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L'ORIGINE DES IDÉES DE GALBRAITH Richard Parker De Boeck Supérieur | Innovations 2006/1 - no 23 pages 235 à 241 ISSN 1267-4982 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-innovations-2006-1-page-235.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Parker Richard, « L'origine des idées de Galbraith », Innovations, 2006/1 no 23, p. 235-241. DOI : 10.3917/inno.023.0235 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur. © De Boeck Supérieur. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - National Chung Hsing University - - 140.120.135.222 - 13/04/2014 03h06. © De Boeck Supérieur Document téléchargé depuis www.cairn.info - National Chung Hsing University - - 140.120.135.222 - 13/04/2014 03h06. © De Boeck Supérieur

L'origine des idées de Galbraith

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L'ORIGINE DES IDÉES DE GALBRAITH Richard Parker De Boeck Supérieur | Innovations 2006/1 - no 23pages 235 à 241

ISSN 1267-4982

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-innovations-2006-1-page-235.htm

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Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Parker Richard, « L'origine des idées de Galbraith  »,

Innovations, 2006/1 no 23, p. 235-241. DOI : 10.3917/inno.023.0235

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Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur.

© De Boeck Supérieur. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites desconditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votreétablissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière quece soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur enFrance. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

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Innovations, Cahiers d’économie de l’innovation n°23, 2006-1, pp.235-241.

POST SCRIPTUM

L’origine des idées de Galbraith

Richard PARKER John F. Kennedy School of Governement

Harvard University John Kenneth Galbraith est une grande figure de la science

économique (peut-être le seul géant de sa génération qui n’a pas encore reçu le Prix Nobel).1

D’où viennent les idées de Galbraith ? Pour beaucoup, son adhé-

sion au keynésianisme dans les années 1930, comme nombre de jeunes économistes de cette génération est suffisante. Dans le chaudron de la dépression, bien qu’il fut très tôt un partisan du New Deal, c’est sa lecture de la Théorie générale en 1936 et l’année universitaire 1937-1938 passée à Cambridge (Angle-terre), qui ont pour toujours déterminé les grandes lignes de sa pensée, bien qu’à partir des années 1950, l’économie galbrai-thienne ait pris des caractéristiques distinctes qui l’ont souvent placé en désaccord vis-à-vis de ses collègues keynésiens à pro-pos de la Synthèse néoclassique.

N’oublions pas que John Kenneth Galbraith a fêté en novembre 2005 son 97ème anniversaire, ce qui signifie que, beaucoup plus que chacun d’entre nous, il a vécu le XXème siècle de première main. Comme il n’a pas lu la Théorie générale avant ses trente ans, la question des influences déterminantes qu’il a subies auparavant reste posée.

L’empreinte des premières années

A sa naissance en 1908, les rois, les sultans et les empereurs

régnaient sur la plupart des nations de la terre, comme ils l’a-vaient fait durant des milliers d’années, et le nombre d’authen-

1 Voir Richard PARKER, John Kenneth Galbraith: His Life, His Politics, His Economics, Farrar Straus Giroux, 2005.

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tiques états démocratiques pouvait être compté sur les deux mains – ou peut-être même sur une seule. L’électricité était nouvelle, l’automobile était nouvelle, le cinéma, le téléphone, l’aviation et la médecine moderne l’étaient également. La ma-jorité des citoyens de la planète étaient analphabètes, et beau-coup vivaient encore, comme leurs ancêtres, de l’agriculture primitive et non de l’industrie. Et déjà les germes du monde d’aujourd’hui – notre monde – étaient présents : l’industrie, la technologie et la science créaient un mode nouveau de pro-duction ; les villes explosaient en nombre et en taille, avec une mixité inquiétante entre une richesse extrême et une extrême pauvreté ; les migrations, l’éducation de masse et les loisirs de masse donnaient ensemble naissance à de nouvelles formes et de nouvelles opportunités d’identité individuelle et commu-nautaire.

Galbraith a parlé avec modération dans ses écrits de l’influence que les premières années de sa vie ont eu sur lui, et comme nous le comprenons de la psychologie, elles ont inévitablement exercé un puissant effet sur sa pensée. La pre-mière guerre mondiale commença quand Galbraith avait tout juste six ans et, quand elle s’est terminée, non seulement le monde dans son ensemble mais aussi celui qu’il connaissait dans la minuscule station d’Iona en Ontario avait changé pour toujours.

Les effets politiques de la guerre ont été importants. Le

Parti libéral de Sir Wilfrid Laurier – auquel les parents de Galbraith ont été longtemps fidèles – a laissé de côté pendant la guerre la question de la conscription, alors que de plus en plus de Canadiens étaient confrontés à l’insanité de la « der des der ».

Quand la guerre a pris fin, Archie Galbraith, père de l’économiste a rejoint l’Union des Fermiers de l’Ontario, un parti insurgé remarquable (fait aujourd’hui presque oublié) qui gagna le contrôle de l’Ontario au cours de la législature de 1919, durant une des années les plus rebelles de l’histoire cana-dienne, quand les grèves ont balayé le pays, et que l’insur-rection était dans l’air. Galbraith avait onze ans, et il s’est sou-vent rappelé les sorties avec son père pour la campagne des candidats du parti, et surtout le moment où son père parla dans la basse cour d’un fermier voisin, grimpé sur un tas de fumier, et commença son discours en s’excusant de s’exprimer depuis « la tribune Tory ».

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Je ne suis pas un historien psychologue, mais l’impact de ces premières années a dû avoir un extraordinaire pouvoir sur le caractère et l’imagination du jeune Ken Galbraith. Il est né dans une famille progressiste et, par beaucoup d’aspects, moderne.

Si Archie Galbraith et la tradition politique progressive qu’il a incarnée sont l’héritage présent dans la pensée de Galbraith, l’enseignement des sciences économiques à la fin des années 1920 et au début des années 1930, constitue l’élément académi-que pré keynésien de même importance. Galbraith a été exposé la première fois à ceci à Berkeley, où, comme vous le savez, il a commencé sa formation universitaire en économie. Galbraith, dans ses mémoires, parle beaucoup de son introduction à Marshall et à la pensée néoclassique, à laquelle il a été formé par Ewald Grether. La plupart d’entre nous n’ont pas été formés à l’histoire de la profession d’économiste, mais il faut souligner que sa formation avec ses professeurs comme Leo Rogin et Howard Tolley ont eu un impact très important.

Les premiers pas dans le monde universitaire : la domination de la pensée

marshalienne Leo Rogin était une jeune figure très en vue quand

Galbraith le rencontra. Agé seulement de dix ans de plus que la plupart de ses étudiants, il lançait des défis à la pensée néo-classique conventionnelle. Ce fut lui qui initia Galbraith à la pensée keynésienne ou plutôt aux grandes lignes de cette pré-théorie générale, de même que plus généralement à la pensée progressiste d’autres non marshalliens (Paul Sweezy plus tard jugea que Rogin avait été influencé par Marx bien que selon ma propre lecture du peu d’œuvres publiées de Rogin, je pense que c’est inexact).

Peu de gens aujourd’hui comprennent cependant le rôle de personnages tels que Rogin, ou réalisent que l’histoire de la science économique moderne en Amérique jusqu’à la grande dépression et Keynes n’est pas une ligne ininterrompue partant de Smith, Ricardo et Mill, à travers Marshall, Walras, les Autri-chiens, et Pareto, mais qu’elle ressemble à quelque chose d’as-sez différent, apparenté à une guerre académique en dévelop-pement qui a enjambé les décennies depuis la guerre civile américaine jusqu’à la dépression des années 1930.

Dans cette guerre, il y avait deux camps, un fonda-mentalement marshallien et néoclassique, et un autre bien plus « Galbraithien » si on veut, connu dans ses débuts comme une

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Ecole socio-historique, et plus tard, comme les premiers Institutionnalistes (bien que ni l’un ni l’autre de ces termes soit entièrement satisfaisant).

Avec la publication en 1890 des Grands Principes de Marshall, l’enseignement de l’économie dans les puissantes universités privées de l’Est – Harvard, Yale, Princeton etc., a vite trouvé son texte maître. Mais dans les universités publiques du Centre – Ouest et de l’ouest, dans des Etats comme le Wisconsin, le Texas, Washington, et la Californie, le texte de Richard Ely dominait.

Les premières influences keynésiennes Ely, comme la plupart des économistes socio-historiques,

avait été formé dans l’Allemagne de Wilhelmine, à un moment où après la réunification, le nouvel Etat allemand avait pris son essor en tant que puissance économique et politique, et où l’Etat n’était pas seulement enrôlé dans le développement économique, mais avait été le pionnier (ironiquement sous Bismark) de la création du premier Etat providence moderne. Pour des personnalités comme Ely, le « Modèle allemand » exerçait une attraction magnétique, confrontant les ruptures massives de l’industrialisation américaine aux justifications du darwinisme social qui l’accompagnaient.

Pour Ely, l’économie était avant tout une science morale, et en tant que socialiste chrétien, il a fondé l’Association Amé-ricaine d’Economie en 1885 en pensant que les économistes doivent diriger l’action de l’Etat, « et se prononcer sur les con-séquences d’une telle action, si elles seront bonnes ou mauvaises ».

En 1919, ce fossé dans la profession était si important que le premier grand économiste mathématique, Irving Fisher de Yale, en fit le sujet de son discours à la présidence de l’Asso-ciation Américaine d’Economie. Fischer, dans son discours, a franchement décrit la profession d’économiste comme pro-fondément écartelée entre les « conservateurs » et les « radi-caux », et réclamé une trêve basée sur l’adoption simultanée d’une approche théorique marshallienne et d’un ordre du jour législatif très progressiste qui incluait brusquement un impôt progressif, un impôt de près de 100% sur les successions pour réduire les inégalités de richesse, et la transformation des grandes sociétés en coopératives.

Grâce à des professeurs du Département d’économie de Berkeley comme Leo Rogin, des jeunes enseignants comme

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Paul Taylor, et grâce à des camarades étudiants progressistes comme Gregory Silvermaster et Robert Merriman (qui est mort pendant la Guerre Civile espagnole combattant pour la République), Galbraith a appris beaucoup du « camp » con-current progressiste dans la science économique américaine comme il avait appris sur Marshall grâce à Ewald Grether.

Le ministère de l’agriculture

Un fait non moins important, dans sa formation agricole à

la Fondation Giannini de Berkeley, est qu’il fut également initié à la pensée la plus récente en matière de politique agricole par des hommes tels que Howard Tolley. Or, nous connaissons peu cette histoire, en tant qu’habitants des villes modernes, ou les tentatives d’économistes tels que Tolley pour soutenir la puissance de l’Etat pour agir sur la crise agricole en déve-loppement. Ici aussi, c’est crucial pour retracer les origines de la pensée galbraithienne. Le ministère de l’agriculture pendant ces années était le plus avancé et le plus développé des mi-nistères de Washington, avec sa propre école supérieure, da-vantage de Docteurs en économie que dans tous les autres ministères, et un sens robuste des manières selon lesquelles le gouvernement fédéral pouvait réinventer ses 150 années histoire pour l’engagement en faveur de la terre et la politique agricole afin de reconstruire le monde dans lequel la moitié des Américains vivaient encore. C’est sous Tolley que Galbraith fut initié à des questions telles que le très contesté projet de loi de McNary-Haugen, à celles de la parité, des lopins de terre individuels et aux nombreuses autres modalités d’intervention structurelle du gouvernement pour le compte des fermiers, qui – bien qu’incarnant l’idéal du petit producteur marshallien dans un monde de concurrence de millions de petits acheteurs et vendeurs – ont été conduits à la ruine, et non à la prospérité, par « le marché » sans entraves. Tolley avait travaillé pendant plusieurs années au ministère de l’agriculture avant de venir enseigner à Berkeley, et qu’il y retourne lorsque Roosevelt devint Président, devenant une légende grandissante à la tête de l’administration des ajustements agricoles.

Ce fut, pour être bref, entre les mains d’hommes tels que Rogin et Tolley que le jeune Ken Galbraith dépassa les puis-santes fondations émotionnelles de la vision du monde pro-gressiste de son père, les leçons données par le comportement de son père pendant la première guerre mondiale et sous le gouvernement de l’Union des agriculteurs/Travail au début des

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années 1920, pour être initié à la science économique, au-delà de la pensée conventionnelle de Marshall.

Une pensée authentique et originale

John D. Black est le dernier personnage qui joua un rôle

central dans la formation de la pensée de Galbraith avant sa rencontre avec le Keynes de la Théorie générale. Ce fut Tolley qui recommanda à Black de recruter Galbraith pour une année pour enseigner à Harvard, où il commença ainsi sa longue carrière de 40 ans. Et ce fut ainsi que Black devint le premier réel mentor de Galbraith, un homme qui n’utilisa pas seule-ment Galbraith comme assistant, mais qui fit méticuleusement progresser sa carrière d’abord à Harvard dans les années 1930, puis en l’aidant ensuite, en œuvrant pour son retour dans cette université en 1948.

Black, comme Tolley, était un personnage imposant dans les instances agricoles politiques et académiques américaines, qui à a lui seul fit pour un temps de l’urbaine Harvard le second plus important producteur de Docteurs en économie agricole du pays. Son énergie inégalée, sa dévotion pour ses étudiants, son service inlassable pour l’avancement des politi-ques progressistes agricoles dans les années 1920, et puis avec un succès bien plus grand, pendant le New Deal firent de lui un géant, maintenant malheureusement très peu connu. Il encouragea Galbraith non seulement dans sa recherche relative à l’agriculture, mais beaucoup plus largement sur les questions structurelles – concernant le comportement des prix, la con-currence, et la concentration dans une économie non agricole – qui préparèrent Galbraith pour « découvrir » Keynes de façon utile (Black, bien qu’il n’avait pas montré d’intérêt particulier pour le keynésianisme, soutint pourtant Galbraith pour aller en Angleterre étudier avec les disciples clés de Keynes en 1937-1938).

Black, cela doit être noté, dans ses propres attitudes progressistes fut profondément influencé par la formation qu’il reçut pendant des années de doctorat à l’université du Wisconsin, où il étudia sous la tutelle d’un grand allié de Richard Ely, John R. Commons. Et ce fut à Alvin Hansen, un collègue de Black à Harvard et un Keynésien reconnu dans la profession (et un camarade diplômé du Wisconsin) que Black, pour ainsi dire, transmis Galbraith à son retour d’Angleterre et durant les années de guerre, achevant de faire de Galbraith un économiste complètement keynésien.

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Galbraith, de différentes façons, fut formé, au sens large, pour embrasser « l’esprit keynésien » de la générosité, de l’hu-manité, et du rôle instrumental de l’économie dans la forma-tion du monde post-capitaliste dans un certain sens, un « esprit keynésien » qui est inévitable quand on lit Keynes dans l’ori-ginal mais qui a été anéanti par une tentative de mettre le maître dans une gigantesque machine où l’Etat serait un sou-tien sans fin à la croissance, et dans un sens plus profondément moral, sans objet.

Nous avons envers Galbraith une énorme dette pour avoir

gardé en vie l’« esprit keynésien » en apportant tout le poids de son propre talent – son adaptation particulière des idées de Keynes, son humour, et sa détermination – dans son propre travail. Amartya Sen, qui fut récemment invité à évaluer la pensée de Galbraith, a considéré L’ère de l’opulence comme un exemple de la grandeur du travail de Ken. Le livre représente, dit-il, la « grande érudition » de Galbraith qui « est tellement devenue une partie de notre compréhension du capitalisme contemporain que nous oublions où elle commence. Elle est comme lire Hamlet et réaliser que c’est plein de citations. Vous réalisez alors d’où elles viennent. »

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