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sements ; pourvue d'élytres, elle estcapable de s'élancer d'un vol lourddans les sous-sols. Il y a égalementla blatte “orientale”, foncée, qui me-sure 2 centimètres, et la blatte rayée,qui investit les meubles en bois. Lesendroits insalubres qu'elles fré-quentent en font des vecteurs demaladies: gastro-entérites, salmo-nelloses. Leur régime alimentaire secompose de restes de nourriture,mais aussi de cheveux, peau, cuir,bois, papiers peints… Elles s'adon-nent même au cannibalisme. Les premières précautions consis-tent à ne rien laisser traîner dansla cuisine, à nettoyer fréquem-ment et à tout enfermer dans desboîtes hermétiques ou au réfrigé-rateur. Cependant, ces mesuresrestent insuffisantes dans les im-meubles où les blattes peuvent ai-sément migrer d'un appartementà l’autre par les gaines techniqueset les vide-ordures. De plus, onpeut en ramener dans un cartonou un sac en plastique du super-marché. Il faut donc procéder àune désinsectisation régulière etgénérale des immeubles, incluantles parties communes et tous lesappartements sans exception.
Blatte germanique, Blatella germanica Cette espèce est la plus courante, fréquentant principalement les bou-langeries, les restaurants, les hôpitaux et...nos cuisines. Elle peutendommager les aliments en les rongeant mais surtout en les souillantde ses déjections et en les imprégnant d'une odeur désagréable. Cesblattes se déplacent facilement et sont souvent transportées avec lesmarchandises. Grégaires, leur regroupement est favorisé par une phé-romone d'agrégation rejetée avec les excréments. La Blatte germaniquese cache le jour dans les fissures près des endroits où la températureest élevée (tuyauterie de chauffage, radiateurs...). La femelle confec-tionne une capsule brune, l'oothèque, dans laquelle les oeufs sont dis-posés et qu'elle transporte à l'extrémité de son abdomen jusqu'à lasortie des jeunes. À la température des maisons le développement del'œuf à l'adulte dure près de six mois. Cliché R. Coutin - OPIE
I ls sont entrés dans Paris… etdans les autres villes : non pas
les loups, comme dans la chanson,mais les rats, les souris, les cafardset autres bestioles. Originairesd'Afrique et d'Asie, introduites enEurope par les matériaux deconstruction ou lors du transportde marchandises, les blattesconstituent un véritable fléau.Selon l'espèce, une femelle vit dedeux à quatorze mois et pond dehuit cents à dix mille œufs ; il suf-fit d’un couple pour infester unimmeuble. Invisibles dans la jour-née, les blattes fréquentent leslieux obscurs, chauds et humides :toilettes, salles de bains, cuisines.Elles se réfugient dans les chauffe-ries, sous les éviers, squattent lescuisinières, les congélateurs, nul-lement dissuadées par le courantélectrique. Au contraire, elles af-fectionnent les moteurs d'appa-reils ménagers, où elles provo-quent des courts-circuits.La blatte dite “germanique” (brunclair, mesurant de 10 à 15 milli-mètres) est la plus commune enFrance. L'“américaine”, gigantesque(3 à 4 centimètres) a élu domiciledans les lieux obscurs et les soubas-
Par Michaëla Bobascha
Lutter contre les insectes des villes** Extrait de l'article, lutter contre les insectes et les rongeurs des villes, paru
dans Le Monde du 15 novembre 2000 et repris avec l'aimable autorisationdu Journal.
Blatte américaine, Periplaneta americanaCette Blatte, qui peut atteindre plus de 30 mm, abonde surtout dans les bateauxd'où elle se répand dans les ports et s'établitdans les entrepôts. Elle prospère dans lesemplacements chauds et humides commeles serres, mais semble s'acclimater difficile-ment dans les villes de l'intérieur.Cliché R. Coutin - OPIE
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La première difficulté consiste àvaincre les réticences des occu-pants, notamment de ceux quin'ont jamais vu de cafards chezeux. “Personne n'est à l'abri : il suffitqu'un habitant fasse des travauxpour que les blattes refluent chez lesvoisins”, explique un spécialiste,qui rappelle que les cafards peu-vent nicher dans les logementspropres et bien tenus. Il appartientau syndic d'informer les habitants,afin qu'ils ne refoulent pas les per-sonnels chargés de la désinsectisa-tion. Nombre d'occupants crai-gnent en effet les désagrémentsdu traitement : odeurs, toxicité. Cet argument n'est plus valableaujourd'hui. Les pulvérisationsd'insecticides, qui constituaientsouvent une gêne (problèmes d’al-lergies, risques pour les oiseaux etles poissons, nécessité de débar-rasser les dessous d’éviers) ont faitplace à de nouveaux produits.Ainsi, le Goliath gel de Rhône-Poulenc, à base de Fipronil (phé-nyl-pyrazole), parmi les plus effi-caces actuellement, est un
insecticide sans odeur, appliquéavec un pistolet-doseur. Les appâtsdéposés aux endroits stratégiques(une vingtaine de gouttes par ap-partement), une fois ingérés parles cafards provoquent la mort parhyperactivité du système nerveux.Le gel reste actif pendant quatremois ; il n'est pas destiné à re-pousser la bestiole, mais à l'attirerpour la tuer. C’est pourquoi il fautéviter de pulvériser soi-même uninsecticide après le passage desdésinsectiseurs, car il annuleraitl'effet du produit. Ces nouvellestechniques ne sont cependant pasapplicables partout. “Dans un sous-sol ou un local vide-ordures où l'onaurait un isolant en paille tressée,autrement dit une masse pleine d’al-véoles, on aura intérêt à recourir auxpulvérisations”, explique-t-on chezTechmo Hygiène.Le contrat définit deux types detraitements : curatif pour une pre-mière intervention, et préventif àintervalles réguliers, car aucun in-secticide n'agit sur les oeufs deblatte. Le coût (de 40 à 150 F, 6 à
29 e, par lot) dépend de plusieurscritères : nombre d’appartementsà traiter, importance des partiescommunes, temps de travail, pro-duit utilisé, cadence des interven-tions, déplacements. Il importe dese renseigner sur l'efficacité desproduits et de définir la fréquencedes traitements en cas de retourdes blattes. Enfin, une bonne en-treprise donnera des conseils :supprimer le linoléum dans unecuisine, boucher les interstices desplinthes et les carrelages disjoints,remettre les tampons de visite descanalisations, réparer le maillagedes soupiraux. r
Blatte orientale, Blatta orientalisElle fréquente également des lieux chauds.La femelle abandonne son oothèque dansdes endroits obscurs après l'avoir portéquelques jours. Cliché R. Coutin - OPIE
Blatte rayée, Supella longipaltaLa Blatte rayée ou des meubles, la plus récemment importée en Europe, est vraisemblablementd'origine africaine. Elle recherche sécheresse et hautes températures qu'elle trouve, parexemple, derrière radios, télévision et autres appareils émettant de la chaleur. Ses oothèquessont déposés dans des abris cachés. Cliché R. Coutin - OPIE
NDLR : les légendes des photographiessont extraites de l'encadré écrit par Jacquesd'Aguilar, Les blattes, hôtes de nos maisons,dans l'article de Nathalie Blanc, La relationà l'animal en milieu urbain, paru dans LeCourrier de l'environnement n°28 (août 1996).