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Les Dernières Gouttes Luc Benhaim

Luc Benhaim Les Dernières Gouttes Les Dernières

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LesDernièresGouttes

Luc Benhaim

21.14 675543

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 348 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,055 mm) = 21.14 ----------------------------------------------------------------------------

Les Dernières Gouttes I

Luc Benhaim

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Prologue

Les grandes familles sont une bénédiction pour le genre policier : chacun a des griefs envers les autres, pour d’excellentes raisons forgées par le temps, des rancunes frappées au coin de l’envie… Quand les tensions explosent, l’irréparable est proche…

L’intrigue noue ses ressorts autour des familles Pilchard et Balgrim.

Au départ, il y avait un ingénieur français spécialisé dans l’aviation, Horace Pilchard, et l’héritier anglais d’un grand groupe industriel, James Balgrim.

Ces deux Fondateurs ont eu des enfants. Côté Pilchard, un fils (Pierre) et une fille (Emma) Coté Balgrim, un fils (Patrick) Notre histoire débute avec la troisième génération,

dont l’arbre généalogique est en page suivante.

Patrick Balgrim, marié à Linda de Capichia

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Descendance Mathilde Balgrim-Andersen & Bénédicte Balgrim-

Conti Emma Pilchard, mariée à Luis Caderon

Descendance Jean Calderon & Charles Calderon Pierre Pilchard, marié à Marie des Arsins

Descendance Maxime Pilchard & Christophe Pilchard Enfant => Timothée Pilchard

Les petits-enfants des Fondateurs et leurs conjoints décident des options stratégiques…

Mathilde Balgrim-Andersen et Arthur Andersen Bénédicte Balgrim-Conti et Maurice Conti Maxime Pilchard et Jasmine Pilchard Charles Calderon et Roxane Calderon Christophe Pilchard et Sophie Pilchard Jean Calderon et Mélanie Calderon

Le Siège Central, situé au cœur de Paris, transforme les stratégies en ordres lancés aux quatre coins du globe. La Direction exécutive du Groupe PilGrim a été confiée à Edmond de Wenckel, dit « Le Général ».

Vous reviendrez consulter ces lignes, au fur et à mesure de l’entrée en scène des personnages.

Je vous laisse à présent avec le héros, Bruno Kashden… Moi, quoi !

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Chapitre 1 Lundi 6 Septembre

Les dernières gouttes, voilà ce qui compte… Ce soir, je n’ai qu’une envie : plonger dans l’oubli réparateur du sommeil, pour rebondir demain… Blouson accroché à la patère, chaussures en vrac dans l’entrée, paquet de cigarettes posé sur la table, voilà le chat qui se frotte à ma jambe…

Oui, tu as faim, l’habitude d’avoir faim quand je rentre… C’est pas de l’amour, juste un réflexe.

Voilà ta pâtée. Une portion de lait « spécial chat » en plus, faut pas te caresser maintenant, pas quand tu lapes ou que tu dégustes la ration de survie…

Je le sais, j’ai appris. On apprend tout des animaux ; au fond, nous leur ressemblons. Ou l’inverse.

Peut-être que dans d’autres lieux, à cette heure, un autre chat ronronne sous les effleurements de son maître, en avalant ses croquettes. Va savoir…

Je profite de ces minutes de paix pour retourner au salon, allumer le poste. Télécommande. Images. Changer de chaîne. Monter le son. Changer de chaîne.

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Baisser le son. Je m’affale dans un fauteuil. Regarde autour. Rien n’a changé. Au moins, ici, rien ne change.

Bon, il faut se secouer. Direction la douche. Le chat me regarde, repu, satisfait. C’est bien, un chat. Pas de paroles, pas de reproches, d’explications. Une présence. Un regard.

La douche… Comme d’habitude, le savon me glisse des mains, je dois le retrouver à tâtons, plié en deux dans la cabine. A peine saisi, il s’évade à nouveau. Les savons sont-ils comme les rêves ?

Chemise, slip et chaussettes rejoignent le tambour de la machine à laver, le pantalon pend, docile, sur le valet de pied. En passant, je jette un œil par la fenêtre : il pleut de nouveau sur Paris, on dirait du Soulages…

Direction le fauteuil. La place est déjà occupée par le chat, bientôt il est sur mes genoux et moi dans le fauteuil.

Mon chat est mi-blanc, mi-noir. Une peluche. Il ronronne et pousse ma main de sa tête afin d’obtenir des caresses… Si je suis distrait, que je n’obéis pas aux ordres muets, il me le fait savoir en enfonçant ses griffes dans mes genoux. Je comprends vite, heureusement.

L’heure du début du film est largement passée (pourquoi tous les films commencent-ils à la même heure ?)… Assis à contempler l’écran, vidé, sans effort à produire, simplement ce mouvement du bras-coude-avant-bras-main-doigts sur le chat, j’allume une cigarette, fais des ronds de fumée qui s’écrasent sur le poste…

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Chapitre 2 Mardi 7 Septembre

Il fait sombre sur Paris quand une sonnerie m’arrache du demi-sommeil… Mon portable ? Je tends la main, récupère le pantalon sur le valet de pied, fouille les poches : rien.

Deux choses à propos du portable : sa taille lui permet de se cacher dans n’importe quel recoin, si possible le moins accessible, et la sonnerie bascule en mode répondeur juste avant qu’on ne l’ait localisé.

Donc j’ai été réveillé par ce maudit portable. Sûrement pas l’heure habituelle… Quelle heure est-il, au fait ?

Depuis son passage dans le congélateur, confusion compréhensible vu qu’il a la forme d’une bouteille de vodka (cadeau publicitaire glané dans une boîte où j’ai exercé mes talents), le radio réveil n’indique que les minutes. Peu efficace, d’autant que le haut-parleur a pris un coup (de froid) et que même les infos les plus

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plates, débitées sur France Info, prennent le relief inimitable d’une symphonie de Boulez. En plus musical.

On y revient : mon repère temporel, c’est le portable. Vous vous demandez sûrement : « Pourquoi ne

regarde-t-il pas sa montre, comme tout le monde ? » J’avais une très belle Breitling (le genre montre

d’aviateur qui vous empêche d’appeler un taxi, tant elle pèse au bras) mais ce cadeau d’une petite amie (italienne, si ma mémoire est bonne) s’est révélé être une grossière contrefaçon… Quel rapport ? Essayez de changer la pile d’une contrefaçon chez un bijoutier, vous le saurez… La splendide Breitling a donc cessé de pendre à mon poignet du jour au lendemain, pour passer son temps (si l’on peut dire) dans un tiroir de la commode.

Le portable est donc l’unique outil qui puisse m’indiquer l’heure. L’introuvable téléphone… Enfin, pas si introuvable que cela, pour qui veut. Je décroche le téléphone (le fixe, évidemment) et compose le numéro… Le numéro.

Cela ne vous est jamais arrivé, peut-être ? Je ne m’en souviens plus. C’est quoi, mon numéro ? Ah oui, ça revient… Assis sur le lit, je compose les dix chiffres magiques et tends l’oreille.

C’est du côté du fauteuil. Le portable est tombé de ma poche quand je me suis assis dans le fauteuil, hier soir.

Pas le choix, faut se lever. J’ai un peu de mal à récupérer l’appareil, le chat est couché dessus, il déteste qu’on le dérange quand il dort (75 % du temps en

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moyenne)… Mais à l’impossible nul n’est tenu, je mets la main sur mon Nokia à l’issue d’une bataille dans laquelle le fauteuil est le grand perdant (environ deux cm² de cuir sont partis avec le chat, plus exactement sous ses griffes, quand j’ai surgi dans mon plus pur style Wolverine).

En quelques clics, j’obtiens le renseignement recherché : 7h34.

Autre chose : la lueur bleue qui flashe sur le côté indique un message… On a essayé de me joindre !

Autrefois, j’aurais immédiatement pris connaissance du message, pour savoir qui s’était fourvoyé en tentant de m’avoir au bout du fil. Pourquoi pas ce cabinet de recrutement dont j’attends un retour ?

Non. Pas aujourd’hui. D’abord, parce que la boîte n’a aucune raison de me déranger de si bon matin, ensuite je suis en vacances depuis le début de la semaine…

Enfin, je n’ai pas nourri le chat, et je ne me suis pas lavé.

D’abord, régler tout ça. Ensuite, on verra. Ma mère, peut-être ?

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Chapitre 3 Mardi 7 Septembre

Ce n’est pas Maman… De toute façon, elle doit dormir à cette heure.

– Bonjour Professeur… Je suis désolée, nous avons un problème. Contactez-nous d’urgence au 0145343445, je répète 0145343445, merci de votre compréhension.

Qu’est-ce que c’est que ce message ? Une voix de femme, Assistante Manager sans doute, un truc a tourné de travers dans un planning, elle essaie de contacter quelqu’un.

Je ne suis pas concerné. Toutefois… Toutefois, cette personne est convaincue qu’elle a

laissé son message sur le bon répondeur. Ce qui n’est pas le cas. Elle risque de n’avoir jamais de réponse. Plutôt de se faire remonter les bretelles (de soutien-gorge, c’est une femme), quand la personne en question indiquera n’avoir jamais eu de nouvelles.

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J’écoute à nouveau : une femme encore jeune, un brin autoritaire (DRH ?), habituée à se faire obéir, un peu ennuyée de rencontrer un souci.

Je note le numéro : 0145343445 Vous, les petits malins, vous vous dites : pourquoi ne

rappelle-t-il pas tout simplement en appuyant sur la touche verte (celle qui déclenche l’appel, explication de texte pour les rares qui n’auraient jamais utilisé de téléphone de leur existence) ?

Parce que. Parce que d’abord, rien ne prouve qu’au numéro

(que je vois tout en écoutant la voix qui semble de plus en plus angoissée, enfin, pas la voix, celle à qui appartient cette voix), je tomberais sur la bonne personne : soit je me retrouverais aux prises avec un standard déshumanisé – je hais les robots inquisiteurs – soit cette employée a téléphoné du poste de son chef – ou un autre téléphone dans sa boîte – et je devrais me perdre en d’interminables explications, justifications, je serais peut-être même la cause de son renvoi s’il vient aux oreilles de sa direction que des inconnus téléphonent… Téléphonent pourquoi, d’ailleurs ? Pour signaler qu’ils ne sont pas la bonne personne ?

NON. Un numéro, c’est un numéro. Elle s’est donné la

peine de le répéter, nulle raison qu’à mon tour je l’ignore. Je vais donc appeler le 0145343445. Tout de suite.

Il est 8h10.

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Après une série de petits pets musicaux, l’appel aboutit. Ça sonne. On décroche. Tout de suite, je comprends que quelque chose ne tourne pas rond. Sans doute parce que la voix qui me répond n’est pas la même que celle qui a laissé le message. Je ne me suis pas trompé de numéro, j’en suis certain.

A moins que la femme ne souhaite pas que j’entre en contact avec ce type.

– … Allo ?! (C’est le type, voix de baryton style majordome dans un film italien).

Je réponds. – Bonjour. Une personne a laissé un message sur

mon portable… Il attend une seconde, consulte sans doute une liste

sur une feuille, j’entends comme un glissement de papier froissé.

– Oui, Monsieur… Désolés pour le désagrément. Pouvez-vous me donner une adresse ? Nous allons régler ce contretemps au plus vite…

Bon, que faire ? Cette situation est bizarre, cependant j’ai déjà été amené à monter des histoires aussi incroyables en apparence, autant rationnelles que relationnelles…

A propos, je ne me suis pas présenté. J’ai aujourd’hui même 41 ans. Je suis célibataire, si

ça vous intéresse… Après HEC, un job de chef de produit dans une multinationale alimentaire, l’échec d’une boîte de Pub sur Internet, j’ai tracé un chemin sinueux… Et puis une promotion, l’année dernière, adjoint du

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Directeur Commercial Europe. Je change de boulot tous les trois ans, en moyenne… Le temps qu’il faut pour que les gens avec qui je travaille en arrivent à tellement me détester qu’il est l’heure d’aller chercher ailleurs…

Quand je vous parle d’histoires incroyables, cela me rappelle ma dernière entrevue avec un cabinet qui pratique le recrutement… Mais je vous raconterai cela plus tard, j’ai un type au bout du fil… Sortant de mes pensées, toujours dans les limbes de ces souvenirs, je donne une adresse au type.

Pourquoi ? Je ne sais pas. Comme cela. Ça m’a échappé.

– Parfait, Monsieur. C’est noté. Notre limousine passera vous prendre dans moins de 10 minutes. Je vous prie encore d’accepter nos excuses, Monsieur.

– Je vous en prie. Voilà pourquoi, ce matin à 8h17, je suis en bas de

chez moi, à attendre je ne sais quoi, pour aller je ne sais où. Mais je n’ai rien d’autre à faire de toute la journée.

Alors, pourquoi pas ?

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Chapitre 4 Mardi 7 Septembre

J’ai donné une adresse… pas la mienne. Je ne suis pas idiot.

Si j’ai renoncé depuis longtemps à la célébrité, j’ai une réputation à préserver : fils unique d’un amour séparé, un de ces cerveaux les plus rapides pour échafauder des solutions commerciales inédites, mitonner un slogan ravageur, une accroche qui reste à l’esprit, une négociation désespérée que l’on remporte sur un dernier coup de bluff.

Bref, comme j’habite dans un quartier d’affaires, j’ai donné l’adresse d’un hôtel renommé de mon quartier. Un drink au lounge, c’est plus classe que mon appartement.

J’arrive à peine devant l’hôtel, bravant le crachin qui bruine en cette matinée, qu’une limousine entre sur le parking… C’est la fameuse « limousine », sans aucun doute…

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Quand je dis limousine, c’est vraiment le cas, le genre de voiture presque plus longue qu’une semi-remorque !

Evidemment, autant jouer le jeu… A peine la bagnole arrêtée, je tire sur la poignée de ce qui ressemble le plus à une portière…

Bien sûr rien ne s’ouvre, c’est seulement le début de la seconde partie du début de la fin de ce qui semble être l’arrière !

La chance est au rendez-vous : une autre ouverture se profile un peu plus loin, juste avant l’horizon. Je me jette dans l’ouverture, m’installe dans un petit salon qui démarre aussitôt (je remarque cela au déplacement des arbres du parc de l’entrée)…

Je suis dans la place… confortablement assis seul dans un paquebot roulant vers je ne sais où… J’essaie de deviner si quelqu’un d’autre est à bord, qui puisse m’indiquer notre destination… Il doit y avoir un chauffeur, non ?!

Mais aussi loin que je scrute devant moi, je ne vois que mon reflet dans un miroir. Pas un bruit. Autant attendre.

Il règne un silence assourdi dans l’habitacle. Jetant un coup d’œil aux environs, je repère, posée sur le siège, une pochette en cuir. Avec un sigle, PG, gravé sur le cuir noir… Un IPad. Je connais l’outil, l’allume et me retrouve bientôt à visionner un Powerpoint…

Autant m’instruire, je n’ai rien à faire d’autre… Alors que nous empruntons le périphérique, je

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branche les écouteurs et démarre la présentation… « Depuis le début de l’humanité, nos Sociétés

cherchent en permanence à conjuguer l’esprit d’entreprise et la solidarité. L’esprit d’entreprise, c’est l’ambition de quelques hommes au service du progrès… La solidarité, c’est le progrès pour tous. Ces deux objectifs sont réunis au sein de PilGrim Groupe, dans le respect de valeurs familiales qui fondent l’unicité d’une Société tournée vers l’avenir… »

Je passe à la page suivante… « Lorsqu’en 1856, Peter Balgrim rachète la

manufacture de fabrication de draps de RedCastle, située au centre d’une région lainière importante du Nord de l’Angleterre, il n’investit pas seulement dans de vastes bâtiments, mais aussi dans une vision de diversification. Les capitaux apportés par l’entrepreneur bouleversent l’entreprise. Peter Balgrim réoriente la production vers la fabrication d’uniformes, aussi bien civils (Police) que militaires (Gendarmerie, Armée). Il transmet l’entreprise familiale à son fils Michael en 1891. Michael Balgrim, au seuil du 20ème siècle, diversifie l’empire familial. S’appuyant sur les travaux d’un chimiste français, Jean-Jacques Trillat, il rachète une fabrique basée à Châteauroux, en France, et commence la manufacture d’articles courants, comme le bouton, le bijou fantaisie, le fume-cigarette ou encore le stylo. Il confie les rênes de l’entreprise à son fils George en 1937. »

Parfait, une entreprise familiale comme on n’en fait

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plus. Ma curiosité est aiguisée… Page suivante… « Lorsque la guerre éclate, en 1939, Horace

Pilchard a 25 ans. Du fait de sa formation d’ingénieur aéronautique, rare à l’époque, il n’est pas envoyé au front mais versé au Laboratoire de recherches aéronautiques de France. Sûr de l’avenir d’une industrie qui passe de l’artisanat à la production en série, il est chargé de coordonner l’amélioration des performances de la flotte aérienne du pays. Après la fin de la guerre, il travaille à la réalisation de ses propres idées, pour lesquelles il a déposé de nombreux brevets. C’est en 1941, à l’occasion d’un voyage en Angleterre, qu’il croise George Balgrim, héritier d’un empire datant du 19e siècle. »

Voilà le destin qui s’en mêle… Le capitaliste et l’ingénieur feront-ils des enfants ensemble ?

Coup d’œil à l’extérieur… Nous avons quitté le périphérique pour prendre l’A10.

Page suivante « Fin 1947, Horace Pilchard et George Balgrim

fondent la Société PilGrim. L’objectif est d’allier les idées novatrices en matière d’aviation au potentiel industriel de Balgrim. A cet effet, de nouveaux investissements sont réalisés à RedCastle, puis une autre usine est rachetée en France, en 1952, près de Houdan, afin de produire sur le Continent. La Guerre Froide va apporter un coup de fouet à l’activité de PilGrim, qui construit des armatures d’avions et

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développe déjà un projet de drones… L’exploitation de nouveaux matériaux, des polymères dérivés du nylon, permettent à la branche Textiles de prospérer. »

L’ingénieux ingénieur a permis l’édification d’une vraie machine de guerre, alors que l’industrieux industriel a conforté son métier de base…

Page suivante « Le décès accidentel des deux fondateurs de

PilGrim, lors d’un meeting aérien à Berne, en 1964, pose de manière aigüe la question de la gouvernance de l’entreprise. Pionnier en la matière, un Conseil composé de membres des deux familles Pilchard et Balgrim est appelé à fixer les grandes orientations, qui sont ensuite transformées en Plan Stratégique, puis Plan d’Action Quinquennal, par une Direction Exécutive. Depuis Janvier 1976, Edmond de Wenckel est le Directeur Exécutif de PilGrim Group. Les Membres du Conseil sont : Mathilde Andersen-Balgrim et Arthur Andersen, Bénédicte Conti-Balgrim et Maurice Conti, Maxime et Jasmine Pilchard, Jean et Mélanie Calderon, Christophe et Sophie Pilchard, Charles et Roxane Calderon. »

Et voilà : les parents bossent, les enfants gèrent. J’ai dû m’assoupir, bercé par les flonflons sirupeux

qui accompagnent la présentation… Coup d’œil à l’extérieur : nous allons, à toute allure,

vers Tours. Page suivante. La présentation du fleuron du Groupe…

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« PilGrim Group a toujours démontré que le talent et l’initiative priment sur le statu quo… Au fil des décennies, de nouvelles branches sont venues consolider l’édifice constitué au départ des seules activités textiles. Pour illustrer cette vocation à défricher de nouvelles voies, en voici le dernier exemple : depuis sa création en 1981, Colinta SA a accompagné ses clients industriels en révolutionnant le processus de conception et de développement de leurs produits. Utilisée dans un premier temps pour concevoir des formes complexes, la 3D a ensuite rendu possible la réalisation d’une maquette numérique. Aujourd’hui, Colinta SA anticipe les processus industriels de demain, avec des solutions qui offrent une vision 3D de l’ensemble du cycle de vie d’un produit, depuis sa conception jusqu’à sa maintenance, en passant par sa production et sa mise en service, et les voies de recyclage optimales pour réduire les impacts négatifs sur l’environnement. »

Nous sortons de l’autoroute… Direction Poitiers. Pages suivantes, les valeurs de l’entreprise… Passion – Innovation – Excellence – Engagement

– Ethique. J’ai appris que les valeurs véhiculées par les boîtes ne

sont souvent que des slogans faciles, usés jusqu’à la corde, pour donner une image propre et lisse… Surtout quand on fabrique des engins de mort, comme le Groupe PilGrim !

Je passe les pages et tombe sur la liste des Membres