijean-Lorizon. Gros-Lombric, le double, écolier marron de l'École coloniale. De la confrontation de ces deux trajectoires, le négrillon tirera la substance de son écriture. Votre lecture : Un livre plein de couleur, intéressant. Le personnage principal est touchant. Dommage que la lecture soit entrecoupée par les mots en créole…

L’EMPREINTE A CRUSOE – Gallimard, 2012-04-10

Robinson Crusoé vient de passer vingt ans de solitude dans son île déserte. Il a dû reconstruire son équilibre. C'est avec fierté, celle d'avoir soumis l'île à sa domination, qu'il entame ce matin-là une promenade rituelle sur la plage où il avait mystérieusement échoué il y a tant d'années. C'est alors qu'il découvre l'inconcevable : dans le sable, une empreinte. Celle d'un homme. Passé l'affolement, puis la posture agressive et guerrière, le solitaire s'élance à la recherche de cet Autre qui lui amène ce dont il avait oublié l'existence : l'idée même de l'humain. Commence alors une étrange aventure qui le précipite en présence de lui-même et d'une île inconnue jusqu'alors. Celui qui avait réussi à survivre sans civilisation, sans culture, sans autrui, doit maintenant affronter ce qu'il n'aurait pu imaginer ailleurs qu'ici : la relation à l'impensable. Après les Robinson de Defoe et Tournier, voici donc celui de Chamoiseau, démarquage créole des deux précédents, avec les propres thèses de l'auteur (notamment sur " l'Autre "). La langue est luxuriante comme l'île décrite avec intimité, en fin connaisseur amoureux qu'est Chamoiseau. C'est donc une exploration

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fine d'une âme en proie aux chimères, à la mémoire chancelante (des mots surgissent du passé, ceux d'une culture livresque et occidentale), qui nous est proposée ici et pose la question de la civilisation, de l'origine, de l'altérité, du langage, de la nature. Votre lecture : Un conte philosophique (inspiré de l’histoire de Robinson Crusoé) assez surprenant qui déploie une réflexion sur la nature humaine. Comment survivre à la solitude ? Quel est le sens d’une vie sans autre ? Comment existe t- on sans autre ? Quelle perception de soi-même et de l’autre peut entraîner une condamnation à la solitude ? Cet homme se cherche, il se reconstruit grâce à l’idée de la présence d’un autre. Un suspense tient en haleine jusqu’au bout, et la fin est assez extraordinaire… Une écriture complètement maîtrisée, dans un style caractéristique à l’auteur. Plus de créole, mais….pas de points !

CONDÉ, Maryse Maryse Condé est née en 1937 à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. En 1953, elle part étudier au Lycée Fénelon, puis à la Sorbonne où elle étudie l'anglais. Elle épouse Mamadou Condé, un acteur africain, en 1959. Ses études terminées, elle enseigne en Guinée, au Ghana et au Sénégal. Elle a été aussi journaliste à la BBC et en France. En 1981, elle divorce et épouse en secondes noces Richard Philcox, le traducteur de la plupart de ses romans vers l'anglais. Après de nombreuses années d'enseignement à Columbia University, elle partage aujourd'hui (2006) son temps entre son île natale et New York. Les romans de Condé explorent des questions de sexes, de races et de cultures, dans différents lieux et époques historiques, y compris les procès de sorcellerie à Salem, dans Moi, Tituba sorcière… (1986) et le royaume bambara de Ségou (actuel Mali) au XIXe siècle dans Segou. Elle écrit également des romans pour le magazine Je bouquine. Elle préside le Comité pour la mémoire de l'esclavage créé en janvier 2004 pour l'application de la loi Taubira qui a reconnu en 2001 la traite et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. À ce titre, c'est sur sa proposition que le président Jacques Chirac a fixé au 10 mai la Journée de commémoration de l'esclavage, célébrée pour la première fois en 2006.

LA BELLE CRÉOLE – Mercure de France, 2001 Lorsque Dieudonné, jardinier de son état, sort de prison après avoir été acquitté pour le meurtre de Loraine, sa riche maîtresse békée croqueuse de jeunes hommes, il se retrouve dans une ville au bord de l'insurrection. Économie sinistrée, conflits sociaux, affrontements syndicaux et politiques, haines raciales : en 1999, Port-Mahault vit des heures difficiles. Dans cette ambiance délétère, Dieudonné, renié par sa famille et par bon nombre de ses amis, retrouve tout naturellement le chemin de sa Belle Créole, le bateau qui lui sert de refuge et de repère, vestige heureux d'un passé révolu. Le savant récit de Maryse Condé livre peu à peu les clés de ce mystérieux personnage frappé du sceau du malheur, figure tragique d'une histoire d'amour passionnelle. Dans une nature luxuriante, elle met en scène des personnages au grand cœur et aux nobles idéaux. Sorte d'Amant de Lady Chatterley sous les tropiques nourri par une langue fleurie et baroque, loin de tout cliché exotique, La Belle Créole peint dans une tonalité sombre le destin d'un grand héros romantique.

Votre lecture : Ce roman relate une très belle histoire, émouvante, mais triste…

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CÉLANIRE COU-COUPÉ – Robert Laffont, 2000

Une nouvelle fois, avec la force et la cruauté qui hantent son œuvre, Maryse Condé met en scène le supplice des peuples opprimés et plus particulièrement celui des femmes martyrisées. Dans ce roman " endiablé " où les vivants et les morts se mêlent parfois amoureusement Maryse Condé trace à l'encre rouge sang le destin de Célanire Pinceau, bébé sacrifié à sa naissance sur l'autel de la réussite politique d'un Blanc et qui n'aura pas assez de toute sa vie pour se venger du crime dont elle a été la victime.

Votre lecture : Un récit haletant et bien construit, des personnages hauts en couleur dans un environnement déroutant font de Célanire Cou Coupé un roman captivant.

LE CŒUR A RIRE ET A PLEURER ; Pocket, 2001

La Guadeloupe des années cinquante. Contre des parents qui semblent surtout soudés par le mensonge, contre une mère aussi dure avec les autres qu'avec elle-même, contre un père timoré, la petite Maryse prend le chemin de la rébellion. La soif de connaissance, les rêves d'autonomie et de liberté la guident vers son destin d'écrivain. Mais peu à peu les épreuves de la vie appellent l'indulgence, la nostalgie de l'âme caraïbe restitue certains bonheurs d'enfance. Et Maryse se souvient alors de cet instant qui lui redonna l'amour des siens, de cette ultime nuit où " roulée en boule contre son flanc, dans son odeur d'âge et d'arnica, dans sa chaleur ", elle retrouva sa mère en la perdant. Votre lecture :

o Un livre très autobiographique, plaisant, intéressant et bien écrit. o Maryse Condé a été élevée en Guadeloupe comme si elle avait été en France. L’idée est intéressante, mais l’écriture fade et très classique. Je n’ai pas été emballée….

DESIRADA ; Robert Laffont, 1997

Secrets et mensonges, est-ce le seul héritage que sa grand-mère, Nina, et sa mère, Reynalda, vont léguer à la narratrice ? Trois femmes, trois générations séparées bien qu'unies par le sang. Enfant abandonnée, Marie-Noëlle grandit à la Désirade, jusqu'au jour où sa mère la fait venir en France. Mère inconnue, terre inconnue. A Savigny-sur-Orge, elle se morfond dans une cité, sans jamais trouver sa place dans cette famille, pourtant la sienne. Commence alors pour elle une douloureuse quête sur la vérité de sa naissance. Elle interroge Nina et Reynalda. Leurs aveux son affabulés, leurs demi-vérités ajoutent au mystère, ni l'une ni l'autre n'est disposée à livrer son histoire vraie. Si déguisées soient-elles, ces confidences font apparaître des femmes libres à tout prix, en lutte contre un destin qui veut les clouer : maternités non désirées, hommes non choisis, traditions frelatées d'un pays en rupture d'histoire. Long chemin, longue peine avant que, revenue à la Désirade, Marie-Noëlle ne conclue à la vanité des hantises familiales. Et vivre devient alors sa seule vérité. A travers de puissantes figures romanesques, c'est toute l'histoire des Antilles modernes qui se déploie ici, dans une langue qui associe la concision des grands Anglo-Saxons à la verve enchantée du créole. (source éditeur).

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Votre lecture : Ce roman est la peinture sociologique d’un monde de dépravation. C’est très intéressant d’un point de vue documentaire. Le lecteur participe à l’analyse de ces personnages, qui marqués par la violence, ne réussissent pas à construire une relation affective.

VICTOIRE, LES SAVEURS ET LES MOTS ; Gallimard, 2008 Cuisinière au savoir-faire inoubliable, Victoire Élodie Quidal travaille au service d'Anne-Marie et Boniface Walberg, à La Pointe. Sa virtuosité et son excellence sont recherchées par la bonne société guadeloupéenne qui la réclame dans ses cuisines... Victoire, qui n'a pas été épargnée par le destin, connaîtra-t-elle enfin son heure de gloire ? C'est avec une affection toute particulière que Maryse Condé brosse le portrait attachant de cette femme qui fut aussi sa grand-mère. (source éditeur). Votre lecture : J’ai beaucoup aimé ce livre magnifique. Je vous le recommande…

LA VIE SCELERATE – Seghers, 1987

Dans ce roman, Maryse Condé raconte avec tendresse et humour l'ascension sociale de toute une famille, ce qui nous conduit des rives de la Guadeloupe au canal de Panama, du Chinatown de San Francisco aux maisons de La Pointe, Des destins se succèdent et s'entremêlent : celui de l'aïeul Albert I, qui partit creuser le canal de Panama, et de ses fils: Jacob, boutiquier barricadé avec ses caisses de morue salée; Jean, le rebelle qui revint vers la terre pour la fertiliser de son sang; de sa petite-fille Thécla qui, lasse d'errer à la poursuite du bonheur collectif, d'Haïti à la Jamaïque, finit par se réfugier de l'autre côté du monde, d’Albert II dit Bert, le fils de la négresse anglaise, initiateur d'une lignée maudite en pays d'exil. Je m’arrêterai volontiers ici sur le personnage de Thécla. Sa famille lui fait horreur. Sa mère et son père ne sont à ses yeux que des êtres grotesques, mal dans leur peau eux aussi, mais refusant de l’admettre. Pour elle, la France représente le symbole de la liberté. Loin des siens, loin de l’île. D’autres cieux seront témoins de sa quête de liberté, de sa recherche du bonheur auquel elle sacrifiera l’amour de sa mère, celui de sa propre fille, et de bien d’autres membres de son entourage qui en fait ne demanderaient qu’à l’aimer. Votre lecture : J’ai lu avec plaisir ce roman qui traite de la recherche identitaire, au travers de la recherche de l’identité culturelle et du vécu féminin à la Guadeloupe. Les femmes n’y sont pas seulement décrites comme seulement à la recherche de leur « négritude » et ou de leur « antillanité », mais tentent de se définir et de s'affirmer dans leur milieu, de ne plus dépendre des hommes avec qui elles sont liées, bien souvent par une sorte de lien fatal, qui les entraîne vers une perdition certaine.

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CONFIANT, Raphaël

Confiant est diplômé de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence (section "Relations Internationales") et d'anglais à la Faculté des Lettres de cette même ville. En 1986, il obtient un DEA (Diplôme d'études approfondies) en linguistique à l'Université de Rouen avant de présenter un Doctorat en Langues et Cultures Régionales à l'Université des Antilles et de la Guyane en 1994. Écrivain reconnu tant en créole qu'en français, il écrit dans les deux

langues. Il est actuellement maître de conférences à l'université des Antilles et de la Guyane.

L’ALLEE DES SOUPIRS – Grasset, 1994

Les Terres-Sainville, un quartier populaire de Fort-de-France, à la fin 1959. L'émeute surgit, sans que personne ne l'ait prévue. Les forces de l'ordre tirent sur ce peuple qui attendait tout de celui qu'il appelait " Papa de Gaulle ". Autour de ce drame, Raphaël Confiant déploie mille aventures, celles de personnages hauts en couleur. De madame Villormin, tenancière de boxon clandestin, à Ancinelle Bertrand, au déhanchement prometteur, en passant par le distingué monsieur Jean, émule de Saint-John Perse et coureur de jupons, tous sont les représentants de ce peuple unique, qui puise dans quatre continents, trois religions et une foultitude de langues. Par la grâce de cette langue tout à la fois pulpeuse et drue qu'est le français des Antilles, Raphaël Confiant mêle le tragique au comique pour restituer une tranche de vie de l'histoire de son peuple

Votre lecture : Ce roman ne traite pas directement de la situation actuelle de la Martinique, mais commente le présent par le passé. Le centre de ce texte est les événements de Fort-de-France en décembre 1959, lorsqu'une semaine de manifestations populaires bouleversa la vie publique et menaça la position de la Martinique comme département d'Outre-mer. On y croise un monde fourmillant, sans personnage principal. Le roman imaginé par Jacquou Chartier décrit assez bien le roman de Confiant qui le contient. On peut donc dire que L'Allée des Soupirs met en œuvre cette théorie du grotesque créole. On se perd un peu au travers de ce texte où chaque personnage devient momentanément le narrateur, d’autant que le manque de chronologie et les fréquentes contradictions entre les narrations rendent la lecture peu aisée. Quant à la forme linguistique qui contient les rythmes et les locutions de la langue créole, elle apporte à la richesse des récits, tout en nous restant accessible.

DALEMBERT, Louis-Philippe Louis-Philippe Dalembert est né le 8 décembre 1962 à Port-au-Prince (Haïti). Grand voyageur (les Amériques du Nord et du Sud, les Caraïbes, l'Afrique du Nord et l'Afrique noire, le Moyen-Orient, l'Europe), ses adresses se suivent et ne se ressemblent pas. Cet homme-tortue, ce vagabond comme il se définit lui-même, a vécu une dizaine d'années à Paris, où il a réalisé ses études universitaires et exercé la profession de journaliste. Il séjourne une première fois à Rome en 1994/95, en tant que pensionnaire de la très convoitée Villa Médicis, ville où il aura vécu en tout six ans. Après un bref retour au pays

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natal (1996), un voyage de plusieurs mois dans les Andes l'aide à s'éloigner de la politique. Détenteur d'une bourse de résidence UNESCO-Aschberg, il séjourne longuement à Jérusalem, d'où il visite pour la seconde fois Israël, la Palestine, l'Egypte, la Jordanie, une partie du monde qui influence beaucoup sa poésie. Dalembert élabore, aussi bien en poésie qu'en prose, une œuvre fortement marquée par les thématiques du vagabondage, concept qu'il préfère à celui de l'errance, et de l'enfance. Les deux thématiques semblent liées dans l'esprit de l'auteur pour qui on passe de l'enfance à l'âge adulte comme on émigre d'un pays à un autre. La thématique du vagabondage surtout est ainsi présente dès ses tout premiers livres; même si l'enfance n'est pas de reste. Une troisième thématique récurrente chez Dalembert: la Bible, mieux l'Ancien Testament, trace d'une éducation familiale très religieuse placée sous le signe du shabbat. Il est par ailleurs diplômé de l'Ecole normale supérieure de Port-au-Prince, diplômé de l'Ecole supérieure de journalisme de Paris et auteur d'une thèse de doctorat en littérature comparée sur l'écrivain cubain Alejo Carpentier (université de Paris III-Sorbonne Nouvelle). Il vit aujourd'hui à Berlin.

NOIRES BLESSURES – Mercure de France, 2010

Mamad tente d'ouvrir les yeux, mais il n'y parvient pas. Ses paupières, gorgées de sel et de sang, refusent d'obéir à son cerveau. Un goût d'hémoglobine traîne sur ses lèvres sèches et bouffies. Le Blanc est méconnaissable. Une épaisse écume blanchâtre auréole les commissures de ses lèvres. Les veines de son cou tendues à se rompre. De grosses gouttes de sueur perlent sur son front, qu'il essuie du revers de sa manche retroussée, entre une calotte et une autre. Mamad n'a plus la force de crier. Du regard, il implore pitié. Mais le Blanc cogne tel un forcené, tout en crachant ses injures. Laurent Kala, un Français expatrié, est employé par une ONG qui milite pour la protection des animaux en voie de disparition. Benjamin d'une famille nombreuse, Mamad White a connu une enfance difficile. Il a pensé un temps pouvoir échapper à sa condition précaire, mais le destin en a fait le boy de Laurent. Un fait apparemment banal entraîne le Blanc au bord de la folie. Le voilà, quelque part dans la jungle africaine, sur le point de tuer son domestique noir. Comment les deux hommes en sont-ils arrivés là ? À la fois grave et plein d'humour, le roman de Louis-Philippe Dalembert dresse des portraits émouvants d'hommes et de femmes accrochés à leur humanité, au milieu des relents de racisme et de colonialisme. Votre lecture :

o Ce beau roman, habilement construit, relate les vies de deux hommes que tout oppose et le croisement fatal de leurs destinées. L’écriture fine et empreinte d’humour soutient le lecteur dans son questionnement face à la violence extrême de l’un et la soumission de l’autre et le fait cheminer dans les méandres des paradoxes et contradictions liées à la nature humaine. Mais quelle image de la femme occidentale nous donne l’auteur !! o Huit-clos oppressant entre deux hommes qui rend compte de la complexité des rapports entre africains et européens encore aujourd’hui. Deux personnages complètement opposés qu’on arrive à saisir de l’intérieur.

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DEPESTRE, René

René Depestre est un poète et écrivain né le 29 août 1926 à Jacmel en Haïti. Il publie en 1945 ses premiers vers dans le recueil Étincelles. Engagé dans la vie politique de son pays, il est incarcéré, puis doit quitter son île natale pour partir en exil en France, puis à Cuba. Il y exerce pendant près de vingt ans d'importantes fonctions aux côtés de Fidel Castro et Che Guevarra. Il continue à écrire des poésies et publie notamment Minerai noir en 1956, traduit en russe en 1961 par Pavel Antokolski, dans lequel il évoque les souffrances et les humiliations de l'esclavage. Dans les années 1970, il fuit Cuba et les dérives castristes, et s'installe à Paris où il travaille de nombreuses années pour l'UNESCO. René Depestre poursuit son œuvre d'écrivain-poète à Lézignan-Corbières où il s'est installé dans les années 1980. Son roman Hadriana dans tous mes rêves (1988) reçoit le Prix Renaudot, le Prix du roman de la Société des gens de lettres et le Prix du roman de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. En avril 2007, il fut le lauréat du prix Robert Ganzo de poésie pour son livre La rage de vivre édité aux éditions Seghers.

ALLELUIA POUR UNE FEMME JARDIN – Gallimard (Folio), 1986

Il s’agit d’un recueil de 10 nouvelles à « l’érotisme heureux ».

- La Tante Zaza, à la beauté légendaire, emmène son jeune neveu en vacances à la campagne. Il a 16 ans, elle lui fait partager son lit.

- Le Père Mulligan accueille un jeune homme qui veut devenir « un saint » Acceptez mon fils, le mystère et la violence de cet appel. Ne précipitez pas sa sève. La sainteté est un arbre qui a l’éternité du Seigneur devant lui. Méfiez vous de l’impatience : c’est une flèche à l’arc de Satan ! ».

- Georgina On disait que, depuis 60 ans au moins qu’elle se présentait, presque chaque avant-jour, à la Sainte Table, elle n’avait jamais avalé une hostie. Elle possédait sous son lit un trésor de sacrilèges : un bahut rempli de Jésus-Christ etc… Votre lecture :

o L’écriture ne m’a pas « emballée » mais j’ai retrouvé l’esprit, la façon d’être de ce peuple. Ils vivent près de la nature, leur relation au corps, à l’esprit, à la religion, est à l’opposé de nous européens. Beaucoup d’humour, de fatalisme, de croyances… Un monde parfois surréaliste, mais cela fait partie de leur quotidien. Je n’ai pas été « transportée » comme j’ai pu l’être par l’Enigme du

retour de Dany Laferrière, mais ils ne jouent pas dans la même cour !

o Dans une langue savoureuse et une belle écriture, René Depestre nous transmet à travers ces nouvelles un regard émerveillé sur la vie des femmes au sein des familles haïtiennes sur leur sensualité et leurs rapports avec la nature.

HADRIANA DANS TOUS MES REVES – Gallimard, 1988 Prix Renaudot 1988 Votre lecture : Les femmes sont désirables en Haïti comme nulle part ailleurs… Une femme meurt en pleine cérémonie vaudou, mais son esprit demeure…Ce roman tente de donner des explications très intéressantes sur le vaudou, sur ses origines, il dresse un certain nombre de portraits, dont celui du zombi. Cela dans une langue délicieuse…

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DEVI, Ananda

Ananda Devi est née le 23 mars 1957 à Trois-Boutiques (Île Maurice), au milieu des champs de canne à sucre. L'île Maurice est, dans sa splendeur et sa diversité humaine, au cœur de l'œuvre d'Ananda Nirsimloo-Anenden. Cette ethnologue de formation – docteur en anthropologie sociale (University of London) –, et traductrice de métier, est sensible à l'imbrication des identités et des langages ; aussi explore-t-elle avec une grande acuité de nombreux caractères humains, recomposant ainsi les multiples univers qui se côtoient, s'affrontent, se déchirent dans un espace insulaire qui n'est pas moins analysé que recréé. Si elle a choisi d'écrire en français, ses romans et ses nouvelles intègrent le créole et l'hindi. Son style incisif, lyrique et pénétrant, offre à la langue française de nouvelles dimensions culturelles et linguistiques liées à son île natale. Ananda Devi vit à Ferney-Voltaire (près de Genève) depuis 1989, après avoir passé quelques années au Congo-Brazzaville. Parmi les auteurs de l'Océan Indien, Ananda Devi est considérée comme une figure centrale et des plus prolifiques. L'œuvre d'Ananda Devi est à la fois tragique et poétique. Hantée par les questions de l'exclusion, de l'altérité, de la déviance et de la souffrance, elle dénonce le climat étouffant d'une société aux multiples cloisonnements. Par la force et la violence des mots, elle se dresse contre toute forme de rejet et propose un véritable engagement de l'imaginaire insulaire pour la reconnaissance de l'altérité. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/devi.html ; page consultée le 11 janvier 2012]

LE SARI VERT ; Gallimard, 2009

Dans une maison de Curepipe, sur l'île Maurice, un vieux médecin à l'agonie est veillé par sa fille et par sa petite-fille. Entre elles et lui se tisse un dialogue d'une violence extrême, où affleurent progressivement des éléments du passé, des souvenirs, des reproches, et surtout la figure mystérieuse de la mère de Kitty, l'épouse du " Dokter-Dieu", qui a disparu dans des circonstances terribles. Elles ne le laisseront pas partir en paix. (Source éditeur). Votre lecture : Une histoire terrifiante ! Un huis clos à l’horreur croissante : Cet homme pervers décrit comment il a manipulé les personnes…Ce livre très bien écrit ne laisse pas indifférent.

INDIANA TANGO ; Gallimard, 2007 Avril 2004. New Delhi. L'Inde est en pleine campagne électorale. Sonia Gandhi - l'Italienne, l'étrangère - deviendra-t-elle le prochain Premier ministre ?... Mais pour Suhhadra, cinquante-deux ans, grande, plutôt ronde, une femme ordinaire, la préoccupation est autre : ira-t-elle à ce pèlerinage de renoncement des femmes ménopausées que lui propose sa belle-mère pour marquer la fin de sa féminité ? Ou cédera-t-elle au contraire à la mystérieuse séduction de l'autre qui la suit depuis un mois dans les rues de Delhi ? Un étrange pas de deux, chassé-croisé amoureux qui lui offre une chose que personne ne lui a jamais offerte : son propre corps... (source éditeur). Votre lecture : C’est un très beau roman sur la féminité, sur la redécouverte de soi et le réveil des voix si longtemps étouffées, dans une ville, Delhi, qui domine et moule la destinée des personnages.

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FORTINO, Mauricienne Née à Saint-Georges de l'Oyapock, de mère Paikhwene (Palikur) et de père Créole, Mauricienne Fortino s’est attachée à faire vivre la culture et la tradition Palikur, avec une conscience aiguë de son devoir de transmission aux plus jeunes des contes et légendes, des chants et des danses, de la communauté Palikur de Guyane. Captivée dès son plus jeune âge par la tradition orale de sa communauté, elle a entrepris depuis une dizaine d’années un travail de collecte de contes et de récits auprès des anciens des différents villages Palikur. Traduits et restitués en français, ces contes et ces récits constituent la base de son répertoire actuel comme conteuse. Certains ont aussi été publiés en français, tels que le conte du « Makawem », ou l’histoire des « Neuf chamanes et du maitre de la pluie » (L’Harmattan).

LES NEUFS CHAMANES ET LE MAITRE DE LA PLUIE (Nouvelles) ;

L’Harmattan, 2011

Vous découvrirez dans ces récits inédits des créatures étranges et mystérieuses ainsi que la vie de certains chamanes qui communiquent avec elles. Vous apprendrez que la " Rivière sans os " est le lieu mythique le plus important pour ce peuple, à l'endroit de l'Amazone où toutes les eaux se rejoignent, la fameuse rivière sans os, où le léger plonge et le lourd flotte, à l'endroit où toutes les eaux se rejoignent, les eaux douces et les eaux salées, il y a beaucoup de courant double et au milieu, il y a un grand tourbillon qui aspire tout ce qui a le malheur de se trouver sur ces eaux. Toutes sortes de mangeurs d'hommes et aussi les animaux que nous pensons disparus depuis des années, qui sont appelés " axtig ", sont dans la rivière sans os, enfermés par des chamanes très puissants. Des récits pour voyager très loin et aborder l'imaginaire foisonnant du peuple palikur. (Source éditeur). Votre lecture : Ces nouvelles sont très intéressantes. Elles abordent le thème du chamanisme : la sagesse, le respect des aînés, les valeurs universelles transmises oralement par les légendes… Une lecture agréable.

FRANKETIENNE Frankétienne de son vrai nom Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d'Argent, né le 2 avril 1936 à Ravine Sèche, village de l'actuelle section municipale Poteneau de la commune de Grande-Saline dans le département de l'Artibonite en Haïti, est poète, dramaturge, peintre, musicien, chanteur et enseignant. Il a publié plus d'une quarantaine d'ouvrages. Sa mère, encore très jeune — il n'a que quatorze ans d'écart avec elle —, a été violée par un ressortissant des États-Unis. L'enfant nait chabin, blanc de peau, noir de morphologie, les yeux bleus. En 1962, au début de l'ère Duvalier, Frankétienne fréquente le groupe Haïti littéraire, d'où sortent bon nombre d'auteurs : Anthony Phelps, René Philoctète, Serge Legagneur, Roland Morisseau… La situation politique devient cependant vite intenable pour les intellectuels, dont beaucoup quittent le pays pour le Canada, la France ou l'Afrique. Franketienne décide de rester en Haïti pour écrire et pour lutter. Chacune de ses œuvres est ancrée dans l'histoire contemporaine haïtienne. Chacune témoignant, malgré l'homme ou l'écrivain qui se veut avant tout créateur, d'un moment de la « conscience nationale ».

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Ultravocal (1972) : le vertige de l'errance sans fin ni finalité, le pays habité par « le mal majeur » forçant ses enfants à l'exode massif sans espoir ni désir de retour. Qu'on se rappelle cette scène tragique de Mûr à crever (1968) : chassés des Bahamas, quatre Haïtiens, sur le bateau du retour, se jettent à l'eau, se livrant aux requins de la mer caraïbe plutôt que de revoir l'enfer duvaliériste. [http://fr.wikipedia.org/wiki/Frank%C3%A9tienne ; page consultée le 17 janvier 2012]

ANTHOLOGIE SECRETE ; Mémoire d’encrier, 2005

Anthologie Secrète est un livre « étrange et libre », indique la maison d’édition Mémoire d’Encrier. Cet ouvrage rassemble entretien, photos, textes divers, documents d’archives et inédits de « l’auteur haïtien le plus mystérieux, le plus fou et le plus libre », toujours selon son éditeur. On y trouve

- des éléments de sa bibliographie - des dessins commentés - des poèmes - des textes de style éclaté, plein d’allusions et d’imaginaire, sur le pays, ses habitants,

les dictatures - Votre lecture : On ne peut que se laisser porter par ces textes qui nous donnent une idée de ce dont est capable celui qui a fondé au début des années 70 le Mouvement littéraire Spiralisme, qui propose l’éclatement des formes, des genres et des imaginaires.

GLISSANT, Edouard

Docteur ès lettres, Edouard Glissant « l'un des plus grands écrivains contemporains de l'universel » (Jacques Cellard, Le Monde) est né à Sainte-Marie (Martinique) le 21 septembre 1928. Formé au lycée Schœlcher de Fort-de-France, il poursuit des études de philosophie à la Sorbonne et d'ethnologie au Musée de l'Homme.

Ses premiers poèmes (Un champ d'îles, La terre inquiète et Les Indes) lui valent de figurer dans l'Anthologie de la poésie nouvelle de Jean Paris. Il joue un rôle de premier plan dans la renaissance culturelle négro-africaine (congrès des écrivains et des artistes noirs de Paris en 1956 et de Rome en 1959) et collabore à la revue Les Lettres nouvelles. Le prix Renaudot, remporté en 1958 pour son premier roman, La Lézarde, consacre sa renommée. Co-fondateur avec Paul Niger en 1959 du Front antillo-guyanais et proche des milieux intellectuels algériens, il est expulsé de la Guadeloupe et assigné à résidence en France. Il publie en 1961 une pièce de théâtre, Monsieur Toussaint, et en 1964, un second roman, Le Quatrième Siècle.

Rentré en Martinique en 1965, il fonde un établissement de recherche et d'enseignement, l'Institut martiniquais d'études, et une revue de sciences humaines, Acoma. Son oeuvre ne cesse de croître en ampleur et en diversité : une poursuite du cycle romanesque avec Malemort, La Case du commandeur et Mahagony ; un renouvellement de la poétique avec Boises, Pays rêvé, pays réel et Fastes ; et un épanouissement de la pensée avec trois essais majeurs, L'Intention poétique, Le Discours antillais et Poétique de la relation.

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De 1982 à 1988, il est Directeur du Courrier de l'Unesco. En 1989, il est nommé « Distinguished University Professor » de l'Université d'Etat de Louisiane (LSU), où il dirige le Centre d'études françaises et francophones. Mort à Paris le 3 février 2011, Édouard Glissant laisse une oeuvre monumentale, une Relation tissée avec un Tout-Monde qui ne cesse de s'en inspirer. De nombreux hommages, dans la presse et lors de cérémonies à Paris et en Martinique, ont précédé son inhumation au cimetière du Diamant en Martinique. Le site officiel, Édouard Glissant, « Une pensée archipélique », est de nouveau opérationnel, et rend compte de la vie et de l'oeuvre de l'écrivain. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/glissant.html page consultée le 29 octobre 2011]

ORMEROD – Gallimard, 2003

Le corps le plus important de l'armée tentait de gagner du repos à mi-chemin du sommet d'un Piton qui avait semblé facile à passer, le soleil tombait du poids de trois mille laines et toits chauffants, pas une personne ne le voyait mais vous le portez sur la tête, il n'y avait pas la moindre clairière pour récolter ne disons pas un peu de pluie en miracle mais au moins une petite clarté de fraîcheur, le galetas des lianes et des branchages brûlants ne faiblissait en aucun endroit, alors soudain une racine péta, toutes les feuilles craquèrent et d'un seul bond ils tombèrent les uns sur les autres sans discernement, soldats et chefs de groupe, la guerre mains à mains la colère et le débordement toutes les bêtes des environs s'enterrèrent ou s'enfuirent au loin, les Brigands faisaient la guerre entre eux, Flore Gaillard essaya de s'interposer elle fut obligée d'entrer dans cette folie, enfin Alvares et Makondji se battaient, Gros-Zinc fut étripé dépenaillé par quelques-uns qui avaient trop tiré sur la Machine, la clameur du combat domina le sommet du piton Tabac et brusquement tout s'arrêta, les bourgeons au plus haut des lianes tremblèrent de ce silence inattendu et bouleversant, les Brigands se regardèrent et s'examinèrent, il n'y avait pas un mort, à peine quelques mains cassées, ils éclatent d'un rire et d'une plaisanterie qui semblent ne pas finir, plus formidables que la bataille d'avant.

Votre lecture : Un livre aussi foisonnant que la végétation tropicale …Je me suis accrochée pour le lire jusqu’au bout !

LA LEZARDE – Gallimard, 1997

Dans une île tropicale, de jeunes révolutionnaires décident de tuer l'homme chargé de réprimer les soulèvements populaires. Leur premier acte de liberté est un meurtre. La lézarde, rivière qui unit les montagnes secrètes à l'océan, accompagne, dans sa traversée, les étapes dramatiques que vivent Mathieu, Thaël et leurs amis, leur montrant le chemin du monde.

Votre lecture :

o Ce livre est présenté comme une pièce de théâtre. Glissant utilise plusieurs styles pour mettre en lumière cette prise de parole éminemment politique. Les révolutionnaires vont s’affranchir de leur oppression par cet acte meurtrier prémédité. Une fois familiarisé avec la langue de Glissant, écrite dans un français extraordinaire, on suit avec attention le voyage de cet homme destiné à tuer le traitre…

o Ce roman emploie un style fulgurant, débordant de couleurs, très riche, plein de symboles, la lézarde étant elle-même un symbole fort de la vie politique de

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cette île : la Martinique. Une histoire à la fois réaliste et poétique, envoûtante et délicieuse…

HATUBOU, Salim

Salim Hatubou est né le 20 juin 1972 à Hahaya, en Grande-Comore. À dix ans, il s'installe dans les quartiers Nord de Marseille, où il devient rapidement nostalgique de son enfance comorienne, de ses contes et légendes. Adolescent, il écrit des nouvelles et des articles, publiés dans diverses revues ou magazines. Les Contes de ma grand-mère, son premier ouvrage, paraissent en 1994. Depuis, contes, poèmes, livres jeunesse ou encore romans engagés se succèdent. Salim Hatubou axe son œuvre sur l'identité et la mémoire. Il se rend régulièrement dans son pays natal pour effectuer des recherches. À cet effet, il obtient par deux fois la Mission Stendhal (1998 et 2005), une bourse du Ministère des Affaires Étrangères Français. Il oriente ses travaux principalement sur le choléra de 1975, qui a emporté sa mère, et sur les reines et sultans comoriens. Conteur, après avoir longtemps écouté et retranscrit les contes de sa grand-mère maternelle, il collecte directement les histoires auprès des anciens. En 2000, le Centre National du Livre lui octroie une bourse d'écriture et le journal Marseille L'Hebdo le fait figurer parmi « les cent qui feront le Marseille de demain », récompensant ainsi son travail d'écrivain, de conteur et d'acteur culturel (il anime des ateliers d'écriture). Engagé dans l'humanitaire, Salim Hatubou s'emploie actuellement à créer aux Comores La maison de Riama, un centre culturel et éducatif destiné aux enfants vivant en milieu rural. La littérature écrite comorienne d'expression française est naissante. Le premier roman, La république des Imberbes de Mohamed Toihiri, ne remonte qu'à 1984. Salim Hatubou est l'un des pionniers de cette littérature et celui qui publie le plus régulièrement. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages dont les styles sont aussi variés que les thèmes. Parfois drôles (Marâtre, Un conteur dans ma cité), parfois graves (Métro Bougainville), leurs dénominateurs communs restent l'identité et la mémoire. Ayant une culture franco-comorienne, l'œuvre de Salim Hatubou traite aussi bien de la société française que de la société comorienne. Auteur engagé, il porte un regard avisé sur ses deux pays et dénonce leurs travers, non sans s'attirer le foudre de certains détracteurs. Dans Le sang de l'obéissance, par exemple, l'auteur s'oppose aux mariages arrangés aux Comores ; dans Hamouro, il soulève l'épineux problème de la balkanisation de son archipel et témoigne des relations catastrophiques entre Mayotte – restée sous giron français – et les autres îles des Comores ayant accédé à l'indépendance. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/hatubou.html ; page consultée le 17 janvier]

MARÂTRE ; Komedit, 2007

Une nuit de printemps africaine meurt la mère de Dendehors, il a alors 3 ans. En 11 années, il verra son père une fois. Ce dernier le fera venir en France auprès de sa famille : frère Fabien, sœur Nathalie et Marâtre (sa deuxième épouse). Marâtre et Dendehors se vouent une haine sans limites. Votre lecture : Un livre pesant. En 123 pages et une petite quarantaine de courts « chapitres » les anecdotes racontées par l’auteur ne laissent personne indifférent. Au quotidien, on imagine difficilement comment cet enfant a pu vivre un tel cauchemar : pas de chaussures, peu de vêtements, pas d’amis, gifles, insultes !

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Heureusement, il y a un peu d’humour, beaucoup d’ironie et un style très direct, parfois comme des flashs.

HOUAT, Louis Timagène

Louis Timagène Houat est un écrivain et médecin français du XIXe siècle. Mulâtre originaire de l'île Bourbon, désormais connue sous le nom de La Réunion, il est l'auteur du premier roman de la littérature réunionnaise, Les Marrons, qu'il publie à Paris en 1844.

LES MARRONS- L’arbre vengeur, 2011

Avec Les Marrons (1844), livre oublié et premier roman connu édité à La Réunion, LT Houat s'attaquait à un sujet sensible : les horreurs de l'esclavage. Il le fit avec une ferveur et une fureur qui bouleversent encore aujourd'hui. Un moment remarquable de l'histoire de l'antiesclavagisme, sous la plume d'un fervent apologiste du métissage.

Votre lecture : Ce livre dépeint avec force les horreurs de l’esclavage à travers l’évolution de quelques personnages. Il décrit avec justesse les caractéristiques de la Réunion, cela dans une écriture très classique. Une véritable apologie du métissage !

JALLIER, Flo

Flo Jallier vit à Paris, dans le 20e arrondissement. Elle a joué comme batteuse dans diverses formations – entre autres, Les Coquines, avec neuf musiciennes du monde –, et donné de la voix au sein d’un groupe gospel. Elle se passionne pour les pratiques orientales, de la médecine traditionnelle chinoise aux arts martiaux. Le reste du temps, elle consacre ses talents aux enfants, en tant qu’animatrice dans une école élémentaire. Dans la collection EXPRIM’, elle a publié Les filles ne mentent jamais (paru en partenariat avec Amesty International).

LES DECHAINES – Sarbacane, 2011

Martinique, 1871. "Amélia se laissa bercer tandis que Thibault lui chuchotait : Nous partirons, toi et moi. Nous serons heureux, tu verras. Vivre ensemble, loin, sur une autre île où ils seraient libres". Amélia, la fille d’une domestique, est amoureuse de Thibault, le fils des propriétaires de la plantation. L’esclavage a été aboli mais il perdure dans les relations.

Votre lecture : Ce roman est publié dans une collection pour grands ados, mais ne doit pas pour autant être boudé par les adultes. Construit autour d’un secret, il débute en Martinique en 1871 et se termine en 2005 à Paris. En quatre chapitres aux styles complètement différents, le lecteur découvrira quatre femmes qui porteront chacune à leur manière le poids du secret. Un roman très plaisant, une construction qui peut déconcerter mais où toutes les pièces du puzzle s’imbriquent parfaitement. Pour pouvoir oublier, il faut pouvoir comprendre…

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LAFERRIERE, Dany

Dany Laferrière naît à Port-au-Prince, à Haïti, le 13 avril 1953. Son enfance passée à Petit-Goâve est une période marquante dont ses œuvres s'inspireront plus tard, lorsqu'il aura immigré au Québec et qu'il signera ses premiers textes. La situation politique et son statut de journaliste le poussent à quitter son pays natal pour l'Amérique du Nord. Quelques années après son arrivée en 1976, il publie un premier titre Comment faire l'amour à un nègre sans se fatiguer en 1985, titre apprécié par la critique. Cette œuvre, comme d'autres également (Le goût des jeunes filles, Comment conquérir l'Amérique en une seule nuit, Vers le Sud), sera adaptée au cinéma. Les neufs romans qui suivent forment, avec cette première œuvre, ce que Dany Laferrière appelle « une autobiographie américaine ». Parallèlement à cette carrière d'écrivain, il est journaliste et chroniqueur télé. Ses œuvres seront récompensées et traduites dans plusieurs langues. En 1991, il reçoit le Prix Carbet de la Caraïbe pour L'odeur du café. En 1993, le Prix Edgar-Lespérance lui est attribué pour Le goût des jeunes filles. 2000 et 2002 sont les années au cours desquelles on lui remet, pour Le cri des oiseaux fous, le Prix Carbet des lycéens et le Prix RFO du Livre pour Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit? Après avoir successivement habité Port-au-Prince, Montréal, New-York, Miami, Dany Laferrière se considère comme un homme de l'Amérique, façonné par la diversité culturelle et les espaces multiples que recèle le continent américain. Cette identité composite se traduit d'ailleurs dans la difficulté que l'on éprouve à caractériser son œuvre ; certains l'associent à la littérature haïtienne, d'autres au corpus québécois et d'autres encore aux écritures migrantes. Sous tous ces chapeaux, demeurent les romans, les récits, les chroniques, les poèmes de l'écrivain salués par la critique et récompensés par de nombreux prix. Il signe aussi un texte de littérature jeunesse Je suis fou de Vava pour lequel on lui remet le prix du Gouverneur général en 2006. Il a fait paraître, au printemps 2008, Je suis un écrivain japonais chez Boréal et, dernièrement encore, un autre livre pour la jeunesse : La fête des morts, illustré par Frédérix Normandin aux éditions La Bagnole. Et tout récemment, il s'est vu décerné le prix Médicis pour son roman L'Énigme du retour paru en 2009 aux éditions Boréal, de même que le Grand Prix du livre de Montréal. [http://auteurs.contemporain.info/dany-laferriere/ ; page consultée le 14 octobre 2011)]

CETTE GRENADE DANS LA MAIN DU JEUNE NEGRE EST- ELLE UNE ARME OU UN FRUIT ? – Le serpent à plume, 2002

Un ring : le territoire des États-Unis. Deux boxeurs face à face, l'écrivain Dany Laferrière, d'un côté, la société américaine de l'autre. Boxe ! L'écrivain donne des coups : au racisme, aux clichés, à la pacotille hollywoodienne. Et il encaisse, célébrant le dynamisme du pays, sa foi inépuisable en sa propre puissance, son génie créatif. Un exercice d'admiration entre Américains, dans ce pays où être, c'est vouloir être quelqu'un.

Votre lecture : Je n’ai pas été emballé par ce livre dans lequel l’attirance des noirs pour les femmes blanches revient d’une façon obsédante…. Mais par ailleurs, certains aspects restent intéressants dans ce reportage journalistique aux USA, notamment la réflexion sur la négritude.

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CHRONIQUE DE LA DERIVE DOUCE – Grasset, 2012 Un jeune homme du sud arrive dans une ville du nord. On le voit dériver dans les rues d'un monde si neuf. Par petites touches singulières, il tente de savoir où il se trouve. Si L'Enigme du retour (Grasset, prix Médicis 2009) était le roman du retour à Port-au-Prince de Dany Laferrière, Chronique de la dérive douce relate son arrivée à

Montréal, à l'âge de 23 ans.

Votre lecture :

o Dany Laferrière revient sur ses débuts d’écrivain, sa nouvelle vie à Montréal. Un livre très agréable, bercé par une écriture toute poétique. Ce texte a été publié au Québec en 1994. Dany Laferrière l’a réécrit pour la publication en France. Dans une interview (France-Inter lundi 26 mars 2012), l’auteur a expliqué que persuadé de mourir avant 50 ans, comme beaucoup de haïtiens, il a écrit de nombreux textes dans l’urgence car il avait dès le début établi une liste des titres (et sujets) qu’il voulait publier. Ayant dépassé la cinquantaine et ayant achevé les cycles prévus, il entreprend de réécrire ses livres .Il a commencé par « Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit ? » édité une première fois en 1993, puis réédité (avec un texte remanié et augmenté) en 2002 par les éditions du Rocher.

o Un roman très intéressant, une série de photos passionnantes, très bien décrites par cet auteur provocateur. Centré sur la vie de l’auteur, ce récit témoigne de la vie qu’il faudrait laisser dériver au gré des évènements, qu’il faudrait laisser faire…

o COMMENT FAIRE L’AMOUR AVEC UN NEGRE SANS SE FATIGUER ; Serpent à plumes, 1999 Premier livre de Dany Laferrière, satire féroce des stéréotypes et des clichés racistes, Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer se présente comme la joyeuse description d'une vie de bohème, version black. Deux jeunes noirs oisifs partagent un appartement dans un quartier pauvre de Montréal. L'un d'entre eux, le narrateur, projette d'écrire un roman et, pour s’occuper, connaît diverses aventures féminines en dissertant sur la trilogie Blanc-Blanche-Nègre. Car c'est un juste retour des choses, après avoir souffert de l'esclavage, que de séduire toutes ces jeunes donzelles innocentes ou curieuses. Quant à son compère, Bouba, il dort, dort, dort. Et philosophe en lisant et relisant le Coran, sur des airs de jazz. Cachez vos filles, blanches mères, les nègres sont en ville ! Votre lecture : Des petits tableaux de la vie d’exilé de l’auteur à Montréal. Ce portrait en creux de Dany Laferrière est son premier roman, dans lequel il fait de nombreuses références aux écrivains qui l’ont inspiré. Cette lecture en vaut la peine, ne serait-ce que pour connaitre un peu mieux cet écrivain…

LE CRI DES OISEAUX FOUS ; Serpent à plumes, 2002

Dixième roman de Dany Laferrière, Le Cri des oiseaux fous est aussi l'ultime récit de sa vaste Autobiographie américaine. Le narrateur apprend que les tontons macoutes ont tué son ami, que lui-même est sur la liste, que cette nuit sera sa dernière nuit en

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Haïti, celle du départ. Tout le récit coule des yeux et des pensées, des peurs et des méditations de ce jeune homme de vingt-trois ans confronté au crime et forcé à l'exil. Ses paroles sont parfois naïves, parfois lucides à l'extrême. Tendres aussi, comme celles du petit garçon du Charme des après-midi sans fin (Le). Enfin les silences du livre laissent place aux dieux vaudous, venus s'incarner dans la pénombre dangereuse d'un bordel de Port-au-Prince. Votre lecture : C’est l’histoire de son départ vers l’exil. Un livre fort intéressant qui recueille des remarques profondes sur des choses simples, et qui met en valeur le contraste entre la vie difficile et précaire des haïtiens et leur générosité.

L’ENIGME DU RETOUR – Grasset, 2009 "Mon père vient de mourir" A la suite de cette annonce tragique, le narrateur décide de revenir dans son pays natal. Il en avait été exilé, comme son père des années avant lui, par le dictateur du moment. Et le voilà qui revient sur les traces de son passé, de ses origines, accompagné d'un neveu qui porte le même nom que lui. Un périple doux et grave, rêveur et plein de charme, qui lui fera voir la misère, la faim, la violence mais aussi les artistes, les jeunes filles, l'espoir, peut-être. Le grand roman du retour d'exil. Votre lecture :

o Un livre attachant, poétique, tout en étant un vrai documentaire sur Haïti et ses conditions de vie difficiles. Un panorama complet de la vie sur cette île et de ses sensibilités.

o Un très beau livre à lire absolument ! La forme est au service de l’atmosphère du pays natal : Haïti.

JE SUIS UN ECRIVAIN JAPONAIS – Grasset, 2008

C'est un écrivain. Que fait-il ? Surtout rien. Il prend des bains. Il dîne avec M. Mishima. Il fait l'amour avec Midori. Il est célèbre au Japon. La police arrive. Avec ce livre diaboliquement intelligent, délicieusement sensuel et irrésistiblement humoristique, Dany Laferrière signe avec brio son retour au roman.

Votre lecture : Dans ce livre Dany Laferrière veut faire passer le message suivant : en tant qu’écrivain, la notion de « nation » n’a pas de sens, pas d’importance. Une leçon d’universalisme que j’ai beaucoup apprécié.

L’ODEUR DU CAFE – Editions du rocher, 2011

Au coeur de ce récit, il y a l'enfance. Celle d'un petit garçon passant ses vacances chez Da, sa grand-mère, et accompagné de la chaleureuse vigilance de ses tantes. Un peu de fièvre, et le voici privé de jeux avec ses camarades. Alors il reste sur la terrasse de bois, à côté de Da qui se balance dans le rocking-chair, avec toujours une tasse de café à portée de la main pour les passants et les voisins. Le long des lattes de bois, l'enfant regarde les fourmis, les gouttes de pluie marquant le sol,

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regarde et écoute les adultes s'occuper et parler, respire les odeurs de la vie. Chronique des sensations enfantines, L'Odeur du café est un livre envoûtant, le récit d'un voyage au temps si fragile et si merveilleux de l'enfance. Votre lecture : Ce livre m’a beaucoup plu. Facile à lire et émouvant, il est à la fois réaliste et laisse une place à l’imaginaire. Les personnages sont truculents.

TOUT BOUGE AUTOUR DE MOI – Grasset, 2011

Le 12 janvier 2010, Dany Laferrière se trouvait à Port-au-Prince. Un an après, il témoigne de ce qu'il a vu. Sans pathos, sans lyrisme. Des "choses vues" qui disent l'horreur, mais aussi le sang-froid des Haïtiens. Que reste-t-il quand tout tombe ? La culture. Et l'énergie d'une forêt de gens remarquables. Votre lecture :

o Ni roman ni récit, ce texte regroupe des notes prises pendant le tremblement de terre. Les passages difficiles sont toujours accompagnés de poésie. Il n’y a pas de violence dans l’écriture qui laisse entrevoir la révolte intérieure de l’auteur. On ressent bien l’ambiance d’Haïti. J’ai bien aimé, notamment lorsque Laferrière décrit ses relations avec sa maman, ses sœurs, son neveu.

o Ce sont des choses vues à la manière d’un peintre : des situations, des ambiances, des personnages, et puis les mots qui viennent se poser là comme des touches de couleur. C’est aussi le point de départ d’une quête personnelle où les souvenirs : la dictature, la grand’mère, l’exil de son père puis le sien après l’assassinat de son meilleur ami... Cette question domine tout le livre : que reste-il-quand tout s’effondre ? Nous avons aimé cet espoir qui se dégage et ce passage qui le résume : « Je me promène un moment dans le jardin, tout étonné de constater que les fleurs les plus fragiles se balancent encore au bout de leur tige. Le séisme s’est donc attaqué au dur, au slide, à tout ce qui pouvait lui résister. Le béton est tombé, la fleur a survécu. »

LAHENS, Yanick Née en Haïti le 22 décembre 1953, Yanick Lahens part très jeune pour la France où elle fait ses études secondaires. En France elle fait également des études supérieures en lettres. À son retour en Haïti, elle enseigne à l'École Normale Supérieure (l'Université d'État) jusqu'en 1995. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/lahens.html] Dans ses romans – Dans la maison du père (Le Serpent à plumes, 2000) et La Couleur de l’aube (Sabine Wespieser éditeur, 2008) – comme dans ses nouvelles et ses essais, notamment L’Exil : entre l’ancrage et la fuite, l’écrivain haïtien (Deschamps, 1990), elle brosse sans complaisance le tableau de la réalité caribéenne. Lauréate du prix RFO 2009 pour La Couleur de l’aube, elle occupe sur la scène littéraire haïtienne une position très

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singulière par son indépendance d’esprit et l’autorité que lui confèrent ses actions de terrain. Longtemps professeur de littérature, Yanick Lahens consacre aujourd’hui une grande partie de son temps à une fondation destinée à former les jeunes générations aux stratégies de développement durable. [http://www.swediteur.com/auteur.php?id=49]

LA COULEUR DE L’AUBE – Sabine Wespieser, 2008 Angélique se lève tous les matins la première, dans la petite maison des faubourgs de Port-au-Prince qu'elle partage avec sa mère, sa sœur Joyeuse, et son jeune frère Fignolé. Dans l'aube grise de février, l'inquiétude l'étreint : Fignolé n'est pas rentré et toute la nuit les tirs n'ont cessé de gronder au loin... Angélique la sage est une fille soumise, une sœur exemplaire, une femme de trente ans en apparence résignée. Sa famille, le fils qu'elle a eu par accident, les malades de l'hôpital, constituent son unique horizon. Joyeuse, la belle, la sensuelle, n'a pas abdiqué, elle, sa liberté, sa révolte, son désir de bonheur et d'une vie meilleure, malgré la misère, la violence, les rackets et les enlèvements qui sont lot quotidien. Epaulées par leur mère, figure protectrice et pivot du foyer, à l'image de ses chères divinités vaudou, les deux femmes tentent de retrouver la trace du jeune homme. Au fil de la journée et de leur enquête, Angélique et Joyeuse, en réalité les deux visages du même désespoir, dessinent de la ville une géographie apocalyptique. Fignolé, militant déçu du parti des Démunis, s'est perdu dans les méandres d'une impossible lutte, dans les hasards du désordre absolu. Yanick Lahens, en dépeignant avec une remarquable économie de moyens le destin d'une famille hélas ordinaire, construit l'allégorie d'un pays où la monstruosité voudrait se faire loi. Mais son livre est poignant parce qu'à chaque page sourd la révolte et éclate la volonté de vivre. Votre lecture : Un livre très intéressant et agréable à lire. Un récit poignant, mais très dur… « Mère nous aime à la folie parce que dans cette ville elle sait qu’elle peut nous perdre à tout instant. « Aujourd’hui quand tu poses le pied hors de ta maison tu es un numéro joué à la borlette, tu ne sais pas si tu reviendras. Aujourd’hui chacun marche son cercueil sous le bras parce que la mort elle n’est plus dans les ténèbres sous la terre. Cœur posé, en plein soleil, elle monte et descend les rues de cette ville et le temps pour toi de te ressaisir quand tu la croises, te voilà raide comme un cadavre. » »

MARAN, René Né à Fort-de-France le 5 novembre 1887, René Maran demeure le grand oublié de cette littérature que l'on nomme aujourd'hui « francophone ». Alors que Léopold-Sédar Senghor en a lui-même fait le « précurseur de la négritude », et malgré un prix Goncourt gagné deux années après la victoire de Proust, le nom de Maran reste méconnu de la plupart des spécialistes en lettres francophones. Il est vrai que les origines de Maran font de lui un auteur difficile à classer.

Le jeune Maran fut très vite contraint de déménager dans « la métropole », à Bordeaux plus précisément, alors que son père est muté au Gabon. D'autre part, ses parents n'étaient pas d'origine martiniquaise, mais guyanaise. Enfin, l'auteur de Batouala passa la plupart de sa vie entre la France et l'Afrique, en Oubangui notamment, ce qui rend d'autant plus problématique la catégorisation de l'appartenance géographique de cet écrivain, mais ceci

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explique aussi son intérêt pour la communauté noire, non seulement antillaise, mais aussi d'Afrique, de France et des Etats-Unis.

L'œuvre de René Maran est celle du déchirement : fidèle corps et âme à la France (il voudra même s'engager dans l'armée lors de la première guerre mondiale), il n'en demeure pas moins critique du système colonial, système qui empêcha son père d'obtenir la Légion d'honneur. Sa fonction d'administrateur des colonies le met dans une position délicate : il se doit de servir son pays qu'il chérit tant, mais ne peut s'empêcher de se sentir solidaire des peuples d'Afrique équatoriale française. Ce sentiment de double appartenance sera cristallisé dans son roman Un homme pareil aux autres.

Mais c'est surtout avec Batouala, roman qu'il juge « trop noir et ineuropéen » pour les Français, qu'il se fera connaître, roman qui force l'admiration des uns, et provoque la colère des autres, notamment des responsables de l'administration coloniale qui interdit la diffusion du livre en Afrique (Maran sera contraint de démissionner de son poste). La préface de Batouala (1921) constitue en effet une véritable diatribe contre le système colonial puisque Maran s'attaque de manière directe à la façon dont l'administration coloniale gère ses territoires de l'Afrique Équatoriale Française. La corruption de cette administration coloniale – que Marguerite Duras dénoncera également en parlant de l'Indochine – s'accompagne de débordements en tous genres de la part des hauts fonctionnaires. Ces débordements, surtout causés par les abus d'alcool, seront justifiés par la fameuse « mission civilisatrice » de la France que Maran attaque de plein fouet, racontant dans cette préface que les villages concernés sont peu à peu pillés et dépeuplés.

Toutefois, la prise répétée de quinine, le manque répété de sommeil, et la mort de ses proches pousseront René Maran à un retour en France sans fanfare, où il meurt le 9 mai 1960, laissant derrière lui une œuvre inspirée du naturalisme à la Balzac, mais qui emprunte également des rythmes de l'Afrique qu'il a tant aimée. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/maran.html ; page consultée le 06/04/2012]

BATOUALA : VERITABLE ROMAN NEGRE – Magnard, 2008

Le grand chef Batouala ne peut plus dormir comme avant dans la quiétude de ta haute brousse. De nombreux soucis l'empêchent de rejoindre " Le doux feu intérieur du sommeil " : ses fonctions rituelles, la proximité des chasses, l'éloignement manifeste de sa femme... Et surtout, cette sourde rumeur qui répète que l'homme blanc accable l'homme noir et Le traite moins bien que son chien. Batouala, pourra-t-il encore vivre heureux au bord du grand fleuve Nioubangui ? Batouala est le premier roman " nègre " écrit par un " nègre ". Votre lecture : On devient noir quand on lit ce roman…L’auteur s’appuie exclusivement sur des valeurs africaines. Un très beau livre au style excellent !

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MARS, Kettly Kettly Pierre Mars est née le 3 septembre 1958 à Port-au-Prince (Haïti). Après ses études classiques, elle reçoit une formation en administration ; depuis vingt-cinq ans, elle travaille comme assistante administrative. Passionnée dès son plus jeune âge de lecture et de poésie, elle commence à écrire au début des années 1990.

C'est par la poésie que Kettly Mars exprime ses premiers élans créateurs. Poésie de départ : tout est patience et fluidité, érotisme et passion. Elle passe ensuite à l'écriture de la nouvelle et reçoit en 1996 le premier prix du Concours Jacques-Stephen Alexis de la Nouvelle. Cette distinction l'encourage à s'engager dans la voie littéraire; elle a écrit depuis poèmes, nouvelles et romans.

Poète intimiste, Kettly Mars peint par de petites touches sensuelles les émotions que lui inspirent l'amour, la beauté de la nature, les objets du quotidien. Dans ses nouvelles, l'auteur campe avec réalisme et vivacité des tableaux une société déchirée par ses profonds antagonismes économiques et politiques. Elle tente quelques questionnements sur les droits des femmes, et montre le désarroi d'un peuple toujours en quête d'identité.

Votre lecture : Les ouvrages de Kettly Mars n’ont pas été lus par les membres du club de lecture (voir bibliographie p.69). Cela dit n’hésitez pas à vous plonger dans sa littérature…

METELLUS, Jean Jean Métellus, né le 30 avril 19371 à Jacmel en Haïti, émigre en France en 1959 à l'époque de la dictature des Duvalier .Il y poursuit des études de médecine et commence à écrire. Poussé par Maurice Nadeau, André Malraux et Aimé Césaire, Jean Métellus a conquis une reconnaissance générale pour son art premier, la poésie. Aujourd’hui répertorié dans l’Anthologie de la poésie française du XXe siècle, ses poèmes sont traduits en italien, en espagnol et cités par certains groupes de rap. Il est également romancier, dramaturge et essayiste. L’activité professionnelle de Jean Métellus a été la médecine (neurologue spécialisé dans les troubles du langage). En marge de son activité quotidienne de docteur, il a petit à petit créé une œuvre importante. À partir des éditions de 1998, le Robert des noms propres fait référence à l’écrivain haïtien. En 2010, il est le lauréat du Grand prix de la Francophonie de l'Académie française.

LA FAMILLE VORTEX – Gallimard, 2010

La famille Vortex est un roman plein d'une puissante poésie. Le vent le rythme, le souffle de la mer le traverse. Les Vortex ? C'est d'abord Solon, le père, ancien marin, et Olga, la mère, descendante des Arawaks (premiers occupants de l'île). Mais c'est surtout, issu de ce couple magnifique et solaire, de la matrice d'or " d'Olga, un tourbillon d'enfants : Joseph le prélat, Louis le professeur, Edgard l'officier, Sylvain le médecin, et encore Astrid, Sylvie, Ludovic. Tous se jettent avec passion dans la vie sociale. Les enfants Vortex portent en eux les plus riches qualités d'Haïti. Mais pourquoi cette histoire, qui s'ouvre sur un Noël familial en Haïti, s'achève-t-elle par un Noël d'exil ? C'est que les destinées des Vortex ont été brisées par les tempêtes politiques, par la lutte pour le pouvoir et par la brutalité rusée de l'armée... La fécondité des Vortex, qui est celle même d'Haïti, s'est retournée en une stérilité

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désolée. Le roman de Métellus affirme, de tout son éclat sensuel, les vivantes possibilités que recèle le peuple haïtien en dépit des intrigues du pouvoir. C'est avec cette vie humiliée mais indomptable que le romancier fait alliance, par son écriture même, par ses rythmes, par ses images, par ces " poignées de vent que chaque parole éjecte ". Votre lecture : La famille Vortex (publiée en 1982) est un roman plein de poésie et de sensualité, de rythmes et d’images qui propose une réflexion politique sur Haïti. Situé dans les années 50, il illustre toutes les possibilités que recèlent les Haïtiens en dépit des intrigues du pouvoir. Roman très riche dont je recommande la lecture et qui m’a donné l’envie de lire la suite.

NICOLE, Eugène Eugène Nicole est né à Saint-Pierre et Miquelon en 1942. Il part pour la métropole à quatorze ans afin de poursuivre ses études. Après un passage en internat en Vendée, il intègre la Sorbonne et l’Institut d’études politiques. En 1968, il fait un voyage en Alaska avant d’entamer une carrière universitaire aux Etats-Unis où il enseigne la littérature française à l’université de New York. Il participe à la rédaction de nombreux articles, sur Proust notamment, et collabore à l’édition de A la recherche du temps perdu pour la Bibliothèque de la Pléiade. Il établit ensuite l’édition de À l’ombre des jeunes filles en fleurs et Le Temps retrouvé pour Le Livre de Poche en 1993. En 2003, il rassemble trois de ses romans - L’œuvre des mers, Les larmes de pierre et Le caillou de l’Enfant Perdu - publiés respectivement en 1988, 1991 et 1993, pour sortir L’œuvre des mers, un ensemble romanesque autobiographique auquel il joint une quatrième partie, inédite, intitulée La ville sous son jour clair [http://www.salondulivreparis.com/?IdNode=2085&Lang=FR&KM_Session=%7B$Admin.SID%7D]

L’ŒUVRE DES MERS ; L’olivier, 2011

En 1956, un jeune garçon de quatorze ans quitte son archipel natal, Saint-Pierre-et-Miquelon, territoire d'outre-mer de 242 km2, au large du Canada. Des années plus tard, ce grand départ, transformé en exil, le pousse à entreprendre un projet ambitieux : traverser mentalement l'Atlantique, suivre les méandres de sa mémoire pour raconter ce pays de naufrages, de neige et de brouillard, et trouver dans l'écriture les reliefs oubliés de son univers. Foisonnant de personnages aux curieux destins, drôles ou pathétiques, son récit est la perpétuelle "représentation" de ce microcosme sur la scène des îles et de son emblématique théâtre paroissial, L'Œuvre-des-Mers. Née du souvenir et de l'émotion, cette œuvre épique et vagabonde est à la fois un somptueux geste littéraire et une méditation sur le temps. Votre lecture : Une histoire non dénuée d’intérêt, des personnages intéressants, des éléments historiques, mais une lecture monotone, on n’accroche pas…

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PAMBRUN, Jean-Marc Né le 22 décembre 1953 à Paris d'un père originaire de l'île de Ra'iatea et d'une mère d'ascendance ariégeoise et bretonne, Jean-Marc Tera'ituatini Pambrun est un homme de culture bien connu des Polynésiens et un personnage singulier. Anthropologue de formation, il a passé l'essentiel de son activité professionnelle dans le secteur de la culture polynésienne où il a occupé des fonctions importantes : directeur du département des traditions du Centre Polynésien des sciences humaines, chef de service de la culture de la mairie de Faa'a, directeur de la maison de la culture de Papeete, conseiller auprès du gouvernement local à deux reprises. Personnalité dérangeante autant par ses actes que par ses écrits, parallèlement ou alternativement à ses fonctions publiques, il a porté la contestation dans de nombreux domaines de l'activité polynésienne : culture, recherche, enseignement, environnement, syndicalisme, journalisme... Autant de facettes qui font de cet humaniste et intellectuel engagé, un auteur à part et créatif qui écrit dans les genres les plus divers : pamphlétaire, conteur, poète, essayiste, dramaturge, auteur de nouvelles. Par son éclectisme déroutant, il reste pour le moment un auteur inclassable. Depuis 2000, il se consacre entièrement à l'écriture pour, dit-il « servir de porte-parole au peuple polynésien ». Un engagement pour lequel il s'est vu être récompensé par le Salon

insulaire du livre d'Ouessant qui lui a décerné le Prix fiction 2004 pour sa pièce Les parfums du silence. Avec cette distinction, le milieu littéraire des îles lui a donné une véritable

dimension culturelle et intellectuelle en Polynésie. Depuis août 2005, il occupe également les fonctions de Directeur du Musée de Tahiti et des Îles, Te Fare Manaha. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/pambrun.html]

HUNA – Secrets de famille ; Ibis rouge, 2004

Huna ou Secrets de famille est un recueil de nouvelles qui s'inscrivent fortement dans les coutumes et croyances polynésiennes.Une occasion de plus pour Jean-Marc Tera'ituatini Pambrun de transmettre des facettes de la culture polynésienne. Des nouvelles où les rêves trouvent leur prolongement dans un monde qui oscille entre tradition et modernité.

Votre lecture :

o Ce roman intéressant et plutôt drôle nous fait voyager en Polynésie. Les dialogues y sont nombreux, à l’image de la transmission orale propre à la culture de ce pays.

o Le but de l’écrivain est de transmettre diverses facettes de la culture polynésienne : tradition orale, croyances, modernité. Les nouvelles sont inégales. Personnellement j’ai préféré « Les petits hommes rouges ».

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PARADIS, André André Paradis est un écrivain qui vit depuis plus de 30 ans en Guyane. Enseignant à la retraite, il est animateur depuis plus de quinze ans d'une chronique sur Radio-Guyane, La plume à l'oreille. S'il a commencé par les nouvelles (Marronnages, 1998), il s'est consacré depuis deux ans au roman (L'Année du fromager, 2000). Avec Le Soleil du Fleuve, il atteint la pleine maturité de son art

MARRONAGE (Nouvelles) ; Ibis rouge éditions, 1998 L'auteur de l'ouvrage que vous allez lire ne manque pas d'humour. Faisant allusion à une émission radiophonique bien connue des auditeurs guyanais, il fait dire à l'un de ses personnages ce jugement aussi définitif que sommaire: "elle n'allait pas écouter ce connard, avec ses grands mots et ses grands airs..." Ainsi André Paradis, auteur de Marronnages, prend-il ses distances d'avec son alter-ego de La plume à l'oreille. Ceci vaut bien une mise en garde. Ici, nous ne sommes plus en radio, mais en littérature, la "plume à la main", et dans un genre dont Lukacs disait qu'il était celui de "la plus artistique des formes narratives". Il s'agit donc d'un ensemble de huit nouvelles, réuni sous le titre de Marronnages. André Paradis a un joli talent de conteur. Il sait communiquer à son lecteur l'affectueuse sympathie qui lui inspire ses personnages: fille mère qui se découvre tardivement un amour maternel insoupçonné, adolescents paumés, à la dérive, brésilienne qui s'impatiente devant une cabine téléphonique occupée par un bavard. Tout cela dans une atmosphère extrêmement tendue, de la violence contenue jusqu'à l'explosion, jusqu'au drame. Mais cette violence est-elle tempérée par la distanciation, le décalage pourrait-on dire, du narrateur et aussi par cet amour des "fleurs qui embaument": sansevieras, jasmins, buis de chine, etc. Tenez, commencez donc par celle qui a pour titre La maison. C'est sans doute la plus achevée dans sa forme et son ressort dramatique. André Paradis veut-il nous faire ressentir la vive agitation qui s'empare d'une femme confusément inquiète? Une phrase lui suffit, toute simple, mais tellement expressive dans sa sobriété : "Sa main droite tenait un walwari dont elle s'éventait d'un geste sec de temps en temps...". Serge Patient. Votre lecture : Ces nouvelles ont un véritable intérêt sociologique. Certaines relatent des situations plausibles en Guyane…

PÉPIN, Ernest

Ernest Pépin est né le 25 septembre 1950 à Castel Lamentin (Guadeloupe). Il a exercé diverses activités. Il fut notamment professeur de français, critique littéraire, animateur d’émissions littéraires sur France 3, consultant à l’Unesco…..Il occupe le poste de Chargé de Mission au cabinet du Conseil Général de la Guadeloupe (1985-95), le poste de Directeur Adjoint du Cabinet du Président de Conseil Général (1996-2001) et le poste de Directeur des Affaires Culturelles au Conseil Général de la Guadeloupe depuis mars 2001.

Comme la plupart des auteurs antillais, Ernest Pépin puise son inspiration dans son île natale, ô combien riche d’histoires à raconter, et s’affirme de plus en plus comme une voix majeure de la Guadeloupe et de la Caraïbe. Une voix reconnue qui a été couronnée par différents prix dont le prestigieux Prix Casa de las Americas 1990, le Prix de la Caraïbe 1994, le Prix RFO du Livre 1997….Son roman Tambour-Babel (Gallimard) a été sélectionné pour le Prix Goncourt et pour le Prix Renaudot.

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Son roman, Le tango de la haine (Editions Gallimard, 1999) est le «récit d’une danse infernale, celle de la séparation douloureuse d’un couple, Abel et Nika qui ont vécu 20 ans ensemble. Lorsqu’Abel, le mari, reprend sa liberté et refait sa vie, Nika se mue en tigresse …. » Il a alterné de façon assez régulière poésie et roman. On lui doit en particulier: - L'envers du décor (éditions du Rocher) - Cantique des tourterelles (éditions Ecriture) - Toxic Island (éditions Desnel) - Le Soleil Pleurait (éditions Vents d'ailleurs Et bien d'autres ouvrages comme par exemple: - La Guadeloupe antan longtemps (HC éditions) - Le goût de la Guadeloupe (éditions Mercure de France) etc. Ernest Pépin, après avoir été membre fondateur du Prix des Amériques Insulaires, membre du jury du Prix RFO du livre, siège comme membre du jury du Prix Carbet de la Caraïbe fondé et présidé par Edouard Glissant. Ernest Pépin a participé également à de nombreuses manifestations littéraires aux Antilles, dans la Caraïbe, au Québec, aux USA, en Amérique latine, en France, en Afrique et au Japon. Il a participé à des Festivals de Poésie à Medellin (Colombie), Caracas (Venezuela), au Nicaragua. Son activité au service de la littérature et de la culture lui a valu d’être nommé au grade de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres par le Ministre de la Culture et de la Francophonie [http://fr.wikipedia.org/wiki/Ernest_P%c3%a9pin ; page consultée le 18 janvier 2012]

L’HOMME AU BATON, Gallimard, 1997

Dans une Guadeloupe tourmentée par le chaos de sa diversité ethnique, sociale et culturelle, au temps des rues obscures les rumeurs devenaient des réalités. Un jour, la rumeur annonça " l'Homme-au-Bâton ". Personnage mystérieux, sans visage, sans nom, qui défraya la chronique de nos jours immobiles en nous faisant glisser sous l'écale de la peur. Partout à la fois, aux quatre coins de notre poussière d'île, invisible et sinistrement présent, il perforait nos femmes en laissant derrière lui un sillage de parole et une kyrielle d'enfants. Dès lors nos imaginaires, riches de toutes les peurs (peur du nègre marron, peur du cyclone, peur de la Soufrière, etc.), inventèrent les parades les plus cocasses. (source éditeur). Votre lecture :

o Une histoire étonnante dans une langue fleurie…de belles images inspirées du vaudou, des situations rocambolesques…. o Un bon moment à passer. Je vous recommande ce livre ! Un conte coloré, drôle, picaresque, qui met en scène la vie du petit peuple. Très sympathique et agréable… o J’ai été déroutée au départ…mais ce livre m’a bien plu : il faut oublier son esprit cartésien, suivre l’histoire sans réfléchir. Cela devient alors une belle leçon de tolérance. Les guadeloupéens s’acceptent comme ils sont. Les personnages sont délirants. Le créole déroute, mais colore le récit et le rend plus vivant encore…

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PINEAU, Gisèle

Gisèle Pineau est née à Paris en 1956. Ses parents sont guadeloupéens. Son père a quitté la Guadeloupe en 1943, répondant à l'Appel du 18 juin lancé par le Général de Gaulle. Il s'engage dans les Forces Françaises Libres et combat pour la France envahie par l'armée allemande. Il reste dans l'armée après la Seconde Guerre Mondiale. En 1961, après son mariage et un séjour au Congo, il retourne en Guadeloupe en congé fin de campagne. Il retrouve au pays sa mère toujours battue par son mari qu'on appelle « le bourreau ». La grand-mère, Man Ya, sera une figure récurrente de l'œuvre de Gisèle Pineau. On la retrouve dans son récit L'exil selon Julia et dans son roman de jeunesse Un papillon dans la cité. La famille, qui s'est entre-temps agrandie – six enfants –, regagne la France avec Man Ya. La France devient le pays de l'exil pour Gisèle Pineau, exil vécu par procuration auprès de Man Ya qui raconte la Guadeloupe, les contes, les mystères du pays perdu. Le racisme, l'intolérance et la force des préjugés rencontrés chaque jour nourriront plus tard l'œuvre de Gisèle Pineau qui s'attache, dans son écriture, à mettre en scène des personnages en but à la violence et l'injustice de ce monde (in: L'Espérance-macadam; L'Âme prêtée aux oiseaux). En 1970, le père déçu par le Non de la France au Référendum proposé par le Président de la République (Charles de Gaulle), demande sa mutation pour les Antilles. De 1970 à 1972, la famille vit en Martinique. C'est la redécouverte d'une culture, d'une langue (le créole), d'une histoire qui apparaîtront dans Femmes des Antilles, traces et Voix, 150 ans après l'Abolition de l'Esclavage. Le père prend sa retraite en 1973 et rejoint la Guadeloupe où il s'installe définitivement avec sa famille. En 1975, Gisèle Pineau qui vient d'obtenir son baccalauréat, s'inscrit à l'Université de Paris X Nanterre. Elle suit, pendant deux années, des études de Lettres Modernes qu'elle abandonne faute d'argent. Elle devient infirmière en psychiatrie en 1979, se marie et repart pour la Guadeloupe où elle exercera pendant près de vingt ans sa profession au Centre Hospitalier Psychiatrique de Saint-Claude. Depuis sa réinstallation à Paris en automne 2000, elle mène toujours, parallèlement à sa carrière d'écrivain, cette autre profession qui, dit-elle, équilibre sa vie. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/pineau.html ; page consultée le 11 janvier 2012]

L’EXIL SELON JULIA ; LGF, 2010 Difficile de vivre dans cette Ile-de-France inhospitalière, au cœur des années 60, lorsqu'on est une petite Guadeloupéenne exposée à la compassion ou à la dérision des " Blanche-Neige ", " Charbon et Cie " ou autres appellations pas vraiment drôles... Gisèle a une alliée : Julia, dite Man Ya, la grand-mère, venue en France pour fuir les brutalités de son mari. Man Ya qui ne se résout pas à cet ici-là de froideur et de mépris, à ces villes bétonnées, à ces mots indéchiffrables, à cet hiver continuel. Pour l'enfant, Man Ya sera le refuge d'amour et de sagesse ; elle lui donnera la plus belle patrie qui soit, celle de ses mots et de sa mémoire chantante. Couronnée en 1994 par le Grand Prix des Lectrices de Elle pour son roman La Grande Dérive des esprits, Gisèle Pineau nous offre une autobiographie riche d'humanité et d'enseignements sur le présent. Elle impose un ton, fait d'émotion et d'humour, dans cette prose créole qui nous donne aujourd'hui tant d'écrivains et de conteurs. (source éditeur). Votre lecture : Un beau livre à l’armature morale qui pose de façon lancinante la même question : où est la vraie vie ? Les personnages sont attachants. La question du double exil est abordée d’une façon intéressante.

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L’ODYSEE D’ALIZEE, T. Magnier, 2010 Adolescente noire dans une famille blanche, Alizée a été adoptée. À treize ans, elle aimerait en savoir plus sur sa famille biologique, retourner en Haïti, retrouver les odeurs et sensations de ses deux premières années. Ses parents se laissent convaincre, la famille s'installe en Guadeloupe. Nouvelle vie pour Alizée, nouveau rythme pour la famille et Haïti est toute proche. Son rêve se concrétise. La réalité sera-t-elle à la hauteur de ses attentes ? (source : éditeur). Votre lecture : Cette histoire émouvante est bien écrite, et plaisante à lire.

PULVAR, Audrey

Audrey Pulvar, née le 21 février 1972 à Fort-de-France (Martinique), est une journaliste et présentatrice de télévision française. Présentatrice du 19/20 sur France 3 de 2005 à 2009, Audrey Pulvar devient en 2011

chroniqueuse au sein de l'émission On n'est pas couché, de Laurent Ruquier sur France 2.

L’ENFANT BOIS – Mercure de France, 2003

« Tu es repartie. Dans mon petit lit, j'ai senti l'espace se fracasser autour de moi. Je me souviens de chaque mot, de chaque soupir, de chaque souffle, de chaque intonation. De l'odeur de l'air. Des sons de nuit. De tout. Et souvent encore aujourd'hui, au soir tombant, voilà que rougeoient à nouveau ces gifles. Voilà que revient la glace qui a parcouru mon sang, quand l'aveu de ton désamour l'a dévoré. Orpheline alors ? Oui. Sauf que non. Pas orpheline. Fille de maman et papa. Sœur de Théo et d'Ada. Fille de. Sœur de. Petite-fille de Mamie Nou et d'Eugène. Pas orpheline pour un sou, mais traitée comme telle. Je te haïssais déjà, tu sais. Une rage inouïe, brasillant aussi fort que mon désespoir me calcinait ». Ainsi s'adresse la jeune Éva à sa mère, Marie-Louise. Responsable, croit-elle, de l'état de dislocation dans lequel elle évolue, funambule, au-dessus d'un sidérant abîme, celui du désamour maternel. Une souffrance qui l'habite toute et attisera une violence quasi bestiale. C'est donc l'animale, et non la fillette, ni plus tard la jeune femme, qui suscitera les tragédies ou les traversera. Petite mangouste traquée par ses voix furieuses, Éva trouve refuge dans une forêt vorace. Un ventre vert, dont l'abri ne lui épargnera pas la colère de Marie-Louise. Elle devra s'exiler à Londres. Revenant vingt ans plus tard au pays natal, la Martinique, pour enterrer sa grand-mère, il lui faudra chuchoter l'inavouable, briser le sceau des secrets, pour rompre enfin la chaîne du malheur qui frappe les femmes de sa famille... Solder les comptes du passé, est-ce suffisant pour refermer un " sidérant abîme "?

Votre lecture : Une enfance à Haïti, un drame familiale, cela relaté par plusieurs voix : la mère, la grand-mère… Mais aussi l’évocation de la nature de l’île et de ses sortilèges, de la cuisine créole. Tout un univers…

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RAHARIMANANA, Jean-Luc

Jean-Luc Raharimanana, né à Tananarive le 26 juin 1967, est un écrivain malgache en

langue française. C'est dans son pays natal qu'il écrivit sa première pièce, Le prophète et le président, mais elle ne put y être montée à cause de la situation politique. Il vint ensuite en France pour des études en ethnolinguistique. Il a depuis été journaliste, enseignant, et l'auteur de nouvelles, de pièces de théâtre et de romans. Dans un style violent et lyrique, il y décrit la corruption et la pauvreté qui sévissent sur son île, avec des rappels sur la douloureuse histoire du pays. Il participe à de nombreuses manifestations, ateliers d'écriture, etc. Plusieurs de ses œuvres ont été traduites en allemand, anglais, italien et espagnol.

NOUR, 1947 – Le serpent à plumes, 2003 Madagascar, 1947. Par la quête obsédante d'un amour mort, un tirailleur se rebelle et plonge dans le passé de la Grande île. Raharimanana, l'auteur, en fouillant dans les mythes et la mémoire malgaches, fait ainsi surgir la violence qui jalonne l'histoire de son pays ; violence coloniale qui massacre au nom de ses certitudes civilisatrices, mais aussi violence du pays déchiré par les rêves d'unification et de conquête des royaumes successifs. Porté par une écriture visionnaire, hallucinée, Nour, 1947 est un roman nécessaire et bouleversant de l'histoire malgache. Votre lecture : Ce livre est un récit polyphonique sur le peuple malgache et l’histoire de Madagascar, sur la résistance d’un peuple qui ne s’est jamais laisser asservir totalement, mais à quel prix ! L’écriture est poétique mais violente, à l’image de la violence coloniale. J’ai eu du mal à rentrer dans le récit au départ, mais je suis laissée toucher par cette histoire extraordinaire, qui est bien plus qu’un roman…

RAKOTOSON, Michèle

Journaliste et écrivain (romancière et dramaturge), Michèle Rakotoson naît le 14 juin 1948 à Antananarivo (Madagascar). Issue d'une famille d'intellectuels protestants, elle effectue ses études primaires et secondaires à Antananarivo, terminant son baccalauréat au lycée Jules Ferry, avant de faire sa licence de lettres malgaches à Madagascar, puis un DEA en sociologie à Paris. Dans une oeuvre centrée essentiellement sur la recherche de la culture et de l'identité malgaches, Michèle Rakotoson revisite les traditions et les coutumes. Dans un premier roman d'une écriture limpide et hypnotique, Le Bain des reliques, elle reprend la tradition des Famadihanades et du fitampoha, les secondes funérailles où les Malgaches font le retournement des os des défunts. Dans Henoÿ, c'est la place des morts dans les souvenirs et la place de l'esclavage qui sont au centre de l'œuvre. Son quatrième roman, Lalana (ce qui veut dire à la fois « la rue » et « la loi »), est le plus dense et le plus mythique. D'une écriture majestrale, la romancière trace le parcours vers la mer de ses deux protagonistes, de jeunes artistes d'Antananarivo dont l'un, malade du sida, n'a jamais vu la mer. Tout au long de leur voyage, l'auteure évoque la capitale et le paysage du pays, accompagnant ses héros de fantômes ancestraux, non sans une certaine révolte dans l'évocation des injustices racistes et sociales du pays, et la dégradation de son environnement naturel.

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Avec la publication de Juillet au pays; chroniques d'un retour à Madagascar en 2007, Michèle Rakotoson passe au récit autobiographique dans un retour aux sources et sur la place que peuvent occuper ou réoccuper les personnes qui ont quitté leur pays et qui vont peut-être y retourner. « En vacances chez elle », l'auteure retrouve les lieux de son enfance, posant la grande question de la place et de la légitimité du regard de la diaspora. La part prépondérante et essentielle de la littérature sur toute sa vie s'explique, dit-elle, par le rôle de la littérature dans sa famille : son père était journaliste et sa mère bibliothécaire. Enfant, elle passe beaucoup de temps chez ses grands-parents paternels : son grand-père était médecin et sa grand-mère écrivait des pièces de théâtre. Son œuvre parle presque exclusivement de Madagascar, traquant en partie cette part de son enfance, comme une quête d'une mémoire perdue ou déniée. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/rakotoson.html ; page consultée le 15 janvier 2012]

HENOŸ FRAGMENTS EN ÉCORCE ; Editions Luce Wilquin, 1998 Henoÿ... Ecoute... Ainsi commencent souvent les récits et légendes à Madagascar. Tiana part à la recherche de Bodo dans un enfer qui ressemble à la détresse du Tiers-Monde, passe le fleuve des Morts et essaie de résister à la tentation sur le pouvoir, l'amour et la mort - qui renoue avec le mythe d'Orphée - privilégie les images et le rythme du parler malgache. On y retrouve les figures mythiques de l'île : le papillon, lolo, emblème de la mort ; Nenibe, la grand-mère, dépositaire de la culture et de la parole ancienne ; Dadabé, le grand-père, passeur de vie ; le corbeau, oiseau de malheur ; l'eau, la terre, les rituels. (source éditeur). Votre lecture : Un homme part à la recherche de sa femme disparue : il parcourt une nature étrange, mystérieuse, inquiétante… Un récit fascinant, rythmé par des chants traditionnels, qui mène au dépaysement. Tout cela pour aboutir dans un paysage de guerre, un cauchemar, un enfer… Un livre intéressant, notamment pour sa coloration poétique.

RAVALOSON, Johary Johary Hasina Ravaloson appartient à la génération de la malgachisation de l'enseignement primaire et secondaire dans les années 1970. Il est toutefois étudiant, en même temps qu'éducateur, à Paris dans les années 1980 et 1990, puis à Saint-Pierre de La Réunion de 1998 à 2007. C'est à l'Université de La Réunion qu'il soutient sa thèse de droit, intitulée Le Régime des investissements directs dans les zones franches d'exportation, publiée en 2004. Après un exil d'une vingtaine d'années où il aura fait du pays zafimaniry, dans le Centre-Est de Madagascar, son point immuable, il exerce aujourd'hui comme juriste dans sa ville natale. À Paris, il reçoit en 1996 le Prix du Centre régional des œuvres universitaires pour la nouvelle Heurt-terres et frappe-cornes. Cette distinction est suivie en 2000 par le Prix Grand Océan de littérature d'inspiration religieuse (La Réunion) pour la pièce La Tentation de Joseph. L'opus Padar à Tana, carnet de voyage signe un de ses premiers pas publics à Antananarivo. En 2005, dernière année d'édition du Prix de l'océan Indien, il est lauréat du roman avec Les Larmes d'Ietsé. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/ravaloson.html]

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GÉOTROPIQUES - Vents d’ailleurs, 2010 « Je », surfeur devant l’Eternel et dans l’océan Indien, Malgache vivant à La Réunion, avec son grand amour, B L’histoire commence légère, facile, comme une vague, sous le soleil et le vent docile. Mais la rugosité de la vie s’en mêle. « Je » lit les carnets laissés par Andy. Carnets qui racontent l’histoire d’amour entre B, la Française, et Andy, le Malgache, sur fond de manifestations d’étudiants à Paris, puis d’un retour à Madagascar. Des sensibilités se heurtent, des individualités se découvrent…Un premier roman publié d’un auteur malgache, loin de tous clichés concernant cette grande île si méconnue. Dans un style enlevé, rapide, comme le mouvement d’une vague, le ressac de la mer, Johary Ravaloson raconte une histoire d’amour et de mort, met en scène une génération portée par l’espoir et nourrie par les désillusions. Votre lecture : Un texte au style très haché (et dont les paragraphes sont numérotés) qui part dans tous les sens…A l’image de la mélancolie liée à l’exil ? La maison d’édition « Vents d’ailleurs » note qu’elle s’attache au plaisir de la découverte (oui), à la curiosité permanente (oui), à un non conformisme littéraire (encore oui), mais pendant 218 pages, ouf !!

ROBILLARD DE, Bertrand Bertrand de Robillard naît le 1er juillet 1952 à Curepipe (île Maurice). Dès l'âge de douze ans, de Robillard s'initie à la guitare. Dans les années 1960 et 1970, il découvre la musique de Jacques Brel, Georges Brassens, Bob Dylan, Maxime Leforestier et la musique folk; à la trentaine, il découvre le jazz et l'univers de Thelonious Monk pour lequel il se passionne. De Robillard donne son premier concert au Centre Culturel d'Expression Française (CCEF) à Maurice en 1974, compose ses premières chansons en 1976 et donne des concerts à la fin des années 1970, à Paris et au retour à Maurice, reprenant des chansons classiques et en faisant les premières interprétations de ses propres chansons. Une passion pour le jazz et la musique afro-américaine débute vers 1987 quand il forme un trio (guitare, bass et batterie) pour chanter ses propres compositions. En 1988, il est employé dans une fabrique de maquette de bateaux à Maurice. En 1989, il entre à la rédaction du magazine de loisirs, W.E. Scope et dissout son trio. De Robillard publie Blues Horizon (le livre et la cassette de chansons) en 1991 et commence à publier de courts textes dans des recueils collectifs. Depuis 2002, Bertrand de Robillard travaille comme journaliste au quotidien Le Mauricien, et continue à produire et à chanter ses chansons. En 2003, il publie son premier roman aux éditions de l'Olivier à Paris, "L'Homme qui penche". Aux mêmes éditions, il publie en 2011 "Une interminable distraction au monde". [http://www.babelio.com/auteur/Bertrand-de-Robillard/119547]

UNE INTERMINABLE DISTRACTION AU MONDE ; L’olivier, 2011

" Quels que soient la saison, l'heure et l'éclairage, quelque chose était toujours en train de se tramer à Varechs. Le soir venu n'apportait pas plus le repos, quand le vent était tombé et qu'il faisait nuit d'encre : l'on était alors projeté dans l'attente de quelque chose, qui évidemment n'arrivait jamais. »

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Votre lecture :

o Un texte court, lent, un monologue, une réflexion sur le sens d’une vie, une remise en question …La confrontation de la nature de l’homme avec la nature, avec son environnement, avec l’autre… Le narrateur est en recherche, il compte sur le dépaysement pour se trouver mais réalise que la réponse est en lui. Un livre simplement apaisant…

o Le narrateur cherche sa place, il fuit son environnement pour se trouver mais se rend compte que les réponses qu’il cherche son en lui… C’est pas mal, mais cette lecture ne laisse pas de grandes traces…

ROUMAIN, Jacques

Jacques Roumain est né le 4 juin 1907, à Port-au-Prince, dans une famille aisée. Son grand-père, Tancrède Auguste, fut président d'Haïti de 1912 à 1913. Il fréquenta des écoles catholiques à Port-au-Prince et, plus tard, étudia en Belgique, en Suisse, en France et en Allemagne. À vingt ans, il revint en Haïti et fut co-créateur de "La Revue Indigène" avec Émile Roumer, Philippe Thoby-Marcelin, Carl Brouard et Antonio Vieux, dans laquelle ils publièrent des poèmes et des nouvelles. Il fut très actif dans la lutte contre l'occupation américaine d'Haïti (1915-1934). Il est le fondateur du mouvement ouvrier et communiste haïtien. En 1934, il fonda le Parti communiste haïtien. En raison de ses activités politiques, de sa participation au mouvement de résistance contre la présence américaine, et, surtout, de la création de sa part du Parti communiste haïtien, il fut souvent arrêté et finalement contraint à l'exil par le président de l'époque Sténio Vincent. Pendant ses années d'exil, Roumain travailla et se lia d'amitié avec de nombreux écrivains et poètes de son époque, comme Langston Hughes. Il fréquenta également l'université Columbia à New York. Après le changement de gouvernement en Haïti, il fut autorisé à revenir dans son pays natal. Une fois revenu il fonda le Bureau National d'Ethnologie. En 1942, le Président Elie Lescot l'investit d'une charge de diplomate à Mexico. Il compléta à la même époque deux de ses livres les plus influents : le recueil de poésie Bois D'Ebène et le roman Gouverneurs de la Rosée, qui se vendit pourtant à moins d'un millier de copies la première année suivant sa publication. La majorité du travail de Roumain exprime la frustration et la rage d'un peuple qui a été piétiné durant des siècles. Il incluait tous les Haïtiens dans ses écrits, et appelait les pauvres à s'unir contre la misère. Le 18 août 1944, soit trois jours après son retour d'une rencontre avec des camarades cubains et haïtiens à Cuba, Jacques Roumain, l'un des écrivains les plus respectés d'Haïti, mourut d'une crise inconnue, (empoisonnement ou maladie), à l'âge de 37 ans sur sa terre natale. Son œuvre continue d'influencer la culture haïtienne et panafricaine en général.

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GOUVERNEURS DE LA ROSEE ; Mémoire d’encrier, 2007

L’édition originale de ce livre a été publiée aux éditions de l’Etat, à Port au Prince, en 1944, année de la mort de l’auteur. Mais il passe totalement inaperçu, les ouvrages publiés en Haïti n'ayant à l'époque pratiquement aucune diffusion à l'étranger. C’est André Breton qui le découvre lors de son passage en Haïti en 1945 et Louis Aragon à qui la femme de J.R. avait envoyé un exemplaire autographe du livre, qui le fait publier en France en 1947 dans la collection « Bibliothèque française » des Editeurs Français Réunis ».

Il faut avant tout rappeler le contexte d’Haïti, qui en conquérant son indépendance, il y a deux cents ans, sortait de l'esclavagisme pour tomber dans le néo-colonialisme, les dictatures et la corruption.

L’histoire se passe dans un village pauvre, en proie à la sécheresse, aux rivalités entre clans, à la corruption de l’officier de police Hilarion, fort inquiété par le retour de Manuel au pays. Ce dernier revient de Cuba où, pendant 15 ans de travail dans la canne à sucre, il a appris ce que sont la lutte des opprimés, et la grève.

Manuel, qui veut ramener l’eau au village et relancer ainsi l’agriculture et la production, s'efforce d'éviter les confrontations et même de désamorcer les conflits. Que ce soit à l'égard du maître du vaudou , des chefs du clan rival au sien, ou d’Hilarion qui incarne l'arbitraire policier, il adopte une attitude conciliante et cherche le compromis, se gardant de fournir à ses adversaires un prétexte à renforcer son agression. «C'est un nègre rusé, pense Larivoire avec admiration. Il a détourné l'orage».

Votre lecture : L’engagement politique est un thème sous-jacent du roman, ce en quoi ce dernier a des résonances profondes avec la situation contemporaine. Mais il s’agit aussi d’un drame de l'amour et du courage, qu’il faut laisser le lecteur découvrir. Jacques Roumain joue avec les langues française et haïtienne, avec le rêve et la réalité. Gouverneurs de la rosée est aussi un roman onirique. « Une belle leçon de dignité humaine et un chant d'amour pour le peuple de Haïti, écrit dans une langue d'une saveur sans pareille : Jacques Roumain a écrit un livre qui est peut-être unique dans la littérature mondiale parce qu’il est sans réserve le livre de l’amour. » J. Stephen Alexi.

SAMLONG, Jean- François Né le 25 juillet 1949 à Sainte-Marie (île de La Réunion), Jean-François Samlong est un écrivain réunionnais qui publie régulièrement depuis 1982. Il est à la fois poète, romancier, essayiste et traducteur de textes créoles en français. Docteur ès lettres, Samlong est coordonnateur du dossier Langue et Culture Réunionnaises (LCR) au rectorat de La Réunion ; il est aussi professeur de français. À ce titre, il a participé à l'élaboration de deux manuels scolaires : Littérature réunionnaise au collège (Saint-Denis: Éditions CRDP/Océan Éditions, 2003) et Littérature réunionnaise au lycée (Paris: Nathan, 2004). En 1978, il a fondé la maison d'édition Udir (Union pour la Défense de l'Identité Réunionnaise) afin de faire mieux vivre la littérature réunionnaise. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/samlong.html]

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L’EMPREINTE FRANCAISE ; Editions du Rocher, 2005

Sous le prétexte du roman, l'auteur a éprouvé le besoin de revenir aux sources de son adolescence, de la raconter telle qu'il l'avait vécue. Descendant d'un grand-père chinois, Jean-François Samlong est un enfant métis élevé par sa grand-mère, une sang-mêlé qui lui a transmis l'amour de la culture réunionnaise, tandis que l'école lui transmettait l'amour de la culture française. Ce roman d'initiation, qui fait la part belle à la découverte de l'amour et aux jeux de l'érotisme, raconte aussi le quotidien du petit peuple de La Réunion. Relations avec les esprits, croyances populaires, rites immuables des lavandières transmis par l'infatigable grand-mère qui avait sa roche à laver (et à rêver) au bord de la rivière. L'écrivain se souvient aussi avec nostalgie de son grand-père auquel il s'est opposé au moment de la guerre du Vietnam, chacun défendant son camp. Ce qu'il regrette évidemment aujourd'hui. La jeunesse de Jean-François Samlong fut bercée par de douces et fortes présences féminines qui lui donnèrent le goût de continuer à vivre et d'entreprendre, et son rapport aux femmes a toujours été placé sous le désir de signer une trêve, de rétablir la paix, enfin. Un roman très réussi qui, par son style éblouissant et évocateur, est à mettre entre toutes les mains. (source éditeur) Votre lecture : Un livre intéressant qui met en valeur les couleurs de la vie locale de La Réunion. On y retrouve l’importance du personnage de la grand-mère, et le thème de la recherche identitaire.

SCHWARZ-BART, Simone Simone Schwarz-Bart est née le 1er aout 1938 à Saintes en Charente-Maritime. De parents guadeloupéens, elle rentre en Guadeloupe à l'âge de trois ans. Elle fera ses études à Pointe-à-Pitre, puis à Paris et à Dakar. Son œuvre est imprégnée de l'Afrique, de la Caraïbe et de l'Europe. À 18 ans, alors qu'elle est encore étudiante à Paris, elle fait une rencontre qui sera déterminante : André Schwarz-Bart. Celui-ci est en pleine écriture difficile de son livre Le Dernier des Justes (prix Goncourt 1959). C'est lui qui exhortera Simone à écrire à son tour car il a décelé en elle le talent d'un grand auteur. Ce sera d'abord un roman à quatre mains avec son époux : Un plat de porc aux bananes vertes, histoire des exils antillais et juif en miroir. Puis en 1972, Simone écrit seule Pluie et vent sur Télumée Miracle qui, encore aujourd'hui est considéré comme un chef d'œuvre de la littérature caribéenne. « Un best-seller inépuisé et inépuisable » dira le romancier Patrick Chamoiseau. Simultanément arrive Ti jean l'horizon 1979. Simone écrira également pour le théâtre Ton beau capitaine, pièce étonnante et ciselée en un seul acte, avant de retrouver son époux pour publier une encyclopédie en sept volumes Hommage à la femme noire mettant notamment à l'honneur toutes ces héroïnes noires absentes de l'historiographie officielle. En septembre 2006, elle a été promue au grade de commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres. Simone est notamment la mère du saxophoniste de jazz Jacques Schwarz-Bart. [http://fr.wikipedia.org/wiki/Simone_Schwarz-Bart ; page consultée le 14 octobre 2011]

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UN PLAT DE PORC AUX BANANES VERTES : la mulâtresse solitude Seuil, 1967 Une vieille femme de couleur, originaire de la Martinique, achève ses jours dans un hospice public. Nous sommes à Paris, dans la seconde moitié du XXe siècle. A travers ses nostalgies resurgissent des mondes anciens : l'esclavage, la servitude, une misère à peine tempérée par le ciel, les hautes figures de l'enfance. Et peu à peu se dresse sous nos yeux un personnage exemplaire, dont l'existence ne fut qu'un seul et inlassable défi lancé « à l'oubli, au grand âge, mais aussi, surtout, à l'hostie de la soumission spirituelle aux blancs ». Votre lecture : L’histoire se passe à Paris et l’héroïne est une mulâtresse dont les traitements reçus en tant qu’interne dans un hospice public pour personnes âgées font rejaillir d’anciens souvenirs… Je n’ai pas été emballé…

PLUIE ET VENT SUR TÉLUMÉE MIRACLE ; Seuil, 1972

Télumée, paysanne de la Guadeloupe née au début du siècle, a été élevée par sa grand-mère, " haute négresse " justement nommée Reine sans Nom. Téluméea souffert de sa condition de femme, de Noire et d'exploitée. Pourtant, qu'elle soit en compagnie d'Elie ou au côté d'Amboise, le révolté, sa volonté de bonheur, de " récolter par pleins paniers cette douceur qui tombe du ciel ", est la plus forte. Voici l'univers des Antilles, avec ses couleurs, ses odeurs, sa vérité secrète, livré par une romancière qui s'approprie la langue française pour la soumettre à la musique noire

Votre lecture : Un beau portrait de femme qui s’est battue pour trouver le bonheur sur une île où il y a peu les noirs étaient des esclaves. Une langue riche et évocatrice qui nous transporte aux Antilles. A lire absolument ! Grand prix des lectrices de Elle 2011.

SCHWARZ-BART, André Issu d’un milieu modeste, il a comme langue maternelle le yiddish. Il passe son enfance dans le quartier du Pontiffroy à Metz, où l’on ne parle à l’époque que le yiddish. Son père avait commencé des études pour être rabbin puis avait exercé le métier de marchand forain. La Seconde Guerre mondiale interrompt précocement les études du jeune André. En 1941, la famille trouve refuge à Oléron puis à Angoulême. Ses parents et deux de ses frères sont déportés : ils ne reviendront pas. André Schwarz-Bart s’engage dans la résistance. À la fin de la guerre, sa bourse de résistant lui permet d’entreprendre des études à la Sorbonne. Il découvre Crime et Châtiment de Dostoïevski qui lui révèle une interrogation majeure : celle de l’homme déchiré entre la présence du mal et la recherche de Dieu, clé de voûte philosophique du Dernier des Justes. À l’université, il publie ses premiers écrits en 1953 dans la revue des étudiants juifs, « Kadimah ». Dès cette époque, il a comme projet de raconter la destruction des juifs d’Europe, événement qui est à l’époque décrit par beaucoup comme le massacre d’un troupeau de moutons qui se seraient laissés conduire à l’abattoir. Il veut faire comprendre que l’héroïsme des combattants du Ghetto de Varsovie et des soldats juifs de Palestine n’est pas supérieur à l’héroïsme spirituel des générations de juifs qui avaient subi des persécutions.

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En 1961, André Schwarz-Bart épouse Simone Brumant, une étudiante guadeloupéenne de 10 ans sa cadette, rencontrée en 1956. Il travaille à un cycle romanesque prévu pour couvrir sept volumes qu’il a intitulé La mulâtresse Solitude. En 1967, le premier tome de ce cycle sort. Il s’agit du roman « Un plat de porc aux bananes vertes » cosigné avec Simone Schwarz-Bart qui ne rencontre pas un grand succès. Frederick Ivor Case, écrivain lui-même déclare: « La mulâtresse Solitude aurait dû être écrit par un Antillais ». Certains critiques insinuent que le roman cosigné serait l’œuvre exclusive de l’Antillaise Simone Schwarz-Bart, mais que « l’homme blanc » se serait approprié son récit. Le 30 mars 1967, L’État d’Israël lui décerne le « Prix de Jérusalem pour la Liberté de l’Homme dans la Société ». Le jury justifie ainsi son choix: « … Au nom de tous les hommes en proie à l’exclusion, au mépris, aux tortures du corps et de l’esprit, s’élève voix dure, indignée, mais aussi pleine de compassion et d’humour triste, du romancier du Dernier des Justes et de La mulâtresse Solitude. » En 1972, il publie un bijou littéraire, La Mulâtresse Solitude qui ne rencontre aucun succès. André Schwarz-Bart prend alors la décision de ne plus publier et de quitter l’Europe pour s’installer en Guadeloupe. Pour lui, la Shoah et l’esclavage antillais sont deux tragédies qui ne s’excluent pas mutuellement. Avec d’autres auteurs noirs, Schwarz-Bart rapproche les deux tragédies et leurs mémoires respectives. Mais la critique a du mal à le voir comme un écrivain antillais. Peu avant ses 75 ans, il confie avoir fait fausse route en essayant de parler au nom d’un autre peuple et de rendre un son juste. Schwarz-Bart reste toute sa vie fidèle à l’idéal sioniste. Il manifeste son soutien à Israël en venant partager le destin des habitants du pays durant les mois de mai et de juin 1967, puis durant la guerre de Kippour. Il a pourtant voulu toute sa vie rester un juif de la diaspora, un juif en exil. En septembre 2006, André Schwarz-Bart est promu au grade d’officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres. Il meurt le 30 septembre 2006. [http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Schwarz-Bart ; page consultée le 14 octobre 2011]

L’ETOILE DU MATIN ; Seuil, 2009 "Mais un individu peut-il porter le deuil de tout un peuple? La boucle s'achevait, l'enquête sur le grand massacre passé de la terre l'avait renvoyée à elle-même, Linemarie, à son propre univers, et elle s'interrogeait sur le contenu de ces malles, sur l'étrange folie de cet homme. » Peut-être était-ce là son véritable objectif : non pas écrire un livre, mais demeurer en contact avec les disparus, leur ménager un espace de vie sur la terre, en son esprit, jour après jour, jusqu'à sa disparition d'ici-bas... Sur l'étrange folie de cet homme qui avait consacré sa vie à remplir ces milliers de feuillets de son écriture, sans jamais pouvoir écrire le mot "Fin". (source éditeur) Votre lecture : Un beau livre dans sa première partie, de belles images. La fin est en décalage avec le reste, mais cela n’en gâche pas la lecture. A vous de lire…

LA MULÂTRESSE SOLITUDE- Seuil, 1972 Elle n'était ni noire ni blanche, et même ses deux yeux étaient de nuance différente. Enfant, on la surnommait " Deux-Ames ". C'est finalement sous le nom de Solitude qu'elle vécut à la Guadeloupe, à la fin du XVIIIe siècle, dans les familles de Blancs qui l'avaient achetée, puis parmi les Noirs en révolte, réfugiés dans les forêts de la Soufrière... L'auteur du Dernier des Justes retrace ici le destin tragique d'une femme de légende, d'une combattante exemplaire, et d'un personnage réel ; car la " mulâtresse Solitude " fait bel et bien partie de l'histoire des Antilles.

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Votre lecture : Ce roman évoque, à travers l'histoire vraie et légendaire d'une jeune femme "ni noire ni blanche" née fille d'esclave sur l'île de la Guadeloupe en 1772, les soubresauts de la société guadeloupéenne après l'abolition de l'esclavage en 1794 puis son rétablissement en 1802 par Napoléon. Passionnant comme une biographie écrite par Stephan Zweig les trouvailles littéraires en plus.

SPITZ, Chantal Élevée dans un univers occidental chez ses parents, elle est bercée à la fois par le jazz, les

chants grégoriens, Tino Rossi et les chants traditionnels du Tiurai. Sa famille maternelle

l'enracine dans la culture tahitienne. Dès l'obtention de son baccalauréat, elle part à la rencontre de ses cousins du Pacifique sud. À son retour, elle entre dans la vie active comme secrétaire, mais rapidement elle se réoriente et choisit l'enseignement. Mère de trois garçons, elle vit à Huahine (Iles sous les vents) sur le motu Maeva. En apparence loin de tout, elle demeure très à l'écoute de ce monde aux multiples visages qui est le sien.

Son premier roman L'île des rêves écrasés, premier roman tahitien publié, a été édité en

1991 aux Éditions de la plage (réédition en 2003 aux éditions Au vent des îles). Il a été salué en Polynésie française comme un événement à une époque de renaissance culturelle pour son écriture au rythme inspiré par l'oralité. Ses interventions dans de nombreux colloques à Tahiti, en Nouvelle Calédonie à Palau en Australie à Fiji en Italie, ont interpellé par ses textes politiquement incorrects dans un espace balisé par les idées reçues. Tour à tour institutrice, conseillère pédagogique et conseillère technique au Ministère de la Culture, aujourd'hui à la retraite, elle milite depuis de nombreuses années contre un néo-colonialisme insidieux fait de réécriture de l'histoire et de perpétuation d'un mythe qui fige les Tahitiens dans une caricature de bon sauvage et autres vahine lascives, permettant à chaque Autre de faire l'économie d'une rencontre réelle avec un peuple tant écrit d'encres occidentales.

L’ILE DES REVES ECRASES ; Au vent des iles, 2008 La publication, en 1991, de L'île des rêves écrasés, a suscité de nombreuses réactions dans la société tahitienne, variant des félicitations les plus élogieuses aux condamnations les plus frénétiques. De courriers anonymes en appels non identifiés, la violence des attaques a été à la mesure des désordres que la lecture de ce roman a provoqués, à une époque où le conformisme tenait lieu de pensée. (Source éditeur) Votre lecture :

o L’amour sert de fil rouge à cette saga familiale, mais c’est aussi un plaidoyer pour la défense de l’identité et la culture polynésienne. Cet amour liera Terii le fils aîné à Laura, l’ingénieure française qui dirige les travaux de la base de lancement de missiles que le gouvernement a décidé d’implanter sur l’ilot des parents. « La terre » est une notion fondamentale dans ce livre comme dans la tradition de ce pays. Elle est véritable terre-mère. On ne peut pas trahir sa terre, on y revient toujours, et il ne faut surtout pas la céder. Chantal Spitz parle de l’amour avec un grand « A », avec sensibilité et émotion, comme elle parle de sa terre avec humanité.

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o Ce roman traite de la recherche d’identité, mais aussi du drame de Mururoa et des effets tragiques sur la population polynésienne. Cette lecture nous renseigne sur la situation en Polynésie, les troubles sociaux, sur la façon dont les gens ont été coupés de tout ce qui faisait leurs racines. C’est très intéressant.

TROUILLOT Lionel Né à Port-au-Prince (Haïti) le 31 décembre 1956, Lyonel Trouillot a fait des études de droit. Fasciné par la littérature depuis son plus jeune âge, il a collaboré à différents journaux et revues d'Haïti et de la diaspora dans lesquels il a publié de nombreux poèmes et textes critiques; il a également écrit des textes de chansons interprétées par Tambou Libète, Manno Charlemagne, Toto Bissainthe, Jean Coulanges et Atis Endepandan. Professeur de littérature, journaliste, co-fondateur des revues Lakansyèl, Tèm et Langaj, Lyonel Trouillot est aujourd'hui membre du Collectif de la revue Cahiers du Vendredi et co-directeur de la collection du même nom. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/trouillot.html Page consultée le 15 novembre 2011]

L’AMOUR AVANT QUE J’OUBLIE – Actes-Sud, 2009

A cinquante ans, un écrivain perd sa maîtrise de la langue au moment où il conviendrait (enfin) de parler d'amour. A l'inconnue de ses pensées, il parlera donc d'autre chose. Ainsi revisite-t-il le souvenir de palabres crépusculaires conduites sous l'arbre d'une cour de Port-au-Prince avec trois figures demeurées tutélaires : "I'Etranger", "l'Historien" et Raoul, perdants magnifiques, amants menteurs et authentiques hommes blessés à la poursuite ou en deuil de leurs rêves... A travers ces personnages inoubliables qui firent concevoir à celui qu'ils appelaient "l'Ecrivain" le soupçon que l'amour n'a peut-être que faire du langage, Lyonel Trouillot se livre à une bouleversante méditation sur la nécessité de réconcilier le temps réel de nos vies avec les mots qui s'efforcent de dire nos déchirures et nos désirs secrets. Et c'est ainsi, en écrivain en pleine possession de sors art, qu'il dévoile la nature intime et profonde du rapport singulier qu'il entretient avec la fiction. Votre lecture : Un beau roman dont je conseille la lecture. Pour moi c’est le meilleur de Trouillot… Celui-ci nous parle d’Haïti dans une écriture merveilleuse !!

LA BELLE AMOUR HUMAINE – Actes-sud, 2011

A bord de la voiture de Thomas, son guide, une jeune occidentale, Anaïse, se dirige vers un petit village côtier d'Haïti où elle espère retrouver les traces d'un père qu'elle a à peine connu et éclaircir l'énigme aux allures de règlement de comptes qui fonde son roman familial. Le caractère particulier de ce voyage encourage bientôt Thomas à prévenir la jeune femme qu'il lui faudra très probablement renoncer à une telle enquête pour faire l'expérience, dans ce village de pêcheurs dont il est lui-même issu, d'un véritable territoire de l'altérité où les lois sont amicales et flexibles, les morts joyeux, et où l'humaine condition se réinvente sans cesse face aux appétits féroces de ceux qui, à la manière du grand-père d'Anaïse et de son complice en exactions, le "colonel" - tous deux jadis mystérieusement disparus dans un incendie -, cherchent à s'octroyer un monde qui appartient à tous. Dans ce roman qui prône un exercice inédit de la justice et une fraternité sensible entre les hommes sous l'égide de la question : "Quel usage faut-il faire

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de sa présence au monde ?", Lyonel Trouillot, au sommet de son art, interroge le hasard des destinées qui vous font naître blanc ou noir, puissant ou misérable, ici ou ailleurs - au Nord ou au Sud. S'il est vrai qu'on est toujours "l'autre de quelqu'un", comment et avec qui se lier, comment construire son vivre-ensemble sinon par le geste - plus que jamais indispensable en des temps égarés - d'accueillir, de comprendre ?

Votre lecture :

o Le romancier haïtien nous livre un récit qui nous entraîne dans un village où le bonheur de vivre est la priorité des habitants. Cette fable est une belle réflexion sur l’usage que nous faisons de notre vie. Enfin un texte optimiste !

o J’ai aimé cette histoire qui réinvente la condition humaine, ce roman qui prône la justice et la fraternité. Je n’ai pourtant pas apprécié le style, qui je trouve, change beaucoup de ses autres romans. Dommage !

LES ENFANTS DES HÉROS - Arles: Actes Sud, 2002.

C'est en même temps la confession d'un crime et le récit d'une cavale. Le narrateur, Colin, a aidé sa sœur Mariéla à tuer leur père. L'acte n'a pas été délibéré. Le geste accompli par ces deux enfants d'Haïti n'a fait qu'obéir à la logique de la violence qui règne dans leur "cité" aux allures de bidonville. Colin qui vénère par-dessus tout son indépassable grande sœur, la seule à incarner la liberté et la beauté à ses yeux, ne peut rien dire sur le mobile de leur crime : il sait qu'ils ont tué mais il ne sait pas s'ils sont coupables. Les Enfants des héros, c'est, en trois jours de fuite, un univers embrasé par la confession d'un coupable-innocent en quête de sa parole propre, d'une voix à soi, capable de faire apparaître l'autre visage d'une réalité supposée, d'émanciper un être de la condition à laquelle un drame veut définitivement l'assigner.

Votre lecture :

o Contrairement au roman précédent, le style n’est pas chargé de couleur locale, mais plutôt alerte malgré la gravité de son sujet. J’ai beaucoup apprécié ce court livre que je n’ai pu poser avant de l’avoir terminé.

o Une écriture juste et précise qui sait tout à fait rendre l’atmosphère de la vie du bidonville. Un livre très intéressant.

RUE DES PAS PERDUS – Gallimard, 2009

Une vieille tenancière de bordel, un intellectuel, un chauffeur de taxi - ils sont trois à raconter "la nuit de l'Abomination", nuit mi-fictive, mi-réelle, lors de laquelle l'histoire récente d'Haïti revêt des allures d'apocalypse. S'élevant contre la lutte sans merci que se livrent les derniers représentants de la dictature et les tenants d'un nouveau populisme rivalisant pour exploiter à leur seul profit la "rage" des laissés-pour-compte, Lyonel Trouillot donne à entendre, à voir, à ressentir - et à comprendre - un pays laminé par l'irresponsabilité criminelle de ceux qui reconduisent sans trêve la logique de la violence. Généreuse, libre et sûre, la langue de Lyonel Trouillot ébranle, surprend et bouleverse par son lyrisme saisissant, seul à même de rendre justice à l'infini de la souffrance.

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Votre lecture :

o L'écriture frôle parfois le fantastique avec des descriptions de corps empilés, de cadavres juxtaposés. Il faut s’accrocher pour terminer ce récit que l’on ne peut pourtant lâcher avant sa fin. o On ne peut se détacher de ce livre d’où fusent les réflexions dans un monde en mutation. On entre dans la fameuse « nuit de l’abomination » à travers le récit de 3 personnages. On est porté par des envolées poétiques. Un livre fascinant et oppressant : un cri contre la violence et la folie. o J’ai beaucoup aimé ce livre aux belles couleurs, bien enlevé, dont les personnages sont extraordinaires…

VAXELAIRE, Daniel Né en Lorraine, Daniel Vaxelaire passe ses jeunes années dans les Vosges, à Badménil-aux-Bois puis à Épinal. Il y travaille comme journaliste dans un quotidien local, jusqu'à son service militaire qu'il obtient d'effectuer outre-mer. Journaliste professionnel depuis 1969 (carte n° 27819), il arrive à l'île de La Réunion en 1971 et entre immédiatement au JIR. Vite passionné par sa terre d'accueil, il décide de participer à la création d'un titre concurrent de celui pour lequel il travaille, Le Quotidien de La Réunion. À sa création, en 1976, il est chef de service chargé des informations locales. Le nouveau journal connaissant des difficultés, il doit quitter la rédaction au bout d'un an. Il voyage alors dans les différentes îles de l'océan Indien comme Madagascar, Rodrigues, Mayotte, les Seychelles et le Sri Lanka. Il se rend également en Inde. De retour à La Réunion, il est chargé de rédiger un important ouvrage historique sur l'île. À la tête d'une petite équipe, il dépouille une masse énorme d'archives, interroge de très nombreux témoins et spécialistes, et rédige le Mémorial de La Réunion, six gros volumes totalisant plus de 3 000 pages, qui constituent la référence historique de l'île. Cette œuvre monumentale lui apporte les informations et l'inspiration qui guideront le reste de son œuvre. La suite de son aventure professionnelle le fait passer par la presse magazine (il dirige la rédaction d'une édition locale de Télé 7 Jours) et à nouveau par l'édition (direction de la rédaction de la Grande Encyclopédie du Maroc : 12 volumes, 150 auteurs). Rentré à La Réunion en 1988, il est indépendant depuis 1991 et partage sa vie entre l'écriture de romans, de scénarios de bande dessinée, de théâtre, de scénarios pour l'audiovisuel, des émissions de radios, de la communication d'entreprise… Ses romans, pour les adultes ou la jeunesse, ont l'océan Indien pour principale source d'inspiration : Chasseur de Noirs (1982), L'Affranchi (1984), En haut la liberté (roman jeunesse, 1989) évoque des épisodes d'histoire de La Réunion, Les Mutins de la liberté (1986) racontent l'histoire de la fameuse république pirate de Libertalia, Grand-Port et Cap Malheureux (1994) évoquent la prise de l'île Maurice par les Anglais. Mais Mirages d'Égypte (2005) raconte le début de la campagne d'Égypte par Napoléon. [http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Vaxelaire]

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UNE JUMENT DANS LA GUERRE – Castor Poche Flammarion, 2003 Pierre, fils de paysan dans la France napoléonienne, rêve de devenir un héros... et le voilà parti rejoindre les troupes de l'Empereur qui se battent en Italie. Mais en 1796, cheminer seul sur les routes n'est pas sans danger, ni sans surprises. Par chance, Pierre fait une formidable rencontre : une jument courageuse, que le jeune garçon adopte et baptise... Fraternité ! Votre lecture : J’ai lu avec plaisir ce livre dont l’auteur est un lorrain. Un retour sur l’histoire de France…

LES NAUFRAGES DU CIEL ; Flammarion, 2000

Octobre 1929, aéroport du Bourget : l'avion Farman 192 AJJB s'envole. A son bord, trois héros avec ce rêve fou, ce pari insensé : rallier la Réunion par les airs. Arriveront-ils à bon port ? Farman résistera-t-il aux tempêtes du continent africain ? La mer épargnera-t-elle les aventuriers ? Votre lecture : Un véritable roman d’aventure. L’auteur nous fait voyager au cœur de l’Afrique, des anciennes colonies européennes. Je me suis régalée…

VAYABOURY, Sylviane Sylviane Vayaboury naît le 20 avril 1960 à Cayenne (Guyane) d'un père indo-guadeloupéen et d'une mère guyanaise. Extirpée du milieu familial originel, elle vit en Guadeloupe, en Martinique, puis essentiellement en Guyane avec ses grands-parents d'adoption, témoins et acteurs de mémoire. Après un baccalauréat littéraire en 1978, elle intègre l'École Normale, enseigne en Guyane avant de s'installer durant une quinzaine d'années à Paris. Sensibilisée aux problèmes de handicap par le contexte familial, elle poursuit en 1998 une formation complémentaire à l'IUFM de Paris-Molitor puis enseigne en classe spécialisée d'un hôpital de jour, travaille avec des enfants atteints de pathologies diverses (autisme, psychose...) jusqu'en 2005 où elle revient en Guyane. Depuis 2007, elle est chargée de mission documentaire au centre régional de documentation pédagogique à Cayenne. Rue Lallouette prolongée, son premier roman, est un texte à résonance autobiographique, une invitation à plonger dans un récit de vies mêlées sur le chemin « triangulaire » Antilles-Guyane-France. Dans ce parcours émouvant où traditions, chocs culturels, temps forts historiques, blessures profondes sont les ingrédients d'un passé encore vivace. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/vayaboury.html ; page consultée le 06 /04/2012]

RUE LALLOUETTE PROLONGEE – L’Harmattan, 2006

"Rue Lallouette prolongée" est une promenade dans les souvenirs à vif de l'auteur, un récit de vies mêlées, des années soixante jusqu'à nos jours sur le chemin " triangulaire " Antilles-Guyane-France. Extirpée du milieu familial originel, autour de ses grands-parents d'adoption, personnages à l'itinéraire surprenant, aux témoignages captivants sur la Guyane de l'or, du bagne, au parcours émouvant, l'auteur nous entraîne dans un tourbillon où traditions,

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chocs culturels, temps forts historiques, blessures profondes sont les ingrédients d'un passé encore vivace. Ce parcours jalonné de ruptures et de chocs façonnera de façon indélébile sa vie intime, professionnelle et son regard sur le monde. Ce livre est le récit d'un parcours atypique au cours des quarante dernières années, entre Fort-de-France, Cayenne et Paris, rehaussé par des personnages romanesques. Il y transparaît tous les paradoxes de la société créole, les problèmes identitaires, l'absence de représentation, la perte de repères qui accompagne tout déracinement. Rue Lallouette prolongée est l'histoire d'une démarche initiatique, d'une quête de soi où la liberté et la nécessité d'absolu l'emportent, pour ne jamais laisser place aux remords.

Votre lecture : Un récit attachant, mais j’ai été horrifiée par la langue : une syntaxe consternante ! L’auteur déplore que l’on ne voie la Guyane qu’à travers des clichés. Cette lecture n’est pas sans intérêt. Il s’agit d’un roman très autobiographique.

VICTOR , Gary Gary Victor est né le 9 juillet 1958 à Port-au-Prince (Haïti). Agronome de formation, son métier lui permet de découvrir et de décrire la campagne haïtienne. De 1976 à 1983, Gary Victor publie des nouvelles dans le journal d'état, Le Nouveau Monde et, par la suite, dans le quotidien Le Nouvelliste, où il est chroniqueur de 1983 à 1990 où il publie plus d'une centaine d'articles sur la culture, la politique et la société. En 2000, Victor s'est lancé dans l'écriture pour la jeunesse avec sa série « Djamina » parue dans Le Petit Nouvelliste.

Victor a publié neuf recueils de nouvelles. Son style incisif met en scène différents aspects de la vie sociale haïtienne, justement évoquée par des personnages typiques (Albert Buron ou Profil d'un homme d'une élite, 1988, ou bien Sonson Pipirit ou Profil d'un homme du peuple, 1989), personnages qui deviennent des types de la réalité haïtienne.

Gary Victor est l'auteur de romans d'un style puissant marqué par le souci de la description précise et évocatrice qui engage l'écriture haïtienne dans de nouvelles perspectives, renouvelant notamment le genre de la lodyans. Il met en scène des personnages qui par leur dérision et leur distance ironique portent un regard désabusé sur l'état de la société haïtienne et en particulier sur ses conflits les plus désespérants. Dans Clair de Manbo (1990), À l'Angle des rues parallèles (2000), Le Diable dans un thé à la citronelle (1998) ainsi que dans cette extraordinaire traversée des siècles, des mythes et des sociétés que trace La Piste des Sortillèges (1996, repris dans une édition française, avec un glossaire complet, chez Vents d'Ailleurs en 2002), Gary Victor explore de façon méticuleuse l'articulation entre la folie personnelle et les délires collectifs sociaux, sur fond de démission et d'irresponsabilité programmée. Certes, on a pu qualifier ses romans d'exploration de la décomposition, de la violence criminelle infectée par la gangrène et la corruption généralisée. Mais il dément aussi cette qualification: La Piste des Sortilèges témoigne ainsi d'une quête initiatique marquée par l'amitié d'un homme pour un autre qu'il considère comme un Juste parmi les hommes. Comme si au sein de la décomposition toujours en progrès, il demeurait quand même une infime lueur, une infime chance pour sortir de l'enfermement. Mais c'est aussi en vue de découvrir et de mettre en pleine lumière des continents intérieurs parfois inquiétants. C'est du plus profond de l'imaginaire des Haïtiens que les livres de Gary Victor interrogent cette société violente et qui ne parvient pas à se sortir d'une inquiétude venue de très loin.Gary Victor est l'un des écrivains les plus lus à Port-au-Prince. [http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/victor.htmlpage consultée le 29 octobre 2011]

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SAISON DE PORC – Mémoire d’encrier, 2009 Un été torride à Port-au-Prince: un policier, l'inspecteur Dieuswalwe Azémar, est piégé par une secte mafieuse connue sous le nom de l'Eglise du Sang des Apôtres ayant adopté sa fille Mireya.Les formalités une fois terminées, Mireya doit partir pour rejoindre sa nouvelle famille à l'étranger. Entre-temps, l'inspecteur découvre le pot aux roses. Il mènera une lutte sans merci pour briser le contrat d'adoption afin de récupérer sa fille. Il démêlera toutes les combines et s'attaquera à un système pourri de la base au sommet. Il aura à lutter contre la police et à se battre contre les forces occultes de cette île mystérieuse. Aussi verra-t-il un de ses proches collaborateurs, Colin, transformé en porc, pour avoir été mêlé à une affaire louche. Ce roman, véritable saison en enfer, fait revivre l'épreuve de la prophétie selon laquelle " presque tout, d'après la loi, est purifié avec du sang, et sans effusion de sang, il n'y a pas de pardon ". Saison de porcs est une traversée sublime dans l'univers du vaudou et de la politique.

Votre lecture : Un très bon polar ! C’est vif, c’est riche, ça bouge !!

LES CLOCHES DE LA BRÉSILIENNE – Vents d’ailleurs, 2008

On a toujours confié à l'inspecteur Azémar Dieuswalwe les enquêtes les plus farfelues. Il faut dire que son goût immodéré pour le tranpe, boisson haïtienne explosive concoctée avec de l'alcool de canne, des racines, des feuilles ou des écorces, ne le rend pas très fiable aux yeux de ses supérieurs. Mais jamais il n'aurait pensé qu'il serait envoyé dans ce bled perdu de la Brésilienne, au fin fond de la campagne haïtienne pour essayer de résoudre l'énigme de l'enlèvement... du son des cloches d'une église. Les cloches sont bien là, mais elles ne sonnent plus, voilà. Seulement, du son de ces cloches dépend l'issue de la guerre terrible que se livrent le député et le maire... Alors comment se débrouiller quand on est une épave alcoolique et que l'on est aux prises avec un curé breton devenu insomniaque, une Dominicaine à la beauté torride qui vous tombe dans les bras alors qu'elle est convoitée par les deux plus hautes autorités du village, un pasteur prêt à tout pour accroître son pouvoir, uns société secrète pas commode du tout... et ce tranpe qui décidément provoque un mal de tête... carabiné !

Votre lecture : L’intrigue tourne autour d’un fait particulier : le son des cloches a disparu…drôle d’affaire pour un policier alcoolique…Cela donne un certain piment à ce roman policier qui se lit très bien. Une lecture agréable.

RECUEILS DE NOUVELLES

NOUVELLES DE L’ÎLE MAURICE ; Magellan & Cie, 2007

(Shenaz Patel ; Vinod Rughoonundun ; Ananda Devi ; Sailesh Ramchurn ;

Bertrand Robillard de.)

Votre lecture : Une série de nouvelles agréables à lire, et intéressantes…

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CONTES Intelligent et débrouillard, Ti-Jean est un personnage traditionnel des contes créoles. Il est bon, généreux et courageux.

L ILE DE TI-JEAN de EVELYNE TROUILLOT ; Dapper, 2003 L'île de Ti Jean est un récit illustré par Sophie Mondésir, artiste peintre d'origine guadeloupéenne, raconté et mis en musique par Mariann Mathéus, comédienne et

chanteuse guadeloupéenne.

TI JEAN DES VILLES de INA CÉSAIRE ; Dapper, 2005

Ti-Jean des villes est un récit illustré par Isabelle Malmezat, artiste peintre, raconté et mis en musique par Sarah-Corinne Emmanuel, comédienne et chanteuse martiniquaise, accompagnée par Christian Charles, musicien martiniquais « Le conte a toujours été un langage à traduire et à transcrire. Ainsi, je tâche d'expliquer partiellement notre société si longtemps réprimée et d'en dépasser les non-dits transcendés par l'humour. Dans le conte antillais, et à l'inverse de la fable, il s'agit de dire en évitant d'être compris par ceux auxquels la parole n'est pas destinée. Il est parfois nécessaire, dans une société placée sous le signe de la domination, de masquer la parole en utilisant les chemins détournés du symbole ou de la périphrase car en dépit de son aspect ludique et festif, l'histoire n'a pu s'empêcher d'inscrire une certaine forme de méfiance au sein de la culture antillaise ». Ina Césaire

DOCUMENTAIRES :

LA CRISE DE L’OUTRE MER FRANÇAIS ; L’Harmattan, 2009

DRACIUS Suzanne, SAMLONG Jean-François, THÉOBALD Gérard

L'Outre-mer français clame son exaspération, sa souffrance, son angoisse, et toute la France frémit, s'émeut, s'inquiète, l'air de dire " mais on ne savait pas ! ". On ne savait rien de la crise sociale, économique, sociétale qui couvait depuis des années à la Guadeloupe, en Guyane, à la Martinique, à la Réunion, comme si les députés et sénateurs n'avaient fait remonter aucun dossier à Paris. On ne savait rien jusqu'au jour où médias nationaux et hommes politiques finissent par entendre la parole du citoyen qui revendique le droit de vivre dignement. La crise de l'Outre-mer a permis à chacun de prendre conscience des inquiétudes dues à la pauvreté, au chômage, aux inégalités sociales, à la dépendance à l'égard de la métropole, et déjà on réfléchit à des solutions nouvelles à partir d'une situation définie. Et jamais l'espoir n'a été aussi grand ! Cette crise, c'est le rêve d'un mieux vivre ensemble. Ce rêve, c'est un monde où les Etats garantiraient la redistribution des richesses et prendraient également en compte la question de l'être, qui est porteur d'avenir.

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Votre lecture : Ce documentaire rassemblant trois témoignages sur la situation des DOM à la suite des grèves de 2009 contre la vie chère et le chômage est vraiment intéressant. Il apporte un éclairage sur les différentes situations des territoires d’Outre-mer, cela à travers l’expression de trois sensibilités et angles de vue propres aux auteurs.

ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE RÉUNIONNAISE ; Nathan, 2004

Votre lecture : Ce recueil de textes tisse un excellent panorama de la littérature contemporaine réunionnaise. Je vous le recommande pour faire un plongeon dans cette littérature de recherche identitaire, ainsi que pour faire connaissance avec les auteurs et la langue.

LA FRANCE NOIRE : TROIS SIÈCLES DE PRÉSENCES DES AFRIQUES, DES CARAÏBES, DE L'OCÉAN INDIEN & D'OCÉANIE sous la direction de Pascal Blanchard ; en collaboration avec Sylvie Chalaye, Éric Deroo, Dominic Thomas... [et al.] ; préface de Alain Mabanckou ; La Découverte, 2011

La France noire est une longue histoire, qui commence au XVIIe siècle au moment du Code noir et traverse trois siècles d'histoire de France, trois siècles de présences caribéennes, africaines, issues des Etats-Unis ou de l'océan Indien dans l'Hexagone. Ces présences ont contribué à bâtir l'histoire politique, culturelle, militaire, artistique et économique de ce pays et de la République. Cette anthologie en raconte l'histoire (oubliée), en montre les traces et les images (nombreuses) et en souligne toutes les contradictions du temps des "sauvages" à celui de la citoyenneté. Etre "Noir" en France, quel que soit le pays, la colonie ou le département d'où l'on vient, c'est s'inscrire dans un récit peuplé de héros, de lieux de mémoire, de mythes, de combats, de rêves et d'échecs, mais c'est aussi s'inscrire aujourd'hui dans ces identités multiples qui sont partie intégrante de la France du XXIe siècle. Votre lecture : L’auteur met l’accent sur une France paradoxale, entre Négrophilie et Négrophobie au cours des siècles. Ce très beau documentaire, magnifiquement illustré, nous ouvre des pages d’histoire détruisant les clichés. L’introduction est à lire absolument…

Sources : Les biographies sont extraites de l’encyclopédie en ligne Wikipédia, du site internet « île en île » [ http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/], ainsi que des sites des maisons d’édition. Les résumés sont extraits des quatrièmes de couverture : résumés des éditeurs.

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BIBLIOGRAPHIE

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ROMANS

Agnant Marie-Céline Un alligator nommé Rosa Vents d'ailleurs, 2011 R AGN A

Alexandre Alfred Les Villes assassines Ecriture, 2010 R ALE V

Alexis Jacques Stephen Compère Général Soleil Gallimard, 1982 R ALE C

Appanah-Mouriquand Nathacha Blue Bay Palace Gallimard, 2004 R APP B

Le Dernier frère L'Olivier, 2007 R APP D

La Noce d'Anna Gallimard, 2009 R APP N

Les Rochers de poudre d’or Gallimard, 2006 R APP R

Brival Roland Biguine Blues Phébus, 1999 R BRI B

La Robe rouge Phébus, 2000 R BRI R

Cazanove Patrick Le Roi-Martin : nouvelles Le temps d'écrire, 2008 R CAZ R

Césaire Ina Zonzon Tête Carrée Le Serpent à Plumes, 2004 R CES Z

Chalumeau Fortuné En terres étranges Editions Eboris, 1994 R CHA E

Chamoiseau Patrick A bout d'enfance Gallimard, 2005 R CHA

L'Empreinte à Crusoé Gallimard, 2012 R CHA E

Solibo Magnifique Gallimard, 2009 R CHA S

Texaco Gallimard, 1992 R CHA T

Condé Maryse La Belle Créole Mercure de France, 2001 R CON B

Célanire cou-coupé Robert Laffont, 2000 R CON C

Rêves amers Bayard jeunesse, 2005 R CON

Savannah blues Sépia, 2008 R CON S

Ségou 1 : Les Murailles de terre Laffont, 1984 R CON S1 Ségou 2 : La Terre en miettes Robert Laffont, 1985 R CON S2

Victoire, les saveurs et les mots Gallimard, 2008R CON V

La Vie scélérate Seghers, 1987 R CON V

Confiant Raphaël L'Allée des soupirs Grasset, 1994 R CON A

Eau de café Grasset, 1991 R CON E

Nuée ardente Mercure de France, 2002 R CON N

Rue des Syriens Mercure de France, 2012 R CON R

Dalembert L. P. L'Ile du bout des rêves Le Serpent à Plumes, 2007R DAL I Noires blessures Mercure de France, 2010 R DAL N

Depestre René Alléluia pour une femme-jardin Gallimard, 1986 R DEP A

Hadriana dans tous mes rêves Gallimard, 1988 R DEP H

Devi Ananda Indian Tango Gallimard, 2007 R DEV I Le Sari vert Gallimard, 2009 R DEV S

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Fortino Mauricienne Les Neufs chamanes et le maître de la pluie L'Harmattan, 2011 R FOR N

Glissant Édouard La Lézarde Gallimard, 1997 R GLI L

Ormerod Gallimard, 2003 R GLI O

Hatubou Salim Marâtre Komedit, 2007 R HAT M

Houat Louis-Timagène Les Marrons L'arbre vengeur, 2011 R HOU M

Jaham De Marie-Reine L'Or des îles Robert Laffont, 1996 R JAH O Jallier Flo Les Déchaînés Editions Sarbacane, 2011 R JAL D

James Loe-Mie F. Entre l'arbre et l'écorce Ibis rouge editions, 2009 R JAM E

Juminer Bertène La Revanche de Bozambo

Présence Africaine, 2000 R JUM R

Laferrière Dany Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit?

Le Serpent à Plumes, 2002 R LAF C La Chair du maître Le Serpent à Plumes, 2000 R LAF C

Chronique de la dérive douce Grasset, 2012 R LAF C

Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer Le Serpent à Plumes, 1985 R LAF C

Le Cri des oiseaux fous Editions du rocher, 2009 R LAF C L'Enigme du retour Grasset, 2009 R LAF E L'Enigme du retour Audiolib, 2010 R LAF Je suis un écrivain japonais Grasset, 2008 R LAF J L'Odeur du café Editions du Rocher, 2011 R LAF O

Tout bouge autour de moi Grasset, 2011 R LAF T

Vers le sud Grasset, 2006 R LAF V

Lahens Yanick La Couleur de l'aube Sabine Wespieser, 2008 R LAH C

Maran René Batouala : véritable roman nègre Magnard, 2008 R MAR B

Mars Kettly Kasalé Vents d'ailleurs, 2007 R MAR K

Mars Kettly / Leslie Péan Le Prince noir de Lillian Russell Mercure de France, 2011 R MAR P

Martial Alain Kamal Cicatrices Vents d'ailleurs, 2011 R MAR C

Maximin Daniel Tu, c'est l'enfance Gallimard, 2008 R MAX T

Métellus Jean La Famille Vortex Gallimard, 2010 R MET F

Nicole Eugène L'Oeuvre des mers Seuil, 2007 R NIC O

Pambrun Jean-Marc Huna Ibis rouge editions, 2004 R PAM

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Paradis André Marronnages Ibis rouge editions, 1998 R PAR

Pépin Ernest L'Homme-au-bâton Gallimard, 1997 R PEP H

Le Tango de la haine Gallimard, 2009 R PEP T

Pineau Gisèle L'Exil selon Julia LGF, 2010 R PIN E

La Grande drive des esprits Le Serpent à Plumes, 1999 R PIN G

Morne Câpresse Gallimard, 2010 R PIN M

L'Odyssée d'AlizéeT. Magnier, 2010 R PIN

Pulvar Audrey L'Enfant-bois Mercure de France, 2003 R PUL E

Raharimanana Lucarne:nouvelles Le Serpent à Plumes, 1999 R RAH L

Nour, 1947 Le Serpent à Plumes, 2003 R RAH N

Rakotoson Michèle Henoÿ Fragments en écorce

Editions Luce Wilquin, 1998 R RAK H

Ravaloson Johary Géotropiques Vents d'ailleurs, 2010 R RAV G

Robillard de Bertrand Une Interminable distraction au monde L'Olivier, 2010 R ROB I

Roumain Jacques Gouverneurs de la rosée Mémoire d'encrier, 2007 R ROU G

Samlong Jean-François L'Empreinte française Editions du Rocher, 2005 R SAM E

Schwarz-Bart Simone Pluie et vent sur Télumée Miracle Seuil, 1972 R SCH P

Ti Jean L'horizon Seuil, 1979 R SCH T

Schwarz-Bart André L'Etoile du matin Seuil, 2009 R SCH E

La Mulâtresse solitude Seuil, 1972 R SCH M Schwarz-Bart Simone Schwarz-Bart André Un Plat de porc aux bananes vertes : Seuil, 1967 R SCH P

Sénès Jacqueline Terre violente Hachette, 1987 R SEN

Spitz Chantal T L'île des rêves écrasés Au vent des îles, 2007 R SPI I

Stanley Lyne-Marie La Saison des abattis Ibis rouge editions, 1996 R STA S

Tellim Alexandre Trempage kréyol : Secrets de famille Orphie, 2011 R TEL

Trouillot Lyonel L’Amour avant que j’oublie, Actes Sud, 2009 R TRO A La Belle amour humaine Actes sud, 2011 R TRO B

La Belle amour humaine Thélème, 2012 R TRO Bicentenaire Actes sud, 2004 R TRO B

Les Enfants des héros Actes sud, 2002 R TRO E

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Rue des pas-perdus Actes sud, 1998 R TRO R

Vaxelaire Daniel Une Jument dans la guerre Flammarion, 2003 ( Castor Poche) R VAX

Les Naufragés du ciel Flammarion, 2000 R VAX N

Vayaboury Sylviane Rue Lallouette prolongée L'Harmattan, 2006 R VAY R

Victor Marvin Corps mêlés Gallimard, 2010 R VIC C

Zobel Joseph La Rue Cases-Nègres Présence Africaine, 1984 R ZOB R

ROMANS POLICIERS

Confiant Raphaël Citoyens au-dessus de tout soupçon... Caraïbéditions, 2010 RP CON C.

Victor Gary Les Cloches de la Brésilienne Vents d'ailleurs, 2008 RP VIC C

Saison de porcs Mémoire d'encrier, 2009 RP VIC S

RECUEILS DE NOUVELLES Le Serpent à plumes pour Haïti/ textes, Dany Laferrière, Evelyne Trouillot, Louis Philippe Dalembert... [et al.] ; photographies, Fred Koenig et David Damoison ; tableau, Hervé Télémaque. Le Serpent à Plumes, 2010.

Cote: R SER S

Nouvelles d'Haïti / Kettly Mars ; Jean-Claude Fignolé ; Lyonel Trouillot ; Faubert Bolivar ; Gary Victor Magellan & Cie, 2007

Cote: R NOU

Nouvelles de l'île Maurice / Shenaz Patel ; Vinod Rughoonundun ; Ananda Devi ; Sailesh Ramchurn ; Bertrand Robillard de Magellan & Cie, 2007

Cote: R NOU

Nouvelles de Guadeloupe/ Gisèle Pineau, Fortuné Chalumeau, Simone Schwarz-Bart, et al.. Desnel

Cote: R NOU

Nouvelles de Madagascar/ Raharimanana, Jean-Pierre Haga, Alexandre Malala, et al.. Magellan & Cie, 2010

Cote: R NOU

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POÉSIE

Cadastre/ textes d'Aimé Césaire ; document sonore lu par Jacques Martial. Thélème.

Cote: 841 CES

Cahier d'un retour au pays natal / Aimé Césaire. Présence Africaine, 1983.

Cote: 841 CES C

Ferrements et autres poèmes : poésie / Aimé Césaire ; préfacé par Daniel Maximin.

Seuil, 2008.

Cote: 841 CES

Anthologie secrète / Frankétienne. Mémoire d'encrier, 2005.

Cote: 841 FRA

Ultravocal : spirale/ Frankétienne ; préf. de Philippe Bernard. Hoëbeke, 2004.

Cote: 841 FRA

Traduit de la nuit/ Jean-Joseph Rabearivelo ; présenté par Claire Riffard Ed. Tsipika, 2007.

Cote: 841 RAB

CONTES

Contes d'Haïti / Mimi Barthélémy ; illustré par Gwen Kéraval ; composé par Mario Masse et Serge Tamas. Milan, 2011.

Cote: C AME BAR

L'Histoire d'Haïti racontée aux enfants / Mimi Barthélémy ; illustré par Elodie Barthélémy ; traduit par Maximilien Laroche. Mémoire d'encrier, 2008.

Cote: C AME BAR Ti-Jean de villes/ Ina Césaire.(document sonore) Dapper, 2005

Cote: C AME CES

Contes du Pacifique / Henri Gougaud ; illustré par Laura Rosano. Seuil, 2000.

Cote: C OCE GOU Je suis fou de Vava/ Dany Laferrière. Les Éd. de la bagnole, 2010

Cote: A2 L

La Petite tresseuse kanak/ écrit par Yannick Prigent, illustré par Caroline Palayer. Vents d'ailleurs, 2009

Cote: C OCE PRI

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L‘île de Ti-Jean/ Evelyne Trouillot. (document sonore) Dapper, 2003

Cote: C AME TRO

DOCUMENTAIRES

SOCIOLOGIE

Pour la révolution africaine : écrits politiques/ Frantz Fanon. La Découverte, 2006.

Cote: 320.5 FAN

Nègre je suis, nègre je resterai : entretiens avec Françoise Vergès / Aimé Césaire ;

Françoise Vergès. Albin Michel, 2005.

Cote: 325.3 CES

La Crise de l'outre-mer français : Guadeloupe, Martinique, Réunion/ Suzanne Dracius, Jean-François Samlong, Gérard Théobald. L'Harmattan, 2009.

Cote: 330.9 DRA

LITTÉRATURE

Anthologie de la littérature réunionnaise : les grands écrivains, les plus beaux textes, les genres littéraires, le contexte des œuvres/ Agnès Antoire, Marie-Claude David-Fontaine, Félix Marimoutou... [et al.]. Nathan, 2004.

Cote: 840.8 ANT

Eloge de la créolité/ Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant ; version bilingue : texte trad. par M. B. Taleb-Khyar. Gallimard, 1993.

Cote: 844 BER

Le Goût de la Martinique/ textes choisis et présentés par Raphaël Confiant. Mercure de France, 2005.

Cote: 840.8 GOU

Le Goût de l'île Maurice/ textes choisis et présentés par Antoine de Gaudemar.

Mercure de France, 2010.

Cote: 840.8 GOU

Sens-plastique/ Malcolm de Chazal. Gallimard, 1985.

Cote: 844 CHA

Théâtres des Antilles : Traditions et scènes contemporaines / Stéphanie Bérard ;

préfacé par Ina Césaire. L'Harmattan, 2009.

Cote: 844 BER T

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THÉATRE

Une Tempête : théâtre : d'après "La tempête" de Shakespeare, adaptation pour un théâtre nègre/ Aimé Césaire. Seuil, 1997.

Cote: 842 CES

AUTOBIOGRAPHIES

Antan d'enfance / Patrick Chamoiseau. Hatier, 1990.

Cote: 848 CHA

Le Coeur à rire et à pleurer : contes vrais de mon enfance/ Maryse Condé. Pocket,

2001.

Cote: 848 CON

HISTOIRE

Histoire des Antilles françaises : XVIIe-XXe siècle/ Paul Butel. Perrin, 2007.

Cote: 972.9 BUT.

DOCUMENTAIRES JEUNESSE Le Dico créole / Béatrice Le Roux ; Isabelle Guérin. Hachette, 1997

Cote: D0

Le Nègre indélébile / Aimé Césaire ; Yves Pinguilly. Oskar jeunesse, 2008

Cote: 844 CES

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Dans le cadre du Printemps du livre, la bibliothèque Le Verbe être a eu la chance de pouvoir accueillir Dany Laferrière : une rencontre qui aura marqué la vie de la bibliothèque en 2012…