23Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie / Année 6/Août 2006. © 2006. Elsevier Masson SAS.Tous droits réservés.

Psychiatrie

Neurologie

Gériatrie

Dossier Les CMRR

L’organisation de la formationdans le CMRR Ile-de-France

M.-L. Seux, O. Drunat,V.Antoine, S. Benisty, B. Dubois,A.-S. RigaudService de Gérontologie, Hôpital Broca, 54-56, rue Pascal, 75013 Paris.

Correspondance : M.-L. Seux, adresse ci-dessus.E-mail : marie-laure.seux@brc.aphp.fr

Résumé

La formation, l’éducation et l’information surla maladie d’Alzheimer et les démences appa-rentées est un axe majeur des missions duCMRR Ile-de-France. Une commissionFormation a été mise en place. Elle contribue àla formation des spécialistes des ConsultationsMémoire, des professionnels en ville, desfamilles et également des patients. Nous avonsdéveloppé différents types d’enseignement :présentation de cas, conférences et enseigne-ments formels (universitaires). L’enseignementpar téléconférence est en cours d’étude.

Mots-clésCommission Formation, CMRR Ile-de-France,Consultation Mémoire.

Summary

Training in the Ile-de-FranceMemory centersTraining, educating, providing information onAD and related disorders is a major task amongthe missions of CMRR Ile-de-France. A trainingworking group has been set up. It contributesto train specialists in the memory centres,professionnals in the community, familialcaregivers and also patients. We havedevelopped different types of trainingincluding cases presentation, conferences andformal trainings. Teleconference is currentlybeing developed.

Key wordsTraining working group, CMRR Ile-de-France,memory center.

Seux M.-L., Drunat O., Antoine V., Benisty S., Dubois B., Rigaud A.-S. NPG 2006; 6 (34): 23-25.

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La prise en charge des personnes souffrant de maladied’Alzheimer et de démences apparentées au domicile est un desgrands enjeux de notre société. La qualité de vie du patient souf-frant de maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées seraoptimisée grâce à la prise en charge par un personnel médicalet une équipe soignante formés et par l’information, l’éducationet la participation de la famille.

Une formation pour qui ?

La formation doit concerner les médecins généralistes, les autresmédecins spécialistes, les pharmaciens, les psychologues et neu-ropsychologues, les professionnels paramédicaux : les infirmiers,les kinésithérapeutes, les psychomotriciens, les orthophonistes,les diététiciennes, les aides soignants (dans le cadre des servicesde soins infirmiers à domicile), les aides ménagères, les auxi-liaires de vie, les « aidants naturels » (familiaux ou non, béné-voles ou non). Le patient doit aussi être l’objet d’une informa-tion et si possible d’une éducation à sa maladie. Enfin le grandpublic doit également bénéficier d’informations dans ledomaine.

Pourquoi une formation ?

La formation des médecins généralistes est essentielle car ilssont les premiers à entrer en contact avec le patient et sa famille.Leurs missions sont à plusieurs niveaux : dépister les patientssouffrant de troubles cognitifs et les orienter vers le spécialisteen vue d’un diagnostic précis et d’une proposition de prise encharge adéquate. Lorsque le diagnostic est posé, le médecingénéraliste annonce le diagnostic au patient et à sa famille etmet en place la prise en charge médicale et psychosociale. Parailleurs, le médecin généraliste doit également prendre encharge l’aidant familial qui subit un fardeau important au coursde l’évolution de la maladie. La formation au repérage destroubles cognitifs concerne aussi les pharmaciens et spécialistes(comme par exemple les ophtalmologues) amenés à voir denombreuses personnes âgées parmi leurs patients.La formation des autres professionnels (secteur ambulatoire,hôpitaux, EHPAD) est également souvent insuffisante dans lacompréhension des troubles cognitifs et de leurs conséquencesainsi que dans leur prise en charge.Il n'existe pas nécessairement de savoir partagé entre ces diffé-rents professionnels. Dans les degrés les plus bas de qualifica-tion, la formation initiale peut être très faible, pouvant mêmecomporter une part d'illettrisme. Des diplômes existent (notam-ment le CAFAD remplacé par le Diplôme d'Etat « d'auxiliaire devie sociale » par décret n° 410 du 26 mars 2002) mais les besoins

des personnes âgées dépendantes sont nettement supérieursau nombre des personnels formés. Aussi, beaucoup d'auxiliairesde vie sont employées sans aucune formation.Le patient doit également être informé, notamment s’il en faitla demande. En particulier, le diagnostic de la maladie est encoreinsuffisamment dit au malade. Dire le diagnostic au patient sejustifie par le droit de celui-ci à connaître la vérité sur sa mala-die. Cette attitude permet au sujet de prendre lui-même, à unmoment où il peut encore le faire, des décisions concernant sontraitement et éventuellement des dispositions concernant sonavenir.Enfin, l’information et l’éducation des familles sont des objec-tifs prioritaires. La famille et l’entourage sont des partenairesessentiels dans l’accompagnement des personnes souffrant demaladie d’Alzheimer. Ils vont voir leurs relations avec la personnese modifier du fait des troubles cognitifs, des troubles du com-portement et du retentissement de la maladie sur l’autonomiede leurs proches. En conséquence, la famille et l’entourage sontdemandeurs de programmes de formation destinés à mieuxcomprendre la maladie, à reconnaître et analyser les réactionsdes personnes souffrant de maladie d’Alzheimer afin d’avoir uncomportement approprié. Ils souhaitent se sentir reconnus parles professionnels afin que leur expérience soit comprise et queleurs besoins soient pris en compte.

Comment organiser la formation ?

Dans cette formation des professionnels, des patients, desaidants et du grand public, le CMRR Ile-de-France a développéplusieurs axes essentiels.

Formation des professionnelsOrganisation de formations sur les démences pour lesprofessionnels du CMRRLes formations organisées par le CMRR sont, d’une part, des for-mations au diagnostic lors de réunions de différents spécialistesau cours desquelles sont exposés des cas cliniques de diagnos-tic difficile (cas cliniques exposés une fois par mois à l’Hôpitalde la Pitié-Salpêtrière), d’autre part, des discussions de situationsde prise en charge difficile (réunions trimestrielles à l’HôpitalBroca).

Promotion des différents enseignements sur lesdémences sur l’Ile-de-FranceAu niveau de la formation continue, le CMRR a inclus un moduleoptionnel d’enseignement des démences dans le cursus des étu-diants en médecine.Au niveau de la formation continue encore, le CMRR a développédifférents enseignements (DIU) et formation LMD en neuropsy-

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Organisation de la formation dans le CMRRIFM.-L. Seux et al.

chologie. Par ailleurs, le CMRR fait connaître les autres ensei-gnements universitaires sur la région Ile-de-France (si les ensei-gnants le souhaitent).Le CMRR s’est également donné pour objectif de recenser et defaire connaître les enseignements dispensés par lesConsultations Mémoire et les réseaux Alzheimer/gérontolo-giques.

Développement de stratégies destinées à renforcer et àaméliorer l’informationUn grand nombre de données médicales sont disponibles. Eneffet, les prises en charge préventives, diagnostiques et théra-peutiques des malades sont en constante évolution à partir desnouvelles données de la littérature. Cependant, il est difficilepour chaque professionnel de santé de lire toutes les donnéesapportées par la littérature scientifique, d’en faire la synthèse etde l’intégrer dans sa pratique quotidienne. Sous l’égide du CMRRde Bordeaux (en particulier sous l’impulsion du Professeur Jean-François Dartigues), un site de bibliographie a été mis en place.Des lecteurs appartenant à tous les CMRR français participent àsa mise à jour régulière.

Formation des patients et des famillesDes programmes de formation destinés aux patients et auxaidants sont nécessaires afin d’expliquer la maladie, de sensibi-liser aux signes d’appel, reconnaître et analyser les réactions despersonnes souffrant de troubles cognitifs, sensibiliser à la rela-tion d’aide de l’entourage, de faciliter la communication dans larelation d’aide, de créer un échange entre les aidants.Différentes options peuvent être proposées. Nous citerons lesprogrammes d’aides aux aidants, les Cafés Alzheimer à l’atten-tion des patients et des familles.Le rôle de la Commission « Prise en charge non pharmacologiquedes démences » sera, entre autres, de faire le recensement desformations existantes et de les faire connaître à l’ensemble desConsultations Mémoire.

Conclusion

Le CMRR doit jouer un rôle majeur dans l’information et la for-mation des différents acteurs autour du patient souffrant de MAet démences apparentées. Les nombreuses formations actuel-lement développées sont, sans doute, à même de concourir à cetobjectif. Il est, par ailleurs, prévu de proposer des programmesde télémédecine dans ce domaine qui devraient permettre decontribuer à l’amélioration de la formation sur l’Ile-de-France. ■