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L'ÉLAN DE L'ILLUSTRATION EN ESPAGNE par Teresa Duran Pour accompagner le parcours dans le foisonnant paysage de l'illustration d'aujourd'hui, Teresa Duran s'attache à repérer les artistes majeurs : ceux qui, suivant les principaux chemins de la communication visuelle, traditionnels ou novateurs, permettent I au mieux d'explorer la diversité des images, de comprendre leur impact. Loupiot, ill. Joma, Épigones L édition de livres pour enfants en Espagne a la chance de compter à la fois avec de très grands créateurs, aujour- d'hui bien connus et de jeunes talents, de plus en plus désireux de se faire une place en ce domaine. Le collectif des illustrateurs (ceux-ci sont regroupés dans des associations profession- nelles très actives et revendicatives) se plaint de ne pas trouver souvent d'éditeurs dispo- sés à leur donner carte blanche, dans la mesure où l'édition des albums en Espagne ne dispose pas encore d'un marché assez vaste et régulier. De fait, on fait peu d'albums en Espagne, et beaucoup d'édi- teurs préfèrent les importer plutôt que les exporter. Mais, s'il convient de garder ce contexte à l'esprit, l'oeuvre de nos artistes mérite, quand même, ces quelques lignes. Quelles voies peut prendre un illustrateur - ou une illustratrice - pour communiquer avec les jeunes ? Certains livres supposent une attention aux détails vraisemblables, aux référents, même lyriques, qui, parsemés dans l'image, peu- vent ajouter au livre de création une dimen- sion documentaire. Le lecteur peut vouloir « voir pour savoir ». Ce type d'illustration est exploré en France par François Place dans Les Derniers Géants, par exemple. Dans ce genre d'oeuvres, le lecteur se plaît à regarder, à pénétrer dans les pages, à y vivre « comme s'il y était ». Dans ce registre de la N°192 AVRIL 2000/83

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L'ÉLANDE L'ILLUSTRATION

EN ESPAGNEpar Teresa Duran

Pour accompagner le parcours dans le foisonnantpaysage de l'illustration d'aujourd'hui,

Teresa Duran s'attache à repérer les artistesmajeurs : ceux qui, suivant les principaux

chemins de la communication visuelle,traditionnels ou novateurs, permettent

I au mieux d'explorer la diversité des images,de comprendre leur impact.

Loupiot, ill. Joma, Épigones

L édition de livres pour enfants enEspagne a la chance de compter à la

fois avec de très grands créateurs, aujour-d'hui bien connus et de jeunes talents, de plusen plus désireux de se faire une place en cedomaine.Le collectif des illustrateurs (ceux-ci sontregroupés dans des associations profession-nelles très actives et revendicatives) se plaintde ne pas trouver souvent d'éditeurs dispo-sés à leur donner carte blanche, dans lamesure où l'édition des albums en Espagnene dispose pas encore d'un marché assezvaste et régulier. De fait, on fait peud'albums en Espagne, et beaucoup d'édi-teurs préfèrent les importer plutôt que lesexporter. Mais, s'il convient de garder ce

contexte à l'esprit, l'œuvre de nos artistesmérite, quand même, ces quelques lignes.

Quelles voies peut prendre un illustrateur - ouune illustratrice - pour communiquer avec lesjeunes ?

Certains livres supposent une attention auxdétails vraisemblables, aux référents, mêmelyriques, qui, parsemés dans l'image, peu-vent ajouter au livre de création une dimen-sion documentaire. Le lecteur peut vouloir« voir pour savoir ». Ce type d'illustrationest exploré en France par François Placedans Les Derniers Géants, par exemple.Dans ce genre d'oeuvres, le lecteur se plaît àregarder, à pénétrer dans les pages, à y vivre« comme s'il y était ». Dans ce registre de la

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Le Gardien de l'oubli, ill. A. Ruano, Syros

communication visuelle, chez nous desartistes importants, comme Alfonso Ruano,nous offrent des scènes pleines de mystère etde sérénité qui, en utilisant les techniques lesplus épurées - que ce soit des gouaches, deshuiles, ou des gravures - nous permettent derêver sur du concret. Vous rappelez-vous LeGardien de l'oubli (Ediciones S.M/SyrosAlternatives, 1991) ? C'est tout à fait lui ! Ilose aussi le petit album pour enfants (Besos,Madrid : S.M, 1993) et il serait juste de citeraussi d'autres titres comme Zapatones (S.M.,1988) ou El Circo de Paco (S.M, 1989).Dans ce même registre de communication,mais moins inquiétant, avec plus de vivacité,lucide, bariolé, en maître du crayon et desperspectives audacieuses, la figure de JésusGabân s'impose avec des titres comme ElCapirote de Onofre (S.M., 1955) ou ElGigante y el leôn del Atlas (Ediciones B,1991), dont il est aussi l'auteur du texte. Ildonne souvent forme et couleur aux tradi-tions populaires, si l'on en croit les livrescomme Personajes imaginarios en peligro de

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extincién (Aura, 1994), Catalina de Binimella (Aura, 1992) ou El Ferrer i eh dimonis(La Galera, 1994).La précision des détails et la maîtrise descadrages rendaient superbes aussi les imagesde ce « poids lourd » de l'illustration espa-gnole, proche de la ligne d'Hedelmann,qu'est Miguel Angel Pacheco, mais qui pré-fère, aujourd'hui écrire et enseigner lemétier d'illustrateur. Citons de lui, commehumble pièce délicate et délicieuse Unasemana con el ogro de Cornualles (Anaya,1993) où il excelle, tant par son talent d'écri-vain que d'illustrateur.Et peut-être tout aussi superbe dans sonhyperréalisme lyrique et éclairé, nous évo-querons Juan Rainén Alonso, dont on mon-trerait volontiers le livre El Hombre, el ârboly el camino (S.M., 1994). On ne saurait ache-ver l'exploration de cette voie illustrative enEspagne sans citer les images riches en densi-té de couleur et d'onirisme de MiguelanxoPrado, ni l'œuvre frêle, délicate et exquisede Joki Mitxelena, deux illustrateurs plusjeunes, dont l'œuvre se développe dans leséditions respectivement en galicien et enbasque, à la plus grande gloire de ces publi-cations.

On peut choisir aussi une deuxième voiepour communiquer grâce aux illustrations :l'illustrateur peut se savoir en possessiond'un monde poétique qui lui appartient,qu'il est le seul capable d'extérioriser. Cetélan artistique qui irait du monde intérieur del'artiste vers le monde extérieur n'est pas sansrisque, car l'illustrateur pourrait ne pas trou-ver d'interlocuteurs à son discours visuel, lacommunication ne s'établirait pas. Ce qui peutarriver... et qui arrive. Mais tel n'est pas le casde Frédéric Clément ni de Dusan Kâllay, dontl'empreinte d'une poétique - pas forcementlyrique - personnelle a réussi à trouver deséchos dans toute l'Europe.Ce n'est pas non plus le cas de la poétiquevisuelle maniérée, égotiste et baroque, certes,

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mais éblouissante de Francis Meléndez dontLeopold (Aura, 1991) El Peculiar raïly Paris-Pekin (Aura, 1991) ou El Viaje de Colonus(Aura, 1991) ont laissé bouche bée le publicespagnol, d'autant plus que ces trois livresaudacieux sont sortis l'un après l'autre, sansmême le temps d'un soupir pour faire lebilan.Plus aérée, plus tendre et délicate, quasi-ment féerique, nous vient à la mémoirel'œuvre solide d'Asun Balzola dont la poé-tique ferait pour ainsi dire plus de place auxtannka japonais qu'à l'épopée. Munia y laluna (Destino, 1982) et les autres albums dece tendre personnage, ainsi que Por los aires(S.M, 1991) ou La Fada del mirall (La Gale-ra, 1996) prouvent sa sensibilité, quis'exprime, bien souvent, à travers sespropres textes.

Dans le registre d'une poétiquelyrique personnelle, il faudraitaussi citer Carme Sole iVendrell -, bien connue du publicfrançais grâce à Les Enfants de lamer (Siruela / Syros, 1991) avecses ellipses poignantes etmuettes, plus fortes par lesnuances chromatiques que parle trait, ou l'incroyable ManoloBoix, peintre, graveur, typo-graphe, imprimeur, artiste ensomme, dont le livre La Serp,el riu (Generalitat Valenciana,1986) a réussi à refléter toutel'essence de la Méditerranéeen une seule frise continuelongue de 3 mètres. Plus pro-digue, Mabel Piérola dans sondernier livre primé, No se (S.M,1998), ne fait que confirmer la valeurde ses images au trait titubant,errant, avec des couleurssobres, capables d'exprimer,pourtant, en 14 planches seule-ment, toute la métaphysique du

monde. Il faut aussi faire une grande placeau plus jeune, mais ô combien plus inquié-tant, puissant, et superbe Sergio Casas dontles deux premiers livres, Marmelada deamoras (Biblioteca Nova, 1997) et Rumbo ailla de San Simon (Xunta de Gah'cia, 1998),donnent tout à espérer de ses mélangesd'images, où la photographie, l'ordinateur,l'huile et le trait libre et élancé se relientdans une magie obscure.

Munia y la senora Piltronera,

mil. Asun Balzola, Ed. Destino

Entre l'extrême subjectivité poétique etl'extrême objectivité documentaire, il y a biend'autres voies pour communiquer visuelle-ment avec les enfants. Ce peut être par la plushumble des voies, l'empathie affectueuse. Onutilisera alors des formes rondes, des figures

souriantes, des couleurs nuancées, desreflets doux, etc., comme le font, d'unefaçon fort agréable et réussie, Danielle

Bour OU Marie-José Sacré en France.En Espagne, un très bon représen-tant de cette ligne serait UlisesWenseD, peut être mieux connu en

Europe - grâce à ses publicationschez Bayard Presse ou chez

^ Otto Maier Verlag -, que cheznous où il y a longtemps qu'iln'a pas publié de nouveauxtitres. Mais l'on n'a pasoublié ses parutions chez

Altea dans les années 80.Maria Rius, se montrait tout

aussi capable de communiqueraffectivement et effectivementavec les enfants, mais il y adéjà longtemps qu'elle ne nousoffre plus de joyeuses sur-

prises, du genre de Guaraçû(La Galera, 1978) ou El Camp, h,

muntanya, la dutat, el mar (Par-ramon, 1985). Pourtant, cettevoie, la plus fréquentée dansl'illustration pour enfants,(bien que souvent sans renou-veau contrairement aux deux

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auteurs précédents) n'est pas éteinte, commele prouvent les œuvres de Jésus Zaton avec ElReino de las siete estrellas (Jûcar, 1990), oude Xan Lopez Dominguez dans Gago permerenda (Edebé, 1995).Cependant, celui qui a réussi à élargir lesattentes quant à ce qui peut se faire dans cedomaine, si l'on ajoute à la tendresse unbrin d'humour, un peu d'ironie, une poignéede poésie et une solide habileté technique,c'est Gusti (Gustavo Ariel) dont le magni-fique Perro y gato (La Galera/Hachette,1998) en dit long sur sa façon de nous tou-cher au vif. Sa collection Pip (Abadia deMontserrat, 1987) a fait fureur au Japon etil continue à nous régaler avec des imagessans aucune mièvrerie qui illustrent souventles textes de Ricardo Alcântara.

S'il est tout à fait normal de communiqueravec les enfants en faisant appel à l'affectif, ilest tout aussi normal de faire appel à l'ingé-niosité, à l'esprit espiègle, à l'ironie mordante,comme le fait Philippe Corentin en France. Cesont de grands moments de rire que la décou-verte des images de Montse Ginesta, dont lesfigures fraîches, presque naïves, cachent plusde choses qu'elles n'en disent (le derniermodèle de Jean-Paul Gaultier, par exemple) etdont les décors presque vides de référencesdeviennent acidulés et attirants comme desnuages de coton. Regardez ses géants dévo-

Perro y gato, ill. Gusti, La Galera/Hachette

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J:

v f - A - à . : :

Gargantua, ill. Montse Ginesta, Proa

reurs du Gargantua (Proa, 1986) ou sesdiables en train de prendre le thé à La Rocadel diable (Abadia de Montserrat, 1999) etvous serez pris au piège de son humour bouf-fon, tout comme ses jeunes lecteurs.Avec une ligne plus caricaturale et ingénue,et moins orientée vers le design, il y a encoredeux illustrateurs à ne pas manquer. L'une,vous la connaissez bien grâce aux dessinsanimés de la TV, mais aussi aux livrespubliés chez Circonflexe ou Bayard, parexemple. C'est Roser Capdevila dont lesfourmillantes mésaventures de La BruixaAvorrida (Planeta, 1997) ou de La Rosa deSant Jordi (Cruïlla, 1989) ne manquentjamais de piquant. L'autre, plus jeune, esttout aussi satirique. Il s'agit de Mikel Val-verde, qui a mis sa plume et son pinceau auservice des deux plus formidables chiens de lalittérature d'enfance espagnole : la chienneXola de Xolak badu lehoien berri (Erein,1995) et de Xola eta basurdeak (Erein, 1997)et le chien Bambulo (Erein/S.M., 1999).

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Avec moins d'effet de caricature, on appré-cie aussi l'esprit, proche de celui de Sempé,d'Emilio Urberuaga qui crée ses person-nages à partir des textes d'Elvira Lindo,comme Manolito Gafotas (Alfaguara, 1990) ;on rit aussi avec l'esprit aigu de Juan CarlosEguillor, dans Opération Yogur (Anaya,1997) qui doit tant à la culture pop ; et aveccelui, plus frappant et élancé, de Josep M.Rius, Joma, dont la recréation de contespopulaires, tels que La Rateta que escombra-va Vescaleta (La Galera, 1993) ou El Sabateri en Banyeta (La Galera, 1997), laisse entre-voir une virulente critique sociale. Parmi lesjeunes talents qui parsèment de poivre douxleurs illustrations, Cristina Losantos, dont onappréciera tous les petits détails ironiques deson livre Ton i Guida (La Galera, 1995).

Si, jusqu'ici, ont été parcourus les cheminsqui vont de l'objectivité formelle à la subjec-tivité poétique, puis de la tendresse émotiveà l'astuce ingénieuse, on peut à présent selaisser impressionner par l'impact gra-phique. Tout comme dans la publicité, il y a

des images qui frappent l'œil par la force deleurs couleurs intenses, par les techniquesoù le noir du trait règne en robuste majesté,par les formes et les cadrages qui doiventtout au design, etc. C'est un peu le cas deGrégoire Solotareff, ou de Lionel Kœchlin enFrance.

En Espagne, cette sorte d'illustration se trou-verait plutôt dans l'est, sur la côte méditerra-néenne, ce qui est peut-être dû au fait que laplupart des illustrateurs de ces régions fontplus volontiers leur apprentissage dans desfacultés de design qu'aux Beaux-Arts. Un desartistes les plus importants formés dans le gra-phisme est sans doute Pep Montserrat qui,avec El Régal (La Galera, 1996) a su présen-ter une histoire très tendre avec des imagestrès fortes, pleines d'impact, non seulement àcause du pliage des pages, mais aussi grâce àl'épais trait noir qui profile les personnagesdans des cadrages magistraux. Son art lui afait mériter récemment presque tous les prixd'illustration, et sa jeunesse permet de parierfort sur lui dans l'avenir.

El Sabater i en Banyeta, ill. Joma, La Galera

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Le Bon cadeau (El Régal)

ill. Pep Montserrat, Calligram

D'un graphisme qui tend de plus en plus versla signalétique, même s'il a fait ses débutsdans une ligne claire qui faisait penser àBécassine, on admire, sans réserves, les illus-trations d'Arnal Ballester, qui vient toutrécemment de nous régaler d'une œuvremagistrale, bicolore, grandiose dans sonsilence, No une paraules (Je n'ai pas de mots)publiée par la maison d'édition la plus auda-cieuse du moment dans toute l'Espagne : leséditions Media Vaca, en 1998. (Voir l'illustra-tion de couverture de ce numéro et l'interviewen encadré). Le dernier livre pour enfantsd'Arnal Ballester est La Llegenda de GidUemTell (La Galera, 1999) où l'on apprécie fortbien son orientation vers la signalétique.

La plus récente révélation dans le domainede la communication graphique, nous vientde Gabriela Rubio, dont les lecteurs fran-

çais connaissent Pestiféré la sorcière(Seuil, 1998), à qui l'on vient de décer-

ner un des prix d'illustration les plusréputés pour son œuvre Las Fotos de Sara(Destino, 1999) avec des noirs aussi intenseset agressifs que les rouges ou les verts.D'un impact tout aussi graphique, maisassez éloigné des précédents, il ne faut pasoublier les noms des Valenciens Paco Gimé-nez, dont le dernier livre, Papààà !, est unexemple très clair à la fois de sa façon parti-culière de composer et d'équilibrer lesimages, et de sa patiente technique de miseen couleurs, et celui de Miguel Calatayud,l'artiste qui sait emplir ses illustrations de ceque l'on pourrait définir comme desmosaïques graphiques, et que l'on trouve,dans une splendeur féerique dans son der-nier album, Columbeta, la isla libro (Anaya,1999).

Dans le domaine des images à impact gra-phique, mais avec des noirs plus en clairs-obscurs et des cadrages plus picturaux, onpeut citer l'œuvre d'un illustrateur madri-lène, Javier Serrano, qui montre son solidebagage artistique dans des livres commeOriente de perla (Anaya, 1991) ou ElTemible Safrech (Aura, 1992).

Las Fotos de Sara, ill. Gabriela Rubio, Destûio

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Ces cinq voies, celles qui permettent le plusfréquemment aux livres pour enfants de s'épa-nouir en beauté, ont permis, avec l'aide detrente ambassadeurs de luxe, de faire un brefparcours représentatif dans le livre d'enfanceillustré espagnol.Ces cinq voies de communication, capables demettre en relief et de stimuler les processuscognitifs, affectifs, dialectiques, symboliqueset abstraits de la pensée des lecteurssont certes partout les mêmes. Mais chaqueillustrateur, et même plus précisément chaquetitre, peut se situer sur un point ou l'autre desaxes - que ceux-ci se trouvent entre

la vision objective ou subjective de la réalité,entre les repères du sentiment et de l'esprit ouentre le signe et la sémiologie - qui fonnent latrajectoire cognitive du lecteur. Trajectoiredont il a fort besoin pour élargir et enrichir sapropre vision personnelle et enrichissante ducosmos. Grâce aux illustrateurs dont on vientde parler, mais aussi grâce à ceux qui les ontprécédés, côtoyés ou qui viendront lesrejoindre, les enfants espagnols ont de mul-tiples possibilités d'imaginer le monde tel qu'ilest, tel qu'il pourrait être, et même tel qu'il nesera jamais. Bravo et merci à tous, même àceux qu'il n'a pas été possible de citer ici. I

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ADRESSES DES PRINCIPALES ASSOCIATIONS D'ILLUSTRATEURS EN ESPAGNE

• APIC (Associacio Professional d'Ilustradors de Catalunya) Balmes 205, 1er. T.08006 Barcelona - Tél. 34 93 416 14 74

• APIM (Asociacion Profesional de Ilustradores de Madrid) Montera 34, 4° 8",28013 Madrid - Tél. 34 91 532 58 20

• APIV (Associacio Professional d'Ilustradors de Valencia) Salamanca 49, T ptal3.46005 Valencia - Tél. 34 96 374 45 06

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