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Portraits de Familles » n’est p n album de famille. Il s’agit pl un manifeste, un témoignage d milles qui s’engagent dans l’ travers ce projet, les parent ésentent un regard différen r la parentalité que celui ha ellement porté par La CSF se experts ». Un livre de Sophie Boussahba Portrait [ s ] de Famille [ s ] les éditions Garilbaldi

Livre Portraits de Familles réalisé par Sophie Boussahba

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Ce livre retrace l'aventure vécue par les familles des quartiers où sont implantées les associations de la CSF. Accompagnées d'un artiste, elles ont créé une oeuvre qui parle de la famille

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« Portraits de Familles » n’est pas

un album de famille. Il s’agit plus

d’un manifeste, un témoignage de

familles qui s’engagent dans l’art.

A travers ce projet, les parents

présentent un regard différent

sur la parentalité que celui habi-

tuellement porté par La CSF seuls

« experts ». Un livre de Sophie Boussahba

Portrait[s] de

Famille[s]

les éditions Garilbaldi

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les éditions Garilbaldi

Portrait[s] de

Famille[s]

Photos et interviews de Sophie Boussahba

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[Sommaire

Avant-propos 5par Sophie Boussahba

Introduction 7par Marie-Françoise Martin

Pointe-à-Pitre 10

Grenoble 22

Colmar 34

Gagny 46

Sainte-Rose 58

Saint-Étienne-du-Rouvray 72

Festival 84par Ridha Ferjani

Portraits groupés 86

La fondation Abbé Pierre 90par Raymond Étienne

Remerciements 93

Avant-propos

La CSF m’a donné « carte blanche » pour apporter un regard extérieur et artistique à ses actions. J’ai choisi 6 sites parmi 14 dans toute la France. Je suis allée à plusieurs reprises retrouver les familles, les artistes et les coordinateurs lors

de leurs rendez-vous pour suivre leurs avancées dans la conception et la réalisation des œuvres artistiques. Pour moi, le projet est un prétexte pour aller plus loin dans l’échange. Le projet se développant, l’état des lieux devient plus précis et je découvre les ressources des habitants. La photographie m’a semblé très rapidement réductrice et j’ai cherché de quelle façon j’allais pouvoir mieux retranscrire leurs vécus et leurs ressentis. J’avais l’impression de clouer les individus au sol. Le son s’est alors imposé à moi comme une sorte de respiration. C’est pourquoi j’ai souhaité que les habitants constituent eux même le texte du livre par leurs paroles. Il y est question de difficultés pour élever seule leurs adolescents, d’espaces de vie collectifs détériorés, de solitude, de réhabilitation, d’espace vert vide, de jeunes bruyants, d’illettrisme, de destructions de leurs habitats… Dans une société ou plus personne n’écoute personne, afin d’amener les habitants à trouver eux-mêmes les solutions dans la mesure du possible, encore faut-il les écouter…

Sophie Boussahbaphotographe

[ 7

[

6 ]

« Portraits de Familles » n’est pas un album de famille. Il s’agit plus d’un manifeste, un témoignage de familles qui s’engagent dans l’art. À travers ce projet, les parents présentent sur la parentalité, un regard différent que celui habituellement porté par les seuls « experts ».

Ce livre retranscrit l’expression des familles qui se sont rencontrées pour raconter leurs histoires, des tranches de vie avec des mots qui chantent, riment, décrivent, accompagnent des photos, des images ou des films. « Portraits de Familles, l’éducation populaire en festival », projet porté par la Confédération Syndicale des Familles, s’est déroulé les 10 et 11 juin 2011 à Paris et a rassemblé plus de 300 personnes. 14 projets artistiques ont été réalisés par des groupes de parents avec leurs enfants, de métropole et d’outre-mer, accompagnés à chaque fois d’un artiste et d’un coordinateur. « Portraits de Familles » est une belle aventure humaine, ce festival en a été le témoignage. Pendant des mois, les familles se sont rencontrées pour y travailler. La préparation et la manière dont ont été construits ces projets, la recherche de financement et les échanges avec l’artiste ont été aussi importants que les œuvres exposées pendant ces deux jours. Chacun a apporté ses compétences, et beaucoup se sont découverts des talents et des ressources jamais exploités. Les parents ont appris les uns des autres, ont échangé des savoirs, des savoir-faire, développé des savoir être, ont acquis des compétences nouvelles, forgé leur esprit critique dans le respect, le partage, l’entraide et la solidarité. Apprendre des uns et des autres, se ressourcer tout au long de sa vie… c’est bien là une démarche d’éducation populaire dont La CSF se réclame.

IntroductionMarie-Françoise martinprésidente de La CSF

[ 9 8 ]

Dans cette réussite humaine, des liens se sont tissés, des liens qui font l’unité de cette réalisation et qui font que « Portraits de Familles » est une réalisation unique. Localement, ces projets continuent d’exister par des expositions, des présentations au sein des Caisses d’Allocations Familiales, des rencontres dans le cadre du soutien à la parentalité, des présentations devant des élus ou des travailleurs sociaux… De cette façon, les parents sont toujours sur le devant de la scène.

La Fondation Abbé Pierre (FAP), nous a donné les moyens de mener un projet d’envergure nationale. Si la FAP affirme que le logement est essentiel pour la vie des familles, elle estime aussi que le « vivre ensemble » est tout aussi important. La promotion des habitants a été réelle à travers ce projet.La Caisse Nationale d’Allocations Familiales, qui accorde toute son importance aux actions permettant le soutien aux parents dans leurs fonctions de premiers éducateurs de leurs enfants, a fait le choix de soutenir ce projet de La CSF ainsi que L’Agence de cohésion sociale et d’égalité des chances (Acsé).La CSF remercie vivement toutes ces institutions qui, du niveau local au niveau national, ont permis que « Portraits de Familles » soit une réussite.

Tous ces portraits de familles se retrouvent dans ce livre : une manière d’écrire notre histoire, l’histoire des familles des quartiers populaires. En se remémorant cette belle aventure « Portraits de Familles, l’éducation populaire en festival », les familles trouveront, nous l’espérons, la motivation pour continuer le chemin ensemble, avec La CSF, pour de nouveaux projets.

« Portraits de Familles », c’est une histoire de familles où parents et enfants ont pu peindre, jouer, créer ensemble et en éprouver du plaisir (moteur de la réussite), avoir un autre regard et le croiser avec d’autres. Quelle satisfaction pour les parents de voir leurs enfants réussir, se dépasser, les étonner et pour les enfants, de voir leurs parents impliqués dans la réussite d’une belle œuvre. Les générations se sont parlées, elles ont eu un vécu commun et rien ne sera plus comme avant ! Les familles ont ainsi démenti les images et les clichés négatifs que leur renvoie la société ou qu’elles portent elles-mêmes. Elles ont donné une autre image d’elles-mêmes à travers des productions artistiques les plus variées.Ce changement de regard porté sur leur propre famille les a amenées à faire évoluer leurs habitudes, à prendre place dans leur quartier et acquérir ainsi un pouvoir d’agir dans et sur la société.

Ces œuvres ont été un travail de co-production entre familles, coordina-teur et artiste. Parents et enfants ont eu ainsi l’occasion, le plus souvent inédite, de rencontrer un artiste, de découvrir ses techniques et d’oser les mettre en pratique. C’est cette démarche participative qui a permis la qualité de cette action et du festival. Avoir accès à des pratiques cultu-relles, avoir accès à l’art est d’autant plus important et nécessaire pour se ressourcer que la vie au quotidien est difficile. Ce droit à la culture, ce droit à participer à des pratiques culturelles n’est pas réservé à une élite, La CSF ne cesse de le rappeler.

Quand les familles se sont exprimées, elles ont fait part de leurs visions et de leurs analyses à travers leurs productions en prenant du recul pour se mettre en image.Les artistes se sont pris au jeu : tout en accompagnant les groupes dans la réalisation de leurs œuvres, ils y ont été aussi acteurs. Nous avons réussi cet exercice difficile d’associer des acteurs détenteurs de compé-tences différentes et complémentaires pour porter plus loin la parole des parents. Nous avons réussi notre pari : faire confiance à la capacité des familles à s’engager dans un tel projet. Nous avons eu raison !

10 ]

Packman

[Guadeloupe

Chanzy

Artiste graffeur : PackmanCoordinatrice : Marie-Ange Denis20 adultes et 15 enfants

ALC / La CSF Pointe-à-Pitre

Ma fresque, ma citéJe suis graffeur depuis

16 ans. J’habite à Pointe-à-Pitre. J’ai été contacté par l’association de la cité Chanzy. Je les initie au milieu du graffe urbain. Je leur apprends les techniques pour pouvoir réaliser une fresque. Le projet est simple : décorer un peu les entrées des bâtiments. Je les initie à la connais-sance des matériaux et leur explique comment faire pour réaliser une fresque.

[ 13

[ Je m’appelle Cindy, j’habite à la cité Chanzy depuis plus de vingt-cinq ans. Ça m’a plu de faire ce projet-là, parce qu’après la démolition de Chanzy, j’aurai ça en souvenir pour moi ou mes petits-enfants et les autres à venir, je pourrai leur montrer ce que Chanzy a été et ce qu’elle est devenue.

Je suis la secrétaire de l’association ALC de Chanzy. On a mis en projet la fresque de Chanzy. Cela m’a permis d’échanger. J’ai appris à manipuler les bombes de peinture avec l’artiste Packman. On a pu rencontrer certains voisins à qui on disait simplement bonjour, on a ainsi favorisé les échanges. On a pu donner nos impressions et des idées à mettre dans la fresque. Marie-Claude

12 ]

16 ] [ 17

Je suis présidente de l’association Grand-Camp+ de La CSF. Nous défendons les intérêts de ce quartier. L’association a vu le jour en 2010 car Grand-Camp est une cité en rénova-tion. Dans le cadre de cette rénovation tous les immeubles ne seront pas démolis en même temps : en priorité la résidence les Capitaines. Les immeubles sont importants avec une forte concentration de population. C’est une résidence qui est en constante dégradation.7 immeubles et plus de 900 locataires. Les Capitaines sont une plaie dans la cité. Sur la terrasse qui relie les immeubles se trouvent les locaux de La CSF. J’ai habité Les Capitaines pendant 30 ans, j’ai donc déjà l’expérience du lieu. La situation devient invivable et inhumaine. C’est la raison pour laquelle, avec La CSF, des locataires ont voulu créer une nouvelle association afin d’être vigilantS sur ce qui allait se passer à Grand-Camp et pour faire comprendre aux autorités (c’est-à-dire les sociétés immobilières et la municipalité), qu’il y a un devoir d’intervenir de manière intelligente et urgente car il y a beaucoup d’incivilités de la part des locataires et de négligence de la part des responsables. Notre création a permis d’organiser une visite des lieux avec la municipalité des Abymes, avec la société immobilière qui est propriétaire et avec des locataires. Nous avons le problème des rats porteurs de la lèpre leptos-pirose, celui des chiens errants en sous-sols des parkings, le problème des cages de caves qui ne sont pas entretenues… Nous allons faire une manif : « Grand-Camp propre et belle ! » pour l’environnement, l’édu-cation et la formation des locataires quant aux conséquences de leurs actes. Certains locataires laissent leurs ordures n’importe où, les ordures ménagères sont balancées par les balcons, les sacs poubelles sont posés au pied des immeubles. On va essayer de faire comprendre aux locatai-res qu’il est important d’avoir un autre comportement pour l’hygiène. Nous pensons également intervenir auprès de l’Éducation nationale pour permettre aux enfants des écoles de porter un regard sur leur cité actuellement et prévoir comment elle sera demain ; que les enfants nous disent ce qu’ils ressentent et ce qu’ils attendent des adultes. Nous allons voir avec le bailleur comment les jeunes pourraient améliorer ce qui ne va pas.Il est prévu nettoyage et peinture de la base des immeubles pour créer un autre environnement. Nous allons faire avec des jeunes une opération fresque sur la terrasse où nous envisageons de dessiner des jeux. Le bailleur va nous donner la possibilité de la réaliser. Nous voulons développer le sentiment d’appartenance au quartier. Une fois que le jeune est impliqué, il est le premier à dire «Ne salis pas ! ».Marie-Françoise

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Nous nous occupons un peu de tout dans la cité : Logement, bien-être de la famille… La cité se trouve au centre de Pointe-à-Pitre. Il y a beaucoup de jeunes, les mères élèvent seules leurs enfants. Beaucoup de gens sont en errance. À la suite de plusieurs réunions avec les parents, les enfants et aussi les jeunes, nous avons décidé de faire une fresque en collaboration avec un artiste « Packman ».Après discussions avec lui et les familles, nous avons décidé de ce que nous allions mettre sur la fresque. Chaque panneau a été conçu par une famille. Le professionnel nous a fait les contours. Nous avons fait le remplissage avec les bombes de peinture. Le but est pour nous d’embellir la cité. La cité Chanzy est en sursis. Nous ne savons pas quand ils vont la détruire mais tout autour, ils sont en train de démolir. C’est un peu triste, on se trouve au milieu de…, je ne dirais pas un chaos, mais c’est un peu triste. Nous avons voulu égayer la cité. Nous avons choisi des murs. Ce qui nous a réconfortés, c’est que des jeunes qui jouaient et traînaient dans la cité nous ont demandé s’ils pouvaient aussi participer quand on a commencé à faire les fresques. Ils se sont attribués des panneaux sur lesquels on voit des micro-ondes, des sons, enfin un casque, ils ont mis leurs touches personnelles. Il y aura d’autres panneaux éventuellement, ils s’intégreront petit à petit. Il faut savoir que ces jeunes, c’est comme si c’était des « nuisibles ». Finalement, on s’est rendu compte qu’ils étaient très sociables, très gentils et que l’on pouvait discuter. À travers l’association on les aide à chercher du travail, à faire des Cv. Nous sommes allés à la mairie car il y a une importante rénovation urbaine qui se met en place. Sur cette cité « défavorisée », en retrait, nous avons placé deux jeunes sur des chantiers. Il nous en reste encore trois ou quatre à placer. Il y a aussi ceux que nous avons envoyés en cours d’alphabétisation pour leur apprendre à lire et à écrire car cela fait longtemps qu’ils ont quitté l’école. On essaie de renouer le lien enfant/famille.On a choisi Packman pour ce qu’on veut faire parce que c’est aussi un jeune issu des cités. Il ne met pas son art en avant mais il le met à disposition. Il comprend exactement ce que l’on veut faire. Il nous demande notre avis et ne fait pas son truc à lui, en plus c’est un jeune.Marie-Ange Denis, présidente de l’association de locataires de la cité Chanzy à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe

]

22 ]

Sylvie Nomdedeu est une artiste plasticienne grenobloise. Après une formation en architecture elle obtient une licence d’arts du spectacle. Depuis 1995, elle travaille en étroite collaboration avec de nombreuses associations culturelles et d’éducation populaire de l’agglomération. Ses créations se font à partir de matériels de récupération.

[Sylvie Nomdedeu

Isère (38)

la Villeneuve

Artiste plasticienne : Sylvie NomdedeuCoordinatrice : Marie-Laure Léger5 parents et 5 enfants

UD / La CSF Grenoble

Créations à la Villeneuve

[ 25 24 ]

Je travaille en partenariat avec le centre de loisirs La Cordée et une animatrice qui s’appelle Sylvie. Dans le quartier de la villeneuve, le projet de base, c’était la mixité sociale, mais le projet n’a pas fonctionné comme prévu. C’est devenu un quartier difficile, il y a 11 000 habitants ce qui fait beaucoup de monde sur un minimum d’espace. Il y a un grand parc quand même mais le parc est au milieu des immeubles. Donc il n’y a que les gens de la villeneuve qui y vont, c’est un quartier très fermé sur lui-même. Il y a tout : le collège, les écoles, les commerces, tous les services. Au départ, c’était fait exprès pour que ça facilite leur vie mais maintenant les gens trouvent qu’ils sont pris dans un ghetto et qu’ils n’en sortent pas. Il y a une salle de spectacles, il y a aussi un grand centre commercial à côté. Si on veut, on peut passer une semaine sans sortir de la villeneuve. Le projet « Portraits de Familles » sur Grenoble se fait dans le cadre d’un atelier parents-enfants, au centre de loisirs La Cordée. Tous les jeudis soir, à partir de 16 h 45, on accueille les parents et les enfants, on fait des petits ateliers manuels et créatifs. Et c’est dans ce cadre-là que l’on a décidé d’intégrer le projet national de La CSF. Depuis février 2011, on travaille avec une artiste plasticienne, Sylvie Nomdedeu, qui travaille avec du matériel de récupération. On essaie de créer une œuvre d’art en volume. Pour le moment, on est dans la …

[

[ 29

… première phase où chaque famille crée une œuvre sur sa propre histoire. Ce n’est pas toujours facile parce que ça renvoie à des choses parfois un peu compliquées la famille ! Dans un deuxième temps, on essaiera de regrouper ces différentes œuvres en une seule qui montera à Paris le 11 juin et qui sera présentée aux autres familles de La CSF. Elle est faite à partir de matériaux de récupération. Par exemple, on a là une maman qui travaille à partir de moules à gâteaux et qui essaie de nous présenter sa famille. Une autre essaie de faire une mappemonde à base de papiers mâchés… Ce sont des familles du quartier de la villeneuve, du côté Arlequin, et la plupart mettent leurs enfants au centre de loisirs de La Cordée. Il y a les parents et les enfants et parfois les couples qui viennent. On a beaucoup de couples mixtes. Avec, par exemple, un papa d’Afrique du Nord et une maman française, après ça fait de beaux mélanges et des sculptures intéressantes.Marie-Laure

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[ 33

Je participe au projet avec mes 3 garçons. C’est difficile de s’exprimer. Petit à petit, des idées ont germé. C’est un moment important. Je suis avec mes enfants sans m’occuper de ma maison. Je ne fais pas la lessive et je ne prépare pas à manger. Je ne suis pas manuelle. J’ai choisi le thème des épices. Mon mari est d’origine marocaine et les épices, c’est important. Quant à moi, j’ai été élevée par mes parents agriculteurs. Le piment d’Espelette poussait dans mon jardin. J’ai confronté nos origines communes. J’habite dans un logement HLM juste en bordure du tramway qui nous dépose à la cité «La villeneuve». Dans la cité, je fais le marché et mes enfants participent aux activités extra-scolaires. Marwan, Ahmd-Bilal et Ismaël étaient très contents. Joëlle

Je coordonne les actions que mène La CSF dans le département de l’Isère. Avec ses réseaux de parents, on présente une action «Portraits de Familles» à la villeneuve. Ce quartier se trouve au sud de Grenoble, il a été construit dans les années soixante-dix et a ensuite énormément grossi. C’est un quartier en zone prioritaire dit « quartier difficile », en face du village olympique, c’est quand même pas n’importe quoi ! Il est surtout très connu depuis juillet 2010 avec le discours de Grenoble du président de la République (Rires…). On touche vraiment toutes sortes de familles issues de l’immigration : migrantes, émigrantes, immigrantes, monoparentales, homoparentales, recomposées…, on touche toutes les familles qui habitent les quartiers sud. C’est pour ça que notre présence sur la villeneuve est historique : je crois que La CSF existe depuis le début de la cité. Dans ce quartier, on accompagne autant des parents que de simples locataires, dans la défense de leurs droits et devoirs. La CSF est aussi très présente sur l’accompagnement éducatif et scolaire avec tout un programme de formation d’accompagnants à la scolarité pour l’aide aux devoirs. On mène aussi beaucoup d’actions en vue de la réhabilitation de ce quartier qui vieillit, et autour de ce qui touche au cadre de vie : l’eau, l’environnement, le tri… Dernièrement, on a mené une action sur le chauffage urbain car le coût était énorme. On touche toutes ces familles par le biais des échanges culturels. Elles découvrent que La CSF s’occupe aussi du logement et du coup, on les accompagne aussi pour des problèmes de logement ou de consommation. C’est la spécificité très large de La CSF où on défend la famille. Cette action « Portraits de Familles » était à l’origine conçue pour parler de la parentalité, pour que les familles échangent entre elles, trouvent des solutions face aux difficultés de leurs enfants, surtout de leurs adolescents, et aussi face aux institutions (écoles). Nous les accompagnons tout en les aidant à être autonomes. Marie-Anne

34 ]

[Catriona Smith Morisson : metteur en scèneNous avons travaillé sur plusieurs thèmes : le conflit, la joie, la rumeur, la mort… Les acteurs ont improvisé à partir de ça.Après les avoir enregistrés, j’ai tout visionné et j’ai pris des notes. Puis j’ai coupé certains passages et retravaillé les scènes avec eux pour créer quelque chose de plus rythmé.

Haut-Rhin (68)

Artiste metteur en scène : Catriona Smith MorissonCoordinatrice : Christiane Diemunsch14 adultes et 5 enfants

ASFMR (association syndicale

des familles monoparentales

et recomposées)

Colmar

Famille un jour, Famille toujours

[ 37 36 ]

[J’ai intégré l’atelier théâtre en 2002. Je n’en avais jamais fait auparavant et l’idée de participer à un projet comme celui-là ne m’était jamais venu à l’esprit. C’était très intéressant car à l’époque je venais de divorcer et les saynètes qu’on jouait abordaient les thèmes de la séparation des parents, de la difficulté des enfants tiraillés au sein de la famille… Cela m’a permis de relativiser mon histoire personnelle et d’en tirer des leçons.Depuis on joue un peu partout. On a commencé à Colmar et ça a fait « boule de neige ». On est ensuite parti jouer à Strasbourg puis à Nîmes, à Orange et même à Paris.Nous avons enregistré un DvD en studio ce qui a permis à des associations de voir notre travail. Beaucoup ont été intéressées par cette pièce et nous ont invités à la jouer un peu partout. Et ce n’est pas fini !Christophe

[ 41

La CSF a lancé un projet transversal qu’on a appelé « Portraits de Familles ». Notre association s’y est inscrite parce qu’en tant que familles, on s’est tout de suite senti concerné. J’ai proposé à mes petits-fils Alexis et Dany d’y entrer. D’autres enfants participent aussi à cet atelier et des liens se sont tissés entre eux et les autres acteurs. On a d’abord travaillé sur des improvisations, ce qui n’était pas évident. Le théâtre aborde des choses qui parlent de nous : enfants et adultes. Danielle, vice-présidente de l’Association Syndicale des Familles Monoparentales et Recomposées du Haut-Rhin, et de la Fédération Syndicale des Familles Monoparentales de La CSF.

Je m’appelle Léonie. J’ai neuf ans. Danielle nous a demandé si nous étions d’accord pour participer à l’atelier théâtre. Au début Catriona nous a fait faire de petits exercices pour mieux nous connaître, puis elle nous a donné nos rôles.

Pour moi c’est bien de faire du théâtre, ça fait ressortir des émotions, la colère, la joie, la tristesse. C’est différent du théâtre à l’école, on va aussi le présenter à Paris. Je suis un peu timide, je n’aime pas me montrer devant plein de gens. Mais je dois faire comme s’il n’y avait personne et jouer ma pièce… Dany / Alexi

40 ]

[ 45

Ici, nous gérons différents services : l’accueil individuel pour l’accès aux droits, la médiation familiale et divers groupes de soutien sur les questions de parentalité. Dans le cadre de mes permanences, j’ai remarqué que plusieurs pères, à la suite d’éloignement ou de gros conflits familiaux, souhaitaient s’investir davantage dans le partage de l’autorité parentale. À la suite de ce constat, j’ai proposé de les réunir autour de la même problématique pour réfléchir ensemble à des solutions pour sortir de ce malaise. La philosophie de notre association étant de partir de l’individu pour se diriger vers un projet collectif, j’ai donc proposé de créer un groupe d’écriture.C’était d’abord un groupe de parole où chacun a pu raconter sa propre histoire puis les choses ont petit à petit évolué vers un projet d’écriture autour de la rédaction d’un manuel de « l’anti-parentalité ». L’idée de départ était d’aborder le sujet de la parentalité sous un autre angle. En abordant ce sujet du point de vue des pères, on allait à contre- courant des manuels remplis de principes et de bons conseils donnés par des professionnels. Il s’agissait plutôt, pour nous, d’écrire un ouvrage « d’anti-principes » afin de déculpabiliser les parents sur des dérapages éventuels dans certaines situations.

Une fois imprimé, ce manuel a connu une deuxième vie : les pères à l’origine du projet ont souhaité prolonger l’expérience en l’adaptant pour le théâtre. Un groupe s’est ensuite constitué et certaines mères ont pu entendre des pères qui, contrairement aux idées reçues, n’étaient pas dans un schéma d’abandon par rapport à leurs enfants. Ces échanges ont permis de révéler les difficultés quotidiennes liées à l’éducation de leurs enfants. Il est important de savoir que les parents qui participent à ce type de spectacle ne jouent jamais leur propre histoire. Nous ne som-mes pas dans un travail thérapeutique mais plutôt dans quelque chose de plus léger, qui véhicule un message pour soi et pour les autres.

Lorsque La CSF nous a fait part de son projet «Portraits de Familles», le groupe constitué autour de «l’anti-parentalité» a voulu rester sur le terrain du théâtre et a attiré d’autres parents, des grands-parents et des enfants dans l’aventure. Aujourd’hui, nous sommes vingt au sein de cet atelier et cet aspect multigénérationnel rend l’expérience très enrichis-sante.Christiane, directrice de l’Association Syndicale des Familles Monoparentales et Recomposées du Haut-Rhin.

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[46 ]

La CSF Gagny

Mon ado au quotidien

Seine-Saint-Denis (93)

Quartier du Chenay

Graphiste, maquettiste, illustrateur : Saturnin Gok-PonCoordinatrice : Nikol Bévis-Surprise 15 parents et 19 enfants

Nikol est venue me voir au sujet de son projet dans le cadre de La CSF. Des parents voulaient réaliser une bande dessinée avec l’aide d’un artiste. Quand je les ai rencontrés, je leur ai expliqué que c’était compliqué de réaliser une BD parce que c’est très rigoureux… Comme ils doivent raconter leur histoire, je leur ai proposé, pour qu’ils participent vraiment et que ce soit un travail collectif, de faire la mise en scène et de prendre des photos de leur histoire dans leur cadre de vie, à l’intérieur et à l’extérieur. Une fois les photos faites, j’ai pu réaliser le montage sur ordinateur. Au départ, je voulais redessiner les photos : quand je dis redessiner, c’est m’inspirer de la photo et redessiner la scène. Mais j’ai constaté que ça allait dénaturer ce que ces parents avaient voulu dire, consciemment ou inconsciemment, à travers les photos. J’ai donc décidé d’intervenir le moins possible sur le dessin mais d’avoir quand même un rendu graphique. J’ai essayé d’obtenir un équilibre et un résultat qui leur plaise et à moi aussi.

Saturnin Gok-Pon

[ 49 48 ]

[Je suis Nikol Bevis-Surprise, animatrice du groupe « Mon ado au Quotidien ». Ce groupe se réunit chaque premier lundi du mois au centre Jacques Prévert de Gagny. Nous sommes un groupe de parents d’adolescents, on se retrouve pour discuter et partager les expériences, les problèmes mais aussi les joies qu’on rencontre dans la famille. Ça permet aux parents de sortir de chez eux, de leurs soucis et de venir s’exprimer. On a pris part au projet « Portraits de Familles » de La CSF nationale et on a décidé de faire ensemble une bande dessinée avec l’aide de l’artiste du quartier, Saturnin Gok Pon. Cette BD expliquera tous les soucis que rencontrent les parents au quotidien avec leurs ados. Avec l’aide de Saturnin, tout a été fait par tout le groupe, tous les parents. Nous sommes une dizaine de parents et une quinzaine de personnes ont participé au story-board. Ensuite, on a fait les photos, on a aussi mimé les scènes et on les a réalisées chez les parents ou en extérieur. Il y a eu six histoires. L’une traitait de l’ordinateur – un gros problème pour les parents ; une autre de l’hygiène des jeunes ; une troisième de la relation policiers et jeunes, car beaucoup de jeunes de parents présents ont eu à faire à une interpellation dans le quartier par les policiers, souvent très injustement, donc la peur… Dans ces histoires, on a voulu montrer l’angoisse et la peur des enfants mais aussi celles des parents face à certaines situations. Plus de la moitié des parents sont des familles monoparentales, la plupart du temps des mamans seules avec de jeunes garçons... La BD est réalisée par Saturnin, à partir du story-board et des photos qu’on a réalisées. Il crée sur ordinateur et il dessine en même temps.

54 ] [ 55

Je m’appelle Julia, je suis divorcée, j’ai trois enfants à charge : 25 ans, 19 ans et 16 ans. Depuis le départ de leur père, on a eu des petits problèmes mais ça commence à s’arranger. J’ai été contactée par une maman pour faire partie d’un groupe qui se nomme « Mon ado au quotidien », on se réunit une fois par mois, on parle de nos petits soucis, on ne résout pas nos problèmes, mais ça nous fait du bien. On peut aussi avoir des contacts avec des professionnels. Jusqu’ici, je n’en ai pas eu besoin, parce que j’ai pu arranger mes soucis toute seule. Mais Nikol, qui est notre chef de file, nous a posé un challenge : faire une bande dessinée qui raconte nos étapes, nos petits soucis de la vie au quotidien. J’ai deux petites histoires dans le story-board. On est fières de l’avoir fait, parce qu’on ne pensait pas y arriver. Nikol a travaillé plus que nous, elle se donne à 100%. Nous, on essaie, mais c’est quand même un challenge, nous sommes contentes de l’avoir relevé. Mes deux histoires sont : Marine et sa chambre – le désordre, c’est affreux et Les Mauvaises copines – ma fille pensait que c’étaient de bonnes copines, puis elle s’est retrouvée au commissariat de Rosny-sous-Bois, mais bon, ça s’est arrangé, aujourd’hui elle travaille. Lui, il est au lycée, je suis grand-mère d’un petit garçon de deux ans maintenant,… la vie est belle ! voilà ! On a tout fait, on a écrit des textes, pris des photos. Il y a mes enfants, mon jeune fils n’a pas voulu faire les photos, j’ai pas insisté. Sinon, c’est des photos qu’on fait chez nous montrant les problèmes qu’on a eus. J’ai pris des photos à la maison, devant mon immeuble, devant le centre commercial et devant le commissariat puisqu’on ne peut pas rentrer dedans. Plusieurs photos, plusieurs positions et c’est Saturnin qui choisit les meilleures par rapport au texte et aux dessins. Marine et sa chambre, ça s’est passé chez ma sœur, aucun de mes enfants ne voulait faire cette histoire. Je suis allée chez elle en province. Avec sa fille, c’est comme avec mes enfants, c’est le bordel ! C’est elle qui a joué le rôle de la maman et sa fille le rôle de la fille dans sa chambre. Il y en avait partout ! Mais quand on parle avec d’autres mamans, on a toutes les mêmes problèmes…, mais moi je ne m’occupe pas des chambres, moi je ferme les portes, je mets les draps, je mets les affaires sur les lits et après ils se débrouillent. Je ne rentre pas parce que je m’énerverais tous les jours autrement ! j’espère pour eux que ça va passer sinon ils sont mal partis ! et pourtant ils n’apprennent pas… ils apprendront par la suite, quand il seront chez eux !

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Je participe au projet BD au centre social Jacques Prévert. C’est une BD sur les ados et leurs parents au quotidien. Je participe à ce projet pour rencontrer d’autres parents avec leurs problèmes familiaux et ainsi ça m’aide pour mes relations avec mon fils et aussi pour relativiser mes problèmes et prendre de la distance. Sophie :Vous pouvez préciser votre situation sociale, vous habitez Gagny ? Isabelle : J’habite Gagny, dans des vieux bâtiments, dans une maisonnette, et je suis seule avec mon fils depuis 10 ans, il est étudiant… et le problème c’est que je suis seule pour lui transmettre des choses. S. : Vous vous réunissez avec d’autres mamans et vous avez écrit des textes, fait des photos ? I. : Oui, on a pris 5 thèmes différents, écrit une histoire et fait des photos qui seront synthétisées par un artiste, graphiste et dessinateur qui va en faire une BD. Le but de la BD est pédagogique pour apporter notre expérience aux autres parents et pour que chaque histoire quotidienne puisse donner des pistes pour éduquer les enfants et les aider, les accompagner durant leur adolescence qui est difficile pour eux aussi. S. : Est ce que vous-même, avez écrit une histoire ? I. : Non. S. : Donc vous vous êtes investie sur des histoires que d’autres personnes ont écrites ? I. : C’est ça, j’ai donné mes réactions pour finir les histoires car mon fils a 19 ans, il est un peu plus vieux que les autres… S. : Quels sont les problèmes que vous rencontrez avec les adolescents ou adultes puisque votre enfant est adulte ? I. : En premier, je dirais l’ordinateur et les jeux vidéos pour les garçons qui, vraiment, accaparent leur temps, leur tête et ça crée beaucoup de conflits dans les familles… la télé, les jeux vidéo, à mon avis…, après, les études…, leurs fréquentations aussi. Pour moi, le principal problème, ce sont les médias qui sont trop présents dans la vie de nos enfants. On n’arrive pas à transmettre ce qu’on veut nous, et c’est difficile pour eux de trier. S. : Bien sûr, c’est difficile aussi d’avoir une communication mère-fils quand, lui, ce qu’il veut c’est communiquer avec son écran ? I. : C’est ça, c’est un vrai lavage de cerveau, il est complètement obnubilé, ne pense pas à manger, à avoir une vie sociale. Ça l’isole. Ça lui fait du mal et ça nous en fait aussi. On n’a pas été de cette génération-là et on n’est pas d’accord avec ça, c’est comme une dictature qui arrive chez nous… (rires) Isabelle et Sophie

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[Guadeloupe

Madras-Pondichéry

Paysagiste : Nathalie BelloiseauCoordinatrice : Liliane Davagnar9 adultes et 12 enfants

Le projet consiste à planter principalement des plantes médicinales de la Guadeloupe. Les familles ont répertorié les plantes. Nous avons eu au préalable l’aide d’une scientifique qui dépend de l’Archipel des Sciences et qui étudie la qualité de la terre et les vertus des plantes. Nous avons également suivi des formations avec Madame Belloiseau qui est aussi une scientifique et nous avons participé à des réunions à l’Inra( Institut national de recherche agronomique ).

ASFM (association syndicale

des familles monoparentales)

Sainte-Rose

Le jardin de ces dames

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[ Je m’appelle Liliane Je suis présidente de l’Association Syndicale des Familles Monoparentales, qui est une association qui dépend de la FSFM ( Fédération Syndicale des Familles Monoparentales ). Cette association située dans la commune de Baie-Mahault, en Guadeloupe, existe depuis 1993. J’en suis la présidente depuis 2008.Cette association s’occupe des femmes qui élèvent seules leurs enfants. Nous les accompagnons dans divers secteurs : que ce soient des problèmes liés à l’habitat, la santé, la consommation, etc. Nous sommes là pour aider les familles et aussi les accompagner dans toutes les démarches, y compris juridiques. Par ailleurs, nous aidons les familles à sortir de leur quotidien en organisant des « groupes de paroles » avec des services sociaux, comme la CAF ( Caisse d’allocations familiales ), la Sécurité sociale, des assistantes sociales, des psychologues. En Guadeloupe, il y a beaucoup de problèmes de drépanocytose, de bronchiolite et la dengue que tout le monde connaît. Quand les familles rencontrent de telles difficultés, nous organisons « des groupes de paroles » pour les informer. En ce moment, nous travaillons sur un projet de jardin créole avec des plantes médicinales, des plantes …

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…vivrières et ornementales. Ce jardin est situé sur la commune de Sainte-Rose. Il y en a également un, sur la commune de Baie-Mahault. Le but de ce projet est de réunir les familles : grands-parents, parents et enfants. Il a été proposé par La CSF nationale à plusieurs associations de France, dont celles de la Guadeloupe. Pour le décor du jardin et sa conception artistique, les femmes ont fait des recherches auprès des pharmaciens. L’Institut nous a aidées pour le décor du jardin et sa conception artistique. Avec Madame Belloiseau, nous avons donné une forme au jardin en le divisant en parcelles avec, au centre, un rond-point où nous avons répertorié un maximum de plantes médicinales. Les familles travaillent elles-mêmes leurs parcelles. Nous allons également élaborer un livre pour regrouper toutes les plantes que nous avons dans ce jardin, pour donner leurs noms, pour décrire leurs vertus, la façon de les utiliser et nous indiquerons la posologie, afin que les personnes intéressées puissent les utiliser. Parmi les plantes médicinales bien connues dans notre région, on trouve la verveine, l’aloé. Mais nous ne savons pas toujours bien les utiliser. À l’issue de ce projet, nous allons présenter le résultat en métropole au mois de juin. Nous serons bien entendu accompagnées par les familles qui ont élaboré ce jardin. Ce sont principalement des personnes qui n’ont jamais voyagé, qui n’ont jamais eu la possibilité de quitter le département pour se rendre à la capitale, et qui ne sont jamais parties en vacances avec leurs enfants. Ce projet doit être présenté à Paris au cours du week-end des 11 et 12 juin, avec toutes les réalisations des différents groupes. Mais venant de la Guadeloupe, nous avons décidé de prolonger ce voyage par des vacances pour les familles, afin de découvrir la capitale. Au programme : promenade en bateau-mouche, visite des monuments parisiens et évidemment les marchés de Garches, Saint-Denis et Sarcelles, car en Guadeloupe les marchés sont surtout pour la nourriture et très peu pour les vêtements.

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J’ai les clefs du local de l’amicale des locataires où l’on peut organiser les activités que l’on souhaite mettre en place. Ça peut être des ateliers manuels avec des enfants ou des réunions de locataires parce que nous partageons les locaux. Quand les locataires veulent cette salle, le gardien nous en informe, du coup on s’organise. Jusqu’à maintenant ça s’est bien passé. Les locataires commencent à s’intéresser à notre association et on a de plus en plus de jeunes qui viennent. J’espère que par la suite on aura plus d’adhérents, de locataires qui s’impliqueront davantage dans la vie associative et qui pourront nous aider à faire ce travail qui me tient à cœur. Je suis mère de famille et quand on voit des enfants « traîner » tard dehors sans chaussures, je me dis qu’il y a un problème. Alors, avec d’autres familles nous voudrions aider les parents à prendre conscience de leurs responsabilités. En tant que femme et mère de famille, je pense que la meilleure solution n’est pas de les chasser mais au contraire de les aider, en les orientant vers une assistante sociale par exemple. Mais bien sûr ce ne sont pas quelques personnes qui pourront changer la société. Elle est ainsi faite. La seule chose à faire est d’essayer de se battre pour aller à l’encontre plutôt que de se laisser guider. C’est difficile mais il faut le faire, et c’est pour cela que La CSF est importante. Ginette

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Je m’appelle Catherine et je m’occupe de cette petite parcelle. Là, on a du piment végétarien, des tomates, du persil, de la citronnelle. Ça, c’est un pied d’aubergine, du sang dragon rouge. Là, nous avons des pois d’Angole, des bananiers, de la verveine violette, et un papayer. Voilà un peu tout ce que nous avons. Là, c’est un poupier qu’on utilise en tisane, là des épinards sauvages avec lesquels on fait des pansements contre la douleur, de la patate douce, de la verveine blanche, du manioc… des mange-tout, du chou, du maïs.

Je m’appelle Kaithlyne. Je suis venue avec ma maman visiter le jardin. Il y a du maïs, des concombres et des mangues, des arbres à pain et des fleurs. J’aime bien jardiner et planter des fleurs.

Je m’appelle Marlène. J’habite à la cité La Boucan à Sainte-Rose. J’ai quatre enfants : trois filles et un garçon. Je vis avec mon copain et on vit comme on peut. Je suis dans l’association CSF comme trésorière adjointe. J’aime beaucoup l’association car il y a beaucoup d’activités. Par exemple, la danse, la fête des mères, la fête des voisins… Je suis femme au foyer et pour ne pas rester toujours à la maison, je participe aux projets de l’association. En ce moment, nous travaillons sur un projet de jardin dans la Cité, juste à côté du collège. Dans le jardin, il y a un peu de tout : des plantes médicinales, des plantes vivrières, des piments, des pois… Avec les jeunes, c’est un peu difficile, mais on fait avec. Ils font beaucoup de bruit avec leurs scooters le soir. Même les filles sont dans la rue le soir. Pour moi, les enfants doivent être chez eux à partir de 18 h 30 - 19 h, surtout quand il y a de l’école le lendemain. L’association organise des activités pour les enfants et aussi des débats pour les parents : mais ils ne se déplacent pas… c’est embêtant, car les enfants c’est notre avenir !

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Je suis artiste peintre. J’ai été contacté par la Drac, la section action culturelle, pour suivre ce projet en mars 2010.J’ai rencontré les familles pour essayer de trouver un accord entre ce qu’elles voulaient et ce que moi je trouvais pertinent. Ensuite, on a écrit le projet à partir de tout ce que les gens disaient : je souhaitais que la mixité qu’il y a ici soit traduite par des signes, soit symbolisée par l’écriture. Comme il y a de la diversité culturelle, il y a diversité d’écritures, des signes à intégrer dans la fresque pour la crèche de La CSF. Au début, j’ai quand même été obligé de lutter contre des idées très classiques autour de la famille : la mère et son enfant, le père qui tient l’enfant. Je voulais bien « la famille », mais sous une forme contemporaine, en dehors des représentations classiques que se faisaient les parents. Une fresque est un support qui sort de l’ordinaire : ils ont pu parler et écrire dans leur langue d’origine. Certains paraissaient illettrés en français ou dans d’autres langues alors qu’ils ne l’étaient pas. L’idée du mélange des écritures et des signes les a rassurés et leur a montré qu’ils avaient une culture cohérente. Nous avons ensuite travaillé des signes de l’égyptien ancien pour ses calligraphies intéressantes tout comme celles de l’arabe. Nous nous sommes également inspirés de Ben pour l’écriture et d’Apollinaire pour ses poèmes visuels : « Calligrammes ». D’Apollinaire nous sommes passés à Twombly pour amener des choses plus contemporaines ; Twombly étudie le geste de l’écriture et sa vitesse dans le travail. J’aime beaucoup cette manière de travailler sur un fond blanc et d’inscrire, de graver sans sens précis : des signes et des mots ont été dessinés par les familles pour être transposés dans la fresque.

[Éric Hanoteaux

Seine-maritime (76)

Le Château-Blanc

Artiste plasticien : Éric HanoteauxCoordinatrice : Françoise Grün9 parents et 5 enfants

La CSF Saint-Étienne -du-Rouvray

Les P’tits loups en couleur

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Je suis coordinatrice du projet « Les p’tits Loups en couleur », projet mené sur Saint-Etienne du Rouvray, dans un quartier qui est en réhabilitation. La halte-garderie se situe dans un quartier difficile où les tags et quelques objets encombrent régulièrement le petit jardin de la halte. Les mamans ont souhaité embellir le lieu en mettant de la couleur pour ne plus être stigmatisées et offrir à leurs enfants un cadre de vie plus agréable. Le groupe s’est mis au travail pour réaliser une fresque qui sera posée sur le pignon de l’immeuble qui jouxte le parc des enfants. Des difficultés, il y en a eu, des moments de grande solitude aussi, et heureusement, c’était un travail d’équipe, entourée de Sandrine, responsable de la parentalité, de Malika, très active, et du peintre qui a su écouter les familles, les guider, les convaincre parce qu’au début, certaines d’entre elles disaient « mais, monsieur, vous allez peindre, nous on ne sait pas peindre ! » Et au bout de quelques séances, ce sont elles qui ont peint, ce sont elles qui ont réalisé cette fresque. Je suis fière de les sentir fières elles-mêmes de leur œuvre. C’est vraiment leur œuvre avant tout : un travail d’équipe sympa. Ce que j’ai trouvé intéressant dans « Portraits de Familles », c’est ce projet dans le projet, à savoir que d’autres projets se font ailleurs en France. Et bien sûr le week-end à Paris est un moment très attendu des familles. J’ai bien vu l’évolution : au début, chacun cherchait sa place, ce que le projet allait devenir, ce qu’on allait faire et maintenant c’est d’une richesse incroyable. Moi je n’ai été là que pour réunir les différents maillons : familles, peintre et demandes de subvention, ça n’a pas été non plus une petite affaire mais vraiment je suis enthousiaste pour ce projet ! Françoise

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Je m’appelle Safa, J’habite Saint-Étienne-du -Rouvray depuis 5 ans. J’ai connu La CSF par le biais de la garderie pour que mes trois filles se familiarisent avec d’autres personnes, d’autres adultes. Ma troisième a eu trois ans au mois d’avril, mais je l’ai quand même inscrite à la garderie. « Portraits de Familles », je me suis dit « pourquoi pas ? » et je me suis inscrite. On m’a appelée pour aller aux réunions, on m a expliqué comment ça allait se passer et je me suis investie. Je me suis dit que je pouvais très bien faire un peu de peinture. En ce moment, je suis femme au foyer. Avant, j’étais guichetière à la poste, mais, pour l’instant, je garde mes filles. Ce projet me permettra de voir d’autres personnes, de faire quelque chose en groupe. C’était un peu dur avec les enfants, mais j’ai réussi à m’organiser. Étant Tunisienne, j’ai un peu d’expérience dans la calligraphie arabe et, du coup, j’ai pu retourner vers quelque chose que je ne pratique pas tous les jours. C’était un peu difficile au début de mettre en commun nos idées, savoir ce qu’on allait faire, mettre en place les choses. Mes filles vont voir ainsi quelque chose que leur maman a fait ; elles ne diront pas que leur mère est simplement mère au foyer, qu’elle ne sait rien faire. J’ai fait mes études en France, je sais que je vaux quelque chose. Je ne suis pas qu’une mère qui fait le ménage et prépare le repas. Au début, je ne savais pas ce que ça allait donner et puis, petit à petit, on a construit quelque chose. Le résultat va-t-il plaire à tout le monde ? Je sais que j’ai fait ce que j’ai pu avec l’aide de l’artiste. Ce qui est bien, c’est qu’on va voir notre projet fini et ce que les autres groupes de La CSF ont fait. J’habite juste à côté de la crèche et on trouvait tous le mur monotone. La fresque rend la garderie plus voyante, plus valorisée. On se dit alors qu’il y a quelque chose qui se passe dans cette garderie.

Je suis née ici. Il y avait deux immeubles au début. « Romain Rolland » était en face de l’Assedic, c’est le premier immeuble qui a été détruit. Puis l’immeuble « Colette » a été détruit ; ça m’a fait mal au cœur, surtout quand j’ai vu la fenêtre de mon ancien appartement disparaître. J’ai été obligée d’accepter. J’avais fait une demande de logement ; j’ai d’abord habité dans un immeuble sale avec des gens qui squattaient. Puis, ils ont construit la deuxième partie de l’opération et j’ai déménagé…Najah

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Moi, c’est Malika, j’ai commencé à La CSF comme bénévole, puis j’ai fait des remplacements et maintenant je suis animatrice sociale en poste d’adulte relais. Et ce contrat-là, on me l’a donné parce que j’habite dans le quartier, juste en face de la crèche du quartier Château- Blanc à Saint-Étienne-du-Rouvray. Mes enfants vont à l’école du quar-tier, je rencontre les gens du quartier, je suis une habitante du quartier. En fait, je fais le récré-loisirs, c’est le centre de loisirs tous les mercredis après-midi et pendant les vacances. Nous avons un mur blanc tagué qui devient grisonnant. On avait déjà comme idée de redynamiser ce mur-là, puis « Portraits de Familles » nous a été présenté, on a réfléchi tous ensemble au projet et on a pris comme idée : comment les habitants du quartier pourraient voir autrement les murs de leurs immeubles ? Ensuite, on a réfléchi au lieu de réalisation. La CSF a une garderie, « Les P’tits loups » dans cet immeuble, l’immeuble Naurouze ; il y a un mur qui est très souvent tagué avec des mots vulgaires. Des mamans amènent leurs enfants, des tout petits qui jouent dans ce jardin. Et quand les mamans arrivent et qu’elles lisent… ce qu’elles lisent, ce n’est pas génial ! De plus, quand elles amènent leurs enfants à la crèche, dont elles sont très contentes par ailleurs, elles s’inquiètent de la dégradation du quartier. Ce serait donc bien de réaliser des choses gaies, pleines d’espoir… On ne veut pas que ce lieu pour les tout petits ait l’air aban-donné ; c’est un lieu aussi pour les voisins, mais surtout pour les enfants du quartier. Certains rentrent dans le jardin, se l’approprient, mais sans le respecter. À la rigueur, s’ils sautent la barrière et qu’ils jouent dans le jardin quand les enfants de la garderie ne sont pas là, ça ne me dérange pas tant qu’ils ne dégradent pas ! On s’est dit qu’en invitant des gens du quartier à peindre cette fresque réalisée par tous sur ce grand mur sale, ils seraient contents, parce que c’est agréable de participer et de mener à bien un projet.

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- qui ont travaillé ensemble et développé de réelles solidarités,- qui ont partagé une expérience artistique fabuleuse dont ils tirent un

bénéfice certain et en sortent avec un gain de confiance, de plaisir et de restauration de l’estime de soi.

Les regards, analyses et interprétations ont mis en scène :- les mutations qui ont ébranlé les certitudes des familles ;- les doutes et les inquiétudes des adultes quant à l’exercice de leur fonction ;- les scènes de la vie de familles qui, malgré les errances, les fragilités et

l’inconfort, se maintiennent en puisant, entre autres, la force dans toutes ces productions autour de la mémoire, l’identité, les racines, l’espoir, l’entraide… ;

- l’affaiblissement des liens sociaux.Toutes les expressions poétiques, théâtrales, graphiques, attestent et confirment :- que toute famille, quelle que soit son origine ethnique, culturelle ou sociale,

est potentiellement capable d’éducation et de transmissions, car, il n’y a pas de familles sans culture ou sans mémoire ;

- que chaque personne est née d’une histoire, avec une histoire, porte une mémoire, véhicule une culture, même quand elle n’en a pas ou plus, ni conscience ni usage ;

- que tout vit, tout est vie, tout est envie (en vie) ;- qu’il est important d’agir sur sa vie, de se faire confiance et de découvrir

qu’on est capable de créativité et de participation ;- de savoir d’où on vient pour avoir conscience de ce qu’on est et avoir des

projets ou des envies pour l’avenir ;- que l’entraide et la création collective demeurent un vecteur immense de

liens humanisants et socialisants.

Ces témoignages croisés de vécus, de plaisirs, d’aspirations, d’inquiétudes, méritent d’être valorisés, car ce festival :- a mis en mouvement, des parents et des familles ;- a fait naître l’envie de parler de soi autrement ;- a mis en exergue des compétences, des réussites, des joies des familles ;- a permis à celles-ci et à leurs enfants de retrouver l’appétence à agir et à

faire partager ce qu’ils ont produit.Un festival qui a mis les familles à l’honneur et des familles qui ont, en retour, honoré ce festival.

« Les hommes voient loin avec leurs télescopes ;Les aigles et les vautours voient à une très grande distance ;Mais aucun œil n’erre moins et ne voit plus loin de manière certaine, que l’œil d’un parent cherchant un enfant égaré »Henry Ward Beecher

Nous vivons aujourd’hui dans une société qui semble affirmer de plus en plus, que pour être parent, il faut être compétent et donner des preuves de sa compétence. Or, nous savons que personne n’est à l’abri de la difficulté de ce que représente le fait d’être parent, père ou mère. La vie de parent devient donc plus que jamais une aventure au quotidien obligeant les parents, à asseoir leur autorité, à légitimer leurs cultures, à composer avec l’imprévisible, à savoir s’adapter et à développer des stratégies pour faire face à des réalités de plus en plus complexes, stressantes et vulnérabilisantes.

Dans ce contexte existentiel fragilisant, les parents – et particulièrement ceux de milieux populaires et/ou d’origine étrangère – finissent par douter de leurs capacités de participation et d’affirmation personnelle et culturelle et ne s’autorisent pas ou plus à assumer leurs rôles de parents.

« Portraits de Familles », un festival initié par La CSF a permis de réunir des parents et des familles motivés et convaincus pour croiser des regards, des mots, des expositions photos et des jeux scéniques sur des réalités quotidiennes des familles. Des portraits vrais, vivants et émouvants, présentés par des parents et des familles, qui racontent, expriment, illustrent, mettent en jeu différents aspects de la vie familiale avec humilité, sincérité et plaisir. Aidés par des artistes professionnels, ces derniers se sont manifestement engagés et appliqués pendant quasiment une année, en travaillant avec rigueur et sérieux pour la réalisation et l’aboutissement de toutes les œuvres. Des familles heureuses d’avoir appris étaient contentes de faire partager ce qu’elles ont réalisé.Elles peuvent être fières de ce qu’elles ont pu montrer et démontrer. Elles sortent sûrement enrichies d’une expérience artistique qui leur a permis de travailler collectivement et de valoriser des savoir-faire.Adultes et enfants, réunis à l’occasion de cette manifestation, ont apporté les preuves que l’on a tous quelque chose à transmettre et à recevoir et que tout le monde est capable de créativité, de participation et d’initiative.

Des vies de familles ont été visitées « sous toutes les coutures », questionnées, valorisées, scrutées, souvent avec humour et dérision, par des parents :

festival « Portraits de Familles »[

Ridha Ferjanipsychologue

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Colmar 1théâtre – Famille un jour, famille toujours

Rennes 2théâtre – Nous, vous et nos valises

Esquerdes 3recueil et lecture de poèmes – La famille, toute une poésie !

Ste-Rose 4livre – Le jardin de ces dames

Orléans 5film – Familles au cirque, familles du cirque

Montbéliard 6film d’animation – Le Bateau

St-Étienne-du-Rouvray 7photo/fresque – Les P’tits loups en couleur

Castelnaudary 8photos et poésie – Les papillons s’éparpillent

Strasbourg 9photos – Regards croisés dans la famille

Pointe-à-Pitre 10film – Ma fresque, ma cité

Grenoble 11installation art plastique – Créations à la Villeneuve

Gagny 12BD – Mon ado au quotidien

Melun 13expo en 3D – Le Jeu des 7 familles

Villeurbanne 14expo art plastique/scrapbooking – Parole des mamans du Bel’air

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Portraits groupés

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est nécessaire de diffuser une image honnête et digne des parents. Nous plaidons pour davantage de solidarité entre les habitants. Les approches des parents dans leurs projets sont très différentes et cela reflète un réel souci de faire émerger les démarches de création à partir des terrains, une volonté d’agir ensemble, de s’épauler et ensuite de trouver des outils pour y arriver : moment de convivialité, la découverte ensemble d’une culture, la découverte d’aller en vacances en collectif. Les projets « Portraits de Familles » ont touché des questions essentielles pour les familles. Il ne s’agit pas de rentrer absolument dans des cases, il s’agit de s’appuyer sur les ressources des personnes pour les amener à partager avec d’autres. Partager des valeurs communes, faire ressortir des difficultés, et trouver des voies, des issues. Ainsi, on a plus de ressort pour réagir devant l’enfant et collectivement on trouve les moyens pour que les parents aient le réflexe de poser des limites. Il est essentiel de donner à voir que les parents s’intéressent à la vie de l’enfant, ce qui se traduit pour l’enfant par : « je ne peux pas faire ce que je veux car mes parents suivent ce que je fais ».

Il n’y a pas de leçon à donner mais des accompagnements à mettre en place ! Pour la Fondation Abbé Pierre les habitants sont à considérer du point de vue de leurs capacités et de leurs potentiels. L’action collective est une manière de donner une autre image de soi. Quand le parent ne travaille pas, le plus souvent il est disqualifié. Les projets ont traité de la question du regard que pose la société sur les parents aujourd’hui, de leur place et de celle des familles dans les quartiers. Il existe incontestablement un décalage entre la parole publique sur les quartiers et les pratiques de ses habitants qui sont loin de correspondre aux clichés qui mettent volontiers en avant une supposée démission parentale.

User de la parole publique pour adresser des messages d’espoir. Pour la Fondation Abbé Pierre, contribuer à faire entendre une autre parole sur les quartiers et leurs habitants est un combat nécessaire. Face à ceux qui ont habituellement le « pouvoir de dire », les familles ont imposé un autre regard, empreint de considération, à tous ceux qui sont venus regarder les œuvres exposées dans leur ville ou à Paris lors du Festival. Ce faisant, les parents confortés dans leurs capacités d’agir dans l’espace public, reconnus à ce titre retrouvent dignité et espoir à transmettre à leurs enfants. Il est des principes sur lesquels il ne faut pas faiblir, la citoyenneté se conquiert à travers la capacité à faire entendre sa voix et à exercer ses droits.

La mission de « mieux loger » que se donne la Fondation Abbé Pierre vise aussi un mieux vivre, en particulier dans les quartiers d’habitat social. Le mal logement a des répercussions directes sur les conditions de vie des habitants notamment des enfants. Une part de notre avenir se joue dans les quartiers où la rénovation du bâti ne pourra pas suffire à assurer la cohésion sociale.

Dans un contexte de dégradation rapide des conditions de vie des habitants dans les quartiers d’habitat social, et dans le prolongement de son Rapport sur l’état du Mal Logement de 2010 soulignant les effets délétères du mal logement sur l’enfance, la Fondation Abbé Pierre s’est engagée aux côtés de La CSF pour soutenir des démarches culturelles et artistiques permettant aux parents de renforcer leurs potentiels et leurs capacités d’agir dans leur environnement quotidien, et d’être reconnus à ce titre. La Fondation Abbé Pierre se préoccupe en effet de la vie sociale dans les quartiers populaires, elle impulse des actions en direction des habitants et se préoccupe du nécessaire soutien des personnes dont les difficultés sont davantage imputables à des causes économiques et sociales… qu’à de supposées carences personnelles.

De l’intérêt de donner une dimension artistique aux projets des parents. Une collaboration fructueuse avec les associations de terrain de La Confédération Syndicale des Familles a permis de toucher des habitants dans le cadre de ce programme de soutien à la parentalité, s’appuyant sur la créativité des habitants et se déclinant sur l’ensemble du territoire national et notamment dans les départements outre-mer jamais touchés jusqu’alors. Qualité artistique, pertinence des démarches, les échanges avec les artistes, les bénévoles responsables des antennes locales de La CSF et la réflexion plus générale avec des partenaires ou experts collaborant avec le programme « Portraits de Familles » font la démonstration qu’il

[ 91 90 ]

la Fondation Abbé Pierre[ Raymond Étienne

président

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La CSF remercie chaleureusement Sophie Boussahba qui a su capter l’intérêt de ce travail, cerner la démarche d’éducation populaire, être à l’écoute de nos envies, s’adapter aux contraintes, se rendre disponible et faire ressortir la dimension humaine du projet.

Nous remercions les partenaires financiers qui ont soutenu le projet, notamment la Caisse Nationale des Allocations Familiales et l’Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et de l’Égalité des Chances. Une mention particulière à la Fondation Abbé Pierre qui, outre l’accompagnement financier, s’est largement impliquée dans le projet, dans sa coordination. Implication qui a permis de donner une dimension ambitieuse au projet et que chaque groupe local puisse participer aux différentes phases.Bien sûr, ce projet ne serait rien sans la participation active, joyeuse et rigoureuse des parents et des enfants. Nous sommes reconnaissants de la confiance qu’ils ont témoignée à cette occasion.Les coordinatrices ont fait preuve de patience, de ténacité et de persévérance. Nous les remercions pour leur précieuse collaboration, notamment pour le lien, efficace, qu’elles ont assuré entre les familles et la coordination nationale.Un grand merci à tous les intervenants extérieurs que nous avons sollicités ponctuellement ou durant l’ensemble du projet.La réussite de ce projet a également reposé sur l’implication d’une équipe confédérale active, complémentaire et très investie tant sur le sens du projet que pour toute l’organisation nécessaire aux temps de rencontre.Merci enfin aux membres du conseil confédéral qui ont pris le risque d’engager La CSF dans ce projet inédit et ambitieux !

Remerciements [

Avec le soutien de la Fondation Abbé Pierre, de la Caisse Nationale d’Allocations Familiales et de l’Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et de l’égalité des chances

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DanielleKaithlyne ChristianeAlexiDoriaCynthiaAnneitaYaminaClaudineKarlanneAinsleyNessimMichèle SafaNicolasMarie-AngeÉricJoëlle AyoubHuguetteRaniaAnnikaDeeganCatriona NicoleHamed RamlataLuidjyOlivierTesnimeJuliaRanimLaurence SamuelClémentineJocelyneMarly IsmaëlPascaleRodrigueSaturninJoanDylan Marie-ClaudeRachidaMarioNikolAda Jean-Claude NajahSylvieBertaDaïla PackmanMarinaMarie-LaureÉmericManuellaAmine

CindyChristopheChristèleSoufianAdams Sabine AbdoulayeSylviaCélineHarryHafsa FrançoiseMarlène MalikaMarie-Ange Marouane GinetteSoynaelle FatmaPaulPascaleFélix AlfouseymouManonMarie-FrançoiseAgnèsTérenceSandrineAminJoaquinaMadeleineSouheïleElmireAhmedJean-Paul Catherine FaizaPatrick Léonie Hylan SigridMarie-AnneMeriemRaymondSalim TristanClaude IsabelleNathalieBozenaMailyne Gauthier Denzel KeraGrégory Kellya Dany ShânkaLiliane

La CSF53, rue Riquet 75019 Paris

contacts :tél. : +33 (0)1 44 89 86 80fax : +33 (0)1 40 35 29 52email : [email protected] : la-csf.org

photographies : Sophie Boussahbasophieboussahba.com

maquette : Page B / Alain Bonaventurepageb.fr

Ont participé à ce livre :

Je remercie toutes les personnes qui m’ont fait confiance pour que nous puissions travailler ensemble. Un remerciement spécial pour les parents qui m’ont chaleureusement accueillie et aidée à la réalisation de ce livre.

Sophie Boussahba

« Portraits de Familles » n’est pas

un album de famille. Il s’agit plus

d’un manifeste, un témoignage de

familles qui s’engagent dans l’art.

A travers ce projet, les parents

présentent un regard différent

sur la parentalité que celui habi-

tuellement porté par La CSF seuls

« experts ». Un livre de Sophie Boussahba

Portrait[s] de

Famille[s]

les éditions Garilbaldi

Portrait

[s] de F

amil

le[s

] La C

SF

couv.indd 1 20/02/12 11:52:43