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Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 1 1/5 L'organisation parallèle de Marine Le Pen pour 2017 PAR MARINE TURCHI ARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 14 OCTOBRE 2014 En amont de la présidentielle de 2017, un petit cercle fermé s'active pour Marine Le Pen, loin de l’agitation du siège du Front national et des caméras. On y trouve son micro-parti, "Jeanne", mais aussi des prestataires liés à la nébuleuse des anciens du GUD qui travaillent pour le FN et pour ses villes. C'est l'équipe fantôme de Marine Le Pen, celle qui n'apparaît dans aucun organigramme mais qui la côtoie depuis vingt ans. En amont de la présidentielle de 2017, ce petit cercle fermé s'active, loin de l’agitation du siège du Front national et des caméras. On y trouve le micro-parti de la patronne du FN, mais aussi des prestataires liés à la nébuleuse des anciens du GUD (Groupe Union défense – une organisation radicale d'extrême droite), qui travaillent pour le parti et pour ses villes. [[lire_aussi]] La stratégie de Marine Le Pen est double : laisser ses bras droits Florian Philippot et Louis Aliot piloter le parti et s'appuyer sur une structure plus souple et discrète, où s'activent ses hommes de l’ombre. Tous gravitent autour de son vieil ami Frédéric Chatillon, un ancien leader du GUD devenu son conseiller officieux et le prestataire phare du FN. Ils ont pris leurs quartiers il y a un an au rez- de-chaussée d’un immeuble du XVI e arrondissement parisien, au 27, rue des Vignes, comme l'a raconté Marianne. Une centaine de mètres carrés où est aménagé un petit studio de retransmission. « Il n'y a pas d'argent, les banques ne prêtent plus au FN, c'est extrêmement difficile. Il y a une organisation qui est nécessaire », explique à Mediapart un membre de cette « GUD connection ». La présidente du Front national s'est rendue à plusieurs reprises rue des Vignes, pour des réunions, pour l'enregistrement de certaines vidéos, comme ses séances de questions-réponses avec les internautes ou encore un pot pendant les municipales. Certains responsables frontistes y ont également fait un saut. « Il y a une séparation entre le Front et les activités de communication », rapporte un cadre du parti. « Il y a certaines choses qui se font ici (au siège du FN - ndlr), d'autres ailleurs. Ça ne me pose pas de problème que Marine Le Pen puisse aller là-basvoir les documents de campagne ou le site », justifie sa soeur Yann Le Pen, responsable des grandes manifestations du FN. Les locaux du 27, rue des Vignes, dans le XVIe arrondissement de Paris. © M.T. / Mediapart Marine Le Pen dispose désormais de sa propre structure, hors du contrôle du FN. Cette autonomisation financière a commencé en novembre 2010 avec la création de son micro-parti, Jeanne, pour mettre fin à la mainmise de son père, qui n'a jamais cédé les rênes de son association de financement, Cotelec. C’est d'ailleurs au "27" que Jeanne vient officiellement d’emménager, d’après le Journal officiel. Rien d’étonnant, puisque c’est aux anciens du GUD que la présidente du FN a confié les finances de cette association, comme Mediapart l’a raconté. Au fil des années, le micro-parti a suivi les ex-Gudards dans leurs déménagements au sein du cossu XVI e

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L'organisation parallèle de Marine Le Penpour 2017PAR MARINE TURCHIARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 14 OCTOBRE 2014

En amont de la présidentielle de 2017, un petit cerclefermé s'active pour Marine Le Pen, loin de l’agitationdu siège du Front national et des caméras. On y trouveson micro-parti, "Jeanne", mais aussi des prestatairesliés à la nébuleuse des anciens du GUD qui travaillentpour le FN et pour ses villes.

C'est l'équipe fantôme de Marine Le Pen, celle quin'apparaît dans aucun organigramme mais qui la côtoiedepuis vingt ans. En amont de la présidentielle de2017, ce petit cercle fermé s'active, loin de l’agitationdu siège du Front national et des caméras. On y trouvele micro-parti de la patronne du FN, mais aussi desprestataires liés à la nébuleuse des anciens du GUD(Groupe Union défense – une organisation radicaled'extrême droite), qui travaillent pour le parti et pourses villes.

[[lire_aussi]]

La stratégie de Marine Le Pen est double : laisserses bras droits Florian Philippot et Louis Aliot piloterle parti et s'appuyer sur une structure plus soupleet discrète, où s'activent ses hommes de l’ombre.Tous gravitent autour de son vieil ami FrédéricChatillon, un ancien leader du GUD devenu sonconseiller officieux et le prestataire phare du FN.

Ils ont pris leurs quartiers il y a un an au rez-

de-chaussée d’un immeuble du XVIe arrondissementparisien, au 27, rue des Vignes, comme l'a racontéMarianne. Une centaine de mètres carrés où estaménagé un petit studio de retransmission. « Il n'y apas d'argent, les banques ne prêtent plus au FN, c'estextrêmement difficile. Il y a une organisation qui estnécessaire », explique à Mediapart un membre de cette« GUD connection ».

La présidente du Front national s'est rendue à plusieursreprises rue des Vignes, pour des réunions, pourl'enregistrement de certaines vidéos, comme sesséances de questions-réponses avec les internautesou encore un pot pendant les municipales. Certainsresponsables frontistes y ont également fait unsaut. « Il y a une séparation entre le Front et lesactivités de communication », rapporte un cadre duparti. « Il y a certaines choses qui se font ici (ausiège du FN - ndlr), d'autres ailleurs. Ça ne me posepas de problème que Marine Le Pen puisse allerlà-basvoir les documents de campagne ou le site »,justifie sa sœur Yann Le Pen, responsable des grandesmanifestations du FN.

Les locaux du 27, rue des Vignes, dans le XVIearrondissement de Paris. © M.T. / Mediapart

Marine Le Pen dispose désormais de sa proprestructure, hors du contrôle du FN. Cetteautonomisation financière a commencé en novembre2010 avec la création de son micro-parti, Jeanne, pourmettre fin à la mainmise de son père, qui n'a jamaiscédé les rênes de son association de financement,Cotelec.

C’est d'ailleurs au "27" que Jeanne vient officiellementd’emménager, d’après le Journal officiel. Riend’étonnant, puisque c’est aux anciens du GUD quela présidente du FN a confié les finances de cetteassociation, comme Mediapart l’a raconté. Au fildes années, le micro-parti a suivi les ex-Gudards

dans leurs déménagements au sein du cossu XVIe

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arrondissement. Initialement domiciliée à la mêmeadresse que Dreamwell, société de Frédéric Chatillonet Olivier Duguet (ex-GUD et ex-trésorier de Jeanne),elle a rejoint la rue des Vignes où ils étaientune quinzaine de personnes à s'affairer pendant lesmunicipales.

Axel Loustau lors de son interpellation dans les débordements d'une manifanti-mariage pour tous le 23 avril 2013 aux Invalides. © N. Serve / Mediapart

Si Frédéric Chatillon était présent au "27" pendant lesdernières élections, il n'en est pas le maître d’œuvre.Devenu trop visible, l'ancien chef du GUD est partià l'étranger « se mettre au vert », rapporte l'un deses amis. Mais c'est son plus proche associé, AxelLoustau, devenu trésorier de Jeanne, qui pilote lalogistique. Cet autre ancien du GUD, prestataireoccasionnel du FN avec sa société Vendôme sécurité,a mis la main sur le rez-de-chaussée de l'immeubleavec la société civile immobilière Les Vignes, crééeen toute discrétion en juillet 2013 avec sa femme, etdont il a cédé la gérance. Dans l'actionnariat de cetteSCI, on retrouve... Frédéric Chatillon.

Le tandem Loustau-Chatillon a permis à plusieursprestataires de confiance de Marine Le Pen de s'yinstaller. Pour certains à titre gracieux, pour d'autres enpayant un loyer « très en dessous des prix », rapportel'un d'eux à Mediapart. Ces sociétés assurent à laprésidente du FN des tarifs « cinq fois en dessous dumarché », affirme-t-il. C'est le cas pour Stream onfire, société de captation vidéo d’événements, crééeelle aussi en juillet 2013, et qui dispose de bureaux au"27". L'entreprise ne compte aucun salarié et travaille

à la tâche, avec des prestataires. À sa tête, on trouve unami de vingt ans de Loustau et Chatillon : ChristopheBoucher.

Axel Loustau, à droite de Grégoire Boucher, l'homme à l'oreillette,lors du « Jour de colère » à Paris, le 26 janvier 2014. © M.T. / Mediapart

Celui-ci a déjà été associé à Frédéric Chatillon en2003, lors de la création de la revue Sentinel, quidécrypte les « menaces contemporaines ». Son frèreGrégoire, catholique traditionaliste, a organisé avecAxel Loustau la manifestation « Jour de colère » quia vu défiler à Paris l'extrême droite la plus radicale et la« Dieudosphère ». Il a aussi été associé à l'ex-trésorierde Jeanne, Olivier Duguet, avec qui il a été condamné àsix mois de prison avec sursis pour « escroquerie » aupréjudice de Pôle emploi (lire notre enquête).

Depuis un an et demi, Stream on fire réalise les vidéosdes déplacements de la présidente du FN (exempleici), et une partie des retransmissions de ses meetingssur les sites et les applications mobiles frontistes,comme le discours de rentrée de Marine Le Pen àBrachay (Haute-Marne) ou celui de l'université d'étédu FNJ à Fréjus.

Ces sociétés peuvent aussi compter sur des contratsdans les villes conquises en mars par le Front national.Ainsi, les habitants de Cogolin (Var) ont eu la surprisede voir débarquer un camion de Stream on fire lorsdu dernier conseil municipal, le 29 septembre. Lasociété parisienne a en effet signé un contrat avecla municipalité frontiste pour filmer la séance, aprèsavoir réalisé un « portrait du maire », diffusésur le site du FN, qui « n’a pas été facturé »,explique Christophe Boucher. « Si, après, par nos

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connaissances on peut avoir la possibilité de travailleravec des villes ou des élus, c’est tant mieux », ajoute-t-il.

La société Stream on fire, à Cogolin, le 29 septembre, pour filmer le conseilmunicipal, sous contrat avec la mairie. © Comité « Place publique »

« Je connais Marine, je l'ai rencontréeamicalement il y a vingt ans »

Minh Tran Long, dirigeant de la Patrouille de l'événement, sociétéqui a décroché des contrats à Fréjus. © patrouilledelevenement.com

Même scénario avec une autre entreprise du"27": la Patrouille de l’événement. Cette sociétéd’événementiel compte pour unique client la villeFN de Fréjus, où elle a installé une succursale etanimé toute la saison estivale (lire notre enquête).Derrière, on trouve un autre prestataire de lacampagne présidentielle de Marine Le Pen et membrede cette « GUD connection » : Minh Tran Long.Cet ancien militant de la Fane, un groupuscule violentet ouvertement néonazi dissous en 1980, s'est engagédans la Légion étrangère avant de se reconvertirdans l'événementiel. S'il « ne regrette rien » de sonmilitantisme, il précise : « On avait 16-17 ans, onfaisait les cons, c'était le côté rigolo et provocateurqui nous plaisait. Vous n'imaginez pas le nombre deblousons noirs avec la croix de Malte à l'époque. »

À Fréjus, l'entrepreneur, sollicité par David Rachline,a créé sa société pendant les municipales en misantsur la victoire du jeune frontiste. Lui aussi a proposédes tarifs préférentiels au maire. « Pour la coupe dumonde, je lui ai trouvé l'écran le moins cher d'Europe

et on a sollicité de gros partenaires pour le payer.Pour la fête de la musique, on s'est serré la ceinture,on a resserré le contrat à 29 000 euros. Ils ont étégagnants. Nous, on a fait un pari sur l'avenir »,explique Tran Long. Mais la révélation de ces contratsdans la presse les a « grillés », rapporte l'entrepreneur.«Depuis qu'il est sénateur, Rachline est sous les feuxde la rampe, il a peur d'être accusé de favoritisme.Rien n'est reconduit, pour l'instant. »

Le petit cercle s'est réuni à Fréjus en marge del'université d'été du FNJ. Mais il œuvre dans ladiscrétion. Sur le site de sa société, Minh Tran Longpréfère apparaître sous le nom de « Minh Arnaud», son « deuxième prénom », dit-il. Seul Streamon fire affiche son nom sur la porte du "27" etdans l'annuaire. Pour autant, son patron ne s'étendni sur ses tarifs (« Ce n'est pas dans mon intérêt»), ni sur ses liens avec la présidente du FN. « Jeconnais Marine, je l'ai rencontrée amicalement il ya vingt ans. Pourquoi je vous en dirai plus ? Cesont des relations amicales, voilà, balaie-t-il. Si jel'accompagne dans un déplacement, elle sait que jene vais pas essayer de faire des images qui vont êtreexploitées par Mediapart ou je ne sais qui, en disant“elle a fait ci, elle a fait ça". On travaille en confiance,c’est pour ça qu’ils font appel à moi. »

Pour brouiller les pistes, au fil des mois, adresses,actionnaires et gérants changent et se croisent. Lesuns font travailler les autres. Ce système a d’ailleursété théorisé par un autre ancien gudard présent depuisde nombreuses années dans le premier cercle desLe Pen, Philippe Péninque. À Canal Plus, en avril2013, l'ancien avocat reconnaissait que « oui, autourde Marine, il y a des gens qui n’ont pas trop malréussi dans la vie, qui sont insérés socialement, et quicombattent le système de l’intérieur ». « Je m’honored’avoir été au Groupe union défense, assumait-il.

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On se connaît tous. Nous avons été victimes d’unostracisme. Nous avons essayé de travailler entrenous. »

Frédéric Chatillon prend des photos lors de la tournée de Marine LePen en Italie, en octobre 2011. © Capture d'écran Canal Plus

Entre eux, mais aussi avec la présidente du FN.Comme Mediapart l’avait révélé, Riwal, la sociétéde Chatillon, a perçu 1,66 million d'euros pourdes prestations en communication fournies à MarineLe Pen pendant la campagne présidentielle (presqueun cinquième des dépenses déclarées par la candidate).Tout récemment, l’entreprise a réalisé « les petitsclips proposés lors des européennes », explique YannLe Pen. Riwal est également le prestataire de Jeanne,le micro-parti de Le Pen, pour qui elle confectionne les« kits » de campagne des candidats FN, vendus 16 000euros pièce.

Ce “business” est rentable. Quasiment dénuéed'adhérents et d’événements militants, Jeanne aencaissé 1,7 million d'euros en 2011– sa premièreannée d’exercice –, et 9 millions d’euros en 2012.Le résultat d’une double activité : outre la ventedes « kits », l’association de financement prête del'argent aux candidats FN avec des taux élevés, dansle but d’emmagasiner des intérêts (lire notre enquête).Ce fonctionnement a attiré l’œil de la justice. Lemicro-parti est visé depuis avril par une informationjudiciaire contre X... pour « escroquerie en bandeorganisée » et « faux et usage de faux ». C’est d'ailleursrue des Vignes que les enquêteurs de la brigadefinancière sont allés chercher les factures de Jeanneet la comptabilité de Riwal, lors d’une perquisitionrelatée par Marianne.

Quel est le rôle précis de ce noyau autour de MarineLe Pen ? Ni la présidente du FN, ni Axel Loustaun'ont répondu à nos questions. « Le FN n'a pas les

reins assez solides pour trouver des prêteurs. Lesbanques sont devenues très frileuses. Il faut avoir àce poste une personne de confiance, et Marine a trèsconfiance en Chatillon », croit savoir un cadre frontistequi « trouve qu'on voit beaucoup » l'ancien leader duGUD « au Carré (le siège du parti - ndlr) et dans les

manifestations du FN. Qu'il soit présent au 1er-Mai, aupied de l'estrade, ça me gêne. Il est très marqué, onaurait pu l'éviter. »

En revanche, la présence active de ces anciens duGUD dans les coulisses financières du Front nationalne dérange pas le trésorier du parti, Wallerand deSaint-Just, lui-même ancien de ce groupuscule. « Ehben voilà, les copains ! rétorquait-il l'année dernière àMediapart. C’est comme ça qu’on travaille, avec desamis. Comme Philippe Péninque l’a dit, “nous avonsété des parias, donc nous nous sommes entraidés”. »

Marine Le Pen, son père Jean-Marie Le Pen, son compagnon et vice-président du FN, Louis Aliot au parlement européen, en juillet. © Reuters

La préparation de Marine Le Pen pour 2017 et sachasse aux financements passe aussi par le parlementeuropéen. Les européennes ont permis au FN deréaliser une opération juteuse (lire notre article).Ce sont désormais 23 eurodéputés frontistes – dontl'intégralité de l'état-major du parti – qui touchentchacun l'enveloppe mensuelle de 10 500 euros netaccordé aux parlementaires (un salaire de 6 250 eurosnet et une indemnité de frais généraux de 4 299euros), mais aussi une enveloppe maximale de 21 000euros chacun pour rémunérer leurs assistants chaque

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mois. En tout, 65 personnes (23 députés et leurs 42assistants) bénéficient d'un salaire rémunéré pendantcinq ans, via le parlement.

Mais la patronne du FN a imaginé une autresource de financement : en attendant de formerun groupe au parlement pour bénéficier desubventions européennes, elle veut créer un nouveauparti paneuropéen, le Mouvement pour l’Europedes nations et des libertés (MENL), qui rassemblerases alliés à Strasbourg. Dans un entretien auquotidien russe Kommersant, le 10 octobre, sonconseiller "international" Aymeric Chauprade, chefde la délégation FN à Strasbourg, annonce avoirdéjà lancé « la procédure d'approbation » de cetteformation politique et être « souten(u) par le nombrenécessaire de députés de sept pays membres de l'UE ».

Marine Le Pen était pourtant déjà la vice-présidented'une formation européenne, l'Alliance européennepour la liberté (AEL), créée en 2010. Mais l'objectifde ce nouveau parti est clair : « Nous espérons obtenirdes financements de plusieurs millions d’euros surla mandature », a expliqué Aymeric Chauprade. «Il aurait été insensé de se faire simplement élire auparlement européen et ne pas profiter des biens etdes possibilités à notre disposition et qui peuvent êtreutilisés pour propager nos idées. Pour combattre lesystème, nous utilisons tous ses moyens. »

Le MENL sera résolument tourné vers VladimirPoutine : « Notre ligne politique est orientée sur lesoutien d'un monde multipolaire et de bonnes relationsavec la Russie », a précisé le conseiller de Le Pen,moteur du positionnement pro-russe du FN (lire nosenquêtes sur les réseaux russes du FN ici et là).

Boite noire

Sauf mention contraire, toutes les personnes citées ontété interviewées par Mediapart. Joint, Alain Vizier, ledirecteur de communication du Front national, nousa renvoyé vers le cabinet de Marine Le Pen et versYann Le Pen, responsable des grandes manifestationsdu FN, que nous avons interviewée.

Sollicitée via son chef de cabinet PhilippeMartel, Marine Le Pen a refusé toute interview enexpliquant : « Mediapart, ils savent bien que je neleur parle pas. » Un choix partagé par son chef decabinet : « À titre personnel, je ne vous parle pas. Vousêtes quelque part entre le bien et le mal, la justice etla police. Moi, je suis anti-transparent, je suis pour lesecret, je déteste la transparence. »

Axel Loustau, le trésorier du micro-parti Jeanne,n'a pas retourné nos appels à Riwal et à Vendômesécurité. Les maires FN de Fréjus et Cogolin nous ontconfirmé les contrats octroyés à Stream on fire et laPatrouille de l'événement.

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