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10 MARS > 20 MARS 2016 www.theatre-quartiers-ivry.com itinéraire bis Berliner Mauer : vestiges JULIE BERTIN JADE HERBULOT LE BIRGIT ENSEMBLE L’Adversaire EMMANUEL CARRèRE FRéDéRIC CHERBœUF COMPAGNIE LA PART DE L’OMBRE Louise, elle est folle et Déplace le ciel LESLIE KAPLAN FRéDéRIQUE LOLIéE - ELISE VIGIER LE THéâTRE DES LUCIOLES 29 MARS > 8 AVRIL 10 > 20 MARS 12 > 17 AVRIL DIPTYQUE STUDIO CASANOVA 69 av Danielle Casanova M° MAIRIE D’IVRY 01 43 90 11 11 Berliner Mauer : vestiges JULIE BERTIN JADE HERBULOT LE BIRGIT ENSEMBLE SERVICE DES RELATIONS AVEC LES PUBLICS Chloé Gillet - Jean-Baptiste Moreno - Marie Picgirard 01 43 90 49 45 / [email protected]

LRE BI gIT ENsEMBLE EMMANUEL CARRèRE itinéraire bis · Laémoire m est un travail, pas quelque chose qui se laisse contempler. Heiner Müller vestige,.m. n 1. Empreinte que laisse

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10 mars > 20 mars 2016

www.theatre-quartiers-ivry.com

itinéraire bis

Berliner Mauer :vestiges JULIE BERTINJADE HERBULOTLE BIRgIT ENsEMBLE L’Adversaire

EMMANUEL CARRèREFrédéric cHErBœUFCOMPAgNIE LA PART DE L’OMBRE

Louise, elle est folleet Déplace le cielLEsLIE kAPLANFrédériqUE loliéE - ElisE vigiErLE THéâTRE DEs LUCIOLEs

29 mars > 8 aVrIL

10 > 20 mars

12 > 17 aVrIL diPTYqUE

sTUDIO CasaNOVa 69 av Danielle Casanova m° maIrIe D’IVry 01 43 90 11 11

Berliner Mauer : vestiges JULIE BERTIN – JADE HERBULOTlE BirgiT EnsEmBlE

serVICe Des reLaTIONs aVeC Les PUBLICs Chloé Gillet - Jean-Baptiste moreno - marie Picgirard01 43 90 49 45 / [email protected]

Berliner Mauer : vestiges

conception et mise en scène Julie Bertin et Jade Herbulot le Birgit Ensemble

d’après des textes de Heiner Müller, Frederick Taylor, Ian kershaw, Peter Handke, Wim Wenders, Richard Reitinger, Florian Henckel von Donnersmarck, John Fitzgerald kennedy, Ronald Reagan, Mikhaïl gorbatchev...

scénographie Camille Duchemin

costumes Camille Aït Allouache

lumière simon Fritschi

son Marc Bretonnière

plateau François Rey

vidéo Yann Philippe

chef de choeur Nikola Takov

avec Eléonore Arnaud Julie Bertin Lou ChauvainLouise Coldefy Emilien Diard-Detœuf Pierre DupratZoé FauconnetAnna Fournierkevin garnichat Jade HerbulotLazare Herson-Macarel Timothée LepeltierAntoine Louvard Morgane NairaudLoïc Riewer Marie sambourgAnaïs Thomas

violoncelle Rachel Colombe

“ Sans alternative, gauche et droite sont des catégories vides de sens. C’est comme deux marchands de saucisses, chez l’un il y a un peu plus de ketchup ; chez l’autre, plus  de  moutarde.  Le  tout  se  ramène  à deux  manières  différentes  de  refiler  aux gens, les mêmes saucisses.”

Heiner Müller

Production Le Birgit Ensemble - Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis. Avec le soutien du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, d’Arcadi Ile-de-France, du Pôle Culturel d’Alfortville. Ce texte a reçu le soutien de la Commission nationale d’Aide à la création de textes dramatiques (CnT). Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National.

La  mémoire  est  un  travail,  pas  quelque chose qui se laisse contempler.

Heiner Müller

vestige, n.m. 1. Empreinte que laisse sur le sol le pied de l’homme ou de l’animal. Synon. trace. 2. Trace laissée par quelqu’un ou par quelque chose.Au pluriel. Ce qui reste d’une chose disparue ou qui a été détruite. Restes plus ou moins reconnaissables de monuments, d’une activité humaine. Ce qui reste d’un groupe d’hommes, d’une société.

Evénement - symbole - héritage

Pourquoi l’histoire du Mur de Berlin ?Pour raconter la fin d’un monde et le début d’un autre, pour exprimer les appréhensions, les espoirs de notre époque.

Il fallait s’intéresser à ce qui, dans la mémoire collective, sonne le glas des idéologies : la chute de l’idéal soviétique, la montée du capitalisme, la victoire de l’individu.

Il fallait traiter d’un événement qu’ont connu de près nos parents. Et que nous avons presque connu nous -mêmes. Car nous sommes nés à ce moment -là, autour de ce moment- là et donc, dans ce monde- là.

Nous voulions raconter une histoire.

Non pas l’Histoire écrite et consignée dans les livres, ni “l’histoire”, la matière, enseignée dans les écoles, les universités… Il ne s’agit pas de quêter une “vérité historique”. Ce sont les symboles attachés à cet événement qui nous intéressent et, dès lors, leurs déformations et leurs transpositions possibles. Ce souhait est né du désir de créer un spectacle dans sa totalité et donc, de ne pas se soumettre à un style d’écriture en particulier. Nous voulions composer, à partir d’un matériau existant et non théâtral, une écriture unique qui n’appartiendrait qu’à ce spectacle. Ainsi, nous avons travaillé la distance qui nous sépare de cet événement à partir d’un matériau hybride : documents d’archive, discours, extraits de films, chansons, improvisations… Cela pourrait donc s’appeler “autour du Mur de Berlin”.

Nous avons imaginé trois mouvements, comme ceux d’une symphonie : union, désunion, réunion, qui correspondent aux trois grands moments de l’histoire du Mur de Berlin. À chaque moment son dispositif scénique propre : l’espace modulable dessine les fractures géographiques, politiques et économiques que nous voulons représenter. Union : Le plateau est propre et nu. Deux gradins se font face. Les spectateurs n’apprennent que plus tard s’ils sont sur le territoire de l’Allemagne de l’Est ou de l’Ouest. L’espace de jeu se transforme progressivement en la ville de Berlin. Désunion : Au dispositif bifrontal initial succèdent deux dispositifs frontaux scindés par un mur érigé sous les yeux du public. Devenus berlinois de l’Est ou de l’Ouest, les acteurs comme les spectateurs sont désormais séparés les uns des autres. Chaque public assiste à un spectacle différent tout en entendant celui qui lui reste invisible. Du son, un silence, parfois, des bribes d’images ou un acteur franchissent le mur. Rien de plus. réunion : Le mur tombe. Les spectateurs disposés de part et d’autre du plateau se retrouvent à nouveau face à face dans un espace bifrontal, et, cette fois-ci, le sol porte les stigmates des événements : traces de sciure, empreintes de pas, débris. Rejouer l’histoire du Mur de Berlin correspond au désir d’interroger artistiquement son héritage. Nous sommes nés entre 1986 et 1990, c’est-à-dire au moment de sa chute. Nous avons alors hérité d’un nouveau monde : suprématie américaine, déclin définitif du communisme en Europe, primat de l’individu, enjeux politico-économiques à l’échelle mondiale. Nous voulions ré-assembler et ressaisir ce dont nous sommes les héritiers. Nous voulions capter les impressions que nous conservons d’un événement dont nous n’avons pas mémoire. Déceler les traces qui nous restent de ce 9 novembre 1989 : traces qui nous déterminent et sur lesquelles, en même temps, nous n’avons pas de prise. De quoi avons-nous hérité ce jour-là ?

Julie Bertin et Jade Herbulot

Premier mouvement : Avant le Mur Février 1945 : Quelques mois avant la capitulation de

l’Allemagne nazie, les alliés se retrouvent à Yalta pour s’accorder sur la gestion économique et politique des futurs vaincus. Les négociations sont âpres entre Roosevelt, Churchill et Staline. Ils conviennent de diviser Berlin en quatre secteurs. Dès lors, les Soviétiques veulent forcer les alliés à quitter Berlin.

Du 24 juin 1948 au 12 mai 1949 : L’URSS organise le blocus de Berlin-Ouest. En 1949 sont créées la République Fédérale d’Allemagne (RFA) et la République Démocratique Allemande (RDA). C’est le début de la sécurisation de la frontière entre les deux états.

De 1949 à 1961 : Environ trois millions de personnes quittent la RDA pour la RFA en passant par Berlin. La RDA est au bord de l’effondrement économique et social.

Deuxième mouvement : Construction du Mur

Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, les soldats de la RDA posent des grillages et des barbelés autour de Berlin-Ouest. La communauté internationale, surprise, manifeste sont indignation. Mais rien n’est engagé pour mettre fin à la situation. Contre toute attente, l’élévation du Mur de Berlin débouche sur la plus longue période de paix qu’ait connue l’Europe Occidentale.

Les Années 70 : la propagande de la RDA désigne le Mur comme un Mur de protection antifasciste la protégeant contre ”l’émigration, le noyautage, l’espionnage, le sabotage, la contrebande et l’agression en provenance de l’Ouest”. Berlin-Ouest devient la vitrine de l’Occident.

Le 12 juin 1987, au cours de la commémoration des 750 ans de Berlin, le président américain Ronald Reagan affirme dans un discours devant la porte de Brandebourg : ”Tear down this wall !”.

Troisième mouvement : La chute, 1989 Le 9 novembre 1989 à 18h57, Günter Schabowski,

secrétaire du Comité central en charge des médias en RDA lit, en direct à la télévision, un projet de décision du conseil des ministres : ”Les voyages privés vers l’étranger peuvent être autorisés sans présentation de justificatifs. […] Les voyages y compris à durée permanente peuvent se faire à tout poste frontière avec la RFA”. ”Quand ceci entre-t-il en vigueur ?” demande un journaliste. ”Autant que je sache – immédiatement” répond Schabowski. Ni les troupes frontalières, ni les fonctionnaires chargés de la Sécurité d’Etat ne sont encore informés. Sans consignes, le point de passage de la Bornholmer Strasse est ouvert à partir de 23h. Une marée humaine se forme devant la porte de Brandebourg. Le Mur tombe.

Berliner Mauer : vestiges © Denis Manin

Berliner Mauer : vestiges © Denis Manin

Conférence de Yalta - Churchill - Roosevelt- Staline

Ich bin ein Berliner

”Je suis fier d’être venu dans votre ville, invité par votre bourgmestre régnant. Votre bourgmestre symbolise aux yeux du monde entier l’esprit combattant de Berlin Ouest. Je suis fier d’avoir visité la République fédérale avec le chancelier Adenauer qui a depuis tant d'années engagé l'Allemagne dans la démocratie, la liberté et le progrès, et de venir ici en compagnie de mon compatriote américain le Général Clay, qui fut dans cette ville durant ses pires moments de crise et reviendra s'il en était un jour besoin.Il y a deux mille ans, la fierté suprême était de dire : "civis Romanum sum". Aujourd'hui, dans le monde de la liberté, la fierté suprême est de dire : "Ich bin ein Berliner". Je remercie mon interprète d'avoir traduit mon allemand !

Il ne manque pas de personnes au monde qui ne veulent pas comprendre ou qui prétendent ne pas vouloir comprendre quel est le litige entre le communisme et le monde libre. Qu’elles viennent donc à Berlin. D’autres prétendent que le communisme est l’arme de l’avenir. Qu’ils viennent eux aussi à Berlin. Certains, enfin en Europe et ailleurs, prétendent qu’on peut travailler avec les communistes. Qu’ils viennent donc ceux-là aussi à Berlin.

Notre liberté éprouve certes beaucoup de difficultés et notre démocratie n’est pas parfaite. Cependant nous n’avons jamais eu besoin, nous, d’ériger un mur pour empêcher notre peuple de s’enfuir. Je ne connais aucune ville qui ait connu dix-huit ans de régime d’occupation et qui soit restée aussi vitale et forte et qui vive avec l’espoir et la détermination qui est celle de Berlin-Ouest.

Le mur fournit la démonstration éclatante de la faillite du système communiste. Cette faillite est visible aux yeux du monde entier. Nous n’éprouvons aucune satisfaction en voyant ce mur, car il constitue à nos yeux une offense non seulement à l’histoire mais encore une offense à l’humanité.

La paix en Europe ne peut pas être assurée tant qu’un Allemand sur quatre serra privé du droit élémentaire des hommes libres à l’auto-détermination. Après dix-huit ans de paix et de confiance, la présente génération allemande a mérité le droit d’être libre, ainsi que le droit à la réunification de ses familles et de sa nation pacifiquement et durablement. Vous vivez sur un îlot de liberté mais votre vie est liée au sort du continent.

Je vous demande donc de regarder par-dessus les dangers d’aujourd’hui vers les espoirs de demain, de ne pas penser seulement à votre ville et à votre patrie allemande, mais d’axer votre pensée sur le progrès de la liberté dans le monde entier.

Ne voyez pas le mur, envisagez le jour où éclatera la paix, une paix juste. La liberté est indivisible et, tant qu’un seul homme se trouvera en esclavage, tous les autres ne peuvent être considérés comme libres. Mais quand tous les hommes seront libres, nous pourrons attendre en toute conscience le jour où cette ville de Berlin sera réunifiée et où le grand continent européen rayonnera pacifiquement.

La population de Berlin-Ouest peut être certaine qu’elle a tenu bon pour la bonne cause sur le front de la liberté pendant une vingtaine d’années. Tous les hommes libres, où qu’ils vivent, sont citoyens de cette ville de Berlin-Ouest et pour cette raison, en ma qualité d’homme libre, je dis : Ich bin ein Berliner.”

John F. Kennedy prononce la formule ”Ich bin ein Berliner” au cours de son discours à Berlin-Ouest le 26 juin 1963. Posté au balcon de l’hôtel de ville de Schöneberg, non loin du mur de Berlin, Kennedy prononce ce discours devant une foule en liesse.

L'impact de ce discours, symbolisé par la formule ”Ich bin ein Berliner” a été considérable durant cette période de la guerre froide. En affirmant qu'en tant que citoyen libre, il était fier de pouvoir dire "Je suis un Berlinois", le Président américain Kennedy montrait tout son soutien à la ville, enclavée dans l'Allemagne de l'Est communiste.

John F. Kennedy, Berlin-Ouest le 26 juin 1963

Ich bin ein Berliner extrait du spectacle

En RFA (sous les yeux des spectateurs) et en RDA (retransmis en vidéo projetée sur le mur).JFK entre, suivi de Jackie Kennedy qui le filme. On entend des clameurs : il est ovationné par le public.À Berlin-Ouest, devant la mairie de Schöneberg, le 26 juin 1963

Je suis… Je suis fier d'avoir visité la République Fédérale d'Allemagne en compagnie du chancelier Adenauer qui, durant de si longues années, construit la démocratie, le progrès et la liberté en Allemagne.

APPLAUDISSEMENTS

Et je suis fier, et je suis fier d'être venu aujourd'hui dans votre ville, invité par Willy Brandt votre maire aimant, qui symbolise aux yeux du monde entier l'esprit combattant de Berlin-Ouest. APPLAUDISSEMENTS

Je ne connais aucune ville mes amis, petite ou grande, qui ait connu 18 ans de régime d'occupation et qui ait gardé cette force et cette vitalité et cet esprit de détermination que montre Berlin-Ouest. APPLAUDISSEMENTS Non non non Bravo à vous !!!Il y a 2000 ans mes amis, dans la Rome antique, la plus grande fierté était de dire : "Civis romanum sum", je suis citoyen romain. Aujourd'hui, dans notre monde, dans le

monde de la liberté, la plus grande fierté, la fierté suprême est de dire : Ich bin ein Berliner !!

APPLAUDISSEMENTSJe rencontre beaucoup de gens dans mon métier vous pouvez l'imaginer et nombre d'entre eux me disent ne pas comprendre, ou prétendre ne pas vouloir comprendre ce qui oppose le monde libre et le monde communiste. A ces gens-là messieurs dames je ne leur réponds qu'une chose : qu'ils viennent à Berlin !

APPLAUDISSEMENTS

D'autres me disent que le communisme est l'arme de l'avenir… Qu'ils viennent donc à Berlin !!

APPLAUDISSEMENTS

D'autres en Europe ou ailleurs prétendent qu'on peut travailler avec les communistes : qu'ils viennent donc ceux-là aussi à Berlin !!!

APPLAUDISSEMENTS

D'autres enfin ont le culot d'affirmer qu'il est vrai que le communisme est un mauvais système mais qu'il nous permet de faire des "progrès économiques"… Lass sie nach Berlin komen, let them come to Berlin, QU'ILS VIENNENT A BERLIN !!!

APPLAUDISSEMENTS

Et qu'ils voient de leurs yeux ce mur, symbole minable, symbole honteux d'un système économique et monétaire dépassé, d'une idiologie défaillante : l'idiologie communiste !

Des ouvriers de l’Est construisent le mur de Berlin sous la surveillance de soldats armés, en août 1961. Crédits photo : Rue des Archives/Picture Alliance

APPLAUDISSEMENTS

Qu'ils survolent en hélicoptère comme nous l'avons fait tout à l'heure avec Jackie la RDA, qu'ils survolent Berlin Est, et qu'ils se rendent compte eux-mêmes, de leur propres yeux ce qui différencie véritablement le monde libre du monde communiste…

APPLAUDISSEMENTS

Alors j'entends déjà mes détracteurs, j'en vois même certains dans la foule, je les entends me dire que le capitalisme non plus n'est pas un bon système !

HUÉES

Non! Non! Ne leur jetez pas la pierre mes amis : ils ont raison, je suis d'accord avec eux. Je suis d'accord avec vous mes amis, le capitalisme non plus n'est pas un bon système, non. Non, notre liberté n'est pas parfaite et notre système démocratique nécessite encore de nombreuses améliorations, je suis d'accord… Seulement, arrêtez-moi si je me trompe, mais il me semble que nous n'avons jamais eu besoin, nous, d'ériger un mur pour empêcher notre peuple de s'enfuir !!!

APPLAUDISSEMENTS

Notre peuple est libre d'aller où il veut !!!

APPLAUDISSEMENTS

Notre peuple est libre de faire ce qu'il veut !!!

APPLAUDISSEMENTS

Notre peuple est libre de voir qui il veut !!!

APPLAUDISSEMENTS se calment jusqu'au silence

Mes amis, je vois dans la foule le petit Hans que j'ai rencontré tout à l'heure. Hans a 8 ans il est en CE2, c'est ça Hans ? Petit bonhomme…Hans me dit tout à l'heure : "Monsieur Kennedy, monsieur Kennedy" alors je lui dis "Non appelle moi John". Il me dit "Monsieur John, ma maman est de l'autre côté de ce mur depuis 2 ans, ça fait 2 ans que je ne l'ai pas vue, elle me manque !!!"Deux ans, mes amis. 730 jours que Hans, 8 ans, en CE2 n'a pas vu sa maman. Sa maman qui n'est pourtant pas si loin, quelques centaines de mètres tout au plus. Quelques centaines de mètres coupés par un mur. Un vulgaire mur en béton armé. Sa maman qui me regarde sans doute, et je lui passe le bonjour.Alors, Hans, je vais te faire une promesse, et je vais faire quelque chose que je fais rarement Hans : je vais me mettre à genoux devant toi. Et ma femme Jackie va se mettre à genoux elle-aussi. Hans, je te le promets : tu reverras ta maman avant Noël. Je fais cette promesse à Hans comme je la fais à tous les habitants de Berlin Ouest, comme je la fais à tous les habitants de Berlin Est qui me regardent, Jackie!, qui me regardent. Comme je la fais à toute la RDA, à toute la RFA, au peuple allemand. Ce peuple allemand divisé en deux Allemagnes. Deux Allemagnes… C'est une Allemagne de trop.

Alors vous vous posez sans doute la question, et vous avez raison de vous la poser : Comment vais-je faire ? C'est une bonne question. Moi même je me la pose parfois. Mais la vraie question, mes amis, n'est pas comment mais QUE dois-je faire ? Détruire ce mur ? Un mur que je n'ai pas construit ? Un mur qui n'est pas à moi ? Et un mur qui n'est pas CHEZ moi ? Mais mes amis, mais si je fais cela provoquera une guerre vous le savez, mondiale, nucléaire cette fois donc encore plus sanglante, encore plus destructrice que les précédentes, c'est ça que vous voulez ? Hans, c'est ça que tu veux ? Une 3ème guerre mondiale pour revoir ta maman ? Noel n'est pas si loin Hans. Et si c'est pas Noël ça sera Pâques.

Mes amis ne voyez pas ce mur. Imaginez le jour où la paix viendra, une paix juste, méritée, éternelle. Quand ce jour viendra enfin, et ce jour est proche je vous le promets, quand ce jour viendra, le peuple allemand dans son intégralité aura la modeste satisfaction d'avoir tenu bon sur le front de la liberté pendant presque une vingtaine d'années.Chaque homme libre, où qu'il se trouve sur notre bonne vieille Terre est citoyen de cette ville de Berlin. Et pour cette raison, en ma qualité d'homme libre je suis fier de prononcer ces mots : Ich bin ein Berliner. Allez viens Jackie !

exTraIT 1

Les gens qui connaissent bien vos derniers textes se plaignent souvent de ce que vos écrits ne laissent aucune place à l’espoir. Qu’en pensez-vous ? Je ne cherche pas à fourguer de l’espoir ; je ne suis pas un dealer. Pourriez-vous donner votre sentiment sur l’avenir de notre monde, que vous peignez dans votre œuvre dans des couleurs si sombres ? L’avenir de notre monde n’est pas mon avenir.«Montrez-moi un trou de souris que j’encule le monde.» (Mineur de la houillère de Klettwitz, RDA) Vous êtes un écrivain d'Allemagne de l'Est mais vous avez été autorisé à circuler librement à l'Ouest. Vous êtes allé aux USA, vous avez travaillé avec Bob Wilson, vous vous comportez déjà comme si les blocs n'existaient plus. Bien sûr, vous reconnaissez leur existence, mais cela ne semble pas constituer pour vous un obstacle. Vous avez fait du monde entier votre lieu de travail. À un certain moment, j'ai cru que [...] s'il devait y avoir un message, il ne pouvait venir que de l'Est. Je croyais que l’Ouest avait encore besoin d'un message. Maintenant, je me rends compte que plus personne ici n'a besoin de ça. Le monde capitaliste est entièrement - comment dites-vous – «besetzen» ... Désinvesti, désaffecté ... À l'Ouest, il n'y a pas de passé et pas d'avenir, la puissance économique y est toute entière mise au service de la désaffection du présent. Dans le bloc communiste, le présent est souvent réduit à pas grand-chose mais il y a un passé, et il y un avenir. Maintenant qu'ils font de leur mieux pour avoir un présent, ils sont obligés de commencer par déblayer le passé.

Alors qui a gagné la guerre ?Le seul pays qui ait gagné la guerre, c'est l'Allemagne de l'Ouest. Mais ils ont perdu leur identité. Ils se sont vidés

de leur substance. En Allemagne de l'Est, personne ne peut se sentir innocent. L'Etat vous culpabilise. Le système vous culpabilise. À force de vivre dans l'oppression, on finit par se sentir coupable, et c'est ça la chance de l'Allemagne de l'Est. Nous, il faut qu'on paie pour la guerre, pour le fascisme, il faut qu'on paie pour tout. Les Allemands de l'Ouest, on ne leur demande pas de payer. Ils ont l'argent, alors ils peuvent se permettre de se sentir innocents. Si seulement je pouvais les culpabiliser un peu. (Rire.)La nation allemande est en train de mourir. Il y a un symptôme qui le montre : le taux de natalité en Allemagne de l'Ouest est en train de chuter sérieusement, la population veut mourir. C'est le meilleur moment pour écrire sur l'histoire de la nation allemande. Pensez-vous que la nation allemande mérite particulièrement d'être conservée ?

Je ne cherche pas à conserver la nation allemande. Je me réjouis qu'elle soit en train de mourir. Ce qui m'importe, ça n'est pas la nation, mais la mémoire. C'est cela mon travail, c'est une de mes fonctions. Je suis un auteur allemand, je travaille en Allemagne, et la littérature allemande est une des plus grandes. Cela, j'en suis certain. Alors il faut y mettre un terme. Y mettre un terme ?

Oui.

Et vous en êtes capable ?

Je crois que oui. Sans rien laisser derrière vous, comme les Huns ?

C'est ça (Rire). Vous avez vraiment le sentiment qu'il s'agit de la fin de quelque chose ? Oui. Le folklore allemand est complètement suicidaire. C'est la caractéristique fondamentale de la dynamique allemande : linéaire, directe, suicidaire. Les Allemands méritent des funérailles grandioses.

Toute cette merde politique – elle devient particulièrement manifeste dans notre siècle – provient de la peur de la mort qui habite les politiciens. L'action de la politique comme frein aux transformations sociales, frein au progrès, la politique comme science du freinage, comme histoire contre le progrès, résultent du fait que les hommes politiques se trouvent si importants – ou sont considérés comme si importants par l'opinion publique. Puisque tout est constamment concentré sur eux, ils ne cessent de penser au terrible moment où ils ne seront plus importants, où ils n'existeront plus. Et ils font donc tout pour refouler ou différer ce moment. C'est pourquoi, ils doivent freiner, ils doivent arrêter le monde entier pour refouler le fait qu'un jour ou l'autre, ils ne seront plus là.La seule véritable solution à ce problème, en vérité, est celle proposée par Lénine : les politiciens devraient se supprimer à l'âge de cinquante ans pour laisser la place aux suivants.

Fautes d’impressionEntretiens avec Heiner müller - extraits du spectacle

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exTraIT 212 novembre 1989

Aujourd’hui, à Berlin, c’est la liesse : tout le monde célèbre l’ouverture des frontières et l’effondrement du mur. Comment vivez-vous le fait d’être aussi loin du moment où se déroule un événement d’une telle importance ?

J’étais là-bas au début, et il n’y a rien de nouveau. Rien ? Pas depuis mon départ de Berlin-Est, il y a deux ou trois jours. Maintenant, ça prend des allures d’orgie. Après, ils seront bien obligés d’affronter la dure réalité de la situation économique. Tout cela n’a pas l’air de vous enthousiasmer particulièrement.

Dans un sens, si, parce qu’il pourrait bien s’agir pour la première fois en Allemagne d’une révolution partie de la base et pas d’en haut. Ce qui est important, c’est que les gens sont en train de se battre pour leur libération. C’est un moment crucial pour les Allemands de l’Est. Mais ça n’est qu’une révolution bourgeoise, pas une révolution socialiste. Elle arrive avec cent quarante ans de retard. Dans le cas présent, ce qui est intéressant, c’est qu’il s’agit essentiellement d’un mouvement de la jeunesse. Pensez-vous qu’on puisse sérieusement envisager l’hypothèse d’une réunification ?

J’en ai bien peur, oui. Vous en avez peur...

J’espère que ça ne se produira pas. Cela signifierait pour l’Allemagne de l’Est l’absorption économique par l’Allemagne de l’Ouest. Si on déforme les structures du socialisme pour réintroduire une économie de marché, on crée automatiquement une différence entre riches et pauvres. Ça, j’espère que les gens en RDA ne l’oublieront pas. Pour des gens qui n’ont rien, ça n’est pas si facile à oublier. Ce que je redoute, c’est que les gens oublient qu’il y a une alternative au capitalisme. Et personnellement, j’ai vraiment besoin de penser qu’elle existe. Donc vous pensez que la population va rester en Allemagne de l’Est maintenant que les frontières sont grandes ouvertes ? Ils resteront. Je ne peux pas dire ce qui va se passer dans un an, mais je suis sûr que la plupart resteront. Beaucoup sont déjà partis. Ils reviendront. Et le mur restera quelque part au milieu... comme un monument historique... Non, on pourrait le vendre !

Extraits de Fautes d’Impression, L’Arche Editeur.

Heiner Müller

Poète, auteur dramatique (une quarantaine de pièces), metteur en scène allemand, il est né en 1929 à Eppendorf, il meurt le 30 décembre 1995 à Berlin.

L’essentiel de sa production s’est fait en République Démocratique Allemande, de la fondation de celle-ci à la chute du Mur de Berlin (1949-1989). Ses premières pièces datent du milieu des années 50. En 1961, après l’interdiction de L’Émigrante (Die Umsiedlerin), il est exclu de l’Union des Écrivains et connaît quelques années difficiles avant d’être dramaturge au Berliner Ensemble (1970-1977) puis à la Volksbühne. Plusieurs de ses pièces sont jouées tardivement ou restent interdites jusqu’à la fin de 1989. En même temps, jouée en R.F.A., en Suisse, en Autriche, aux États-Unis (1975) en Belgique et en France (1979), son œuvre lui donne peu à peu la stature d’un écrivain européen. Après 1980, son importance est reconnue dans les deux Allemagnes où il reçoit de nombreux prix littéraires. Metteur en scène depuis 1980, il monte certaines de ses œuvres à la Volksbühne et au Deutsches Theater. Cette activité se poursuit après la chute du Mur, notamment au Festival de Bayreuth (Tristan et Isolde de Wagner, 1992) et au Berliner Ensemble (Arturo Ui de Brecht en 1995), dont il assure la direction, d’abord collégialement, puis seul à partir de 1995. Il meurt alors qu’il travaillait à la rédaction de son dernier texte, Germania 3, au Berliner Ensemble.

En France, l’essentiel de son œuvre littéraire est publiée aux Éditions de Minuit (5 volumes, 1979-1991 comprenant entre autre Hamlet-Machine, Quartett, Ciment, La Bataille, La Mission... ) et chez Christian Bourgois (Poèmes 1949-1995). Trois volumes d’entretiens, Erreurs choisies, Fautes d’impression et Guerre sans bataille. Vie sous deux dictatures. Autobiographie ont paru à l’Arche. Les Éditions Théâtrales ont publié plusieurs de ses pièces : La Comédie des femmes, L’Opéra dragon, L’Homme qui casse les salaires, La Construction et Tracteur et deux volumes d’entretiens avec Alexander Kluge, Esprit, pouvoir et castration et Profession arpenteur.

Un homme à l’Est et une femme à l’Ouest prononcent le texte qui suit, simultanément et de façon plus ou moins cacophonique : C’en est fini du grand souffle de jadis, du va-et-vient à travers les siècles. Je ne peux plus penser qu’au jour le jour. Mes héros ne sont plus les guerriers et les rois, mais les choses de la paix toutes égales entre elles, les oignons qui sèchent valant le tronc d’arbre ... mais nul n’a encore réussi à chanter une épopée de la paix. Pourquoi la paix ne peut-elle pas exalter à la longue ? Ne se laisse t-elle pas raconter... Renoncer ? Si je renonce, l’humanité perdra son conteur... et si jamais l’humanité perd son conteur elle perd du même coup son enfance. Je ne trouve pas Potzdamer Platz. Ici ? Ça ne peut pas être ça. Potzdamer Platz. Il y avait là le café Josti, j’y venais l’après-midi faire la conversation, prendre un café et regarder le public, après avoir fumé mon cigare chez Loese et Wolf, marchands de tabac réputés. Ici juste en face. Ça ne peut pas être Potzdamer Platz. Et personne à qui demander. C’était ... une place animée des tramways des omnibus à chevaux, et deux autos, la mienne et celle du chocolatier, le magasin Wertheim et puis ... Soudain les drapeaux sont apparus ... Toute la place en était couverte. Et les gens n’étaient plus du tout aimables. La police non plus. Je n’abandonnerais pas tant que je n’aurai pas retrouvé Potzdamer Platz. Où sont mes héros ? Appelle-moi muse, le pauvre chantre immortel qui, abandonné des mortels qui l’écoutaient, perdit la voix, lui qui, de l’ange du récit qu’il était, devint l’aède ignoré ou raillé, au-dehors sur le seuil du no man’s land. Où êtes-vous mes enfants ? Où sont les miens, les obtus, ceux des origines ?

Restent-t-il des frontières ? Plus que jamais ! Chaque rue a sa propre barrière. Entre les lignes, il y a un terrain vague camouflé par une haie ou un fossé on y tombe sur des chevaux de frise on est frappé par des rayons laser. Les truites dans l’eau sont des torpilles. Chaque maître de maison, chaque propriétaire cloue son nom sur la porte et étudie le journal comme un maître du monde. Le peuple allemand a éclaté en autant de mini-Etats qu’il y a d’individus. Et les Etats isolés sont mobiles : chacun emmène le sien avec soi et, si on veut y pénétrer exige un droit de passage : une mouche enfermée dans l’ambre, ou une flasque. Et ce n’est que la frontière, mais on ne peut aller plus avant dans chaque mini-Etat avec ces quelques mots de passe. L’âme allemande d’aujourd’hui ne peut être conquise et dirigée que par celui qui approchera chacun d’eux avec ses mots de passe. Par bonheur nul n’en est actuellement capable. Ainsi, chacun part pour l’étranger et fait flotter aux quatre vents sa cime d’état. Ses enfants aussi agitent déjà leur crécelle et tirent leur merde en cercle autour d’eux. Au même moment, tous les autres acteurs entrent petit à petit, à l’Est comme à l’Ouest. Marches abstraites qui dessinent dans l’espace un carré : on figure l’instant qui précède juste la chute. Les Berlinois font comme errer le long du Mur, à l’Est comme à l’Ouest. La chute se rapproche.

Les Ailes du désir film de Wim Wenders

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La Chute du Mur

Extrait du spectacle EN DIRECT SUR LE PLATEAU DE SOIR 3 Pendant le JT, des Berlinois de l’Est et de l’Ouest traversent le plateau, ivres de la fête. maggie – Mesdames, messieurs, bonsoir et bienvenu sur ce plateau de “Soir 3”. Une édition spéciale consacrée aux évènements en Allemagne de l’Est aux évènements de Berlin-Est où l’histoire s’écrit d’ailleurs à une telle cadence qu’on a du mal à y croire pourtant les faits sont là et vous l’avez vu le Mur de Berlin abattu, la frontière Allemande ... Est-Allemande ouverte et bientôt des élections libres. Nous allons revenir sur tous ces évènements et puis d’abord, il y a quelques 44 heures un nouveau symbole foulé au pied au sens propre du terme avec l’ouverture du célèbre pont de Glinike entre Potsdam et Berlin-Ouest. Il servait jusqu’ici aux échanges d’espions entre l’Est et l’Ouest. Quelques instants auparavant le Ministre de l’Intérieur Est-Allemand avait annoncé l’ouverture permanente et durable du Mur de Berlin et de la frontière entre les deux Allemagnes alors que le comité central du Parti Communiste clôturait son plenum de crise en se prononçant pour des élections libres inimaginable il y a seulement 24 h. Cris. Traversée des berlinois.

Oui, une dépêche datée de 21h30 faisait état de ce que des gardes frontière Est-Allemands ont commencé d’ouvrir des muches ... des brêches, pardon, dans le Mur de Berlin pour y aménager des points de passages supplémentaires. Depuis hier soir, 19h09 en tous cas, heure de la première ouverture du Mur de Berlin, une centaine de milliers d’Est-Allemands se sont précipités à l’Ouest où ils n’avaient pas pu mettre les pieds depuis 28 ans. Très vite, les services de visas mis en place ce matin ont été débordés et chacun passe librement. Inimaginable aussi, la retransmission pratiquement en direct de tous ces évènements à la télévision Est-Allemande, des images bouleversantes sans aucun précédent et que sans aucun précédent non plus, les télévisions du monde entier ont pu filmer librement.Marguerite Duras, Nicolas Sarkozy et Nathalie Sarraute sont sur place à Berlin, ils ont vécu pour nous cette folle nuit d’ivresse.Ces jours-ci, les temps sont à l’allégresse mais après la fête la réflexion, les capitales étrangères qui ont applaudi des deux mains aux premiers signes de liberté depuis quelques jours en RDA s’inquiètent, en effet, de la rapidité du changement. Une rapidité qui a incité le Chancelier Ouest-Allemand Helmut Kohl à interrompre un voyage en Pologne pour se rendre à Berlin-Ouest et appeler à la prudence car il est vrai que le déferlement des réfugiés d’une part, mais aussi la perspective du rapprochement des deux Allemagnes pose problème à l’Allemagne de l’Ouest à l’heure de l’émotion, une émotion que l’on va voir, dans un instant, avec Willy Brandt l’ex-chancelier Ouest-Allemand, il faut aussi penser à l’avenir.

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L’actualité commande et je vous rappelle que la rédaction de Soir 3 consacre ce soir cette édition spéciale à l’Allemagne de L’Est. En direct, Hélène Risacher, maintenant avec nous de Berlin qui vit ces formidables évènements depuis le début de la semaine.Bonsoir Hélène. Ce soir encore les Berlinois sont dans la rue ? SilenceHélène ne doit pas m’entendre mais peut-être va-t-elle intervenir directement d’elle-même. Silence

Hélène – Oui. Et bien, vous voyez que je me trouve à Checkpoint Charlie. Je me trouve en ce moment même à Checkpoint Charlie.

maggie – Allez-y Helène, nous vous écoutons. Silence

Hélène – Oui. Comme vous le voyez, je me trouve en ce moment même au poste frontière de Checkpoint Charlie, cette Friederichstrasse par laquelle les étrangers seulement pénétraient à Berlin-Est, où se déroule une manifestation très importante d’allemands de l’Est, d’allemands de l’Ouest et d’étrangers qui sont venus voir passer les voitures heu... Il y a ici des voitures qui passent et qui sont applaudies par les gens qui les regardent. Le centre ville de Berlin-Est en embouteillage et la porte de Brandebourg ressemble à un Woodstock, un peu surréaliste : on boit, on danse et on vient de partout voir l’Histoire en marche.Des manifestants sont en train de démolir le Mur à coups de pioche - c’est l’effervescence - dans toute la ville - ce soir, une foule énorme a envahit le centre-ville fermé, et pour cause, à la circulation.

Berlinoise de l’est – On va aller boire une bière à l’ouest et après on retourne à la maison.

Berlinoise de l’est – C’est incroyable, c’est la première fois que je viens ici, mais après je rentre à l’Est parce que mes enfants sont à la maison.

Hélène – Pour accueillir ceux de l’Est, les allemands de l’Ouest ont laissé leur place dans les restaurants, les cafés et la rue. Une réelle solidarité.

Berlinois de l’Ouest – Non ce n’est pas grave qu’il y ait autant de monde, la ville est grande.

Hélène – Les Allemands de l’Est vont désormais passer des journées entières dans la ville de Berlin-Ouest. Ils ont dit qu’ils s’en iraient quand ils ne tiendraient plus debout de fatigue. Alors ils vont venir, avec les poussettes, les bébés dans les bras et ils vont se promener ! Et dans leur regard, il y aura cette espèce de surprise et aussi parfois un manque. Ils viendront voir toutes les choses qu’ils n’ont pas de l’autre côté. Dans leurs sacs on découvrira des trésors introuvables ici : des bananes et des yaourts. Et même quelques pamplemousses !

Demain, ils seront 400000 berlinois de l’Est à venir passer ce samedi de l’autre côté, respirer un autre air, celui de l’Ouest, celui de la liberté. Ils ouvriront de très grands yeux, ils recevront 100 marks chacun puis ils passeront la journée auprès de leurs frères et de leurs soeurs d’Allemagne fédérale, du moins de Berlin-Ouest.

Ils ont réussi ! Quelques heures après avoir commencé à piocher ensemble les jeunes Allemands de l’Est et de l’Ouest ont percé les premières ouvertures sur l’autre côté en RDA.

A la porte de Brandebourg, ils sont de plus en plus nombreux. Le nouveau jeu consiste à se laisser glisser du côté Est pour narguer les forces de l’ordre de RDA chargées d’empêcher les débordements. Les manifestants crient : “Laissez le peuple libre, pas de violence !“ ou encore “Le Mur doit tomber !“

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Ouverture du Mur de Berlin en novembre 1989, le titre du journal est «Le mur est tombé !»

Ressources bibliographiques, cinématographiques et documentaires

documents vidéos

vidéos aYanT insPiré oU aYanT éTé dirEcTEmEnT rETranscriTEs dans lE TExTE :10 nov 1989 – JT Soir 3 : Berlin, nuit de libertéhttp://www.ina.fr/video/CAC89048191

PoUr allEr PlUs loin :1948 morcellement de l’allemagne et blocus de berlinhttp://education.francetv.fr/matiere/epoque-contempo-raine/troisieme/video/1948-morcellement-de-l-allemagne-et-blocus-de-berlin1949 Naissance de la république fédérale allemandehttp://education.francetv.fr/matiere/epoque-contempo-raine/troisieme/video/1949-naissance-de-la-republique-fe-derale-allemande1961 L’édification du mur de la hontehttp://education.francetv.fr/matiere/epoque-contempo-raine/troisieme/video/1961-l-edification-du-mur-de-la-honte1963Kennedy à berlin : « ich bin ein Berliner »http://education.francetv.fr/matiere/epoque-contempo-raine/troisieme/video/1963-kennedy-a-berlin-ich-bin-ein-berliner1989 La chute du Berlinhttp://education.francetv.fr/matiere/epoque-contempo-raine/troisieme/video/1989-la-chute-du-mur-de-berlin

19 novembre 1985 Première rencontre reagan / Gorbatchevhttps://www.ina.fr/video/CAB851102921989mstislav rostropovitch joue au violoncellehttp://www.dailymotion.com/video/x29e4y2_mstislav-ros-tropovitch-joue-du-violoncelle-devant-le-mur-de-berlin-le-11-novembre-1989_news

«emmurés», la reconstitution 3D du mur de Berlinhttps://www.youtube.com/watch?v=aamFrzyXQqwTeaser de la pièce captée au Théâtre Gérard Philipehttps://www.youtube.com/watch?v=NqDMi3AWPWs

FilmsLa Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck, Allemagne, Drame, 2006Les Ailes du désir (Der Himmel über Berlin) de Wim Wen-ders, Richard reitinger et Peter Handke, France-Allemagne, 1987

livresFautes d’impression d’Heiner Müller, L’Arche Editeur, 1997Le mur de Berlin de Frederick Taylor, JC Lattes, 2009

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Le Birgit Ensemble

En novembre 2013, alors en dernière année au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, une quinzaine d’élèves commencent un travail consacré à l’histoire du Mur de Berlin. Ensemble, ils plongent dans l’histoire de ce monument en s’intéressant spécifiquement aux symboles qui lui sont attachés. À travers lui, ils s’interrogent sur l’héritage idéologique et politique de leur génération – ils sont tous nés entre 1986 et 1990 – et, progressivement, tissent les mailles d’une dramaturgie de l’histoire qui leur serait propre. Qu’est-ce que c’est que d’être né pendant la chute du communisme, pendant la fin d’un certain état du monde, pendant la naissance d’un autre ?

En décembre de la même année, ils présentent : Berliner Mauer :  vestiges, un spectacle aux matériaux hybrides, aux styles contrastés, non sans légèreté et humour, au sein d’un dispositif qui vise à impliquer le plus concrètement possible les spectateurs. À l’issue des représentations, les metteuses en scène du projet, Julie Bertin et Jade Herbulot, décident de prolonger ce travail en fondant Le Birgit Ensemble. Elle ont poursuivit avec une seconde création Pour un Prélude à l’été 2015. Le spectacle a été présenté dans une version en extérieur au Théâtre de la Parenthèse à Avignon, puis en tournée, notamment au Théâtre 95 de Cergy-Pontoise ainsi qu’au Théâtre de Vanves lors de la saison 2015-2016.

Julie BertinEtudiante en philosophie à Paris I, elle obtient sa licence

en 2009 et rentre, la même année, à l’Ecole du Studio Théâtre d’Asnières (dir. Jean-Louis Martin Barbaz). En 2011, elle intègre le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique et travaille, notamment, sous la direction de Dominique Valadié, Nada Strancar, Alain Zaepffel, Sylvie Deguy, Caroline Marcadé, Yvo Mentens, ou encore, plus récemment, Georges Lavaudant. En 2012, elle met en scène une adaptation de L’Eveil du printemps de Frank Wedekind. L’année suivante, c’est au côté de Jade Herbulot qu’elle crée Berliner Mauer : vestiges. Le spectacle est présenté au Théâtre Gérard Philipe – CDN de Saint-Denis en février 2015. Parallèlement, le TGP invite le Birgit Ensemble à créer Pour un Prélude. En décembre 2015, elle joue dans Le dilemme du poisson-chat écrit et mis en scène par Kevin Garnichat au Studio-Théâtre d’Asnières.

Jade HerbulotAprès des études de Lettres Modernes à l’Ecole Normale Supérieure

de Lyon, elle suit une formation de comédienne à l’Ecole du Studio Théâtre d’Asnières. Elle y rencontre Clara Hédouin avec qui elle co-fonde le Collectif 49701. Ensemble, elles adaptent et mettent en scène Les Trois Mousquetaires – La série d’après A. Dumas sous la forme d’un théâtre-feuilleton. La même année, elle entre au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris et suit les classes de Daniel Mesguich, Sandy Ouvrier et Nada Strancar. Elle y travaille également avec Caroline Marcadé, Yvo Mentens et Georges Lavaudant. En 2013, elle co-met en scène avec Julie Bertin Berliner Mauer  : vestiges au CNSAD et fondent le Birgit Ensemble. Le spectacle est repris au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, puis au Théâtre des Quartiers d’Ivry. Elle joue au Théâtre 13/Seine dans une création collective de la Compagnie M42 dirigée par Alexis Lameda-Waksmann : Le  laboratoire  chorégraphique  de  rupture  contemporaine  des gens. En juillet 2015, Le Birgit Ensemble crée Pour un Prélude. En 2015-16, elle joue dans La Double inconstance de Marivaux mis en scène par Adel Hakim et dans une adaptation de L’Iliade d’Homère écrite et mise en scène par Pauline Bayle. Depuis 2011, elle donne des cours théorique et pratique à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense où elle suit une thèse de doctorat sous la direction de Christian Biet.

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Itinéraire : Chemin à suivreItinéraire bis : Itinéraire de délestage qui double l’itinéraire principal

Une ville coupée en deux, un homme aux deux visages, l’échappée belle de deux filles... Un, deux, trois itinéraire bis à emprunter pour le spectateur.

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Que se passe-t-il de l’autre côté ?

Que vivent ceux dont on a été séparés ?

Ils sont quinze comédiens qui se sont rencontrés au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Ils ont choisi d’interroger l’un des événements les plus marquants de la seconde moitié du XXe siècle occidental : la chute du mur de Berlin. Réunissant documents d’archives, discours, extraits de films, chansons, improvisations, ils racontent une histoire en trois temps - union, désunion et réunion - selon un procédé scénique original : l’espace est bi-frontal, les spectateurs se trouvent séparés, le spectacle continue, différent mais simultané, de chaque côté du mur qui vient d’être érigé sur le plateau.

L’Adversaire“ Quand il faisait son entrée sur

la scène domestique de sa vie, chacun pensait qu’il venait d’une autre scène où il tenait un autre rôle, celui de l’important qui court le monde… et qu’il le reprendrait en sortant.

Mais il n’y avait pas d’autre scène, pas d’autre public devant qui jouer l’autre rôle.

Dehors, il se retrouvait nu. Il retournait à l’absence, au vide, au blanc, qui n’étaient pas un accident de parcours mais l’unique expérience de sa vie. “

Emmanuel Carrère

Comment un homme a-t-il pu mentir à son entourage pendant tant d’années sans que celui-ci ne soit jamais alerté par le moindre faux pas de l’imposteur ? Pourquoi n’a-t-il pas trouvé d’autre issue que la mort des siens ?

Aucun romancier n’aurait pu inventer une telle histoire sans être taxé d’invraisemblance. Et pourtant cela a eu lieu. Cette histoire, inédite et inouïe dans la grande Histoire de l’Humanité, a eu lieu.

Diptyque

Louise, elle est folle et Déplace le ciel

Louise, elle est folle, c’est l’histoire de deux filles qui traversent la ville en se parlant de tout ce qui leur arrive.

Déplace le ciel, c’est l’histoire de ces deux filles qui ont beaucoup bougé, qui aujourd’hui se demandent à quoi ça sert de bouger, de rêver, d’aimer... et pourtant le désir de découverte, de changement, de nouveau, est là.

“ L’interrogation sur les mots, sur le langage fait partie de la vie en démocratie. Le langage est le premier bien commun. La pratique du langage est une pratique du commun, de la vie en commun, et, ainsi, le langage est le premier menacé. Menacé sans arrêt, par toute remise en cause du commun, de la vie partagée, par tout ce qui vise à le figer, le rigidifier, l’appauvrir, le vider, par tout ce qui vise à en faire un pur instrument de communication, plat, uniforme, unilatéral, consensuel, à lui ôter sa dimension polysémique, et sa dimension d’adresse.“

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Réservations> 01 43 90 11 1111h > 13h - 14h > 18het les samedis en période de spectacle15h > 18h> [email protected]> sur le site www.theatre-quartiers-ivry.com> par correspondance> auprès de nos billetteries partenaires

Tarifs 22 g tarif plein 15 g retraités, personnes à mobilité réduite, abonnés des théâtres partenaires (hors Val-de-Marne)13 g Ivryens, Val-de-Marnais, professionnels de la culture et de l’enseignement, abonnés des théâtres partenaires (Val-de-Marne)10 g étudiants, moins de 30 ans, élèves des écoles de théâtre (hors Val-de-Marne), intermittents du spectacle, demandeurs d’emploi, abonnés du CREDAC5 g scolaires ivryens, bénéficiaires du RSA, élèves de l’Atelier théâtral et des écoles de théâtre (Val-de-Marne)

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Comment venir ?

sTUDIO CasaNOVa69 av Danielle Casanova à Ivry-sur-Seinemétro ligne 7 Mairie d’Ivryrer ligne C Ivry-sur-Seineà 10 minutes à pied. Bus lignes 125, 132, 182 et 323Voiture Périphérique Porte d’Ivry direction Ivry centre ville, parking gratuit derrière la Mairie. 5 minutes de marche jusqu’au Studio Casanova.

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Sortie rue Robespierre

Sortie place de la République